la france et l`olympisme

Transcription

la france et l`olympisme
LA FRANCE
ET L’OLYMPISME
Patrick Clastres
Paul Dietschy
Serge Laget
©
adpf – association pour la di{usion de la pensée française • 6, rue Ferrus 75014, Paris
©
juin 2004. adpf ministère des A{aires étrangères •
isbn 2-914935-22-6
Division de l’écrit et des médiathèques
Direction de la coopération culturelle et du français
Direction générale de la coopération internationale et du développement
Ministère des Affaires étrangères
adpf association pour la diffusion de la pensée française •
Patrick Clastres
L’alliance olympique
7
Pierre de Coubertin (1863-1937), un Français international
11
Hommages et controverses 14
Une jeunesse traditionaliste 27
Campagnes sportive et olympique 40
Chronologie 62
Paul Dietschy
Les Jeux olympiques en France : de Paris à Paris (1900-1924)
65
Les Jeux de l’Expo : Paris, 1900 66
Les Jeux des Années folles : Chamonix et Paris, 1924 79
Les premiers Jeux de la neige et de la glace : Chamonix, 1924 81
Les Jeux du sport-spectacle : Paris, 1924 88
Les olympiades de l’or blanc : de Grenoble à Albertville (1968-1992)
103
Des Jeux olympiques « gaulliens » : Grenoble, 1968 104
L’élan d’une région : Albertville, 1992 111
Serge Laget
Fugues
133
La progéniture olympique 133
Les femmes aux Jeux, une longue marche 137
Essentiel, le cérémonial 140
Olympiques et célèbres 143
Vous avez dit paralympiques ? 146
D’Athènes à Athènes,
les 100 dates françaises des Jeux 150
Bibliographie
161
Médaillés français
167
Jeux olympiques 168
Jeux paralympiques 185
Patrick Clastres, agrégé d’histoire, est professeur de khâgne au lycée
Pothier d’Orléans et maître de conférences à l’Institut
d’études politiques de Paris en histoire du sport. Chercheur associé
au Centre d’histoire de l’Europe du xx siècle, il coanime le groupe de travail
« Sport, sociétés et cultures en Europe au xx siècle ».
Il achève actuellement une thèse d’histoire politique et culturelle
consacrée à Pierre de Coubertin. Ses travaux se situent
à l’intersection de l’histoire du sport et de l’olympisme,
de l’histoire de la III République et de l’histoire des relations internationales.
*
Paul Dietschy, ancien élève de l’école normale supérieure de FontenaySaint-Cloud, agrégé et docteur en histoire, est actuellement maître
de conférences à l’université de Franche-Comté et à l’Institut d’études
politiques de Paris. Ses recherches sont consacrées à la place du sport
dans l’histoire contemporaine de l’Italie et dans les relations internationales
depuis la fin du xix siècle.
*
Serge Laget est journaliste au quotidien sportif L’Équipe depuis dix-sept ans.
Spécialiste de l’histoire du sport, il a fait ses premières armes de chercheur
au musée du Sport français de Paris, a signé sur le Tour de France,
le rugby, les Jeux olympiques ou le sport féminin, ses domaines
de prédilection, une vingtaine d’ouvrages et des centaines d’articles.
Des essais allègres, souvent menés à bien avec son épouse Françoise et son fils
Lionel, avec qui il partage la même passion pour la recherche et l’iconographie.
Une passion que le Grand Prix de littérature sportive et le prix Blondin
ont accessoirement couronnée.
L’alliance olympique
Servir sa patrie, rechercher la beauté du corps, fabriquer de la joie de vivre, forger
des caractères, voilà l’héritage de la Grèce olympique selon ce jeune baron français
qui travaillait depuis 1892 à l’invention d’épreuves sportives internationales,
modernes et pacificatrices. Lors du banquet de clôture du Congrès international
de Paris pour le rétablissement des Jeux olympiques, le samedi 23 juin 1894,
c’est dans une improvisation émue que le délégué grec Démétrios Bikélas avait
répondu au toast de Pierre de Coubertin en évoquant ces « liens qui unissent
le monde entier à [sa] patrie », ne voyant d’ailleurs point d’étrangers autour de lui,
mais seulement « des petits-fils des anciens Hellènes, des cousins réunis par
le souvenir et au nom de l’aïeule commune ».
Quelques heures plus tôt, sous les applaudissements des congressistes réunis
en Sorbonne, le jeune sportsman épris d’humanités grecques et le poète francophile
n’avaient-ils pas scellé un accord sportif et culturel historique par lequel
les deux premiers Jeux olympiques rénovés se dérouleraient à Athènes en 1896,
puis à Paris en 1900 ? Portés par l’« Hymne à Apollon des athlètes delphiques »
(ressuscité par l'historien Théodore Reinach, mis en musique par Gabriel Fauré
7
et récité par Jeanne Remacle), les représentants du sport international avaient
assurément communié dans cette atmosphère philhellène qui, depuis l’indépendance
grecque de 1822, unissait tous les Européens, qu’ils soient classiques ou romantiques,
monarchistes ou libéraux.
[« Pour le rétablissement des Jeux olympiques »]
La cause grecque avait en particulier rencontré dans la contribution culturelle
française au philhellénisme européen un allié de premier plan. Que l’on songe
seulement aux œuvres de Delacroix (Scènes des massacres de Scio et La Grèce
expirant à Missolonghi), à l’expédition scientifique de Morée de 1829, aux Poèmes
antiques de Leconte de Lisle (1852), à l’Association pour l’encouragement des études
grecques en France (1867), aux fouilles archéologiques menées par l’École française
d’Athènes (1846) à Délos puis à Delphes, ou bien encore à l’invention d’un prix
pour le vainqueur de la course de Marathon par le linguiste et philologue
Michel Bréal (1894).
Une décennie plus tard, au moment où la Grèce organisait en 1906 des Jeux
dits intermédiaires, Pierre de Coubertin se risquait à transformer l’idée olympique
en « olympisme », triplement défini comme un pacifisme, une esthétique
et une eurythmie. Dès lors, il n’eut de cesse d’encourager ses compatriotes et
ses contemporains à tenir « la balance à trois plateaux de l’hellénisme », c’est-à-dire
à établir l’équilibre entre la morale, la cité et l’individu, autrement dit « entre l’intime
et mystérieux effort de la conscience, l’impérieux devoir civique, et la féconde liberté
de l’instinct individualiste ».
Ainsi, alors que les Jeux modernes retrouvent en cette année 2004 la terre hellène,
la France ne pouvait manquer de rendre hommage à la Grèce éternelle, à son alliée
olympique.
—
Patrick Clastres
8
Messieurs, parmi les vertus les plus faciles à pratiquer il faut compter
la reconnaissance : c’est aussi le sentiment le plus facile à exprimer.
Si je regarde autour de moi pour y chercher les personnes auxquelles
il convient que je témoigne ma gratitude, au soir de ce congrès qui réalise l’espérance des dix premières années de ma vie d’homme,
je sens que mon discours va devenir une litanie ; j’espère donc,
Messieurs, que vous m’excuserez si je ne nomme personne et si, après
avoir enveloppé dans un remerciement ému tous ceux qui m’ont aidé
et soutenu, je vous convie à lever vos regards vers les choses qui, en ce
monde, dominent les hommes, et à donner un instant d’attention à un
spectacle profondément et étrangement philosophique.
En cette année 1894, il nous a été donné de réunir dans cette
grande ville de Paris […] les représentants de l’athlétisme international et ceux-ci, unanimement, tant le principe en est peu controversé,
ont voté la restitution d’une idée, vieille de deux mille ans, qui aujourd’hui comme jadis, agite le cœur des hommes dont elle satisfait l’un
des instincts les plus vitaux et, quoi qu’on en ait dit, les plus nobles.
Ces mêmes délégués ont, dans le temple de la science, entendu retentir à leurs oreilles une mélodie vieille aussi de deux mille ans, reconstituée par une savante archéologie faite des labeurs successifs de plusieurs générations. Et le soir, l’électricité a transmis partout la nouvelle que l’olympisme hellénique était rentré dans le monde après une
éclipse de plusieurs siècles.
L’héritage grec est tellement vaste, Messieurs, que tous ceux qui,
dans le monde moderne, ont conçu l’exercice physique sous un de ses
multiples aspects ont pu légitimement se réclamer de la Grèce qui les
comprenait tous. Les uns ont vu l’entraînement pour la défense de la
patrie, les autres, la recherche de la beauté physique et de la santé, par
le suave équilibre de l’âme et du corps, les autres enfin, cette saine
ivresse du sang qu’on a dénommée la joie de vivre et qui n’existe nulle
part aussi intense et aussi exquise que dans l’exercice du corps.
À Olympie, Messieurs, il y avait tout cela, mais il y avait quelque
chose de plus qu’on n’a pas encore osé formuler parce que, depuis le
moyen âge, il plane une sorte de discrédit sur les qualités corporelles
et qu’on les a isolées des qualités de l’esprit. Récemment les premières
ont été admises à servir les secondes, mais on les traite encore en
esclaves, et chaque jour, on leur fait sentir leur dépendance et leur
infériorité.
Cela a été une erreur immense dont il est pour ainsi dire impossible de calculer les conséquences scientifiques et sociales. En définitive, Messieurs, il n’y a pas dans l’homme deux parties, le corps et
l’âme : il y en a trois, le corps, l’esprit et le caractère ; le caractère ne se
forme point par l’esprit : il se forme surtout par le corps. Voilà ce que
les anciens savaient et ce que nous rapprenons péniblement…
Je m’étonne et m’excuse, Messieurs, d’avoir tenu ce langage et de
vous avoir entraînés sur ces hauteurs : si je continuais, ce joyeux champagne s’évaporerait d’ennui ; je me hâte donc de lui rendre la parole et
je lève mon verre à l’idée olympique qui a traversé, comme un rayon
du soleil tout-puissant, les brumes des âges et revient éclairer, d’une
lueur de joyeuse espérance, le seuil du xx siècle.
—
Pierre de Coubertin, discours du banquet de clôture du Congrès
international de Paris pour le rétablissement des Jeux olympiques,
samedi 23 juin 1894.
« Pour le rétablissement des Jeux olympiques»
PIERRE DE COUBERTIN
(1863-1937),
UN FRANÇAIS INTERNATIONAL
1
Absent des livres d’histoire et des manuels scolaires français, laconiquement
présenté dans les dictionnaires comme « éducateur français » et « rénovateur »
des Jeux olympiques, Pierre de Coubertin (1863-1937) est un Français à la renommée
universelle, mais dont l’œuvre reste globalement méconnue. N’est-il pas même
davantage honoré à l’étranger que dans sa propre patrie ? Si la République l’a privé
de Légion d’honneur, les gouvernements de l’Europe entière n’ont pas manqué
de le décorer : croix de l’ordre impérial de François-Joseph d’Autriche, croix
de l’ordre de Léopold de Belgique, étoile de l’ordre de la Rose blanche de Finlande,
étoile de l’ordre du Phœnix de Grèce, croix de l’ordre de Saint-Olaf de Norvège,
croix de l’ordre Orange-Nassau, croix de l’ordre de la Couronne prussienne,
étoile de l’ordre de la Couronne roumaine, étoile russe, croix de l’ordre de l’Étoile
polaire de Suède, étoile tchécoslovaque…
11
Lui-même n’a-t-il pas souhaité que son corps fût inhumé à Lausanne, siège du Comité
international olympique (Cio) depuis 1915, et que son cœur fût déposé à Olympie
à l’intérieur du monument commémoratif de la restauration des Jeux ? Celui que
le Cio désignait lors de son retrait en 1925 du double titre de « rénovateur des Jeux
olympiques » et de « président d’honneur à vie du Cio » n’a sans doute pas été
apprécié à sa juste valeur dans son propre pays. Comment comprendre que
la iii République française ne soit pas parvenue à accepter, parmi ses grands hommes,
ce baron normand patriote et rallié de la première heure au régime ? A-t-elle frappé
d’ostracisme cet aristocrate issu d’une famille monarchiste et ultramontaine,
admirateur du modèle éducatif et politique anglais, pourfendeur de l’étatisme,
inventeur d’un organisme sportif supranational qui prétend concurrencer les États
sur le terrain diplomatique ? Le transfert du siège du Cio de Paris à Lausanne en 1915
fut-il perçu par la République comme un camouflet, une atteinte à son amour-propre
national ? Pour quelle raison l’écarta-t-elle de l’organisation des « faux Jeux
olympiques » de Paris en 1900 ? Comment comprendre enfin que les recommandations
de Pierre de Coubertin en matière d’éducation sportive, inlassablement répétées
de 1887 à 1915, ne furent jamais suivies de véritables effets de son vivant ?
Seuls quelques derniers amis et collaborateurs ont tenté de lui rendre un ultime
hommage et de modifier son image publique. Tel Gaston Bordat, qui fait paraître
son éloge funèbre dans L’Éclaireur de Nice du 12 septembre 1937, dix jours après
le décès de Pierre de Coubertin, survenu à Genève dans un anonymat généré par l’exil
volontaire et la misère.
[« Il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur ! »]
Pourtant, vingt ans plus tôt, au cœur du premier conflit mondial, le baron
Ernest Seillière, de l’Académie des sciences morales et politiques (section de Morale),
n’hésitait pas à lui consacrer un ouvrage en forme d’hommage : Pierre de Coubertin,
un artisan d’énergie française (Paris, éd. H. Didier, 1917). Certes, cette pseudo-biographie
servait bien davantage les desseins et les démonstrations de son auteur.
Ce « pessimiste en psychologie mais optimiste en morale », comme il se définissait
lui-même, inscrivit Coubertin et sa pensée dans son propre combat pour
l’encadrement rationnel de l’« indéracinable impérialisme vital » et contre les brutales
manifestations du « mysticisme fanatique » qu’il déclinait en quatre formes :
le mysticisme passionnel de la littérature romantique (Rousseau, Chateaubriand,
madame de Staël, Byron), le mysticisme esthétique, le mysticisme racial et national
(pangermanisme, impérialisme britannique, messianisme yankee), le mysticisme
démocratique et social des adversaires de l’individu (Hobbes, Rousseau, Proudhon,
Marx). En faisant de Pierre de Coubertin le soldat de cette « énergie française »
tant réclamée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanotaux,
le baron Seillière développait une thématique chère à la droite libérale, sociale
et morale, modérée et patriote, selon laquelle, contrairement à ses aînés de l’« Année
terrible » humiliés par les Prussiens à Sedan, la jeunesse de 1914, virilisée par
l’éducation physique et le sport, avait su résister à la barbare invasion allemande.
12
Un Français vient de mourir, dont la disparition est demeurée
presque inaperçue en France. Il a glissé dans la mort comme il avait
passé dans la vie, en s’effaçant. Tandis que toute son œuvre, et l’on
peut dire son existence entière, ont été consacrées aux progrès de
l’humble humanité, la renommée de Pierre de Coubertin n’a jamais
atteint qu’une rare élite. Par un singulier paradoxe, cet ardent libéral,
ce démocrate sincère et vrai a toujours fait chez nous figure d’aristocrate et de réactionnaire. Il est resté complètement méconnu.
S’il a fait quelque peu parler de lui, c’est en matière sportive, lorsqu’il rétablit les Jeux olympiques. Mais ce que la plupart ignorent c’est
que, dans sa pensée, cette rénovation constituait davantage un point
de départ qu’un but. Ce qu’il voulait, c’était par le moyen de ces hautes
compétitions sportives, stimuler à la fois l’émulation, la fierté nationale et la mutuelle compréhension, l’interpénétration internationale.
Il voulait faire renaître, à la manière hellène, le culte de la beauté
autant que le culte de l’intelligence par une sorte de prime accordée
aux mieux doués, aux plus dignes sous le rapport bilatéral des choses
du corps et de l’esprit. Si un homme a bien mérité le prix Nobel de la
paix, qu’il n’a d’ailleurs pas reçu, c’est vraiment Pierre de Coubertin.
Mais il fuyait tous les honneurs et toutes les popularités, et jamais il
n’a rien sollicité. Sans doute est-il un peu vexant pour nous, Français,
de constater que, s’il existe à Berlin une place qui porte le nom de
Coubertin, il n’a jamais reçu le moindre hommage public, la moindre
récompense en son propre pays. C’est la Suisse qui fêta son jubilé,
et il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur !…
Pierre de Coubertin laisse une œuvre considérable, à peu près tota-
lement inconnue. À ses moments perdus il a écrit une merveilleuse
Histoire universelle dans laquelle il a étudié, en partant de ce principe
que jusqu’alors « les humbles ont été les grands négligés de l’histoire »,
l’évolution de la condition humaine sous un aspect vraiment nouveau.
Aussi bien pensait-il que le remède à la crise française aussi bien qu’à
la crise mondiale qu’il avait, dès 1906, annoncées dans une série
d’études prophétiques, était question d’éducation. C’est dans cet
esprit que nous avions fondé, lui et moi, vers cette époque, la Revue
pour les Français dont le programme, conçu par lui, consistait avant
tout à créer dans notre pays un esprit public basé à la fois sur une
meilleure connaissance du monde étranger et sur une meilleure
appréciation de nos forces et de nos valeurs. C’est dans la même pensée qu’il avait constitué cette Association pour la réforme de l’enseignement à laquelle il donna le meilleur de lui-même et réalisé, en
même temps qu’une refonte complète des programmes, toute une
série de méthodes pédagogiques adaptées à l’époque et à ses exigences. […]
Contempleur de la myopie intellectuelle qui caractérisa son
époque, Pierre de Coubertin a prévu, lui qui voyait loin, tous les malheurs du temps présent. Il y a proposé, en temps utile, d’actifs
remèdes, et ce sera sa gloire posthume d’avoir créé l’école à laquelle
tôt ou tard se rallieront les bâtisseurs appelés à rééquilibrer le monde.
—
Gaston Bordat, L’Éclaireur de Nice, 12 septembre 1937.
« Il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur ! »
Peut-être cet ouvrage visait-il également à promouvoir la candidature de Pierre
de Coubertin à l’Académie, une candidature seulement esquissée et qui se soldera
par l’installation de celui-ci en Suisse romande à compter de 1917.
Ainsi, la France n’aura pas reconnu de son vivant ce jeune traditionaliste
converti à la république de la Belle Époque, et hanté par son projet de pacification
de ses jeunes contemporains, transformés en hommes d’action et lancés à la conquête
des terrains colonial et commercial.
Hommages et controverses
2
Si la patrie de l’athlétisme antique n’est pas en reste pour s’approprier le grand
homme – le Messager d’Athènes, dont la politique éditoriale avait accompagné
en 1894-1896 le projet de rénovation des Jeux, proclame avec emphase,
dans son édition du 20 novembre 1937, que « le grand mythe de l’idée olympique,
[l’]éminent ami de la Grèce, […] le grand olympiste n’appartient pas seulement
à la France, il appartient à l’humanité » –, ce sont, en premier lieu, les Suisses
qui entretiennent l’idéal coubertinien.
Hospitalité et funérailles suisses
Conformément aux dernières volontés du défunt, les obsèques du baron Pierre
de Coubertin sont célébrées le 7 septembre 1937 dans la plus grande simplicité
et sans aucun discours. Lors de la messe basse dite en l’église catholique Notre-Damedu-Valentin à Lausanne, la presse locale relève la présence des autorités officielles
concernées – l’ambassadeur de France en Suisse, M. Alphand, le consul à Lausanne,
M. Bourjois, des membres de la municipalité lausannoise, le ministre de Grèce
à Berne, le consul général du Japon, le consul général d’Allemagne à Genève,
Karl Krauss –, mais également de nombreux représentants du monde du sport
– le Dr Diem, secrétaire général des Jeux de Berlin en 1936 et ami personnel du défunt
depuis les années 1900, les représentants de certains comités olympiques nationaux
dont les comités français et suisse, le colonel Huguenin, délégué de la Fédération
internationale de gymnastique, Jules Rimet et Marcel Delarbre, respectivement
président et secrétaire général du Comité national des sports, des représentants
des Fédérations françaises d’athlétisme et de rugby –, enfin l’archimandrite de l’église
14
orthodoxe grecque de Lausanne, Valiadis, et les représentants des Amitiés
gréco-suisses. La foule d’anonymes présents démontre, en outre, la reconnaissance
des Lausannois pour celui qui a fait de leur ville la capitale de l’olympisme moderne,
quand Genève est le siège de la Société des nations.
Les journaux helvétiques, en particulier francophones, ne sont pas peu fiers
d’avoir accueilli, pour sa retraite, cet « ami fidèle de la Suisse », « l’humaniste
et le grand Français […] dont la pédagogie fut sans doute la grande préoccupation
et la véritable vocation » (Journal de Genève). Dans l’hebdomadaire de Neuchâtel
Curieux du 18 septembre, G.-E. Magnat, que Pierre de Coubertin avait nommé
secrétaire général de l’Union pédagogique universelle, exalte « le grand diplomate
autant que le grand lutteur » ainsi que « le grand moraliste », et célèbre l’auteur
du Respect mutuel (1915), si empreint « de simplicité, de bonté et de courtoisie ».
Les premiers contacts de Coubertin avec la Suisse, qu’il proclame en 1906
« reine des sports » et qu’il qualifie en 1931 de « jardin d’essai des nations civilisées »,
remontent au début du xx siècle. Les paysages lémaniques, le cosmopolitisme
des cités helvètes, la culture politique du consensus, la tradition de neutralité
diplomatique, la vitalité et la stabilité des institutions municipales l’attirent
tout particulièrement et s’offrent à lui probablement comme un envers des réalités
françaises. En établissant en catimini le siège du Cio à Lausanne en 1915, Pierre
de Coubertin imagine originellement fonder sur les bords du Léman une nouvelle
Olympie, un siège perpétuel des Jeux, dès lors à l’abri des conflits, des prises
de contrôle tentées par les fédérations sportives internationales et les États.
Par ailleurs, à compter de 1924, il encourage la municipalité lausannoise à poser
sa candidature pour les Jeux d’été de 1928, puis pour ceux de 1944. Alors que
ses revenus ne cessent de décliner, il multiplie les tractations souterraines afin de
pouvoir utiliser à des fins privées les locaux attribués au Cio.
Libéré de toute contrainte par sa démission du Cio en 1925, il peut alors faire
de Lausanne la capitale de ses deux nouvelles institutions pédagogiques,
à l’ambition universelle mais à l’efficacité quasi nulle. L’Union pédagogique universelle
(Upu), à l’existence éphémère (1925-1930), tente d’exercer son lobbying auprès des
ministres de l’Éducation et des syndicats du monde entier, dénonçant
la spécialisation prématurée des programmes d’enseignement secondaire
et proclamant pour chaque citoyen « le droit d’accès à la culture générale »
et « le droit au sport ». Quant au Bureau international de pédagogie sportive (Bips,
1928-1933), il est une alternative aux congrès olympiques, devenus seulement
« techniques » alors qu’ils étaient initialement pédagogiques ; le Bips se veut outil
de « purification du sport » employé contre les athlètes, les dirigeants, la presse,
les parents, le public, que Pierre de Coubertin considère comme corrompus
par le mercantilisme. Le peu d’intérêt suscité par sa Charte de la réforme sportive
(septembre 1930) prouve à quel point Pierre de Coubertin est alors extrêmement
isolé et à contre-courant de cette transmutation du sport en un spectacle de masse,
servi par des athlètes professionnels et déjà adulés.
15
Très influent dans les milieux sportifs lausannois et président de l’Association
des amitiés gréco-suisses, le médecin hygiéniste Francis-Marius Messerli, qui brigue
la présidence du Comité olympique suisse, obtient, en 1937, de la municipalité
lausannoise qu’elle accorde la bourgeoisie d’honneur à un Pierre de Coubertin ruiné
par ses projets et par de mauvais placements. C’est ce même docteur Messerli qui
organisa les festivités entourant son soixante-dixième anniversaire. Les ultimes amis
du baron, tous étrangers, lui offrent alors un Répertoire de [ses] Écrits, Discours
et Conférences. Le comité d’édition est alors essentiellement composé de personnalités
suisses, tandis que la souscription, qui ne recueille aucuns fonds français, est assurée
par les comités olympiques de Grèce, de Suisse, de Suède, d’Égypte, du Portugal
et de Lettonie, l’Upu et le Bips, les sociétés suisses de gymnastique, d’éducation
physique, de football et d’athlétisme, l’Union des sociétés athlétiques de Grèce
et diverses universités américaines.
Durant le second conflit mondial, le docteur Messerli continue d’exercer
son influence et de porter le message de Pierre de Coubertin. Il n’est alors entendu,
semble-t-il, que par le pédagogue Louis Meylan, un spécialiste lausannois
de l’Antiquité romaine et des humanités, qui publie coup sur coup deux exégèses
hagiographiques, L’Humanisme intégral de Pierre de Coubertin (1941) et Pierre de Coubertin
pédagogue et sociologue (1944).
[Louanges anglo-saxonnes]
Nobélisations manquées et manipulations nazies
Les archives du Musée olympique à Lausanne laissent apparaître que Pierre
de Coubertin a lui-même orchestré sa candidature au prix Nobel de la paix en 1928
et en 1929 et sollicité l’intervention du membre allemand du Cio, Theodor Lewald,
auprès du ministre des Affaires étrangères de la république de Weimar, Gustav
Stresemann ; celui-ci a trouvé cette idée « tout à fait sympathique » mais a maintenu,
pour des raisons de politique extérieure, son soutien à la candidature du secrétaire
d’État américain, Frank B. Kellogg (d’ailleurs consacré en 1929). Une nouvelle
campagne de nobélisation sera lancée à la fin de l’année 1935 par le député et ministre
français de la Marine, François Pietri, que soutiendront le ministre des Finances
de Mussolini, P. Thaon di Revel, le sénateur japonais Jigoro Kano ainsi que
la presse allemande. Les campagnes de boycott contre les « jeux nazis » conduites
depuis novembre 1933 ont, elles aussi, assurément desservi cette candidature
relayée par un Cio alors malencontreusement réuni en congrès à Berlin. Le comité
Nobel fit alors le choix éminemment symbolique de couronner Carl von Ossietzky,
un journaliste allemand incarcéré dans un camp de concentration en raison
de son opposition à Hitler.
Il n’est donc pas étonnant que les journaux de l’Axe se retrouvent en septembre
1937 dans une même exaltation de « l’authentique fondateur de l’olympiade
moderne, à l’esprit élevé, et homme d’action », comme le qualifie La Stampa de Turin.
16
À Londres et à New York, les éloges de la grande presse trahissent
davantage un sentiment de fierté éducative et sportive. Après avoir
salué en Pierre de Coubertin un « philosophe, historien, sociologue
et éducateur de réputation internationale », le Daily Telegraph attire
l’attention de ses lecteurs sur ce point jugé essentiel : plus que tout
autre, il aura contribué à convertir les Français aux sports collectifs
(games), notamment en introduisant les méthodes anglaises d’éducation physique dans les établissements scolaires français. Insistant sur
ses talents « de journaliste, d’écrivain spécialiste des questions politiques, d’innovateur en matière athlétique », le Times préfère, lui,
mettre l’accent, en plus des succès remportés à l’occasion de ses campagnes de développement du sport en France et d’internationalisation
du sport par la renaissance des Jeux olympiques, sur la capacité du
baron à être l’avocat de l’entente entre la France et l’Angleterre.
L’allusion concerne ici à la fois les articles de politique étrangère
publiés en une du Figaro par Pierre de Coubertin entre juillet 1902 et
juillet 1906 (puis réunis en 1909 chez Plon-Nourrit sous le titre Pages
d’histoire contemporaine), l’influence anglophile qu’il a tenté d’exercer
sur son ami le ministre des Affaires étrangères Théophile Delcassé, et
le transfert inopiné, mais néanmoins politiquement connoté, des Jeux
de 1908 de la ville de Rome, à laquelle ils avaient d’abord été attribués,
à la capitale anglaise (circulaire de décembre 1906).
Pour le New York Herald Tribune, c’est d’abord l’occasion de rappeler que ce « champion des sports pour les sports », c’est-à-dire « champion des sports amateurs », a rencontré l’opposition des groupements
sportifs français eux-mêmes, et que son « amertume » vis-à-vis de ses
Louanges anglo-saxonnes
compatriotes expliquerait son exil volontaire en Suisse. À l’inverse,
on n’oublie pas d’y souligner son « admiration pour les États-Unis »
et son amitié pour le président Theodore Roosevelt.
Les deux quotidiens londoniens rapportent enfin cette information (erronée) selon laquelle « le baron a reçu en décembre 1928 le prix
Nobel de la paix pour son œuvre en faveur de la réconciliation des
nations au-delà de leurs différences », tandis que leur homologue
new-yorkais évoque seulement une citation aux fins de récompenser
son engagement en faveur « de l’amitié et de la coopération entre les
nations ».
Le Corriere della Sera veut, quant à lui, suggérer que Coubertin est tout acquis
aux organisateurs des Jeux de Berlin puisque, souffrant, il a pris soin d’enregistrer
sur disque un message d’encouragement pour les coureurs porteurs de la flamme
d’Olympie à Berlin (juillet 1936). Un message dont le contenu critique
n’est qu’implicite – « nulle nation, nulle classe, nulle profession n’en sont exclues »
(il est question des « stades innombrables épars à la surface du globe ») – et,
pour l’essentiel, malaisément identifiable : « Et tandis que s’esquissent comme
dans une brume matinale la figure de l’Europe et celle de l’Asie nouvelle, il semble
que l’humanité va reconnaître enfin que la crise dans laquelle elle se débat est,
avant tout, une crise d’éducation. » Peut-on ne pas s’interroger lorsque, le 4 août 1935,
dans le cadre d’une série d’émissions radio baptisées « Pax olympica » et organisées
par la propagande nazie pour contrecarrer la campagne internationale de boycott
suscitée par le socialisme international et le Congrès juif mondial, Pierre de
Coubertin remercie « le gouvernement et le peuple allemands pour l’effort dépensé
en l’honneur de la xi Olympiade » ? Plus encore, interviewé par André Lang
à propos de l’article de Jacques Goddet dénonçant les « Jeux défigurés » et « la farce
du serment olympique » (L’Auto, 17 août 1936), Pierre de Coubertin ne répond-il pas :
« Quoi, les Jeux défigurés, l’Idée olympique sacrifiée à la propagande ?
C’est entièrement faux ! La grandiose réussite des Jeux de Berlin a magnifiquement
servi l’idéal olympique » (Le Journal, 27 août 1936). Et n’affirme-t-il pas de nouveau
à Fernand Lomazzi : « Qu’on ne vienne pas parler de Jeux accessibles aux femmes
et aux adolescents, aux faibles pour tout dire. Pour elles et pour eux il y a la deuxième
forme du sport, l’éducation physique qui leur donnera la santé. Mais pour les Jeux,
mes Jeux, je veux un long cri de passion, quel qu’il soit. À Berlin on a vibré
pour une idée que nous n’avons pas à juger, mais qui fut l’excitant passionnel
que je recherche constamment. On a, d’autre part, organisé la partie technique
avec tout le soin désirable et on ne peut faire aux Allemands nul reproche
de déloyauté sportive. Comment voudriez-vous dans ces conditions que je répudie
la célébration de la xi Olympiade ? Puisque aussi bien cette glorification du régime
nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’ils ont connu… »
(L’Auto, 4 et 5 septembre 1936) ? Dans sa nécrologie du 3 septembre 1937, le Berliner
Tageblatt a donc beau jeu d’insister sur le fait que l’olympiade allemande fut pour
Pierre de Coubertin « la plus grande des satisfactions ». Quant au Reichssportführer
Hans von Tschammer und Osten, il consacre lui-même un long article à celui
qu’il considère comme « un des grands de l’Empire des sports » (Völkischer Beobachter,
5 septembre). Et le Zwölf Uhr Blatt de présenter Pierre de Coubertin comme
un « ami de l’Allemagne », produisant non seulement un échange de télégrammes
entre le « père de l’olympiade moderne » et Adolf Hitler, mais encore des citations
exaltant le combattant-sportif et le champion.
[L’aveuglement de Pierre de Coubertin]
18
À propos de son entretien d’août 1936 avec André Lang, qu’il loue
d’ailleurs pour « son tact et son objectivité remarquables », Pierre de
Coubertin écrit à Paul Rousseau, du Temps, dans un courrier du 4 septembre 1936, qu’il ne renie en aucune manière ses déclarations sur
l’amateurisme, mais qu’il désire « ne plus recevoir aucune visite relative aux questions sportives […] à cause des réactions insuffisamment
loyales et courtoises d’une partie de la presse française » (est-ce bien
le journal L’Auto qui est en particulier visé ?). En deuxième lieu, il précise qu’il « n’accepte la responsabilité que de ce [qu’il] rédige et signe
[lui]-même ». Pierre de Coubertin serait-il pris de remords ? Il reste
que ces déclarations des années 1935-1937, c’est-à-dire du temps des
lois raciales de Nuremberg et de la remilitarisation de la Rhénanie,
sont tout à fait celles d’un homme empêtré dans l’idéologie neutraliste du sport qu’il a lui-même contribué à forger, et à ce point obsédé
par la perpétuation de son œuvre olympique qu’il en occulte la singularité criminelle du régime nazi. Abandonné par ses compatriotes,
écarté du Comité international olympique depuis 1925, ruiné par ses
dépenses olympiques et par la destruction, au cours de la Grande
Guerre, de la propriété alsacienne de sa belle-famille, mais aussi victime de mauvais placements financiers, accablé par les maladies de ses
enfants, manipulé par les dirigeants du sport allemand Carl Diem et
Theodor Lewald rencontrés bien avant 1914, il a eu cette naïveté
de croire que les Jeux de Berlin serviraient davantage la cause du
pacifisme olympique que celle du nazisme, et que les rivalités entre
nations ne méritaient pas un boycott.
L’aveuglement de Pierre de Coubertin
Les hommages surprenants des gymnastes et des socialistes
La nécrologie en forme d’hommage publiée le 10 décembre par Le Gymnaste peut
paraître surprenante dans la mesure où l’Union des sociétés de gymnastique
de France (Usgf), créée en 1873 dans le mouvement de la Revanche, s’est souvent
opposée à Coubertin. Fervents républicains et patriotes, les gymnastes ont en effet
dénoncé les premiers Jeux comme des produits d’importation, aristocratiques
et anglais. Pourtant, la revue des gymnastes consacre une page entière à l’action
sportive et pédagogique du baron, et rappelle que Pierre de Coubertin était membre
donateur de l’ Usgf depuis 1919 et qu’il en avait été nommé membre d’honneur
en 1921. Si Pierre de Coubertin a cherché à se rapprocher des gymnastes,
c’est parce qu’il est déçu par l’attitude de sa propre fédération multisport, l’Union
des sociétés françaises de sports athlétiques (Usfsa), trop soumise, selon lui,
au gouvernement français. Depuis 1902, il a d’ailleurs singulièrement infléchi
sa doctrine sportive en proposant une « nouvelle formule d’éducation physique »,
qui s’apparente à la « méthode naturelle » de Georges Hébert : la « gymnastique
utilitaire » (sauvetage, défense, locomotion), que vient couronner un « diplôme
musculaire » dénommé « diplôme du débrouillard ». Aussi en décembre 1906,
au moment des Jeux intermédiaires d’Athènes, Pierre de Coubertin se résout
à démissionner de ses fonctions de membre honoraire de l’Usfsa. Dans sa lettre
au président de la fédération, il dénonce ainsi « l’inutile complication de ses rouages,
[…] son impuissance à développer un franc et juste régionalisme en même temps
qu’à assurer la légitime autonomie de chaque sport, ses tendances fâcheuses
à introduire les querelles politiques et confessionnelles sur le terrain athlétique ».
Il signe d’ailleurs de décembre 1906 à octobre 1908, dans la revue L’Éducation physique,
une série d’articles réunis sous un titre offensif : Une campagne de vingt et un ans
(1887-1908). Cette autobiographie militante est dédiée en particulier « à ceux dont
les violentes attaques [l]’ont amené à l’écrire », à Georges Bourdon par exemple, qui,
dans La Renaissance athlétique et le Racing Club de France (1906), lui conteste, à juste titre,
d’avoir été le seul père fondateur du sport français.
Dans Le Midi socialiste de Toulouse du 13 septembre, Pierre Marie reprend
un article qu’il a publié une semaine plus tôt dans Le Populaire, organe de la Section
française internationale ouvrière. Il y fait part de sa profonde tristesse à l’annonce
du décès de celui qu’il qualifie de « grand Européen, grand citoyen du monde,
en même temps que grand Français ». Il met notamment l’accent sur les évolutions
démocratiques de la pensée sportive de Pierre de Coubertin : son rêve d’un « gymnase
antique modernisé, terrain d’entraînement édifié par la cité, où chacun aurait eu accès
gratuitement, une ou deux fois par semaine, pour parfaire ou conserver la santé »,
ses préoccupations pour les loisirs ouvriers et sa participation aux réunions
du Bureau international du travail, dirigé par le socialiste français Albert Thomas,
son plan d’« universités populaires pour l’instruction post-scolaire de la jeunesse
du peuple ». Regrettant qu’il ne soit pas mieux compris dans son propre pays, où,
« à plusieurs reprises, parurent, sur lui, des articles de journaux d’une rare indécence »,
20
Pierre Marie clôt son éloge en se persuadant que l’avenir confirmera à quel point
« le nom de Pierre de Coubertin est inscrit en lettres d’or dans l’histoire
du sport mondial » et en dénonçant « les successeurs du créateur des Jeux modernes
qui n’ont pas été à la hauteur de la mission qu’ils ont acceptée ».
[Les hommages vengeurs du quotidien L’Auto]
Le carré des fidèles disciples du baron
L’Excelsior et Le Figaro ne sont pas les seuls journaux parisiens à prendre la défense
de Pierre de Coubertin. Les adversaires du baron doivent également compter
avec L’Illustration et Le Temps, qui vont saluer son œuvre pédagogique.
Dans L’Illustration du 11 septembre, Pierre Morel (son pseudonyme est Lorme)
profite de l’actualité des réformes entreprises par le ministre Jean Zay
dans les programmes scolaires et universitaires pour rappeler combien Pierre
de Coubertin a été un précurseur en matière d’allégements et d’aménagements
dans les programmes. Il ne tarit pas d’éloges sur le bilan critique dressé par
Coubertin après la Grande Guerre – « les maux dont souffre l’Europe proviennent
de l’état de faillite dans lequel s’enfonce la pédagogie occidentale, à savoir l’incapacité
des systèmes d’instruction à contenir ce qu’il faudrait savoir aujourd’hui » –
et sur la solution pédagogique – « l’aviation intellectuelle est préférable à l’alpinisme
des connaissances illimitées ». Cet article est donc l’occasion pour Pierre Morel
de révéler le contenu de la Charte fondamentale de l’enseignement nouveau,
notamment son programme scolaire, baptisé « le chandelier à dix branches » :
l’astronomie, la géologie, l’histoire, la biologie, « qui délimitent l’existence même
de l’individu » ; les notions mathématiques, esthétiques et philosophiques,
« dont dépend son développement mental et moral » ; les notions économiques,
juridiques, ethniques et linguistiques, « qui dominent sa vie sociale ».
[« Un grand éducateur sportif »]
De son côté, Le Figaro ne manque pas de consacrer plusieurs articles à celui
qui fut l’un de ses anciens collaborateurs tout en publiant la photographie
de l’un des frères de Coubertin. Le 6 septembre, le président du Comité olympique
français (Cof), Armand Massard, signe un éditorial, « Pierre de Coubertin est mort…
Vive l’olympisme », qui lui donne l’occasion de revenir sur un certain nombre
de controverses et de répéter, après Pierre de Coubertin, que « l’amateurisme est plus
un état d’âme qu’un état de fait ». Armand Massard tente également d’expliquer
« l’amertume que Pierre de Coubertin ressentait à l’égard, sinon de sa mère patrie,
du moins de ses compatriotes en général, dont il n’hésitait pas à critiquer sévèrement
les conceptions et même la mentalité ». Toujours dans le même quotidien,
Jean Dauven s’évertue à démontrer que « le fondateur de l’Olympisme moderne
a toujours été partisan d’un sport scolaire autonome ». Avec l’ambassadeur de France
aux États-Unis Jean-Jules Jusserand et Frantz Reichel, le fondateur de la rubrique
sportive du Figaro, Dauven reconnaît que Coubertin fut en France celui qui
« a le mieux compris l’esprit sportif tel qu’il doit être et tel que l’ont, une fois pour
21
Dans le cas de la France, le principal quotidien sportif, L’Auto, ancêtre
de L’Équipe d’aujourd’hui, rend un hommage un rien assassin au baron
quand ses adversaires potentiels, les gymnastes et les socialistes,
louent ses principes éducatifs. C’est là un moindre paradoxe d’autant
que L’Auto a accueilli dans ses colonnes, entre septembre 1931 et
mars 1932, les vingt-cinq chapitres des fameux Mémoires olympiques,
que le Bips puis le Cio rééditeront respectivement en 1932 et en 1976.
Annonçant à ses lecteurs que Pierre de Coubertin sera inhumé à
Lausanne et « son cœur pieusement déposé à Olympie », L’Auto prend
aussi un malin plaisir à souligner la vive émotion qui s’est manifestée
en Allemagne à l’annonce de son décès : articles élogieux de la presse,
télégrammes adressés à sa veuve par le Führer lui-même, par le
ministre de l’Intérieur Frick et par le Reichssportführer. De même, à
l’occasion de ses obsèques, L’Auto ne manque pas de préciser que « de
magnifiques couronnes entouraient le catafalque, en particulier celles
du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Tokyo, du Comité
Olympique du Reichssportführer… ». Mais ce sont de tout autres
bienfaiteurs que donnent à connaître L’Excelsior et Le Figaro : l’ambassade et le consulat de France, la municipalité de Lausanne, le Comité
olympique suisse, le gouvernement de Grèce, la Fédération française
d’athlétisme et celle de rugby. Le journal L’Auto est également le seul
à signaler, de façon incidente, que le président en exercice du Cio, le
comte de Baillet-Latour, retenu au lit, « s’était fait excuser » : le baron
Pierre de Coubertin n’avait pas manqué à plusieurs reprises de dénoncer la politique olympique de son successeur.
Les hommages vengeurs du quotidien L’Auto
De la même manière, dans Le Temps du 7 septembre, Paul Rousseau
consacre sa chronique de la rubrique sportive à « l’œuvre pédagogique
sportive de Pierre de Coubertin », présenté comme « un grand éducateur sportif », « un sociologue qui avait rêvé d’une fraternité internationale dans l’effort athlétique, comme moyen de rapprochement
amical des peuples ». En guise de bréviaire pour le lecteur désorienté,
l’auteur livre quelques extraits de la lettre ouverte adressée en 1932 par
Pierre de Coubertin au président de la Société des nations, Paul
Hymans. Considérant que « la guerre est une réalité sinistre et
concrète […] et la paix entre les peuples, un équilibre complexe »,
Pierre de Coubertin écrivait alors qu’« enlever aux enfants, aux
garçons tout au moins, toute occasion de satisfaire leur instinct du
combat n’aboutirait le plus souvent qu’à préparer une adolescence
dépourvue de caractère et d’énergie ». C’est pourquoi Pierre de
Coubertin préconisait, d’après l’auteur de l’article, le développement
d’une « estime réciproque entre les nations » par le moyen de rencontres sportives répétées. Paul Rousseau n’oublie pas d’utiliser à des
fins moralisatrices les dernières lignes de cette lettre dans laquelle
Pierre de Coubertin tonne contre « la morale en lambeaux », « le
dévergondage littéraire », et affirme sans ambages : « Une époque qui
est arrivée à faire de la préoccupation sexuelle, le pivot journalier et
presque unique de ses distractions vit sous la menace de la plus grave
dégénérescence. » Et l’auteur de signaler un certain nombre d’initiatives pédagogiques omises ou méconnues de ses confrères et de ses
compatriotes : la « nouvelle formule d’éducation physique » qu’il présenta en 1902 dans l’amphithéâtre de la Société de géographie, le dis-
« Un grand éducateur sportif »
cours du 17 juin 1914 sur « le sport et la société moderne », prononcé
en présence du président de la République à la Sorbonne, la conférence à la Ligue de l’enseignement de Paris à la fin de l’hiver 1916 sur
« l’ignorance qui a préparé la guerre et l’éducation qui lui assurera la
paix », la fondation en 1918 à Lausanne d’un Institut olympique,
la création en 1928 du Bureau international de pédagogie moderne,
la publication en 1930 d’une Charte de la réforme sportive, laquelle
doit être comprise comme « une étude critique sur la déformation
de l’esprit olympique ». Cet article est enfin l’occasion de revenir sur
un épisode douloureux dans l’itinéraire de Pierre de Coubertin : la
« défaite morale » qu’il a enregistrée face aux fédérations sportives
internationales au moment de l’Olympiade parisienne de 1900.
toutes, conçu les Britanniques ». Surtout, arguant d’une lettre de 1934 dans laquelle
Pierre de Coubertin regrettait que les clubs civils et les associations scolaires
aient été mêlés en 1890 dans le même groupement (à savoir l’Usfsa), il en profite pour
dénoncer « le danger que le sport professionnel fait courir au sport amateur et plus
encore au sport scolaire ». Enfin, il exhume un rapport de 1915 dans lequel Pierre de
Coubertin attirait l’attention du ministre de l’Instruction publique sur la nécessité
« d’imposer l’obligation d’assister au cours de gymnastique, d’améliorer les conditions
d’hygiène, d’ajuster les traitements des professeurs, d’augmenter les heures
d’éducation physique, d’équiper les gymnases, d’initier sportivement les instituteurs ».
Dans L’Excelsior du 3 septembre, Robert Marchand rend hommage à « la plus
noble figure du sport […] dont l’œuvre considérable lui avait valu dans les milieux
sportifs du monde entier une véritable vénération », « au grand Français et grand
Européen ». Pierre de Coubertin, honoré dans cet article du titre de marquis,
n’a-t-il pas tenté de contribuer à l’unité des Français lorsqu’il a fondé la Société
des sports populaires (1906) afin de « répandre dans toutes les classes de la population
le goût des sports », et lorsque, à la même époque, il s’est efforcé d’inventer une liste
des fêtes nationales capable de rassembler tous ses concitoyens au-delà de leurs
oppositions politiques ? Et le journaliste de rappeler également que ce « redresseur
de l’éducation sportive » avait alerté en 1925 l’opinion publique contre le gigantisme
des stades et dénoncé « une certaine faillite due aux parents [des futurs champions],
aux maîtres et peut-être aussi aux journalistes », avant de rappeler son idéal profond,
« amener par le sport un rapprochement entre les peuples ».
Utilisation vichyste et réhabilitation gaulliste
Les autorités sportives de Vichy semblent avoir eu quelque hésitation à récupérer
ouvertement l’entier héritage de Pierre de Coubertin. Prêté sur les stades
dès 1941, le Serment de l’athlète – « Je promets sur l’honneur de pratiquer le sport
avec désintéressement, discipline et loyauté pour devenir meilleur et mieux
servir ma patrie » – évoque certes le Serment olympique, de même que la Charte
des sports du 20 décembre 1940 renvoie à la Charte olympique. Ce ne sont pourtant
pas les œuvres de Pierre de Coubertin qui sont rééditées par Vichy, mais celles
du lieutenant de vaisseau Hébert. Le Commissariat général à l’éducation générale
et sportive choisit comme discipline fondamentale sa « méthode naturelle »
d’éducation physique (courir, sauter, grimper, en harmonie avec la nature,
et dans une dimension altruiste), qui permettait un encadrement plus aisé des jeunes
gens. La culture d’indépendance par rapport à l’État que le baron avait souhaité
insuffler aux sociétés sportives et à l’olympisme s’accorderait-elle mal avec « le principe
d’autorité » de Vichy ? Sur les affiches de propagande du régime du maréchal,
le sport est pourtant promu, en une formule très coubertinienne, au rang
de « chevalerie moderne ». Quant aux sociétés sportives, bien loin d’être interdites,
elles bénéficient de financements et d’attentions toutes particulières, tout en étant
24
placées sous surveillance. Cette culture de la virilité n’est pas un des moindres
paradoxes de cet État français privé d’armée.
Il reste que Vichy a bel et bien célébré le cinquantième anniversaire
de la rénovation des Jeux en Sorbonne le vendredi 23 juin 1944, huit jours après
le discours de Bayeux du général de Gaulle et trois jours après l’exécution par la milice
de Jean Zay, ministre de Léon Blum. Sous les oriflammes des fédérations sportives
habilitées et sous un portrait de Coubertin inséré dans une affiche représentant
des athlètes au garde-à-vous et torse nu, le Commissaire général au sport, le colonel
Pascot, prononce l’éloge du baron en présence du ministre de l’Éducation nationale,
Abel Bonnard, et du président du Cof, Armand Massard. Plus autoritaire encore
que le « mousquetaire » Jean Borotra, son prédécesseur au Commissariat général
et déporté en Allemagne, plus contesté aussi par le milieu sportif, dans l’incapacité
de faire valoir un passé de champion athlétique, le colonel Pascot n’aura donc pas
manqué de légitimer son action en s’affichant en compagnie d’une photographie
de Pierre de Coubertin. C’est finalement la République gaullienne qui honorera
en 1964 la mémoire du baron, même si l’hommage national survient avec un an
de retard sur le centenaire de sa naissance.
Sous la présidence d’honneur du général de Gaulle, une séance solennelle
a lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le mardi 23 juin 1964 à 21 heures.
Figurent au programme La Marseillaise et l’Hymne olympique, des allocutions
du Premier ministre, Georges Pompidou, du président du Cio, Avery Brundage,
du secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, Maurice Herzog, et du président
du Cof, Armand Massard, des démonstrations de gymnastique et de rythme
par les garçons de l’École normale supérieure d’éducation physique (Ensep),
de gymnastique féminine par les jeunes filles de l’Ensep, de danse moderne
et classique par les danseurs étoiles et le corps de ballet de l’Opéra, des textes
de Coubertin et de Henry de Montherlant dits par Jean Marchat, sociétaire
de la Comédie-Française, la diffusion d’extraits du message radio de Pierre
de Coubertin à Berlin en août 1935. À l’occasion de cet anniversaire furent également
apposées deux plaques, sur des résidences de Pierre de Coubertin. L’une en son
château de Mirville : « Pierre de Coubertin (1863-1937), rénovateur des Jeux
Olympiques, Historien et Pédagogue, arrière-petit-fils du Marquis de Mirville,
habita toute sa jeunesse cette demeure familiale » ; l’autre sur sa maison natale
au 20, rue Oudinot, dans le vii arrondissement de la capitale : « Pierre de Coubertin,
rénovateur des Jeux olympiques, a vécu dans cette maison où il est né, de 1863
à 1909 ». Enfin, le dimanche 21 juin 1964, une adresse de Maurice Herzog fut lue
devant les jeunes à l’occasion de réunions sportives ou culturelles. Et le nom
de Pierre de Coubertin fut attribué, cette année-là, à cinq établissements scolaires
ainsi qu’à des rues et stades dans soixante-six municipalités de tous bords politiques.
Il convient de réinscrire cet hommage républicain et gaullien dans la politique
plus globale de fabrication d’un « citoyen sportif » orchestrée par Maurice Herzog,
entre la déroute des Jeux de Rome en 1960 (aucune médaille d’or) et les Jeux d’hiver
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de Grenoble en 1968 : création du Conseil national des sports (décembre 1960),
première loi-programme d’équipements sportifs (1961), développement du sport
scolaire (instructions officielles de 1962). Et dans cette même ambiance d’édification
sportive de la « nation-France », on notera en 1966 la publication d’une biographie
romancée et hagiographique de « l’éducateur inspiré, historien de qualité,
visionnaire et poète » par l’inspectrice générale des sports Marie-Thérèse Eyquem,
Pierre de Coubertin. L’épopée olympique. L’année précédente était paru l’Essai de doctrine
du sport, une synthèse des travaux menés par la Commission de la doctrine cosignée
par Maurice Herzog et Jean Borotra. Placée sous la présidence du Premier
ministre, Georges Pompidou, cette commission dirigée par Jean Borotra poursuit
les travaux déjà entrepris au sein de l’Académie des sports et du Comité Pierre-deCoubertin. Ses soixante membres ont reçu pour mission de « définir la place
que doit occuper le sport dans la vie de l’individu et de la Nation, et [de] déterminer
les conditions permettant d’atteindre les objectifs ainsi dégagés ». Tout autant que
les contenus inspirés partiellement par les thèses de Coubertin, on retiendra
en particulier, dans la liste des membres et personnalités associés aux travaux,
les noms de deux biographes de Coubertin, André Senay et Marie-Thérèse Eyquem,
de l’ancienne championne de France de natation et future directrice du Cio
Monique Berlioux, du sociologue Joffre Dumazedier (qui a fait paraître aux Éditions
du Seuil en 1952 ses Regards neufs sur les Jeux Olympiques), de Maurice Genevoix,
de René Haby…
Ces manifestations officielles de l’année 1964 se situent bel et bien au point
de convergence des intérêts de l’État et d’un groupe de défense des « valeurs »
du sport, de l’olympisme et de la mémoire de Pierre de Coubertin, un point
à l’intersection du gaullisme et des milieux sportifs et littéraires.
Malgré les manipulations et les campagnes de boycott, les Jeux olympiques
auront tout de même servi la gloire internationale et posthume de Pierre
de Coubertin. Or, depuis leur rétablissement à Athènes en 1896, ces Jeux, ballottés
entre les villes organisatrices, les États et les fédérations sportives, n’ont pourtant
jamais véritablement été sous le contrôle de celui qui les ressuscita. Ce dernier,
en revanche, a pu exercer durant les intervalles olympiques son magistère
sur l’appareil du Cio et sur les congrès olympiques, lesquels sont véritablement
sa « chose » pédagogique. C’est donc un itinéraire bien singulier que celui de ce jeune
traditionaliste devenu, à moins de trente ans, à la fois réformateur de la pédagogie
française par le sport et propagandiste d’un olympisme modernisé.
26
Une jeunesse
traditionaliste (1863-1887)
3
Pierre de Coubertin est le quatrième et dernier enfant du baron Charles Frédy
de Coubertin, un orléaniste descendant d’une famille de robins établie en vallée
de Chevreuse, dont les tableaux de facture sulpicienne furent régulièrement
exposés aux Salons à partir de 1846, et de Marie-Marcelle Gigault de Crisenoy,
d’une famille d’aristocrates légitimistes originaire de Normandie. Au sortir
d’une enfance heureuse car champêtre, passée pour l’essentiel en pays de Caux,
ses parents rêvent pour lui d’un avenir sans surprise : l’armée ou les métiers du droit.
Des changements d’orientation qui trahissent les difficultés de faire carrière
pour un fils de l’aristocratie confronté à l’enracinement de la république.
Du château de l’enfance à l’école des Jésuites
Les années d’enfance du petit Pierre se sont déroulées selon un rythme saisonnier :
sept mois d’hiver et de printemps passés à Paris dans la vieille maison de la rue
Oudinot, six semaines dans le chalet d’Étretat, deux mois et demi d’été
à Mirville, en pays de Caux, trois semaines en octobre au domaine de Coubertin
en vallée de Chevreuse, à la saison de la chasse. Une enfance qui s’est déroulée
dans une ambiance très féminine, sous la protection de sa mère et de sa sœur Marie.
[« Leçons maternelles, leçons romaines »]
Pierre de Coubertin a-t-il perdu son enfance lorsqu’il est inscrit à l’âge
de dix ans au collège de Vaugirard puis, à la rentrée 1874, à l’école Saint-Ignace ?
Ses parents auront en fait tenté de concilier l’idéal libéral de l’éducation familiale
et le ratio studiorum jésuite, puisque l’école de la rue de Madrid est un externat.
Son appartenance à la première promotion vaudra plus tard à Pierre de Coubertin
d’être le président de la Société des anciens élèves. Recrutant dans la haute aristocratie
et la moyenne bourgeoisie, l’Externat de la rue de Madrid dispense une éducation
religieuse mondaine et apprend les bonnes manières. Le régime alimentaire dans
le cadre de la demi-pension est qualifié de « très bon » ; les classes et salles d’étude sont
« fort belles et bien aménagées » ; la disposition de la cour de récréation est « un peu
défectueuse du fait du trop grand nombre de coins et de recoins ». L’année où Pierre
de Coubertin passe son baccalauréat ès lettres, l’inspecteur d’académie signale que
« l’enseignement est apparemment irréprochable au point de vue de la morale,
de la constitution et des lois », mais il suggère qu’il est « indirectement inspiré
par l’esprit de parti ». Si les décrets de mars 1880 entraînent effectivement le départ
du père Gabriac, l’inspecteur doute que son successeur laïque exerce réellement
27
Très paresseux sur pas mal de points, j’étais avancé en histoire et
notamment en histoire romaine. Ma mère qui me donnait des leçons
que sa tendresse rendait peut-être trop peu sévères possédait sur le
bout du doigt ces matières. Elle savait fort bien le latin et les maîtres
dont elle avait suivi en commun avec ses frères les enseignements
avaient implanté dans son esprit non pas seulement le contour, mais
le sens profond des faits.
Sous sa direction, la « succession des empires » chère à Bossuet et
surtout la prodigieuse évolution des destins romains prenaient à mes
yeux un relief passionnant. Au contraire, la Grèce ne m’était point
claire ou du moins j’apprenais et m’assimilais une Grèce antique très
différente de celle qui a réellement existé. J’ai depuis revu les livres et
les tableaux à l’aide desquels j’étudiais. J’ai constaté qu’effectivement,
dans ce temps-là, on possédait bien le sens de l’antiquité romaine et
assez mal celui de l’antiquité grecque. La civilisation hellénique était
considérée comme parallèle à la romaine ; on contemplait la première
à travers la seconde, manière infaillible d’en méconnaître le caractère
si complexe et si varié. La collaboration des archéologues nous a aidés
depuis lors à évoquer l’Hellénisme véritable […].
Sans doute je n’étais encore qu’un enfant. Mais ma mère m’entretenait de questions bien au-dessus de mon âge, qu’elle savait rendre
claires à mon esprit. De plus j’étais passionnément intéressé par la
politique. Ma sœur aimait les sciences, les machines, les sports…
toutes choses qui me trouvaient alors parfaitement indifférent. Par
contre, j’étais ferré sur le cérémonial, le protocole, les dynasties
régnantes, …
—
Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931),
Archives Geoffroy de Navacelle.
« Leçons maternelles, leçons romaines »
l’autorité. En 1885, alors que les effectifs sont revenus à sept cent cinquante élèves,
soit le troisième rang parisien après le collège Stanislas et l’école Monge,
que les enseignants sont à nouveau à 80 % des religieux, l’inspecteur croit pouvoir
noter : « Rien n’est fait pour faire aimer et respecter la Constitution ; l’esprit est celui
du catholicisme. » Dans ses Mémoires de jeunesse, Pierre de Coubertin note d’ailleurs
qu’on ne lui « disait pas de mal direct de la République », mais qu’on « souriait
d’elle avec une pitié dédaigneuse en déplorant que le régime définitif et libérateur
[la monarchie] fût si long à venir »… L’excellence de ses résultats vaut au jeune
Coubertin de figurer parmi les « académiciens ». C’est alors aussi que son professeur
de rhétorique, le père Caron, lui fait aimer l’Antiquité grecque et romaine.
[« Le protégé du père Caron »]
Titulaire d’un double baccalauréat ès lettres (octobre 1880) et ès sciences
(juillet 1881), le jeune Pierre donne suite à son parcours canonique en envisageant
tout d’abord l’entrée à Saint-Cyr. Mais, bientôt, il devra bifurquer pour s’éloigner
des carrières traditionnelles empruntées par ses deux frères, beaucoup plus âgés que
lui et ouvertement antirépublicains.
Les bifurcations d’un étudiant désemparé
Pierre de Coubertin doit s’efforcer de s’adapter à la nouvelle donne républicaine
et libérale. Sa pérégrination estudiantine est facilitée par la géographie parisienne,
puisque l’hôtel familial des Coubertin de la rue Oudinot se trouve à égale
distance des trois établissements envisagés tour à tour par le jeune homme :
l’École militaire de l’esplanade des Invalides, l’Institut catholique de la rue d’Assas
et l’École libre des sciences politiques de la rue des Saints-Pères.
[« Le trépied scolaire de Pierre de Coubertin »]
À dix-huit ans, Pierre de Coubertin imaginait donc marcher sur les traces
de son frère Albert (1848-1913), alors capitaine instructeur au 10 régiment de dragons,
et passé lui-même par l’École impériale spéciale militaire dans les dernières années
du règne de Napoléon iii. Pierre est alors admissible mais n’intègre pas la carrière
militaire. Un renoncement qu’il justifie dans ses Mémoires en affirmant que
l’évolution de la situation diplomatique en Europe laissait « entrevoir une période
de paix assez prolongée » et en confessant son refus « de l’ennui et de la monotonie
de la vie de garnison ». Derrière cette formule, on doit plutôt voir la pression exercée
par la République pour s’assurer de la loyauté de l’armée, avec un resserrement
du contrôle sur les candidats officiers venus de l’aristocratie. Ces deux années 1882
et 1883 de corniche (la classe préparatoire à Saint-Cyr) sont aussi pour lui l’occasion
d’être introduit dans les soirées mondaines du quartier Saint-Germain par son frère
puîné Paul (1847-1933), un poète mondain.
Dans un de ses albums achetés à Londres, soigneusement tenu et décoré
à l’encre de Chine, on ne compte pas moins de cent cinquante cartons d’invitation
sur dix-huit mois ! Le 9 juin 1885, il est assurément présent à la réception donnée
29
On se représente à tort la Compagnie de Jésus comme une organisation rigide où il n’y a pas de place pour le développement de la personne, où l’uniformité est la loi obligatoire et l’humilité le fondement
de toute vertu. Rien n’est plus éloigné de la vérité […]. Ceci dit
j’admets que mes expériences ont été entachées d’un caractère un peu
exceptionnel. J’admets surtout qu’il n’y a pas eu beaucoup de professeurs comparables au Père Caron, qui me fit faire successivement mes
Humanités et ma Rhétorique. Je revois sa petite taille, son fin profil,
son regard pétillant d’intelligence, sa démarche intrépide. Il avait
toujours l’air de marcher à l’assaut de quelque forteresse intellectuelle […].
D’une formation si libérale, le père Caron nous faisait de temps à
autre des lectures brèves, admirablement choisies, frappantes… Il ne
reculait ni devant Victor Hugo, ni devant Michelet ni même devant
Lamennais ! Il n’est pourtant, je dois le dire, rien sorti de très remarquable. En passant en revue mes camarades de collège, j’en vois qui
ont fourni des carrières honorables, mais en général peu brillantes.
Je n’en vois guère qui aient révélé des individualités très robustes.
Je n’hésite pas à attribuer ce résultat à cette « religion de la mort »
dont j’ai déjà prononcé le nom avec quelque rancune. Dès le jeune âge,
on tirait nos regards hors de ce monde. Obtenir « une bonne mort »
était la grâce suprême et Saint Joseph « patron de la bonne mort »
devenait dans ce but l’objet de nos dévotions excessives. Je crains
de ne pas savoir exprimer les choses comme je le voudrais. Il n’y avait
ni haine ni mépris de la vie présente dans la façon dont on nous dressait à la regarder, mais peut-être quelque chose de plus redoutable
« Le protégé du père Caron »
pour l’esprit ; le sentiment qu’elle n’est pas digne du plus grand effort
et que c’est en vue de la vie future que cet effort doit être fait. Tout
tendait là.
Les plus délicats, les plus sentimentaux en arrivaient à se croire
dans les limbes et aspiraient à en sortir. Nous étions un certain
nombre qui n’avions pas de plus grande faveur à demander à Dieu que
celle de « mourir jeune ». Par bonheur, pour ma part, j’étais tour
menté du désir que cette mort prématurée servît à quelque chose de
tangible. Je ne l’entrevoyais souhaitable qu’en pleine action et le goût
du champ de bataille entra ainsi en moi bien que je fusse l’un des
moins guerriers par le tempérament physique.
—
Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931),
Archives Geoffroy de Navacelle.
Dès le collège j’avais incliné, en terminant mes études, vers le clan des
« Saint-Cyriens ». Je ne manquais jamais, le dimanche à cinq heures,
de me trouver au Café de la paix où les futurs candidats à l’École militaire se rencontraient, autour du traditionnel grog américain, avec
leurs camarades déjà entrés au bahut et ayant la joie de porter le pantalon rouge et le casoar. Mais en même temps je n’avais jamais perdu
mon intérêt pour la politique et je sentais que l’armée ne mènerait à
rien. J’avais l’intuition d’une longue paix, avec devant moi, la perspective décevante d’une série de garnisons où la force d’initiative que je
sentais en moi s’étiolerait sans profit pour personne.
Du moment que je renonçais à l’armée, mes parents exigèrent que
je fisse mon Droit. Armée ou Droit, c’était le dilemme pour les jeunes
gens de mon milieu. Les études de Droit me répugnaient horriblement. Non seulement je les trouvais ennuyeuses mais humiliantes.
Je n’ai jamais assisté à un seul cours ; je ne me rendais à la faculté que
pour prendre mes inscriptions et c’était mon supplice, le jour de l’examen annuel, d’avoir à endosser une de ces robes noires à rabat blanc
qu’on imposait alors aux candidats et qui me semblaient un symbole
de déchéance. Comment j’arrivais dans ces conditions à me faire recevoir, Dieu seul le sait.
Par contre, je m’organisai toute une existence de travail indépendant dans le but d’acquérir les connaissances nécessaires à l’exécution
de mon grand projet, dont je gardais pour moi seul le secret et pour
lequel je ne me sentais pas suffisamment préparé. L’École libre des
Sciences politiques, la Conférence Molé, la Société d’Économie
sociale formèrent le trépied de cette préparation. D’autre part chaque
printemps et chaque automne, j’allais passer un mois en Angleterre
pour y poursuivre mon enquête pédagogique.
Le professorat de l’École des Sciences politiques groupait à cette
époque des personnalités de premier plan : Léon Say, Albert Sorel,
Albert Vandal, Alexandre Ribot, Paul et Anatole Leroy-Beaulieu, des
maîtres prestigieux dont aucune pédanterie ne surchargeait l’enseignement et qui nous apportaient, en style clair et concis, des vues nouvelles et indépendantes ; jamais université ne fournit à ses étudiants
pareil ensemble de talents assemblés pour diriger leur perfectionnement mental. Je sortais de ces cours avec de la lumière plein l’esprit et
les rédigeais ensuite d’après les notes prises en séance.
—
Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931),
Archives Geoffroy de Navacelle.
« Le trépied scolaire de Pierre de Coubertin »
par la duchesse de Bisaccia en son hôtel particulier de la rue de Varenne, en l’honneur
du duc de Chartres et de sa femme, des princesses Amélie d’Orléans et Marie
d’Orléans. La couronne, les fleurs de lys, la banderole portant l’inscription «Vive
le roi » qu’il dessine soigneusement au-dessus des noms de ceux qui composent
le quadrille d’honneur, renvoient indubitablement à l’attachement paternel
pour les Orléans. Quant au voyage qui conduit, l’été 1880, la famille de Coubertin
au château de Frohsdorf, près de Vienne, où réside le comte de Chambord
(prétendant sous le nom de Henri v), il signale l’attachement maternel aux Bourbons.
À l’issue d’un autre voyage familial à l’été 1883, en Angleterre cette fois, peut-être
destiné à lui faire oublier son échec, le jeune dandy se résout à sacrifier à l’autre
tradition familiale, la judicature. Avant lui, en effet, son père et son frère aîné ont fait
leur droit, mais Pierre de Coubertin n’a jamais caché son aversion pour de telles
études. On notera qu’il ne précise pas dans ses Mémoires d’un éclaireur que
son inscription d’octobre 1883 fut prise non à l’Université, mais à l’Institut catholique
de Paris, considéré par les républicains comme un des temples de la réaction.
Aussi, trois mois plus tard, adhère-t-il au groupe de Paris des Unions de la paix
sociale. Trois mois de plus, et le voilà auditeur à l’École libre des sciences politiques
(mars 1884), probablement sur les conseils de son ami Daniel de la Chaussée,
de deux ans son aîné, déjà licencié en droit, et étudiant de troisième année
dans cette « école Boutmy ». Une inscription qu’il renouvellera en novembre 1885
avec Alfred Viollet du Breil, son voisin de la rue Oudinot, plus tard auditeur à la Cour
des comptes, puis, une ultime fois, en novembre 1886. Assurément, ces deux lieux
auront compté dans son émancipation intellectuelle, plus encore dans son acceptation
de la république « sur le terrain constitutionnel ».
Sous l’influence de « l’école de la paix sociale »
C’est à l’extrême fin de l’année 1883, à la veille de ses vingt et un ans, que Pierre
de Coubertin adhère au groupe de Paris des Unions de la paix sociale, sur
la recommandation de son cousin nivernais, le comte de Damas. Fondées en 1872
par Frédéric Le Play, les Unions sont incontestablement à la mode dans les milieux
libéraux-conservateurs : un quart des quatre cents membres du groupe de Paris
au 1 janvier 1888 sont issus de l’aristocratie. Pierre est alors amené à s’intéresser
à la question ouvrière. Avec Jules Angot des Rotours, il assure le secrétariat
du comité qui enquête sur les « petits logements en France et à l’étranger » ;
cette idée a été lancée en 1887 par la Société d’économie sociale (Ses), à l’initiative
de Georges Picot, le futur promoteur de la politique de logement social
et des « habitations à bon marché ».
[« Je dois beaucoup à Le Play »]
Pierre de Coubertin a probablement été sensible au programme de Le Play :
maintien de la stabilité dans les foyers domestiques et de l’harmonie dans les ateliers
de travail, d’une part, relèvement de la patrie, d’autre part, par application du devoir
32
La Société d’Économie Sociale fondée par Le Play se doublait des
« Unions de la Paix Sociale » créées pour répandre en province les
doctrines de ce grand homme. La Société continuait son effort de
sociologie scientifique ; les Unions représentaient l’application pratique des conséquences à en tirer […]. Elles allèrent s’effritant, parallèlement aux Cercles catholiques d’ouvriers fondés par Albert de Mun,
franchement sectaires ceux-là et dont je me tins toujours écarté.
Je dois beaucoup à Le Play […]. De son œuvre ample et saine, deux
idées-mères se dégageaient, base de toute science sociale. La première, c’est qu’il n’y a point d’évolution organique des peuples comparable
à celle des individus, qu’il n’existe point pour les nations une jeunesse,
un âge mûr et une vieillesse, mais qu’il est au pouvoir de toute collectivité de refaire la santé de la génération suivante en vivant sainement
elle-même. Cette grande loi n’était pas acceptée alors ; on y voyait une
hérésie, source d’un dangereux optimisme. La seconde, c’est que pour
observer une société par la méthode monographique si féconde et si
vraiment scientifique, il faut commencer par porter ses investigations
sur une cellule intacte et non une cellule malade, de même que si l’on
veut se rendre compte du mouvement d’une montre, on ne choisira
pas pour l’examiner une montre cassée ou défectueuse mais une
montre en bon état.
L’expérience de ma vie cosmopolite a sans cesse confirmé la valeur
essentielle de ces deux lois ; elles m’ont servi de boussole dans un
temps où la croyance aux décadences fatales et la recherche générale
du « cas morbide » risquaient de fausser irrémédiablement le jugement de la jeunesse. Ainsi, Le Play fut avec Arnold le maître auquel
« Je dois beaucoup à Le Play »
va ma gratitude maintenant que le soir approche. À ces deux hommes,
je dois plus que je ne puis dire.
—
Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931),
Archives Geoffroy de Navacelle.
social de patronage, dans un total esprit d’indépendance à l’égard des partis politiques.
Frédéric Le Play, qu’il qualifie lui-même d’« authentiquement conservateur »,
tente bien là d’explorer une troisième voie sociale et morale, qui minore la question
de la dévolution du pouvoir central et accorde un rôle déterminant au Décalogue
et à l’initiative privée. Une troisième voie entre révolution et réaction, entre socialisme
égalitariste et absolutisme passéiste, entre individualisme anarchique et dictature
d’un seul. C’est bien cette marginalisation du politique en regard de l’action
sociale qui se trouve au cœur du projet de Le Play. Celui-ci a en effet construit
sa pensée théorique et pratique sur ce double postulat que la réforme sociale
à accomplir prime sur la question du régime politique, et que les « Autorités sociales »
actives aux échelons domestique, communal et provincial, doivent neutraliser
l’action de l’État.
L’estime dans laquelle l’Action française a pu tenir, au tournant du siècle, l’œuvre
de Frédéric Le Play explique le discrédit jeté sur les « continuateurs oubliés »
qui ont accepté la république. Sans jamais reprendre à son compte la célèbre
formule de Le Play – « la théocratie dans le monde des âmes, l’autorité paternelle
dans la famille, la démocratie dans la commune, l’aristocratie dans la province,
la monarchie dans l’État » –, Pierre de Coubertin aura toutefois intégré cette
extrême méfiance à l’endroit du politique. Et il aura également puisé dans le corpus
de cet ingénieur et économiste des arguments « sociaux » qui lui permettront
de se rallier précocement à la république, et qui le hanteront jusqu’à la fin de sa vie.
La « lumière » de l’École libre des sciences politiques
Dans ces années de « crise allemande » de la pensée française, le jeune Pierre
de Coubertin adopte la « référence anglaise ». Contre le modèle autoritaire
et centralisateur de la victorieuse Allemagne, il fait donc le choix de la modernité
libérale et de la stabilité conservatrice si caractéristiques du rival anglais héréditaire.
Cette conversion, il la doit certes à la fréquentation des partisans de Le Play,
à la lecture des Notes sur l’Angleterre, d’Hippolyte Taine (1872), et de La Réforme sociale,
de Frédéric Le Play (1864), à ses voyages outre-Manche à partir de l’été 1883, mais
surtout aux cours de ses professeurs de l’École libre des sciences politiques (Elsp),
fascinés par les réussites économiques et politiques anglaise et américaine. Coubertin
est, dès lors, un étudiant extrêmement assidu et consciencieux, comme le prouvent
sa présence régulière aux conférences et le soin porté à transformer ses prises
de notes en véritables manuels de classe. Peut-être la nouvelle « section générale
de droit public et d’histoire », qui s’ajoute en 1883 aux deux sections administrative
et diplomatique, l’a-t-elle attiré. À la différence de la majorité des élèves de l’école,
qui réclame des enseignements professionnels permettant la réussite aux concours
administratifs, Pierre de Coubertin paraît être la recrue rêvée par les fondateurs
de l’Elsp : l’étudiant politiquement libéral et socialement conservateur qui aspire
à une carrière politique.
34
[Des formateurs « d’un type jusque-là inconnu »]
« Refaire une tête au peuple », « former le futur homme d’État », tels sont
les objectifs que se sont fixés le philosophe Émile Boutmy et le bibliothécaire
de l’École des beaux-arts Ernest Vinet lorsqu’ils imaginent, après 1870, « l’année
terrible », de porter remède à l’infériorité de la France, pointée par Ernest Renan
dans La Réforme intellectuelle et morale, en substituant une élite de la compétence
à celle de la naissance. La presse radicale soupçonne alors l’Elsp d’être une « école
de politique », « d’hostilité ou d’indifférence aux institutions actuelles », de demeurer
un bastion de l’orléanisme. Opinion nullement partagée par Jules Ferry, qui a bien
conscience que « beaucoup de libéraux, et de sympathiques, beaucoup plus
assurément qu’à la Faculté de Droit », figurent parmi les membres du conseil
d’administration. De fait, des républicains incontestables figurent parmi les premiers
actionnaires, comme les Havrais Jacques et Jules Siegfried. Et le directeur, Émile
Boutmy, prend soin de recruter des professeurs modérés comme Alexandre Ribot.
Une telle ambiguïté a probablement fort bien convenu au jeune Coubertin, qui n’est
pas encore un rallié au moment de sa première inscription.
Dans le système d’enseignement mis en place par Boutmy, la discipline
historique joue le rôle à la fois d’épine dorsale pour les sciences des administrateurs
et de paravent politique : « Le gouvernement prendra de nous moins ombrage,
affirme Boutmy, si nous sommes plus historiens que philosophes. » Cette histoire
méthodique et très contemporaine exercera une grande influence sur l’écriture
historique et la culture diplomatique de Pierre de Coubertin. Tout comme la culture
du compromis et du réformisme, mais également la civilité, qui contribuent
à transformer les « sciences-po » en « gentlemen républicains ». Les vertus cardinales
de l’Elsp sont la personnalité, la respectabilité, la vocation, la conscience et la maîtrise
de soi, le fair-play, l’associationnisme, la promotion de l’individu dans le citoyen,
la paix et la solidarité sociale. Préférant la liberté à la démocratie, toujours en quête
du « juste milieu », professeurs et élèves de l’Elsp se rencontrent donc autour
d’une synthèse entre progressisme et conservatisme qui, au fil des années 1890,
il est vrai, penchera insensiblement vers le traditionalisme.
Une formation d’homme d’État
Les enseignements que Pierre de Coubertin a suivis rendent compte de cette ambition
d’une formation généraliste inhérente à la maturation des hommes politiques
de stature nationale et internationale. Ses professeurs ont incontestablement élargi
son horizon aux mondes anglo-saxon et colonial et lui ont permis d’assimiler
la modernité du libéralisme politique. L’initiation au droit et à l’histoire
constitutionnelle représente, de fait, un axe fort de son cursus. Au directeur Émile
Boutmy, lui-même professeur d’histoire constitutionnelle comparée (Angleterre
et États-Unis) et auteur d’une Philosophie de l’architecture en Grèce, Coubertin
emprunte à la fois un intérêt pour le modèle anglais (et sa stabilité politique et sociale)
35
S’il est avéré que la formation de citoyens d’élite doit être le premier
et le plus noble objectif de chaque université, alors l’École libre a toute
légitimité à prendre rang parmi les universités françaises. En effet,
celle-ci s’est signalée en échappant à la spécialisation, ce sport étriqué
souvent à l’origine, ici comme ailleurs, d’un appauvrissement de
l’enseignement universitaire. En faisant appel à la fois à des hommes
d’État comme Ribot et Léon Say, à des historiens comme Albert Sorel
et Vandal, à des économistes comme Leroy-Beaulieu et Levasseur, à
des hommes d’affaires et à des professionnels, Émile Boutmy a fabriqué des formateurs d’un type jusque-là inconnu. Nombre d’entre eux
avaient vécu ce qu’ils avaient en charge d’enseigner ; tous avaient
appris par l’expérience davantage encore que par leurs lectures.
L’École s’était donné pour objectif de préparer les jeunes hommes à la
haute administration ou à la diplomatie, afin d’alimenter l’État en inspecteurs des finances et en personnel administratif de qualité. Mais,
la grande majorité de ceux qui suivaient les cours de ses professeurs
improvisés étaient des étudiants eux-mêmes improvisés, des hommes
libres de leur temps ou bien déjà diplômés, ardents à l’idée d’apprendre sans objectif précis.
—
Pierre de Coubertin, « The Revival of French Universities »,
American Monthly Review of Reviews, juillet 1897, extrait,
notre traduction.
Des formateurs « d’un type jusque-là inconnu »
et une curiosité pour la vie américaine. Surtout, il aura été marqué par la conférence
exceptionnelle sur « Les Constitutions françaises » donnée en 1886 par le républicain
Alexandre Ribot, plusieurs fois ministre de 1890 à 1917. Le député du Pas-de-Calais
l’aura acclimaté à la république en lui faisant entrevoir combien la Constitution
de 1875 permet une synthèse honorable entre la tradition, incarnée dans le Sénat
et la présidence de la République, et le progrès, symbolisé par la Chambre
des députés. Cet adversaire de Gambetta puis de Boulanger, partisan « d’une politique
de progrès, de modération et d’apaisement », est peut-être, avant Jules Simon,
le premier républicain à avoir influencé Pierre de Coubertin.
Coubertin doit à l’ancien secrétaire d’ambassade Albert Sorel d’être initié
à « l’histoire diplomatique de l’Europe de 1789 à 1885 », envisagée d’un point
de vue à la fois polémologique et irénologique. Pour le secrétaire général
de la présidence du Sénat, le droit, compris comme la pratique française des relations
entre États, prime la force, sous-entendue allemande. Persuadé que la paix
acquise sur le continent européen doit permettre les conquêtes coloniales, il est
de ceux qui ont abandonné l’idée d’une revanche sur l’Allemagne et qui soutiennent
les politiques tunisienne et tonkinoise de Jules Ferry. Pierre de Coubertin
en retiendra la leçon.
Le jeune Pierre de Coubertin eut assurément moins d’appétence pour
l’économie politique. Il n’a pas la culture des chiffres et juge cet enseignement
« trop statistique ». Sa doctrine économique, il la construit au croisement
des thèses libérales orthodoxes que professe l’ancien ministre des Finances Léon Say,
le petit-fils du célèbre théoricien Jean-Baptiste Say, et de la tentative de conciliation
entre morale et libéralisme opérée par Paul Leroy-Beaulieu.
Incontestablement, l’amateurisme universitaire opposé au « spécialisme » utilitaire
des carrières représente l’idéal scolaire pour Pierre de Coubertin comme pour
les fondateurs de l’Elsp. Avec l’amateurisme sportif auquel il adhère au même
moment et qu’il promouvra par la suite, il donne là une autre illustration de la culture
aristocratique de la gratuité et du refus du professionnalisme comme des professions.
La transition sportive de Pierre de Coubertin
Dans ces années 1883-1887, Pierre de Coubertin devient adepte des sports anglosaxons sans renier les traditions corporelles de la caste aristocratique. Il ne saurait
pour autant être assimilé à un simple sportif ; il est bien plutôt un gentleman sportif,
un sportsman.
En digne représentant des arts nobiliaires français, il pratique fort bien
l’escrime, l’équitation et la danse. Tout comme ses deux frères, tout comme sa sœur,
il est en effet un honnête cavalier. En revanche, il semble être le seul des quatre
Coubertin à ne pas goûter les plaisirs de la chasse. L’escrime le passionne
véritablement : il n’a pas vingt ans qu’il fonde même avec quelques amis un petit
cercle, rue de Bourgogne. N’a-t-il pas voulu inventer en 1906 une nouvelle discipline
37
doublement aristocratique, l’escrime à cheval ? Il aime les conflits qui se résolvent
à coups de poing et de canne, et ne craint pas de régler ses différends en duel.
Héritier des pratiques chevaleresques, il découvre les sports anglais à l’occasion
de ses séjours outre-Manche de l’été 1883, des printemps et automnes 1886 et 1887,
sports qu’il importera en France. Selon la tradition familiale, il aurait ainsi
inauguré la première partie de tennis en France sur le lawn de la propriété maternelle
de Mirville. On connaît une photographie le représentant en tenue de tennisseur,
avec trois de ses condisciples de l’Elsp sur les terrains de la Société de sport
de l’île de Puteaux (Ssip). Il pratique également le rowing (« l’aviron ») – d’ailleurs,
il en fera assidûment jusqu’à la fin de sa vie, à Lausanne, ses biceps en faisant foi –,
ainsi que la bicyclette, sillonnant en tous sens la campagne havraise. Il est
un adepte de la « lenteur vélocipédique », celle des membres de l’Association
vélocipédique amateur (Ava) et du Touring Club de France, dont il fait partie.
Peut-être est-il encore quelque peu pedestrain (« marcheur ») : parfois il joue
le rôle du lièvre lors des rallyes-paper opposant les différentes associations sportives
scolaires de la capitale.
Mais il ne semble avoir pratiqué ni football, ni rugby, ni même aucun autre
sport collectif. Surtout, il n’apparaît jamais comme compétiteur sur les tablettes
du journal de l’Usfsa, Les Sports athlétiques, mais plutôt comme starter ou bien
comme arbitre. Il n’a pourtant que vingt-sept ans. On ne lui connaît donc
aucune prouesse athlétique. Il est plutôt un adepte de la pratique sportive régulière
et désintéressée, de la chaise longue après l’effort, un adversaire des entraînements
intensifs qui produisent des animaux humains. Il n’est pas un champion.
Il joue par ailleurs le rôle de conseiller sportif auprès des élèves de l’école Monge,
à la suite probablement d’un accord passé avec le directeur réformateur de cette
institution libre d’enseignement secondaire. À la Toussaint 1888, il accompagne,
par exemple, les jeunes élèves en déplacement culturel et sportif au collège d’Eton.
Il accorde alors autant d’importance à la pratique qu’à sa gestion par les élèves :
les sociétés sportives scolaires sont, pour lui, l’école du self-government (« autonomie »).
C’est d’ailleurs auprès des lycéens et des étudiants qu’il diffuse en 1890 et 1891
la Revue athlétique, dont il a l’initiative et la direction, une revue littéraire et sportive
qui glorifie l’aventurier et l’homme d’action. Enfin, il est aussi l’un des premiers
dirigeants du sport français. Au titre de délégué de la Ssip, il est alors le secrétaire
général de la première fédération sportive française, l’Usfsa, dont la devise est « ludus
pro patria », soit « le jeu pour la patrie ».
Bien plus que ses aînés qui s’adonnent aux joies du yachting ou bien encore
fréquentent le Jockey Club, Pierre de Coubertin se distingue par sa modernité
sportive. Mais à des fins de réforme sociale et patriotique : « rebronzer la France »
devient alors son slogan. Déjà en 1887, dans un article inédit à la gloire du rowing
consigné dans les dernières pages d’un de ses cahiers d’auditeur à l’Elsp, il évoque
les Jeux olympiques, des Jeux imaginés dans leur modernité anglo-saxonne.
[« Hurrah pour le “rowing” et les Jeux olympiques ! »]
38
Beaucoup de gens ont vu en Angleterre des exercices nautiques et ne
se doutent pas qu’ils ont été transportés en France déjà depuis longtemps ; et ceux qui n’ont pas visité l’Angleterre savent à peine en quoi
ils consistent. Or il y a très loin du « Rowing » au vulgaire canotage ;
il y a toute la distance qui sépare une simple récréation d’un sport,
c’est-à-dire d’un exercice pour lequel il faut se donner du mal, beaucoup de mal et dont on n’arrive pas du premier coup à goûter les âpres
jouissances.
Les huit rameurs qui assis au ras de l’eau dans les bateaux de course tout étroits et longs de 17 mètres se préparent à soutenir l’honneur
du Club dont ils portent les couleurs ont été soigneusement triés
parmi les moins lourds et les plus résistants. On les a exercés dès longtemps individuellement et ensemble ; on les a assouplis et éreintés de
travail ; et quand est venue l’époque du concours ils se sont soumis à
un régime de sommeil et de nourriture dont l’expérience a manifesté
les bons résultats mais qui n’est point douce. Pendant tout ce temps
ils ont accepté volontairement une discipline exacte, obéissant à leur
capitaine sans un murmure ni une hésitation : c’est une fameuse école
de discipline qu’un bateau de courses !
Pourquoi tout cela ! Parce qu’il y a dans le « Rowing » quelque
chose de cet enthousiasme des jeux olympiques de l’ancienne Grèce
renouvelé chez les athlètes de la moderne Angleterre. Or cet enthousiasme est un élément nécessaire au sport pour qu’il joue dans une
société le rôle moral qu’il peut si efficacement remplir. Le sport dans
lequel on ne cherche qu’une distraction, un délassement d’un moment
est sans doute bon pour la santé, salutaire et hygiénique ; mais on n’en
tire pas tout ce qu’il peut donner ; il peut plus que cela ; il faut que l’on
en fasse un concours de muscles, et un concours d’énergie. Et chose
curieuse ! Cela ne se peut guère qu’avec des hommes déjà occupés par
ailleurs. Ceux qui peuvent y donner tout leur temps (il ne devrait pas
y en avoir, il est vrai) ne le font pas pour cette éternelle raison qu’il n’y
a rien de plus occupé qu’un homme qui ne fait rien. […]
Ce que j’aime encore dans le « Rowing » c’est le caractère essentiellement privé de ce sport ; il est né de lui-même et il grandit de ses
propres forces sans la protection de l’État ; si les sociétés de tir et de
gymnastique sont utiles et louables, combien plus le sont les groupements que n’atteint pas cette nuance de militarisme et d’autoritarisme
qui envahit toutes nos institutions. Les jeunes gens du « Rowing » ont
commencé modestement ; mais ils ont forcé la presse à les mettre en
avant et l’opinion publique à s’arrêter sur eux. À présent chacun de
leur match attire plus de spectateurs et provoque plus d’applaudissements. Et ce n’est pas seulement à Paris, c’est par toute la France que
les bateaux à huit rameurs glissent sur les flots.
Le « Rowing » est évidemment réservé à un brillant avenir.
—
Hurrah pour le « Rowing » !
Pierre de Coubertin, manuscrit inédit, vers 1887.
« Hurrah pour le “rowing” et les Jeux olympiques ! »
Ainsi se clôt pour le jeune baron un cycle d’initiation à la vie d’adulte et de publiciste
au cours duquel il se sera familiarisé avec les règles du droit, avec la question
sociale au sein des Unions, avec la pensée politique et la science administrative
à l’Elsp, avec le débat parlementaire à la Conférence Molé. Où il aura appris
également à transmuer la tradition aristocratique du touring (« voyage touristique »)
en une démarche systématique et raisonnée, celle de l’enquête monographique,
source de sa pensée éducative.
Son inscription à l’Elsp illustre ainsi la tendance nouvelle qui se manifeste
au sein des élites traditionnelles : les parcours universitaires s’ajustent dorénavant
aux nouvelles donnes économiques, induites par les révolutions industrielle,
coloniale et politiques, provoquées par la conquête républicaine du Sénat
et de la présidence en 1879. Désormais, Pierre de Coubertin dispose des clés politiques
et culturelles qui lui permettront d’approcher les orléanistes ralliés comme Léon Say
ou Edgar Raoul-Duval, les grandes figures modérées de la gauche républicaine
de l’Assemblée nationale de 1871 comme Jules Ferry et Jules Simon (que Pierre
de Coubertin rencontre probablement à la Société d’économie sociale en mai 1887),
les ténors de la république progressiste comme Alexandre Ribot.
Campagnes sportive
et olympique
4
Peut-être Pierre de Coubertin aura-t-il longtemps, et discrètement, caressé l’espoir
d’une carrière politique qu’il eût pu construire dans les terres maternelles normandes.
Mais à aucun moment, entre 1888 et 1903, il ne sera parvenu à porter sur le terrain
politique ses convictions politiquement libérales et socialement conservatrices.
Repoussé vers le centre modéré par la montée du nationalisme de droite
et du dreyfusisme radical et socialiste, il se persuade au fil du temps que la réforme
éducative d’initiative privée, sociale et morale, présente davantage d’efficacité
que l’action parlementaire. Cette double campagne pacificatrice et pacifiste,
il va la conduire aux échelles française et internationale.
40
La tentation d’une carrière politique
L’acceptation de la république par Pierre de Coubertin peut être aisément datée
de février-mars 1887, grâce aux deux discours qu’il prononce alors à la Conférence
Molé, cette tribune politique des étudiants parisiens. On peut alors le ranger parmi
les jeunes monarchistes persuadés que le retour du roi n’est possible en France
que dans le cadre du parlementarisme et acceptant la Constitution de 1875 au nom
de l’intérêt national. Membre jusque-là de l’Union monarchique, à laquelle il reproche
son aveuglement doctrinaire, il rejette toute alliance avec les « impérialistes », partisans
des Napoléons, et, sans avoir vraiment perdu l’espoir d’une restauration monarchique,
il pousse ses amis politiques au rapprochement non seulement avec les libéraux,
mais encore avec les opportunistes. Il est une frontière qu’il ne franchit pas :
celle du radicalisme, auquel il déclare la guerre. Cette inflexion politique peut être
rapportée au « pré-ralliement » esquissé après les élections d’octobre 1885 par
le cousin germain de Léon Say, le député de l’Eure Edgar Raoul-Duval. Au moment
où certains républicains pensent à se concilier les voix de la droite, l’orléaniste
Raoul-Duval tente en effet de créer une droite constitutionnelle et républicaine,
qui anticipe de cinq années sur le ralliement préconisé par Léon xiii.
Deux années seulement après sa sortie de l’Elsp, Pierre de Coubertin a manqué
rejoindre cette « droite républicaine » et mener campagne pour les élections
législatives de 1889, qui virent la victoire de la « concentration républicaine »
des opportunistes et des radicaux modérés sur le boulangisme. Dans ses Mémoires,
il rapporte en effet qu’il avait « à peine atteint [sa] vingt-cinquième année que
des démarches furent faites par des groupes d’électeurs en vue de [l]’attirer
dans la politique ». Prenant conseil auprès de son ancien professeur Alexandre Ribot,
qui l’encourage à accepter malgré son jeune âge, et « par devoir envers le pays »,
il se détourne finalement d’une telle carrière. Coubertin précise : « Je courus au Bois
de Boulogne pour “respirer” comme si je venais d’échapper à un danger affreux auquel
je me serais exposé inconsciemment [car] je voulais rester étudiant jusqu’au bout. »
Masquée par la parabole de l’« éternel étudiant », cette fausse entrée en politique
signale à la fois une incontestable capacité locale d’influence, peut-être une immaturité
de l’électorat, et une concurrence politique vive entre les différents représentants
havrais de la modération et de la conciliation.
De nouveau en 1893 et 1898, il décline les propositions qui lui sont faites, mais,
en ce « moment Dreyfus » où la radicalisation de la vie politique menace l’hégémonie
des modérés, il ne se prive pas de diffuser sa profession de foi de non-candidat
pour mieux « éclairer l’opinion ». Jamais mieux que dans sa Lettre aux électeurs
de l’arrondissement du Havre (Librairie havraise, mars 1898), Pierre de Coubertin n’aura
affirmé ses convictions politiques avec autant de clarté. Convaincu, à l’instar de
Le Play, que la « formule sociale » primera à l’avenir sur le « procédé gouvernemental »,
il clame son opposition aux socialistes et aux radicaux au nom de la défense
des intérêts privés « contre l’ingérence de plus en plus active de l’État ». Pour cela,
il soutient les « hommes distingués [depuis deux ans au pouvoir] qui se sont donné
41
pour tâche précisément de barrer la route à la Révolution sociale » : le modéré
président du Conseil Jules Méline, Alfred Rambaud à l’Instruction publique,
Gabriel Hanotaux aux Affaires étrangères, Louis Barthou à l’Intérieur. Il est vrai
que le slogan du très protectionniste Méline, « ni la révolution, ni la réaction »,
ne peut que rassurer ce partisan d’une nécessaire « évolution française », du nom
de l’ouvrage qu’il publie en 1896 chez Plon.
Le modèle des public schools
Lorsque Pierre de Coubertin présente, pour la première fois, son « éducation
anglaise » le 18 avril 1887 et lance publiquement, le 30 août suivant, dans Le Français
de Thureau-Dangin, sa campagne pour l’introduction du sport dans l’enseignement
secondaire, son acceptation de la république est encore toute récente et non dénuée
d’ambiguïtés.
C’est à l’occasion des voyages qu’il a effectués en Angleterre de juillet 1883
à novembre 1887 qu’il a forgé sa conviction : les public schools (établissements
secondaires privés) sont la pierre philosophale de l’Empire anglais. Coubertin a eu
l’occasion de visiter et d’étudier, selon les règles de la monographie le playsienne,
les universités d’Oxford, de Cambridge et de Dublin (Trinity College), ainsi que
onze public schools : Harrow, Rugby, Winchester, Marlborough, Westminster, Cooper’s
Hill, Christ’ Hospital, Edgbaston et Oscott (Oratoriens), Beaumont ( Jésuites).
Il reste à citer Rugby College, l’école du muscular christian (« athlète chrétien »)
Thomas Arnold, le modèle de Pierre de Coubertin en matière de pédagogie.
[Coubertin, victime consentante de la légende arnoldienne]
Pierre de Coubertin présente ses convictions pédagogiques le 18 avril 1887,
lors d’une conférence sur « l’éducation anglaise », présidée par Claudio Jannet,
professeur d’économie politique à l’Institut catholique – ce dernier se déclare empli
de joie de voir se révéler ainsi « un véritable talent ». Après un premier développement
à propos de la célèbre formule de Mgr Dupanloup « Instruire n’est pas élever »,
Coubertin vante le système anglais d’éducation à la liberté par la responsabilité
et l’autosurveillance, mais plus encore le rôle « à la fois physique, moral et social »
qu’y joue le sport. L’introduction du sport dans l’enseignement secondaire
français permettrait ainsi de résoudre deux problèmes majeurs : le surmenage
et le vice des internats.
Le premier de ces problèmes, le surmenage, « un mot barbare » selon Jules Simon,
a donné l’occasion durant l’hiver 1887 à l’Académie de médecine de rappeler les lois
de l’hygiène et de réclamer une diminution du temps de classe ainsi qu’un allégement
des programmes d’enseignement. Opposé aux récréations et aux promenades,
craignant l’affaiblissement et le ralentissement des études, Coubertin est persuadé
que le véritable remède au surmenage se trouve dans « le contrepoids que le sport
fournit à la fatigue intellectuelle ». Le sport présenterait un deuxième avantage,
celui d’éloigner des internats « le vice et la corruption », autrement dit l’onanisme
42
Dans un chapitre fondamental de sa thèse, John MacAloon a montré
à quel point Pierre de Coubertin a proposé à ses lecteurs une vision
déformée du quotidien lycéen à Rugby et de l’action du headmaster
(« directeur ») Thomas Arnold. Sans être totalement victime de la
légende arnoldienne qui a déferlé sur l’Angleterre des années 1880,
Pierre de Coubertin aurait trouvé là son héros, son prophète et son
père de substitution. Parce que cela lui rappelait trop sa propre scolarité chez les Jésuites, il a voulu ignorer que Thomas Arnold avait pour
objectif de faire de son école « un instrument de la gloire de Dieu »,
le lieu de la lutte contre Satan. De plus, il a soigneusement évité de
rappeler les exigences d’Arnold en ce qui concerne la maîtrise des
compétences classiques, sa réputation de brute, la perpétuation
du fagging (domesticité des petits envers les grands). Il a surtout surestimé la liberté concédée aux garçons des public schools, notamment
aux élèves de dernière année (sixth form), en réalité utilisés comme une
machine efficace pour discipliner la masse des élèves scolarisés et diffuser parmi eux l’influence du « Docteur ». La plupart des libertés des
lycéens anglais de Rugby dateraient en fait d’une période préarnoldienne et furent conservées seulement dans la limite du bon ordre et
des exigences morales chers au headmaster.
Coubertin, victime consentante de la légende arnoldienne
et l’homosexualité. Il est un troisième fléau : le déclassement. Le jeune baron définit
les déclassés comme « tous ceux qui, ayant reçu une éducation supérieure à leur
condition sociale, n’ont pas eu le talent de s’en servir pour sortir de cette condition
et s’affranchir de son joug ». Qu’ils rejoignent les rangs des « résignés »
ou des « révoltés », ils ont les uns comme les autres intérêt à la révolution, cet envers
de la paix sociale. Tout en convenant de la légitimité et du caractère irrésistible
du mouvement qui porte chacun à s’instruire, Pierre de Coubertin encourage
les jeunes gens riches à prendre le chemin des écoles professionnelles, agricoles,
commerciales et industrielles, et réclame, sur le modèle des Anglais, la distinction
entre le « classique » et le « moderne » afin que « chacun reste à sa place ». Ainsi,
le jeune Coubertin occupe une position médiane dans la querelle des « anciens »
et des « modernes ». À sa manière (sportive), il est un « ancien mais un réformiste »,
un partisan des humanités gréco-latines qui refuse l’ancienne pédagogie, un militant
de l’intégration de l’enseignement dit spécial (professionnel) à l’enseignement
secondaire, un pourfendeur du « nivellement égalitaire », un zélateur de « la différence
entre démocratie et égalité ». En se déclarant l’adversaire du surmenage,
de la corruption et du déclassement, Coubertin escompte rallier à sa cause sportive
la Faculté de médecine, l’Église et les amis de la paix sociale.
[« Un compte rendu élogieux sur son premier livre »]
« Rebronzer une jeunesse veule et confinée »
Peut-on imaginer aujourd’hui un jeune homme de vingt-cinq ans menant campagne
auprès des pouvoirs publics en vue de réformer l’enseignement secondaire par
l’introduction d’une nouvelle discipline, en l’occurrence le sport ? Telle fut l’entrée
en République du jeune baron Pierre de Coubertin en 1887. Selon lui, le sport
galvaniserait les énergies d’une jeunesse qu’il considère comme « veule et confinée »
et détournerait les lycéens insurgés contre les pions et les étudiants émeutiers vers
le plein air, vers les bois et les parcs de la capitale.
Quoique très patriotique, son projet n’est en rien revanchard. Il s’agit bien
plutôt de « rebronzer » les jeunes gens des internats de telle sorte qu’ils soient
capables bientôt de soutenir la concurrence avec les capitaines d’industrie
et les coloniaux britanniques. En s’affrontant sur les terrains de sport et en gérant
leurs propres associations sportives scolaires, ils sont censés endurcir leur corps
et leur caractère tout en s’initiant au self-government. Le sport présente en outre
cet avantage, pour Coubertin, de leur faire intégrer, sous la forme du fair play,
des valeurs chevaleresques tombées en désuétude : l’honneur, le courage, le respect
de l’adversaire…
[Le Comité pour la propagation des exercices physiques
dans l’éducation (mai 1888)]
Pierre de Coubertin multiplie alors les outils pour convaincre les autorités
étatiques de diffuser le sport en milieu scolaire : le Comité pour la propagation
44
Personne n’a oublié avec quelle bonne humeur spirituelle M. de
Coubertin a raconté ses excursions à travers les public schools et les universités, et comment il a su tirer de ses observations précises des jugements réfléchis et motivés. Nous n’avons ici qu’à applaudir au succès
qui partout dans la presse et l’opinion a accueilli ce volume [Pierre de
Coubertin, L’Éducation en Angleterre. Collèges et universités, Paris,
Hachette, 1888]. Au surplus nos lecteurs savent qu’il s’agit ici moins
d’un bon livre que d’une bonne action : ces études méthodiques sur les
exemples donnés par l’Angleterre en matière d’éducation ont été le
point de départ et d’appui d’un mouvement de réforme dont nous
avons salué déjà les heureux résultats. Tous ceux que préoccupe justement l’avenir de notre jeunesse, et qui veulent pour elle une éducation
virile, exempte de surmenage, appropriée aux nécessités modernes,
aimeront à lire L’Éducation en Angleterre et à s’instruire ainsi par les
leçons de l’expérience.
—
La Réforme sociale, 1 septembre 1888.
« Un compte rendu élogieux sur son premier livre »
Surnommé « Comité Jules-Simon », du nom de l’ancien président du
Conseil et ministre de l’Instruction publique, ce comité est dû à l’initiative de Pierre de Coubertin, qui en est le secrétaire général. Sa finalité n’est pas seulement de remédier au surmenage, mais aussi de
fabriquer des hommes. À l’autoritarisme allemand et à la gymnastique militaire amorosienne et joinvillaise, aux anciens jeux français
bons pour les enfants, le comité préfère la liberté britannique et les
sports. Pierre de Coubertin, davantage encore que ses collègues, est
persuadé que l’on fera ainsi « de meilleurs citoyens sans préparer de
moins bons soldats ». Concrètement, Coubertin avait planifié, d’une
part, l’organisation de concours et de prix, d’autre part, l’établissement de trois « parcs scolaires » de façon à desservir les principaux
groupes formés par les établissements d’enseignement de la capitale,
qu’ils soient lycées d’État ou établissements libres, laïques comme
religieux. Le Comité Jules-Simon agrège des représentants de
l’Université, des grandes écoles et des établissements libres de Paris,
des médecins, des officiers supérieurs, le monde de la presse et de
l’édition, les directeurs des compagines de chemin de fer ainsi que des
grands parcs parisiens, les présidents de sociétés sportives. Outre le
cas de Jules Simon, il est remarquable de noter que trois des quatre
vice-présidents du comité (Georges Picot de l’Institut, le docteur
Rochard de l’Académie de médecine, le général Thomassin), ainsi que
le Dr Lagrange, Alexis Delaire, Émile Boutmy et Godard appartiennent à l’École de la paix sociale. Ces deux derniers siègent également
au Conseil supérieur de l’instruction publique.
Le Comité pour la propagation des exercices physiques
dans l’éducation (mai 1888)
des exercices physiques dans l’éducation (mai 1888), ses trois ouvrages publiés
chez Hachette sur les éducations anglaise et américaine, le Congrès international
à Paris pour « étudier la question de la propagation des exercices physiques
dans l’éducation », la Revue athlétique, à la fois littéraire et sportive, à destination
des lycéens et étudiants (1890-1891), des rallyes-paper et autres championnats,
conférences… C’est auprès des dynamiques directeurs des établissements libres
non confessionnels de la capitale que Coubertin enregistre ses premiers succès :
l’École alsacienne et l’école Monge, véritables « laboratoires pédagogiques »
pour l’enseignement public, créent leurs premières associations sportives scolaires,
qui viennent rejoindre les rangs des sportifs civils de l’Usfsa.
Bien accueilli par les Oratoriens, il connaît en fait ses premiers échecs avec
les Dominicains et les Jésuites, particulièrement rétifs à l’introduction d’une pratique
jugée païenne, dégradante, et corruptrice car copiée des public schools protestantes.
Pierre de Coubertin devra attendre l’arrivée du père Didon à la tête du collège
d’Arcueil pour trouver un allié de poids chez les catholiques français : le 4 janvier 1891,
l’école Albert-le-Grand devient le premier établissement catholique à adhérer
à l’Usfsa. Coubertin ne s’inspirera-t-il pas de la devise inventée par le prieur
dominicain pour ses ouailles sportives : « Plus haut, plus vite, plus fort » ?
Le ministre de l’Instruction publique, Léon Bourgeois, ayant autorisé en 1890
les lycéens à s’associer pour pratiquer leurs jeux et tenir leurs réunions culturelles,
Pierre de Coubertin entreprend en 1890 un tour de France des rectorats pour soutenir
la naissance des premiers clubs sportifs. Le lobby sportif lié aux républicains libéraux
et modérés doit alors faire face à une campagne de dénigrement mené par la Ligue
nationale de l’éducation physique de Paschal Grousset, soutenue par les républicains
radicaux, qui promeut, quant à elle, les « jeux français ».
[Une ligue concurrente qui promeut des jeux français et républicains]
Ne trouvant que trop peu d’appuis dans les milieux parisiens, Pierre de Coubertin
va changer d’échelle et récupérer, pour le moderniser, cet « air du temps olympique »
qui flotte, depuis le milieu du xix siècle, en Europe : « Promenades olympiques »
du petit séminaire du Rondeau près de Grenoble (1832-1906), Jeux à l’antique financés
par le patriote grec Zappas (1859, 1870, 1875, 1877, 1889, 1891, 1893), fouilles
de l’Allemand Ernst Curtius à Olympie (1875-1881), Jeux olympiques de Much
Wenloch organisés dans le nord de l’Angleterre par le Dr Brooks depuis 1852…
Mais c’est bien le refus de reconstituer un olympisme sans tenir compte
de la modernité ainsi que la dimension pacifiste des Jeux et leur survie au-delà
de la Grande Guerre qui donnent à l’entreprise de Pierre de Coubertin sa singularité.
La conversion de Pierre de Coubertin au pacifisme patriotique (1889)
C’est par l’entremise de son mentor Jules Simon, membre d’honneur du Congrès
de Paris pour la paix de 1889, que Pierre de Coubertin se familiarise avec le pacifisme
alors en vogue dans les milieux libéraux européens. À ses côtés, il organise à Paris
47
Dès le 31 octobre 1888, le Comité pour la propagation des exercices
physiques dans l’éducation se découvre un groupement concurrent, la
Ligue nationale de l’éducation physique. Animé par Paschal
Grousset, ce cercle veut apporter une double réponse politique à la
menace boulangiste de la Ligue des patriotes de Déroulède et au
Comité Jules-Simon, jugé conservateur. Contrairement aux allégations du baron, qui dénonce « la Ligue des petits patriotes », elle n’a
aucunement pour objectif de militariser et d’embrigader la jeunesse.
Ne souhaitant pas limiter son action à « une certaine classe d’enfants,
tels que ceux des lycées et des collèges », la ligue pose à Pierre de
Coubertin le redoutable problème de l’inscription de la controverse
dans le champ politique. Ainsi s’affrontent ceux qui, autour du jeune
baron, souhaitent introduire les sports anglais dans les lycées et ceux
qui militent aux côtés du vieux communard pour l’introduction
démocratique des anciens jeux français dans les trois ordres d’enseignement, du primaire à l’université. De novembre 1888 à septembre 1889, Pierre de Coubertin répond aux attaques de l’adversaire
en multipliant les initiatives médiatiques et en actionnant un réseau
qui se révélera plus efficace, car mieux intégré aux sphères opportunistes du pouvoir. Mais il mène également le combat sur le front pratique et théorique. En effet, par arrêté de mission en date du 17 juillet
1889, Armand Fallières, ministre de l’Instruction publique, sur intervention de Jules Simon, charge Pierre de Coubertin de « visiter les
Universités et les Collèges du Canada et des États-Unis et d’y étudier
l’organisation et le fonctionnement des associations athlétiques formées par les jeunes gens des deux pays ». Dans sa Campagne de vingt et
un ans, Pierre de Coubertin justifie cette entreprise comme devant
permettre d’élargir « le cercle des modèles à suivre » pour mieux
contrer l’accusation d’anglomanie lancée par Paschal Grousset, dès
lors présenté comme « champion du nationalisme ». Ce voyage
d’études réalisé du 21 septembre au 14 décembre 1889 donnera lieu en
1890 à une troisième publication à caractère monographique aux éditions Hachette, intitulée Universités transatlantiques.
Une ligue concurrente qui promeut des jeux français
et républicains
un congrès international « pour étudier la question de la propagation des exercices
physiques dans l’éducation », qui lui permet de constituer un premier réseau
de pédagogues et de sportsmen en Europe et au-delà, dont certains figureront cinq ans
plus tard dans le premier Comité international des Jeux olympiques.
À vingt-six ans, il fait donc sien un programme d’action qui vise à la paix
universelle entre les patries par l’éducation sportive et historique des futures
élites. Mais il faut attendre la conférence qu’il prononce lors du jubilé
de l’Usfsa, en novembre 1892, pour que soit énoncée pour la première fois
l’idée du rétablissement des Jeux olympiques : à la manière d’un géopoliticien du sport
d’aujourd’hui, Pierre de Coubertin rapporte les politiques extérieures des États
aux cultures corporelles nationales, puis il énonce son projet, saugrenu
pour l’assistance.
Il est désormais persuadé qu’il existe « une étroite corrélation entre l’état d’âme,
les ambitions, les tendances d’un peuple, et la manière dont il comprend et organise
chez lui l’exercice physique ». Aux trois capitales mondiales des exercices physiques,
Berlin, Stockholm et Londres, correspondraient selon lui autant de zones d’influence
athlétique, donc diplomatique.
Coubertin crédite la gymnastique allemande, « militaire dans son essence », des
victoires de Sadowa et de Sedan, reprenant à sa manière l’antienne de la supériorité
de l’instituteur allemand sur l’instituteur français. Mais surtout, le danger serait
grand, à ses yeux, d’une germanisation des États-Unis. Par le développement
des sociétés gymnastiques, la colonie allemande installée outre-Atlantique ajouterait
« l’esprit disciplinaire qui distingue le soldat germanique » aux vertus des milices
des États fédérés. Six ans avant le conflit hispano-américain, Pierre de Coubertin
se considère comme « l’un de ceux qui croient que, dans l’avenir, le gouvernement
de Washington aura le canon facile ».
Les Suédois, quant à eux, « un peuple heureux qui a peu d’histoire depuis
cent ans », seraient devenus neutres grâce à la pratique du patinage, « sport national
et bienfaisant », et de la gymnastique de Ling, « la gymnastique des faibles »
selon le Dr Lagrange, c’est-à-dire des jeunes enfants, des malades et des vieillards.
Les Britanniques, enfin, devraient leur empire colonial à leurs officiers
et commerçants moralement formés, à compter des années 1830, par la pratique
des sports et de l’athlétisme dans les public schools et les universités d’Oxford
et de Cambridge.
Ainsi, à la gymnastique allemande, artificielle et tournée vers la guerre,
et à la gymnastique médicale des Suédois, louable mais si peu « virile », Coubertin
préfère le sport pour son culte désintéressé de l’effort et l’émulation qu’il engendre.
Le sport offrirait ainsi à ses pratiquants une troisième voie, à la fois compétitive
et pacifique, et préparant à la nouvelle expansion commerciale et coloniale
de la France, en rupture avec le dogme national de la Revanche. Après avoir dénoncé
l’impuissance de la gymnastique à venger Sedan et « la mascarade des bataillons
scolaires », après avoir exalté le patriotique Club alpin et la vénérable escrime,
49
Pierre de Coubertin poursuit sa démonstration en imputant la renaissance des sports
en France à la création de l’Usfsa (1887) et à la publication dans Le Français
de son propre article promouvant le sport comme remède au surmenage des lycéens.
[« Les Jeux olympiques, une idée de dernière minute »]
Mais son discours, trop décalé, n’emporte pas l’adhésion des dirigeants de l’Usfsa.
Il devra donc patienter deux années de plus pour arriver à ses fins. Entre-temps,
il aura obtenu l’appui de ses amis américains sportsmen, négocié avec Démétrios
Bikélas, l’envoyé du souverain grec, et déployé des trésors de diplomatie
avec les différents représentants du sport occidental. C’est en effet dans les marges
d’un congrès parisien tout entier préoccupé par la question de l’amateurisme sportif
que l’olympisme moderne est né.
Le congrès international de Paris pour l’amateurisme
Incontestablement, Pierre de Coubertin est la cheville ouvrière du congrès,
celui qui tient la correspondance, adresse les invitations, organise les dosages entre
les nationalités et les différentes disciplines représentées. Sa légitimité est pourtant
très faible : ni diplomatique, ni politique, ni universitaire. Au sein même de l’Usfsa,
son rôle n’est pas décisionnel mais stratégique, puisqu’il occupe les fonctions
de secrétaire général et de collaborateur de la revue hebdomadaire Les Sports athlétiques.
Pour preuve, l’initiative de convoquer à Paris ce congrès international « pour l’étude
et la propagation des principes d’amateurisme » doit être portée au crédit
d’Adolphe Palissaux, un membre influent de l’Usfsa préoccupé par les progrès
du professionnalisme. Pierre de Coubertin n’a pour seul mérite que d’avoir arraché
in extremis l’ajout d’un alinéa qui évoque « la possibilité du rétablissement des jeux
olympiques et les conditions dans lesquelles ils pourraient être rétablis ».
La situation est critique, car la multiplication des rencontres sportives entre
clubs étrangers empêche de plus en plus le contrôle du respect par les athlètes
des deux règles d’or de l’amateurisme anglais : ne jamais recevoir d’argent,
ne pas concourir avec un professionnel – tel l’aristocrate autrefois surpris
à travailler, le sportsman déroge dans ce cas au contact des professionnels, perd
son honneur, sa gloire, son exemplarité et la reconnaissance de ses pairs. En effet,
les sept premiers points figurant dans le programme préparatoire ne concernent
que l’amateurisme, sa définition, la distinction entre œuvre d’art et prix en espèces,
l’affectation des ressources provenant des billets d’entrée au stade, l’indemnisation
des frais de déplacement, le développement des paris sportifs, la possibilité
de rencontres entre amateurs et professionnels. Il s’agit bien, pour les congressistes,
d’adopter une norme commune et offensive, d’établir une définition internationale
de l’amateurisme permettant de résister aux progrès récents et menaçants
du professionnalisme et du mercantilisme sportifs.
[La définition de l’amateurisme, une norme franco-anglaise]
50
Comme le révèle le manuscrit de son discours, il n’avait pas prévu initialement de proposer le rétablissement des Jeux olympiques. Sa première conclusion, biffée par la suite, contenait un simple appel au
développement des associations athlétiques scolaires et au renforcement des liens avec l’Université. Mais, reprenant son souffle, Pierre de
Coubertin discourt habilement sur la double originalité « démocratique et internationale » du sport par rapport aux gymnastiques allemande et suédoise et aux jeux des vieilles provinces françaises, puis
déclare : « Il y a des gens que vous traitez d’utopistes lorsqu’ils vous
parlent de la disparition de la guerre et vous n’avez pas tout à fait tort
mais il y en a d’autres qui croient à la diminution progressive des
chances de la guerre et je ne vois pas là d’utopie. Il est évident que le
télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de
la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que
tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien j’ai
l’espoir que l’athlétisme fera plus encore : ceux qui ont vu 30 000 personnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne
trouveront pas que j’exagère. Exportons des rameurs, des coureurs,
des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l’avenir et le jour où il sera
introduit dans les mœurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura
reçu un nouvel et puissant appui. Cela suffit pour encourager votre
serviteur à songer maintenant à la seconde partie de son programme ;
il espère que vous l’aiderez comme vous l’avez aidé jusqu’ici, et qu’avec
vous, il pourra poursuivre et réaliser sur une base conforme aux
conditions de la vie moderne, cette œuvre grandiose et bienfaisante :
le rétablissement des Jeux Olympiques. » (« Manifeste olympique »,
discours à l’Usfsa du 25 novembre 1892.
« Les Jeux olympiques, une idée de dernière minute »
La première commission en charge des questions relatives à l’amateurisme attire essentiellement les représentants des disciplines menacées par le professionnalisme : cyclisme (douze membres sur vingtneuf ), sports athlétiques (sept membres) et sports nautiques (cinq
membres). Composée surtout de Français (vingt délégués) et
d’Anglais (cinq délégués), elle adopte une définition assouplie de
l’amateurisme, en regard du règlement de l’Amateur Rowing
Association, qui excluait les ouvriers : le « sport pour l’honneur » étant
la formule « fondamentale et intransformable à laquelle on doit
tendre », l’on considère désormais comme amateur « toute personne
qui n’a jamais pris part à un concours ouvert à tous venants, ni
concouru pour un prix en espèces ou pour une somme d’argent, de
quelque source qu’elle provienne, notamment des admissions sur le
terrain, ou avec des professionnels, et qui n’a jamais été à aucune
période de sa vie, professeur ou moniteur salarié d’exercices physiques » (vœu i). C’est cette définition que retient la deuxième commission, dite « commission olympique », à deux nuances près : les
épreuves d’escrime seront ouvertes aux professionnels (vœu ix) et les
athlètes devront présenter des gages de bonne moralité (vœu x).
Ainsi, les olympiades modernes devaient-elles consacrer des athlètes
polyvalents, et non spécialisés comme les professionnels. En ce qui
concerne les modalités de sélection des athlètes, elles ne sont pas
encore prévues : certains s’inscriront à titre individuel, d’autres seront
élus par les clubs, fédérations, voire par les comités olympiques en
cours de constitution.
La définition de l’amateurisme, une norme franco-anglaise
Aussi, les discours inauguraux du 16 juin 1894 ont probablement provoqué
la surprise et l’ire des délégués britanniques, car, à aucun moment, les orateurs
sollicités par le commissaire général Pierre de Coubertin n’évoquent la question
de l’amateurisme. Seules sont évoquées la réforme de l’éducation par les exercices
athlétiques et la pacification des relations internationales par le rétablissement
des Jeux olympiques.
Le doyen du corps diplomatique français, le sénateur Alphonse de Courcel,
prononce un plaidoyer enthousiaste en faveur du « juste développement
des exercices corporels » et, dénonçant le surmenage intellectuel, vante les « vertus
éducatrices de la gymnastique et du sport ». S’il n’envisage pas de « poursuivre
la chimère du désarmement européen », il clôt son discours par un souhait :
que « le rétablissement des jeux olympiques puisse être dans ce sens [pacifique]
un puissant auxiliaire », car « amenant le respect mutuel, qui est le premier
fondement de la paix parmi les peuples ».
À la suite, les arts poétiques et lyriques sont habilement convoqués
pour emporter l’adhésion au projet olympique d’une assistance, il est vrai, éclairée
et philhellène. Jean Aicard déclame quelques strophes sur le thème « la Force
et le Droit » : le poète et l’athlète, dans un compagnonnage inédit, incarneraient
ainsi la légalité française comme envers de l’agression allemande. Et sur une musique
composée pour l’occasion par Gabriel Fauré, Jeanne Remacle récite l’« Hymne
à Apollon des athlètes delphiques » que l’École française d’Athènes a découvert
à Delphes l’année précédente.
Sur l’estrade et dans la salle, hommes politiques, pédagogues et responsables
sportifs se côtoient de façon inédite : le chef de cabinet du président du Conseil,
le directeur de l’enseignement secondaire (représentant le ministre de l’Instruction
publique), le vice-recteur de l’académie de Paris, les doyens des facultés parisiennes
de lettres et de sciences, entourent ainsi les sept commissaires français du congrès
et les soixante-dix-huit délégués des quarante-neuf sociétés sportives françaises
et étrangères adhérentes. Dans le public, outre le Paris mondain et sportif,
sont présents les proviseurs des lycées et les directeurs des écoles secondaires libres
de Paris, tous engagés dans le mouvement d’introduction des sports athlétiques
dans l’enseignement secondaire français suscité en 1888 par Pierre de Coubertin.
Rares sont les ambassades étrangères à Paris qui ont manifesté leur intérêt
pour cette réunion inédite. Seuls y assistent le chargé d’affaires de la Grèce Criésis,
l’ambassadeur américain Eustis et le ministre Due, représentant la double
monarchie de Suède et de Norvège. Ces trois États identifient, les premiers, le rôle
potentiel que peuvent jouer les compétitions internationales comme instruments
de la diplomatie.
On relèvera enfin, avec Dietrich Quanz, la forte proportion de pacifistes libéraux
au sein du comité de patronage du congrès, environ un quart des cinquante
membres d’honneur, tous liés au Bureau international et permanent de la paix (1891)
et au Bureau de l’Union interparlementaire (1892) : le député Bonghi et le comte
53
Fisogni pour l’Italie, Feldhaus pour le Reich allemand, Frédéric Bajer
pour le Danemark, Balfour pour l’Angleterre, Henri Lafontaine pour la Belgique,
Alexandre Hegedius pour la Hongrie, ainsi que Hodgson Pratt, président
de l’Alliance universitaire internationale, Élie Ducommun, président du Bureau
international et permanent de la paix, le baron de Suttner, et les Français
Ernest Lavisse, Joseph Reinach, Frédéric Passy. Lors du Congrès pour la paix
de Rome en novembre 1892, Hodgson Pratt n’a-t-il pas déjà évoqué l’idée
de rencontres athlétiques entre étudiants étrangers comme l’un des points
de son programme d’Union internationale des universités, et Frédéric Passy
enthousiasmé l’assemblée en montrant que ces concours étaient destinés
à devenir « le rendez-vous pacifique des nations » ? Cette filiation entre olympisme
et pacifisme pan-européen est occultée par Pierre de Coubertin dans ses Mémoires.
La rénovation olympique, fruit d’une négociation entre Français et Grecs
Pour parvenir à ses fins olympiques, Pierre de Coubertin doit adopter, pour le congrès
de 1894, une stratégie d’apaisement, en rupture avec le militantisme prosportif et très
français qu’il affiche depuis 1886. Sa véritable chance réside, à la vérité, dans le faible
intérêt des congressistes pour son projet de rétablissement des Jeux olympiques.
Les Anglo-Saxons, gardiens du temple du sport, n’accordent en effet aucun intérêt
à la deuxième commission, finalement composée essentiellement de délégués français
(onze sur dix-sept membres) et de quelques universitaires et gymnastes égarés,
venant des marges nordiques, orientales et méditerranéennes de l’Europe. Coubertin
rencontre toutefois l’opposition des sportsmen du Polo Club de Paris, qui proposent
que les premiers Jeux de l’ère moderne se tiennent dans la capitale du sport : Londres.
Il passe alors alliance avec le représentant des autorités grecques, Démétrios Bikélas,
et infléchit son projet initial d’une olympiade parisienne dans le cadre de l’Exposition
universelle de 1900. Les Jeux rénovés auront leur première édition à Athènes en 1896,
puis se transporteront à Paris quatre ans plus tard.
C’est Pierre de Coubertin qui a sollicité, dès le mois d’avril 1894, le patronage
de Georges i, roi de Grèce, par l’entremise de son ami l’archéologue américain
Charles Waldstein, responsable des fouilles d’Argos. Il existe bien alors
à Athènes un Comité Zappas, du nom de deux frères qui avaient tenté au milieu
du siècle de ressusciter les épreuves athlétiques de l’Antiquité, mais il est moribond,
et ses finalités n’étaient pas internationales mais panhelléniques. Les autorités
grecques agissent alors via la seule société athlétique active et d’importance
dans le pays, la Société panhellénique de gymnastique d’Athènes. Présidée
par le prince héritier Constantin, elle choisit de remettre son projet de rénovation
olympique entre les mains d’un Grec vivant à Paris, Démétrios Bikélas.
Ce dernier reçoit ainsi à son domicile, quelques jours avant le congrès,
d’une part un diplôme le faisant membre de la Société panhellénique de gymnastique
et d’autre part un mémoire à lire aux congressistes, appelant « tous les peuples
54
civilisés qui se réclament de la Grèce antique » à participer aux futurs Jeux
olympiques rétablis.
Quant à la liste des épreuves olympiques, elle est aussi le résultat d’un subtil
dosage diplomatique. On peut même parler ici d’un « équilibre européen
des disciplines olympiques » : pratiques athlétiques des anciens Grecs comme
le lancer du disque, concours de gymnastique et de tir, arts nobiliaires de l’escrime
et de la paume, disciplines sportives de la modernité fin-de-siècle (football,
lawn-tennis, vélocipédie…). C’est là le résultat d’un compromis passé entre
les sociétés conscriptives (voir p. 72) de tir et de gymnastique, entre le projet grec
de retour aux épreuves de l’Antiquité et le projet de Pierre de Coubertin de concours
de sports modernes.
Il n’est jusqu’au linguiste français Michel Bréal qui invente une chimère sportive
symbolisant bientôt à elle seule les Jeux olympiques modernes : l’épreuve
du marathon, née au croisement de la référence historico-littéraire à la victoire
des Grecs sur l’envahisseur perse et de l’habitude prise par les cyclistes et les pedestrians
de repousser toujours plus loin les limites de la performance humaine.
[Les vœux « olympiques » adoptés en 1894 à Paris]
Après avoir joué du philhellénisme occidental pour rapatrier les Jeux
à Athènes, le souverain grec s’appuiera aussi sur l’olympiade rénovée pour conforter
sa propre dynastie, d’origine danoise. Coïncidant avec la pâque orthodoxe et
avec le soixante-quinzième anniversaire de la proclamation grecque d’indépendance,
la victoire hellène de Spiridon Louïs dans l’épreuve du marathon, au cours
des premiers Jeux, déchaîne la joie des spectateurs grecs. Mais en raison de la défaite
militaro-navale de 1897 contre la Turquie, il faudra attendre l’année 1906 pour voir
les Grecs tenter de conserver sur leur sol national les nouvelles olympiades.
Pour le dixième anniversaire du rétablissement des Jeux, en 1906, les autorités
grecques feront de nouveau appel au talent de Démétrios Bikélas pour une ultime
tentative de conserver les Jeux dans leur mère patrie. Fruit d’un compromis
franco-grec, leur caractère itinérant (une règle définie dès l’origine) devait en fin
de compte assurer aux Jeux leur pérennité et leur universalité.
[Démétrios Bikélas, un « diplomate grec hors cadre »]
Le premier Comité international des Jeux olympiques,
des administrateurs européens
La performance de Démétrios Bikélas ne s’arrête d’ailleurs pas à la désignation
d’Athènes comme première ville-hôte puisque, à l’issue du congrès, il est élu
premier président du Comité international des Jeux olympiques (Cijo). À ce titre,
il a la responsabilité de l’organisation des futurs jeux d’Athènes en 1896, c’est-à-dire
des négociations à mener avec les autorités de son pays. La direction franco-grecque
du Cijo est, elle aussi, le résultat des tractations entre le représentant de la monarchie
hellène et le réinventeur des Jeux olympiques. Aux côtés du président Démétrios
55
La commission olympique adopte d’abord le principe du rétablissement des Jeux (vœu viii) : « Nul doute ne pouvant exister sur les avantages que présente le rétablissement des Jeux Olympiques tant au
point de vue de l’athlétisme qu’au point de vue moral et international,
que ces jeux soient rétablis sur des bases et dans des conditions
conformes aux nécessités de la vie moderne. » Puis, la commission
établit la liste des sports représentés « autant que possible » aux Jeux
olympiques (vœu xii) : sports athlétiques (courses, sauts, lancement
du poids et du disque) débouchant sur un championnat général d’athlétisme dénommé « pentathle », sports nautiques (aviron, voile, natation), jeux athlétiques (football, lawn-tennis, paume), patinage, escrime (fleuret, sabre, épée), boxe, lutte, sports hippiques et polo, tir et
gymnastique (exercices individuels, mouvements d’ensemble), vélocipédie, prix d’alpinisme. Le vœu xiv stipule que « les Jeux Olympiques
ne pouvant réussir qu’avec l’appui des gouvernements, le Comité
international fasse toutes les démarches nécessaires auprès des pouvoirs publics afin de s’assurer leur concours officiel ».
Enfin, la commission olympique, considérant que le délai de six ans
est bien trop long, retient l’année 1896 comme date de la première
olympiade et propose une périodicité quadriennale. Seule la question
du lieu des premiers concours devra être résolue en séance plénière.
Les vœux « olympiques » adoptés en 1894 à Paris
Dans cette offensive diplomatique menée par la monarchie grecque,
il y a un personnage clé : Démétrios Bikélas (1835-1908), membre
d’une famille de commerçants grecs établis à Londres et à Marseille.
Peu au fait en matière sportive comme il le reconnaît lui-même, il réalise, lors du congrès de Paris, une remarquable performance diplomatique. D’abord élu par acclamations président de la commission dite
olympique, c’est lui qui obtient ensuite des congressistes que les Jeux
rénovés se déroulent à Athènes. Sa réussite, il la doit à son habileté
à activer l’un des ressorts de la diplomatie grecque au xix siècle :
le philhellénisme occidental.
Figure emblématique de la littérature grecque contemporaine, cet
autodidacte joue, durant trois décennies, un rôle important dans la
réactivation du sentiment philhellène auprès des élites insulaires et
continentales. À Londres, il traduit ainsi en grec moderne
Shakespeare et Robert Burns, donne une version anglaise de Homère,
tout en commentant parallèlement dans la presse spécialisée les progrès économiques de son pays d’origine. Ses contes et ses poésies,
rédigés tantôt dans une langue grecque classique, tantôt en démotique, lui valent, auprès de ses compatriotes, une réputation incontestée d’auteur national au moment même où la querelle philologique
entre Anciens et Modernes connaît son apogée. Avec Les Byzantins,
publié en 1874, il propose une ambitieuse vulgarisation des travaux
historiques en cours sur la Grèce médiévale. C’est cette réhabilitation
même de la Grèce chrétienne et impériale qui sert de justification historique aux velléités hellènes d’expansion en mer Égée contre les prétentions bulgare et turque. Son roman Loukis Laras (1878), traduit en
dix-sept langues, raconte le drame des populations semi-indépendantes des pays victimes de la répression ottomane de 1821. Bikélas
poursuit cette campagne à Paris, où il s’installe à compter de 1878.
Comme beaucoup d’autres négociants grecs occidentaux, Démétrios
Bikélas figure sur la liste des membres fondateurs et des donateurs
de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France.
Sa générosité et son érudition lui valent même d’intégrer très tôt le
bureau de cette société philologique et humaniste ; il en est le viceprésident en 1894. L’article qu’il publie en 1891, dans la Revue d’histoire
diplomatique, sur le philhellénisme en France dans les années 1820 est
un moyen de diffuser officieusement la position de la Grèce sur la
question d’Orient. Pour lui, la Grèce moderne devrait être soutenue
par les puissances occidentales dans la mesure où sa renaissance
encourage les autres peuples chrétiens d’Orient à s’émanciper et
oblige la Turquie à entrer, pour son propre bien, dans la voie de la
civilisation. Assurément, son écriture de l’histoire a aussi valeur d’engagement dans l’histoire en train de se faire, comme le prouve son
deuxième essai historique sur la Grèce médiévale. Augmentée cette
fois de chapitres d’histoire contemporaine, La Grèce byzantine et moderne lui donne l’occasion de célébrer le régime parlementaire adopté en
1875. En quête de reconnaissance internationale, le roi Georges i ne
pouvait rêver meilleur ambassadeur de l’hellénisme et de la modernité hellène que ce « diplomate grec hors cadre » (Sully Prudhomme).
Démétrios Bikélas, un « diplomate grec hors cadre »
Bikélas, on trouve donc deux Français : le secrétaire général Pierre de Coubertin
et le gymnaste Ernest Callot, qui joue le rôle de trésorier, une fonction qu’il exerce
également à l’Usfsa. Pour le reste, les appartenances nationales comme les carrières
sportives et professionnelles des treize membres du comité traduisent un équilibre
à la fois des nations et des disciplines sportives.
La représentation française est quant à elle équilibrée par trois délégués du sport
anglo-saxon, insulaire et colonial. Passé par Eton et Oxford où Pierre de Coubertin
l’a rencontré, lord Ampthill est un dirigeant sportif de grande expérience malgré
ses vingt-quatre printemps. Ses performances à l’aviron et sa qualité d’aristocrate
lui valent les prestigieuses présidences de l’Oxford Rowing Club, de l’Oxford
University Boat Club et du London Rowing Club. Charles Herbert, collaborateur
du journal sportif The Field, représente l’orthodoxie anglo-saxonne en matière
d’amateurisme. Ce secrétaire de l’Amateur Athletic Association a pour associé
le Néo-Zélandais Leonard A. Cuff, qui occupe une fonction similaire à la tête
de la New Zealand Amateur Athletic Association.
[Les Amériques bénéficient de deux représentants au Cio]
L’Europe scandinave, centrale et orientale, davantage familière des pratiques
gymnastiques, bénéficie, elle, de quatre représentants. Premier docteur en philosophie
de l’université moderne de Prague, Jiri Guth-Jarkovski est alors un professeur de lycée
provincial, peu sportif, mais ardent patriote et observateur attentif du système
français d’éducation. Férenc Kémény, diplômé des facultés de lettres et de sciences
de Budapest et de Paris, directeur de l’école moderne d’Eger en Hongrie, est membre
du Bureau international et permanent de la paix. Si le général de Boutowski, attaché
à la direction des écoles militaires russes, joue un rôle tout à fait secondaire,
sa cooptation doit être rapportée au contexte français russophile. Passé par la marine
marchande et militaire suédoise, le commandant Victor Gustav Balck est premier
professeur à l’Institut central de gymnastique de Stockholm. Il est aussi un ardent
propagateur du sport en Suède. Fondateur dans les années 1880 de clubs d’aviron
et de patinage, il est à l’origine de l’Association gymnastique suédoise et participe
en 1892 à la création de l’Union internationale de patinage, dont il devient président
en 1893. C’est à l’occasion des démonstrations des gymnastes suédois données
à Paris lors du congrès de 1889 que Pierre de Coubertin l’a rencontré.
Enfin, le remplacement de Lucchesi-Palli, délégué de la Fédération
de gymnastique italienne, vice-consul en poste à Paris, par son compatriote le duc
d’Andria-Carafa, un « sportif étonnant », député du Parlement italien, souligne
combien l’équilibre entre les nations a prédominé dans la composition du Cijo.
De ce point de vue, l’entrée au comité, en janvier 1896, d’un représentant de
l’athlétisme allemand, opérée sous la pression du Reich et du souverain grec, prouve
combien la diplomatie des États eut à cœur de s’immiscer dans la balbutiante
diplomatie olympique. Sportif complet pratiquant l’escrime, le tennis, l’équitation
et la boxe, docteur en chimie et en médecine, Willibald Gebhard devient le premier
membre allemand du Cijo. Par ailleurs, la cooptation d’un aristocrate belge
58
William Milligan Sloane (1850-1928) et le Dr Zubiaur sont tous deux
très proches de Pierre de Coubertin. Le premier est ancien premier
sécrétaire à l’ambassade des États-Unis à Berlin, professeur d’histoire
et de philosophie à l’université de Princeton, délégué du New York
Athletic Club. Son amitié avec Pierre de Coubertin date d’une rencontre chez Taine à Paris en 1889 et de la mission officielle du jeune
baron dans les universités nord-américaines quelques mois plus tard.
Diplômé en droit de l’université de Buenos Aires, le Dr Zubiaur est
l’unique représentant de l’Amérique latine. Il a rencontré Pierre de
Coubertin lors du congrès de Paris de 1889 « pour étudier la question
de la propagation des exercices physiques dans l’éducation ».
Collaborateur de la Revue athlétique, il milite pour introduire le sport
dans les établissements d’enseignement secondaire argentins. Sa campagne énergique lui vaut d’être nommé en 1892 à la tête du Collège
national de l’Uruguay.
Les Amériques bénéficient de deux représentants au Cio
et ami de la France, le comte et avocat Maxime de Bousies, résulte très certainement
d’un effet de balancier.
Mais, au-delà même de la forte proportion d’aristocrates au sein du Cijo, ce qui
retient l’attention, c’est le niveau élevé de formation universitaire, les préoccupations
éducatives et la jeunesse relative (quarante ans de moyenne d’âge) de ces premiers
dirigeants de l’olympisme. Quant à la représentation majoritaire des prosportifs,
elle n’est pas seulement à porter au crédit de Pierre de Coubertin, mais s’explique
aussi par le moindre intérêt accordé par les gymnastes et les Anglo-Saxons
au projet olympique.
Rétablis subrepticement lors de ce congrès international de Paris « pour l’étude
et la propagation des principes d’amateurisme », les Jeux olympiques sont donc
investis dès 1894 d’une double mission : faire rempart contre le professionnalisme
dans le sport tout d’abord, pacifier les relations entre les nations ensuite.
Leur promoteur, Pierre de Coubertin, parvient à enchâsser ses deux préoccupations
majeures, la paix sociale et la paix internationale, dans son projet olympique.
[Pourquoi la dénomination « Jeux olympiques » ?]
Les dirigeants de l’olympisme trouveront sur leur chemin, pendant tout
le xx siècle, deux adversaires des Jeux, les États et les fédérations sportives
internationales. Ainsi, même s’il ne bénéficie d’aucune existence légale, ni du point
de vue de la loi française ni en matière de droit international, le Comité international
des Jeux olympiques, organisme de droit privé suisse, s’affirmera comme un nouvel
acteur des relations internationales. À ce titre, il appartient incontestablement
à la première génération des organisations non gouvernementales apparues en Europe
dans le dernier tiers du xix siècle.
La force diplomatique de l’olympisme moderne, rétabli à Paris en 1894,
sera de produire et d’offrir aux masses, dont le nationalisme est favorisé par les États
tandis que les échanges et les médias cultivent l’internationalisme, une synthèse
sportive du dialogue et du conflit, une confrontation euphémisée.
60
Tout au long du congrès, il n’aura pris en définitive qu’une seule fois
la parole, lors du banquet de clôture, pour faire taire les premières critiques à l’encontre des menées hégémoniques des sportifs et des
manœuvres françaises. Il lève alors son verre à « l’idée olympique qui
a traversé […] les brumes des âges et revient éclairer d’une joyeuse
espérance, le seuil du vingtième siècle ». Puis, il loue la référence
grecque qui présente cet avantage d’être commune aux trois systèmes
d’exercices physiques : « l’entraînement pour la défense de la patrie »,
« la recherche de la beauté physique et de la santé », « la saine ivresse
du sang qu’on a dénommé la joie de vivre ». Dès cet instant, il veut
apparaître comme un rassembleur, comme un pacificateur des compétitions auxquelles se livrent les apôtres des différentes méthodes
d’exercice physique. La dénomination ressuscitée de « Jeux olympiques », flottant dans l’air du temps, résume d’ailleurs admirablement cet œcuménisme athlétique qu’il appelle de tous ses vœux. Elle
évite en effet l’ornière de l’appellation « championnats du monde »,
qui encouragerait les différentes disciplines à se constituer en fédérations autonomes, sur le modèle de l’Union internationale de patinage,
née en 1893, ou bien encore celle de « concours internationaux », qui
ouvrirait la voie aux intrusions des États. Enfin, elle permet d’exalter
des champions désintéressés et polyvalents, au point que Pierre de
Coubertin se prendra même à rêver d’une nouvelle « religio athletae ».
Pareillement, pour décourager les concurrences et assurer la pérennité des Jeux compromis par la Grande Guerre, Pierre de Coubertin
a pris soin de numéroter les olympiades à la façon des anciens Grecs,
donnant ainsi à l’olympisme moderne son propre calendrier. Il a en
outre provoqué la naissance en 1901 de la Revue olympique, encore
aujourd’hui revue officielle du Cio. L’essentiel des textes était alors
publié en français. De nos jours, le français et l’anglais sont les deux
langues officielles du mouvement olympique, le texte français faisant
foi en cas de litige.
Pourquoi la dénomination « Jeux olympiques » ?
1893
1894
1890
1889
1888
1887
1886
1884
1863
1874-76
1876-81
1881-83
1883
4
3
2
1
4
3
2
1
3
2
1
2
1
3
2
1
naissance à Paris, le 1 janvier, de Pierre Frédy de Coubertin, quatrième et dernier enfant du baron Charles Frédy de Coubertin et de Marie-Marcelle Gigault de Crisenoy
première scolarisation à l’école de la rue de Vaugirard
scolarité chez les Jésuites, à l’Externat de la rue de Madrid
préparation à l’École militaire de Saint-Cyr (admissibilité)
l’été, voyage de la famille en Angleterre
en octobre, inscription en droit à l’Institut catholique de Paris
fin décembre, adhésion au groupe de Paris des Unions de la paix sociale
en mars, inscription à l’École libre des sciences politiques
l’été, visite d’Oxford
« Les collèges anglais, Harrow School », premier article publié dans La Réforme sociale (1 novembre) à la suite d’enquêtes menées dans les public schools au printemps
et à l’automne, et renouvelées l’année suivante
« L’éducation anglaise », conférence faite à la Société d’économie sociale (Ses), séance du 18 avril ;
entrée dans le débat pédagogique national avec la publication dans Le Français d’un article intitulé « Le surmenage » (30 août)
« Un programme : Le Play », conférence faite le 14 novembre à la Société nationale française à Londres
« Le remède au surmenage et la transformation des lycées de Paris », conférence faite à la Ses, séance du 29 mai
secrétaire général du Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation, autrement dit « Comité Jules-Simon »
en juillet, publication de L’Éducation en Angleterre. Collèges et universités (Hachette)
« Lettre aux membres de la Ses et des Unions », La Réforme sociale (1 septembre)
en avril, publication de L’Éducation anglaise en France (Hachette, avec une préface de Jules Simon)
secrétaire général du Congrès international de Paris pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation
« L’éducation de la paix », dernier article publié dans La Réforme sociale (16 septembre)
en septembre et décembre, premier voyage au Canada et aux États-Unis
au 1 janvier, directeur-fondateur de la Revue athlétique (1890-1891)
secrétaire général de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (Usfsa)
en septembre, troisième ouvrage publié chez Hachette, Universités transatlantiques
deuxième voyage aux États-Unis
en juin, proposition de rétablissement des Jeux olympiques et constitution du premier Comité international des Jeux olympiques lors du Congrès de Paris pour l’étude
et la propagation des principes d’amateurisme
Pierre de Coubertin. Chronologie
1964
1932
1936
1937
1924
1925
1926-27
1917
1912
1913
1915
1905
1901
1897
1899
1900
1896
1895
2
1
2
1
2
1
2
1
2
1
3
2
1
2
1
mariage avec Marie Rothan, fille de Gustave Rothan, plénipotentiaire de Napoléon iii dans les pays allemands
à l’automne, salle Franklin au Havre, série de « Conférences populaires sur l’histoire contemporaine »
à Pâques, premiers Jeux olympiques modernes à Athènes
présidence du Comité international olympique (Cio) de 1896 à 1925
en juillet, publication de L’Évolution française sous la iii République (Plon-Nourrit, réunion d’articles parus dans La Nouvelle Revue de Juliette Adam ;
l’ouvrage fait l’objet d’un compte rendu anonyme extrêmement critique dans La Réforme sociale
23 juillet- 1 août, Congrès olympique du Havre (pédagogie, hygiène, sport) sous les auspices de Félix Faure
27 mars (jour de clôture), déposition devant la commission Ribot dans le cadre de l’enquête sur l’enseignement secondaire
Concours sportifs internationaux à Paris dans le cadre de l’Exposition universelle (ii Olympiade) : première marginalisation de Pierre de Coubertin par l’État français
La Chronique de France est diffusée gratuitement par Pierre de Coubertin dans les universités étrangères de 1900 à 1906
naissance de la Revue olympique, actuellement revue officielle du Cio, seule revue fondée par Pierre de Coubertin qui lui a survécu
Notes sur l’éducation publique (Hachette)
publication chez Alcan du premier volume de L’Éducation des adolescents au xx siècle, consacré à l’éducation physique ; les volumes suivants (1912 et 1915 )
concernent l’éducation intellectuelle (analyse universelle) et l’éducation morale (respect mutuel)
9-14 juin, Congrès international de sport et d’éducation physique sous le haut patronage de Léopold ii, au palais des Académies de Bruxelles
Pierre de Coubertin triomphe dans l’épreuve littéraire de la v Olympiade à Stockholm avc son poème pacifiste bilingue français-allemand « Ode au sport »
en mai, Congrès de psychologie et physiologie sportives à Lausanne, sous le haut patronage du Conseil fédéral de la Confédération helvétique
4 janvier, publication dans l’Excelsior du « Décalogue de 1915. Aux jeunes Français »
en mars, Amélioration et développement de l’éducation physique, rapport présenté à S.E.M. le ministre de l’Instruction publique, Lausanne,
Imprimerie de la Société suisse de publicité
Ernest Seillière, de l’Académie des sciences morales et politiques, publie un ouvrage hagiographique, premier d’une longue série : Un artisan d’énergie française.
Pierre de Coubertin
Jeux olympiques de Paris : marginalisé par l’État français, Pierre de Coubertin démissionne de la présidence du Cio l’année suivante
29 mai-4 juin, premier Congrès international olympique pédagogique à Prague
publication d’une Histoire universelle en quatre volumes, financée par le ministère de l’Instruction publique et placée dans les bibliothèques des écoles normales
d’instituteurs
Pierre de Coubertin réunit sous le titre Mémoires olympiques les articles qu’il a livrés au journal L’Auto du 8 septembre 1931 au 27 mars 1932
x Olympiade à Berlin
le 2 septembre, décès à Genève dans l’anonymat et l’oubli
à la demande de Jean Borotra et d’Armand Massard, la municipalité de Paris donne le nom de Pierre de Coubertin au stade construit à proximité de la Porte
de Saint-Cloud dans le cadre de l’Exposition française de 1937
la France gaullienne commémore le centenaire de la naissance de Pierre de Coubertin
LES JEUX OLYMPIQUES
EN FRANCE :
DE PARIS À PARIS (1900-1924)
5
Alors que la candidature parisienne est à nouveau proposée pour recevoir les Jeux
olympiques en 2012, la France peut s’enorgueillir d’avoir accueilli cinq olympiades :
deux d’été (à Paris en 1900 et 1924) et trois d’hiver (à Chamonix en 1924, à Grenoble
en 1968 et à Albertville en 1992). Distribuées inégalement tout au long du xx siècle,
les olympiades « françaises » constituent des postes d’observation privilégiés
pour suivre l’essor du sport et le replacer dans les grandes évolutions sociales,
économiques, culturelles et politiques qui ont touché l’Hexagone depuis la fin
du xix siècle. À ce titre, chacune d’elles marque un temps particulier de l’histoire
du sport et du mouvement olympique et… de la France.
65
Les Jeux de l’Expo : Paris, 1900
6
Des Jeux olympiques aux Concours d’exercices physiques
et de sports de Paris
Avant même le congrès refondateur de l’olympisme, Pierre de Coubertin a rencontré
Alfred Picard, commissaire général de l’Exposition universelle de 1900. Il lui propose,
en janvier 1894, l’insertion des Jeux olympiques au sein de cette manifestation
au tournant du siècle. Picard semble peu enthousiaste, ce que Coubertin traduit
dans ses Mémoires olympiques par un jugement sans appel : « J’avais compris
qu’il n’y avait pour les Jeux olympiques, rien à attendre de M. Alfred Picard. »
En fait, ce dernier, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, pur produit
de la méritocratie et de l’excellence à la française, n’est pas opposé au sport ;
il se montre seulement réticent à l’idée de ressusciter ce qui lui paraît être
un anachronisme dans une manifestation à la gloire de la modernité. L’aspect « vieille
France » et aristocratique du baron nourrit aussi ses préventions, qui s’accentuent
lorsque Coubertin crée en 1898 un comité ad hoc, présidé par le vicomte de
La Rochefoucauld, pour organiser des Jeux d’élite autour d’un programme
de quinze disciplines, réplique de la i première Olympiade moderne d’Athènes.
Toutefois, cette initiative privée tourne court et ne reçoit pas le soutien de l’Union
des sociétés françaises de sports athlétiques, fondée pourtant quelques années
plus tôt par Coubertin. Le Comité La Rochefoucauld est dissous, et Daniel Mérillon,
avocat général à la Cour de cassation et président de l’Union des sociétés de tir
de France, devient délégué général aux Concours sportifs de l’Exposition universelle.
Si Coubertin n’est pas tout à fait oublié puisqu’il est nommé vice-président
du Comité consultatif des Jeux athlétiques et qu’il dirige la journée d’athlétisme
du 19 juillet 1900, les Concours d’exercices physiques et de sports ne sont pas les Jeux
de Paris qu’il souhaite. D’ailleurs, à aucun moment leur programme composite
n’est présenté comme étant la ii Olympiade.
[Descubes, l’un des organisateurs des Concours, vu par La Vie au grand air]
Les sports et le capharnaüm de l’Expo
Comme le rappelle l’historien Christophe Prochasson, le décret du 13 juillet 1892
instituant l’Exposition universelle de 1900 affirmait que la France se devait
de présenter, la dernière année du xix siècle, « un tableau des progrès de l’esprit
humain pendant tout ce siècle ». Dans cette perspective, l’évocation des Jeux antiques
a peu de chance d’être promue au rang d’événement majeur. Il faut dire que
l’exposition organisée par la Ville lumière regorge d’attractions illustrant les matériaux
66
Pour la revue illustrée consacrée au sport, l’événement sportif de
l’Exposition universelle est unique et organisé par de vrais sportsmen :
« Cette absence de précédents, qui, justement à un certain point de
vue, constitue un réel avantage, constitue également une grosse difficulté dont il s’agissait de se tirer. […] L’administration a donc choisi,
d’abord, un groupe d’hommes compétents qui a formé la Commission
supérieure des sports. […] M. Descubes, l’un des délégués-adjoints
à M. Mérillon, est, lui aussi, un militant des sports. […] Il ne se
contente pas de pratiquer l’escrime, la bicyclette, l’automobile ; il a été
un moment président du Stade français et de l’Association de la presse cycliste. Il a été pour la cause de l’enseignement physique, d’un précieux secours à la Chambre des députés où longtemps il siégea et où
il siégera longtemps encore. »
Descubes, l’un des organisateurs des Concours,
vu par La Vie au grand air (nº 86, 6 mai 1900)
et les énergies de la modernité : acier et ciment, électricité et pétrole. C’est aussi
une célébration du dépassement des limites du corps humain par les machines
et les moteurs. Parmi les dix-huit groupes de l’exposition, toutes les innovations
de la deuxième révolution industrielle sont présentées : automobile, Tsf et,
bien sûr, un art « vieux » de cinq ans, le cinéma. Et, pour les badauds et les visiteurs
les moins férus de sciences et de techniques, des attractions décoiffantes telles que
le trottoir roulant qui les emmène du pont des Invalides à la tour Eiffel, soit
un parcours de 3 370 mètres, à deux vitesses, 4 ou 8 kilomètres/heure. Ils ont aussi
le choix entre la grande roue d’un diamètre de 100 mètres et d’une capacité
de mille deux cents places, un aquarium d’eau de mer et un gigantesque ballon captif,
sans oublier le Palais de l’optique, le Maréorama ou la Maison du rire.
L’exposition est donc un grand fourre-tout où se mêlent célébration des valeurs
républicaines et nationales, culte de la science et de l’industrie, culture de masse
et plaisirs de la capitale. Les Concours sportifs reprennent en partie ce principe
en étant tout à la fois éclectiques, spectaculaires et républicains, ce que le Rapport
final traduit de la manière suivante : « Le commissaire général en proposant cette
organisation s’était inspiré de la pensée générale qui présidait à la grande œuvre
de 1900 : réunir une splendide manifestation sur toutes les branches de l’activité
humaine en les plaçant autant que possible sous leur aspect pratique ; sur ce dernier
point rien ne répondait mieux au programme que les Concours d’exercices physiques
et de sports. »
Les concours : une radiographie du sport français en 1900
Dans son ouvrage pionnier Sport and Society in Modern France, l’historien britannique
Richard Holt étudie la naissance du sport dans la France du xix siècle en regroupant
sous cette catégorie les concours hippiques, le vélo, les sports d’importation anglaise,
la gymnastique et même les combats de coqs et la tauromachie. Ce catalogue
bigarré peut étonner. Toutefois, si à l’époque de l’Exposition universelle une rivalité
certaine sépare les gymnastes représentants des classes populaires et les sportsmen
issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie, l’enthousiasme et l’effervescence créés
par la multiplication des pratiques considérées comme « sportives » entourent celles-ci
de limites assez floues. Ainsi, en consultant La Vie au grand air, l’organe illustré
des sportsmen fondé en 1898, on peut remarquer que les sports mécaniques ou la chasse
étaient mis sur le même plan que la natation, l’athlétisme ou le rugby (football-rugby).
De fait, les concours de l’exposition rendent compte de ce foisonnement sportif,
point de rencontre de traditions inventées par l’Angleterre et importées de ce pays
– telles que l’hippisme, l’athlétisme, le rugby et le football (football-association) –,
d’exercices physiques nationaux et martiaux développés dans les pays continentaux
comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, et de sports-spectacles mécaniques
dont la France s’est fait une spécialité (le vélo et, astre montant, l’automobile).
Loin d’être une compétition réservée à des amateurs fortunés, les différentes épreuves
68
accueillent aussi les enfants du peuple et de la petite bourgeoisie par le biais
des concours d’arbalètes ou des jeux scolaires. Les concours laissent également la porte
ouverte aux professionnels : les temps héroïques du sport sont eux aussi ceux
du développement d’un premier professionnalisme. Ainsi, le programme de l’épreuve
de lawn-tennis prévoit deux tournois : l’un est réservé aux amateurs, dont le vainqueur
homme remportera un prix « en objets d’art » d’une valeur de 1 500 francs ;
l’autre est consacré aux professionnels, le finaliste victorieux devant se contenter
d’un prix de 1 000 francs.
Finalement, les concours veulent donner à voir toutes les ressources de
ces inventions du xix siècle que sont la gymnastique et les sports, et ils reprennent
ainsi deux caractéristiques essentielles du « siècle des révolutions » : l’éclectisme
(qui s’exprime également dans l’architecture, notamment celle des monuments
de l’exposition), et l’esprit de catalogue d’une époque désireuse de répertorier
et de classifier toutes les activités humaines.
[Les dix sections internationales des Concours internationaux]
Des épreuves et des sites dispersés dans l’espace et le temps
Pour les visiteurs français et étrangers, l’espace de l’Exposition universelle est
clairement circonscrit : du Petit et du Grand Palais (accueillant les expositions d’art)
jusqu’au Trocadéro sur la rive droite, de la gare d’Orsay à la tour Eiffel sur la rive
gauche, les merveilles du monde et de la France peuvent être aisément visitées,
à tel point que les architectes préparant et inspectant la construction des pavillons
nationaux annoncent à leurs collaborateurs : « Je vais en Chine », « Je vais en Russie »…
Les Concours athlétiques ne bénéficient pas du même caractère central.
Les épreuves sont ainsi dispersées sur plus de vingt-cinq sites – certaines régates
de voile sont même délocalisées au Havre. Toutefois, les deux tiers des compétitions
ont lieu à l’est de Paris, dans le bois de Vincennes. Ce regroupement répond certes
à une logique spatiale qui conduit à construire les équipements sportifs à la périphérie
des villes, mais, comme le rappelle l’historien du sport André Drevon, il réalise
aussi le souhait d’Alfred Picard d’« accomplir un acte de justice » envers les classes
laborieuses, parfois jugées dangereuses, qui habitent « les quartiers de l’est
de la capitale ». Le sport doit donc être aussi un moyen de faire participer
ces populations à la fête de l’Exposition universelle. Pour cela, un stade-vélodrome
de quarante mille places bien tassées est construit à proximité de la pelouse de Reuilly.
Financé conjointement par la Ville de Paris et l’État, il donne logiquement
la primauté au vélo, le sport le plus populaire. Pour les « titis » parisiens, la piste
municipale devient rapidement la « Cipale » (aujourd’hui stade Jacques-Anquetil).
Et, à partir de juillet, les amateurs de sport peuvent s’y rendre par la première ligne
de métro qui traverse Paris, de Neuilly à Vincennes.
Mais les concours doivent aussi trouver refuge dans des lieux plus chics.
Les épreuves d’athlétisme, le cœur des Jeux d’Athènes de 1896, ainsi que la lutte
69
Section iii. Escrime
Concours de fleuret
Concours d’épée
Concours de sabre
Section ii. Gymnastique
xxvi fête fédérale de l’Union des sociétés de gymnastique
de France
Concours-fête de l’Association des sociétés de gymnastique
de la Seine
Championnat international de gymnastique
Section i. Jeux athlétiques
Courses à pied et concours athlétiques
Football-rugby [rugby]
Football-association [football]
Hockey
Cricket
Lawn-tennis
Croquet
Jeux de boules
Base-ball
Crosse canadienne
Longue-paume
Balle au tamis
Courte-paume
Jeux de golf
Pelote basque
Section xii. Concours scolaires
Jeux athlétiques scolaires
Aviron scolaire
Gymnastique scolaire
Fête des écoles communales de la Ville de Paris
Concours de fleuret interscolaire
Championnat de tir des écoles supérieures
Championnat de tir des lycées et collèges
Championnat de tir des écoles primaires
Section xi. Exercices militaires préparatoires
Fête et concours d’exercices militaires préparatoires
Les deux sections nationales
——
Section x. Aérostation
Concours de ballons
(vingt-quatre concours de natures diverses :
durée, altitude, distance…)
Concours de colombophilie
Section ix. Sauvetage
Concours de manœuvres de pompes à incendie
Concours de sauvetage sur l’eau
Concours de premiers secours aux blessés civils et militaires
Les dix sections internationales des Concours internationaux
Section viii. Sport nautique
Régates à l’aviron
Concours de yachting à la voile
Concours de bateaux à moteurs mécaniques
Concours de natation
Concours de pêche à la ligne
Section vii. Automobilisme
Concours de tourisme
Concours de motocycles
Courses de vitesse
Concours de voitures de place et de livraison
Concours de poids légers
Concours de poids lourds
Section vi. Vélocipédie
Courses vélocipédiques
Section v. Sport hippique
Concours hippique
Polo hippique
Section iv. Tir
Tir à la cible
Tir au fusil de chasse
Tir aux pigeons
Tir à l’arc et à l’arbalète
Tir au canon
à la corde sont organisées au bois de Boulogne, à la Croix-Catelan, fief du Racing
Club de France. Le tennis est pris en charge par la Société de sport de l’île de Puteaux.
Les « arts » plus anciens, tels que l’escrime ou l’équitation, ont droit aux lieux
les plus prestigieux de la capitale : les Tuileries et le Champ-de-Mars pour le fleuret
et l’épée, et, non loin, la place de Breteuil pour les concours équestres. Enfin,
les sports nautiques (natation, voile, course de canots à moteur, pêche à la ligne…)
sont distribués le long des rives de la Seine, de Courbevoie à l’embouchure du fleuve.
La dispersion géographique se combine aussi avec l’espacement dans le temps :
les concours commencent en effet le 14 mai avec les premières épreuves d’escrime,
pour s’achever quatre mois et demi plus tard, avec la finale du tournoi de rugby.
Des Jeux républicains
Si l’Exposition universelle célèbre la modernité de la fin du siècle et celle du siècle
à venir, elle rappelle aussi la solidité de la iii République. C’est que le régime,
né de la défaite de Sedan, vient de surmonter une épreuve aussi forte que la crise
boulangiste ou le scandale de Panama : l’affaire Dreyfus. Bien que sa réhabilitation
ne soit pas encore totale, le capitaine Dreyfus a été gracié en septembre 1899 et l’auteur
du faux qui l’accablait, le lieutenant-colonel Henry, confondu. C’est donc une France
partiellement apaisée, dirigée depuis juin 1899 par le ministère Waldeck-Rousseau,
dit « de défense républicaine », qui sert de cadre aux manifestations de l’exposition
et qui y réaffirme son attachement aux valeurs de 1789 : liberté, égalité, fraternité.
Les Concours sportifs ne sont pas exempts de cette connotation républicaine.
Le sport est, en effet, un lieu de représentation des vertus nationales et de compétition
avec l’étranger. Certaines disciplines, telles que le tir ou la gymnastique, sont
également des vecteurs de l’idéologie républicaine et nationaliste. Pour beaucoup,
ce sont en effet le gymnaste et l’instituteur prussiens qui l’ont emporté à Sedan,
parce qu’ils avaient forgé le corps et l’âme des sujets de Guillaume i. Aussi, en 1882,
Jules Ferry en personne avait suscité la création des « bataillons scolaires », troupes
d’enfants armés de fusils de bois qui apprenaient les rudiments des exercices
gymniques et de l’instruction militaire. Mais les bataillons tombent rapidement
en désuétude, et le relais est pris par ce que Pierre Arnaud appelle les « sociétés
conscriptives ». Ces sociétés, qui associent parfois la pratique du tir à celle
de la gymnastique, ont connu en effet un essor certain depuis la guerre de 1870,
essor qui s’accélère dans la dernière décennie du siècle. Lieux de sociabilité populaire
et d’acculturation aux valeurs de la république, ces associations gymniques
se proposent de renforcer la vigueur de « la race française », expression couramment
utilisée alors pour parler de la nation, et d’exposer dans des manifestations festives
la force des corps républicains.
Une partie des concours de 1900 reprend cet esprit : les épreuves de gymnastique,
de tir, de vélocipédie, de sauvetage, les exercices militaires préparatoires
et les concours scolaires renvoient à cette volonté de renforcer le corps national
72
et de préparer les soldats de la revanche.
C’est d’ailleurs l’interprétation que propose La Vie au grand air le 19 août 1900.
Rendant compte du concours de tir organisé au camp militaire de Satory à Versailles,
la revue évoque avec force la participation populaire à l’épreuve : « Chose à laquelle
on s’attendait moins, il est venu un grand nombre d’amateurs, cyclistes ou membres
de sociétés athlétiques, employés, ouvriers, militaires, désireux seulement de montrer
qu’ils pourraient se servir utilement de notre excellent [fusil] Lebel, si la guerre
nous était déclarée. » S’il est reproché à cet événement de manquer de « cet air de fête,
qui est un des mérites et des attraits des tirs fédéraux suisses », d’autres manifestations
sportivo-patriotiques viennent compenser cette influence. C’est le cas de la fête
fédérale de l’Union des sociétés de gymnastique de France qui, le dimanche
et le lundi de Pentecôte, sert de trait d’union entre les concours et le culte officiel
de la nation et de la république. Le dimanche, 466 sociétés sur les 601 que
compte alors l’Usgf se retrouvent au vélodrome de Vincennes pour une série
de démonstrations comprenant exercices aux engins de gymnastique, construction
de pyramides humaines, courses, sauts, combats de canne et même tirs. Il ne s’agit
pas de présenter aux vingt mille spectateurs présents les mérites individuels
des champions ; l’objectif, au contraire, est de mettre en exergue les valeurs promues
par la gymnastique, telles que l’intérêt collectif, la discipline, le travail et le sens
de la patrie, autant de notions que les petits Français apprennent dans les leçons
de morale à l’école primaire. La journée s’achève sur un banquet de neuf cents
convives, présidé par Daniel Mérillon. Le lendemain, huit mille gymnastes
se retrouvent place de l’Hôtel-de-Ville pour traverser, toujours vers l’est, le Paris
des sans-culottes. Ils marchent en uniformes et tenues d’exercice sur plus
de 7 kilomètres avant d’aller accueillir au vélodrome de Vincennes le président
de la République, Émile Loubet, et le ministre de la Guerre, le général André.
Le noyau dur olympique : les épreuves d’athlétisme
C’est au mois de juillet que sont organisées les épreuves vraiment « olympiques ».
Les sportsmen férus d’athlétisme doivent se transporter au cœur du bois de Boulogne,
à la Croix-Catelan. Les installations du Racing Club de France accueillent en effet
les épreuves ; plus qu’un stade, il s’agit d’un parc dont la pelouse est transformée
en piste grâce à des couloirs tracés à la chaux. Deux tribunes provisoires ont été
installées ; au total, trois mille spectateurs peuvent assister aux courses et sauts.
Loin du caractère populaire des démonstrations de gymnastique ou de tir, le public
d’élégantes et de sportsmen coiffés de canotiers donne un ton mondain à la manifestation.
Le premier jour est consacré aux professionnels venus d’outre-Manche
ou d’Europe. Les performances sont médiocres : les héros rémunérés sont fatigués
ou ne sont pas là. Seuls les Anglais Bredin et Downer relèvent le plateau, mais
le second se fait un claquage pendant le 110 m haies, laissant le Français Tryens
de l’Athletic Club du xvi arrondissement l’emporter en 21,4 s !
73
La vraie compétition commence avec les amateurs. L’un des intérêts majeurs
des concours réside dans la présence massive des Américains. Originaires
des plus grandes universités du nord-est des États-Unis, ils raflent onze premières
places et n’en laissent que deux aux Anglais, une aux Hongrois et… aux Français.
Ainsi, Irving Baxter remporte deux concours de saut : la hauteur avec un bond
de 1,90 m obtenu au moyen d’un ciseau avec retournement intérieur, et la perche
grâce à une propulsion de 3,30 m réalisée sur une aire de réception remplie
de sable. Son compatriote Kraenzlein gagne lui aussi deux épreuves : le 110 m haies
en un peu plus de 15 s, et la longueur grâce à un saut de 7,18 m : c’est la première
fois que les 7 m sont dépassés sur le territoire français. Ces performances
impressionnent le public et la presse : ne sont-elles pas la preuve de la vitalité
de la nation américaine face à la population française ? Pour les observateurs
les plus fins, c’est la preuve du bien-fondé de l’éducation américaine, qui mêle
dans les établissements les plus réputés études intellectuelles et activités physiques.
L’honneur du vieux continent est néanmoins sauvé par les deux victoires
britanniques et le jet du lanceur de disque hongrois Rudolph Bauer à plus
de 36,04 m, obtenu par un mouvement de rotation. Deux épreuves font jouer
la fibre nationale française : le 1 500 m et le marathon. Dans l’épreuve de demi-fond,
le racingman Deloge mène la vie dure au champion anglais Benett. C’est
dans la dernière ligne droite que ce dernier parvient à distancer l’athlète français
de 2 mètres et à inscrie un nouveau record du monde de la distance en 4 min et 6 s.
Mais le meilleur reste à venir. La délégation américaine avait demandé l’ajout
d’un marathon au programme officiel et en offre même les prix. Le tracé de l’épreuve
de 40 km « seulement » longe les fortifications : il traverse donc la périphérie
et les baraques populaires de Paris sous la canicule. De fait, l’épique le dispute
au burlesque ; partis de la Croix-Catelan, les concurrents font le tour de Paris
dans le sens des aiguilles d’une montre. L’itinéraire n’est pas toujours bien indiqué,
si bien que le Suédois Fast, longtemps leader, est obligé de demander son chemin,
alors que le favori français Touquet fait un détour de plus de 400 m avant
d’abandonner, épuisé par un début d’insolation et après avoir bu deux bocks…
de bière. Finalement, c’est le Français Michel Théato qui l’emporte devant
son compatriote Champion en 2 h 59 min. L’honneur national est sauf, et le Rapport
officiel put ensuite proclamer sans sourciller : « Les courses à pied et les concours
athlétiques furent la plus belle réunion de ce genre qui ait jamais été donnée dans
aucun pays du monde. »
Sur la piste, les routes et dans les airs
Odes au corps, les concours se veulent aussi des fêtes de la mécanique et des sciences
appliquées : des chaînes de vélo au moteur à explosion, en passant par les ballons
gonflés de gaz léger.
74
La bicyclette avait acquis, tout d’abord, une force d’attraction inégalée, notamment
en France. Ajoutant une note cocardière à un bilan qui se voulait très positif,
le Rapport officiel peut prétendre : « Quoi qu’il en soit, il est bien certain que
ces concours vélocipédiques ont eu un extrême retentissement et qu’ils ont pu
donner aux nations sportives l’idée très nette que la France tenait toujours,
comme elle le fait depuis plus de six ans, la tête du mouvement cycliste. » Sur la piste
du vélodrome, les choses sont moins claires. Dans les « principales épreuves »
relevées par le Rapport, les coureurs étrangers remportent le 2 000 m professionnels
avec le Belge Meyers, la Course des nations, gagnée par les États-Unis, le 100 km
avec l’Anglais Chase et la course du Bol d’or avec le Hollandais Cordang, qui parcourt
en 24 h plus de 956 km ! Le héros hexagonal Jacquelin n’arrive qu’à la troisième
place au 2 000 m et dans la Course des nations, alors qu’il avait été sacré champion
du monde trois semaines plus tôt au Parc des Princes, le vélodrome de la Porte
de Saint-Cloud. Deux titres majeurs sont toutefois remportés par des Français :
Taylor gagne le 100 milles professionnels et Taillandier le 1 000 m amateurs.
Malgré l’absence remarquée du président de la République, Émile Loubet,
la semaine d’épreuves semble avoir connu un certain succès populaire, comme
en témoignent les 57 097,70 francs de recettes. Toutefois, elles ne constituaient
qu’une compétition parmi les nombreuses courses qui composaient déjà la saison
cycliste.
[L’entraînement des coureurs cyclistes selon le Rapport officiel des concours]
En 1900, l’automobile commence à être un article de luxe parisien recherché
dans toute l’Europe. L’industrie automobile française devient d’ailleurs la première
exportatrice de véhicules du monde, place qu’elle conservera jusqu’en 1914.
Il est donc naturel que les concours s’ouvrent à la myriade de marques qui composent,
alors, le paysage automobile français.
Deux types d’épreuves sont organisés : les concours et les courses. Les premiers
sont davantage des démonstrations ou des expériences proposées pour éprouver
la fiabilité d’une voiture ou la sobriété d’un moteur. Ainsi le Rapport officiel
souligne que le concours de motocycles « a fourni des renseignements précieux
sur ces véhicules légers et leur consommation » à différentes allures. Au contraire,
les courses, depuis la première épreuve Paris-Rouen en 1894, sont dédiées entièrement
à la « déesse vitesse », mais ne sont pas sans périls : elles ne se disputent pas encore
en circuit fermé et traversent villes et villages à des vitesses inouïes. Ainsi, un an
plus tôt, le 1 mai 1899, le Belge Camille Jenatzy avait dépassé les 100 km/h au volant
de la « Jamais contente » à Achères, dans la banlieue de Paris.
Les concours ont lieu dans un certain désordre au mois de mai. Comme le rappelle
le Rapport officiel, le concours d’automobiles de tourisme, « qui promettait d’être
brillant », est « entravé par les circonstances » et les « agents cyclistes » qui distribuent
aux concurrents force procès-verbaux ! Si une médiation auprès du préfet de police
Lépine permet de mettre fin aux contraventions abusives, l’intervention intempestive
des forces de police décourage de nombreux concurrents et constructeurs,
75
Les principes d’entraînement peuvent se résumer en quelques lignes.
Ils sont d’ailleurs tout à l’honneur du cyclisme, qui a été le grand propagateur, dans le monde entier, de la régénération physique de tous
les jeunes gens depuis quelques années.
Il est indispensable en effet pour tout athlète qui veut réussir sur
piste de vivre d’une façon calme, exempte à la fois de soucis et de préoccupations quelconques. Il est admis qu’il n’est point mauvais pour le
coureur cycliste d’avoir entre les mains un métier qui occupe son
esprit pendant quelques heures par jour, encore que quelques-uns ne
s’en accommodent point et préfèrent se consacrer exclusivement aux
soins de leur entraînement. Il est donc indispensable aux jeunes gens
qui veulent courir de ne se livrer à aucun excès, et cela s’entend de
toutes les habitudes qui peuvent avoir trait à toutes les fonctions du
corps humain ; le tabac, une nourriture lourde et indigeste, des heures
de sommeil mal réglées, trop longues ou trop courtes, une existence
différente d’un jour sur l’autre, l’abus des plaisirs sexuels, compromettent irrémédiablement les chances de celui qui veut courir, et il est
bien certain que tous ceux qui ont réussi dans ces concours vélocipédiques ont observé les préceptes ci-dessus et il n’est pas douteux que
leur santé générale ainsi que leur développement musculaire n’en
aient largement profité.
Le précepte mens sana in corpore sano n’est en somme que le résumé
de tous les préceptes d’entraînement qui ne sont plus aujourd’hui discutés par personne.
L’entraînement des coureurs cyclistes selon le Rapport
officiel des concours
qui préfèrent repartir chez eux. Malgré tout, le palmarès fait ressortir quelques noms
promis à un bel avenir, tels que Peugeot, Delahaye ou Panhard et Levassor. Les autres
concours de voiturettes, de voitures de place et de livraison, permettent de comparer
la fiabilité et l’autonomie respectives des moteurs électriques et à explosion.
La course en tant que telle se dispute sur un aller-retour Paris-Toulouse.
Jusqu’au dernier moment, la menace d’une interdiction administrative a plané, mais
finalement 55 véhicules sont partis et 18 ont terminé l’épreuve. Le vainqueur,
Leveg, parcourt les 1 349 km en moins de 21 h dans la catégorie « voitures », alors que
Marcel Renault, le frère de Louis, remporte la catégorie « voiturettes » en 34 h.
Plus que l’automobile, ce sont les concours de ballons dirigeables qui fascinent
les foules. Il est vrai que le ballon est devenu, depuis le siège de Paris en 1870-1871,
le symbole de la résistance parisienne. C’est encore le moyen le plus sûr
et le plus précis de s’élever dans les airs. Quinze compétitions sont donc organisées
de juin à octobre, portant sur la durée, la distance, l’altitude ou la précision
du vol. Malgré quelques épreuves menacées par de violents orages, les concours
connaissent un franc succès et deviennent des aventures dignes des romans de Jules
Verne. Balsan, vainqueur de l’épreuve d’altitude, atteint 8 558 m, mais manque,
avec son coaérostier, de mourir de froid et d’asphyxie. Dans l’une des épreuves
de distance, où les concurrents doivent se laisser porter le plus loin possible hors
des frontières françaises, le comte de La Vaulx parcourt 1 925 km et atterrit non loin
de Kiev. Les paysans ukrainiens, croyant à une apparition, viennent lui baiser
la main…
Le bilan des concours : des Jeux internationaux mais atypiques
Si certaines épreuves comme l’automobile n’ont pas atteint « le caractère
d’internationalisme » auquel les organisateurs attachaient une grande importance,
alors que les aérostiers étaient tous français, le succès des concours repose
malgré tout sur la participation d’un grand nombre d’athlètes étrangers.
Même s’ils n’en portent pas officiellement le nom, les Concours de Paris ont dépassé
en importance les Jeux olympiques d’Athènes : 34 disciplines sportives contre 9
et 58 731 participants contre 300 en Grèce ; 30 pays étaient représentés
dans la Ville lumière, 12 dans la capitale hellène ; de même, 1 567 athlètes étrangers
ont concouru en 1900, pour seulement 81 en 1896.
Mais la longueur et la disparité des épreuves, le mélange des genres qui
les a caractérisées, en font des Jeux comptabilisés a posteriori et qui témoignent surtout
d’une incertitude sur ce qu’est le sport. Bientôt, les démonstrations collectives
des gymnastes et des tireurs apparaîtront désuètes, le croquet, l’arbalète et la pêche
à la ligne ne seront plus que des loisirs pour rentiers. Et pour reprendre les propos de
Georges Vigarello, « le spectacle sportif, avec ses modes d’héroïsation très particuliers,
ses tableaux de réussite et d’échec, ses légendes et ses récits », va bientôt triompher.
[Les pays représentés aux Concours de Paris]
77
Allemagne
Argentine
Australie
Autriche
Belgique
Bohême
Canada
Cuba
Danemark
Espagne
États-Unis
France
Grande-Bretagne
Grèce
Haïti
Hongrie
Inde
Iran
Italie
Luxembourg
Mexique
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
Pérou
Portugal
Roumanie
Russie
Suède
Suisse
Les pays représentés aux Concours de Paris
Les Jeux des Années folles :
Chamonix et Paris, 1924
7
L’attribution des Jeux olympiques à la ville de Paris pour la deuxième fois en moins
de trente ans répond à un souhait exprimé par Coubertin en personne. Le président
du Cio avait en effet recommandé, en mars 1921, la candidature parisienne
pour 1924 et celle d’Amsterdam pour 1928. Le vœu présidentiel est toutefois exaucé
non sans mal, car Paris n’est pas la seule ville en lice. Le Comité national olympique
italien (Coni) propose en effet la candidature de Rome. Le 2 juin 1921, le Cio
réuni à Lausanne prend sa décision : après trois tours de scrutin, Paris obtient
quatorze voix, quatre contre et une abstention. Furieux du résultat, le président
du Coni, Carlo Montù, quitte la Suisse avec la délégation italienne. En même temps
que les Jeux de Paris, le marquis de Polignac, membre français du Cio, obtient
pour son pays l’organisation de Jeux hivernaux, qui, pour ne pas froisser les pays
scandinaves, prennent le nom de Semaine des sports d’hiver.
Le sport, nouvelle « passion française »
Les Jeux reviennent donc en France mais dans un contexte très différent de celui
de la Belle Époque. Depuis l’immédiat avant-guerre, les exercices corporels
sont devenus une pratique de masse : en regroupant les effectifs respectifs de l’Usgf,
de l’Union des sociétés de gymnastique, de la Fgspf, de la Fédération gymnastique
et sportive des Patronages de France et enfin les membres de l’Usfsa, la fédération
multisport fondée par Pierre de Coubertin et Georges de Saint-Clair, on peut
en effet considérer qu’environ huit cent mille Français s’adonnent aux joies du sport
et de l’éducation physique depuis 1914. Le sport est aussi spectacle. Depuis 1903,
les campagnes françaises sont traversées par une « tradition sportive inventée »
et qui a assuré la pérennité du quotidien sportif L’Auto : le Tour de France.
La « petite reine » symbolise bien l’essor du sport comme pratique populaire
et spectacle de masse.
Si la guerre interrompt un temps cet envol athlétique et fauche les héros
français tel l’athlète Jean Bouin, elle joue cependant un rôle important
dans la diffusion et la popularisation du sport. Comme dans le reste de l’Europe,
les dirigeants des principales fédérations sportives ainsi que les ténors de la presse
sportive s’emparent du thème de l’union sacrée pour prouver les bienfaits des exercices
athlétiques et s’attirer les faveurs des pouvoirs publics. Pendant toute la durée
du conflit, Henri Desgrange, le patron de L’Auto et du Tour, apporte sa contribution
79
à la propagande de guerre par le chauvinisme exacerbé de ses éditoriaux.
Dans un style plus sobre, La Vie au grand air, l’hebdomadaire des sportsmen, évoque,
le 15 décembre 1917, la « mobilisation des armées sportives de France, d’Angleterre
et d’Allemagne en 1914 ».
Il semble acquis que le front et l’armée aient permis l’acculturation sportive
des masses rurales et populaires enrôlées sous les drapeaux et pour lesquelles le sport
apparaissait encore comme un privilège réservé aux bourgeois. Quant à l’après-guerre,
il est marqué par la volonté d’oublier la violence inouïe des tranchées et les 1,3 million
de Français tombés au champ d’honneur. Le sport fait partie des divertissements
des Années folles : photogénique, valorisant et dévoilant le corps, il s’intègre
parfaitement dans la nouvelle culture de masse du début des années 1920. Le match
de boxe Dempsey-Carpentier, disputé en Amérique en 1921, est suivi avec passion
et en direct par les foules sportives de chaque côté de l’Atlantique. L’essor du sportspectacle est aussi synonyme de « racolage » et d’« amateurisme marron », ressorts
financiers illicites au regard des règlements sportifs, utilisés pour attirer les joueurs
et athlètes les plus performants. L’idéal olympique est ainsi battu en brèche
par des champions qui entrevoient dans le sport des carrières lucratives. Les femmes
frappent aussi à la porte : l’émancipation féminine en marche depuis le début du siècle
s’exprime également dans le sport ; ce phénomène est illustré par Suzanne Lenglen,
la « divine », ou encore par les footballeuses françaises et anglaises. Toutefois,
comme dans le cas du professionnalisme rampant, le Cio demeure « ferme »
face à ce qu’il considère comme des « abus et excès » féministes : la porte leur reste
entrouverte, limitée à certaines disciplines (la natation, le patinage…).
Le sport, enjeu des relations internationales
Alors que les milieux sportifs ont espéré de leur participation sans retenue à l’effort
de guerre une reconnaissance officielle qui se traduirait par l’instauration
d’une politique sportive financée par l’État, le sport devient un instrument
de propagande extérieure. Dès le 22 janvier 1917, le secrétaire général du Comité
français interfédéral du football français, Henri Delaunay, propose au ministère
des Affaires étrangères une tournée à l’étranger de l’équipe de France, afin de signaler
« aux pays neutres la vitalité de la race française ». Il s’agit de montrer à travers
des manifestations sportives que, malgré la terrible hécatombe subie notamment
à Verdun, les forces vives du pays ne sont pas épuisées. Si le Quai d’Orsay
décline l’offre, deux ans plus tard sont organisés les Jeux interalliés, célébration
de l’alliance franco-américaine et manifestation destinée à occuper les soldats encore
mobilisés. Initiative de l’état-major américain et cofinancée par la Young Men’s
Christian Association (Ymca), la principale organisation protestante de jeunesse
outre-Atlantique, cette « olympiade militaire » consacre la nouvelle place acquise
par le sport dans les relations internationales. Ce caractère politique du sport est
confirmé par la vii Olympiade d’Anvers, « ville martyre » : 29 pays et 2 606 athlètes
80
y participent, à l’exception des sportifs allemands, exclus en raison de la violation
en 1914 de la neutralité belge par les troupes de Guillaume ii et d’une occupation
militaire de quatre ans. Mais, un an après l’occupation de la Ruhr par les troupes
franco-belges, les athlètes allemands seront à nouveau privés des Jeux d’hiver
et d’été, alors que les héritiers de l’autre empire central, Autrichiens et Hongrois,
sont invités. Leurs pays sont entrés à la Sdn en avril 1923, mais l’Allemagne
n’en fait pas encore partie.
C’est donc dans un contexte de développement du sport, où se mêlent
démocratisation et politisation, mercantilisme et médiatisation, que doivent se tenir
la Semaine des sports d’hiver de Chamonix et les Jeux de Paris.
Les premiers Jeux de la neige et de la glace :
la Semaine des sports d’hiver de Chamonix
(25 janvier-5 février 1924)
8
Les sports de neige et de glace en France
Nés sous des horizons plus septentrionaux que ceux de la France, les sports de neige
et de glace combinent deux influences : l’influence scandinave, qui fait du ski ou
du patinage des éléments essentiels du mode de vie hivernal, et l’influence britannique,
qui introduit dans ces pratiques le ferment de la compétition sportive. Comme
l’alpinisme, qui a connu un développement plus précoce, les sports de glisse sont donc
des importations étrangères qui apparaissent dans les années 1890. Le terme « ski »,
par exemple, est employé pour la première fois en 1894 dans l’Annuaire du Club
alpin français pour désigner de « longues raquettes appelées “skis” ». Cette même année,
Paris se dote de sa première patinoire artificielle. Le ski est d’abord un instrument
militaire qui permet aux chasseurs alpins de progresser plus rapidement sur
leurs terrains de manœuvre. Toutefois, suivant l’exemple du village helvétique
de Davos, les premières stations françaises d’hiver se lancent elles aussi dans les sports
de glisse. En 1907 est organisé, à Montgenèvre, près de Briançon, un concours
international de sports d’hiver. La manifestation est renouvelée chaque année
dans un lieu différent et dans d’autres massifs montagneux français. À partir de 1910,
à l’initiative du Club alpin français, des hôteliers et des syndicats d’initiative,
81
la plupart des stations renommées (Chamonix, Samoëns ou Megève dans les Alpes,
Lioran dans le Massif central ou Gérardmer dans les Vosges…) organisent
leur semaine de sports d’hiver. Associant montagnards locaux qui entrevoient l’intérêt
de développer de nouvelles activités à la morte saison et bourgeois et aristocrates
qui reviennent après leur séjour estival goûter le plaisir des pentes enneigées, les sports
d’hiver semblent avoir pris en 1914 et redémarrent après l’intermède sanglant
de la Grande Guerre.
Des Jeux du Nord à la Semaine des sports d’hiver
D’un point de vue purement sportif, l’expression « sports d’hiver » pose un problème
de définition. L’olympiade de Londres en 1908 considère en effet comme
tels les disciplines que l’on pratique de l’automne au printemps, à savoir la boxe,
le hockey sur gazon, le football et… le patinage sur glace. Cette discipline est
régulièrement inscrite aux Jeux modernes organisés par les Britanniques,
puis disparaît à Stockholm en 1912. Le président du comité d’organisation suédois,
le colonel Victor Balck, argue, en effet, qu’il veut seulement proposer des jeux « d’été ».
En réalité, l’exclusion du patinage signale une question de concurrence sportive
aiguë entre le Cio et les pays scandinaves. Depuis 1901, Suédois et Norvégiens
se réunissent tous les quatre ans pour disputer les Jeux du Nord, comprenant
les principales disciplines nordiques telles que courses de ski de fond ou hockey
sur glace, et ne veulent pas voir entamer leur monopole sur ces « olympiades
boréales », comme les appelait Coubertin. Au lendemain de la guerre, la question
de l’insertion des sports d’hiver dans le programme olympique revient sur le devant
de la scène. Si les Scandinaves tentent de s’opposer à la création d’une olympiade
hivernale, les pays du « bloc alpin » – Suisse, France et Italie – désirent l’accélérer
pour des raisons touristiques et nationales.
Pour arrondir les divergences, une commission ad hoc est réunie à Lausanne
en mai 1921 ; elle comprend cinq membres représentant les deux parties :
un Norvégien et un Suédois d’un côté, un Suisse et un Français de l’autre, ainsi
qu’un Canadien faisant en quelque sorte office d’arbitre. Alors que les Scandinaves
semblent vouloir maintenir le statu quo, un compromis est trouvé en juin :
une semaine de Jeux d’hiver ne portant pas explicitement l’adjectif « olympique »
serait insérée dans le programme de la viii Olympiade et, comme nous l’avons vu,
la France en serait l’organisatrice. Le Comité national olympique désigne alors
Chamonix pour être le lieu de ces Jeux qui ne veulent pas dire leur nom.
Chamonix, ville olympique
Le choix de Chamonix n’est pas le fruit du hasard. En 1786, deux enfants du pays,
le guide Jacques Balmat et le Dr Michel-Gabriel Paccard, ont vaincu
le toit de l’Europe. En réussissant à éviter les crevasses et à atteindre le sommet
82
du mont Blanc, ils ont ainsi réalisé « l’événement fondateur de l’Alpinisme moderne »,
pour reprendre les mots de l’historien Philippe Joutard. Attirant étrangers
fortunés et curieux, la montagne renforce la position des guides, qui se regroupent
en Compagnie des guides de Chamonix en 1821. C’est le début du développement
d’un tourisme essentiellement estival d’abord, mais qui favorise la construction
de palaces et d’hôtels.
Depuis 1901, la cité savoyarde dispose d’une gare qui permet son désenclavement
l’hiver ; en outre, elle est certainement devenue la station de sports d’hiver française
la mieux équipée en infrastructures hôtelières. Dans les années qui précèdent
le premier conflit mondial, trois palaces y sont construits : le Savoy, le Majestic
et le Chamonix Palace. Le conseil municipal semble avoir compris que les Jeux
peuvent consolider cette position dominante et même accroître la fréquentation
touristique de sa ville en hiver. Le maire de Chamonix, Jean Lavaivre, engage donc
la cité dans une politique d’investissements plutôt coûteuse. Selon les termes
de la convention signée tardivement, en février 1923, entre le Comité national
olympique et la municipalité, cette dernière s’engage à construire une patinoire
pouvant contenir une piste de 500 mètres, des vestiaires pour les concurrents
et une tribune pour le public, sans oublier un tremplin de saut ainsi que des pistes
de bobsleigh et de luge, équipements qu’elle promet de conserver et d’entretenir
pendant au moins trente ans. Les travaux, commencés en 1923, ne seront véritablement
achevés qu’en 1925, ce qui n’empêchera pas le bon déroulement des compétitions.
La patinoire artificielle est la plus grande du monde (pour l’époque), elle dispose
d’un éclairage électrique et d’une tribune de mille places. La surface glacée atteint
27 660 mètres carrés, divisés en quatre parties : au centre la piste de hockey flanquée
de part et d’autre des deux « pistes de figures » et entourée de la piste de vitesse ;
à l’écart, doté d’une petite tribune, est installé le terrain de curling. Le tout
a un coût estimé à 1,1 million de francs, soit plus de la moitié du budget consacré
aux Jeux hivernaux, alors que la municipalité a dû faire endiguer l’Arve, la rivière
de la vallée de Chamonix, avant le début des travaux. L’essentiel des dépenses
est d’ailleurs payé par les contribuables chamoniards, le Comité olympique français
ne versant finalement que 25 000 francs sur les 50 000 promis initialement.
Des Jeux sportifs et… militaires
Dix-sept pays et 293 concurrents (dont seulement 13 femmes) répondent présent.
La délégation française compte elle-même 42 athlètes.
[Les pays représentés à Chamonix]
Le 25 janvier 1924, la Semaine des sports d’hiver commence dans une ambiance
bon enfant, « par un cortège de Mi-carême » selon Le Miroir des sports, mais « au milieu
d’un concours énorme de population et de touristes », d’après le Rapport officiel.
De l’Autriche à la Yougoslavie, les athlètes des dix-sept nations représentées défilent
dans les rues de Chamonix, derrière la fanfare municipale, pour arriver au « stade
83
olympique », c’est-à-dire la patinoire. Chacun porte son équipement : skis, patins,
bobsleigh et même balai pour les joueurs de curling. Les suivent les élèves des écoles
primaires, les anciens combattants, les guides de haute montagne, les moniteurs
de ski et les sapeurs-pompiers !
Pierre de Coubertin est absent ; c’est le comte Clary, président du comité
d’organisation des Jeux de 1924, accompagné du représentant du gouvernement,
Gaston Vidal, sous-secrétaire d’État à l’Enseignement technique, qui dirige
le cérémonial. Clary précise que la Semaine constitue le « prologue » des Jeux
olympiques, alors que Vidal proclame son ouverture « sous le haut patronage
du Comité international olympique ». Même si l’expression de « Jeux d’hiver »
est diplomatiquement évitée, le comte Clary a obtenu que le serment olympique
puisse être prononcé. Alors que les drapeaux nationaux sont réunis en faisceau,
l’adjudant Mandrillon, capitaine de l’équipe de France militaire de ski, prête
le serment au nom des concurrents : « Nous jurons, déclare-t-il, que nous
nous présentons aux Sports d’hiver donnés à l’occasion de la célébration
de la huitième olympiade, en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui
les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur
de notre pays et la gloire du sport. » La tonalité militaire de la cérémonie est claire :
parmi les anciens combattants présents dans le public, les « gueules cassées »,
aux visages impressionnants, rappellent le sacrifice d’une partie de la jeunesse française
et la terrible épreuve de la Grande Guerre.
[De notre envoyé spécial André Glarner à Chamonix]
Les Norvégiens, vedettes des Jeux
Pour Gabriel Hanot, ancien footballeur devenu journaliste au Miroir des sports,
seuls trois sports méritent leur appellation générique à Chamonix, « deux individuels :
le patinage de vitesse et le ski ; un d’équipe : le hockey sur glace ». Dans cette trilogie,
ce sont les athlètes du nord de l’Europe et de l’Amérique qui se distinguent.
Les épreuves de patinage sur 500, 1 500, 5 000 et 10 000 m sont disputées
contre la montre. À ce jeu, les patineurs scandinaves remportent toutes les courses
sauf le 500 m, gagné par l’Américain Jewtraw. C’est le Finlandais Thunberg,
clerc de notaire à Helsinki, sportif accompli, puisqu’il pratique aussi avec bonheur
le football, la course à pied, la natation et la voile, qui survole les débats en remportant
le 1 500 met le 5 000 m et en se classant deuxième au 10 000 m, derrière
son compatriote Skutnabb.
Au ski, c’est le Norvégien Thorleif Haug qui tient la vedette : il remporte
l’épreuve de grand fond (50 km) en 3 h 44 min et 32 s. Le Français Pouteil-Noble,
arrivé mais non classé, parcourt la distance en 4 h 58 min et 27 s ! Haug gagne
aussi la course de ski de fond en couvrant une distance de 18 km en 1 h 14 min et 31 s
et, en arrivant troisième à l’épreuve du saut avec 44,50 m, il s’adjuge le combiné.
Il s’impose, selon le Rapport, « comme l’incontestable champion mondial du ski,
84
Italie
Lettonie
Norvège
Pologne
Suède
Suisse
Tchécoslovaquie
Yougoslavie
André Glarner, envoyé du Miroir des sports, décrit dans l’édition du
31 janvier 1924 l’ambiance cosmopolite des Jeux de Chamonix :
« Dans les immenses et spacieux palaces, on croise dans les escaliers toutes les races sportives du monde : les Canadiens déhanchés,
leurs admirables corps d’athlètes moulés dans d’immaculés maillots
blancs frappés du “Maple leaf ” ; les Américains, plus soucieux, car ils
vont commencer l’olympiade sans partir grands favoris ; les
Scandinaves et anciens Russes, tous moulés sur le même gabarit, les
cheveux blonds et les muscles saillants sous leurs vêtements de sport.
Puis voici nos petits, mais râblés chasseurs alpins, qui n’ont pas dit
leur dernier mot dans les compétitions de ski et que l’on confond
aisément avec leurs frères latins d’Italie. »
De notre envoyé spécial André Glarner à Chamonix
Autriche
Belgique
Canada
Estonie
États-Unis
Finlande
France
Grande-Bretagne
Hongrie
Les pays représentés à Chamonix
car, en grand fond comme en fond et même en saut, il fit preuve sur ses adversaires,
d’une supériorité qui lui valut trois retentissantes victoires ».
Le tournoi de hockey se résume à une confrontation entre nations de l’Amérique
du Nord, fort appréciée du public puisque la finale, opposant l’équipe des États-Unis
à celle du Canada, attire plus de sept mille spectateurs pour une recette
de 31 000 francs. Le score flatteur pour les Canadiens, 6 à 1, ne reflète pas, selon
André Glarner, du Miroir des sports, l’âpreté de la lutte, qui enthousiasme « aussi bien
les sportifs endurcis aux plus fortes émotions athlétiques, que les profanes les plus
rébarbatifs à la beauté de l’effort ». Selon les premiers, les autres épreuves, curling,
bobsleigh ou patinage artistique, ne comptent pas, Glarner se permettant un jugement
péremptoire sur « les figures, dames, hommes, et couples, qui ont beaucoup plus
leur place au music-hall que sur une patinoire olympique ».
En tout cas, au final, les nations du Nord se taillent la part du lion au nombre
de places et de points : la Norvège arrive à la première place, la Finlande à la deuxième.
La Grande-Bretagne arrache la troisième position devant les États-Unis. La France
n’est classée que huitième, avec une troisième place remportée par son couple
de patineurs composé de Pierre Brunet et d’Andrée Joly. D’où un bilan accablant
pour Gabriel Hanot : « En sports d’hiver, comme dans la plupart des jeux
athlétiques, nous faisons piètre figure. Ayons le courage de reconnaître la médiocrité
de nos qualités et travaillons à nous améliorer. Le jour où la France cessera
de s’illusionner sur sa valeur sportive et où elle mettra tout en œuvre pour augmenter
son rendement, les possibilités de ses athlètes décupleront. »
[Le programme des Jeux de Chamonix]
Vers l’officialisation des Jeux d’hiver
Malgré la lourdeur des investissements consentis pour accueillir les Jeux,
les retombées touristiques sont réelles pour Chamonix. La prééminence
de la station face à ses concurrentes françaises se trouve confirmée, alors que l’effort
de construction d’équipements est relancée en 1927 avec l’achèvement du téléphérique
du Midi – cette année-là a lieu la première course de « descente à skis ». Après
l’alpinisme et les disciplines nordiques, Chamonix accroche donc une nouvelle corde
à son arc : le ski alpin.
Mais la semaine de Chamonix est surtout importante pour l’histoire des Jeux.
Par leur présence et leurs succès, les Nordiques légitiment l’inscription de leurs sports
dans le programme olympique. En conséquence, au mois de mai 1925, le congrès
du Cio, réuni à Prague, décide d’intégrer définitivement les Jeux d’hiver
dans les olympiades, mais en en faisant une compétition spécifique. De manière
rétroactive, la semaine de Chamonix est promue au rang de 1 Olympiade d’hiver.
Pour la dernière fois, les Jeux du Nord sont disputés en 1926 et, à partir des années
1930, toutes les disciplines de neige et de glace sont réunies dans des Jeux d’hiver
à prétention universelle.
86
Patinage : 500 m
Patinage : 1 500 m
Patinage : 5 000 m
Patinage : 10 000 m
Patinage : concours de figures (dames)
Patinage : concours de figures (messieurs)
Patinage : concours de figures (couples)
Ski : grand fond, 50 km
Ski : fond 12 à 18 km
Ski : sauts
Ski : course combinée
(classement d’après les épreuves de fond [9] et de sauts [10]
12
13
14
15
Ski : course militaire (20 à 30 km, avec tir)
Hockey
Curling
Bobsleigh
ii Épreuves par équipes
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
i Épreuves individuelles
Le programme des Jeux de Chamonix
[« Le bilan des Jeux de Chamonix ou la découverte des sports d’hiver par le public
français selon Frantz Reichel, secrétaire général du Comité d’organisation
des Jeux de 1924 »]
Les Jeux du sport-spectacle : Paris
(5 mai-27 juillet 1924)
9
La semaine de Chamonix, malgré son succès et son importance dans l’établissement
des Jeux d’hiver, n’est encore qu’un aimable prélude à l’olympiade d’été. Celle-ci
a définitivement acquis ses lettres de noblesse. Contrairement aux concours de 1900,
ce qui relève du sport y est désormais bien délimité et fait l’objet d’une compétition
unifiée et plus ramassée dans l’espace et le temps.
Des enceintes pour les Jeux : le stade de Colombes
et la piscine des Tourelles
Dès que la décision du Cio est connue en juin 1921, la Ville de Paris demande
un rapport à Frantz Reichel, sportsman aux talents athlétiques variés et secrétaire
général du comité exécutif de la viii Olympiade, sur le programme des Jeux
et les besoins en infrastructures. Les exigences sont d’une portée jamais envisagée :
une enceinte de cent mille places, pour l’athlétisme, le football ou la gymnastique,
une piscine, un stade de tennis ou encore un stand de tir. De fait, les rares
équipements sportifs existant en France sont soit des vélodromes financés
par des promoteurs privés comme le stade Buffalo, soit des initiatives encore isolées
de maires éclairés, tel Édouard Herriot. Le fer de lance du radicalisme avait lancé,
en 1914, à Lyon la construction du stade de Gerland dans l’espoir d’accueillir
un jour les Jeux olympiques, tout en favorisant le développement d’une éducation
physique de masse. Toutefois, Gerland, œuvre de Tony Garnier, ne sera achevé
véritablement qu’en 1926.
En tout cas, les architectes qui présentent leurs projets à l’École des beaux-arts
à l’automne 1921 suivent les recommandations de Reichel, et présentent par
conséquent des factures dépassant largement les possibilités financières parisiennes.
En mars 1922, le conseil municipal décide de mettre à disposition des Jeux le stade
88
Le succès des Jeux de Chamonix ne fut pas moindre auprès du public,
qu’auprès des nations conviées à y participer.
Insuffisamment instruits au début, semble-t-il, il fut rapidement
captivé par la grandeur du cadre et la diversité de cette manifestation.
Il accourut en foule de tous les points de la région, puis de Paris et des
grandes villes avoisinantes et des milliers de spectateurs, définitivement conquis à la saine et rude beauté des sports d’hiver, composèrent
un public qui vibra passionnément aux exploits des athlètes olympiques.
Il y eut matière à s’enthousiasmer devant les foudroyants démarrages d’un Jewtraw ou le déboulé puissant d’un Skutnabb, devant la
descente impressionnante, à la direction de son bobsleigh d’un
La Frégolière, l’envolée de 57 mètres, sur ses skis d’un Thams ou la
virtuosité des joueurs de hockey canadiens qui, sur leurs lames rectilignes d’acier, offraient un spectacle d’une élégance et d’une noblesse
des gestes inégalables.
—
Rapport officiel de la viii Olympiade, p. 643.
« Le bilan des Jeux de Chamonix ou la découverte des sports
d’hiver par le public français selon Frantz Reichel, secrétaire
général du Comité d’organisation des Jeux de 1924 »
Pershing à Vincennes ainsi qu’une subvention d’un million de francs, proposition
totalement insuffisante. L’organisation des Jeux est au point mort. C’est l’initiative
des dirigeants du Racing Club de France qui va permettre de sauver l’olympiade
parisienne. Ils proposent au Cio et au comité d’organisation de mettre
à leur disposition leur terrain de Colombes, dans la banlieue nord-est de Paris,
contre le versement de 50 % des recettes. Le projet est conçu et réalisé par l’architecte
Maurice Faure-Dujarric, ancien capitaine de l’équipe de rugby du Racing.
La construction fonctionnelle et sobre, utilisant des matériaux modernes (béton armé
et armatures métalliques), répond à la volonté de réduire les coûts, tout en offrant
la meilleure visibilité possible aux spectateurs et en satisfaisant aux normes de sécurité
dans la gestion de la foule. Le stade, s’il n’atteint pas la capacité « mythique »
des cent mille places comme celui de Wembley à Londres, achevé en 1923,
peut tout de même accueillir vingt mille personnes assises dans des tribunes
couvertes et quarante-quatre mille debout dans les virages. L’enceinte de Colombes
est aussi équipée en moyens de transmission modernes : téléphones, télégraphe
et haut-parleurs, qui selon l’écrivain Géo Charles ont été l’une des révolutions des
Jeux : « Le haut-parleur constitue une des révélations techniques des Jeux olympiques
de 1924. La transmission au public fut rapide ; l’audition parfaite. On ne concevrait
plus une grande réunion sportive dépourvue d’un tel système. »
L’équivalent nautique de Colombes est la piscine des Tourelles, construite
finalement par la municipalité parisienne près de la Porte des Lilas. En béton armé,
elle peut accueillir vingt mille spectateurs autour d’un bassin de 50 mètres, au fond
duquel, pour la première fois, sont tracés les couloirs des nageurs. Si les projets
présentés à la Ville de Paris incluaient généralement un « village olympique »
composé d’une centaine de chambres dans l’enceinte des stades, les athlètes
de Colombes devront se contenter de baraques de bois installées à proximité
des installations sportives.
Les Jeux du ballon rond et… ovale
Les Jeux commencent de manière un peu désordonnée. Avant l’ouverture officielle
du 5 juillet 1924 sont en effet organisés les tournois de rugby et de football.
Le premier ne réunit que trois équipes : la France, la Roumanie et les États-Unis,
du 4 au 18 mai. Le match entre cousins latins ne satisfait qu’à moitié la fierté nationale.
Les Roumains sont certes défaits 61 à 3, mais dans un stade de Colombes dont
les peintures ne sont pas achevées et où manquent le tableau d’affichage et la tribune
de presse. C’est la partie contre les États-Unis qui doit décider du vainqueur
du tournoi. La rencontre est aussi l’occasion de régler un « contentieux sportif »
né des Jeux interalliés de 1919, au cours desquels le match entre frères d’armes avait
dégénéré en une violente rixe qui, selon un observateur venu d’outre-Atlantique,
aurait représenté « ce qu’on peut faire de mieux sans couteaux et sans revolvers ».
Plus rapides et plus puissants, débordant des joueurs français à court d’entraînement,
90
les Américains l’emportent 17 à 3, provoquant l’ire des dizaines de milliers
de spectateurs déçus par la prestation des Français. Réaction caractéristique
de ce premier âge des publics sportifs, quand les matchs offraient l’occasion
d’exprimer les pulsions nationalistes et chauvines. Les commentaires de la presse
prennent alors des accents que n’auraient pas reniés Gustave Le Bon, pour dénoncer
« la foule, une fois de plus […] scandaleuse, houleuse et chauvine ».
Le « système » organisant la compétition de football reprend explicitement
le « principe de la Coupe d’Angleterre », à savoir tirage au sort pour désigner
les adversaires et matchs par élimination directe, afin de limiter la durée
de la compétition. Les associations nationales ont été consultées par la Fédération
internationale de football association (Fifa), coorganisatrice du tournoi
avec les autorités olympiques : les fédérations scandinaves veulent en particulier
défendre l’amateurisme de leurs joueurs, qui ne peuvent s’absenter longtemps
de leur lieu de travail.
En plus de Colombes, qui accueille les rencontres les plus importantes, quatre
autres enceintes parisiennes, dont le stade Pershing, sont mobilisées pour permettre
aux vingt-quatre nations participantes de disputer leurs rencontres. Le tournoi
de football est le théâtre d’une véritable révélation, celle du talent des joueurs
sud-américains. L’équipe d’Uruguay, emmenée par sa « merveille noire » Andrade,
se livre à une véritable démonstration technique et physique en éliminant la France
5 à 1 et en battant en finale la Suisse 3 à 0. Les succès de la « Celeste » sont suivis
avec passion à Montevideo et participent à la construction de l’identité nationale
de l’Uruguay, pays neuf et peuplé d’immigrants. Ils montrent aussi que le football
international ne se résume pas au vieux continent et que l’Angleterre n’est plus
la seule référence. Les exploits de l’équipe uruguayenne assurent aussi le succès
financier du tournoi, puisque, pour Le Miroir des sports, la finale a constitué l’apothéose
de « la grandiose épreuve », réunissant 60 000 spectateurs, « chiffre jamais atteint
en France », et que « 10 000 personnes durent attendre, devant les portes fermées »,
le résultat du match.
[Les footballeurs uruguayens vus par la presse sportive française]
L’inauguration officielle, entre internationalisme et prestige national
Les Jeux ne sont inaugurés officiellement que le 5 juillet. Le cérémonial olympique
est déjà bien constitué, même si ce n’est qu’à partir de 1928 que le rituel de la flamme
est introduit à Amsterdam. Pour les organisateurs, naturellement, il s’agit
d’une cérémonie « grandiose, digne de son objet, digne de Paris et de la France »…
Le jugement de la presse, lui, est plus mesuré. Selon Gabriel Hanot dans Le Miroir
des sports, c’était d’abord « une remarquable performance […] que d’avoir attiré
au stade de Colombes 20 000 personnes et d’avoir encaissé 300 000 francs de recettes,
alors qu’il s’agissait uniquement d’assister à un défilé des concurrents et d’entendre,
grâce au haut-parleur, d’une part, le président de la République prononçant la phrase
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Après la victoire écrasante sur la Yougoslavie (7 à 0), L’Auto du 27 mai
1924 peut s’enthousiasmer : « Les Américains du Sud nous ont littéralement stupéfiés. Certes ils avaient accompli des performances remarquables en Espagne. Mais nous étions loin de nous attendre à les voir
évoluer avec une telle virtuosité. Dribblings remarquables, démarquages, passes redoublées, et science comparable à celle des pros
anglais. D’ores et déjà, il faut les considérer comme les favoris du
Tournoi ! »
Pour Le Miroir des sports du 12 juin 1924, « la principale qualité des
vainqueurs est une virtuosité merveilleuse dans la réception, le
contrôle et l’utilisation du ballon. Les Uruguayens ont une technique
tellement complète, qu’en courant au-devant de la balle, ou même en
la maîtrisant, puis en la dribblant, ils disposent du loisir nécessaire
pour regarder la position occupée par adversaires et partenaires.
Ceux-ci, de leur côté, ne restent pas immobiles à attendre la passe ;
ils se démarquent, ils s’éloignent de l’adversaire, ils se placent de
manière à faciliter la tâche de leur coéquipier et à se servir aisément,
efficacement du ballon, si le précieux objet leur parvient. »
Les footballeurs uruguayens vus par la presse sportive française
d’ouverture des Jeux de la viii Olympiade, d’autre part, Géo André prêtant
le serment olympique au nom de tous les athlètes ».
Quoi qu’il en soit, la cérémonie montre l’importance symbolique et rituelle
attribuée désormais aux grandes compétitions sportives, située aux confins
d’une représentation symbolique des relations internationales et d’une mystique
olympique.
Contrairement à ceux de 1900, les Jeux ne sont pas le lieu d’une célébration
des vertus républicaines et laïques. En effet, le 5 juillet à 10 heures, l’archevêque
de Paris, le cardinal Dubois, célèbre une messe en l’honneur des concurrents :
depuis l’épreuve de la guerre et la fraternisation des curés et des instituteurs
dans les tranchées, la question cléricale ne se pose plus. Au-delà de la note religieuse,
ce sont des valeurs de fraternité et d’entente qui sont mises en exergue lors
de l’inauguration et du défilé des quarante-cinq délégations. De l’Afrique du Sud
à la Yougoslavie, les athlètes partent de la piste « réplique » d’entraînement
pour déboucher sur le stade proprement dit par la porte de Marathon, saluent
le président Doumergue et ses hôtes de la tribune officielle, avant de s’aligner derrière
le comte Clary. Ce dernier s’adresse alors au président de la République pour lui
signaler la réussite de l’organisation et rappeler l’idéal olympique : « Le succès
a dépassé toutes nos espérances. Quarante-cinq nations ont répondu à l’invitation
de la France. Plus de six mille athlètes accourus des quatre coins du monde vont lutter
de vitesse, de force et d’adresse sur le Stade olympique de Colombes édifié pour
la plus grande gloire du sport, du sport régénérateur des races, bienfaiteur
de l’humanité, le champion le plus qualifié de la paix universelle. » Avant même que
Gaston Doumergue ne proclame « l’ouverture des Jeux olympiques de Paris »,
Clary a donc signalé l’ambiguïté de l’olympiade : rassemblement pacificateur certes,
mais aussi compétition des nations et enjeu de prestige international. D’ailleurs,
même si les Autrichiens et les Hongrois sont à nouveau présents, une distinction
manifeste est établie par le public entre celles qui sont bienvenues et celles qui le sont
moins. De fait, le Rapport officiel précise que les trois pays ayant conquis les suffrages
du public sont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que « les spectateurs
français, tout le long du parcours, [ont fait] une fête sans fin à la délégation belge ».
Et dans la tribune officielle, le président Doumergue suit la cérémonie avec à sa droite
le prince de Galles, c’est-à-dire l’allié indéfectible lors de la grande épreuve,
et à sa gauche le prince Carol de Roumanie, l’allié des confins orientaux de l’Europe.
[« La cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris : un hymne à la jeunesse
et à la paix »]
Les dieux du stade
Le programme des Jeux de 1924 est recentré sur les disciplines et épreuves jugées
essentielles. Des disciplines présentes à Anvers comme le tir à l’arc ou le hockey
sur gazon sont retirées des compétitions, de même que le nombre d’épreuves
93
Le beau temps aidant, les musiques militaires jouant des marches
entraînantes, le spectacle fut vraiment impressionnant des représentants de quarante-cinq nations, qui défilaient avec solennité et gravité
derrière leur drapeau. Les profanes étaient charmés par l’aspect multicolore de cette jeunesse disciplinée qui accomplissait le tour du stade.
Les sportifs se sentaient étreints au cœur par la vision de l’élite athlétique de la terre, de la plus belle fleur de la jeunesse du monde entier,
rassemblées des quatre coins du globe à Paris, afin d’y prendre part
à des luttes pacifiques. Jamais on ne vit, sur un même terrain, groupé
derrière un même porte-drapeau, un nombre aussi considérable
de nations, une sélection aussi parfaite de champions. Toute querelle
de peuples était oubliée : aussi l’Autriche précédait, dans le défilé,
la Belgique que suivait la Bulgarie. […] l’inauguration de la
viii Olympiade eut sa beauté morale. Elle servit à prouver publiquement la communion des nations de l’univers entier dans le culte
pacifique du sport.
—
Gabriel Hanot, Le Miroir des sports, 9 juillet 1924.
« La cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris : un hymne
à la jeunesse et à la paix »
dans certains sports tels que le tir ou l’aviron est réduit. Ainsi, comme le proclame
le Rapport officiel, « les jeux athlétiques demeurent la partie fondamentale des Jeux
olympiques modernes comme ils l’étaient de ceux de l’Antiquité », puisque
c’est « surtout vers les succès du Stade que porte l’effort des nations qu’a conquis
le néo-olympisme ». De fait, les grands moments des Jeux ont lieu à Colombes
ou à la piscine des Tourelles. Les épreuves d’athlétisme se disputent sous un temps
chaud mais pas étouffant qui favorise les performances : toujours selon le Rapport,
« treize records olympiques furent battus et deux égalés, et six records du monde
passèrent de vie à trépas ». Trois nations tirent leur épingle du jeu de ces épreuves
d’athlétisme : les États-Unis avec douze premières place la Finlande avec dix victoires,
et la Grande-Bretagne, qui remporte trois succès.
Les courses de sprint et de demi-fond sont le théâtre de joutes homériques.
Ainsi, l’épreuve déjà reine du 100 m constitue un véritable condensé des Jeux :
elle attire plus de 82 athlètes représentant 42 nations. Il ne faut pas moins de 17 séries
pour passer aux quarts de finale, avant que les demi-finales ne dégagent une élite
mondiale du sprint très anglo-saxonne. Quatre Américains, un Britannique
et un Néo-Zélandais se disputent l’un des titres les plus recherchés. Et c’est au terme
d’une course très disputée que l’Anglais Abrahams gagne en 10,6 s. Inscrit au barreau
de Londres, ancien de Cambridge, Abrahams est le premier Européen à remporter
l’épreuve du sprint. Le deuxième, l’Américain Scholz, rétablit la suprématie
américaine sur le sprint en remportant le 200 m en 21,6 s.
Au 400 m, c’est un véritable sportsman qui fait vaincre l’Union Jack. Lidell
remporte le tour de piste en 47,6 s – il utilisera aussi ses qualités de résistance
et de vitesse dans les rangs de l’équipe d’Écosse de rugby. C’est par ailleurs un homme
pieux puisque le Rapport officiel indique : « Ayant terminé ses études de théologie,
il est pasteur anglican et fit même, au lendemain de sa victoire olympique
un sermon au temple protestant de Paris. » Cependant, la véritable star de ces Jeux
est le Finlandais Paavo Nurmi. Déjà vainqueur aux Jeux d’Anvers, Nurmi remporte
à l’olympiade parisienne cinq médailles d’or (au 1 500 m, au 5 000 m, au cross-country
individuel et par équipes, ainsi qu’au 3 000 m par équipe). Menant une vie d’ascète,
pionnier de la préparation scientifique et diététique, il impressionne le public
et les journalistes par sa capacité à maîtriser son corps et ses performances. Même si
Le Miroir des sports considère que « l’extraordinaire champion de course à pied Paavo
Nurmi gagnerait à être moins fermé, moins sauvage et plus humain », les succès
du Finlandais et de son compatriote Ritola au 10 000 m apparaissent comme
le produit d’un mode de vie frugal et énergétique, de la santé d’un peuple vigoureux.
[Paavo Nurmi, « l’homme à la montre »]
De la piscine des Tourelles à Hollywood
Loin des épreuves de 1900, disputées sur les bords de la Seine, les compétitions
de natation bénéficient du cadre moderne et pensé pour le sport-spectacle
95
Nous voyions Nurmi sur la piste lever une montre jusqu’aux yeux, lire
après chaque tour le temps dépensé, et régler là-dessus l’économie de
ses pas. Il chronométrait son vouloir si bien qu’il pouvait prédire
efforts et résultats, et ses jarrets mesuraient la nuance qui sépare le
tour achevé en quatre-vingt-dix secondes du tour abattu en quatrevingt-neuf. Nous n’étions pas seulement étonnés de deviner en ses
tendons et en ses nerfs cette surhumaine subtilité. Contempler ces
évolutions aussi régulières que celles d’une planète, et comprendre
que cet astre était à lui-même son propre dieu et son propre astronome, accroissait notre confiance dans le corps humain.
—
Paavo Nurmi décrit par le romancier Jean Prévost dans Plaisirs
des sports, Paris, La Table ronde, coll. « La petite vermillon », 2003.
Paavo Nurmi, « l’homme à la montre »
de la piscine des Tourelles. Parmi les dix-sept épreuves qui constituent le programme
nautique, le public attend avec impatience les prestations du meilleur nageur
du monde, Johnny Weissmuller. Né en 1904 en Pennsylvanie, entraîné par William
« Big Bill » Bachrach, de l’Illinois Athletic Club de Chicago, il a été l’année précédente
le premier nageur de l’histoire à descendre en dessous de la minute au 100 m
nage libre. Les organisateurs ne s’y trompent d’ailleurs pas : ils programment
cette distance pour les deux derniers jours, comme une « apothéose » des épreuves
de natation. Weissmuller ne les déçoit pas. Grâce notamment à sa botte secrète,
le départ plongeant, qui lui assure immédiatement une longueur d’avance
sur ses adversaires, il remporte le 100 m en moins d’une minute, puis le 400 m,
avant de partager la première place du podium avec les membres du relais 4 x 200 m.
Johnny Weissmuller installe également le crawl comme technique la plus efficace
de la nage libre. Après avoir reconquis un nouveau titre olympique sur 100 m
aux Jeux d’Amsterdam en 1928, le champion incarnera dans les années 1930 le premier
et le plus célèbre des Tarzan produits par Hollywood.
Outre les courses, les spectateurs se passionnent également pour les épreuves
de plongeon, notamment celle des « quatre plongeons de haut vol variés »,
ou encore le plongeon retourné de 5 m, le saut périlleux en arrière de 5 m,
le saut périlleux demi-avant de 5 m et le coup de pied à la lune périlleux de 5 m.
Mais comme le rapporte le Rapport officiel, « la plupart des plongeons volontaires
furent disputés de la plate-forme de 10 mètres, un certain nombre avec élan afin
de bénéficier des coefficients de difficulté ».
Courses et plongeons voient la suprématie des nageurs du Pacifique, à savoir
les Américains et les Australiens. Les Français brillent peu, sauf en water-polo,
où, divine surprise, après avoir éliminé les États-Unis, les Pays-Bas et la Suède,
ils battent en finale la Belgique 3 à 0.
[ Johnny Weissmuller]
Les Jeux des arts
Dès les premières olympiades, Pierre de Coubertin a voulu inclure, sur le modèle
de la Grèce antique, des épreuves artistiques aux Jeux olympiques. Les premières
sont organisées à Stockholm en 1912 ; en 1924, les Concours olympiques d’art
de la viii Olympiade sont donc les troisièmes, après ceux d’Anvers. Les artistes
participants peuvent concourir dans cinq sections : architecture, littérature, musique,
peinture et sculpture, sur lesquelles veillent le marquis de Polignac, président
du Comité artistique, et les membres des cinq jurys qui le composent, au sein
desquels on retrouve les grands noms de l’art et de la littérature français du début
du xx siècle : Gabriel Fauré, Arthur Honegger, Maurice Ravel, Paul Claudel,
Jean Giraudoux ou Paul Valéry.
Pour exposer les sculptures et les peintures, quatre salles du Grand Palais
ont été réservées. On y montre des œuvres déjà consacrées et servant en quelque
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Weissmuller, grand garçon athlétique, joyeux, nonchalant, dégingandé, farceur dans les conditions normales de l’existence, mais
nerveux et tendu à l’instant des épreuves difficiles, est un nageur d’une
rapidité d’allure et d’une aisance de mouvements merveilleuses.
—
Gabriel Hanot, Le Miroir des sports, 23 juillet 1924.
Johnny Weissmuller
sorte de références artistiques, telles que l’Héraklès de Bourdelle ou une esquisse
du Ludus pro patria de Puvis de Chavannes. Pour le concours proprement dit,
283 œuvres sont envoyées, mais seules 158 sont acceptées.
Pourtant, les résultats des concours de sculpture paraissent aujourd’hui décevants.
Les artistes en lice éprouvent encore des difficultés pour sortir des redondances
de l’art officiel et s’affranchir d’une conception néoclassique de la représentation
du corps humain.
En revanche, en littérature, le poète Géo-Charles devance Henry de Montherlant
avec une œuvre ambitieuse mêlant poésie et art théâtral renouvelé par l’emploi
de haut-parleurs dans un théâtre de plein air. Les cinquante pages du texte suivent
le combat olympique entre Jean Royer, « Champion de France de boxe amateur
(poids moyen), agent de publicité et poète », et Jim Harris, « Champion olympique
et d’Amérique ». Ponctué par les chœurs à l’antique des Parisiens et des athlètes,
l’œuvre évite les poncifs sur les Jeux de l’Antiquité, en évoquant résolument
un univers moderne fait de métropoles, de vitesse et de bruit.
[Le speaker]
Le bilan des Jeux : ombre et lumière
La cérémonie de clôture est présidée par Pierre de Coubertin en personne :
les chefs de délégation se rendent devant la tribune officielle pour recevoir
les médailles remportées par leurs représentants, alors que Maurice Quentin,
président du conseil municipal de Paris, reçoit le drapeau olympique des mains
du bourgmestre d’Anvers. Paris devra le conserver pour le transmettre en 1928
à Amsterdam. Pour Coubertin, le bilan est très positif : la France aurait été
« une bonne et somptueuse prêtresse de l’olympisme », soucieuse du protocole
puisqu’une « noblesse supérieure se dégagea du défilé, des discours, du serment.
Il y eut en eux, à certains moments, du religieux. Jamais encore l’olympisme
n’avait vécu de si pathétiques moments ».
Au-delà du lyrisme du baron, les Jeux de Paris marquent un tournant :
le sport-spectacle et le professionnalisme larvé qui s’y dévoilent posent la question
de l’amateurisme. Dès son congrès de Prague en 1925, le Cio propose une définition
très restrictive et ne correspondant plus à la réalité du sport de haut niveau.
Le développement des épreuves, l’allongement des saisons sportives et le culte
de la performance rendent presque inéluctable la mise en place du professionnalisme :
pour s’entraîner et pouvoir participer aux compétitions, de nombreux sportifs doivent
s’absenter de leur emploi. Ce problème de « manque à gagner » est vite compensé
par des « mécènes » issus de l’industrie, désireux d’attirer les meilleurs dans les clubs
qu’ils financent. Face à cet « amateurisme marron », le Cio et la Fédération
internationale d’athlétisme restent inflexibles. Par conséquent, les soupçons
et les excommunications d’athlètes tels que Jules Ladoumègue ou Paavo Nurmi
marqueront profondément le sport des années 1930. Par ailleurs, la politisation
99
En mon blanc pavillon, fleur bruissante,
je chanterai l’homme courageux, qui porte, blouse
bleue, tout le ciel sur l’épaule,
à l’orée du Nouveau Monde, dans l’ombre des grands
arbres et des machines puissantes comme au matin d’un beau jour publicitaire.
Je veux être un derviche-tourneur,
je dirai les ébats d’un poète-boxeur, ces miroirs,
ces galets du soleil sur les eaux
et sa vie ronflera dans mon bruit de toupie.
Que tel un « jeu de jambes » éclate dans mon chant
la vérité-nature
l’éclair du magnésium sur un public obscur n’est
rien sauf qu’il évoque le soleil sur la mer.
Foule des tribunes, parterre d’oiseaux distingués,
Herbe sombre des places populaires
d’où s’élèvent les cris tels le Vent, grand voyou,
que ma voix arrive vers vous portée sur l’air,
comme sur l’eau le chant d’insecte des canots automobiles.
—
Géo-Charles, extrait de Jeux olympiques, Paris, Nrf, 1925, p. 18-19.
Le speaker
Le speaker
relative des enjeux sportifs et le chauvinisme d’une partie du public préfigurent,
toutes proportions gardées, les tentatives d’instrumentalisation à venir de l’olympisme
par les régimes totalitaires européens.
Sur un plan strictement sportif, le bilan est en apparence brillant pour
la délégation française : elle arrive deuxième derrière l’équipe américaine et devant
les athlètes finlandais, avec 14 premières places, 14 deuxièmes et 13 troisièmes,
contre respectivement 45, 27 et 27 pour les États-Unis et 14, 13 et 10 pour la Finlande.
Toutefois, les succès ont été obtenus dans des disciplines où les sportifs français
brillent généralement, comme l’escrime ou le cyclisme ; mis à part la troisième place
obtenue par Pierre Lewden au saut en hauteur et le succès de l’équipe de water-polo,
les résultats restent médiocres dans les sports de base que sont l’athlétisme
et la natation et qui expriment la « vigueur » d’une nation. Plus qu’une incapacité
physique de la population française, c’est la préparation qui a failli, ce qui
pousse l’athlète et journaliste Géo André à proposer un plan de bataille pour les Jeux
de 1928, dès le 30 juillet 1924, dans les colonnes du Miroir des sports: « Dans tous
les cas, il ne faut pas attendre 1927 pour préparer Amsterdam. Il faut établir
dès aujourd’hui un programme d’ensemble :
1925 : année de propagande.
1926 : année de recrutement.
1927 : année de sélection.
1928 : année de préparation. »
101
LES OLYMPIADES DE L’OR BLANC :
DE GRENOBLE
À ALBERTVILLE (1968-1992)
10
Quarante-quatre ans séparent l’olympiade parisienne des Jeux d’hiver de Grenoble.
Pendant cet intervalle, l’olympisme a continué sa marche vers l’universalité,
en se déplaçant vers d’autres continents, en Amérique, en Asie et en Océanie,
marche renforcée par les bouleversements géopolitiques de la décolonisation, qui font
entrer les pays du Sud dans la compétition olympique.
Les confrontations entre les blocs politiques et sportifs suscitées par la première
participation de l’Urss à une olympiade, en 1952 à Helsinki, ont encore renforcé
la signification des compétitions internationales : les concours sportifs sont
une part importante, parce que mêlant le réel et le symbole, des affrontements
de la guerre froide.
103
Le sport a connu aussi une profonde évolution en France. Bien qu’animés d’intentions
radicalement opposées, le Front populaire (de 1936 à 1938) puis le régime
de Vichy (entre 1940 et 1944) ont mis sur pied d’ambitieuses politiques d’éducation
physique et sportive destinées à la jeunesse française. Il s’agissait pour Léo Lagrange,
sous-secrétaire d’État aux Loisirs et aux Sports du gouvernement Blum, d’ouvrir
les horizons culturels des classes populaires en permettant aux jeunes d’accéder
à l’autonomie et à l’épanouissement par la pratique du sport ou les excursions
dans les auberges de jeunesse. Le dessein de Jean Borotra, commissaire général
à l’Éducation physique et aux Sports du gouvernement de Vichy entre 1940 et 1942,
était tout autre : il voulait développer le sport pour former une jeunesse saine,
renouvelée et « moralisée », et façonner des hommes de caractère et d’action.
Quoi qu’il en soit, ces deux politiques antinomiques du point de vue idéologique
ont entraîné un développement de la pratique sportive de masse en France.
Un peu plus tard, les bons résultats des athlètes français aux Jeux olympiques
de Londres, en 1948, ainsi que les exploits du boxeur Marcel Cerdan outre-Atlantique
ont fourni l’occasion, dans les difficiles années de la reconstruction, de montrer
la vitalité, au moins sportive, de la nation après la catastrophe de 1940. Toutefois,
la iv République, ébranlée par les guerres coloniales et les multiples défis
du relèvement économique, accorde peu d’importance au sport. Cette situation
change radicalement avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, en 1958.
Une vraie politique sportive est mise en œuvre, et les Jeux olympiques de Grenoble
s’inscrivent dans ce projet gaullien.
Des Jeux olympiques « gaulliens » :
Grenoble, 1968
11
Le sport et la v République
On a souvent retenu du sport des années gaulliennes le dessin de Jacques Faizant
publié le 1 septembre 1960 dans Le Figaro et faisant dire, après la déroute des athlètes
français aux Jeux olympiques de Rome, à un de Gaulle revêtu d’un survêtement
et portant un sac de sport : « Décidément dans ce pays, il faut que je m’occupe
de tout ! » Il serait toutefois caricatural de réduire la politique sportive gaullienne
à la seule volonté de briller sur les stades. Le Général voyait également dans le sport
104
« un moyen exceptionnel d’éducation » pouvant justifier en soi une politique étatique.
L’homme de la situation s’appelle Maurice Herzog, cadre chez Kléber et vainqueur
de l’Annapurna en 1950, exploit qui avait fait la une des journaux du monde entier.
En octobre 1958, il est nommé à la tête du haut-commissariat à la Jeunesse
et aux Sports. Herzog, comme l’explique l’historien Jean-Luc Martin, veut combiner
deux impératifs, l’un éducatif et l’autre compétitif, sans en négliger aucun des deux.
En effet, l’éducation physique et sportive, c’est aussi pour lui la question de la jeunesse
pléthorique issue du baby-boom. Il s’agit de raffermir son goût pour les exercices
corporels et de rendre « l’éducation physique moderne et attrayante en l’orientant
vers une initiation aux sports et aux activités de plein air ». L’éducation physique
devient en 1959 épreuve obligatoire au baccalauréat, mais il faut aussi construire
pour rattraper le déficit en infrastructures laissé par le régime précédent : entre 1961
et 1965, 645 millions de francs sont consacrés à la construction d’équipements sportifs,
notamment de piscines.
L’initiation de la masse doit préparer l’élite de demain, combinaison que Herzog
définit de la manière suivante en 1959 : « Si la France brille à l’étranger par
ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner grâce à ses sportifs.
Un pays doit être grand avant tout par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait
concevoir une telle jeunesse sans idéal sportif. » Les Jeux de Grenoble vont fournir
l’occasion d’illustrer cette maxime.
Le réveil de Grenoble, les Jeux olympiques et l’action de l’État
Capitale de la province du Dauphiné en 1789, participante active aux premières
heures de la Révolution, la ville de Grenoble s’était un peu assoupie au xix siècle.
Elle incarnait d’ailleurs pour son enfant le plus illustre, Henri Beyle, Stendhal
en écriture, la quintessence de l’étroitesse provinciale. Mais après avoir été le pôle
d’invention de la houille blanche à partir des années 1880, Grenoble se réveille
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De 1931 à 1962, sa population double
et, au moment des Jeux, l’agglomération grenobloise atteint les trois cent mille
habitants. La croissance démographique est soutenue par un essor des secteurs
industriels de pointe qui s’implantent au bord de l’Isère, comme l’électronique ou
l’informatique, sans oublier le développement de l’université, qui accueille douze mille
étudiants en 1963, dont deux mille étrangers. C’est donc la vitrine d’une France
moderne et dynamique, conforme aux représentations gaulliennes, qui se propose
d’organiser les Jeux en 1960. Initiative locale et menée par le maire de la ville,
le Dr Michallon, cette candidature n’a pas que des buts sportifs ; il s’agit d’élargir
le rayonnement international de la cité et de combler, par les investissements publics
qui ne manqueront pas de venir aider ces Jeux français, le déficit en équipements
de transport et de télécommunications dont souffre la ville.
C’est en 1964, à Innsbruck, lors de la 61 session du Cio, que le choix a été fait.
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux d’hiver, six villes sont candidates :
105
Calgary, Lahti, Lake Placid, Oslo, Sapporo et Grenoble. Alors que Lyon a été écarté
l’année précédente au profit de Mexico pour les Jeux d’été, Grenoble parvient
au dernier tour à surpasser Calgary par 27 voix contre 24.
Le comité d’organisation peut alors faire valoir que l’olympiade de 1968 est affaire
de « prestige national » ; aussi l’État entre-t-il rapidement en jeu. Sur les 1,120 milliard
de francs d’investissements publics réalisés pour les Jeux, il prend à sa charge environ
75 %, laissant 20 % à la municipalité de Grenoble et 5 % aux autres communes
intéressées. À partir de 1966, un comité interministériel se réunit sous la direction
du Premier ministre, Georges Pompidou, tous les trimestres pour faire le point
en liaison avec le comité d’organisation. Celui-ci peut en outre bénéficier du soutien
logistique de l’armée, des administrations comme celle de l’Éducation nationale,
ou d’entreprises publiques telles que la Sncf, qui s’engage dans la rénovation
de la gare. Ainsi se combinent, au-delà des considérations évidentes de rayonnement
international, deux axes de la politique gaullienne, expansion et développement
régionaux, ce que Georges Pompidou résume en février 1968 : « Grenoble et,
outre Grenoble, tout le Dauphiné bénéficieront pendant des générations à venir
de cette prospérité. Les profits matériels et moraux acquis vaudront de nombreuses
fois les sommes engagées. » Cette action voire cet interventionnisme de l’État
sont très représentatifs des années de planification et de volontarisme des Trente
Glorieuses françaises. Cet état d’esprit a pu étonner et même agacer les représentants
du Cio. Ainsi, en décembre 1967, alors que François Missoffe, ministre de la Jeunesse
et des Sports, donne une dernière conférence de presse sur l’avancée des préparatifs,
Johann Westerhoff, secrétaire général du Cio, écrivait au comité d’organisation pour
s’étonner qu’un ministre pût paraître comme le principal maître d’œuvre des Jeux.
Grenoble, vitrine de la modernité et… du Dauphiné
Les travaux « olympiques » achèvent le passage de Grenoble du rang de ville
de province à celui de métropole d’équilibre d’une des parties les plus dynamiques
du territoire français, la Région Rhône-Alpes. Les questions de transport sont
en partie réglées avec la modernisation des voies de chemin de fer et la transformation
de l’aérodrome militaire de Saint-Geoirs en aéroport civil. Les principaux édifices
publics sont également rénovés ou construits, en particulier les hôtels de ville,
les bâtiments postaux et de police, sans oublier le conservatoire, le Musée dauphinois
et le symbole de l’action et de la pensée d’André Malraux, la maison de la culture.
De fait, les infrastructures non directement sportives représentent 91 % du budget
des Jeux, alors que le village olympique doit être transformé, après la compétition,
en Hlm.
Situé en aval de la grande vallée glaciaire du Grésivaudan, au fond de laquelle
coule l’Isère, Grenoble n’est qu’à 200 mètres d’altitude. Par conséquent, seules
les épreuves de patinage peuvent être organisées dans la ville. À cet effet, un « stade
de glace » a été construit au sein du parc Paul-Mistral. D’une capacité de 12 000 places,
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il contient une patinoire de 60 mètres sur 30, et il est protégé des intempéries par
deux voûtes de béton, le tout ayant absorbé 20 000 mètres cubes de ciment
et 1 500 tonnes d’armatures métalliques. Les audaces de la patinoire de Chamonix
sont largement dépassées.
Les épreuves de glisse ont lieu dans les stations de l’Isère, alors moins nombreuses
et moins courues que celles de Savoie et de Haute-Savoie. Même si la nécessité
des déplacements suscite des critiques de la part des visiteurs étrangers, aucune
compétition n’est à plus d’une heure de voiture de Grenoble. C’est aussi un moyen
pour faire connaître la beauté sévère des massifs du Vercors et de Belledonne.
Les épreuves reines, désormais celles du ski alpin, sont regroupées à Chamrousse,
la station la plus proche de Grenoble. La piste de descente messieurs, en particulier,
commence à plus de 2 890 mètres pour se terminer 840 mètres plus bas,
et doit permettre aux skieurs d’atteindre une vitesse de 100 kilomètres/heure.
Les courses de fond ont lieu au cœur du Vercors, où l’aménagement des pistes
a demandé d’importants travaux pour corriger les pentes ou élargir la surface skiable.
Enfin, deux tremplins ont dû aussi être construits : l’un, de 70 mètres à Autrans
pour, notamment, l’épreuve du combiné ; l’autre, de 90 mètres, le premier de ce type
en France, à Saint-Nizier.
Les Jeux de Jean-Claude Killy et des skieuses françaises
C’est le général de Gaulle en personne qui vient inaugurer les Jeux. Le 6 février 1968,
après avoir visité les monuments modernes et fonctionnels réalisés pour l’occasion,
il se rend à l’« arène olympique » pour présider la cérémonie rituelle. Il s’agit
d’un espace « d’une superficie totale équivalente à celle de la place de la Concorde
à Paris », et dont les tribunes, pouvant accueillir 60 000 spectateurs, ont nécessité
la pose de plus de 300 kilomètres de tubes et 400 000 boulons. L’innovation apportée
par Grenoble au rite de la flamme réside dans le long parcours que la torche
a accompli sur le territoire français : 40 départements et 170 villes-étapes ont été
traversés, soit un périple de 7 300 kilomètres, avant d’être portée par le patineur
Alain Calmat, qui allume la vasque à 16 h 5 devant les caméras de l’Office de la radiodiffusion-télévision française (Ortf).
Alors que la semaine olympique de 1924 avait été dominée par les athlètes venus
du Nord, les Jeux de Grenoble voient l’émergence des descendeurs et slalomeurs
français. Certes, la délégation française n’arrive au classement général que quatrième
avec dix médailles. Mais avec quatre victoires et trois deuxièmes places, les skieurs
et skieuses français ont su confirmer les progrès accomplis depuis le début des
années 1960 et surtout les championnats du monde de Portillo, au Chili, où, deux ans
plus tôt, ils avaient remporté six titres sur huit et seize médailles sur vingt-quatre.
La vedette incontestée de l’équipe de France et des Jeux olympiques est
Jean-Claude Killy. Âgé de 24 ans, Killy a programmé son entraînement avec soin,
pour arriver au meilleur de sa forme au moment des Jeux. Il a testé aussi jusqu’au
107
dernier moment skis et chaussures avec son préparateur, Michel Arpin. Le 9 février,
dans le brouillard de Chamrousse, il parvient à dépasser le temps époustouflant
de son coéquipier Guy Périllat puis, trois jours plus tard, il réussit à gagner le slalom
géant après avoir remporté la première manche et assuré dans la seconde en finissant
deuxième. Enfin, l’apothéose arrive avec le slalom spécial, que Killy remporte après
le déclassement tardif de l’Autrichien Schranz, coupable d’avoir raté dans le brouillard
deux portes. Si la presse autrichienne se déchaîne contre une victoire remportée
à la suite du dépôt d’une réclamation française, le skieur français rejoint néanmoins
Toni Sailer, qui avait remporté aux Jeux de 1956 trois médailles d’or pour l’équipe
d’Autriche. Les performances de Killy éclipsent en partie celles des filles, certes
moins brillantes qu’à Portillo, mais qui n’en gagnent pas moins une médaille d’or
avec Marielle Goitschel en slalom spécial, et deux d’argent avec Isabelle Mir
en descente et Annie Famose en slalom géant, cette dernière obtenant également
une médaille de bronze au slalom spécial.
Ces succès doivent beaucoup à une génération exceptionnelle d’athlètes, mais
ils sont aussi le produit du travail des techniciens. Comme l’a montré la nomination
d’Herzog, les années gaulliennes sont le temps des hommes de caractère
et des entraîneurs à poigne. C’est le cas du colonel Marceau Crespin, nommé en 1961
responsable de la préparation olympique, ou encore d’Honoré Bonnet, l’entraîneur
en chef du ski français qui, depuis 1959, a modernisé la préparation physique
et technique de ses athlètes.
[Le classement des Jeux olympiques de Grenoble, 1968]
Succès cathodique et polémiques olympiques
Dans la marche des Jeux d’hiver, l’olympiade de Grenoble a constitué une nouvelle
étape. D’abord par le nombre d’athlètes participant aux compétitions : 1 293, contre
933 à Innsbruck quatre ans auparavant. Ensuite par la couverture médiatique.
Les olympiades des années 1960 sont en effet accompagnées par l’avancée triomphale
de la télévision. Grenoble n’échappe pas à la règle. Les droits télévisés ont été
vendus à l’Ortf et à la chaîne américaine Abc. L’office étatique doit assurer
les retransmissions en Eurovision, grâce à soixante-deux caméras dont vingt-cinq
en couleur. La nouveauté technique des Jeux est donc la retransmission de deux tiers
des programmes en couleur, sur la deuxième chaîne française, puisque la première
n’émet encore qu’en noir et blanc.
Même si le Comité olympique américain recevait régulièrement des lettres
l’enjoignant à boycotter les Jeux de Grenoble « en raison de la politique adoptée
par le général de Gaulle envers la nation américaine », le satellite Early Bird
permet la retransmission de vingt-sept heures de compétition sur tout le territoire
américain, grâce à une préparation de deux années et aux deux cents personnes
dépêchées sur le terrain par Abc.
[La télévision américaine et les Jeux de Grenoble selon le journal Le Monde]
108
1
2
3
4
Norvège
Urss
Autriche
France
6
5
3
4
Or
6
5
3
3
Argent
2
3
4
2
Bronze
14
13
10
9
Total
Le classement des Jeux olympiques de Grenoble, 1968
New York, 7 février. Il était 8 h 45 du matin à New York lorsque le
stade apparut sur les écrans de la télévision américaine. Cette transmission de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Grenoble a duré une
heure quarante-cinq minutes ; elle constitue une réalisation technique
remarquable et une entreprise fort coûteuse. […] En principe, l’émission était uniquement consacrée à l’événement sportif, et la politique
en était exclue. Mais l’un des reporters américains n’a pu s’empêcher
d’annoncer à ses spectateurs de l’autre rive de l’Océan : « Vous allez voir
maintenant l’homme qui en ce moment n’est pas très populaire aux ÉtatsUnis. » Et la haute silhouette apparut à de très nombreuses reprises
sur les petits écrans.
Les autres présentateurs, tout en rendant hommage aux efforts des
organisateurs, à la beauté du stade, à la qualité des installations olympiques, à la ville de Grenoble, et au parfait déroulement de la cérémonie d’ouverture n’ont pu se retenir d’évoquer le coût fantastique de la
construction du stade, qui a servi seulement pendant deux heures.
[…]
Pour une fois, les téléspectateurs américains ont entendu, et ont
vu, que tout en France n’est pas uniquement « ingratitude » et « poursuite du mirage de la grandeur », mais que les Français sont capables de
gestes touchants, comme par exemple ces roses tombant des hélicoptères sur les participants aux Jeux et sur les enfants massés sur
le stade.
Cela au moment où le sondage effectué par l’institut Gallup révèle
que la France est parmi les pays les moins populaires aux États-Unis :
seulement 49 % de réponses favorables contre 94 % pour le Canada,
85 % pour l’Angleterre et 75 % pour l’Allemagne fédérale. Seuls
l’Égypte (39 %), l’Urss (19 %), Cuba (6 %), la Chine communiste (5 %)
sont encore moins populaires que la France.
—
Le Monde, 8 février 1968.
La télévision américaine et les Jeux de Grenoble selon le journal
Le Monde
Le succès télévisuel des Jeux n’est toutefois pas innocent, il fait partie
de la commercialisation de la compétition, qui met à mal les principes de pur
amateurisme défendus par le président du Cio, l’Américain Avery Brundage. Déjà
agacé par la politisation ou du moins l’étatisation des Jeux de Grenoble, Brundage
manifeste, selon Otto Schantz, avant le début des compétitions « son aversion
pour les Jeux d’hiver dont il estimait qu’ils étaient atteints de professionnalisme
et de mercantilisme ». Il refuse également d’assister à la remise des médailles du ski
alpin, en raison de la publicité implicite faite aux fabricants de matériel – lorsque
les champions brandissent des skis sur lesquels est inscrit le nom de leur
équipementier. L’Américain n’a pas tout à fait tort : l’équipe de France est soutenue
par un « pool » de fournisseurs tels que Dynamic ou Rossignol, dont les champions
de Portillo sont les « hommes-sandwichs ». Et, pour permettre à Killy d’éviter
les accusations de professionnalisme, Marceau Crespin a dû racheter 30 000 francs
le contrat qui liait le skieur à une marque italienne de bâtons. Toutefois, Brundage
semble aller à contre-courant, car la commercialisation n’est pas le propre
des Jeux de Grenoble, mais une tendance beaucoup plus ancienne, que l’irruption
de la télévision va accélérer à partir des années 1970. En dépit de l’évolution
des mœurs sportives, Brundage fait voter un nouveau règlement stipulant avec plus
de précision les conditions de l’amateurisme, en avril 1971. Il interdit notamment
les contrats publicitaires. Son application pour les jeux de Sapporo fait une victime
exemplaire en la personne de Toni Schranz, l’adversaire malheureux de Killy,
qui « en raison de la manière dont il a accepté que son nom et sa photographie soient
utilisés comme support publicitaire […] est déclaré non admissible aux xi Jeux
olympiques d’hiver de Sapporo 1972 ». Cette crise, qui affecte pendant plus de dix ans
l’olympisme, n’est réglée qu’en 1984 avec l’accueil des professionnels aux Jeux
de Los Angeles.
L’élan d’une région : Albertville, 1992
12
Les Alpes françaises accueillent une troisième fois les Jeux en 1992, dans une ville
qui n’a ni le prestige touristique et sportif de Chamonix ni l’aura de modernité de
Grenoble. C’est que Albertville, modeste sous-préfecture de vingt mille habitants,
située à l’entrée de la vallée de la Tarentaise, est avant tout le porte-parole d’une région
devenue département français en 1860 : la Savoie.
111
Paris ou Albertville ?
L’idée d’une candidature savoyarde à l’organisation des Jeux d’hiver remonte au milieu
des années 1970, mais c’est en 1981 que Jean-Claude Killy, l’enfant de Val-d’Isère,
et Michel Barnier, futur président du conseil général de Savoie, en évoquent
la possibilité. Le projet prend forme avec un comité de candidature auquel Killy
apporte tout son savoir-faire de sportif et d’homme d’affaires. Toutefois, plus que
les mérites des sept autres villes candidates telles que Sofia, Berchtesgaden ou Falun,
les Savoyards doivent craindre une éventuelle victoire parisienne pour les Jeux d’été.
Ces derniers font l’objet d’un véritable bras de fer politique et économique :
Felipe Gonzales et Jacques Chirac, Premiers ministres d’Espagne et de France,
sont venus à Lausanne plaider la cause de Barcelone et de Paris. Le 17 octobre 1986,
les membres du Cio désignent la capitale de la Catalogne et la sous-préfecture
de la Savoie comme villes organisatrices des Jeux olympiques de 1992. Après
la désignation de Barcelone, Albertville l’a en effet emporté au sixième tour avec
51 voix contre 9 à Falun et 25 à Sofia.
La candidature d’Albertville a certes bénéficié d’un effet de compensation,
mais se voulant plus modeste, plus portée vers le sport et la jeunesse, elle a su aussi
montrer des atouts bien défendus par un avocat de choix, Jean-Claude Killy.
En tout cas, plus qu’une petite ville, c’est la Savoie tout entière qui est choisie.
Au pays du centralisme jacobin qui pleure la défaite de Paris, la région a supplanté
la capitale.
Les défis du régionalisme
Les promoteurs des Jeux veulent d’abord mettre en valeur les atouts d’une région
ou tout du moins de plusieurs vallées. Pour cela, Albertville fait davantage office
de centre de gravité d’un réseau de sites, plutôt que de pôle centralisateur comme
Grenoble. Les temps, il est vrai, ont changé depuis l’interventionnisme étatique
des années de Gaulle. En 1982 a été votée la loi Defferre sur la décentralisation,
qui accorde de nouveaux pouvoirs aux Régions et aux départements en matière
de transport, d’éducation, de protection de l’environnement et de développement
économique. L’impulsion locale donnée au projet et le soutien de l’État permettent
de faire des Jeux une sorte de test des effets de la loi de 1982. Jean-Claude Killy
et Michel Barnier (devenu président du conseil général) veulent donc que
les compétitions donnent une impulsion nouvelle au département. Les stations
les plus prestigieuses telles que Tignes ou Courchevel sont retenues, de même que
des villages moins connus du grand public comme les Saisies. Ainsi, les trois
générations de stations de ski sont représentées : les villages anciens comme Vald’Isère, qui ont formé la première ; les « stations intégrées » telles que les Ménuires,
constituées de barres et de tours, fruits de l’urbanisme agressif des Trente Glorieuses,
en représentent la deuxième ; enfin, la troisième génération, apparue à la fin
des années 1970 à des altitudes plus basses, est aussi mobilisée avec Pralognan
112
(composées de petits immeubles ou de hameaux de chalets, ces stations visent tout
autant le tourisme vert que le commerce de l’or blanc).
Quoi qu’il en soit, le pari consiste donc à combiner la construction d’équipements
spécifiquement sportifs et d’infrastructures permettant, un peu comme à Grenoble,
de moderniser la desserte d’un département de haute montagne et de valoriser
pendant et après les Jeux ses ressources. Toutefois, le choix du régionalisme
favorise aussi l’expression des susceptibilités locales, voire de l’esprit de clocher.
En janvier 1987, alors que Killy, soucieux de limiter le nombre et la dispersion
des sites olympiques, veut écarter la station des Ménuires de l’événement olympique,
on assiste à une levée de boucliers menée par le maire de la commune de SaintMartin-de-Belleville dont cette station dépend, et par Marielle Goitschel au nom
de Val-Thorens. Dépité, accusé de trahir les siens, le héros de Grenoble donne
sa démission en déclarant : « Je ne pensais pas que les clôtures de nos pâturages
pouvaient être un obstacle à un événement de portée mondiale. Je le regrette. »
Aménagement du territoire
L’affrontement de deux logiques, celle du manager soucieux de rationaliser et de viser
l’excellence et celle des habitants des alpages désireux de recevoir leur part du trésor
olympique, dure une année. Michel Barnier, après avoir assuré avec diplomatie
l’intérim, réussit à faire revenir Killy : à partir de mars 1988, ils coprésident le comité
d’organisation. Comme le rappelle Killy, dans une conférence de presse :
« Il y a tellement de choses à faire, je ne pouvais rester sur le bord du chemin. »
Le choix de la dispersion des sites permet certes de retenir les plus adaptés
selon les types de compétition, il n’en entraîne pas moins des problèmes de logistique
qu’il faut résoudre. Ainsi, pour aller de Val-d’Isère, où ont lieu une partie
des épreuves de ski alpin, aux Saisies, où doivent se dérouler celles de ski nordique,
il y a plus de 120 kilomètres de route. Il s’agit donc d’améliorer le réseau routier
et autoroutier pour éviter l’engorgement, voire le blocage des axes de communication.
Plus de 2,412 milliards de francs sont ainsi débloqués par les collectivités territoriales
et surtout par l’État pour équiper la vallée de la Tarentaise d’un réseau routier
et autoroutier moderne. L’État règle 43 % de la facture. De même, les gares et les voies
sont aménagées pour permettre au Tgv d’atteindre l’extrémité de la vallée, à BourgSaint-Maurice. Il faut aussi, comme dans les deux précédentes olympiades hivernales
françaises, construire des équipements spécifiques : notamment la piste de bobsleigh,
dont le coût dépasse rapidement les 200 millions de francs à la Plagne, ou encore
une patinoire toute neuve pour le curling, seulement épreuve de démonstration,
à Pralognan. L’ensemble a également un prix, plus de 815 millions de francs,
et pose des problèmes d’environnement. Au Praz, à Courchevel 1 300, des travaux
importants de nivellement dans un environnement instable permettent d’installer
le tremplin olympique sans trop défigurer la montagne. À la Plagne, l’ammoniaque
utilisée pour la fabrication de la glace et l’équipement de refroidissement de la piste
113
de bobsleigh paraissent un temps menacer le milieu naturel. Cependant, ces questions
d’environnement sont réglées par des aménagements coûteux, alors que les cicatrices
laissées sur la montagne par la percée de nouvelles pistes laissent espérer aux acteurs
locaux un nouvel essor du tourisme.
Une cérémonie d’ouverture pas comme les autres
C’est François Mitterrand, réélu président de la République en 1988, qui proclame
l’ouverture des Jeux d’Albertville. Jusqu’au dernier moment, le contenu
de la cérémonie d’ouverture a été gardé secret, ainsi que le nom du dernier porteur
de la flamme.
Cette première inconnue est levée quand une silhouette un peu alourdie
par l’arrêt de la compétition pénètre dans le stade en portant la torche olympique
dessinée par le créateur Philippe Starck. C’est Michel Platini, l’ancien meneur de jeu
et capitaine de la Juventus de Turin et de l’équipe de France de football, qui a été
retenu pour l’occasion. Ce choix inédit suscite chez certains la circonspection :
n’y avait-il pas un athlète plus représentatif des Jeux d’hiver ? En fait le choix
de Platini a été déterminé par sa renommée internationale (peu de sportifs français
l’égalent alors), et aussi par son expérience olympique personnelle. En 1976, il avait
atteint les quarts de finale du tournoi de football des Jeux de Montréal.
Le spectacle retransmis devant plus de 2 milliards de téléspectateurs peut alors
commencer. Il prétend refléter à la fois la tradition culturelle française et
son originalité créatrice. Le projet, confié d’abord au cinéaste Jean-Jacques Annaud,
est ensuite, pour des raisons budgétaires, mis entre les mains d’un jeune chorégraphe
de trente ans, Philippe Decouflé. Immédiatement, l’entrée des athlètes dans le stade
olympique d’Albertville dévoile une volonté de rompre avec la tradition. Deux maîtres
de cérémonie commentent l’arrivée de chaque délégation par des bouts-rimés
en français et en anglais, les délégations étant elles-mêmes précédées de jeunes filles
porte-enseigne, habillées d’un costume rappelant les boules souvenirs qui
se remplissent de neige quand on les agite. Le spectacle proprement dit mêle assez
habilement arts du cirque et théâtre classique, avec échassiers, acrobates et comédiens,
ou encore musique classique et hard rock, pour célébrer la diversité des hommes,
la beauté du geste sportif et la fête olympique. Le clou du spectacle réside
dans le ballet aérien mené par quarante acrobates attachés à un mat géant par
des cordes élastiques, ce que le journal Le Monde qualifie de « féerie en apesanteur ».
Célébré par la presse française, le travail de Decouflé laisse plus dubitatifs
les journalistes étrangers, que le mélange des genres intrigue.
Génération glisse et saut
Plus de cinquante-sept épreuves olympiques sont organisées, sans compter les huit
compétitions de démonstration. Parmi celles-ci, le ski acrobatique fait son entrée
114
aux Jeux. Rompant avec le classicisme sportif des courses de descente ou de slalom,
elles représentent un nouvel esprit de liberté et de plaisir, notamment l’épreuve
de bosses, qui sourit aux Français avec un doublé Grospiron-Allamand.
Les athlètes hexagonaux brillent également là où on ne les attend pas. Au combiné
nordique, c’est la revanche des Jeux de 1924. Deux skieurs du Jura, Fabrice Guy
et Sylvain Guillaume, enfants de Mouthe et de Foncine-le-Haut, les villages
les plus froids de France, réussissent à devancer les maîtres de la spécialité autrichiens
et norvégiens. C’est aussi le cas en biathlon femmes, où, dans la station des Saisies,
l’équipe composée de Corinne Niogret, Véronique Claudel et Anne Briand,
remporte la médaille d’or au relais 3 x 7,5 km. Les résultats français dans les disciplines
plus classiques sont seulement convenables : deux médailles d’argent pour
Franck Piccard en descente et Carole Merle en super-géant, et une de bronze
pour Florence Masnada en combiné alpin. Enfin, Isabelle et Paul Duchesnay
obtiennent, sur la musique de West Side Story, la deuxième place en danse sur glace.
Au total, neuf médailles qui placent l’équipe de France en septième position
au classement final par nations.
Au-delà de l’aspect purement compétitif, les Jeux ont été marqués par une forte
participation : 2 174 sportifs, représentant 63 nations n’ayant pas toujours une grande
tradition de sports d’hiver, sont admis à concourir. Ainsi, dans l’épreuve de slalom
géant, le Libanais Raymond Kayrouz finit par doubler le skieur marocain El Hassan
Mahta, parti une minute plus tôt ! Quant à Lamine Gueye, représentant du Sénégal,
il termine dernier de la descente, dans un style peu orthodoxe faisant appel
quasiment au chasse-neige ! Si, pour certains, ces prestations originales sont la preuve
de l’universalité des Jeux, pour d’autres elles décrédibilisent l’esprit olympique,
empreint d’élitisme sportif.
Les derniers feux des Jeux s’éteignent à Tignes, où est organisée du 25 mars
au 1 avril l’olympiade paralympique. Plus de cinq cents athlètes défilent
devant le président Mitterrand et participent aux épreuves selon leur handicap visuel
ou moteur. Les sportifs français y brillent, puisqu’ils obtiennent la troisième place
derrière les États-Unis et l’Allemagne, avec treize médailles.
Du point de vue des épreuves, les compétitions paralympiques se distinguent
peu des olympiades classiques. Elles réunissent avant tout des sportifs
de haut niveau, comme le rappelle le Français Ludovic Rey-Robert, médaillé de
bronze en descente : « Nous voulons surtout prouver que nous sommes des sportifs
à part entière, certes, mais des sportifs avant tout. » Et, à l’instar du sport
de compétition, les Jeux paralympiques ont aussi leurs vedettes, telles que Sarah
Billmaier, amputée d’une jambe, triple médaille d’or en descente, super-g et slalom
géant, mais sans les excès du vedettariat que l’on peut retrouver chez les champions
possédant toute leur intégrité physique. Par conséquent, comme les autres
Jeux paralympiques organisés depuis leur première édition, en 1976, l’olympiade
d’Albertville fut marquée par le sens de la dignité humaine et l’esprit de solidarité
entre compétiteurs.
115
Albertville, une olympiade réussie
Globalement, le bilan d’Albertville est positif : environ un million de spectateurs
s’est rendu sur les lieux des compétitions, et les difficultés techniques posées
par le relief alpin n’ont gêné ni les retransmissions télévisées ni le déplacement
des athlètes et des accompagnateurs. Certes, des concurrents regretteront l’éclatement
des sites, qui empêche la constitution d’un véritable village olympique.
Certains observateurs déplorent l’esprit mercantiliste et la sponsorisation
omniprésents, de même que la surmédiatisation de quelques épreuves de ski alpin.
Sur un plan politique, comme le remarque l’International Herald Tribune, les Jeux
d’Albertville ont été les premiers depuis la fin de l’affrontement Est-Ouest.
Les deux délégations arrivées en tête au nombre de médailles sont d’ailleurs
la Communauté des États indépendants (Cei), qui a pris le relais de l’ex-Urss,
et l’Allemagne réunifiée. Plutôt que de symboliser l’affrontement de nations,
les épreuves ont repris un caractère sportif, à savoir la lutte entre individus ou équipes
pour un seul objectif : réaliser la meilleure performance possible. C’est en ce sens,
notamment, qu’il faut prendre le commentaire hyperbolique de Juan Antonio
Samaranch, président du Cio : « L’olympisme se souviendra de ces Jeux qui feront
date dans son histoire. »
116
FUGUES
La progéniture olympique
Une réalisation aussi exemplaire que les Jeux olympiques rénovés
ne pouvait que susciter d’autres vocations. Car on a du mal à admettre
qu’un seul pays bénéficie du magnétisme, du rituel, du feu olympiques
pendant une olympiade, c’est-à-dire quatre ans. Une rareté
qui est une force, mais qui crée des besoins. Moyennant quoi,
dans le sillage quasi immédiat des premiers Jeux surgissent des Jeux
panoniens (8 édition à Smyrne en 1904) et des Jeux panhelléniques
(1 édition à Athènes en 1904) ; puis, dans les années 1910,
les Belges organisent régulièrement pendant deux jours « leurs »
Jeux olympiques… Heureusement, les épreuves d’athlétisme établies
par le Racing Club de Bruxelles ne durent qu’un week-end…
Détail important, ce rendez-vous attire tout de même des athlètes
anglais, allemands, français ou suédois… Coubertin se gendarme-t-il ?
Pas vraiment, car ces manifestations relancent le souffle olympique
à un moment où celui-ci est encore court, et où la guerre va provoquer
l’annulation des Jeux prévus à Berlin en 1916. Et ce n’est pas
la commémoration hollandaise de 1916 ou les Jeux interalliés
de Pershing en 1919 – ceux des nations victorieuses en 1918 – qui
mettront du baume au cœur d’un baron qui craignait que l’on écornât
la célébration officielle des « vrais Jeux » prévus à Anvers en 1920.
Les Jeux olympiques du baron suscitèrent bientôt des vocations,
à commencer par les Jeux mondiaux universitaires que Jacques
Petitjean lançait à Paris en 1922. Comme ce mouvement touchait
aussi l’Amérique centrale, Coubertin ne pouvait rester indifférent
et se laisser déborder de tous côtés, même si tous ces nouveaux jeux
étaient un peu les siens. Dès 1923, il rêvait donc en personne
d’embraser le continent noir avec des Jeux africains, dont la première
fut envisagée en 1925 à Alger, puis à Alexandrie pour 1929.
Mais l’on touchait alors à la sphère d’influence britannique.
Avec la Seconde Guerre mondiale, on perdit tout cela de vue, jusqu’à
ce que les Jeux méditerranéens voient le jour en 1951 à Alexandrie,
enfin. Les Jeux africains proprement dits ne se dérouleront, eux,
qu’en 1965 à Brazzaville, et cela grâce aux précieux relais des Jeux
de l’amitié, impliquant tous les pays francophones à Tananarive
134
en 1960, à Abidjan en 1961, puis à Dakar en 1963.
Mais le baron s’était éteint en 1937, non sans avoir eu la satisfaction
de voir s’épanouir à partir de 1924 des Jeux olympiques d’hiver,
auxquels il tenait viscéralement, sans parler des « Spartakiades »
populaires d’Urss à partir de 1928, des Jeux de l’Empire britannique
(futurs Jeux du Commonwealth) en 1930, des Jeux ouvriers à partir
de 1931 (Vienne en 1934, Anvers en 1937), et des Maccabiades
juives de Tel-Aviv dès 1932 (puis en 1935 et 1938, avec reprise en 1950).
Oui, ces Jeux ouvriers lui auront fait plaisir, car les pratiques
populaires étaient l’un de ses combats.
En fait, tous ces jeux étaient généralement régionaux,
avec une périodicité évitant de chevaucher les célébrations olympiques
quadriennales paires, de manière à pouvoir les préparer, sauf
exception. L’exception étant les Jeux ouvriers, ou les Jeux réservés
aux sourds et malentendants. S’agrègent aussi à cette catégorie noble
les Jeux qui ont surgi miraculeusement en pleine Seconde
Guerre mondiale, en 1944, à Woldenberg et à Gross-Born… Là,
des prisonniers, pour fuir leur terrible quotidien, ébauchèrent
des concours de saut en hauteur, des courses, émirent une poignée
de timbres commémoratifs. Des timbres d’infortune, des timbres
non officiels, mais pleins d’espoir. Les Jeux olympiques surmonteront
deux autres non-célébrations, celles de 1940 et de 1944. Mais,
en consolation, la flamme brillera encore plus vivement en 1948,
lors des Jeux d’hiver de Saint-Moritz, puis d’été à Londres.
Elle touchera aussi l’Asie, également meurtrie par le conflit, grâce
aux Jeux asiatiques nés en 1951. Une aubaine, que recouperont
bientôt les Jeux de la péninsule du Sud-Est asiatique en 1958,
ceux du Pacifique Sud à partir de 1963 (Fidji), puis de Micronésie
à compter de 1969. Car les grandes organisations quadrillant
désormais parfaitement les cinq continents (les premiers Jeux
panaméricains ont vu le jour en 1951 à Buenos Aires), on va dès lors
« affiner » : en 1985 naîtront ainsi à San Marin les Jeux des petits États
d’Europe (Monaco, Andorre, Liechtenstein, San Marin, Chypre,
Malte, Islande, Luxembourg). Cette année-là, Ted Turner, patron
135
de la plus grande chaîne câblée des États-Unis, lancera également
les Goodwill Games, ou « Jeux de la bonne volonté », entre les deux
blocs Est-Ouest, pour titiller des Jeux olympiques classiques ébranlés
par les boycotts ; d’abord organisés par Moscou en 1986, ils seront
accueillis par Seattle en 1990. On fêtera alors le premier anniversaire
des premiers Jeux de la francophonie mis sur pied au Maroc,
sous l’égide du roi Hassan ii…
L’un dans l’autre, les variantes des graines olympiques de Coubertin
fleurissent désormais partout dans le monde, à leur rythme,
et dans toutes les communautés. Qui s’en plaindra ? Et dans la mesure
où l’on a pu dire que le soleil ne se couchait jamais sur l’empire
du ballon rond, il faudrait peut-être admettre que la progéniture
olympique du bon baron réchauffe bien le monde entier.
136
Les femmes aux Jeux,
une longue marche
Comme dans l’Antiquité, où les femmes avaient leurs Jeux réservés
(les Jeux héréens, se développant à côté des Jeux olympiques),
les contemporaines de Coubertin ont dû aussi créer en 1921
leurs propres manifestations – des Jeux mondiaux féminins à Pershing
ou des Jeux athlétiques féminins à Monte-Carlo. En effet, le baron
ne trouvait pas « recommandable » que des coureuses, nageuses,
escrimeuses ou footballeuses participent à ses Jeux. En 1912,
il ne tenait même pas à ce qu’elles créent leurs propres jeux, car
« cette demi-Olympiade féminine » serait « impratique, inintéressante,
inesthétique et incorrecte ». De quoi faire sortir de leurs gonds
des femmes que les terribles nécessités de la Grande Guerre
avaient tellement impliquées dans la vie courante, dans les usines
et dans les champs. N’en déplaise au baron qui les brimait,
les femmes, avec Mme Alice Milliat et M. Payssé, vont créer
à leur tour leurs propres fédérations nationales à partir de 1917-1919,
et internationale en 1921. Soutenues par des journalistes, des écrivains
« progressistes » et des mécènes, ces joutes se développent
aussi bien à Paris (stades Pershing et Élisabeth) qu’à Monte-Carlo
(stade du Tir aux pigeons). Elles seront vite assorties de titres
et de records, et de l’athlétisme on enchaînera avec le basket
ou la natation… Italiennes, Suisses, Britanniques, Tchèques
et même Américaines viennent ainsi en découdre avec les Françaises
à Monte-Carlo en 1921 et 1922, puis les Jeux mondiaux féminins
se poseront à Göteborg en 1926, à Prague en 1930, enfin à Londres
en 1934. Il faudra cette pression pour que les femmes, absentes
des Jeux d’Athènes en 1896, présentes avec seulement dix-neuf
ambassadrices (tennis, golf ) aux Jeux de Paris en 1900, forcent
la porte des Jeux en 1924 (escrime) et en 1928 (athlétisme).
Mais à Los Angeles, en 1932, et à Berlin en 1936, grâce aux prouesses
des coureuses et des lanceuses américaines ou allemandes, la brèche
va s’élargir. La disparition du baron, la Seconde Guerre mondiale,
et surtout les Jeux de Londres en 1948, où la Hollandaise volante
Fanny Blankers-Koen (100 m, 200 m, 4 x 100 m) et la Française
Micheline Ostermeyer (poids, disque, hauteur) signent des exploits
138
n’excluant ni le charme ni la féminité, vont permettre
à la manifestation d’acquérir enfin cette dimension féminine
si essentielle. À Londres, elles sont ainsi 385 – quarante ans plus tôt,
en 1908, elles n’étaient que 36. Au fil des Jeux et des exploits
des athlètes – Dana Zatopkova, Wilma Rudolph, Ulricke Meyfarth,
Heike Dreschler, des nageuses Dawn Fraser ou Shane Gould,
des gymnastes Larissa Latynina ou Nadia Comaneci, sans parler
des patineuses ou des skieuses –, le sport féminin se crédibilise,
s’ouvrant progressivement à toutes les spécialités (marathon en 1984,
triple saut en 1996, marteau et perche en 2000) ou disciplines
(basket en 1976, cyclisme en 1984, judo en 1992, épée et football
en 1996, voire haltérophilie en 2000). Un élargissement dans lequel
pèseront des personnalités françaises aussi passionnées que
Marie-Thérèse Eyquem, Monique Berlioux, Françoise Giroud,
Edwige Avice ou Marie-George Buffet, même si, par ailleurs, il sera
toujours ponctué d’exploits moteurs, de duels sublimes et de figures
charismatiques. En 1984, à Los Angeles, la victoire de la Marocaine
Nawal El Moutawakil sur 400 m haies aura ainsi un retentissement
considérable, qui permettra les succès de l’Algérienne Hassiba
Boulmerka sur 1 500 m en 1992, ou de l’heptathlète syrienne
Ghada Shouaa en 1996. Et comment oublier, de notre côté,
la sublime Marie-José Pérec (1992-1996), l’épéiste Laura Flessel (1996),
les judokates Catherine Fleury, Cécile Nowak (1992) et
Marie-Claire Restoux (1996), ou les cyclistes Jeannie Longo
et Félicia Ballenger (1996-2000) ? Des barrières qui reculent tant
et si bien que les derniers Jeux, à Sydney, ont vu la participation
de 6 582 hommes et de 4 069 femmes.
139
Essentiel, le cérémonial
Si les Jeux sont devenus ce qu’ils sont, ils le doivent beaucoup
à leur cérémonial, à leur protocole. Un appareil auquel le baron de
Coubertin contribua fortement en créant le drapeau olympique
avec les cinq anneaux en 1914, et en organisant la première prestation
de serment par l’escrimeur Victor Boin à Anvers en 1920. Géo André
lui succéda à Paris en 1924, et, depuis, la tradition s’est perpétuée,
impliquant chaque fois une figure sportive emblématique du pays
organisateur. Petite histoire au sein de la grande : la première
femme à prêter le serment l’a seulement fait en 1956 aux Jeux d’hiver
de Cortina d’Ampezzo (c’était la skieuse Giuliana Chenal-Minuzzo) ;
pour les Jeux d’été, il a fallu attendre Munich, en 1972, pour voir
la sauteuse en longueur Heidi Schuller promettre au nom
de tous les concurrents de participer « dans un esprit chevaleresque
pour la gloire du sport et l’honneur [des] équipes ».
Avec les défilés (dès 1908 à Londres, et surtout 1912 à Stockholm)
vont apparaître les porteurs de drapeau de chaque délégation.
Depuis 1896, il y avait déjà le symbole de la personnalité ouvrant
les Jeux. Roi, chancelier, président de la République ou empereur,
c’est le régime du pays qui dicte. Du roi Georges vi de Grèce,
en 1896, à Ronald Reagan, à Los Angeles, en 1984, en passant
par l’empereur du Japon Hirohito, en 1964, ou la reine Élisabeth ii
d’Angleterre, en 1976, la galerie est impressionnante. Ces chefs d’État,
ces têtes couronnées intervenaient directement autrefois, lors
de la cérémonie de remise des médailles. C’est ainsi qu’en 1912
Gustave v de Suède était sur le podium pour passer leurs médailles
aux trois premiers. Depuis 1928, le processus a été inversé, et ce sont
les athlètes qui, dorénavant, se hissent sur le podium. C’est justement
cette année-là, à Amsterdam, qu’apparut pour la première fois
la flamme dans le stade ; mais c’est à Berlin, en 1936, dans le contexte
idéologique que l’on sait, qu’elle arriva de Grèce après un relais
pédestre réalisé par des athlètes des pays traversés. Un symbole
considérable, assorti de l’honneur suprême d’être le dernier porteur
de la flamme. En 1952, ce fut Paavo Nurmi, que son pays tenait
à réhabiliter ; en 1968, à Mexico, ce fut Enriqueta Basilio, la première
141
femme. Quatre ans auparavant, au Japon, Yoshinori Sakai,
né à Hiroshima le jour du bombardement, brandissait avec émotion
la flamme sacrée.
Les Jeux, qui épousent parfaitement la vie et le tissu du pays
organisateur, comme y tenait expressément le baron (par exemple
lors des cérémonies d’ouverture, de plus en plus spectaculaires,
ou dans le cadre des villages olympiques), offrent depuis 1956
leur message le plus fort au moment de la cérémonie de clôture.
En effet, après l’inévitable et importante cérémonie des adieux,
de la passation de relais d’une ville à l’autre, se produit le défilé bras
dessus, bras dessous, délégations mêlées, imbriquées, mélangées,
de tous les athlètes. Une internationale vivante et vécue du sport,
dans la lignée du rêve olympique de Coubertin.
142
Olympiques et célèbres
Tous les athlètes rêvent de participer aux Jeux, considérés comme
un aboutissement, une consécration, un sommet d’excellence.
Mais pour ceux qui ont peut-être le plus tutoyé ce sommet, il pourra
être un tremplin vers une carrière sportive encore plus épanouie,
voire une reconversion cinématographique réussie. Les exemples sont
légion. La tragédie y a aussi sa place, et la télévision a encore amplifié
ces possibilités de reconversion de champions qui « passent l’écran »,
comme le judoka français Thierry Rey. On croit que tout a commencé
avec le nageur américain Johnny Weissmuller, héros des Jeux de Paris
en 1924, et d’Amsterdam en 1928, qui va devenir Tarzan à l’écran.
Mais avant lui, quoique dans des registres moindres, il y avait eu
le cycliste Octave Lapize, troisième des Jeux de Londres en 1908,
et premier du Tour de France 1910, Jean Bouin, héros malheureux
du 5 000 m de Stockholm en 1912, ou Paavo Nurmi, le pedestrian
finlandais neuf fois médaillé d’or entre 1920 et 1928, disqualifié pour
professionnalisme, puis statufié, requalifié et finalement réhabilité.
Jules Ladoumègue fut aussi un héros brisé des Jeux : médaillé d’argent
sur 1 500 m en 1928, il devait obtenir la consécration en 1932,
quand on lui reprocha d’avoir touché de l’argent ; on le disqualifia
donc. À cette époque, les athlètes participant aux Jeux étaient en effet
obligatoirement amateurs. Il alla donc à Los Angeles, comme
journaliste, avant de se produire sur la piste des cirques, où sa foulée
de 2,25 mètres enchantait les spectateurs. Sa requalification mobilisa
en 1935 des milliers de spectateurs sur les Champs-Élysées… Mais
trop tard ! C’était déjà le temps où Buster Crabbe, lauréat du 400 m
nage libre des Jeux de 1932 aux dépens de notre Jean Taris national,
était en passe de succéder à Weissmuller dans le rôle de Tarzan.
À la même époque, Sonia Henie, la fée de la glace, lauréate
des Jeux d’hiver en 1928, 1932 et 1936, faisait un malheur au cinéma
et au théâtre. Le skieur Henri Oreiller, rendu célèbre par son titre
olympique de descente en 1948, taillera ensuite plus allégrement
les routes des rallyes. L’Indien américain Jim Thorpe, héros
malheureux des Jeux de 1912, Charles Rigoulot, l’homme le plus fort
du monde dans les Années folles, Emil Zatopek, le triple champion
144
olympique tchèque (1952), au destin brisé par la politique, et même
Cassius Clay, champion de boxe des Jeux de Rome, procèdent
aussi un peu, beaucoup, voire a posteriori, de cette gloire olympique
qui, grâce à l’excellent film Les Chariots de feu, réalisé cinquante ans
plus tard, éclaira les exploits des coureurs anglais Abrahams et Liddell
aux Jeux de 1924. Les champions olympiques de l’Antiquité pouvaient
être statufiés, aujourd’hui, la reconnaissance s’est adaptée au progrès.
145
Vous avez dit paralympiques ?
Oui, parfaitement, paralympiques ! Des Jeux olympiques pour
les handicapés physiques existent en effet officiellement depuis 1960.
Cette année-là, quinze nations envoyèrent à Rome trois cents athlètes
courir, sauter, et lancer comme Harmin Hary, Wilma Rudolph
ou Michel Jazy. Les Français étaient trente, et ils tirèrent déjà
leur épingle d’un jeu qui avait en fait commencé en 1952, du côté
de Stoke Mandeville, en Angleterre. Là, un neurologue, le professeur
Guttman, s’était rendu compte que, complément idéal de rééducation,
le sport pouvait aussi en être un prolongement. Les premières
compétitions naquirent ainsi, et touchèrent aussitôt la France.
Dès 1954, Philippe Berthe y créait une Amicale sportive des mutilés
de France. On était sur les rails, et l’année suivante la France
put ainsi aligner des athlètes aux Jeux des handicapés de Stoke
Mandeville. Si Rome fut le grand tournant, le premier rendez-vous
mondial, il ne fut pas sans lendemain. En 1964, toujours après
les Jeux « classiques », Tokyo accueillit la ii Olympiade des
handicapés physiques. Celle-ci attira tout de même vingt-deux nations
et quatre cents participants, dont vingt Français, tout jeunes adhérents
de la récente Fédération française de sports pour handicapés
physiques (Ffshp). Le courant ne fera que s’amplifier, et bien que
l’organisation dût prendre quelque distance avec les très
problématiques Jeux en altitude de Mexico, les iii Jeux de Tel-Aviv
furent un nouveau succès : vingt-neuf nations, huit cents participants,
dont cinquante-cinq Français. En 1972, l’hébergement sera
plus facile dans la ville universitaire d’Heidelberg qu’à Munich.
Il faut dire que ces Jeux à nouveau organisés dans une Europe
extrêmement motivée par le handisport, verront affluer pas moins
de mille athlètes représentant quarante-deux pays. Tous les records
sont donc battus, y compris par l’équipe de France, qui dépêche
soixante-dix athlètes outre-Rhin. Une belle délégation, dont le bon
comportement ne sera pas étranger à l’admission de la Ffshp
au sein du Comité olympique et sportif français. Une splendide
reconnaissance après presque vingt ans d’efforts, de sacrifices,
de combats. Un engagement qui se déploiera dès l’année suivante
147
dans une nouvelle direction audacieuse : les sports d’hiver, avec,
à la clé, les premiers championnats du monde de ski alpin et nordique
au Grand-Bornand. Une première mondiale qui ouvrira la voie
à la i Olympiade d’hiver, organisée par la Suède en 1976.
Avec vingt nations, cinq cents participants, dont vingt Français,
d’emblée, c’est un succès. Mais le grand événement cette année-là,
ce sont les Canadiens qui le créent à l’olympiade de Toronto :
soixante-quinze nations invitées y dépêchent mille sept cents
participants aveugles, amputés ou en fauteuil roulant. Parmi eux,
soixante Français, dont dix femmes, concourent dans huit sports.
La progression ne se démentira plus, et quand, cinq olympiades plus
tard, en 1996, les Paralympiques feront escale à Atlanta, les chiffres
auront proportionnellement bondi encore plus fort qu’avec les Jeux
classiques. Désormais, ce sont en effet cent dix pays et quatre mille
athlètes qui concourent dans seize disciplines (de l’athlétisme
à la voile, en passant par le basket, le cyclisme, l’haltérophilie
ou le judo). Sans oublier la natation, où la Française Béatrice Hess
se transforme en locomotive d’or des bassins, avec six médailles d’or
à la clé : un exploit retentissant et qui touchera le grand public,
au même titre que la victoire de son compatriote Claude Issorat,
dans le 1 500 m en fauteuil. Un début de reconnaissance que
Jacques Chirac, le président de la République, amplifiera de son côté,
en rassemblant à l’Élysée, dans la même promotion symbolique,
les dix-neuf champions olympiques valides d’Atlanta autour
de Béatrice Hess et de Claude Issorat. Un nouvel élan pour le monde
du handisport français, qui, malgré ses quatre-vingt-dix-huit
médailles olympiques d’Atlanta, assorties d’une fabuleuse cinquième
place mondiale, n’a pas encore tous les soutiens qu’il mérite. Le budget
des Australiens et des Britanniques reste deux fois plus important
que le nôtre. En résultat : à Sydney, la bonne volonté de nos athlètes
et dirigeants n’a été récompensée que par quatre-vingt-une
médailles, et un recul à la septième place du concert mondial.
Un léger repli, qui a valeur de signal d’alarme. L’écart se creuse,
en effet, avec l’Australie (149 médailles), la Grande-Bretagne (131)
148
et l’Espagne (107), où, comme le souligne le président André
Auberger : « Les handicapés peuvent se déplacer et faire du sport
sans avoir des montagnes à surmonter. Dans ces pays, le handisport
est un sport comme les autres, et comme le sport reste la meilleure
forme d’intégration, il nous faut mettre les bouchées doubles. »
L’exemplaire Béatrice Hess avait anticipé les souhaits
de son président, puisque, à Sydney, après avoir travaillé très dur,
elle a fait mieux qu’à Atlanta : sept médailles d’or au lieu de six.
« Pour prouver que ce n’était pas impossible », tranche-t-elle,
avant d’annoncer que maintenant, devoir accompli pour la cause,
elle va pouvoir s’occuper de sa famille, de ses deux enfants.
Également exemplaire, le néo-Calédonien Thierry Cibone
(27 ans) a réussi à décrocher trois titres à sa première participation,
ceux du poids (record du monde : 12,27 m), du javelot et du disque.
Le fait paralympique poursuit sa marche en avant, et c’est bien
ce qui importe. Il faudrait, pour conclure, retenir le fantastique
exploit de l’Américaine Marla Runyan. Cette coureuse
de 1 500 m non voyante a réussi à se qualifier pour les Jeux de Sydney,
à les disputer, et à se classer troisième de la finale. Une première
mondiale, qui va au-delà de bien des premières et qui représente
un immense espoir pour le handisport tout entier. Lumineuse
démonstration du bien-fondé de la philosophie du président
Auberger : « Le sport reste la meilleure forme d’intégration. »
149
d’Athènes à Athènes,
les 100 dates françaises des Jeux
Après cent huit ans de slalom à travers les continents, les Jeux
olympiques rénovés par le baron de Coubertin reviennent
à Athènes en 2004. Ils ont pris du poids, du souffle, et gagné, mieux
que de l’audience, une saga. Pour les survoler, voici cent dates clés
de la relation particulière existant entre la France et les Jeux.
1832
1863
1892
1894
1894
1896
1896
1896
(7 février). Grenoble. Au petit séminaire, au Rondeau,
Mathieu Frédéric de Glandage et Michel Nicolas
de Beaumont gagnent les courses des « Jeux de la première
promenade olympique ». En 1846, c’est Henri Didon,
du Touvet, le futur inventeur de la devise olympique,
qui sera couronné.
(1 janvier). Paris. Naissance de Pierre de Coubertin.
(25 novembre). Paris. Lors de la réunion du cinquième
anniversaire de l’Union des sociétés françaises
de sports athlétiques (Usfsa), le baron de Coubertin fait part
de sa décision de rétablir les Jeux dans une forme moderne.
(16 juin). Paris. Ouverture dans le grand amphithéâtre
de la Sorbonne, garni de deux mille invités, du premier congrès
olympique. Objet : le rétablissement des Jeux olympiques.
(23 juin). Paris. Clôture du congrès. Coubertin proclame
sa décision de rétablir les Jeux. Le Comité international
olympique (Cio) sera présidé par le Grec Démétrios Bikélas.
(6 avril). Athènes. Deuxième du triple saut avec 12,70 m,
Alexandre Tuffère est le premier médaillé olympique français
de l’histoire.
(7 avril). Athènes. Escrime. Eugène-Henri Gravelotte,
un étudiant de vingt ans, devient, au fleuret amateurs, le
premier champion olympique français de l’histoire.
(10 avril). Athènes. Athlétisme. L’Américain Thomas Curtis
gagne la finale du 110 m haies en 17,6 s, mais, curiosité,
Frantz Reichel, envoyé spécial du Vélo, a disputé
les éliminatoires de la spécialité.
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1896
1896
1897
1900
1900
1900
1900
1900
1908
(11 avril). Athènes. Cyclisme. Le sprinter Paul Masson décroche
sur piste trois titres le même jour.
(15 avril). Athènes. Clôture des premiers Jeux olympiques
de l’ère moderne. Le baron de Coubertin succède
à la présidence du Cio à Bikélas. Il en tiendra les leviers
jusqu’en 1925.
(23 juillet). Ouverture au Havre du congrès olympique
de la 3 session du Cio (première à Paris en 1894,
et deuxième à Athènes en 1896). Le thème : « Pédagogie,
hygiène et sport ».
(13 mars). Décès du père Didon (1840-1900),
auteur de la devise olympique « Citius, altius, fortius »,
« Plus vite, plus haut, plus fort ».
(29 mai au 2 juin). Paris. Sports équestres. Place de Breteuil
se déroulent les concours de saut en largeur, en hauteur
ou d’obstacles du Concours hippique international organisé
dans le cadre de l’Exposition universelle.
(19 juillet). Paris. Athlétisme. Sous une chaleur caniculaire,
le « marathon des fortifs » comptant pour les Jeux olympiques
phagocytés par l’Exposition universelle, voit la victoire facile
de Michel Théato, de Saint-Mandé.
(11, 12, 13, et 19 août). Paris. Natation. Sur le plan d’eau
de Courbevoie à Asnières, sur la Seine, les concours
de natation de l’Exposition universelle voient un récital
des nageurs allemands, australiens ou britanniques.
Dans le concours de plongeon « au plus long trajet sous l’eau »,
un certain Devendeville sauve l’honneur tricolore
en parcourant 60 mètres en 1 min 8,4 s.
(14 et 28 octobre). Paris. Football-rugby. Sur la pelouse
du vélodrome de Vincennes, l’équipe de France, dirigée
par J. Olivier, devient championne olympique après
avoir dominé une équipe allemande et une équipe anglaise.
(18 juillet). Londres. Cyclisme. Dans le 100 km sur piste,
Octave Lapize, futur vainqueur du Tour en 1910, termine 3.
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1908
1908
1908
1908
1912
1912
1912
1912
1912
1912
1912
(20 juillet). Décès de Démétrios Bikélas, le premier président
du Cio (1894-1896).
(21 et 23 juillet). Londres. Athlétisme. L’athlète complet
Géo André termine 2 ex aequo du saut en hauteur avec élan
en réussissant 1,88 m, puis 5 du saut en hauteur sans élan,
avec 1,47 m.
(21 octobre). Paris. Football-rugby. À l’initiative du Stade
français, et par crainte du ridicule, l’Usfsa décide de ne pas
envoyer d’équipe pour cette discipline aux Jeux de Londres.
(22 octobre). Londres. Football. L’Usfsa aurait aussi bien fait
de ne pas envoyer d’équipe de football association :
les hommes de Bayrou sont ridicules devant les Danois,
et encaissent le plus gros carton de leur histoire : 17-1.
(12 mai). Stockholm. Tennis. Sur courts couverts,
André Gobert est champion olympique.
(28 juin). Paris. Escrime. « En présence des procédés
inexplicables autant qu’irréguliers du Comité olympique
suédois », la Fédération française d’escrime préfère
renoncer aux Jeux.
(4 juillet). Stockholm. Tennis. Marguerite Broquedis devient
championne olympique en plein air.
(6 juillet). Stockholm. L’athlète Raoul Simonpaoli est
le premier porteur officiel d’un drapeau tricolore
lors d’un défilé d’ouverture.
(10 juillet). Stockholm. Athlétisme. Après un duel épique
avec le Finlandais Hannes Kolehmainen, le Marseillais
Jean Bouin est battu sur le fil du 5 000 m.
(22 juillet). Stockholm. Voile. En 6 mètres, les frères
Thubé (Amédée, Gaston et Jacques) donnent la leçon
aux Scandinaves, chez eux.
(23 août). Stockholm. Water-polo. L’équipe de France,
qui s’était préparée aux bains Deligny, se fait sortir
au premier tour. Dans ses rangs figure le futur écrivain-cinéaste
Henri Decoin.
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1914
1920
1920
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1924
1924
1924
1924
1924
1925
(5 avril). Alexandrie. À l’occasion des Jeux panégyptiens,
le drapeau olympique est hissé pour la première fois.
(14 août). Anvers. Deux innovations : l’apparition officielle
du drapeau olympique, et le premier serment, prêté par
l’escrimeur belge Victor Boin.
(17 août). Anvers. Athlétisme. Sur 5 000 m, le Limousin
Joseph Guillemot prend le meilleur sur le Finlandais Paavo
Nurmi, et venge Bouin.
(23 août). Anvers. Tennis. Suzanne Lenglen est championne
olympique en simple et en double mixte (associée à Max
Decugis).
(25 janvier). Chamonix. Ouverture de la première Semaine
internationale des sports d’hiver, qui deviendra en 1926
les premiers Jeux olympiques d’hiver.
(18 mai). Paris. Rugby. À l’issue d’un match très violent,
les joueurs américains deviennent champions olympiques
aux dépens des Français (notamment Jauréguy et Cassayet).
(5 juillet). Paris. À Colombes, devant 40 000 spectateurs,
dont le président Gaston Doumergue, Géo André,
le porte-drapeau de l’équipe de France, prête le serment
olympique (pour l’ouverture officielle, certaines épreuves
ayant déjà commencé).
(20 juillet). Paris. Natation. Dans la piscine des Tourelles
flambant neuve, l’équipe de France de water-polo, menée
par Henri Padou, ne laisse aucune chance aux Belges (3-0).
Mais les spectateurs ont été tellement enchantés
par la partie qu’ils demandent que la Brabançonne soit jouée
après la Marseillaise.
(23 juillet). Paris. Haltérophilie. Chez les mi-lourds,
Charles Rigoulot succède au palmarès à un autre Français,
Ernest Cadine. La route pour devenir l’homme le plus fort
du monde est ouverte.
(28 mai). Le comte Henri de Baillet-Latour succède
à Coubertin à la présidence du Cio. Le baron en devient
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1928
1928
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1928
1928
1932
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1932
1936
1936
1936
président d’honneur.
(28 juillet). Amsterdam. Pour protester contre le mauvais
comportement d’un officiel, l’équipe de France refuse
de participer au défilé d’ouverture. Pierre Lewden prêtera
donc, au nom de l’équipe de France, le serment en petit comité.
(28 juillet). Amsterdam. Pour la première fois, une flamme va
brûler pendant toute la durée des compétitions olympiques.
(1 et 8 août). Amsterdam. Escrime. Lucien Gaudin
réussit l’exploit de devenir champion olympique au fleuret
puis à l’épée.
(2 août). Amsterdam. Athlétisme. Sur 1 500 m, Jules
Ladoumègue se fait surprendre par le Finlandais Larva.
La médaille d’argent le consolera mal de sa déception.
(9 août). Amsterdam. Voile. À bord de son 8 m, Virginie
Hériot transcende son équipage et fait une nouvelle fois
monter au mat ses chères couleurs de France.
(3 août). Los Angeles. Lutte. Chez les légers, en lutte libre,
Charles Pacôme montre qu’il n’excelle pas seulement
au piano.
(10 août). Los Angeles. Sports équestres. En dressage,
Xavier Lesage sur Taine, Charles Marion sur Linon,
et André Jousseaume sur Sorelta triomphent individuellement
et collectivement.
(12 août). Los Angeles. Voile. En monotype, victoire
de Jacques Lebrun.
(20 juillet). Pour la première fois, la flamme est allumée
au soleil d’Olympie.
(30 juillet). Berlin. Déjà porteur du drapeau tricolore
lors des Jeux de 1932, le discobole Jules Noël a de nouveau
cet honheur.
(3 août). Berlin. Haltérophilie. Le poids mi-lourd stéphanois
Louis Hostin, déjà vice-champion olympique en 1928
et champion olympique en 1932, fait retentir la première
Marseillaise.
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1936
1936
1937
1937
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1948
1952
1952
1952
(10 août). Berlin. Cyclisme. Vainqueur de la course sur route
individuelle, Robert Charpentier enlève aussi le titre
par équipes. Comme il était déjà membre de l’équipe de France
de poursuite olympique couronnée sur piste, il réussit là
un fabuleux triplé.
(15 août). Berlin. Boxe. Jean Despeaux, chez les moyens,
et Roger Michelot, chez les mi-lourds, témoignent de la
vigueur retrouvée du pugilisme tricolore.
(22 juin). Le baron de Coubertin est proclamé bourgeois
d’honneur de la ville de Lausanne.
(2 septembre). Décès, à Genève, du baron de Coubertin,
rénovateur des Jeux olympiques.
(26 mars). L’urne contenant le cœur de Coubertin
est déposée dans la stèle érigée à Olympie.
(2 février). Saint-Moritz. Ski alpin. Henri Oreiller gagne
la descente des Jeux, et devient le premier champion
olympique français des Jeux d’hiver.
(30 juillet et 4 août). Londres. Athlétisme féminin. Micheline
Ostermeyer s’impose au disque et au poids, devenant
la première double championne olympique française.
(30 juillet-4 août). Londres. L’écrivain-dramaturge
André Obey publie dans le quotidien sportif L’Équipe,
comme 24 ans plus tôt dans L’Auto, de somptueuses
chroniques olympiques.
(31 juillet et 4 août). Londres. Escrime. L’équipe de France
de fleuret s’impose individuellement avec Jehan Buhan,
et collectivement avec le même, épaulé par Christian d’Oriola,
André Bonin, René Bougnol, Jean Lataste et Adrien Rommel.
(19 juillet). Helsinki. Le décathlonien Ignace Heinrich porte
le drapeau tricolore pour le défilé.
(23 juillet). Helsinki. Aviron. En deux barré, Salles, Mercier
et Malivoire s’imposent sans coup férir.
(27 juillet). Helsinki. Canoë. En canoë canadien biplace,
Turlier et Laudet sont champions olympiques sur 10 000 m.
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1952
1952
1952
1956
1956
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1960
1960
1960
1963
1964
(30 juillet). Helsinki. Natation. Jean Boiteux triomphe
dans le 400 m nage libre, et son papa s’associe à sa joie
en plongeant dans la piscine pour le rejoindre.
(2 août). Helsinki. Cyclisme. Associé à Alfred Tonello
et Claude Rouer, Jacques Anquetil, futur premier quintuple
vainqueur du Tour de France, termine 3 de l’épreuve sur route
par équipes.
(3 août). Helsinki. Sports équestres. Sur Ali Baba, le cavalier
d’origine catalane Pierre Jonquères d’Oriola remporte
le concours de saut d’obstacles.
(22 novembre). Melbourne. L’haltérophile Jean Debuf
a le privilège de porter le drapeau tricolore lors de la cérémonie
d’ouverture.
(1 décembre). Melbourne. Athlétisme. Alain Mimoun
s’impose dans le marathon, comme Boughera El Ouafi en 1928,
et Michel Théato en 1900… Tous les 28 ans.
(1 décembre). Inauguration à la Sorbonne de la plaque
commémorant l’annonce de la renaissance des Jeux proclamée
au même endroit en 1894.
(22 février). Squaw Valley. Ski alpin. Jean Vuarnet adopte
la position de l’œuf et rejoint Henri Oreiller sur les tablettes
de la descente olympique.
(3 septembre). Rome. Athlétisme. Sur 200 m, le sprinter
français d’origine sénégalaise Abdoulaye Seye est médaille
de bronze.
(6 septembre). Rome. Athlétisme. L’Australien Herb Elliott
est intouchable sur 1 500 m, mais Michel Jazy, médaille
d’argent, est un dauphin qui donne bien des promesses.
(11 septembre). Rome. Athlétisme. L’Éthiopien Abebe Bikila
gagne le marathon olympique. Surprise, ce soldat de la garde
du Négus court pieds nus !
(6 mai). Décès de la baronne de Coubertin, née Marie Rothan.
(24 octobre). Tokyo. Sports équestres. Comme en 1952,
Pierre Jonquères d’Oriola gagne l’épreuve de saut d’obstacles
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1966
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avec Lutteur B. Ce sera in extremis la seule médaille d’or
française.
(7 novembre). Paris. Palais de l’Élysée. C’est sous les ors
de la République que le général de Gaulle remet les insignes
de chevalier de la Légion d’honneur à MM. Anquetil, Calmat,
Crauste, Delecour, Périllat et Jazy. Par ailleurs, il distingue
avec l’ordre national du Mérite treize autres champions,
dont Killy, Bambuck et Morelon. Le sport et ses champions
sont vraiment des composantes de la nation.
(6 février). Grenoble. Le général de Gaulle, président
de la République, déclare ouverts les x Jeux olympiques
d’hiver.
(18 février). Grenoble. Ski alpin. En gagnant le slalom spécial,
après le géant et la descente, Jean-Claude Killy
réussit un triplé qui lui permet de rejoindre Toni Sailer
dans les annales.
(12 octobre). Mexico. L’honneur de porter le drapeau
tricolore pour la cérémonie d’ouverture revient à la nageuse
Christine Caron.
(16 octobre). Mexico. Athlétisme féminin. Sur 400 m,
Colette Besson crée, en 52,3 s, une sensationnelle surprise,
en s’imposant après une dernière ligne droite explosive.
(17, 18, 19, 20 octobre). Mexico. Cyclisme. En quatre jours,
les pistards Daniel Morelon (2), Daniel Rebillard (1)
et Pierre Trentin (2) raflent les médailles d’or tant en vitesse
que sur le kilomètre en tandem ou en poursuite individuelle.
(21 octobre). Mexico. Sports équestres. En concours complet,
dans des conditions infernales, l’adjudant-chef Jean-Jacques
Guyon réussit à conduire à la victoire son cheval Pitou.
(26 août). Munich. L’escrimeur Jean-Claude Magnan porte
le drapeau tricolore lors du défilé d’ouverture.
(2 septembre). Munich. Cyclisme. Sur piste, le sprinter
Daniel Morelon conserve le titre acquis à Mexico en 1968.
(17 juillet). Montréal. C’est le sprinter cycliste Daniel Morelon
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1976
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1984
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1992
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qui porte le drapeau français lors du défilé d’ouverture.
(28 juillet). Montréal. Athlétisme. Sur 110 m haies,
Guy Drut, déjà médaille d’argent à Munich en 1972, devient
champion olympique. Son temps : 13,3 s.
(26 et 27 juillet). Moscou. Escrime. Chez les dames
(Boeri-Bégard, Latrille-Gaudin, Trinquet…)
et chez les hommes (Boscherie, Flament, Pietruszka…),
les fleurettistes français sont champions olympiques,
comme les sabreurs (Boisse, Gardas, Riboud).
(8 août). Los Angeles. Athlétisme. En finale du saut à la perche,
Pierre Quinon décroche la médaille d’or en réussissant 5,75 m,
et Thierry Vigneron, celle de bronze, avec 5,60 m.
(8 août). Los Angeles. Football. En battant les Brésiliens
en finale (2-0 ; buts de Brisson et Xuereb), l’équipe
de France de football, commandée par le gardien de but
Albert Rust et entraînée par Henri Michel, devient
championne olympique devant cent mille spectateurs.
(21 février). Calgary. Ski alpin. Frank Piccard devient champion
olympique de super-géant.
(23 septembre). Séoul. Escrime. Au sabre, Jean-François
Lamour conserve le titre conquis à Los Angeles en 1984.
(2 octobre). Séoul. Sports équestres. Vingt-quatre ans
après Pierre Jonquères d’Oriola à Tokyo, Pierre Durand
devient champion olympique de saut d’obstacles
avec Jappeloup.
(8 février). Albertville. François Mitterrand, président
de la République, déclare ouverts les Jeux d’hiver.
La cérémonie d’ouverture, suivie par 2 milliards
de téléspectateurs, voit Michel Platini porter la flamme,
et les 3 000 danseurs de Philippe Decouflé donner le frisson
aux 35 000 spectateurs présents.
(3 août). Barcelone. Tir à l’arc. À vingt ans, Sébastien Flute
est champion olympique d’une discipline qui ne souriait plus
aux Français depuis la Belle Époque.
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1992
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2000
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2002
(5 août). Barcelone. Athlétisme féminin. Vingt-quatre ans
après Colette Besson, Marie-José Pérec devient championne
olympique du 400 m (48,83 s).
(19 juillet). Atlanta. Marie-José Pérec est le porte-drapeau
de l’équipe de France lors de la cérémonie d’ouverture.
(21 juillet). Atlanta. Cyclisme féminin. À 37 ans, Jeannie Longo
devient championne olympique sur route, effaçant
magistralement ses échecs de 1984, 1988 et 1992.
(22 et 24 juillet). Atlanta. Escrime. L’épée féminine fait
à peine son apparition au programme olympique
que Laura Flessel décroche les titres individuel et collectif
avec l’équipe de France. On la surnomme « la guêpe ».
(29 juillet, 1 août). Atlanta. Athlétisme féminin.
Après avoir conservé son titre olympique sur 400 m (48,25 s),
Marie-José Pérec s’impose aussi sur 200 m (22,12 s).
Du jamais vu. Huit courses en sept jours pour réussir l’exploit.
(6 septembre). Paris. Palais de l’Élysée. Le président Jacques
Chirac remet la Légion d’honneur à vingt et un champions
olympiques d’Atlanta.
(15 septembre). Sydney. Lors de la cérémonie d’ouverture,
c’est David Douillet qui est le porteur du drapeau français.
(16 et 20 septembre). Sydney. Cyclisme. La sprinteuse
vendéenne Félicia Ballanger s’impose sur 500 m, mais aussi
en vitesse.
(23 septembre). Sydney. Judo. Chez les lourds, David Douillet
conserve son titre. Il devient le plus grand judoka de tous
les temps.
(30 septembre). Sydney. Boxe. En devenant champion
olympique des moins de 48 kg, le Berjallien Brahim Asloum
renoue le fil des victoires françaises en boxe, qui s’était brisé
après les Jeux de Berlin en 1936.
(24 février). Salt Lake City. La France réussit aux États-Unis
sa meilleure moisson olympique hivernale, avec 11 médailles,
dont 4 d’or (Blanc, Montillet, Vidal et Annisina-Peizerat).
160
BIBLIOGRAPHIE
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165
Un bilan français
167
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et défilent côte à côte, comme sur un stade idéal.
sont traités également. Tous les médaillés français apparaissent enfin ensemble,
pour la première fois, les Jeux olympiques et paralympiques
des personnes handicapées avec les épreuves paralympiques. Dans ces pages,
à Sydney, en 2000. Les Jeux auront aussi permis l’épanouissement
Des treize nations du départ, à Athènes en avril 1896, on passa à deux cents
la réussite des Jeux olympiques rénovés par le baron de Coubertin.
Mais pour imparfait et limité qu’il soit aux seuls médaillés, ce parcours montre
quand ce bilan survole cent huit années et vingt-huit olympiades.
avec toutes les compressions et les déformations que cela implique – a fortiori,
Un bilan, c’est un survol, et inévitablement un raccourci
ATHÈNES
PARIS
SAINT-LOUIS
LONDRES
STOCKHOLM
ANVERS
PARIS
AMSTERDAM
LOS ANGELES
BERLIN
LONDRES
HELSINKI
MELBOURNE
ROME
TOKYO
MEXICO
MUNICH
MONTRÉAL
MOSCOU
LOS ANGELES
SÉOUL
BARCELONE
ATLANTA
SYDNEY
9
14
23
4
22
22
23
25
15
15
16
15
16
17
14
15
16
15
15
15
15
15
16
16
(5)
(4)
(6)
(2)
(4)
(2)
(2)
14
24
13
22
28
29
44
46
37
49
59
69
67
83
93
112
121
92
80
140
159
169
197
199
CNO
(NATIONS)
9
18
17
22
14
22
17
14
14
19
17
17
17
17
19
20
23
21
21
23
25
28
26
28
DISCIPLINES
43
95
91
110
102
154
126
109
117
129
136
149
145
150
163
172
195
198
203
221
237
257
271
300
ÉPREUVES
* Nombre de jours; entre parenthèses: nombre de mois.
** Nombre total de participants; entre parenthèses: nombre de femmes.
1896
1900
1904
1908
1912
1920
1924
1928
1932
1936
1948
1952
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
DURÉE
(*)
JEUX OLYMPIQUES D’ÉTÉ
241
1 225 (19)
689 (8)
2 035 (36)
2 547 (57)
2 669 (78)
3 092 (136)
3 014 (290)
1 408 (127)
4 066 (328)
4 099 (385)
4 925 (518)
3 184 (371)
5 348 (610)
5 140 (683)
5 530 (780)
7 123 (1 058)
6 028 (1 247)
5 217 (1 124)
6 797 (1 567)
8 465 (2 186)
9 367 (2 708)
1 0318 (3 512)
1 0651 (4 069)
PARTICIPANTS
(**)
CHAMONIX
SAINT-MORITZ
LAKE PLACID
GARMISCH-PARTENKIRCHEN
SAINT-MORITZ
OSLO
CORTINA D’AMPEZZO
SQUAW VALLEY
INNSBRUCK
GRENOBLE
SAPPORO
INNSBRUCK
LAKE PLACID
SARAJEVO
CALGARY
ALBERTVILLE
LILLEHAMMER
NAGANO
SALT LAKE CITY
11
8
11
10
9J
11
10
10
11
12
10
11
11
11
15
15
15
15
16
DURÉE
16
25
17
28
28
30
32
30
36
37
35
37
37
49
57
64
67
72
77
CNO
(NATIONS)
6
4
4
4
4
4
4
4
6
6
6
6
6
6
6
7
6
7
7
DISCIPLINES
16
14
14
17
22
22
24
27
34
35
35
37
38
39
46
57
61
68
78
ÉPREUVES
JEUX OLYMPIQUES D’HIVER
* Nombre total de participants; entre parenthèses: nombre de femmes.
1924
1928
1932
1936
1948
1952
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1994
1998
2002
168
258 (13)
464 (26)
252 (21)
668 (80)
669 (77)
694 (109)
820 (132)
665 (143)
1 091 (200)
1 158 (211)
1 006 (206)
1 123 (231)
1 072 (233)
1 274 (274)
1 423 (313)
1 801 (488)
1 739 (522)
2 302 (814)
2 399 (886)
PARTICIPANTS
(*)
TRIPLE SAUT (H)
10 KM PISTE (H)
FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
FLEURET (H)
100 KM PISTE (H)
TOUR DE PISTE (H)
10 KM PISTE (H)
VITESSE, CLM (H)
FLEURET (H)
ALEXANDRE TUFFÈRE
LÉON FLAMENG
JEAN PERRONNET
HENRI CALLOT
LÉON FLAMENG
PAUL MASSON
PAUL MASSON
PAUL MASSON
EUGÈNE-HENRI GRAVELOTTE
GYMNASTIQUE
NATATION
ÉQUITATION
ESCRIME
CYCLISME
CROQUET
OR (29)
ATHLÉTISME
AVIRON
25 KM PISTE (H)
VITESSE 2 000 M (H)
SAUT EN HAUTEUR (H)
FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
ÉPÉE POUR AMATEURS
ET MAÎTRES D’ARMES (H)
SABRE (H)
FLEURET (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
NAGE SOUS L’EAU (H)
SKIFF (H)
SIMPLE 1 BOULE (H)
SIMPLE 2 BOULES (H)
DOUBLE (H)
MARATHON (H)
QUATRE BARRÉ (H)
ALBERT AYAT
GEORGES DE LA FALAISE
ÉMILE COSTE
GUSTAVE SANDRAS
CHARLES DE VENDEVILLE
MICHEL THÉATO
ÉMILE DELCHAMBRE
HENRI BOUCKAERT
HENRI HAZEBROUCK
JEAN CAU
CHARLOT (BAR.)
HENRI BARRELET
AUMOITTE
WAYDELICK
AUMOITTE
JOHIN
LOUIS BASTIEN
GEORGES TAILLANDIER
D. M. GARDÈRES
LUCIEN MÉRIGNAC
ALBERT AYAT
BRONZE (2)
ATHLÉTISME
1 500 M (H)
ALBIN LERMUSIAUX
CYCLISME
VITESSE, 2 000 M (H)
LÉON FLAMENG
---------------------------------------------------------------------------------------1900 - PARIS (103 MÉDAILLES)
ARGENT (4)
ATHLÉTISME
CYCLISME
ESCRIME
ESCRIME
OR (5)
CYCLISME
---------------------------------------------------------------------------------------1896 - ATHÈNES (11 MÉDAILLES)
****************************************************************************************
JEUX OLYMPIQUES D'ÉTÉ
****************************************************************************************
169
AVIRON
ARGENT (41)
ATHLÉTISME
VOILE
TIR À L’ARC
TIR
RUGBY
SKIFF (H)
QUATRE BARRÉ (H)
MARATHON (H)
DEUX BARRÉ (H)
400 M HAIES (H)
1 500 M (H)
5 000 M PAR ÉQUIPES (H)
10-20 TONNEAUX (H)
FUSIL DE GUERRE, 300 M,
COUCHÉ (H)
CERF COURANT (H)
PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H)
PISTOLET VITESSE (H)
PISTOLET DE DUEL (H)
50 M AU CORDON DORÉ (H)
50 M AU CHAPELET (H)
TIR À LA PERCHE, PYRAMIDE (H)
TIR À LA PERCHE, HERSE (H)
0,5 TONNEAU (H)
3-10 TONNEAUX (H)
(H)
HENRI TAUZIN
HENRI DELOGE
HENRI DELOGE
GASTON RAGUENEAU
JACQUES CHASTANIE
ANDRÉ CASTANET
MICHEL CHAMPOUDRY
ÉMILE CHAMPION
LOUIS MARTINET
WALEFF
(BARREUR INCONNU)
CHARLES PERRIN
DANIEL SOUBEYRAN
ÉMILE WEGELIN
GEORGES LUMPP
(BARREUR INCONNU)
ANDRÉ GAUDIN
ACHILLE PAROCHE
LOUIS DEBRAY
ROGER DE BARBARIN
MAURICE LARROUY
LÉON MOREAUX
HENRI HÉROUIN
EUGÈNE MOUGIN
ÉMILE GRUMIAUX
EMMANUEL FOULON
M. TEXIER
F. MICHELET
E. MICHELET
ÉMILE BILLARD
P. PERQUER
ALEXANDRE PHARAMOND
FRANTZ REICHEL
JEAN COLLAS
ALBERT HENRIQUEZ DE ZUBIERA
AUGUSTE GIROUX
ANDRÉ RISCHMANN
JEAN BINOCHE
A. ALBERT
CHARLES GONDOUIN
HUBERT LEFEBVRE
ÉMILE SARRADE
VLADIMIR AITOFF
JOSEPH OLIVIER
JEAN-GUY GAUTIER
VICTOR LARCHANDAT
J. HERVÉ
ALBERT ROOSEVELT
SIMPLE 1 BOULE (H)
SIMPLE 2 BOULES (H)
25 KM PISTE (H)
VITESSE 2 000 M (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
FLEURET (H)
CROQUET
SABRE (H)
(H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
LUTTE À LA CORDE (H)
200 M PAR ÉQUIPES (H)
NAGE SOUS L’EAU (H)
SIMPLE (F)
DOUBLE (MIXTE)
FOOTBALL
GYMNASTIQUE
LUTTE
NATATION
TENNIS
ESCRIME
CYCLISME
(H)
CRICKET
J. BRAID
W. BROWNING
P. H. TOMALIN
T. H. JORDAN
R. HORNE
HENRI TERRY
F. ROQUES
D. ROBINSON
W. T. ATTRILL
W. ANDERSON
A. J. SCHNEIDAU
A. MCEVOY
JOHIN
VIGNEROT
LOUIS HILDEBRAND
FERNAND SANZ
LOUIS PERRÉE
ÉMILE BOUGNOL
HENRI MASSON
ALPHONSE KIRCHHOFFER
LÉON THIÉBAUT
HUTEAU
BACH
PIERRE ALLEMANE
GAILLARD
BLOCH
MACAIRE
FRAYSSE
CARNIER
LAMBERT
DUPARC
GRANDJEAN
FERNAND CANELLE
PELTIER
NOËL BAS
CHARLES GONDOUIN
JEAN COLLAS
R. BASSET
JOSEPH ROFFO
SARRADE
ALBERT HENRIQUEZ DE ZUBIERA
TARTARA
LOUIS MARTIN
DÉSIRÉ MERCHEZ
HOUBEN
JEAN LEUILLIEUX
ANDRÉ SIX
HÉLÈNE PRÉVOST
HÉLÈNE PRÉVOST
(HAROLD MAHONY, IRLANDE)
170
GYMNASTIQUE
NATATION
ESCRIME
CROQUET
CYCLISME
ÉQUITATION
AVIRON
BRONZE (33)
ATHLÉTISME
VOILE
TIR À L’ARC
TIR
4 000 M NAGE LIBRE (H)
SIMPLE, 2 BOULES (H)
25 KM PISTE (H)
SAUT EN LONGUEUR (H)
SAUT D’OBSTACLES
FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
ÉPÉE POUR AMATEURS ET
MAÎTRES D’ARMES (H)
ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
200 M PAR ÉQUIPES (H)
2 500 M STEEPLE (H)
SAUT EN LONGUEUR SANS ÉLAN (H)
DEUX BARRÉ (H)
1-2 TONNEAUX (H)
2-3 TONNEAUX (H)
3-10 TONNEAUX (H)
10-20 TONNEAUX (H)
TIR AUX PIGEONS VIVANTS (H)
PISTOLET VITESSE (H)
PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H)
PISTOLET 50 M (H)
33 M AU CORDON DORÉ (H)
50 M AU CHAPELET (H)
TIR À LA PERCHE, HERSE (H)
33 M AU CHAPELET (H)
0,5 TONNEAU (H)
0,5-1 TONNEAU (H)
CERF COURANT (H)
REVOLVER MILITAIRE, 50 M,
PAR ÉQUIPES (H)
DOUBLE (H)
LÉON SÉE
HENRI LAURENT
LÉON SÉE
MARCEL JACQUES BOULENGER
LUCIEN DÉMANET
MAURICE HOCHEPIED
VICTOR HOCHEPIED
VERBECKE
M. CADET
BERTRAND
LOUIS MARTIN
JACQUES CHASTANIÉ
ÉMILE TORCHEBOEUF
CARLOS DELTOUR
ANTOINE VÉDRENNE
RAOUL PAOLI (BAR.)
SAUTEREAU
DAUMAIN
R. DE BELLEGARDE
LOUIS DE CHAMPSAVIN
JEAN-BAPTISTE MIMIAGUE
ACHILLE PAROCHE
LOUIS DUFFOY
LÉON MOREAUX
TRINITE
MAURICE LECOQ
MAURICE FAURE
LÉON MOREAUX
RENÉ GUYOT
ACHILLE PAROCHE
VICTOR THIBAUD
HENRI HELLE
AUGUSTE SERRURIER
VICTOR THIBAUD
PIERRE GERVAIS
JULES VALTON
JACQUES BAUDRIER
JEAN LEBRET MARCOTTE
WILLIAM MARTIN
F. VILAMITJANA
SUSSE
MAURICE GUFFLET
JEAN DECAZES
MAX DECUGIS
(BASIL DE GARMENDIA, USA)
PIERRE NIVET
DOUBLE (H)
CERF COURANT (H)
PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H)
PISTOLET VITESSE (H)
PISTOLET DE DUEL (H)
PISTOLET LIBRE, COUCHÉ, 300 M,
PAR ÉQUIPES (H)
TENNIS
TIR
LOUIS DE BISACCIA
JEAN BOUSSOD
A. FAUQUET LEMAITRE
MAURICE RAOUL DUVAL
FRÉDÉRIC AGNEW GILL
ROBERT FOURNIER-SARLOVEZE
É. A. DE ROTHSCHILD
ANDRÉ PREVOST
GEORGES DE LA CHAPELLE
GEORGES DE LAMBERT
JUSTINIEN DE CLARY
EUGÈNE BALME
MAURICE LECOQ
ESCRIME
OR (6)
CYCLISME
ÉPÉE (H)
2 000 M TANDEM (H)
MAURICE SCHILLES
ANDRÉ AUFFRAY
GASTON ALIBERT
ARGENT (1)
ATHLÉTISME
MARATHON (H)
ALBERT COREY
---------------------------------------------------------------------------------------1908 - LONDRES (22 MÉDAILLES)
ACHILLE PAROCHE
LÉON MOREAUX
AUGUSTE CAVADINI
MAURICE LECOQ
RENÉ THOMAS
TIR À L’ARC
33 M AU CHAPELET (H)
CHARLES-FRÉDÉRIC PETIT
50 M AU CHAPELET (H)
ÉMILE MERCIER
33 M AU CORDON DORÉ (H)
CHARLES-FRÉDÉRIC PETIT
50 M AU CORDON DORÉ (H)
ÉMILE FISSEUX
TIR À LA PERCHE, PYRAMIDE (H)
AUGUSTE SERRURIER
VOILE
1-2 TONNEAUX (H)
JACQUES BAUDRIER
0,5 TONNEAU (H)
HENRI MONNOT
0,5-1,0 TONNEAU (H)
E. MICHELET
F. MICHELET
2-3 TONNEAUX (H)
AUGUSTE DONNY
TOUTES CATÉGORIES (H)
E. MICHELET
F. MICHELET
WATER-POLO
(H)
HENRI PESLIER
THOMAS BURGESS
DECUYPER
PESLOY
PAUL VASSEUR
DEVENOT
LOUIS LAUFRAY
---------------------------------------------------------------------------------------1904 - SAINT-LOUIS (1 MÉDAILLE)
(H)
POLO
JOSEPH DREHER
LOUIS DE FLEURAC
PAUL LIZANDIER
OCTAVE LAPIZE
ANDRÉ AUFFRAY
EUGÈNE OLIVIER
LOUIS SÉGURA
3 MILES PAR ÉQUIPES (H)
100 KM PISTE (H)
5 000 M PISTE (H)
ÉPÉE (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
CARABINE PETIT CALIBRE,
50 + 10 YARDS (H)
GÉO ANDRÉ
ÉMILE DEMANGE
MAURICE SCHILLES
ALEXANDRE LIPPMANN
LOUIS VERNET
M. CRONIER
HAUTEUR (H)
TOUR DE PISTE (H)
5 000 M PISTE (H)
ÉPÉE (H)
50 M STYLE CONTINENTAL (H)
3-10 TONNEAUX (H)
OPEN CLASS 40 MILES
50 M STYLE CONTINENTAL (H)
3-10 TONNEAUX (H)
GASTON ALIBERT
BERNARD GRAVIER
ALEXANDRE LIPPMANN
EUGÈNE OLIVIER
HENRI-GEORGES BERGER
CHARLES COLLIGNON
JEAN STERN
ÉMILE THUBRON
EUGÈNE GRISOT
PERQUET
BILLARD
171
OR (7)
ÉQUITATION
TENNIS
SAUT D’OBSTACLES (H)
SIMPLE (F)
SIMPLE (H)
JEAN CARIOU
MARGUERITE BROQUEDIS
ANDRÉ GOBERT
PAUL COLAS
ANDRÉ REGAUD
HENRI BONNEFOY
LÉON LECUYER
300 M ARME LIBRE (H)
LÉON JOHNSON
RAOUL DE BOIGNE
EUGÈNE BALME
ANDRÉ PARMENTIER
ALBERT COURQUIN
MAURICE LECOQ
TIR À L’ARC
50 M STYLE CONTINENTAL (H)
GUSTAVE CABARET
VOILE
6 MÈTRES (H)
HENRI ARTHUS
LOUIS POTHEAU
PIERRE RABOT
R. DELAGRAVE
3-10 TONNEAUX (H)
M. TEXIER
---------------------------------------------------------------------------------------1912 - STOCKHOLM (14 MÉDAILLES)
ESCRIME
GYMNASTIQUE
TIR
CYCLISME
ESCRIME
TIR À L’ARC
VOILE
BRONZE (10)
ATHLÉTISME
ARGENT (6)
ATHLÉTISME
CYCLISME
MOTONAUTISME
TIR À L’ARC
VOILE
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
PAUL COLAS
JOSEPH GUILLEMOT
PAUL FRITSCH
FERNAND CANTELOUBE
GEORGES DETREILLE
ACHILLE SOUCHARD
MARCEL GOBILLOT
ARMAND MASSARD
ERNEST CADINE
HENRI GANCE
SUZANNE LENGLEN
SUZANNE LENGLEN
MAX DECUGIS
JULIEN BRULÉ
JOSEPH GUILLEMOT
RENÉ TIRARD
RENÉ LORAIN
RENÉ MOURLON
ÉMILE ALI-KHAN
GABRIEL POIX
MAURICE BOUTON
ERNEST BARBEROLLE (BAR.)
5 000 M (H)
PLUME, 57 KG (H)
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
10 000 M (H)
4 X 100 M (H)
AVIRON
TIR À L’ARC
ARGENT (19)
ATHLÉTISME
TENNIS
ESCRIME
HALTÉROPHILIE
DEUX BARRÉ (H)
BERCEAU 50 M (H)
ÉPÉE (H)
MI-LOURDS, 82,5 KG (H)
MOYENS, 77 KG (H)
SIMPLE (F)
DOUBLE (MIXTE)
JEAN CARIOU
ALBERT CANET
MARC MENY DE MARANGUE
DOUBLE (MIXTE)
ALBERT CANET
MARGUERITE BROQUEDIS
---------------------------------------------------------------------------------------1920 - ANVERS (41 MÉDAILLES)
OR (9)
ATHLÉTISME
BOXE
CYCLISME
JEAN BOUIN
CHARLES LELONG
ROBERT SCHURRER
PIERRE FAILLIOT
CHARLES POULENARD
MICHEL D’ASTAFORT
JEAN CARIOU
BERNARD MEYER
LOUIS SÉGURA
PAUL COLAS
AMÉDÉE THUBÉ
GASTON THUBÉ
JACQUES THUBÉ
CONCOURS COMPLET (H)
DOUBLE (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H)
5 000 M (H)
4 X 400 M (H)
ARME LIBRE, 300 M,
3 POSITIONS (H)
FUSIL DE GUERRE, 600 M,
À GENOUX (H)
6 MÈTRES (H)
ANDRÉ GOBERT
MAURICE GERMOT
GYMNASTIQUE
BRONZE (3)
ÉQUITATION
TENNIS
ÉQUITATION
ARGENT (4)
ATHLÉTISME
VOILE
TIR
DOUBLE (H)
172
TIR À L’ARC
TIR
GYMNASTIQUE
RUGBY
ESCRIME
BOXE
ÉQUITATION
BERCEAU 28 M (H)
BERCEAU 33 M (H)
FUSIL DE GUERRE, 300 M,
COUCHÉ (H)
FUSIL DE GUERRE, 300 M COUCHÉ,
PAR ÉQUIPES (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
(H)
FLEURET (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
PLUME, 57 KG (H)
VOLTIGE (H)
VOLTIGE PAR ÉQUIPES (H)
LÉON JOHNSON
ACHILLE PAROCHE
ÉMILE RUMEAU
ANDRÉ PARMENTIER
GEORGES ROES
LÉONCE GASTON QUENTIN
JULIEN BRULÉ
LÉON JOHNSON
JEAN GACHET
FIEL
FIEL
SALINS
CAUCHY
GEORGES TROMBERT
J. A. MARGRAFF
MARC PERRODON
HENRI DE SAINT-GERMAIN
J. LACROIX
P. MONDIELLI
PHILIPPE CATTIAU
ALEXANDRE LIPPMANN
LIONEL BONY DE CASTELLANE
GASTON AMSON
PHILIPPE CATTIAU
ROGER DUCRET
ANDRÉ LABATUT
GEORGES TROMBERT
MARCEL PERROT
LUCIEN GAUDIN
MARCO TORRÈS
RENÉ CRABOS
CONSTANT LEMAIGNIÈRE
ANDRÉ CHILO
RAYMOND BERRURIER
MAURICE LABEYRIE
THIERCELIN
FRANÇOIS BORDES
GRENET
CURTET
JACQUES FORESTIER
ALFRED ELUÈRE
ROBERT LEVASSEUR
EUGÈNE SOULIE
ÉDOUARD BADER
ROBERT THIERRY
GUY FABRE
BRUNEVAL CASTEIX
MAURICE PETITEAU
FLEURET (H)
ÉPÉE (H)
CONCOURS GÉNÉRAL (H)
CONCOURS GÉNÉRAL PAR ÉQUIPES (H)
MI-LOURDS, 79,5 KG (H)
COURSE SUR ROUTE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
BOXE
CYCLISME
ESCRIME
GYMNASTIQUE
DEUX DE COUPLE (H)
4 X 400 M (H)
6,5 MÈTRES (H)
AVIRON
BRONZE (13)
ATHLÉTISME
VOILE
BERCEAU 50 M PAR ÉQUIPES (H)
BERCEAU 33 M PAR ÉQUIPES (H)
GÉO ANDRÉ
GASTON FERY
MAURICE DELVART
JEAN DEVAUX
ALFRED PLÉ
GASTON GIRAN
XAVIER ELUÈRE
FERNAND CANTELOUBE
ARMAND MASSARD
ALEXANDRE LIPPMANN
GUSTAVE BUCHARD
GEORGES TROMBERT
S. CASANOVA
GASTON AMSON
E. MOREAU
ROGER DUCRET
GUSTAVE BUCHARD
JEAN GOUNOT
EUGÈNE CORDONNIER
PAUL LEMAIRE
ANDRÉ HIGELIN
ARTHUR HERMANN
EUGÈNE POLLET
GEORGES THURNHERR
ÉMILE MARTEL
ÉMILE BOUCHES
PAUL J. DURIN
A. LEMAIRE
GEORGES BERGER
ALFRED BUYENNE
JULIEN BRULÉ
LÉONCE GASTON QUENTIN
EUGÈNE LEROY
PASCAL FAUVEL
EUGÈNE GRISOT
LÉON EPIN
EUGÈNE RICHEZ
ARTHUR MABELLON
JULIEN BRULÉ
LÉONCE GASTON QUENTIN
EUGÈNE LEROY
PASCAL FAUVEL
EUGÈNE GRISOT
LÉON EPIN
EUGÈNE RICHEZ
ARTHUR MABELLON
ALBERT WEIL
FÉLIX PICON
ROBERT MONIER
173
ESCRIME
OR (13)
CYCLISME
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
COURSE SUR ROUTE (H)
VITESSE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
2 000 M TANDEM (H)
LUCIEN CHOURY
JEAN CUGNOT
ARMAND BLANCHONNET
RENÉ HAMEL
GEORGES WAMBST
ARMAND BLANCHONNET
LUCIEN MICHARD
LUCIEN GAUDIN
GEORGES BUCHARD
ROGER DUCRET
ANDRÉ LABATUT
LIONEL LIOTTEL
ALEXANDRE LIPPMANN
GEORGES TAINTURIER
LUCIEN GAUDIN
PHILIPPE CATTIAU
ROGER DUCRET
JACQUES COUTROT
HENRI JOBIER
ANDRÉ LABATUT
LÉON DELSARTE
GEORGES DUVANT
LOUIS KEMPE
LUCIEN DEMANET
AUGUSTE HOEL
RENÉ BOULANGER
FERNAND FAUCONNIER
ALBERT HERSOY
GEORGES LAGOUGE
JULES PIRARD
ERNEST LESPINASSE
JULIEN WARTELLE
PAUL WARTELLE
HALTÉROPHILIE
LOURDS, 110 KG (H)
LOUIS BERNOT
TENNIS
DOUBLE (F)
SUZANNE LENGLEN
ÉLISABETH D’AYEN
DOUBLE (H)
MAX DECUGIS
PIERRE ALBARRAN
TIR À L’ARC
BERCEAU 28 M PAR ÉQUIPES (H)
JULIEN BRULÉ
LÉONCE GASTON QUENTIN
EUGÈNE LEROY
PASCAL FAUVEL
EUGÈNE GRISOT
LÉON EPIN
EUGÈNE RICHEZ
ARTHUR MABELLON
---------------------------------------------------------------------------------------1924 - PARIS (38 MÉDAILLES)
RUGBY
GYMNASTIQUE
ESCRIME
ARGENT (15)
AVIRON
GRIMPER À LA CORDE (H)
(H)
SAUT DE CHEVAL, LARGEUR (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
SABRE (H)
CONCOURS GÉNÉRAL PAR ÉQUIPES (H)
QUATRE BARRÉ (H)
DEUX DE COUPLE (H)
DEUX SANS BARREUR (H)
FLEURET (H)
GYMNASTIQUE
SAUT DE CHEVAL, LARGEUR (H)
HALTÉROPHILIE
MI-LOURDS, 82,5 KG (H)
LÉGERS, 67,5 KG (H)
LUTTE GRÉCO-ROMAINE LOURDS, 100 KG (H)
TIR
CARABINE POSITION COUCHÉE (H)
WATER-POLO
(H)
MAURICE BOUTON
GEORGES PIOT
MARC DETTON
JEAN-PIERRE STOCK
EUGÈNE CONSTANT
LOUIS GRESSIER
GEORGES LECOINTE
RAYMOND TALLEUX
MARCEL LEPAN (BAR.)
ROGER DUCRET
PHILIPPE CATTIAU
ROGER DUCRET
EUGÈNE CORDONNIER
ANDRÉ HIGELIN
JEAN GOUNOT
LÉON DELSARTE
ALBERT SEGUIN
JOSEPH HUBER
FRANÇOIS GANGLOFF
ARTHUR HERMANN
JEAN GOUNOT
FRANÇOIS GANGLOFF
ALBERT SEGUIN
ADOLPHE JAURÉGUY
JEAN VAYSSE
ANDRÉ BEHOTEGUY
RENÉ ARAOU
LOUIS BEGUET
JEAN BAYARD
ADOLPHE BOUSQUET
AIMÉ CASSAYET
CLÉMENT DUPONT
ALEXANDRE BIOUSSA
ÉTIENNE BONNES
GUY DE LUGET
JOSEPH PÉROTEAUX
ROGER DUCRET
ALBERT SEGUIN
CHARLES RIGOULOT
EDMOND DECOTTIGNIES
HENRI DEGLANE
PIERRE COQUELIN DE L’ISLE
PAUL DUJARDIN
GEORGES RIGAL
NOËL DELBERGHE
HENRI PADOU
ROBERT DESMETTRE
ALBERT MAYAUD
ALBERT DELBORGIES
HAUTEUR (H)
3 000 M STEEPLE (H)
CROSS-COUNTRY PAR ÉQUIPES (H)
ARME LIBRE 400 + 600 + 800 M
PAR ÉQUIPES (H)
TIR
BRONZE (10)
ATHLÉTISME
SIMPLE (F)
SIMPLE (H)
DOUBLE (H)
TENNIS
ÉMILE RUMEAU
PAUL COLAS
ALBERT COURQUIN
PIERRE HARDY
GEORGES ROES
ÉTIENNE PIQUIRAL
MARCEL LUBIN-LEBRERE
RENÉ LASSERRE
ALBERT DUPOUY
JEAN ETCHEBERRY
GILBERT GERINTES
RAOUL GOT
HENRI GALLAU
JULIE VLASTO
HENRI COCHET
HENRI COCHET
JACQUES BRUGNON
HALTÉROPHILIE
VOILE
OR (6)
ATHLÉTISME
CYCLISME
ESCRIME
MARATHON (H)
VITESSE (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
MOYENS, 75 KG (H)
8 MÈTRES (H)
MOHAMED BOUGHERA EL OUAFI
ROGER BEAUFRAND
LUCIEN GAUDIN
LUCIEN GAUDIN
ROGER FRANÇOIS
DONATIEN BOUCHÉ
ANDRÉ LESAUVAGE
JEAN LESIEUR
VIRGINIE HÉRIOT
CHARLES DE LA SABLIERE
ANDRÉ DERRIEN
PIERRE LEWDEN
PAUL BONTEMPS
GASTON HEUET
JEAN-HENRI LAUVAUX
MAURICE NORLAND
BOXE
COQ (54 KG)
JEAN CES
CYCLISME
VITESSE (H)
JEAN CUGNOT
ROUTE (H)
RENÉ HAMEL
ÉQUITATION
DRESSAGE (H)
XAVIER LESAGE
GYMNASTIQUE
BARRE FIXE (H)
ANDRÉ HIGELIN
TENNIS
DOUBLE (H)
JEAN BOROTRA
RENÉ LACOSTE
VOILE
8 MÈTRES (H)
LOUIS BRÉGUET
PIERRE GANTHIER
ROBERT GIRARDET
ANDRÉ GUERRIER
GEORGES MOLLARD
---------------------------------------------------------------------------------------1928 - AMSTERDAM (21 MÉDAILLES)
174
ÉQUITATION
OR (10)
CYCLISME
DRESSAGE (H)
DRESSAGE PAR ÉQUIPES (H)
2 000 M TANDEM (H)
HAUTEUR (H)
LÉGERS, 67,5 KG (H)
MI-LOURDS, 90 KG (H)
LOURDS, 100 KG (H)
(H)
MI-LOURDS, 82,5 KG (H)
LÉGERS, 66 KG (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
MOUCHE (51 KG)
DRESSAGE (H)
SAUT D’OBSTACLES (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
1 500 M (H)
DEUX BARRÉ (H)
JULES LADOUMÈGUE
ARMAND MARCELLE
ÉDOUARD MARCELLE
HENRI PRÉAUX (BAR.)
ARMAND APELL
CHARLES MARION
PIERRE BERTRAN DE BALANDA
GEORGES BUCHARD
ARMAND MASSARD
GEORGES BUCHARD
GASTON AMSON
ÉMILE CORNIC
BERNARD SCHMETZ
RENÉ BARBIER
LUCIEN GAUDIN
PHILIPPE CATTIAU
ROGER DUCRET
ANDRÉ LABATUT
RAYMOND FLACHER
ANDRÉ GABORIAUD
LOUIS HOSTIN
CHARLES PACÔME
MAURICE PERRIN
LOUIS CHAILLOT
XAVIER LESAGE
XAVIER LESAGE
CHARLES MARION
ANDRÉ JOUSSEAUME
CLAUDE MENARD
BERNARD ARNOUT
HENRI LEFÈVRE
EDMOND DAME
WATER-POLO
PAUL DUJARDIN
JULES KEIGNAERT
HENRI PADOU
ÉMILE BULTEEL
ACHILLE TRIBOUILLET
HENRI CUVELIER
ALBERT VAN DE PLANCKE
ERNEST ROGEZ
ALBERT THEVENON
---------------------------------------------------------------------------------------1932 - LOS ANGELES (19 MÉDAILLES)
HALTÉROPHILIE
LUTTE LIBRE
BRONZE (5)
ATHLÉTISME
HALTÉROPHILIE
LUTTE LIBRE
ESCRIME
BOXE
ÉQUITATION
ARGENT (10)
ATHLÉTISME
AVIRON
175
HALTÉROPHILIE
LUTTE LIBRE
CYCLISME
OR (7)
BOXE
MI-LOURDS, 82,5 KG (H)
MOYENS, 82 KG (H)
POURSUITE PAR ÉQUIPES (H)
MOYENS (75,5 KG)
MI-LOURDS (79,5 KG)
COURSE SUR ROUTE (H)
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
DISQUE (H)
DEUX BARRÉ (H)
VITESSE (H)
DRESSAGE (H)
ÉPÉE (H)
400 M (H)
POURSUITE PAR ÉQUIPES (H)
PLUME, 60 KG (H)
LÉGERS, 67,5 KG (H)
MI-LOURDS, 82,5 KG (H)
LÉGERS, 66 KG (H)
FINN (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
AMÉDÉE FOURNIER
RENÉ LE GREVES
HENRI MOUILLEFARINE
PAUL CHOCQUE
LOUIS CHAILLOT
CHARLES MARION
GEORGES BUCHARD
JEAN TARIS
PHILIPPE CATTIAU
GEORGES BUCHARD
BERNARD SCHMETZ
JEAN PIOT
FERNAND JOURDANT
GEORGES TAINTURIER
PHILIPPE CATTIAU
ÉDOUARD GARDÈRE
RENÉ LEMOINE
RENÉ BONDOUX
JEAN PIOT
RENÉ BOUGNOL
RAYMOND SUVIGNY
RENÉ DUVERGER
LOUIS HOSTIN
CHARLES PACÔME
JACQUES LEBRUN
JEAN DESPEAUX
ROGER MICHELOT
ROBERT CHARPENTIER
ROBERT CHARPENTIER
ROBERT DORGEBRAY
GUY LAPEBIE
ROBERT CHARPENTIER
JEAN GOUJON
GUY LAPEBIE
ROGER LE NIZERHY
LOUIS HOSTIN
ÉMILE POILVE
PAUL WINTER
ANSELME BRUSA
ANDRÉ GIRIAT
PIERRE BRUNET (BAR.)
CYCLISME
KILOMÈTRE (H)
CHARLES RAMPELBERG
LUTTE GRÉCO-ROMAINE COQ, 57 KG
LOUIS FRANÇOIS
---------------------------------------------------------------------------------------1936 - BERLIN (19 MÉDAILLES)
ÉQUITATION
ESCRIME
NATATION
BRONZE (4)
ATHLÉTISME
AVIRON
LUTTE LIBRE
VOILE
ARGENT (5)
CYCLISME
HALTÉROPHILIE
ESCRIME
DEUX BARRÉ (H)
FLEURET
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
KAYAK MONOPLACE, 10 000 M
1 000 M
COURSE SUR ROUTE
DRESSAGE PAR ÉQUIPES
HENRI EBERHARDT
PIERRE GEORGET
GUY LAPEBIE
ANDRÉ JOUSSEAUME
DANIEL GILLOIS
GÉRARD DE BALLORE
ÉDOUARD GARDÈRE
ANDRÉ GARDÈRE
ÉDOUARD GARDÈRE
RENÉ LEMOINE
RENÉ BONDOUY
JACQUES COUTROT
RENÉ BOUGNOL
ÉQUITATION
CYCLISME
OR (10)
ATHLÉTISME
ROUTE (H)
CONCOURS COMPLET (H)
DRESSAGE PAR ÉQUIPES (H)
DISQUE (F)
POIDS (F)
KILOMÈTRE (H)
POURSUITE PAR ÉQUIPES (H)
MICHELINE OSTERMEYER
MICHELINE OSTERMEYER
JACQUES DUPONT
CHARLES COSTE
SERGE BLUSSON
FERNAND DECANALI
PIERRE ADAM
JOSÉ BEYAERT
BERNARD CHEVALLIER
ANDRÉ JOUSSEAUME
JEAN SAINT-FORT-PAILLARD
MAURICE BURET
GEORGES TAPIE
MARCEAU FOURCADE
NOËL VANDERNOTTE (BAR.)
QUATRE BARRÉ (H)
FERNAND VANDERNOTTE
MARCEL VANDERNOTTE
MARCEL COSMAT
MARCEL CHAUVIGNE
NOËL VANDERNOTTE (BAR.)
CYCLISME
TANDEM (H)
PIERRE GEORGET
GEORGES MATON
VITESSE (H)
LOUIS CHAILLOT
ESCRIME
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
GEORGES BUCHARD
PAUL WORMSER
MICHEL PÉCHEUX
PHILIPPE CATTIAU
HENRI DULIEUX
BERNARD SCHMETZ
TIR
PISTOLET 50 M
CHARLES DES JAMONIÈRES
---------------------------------------------------------------------------------------1948 - LONDRES (29 MÉDAILLES)
BRONZE (6)
AVIRON
ESCRIME
ÉQUITATION
ARGENT (6)
CANOË-KAYAK
CYCLISME
176
CYCLISME
CANOË-KAYAK
ÉQUITATION
ESCRIME
BRONZE (13)
ATHLÉTISME
BASKET-BALL
ARGENT (6)
ATHLÉTISME
ESCRIME
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
1 000 M KAYAK MONOPLACE (H)
2 000 M TANDEM (H)
10 000 M CANOË BIPLACE (H)
800 M (H)
DISQUE (F)
HAUTEUR (F)
1 000 M CANOË MONOPLACE (H)
1 000 M CANOË BIPLACE (H)
DRESSAGE (H)
FLEURET (H)
DÉCATHLON (H)
(H)
10 000 M (H)
4 X 400 M (H)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
MARCEL HANSENNE
JACQUELINE MAZÉAS
MICHELINE OSTERMEYER
ROBERT BOUTIGNY
GEORGES DRANSART
GEORGES GANDIL
GEORGES DRANSART
GEORGES GANDIL
HENRI EBERHARDT
RENÉ FAYE
GASTON DRON
JOSÉ BEYAERT
ALAIN MOINEAU
JACQUES DUPONT
ALAIN MIMOUN
FRANÇOIS SCHEWETTA
JACQUES LUNIS
ROBERT CHEFDHOTEL
JEAN KEREBEL
IGNACE HEINRICH
ANDRÉ BARRAIS
MICHEL BONNEVIE
ANDRÉ BUFFIÈRE
RENÉ CHOCAT
RENÉ DERENCY
PIERRE THIOLON
MAURICE DESAYMONNET
ANDRÉ EVEN
MAURICE GIRARDOT
FERNAND GUILLOU
RAYMOND OFFNER
JACQUES PERRIER
YVAN QUENIN
LUCIEN REBUFFIC
ANDRÉ JOUSSEAUME
CHRISTIAN D’ORIOLA
HENRI GUÉRIN
HENRI LEPAGE
MARCEL DESPRETS
MICHEL PÉCHEUX
ÉDOUARD ARTIGAS
MAURICE HUET
JEHAN BUHAN
ANDRÉ BONIN
RENÉ BOUGNOL
JEHAN BUHAN
JEAN LATASTE
CHRISTIAN D’ORIOLA
ADRIEN ROMMEL
DRESSAGE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
4 X 200 M (H)
NATATION
PLUME, 57 KG (H)
1 000 M KAYAK MONOPLACE (H)
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
CONCOURS COMPLET, INDIVIDUEL (H)
100 M DOS (H)
PLONGEON 3 M (F)
5 000 M (H)
10 000 M (H)
QUATRE SANS BARREUR (H)
ÉQUITATION
ESCRIME
BRONZE (6)
BOXE
CANOË-KAYAK
CYCLISME
ÉQUITATION
NATATION
AVIRON
400 M (H)
SAUT D’OBSTACLES (H)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
ÉQUITATION
ESCRIME
NATATION
ARGENT (6)
ATHLÉTISME
10 000 M CANOË BIPLACE (H)
DEUX BARRÉ (H)
CANOË-KAYAK
OR (6)
AVIRON
SAUT D’OBSTACLES (H)
COQ, 56 KG (H)
100 M DOS (H)
4 X 200 M (H)
JOSEPH VENTAJA
LOUIS GANTOIS
JACQUES ANQUETIL
ALFRED TONELLO
CLAUDE ROUER
ANDRÉ JOUSSEAUME
JACQUES LEFÈVRE
JEAN LAROYENNE
MAURICE PIOT
JEAN LEVAVASSEUR
BERNARD MOREL
JEAN-FRANÇOIS TOURNON
JOSEPH BERNARDO
ALDO EMINENTE
ALAIN MIMOUN
ALAIN MIMOUN
PIERRE BLONDIAUX
JACQUES GUISSART
MARC BOUISSOU
ROGER GAUTIER
GUY LEFRANT
GILBERT BOZON
MADY MOREAU
RAYMOND SALLES
GASTON MERCIER
BERNARD MALIVOIRE (BAR.)
GEORGES TURLIER
JEAN LAUDET
PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA
CHRISTIAN D’ORIOLA
JEHAN BUHAN
CHRISTIAN D’ORIOLA
ADRIEN ROMMEL
CLAUDE NETTER
JACQUES NOËL
JACQUES LATASTE
JEAN BOITEUX
JEAN D’ORGEIX
CHARLES KOUYOS
GEORGES VALLEREY
JOSEPH BERNARDO
HENRI PADOU
RENÉ CORNU
ALEXANDRE JANY
---------------------------------------------------------------------------------------1952 - HELSINKI (18 MÉDAILLES)
ÉQUITATION
LUTTE LIBRE
NATATION
GEORGES DRANSART
MARCEL RENAUD
MICHEL VERMEULIN
JEAN-CLAUDE LECANTE
RENÉ BIANCHI
JEAN GRACZYK
ARNAUD GEYRE
CHRISTIAN D’ORIOLA
BERNARD BAUDOUX
CLAUDE NETTER
JACQUES LATASTE
ROGER CLOSSET
RENÉ COICAUD
10 000 M CANOË BIPLACE (H)
QUATRE SANS BARREUR (H)
COURSE SUR ROUTE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
POURSUITE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
ALAIN MIMOUN
MICHEL ROUSSEAU
ARNAUD GEYRE
MAURICE MOUCHERAUD
MICHEL VERMEULIN
CHRISTIAN D’ORIOLA
MARATHON (H)
VITESSE (H)
COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H)
177
ARGENT (2)
ATHLÉTISME
AVIRON
1 500 M (H)
QUATRE BARRÉ (H)
MICHEL JAZY
ROBERT DUMONTOIS
CLAUDE MARTIN
JACQUES MOREL
GUY NOSBAUM
JEAN-CLAUDE KLEIN (BAR.)
RENÉ GUISSART
YVES DELACOUR
GASTON MERCIER
GUY GUILLABERT
BOXE
MOUCHE, 51 KG (H)
RENÉ LIBEER
MOYENS, 75 KG (H)
GILBERT CHAPRON
ESCRIME
FLEURET (F)
RENÉE CARILHE
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
ARMAND MOUYAL
CLAUDE NIGON
DANIEL DAGALLIER
YVES DREYFUS
RENÉ QUEYROUX
HALTÉROPHILIE
LOURDS-LÉGERS, 90 KG (H)
JEAN DEBUF
---------------------------------------------------------------------------------------1960 - ROME (5 MÉDAILLES)
BRONZE (6)
AVIRON
CYCLISME
ESCRIME
CYCLISME
ESCRIME
ARGENT (4)
CANOË-KAYAK
OR (4)
ATHLÉTISME
CYCLISME
ALEXANDRE JANY
JEAN BOITEUX
---------------------------------------------------------------------------------------1956 - MELBOURNE (14 MÉDAILLES)
200 M (H)
CONCOURS COMPLET PAR ÉQUIPES (H)
400 M (F)
2 000 M TANDEM (H)
OR (7)
ATHLÉTISME
CYCLISME
COLETTE BESSON
DANIEL MORELON
PIERRE TRENTIN
BERNARD LAIDEBEUR
PAUL GENEVAY
CLAUDE PIQUEMAL
JOCELYN DELECOUR
CYCLISME
KILOMÈTRE (H)
PIERRE TRENTIN
VITESSE (H)
DANIEL MORELON
ESCRIME
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
CLAUDE BRODIN
YVES DREYFUS
CLAUDE BOURQUARD
JACK GUITTET
JACQUES BRODIN
FLEURET (H)
DANIEL REVENU
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
DANIEL REVENU
JACKY COURTILLAT
PIERRE RODOCANACCHI
CHRISTIAN NOËL
JEAN-CLAUDE MAGNAN
---------------------------------------------------------------------------------------1968 - MEXICO (15 MÉDAILLES)
4 X 100 M (H)
FLEURET (H)
SABRE (H)
100 M DOS (F)
ESCRIME
NATATION
BRONZE (6)
ATHLÉTISME
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H)
ÉQUITATION
MARYVONNE DUPUREUR
JACQUES MOREL
GEORGES MOREL
JEAN-CLAUDE DAROUY (BAR.)
JOSEPH GONZALES
JEAN BOUDEHEN
MICHEL CHAPUIS
PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA
JANOU LEFÈBVRE
GUY LEFRANT
JEAN-CLAUDE MAGNAN
CLAUDE ARABO
CHRISTINE CARON
800 M (F)
DEUX BARRÉ (H)
SUPER-WELTERS, 71 KG (H)
1 000 M CANOË BIPLACE (H)
PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA
SAUT D’OBSTACLES (H)
BOXE
CANOË-KAYAK
OR (1)
ÉQUITATION
ARGENT (8)
ATHLÉTISME
AVIRON
ABDOULAYE SEYE
JACK LE GOFF
GUY LEFRANT
JEAN-RAYMOND LE ROY
LUTTE GRÉCO-ROMAINE WELTERS, 74 KG (H)
RENÉ SCHIERMEYER
---------------------------------------------------------------------------------------1964 - TOKYO (15 MÉDAILLES)
BRONZE (3)
ATHLÉTISME
ÉQUITATION
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H)
LUTTE GRÉCO-ROMAINE WELTERS, 74 KG (H)
LUTTE LIBRE
WELTERS, 74 KG (H)
BRONZE (5)
ATHLÉTISME
4 X 100 M (H)
ARGENT (3)
ÉQUITATION
ÉQUITATION
ESCRIME
KILOMÈTRE (H)
POURSUITE INDIVIDUELLE (H)
VITESSE (H)
CONCOURS COMPLET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
JANOU LEFEBVRE
MARCEL ROZIER
PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA
DANIEL ROBIN
DANIEL ROBIN
PIERRE TRENTIN
DANIEL REBILLARD
DANIEL MORELON
JEAN-JACQUES GUYON
DANIEL REVENU
GILLES BEROLATTI
CHRISTIAN NOËL
JEAN-CLAUDE MAGNAN
JACQUES DIMONT
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
GILLES BERTOULD
FRANCIS KERBIRIOU
JACQUES CARETTE
ROGER VELASQUEZ
JEAN-LOUIS OLRY
JEAN-CLAUDE OLRY
CHRISTIAN NOËL
DANIEL REVENU
BERNARD TALVARD
GILLES BEROLATTI
JEAN-CLAUDE MAGNAN
CHRISTIAN NOËL
4 X 400 M (H)
ESCRIME
GUY DRUT
JACQUES LADEGAILLERIE
MICHEL CARREGA
MARC ET YVES PAJOT
110 M HAIES (H)
ÉPÉE (H)
PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H)
FLYING DUTCHMAN (H)
CANOË BIPLACE, SLALOM (H)
DANIEL MORELON
SERGE MAURY
VITESSE (H)
FINN (H)
CANOË-KAYAK
OR (2)
CYCLISME
VOILE
ARGENT (4)
ATHLÉTISME
ESCRIME
TIR
VOILE
BRONZE (7)
ATHLÉTISME
JOCELYN DELECOUR
ROGER BAMBUCK
CLAUDE PIQUEMAL
GÉRARD FENOUIL
CYCLISME
VITESSE (H)
PIERRE TRENTIN
ESCRIME
FLEURET (H)
DANIEL REVENU
NATATION
400 M (H)
ALAIN MOSCONI
PENTATHLON MODERNE PAR ÉQUIPES (H)
RAOUL GUÉGUEN
LUCIEN GUIGUET
JEAN-PIERRE GIUDICELLI
---------------------------------------------------------------------------------------1972 - MUNICH (13 MÉDAILLES)
178
DANIEL MORELON
BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN
BRIGITTE DUMONT-GAPAIS
CHRISTINE MUZIO
VÉRONIQUE TRINQUET
CLAUDIE JOSLAND-HERBSTER
DANIEL SENET
GUY DRUT
HUBERT PAROT
MARCEL ROZIER
MARC ROGUET
MICHEL ROCHE
JUDO
OR (6)
ESCRIME
SUPER-LÉGERS, 60 KG (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
PHILIPPE RIBOUD
PATRICK PICOT
HUBERT GARDAS
MICHEL SALESSE
PHILIPPE BOISSE
PASCALE TRINQUET
BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN
PASCALE TRINQUET
CHRISTINE MUZIO
VÉRONIQUE BROUQUIER
ISABELLE BOERI-BÉGARD
DIDIER FLAMENT
PASCAL JOLYOT
FRÉDÉRIC PIETRUSZKA
PHILIPPE BONNIN
BRUNO BOSCHERIE
THIERRY REY
BERNARD TALVARD
DANIEL REVENU
CHRISTIAN NOËL
DIDIER FLAMENT
BERNARD TALVARD
FRÉDÉRIC PIETRUSZKA
GYMNASTIQUE
BARRE FIXE (H)
HENRY BOËRIO
JUDO
MI-MOYENS, 70 KG (H)
PATRICK VIAL
---------------------------------------------------------------------------------------1980 - MOSCOU (14 MÉDAILLES)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
LÉGERS, 67,5 KG (H)
VITESSE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
ARGENT (3)
CYCLISME
ESCRIME
HALTÉROPHILIE
BRONZE (4)
ESCRIME
110 M HAIES (H)
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H)
OR (2)
ATHLÉTISME
ÉQUITATION
LÉGERS, 63 KG (H)
JEAN-JACQUES MOUNIER
MOYENS, 80 KG (H)
JEAN-PAUL COCHE
TOUTES CATÉGORIES (H)
JEAN-CLAUDE BRONDANI
---------------------------------------------------------------------------------------1976 - MONTRÉAL (9 MÉDAILLES)
JUDO
179
ESCRIME
TIR
ARGENT (7)
ATHLÉTISME
CANOË-KAYAK
FOOTBALL
OR (5)
ATHLÉTISME
ESCRIME
ALAIN LEBAS
ALAIN BONDUE
YAVÉ CAHARD
PASCAL JOLYOT
ANGELO PARISI
ANGELO PARISI
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
3 000 M STEEPLE (H)
1 000 M KAYAK BIPLACE (H)
JOSEPH MAHMOUD
BERNARD BRÉGEON
PATRICK LEFOULON
PHILIPPE BOISSE
JEAN-MICHEL HENRY
OLIVIER LENGLET
PHILIPPE RIBOUD
MICHEL SALESSE
JEAN-FRANÇOIS LAMOUR
PIERRE GUICHOT
PIERRE QUINON
PHILIPPE BOISSE
JEAN-FRANÇOIS LAMOUR
ALBERT RUST
MICHEL BENSOUSSAN
WILLIAM AYACHE
MICHEL BIBARD
PHILIPPE JEANNOL
DIDIER SENAC
JEAN-CHRISTOPHE THOUVENEL
JEAN-LOUIS ZANON
GUY LACOMBE
DOMINIQUE BIJOTAT
JOSÉ TOURE
JEAN-CLAUDE LEMOULT
JEAN-PHILIPPE ROHR
DANIEL XUEREB
FRANÇOIS BRISSON
PATRICK CUBAYNES
PATRICE GARANDE
CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H) PHILIPPE HÉBERLÉ
PERCHE (H)
ÉPÉE (H)
SABRE (H)
(H)
4 X 100 M (H)
1 000 M KAYAK MONOPLACE (H)
POURSUITE (H)
VITESSE (H)
FLEURET (H)
TOUTES CATÉGORIES (H)
LOURDS, + 95 KG (H)
PASCAL BARRE
PATRICK BARRE
HERMANN PANZO
ANTOINE RICHARD
ESCRIME
ÉPÉE (H)
PHILIPPE RIBOUD
JUDO
MI-MOYENS, 78 KG (H)
BERNARD TCHOULOUYAN
---------------------------------------------------------------------------------------1984 - LOS ANGELES (28 MÉDAILLES)
ESCRIME
JUDO
BRONZE (3)
ATHLÉTISME
ARGENT (5)
CANOË-KAYAK
CYCLISME
PERCHE (H)
100 M HAIES (F)
SUPER-WELTERS (71 KG)
1 000 M CANOË BIPLACE (H)
LOURDS, + 95 KG (H)
200 M DOS (H)
CARABINE PETIT CALIBRE,
POSITION COUCHÉE (H)
MICHEL BURY
OR (6)
ÉQUITATION
ESCRIME
BOXE
CANOË-KAYAK
SABRE (H)
SAUT D’OBSTACLES (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
PIERRE DURAND
FRÉDÉRIC DELPLA
JEAN-MICHEL HENRY
OLIVIER LENGLET
PHILIPPE RIBOUD
ÉRIC SRECKI
JEAN-FRANÇOIS LAMOUR
THIERRY VIGNERON
MICHÈLE CHARDONNET
CHRISTOPHE TIOZZO
DIDIER HOYER
ÉRIC RENAUD
500 M KAYAK MONOPLACE (H)
BERNARD BRÉGEON
1 000 M KAYAK QUATRE PLACES (H)
FRANÇOIS BAROUH
PHILIPPE BOCCARA
PASCAL BOUCHERIT
DIDIER VAVASSEUR
CYCLISME
KILOMÈTRE (H)
FABRICE COLAS
ESCRIME
ÉPÉE (H)
PHILIPPE RIBOUD
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
LAURENCE MODAINE
PASCALE TRINQUET-HACHIN
BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN
VÉRONIQUE BROUQUIER
ANNE MEYGRET
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
PHILIPPE OMNÈS
PATRICK GROC
FRÉDÉRIC PIETRUSZKA
PASCAL JOLYOT
MARC CERBONI
GYMNASTIQUE
EXERCICE AU SOL (H)
PHILIPPE VATUONE
JUDO
MI-LÉGERS, 65 KG (H)
MARC ALEXANDRE
MI-MOYENS, 78 KG (H)
MICHEL NOWAK
NATATION
100 M BRASSE (F)
CATHERINE POIROT
PENTATHLON MODERNE PAR ÉQUIPES (H)
PAUL FOUR
DIDIER BOUBE
JOËL BOUZOU
VOILE
470 (H)
THIERRY PEPONNET
LUC PILLOT
---------------------------------------------------------------------------------------1988 - SÉOUL (16 MÉDAILLES)
BRONZE (16)
ATHLÉTISME
JUDO
NATATION
TIR
HERVÉ GRANGER-VEYRON
PHILIPPE DELRIEU
FRANCK DUCHEIX
ANGELO PARISI
FRÉDÉRIC DELCOURT
ARGENT (4)
BOXE
ÉQUITATION
ESCRIME
TIR
BRONZE (6)
ATHLÉTISME
JUDO
VOILE
ARGENT (5)
CANOË-KAYAK
CYCLISME
JUDO
TENNIS DE TABLE
TIR
BRONZE (16)
CANOË-KAYAK
TIR À L’ARC
VOILE
JUDO
OR (8)
ATHLÉTISME
ESCRIME
CANOË BIPLACE, SLALOM (H)
CANOË MONOPLACE, SLALOM (H)
1 000 M CANOË BIPLACE (H)
KAYAK MONOPLACE, SLALOM (H)
COURSE SUR ROUTE (F)
MOYENS, 86 KG (H)
SIMPLE (H)
CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H)
PLANCHE (H)
400 M (F)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
SUPER-LÉGERS, 48 KG (F)
MI-MOYENS, 63 KG (F)
70 M (H)
TORNADO (H)
4 X 100 M (H)
WELTERS, 67 KG (H)
DRESSAGE (H)
ÉPÉE (H)
CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H)
470 (H)
LÉGERS, 71 KG (H)
TORNADO (H)
LAURENT BOUDOUANI
MARGIT OTTO-CRÉPIN
PHILIPPE RIBOUD
NICOLAS BERTHELOT
MARC ALEXANDRE
JEAN-YVES LE DÉROFF
NICOLAS HÉNARD
THIERRY PEPONNET
LUC PILLOT
JACKY AVRIL
DIDIER HOYER
OLIVIER BOIVIN
FRANK ADISSON
WILFRID FORGUES
SYLVAIN CURINIER
JEANNIE LONGO-CIPRELLI
PASCAL TAYOT
JEAN-PHILIPPE GATIEN
FRANCK BADIOU
MARIE-JOSÉ PÉREC
ÉRIC SRECKI
PHILIPPE OMNÈS
CÉCILE NOWAK
CATHERINE FLEURY
SÉBASTIEN FLUTE
YVES LODAY
NICOLAS HÉNARD
FRANCK DAVID
DANIEL SANGOUMA
GILLES QUENEHERVE
BRUNO MARIE-ROSE
MAX MORINIERE
CANOË-KAYAK
500 M CANOË BIPLACE (H)
PHILIPPE RENAUD
JOËL BETTIN
ÉQUITATION
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) PIERRE DURAND
MICHEL ROBERT
FRÉDÉRIC COTTIER
HUBERT BOURDY
JUDO
MI-LÉGERS, 65 KG (H)
BRUNO CARABETTA
NATATION
100 M (F)
CATHERINE PLEWINSKI
100 M (H)
STÉPHANE CARON
---------------------------------------------------------------------------------------1992 - BARCELONE (29 MÉDAILLES)
180
SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H)
ÉPÉE (H)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
(H)
MI-MOYENS, 78 KG (H)
MI-LOURDS, 72 KG (F)
LOURDS, + 72 KG (F)
LOURDS, + 95 KG (H)
100 M PAPILLON (F)
100 M (H)
200 M PAPILLON (H)
ÉQUITATION
ESCRIME
HANDBALL
JUDO
HERVÉ BOUSSARD
JEAN-LOUIS HAREL
DIDIER FAIVRE-PIERRET
PHILIPPE GAUMONT
HERVÉ GODIGNON
HUBERT BOURDY
ÉRIC NAVET
MICHEL ROBERT
JEAN-MICHEL HENRY
JEAN-FRANÇOIS LAMOUR
JEAN-FRANÇOIS LAMOUR
JEAN-PHILIPPE DAURELLE
FRANCK DUCHEIX
HERVÉ GRANGER-VEYRON
PIERRE GUICHOT
PHILIPPE DEBUREAU
PHILIPPE MEDARD
FRÉDÉRIC PEREZ
JEAN-LUC THIEBAUT
PHILIPPE GARDENT
DENIS LATHOUD
PASCAL MAHE
GAËL MONTHUREL
LAURENT MUNIER
THIERRY PERREUX
ALAIN PORTES
ÉRIC QUINTIN
JACKSON RICHARDSON
FRÉDÉRIC VOLLE
STÉPHANE STOECKLIN
DENIS TRISTANT
BERTRAND DAMAISIN
LAETITIA MEIGNAN
NATALINA LUPINO
DAVID DOUILLET
CATHERINE PLEWINSKI
STÉPHANE CARON
FRANCK ESPOSITO
200 M (F)
400 M (F)
PERCHE (H)
CANOË BIPLACE, SLALOM (H)
COURSE AUX POINTS (F)
CANOË-KAYAK
CYCLISME
OR (15)
ATHLÉTISME
MARIE-JOSÉ PÉREC
MARIE-JOSÉ PÉREC
JEAN GALFIONE
FRANK ADISSON
WILFRID FORGUES
NATHALIE EVEN-LANCIEN
---------------------------------------------------------------------------------------1996 - ATLANTA (37 MÉDAILLES)
NATATION
100 KM CONTRE-LA-MONTRE
PAR ÉQUIPES (H)
CYCLISME
181
QUATRE SANS BARREUR (H)
MI-LÉGERS, 52 KG (F)
MI-MOYENS, 78 KG (H)
LOURDS, + 95 KG
CARABINE 3 POSITIONS (H)
VITESSE (F)
ÉPÉE (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F)
TIR
VTT
JUDO
ÉQUITATION
ESCRIME
CANOË-KAYAK
SLALOM (H)
SLALOM (F)
(H)
(H)
FLEURET (H)
SABRE (H)
LÉGERS, 71 KG (H)
MI-LOURDS, 95 KG (H)
LOURDS, + 72 KG (F)
CARABINE, 10 M (H)
CROSS-COUNTRY (H)
CANOË MONOPLACE,
KAYAK MONOPLACE,
SAUT D’OBSTACLES
ÉPÉE PAR ÉQUIPES
DEUX SANS BARREUR (H)
DEUX SANS BARREUSE (F)
POURSUITE INDIVIDUELLE (F)
POURSUITE INDIVIDUELLE (H)
ROUTE, CLM (F)
ESCRIME
ÉPÉE (F)
FLEURET (H)
LUTTE GRÉCO-ROMAINE LÉGERS, 68 KG (H)
BRONZE (15)
ATHLÉTISME
100 M HAIES (F)
AVIRON
DEUX DE COUPLE (H)
CYCLISME
TIR
ARGENT (7)
AVIRON
JUDO
ESCRIME
COURSE SUR ROUTE (F)
KILOMÈTRE (H)
POURSUITE PAR ÉQUIPES (H)
PATRICIA GIRARD
FRÉDÉRIC KOWAL
SAMUEL BARATHAY
CHRISTINE GOSSE
HÉLÈNE CORTIN
MICHEL ANDRIEUX
JEAN-CHRISTOPHE ROLLAND
PATRICE ESTANGUET
MYRIAM FOX-JÉRUSALMI
ALEXANDRA LEDERMANN
ÉRIC SRECKI
ROBERT LEROUX
JEAN-MICHEL HENRY
FRANCK BOIDIN
DAMIEN TOUYA
CHRISTOPHE GAGLIANO
STÉPHANE TRAINEAU
CHRISTINE CICOT
JEAN-PIERRE AMAT
MIGUEL MARTINEZ
GILLES BOSQUET
DANIEL FAUCHÉ
OLIVIER MONCELET
BERTRAND VECTEN
MARION CLIGNET
PHILIPPE ERMENAULT
JEANNIE LONGO-CIPRELLI
VALÉRIE BARLOIS
LIONEL PLUMENAIL
GHANI YALOUZ
JEANNIE LONGO-CIPRELLI
FLORIAN ROUSSEAU
CHRISTOPHE CAPELLE
PHILIPPE ERMENAULT
JEAN-MICHEL MONIN
FRANCIS MOREAU
FÉLICIA BALLANGER
LAURA FLESSEL
LAURA FLESSEL
VALÉRIE BARLOIS
SOPHIE MORESSE-PICHOT
MARIE-CLAIRE RESTOUX
DJAMEL BOURAS
DAVID DOUILLET
JEAN-PIERRE AMAT
DEUX SANS BARREUR (H)
+100 KG (H)
63 KG (F)
PISTOLET, 10 M
CROSS-COUNTRY (H)
JUDO
ESCRIME
CANOË-KAYAK
CYCLISME
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
KAYAK MONOPLACE, SLALOM (F)
POURSUITE (F)
VITESSE (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
(H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
ESCRIME
TIR
VTT
ARGENT (14)
BASKET-BALL
MI-MOUCHE (H)
CANÖE MONOPLACE, SLALOM (H)
500 M (F)
KEIRIN (H)
VITESSE (F)
VITESSE PAR ÉQUIPES (H)
QUATRE SANS BARREUR, PL (H)
BOXE
CANOË-KAYAK
CYCLISME
OR (13)
AVIRON
JIM BILBA
YANN BONATO
MAKAM DIOUMASSI
LAURENT FOIREST
THIERRY GADOU
CYRIL JULIAN
HENRY CRAWFORD PALMER
ANTOINE RIGAUDEAU
STÉPHANE RISACHER
LAURENT SCIARRA
MUSTAPHA SONKO
FRÉDÉRIC WEIS
BRIGITTE GUIBAL
MARION CLIGNET
FLORIAN ROUSSEAU
HUGHES OBRY
HUGHES OBRY
ÉRIC SRECKI
JEAN-FRANÇOIS DI MARTINO
MATTHIEU GOURDAIN
MATTHIEU GOURDAIN
DAMIEN TOUYA
JULIEN PILLET
CÉDRIC SEGUIN
MICHEL ANDRIEUX
JEAN-CHRISTOPHE ROLLAND
LAURENT PORCHIER
JEAN-CHRISTOPHE BETTE
YVES HOCDE
XAVIER DORFMAN
BRAHIM ASLOUM
TONY ESTANGUET
FÉLICIA BALLANGER
FLORIAN ROUSSEAU
FÉLICIA BALLANGER
LAURENT GANE
FLORIAN ROUSSEAU
ARNAUD TOURNANT
JEAN-NOËL FERRARI
BRICE GUYART
PATRICE LHOTELLIER
LIONEL PLUMENAIL
DAVID DOUILLET
SÉVERINE VANDENHENDE
FRANCK DUMOULIN
MIGUEL MARTINEZ
---------------------------------------------------------------------------------------2000 - SYDNEY (38 MÉDAILLES)
182
GYMNASTIQUE
TAEKWONDO
TENNIS
TENNIS DE TABLE
NATATION
SYNCHRONISÉE
BOXE
CANOË-KAYAK
CYCLISME
ESCRIME
JUDO
NATATION
TIR
BRONZE (11)
AVIRON
JUDO
+80 KG
SIMPLE (H)
DOUBLE (H)
DUO
MOUCHE, 51 KG (H)
KAYAK MONOPLACE, SLALOM (F)
COURSE CONTRE LA MONTRE (F)
ÉPÉE (F)
90 KG (H)
100 KG (H)
DEUX DE COUPLE POIDS LÉGERS (H)
BARRE FIXE (H)
CHEVAL-D’ARÇONS (H)
66 KG (H)
78 KG (F)
200 M DOS (F)
FOSSE OLYMPIQUE (F)
VIRGINIE DEDIEU
MYRIAM LIGNOT
PASCAL GENTIL
ARNAUD DI PASQUALE
JEAN-PHILIPPE GATIEN
PATRICK CHILA
PASCAL TOURON
THIBAULT CHAPELLE
JÉRÔME THOMAS
ANNE-LISE BARDET
JEANNIE LONGO-CIPRELLI
LAURA FLESSEL
FRÉDÉRIC DEMONTFAUCON
STÉPHANE TRAINEAU
BENJAMIN VARONIAN
ÉRIC POUJADE
LARBI BENBOUDAOUD
CÉLINE LEBRUN
ROXANA MARACINEANU
DELPHINE RACINET
(1)
ALPIN
(2)
ALPIN
SLALOM (H)
COMBINÉ (H)
DESCENTE (H)
JAMES COUTTET
HENRI OREILLER
HENRI OREILLER
OR (1)
SKI ALPIN
DESCENTE (H)
JEAN VUARNET
BRONZE (1)
PATINAGE ARTISTIQUE (F)
JACQUELINE DU BIEF
---------------------------------------------------------------------------------------1956 - CORTINA D’AMPEZZO (PAS DE MÉDAILLE)
---------------------------------------------------------------------------------------1960 - SQUAW VALLEY (3 MÉDAILLES)
COMBINÉ (H)
JAMES COUTTET
SLALOM (H)
HENRI OREILLER
---------------------------------------------------------------------------------------1952 - OSLO (1 MÉDAILLE)
ARGENT
SKI
BRONZE
SKI
OR (2)
SKI ALPIN
BRONZE (1)
SKI ALPIN
COMBINÉ (H)
ÉMILE ALLAIS
---------------------------------------------------------------------------------------1948 - SAINT-MORITZ (5 MÉDAILLES)
ANDRÉE BRUNET
PIERRE BRUNET
---------------------------------------------------------------------------------------1936 - GARMISCH-PARTENKIRCHEN (1 MÉDAILLE)
OR (1)
PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE
ANDRÉE BRUNET
PIERRE BRUNET
---------------------------------------------------------------------------------------1932 - LAKE PLACID (1 MÉDAILLE)
OR (1)
PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE
ANDRÉE JOLY
PIERRE BRUNET
---------------------------------------------------------------------------------------1928 - SAINT-MORITZ (1 MÉDAILLE)
BRONZE (1)
PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE
---------------------------------------------------------------------------------------1924 - CHAMONIX, PUIS PREMIERS JEUX OLYMPIQUES D’HIVER (1 MÉDAILLE)
****************************************************************************************
JEUX OLYMPIQUES D'HIVER
****************************************************************************************
SLALOM (F)
SLALOM GÉANT (F)
SLALOM GÉANT (H)
CHRISTINE GOITSCHEL
MARIELLE GOITSCHEL
FRANÇOIS BONLIEU
DESCENTE (F)
DESCENTE (H)
SLALOM GÉANT (F)
DESCENTE (H)
GÉANT (H)
SLALOM SPÉCIAL (F)
SPÉCIAL (H)
ISABELLE MIR
GUY PÉRILLAT
ANNIE FAMOSE
JEAN-CLAUDE KILLY
JEAN-CLAUDE KILLY
MARIELLE GOITSCHEL
JEAN-CLAUDE KILLY
183
BRONZE (1)
SKI ALPIN
SLALOM GÉANT (F)
PERRINE PELEN
BRONZE (1)
SKI ALPIN
SLALOM GÉANT (F)
DANIÈLE DEBERNARD
---------------------------------------------------------------------------------------1980 - LAKE PLACID (1 MÉDAILLE)
ARGENT (1)
SKI ALPIN
SLALOM SPÉCIAL (F)
DANIÈLE DEBERNARD
BRONZE (2)
SKI ALPIN
SLALOM SPÉCIAL (F)
FLORENCE STEURER
PATINAGE ARTISTIQUE (H)
PATRICK PÉRA
---------------------------------------------------------------------------------------1976 - INNSBRUCK (1 MÉDAILLE)
BRONZE (2)
SKI ALPIN
SLALOM SPÉCIAL (F)
ANNIE FAMOSE
PATINAGE ARTISTIQUE (H)
ALAIN CALMAT
---------------------------------------------------------------------------------------1972 - SAPPORO (3 MÉDAILLES)
ARGENT (3)
SKI ALPIN
OR (4)
SKI ALPIN
SLALOM (F)
MARIELLE GOITSCHEL
DESCENTE (H)
LÉO LACROIX
GÉANT (F)
CHRISTINE GOITSCHEL
PATINAGE ARTISTIQUE (H)
ALAIN CALMAT
---------------------------------------------------------------------------------------1968 - GRENOBLE (9 MÉDAILLES)
ARGENT (4)
SKI ALPIN
OR (3)
SKI ALPIN
DESCENTE (H)
GUY PÉRILLAT
SLALOM (H)
CHARLES BOZON
---------------------------------------------------------------------------------------1964 INNSBRUCK (7 MÉDAILLES)
BRONZE (2)
SKI ALPIN
(1)
ALPIN
(2)
ALPIN
SLALOM SPÉCIAL (F)
PERRINE PELEN
3 X 7,5 KM (F)
BOSSES (H)
COMBINÉ (H)
EDGAR GROSPIRON
FABRICE GUY
BRIAND
CLAUDEL
HEYMANN-BURLET
NIOGRET
BAILLY-SALINS
DUSSERRE
FLANDIN
LAURENT
EDGAR GROSPIRON
PHILIPPE CANDELORO
4 X 7,5 KM (F)
4 X 7,5 KM (H)
ANNE BRIAND
15 KM (F)
SKI ACROBATIQUE
BOSSES (H)
PATINAGE ARTISTIQUE (H)
ARGENT (1)
BIATHLON
BRONZE (4)
BIATHLON
DESCENTE (H)
FRANK PICCARD
SUPER-G (F)
CAROLE MERLE
SKI ACROBATIQUE
BOSSES (H)
OLIVIER ALLAMAND
SKI NORDIQUE
COMBINÉ (H)
SYLVAIN GUILLAUME
PATINAGE ARTISTIQUE DANSE, COUPLE
ISABELLE ET PAUL DUCHESNAY
BRONZE (1)
COMBINÉ (F)
FLORENCE MASNADA
---------------------------------------------------------------------------------------1994 - LILLEHAMMER (5 MÉDAILLES)
OR (3)
BIATHLON
SKI ACROBATIQUE
SKI NORDIQUE
ARGENT (5)
SKI ALPIN
OR (1)
SKI ALPIN
SUPER-G (H)
FRANK PICCARD
BRONZE (1)
SKI ALPIN
DESCENTE (H)
FRANK PICCARD
---------------------------------------------------------------------------------------1992 - ALBERTVILLE (9 MÉDAILLES)
SLALOM GÉANT (F)
PERRINE PELEN
SLALOM SPÉCIAL (H)
DIDIER BOUVET
---------------------------------------------------------------------------------------1988 - CALGARY (2 MÉDAILLES)
ARGENT
SKI
BRONZE
SKI
---------------------------------------------------------------------------------------1984 - SARAJEVO (3 MÉDAILLES)
SKI ACROBATIQUE
BRONZE (2)
BIATHLON
SNOWBOARD
ARGENT (5)
BIATHLON
SKI ALPIN
BOSSES (H)
4 X 7,5 KM (H)
12,5 KM, POURSUITE (H)
SLALOM (F)
SLALOM (H)
GÉANT PARALLÈLE (F)
HALF-PIPE (F)
DESCENTE (F)
SLALOM (H)
SNOWBOARD
GÉANT PARALLÈLE (F)
PATINAGE ARTISTIQUE DANSE, COUPLE
OR (4)
SKI ALPIN
DANSE, COUPLE
SAUT (H)
DESCENTE (H)
GÉANT (F)
SÉBASTIEN FOUCRAS
JEAN-LUC CRÉTIER
KARINE RUBY
VINCENT DEFRASNE
GILLES MARGUET
RAPHAËL POIRÉE
JULIEN ROBERT
RICHARD GAY
RAPHAËL POIRÉE
LAURE PEQUEGNOT
SÉBASTIEN AMIEZ
KARINE RUBY
DORIANE VIDAL
CAROLE MONTILLET
JEAN-PIERRE VIDAL
ISABELLE BLANC
MARINA ANISSINA
GWENDAL PEIZERAT
MARINA ANISSINA
GWENDAL PEIZERAT
(H)
PHILIPPE CANDELORO
SKI ALPIN
DESCENTE (F)
FLORENCE MASNADA
SKI NORDIQUE
COMBINÉ PAR ÉQUIPES (H)
NICOLAS BAL
SYLVAIN GUILLAUME
FABRICE GUY
LUDOVIC ROUX
BOBSLEIGH
À 4 (H)
BRUNO MINGEON
EMMANUEL HOSTACHE
ÉRIC LE CHANONY
MAX ROBERT
---------------------------------------------------------------------------------------2002 - SALT LAKE CITY (11 MÉDAILLES)
OR (2)
SKI ALPIN
SNOWBOARD
ARGENT (1)
SKI ACROBATIQUE
BRONZE (5)
PATINAGE ARTISTIQUE
184
---------------------------------------------------------------------------------------1998 - NAGANO (8 MÉDAILLES)
STOKE MANDEVILLE
ROME
TOKYO
TEL-AVIV
HEIDELBERG
TORONTO
ARNHEM
STOKE MANDEVILLE ET NEW YORK
SÉOUL
BARCELONE
ATLANTA
SYDNEY
2
23
22
29
44
42
42
42
61
82
103
123
1
1
2
4
3
3
3
3
130
400
390
750
000
600
500
080
053
020
195
843
NOMBRE DE
PARTICIPANTS
DANS CHAQUE ÉPREUVE LES PARTICIPANTS CONCOURENT DANS DIFFÉRENTES CATÉGORIES,
SUIVANT LEUR HANDICAPS, CE QUI EXPLIQUE LA DIFFÉRENCE ENTRE
LE NOMBRE D’ÉPREUVES ET CELUI DES MÉDAILLES, AINSI QUE LA PRÉSENCE ÉVENTUELLE
DE PLUSIEURS CONCURRENTS POUR CERTAINS RÉSULTATS.
1952
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
NOMBRE DE
CNO
(NATIONS)
JEUX PARALYMPIQUES D’ÉTÉ
185
1976
1980
1984
1988
1992
1994
1998
2002
ÖRNSKÖLDSVIK
GEILO
INNSBRUCK
INNSBRUCK
TIGNES-ALBERTVILLE
LILLEHAMMER
NAGANO
SALT LAKE CITY
14
18
22
22
24
31
32
36
NOMBRE DE
CNO
(NATIONS)
250
350
350
397
475
1 000
571
416
NOMBRE DE
PARTICIPANTS
JEUX PARALYMPIQUES D’HIVER
COLUMBIA ROUND PAR ÉQUIPES (H)
SLALOM (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
ST NICOLAS ROUND PAR ÉQUIPES (H)
ÉPÉE (H)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
C. WEISS
SERGE BEC
MICHEL FOUCRE
AIMÉ PLANCHON
M. MUSY
R. SEGUIN
SERGE BEC
SERGE BEC
SERGE BEC
MICHEL FOUCRE
AIMÉ PLANCHON
ROGER SCHUR
HALTÉROPHILIE
NATATION
OR (13)
ATHLÉTISME
ESCRIME
PLUME (H)
25 M DOS (H)
FLEURET (F)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
50 M SPRINT FAUTEUIL NOVICE (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
THIBAUT
SERGE BEC
AIMÉ PLANCHON
PIERRE PRESTAT
MONIQUE SICLIS
SERGE BEC
AIMÉ PLANCHON
ROGER SCHUR
DUMONT
DANIEL JEANIN
SPARSA
JAVELOT (H)
C. WEISS
PENTATHLON (H)
C. WEISS
SLALOM (H)
G. BIRON
ESCRIME
SABRE (H)
AIMÉ PLANCHON
NATATION
50 M BRASSE (H)
AIMÉ PLANCHON
TIR À L’ARC
DOUBLE FITA ROUND (H)
BENOÎT TANQUEREL
---------------------------------------------------------------------------------------1968 - TEL-AVIV (28 MÉDAILLES)
BRONZE (6)
ATHLÉTISME
TIR À L’ARC
TIR À L’ARC
ARGENT (3)
ATHLÉTISME
ESCRIME
OR (4)
ESCRIME
OR (1)
ATHLÉTISME
LANCÉ DE MASSUE (H)
BARBIER
ARGENT (1)
TIR À L’ARC
ST NICOLAS ROUND (H)
FIGONI
---------------------------------------------------------------------------------------1964 - TOKYO (13 MÉDAILLES)
---------------------------------------------------------------------------------------1960 - ROME (2 MÉDAILLES)
****************************************************************************************
JEUX PARALYMPIQUES D'ÉTÉ
****************************************************************************************
TIR À L’ARC
TIR À L’ARC
BRONZE (5)
ESCRIME
NATATION
HALTÉROPHILIE
NATATION
ARGENT (10)
ESCRIME
SABRE (H)
MOYEN (H)
25 M BRASSE (H)
25 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
ST NICOLAS ROUND (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
50 M NAGE LIBRE (F)
75 M 3 NAGES (H)
ST NICOLAS ROUND PARA. (F)
COLUMBIA ROUND (F)
25 M NAGE LIBRE (H)
FRANÇOISE PEQUIN-LE DOZE
FRANÇOISE PEQUIN-LE DOZE
MONIQUE SICLIS
SERGE BEC
AIMÉ PLANCHON
PIERRE PRESTAT
SERGE BEC
RENÉ BRIFFOUILLIÈRE
SPARSA
SUGNY
CESTIER
JARDINE
NADAL
DANIEL JEANIN
SPARSA
JARDINE
CESTIER
GIRARD
MARASCHIN
ARGENT (7)
ESCRIME
TIR À L’ARC
ESCRIME
NATATION
OR (9)
HALTÉROPHILIE
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
SHORT WESTERN PARAPLÉGIQUE (F)
SHORT WESTERN PARAPLÉGIQUE
PAR ÉQUIPES (H)
MI-LÉGERS (H)
MI-MOYENS (H)
FLEURET (F)
25 M BRASSE (H)
25 M DOS (H)
25 M NAGE LIBRE (H)
PIERRE PRESTAT
MICHEL FOUCRE
PIERRE PRESTAT
HERBERT SOK
JOSETTE BOURGAIN
MADELAINE FOURE
GÉRALDINE PISSONIER
PIUTTI
PYTEL
R. SEGUIN
DUMONT
ALEX EGUERS
JOSETTE BOURGAIN
RAFFIN
DANIEL JEANIN
DANIEL JEANIN
RAFFIN
GIRARD
ÉPÉE (H)
SERGE BEC
25 M BRASSE (H)
DANIEL JEANIN
50 M DOS (H)
CESTIER
25 M NAGE LIBRE (H)
SUGNY
TIR À L’ARC
ST NICOLAS ROUND (H)
GUESNON
---------------------------------------------------------------------------------------1972 - HEIDELBERG (31 MÉDAILLES)
186
100 M SPRINT (H)
PAIRE (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
DERTCHERY
ESCRIME
FLEURET (F)
FLEURET (H)
FLEURET NOVICE (F)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
DOUBLE (H)
1 500 M (H)
BOULES SUR GAZON
OR (23)
ATHLÉTISME
SLALOM (H)
SIMPLE (F)
DOUBLE (F)
MOYENS (H)
25 M NAGE LIBRE (H)
PAIRE (F)
JACQUES CERETTO
ROGER SCHUR
HERBERT SOK
GIRARD
MARASCHIN
RENÉ BRIFFOUILLIÈRE
MOHAMED BEN AMAR
CAILLOUX
B. PERRY
J. ALEXANDRE
B. PERRY
P. CHASSAGNE
LÉON SUR
PIUTTI
THORE
PIERRE PRESTAT
MOHAMED BEN AMAR
CHRISTIAN LACHAUD
PIERRE PRESTAT
HERBERT SOK
JOSETTE BOURGAIN
CHRISTIAN LACHAUD
MARTINE FAVARCQ
ANDRÉ HENNAERT
ANDRÉ HENNAERT
AIMÉ PLANCHON
DANIEL JEANIN
HELLER
BELASSET
BELAUBRE
DOUBLE (H)
M. ALLORGE
ROGER SCHUR
ESCRIME
FLEURET DÉBUTANT (F)
GÉRALDINE PISSONIER
SABRE (H)
PIERRE PRESTAT
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
MICHEL FOUCRE
PIERRE PRESTAT
ROGER SCHUR
HALTÉROPHILIE
MI-LOURDS (H)
M. ALLORGE
LOURDS (H)
J. GILLET
NATATION
100 M BRASSE (F)
GALEON
TIR À L’ARC
FITA ROUND (F)
MARASCHIN
TENNIS DE TABLE
SIMPLE (F)
MAGUY RAMOUSSE
SIMPLE (H)
ANDRÉ HENNAERT
DANIEL JEANIN
TRICHE
---------------------------------------------------------------------------------------1976 - TORONTO (57 MÉDAILLES)
HALTÉROPHILIE
NATATION
BRONZE (15)
ATHLÉTISME
BOULES SUR GAZON
DERTCHERY
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
187
HALTÉROPHILIE
NATATION
BRONZE (14)
ATHLÉTISME
ESCRIME
TIR À L’ARC
TENNIS DE TABLE
NATATION
HALTÉROPHILIE
ARGENT (20)
ATHLÉTISME
ESCRIME
TIR À L’ARC
NATATION
JAVELOT (H)
FLEURET (H)
SABRE (H)
MI-PLUME (H)
25 M BRASSE (H)
50 M BRASSE (H)
SABRE (H)
MI-PLUME (H)
PLUME (H)
LÉGERS (H)
MOYENS (H)
50 M DOS (H)
100 M DOS (F)
100 M NAGE LIBRE (F)
150 M 3 NAGES (H)
200 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
SIMPLE (H)
ADVANCED MÉTRIC (H)
NOVICE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
JAVELOT (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
NOVICE (H)
NOVICE ET TÉTRAPLÉGIQUE
PAR ÉQUIPES (MIXTE)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M PAPILLON (F)
100 M 2 NAGES (H)
AVANCE MÉTRIC (F)
AVANCE MÉTRIC PAR ÉQUIPES (F)
50 M DOS (H)
100 M DOS (H)
P. MOREL
HERBERT SOK
AIMÉ PLANCHON
J. M. BARBERANE
RAFFIN
MAILLET
LÉON SUR
MOHAMED BEN AMAR
JOSETTE BOURGAIN
MARTINE FAVARCQ
MAGUY RAMOUSSE
AIMÉ PLANCHON
MARC TOPER
MOHAMED BEN AMAR
CHRISTIAN LACHAUD
AIMÉ PLANCHON
HERBERT SOK
MARC TOPER
PIERRE PRESTAT
J. M. BARBERANE
J. PONNIER
ALEX EGUERS
AOUMOND
CAILLOUX
HELLER
HELLER
MAILLET
VILLATTE
MAGUY RAMOUSSE
P. CHASSAGNE
THORE
GALEA
J. M. CHAPUIS
GALEA
MALGOGNE
PIERRE PRESTAT
B. PERRY
GALLAIS
VILLATTE
B. PERRY
HELLER
B. PERRY
MARASCHIN
MARASCHIN
PIUTTI
THORE
J. M. CHAPUIS
NATATION
HALTÉROPHILIE
ESCRIME
OR (31)
ATHLÉTISME
LÉGERS (H)
MOYENS (H)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
25 M NAGE LIBRE, JUNIOR (H)
100 M 2 NAGES (H)
150 M 3 NAGES (F)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
LONGUEUR (H)
POIDS (F)
ÉPÉE (H)
1 500 M (H)
LANCÉ DE MASSUE (H)
LONGUEUR (F)
50 M SPRINT (H)
400 M (F)
50 M SPRINT (F)
D. DOSIMONT
ONFROY
ANDRÉ HAVARD
D. DOSIMONT
ONFROY
J. ALEXANDRE
BERNARD JARRIGE
D. DOSIMONT
ONFROY
B. PIERRE
D. DOSIMONT
MOHAMED BEN AMAR
CHRISTIAN LACHAUD
ARTHUR BELLANCE
MOHAMED BEN AMAR
DANIEL JEANIN
CHRISTIAN LACHAUD
ALAIN SICLIS
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
THÉRÈSE LEMOINE
MONIQUE SICLIS
ARTHUR BELLANCE
ARTHUR BELLANCE
MOHAMED BEN AMAR
ANDRÉ HENNAERT
AIMÉ PLANCHON
CHRISTIAN LACHAUD
JEAN-CLAUDE CORALIE
ANDRÉ HENNAERT
AIMÉ PLANCHON
CHORRIHONS
JEAN GRANSIRE
M.H. ALLARD
B. PERRY
BERNARD JARRIGE
B. PERRY
M.H. ALLARD
FINCK
GALLAIS
VILLATTE
100 M DOS (H)
FINCK
50 M NAGE LIBRE (H)
MAILLET
200 M 4 NAGES (H)
GALLAIS
400 M 4 NAGES (H)
VACCARA
TENNIS DE TABLE
PAR ÉQUIPES (F)
MAGUY RAMOUSSE
---------------------------------------------------------------------------------------1980 - ARNHEM (88 MÉDAILLES)
100 M BRASSE (H)
188
NATATION
ESCRIME
HALTÉROPHILIE
DERTCHERY
BRONZE (31)
ATHLÉTISME
TENNIS DE TABLE
NATATION
HALTÉROPHILIE
ESCRIME
HALTÉROPHILIE
100 M BRASSE (F)
100 M BRASSE (H)
FLEURET (MIXTE)
FLEURET NOVICE (H)
MI-LOURDS (H)
LOURDS (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
50 M SPRINT (F)
800 M (H)
JAVELOT (H)
(MIXTE)
FLEURET (H)
FLEURET NOVICE (H)
SABRE (H)
MI-PLUME (H)
PLUME (H)
50 M BRASSE (F)
50 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M PAPILLON (F)
200 M 4 NAGES (F)
3 X 50 M NAGE LIBRE (H)
3 X 100 M 3 NAGES (H)
SIMPLE (H)
PAR ÉQUIPES (F)
MOYENS (H)
MI-LOURDS (H)
LOURDS (H)
FLEURET (F)
JAVELOT (H)
LONGUEUR (F)
50 M SPRINT (F)
50 M SPRINT (H)
400 M (F)
TIR
TIR À L’ARC
ARGENT (26)
ATHLÉTISME
PAR ÉQUIPES (H)
PISTOLET, AMPUTÉ (H)
SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (H)
COLUMBIA ROUND (H)
TENNIS DE TABLE
ISABELLE DURANCEAU
G.BETEGA
B. JAILLET
ROYET
DUVIVIER
P. MOREL
BERNABEI
TROUVERIE
GÉRARD HOUDMOND
J. L. DURY
ARTHUR BELLANCE
MOHAMED BEN AMAR
AIMÉ PLANCHON
JEAN-PIERRE LEROUX
JEAN-CLAUDE CORALIE
C. PETITOT
DUVIVIER
VÉRONIQUE ROCHETTE
ROYET
LÉON SUR
VÉRONIQUE ROCHETTE
ROYET
BERNARD BARBERET
J. CHAUVEL
N. CLÉMENTE
THÉRÈSE LEMOINE
MONIQUE SICLIS
ANDRÉ HENNAERT
ALAIN SICLIS
AIMÉ PLANCHON
J. M. BARBERANE
J. PONNIER
M.H. ALLARD
M.H. ALLARD
ISABELLE DURANCEAU
ISABELLE DURANCEAU
ISABELLE DURANCEAU
P. CHASSAGNE
R. ANDRÉ
MAGUY RAMOUSSE
P. CATHELINEAU
P. CHASSAGNE
JOËL GUILLOUX
J. M. CHAPUIS
TROUVERIE
ESCRIME
CYCLISME
OR (71)
ATHLÉTISME
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
FLEURET (F)
100 M SPRINT (F)
200 M (F)
400 M (H)
800 M (H)
DISQUE (F)
HAUTEUR (H)
PENTATHLON (F)
PENTATHLON (H)
POIDS (H)
1 500 M (H)
5 000 M (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
MARTINE PRIEUR
VÉRONIQUE ROCHETTE
LUCIEN QUEMOND
MUSTAPHA BADID
MARTINE PRIEUR
STÉPHANE SAAS
MARTINE PRIEUR
RUDY VAN DER ABBEELE
ANTOINE DELAUNE
DOMINIQUE MOLLE
DOMINIQUE MOLLE
MOHAMED BELDJILALI
ARTHUR BELLANCE
JEAN-PIERRE LEROUX
JEAN ROSIER
VÉRONIQUE SOETEMOND
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
THÉRÈSE LEMOINE
SYLVAINE MEYER
YANNICK SEVEND
VÉRONIQUE SOETEMOND
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
ARTHUR BELLANCE
ANDRÉ HENNAERT
OLIVIER PLANE
MOHAMED BELDJILALI
ARTHUR BELLANCE
ANDRÉ HENNAERT
OLIVIER PLANE
BERNARD JARRIGE
ISABELLE DURANCEAU
B. PERRY
T. GODINEAU
B. JAILLET
DAVID FOPPOLO
MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU
TENNIS DE TABLE
R. ANDRÉ
N. KABOUS
PAR ÉQUIPES (H)
G. CAILLON
MICHEL PEETERS
TIR À L’ARC
DOUBLE FITA, AMPUTÉ (F)
MARIE-FRANÇOISE HYBOIS
DOUBLE FITA, TÉTRAPLÉGIQUE (H)
G. LAFONT
COLUMBIA ROUND (H)
DELAPIETRA
SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (H)
J. THION
TIR
CARABINE, DEBOUT (MIXTE)
B. PIQUE
---------------------------------------------------------------------------------------1984 - STOKE MANDEVILLE ET NEW YORK (175 MÉDAILLES)
25 M DOS, JUNIOR (H)
100 M DOS (F)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (H)
100 M PAPILLON (H)
100 M 2 NAGES (H)
200 M 4 NAGES (F)
4 X 100 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
189
TIR
TENNIS DE TABLE
NATATION
HALTÉROPHILIE
M
M
M
M
M
NAGE LIBRE (F)
NAGE LIBRE (F)
NAGE LIBRE (H)
PAPILLON (F)
PAPILLON (H)
CARABINE À AIR, INTEGRATED (F)
SIMPLE (H)
4 X 100 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
200 M 4 NAGES (H)
200 M 4 NAGES (F)
200
400
400
100
100
100 M NAGE LIBRE (F)
50 M NAGE LIBRE (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
25 M NAGE LIBRE (H)
100 M DOS (H)
25 M NAGE LIBRE (F)
100 M DOS (F)
50 M DOS (F)
25 M DOS (F)
25 M DOS (H)
LÉGERS (H)
MOYENS (H)
MI-LOURDS (H)
LOURDS (H)
50 M BRASSE (H)
100 M BRASSE (F)
100 M BRASSE (H)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
ALAIN SICLIS
ANDRÉ HENNAERT
ANDRÉ HENNAERT
OLIVIER PLANE
ALAIN SICLIS
MICHEL ABALAIN
JEAN GRANSIRE
BERNARD BARBERET
DANIEL HARDY
ÉRIC GHYSEL
ISABELLE DURANCEAU
G.BETEGA
ÉRIC FLEURY
BÉATRICE PIERRE
DIDIER COUGOUILLE
MICHEL LANDRA
MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU
STÉPHANIE PROUST
AGNÈS BERAMDIAS
P. DELORME
STÉPHANIE PROUST
G.BETEGA
GENEVIÈVE PAYROUX
BÉATRICE PIERRE
DIDIER COUGOUILLE
MICHEL LANDRA
BÉATRICE PIERRE
STÉPHANIE PROUST
DIDIER COUGOUILLE
ÉRIC GHYSEL
AGNÈS BERAMDIAS
P. DELORME
BÉATRICE PIERRE
STÉPHANIE PROUST
STÉPHANIE PROUST
P. DELORME
G.BETEGA
AGNÈS BERAMDIAS
G.BETEGA
CLAUDE DUPIN
AGNÈS BERAMDIAS
P. DELORME
G.BETEGA
CLAUDE DUPIN
C. COULLANGES
EVELYNE CRETUAL
MARC DIRAS
R. FERRAUD
ANNIE LECOINTE
NATATION
TENNIS DE TABLE
ESCRIME
HALTÉROPHILIE
ARGENT (62)
ATHLÉTISME
TIR À L'ARC
25 M NAGE LIBRE (H)
100 M BRASSE (F)
25 M DOS (F)
25 M DOS (H)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
100 M DOS (F)
100 M DOS (H)
25 M NAGE LIBRE (F)
LÉGERS (H)
MI-LOURDS (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (F)
FLEURET (H)
SIMPLE (F)
800 M (F)
800 M (H)
DISQUE (H)
JAVELOT (F)
LONGUEUR (F)
LONGUEUR (H)
POIDS (H)
MARATHON (H)
MI-PLUME (H)
PLUME (H)
400 M (H)
200 M (H)
400 M (F)
200 M (F)
100 M SPRINT (H)
50 M SPRINT (F)
50 M SPRINT (H)
100 M SPRINT (F)
CARABINE À AIR, COUCHÉE (H)
PISTOLET À AIR (F)
SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (F)
DOUBLE AVANCED MÉTRIC, PARA. (H)
ST NICOLAS ROUND PAR ÉQUIPES (H)
VALÉRIE DECONDE
ANDRÉ HAVARD
P. DELEVACQUE
MARTINE PRIEUR
VÉRONIQUE ROCHETTE
MICHEL BAPTE
JEAN-LOUIS JANNEAY
LUCIEN QUEMOND
VALÉRIE DECONDE
P. DELEVACQUE
MICHEL BAPTE
P. DELEVACQUE
VÉRONIQUE ROCHETTE
ANDRÉ HAVARD
JEAN-LOUIS JANNEAY
CHRISTELLE DONNEZ
JEAN-LOUIS JANNEAY
RUDY VAN DER ABBEELE
MARTINE PRIEUR
VÉRONIQUE ROCHETTE
MICHEL BAPTE
RUDY VAN DER ABBEELE
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
HERVÉ PAILLET
PATRICK FORNET
DIDIER MÉNAGE
PATRICK GARNIER
GÉRARD HOUDMOND
ARTHUR BELLANCE
SYLVAINE MEYER
JEAN-PIERRE LEROUX
BERNADETTE DAVRAND
BERNADETTE DAVRAND
AGNÈS BERAMDIAS
HÉLÈNE BINET
PASCAL JACQUOT
SYLVIE DEPLAUQUE
MOHAMED AIT-AISSA
SYLVIE DEPLAUQUE
BERNARD MICORECK
HÉLÈNE BINET
F. MAURY
PASCAL JACQUOT
N. SARTON
M.P. BALME
J. M. CHAPUIS
R. DAVID
J. P. HANOUN
190
NATATION
HALTÉROPHILIE
ESCRIME
BRONZE (42)
ATHLÉTISME
TIR À L’ARC
TIR
400 M NAGE LIBRE (H)
100 M PAPILLON (F)
200 M NAGE LIBRE (H)
100 M DOS (F)
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
SUPER-LOURDS (H)
LÉGERS (H)
100 M BRASSE (F)
25 M DOS (F)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
POIDS (F)
ÉPÉE (H)
FLEURET (F)
200 M (F)
400 M (F)
400 M (H)
5 000 M (H)
DISQUE (H)
JAVELOT (H)
COLUMBIA ROUND PAR ÉQUIPES (H)
100 M NAGE LIBRE (H)
200 M NAGE LIBRE (F)
25 M PAPILLON (F)
75 M 3 NAGES (F)
150 M 3 NAGES (H)
200 M 4 NAGES (F)
PISTOLET À AIR (F)
CARABINE À AIR, COUCHÉE (F)
CARABINE À AIR, COUCHÉE (H)
CARABINE À AIR, À GENOUX (H)
CARABINE À AIR, 3 POSITIONS (F)
PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H)
DOUBLE AVANCED METRIC, PARA. (H)
DOUBLE FITA, INTEGRATED
PAR ÉQUIPES (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
50 M NAGE LIBRE (F)
MARTINE PRIEUR
MARTINE PRIEUR
ANTOINE DELAUNE
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
ANTOINE DELAUNE
MICHEL BAPTE
LUCIEN QUEMOND
LÉON SUR
MARTINE PRIEUR
MOHAMED BELDJILALI
THÉRÈSE LEMOINE
YANNICK SEVEND
N. CLÉMENTE
DOMINIQUE HAINAULT
ISABELLE DURANCEAU
VIOLETTE SPOKA
CORINNE D’URZO
DAVID FOPPOLO
THIERRY LEGLOANIC
ISABELLE DURANCEAU
F. MAURY
ÉRIC GHYSEL
C. TROG
MOHAMED AIT-AISSA
JEAN-MARC DURIEUX
BERNARD MICORECK
ISABELLE DURANCEAU
RENÉ DUCRET
GEORGE HAMART
DANIEL LELON
P. LECERF
HÉLÈNE BINET
SYLVIE DEPLAUQUE
SYLVIE DEPLAUQUE
VIOLETTE SPOKA
DAVID FOPPOLO
SYLVIE DEPLAUQUE
F. MAURY
F. MAURY
DAVID FOPPOLO
ISABELLE DURANCEAU
MARIE-CHRISTINE BARBERAUD
NICOLE PETIT
MICHEL PELON
MICHEL PELON
NICOLE PETIT
JOËL GUILLOUX
C. BOUCHITE
4 X 50 M NAGE LIBRE (H)
SIMPLE (F)
SIMPLE (H)
ÉRIC FLEURY
MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU
ÉRIC FLEURY
ÉRIC GHYSEL
BERNARD MICORECK
R. ANDRÉ
DANIEL JEANIN
PHILIPPE ROINE
ESCRIME
CYCLISME
OR (47)
ATHLÉTISME
SPRINT (F)
(H)
(F)
(H)
M (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
LONGUEUR (H)
PENTATHLON (F)
PENTATHLON (H)
TANDEM ROUTE (H)
50 KM (H)
70 KM (H)
ÉPÉE (F)
ÉPÉE (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
10 000 M (H)
MARATHON (H)
5 000 M (H)
100 M
200 M
400 M
400 M
1 500
MARTINE PRIEUR
MUSTAPHA BADID
VALÉRIE DECONDE
FARID AMAROUCHE
FARID AMAROUCHE
MUSTAPHA BADID
FARID AMAROUCHE
MUSTAPHA BADID
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
MUSTAPHA BADID
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
MICHEL BAPTE
MARTINE PRIEUR
RUDY VAN DER ABBEELE
JEAN BERTRAND
TRISTAN MOURIC
FRANCISCO TRUJILLO
YANNICK SEVEND
ROBERT CITERNE
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
SABBAH AOUTAR
THÉRÈSE LEMOINE
YANNICK SEVEND
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
ARTHUR BELLANCE
ARTHUR BELLANCE
ROBERT CITERNE
ANDRÉ HENNAERT
YVON PACAULT
PASCAL DURAND
CARABINE À AIR, COUCHÉE
PAR ÉQUIPES (MIXTE)
NICOLE PETIT
CARABINE À AIR, À GENOUX (H)
PISTOLET À AIR, INTEGRATED (F)
MARIE-THÉRÈSE PICHON
PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H)
GUY DUNARQUEZ
TIR À L’ARC
ST NICOLAS ROUND
R. DAVID
VOLLEY-BALL
DEBOUT (H)
---------------------------------------------------------------------------------------1988 - SÉOUL (143 MÉDAILLES)
TIR
TENNIS DE TABLE
100 M PAPILLON (H)
100 M 4 NAGES (F)
200 M 4 NAGES (H)
191
JUDO
NATATION
ESCRIME
ARGENT (44)
ATHLÉTISME
TENNIS DE TABLE
NATATION
HALTÉROPHILIE
(F)
(F)
(H)
M (H)
M (H)
-85 KG (H)
50 M BRASSE (H)
100 M BRASSE (H)
50 M DOS (H)
FLEURET (F)
SABRE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
10 000 M (H)
MARATHON (H)
200 M
800 M
800 M
1 500
5 000
100 M SPRINT (F)
100 M SPRINT (H)
PAR ÉQUIPES (H)
200 M 4 NAGES (H)
4 X 50 M NAGE LIBRE (H)
SIMPLE (F)
SIMPLE (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
100 M PAPILLON (H)
25 M DOS (F)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
POWERLIFTING, LÉGERS (H)
POWERLIFTING, LOURDS (H)
25 M BRASSE (F)
100 M BRASSE (H)
VALÉRIE DECONDE
MICHEL BAPTE
MUSTAPHA BADID
VALÉRIE DECONDE
FLORENCE GOSSIAUX
FARID AMAROUCHE
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
MICHEL PAVON
JEAN-FRANÇOIS POITEVIN
FARID AMAROUCHE
FARID AMAROUCHE
PAUL COLLET
PHILIPPE COUPRIE
ARTHUR BELLANCE
ROBERT CITERNE
THÉRÈSE LEMOINE
PASCAL DURAND
YVON PACAULT
RENÉ DUCHEMIN
ÉRIC GHYSEL
ÉRIC FLEURY
MOHAMED AIT-AISSA
ÉRIC RICHARD
ANDRÉ HENNAERT
YVON PACAULT
MICHEL ABALAIN
BERNARD BARBERET
GENEVIÈVE PAYROUX
BERNARD MICORECK
ÉRIC RICHARD
BÉATRICE PIERRE
HÉLÈNE BINET
DAVID FOPPOLO
BERNARD MICORECK
ÉRIC GHYSEL
AGNÈS BERAMDIAS
DAVID FOPPOLO
ÉRIC GHYSEL
GENEVIÈVE PAYROUX
CLAUDE DUPIN
DAVID FOPPOLO
DAVID FOPPOLO
BERNADETTE DAVRAND
CLAUDE CHEDAU
T. LEUY
MICHEL PEETERS
CAUDUCHEAU
GUY TISSERANT
CYCLISME
ESCRIME
BOULES SUR GAZON
BASKET-BALL
TIR
BRONZE (52)
ATHLÉTISME
TENNIS DE TABLE
SIMPLE (F)
DOUBLE (F)
70 KM (H)
FLEURET (F)
10 000 M (H)
DISQUE (F)
DISQUE (H)
JAVELOT (H)
FAUTEUIL (H)
1 500 M (H)
800 M (F)
800 M (H)
PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H)
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
400 M NAGE LIBRE (H)
25 M PAPILLON (H)
50 M PAPILLON (H)
200 M 4 NAGES (H)
4 X 100 M 4 NAGES (H)
PAR ÉQUIPES (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
200 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M DOS (H)
VALÉRIE DECONDE
JEAN-YVES ARVIER
MICHEL PAVON
PHILIPPE COUPRIE
MICHEL PAVON
JEAN-YVES ARVIER
MARTINE PRIEUR
RUDY VAN DER ABBEELE
ÉRIC LADERVAL
PHILIPPE BAYE
ÉRIC BENAULT
LIONEL CHAVANNE
MICHEL GRADELLE
JEAN GRANZOTTO
MARC GUILLEMAIN
MICHEL MENCH
PHILIPPE NUTTIN
FABRICE POINTIN
JEAN REGNAULT
JEAN REIGNIER
ALAIN TROLONG
BELASSET
BELASSET
PASCAL THEVENON
YANNICK SEVEND
CLAUDE BADIE
ROBERT GALLAIS
EMMANUEL LACROIX
CLAUDE BADIE
BÉATRICE PIERRE
HÉLÈNE BINET
GHISLAINE CRISTALLO
CLAUDE BADIE
EMMANUEL LACROIX
BERNARD MICORECK
ERIC RICHARD
BERNARD MICORECK
PATRICK MOYSES
ÉRIC RICHARD
BERNARD MICORECK
EVELYNE CRETUAL
BERNADETTE DAVRAND
MARC DIRAS
DANIEL JEANIN
GUY TISSERANT
MARC DIRAS
THIERRY GAROFALO
GUY DUMARQUE
192
TIR À L’ARC
TIR
TENNIS DE TABLE
JUDO
NATATION
HALTÉROPHILIE
C.BARBERAUD
PIERRE GUIVARCH
PHILIPPE MICHOUX
ANDRÉ HENNAERT
ANDRÉ HENNAERT
DOMINIQUE HAINAULT
JEAN GRANSIRE
EDMOND HADDAD
DANIEL FOURCADE
FRANCK MAILLE
ISABELLE DURANCEAU
GENEVIÈVE PAYROUX
FRANCK MAILLE
JEAN-MARC DURIEUX
MARYVONNE LUMINEAU
HERVÉ PRISSET
FRANCK MAILLE
PASCAL AUCLAIR
MICHAËL BOUCHERIE
FRANCK MAILLE
ISABELLE DURANCEAU
PASCAL AUCLAIR
PASCAL AUCLAIR
ISABELLE DURANCEAU
ÉRIC GHYSEL
EMMANUEL LACROIX
BERNARD MICORECK
ISABELLE DURANCEAU
PASCAL AUCLAIR
ÉRIC GHYSEL
ÉRIC RICHARD
DANIEL JEANIN
MICHEL
MICHEL PELON
SERGE PITTARD
CARABINE À AIR, DEBOUT (H)
SERGE PITTARD
CARABINE À AIR, 3 POSITIONS (H)
SERGE PITTARD
DOUBLE FITA ROUND PAR ÉQUIPES (H) LUCIEN COURTIL
JEAN-MICHEL FAURE
DANIEL LELON
ALBION ROUND PAR ÉQUIPES (H)
R. DAVID
TROUVERIE
VENTADOUR
CARABINE À AIR COUCHÉE
PAR ÉQUIPES (MIXTE)
PISTOLET À AIR
PAR ÉQUIPES (MIXTE)
4 X 100 M NAGE LIBRE (H)
SIMPLE (H)
200 M 4 NAGES (F)
200 M 4 NAGES (H)
400 M NAGE LIBRE (F)
400 M NAGE LIBRE (H)
50 M PAPILLON (H)
100 M PAPILLON (F)
100 M PAPILLON (H)
FLEURET (H)
SABRE (H)
WEIGHTLIFTING, LÉGERS (H)
WEIGHTLIFTING, MOYENS (H)
WEIGHTLIFTING, SUPER-LOURDS (H)
-85 KG (H)
25 M BRASSE (H)
100 M BRASSE (F)
25 M DOS (F)
25 M DOS (H)
50 M DOS (H)
100 DOS (F)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (H)
ESCRIME
TIR
ARGENT (50)
ATHLÉTISME
TENNIS DE TABLE
CYCLISME
NATATION
ESCRIME
OR (27)
ATHLÉTISME
100 M SPRINT (F)
400 M (H)
800 M (H)
MARATHON (H)
DISQUE (F)
JAVELOT (F)
POIDS (H)
ÉPÉE (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F)
PISTOLET À AIR (H)
SIMPLE (H)
4 X 50 M 4 NAGES (H)
150 M 3 NAGES (H)
200 M 4 NAGES (H)
400 M NAGE LIBRE (H)
50 M PAPILLON (H)
ROUTE (H)
100 M BRASSE (F)
100 M BRASSE (H)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
100 M SPRINT (H)
200 M (H)
400 M (H)
800 M (H)
POIDS (F)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
FLORENCE GOSSIAUX
CLAUDE ISSORAT
PATRICE GERGES
CLAUDE ISSORAT
MADELAINE DEOUWI
MADELAINE DEOUWI
ANTOINE DELAUNE
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
PATRICIA PICOT
CLAUDE ISSORAT
CLAUDE ISSORAT
PATRICE GERGES
CHRISTOPHE CARAYON
MADELAINE DEOUWI
JEAN ROSIER
ROBERT CITERNE
CHRISTIAN LACHAUD
JEAN ROSIER
PATRICIA PICOT
ANDRÉ HENNAERT
YVON PACAULT
ANDRÉ HENNAERT
CHRISTIAN LACHAUD
YVON PACAULT
FRANCISCO TRUJILLO
GENEVIÈVE PAYROUX
PASCAL PINARD
DAVID FOPPOLO
JEAN-LOUIS FLAMENGO
JEAN-LOUIS FLAMENGO
PASCAL PINARD
ÉRIC LINDMANN
DAVID FOPPOLO
PASCAL PINARD
JEAN-LOUIS FLAMENGO
ÉRIC LINDMANN
PASCAL PINARD
DAVID FOPPOLO
THIERRY LEGLOANIC
ÉRIC LINDMANN
PASCAL PINARD
MICHEL PEETERS
GUY TISSERANT
PIERRE GUIVARCH
---------------------------------------------------------------------------------------1992 - BARCELONE (107 MÉDAILLES)
193
PAR ÉQUIPES (F)
SIMPLE (H)
DOUBLE (H)
TENNIS DE TABLE
4 X 50 M NAGE LIBRE (F)
4 X 50 M NAGE LIBRE (H)
200 M 4 NAGES (F)
4 X 50 M 4 NAGES (F)
400 M NAGE LIBRE (H)
50 M PAPILLON (F)
50 M PAPILLON (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
50 M DOS (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
POWERLIFTING, LOURDS (H)
WEIGHTLIFTING, MI-LÉGERS (H)
WEIGHTLIFTING, MOYENS (H)
WEIGHTLIFTING, LOURDS (H)
-75 KG (H)
50 M DOS (F)
TENNIS
JUDO
NATATION
HALTÉROPHILIE
SABRE (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
VÉRONIQUE SOETEMOND
ARTHUR BELLANCE
ARTHUR BELLANCE
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
VÉRONIQUE SOETEMOND
ARTHUR BELLANCE
YVON PACAULT
ARTHUR BELLANCE
PASCAL DURAND
PASCAL DURAND
CHRISTIAN LACHAUD
PASCAL DURAND
JEAN-LUC DARRONDEAU
DOMINIQUE HAINAULT
JEAN GRANSIRE
EDMOND HADDAD
JOËL GICHTENAÈRE
CORINNE D’URZO
SANDRINE SERRES
PIERRE BELLOT
JEAN-LOUIS FLAMENGO
THIERRY GRAND
ÉRIC LINDMANN
GENEVIÈVE PAYROUX
SANDRINE SERRES
PIERRE BELLOT
SANDRINE SERRES
PIERRE BELLOT
FRÉDÉRIC DELPY
FRÉDÉRIC DELPY
GENEVIÈVE PAYROUX
PIERRE BELLOT
THIERRY LEGLOANIC
HADDA GUERCHOUCHE
AICHA CHOUACHI
CORINNE D’URZO
ANNE-CÉCILE LEQUIEN
GENEVIÈVE PAYROUX
CORINNE D’URZO
DAVID FOPPOLO
THIERRY LEGLOANIC
ÉRIC LINDMANN
PASCAL PINARD
THIERRY CAILLIER
LAURENT GIANMARTINI
BERNADETTE DAVRAND
CLAIRO ODELDE
MICHÈLE SEVIN
MARTINE THIERRY
BRUNO BENEDETTI
SIMPLE (H)
TENNIS DE TABLE
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
DOUBLE (F)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
400 M NAGE LIBRE (F)
4 X 50 M NAGE LIBRE (F)
SABRE (H)
-85 KG (H)
100 M BRASSE (H)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
100 M DOS (F)
ROUTE (H)
ÉPÉE (H)
FLEURET (H)
400 M (H)
800 M (F)
5 000 M (H)
MARATHON (H)
LONGUEUR (H)
FAUTEUIL (H)
TENNIS
JUDO
NATATION
CYCLISME
ESCRIME
BASKET-BALL
BRONZE (30)
ATHLÉTISME
PAR ÉQUIPES (H)
CHRISTOPHE CARAYON
FLORENCE GOSSIAUX
MICHEL PAVON
PAUL COLLET
PATRICE GERGES
JEAN-DENIS AUBOUKIR
PHILIPPE BAYE
ERIC BENAULT
LIONEL CHAVANNE
BRUNO GAUDEFROY
JEAN-LUC GENETE
MICHEL GRADELLE
JEAN GRANZOTTO
JEAN-MARIE LUBETH
PHILIPPE NUTTIN
JEAN REGNAULT
JEAN REIGNIER
PASCAL MONTASTIER
CHRISTIAN LACHAUD
ROBERT CITERNE
ANDRÉ HENNAERT
ANDRÉ HENNAERT
DANIEL FOURCADE
ÉRIC LINDMANN
ANNE-CÉCILE LEQUIEN
PASCAL PINARD
MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU
CORINNE D’URZO
FRÉDÉRIC DELPY
PASCAL PINARD
GENEVIÈVE PAYROUX
AICHA CHOUACHI
AICHA CHOUACHI
CORINNE D’URZO
ANNE-CÉCILE LEQUIEN
GENEVIÈVE PAYROUX
LAURENT GIANMARTINI
CHRISTELLE MARX
ARLETTE RACINEUX
GILLES DE LA BOURDONNAYE
THIERRY GAROFALO
DANIEL HATTON
THIERRY GAROFALO
DANIEL HATTON
GILLES DE LA BOURDONNAYE
GUY TISSERANT
CLAUDE CHEDAU
GILLES DE LA BOURDONNAYE
PHILIPE ROINE
TIR
TIR À L’ARC
PISTOLET À AIR (H)
CONCOURS PAR ÉQUIPES (H)
NATATION
ESCRIME
CYCLISME
OR (35)
ATHLÉTISME
100 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
400 M NAGE LIBRE (H)
200 M NAGE LIBRE (F)
50 M PAPILLON (F)
100 M BRASSE (H)
50 M DOS (F)
100 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
SABRE (H)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
FLEURET (F)
TANDEM ROUTE (H)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F)
LONGUEUR (H)
POIDS (H)
45/55 ROUTE (H)
55/65 ROUTE (H)
65/75 ROUTE (H)
TANDEM KILOMÈTRE (H)
200 M (H)
400 M (H)
4 X 400 M (H)
CLAUDE ISSORAT
CLAUDE ISSORAT
MUSTAPHA BADID
PHILIPPE COUPRIE
CLAUDE ISSORAT
CHARLOS TOLLE
STÉPHANE BOZZOLO
LUTOVICO HALAGAHU
LUC RAOUL
PATRICK CERIA
DAVID MERCIER
THIERRY GINTRAND
PATRICE SENMARTIN
FRANK MIQUARD
JEAN ROSIER
SOPHIE BELGODÈRE
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
PATRICIA PICOT
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
SOPHIE BELGODÈRE
JOSETTE BOURGAIN-MERCKX
PATRICIA PICOT
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
YVON PACAULT
PASCAL DURAND
CHRISTIAN LACHAUD
CYRIL MORE
YVON PACAULT
PASCAL PINARD
BÉATRICE HESS
ÉRIC LINDMANN
BÉATRICE HESS
LUDVINE LOISEAU
BÉATRICE HESS
ÉRIC LINDMANN
ÉRIC LINDMANN
BÉATRICE HESS
BÉATRICE HESS
MICHEL PEETERS
ALAIN PICHON
PHILIPPE MICHOUX
JEAN-MICHEL FAVRE
JEAN-FRANÇOIS GARCIA
RENÉ LE BRAS
---------------------------------------------------------------------------------------1996 - ATLANTA (98 MÉDAILLES)
194
TIR
TIR À L’ARC
TENNIS DE TABLE
-71 KG (H)
50 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (H)
100 M NAGE LIBRE (F)
200 M NAGE LIBRE (F)
4 X 50 M NAGE LIBRE (F)
JUDO
NATATION
CARABINE, LIBRE, 3 X 20 M (F)
CONCOURS INDIVIDUEL (H)
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
200 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
KUR CANTER (MIXTE)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
FLEURET (F)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
FLEURET (H)
FLEURET PAR ÉQUIPES (H)
PENTATHLON (H)
POIDS (H)
TANDEM KILOMÈTRE (H)
100 M SPRINT (H)
200 M (H)
400 M (H)
JAVELOT (H)
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
ÉQUITATION
ESCRIME
CYCLISME
ARGENT (29)
ATHLÉTISME
TENNIS DE TABLE
200 M 4 NAGES (F)
200 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
PAUL GRÉGORI
PAUL GRÉGORI
LAMOURI RAHMOUNI
LUTOVICO HALAGAHU
PATITA TUIPOLOTO
STÉPHANE BOZZOLO
ANTOINE DELAUNE
ÉRIC GUEZO
VINCENT MIGNON
FRÉDÉRIC AGUILLAUME
SERGE BESSEICHE
SOPHIE BELGODÈRE
SYLVAINE GUESNON
JEAN ROSIER
ROBERT CITERNE
PASCAL DURAND
YVON PACAULT
JEAN ROSIER
GÉRARD ROLLO
CLAUDE BADIE
ÉRIC LINDMANN
LUDVINE LOISEAU
LUDVINE LOISEAU
BÉATRICE HESS
LUDVINE LOISEAU
VIRGINIE TRIPIER
PASCAL PINARD
ANNE-MARIE GIBELIN
CLAIRO ODELDE
MARTINE THIERRY
VINCENT BOURY
OLIVIER CHATEIGNER
BRUNO BENEDETTI
CHRISTOPHE DURAND
CHRISTOPHE PINNA
GUY TISSERANT
MICHÈLE AMIEL
JEAN-FRANÇOIS GARCIA
BÉATRICE HESS
ÉRIC LINDMANN
ISABELLE LAFAYE
MICHÈLE SEVIN
BRUNO BENEDETTI
GILLES DE LA BOURDONNAYE
GUY TISSERANT
OLIVIER CHATEIGNER
GILLES DE LA BOURDONNAYE
ALAIN PICHON
PHILIPE ROINE
195
SPRINT (H)
(F)
(H)
M (H)
TIR À L’ARC
SIMPLE (F)
CONCOURS INDIVIDUEL (F)
SIMPLE (H)
PAR ÉQUIPES (F)
DOUBLE (F)
TENNIS DE TABLE
50 M NAGE LIBRE (F)
400 M NAGE LIBRE (H)
50 M PAPILLON (H)
200 M 4 NAGES (F)
FLEURET (F)
FLEURET (H)
SABRE (H)
-65 KG (H)
+95 KG (H)
50 M DOS (H)
ÉPÉE (F)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
DRESSAGE PAR ÉQUIPES (MIXTE)
TANDEM 200 M SPRINT (H)
5 000 M (H)
DOUBLE (F)
OMNIUM (H)
TANDEM POURSUITE (H)
100 M
400 M
800 M
1 500
TENNIS
NATATION
JUDO
ESCRIME
ÉQUITATION
BOULES SUR GAZON
CYCLISME
BRONZE (34)
ATHLÉTISME
CLAUDE ISSORAT
JOËLLE VOGEL
MUSTAPHA BADID
CHRISTOPHE CARAYON
PHILIPPE COUPRIE
EMMANUEL LACROIX
EMMANUEL LACROIX
SYLVAINE GUESNON
PATRICK CERIA
HERVÉ DECHAMP
GUY ROUCHOVZE
ÉRIC GUEZO
VINCENT MIGNON
NATHALIE BIZET
FRÉDÉRIC AGUILLAUME
BERNARD SACHSE
THIERRY TOURET
SOPHIE BELGODÈRE
ARTHUR BELLANCE
ROBERT CITERNE
CHRISTIAN LACHAUD
JEAN ROSIER
PATRICIA PICOT
PASCAL DURAND
PASCAL DURAND
CYRIL MOREL
ÉRIC CENSIER
PIERRE BELLOT
PASCAL PINARD
CARDON
FRÉDÉRIC DELPY
PASCAL PINARD
HADDA GUERCHOUCHE
LUDVINE LOISEAU
CHRISTELLE MARX
ARLETTE RACINEUX
CLAIRO ODELDE
MARTINE THIERRY
BERNADETTE DAVRAND
MICHÈLE SEVIN
CLAIRO ODELDE
BRUNO BENEDETTI
GILLES DE LA BOURDONNAYE
ALAIN PICHON
MARIE-FRANÇOISE HYBOIS
SIMPLE (F)
PAR ÉQUIPES (F)
TENNIS DE TABLE
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
50 M DOS (F)
50 M DOS (H)
50 M NAGE LIBRE (F)
100 M NAGE LIBRE (F)
200 M NAGE LIBRE (F)
200 M NAGE LIBRE (H)
50 M PAPILLON (F)
200 M 4 NAGES (F)
200 M 4 NAGES (H)
4 X 50 M NAGE LIBRE (F)
SABRE PAR ÉQUIPES (H)
ROUTE (MIXTE)
FLEURET (F)
ÉPÉE (H)
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H)
DISQUE (H)
JAVELOT (H)
LONGUEUR (H)
POIDS (H)
200 M (H)
400 M (H)
4 X 400 M (H)
NATATION
CYCLISME
ESCRIME
OR (28)
ATHLÉTISME
SÉBASTIEN BARC
CLAUDE ISSORAT
PHILIPPE COUPRIE
CLAUDE ISSORAT
JOËL JEANNOT
CHARLOS TOLLE
THIERRY CIBONE
THIERRY CIBONE
STÉPHANE BOZZOLO
THIERRY CIBONE
LUTOVICO HALAGAHU
BERNARD CHAMPENOIS
PATRICIA PICOT
JEAN ROSIER
SERGE BESSEICHE
ROBERT CITERNE
CHRISTIAN LACHAUD
CYRIL MORE
JEAN ROSIER
SERGE BESSEICHE
PASCAL DURAND
CHRISTIAN LACHAUD
CYRIL MORE
YVON PACAULT
BÉATRICE HESS
GÄETAN DAUTRESIRE
BÉATRICE HESS
BÉATRICE HESS
BÉATRICE HESS
GÄETAN DAUTRESIRE
BÉATRICE HESS
BÉATRICE HESS
ÉRIC LINDMANN
BÉATRICE HESS
ANNE-CÉCILE LEQUIEN
LUDVINE LOISEAU
VIRGINIE TRIPIER-MARTHEAU
THU KAMKASOMPHOU
ISABELLE LAFAYE-MARZIOU
STÉPHANIE MARIAGE
CHRISTOPHE DURAND
JEAN-PHILIPPE ROBIN
BRUNO BENEDETTI
OLIVIER CHATEIGNER
GILLES DE LA BOURDONNAYE
ÉMERIC MARTIN
---------------------------------------------------------------------------------------2000 - SYDNEY (81 MÉDAILLES)
196
TENNIS DE TABLE
BRONZE (28)
ATHLÉTISME
TIR À L’ARC
50 M DOS (F)
50 M PAPILLON (F)
50 M PAPILLON (H)
200 M 4 NAGES (H)
SIMPLE (F)
100 M SPRINT (F)
CONCOURS INDIVIDUEL (H)
CONCOURS PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
PAR ÉQUIPES (H)
SABRE
-81 KG (H)
POWERLIFTING +82,5 KG (F)
100 M BRASSE (H)
ROUTE (MIXTE)
FLEURET PAR ÉQUIPES (F)
ESCRIME
JUDO
HALTÉROPHILIE
NATATION
LONGUEUR (H)
PENTATHLON (H)
VITESSE PAR ÉQUIPES (H)
4 X 400 M (H)
400 M (H)
1 500 M (H)
4 X 100 M (H)
CYCLISME
ARGENT (25)
ATHLÉTISME
FLORENCE GOSSIAUX
PIERRE FAIRBANK
EMMANUEL LACROIX
DOMINIQUE ANDRÉ
SÉBASTIEN BARC
XAVIER LEDRAOULLEC
SERGE ORNEM
PIERRE COROSINE
LAURENT ESCURAT
LAMOURI RAHMOUNI
PEDRO ZAMORANO
FRANK BARRE
STÉPHANE BOZZOLO
PATRICK CERIA
BERNARD CHAMPENOIS
FRANCISCO TRUJILLO
LAURENT THIRIONET
SOPHIE BELGODÈRE
PATRICIA PICOT
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
CYRIL MORE
SÉBASTIEN LE MEAUX
CARINE BURGY
ÉRIC LINDMANN
PASCAL PINARD
ANNE-CÉCILE LEQUIEN
LUDVINE LOISEAU
PASCAL PINARD
PASCAL PINARD
BÉRNADETTE DAVRAND
ISABELLE LAFAYE-MARZIOU
MICHÈLE SEVIN
ALAIN PICHON
JEAN-YVES ABBADIE
STÉPHANE MESSI
ALAIN PICHON
MICHEL SCHALLER
JULIEN SOYER
OLIVIER HATEM
CHARLES EST
OLIVIER HATEM
DEJAN MILADINOVIC
MICHEL PEETERS
CHRISTOPHE PINNA
JEAN-PHILIPPE ROBIN
FRANÇOIS SERIGNAT
PASCAL VERGER
ESCRIME
TIR À L’ARC
TIR
TENNIS DE TABLE
NATATION
JUDO
ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F)
CYCLISME
CARABINE
CARABINE
CARABINE
CONCOURS
À AIR, COUCHÉE (MIXTE)
À AIR, DEBOUT (MIXTE)
À AIR, 3 X 20 M (F)
INDIVIDUEL (H)
PAR ÉQUIPES (H)
SIMPLE (H)
FLEURET (F)
FLEURET (H)
SABRE (H)
-73 KG (H)
-90 KG (H)
100 M DOS (F)
100 M NAGE LIBRE (H)
400 M NAGE LIBRE (H)
SIMPLE (F)
PAR ÉQUIPES (F)
DISQUE (H)
ROUTE (MIXTE)
800 M (H)
1 500 M (F)
4 X 400 M (H)
400 M (H)
ALADJI BA
LAMOURI RAHMOUNI
CHARLOS TOLLE
PIERRE FAIRBANK
ANNE TAVANO
DOMINIQUE ANDRÉ
SÉBASTIEN BARC
EMMANUEL LACROIX
XAVIER LEDRAOULLEC
LUTOVICO HALAGAHU
SÉBASTIEN BICHON
DAVID MERCIER
SOPHIE BELGODÈRE
PATRICIA PICOT
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
MURIELLE VAN DE CAPPELLE
ROBERT CITERNE
PASCAL DURAND
GÉRARD ROLLO
DAVID GUILLAUME
LUDVINE LOISEAU
PHILIPPE REVILLON
ÉRIC LINDMANN
MARTINE THIERRY
THU KAMKASOMPHOU
MICHÈLE SEVIN
MARTINE THIERRY
STÉPHANE MESSI
MICHEL PEETERS
VINCENT BOURY
JEAN PATRICK D’IVOLEY-BOGGS
ERWAN FOUILLEN
MARC SORABELLA
ÉRIC LACAZE
RAPHAËL VOLTZ
NICOLE MICHOUX
DEJAN MILADINOVIC
GÉANT (H)
SLALOM ET GÉANT COMBINÉS (H)
BERNARD BALIDEAN
BERNARD BALIDEAN
DESCENTE (H)
GÉANT (H)
DESCENTE (H)
SLALOM (H)
5 KM (H)
10 KM (H)
BERNARD BALIDEAN
BERNARD BALIDEAN
TRISTAN MOURIC
TRISTAN MOURIC
PIERRE DELAVAL
PIERRE DELAVAL
197
ARGENT (6)
BIATHLON
SKI NORDIQUE
OR (5)
SKI ALPIN
7,5 KM (F)
DESCENTE (H)
GÉANT (H)
SLALOM (H)
5 KM (H)
15 KM (H)
ANNE FLORIET
BERNARD BALIDEAN
TRISTAN MOURIC
TRISTAN MOURIC
PIERRE DELAVAL
JEAN-YVES ARVIER
GÉANT (F)
STÉPHANIE RICHE
GÉANT (H)
ALAIN MARGUERETTAZ
SUPER-G (F)
STÉPHANIE RICHE
---------------------------------------------------------------------------------------1988 - INNSBRUCK (14 MÉDAILLES)
BRONZE (3)
SKI ALPIN
ARGENT (2)
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
OR (4)
SKI ALPIN
OR (1)
SKI ALPIN
GÉANT (H)
BERNARD BALIDEAN
ARGENT (1)
SKI NORDIQUE
5 KM (H)
GÉRARD VANDEL
BRONZE (1)
SKI ALPIN
GÉANT (H)
RÉMY ARNOD
---------------------------------------------------------------------------------------1984 - INNSBRUCK (9 MÉDAILLES)
GÉANT (H)
RÉMY ARNOD
SLALOM (H)
BERNARD BALIDEAN
SLALOM ET GÉANT COMBINÉS (H)
RÉMY ARNOD
---------------------------------------------------------------------------------------1980 - GEILO (3 MÉDAILLES)
BRONZE (3)
SKI ALPIN
OR (2)
SKI ALPIN
---------------------------------------------------------------------------------------1976 - ÖRNSKÖLDSVIK (5 MÉDAILLES)
****************************************************************************************
JEUX PARALYMPIQUES D'HIVER
****************************************************************************************
15 KM (H)
GÉANT (H)
DESCENTE (H)
TRISTAN MOURIC
STÉPHANE SAAS
BERNARD BALIDEAN
STÉPHANE SAAS
PIERRE DELAVAL
7,5 KM (H)
OR (14)
BIATHLON
JEAN-LUC JIQUET
NADINE LAURENT
JEAN-NOËL ARBEZ
JEAN-LUC JIQUET
JEAN-NOËL ARBEZ
JEAN-LUC JIQUET
LIONEL BRUN
STÉPHANE SAAS
LIONEL BRUN
STÉPHANE SAAS
JEAN-YVES ARVIER
ANDRÉ FAVRE
SKI ALPIN
GÉANT (H)
DESCENTE (H)
OMAR BOUYOUCEF
DIDIER RIEDLINGER
BERNARD BALIDEAN
LUDIVIC REY-ROBERT
TRISTAN MOURIC
BERNARD BALIDEAN
STÉPHANE SAAS
TRISTAN MOURIC
LIONEL BRUN
LUDIVIC REY-ROBERT
GÉANT (F)
NADINE LAURENT
GÉANT (H)
JEAN-NOËL ARBEZ
JEAN-LUC JIQUET
SKI NORDIQUE
10 KM (H)
LUC SABATIER
20 KM (H)
JEAN-YVES ARVIER
30 KM (H)
LUC SABATIER
3 X 2,5 KM (H)
HERVÉ LE MOING
3 X 5 KM (H)
LUC SABATIER
ÉLIE ZAMPIN
---------------------------------------------------------------------------------------1994 - LILLEHAMMER (29 MÉDAILLES)
DESCENTE (H)
SUPER-G (H)
DESCENTE (H)
SLALOM (F)
SLALOM (H)
SLALOM (H)
SUPER-G (H)
5 KM (H)
20 KM (H)
GÉANT (H)
BRONZE (11)
SKI ALPIN
ARGENT (6)
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
OR (6)
SKI ALPIN
GÉANT (F)
VIRGINIE LOPEZ
SLALOM (F)
VIRGINIE LOPEZ
SKI NORDIQUE
10 KM (H)
JEAN-YVES ARVIER
---------------------------------------------------------------------------------------1992 - TIGNES-ALBERTVILLE (23 MÉDAILLES)
SKI NORDIQUE
BRONZE (3)
SKI ALPIN
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
BRONZE (9)
BIATHLON
SKI ALPIN
ARGENT (6)
BIATHLON
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
SKI NORDIQUE
SKI NORDIQUE
BRONZE (5)
BIATHLON
SKI ALPIN
ARGENT (6)
BIATHLON
SKI ALPIN
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
OR (7)
BIATHLON
7,5 KM (H)
DESCENTE (F)
SUPER-G (H)
10 KM (H)
3 X 2,5 KM (H)
7,5 KM (H)
DESCENTE (H)
GÉANT (F)
SLALOM (F)
SUPER-G (F)
5 KM (H)
10 KM LIBRE (H)
GÉANT (H)
5 KM (H)
10 KM (H)
7,5 KM (H)
3 X 2,5 KM (H)
DESCENTE (H)
7,5 KM (H)
DESCENTE (H)
SLALOM (H)
GÉANT (H)
SUPER-G (H)
10 KM LIBRE (H)
5 KM (H)
10 KM (H)
15 KM (H)
SUPER-G (H)
SLALOM (H)
ANDRÉ FAVRE
STÉPHANE SAAS
TRISTAN MOURIC
TRISTAN MOURIC
BERNARD BALIDEAN
ANDRÉ FAVRE
LUDIVIC REY-ROBERT
STÉPHANE SAAS
TRISTAN MOURIC
STÉPHANE SAAS
DIDIER RIEDLINGER
DIDIER RIEDLINGER
DIDIER RIEDLINGER
DIDIER RIEDLINGER
PASCALE CASANOVA
RAYNALD RIU
EMMANUEL LACROIX
ALEXANDRE BRUNET
DIDIER RIEDLINGER
EMMANUEL LACROIX
RAYNALD RIU
PASCALE CASANOVA
PASCALE CASANOVA
PASCALE CASANOVA
ALEXANDRE BRUNET
ALEXANDRE BRUNET
ANDRÉ FAVRE
GILLES PLACE
ANDRÉ FAVRE
ALEXANDRE BRUNET
ANDRÉ FAVRE
ÉLIE ZAMPIN
OMAR BOUYOUCEF
LIONEL BRUN
JEAN-LUC JIQUET
GÉANT (H)
JEAN-LUC JIQUET
SUPER-G (H)
LIONEL BRUN
JEAN-LUC JIQUET
SKI NORDIQUE
10 KM LIBRE (H)
JEAN-YVES ARVIER
HERVÉ LE MOING
20 KM CLASSIQUE (H)
JEAN-YVES ARVIER
---------------------------------------------------------------------------------------1998 - NAGANO (18 MÉDAILLES)
198
SKI NORDIQUE
BRONZE (6)
BIATHLON
SKI ALPIN
SKI NORDIQUE
ARGENT (11)
BIATHLON
SKI ALPIN
OR (2)
SKI ALPIN
7,5 KM (F)
SLALOM (H)
SUPER-G (F)
SUPER-G (H)
5 KM (H)
10 KM (F)
5 KM (F)
10 KM LIBRE (F)
10 KM LIBRE (H)
SLALOM GÉANT (F)
SUPER-G (H)
7,5 KM (F)
DESCENTE (H)
SLALOM (F)
SLALOM (H)
DESCENTE (F)
SLALOM (H)
*****
ÉMILIE TABOURET
LIONEL BRUN
PASCALE CASANOVA
DENIS BARBET
ALAIN MARGUERETTAZ
FABIENNE KACI
ANNE FLORIET
LIONEL BRUN
PASCALE CASANOVA
LIONEL BRUN
ROMAIN RIBOUD
PASCALE CASANOVA
LIONEL BRUN
ROMAIN RIBOUD
FABIENNE KACI
ÉMILIE TABOURET
ALAIN MARGUERETTAZ
PASCALE CASANOVA
DENIS BARBET
---------------------------------------------------------------------------------------2002 - SALT LAKE CITY (19 MÉDAILLES)
199
Titres disponibles
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6, rue Ferrus, 75014, Paris.
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Cet ouvrage est composé en caractères Jenson & Ocr-A
par Csaba Mészáros. Imprimé à 12 500 exemplaires
sur Valoprint 65 g, Terraprint brillant 70 g
et Basix Lys Naturel 300 g par Cent pages.
Iconographie : Lionel Laget
Crédits
p. 3 ©Dr/coll. Laget
©Edimages/Perrin
©coll. Laget
©Dr
Thomas Eakins, John Biglin à l’aviron (1873-1874)
©Yale University Art Gallery/Whitney Collections of Sporting Art
5-17 ©Dr/coll. Laget
18 ©Presse-Sport/L’Équipe
19 ©Dr/coll. Laget
20 ©Raymond Depardon/Magnum
21 ©Dr/coll. Laget
22 ©Presse-Sport/L’Équipe
23 ©Presse-Sport/L’Équipe
24 ©Gamma/J.O. d’Albertville, ouverture
25 ©AFP/Pascal Rondeau
26 ©Agence Vandystadt.com/Sylvie Chappaz
27 ©Presse-Sport/L’Équipe
1
2
3
4
-
Olympiques, Pindare, traduction Aimé Puech,
Éditions Les Belles Lettres
André Breton
Architecture en France
Balzac
La Bande dessinée en France
Berlioz écrivain
Chateaubriand
Le Cinéma français
Cinquante Ans de philosophie française
1. Les années cinquante (épuisé)
2. Les années structure, Les années révolte
3. Traverses
4. Actualité de la philosophie française
Claude Simon
Des poètes français contemporains
Écrivains voyageurs
L’Essai
L’État
France – Allemagne
France – Arabies
France – Chine
La France de la technologie
Georges Bernanos
George Sand
Gilles Deleuze
Henri Michaux
Histoire & historiens en France depuis 1945
Hugo
Islam, la part de l’universel
Johannesburg 2002,
Sommet Mondial du Développement Durable
Julien Gracq
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