Depuis dix ans,Anouk Thibaud vole au secours des chevaux

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Depuis dix ans,Anouk Thibaud vole au secours des chevaux
Depuis dix ans,Anouk Thibaud vole au
secours des chevaux maltraités
TDG,
ARTICLE - 03/09/2010
Plus de 200 chevauxrecueillis au total. Plus de dix ans de sa vie dédiés au sauvetage d’équidés délaissés ou
maltraités. Anouk Thibaud, 35 ans, est la fondatrice du Refuge de Darwyn. Basée à la sortie du village de Sézenove,
l’association, devenue au fil des ans une véritable «SPA du cheval», fête aujourd’hui ses dix ans d’existence. Et ce
week-end, le refuge est en fête.
Sa créatrice voue, évidemment, une passion sans bornes aux équidés. Mais, contre toute attente, pas à l’équitation.
«Même si je sais monter à cheval, ayant commencé étant gamine, je n’en ai plus envie, explique Anouk Thibaud.
J’aime les chevaux pour ce qu’ils sont. Mon truc, c’est de les sortir de leur beuzier. Faire de l’administratif, les
remettre en état de santé, leur trouver une famille d’accueil. Je peux faire plus de 50 000 kilomètres dans l’année,
cela m’est égal. »
C’est à l’âge de 11 ans que la responsable du refuge côtoie pour la première fois un de ces animaux au triste sort,
lorsque sa mère rachète une vieille jument destinée à la boucherie. «Personne n’en voulait, se rappelle Anouk
Thibaud. Depuis, je suis comme ça: je me fiche d’un bel étalon pleins papiers. Par contre, un vieux cheval qui n’a pas
de chance va m’intéresser!»
Et puis, en 1998, la passionnée manque d’abandonner le monde équestre quand son cheval d’alors, Darwyn – qui
donnera plus tard son nom à la fondation – meurt subitement d’une colique. «C’était plus qu’un cheval, c’était
presque un partenaire dans ma vie de tous les jours. » Mais Anouk Thibaud rebondit et loue un an plus tard une
ferme à Valleiry, en France voisine. «J’ai alors commencé à récupérer un, puis deux, puis huit chevaux aux destinées
sombres. » En 2000, au bénéfice d’un diplôme de commerce, elle fonde le refuge. En 2004, ce dernier s’installe à
Sézenove.
Maman d’une petite fille, la responsable enchaîne depuis des journées de douze à quatorze heures afin de gérer
l’administratif, les soins aux animaux mais aussi la quinzaine de bénévoles dévoués. Car aujourd’hui, le refuge de
Darwyn, c’est plus de 200 chevaux récupérés, séquestrés ou en pension (50 logent aujourd’hui à Sézenove). Des
appels quotidiens de personnes, crise oblige, n’ayant plus les moyens financiers de s’occuper de leur animal et
cherchant à le placer. Des expéditions aux quatre coins de la Suisse romande et en France voisine afin d’aller
constater des situations de maltraitance, souvent suite à des plaintes, et de faire le lien avec les autorités. «Je ne
pensais pas que le refuge allait prendre une telle ampleur. Ça n’arrête pas. Les gens appellent pour tout et rien,
raconte Anouk Thibaud. Certaines situations font vraiment mal au cœur, mais nous ne sommes hélas pas un puits
sans fond. Il faut toujours ramer, trouver des fonds. » Sa technique pour décompresser: chevaucher une HarleyDavidson.
Dernier sauvetage d’envergure: onze juments maltraitées récupérées dans une écurie du Jura au début de 2010.
Avec ces pensionnaires supplémentaires, le refuge arrive à saturation. «Mon projet est de construire une autre ferme
en Suisse romande, afin d’y placer les chevaux maltraités, annonce Anouk Thibaud. Un centre qui ne serait pas
ouvert en permanence au public et où les autorités pourraient placer les chevaux séquestrés. Le refuge de
Sézenove, lui, accueillerait les chevaux en pension et les autres en attente de placement. » Autre objectif: faire
bouger les choses «à la base, ajoute la responsable. L’initiative pour un avocat des animaux n’est pas tombée du
ciel. Il y a des problèmes dans la loi, les sentences sont inadaptées. Le propriétaire des onze juments, par exemple,
n’avait écopé que d’une amende de 500 francs pour des faits similaires il y a trois ans. Et il a récidivé. Aujourd’hui,
cela coûte plus cher de s’occuper correctement d’un animal que de le maltraiter. »