Symposium - University of Reims Champagne Ardenne

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Symposium - University of Reims Champagne Ardenne
Symposium,
Symposium,
Jeudi 11h, 100.
« Stress, coping et santé. Osons bousculer nos modèles… »
Organisation de la session :
Décamps, Greg (Université bordeaux 2),
Battaglia, Nicole (L.P.A Reims & Université de Lille3).
Résumé du symposium
L'objectif de ce symposium est de proposer un regard critique sur les modèles dominants
servant de référence à bon nombre d’études en psychologie de la santé, comme par exemple
le modèle du stress et du coping de Lazarus & Folkman, ou le modèle multifactoriel et
intégratif de Bruchon-Schweitzer. Malgré la diversité des publications scientifiques y faisant
référence, diverses critiques ont néanmoins pu être formulées vis-à-vis des concepts et
approches sur lesquels se basent ces modèles. Bien que ces critiques restent rares, ces
modèles dont la pertinence n’est plus à démontrer n’en sont pas pour autant irréprochables.
Par ailleurs, la « suprématie » de ces modèles rend d’autant plus difficile d’envisager des
publications scientifiques se situant à contre courant de ceux-ci. Dans ce contexte, les propos
tenus par les différents intervenants du symposium se situeront alors dans une démarche
visant à favoriser l’émergence de nouvelles modélisations et approches conceptuelles, en se
basant sur les questionnements que peuvent amener certains travaux récents en psychologie
de la santé. La première des interventions, proposée par Noëlle Girault-Lidvan, tentera de
recenser les diverses critiques qui ont pu être formulées vis-à-vis du concept de coping, et
s’intéressera plus précisément à la question de l’évaluation de ces stratégies, de leur
efficacité, ainsi que celle des classifications qui auront pu être proposées. Dans une seconde
intervention, Sophie Berjot proposera de considérer, en tant que situation stressante
spécifique, les contextes de menace de l’identité qui seront utilisés afin d’identifier les limites
du concept de double-évaluation, tout en proposant une classification des stratégies de faire
face aux menaces identitaires. Dans la présentation suivante, Greg Décamps proposera de
considérer les possibilités de modélisation spécifique rendues possibles par les modèles
actuels et présentera le modèle des conduites de performance, dont le fonctionnement
permettra d’envisager la description, l’explication ou la prédiction des performances de santé,
des performances sportives ou des performances professionnelles. Enfin, Nicole Battaglia
proposera dans une dernière intervention de s’intéresser à la conduite de santé spécifique que
représentent les conduites addictives. Il sera ici question d’analyser les limites des approches
psychiatriques classiques en addictologie afin de valoriser les avancées rendues possibles par
les nouvelles conceptions telles que celle du continuum addictif et les méthodes d’évaluation
permettant de mieux appréhender les trajectoires addictives. L’ensemble de ces présentations
devrait alors permettre d’ouvrir des débats susceptibles de favoriser la confrontation de divers
points de vue scientifiques et ainsi générer la mise en place de recherches interuniversitaires
collaboratives.
Communications
« Psychologie de la trajectoire addictive : les limites de l’approche
psychiatrique »
Battaglia, Nicole (Laboratoire de Psychologie Appliquée, Université de
Reims & I.U.T B, Université Lille 3), Décamps, Greg (Université bordeaux
2), Bruchon-schweitzer, Marilou (Université bordeaux 2).
Cette communication se propose de mettre en évidence, sur la base d’une revue critique de la
littérature (Battaglia, Bruchon-Schweitzer & Décamps, 2010) et d’études empiriques menées
de 2005 à 2010, les limites de l’approche psychiatrique actuelle et l’intérêt qu’il y aurait à
considérer, tant du point de vue de la recherche que des applications de la recherche en
matière de prise en charge sociale et clinique des addictions, les travaux actuels en
psychologie de la conduite addictive. En effet, les travaux les plus récents en psychologie des
conduites addictives convergent tous vers une idée essentielle : plutôt que de décrire les
addictions isolément sur un plan essentiellement nosographique et comme entités
exclusivement pathologiques, il convient : 1. d’interroger les déterminants, les fonctions et les
processus psychologiques impliqués dans la trajectoire addictictive et, 2. de développer des
outils permettant de soumettre à l’épreuve des faits ces considérations théoriques. De façon à
étayer ces options théoriques et méthodologiques, nous exposerons des résultats de quelques
travaux de recherche menées au sein de nos deux laboratoires, recherches portant sur la
conception d’outils (Décamps & al., 2010 ; Gilliard & Bruchon-Schweitzer, 2001.) et sur
l’utilisation d’une approche transactionnelle du stress pour éclairer les processus susceptibles
d’entraîner la personne ordinaire sur le chemin de la trajectoire addictive (Boujut & BruchonSchweitzer, 2010). Nos résultats ont montré que le fait de situer l’addiction dans des modèles
transactionnels du stress éclaire avantageusement la compréhension des processus impliqués
dans l’apparition, le maintien, l’intensification des conduites addictives mais aussi la question
des phénomènes de rechute, de compensation et/ou de poly-addiction (Décamps, & al.,
2009). La conclusion abordera l’application possible de ces résultats à des interventions de
terrain en matière de promotion de comportements de santé en population ordinaire ou chez
des patients déjà engagés sur la trajectoire de la pathologie addictive.
Références : Battaglia, N., Bruchon-Schweitzer, M., & Décamps,G. (2010). Esquisse d’une
approche intégrative du construit d’addiction : regards croisés. Psychologie Française (à
paraître). Décamps, G., Battaglia, N., & Idier, L. (2010). Elaboration du Questionnaire de
Mesure de l’Intensité des Conduites Addictives (QMICA) : Evaluation des addictions et coaddictions avec et sans substances. Psychologie Française (à paraître). Décamps, G.,
Scroccaro, N., Battaglia, N., 2009. Stratégies de coping, activités compensatoires et rechutes
chez les alcooliques abstinents. Annales Médico-Psychologiques, 167, 491-496. Gilliard, J.,
Bruchon-Schweitzer, M., 2001. Development and validation of a multidimensional smoking
behavior questionnaire. Psychological Reports, 89, 499-509.
Vers un modèle transactionnel du stress et du faire face aux situations
menaçantes pour l'identité
Berjot, Sophie (Laboratoire de Psychologie Appliquée, Université de
Reims Champagne-Ardenne).
Le modèle transactionnel du stress est l’un des plus utilisé pour expliquer comment les
individus font face aux situations difficiles qu’ils rencontrent. Si ce modèle s’est avéré tout à
utile et écologiquement valide pour expliquer le processus du stress lorsque l’on rencontre
une situation potentiellement menaçante pour son bien-être ou sa santé, il l’est moins pour
certains types de situations et en particulier celles menaçant l’identité (personnelle ou sociale)
des individus. Dans ce cas, il est nécessaire d’apporter quelques ajustements, que ce soit au
niveau des antécédents ou des conséquences mais aussi sur certaines de ses phases.
L’objectif de cette communication est de présenter, sur la base du modèle transactionnel de
Lazarus et Folkman (1984) un modèle adapté aux situations potentiellement menaçantes pour
l’identité (Berjot, Girault-Lidvan & Battaglia, 2008). C’est le cas des situations de
discrimination ou de menace de stéréotype (Berjot, Lidvan, Scharnitsky, & Gillet, 2010 ;
Berjot, S., Girault-Lidvan, N., & Roland-Levy, C, en révision), sur lesquelles portent
principalement les travaux issus de ce modèle, mais aussi d’autres situations comme des
situations de travail ou de non travail (harcèlement, retraire, licenciement ; Grebot & Berjot,
sous presse ; Roland-Levy & Berjot, 2009) ou des situations de compétitions sportives durant
lesquelles le Soi et l’identité sont souvent mis à mal (Finez, Berjot, Rosnet & Cleveland,
accepté). Seront donc présentées et illustrées les différentes phases de ce modèle, à savoir 1)
les situations potentiellement menaçantes pour l’identité, 2) les antécédents spécifiques aux
menaces identitaires, 3) l’évaluation cognitive de la situation, et 4) le faire-face. Enfin, nous
présenterons une étude portant sur les effets des menaces identitaires (à l’identité
personnelle ou sociale) sur l’évaluation de la situation et la motivation à rester engager dans
une activité.
Références : Berjot, S., Girault-Lidvan, N., & Battaglia, N. (2008). Stress et faire-face à la
stigmatisation et à la discrimination : vers un modèle du faire-face aux menaces de l’identité.
In S. Berjot & B. Paty (Eds.). Stress et faire-face aux menaces de l’identité et du soi. Stress,
Santé & Société, Vol. 4. Reims: Espur. Berjot, S., Girault-Lidvan, N., & Roland-Levy, C. (en
révision). Stress and coping with stereotype threat. Psychological Reports Finez, L., & Berjot,
S., Rosnet, E. & Clevland, C. (accepté). Do athletes claim handicaps in low ego-threat
conditions? Re-examining the effect of ego-threat on claimed self-handicapping. The Sport
Psychologist. Grebot, E., & Berjot, S. (sous presse). Réactions Psycho-traumatiques après un
licenciement évaluées à d’aide de la Post Check List Scale (PCLS). Soumis à Journal des
Thérapies Comportementales et Cognitives. Roland-Lévy C. & Berjot S. (2009) Social
representation of retirement in France: A descriptive study. Applied Psychology: An
International Review, 58(3), 418-434.
Synthèse critique des modèles du stress et de la santé et analyse des
comportements de santé par le modèle des conduites de performances.
Décamps, Greg (Université Bordeaux 2).
Parmi les modèles psychologiques prédictifs de la santé, le modèle intégratif et multifactoriel
de Bruchon-Schweitzer (2002) se distingue grâce à sa conception originale basée sur la prise
en compte de perceptions individuelles subjectives venant moduler l’impact des
caractéristiques psychologiques et environnementales sur l’individu. De récents travaux en
psychologie de la santé viennent néanmoins apporter de nouveaux regards qui, sans remettre
en cause la pertinence du modèle, apportent un certain nombre de critiques vis-à-vis des
concepts sur lesquels il se base. Par ailleurs, de récents modèles du stress comme notamment
le modèle de l’épisode de stress de Lassarre (2005) viennent compléter le modèle de Lazarus
& Folkman (1984). L’utilisation de ces différents modèles a ainsi pu donner lieu à de
nombreuses applications dans des domaines ne se limitant pas aux conduites de santé mais
s’intéressant à la prédiction des performances professionnelles ou des performances
sportives. Cette présentation aura donc pour objectif de présenter, sur la base d’une analyse
critique et synthétique des différents modèles évoqués, un modèle conceptuel permettant
d’envisager les comportements de santé en tant que « conduites de performance ». Le
modèle des conduites de performance (Décamps, 2011) sera ainsi basé sur une vision de la
situation stressante ne se limitant pas aux contraintes de la situation et aux ressources du
sujet mais proposera également de considérer les contraintes inhérentes au sujet et les
ressources que l’environnement met à disposition du sujet. Ce modèle sera également basé
sur la prise en compte de processus transactionnels regroupés en tant que perceptions
génériques, communes à toutes les situations, et que perceptions spécifiques. Enfin, en
référence aux travaux de Rivolier (1989), le modèle proposera la prise en compte de critères
de mesure de performances psychologiques, physiques, sociales et comportementales qui
pourront être déclinées sous l’angle de conduites de santé, de conduites sportives, de
conduites professionnelles, etc. La discussion proposera d’envisager les domaines
d’application du modèle ainsi que les perspectives de recherche qui permettront d’en valider
le fonctionnement, tout en proposant un regard critique sur les concepts de stress, coping et
sur les critères de santé.
Bibliographie : Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la santé : Modèles, concepts et
méthodes. Paris : Dunod. Décamps, G. (2011). Regard critique sur les modèles explicatifs de
la santé : modélisation et application au concept de performance. In : G. Décamps (Ed.)
Psychologie du sport et de la santé. Bruxelles : De Boeck. Lassarre, D. (2005). Vers un
modèle psychosocial de l’épisode de stress. In : Chasseigne, G. & Lassarre, D. (Eds.) Stress
et société. Vol.2. Reims : Presses Universitaires de Reims. Lazarus, R. & Folkman, S. (1984).
Stress, appraisal and coping. New York: Springer. Rivolier, J (1989). L’homme stressé. Paris :
Masson.
Regard critique sur la structure du coping et ses méthodes d’évaluation
Girault-lidvan, Noëlle (Laboratoire de Psychopathologie et Processus de
Santé, Université Paris Descartes).
Au cours de 30 ans de recherches, le concept de coping a montré son importance tant dans le
champ des recherches en psychologie de la santé que dans une perspective fondamentale. Or
il s’avère que la conceptualisation et la mesure des modes de faire face sont largement
hétérogènes et soulèvent de multiples questions, aussi bien en ce qui concerne l’aspect
conceptuel que l’aspect méthodologique de la recherche sur le faire face. Ainsi, le coping
recouvre un espace conceptuel très vaste, qui va des instances concrètes de l’expression du
faire-face aux processus adaptatifs dans leur globalité. S’il y a accord sur la multidimensionnalité de ce concept, un problème central réside dans le fait qu’il désigne aussi bien
des réponses très personnelles et spécifiques des situations que des catégories de niveau
intermédiaire dont la fonction dans la médiation des effets du stress est variable et mal
définie. Il semble donc nécessaire de redéfinir l’organisation hiérarchique du coping afin de
dégager une structure cohérente organisant les catégories subordonnées de coping
(comportements de faire-face hautement spécifiques) en catégories de niveau intermédiaire
et en catégories supra-ordonnées, qui pourront elles-mêmes être reliées à des objectifs
adaptatifs généraux. Parallèlement, les méthodes d’évaluation n’ont cessé de se développer
dans des directions diverses. Leur élaboration a certes permis de mettre à jour plusieurs
dimensions des stratégies de faire-face, telles que : « centrées sur le problème/centrées sur
l’émotion », « approche/évitement », « cognitives/comportementales », pour n’en citer que
quelques-unes. Mais ces méthodes, qui vont de l’observation directe à l’inventaire de
comportements définis à partir de conceptions théoriques et/ou de l’analyse factorielle de
comportements auto-rapportés, et qui ont été définies à partir de domaines, de types de
stresseurs et de populations relativement variés, s’avèrent insuffisantes pour rendre compte
de la complexité du processus transactionnel et être réellement prédictives de l’ajustement
final. Dans une démarche de mise en question des typologies et catégorisations diverses qui
fondent la mesure du faire-face, nous proposons d’examiner les apports de méthodes qui
utilisent l’enregistrement au jour le jour des réponses apportées aux événements quotidiens
ressentis comme problématiques. Nous présenterons différentes recherches mettant en
évidence des différences importantes dans le recours aux stratégies de faire-face en fonction
de facteurs tels que le genre (Hamilton et Fagot, 1988) ou le contexte (Reiser, Black et
Abelson, 1985). Puis nous développerons les questions liées aux méthodes d’évaluation
permettant de comparer les résultats obtenus à partir d’évaluations rétrospectives, en termes
de trait, et en temps réel, du faire-face à des situations quotidiennes (Todd, Tennen, Carney,
Armeli et Affleck, 2004), et mettant en évidence des disparités notables entre ces différents
types d’évaluation.