Le commentaire en PDF - Mon BAC de français 2016
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Louis Aragon (1897 - 1982) Aurélien (1944) Louis Aragon fonde avec André Breton et Philippe Soupault le mouvement surréaliste. Il publie des recueils poétiques : Feu de joie (1920), Le Mouvement perpétuel (1925), et Le Paysan de Paris (1926), roman qui décrit un Paris merveilleux. Comme de nombreux surréalistes, il s’engage au Parti communiste. Alors que ses amis prennent leurs distances par rapport aux idées du parti, il reste fidèle à son engagement politique et rompt avec le groupe surréaliste en 1932. Il publie dans l’entredeux-guerres plusieurs romans (Les Cloches de Bâle, 1934 ; Les Beaux Quartiers, 1936 ; Aurélien, 1944). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la Résistance, participe à des revues clandestines et publie deux recueils poétiques : Le Musée Grévin (1943) et La Diane française (1944), où il met sa poésie au service de son combat. Après la guerre, il écrit deux recueils poétiques qui font l’éloge de sa compagne, Elsa Triolet : Elsa (1959) et Le Fou d’Elsa (1963). Résumé de la pièce Bérénice de Racine (XVIIe) : Cette tragédie s’inspire de l’histoire romaine : Titus, empereur de Rome, est amoureux de Bérénice, reine de Palestine. Mais le peuple romain refuse qu’il épouse une étrangère : il décide donc, par nécessité politique, de chasser de Rome la femme qu’il aime. L’héroïne d’Aragon porte le même prénom que celle de Racine. C’est, d’après Aurélien, le seul point commun entre les deux femmes. En revanche, le héros d’Aragon ne partage aucun point commun avec celui de Racine, si ce n’est peut-être une certaine goujaterie dont se moque l’auteur. Comment le narrateur conçoit-il le portrait inaccessible de Bérénice entre poésie et humour ? I. Un incipit déroutant 1. Entrée en matière surprenante « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » (l.1) introduction inattendue. Le narrateur nomme les personnages comme si nous les connaissions déjà et savions comment ils se sont rencontrés. Annonce d’un portrait péjoratif surprenant. 2. Imprécision du contexte Aucune information sur le cadre spatio-temporel, ni sur l’intrigue à venir dont l’éventuel histoire d’amour paraît d’emblée peu probable. 3. Un récit aussi décousu que cohérent Le texte paraît décousu car le narrateur passe avec un point de vue interne d’une idée à l’autre et la fin n’a que peu de rapport avec le début. Toutefois la digression est logique vis-à-vis du prénom puisqu’Aurélien associe celui de la Bérénice qu’il a rencontrée avec celui du personnage la pièce de Racine. II. Un portrait impossible 1. Une femme repoussante ? Le début du texte ne laisse pas présager une histoire d’amour entre les personnages puisque le narrateur dit la trouver « laide ». Plusieurs termes négatifs caractérisent la jeune femme : « ternes » (l.5), « mal tenus » (l.6), « petite, pâle » (l.9). De plus elle provoque l’ennui et l’irritation d’Aurélien (l.8 et 11) 2. Un physique insaisissable Le portrait du personnage ne permet pas de l’imaginer avec précision car le point de vue choisi est celui d’Aurélien. Vêtement désigné par le mot étoffe qui renvoie à au tissu utilisé pour les vêtements sans plus de détails « Aurélien n’aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l’avait mal regardée. » Le personnage lui-même est incapable de vraiment se représenter Bérénice 3. Un vers évocateur Vers de Racine : « Je demeurai longtemps errant dans Césarée... » (l.16). Ce vers a un pouvoir évocateur. C’est un leitmotiv qui prend la forme d’une formule obsédante presque magique. Aurélien la prononce deux fois, comme si elle allait faire apparaître la Bérénice de Racine, ou peut-être la Bérénice qu’il a rencontrée. III. Entre humour et poésie 1. Des niveaux de langue différents Deux niveaux de langue se mêlent : certaines phrases sont soutenues, comme celle aux lignes 4 à 6. D’autres sont plus relâchées du point de vue syntaxique (« En général, les vers, lui… », l.21) ou lexical (« comment s’appelait-il, le type qui disait ça », l.30 – 31). Ce décalage produit un effet plutôt humoristique. Le mythe de Racine est dégradé par les expressions familières d’Aurélien. 2. Un récit de pensée empreint d’humour Cet incipit prend la forme d’un récit de pensées à la troisième personne. C’est donc le narrateur qui permet au lecteur de connaître l’intériorité du personnage. Mais la première personne du singulier apparaît deux fois (l.12 et 29), comme si Aurélien interrompait le narrateur ou que leurs voix se mêlaient. Cela peut déstabiliser le lecteur mais introduit également des remarques comiques comme « je deviens gâteux » (l.29-30). Si l’on considère que leurs deux voix se mêlent, alors cet adjectif péjoratif peut s’appliquer également au narrateur. 3. Un incipit poétique Ce texte est humoristique, mais il est aussi empreint de poésie. De nombreuses répétitions et reprises créent un bercement poétique. La syntaxe suit le cheminement heurté de la pensée d’Aurélien, ce qui peut créer un rythme musical, comme par exemple aux lignes 18 et 19. La référence à Racine est une manière de revendiquer la portée poétique du langage.
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