FLORENCE HISTOIRE : LES MEDICIS
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FLORENCE HISTOIRE : LES MEDICIS
FLORENCE HISTOIRE : LES MEDICIS "3 siècles d'histoire" Pendant trois siècles, l’histoire de Florence se confond avec celle de la famille Médicis : de simples banquiers ils deviendront grands-ducs de Toscane. Giovanni di Bicci (1360 - 1429) Il met en place le "système Médicis". Petit homme modeste, intelligent et rusé, Giovanni multiplie les opérations financières. Tous, l'artisan besogneux, le paysan, le marchand de laine, l'industriel ou le négociant en draps, frappent à sa porte. Il prête sans se faire prier en échange de garanties sur l'atelier, la récolte, le magasin, le stock ou l'immeuble. Quand il faut rembourser ? Jean accorde généreusement des délais. La contrepartie ? Il demande simplement de "petits services d'amis" : voter "oui" ou "non" à une élection, avantager un candidat … et nul ne peut plus refuser car Giovanni pourrait le ruiner. A l'âge de 61 ans, en 1421, Jean pose, avec beaucoup de modestie, sa candidature au poste de gonfalonier : il est élu bien sûr ! Quand il meurt, en 1429, il lègue à son fils Cosme la deuxième fortune de Florence, juste derrière celle des Strozzi. Cosme (1389 - 1464) : le pouvoir dans l'ombre et le mécénat Cosme cache ses ambitions et sa puissance sous des apparences modestes. Préoccupé de ne jamais provoquer l'envie, il aime vivre simplement et s'habille en marchand. Sans paraître au premier plan, pendant 30 ans, de 1434 à 1464, il tient Florence dans ses mains et ses "conseils avisés" sont la loi de la commune. Il contrôle en permanence la Seigneurie par des hommes de paille, tout en la comblant d'honneurs et de marques de respect. Ce renard politique, d'une très grande culture, crée l'Académie platonicienne et la future bibliothèque Laurentienne, avec les plus beaux, les plus rares manuscrits grecs et latins. Humaniste fervent, amateur d'art éclairé, Cosme fait construire (par ex. le couvent San Marco) Il s'entoure d'artistes de génie : Alberti, Brunelleschi, Ghi be rti, Donatello, Verrocchio, Miche lozzo, Uccello, Castagno, Lippi … et nous lui devons l'explosion de la Renaissance, dans cette première moitié du Quattrocento. Laurent le Magnifique (1449 - 1492) : la lumière, mais la faillite. Pendant 25 ans, Laurent incarne tout le génie de la Renaissance. Véritable prince, adroit en politique comme en diplomatie, Laurent viole les institutions de la commune. Il fait élire les prieurs par un conseil composé de 70 membres choisis par ses soins et donne tous les pouvoirs à un conseil réduit, placé sous son entière dépendance (1480) … et le peuple accepte ! Malheureusement Laurent n'entend rien aux affaires; il meurt en pleine gloire politique, mais en pleine déroute financière. Poète, connaisseur des arts, "Le Magnifique" n'est p as un b on mé c èn e, comm e son grand-père Cosme. Bien sûr il nourrit Michel-Ange, mais laisse partir Botticelli pour Rome, Verrocchio pour Venise, Léonard de Vinci pour Milan … Ce sont ses proches et amis (les Rucellai, les Pitti, les Tornabuoni) qui commanditent les œuvres d'art. (Cicontre, portrait de Laurent casqué, d'après une médaille) LA CONQUÊTE DU POUVOIR Le temps des banquiers (1240 - 1421) Les Médicis étaient banquiers. Originaires du Mugello (à 30km au nord de Florence), les fondateurs de la maison Médicis sont des gens discrets. Ils souhaitent la paix, la stabilité et la continuité des institutions, nécessaires à l'essor de leurs banques, magasins et usines. La Commune préfère les grands bourgeois qu'elle re c o n n a î t comme une émanation du peuple. Après tout, rien n'empêche l'obscur artisan de deve n i r, par un coup de chance ou le succès normal de son habileté, un gros commerçant ou un prêteur d'argent, comme l'un de ces Médicis. Tandis qu'ailleurs, certains s'imposent par la force (comme les S forza à Milan), les Médicis accap a rent le pouvoir avec l'or, des murailles d'or, plus efficaces que toutes les armes, et ouvrent à leur descendance la voie de tous les pouvoirs. Les maîtres de Florence (1421 - 1492) La durée de la suprématie incontestée de Florence correspond au go u vernement des premiers Médicis dont se détachent tro i s grandes figures : Giovanni, Cosme et Laurent (voir encadré). LES MÉDICIS DANS LA TOURMENTE L'exil (1494 - 1512) L'Italie devient un champ de bataille où s'affrontent les intérêts de la France, de la Papauté et de l'Espagne. Les Médicis sont chassés de Florence pendant 18 ans, le temps de deux républiques : celle de Savonarole (1494 - 1498) au nom du Christ-Roi, et celle du gonfalonier Pierre Soderini (1498 - 1512). Mais dans l'ombre du pape Jules II, un cardinal, Jean de Médicis, prépare le retour de sa consor teria. Dès 1512, avec la capitulation de la République florentine devant les troupes espagnoles, Jules II impose ce retour, souhaité d'ailleurs par la majeure partie de la population. Les Médicis accèdent à la papauté Durant les 15 années suivantes (1512 -1527), les Médicis exercent le pouvoir et poursuivent leur ascension. Le cardinal Jean gouverne Florence jusqu'à son élection à la papauté en 1513, sous le nom de Léon X (il sera le protecteur de Raphaël). Confiant la ville à son neveu Laurent, qu'il fait duc d'Urbino, il met toutes les re s s o u rces de la papauté au service de sa famille. En 1518, Jules de Médicis, nommé cardinal par Léon X , va succéder à Laurent … jusqu'à son élection papale (1523), sous le nom de Clément VII. Ce neveu de Laurent le Magnifique précipite en 1527 Florence dans un nouveau conflit avec Charles Quint. La ville capitule une nouvelle fois ; les Médicis reprennent le chemin de l'exil (1527 - 1530), au profit du gonfalonier Ugo Capponi. médicis - 2 DUCS ET GRANDS-DUCS (1530 - 1737) Alexandre, duc de Toscane LE BLASON Le blason des Médicis s'or ne de besants, donc de monnaies, roulant sur champ d'or, et non de pilules de medici (médecins) comme le prétend une légende tenace, mais erronée. Ces besants prennent la forme de boules (palle) d'où le cri de ralliement de la consorteria : "Palle ! Palle !" La réconciliation de Clément VII et de Charles Quint sonne le glas du régime des Capponi. Après 11 mois de siège, Florence capitule… Imposé par un pape et un empereur, Alexandre devient le premier duc de Toscane (1530) pour être assassiné peu après par son cousin Lorenzino (thème de "Lorenzaccio", pièce d'A. de Musset). Ainsi s'éteint la branche aînée des Médicis. Au fil du temps le nombre de palle varie de 12 à 6 … Autrement dit, le nombre de besants diminue sur le blason au fur et à mesure que la famille s'enrichit ! Le blason, bien en vue, distingue toujours les palais des familles p atricien nes . Lors qu e d eux familles s'allient, l'écu peut se partager, tel celui des familles Médici -Toledo (à g.), après le mariage de C osm e I er avec Eléon ore d e Tolède. La succession échoit au jeune Cosme Ier qui, trente ans plus tard, se voit élever au rang de grand-duc par le pape Pie V. Despote affirmé, habile politique et administrateur clairvoyant, Cosme Ier débute la seconde dynastie des Médicis, celle des Grands-Ducs de To scane. Il fait construire les Offices, que son fils et successeur, François, transformera en musée public. Il s'entoure d'artistes tels Giambologna, Cellini, Vasari, Ammanati, Pontormo … Ses successeurs auront en commun, tous les six, le mérite de rassembler aux Offices et au palais Pitti un patrimoine artistique fabuleux. Cosme Ier, grand-duc La fin des Médicis Le dernier Médicis, Jean-Gaston (1671 - 1737) meurt sans enfant. Le traité de Vienne (1738) donne la Toscane à François-Etienne, duc de Lorraine, qui épouse l'archiduchesse Marie-Thérèse, future impératrice d'Autriche; c'est ainsi que l'héritage des Médicis s'incorpore aux biens de la maison d'Autriche. JEAN DE BICCI (1360-1429) ARBRE GÉNÉALOGIQUE SIMPLIFIÉ COSME L'ANCIEN LAURENT L'ANCIEN (1389 - 1464) (1395 - 1440) PIERRE LE GOUTTEUX PIERRE-FRANÇOIS (1430 - 1467) (1416 -1469) LAURENT JULIEN LAURENT JEAN DIT LE MAGNIFIQUE (1453-1478) (1463 - 1503) (1467-1498) (1449-1492) (1478-1534) pape Clément VII JULES PIERRE, JEAN, JULIEN, PIERRE-FRANÇOIS LE MALCHANCEUX (1475-1521) pape Léon X DUC DE NEMOURS (1487-1525) (1472-1503) (1479-1516) LORENZINO LAURENT, (1514-1547) assassin d'Alexandre DUC D'URBINO (1472-1503) ALEXANDRE, CATHERINE 1er duc (1510-1537) reine de France (1519-1559) assassiné par Lorenzino JEAN des Bandes Noires (1467-1498) COSME IER (1519-1574) FRANÇOIS IER FERDINAND IER (1514-1587) (1549-1609) MARIE COSME II reine de France (1553-1610) (1590-1621) DEUX MÉDICIS, REINES DE FRANCE Catherine épouse Henri II, fils de François Ier, dont elle a trois enfants qui porteront la couronne de France : François II, Charles IX et Henri III. Marie épouse notre Henri IV et enfante Louis XIII. Quatre de nos rois ont ainsi directement du sang italien, celui des Médicis ! FERDINAND II (1610-1670) COSME III (1642-1723) JEAN-GASTON (1671-1737) Texte : René CUBAYNES -Conception et réalisation : Michèle GOZARD - Edition 2007
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