À ProPoS D`uNe nouvelle école - La recherche aux Beaux
Transcription
À ProPoS D`uNe nouvelle école - La recherche aux Beaux
Séverine Hubard, Halle 5 Alstom, 2009 À propos d’une nouvelle école Direction Michel Aubry et Edith Commissaire document de présentation, juin 2011 esba Nantes Métropole Place Dulcie-September 44 000 Nantes +33 2 40 35 90 20 www.esba-nantes.fr d u oc me d nt et il va a r À propos d’une nouvelle école objet Direction Le groupe de recherche à Propos d’une Nouvelle école (A.P.N.é) s’est formé en 2005 autour de la question de la conception et de la construction d’une nouvelle école d’art. Il s’est agi, dès les commencements, d’articuler au programme architectural classique, lancé en vue de la construction d’une nouvelle école d’art sur l’Île de Nantes, une recherche qui inventerait un nouveau modèle d’enseignement et qui, conduite en parallèle au projet de bâti, en inclinerait les caractéristiques. Trois objets ont progressivement émergés de cette recherche : un objet architectural climatique conçu par Philippe Rahm ; un film, d’abord inscrit dans le prolongement du travail artistique de Michel Aubry et réalisé en collaboration avec David Legrand ; un catalogue de ressources, objet graphique accumulant et organisant la matière documentaire de cinq années de recherche. Ces trois objets se sont élaborés en interagissant les uns sur les autres ; afin de rendre apparente cette dynamique interne, ils feront l’objet d’une édition commune. Michel Aubry artiste et enseignant Edith Commissaire architecte et enseignante sommaire ––––––––––––––––––––––– 1. introduction 1.1. à propos d’une nouvelle école 1.2. Entretien La Fiction comme programme par Emmanuel Doutriaux 2. objets DE RECHERCHE 2.1. Architecture Open Climate, Philippe Rahm 2.2. Film La Visite des écoles d’art, Michel Aubry 2.3. Documents Le Catalogue des ressources, édith Commissaire 3. diffusion DE la RECHERCHE, publications et expositions 3.1. Après l’eden, exposition collective, le lieu unique, Nantes (2008) 3.2. Opérette de musique concrète, opérette de Michel Aubry, David Legrand et Rainier Lericolais (2008) 3.3. Exposition de Séverine Hubard, halle Alstom, Nantes (2009) 3.4. Climats ouverts, tournages, ballet climatique et projection fleuve au lieu unique, Nantes (2009) 3.5. Climat & architecture, symposium à l’école d’architecture de Copenhague (2009) 3.6. Journal Apné n°0, journal en préfiguration du Catalogue des ressources (2010) 4. éditions de la recherche 5. chronologie des workshops 6. biographies english appendice Pavilion of Limbo, essay by Emmanuel Doutriaux chercheurs 2005/06 Thibaud Espiau artiste Aurélien Lemonier architecte 2006/07 David Legrand artiste Rainier Lericolais artiste Philippe Rahm architecte 2007/08 Séverine Hubard artiste 2008/09 David Legrand artiste Davy et Yoann Bernagoult musiciens 2009/2011 Anne-James Chaton artiste 1. INTRoduction 1.1. À propos d’une nouvelle école Comment concevoir et construire une pratique artistique, telle est la question pédagogique fondamentale d’une école d’art. autour de cette thématique, A.P.N.é interroge chacune des spécificités qui caractérise cet outil de réflexion et de production sans cesse repensé et réactivé, afin d’évaluer ce que pourrait être la future école sur l’Île de Nantes. Direction Michel Aubry artiste et enseignant Edith Commissaire architecte et enseignante Enseignants à Nantes depuis de nombreuses années, Michel Aubry, artiste, et édith Commissaire, architecte, sont à l’origine du groupe qui dès 2005 conduit une recherche sur le sens des établissements d’enseignements artistiques. Cette recherche est d’emblée articulée à une réalité intangible : celle de la construction d’une nouvelle école d’art à Nantes ; elle se donne pour tâche d’en démultiplier les tenants et les aboutissants en interrogeant, au-delà d’un simple cahier des charges, le sens même de l’enseignement de l’art, des notions d’équipe et de programme pédagogique, des pratiques artistiques, de la division du travail à l’intérieur d’une école d’art, de l’inscription d’une recherche artistique sur un territoire, de son architecture. Plusieurs projets sont mis en œuvre au fil de ces six dernières années, chaque projet faisant appel à des intervenants et des artistes extérieurs à l’école d’art de Nantes, à des étudiants d’autres écoles, à ces écoles elles-mêmes, leur histoire, leur présent, leur futur. L’équipe multiplie les rencontres et les événements qui viennent nourrir la recherche, laquelle se désire collective parce que convaincue que le partage des expériences et des savoirs est le fondement d’une propédeutique innovante. En décembre 2008, dans la halle 5 d’Alstom, emplacement futur de la nouvelle école, Séverine Hubard, artiste chercheuse, expose une sculpture constituée d’un stock de matériaux divers glanés auprès d’entreprises locales. Le temps de l’exposition passé, l’artiste chercheuse redistribue gracieusement les éléments de son installation aux étudiants et jeunes artistes nantais, mettant ainsi en évidence la cruciale question matériologique de la production artistique. Conçu par Philippe Rahm comme un labyrinthe de neuf espaces libérés de toute forme et fonction prédéterminées, Open Climate, objet architectural, n’a pu voir le jour pour des raisons de surcoût technique. Il a néanmoins nourrit la réflexion du groupe et alimenté les autres objets de recherches. À partir de la question climatique chère à l’architecte, le concept initial analyse les influences psycho- neuro-physiologiques des variations de la température et de la luminosité sur l’acte de création et ses processus. Réalisé pour Après l’eden, l’exposition agitprop organisée en 2008 par le groupe de recherches au lieu unique, le prototype du pavillon devient le décor de la fin du film La Visite des écoles d’art, l’un des objets de la recherche. Autour de la figure du commandant Von Stroheim joué par David Legrand, La Visite des écoles d’art réalisé par Michel Aubry offre à voir un film fleuve de quelque cinq heures constitué de reprises de grandes scènes de cinéma. D’intenses rencontres fantomatiques entre Roland Barthes et Marguerite Duras, Dürer et Le Corbusier..., tournées dans deux lieux bien réels compose une fresque inédite sur les écoles d’art (Strasbourg, Annecy, Nantes, Limoges) et leurs modalités de productions, d’usages et d’échanges. David Legrand en écrit les dialogues, Davy et Yoann Bernagould composent la musique, et de nombreux intervenants et étudiants jouent tour à tour leurs rôles d’acteurs, de scénaristes, de décorateurs, d’accessoiristes, de costumiers, de monteurs... Le Catalogue des ressources construit pas à pas par édith Commissaire accompagne ces événements et les déborde de part en part. L’objet se construit d’année en année par prélèvements et ponctions, explorations et extrapolations des matériaux glanés par les autres projets. à la fin, une base de données textuelle, graphique, sonore, elle aussi alimentée durant des années par de nombreux artistes et étudiants, prend forme ; elle se distribue en champs de recherche, les fonds noirs, les objets programmatiques, les cibles…, qui fonctionnent tels des embrayeurs d’une réflexion continue sur ce qu’est et ce que peut être une école d’art. En 2009, l’artiste et écrivain Anne-James Chaton a rejoint le groupe pour contribuer à la conception éditoriale des ouvrages consacrés aux objets spécifiques de cette recherche. Une première publication voit le jour, Apné n°0, sorte d’antichambre des volumes à venir dont six années d’exploration ont affirmé les contours ; Volume 1 : Open Climate, une architecture climatique ; Volume 2 : La Visite des écoles d’art ; Volume 3 : Le Catalogue des ressources. 4 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux Apné, politique générale documentation ; il a fait progressivement émerger les fantômes – selon le terme que tu as employé et qui me semble très juste –, les obsessions qui étaient les nôtres. De ce fait, il ne se cantonnait pas à accumuler des références mais contribuait à faire advenir un imaginaire qui soit progressivement mutualisable. Emmanuel Doutriaux : Je vous propose de commencer par un chapitre qu’on pourrait nommer « Apné politique générale », qui porterait sur la dimension stratégique de l’affaire… On comprend votre position quant à la « préfiguration » de la future école, qui consiste à dire, quand on vous propose de vous impliquer sur ce futur : « Nous ne sommes pas des programmistes ! » Pour autant, comment concevezvous l’inscription de votre programme artistique et de recherche dans le projet d’école ? Quelle est sa valeur démonstrative ? Ces objets « programmatiques » fonctionnaient aussi comme instruments pédagogiques. Mais encore, ils s’inscrivaient très fortement dans une relation à la cité. Avec nous, l’École est fréquemment sortie de ses murs. Elle a en particulier régulièrement manifesté sa présence au Lieu unique. Je crois que tu désignes justement notre projet sous la bannière « Faire climat / Faire société ». J’ai l’impression que nous avons monté ainsi une petite société à 124 personnes, une équipe mobilisable sur un tournage de film, comme sur d’autres formes d’expérimentations. Vous ne vous situez pas dans une forme « d’art engagé » ; vous ne souscrivez pas à une quelconque « esthétique relationnelle », mais n’y a-t-il tout de même pas lieu de considérer une forme d’utilité sociale pour votre travail ? Quelle est votre position à cet égard ? Edith Commissaire : Nous avons fait le compte, nous avons jusqu’à aujourd’hui travaillé sur ce projet avec 124 personnes différentes. Au départ le directeur a approché l’enseignant qu’est Michel, pour réfléchir à ce futur de l’école, qui m’a lui-même invité à y réfléchir ensemble. La problématique du pavillon ED : Michel, en quoi cette problématique du pavillon dans le contexte de l’exposition t’intéresset-elle en particulier? Nous avons tout de suite pensé qu’une forme de recherche ne pouvait dans notre cas se passer d’un projet. Qu’il donne lieu ou non à réalisation, il y aurait projet. Michel Aubry : Je me suis par le passé intéressé à l’exposition de 1925. Ainsi j’ai ainsi été amené à interpréter et associer entre eux le pavillon de Melnikov et le club ouvrier de Rodtchenko (ainsi que le cabanon de Le Corbusier à Cap-Martin). La première fois qu’avec Pierre-Jean Galdin, directeur des Beaux-Arts de Nantes, nous avions évoqué l’idée de montrer quelque part le projet de l’École, nous nous trouvions précisément dans l’installation issue de ces croisements, qui était présentée au Frac des Pays de la Loire. Il était alors occupé par de grandes cimaises mobiles, comme peuvent en comprendre nos foiresexpositions contemporaines. Dans cet ensemble recomposé, j’avais alors imaginé faire intervenir des artistes. Nous avons commencé par constituer dans l’école un lieu qui s’est d’abord appelé « agence d’architecture participative ». Et nous avons contacté Shigeru Ban pour le construire. Ensuite, en fonction des obsessions des uns et des autres, différents volets pédagogiques et de recherche ont été déclinés. L’hypothèse du pavillon s’inscrit complètement dans l’histoire particulière de Michel sur les expositions universelles, qui pouvait assez aisément se mettre en relation avec cette pratique des foires qui se généralise maintenant sur l’île de Nantes1. Dans le cours de nos discussions avec Philippe Rahm, nous avons trouvé intéressant d’exploiter le contexte de la première biennale Estuaire, en 2006, pour penser cette exposition comme un « pavillon de foire », constitué comme tel. Pour autant je me sens totalement déconnecté d’une quelconque relation à l’esthétique relationnelle et au réseau dont elle procède. La stratégie mise en place l’était dans le cadre de cette biennale, de manière purement opportuniste, comme étant apte à recevoir une mise en fabrication du projet. Cela permettait d’une part d’émarger à d’autres budgets que celui La relation avec Shigeru Ban n’a cependant pas eu de suite – essentiellement pour des raisons de disponibilité – bien que nous soyons allés très loin dans la négociation ; c’est alors que Philippe Rahm a développé son projet Open Climate. Notre second objet, à caractère fictionnel, s’est dessiné en parallèle ; il a donné naissance aux films La Visite des écoles d’art et Climats ouverts. Enfin le Catalogue des ressources est plutôt objet de 5 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux de l’École ; cela rendait par ailleurs notre projet très visible. Plutôt que d’esthétique relationnelle, on peut en ce sens parler d’une stratégie purement communicationnelle. Je n’ai pas peur de l’afficher ainsi. Il s’agit donc moins d’une posture théorique que d’une attitude pragmatique vis-à-vis des potentialités locales. ED : On peut en effet voir là comme une forme de tradition qui se manifeste un peu partout à Nantes ces temps derniers, sur le territoire de l’Île en particulier ; je pense à ce que Bouchain nous dit de la fabrique, de l’importance du passage à l’acte dans le contexte culturel et créatif, ce qu’il a réussi à mettre en place à LU (pour Jean Blaise), du travail incroyable accompli aux Machines de l’Île à l’initiative de Royal de luxe ; de ce que les Lacaton et Vassal ont revendiqué pour l’école d’architecture de Nantes, etc. EC : J’ai l’impression qu’on a mis en place une méthode de travail un peu inusuelle pour une école d’art. On a lancé un projet, un peu comme en architecture, en convoquant autour de la table, à l’École, en présence des étudiants, les décideurs, tous les acteurs qui étaient partie prenante. Le projet en ce sens, c’était tant de l’étude que du montage, une vraie pratique d’atelier collectif, dans toutes ses déclinaisons, qu’il s’agisse du film, du prototype du pavillon, de l’opérette, du ballet climatique… Ainsi, chacune de nos intrusions dans les différentes écoles visitées par le tournage était l’occasion de mettre en place des intensifs ou workshops en mobilisant les étudiants locaux… De la fiction avant toute chose ED : Venons-en maintenant plus directement au volet fictionnel de l’entreprise Apné. Le film qu’est La Visite des écoles d’art forme – me semble-t-il – un genre hybride qui met en relation la fiction avec une assise documentaire (sous le registre de l’enquête) – si fictive soit-elle – tandis qu’il amène à s’interroger sur la forme et le statut de la narration. Quel est sujet ? Quel est le récit ? Qu’appelle-t-on le réel ? Je trouve intéressant d’en passer un moment par ce qu’on appelle le « docu-fiction » – je pense en particulier à l’œuvre de Peter Watkins – pour essayer de comprendre ce qui fait la singularité de votre projet. On le sait, Watkins tourne souvent l’histoire au présent, depuis le présent. Dans des films comme La Commune, « la règle étant que l’aller et retour entre le présent et le passé est non seulement autorisé mais vivement recommandé ». Or, il y a une différence essentielle – malgré des dispositifs formels équivalents – entre cette école du docu-fiction et l’intégrisme du cinéma-vérité. Hubert Damisch nomme cela «feinte du direct » : « La reconstruction du contexte [dans lequel la peinture a été produite], cette reconstruction, toute de fiction, si bien documentée soit-elle, s’égale par la feinte du “direct” à la déconstruction du système médiatique dont le genre “documentaire”, sinon la notion même de document, empruntent pour partie de leur sens » 2. Dans le dispositif mis en place par Watkins, l’entrechoc des temporalités fonctionne par l’intrusion, dans le film d’histoire, d’un personnage contemporain complexe – qui est un peu à la fois auteur, acteur, réalisateur, spectateur. Dans le cas de La Visite des écoles d’art, le dispositif est en quelque sorte inverse, puisque vous faites surgir un personnage « historique de fiction » des limbes du passé cinématographique pour visiter nos situations contemporaines. La lettre de commande passée par le directeur des Beaux-Arts de Nantes au commandant Stroheim paraît d’abord relever de l’enquête ; mais la visite se transformera progressivement en une forme de prise de possession du présent par cet enquêteur fantôme devenu usurpateur des situations qu’il rencontre… Pourrait-on dans ce cas parler de fictiondocumentaire, de « fiction-docu » ? Quel sens accordez-vous en fait à ce jeu sur l’anachronie ? Stroheim ferait-il en cela le pont, que seule la fiction serait en mesure de proposer, entre un présent documentaire (qu’est-ce qu’une école d’art ?) avec des temporalités davantage insaisissables, que sont le passé (le revenant apportant avec lui « l’Histoire ») et un futur (ce voyageur à travers le temps donnant figure à « l’anticipation ») ? MA : La partie documentaire a en réalité progressivement disparu ; elle était au départ envisagée sous la forme d’images d’archives tournées dans ces écoles avant que nous ne les visitions. Nous n’avons pas eu la possibilité d’avoir recours à ce type d’images et finalement la part documentaire ne porte même pas sur le personnage de Stroheim qui est tout entier inscrit dans la fiction. Cela a réclamé un véritable travail d’écriture pour penser sa sortie depuis La Grande Illusion (le film de Renoir) d’où il émerge au début, dans le château du Haut Kœnigsbourg, jusqu’à la construction du pavillon en 2007-09 à laquelle Stroheim aurait du assister. Si La Visite des écoles comme Strasbourg ou Limoges peut recouvrir éventuellement un aspect 6 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux documentaire, le tournage s’envisage malgré tout essentiellement sous un jour fictionnel. Pour ma part, j’ai d’abord joué le rôle d’observatrice sur le tournage et j’ai commencé par réaliser que faire ce film, de la fiction, c’est avant tout se fabriquer des souvenirs. Nous avons à l’origine pensé entrecroiser les parties réalisées par David Legrand et moi-même. Ce qui demeure de cette forme hybride, c’est « le cours de couleur » où David met en scène ses anciens professeurs des Beaux-Arts. Mais ses autres projets n’ont en définitive pas été tournés ou s’ils l’ont été, n’ont pas intégrés à La Visite. Par ailleurs, je dirais que ce projet fait valoir une filmographie, qu’il s’agisse de L’Arche russe (Sokourov, 2002), En rachâchant (les Straub, 1982), La Grande Illusion (Renoir, 1937), Les Disparus de Saint-Agil (Christian Jaque, 1938)… Tous ces films sont explicitement cités. Or au niveau pédagogique, ils ont fait l’objet d’un travail d’analyse, de déconstruction, de remontage… Cela atteste d’une méthode de travail intéressante. Ainsi rentres-tu dans l’histoire du film-référence en y imprimant une nouvelle temporalité… Une culture filmographique plutôt qu’architecturale ED : Malgré tout, si la trame est fictionnelle, les lieux – Strasbourg, Limoges, Annecy, Nantes – n’ont pas été choisis au hasard… Qu’est-ce que ça raconte sur vous au final ; qu’est-ce que cela vous apporte de les avoir visités ? L’urgence du récit ; La répliqûre pour modèle MA : Le projet spécifiait cette idée de la visite des écoles, qui est devenu ensuite bien davantage une sorte de fresque autour du personnage stroheimien. Cependant ce que nous avons pris dans chaque école, a modifié à chaque étape le projet, notre méthode consistant systématiquement à travailler avec les étudiants locaux. MA : Le film en cours de tournage interagit dans cette mesure de façon très forte avec l’écriture du scénario. Ce qui a beaucoup compté pour la structure du film, c’est le principe d’une visite organisée de manière très linéaire en abandonnant d’autres projets de micro-films inscrits dans la trame générale. Chaque épisode du voyage donnait lieu avec une grande concentration et une forte intensité temporelle à la réalisation d’un morceau de film en soi, sur lequel on ne reviendrait plus. Chaque passage prend la forme d’une intrusion, même chez nous à Nantes, qui bouscule la situation en place, en chamboulant en retour notre projet. On tient la continuité du récit, mais on intègre tous les aléas liés à nos rencontres – étudiants, professeurs, acteurs des écoles – ainsi qu’aux relations internes à notre groupe de recherche et toutes les situations conflictuelles propres aux contextes dans lesquels nous avons tourné. EC : Le film, c’est ainsi du « départ arrêté » ; on envoie une lettre à un directeur, il donne son accord pour telle plage calendaire ; on débarque et on commence, puis on filme… Avec un groupe d’étudiants, on invente tout sur place, les décors, les situations, les lieux de tournage extérieurs, les intervenants locaux… ED : Comment les lieux résistent-ils au projet ? MA : Au départ, je fais un découpage de La Grande Illusion, je conçois tous les plans. On se situe dans la perspective d’un film grand public, avec l’idée de tourner des plans qui se raccordent, avec un langage cinématographique banal qui peut même être celui de la série télévisée, que tout le monde connaît, quand par exemple on allume son poste pour Derrick ou Plus belle la vie. MA : Je ne pense pas qu’ils aient une importance capitale. EC : Les lieux sont en fait exploités comme les décors de l’action ; ils n’ont pas valeur documentaire. Ils le peuvent, à titre indirect, du fait des acteurs qui les animent. C’est le cas d’Annecy avec Jean-Louis Connan que David Legrand connaissait bien pour y avoir tourné un film. Par ailleurs j’étais familière du secteur ; la Maison des jeunes et de la culture ayant été construite par André Wogenscky avec qui j’ai travaillé à un certain moment. Il ne s’agit pas de filmer du matériau brut sans idée préalable, comme on pourrait le faire classiquement dans une école, mais d’avoir la conscience de la structure d’ensemble dans lequel chaque partie 7 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux s’inscrit. L’urgence du récit s’impose à tous. ED : Pourquoi ce modèle de La Grande Illusion ? La narration, à Annecy par exemple, tient en une ligne : « Stroheim arrive, c’est la dernière de ses visites ; le directeur reprend le dessus, il essaye de se débarrasser du gêneur ; ç’en est fini pour Stroheim, il meurt. » Après il réapparaîtra uniquement en fantôme, ce qu’il était déjà du reste. Il s’agit d’un film où le fantôme refait sans cesse son apparition... MA : Au début de l’aventure, je montais une exposition au Frac Alsace à Sélestat, à deux pas du château du Haut Kœnigsbourg ; je voulais profiter de l’occasion pour tourner des scènes d’après le film de Renoir. On s’est placé – Marc, David et moi – dans l’atmosphère du film, tant nous avons baigné dans le contexte : nous disposions des clés du château ; nous y avons tourné des scènes de nuit ; je me suis progressivement mis à refaire tous les costumes… La matrice du personnage de Stroheim qui sort de La Grande Illusion, ce sont les répliqûres. Cette forme de la « réplique originale » et le dispositif d’immersion qu’elle nécessite a modélisé le film tout entier. Nous prenons donc un film référent – dans le cas présent La Grande Illusion – et nous tournons en répliqûres, avec le projet de recopier plan par plan certaines parties du film de Renoir, en associant les gens de l’école d’accueil, en faisant participer tout le monde comme si l’œuvre originale était transplantée dans un nouveau lieu. Avec toutefois, dans le cas présent, une inversion des rôles, manifestée par la passation des costumes, qui s’effectue entre le Commandant et le directeur de l’école. Je rappelle ici cette méthode de tournage particulière, élaborée quelques années plus tôt aux Beaux-Arts de Nantes avec David Legrand et Marc Guérini. Nous avons appelé répliqûres la recréation vidéographique de scènes choisies dans le cinéma français. Ce terme vient de « réplique » et du préfixe allemand « Ur » qui signifie « premier état d’une chose ». Ainsi combiné, ce mot d’invention signifiant « réplique originale » oriente notre travail vers des pratiques de re-formation de mondes cinématographiques. Ces mondes sont interprétés exclusivement par des doubles. David et moi-même rejouons les rôles. Marc reconstruit les cadres des films d’origine. Ainsi ce principe des répliqûres comprend-t-il un véritable intérêt pédagogique, puisque cela amène les étudiants à découvrir, dans ce jeu de démontage/remontage, la grammaire de base que l’on apprend dans les écoles de cinéma : filage des séquences, raccord des plans, emploi du champ / contre-champ, etc. Nous ne disposions cependant ni du temps matériel, ni des capacités, ni même des outils réflexifs d’une école du film pour parvenir à exploiter autrement que sous une forme classique les matériaux qui étaient les nôtres. ED : S’il y a invention dans le récit, et dans la mesure où vous vous placiez dans une situation para-professionnelle, il fallait en quelque sorte – si je comprends bien – « blinder » au niveau de la structure… MA : Le scénario impose le découpage, qui détermine une préparation de tous les plans en amont du tournage. Ubiquité temporelle ; Incertitude spatiale ED : En somme, si structure classique il y a, cela permet l’invention dans le récit – on vient de le voir ; et si maintenant la matrice est cohérente, cela permet – à vous entendre – de « tenir » le film en s’astreignant au contexte formel de l’œuvre originelle qui est celui de Renoir, décors pour une part, et costumes sur l’ensemble… Dans l’article écrit par Véronique Giroud il y a quelques années 3 au sujet de ton travail, Michel, il est question de « distorsion temporelle ». Il me semble que cela caractérise encore La Visite des écoles d’art… Or dans l’entretien Le Corbusier / Philippe Rahm qui est intégré au film, est mis en avant par Rahm le rapport entre l’ubiquité temporelle qu’un réalisateur comme Alain Robbe-Grillet essaye d’introduire dans son travail et l’incertitude spatiale (seulement conditionnée par des états climatiques) que l’architecte introduit dans ses projets. Rahm ajoute que ce travail de déformation, chez le cinéaste comme chez l’architecte, relève d’une véritable gageure, tant la déprogrammation est moins naturelle à leur discipline respective qu’elle ne l’est chez l’écrivain, par définition toujours maître du temps et de l’espace de la fiction qu’il compose. À l’issue de cet entretien, vous établissez avec David une relation entre le pavillon projeté par Rahm et le café qui forme le décor du film L’Eden, et après (réalisé par Robbe-Grillet en 1969), quand apparaît ce cloisonné où les scénarios peuvent se déclencher à tout moment de manière un peu fortuite. Ainsi est-il dit : « L’Eden est le nom d’un café plein de rectangles emboîtés exactement comme si c’étaient des tableaux de Mondrian et dans lesquels les clients se transforment, d’un seul coup, sans le vouloir, en 8 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux acteurs se proposant des scénarios qui renouvellent sans cesse leur comportement de clients et d’acteurs, l’ambiance ou l’atmosphère des espaces. […] Les qualités de cette chose formidable pourraient être mises en rapport avec le pavillon programmatique et la construction d’une nouvelle école. » soit visible en lui-même pour tout ce qu’il pouvait provoquer sur le visiteur, mais aussi en tant que générateur de fiction. Après qu’il ait vu l’opérette 5, après que le « prototype » du pavillon ait été exposé, cette manière de voir la machine relancer la fiction pour la fin du film était désormais partagée par Philippe… Cette structure du cloisonné poreux – telle qu’il m’est arrivé de la caractériser à propos de Rahm (mais aussi au sujet de l’architecture japonaise traditionnelle, mais plus encore comme une forme typique de l’architecture climatique « douce ») – se met ainsi en disposition pour des agencements toujours variables, pour des récits toujours renouvelables. Nous tenions maintenant en commun l’idée, une fois que le pavillon serait construit en 2009, de faire en sorte que chaque chambre recèle une potentialité événementielle, pour une scène du film. Je ne peux m’empêcher de voir la structure du film se constituer un peu à la manière de ce cloisonné poreux. Qu’en dites-vous ? EC : Au cours de la création de cette fiction, une ambiance particulière a vu le jour. Elle a encouragé une mobilité du mental – pourrait-on dire. Pas d’évolution horizontale, mais la possibilité à tout moment d’aller dans plusieurs dimensions, de bifurquer, notre projet « s’auto-coyotisant 6 » en quelque sorte, même si ces dérivations devaient toujours respecter le projet d’ensemble de La Visite. Le terme d’Apné a alors pris tout son sens ; nous baignions tous dans un état particulier de recherche, immergés comme en apnée. Il y avait cette possibilité de se dire qu’à tout moment nous pouvions aller à droite… nous pouvions aller à gauche... On était en état d’apesanteur. On faisait des bulles... On nageait au fond… On allait voir ce qui se passait… MA : Je répondrais : moins en ce qui concerne le film, que dans le rapport que j’entretiens avec le travail de David. Il y a un jeu permanent entre sa manière à lui de concevoir un film, par exemple avec la forme des dialogues fictifs 4, et ma manière de concevoir La Visite des écoles d’art. Il y a là un vrai jeu de cloisonnement, mais en même temps de la porosité. Les films pourraient paraître à première vue étrangers les uns aux autres pour des tas de raisons : construction dramatique, forme filmique, références cinématographiques… Et en même temps il y a suffisamment de porosité pour que les cloisons deviennent transparentes, que les films passent les uns dans les autres… Cette forme de complicité entre univers décrite dans et par le film de Robbe-Grillet est très forte entre nous ; elle est évidemment moindre, de ce point de vue, avec l’univers de Philippe. On plongeait dans l’inconnu… Dispositif-action ED : La production de Rahm amène toujours à se poser la question des limites de l’œuvre projetée ou construite… Jusqu’où faut-il accepter de « se laisser embarquer » ? Jusqu’à quel point peut-on accepter de se soumettre à la contrainte, ne serait-elle que climatique ? Le dispositif est-il d’autorité ou de critique ? ED : Je faisais néanmoins cette relation entre le bar l’Eden et le pavillon de Rahm, apte à recevoir tous les scénarios de vie – tel qu’il était tout au moins écrit à l’origine, et tel que vous l’avez exploité au titre du décor pour Le Ballet climatique. Voilà un échiquier à cases multiples où toute une série d’actions potentielles peuvent se dérouler simultanément, où la fiction relève de la probabilité. Cet objet, n’échappe-t-il pas pour une bonne part à l’Apné ? Ne fonctionne-t-il pas de manière intrinsèque ? MA : Lors de cette année blanche, en 2008, quand un fragment à échelle 1 du pavillon a été réalisé – dans l’exposition au Lieu unique – on s’est en effet posé la question de l’utilisation de ces espaces… Le pavillon nous est apparu comme une machine de fiction au moins aussi puissante que la forme filmique, qui aurait même pu l’emporter sur elle et la modifier. Lors d’une réunion à son agence à l’automne 2008, Philippe disait d’Open Climate qu’il ne fonctionnait pas comme un pavillon au sens classique du terme, qu’il n’était pas destiné à l’accrochage d’œuvres, en particulier de grandes pièces, de peintures – « Pas de clous au mur ! » Quelque part une forte contrainte s’exerçait ici aussi sur le niveau programmatique, puisque le pavillon se suffisait en quelque sorte à D’entrée de jeu nous avions souhaité que ce pavillon 9 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux lui-même, qu’il faisait exposition en soi… lieu de travail. Vous en faites pourtant votre miel, en l’utilisant pendant l’exposition Après l’Eden, en en exploitant un fragment dans le cas du Ballet climatique… Mais comment donc s’effectue cette relation entre un dispositif architectural qui paraît plus contraignant qu’il n’y paraît et votre propos sur la bifurcation ? MA : Oui, c’est sûr. MA : Il n’y a pas eu bifurcation. En 2007, quand on en était à l’épure réduite à 55 mètres carrés 7, nous travaillions ensemble à l’utilisation du pavillon. Chaque semaine à l’École, je me retrouvais à devoir discuter chauffage, chiottes, accrochage des travaux des diplômables… Toutes les questions émanant de l’École portaient sur l’utilisation factuelle de ce pavillon, en l’envisageant presque en salle de diplômes, [telle une nouvelle Melpomène], comme l’instrument de représentation de l’école entière… Je dois dire que Pierre-Jean Galdin m’a bien soutenu à résister à cette dérive. En total accord avec Philippe, l’idée était alors de faire quelque chose comme un workshop avec l’école de Lausanne, en plaçant deux ou trois meubles dans le pavillon, sans en faire plus… On n’accroche pas ! Il n’y a pas de cimaises, pas de clous – On ne va tout de même pas pointer des clous dans l’Arcoplus 8 ! Pas de courant électrique, non plus. On avait même envisagé que des projections vidéo s’effectuent depuis des pilotes situés à l’extérieur, seul le projecteur demeurant à l’intérieur. EC : Le pavillon a failli nous échapper complètement des mains. Il devenait galerie d’exposition… MA : Nous avons en fait contraint nous-mêmes cette architecture, pour qu’elle coupe à cette vocation périlleuse. On a été jusqu’à renoncer aux performances envisagées par des artistes invités par Philippe. À un certain moment le pavillon est ainsi presque devenu notre forteresse… Et Pierre-Jean a été jusqu’à dire : « Si on le fait simplement visiter l’été avec des étudiants qui en assurent le gardiennage, je n’y vois pas d’inconvénient ». La primauté du rêve EC : J’ai assez réfléchi à tout cela. Je pense que ce pavillon apparaît en fait comme la représentation d’un projet d’école, plutôt qu’il ne cherche à incarner à petite échelle la production qui s’y déroule. Il s’agit davantage d’un espace pénétrable, comme la figure d’un cerveau, que d’une architecture dans laquelle il se passe des activités précises, avec les finitions que cela nécessite… Je me demande parfois si cela n’a pas relevé d’une volonté précise de la part de Philippe que de ne pas le construire 9 – comme un : « Je ne le construirai jamais ! ». La manière dont il avance pour le moment dans sa réflexion relève presque de la méthode du rêveur, de qui rêve ses projets. Celui qui rêve a toujours des projets. S’il se met à les construire, peut-être alors écroule-t-il l’échafaudage. Peut-être la théorie s’effondre-t-elle et le travail théorique estil empêché de se poursuivre… Peut-être son travail, fait d’images architecturales, est-il en cela avant tout d’écriture. MA : Pour le film cela a constitué en tous les cas un moteur très important, un rêve très utile. Toute l’invention du film résulte de ces espaces. Tous ces espaces, pour nous, devaient être occupés, et ne pouvaient l’être que par un film. EC : Grâce au fait que cela n’ait pas été construit cet été, nous avons pu réaliser, avec Michel et avec le danseur Dominique Delorme, le Ballet climatique qui a été un sacré moment de construction de décors et de « filmage ». Il y a eu trois jours de tournage fantastique, qui ont contribué à enrichir encore notre vision de l’École. Parce que si tout à coup cette vision avait fait l’objet d’une finalisation sur l’Île de Nantes, voilà ç’en était peut-être fini… MA : Il est évident qu’un décor de pavillon, cela s’utilise au cinéma ; c’est peut-être moins vrai d’un édifice en dur… ED : Cependant quand on regarde le projet Open Climate, tel que décrit par Rahm à ses débuts, il se conçoit vraiment comme un lieu de production. Les espaces noirs à cœur, étaient par exemple dévolus à la vidéo ; les espaces lumineux en périphérie, à d’autres activités – c’était envisagé comme un vrai ED : Cette « vision de l’École » dont tu parles, Édith, comment la conçois-tu ? 10 1. INTRoduction 1.2. entretien La fiction pour programme entretien Michel Aubry Edith Commissaire par Emmanuel Doutriaux EC : Je suis persuadée que c’est la recherche qui fait l’école. On a fait école avec ce groupe de recherche, avec cette méthode de travail. L’école, c’est l’Apné ! ED : Je vous renverrais volontiers à l’expérience de l’école d’architecture de Nantes, où affronté à la grosse machine programmatique institutionnelle, sur conseil de Patrick Bouchain, le directeur Philippe Bataille – qui porte un nom significatif pour l’échange que nous avons à l’instant – a été amené à rédiger luimême un synopsis de quelques pages pour exprimer la dimension atypique du projet. MA : C’est une forme de pédagogie particulière, même si elle n’est pas exceptionnelle, ni forcément inventive. On n’invente pas tous les jours une pédagogie. Même à l’intérieur de la pédagogie à Nantes, qui est sans doute assez particulière dans le paysage des écoles, ce qu’on fait dans notre groupe depuis quatre ans, cela demeure une bizarrerie. EC : Je dois dire que nous venons de présenter ce travail aux programmistes qui planchent sur le bâtiment-école à construire prochainement. Ils ont paru assez emballés ! Faire société ED : Je vais vous embêter à nouveau au sujet de la portée sociale du projet Apné. Le film de RobbeGrillet, c’était donc L’Eden, et après. En répliquant cet intitulé vous avez proposé un Après l’Eden, pour l’exposition de 2008 au Lieu unique. On se trouve là en somme dans la situation impossible d’avoir à inventer l’utopie d’après – quand ce temps des grands commencements est désormais derrière nous. ED : L’Apné, cela représente quantitativement peu de choses dans l’École. Vous êtes deux enseignants. Combien encadrez-vous d’étudiants ? EC : Ce sont de petits groupes de six ou sept personnes. Seul ce format est gérable sur ce type de projets. Cela relève un peu de la stratégie de l’essaimage, quand des petites unités se dispersent partout en parvenant à s’infiltrer… Ceci dit les étudiants, même s’ils ne restent pas longtemps pendant leur cursus, reviennent à nous après être sortis formellement de l’École. Un temps et un espace suspendus, une communauté d’acteurs-étudiants aux Beaux-Arts, une recherche en temps réel, en interaction permanente avec le projet d’école… Arche ? Communauté ? (Post-)utopie ? Eden ? Et après ? MA : Oui c’est une ancienne forme de combat, que celle de la rupture des défenses par de petits groupes d’assaut efficaces. C’est la seule qui permette de faire avancer le projet, dans des écoles d’art comme la nôtre où la recherche est dépourvue d’officialité. Ma stratégie, c’est de créer des coins avec des petits groupes, en pénétrant de la sorte dans la masse de l’École ou des institutions comme Estuaire. ED : Voilà un registre clairement militaro-artistique… Mais quelle forme de relation envisagez-vous maintenant avec les programmistes qui travaillent sur la future école ? EC : Dès 2005, en produisant nos diagrammes et objets programmatiques, dans le cadre du Catalogue de ressources, notre objectif était de parvenir à les rencontrer un jour. Cela est maintenant chose faite. Ces derniers sont intéressés par notre recherche, qui leur apporte sans doute la dimension philosophique – on va dire cela – du projet d’école. Ils cherchent une forme, je crois, qui soit intégrable dans leur travail en cours, sans que cela se banalise comme le seraient des pièces jointes glissées en annexe. Rahm dit que la météorologie variable qu’il envisage n’est précisément pas celle de l’éden plat de la modernité 10 – dont la figure emblématique était sans doute celle du sanatorium où le même climat, la même atmosphère prévalaient en tous lieux et en toutes circonstances. À la différence d’une vision de paradis, Adam et Eve vivant nus dans un temps arrêté, toujours égal, le ciel toujours bleu, sans variations – à cette vision la génération « soutenable » contribue ainsi à opposer l’hypothèse d’un temps et d’un milieu imparfaits, inégaux, anisotropes… Faire société… Telle pourrait être aussi le mot d’ordre de l’école d’architecture voisine de la vôtre. Quelle société inventez-vous donc avec l’Apné ? EC : Pour moi c’est dans l’espace scénique, sur le plateau de tournage, dans le cœur noir du pavillon, que cela se joue. Dans ces moments-là, on fait société. Tous ces espaces de scène et de filmage, on est allé les chercher hors école ; à cette occasion tous les acteurs sont rentrés dans notre histoire, et la construction fictionnelle a fait prise. 11 2. objet de recherche 2.1. architecture open climate, philippe rahm open climate un pavillon programmatique par Philippe Rahm « Le “pavillon” programmatique est une structure provisoire qui tend par sa nature et son organisation à exprimer l’esprit qui se dégage de la recherche engagée. En concevant ce projet “pavillon” pour la manifestation culturelle et artistique, Estuaire, le groupe de recherche tente de mettre en place un état de veille programmatique et de créer un outil qui lui permette d’inventer un dialogue à l’échelle de l’école et de la ville. En engageant avec Philippe Rahm, architecte, une étude qui porte le nom de Form and function follow climate, nous proposons sur la base de ce projet de développer les thématiques qui y sont abordés. Ce travail prendra place dans le catalogue des ressources. Form and function follow climate Avec la modernité, deux théories majeures s’affrontent quant au rapport entre programme et forme architecturale. La première, celle de la modernité héroïque, énonce que la forme doit suivre la fonction, selon la fameuse phrase de l’architecte américain, Louis Sullivan : “Form follows function”. Ce qui était affirmé alors est le rôle utilitaire de l’architecture en tant que réponse spatiale à un programme, en termes de surfaces, de relations spatiales, d’organisation et de techniques constructives. Cette première position s’est affirmée au début de la modernité en opposition avec le statut symbolique et décoratif de l’architecture du XIXe siècle. Rationaliste, fonctionnaliste et universaliste, cette architecture tend à donner une « forme juste » à des fonctions et des pratiques clairement définies, autant d’un point de vue sociale, technique que ergonomique. Ce que l’on voit alors n’est pas autre chose que l’expression spatiale du programme lui-même, hors de tout dépassement sémantique ou affectif. L’architecture est ici effectivement la réponse spatiale à un programme élaboré en amont, qu’il faudra habiter immédiatement. C’est à partir des années 1960 que c’est affirmé une opposition à ce credo moderne avec le Function Follows Form de Louis Kahn. Ici, c’est explicitement une critique du programme comme réponse univoque à des besoins ou des activités. Parce que ces besoins peuvent changer, parce que l’histoire de l’architecture montre la permanence de la forme architecturale au contraire du programme et de la fonction qui peuvent se modifier à travers le temps, voire se transformer totalement. À partir de cette hypothèse, Louis Kahn élabora une nouvelle méthode de composition, où l’architecture n’est plus l’expression d’un programme mais de hiérarchies. Ces dernières définissent de façon plus abstraite et sans fixer réellement de fonctions, un ensemble 12 2. objet de recherche 2.1. architecture open climate, philippe rahm Horizontalement, le plan s’organise comme une poupée russe, de la périphérie vers le centre, entre le plus lumineux et le plus sombre, en une succession de parois de verre qui chacun filtre 25% de luminosité. Verticalement, l’espace se dessine du bas vers le haut, du plus froid au plus chaud selon le principe d’ascendance naturelle des masses d’air en fonction de leur densité et de leur température. L’architecture se dessine ici finalement comme une combinaison de quatre luminosités par quatre températures donnant seize climats, variant selon l’heure de la journée et que chacun peut s’approprier en fonction de son activité, de ses outils de travail, de son désir. Seize pièces d’une même surface mais comme autant de climats différents, qui se déroulent en plan et se déploient en altitude. Le choix se fait alors librement, les lieux plus frais où l’on peut être plus actif, les lumières plus faibles et plus homogènes comme celle du peintre du XIXe, le noir complet au centre, pour y travailler les images vidéos ; autant de comportements et d’atmosphères à découvrir, à s’approprier ou au contraire à y succomber. » open climate un pavillon programmatique par Philippe Rahm d’espace qui établissent une sorte de société d’espaces, où chaque espace se qualifie dans un rapport aux autres espaces, établissant un cadre structurellement rigide mais programmatiquement ouvert. Notre propos est ici de prolonger cette libération de toute prédétermination de forme et de fonction. Ce que nous cherchons est de travailler sur une nouvelle organisation de l’espace où la fonction mais aussi la forme pourrait surgir spontanément de l’architecture comme un climat. Ce qui nous importe aujourd’hui est de travailler dans la matière de l’espace-même, dans la densité de l’air et l’intensité de sa lumière, d’offrir une architecture comme une géographie ou plus exactement comme une météorologie ouverte et mouvante, avec ces différents climats, ces différentes qualités atmosphériques que l’on habite selon l’activité, selon l’heure de la journée, selon la saison, librement. Notre architecture travaille sur deux paramètres essentielle de la qualification de l’espace, celui de la lumière et celui de la température, selon deux dimensions, horizontale et verticale. Philippe Rahm 13 2. objet de recherche 2.2. film la visite des écoles d’art, michel aubry La Visite des écoles d’art par Le Commandant Von Stroheim un film de Michel Aubry, dialogues de David Legrand La Visite des écoles d’art est peuplée d’une multitude de fantômes qui reviennent arpenter les ateliers et couloirs d’écoles d’art bien réelles, celles de Strasbourg, de Nantes, de Limoges, d’Annecy. L’un de ces doubles conduit de part en part la visite : il s’agit du commandant Von Stroheim, joué par David Legrand, revenant échappé de La Grande Illusion de Jean Renoir, dont les dialogues, également écrits par David Legrand, soumettent à la question directeurs d’écoles, enseignants, étudiants, artistes associés ou de passage. Flanqué de son ordonnance Oswald, elle-même surgie du film de Renoir, et non moins encline à provoquer l’aveu des interlocuteurs puisqu’incarnée par le réalisateur du film, Michel Aubry, Stroheim déjoue sans cesse les codes de la fiction et du documentaire afin de faire accoucher d’un sens neuf la visite de bâtiments d’enseignements déjà anciens. Également auteurs du montage, l’ordonnance Aubry et le commandant Legrand font appel aux compositions originales de Davy et Yoann Bernagoult et aux collages sonores de l’artiste Rainier Lericolais pour accoucher définitivement ces lieux et ces âmes des sens enfouis et à venir qu’ils recèlent. En sus de ces artefacts, les deux personnages disposent d’une ingénieuse méthode de tournage qu’ils ont élaboré avec la complicité de Marc Guérini : la Répliqûre. « Nous avons appelé cette recréation vidéographique de quelques scènes choisies dans le cinéma français répliqûres (le terme vient de « réplique » et du préfixe allemand « ur- » : premier état d’une chose). Ainsi combiné, ce mot d’invention signifiant « réplique originale » oriente notre travail vers des pratiques de reformation de mondes cinématographiques » (Michel Aubry et David Legrand). Dès lors les mondes peuvent se multiplier au gré des œuvres répliquées Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, Le Corbeau de HenriGeorges Clouzot et Lumière d’été de Jean Grémillon. Au fil des tournages, pour certains implantés au beau milieu des autres objets de la recherche Apné, apparaît toute une galerie d’immortels qui, de Alain Robbe-Grillet à Marguerite Duras, de Dürer à Le Corbusier, dessine une fresque de plus de cinq heures sur ce que sont et surtout ce que pourraient être les écoles d’art : leurs modalités de production, d’usages et d’échanges, orchestrant par là même une vision réflexive, humoristique et métaphorique. l’école il y a des artistes, des enseignants, qui alimentent cette force. Yannick Miloux : Il apparaît de plus en plus qu’aujourd’hui un artiste non autonome n’est pas un artiste. Dans cette définition de l’artiste très caricaturale, il y a tout de même une idée très bien ancrée. Von Rauffenstein : Oui, mais la question collective de l’artiste doit être posée : ce n’est pas forcément tout seul qu’on est un artiste. une école doit accueillir cette réflexion. » (extrait d’un dialogue de La Visite des écoles d’art). Si les écoles d’art et leurs acteurs, celle de Strasbourg, de Limoges, l’école à venir de Nantes, constituent les cadres du tournage et le socle des questions posées par et à l’enseignement artistique, la fiction cinématographique, mise en œuvre selon le principe d’un atelier invitant les intervenants réels à s’inventer des destins fictionnels, déplace le lieu et le mode de la réflexion, l’obligeant à s’expatrier de ses contreforts conventionnels pour s’aventurer dans des formes aventureuses ; une réflexion en prise avec une pensée climatique sujette aux changements d’atmosphères, aux variations acoustiques et acousmatiques, aux soubresauts d’une création réconciliant les revenants et les vivants. Anne-James Chaton « Von Rauffenstein : Il se trouve que dans 14 2. objet de recherche 2.2. film la visite des écoles d’art, michel aubry La Visite des écoles 6. Von Stroheim arrive à l’école régionale des beauxarts de Nantes. Un film de Michel Aubry et David Legrand 7. Entretien Le Corbusier / Philippe Rahm. Mixage : Simon Gilet 8. Le bar APNÉ. Durée : 4h15min. 9. L’Opérette de musique concrète - Acte 1. 1. Prologue - 35 000 mètres carrés. 10. Von Stroheim arrive à l’école des beaux-arts d’Annecy. 2. Von Rauffenstein quitte La Grande Illusion. 11. L’Opérette de musique concrète. 3. La première visite du commandant von Stroheim à l’école des arts décoratifs de Strasbourg. 12. Fin filmique de L’Opérette. 4. Erich von Stroheim dans son personnage du commandant von Rauffenstein quitte Strasbourg et se transporte devant l’école d’art de Limoges. suivi de Climats ouverts Un film du groupe de recherche Apné 5. La Grande Conférence. Michel Aubry, Edith Commissaire 15 2. objet de recherche 2.2. film la visite des écoles d’art, michel aubry Calendrier des tournages Du 1 au 5 mai 2007 La Visite des écoles d’art Tournage à l’école nationale supérieure d’arts de Limoges ; 2005 La Visite des écoles d’art Repérages sur l’ile de Nantes. Tournage à l’atelier de l’île de Nantes d’Alexandre Chemetov ; Du 22 au 25 mai 2007 La Visite des écoles d’art Repérage à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg ; Du 5 au 7 juin La Visite des écoles d’art 9 février 2006 La Visite des écoles d’art Repérage à l’école nationale supérieure d’arts de Limoges ; Du 14 au 16 février 2006 Esbanm, Nantes Tournage d’Ernesto d’après En rachâchant de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub dans le cadre du DNSEP d’Ernesto Sartori ; Tournage de La Grande Conférence ; Esbanm, Nantes Tournage du Cours humaniste, reconstitution filmique d’un cours humaniste du XVIe siècle à partir de ses représentations dans les images peintes et gravées de l’époque et des écrits pédagogiques d’artistes ou de penseurs ; Du 12 au 15 juin 2007 La Visite des écoles d’art 27 et 28 mars 2006 La Visite des écoles d’art Repérage à l’école nationale supérieure des beauxarts de Tours ; 22 août 2007 La Visite des écoles d’art Du 11 au 13 avril 2006 La Visite des écoles d’art Esbanm, Nantes Deuxième tournage du Cours humaniste ; Tournage de la séance d’organigramme avec PierreJean Galdin ; 16 et 17 mai 2006 La Visite des écoles d’art Tournages à Nantes, dans le cadre du workshop avec Philippe Rahm ; Présentation du pavillon par Philippe Rahm et visite de l’île de Nantes ; Tournages à l’école supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy et à la Paroisse SainteBernadette, Annecy ; Repérage à l’agence d’architecture Philippe Rahm, Paris. Préparation de l’entretien filmé entre Le Corbusier et Philippe Rahm ; 30 octobre 2007 La Visite des écoles d’art Agence d’architecture Philippe Rahm, Paris Tournage de l’Entretien Le Corbusier / Philippe Rahm ; Du 10 au 12 décembre 2007 La Visite des écoles d’art Esbanm, Nantes Tournage autour des objets théoriques avec Xavier Vert et les étudiants du workshop ; Tournage d’une altercation d’après Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque ; Du 29 janvier au 2 février 2007 La Visite des écoles d’art Tournage des contre-champs d’Ernesto ; Théâtre Graslin, Nantes Tournage de Le Jugement premier ; 16 2. objet de recherche 2.2. film la visite des écoles d’art, michel aubry Du 28 mai au 13 juin 2008 dans le cadre de l’exposition Après l’Eden au Lieu unique, Nantes Du 5 au 26 juin 2009 La Visite des écoles d’art et Climats ouverts La Visite des écoles d’art Tournages des scènes des films Climats ouverts et La Visite des écoles d’art dans le cadre de la manifestation Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire, 2009, (cf. le programme Climats ouverts). Filmage de L’Opérette de musique concrète ; Tournage de Prologue : 35000 m2 d’après The Great Gabbo de James Cruze ; Tournages au lieu unique et sur l’île de Nantes. Tournage d’Ernesto, dans le prototype du Pavillon climatique de Philippe Rahm ; Tournage du Cours de couleur ; 20 et 21 juin 2008 La Visite des écoles d’art Esbanm, Nantes Tournage d’Ernesto ; Tournage de Chef, oui, chef, d’après Full Metal Jacket de Stanley Kubrick ; Novembre 2008 Climats ouverts Repérages pour le pilote sur l’île de Nantes et à la halle Alstom Du 15 au 19 décembre 2008 Climats ouverts Tournage du pilote du film Climats ouverts ; Tournage sur l’île de Nantes, sur le Maillé Brézé et à la halle Alstom dans l’exposition de Séverine Hubard ; Du 19 au 24 janvier 2009 La Visite des écoles d’art Tournage à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg ; Du 27 mai au 3 juin 2009 La Visite des écoles d’art et Climats ouverts Tournage à Nantes et à Saint-Brévin d’après L’Eden et après d’Alain Robbe-Grillet ; Tournage des scènes du film Climats ouverts ; Tournage de Liliom d’après Liliom de Fritz Lang ; 17 2. objet de recherche 2.3. documents catalogue des ressources édith commissaire et anne-james chaton RESSOURCES / Édith Commissiare Pour y entrer, il faut un bâton. Le Catalogue des ressources est une construction de 16 chambres, 16 climats, 16 biomes, 16 faunes, 16 flores, 16 zones climatiques sentimentales, 16 sentiments, 16 couleurs, 16 lumières, 16 sonorités, 16 champs de recherches, 16 composants, 16 projets, 16 dédicaces… soit 16 lieux habités d’hommes, de femmes et de fantômes, organisés en communauté de chercheurs autour d’un cœur noir. “agencements prémonitoires, fiction cinématographique, corps flottants, après l’Éden, objets sympathiques, pavillons, ballet climatique, peau des écoles, climatologie d’une école d’art, objets programmatiques, fonds noirs, coyote, cibles, organigrammes, pièges, refuges”. Le Catalogue des ressources est un jardin où les morts et les vivants se rencontrent dans le pavillon Open Climate qui par sa conception révolutionnaire transforme la vision que nous avons des conditions de vie sur terre et explosent les limites de l’enseignement en créant un parcours migratoire “poreux” qui propose de traverser à sa guise des biotopes originaux. Le Catalogue des ressources est un pavillon où des docteurs spécialistes en météorologie se sont réunis pour exprimer violemment leur désaccord sur les caprices du temps tout en s’inquiétant de voir simultanément, en plein mois de juin, la neige tomber sur le fleuve et l’ombre bleue d’un coyote soulever la poussière de sa tanière en poussant des cris stridents. Le Catalogue des ressources est une rivière démontée où comédiens et danseurs s’affrontent sur un radeau en une danse centripète évocatrice des dérèglements qui nous menacent et imaginant un refuge en harmonie avec les cultures, les langues et les multitudes du monde connu. Le Catalogue des ressources est la partition vertigineuse d’un cœur qui bat au rythme des 16 zones climatiques sentimentales qu’il traverse en prenant garde de ne pas succomber aux risques de météotropisme qu’il encourt sachant que l’effet vibratoire du carillon qu’il entend est précurseur d’un black-out général suivi de la chute d’objets célestes. Le Catalogue des ressources est un récit multipolaire qui émerge en une série de couches, d’emboîtements et de bulles… 18 2. objet de recherche 2.3. documents catalogue des ressources édith commissaire et anne-james chaton PRÉCISIONS Les corps flottants Proposent de réfléchir à la situation de dérive comme principe architectonique et pédagogique d’une école d’art. Avec la capacité de voguer et d’aller au-delà, une école conçue comme un “corps flottant” se déplace et s’adapte à l’environnement fluide de l’espace et des réseaux. Les agencements prémonitoires Jeu réalisé à partir des différents objets de la recherche qui permettent de construire des situations d’écoles inédites. CAHIER N°1, dessin / Édith Commissaire NAUFRAGE La fiction cinématographique Voyages, écoles d’art, acteurs, loges, costumes, croquis, accessoires, plateaux, décors et photographies des tournages des films La Visite des écoles d’art et Climats ouverts de Michel Aubry et David Legrand. Après l’eden Laboratoire détaché construit autour d’une table noire et d’un lustre sans lumière pour réaliser, en juin 2008, le programme détaillé des rencontres du groupe de recherche Apné. LA VISITE DES ÉCOLES D’ART tournage à l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg / photographie Édith Commissaire APRÈS L’EDEN une exposition collective au lieu unique à Nantes, 2007 photographie de Marc Dieulangard 19 2. objet de recherche 2.3. documents catalogue des ressources édith commissaire et anne-james chaton Les objets sympathiques : Objets adaptés aux conditions de vie en eau trouble des praticiens de l’“apnéologie”*. Le ballet climatique Situation dansée qui propose une migration sentimentale dans les chambres reconstituées du pavillon Open Climate qui n’a jamais vu le jour. MANUEL D’APNÉOLOGIE, photographie de Michel Aubry Les pavillons Cartes postales des pavillons réalisés lors des expositions universelles de Paris en 1925 et celles du pavillon Open Climate de Philippe Rahm. BALLET CLIMATIQUE plateau de tournage au lieu unique à Nantes, 2009 / photographie Édith Commissaire La peau des écoles Sorte de texture réalisée à partir des photographies des façades principales des bâtiments des écoles d’art en France et de par le monde. PHOTOMONTAGE Michel Aubry PAVILLON DE MELNIKOFF carte postale de l’exposition internationale des arts décoratifs Paris 1925, collection de Michel Aubry 20 2. objet de recherche 2.3. documents catalogue des ressources édith commissaire et anne-james chaton La climatologie d’une école d’art Mots et graphismes qui proposent d’appliquer aux espaces et au contenu d’une école d’art une terminologie habituellement utilisée en climatologie et en météorologie. Les fonds noirs Surfaces, objets usuels, œuvres artistiques ou lieux dont la matière abyssale nous situe dans l’espace de la recherche et de la découverte en regard des constructions blanches qui nous aveuglent. CUMULO-NIMBUS PRÉCIPITANT Répartition des courants dans un cumulo-nimbus précipitant Les objets programmatiques Constructions et objets existants qui portent en eux le récit du projet à réaliser. COPENHAGUE photographie Édith Commissaire La voie du coyote Michel Giroud est en compagnie de Joseph Beuys, d’artistes et d’étudiants de l’esbanm. BACHI Élise Martineau dans le tournage de la fin filmique de l’Opérette au lieu unique à Nantes, 2009 / photographie Édith Commissaire MAIN DE SÉVERINE HUBARD photographie Édith Commissaire 21 2. objet de recherche 2.3. documents catalogue des ressources édith commissaire et anne-james chaton Les cibles Ensemble d’images choisies dans le Catalogue des ressources qui transformées en cibles proposent des objectifs à atteindre ou à détruire. Les pièges Constructions qui nous attirent, qui nous retiennent qui nous contrôlent et nous dominent. RENARD Les refuges Espaces “entre parenthèses” des climats dominants qui nous entourent. CIBLE MITRAILLETTE collection d’Édith Commissaire Les organigrammes Représentations graphiques des diverses parties d’un ensemble organisé et de leurs relations mutuelles dans un système ou des ensembles et des sous-ensembles sont liés entre eux selon des dynamiques en interaction et en opposition. HAUTE PRESSION photographie Édith Commissaire * apnéologie : nom donné par les chercheurs du groupe de recherche “À propos d’une nouvelle école” (Apné) à leur pratique de déplacement en eaux troubles. DISNEYLAND dans le catalogue de l’exposition Louis Marin, le pouvoir dans ses représentations de Giovanni Careri et Xavier vert. INHA / Galerie Colbert / 29 mai - 26 juillet 2008. 22 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.1. exposition collective, le lieu unique, 2008 après l’eden APrès l’eden s’échafaude. du 23 mai au 22 juin au lieu unique L’exposition est composite. Elle met en espace et en action – au moyen d’un savant « bricolage » en trois dimensions (un univers d’objets trouvés, recyclés, ré-agencés) un catalogue de ressources (soient des images et des icônes) qui documente des entrées thématiques sur la question de l’école d’art : pavillons, organigrammes, corps flottants, fonds noirs, objets-programmes, cibles, corps fragiles, peaux, climats, agencements, refuges, fictions, etc. Elle donne à voir le prototype d’un pavillon nommé Open Climate – à venir au printemps 2009 – qui travaille la matière même de l’espace – densité de l’air, intensité de la lumière, hygrométrie – en pensant l’architecture comme une géographie ou une météorologie ouverte et mouvante, que l’on occupe librement, en ses climats, selon l’activité, l’heure du jour, la saison. Elle donne à produire et visionner un film – La Visite des écoles d’art – qui s’énonce comme une enquête- fiction à la rencontre des références françaises en la matière, en réfléchissant, tout en le parodiant, le projet d’une école. Elle donne à entendre une opérette de musique concrète – Fiction d’école pour ordinateur et voix en 3 actes – qui prend le relais du film et sera représentée en live dans l’espace de l’exposition, à l’issue du week-end d’ouverture. Une exposition évolutive présentée par le groupe de recherche de l’école des beaux-arts de Nantes, À Propos d’une Nouvelle École conçue par Michel Aubry et Edith Commissaire. mise en scène : Séverine Hubard film : Michel Aubry et David Legrand ; opérette : Michel Aubry, David Legrand et Rainier Lericolais ; pavillon : Philippe Rahm ; catalogue des ressources : Edith Commissaire et l’ensemble des acteurs. Avec la participation de Thibaut Espiau, Delphine Lecamp, Ernesto Sartori, Emmanuel Doutriaux et des étudiants : Hélène Boizeau, Brice Collonnier, Louise Danos, Camille Dieuaide, Berthine Gerbet, Anne Herzog, Pauline Jacquelin, Glen Loarer, Jeanne Moynot, Julien Nédélec. Photo Marc Dieulangard Après l’Eden, tel est le titre. L’exposition, accueillie par le Lieu unique, conçue par le groupe de recherche Apné, réfléchit en toute liberté le rôle et le fonctionnement d’un lieu d’enseignement de l’art aujourd’hui, dans la perspective de la construction d’une nouvelle école des beauxarts sur l’île de Nantes. L’exposition s’amorce par un week-end de trois jours, s’inscrit dans une durée de quatre semaines, et intègre une préfiguration artistique de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Elle opère comme un intervalle temporel, entre ce que fut une école et ce qu’elle pourrait devenir. Après l’Eden investit les ateliers du Lieu unique, après avoir été conçue et montée à l’Eden, aux beaux-arts, et avant que l’activité de recherche dont elle est l’émanation ne se manifeste autrement et ailleurs, à l’avenir. L’exposition est conçue comme un dispositif, qui fait interagir des matières/matériaux/ substances (images, installations, prototypes, sons, textes), des sites réels ou imaginaires (Erban, LU, île de Nantes, situations de référence, chimères et utopies), des acteurs et actions (artistes, architectes, intellectuels – créations, lectures, performances). Elle se conçoit comme un événement. Il s’agit en réalité d’une exposition de pensée et d’expériences, d’expérimentations. Autour de ce qu’est une école, de ce qu’elle pourrait être, de ce qu’est l’art. Autour du réel – qu’elle documente, autour de la fiction – qu’elle alimente, autour de la théorie – sur laquelle elle 23 L’exposition fonctionne, en un temps et un espace suspendus, comme l’utopie d’après – d’après l’Eden. La communauté d’acteurs, dont nombre d’étudiants des beaux-arts, la peuplera en temps réel, en interaction permanente avec le projet. Après l’Eden peut s’entendre comme le double inversé d’un film d’Alain Robbe-Grillet : L’Eden, et après est un kaléidoscope d’actions dont l’espace embrayeur, un café, « l’Eden », est constitué comme un cloisonné de pièces contigües et inter-communicantes, un palais des glaces, un damier agenceur, où toutes sortes de relations potentielles peuvent se nouer entre clients et acteurs, où l’aventure ne réclame, pour s’ébranler, que le fruit (défendu) du hasard. Cette organisation spatio-temporelle fonctionne comme la métaphore de l’organisation permissive, associative qui commande la manifestation nantaise : pavillon, film, opérette, exposition - Après l’Eden est tout cela à la fois. Car l’école serait peut-être bien ce lieu qui provoque un surgissement de temps, d’espaces, de pratiques, de comportements dont le but serait d’accueillir des modes d’enseigner et d’étudier inattendus. Un microcosme, une climatique accueillant tous les déplacements. 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.2. opérette opérette de musique concrète, michel aubry, david legrand, rainier lericolais C’est lors de ces travaux que naît le projet d’une transposition scénique d’une scène du film de Michel Aubry et David Legrand La Visite des écoles d’art : une fiction cinématographique conçue comme un lieu de rencontres, d’expériences et d’aventures dans des écoles d’art réelles, un film où se croisent et s’entrechoquent des époques différentes, des personnages fictifs, des célébrités de l’histoire de l’art, des artistes et des architectes morts et vivants, des professeurs et des étudiants, un film destiné à mettre en scène différents aspects de la réflexion sur la future école des beaux-arts de Nantes. Le livret écrit par David Legrand, mis en musique par Rainier Lericolais et mis en scène par Michel Aubry propose une trame assez souple permettant aux étudiants et à des artistes invités d’y prendre place. Certains ont imaginé des saynètes de cabaret, d’autres ont créé des costumes originaux ou dessinés des éléments du décor. À LIRE AVANT LE SPECTACLE L’Opérette de musique concrète semble sortir d’un rêve d’école, faite de visions chantées, de tableaux vivants et de scènes animées par des réminiscences cinématographiques et musicales. Pourtant l’aventure de cette opérette est à situer entièrement dans un lieu où l’expérimentation de l’enseignement artistique est rendue possible, dans le présent d’un petit groupe de recherche qui réfléchit sur la forme et le fonctionnement d’une école d’art aujourd’hui. Depuis 2004, à l’école des beaux-arts de Nantes, sous l’impulsion de son directeur Pierre-Jean Galdin, Michel Aubry et Édith Commissaire, tous deux enseignants à l’école, dirigent les travaux de ce groupe de recherche. Dans cette opérette, mêlant texte parlé et chanté, la musique sera jouée en direct, selon la méthode de composition musicale inventée par Pierre Schaeffer dans les années 1950. Une « musique concrète », créée à partir d’éléments prélevés dans la riche matière des bruits naturels et artificiels, qui servira, de manière atypique, à la construction dramatique de l’œuvre. Cette Opérette de musique concrète est une œuvre ouverte où l’écrivain, l’artiste et le musicien font un pas de côté pour faire apparaître d’autres écrivains, d’autres artistes et d’autres musiciens, une tragédie onirique sur les pratiques actuelles de l’art et qui révèle l’état d’une réflexion sur une nouvelle école des beaux-arts. 24 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.3. exposition, halle n°5 Alstom, 200 séverine hubard Alors là, pour l’instant, je range des matériaux qui m’ont été offerts par des entreprises de l’agglomération nantaise que jeai contactées via les pages jaunes. Chacune mea offert soit du bois, soit de la paraffine, soit des néons... Tout ça pour constituer un stock qui va être présenté pendant deux jours à Alsthom, site de la future école. Tous ces matériaux mis côte à côte formeront en fait une sculpture, un Séverine Hubard, parce que ça ressemblera quand même pas mal à une maquette de ville, avec son electricity, son Manhattan. Mais ça sera aussi une base de données qui sera offerte cette foisci par moi aux étudiants et aux jeunes artistes nantais pour leur travail d’artiste. Séverine Hubard extrait du film Climats ouverts 25 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.4. tournage, projection fleuve, estuaire nantes<>saint nazaire, 2009 climats ouverts 26 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.5. symposium école d’architecture de copenhague climate & architecture climate & architecture un symposium à l’école d’Architecture de Copenhague 10 décembre 2009 conférences Pierre-Jean Galdin Sou Fujimoto Sean Lally Juergen Mayer H. Stefano Casciani David Gissen Akos Moravanszky Philippe Rahm Henry Urbac « Pour une architecture de l’atmosphère Une nouvelle esthétique peut-elle naître de notre prise de conscience écologique ? Peut-on habiter l’espace comme un climat ? Pouvons-nous imaginer une architecture météorologique ? Depuis 2006, l’école des beaux-arts de Nantes s’est investie dans une réflexion sur le développement durable en cherchant, dans les engagements techniques, civiques et politiques, des valeurs esthétiques et architecturales. Peut-on par exemple imaginer une nouvelle école des beaux-arts dont la forme ne serait pas basée sur des fonctions d’usage mais sur des valeurs climatiques ? Pouvons-nous imaginer une architecture non plus seulement comme une addition de pièces et de programmes mais comme une atmosphère ouverte et interprétable ? Le chaud et le froid, le clair et l’obscur, le sec et l’humide, peuvent-ils devenir les nouveaux matériaux de l’architecte, à la place du béton, de la brique et de l’acier ? C’est ce type de réflexion qui a animé un groupe de recherche (APNÉ) au sein de notre école, explorant ainsi de nouvelles pistes à la fois pédagogiques, architecturales et artistiques propres à répondre aux enjeux de notre époque. Le Nantes Symposium de Copenhague est une étape de plus dans l’engagement international de notre école face à ces nouvelles problématiques environnementales dont les artistes doivent s’emparer aujourd’hui autant que les techniciens et les politiques. En parallèle du sommet de l’ONU sur le changement climatique qui se tiendra en décembre à Copenhague, j’ai ainsi invité l’architecte Philippe Rahm – qui participe au projet de notre groupe de recherche depuis 2006 – à diriger un symposium à Copenhague réunissant les architectes et les critiques d’architecture les plus éloquents aujourd’hui vis-à-vis de ces questions. Il y sera question pas seulement de responsabiliser le secteur du bâtiment face au changement climatique, mais surtout d’y découvrir et d’y inventer de nouvelles esthétiques capables de modifier durablement la forme et la manière de vivre dans l’architecture de demain. » Pierre-Jean Galdin Photo de tournage, Edith Commissaire 27 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.6. journal APNé N°0 préfiguration du catalogue des ressources 3.6.1. éditorial, anne-james chaton éditorial Anne-James Chaton Journal A.P.N.É. N°0 octobre 2010 Dessin Edith Commissaire La recherche APNé, A propos d’une nouvelle école, menée par Michel Aubry et édith Commissaire, avec le renfort de nombreux artistes-chercheurs venus de disciplines variées, et le projet architectural Open Climate imaginé par l’architecte Philippe Rahm, ont mis au jour une quantité insoupçonnée d’informations novatrices pouvant entrer dans la conception et l’élaboration d’une école d’enseignement artistique. à l’occasion de la parution de ce journal, il s’agit de tirer un premier bilan de cette recherche et d’en exploiter les données à des fins notamment pédagogiques. Au moyen du graphique ci-dessus, lequel se veut une représentation partielle des données recueillies par le Catalogue des Ressources, nous proposons aux directeurs et enseignants des écoles d’arts un nouveau canevas de sélection des étudiants à l’entrée dans les établissements d’enseignement artistique. Au regard de l’évolution récente des conditions d’accès à ces établissements, de l’harmonisation européenne des enseignements supérieurs, l’organisation dite « L.M.D. » (licence, master, doctorat), voulue par la Commission Européenne, compte tenu également des bouleversements du marché du travail qu’a entraîné la libéralisation croissante des économies et des mutations technologiques qui ont secoué les sociétés contemporaines, il nous a paru nécessaire de repenser ces critères de sélection. Ceux-ci seraient désormais formulés à l’aune de principes directeurs générés par l’école d’art ellemême, sa structure, son organisation interne, les ondes électromagnétiques la traversant, ses spécificités climatiques, sa géographie, sa flore, sa faune, son acoustique… Ainsi le bâtiment choisirait-il de lui-même ceux et celles qui agiraient en son sein. Faisant fi des questions de compétences, de niveaux de savoirs, de langues, de débouchés, de numerus clausus, ses murs éliraient d’eux-mêmes les membres d’une communauté humaine appelée à devenir artistique, ou pas, selon que les uns ou les autres seraient résistants aux températures élevées, sensibles aux atmosphères humides ou habitués aux ambiances contrastées. La chambre n°4 accueillerait des étudiants provenant de régions désertiques situées entre les longitudes 0 et + 180 et les latitudes + 60 et + 90, soit des personnes rompues aux climats chauds et arides, à la végétation pauvre et à une lumière crue, des Mongols du désert de Gobi, des Tatars, des Ouïghours ou des Kazakhs, habitants du désert Kyzyl-Kum au Kazakhstan. A contrario, la chambre n°1, longitudes - 150 ; - 18, latitudes - 30 ; - 90, chambre froide et sols pauvres bénéficiant d’une forte luminosité et d’une acoustique apaisante, serait réservée à des étudiants originaires du Chili ou d’Argentine, des Alacalufs, des Mapuches, Atacama, Quechua, Aymara, Rapa Nui, Colla, Yamana, parlant l’espagnol, le runa simi, le mapudungun ou l’aymara. Car c’est là l’un des autres avantages importants de cette sélection géographicoclimatologique : qu’elle assure la présence dans l’école d’une multitude de cultures et de langues. Cette mixité induite par le bâtiment suspend les problématiques de discrimination positive et de quotas ; seuls importent alors les capacités d’adaptation des candidats aux différents milieux. Ces principes directeurs qui président à l’entrée des étudiants à l’école pourraient également servir à la définition des cursus. Le parcours des étudiants ne serait plus décidé en fonction de modules disciplinaires distribués par année et donnant droit à des crédits (le système ECTS ou Système européen de transfert de crédits), mais épouserait les flux internes de l’école. Chaque chambre renferme à la fois des caractéristiques physiques variables et des thématiques ouvertes. Aussi, plutôt qu’à une division des enseignements en pôles dessin, photographie, pratique artistique, vidéo, son… pourrait-on imaginer une déambulation progressive allant des climats froids en passant par les zones humides jusqu’aux différents types de déserts. La scolarité se dessinerait au gré des courants d’air chauds et froids, des ventilations, des degrés de température, des niveaux d’humidité et des variations lumineuses, chaque milieu ainsi traversé mêlant les questions de supports, de techniques, de pratiques autour de données concrètes telles que la couleur, l’humidité, la luminosité, la faune, la flore, les sentiments. Anne-James Chaton in Journal A.P.N.É. N°0, octobre 2010 28 3. diffusion de la recherche, publications, expositions 3.6. journal APNé N°0 préfiguration du catalogue des ressources 3.6.2. Courbe d’activité d’Apné les documents « 200802 12HÉLene.doc » et « 200804 01AFF2A4.psd », et qui affichent respectivement des taux d’augmentation de satisfaction de + 2,26% et + 3,76% ; où l’on note également la déception engendrée par la publication des premiers projets d’affiche, documents « 200906 20AFFiche1. pdf » et « 200906 21AFFiche2.pdf », et celle provoquée par la divulgation de la première version du mini catalogue des ressources, document « 201001 21MCat153.pdf ». Courbe d’activité du projet APNÉ corrélée aux fluctuations du CAC40 Où l’on voit que la note du 28 octobre 2005 signée par Michel Aubry et Édith Commissaire détaillant un projet alors dénommé « à propos d’une nouvelle école- Ephémère Définitif » est l’occasion d’une forte progression du cours APNÉ ; où l’on voit que le document en date du 17 mai 2006 développant la phase 3 du projet autour d’un workshop déçoit les attentes des participants avec une chute de 3,5% en un jour ; où l’on se félicite des travaux menés par Hélène Boizeau et Séverine Hubard, intitulés « ELLES » et « ATELIER improvisé OUVERT à tous », consignés dans Anne-James Chaton in Journal A.P.N.É. N°0, octobre 2010 29 4. éditions de la recherche Open climate, vers une architecture atmosphérique La visite des écoles d’arts, une fiction d’école Le catalogue des ressources, le chercheur et les coyotes à paraître aux éditions al dante Parallèlement au travail programmatique d’installation de l’école des beauxarts sur l’île de Nantes et du nouveau plan d’action élaboré pour augurer d’une nouvelle ère de production, création et transmission des pratiques artistiques contemporaines, le groupe de recherche A.P.N.É met en abyme ces six années exploratoires avec trois publications. Open climate, vers une architecture atmosphérique Le catalogue des ressources, le chercheur et les coyotes À la suite de la conception du pavillon programmatique de Philippe Rahm (2006) et du symposium à l’école d’Architecture de Copenhague où l’architecte intervient depuis 2009, une édition rendra compte de ces travaux autour des questions d’architecture et de climats, avec notamment la contribution d’Emmanuel Doutriaux, architecte et auteur et les actes des conférences données lors du symposium à Copenhague par les architectes et critiques Sou Fujimoto, Sean Lally, Juergen Mayer H., Stefano Casciani, David Gissen, Akos Moravanszky, Henry Urbac. Depuis 2006, la constitution patiente et précise d’un catalogue de ressources où textes, images et icônes se combinent et se compilent sous des chapitres aux titres évocateurs : Corps flottants, Fonds noirs, Cibles, Objets programmatiques, Refuges, Agencements prémonitoires… prendra une forme éditoriale spécifique, avec la contribution d’Anne-James Chaton. La visite des écoles d’arts, une fiction d’école Les publications à paraître en 2011 aux éditions Al Dante, tels les objets de synthèse de tous les outils de cette recherche, préfiguration de la construction de la future école. Le film La Visite des écoles d’art fera également l’objet d’une publication, à l’image de cet objet filmique fleuve, où les dialogues écrits par David Legrand radicalisent une critique actuelle des modèles d’enseignements de l’art. 30 5. chronologie des workshops Direction de recherche : Michel Aubry et Édith Commissaire calendrier des workshops de 2005 à 2010 1 • à propos d’une nouvelle école les 1 et 8 décembre 2005 3.2. 4 et 5 avril 2006. • Visite de l’île de Nantes avec Philippe Rahm, architecte - Choix du site pour la construction du pavillon programmatique - Production d’un programme préliminaire à la conception du Pavillon. Interventions : • Présentation du projet de la nouvelle école d’art de Nantes : Pierre-Jean Galdin, directeur de l’esbanm et de Emmanuelle Chérel, enseignante. • Le programme comme récit d’un projet à venir / Édith Commissaire, direction de recherche. • Atelier de production du programme : philosophie, image, usage, durabilité, principes, contexte, contenu… Michel Aubry et Édith Commissaire, direction de recherche. • Chasse aux papillons / Emmanuelle Chérel, enseignante. Avec M. Philippe Rahm / Architecte. Visite de l’Île de Nantes et des sites de la manifestation Estuaire - Présentation du projet Open Climate, un pavillon programmatique. Participants : étudiants de l’ARC Apné et étudiants de l’école d’architecture de Nantes. Le projet de recherche commence par deux visites. La première, Île Beaulieu, avec Patrick Henry, architecte urbaniste responsable au sein de l’agence Atelier de l’Île de Nantes / Alexandre Chemetoff du projet de restructuration urbaine de l’Île de Nantes, futur lieu d’implantation de la nouvelle école. La seconde, au Frac Centre, pour la visite des expositions Andréa Branzi et Archilab 2004. Participants : étudiants de l’option Design. 2 • autour de l’écriture d’une fiction cinématographique du 14 au 16 février 2006. Reconstitution filmique d’un cours humaniste du XVIe siècle à partir de ses représentations dans les images peintes et gravées de l’époque et des écrits pédagogiques d’artistes ou de penseurs. Interventions : Michel Aubry, direction de recherche et David Legrand, artiste chercheur. Participants : étudiants de la Situation Construire. 3 • du programme à la matière, de la matière au programme 3.1. 21 et 22 mars 2006 Inscription dans une dynamique exploratoire de la “préfiguration” de la nouvelle école des beauxarts de Nantes dont la problématique s’exprime au travers des questions : Qu’est-ce qu’une école d’art aujourd’hui ? Comment envisager cet espace de travail, de pensée et de transmission ? Quelle forme architecturale lui donner ? Quelles relations une école entretient-elle avec la vie de la Cité ? Interventions : • Le Pavillon de bois de Konstantin Stepanovitch Melnikov, pavillon de l’U.R.S.S. pour l’exposition des Arts décoratifs à Paris en 1925 / Michel Aubry, direction de recherche. • Le diagramme comme représentation d’un ensemble à venir / Edith Commissaire, direction de recherche. Les constructions du montage / Emmanuelle Cherel, enseignante. • Présentation de l’exposition des Arts décoratifs à Paris en 1925 / Aurélien Lemonier, architecte chercheur. • Projection / Thibaut Espiau, artiste chercheur. Présentation d’une vidéo réalisé pendant le workshop Team Zoo : des architectes japonais pas comme les autres en juin 2001 au lieu unique à Nantes / Patricia Solini, enseignante. Participants : étudiants de l’ARC Apné et étudiants de l’école d’architecture de Nantes. 31 3.3. 16 et 17 mai 2006. Validation du programme et recherche de matériaux. Interventions : • Table ronde autour du projet du pavillon Open Climate / Philippe Rahm. • Visite des ateliers municipaux de la Ville de Nantes. Présentation du projet “à propos d’une nouvelle école” / Pierre-Jean Galdin, directeur de l’esbanm. Conférence et présentation du projet de pavillon Open Climate de Philippe Rahm. • Visite de l’entreprise de construction métallique Gendre avec Yannick Leray et réunion de coordination avec la Samoa, le lieu unique, et l’Atelier de l’Île de Nantes, esbanm. Participants : étudiants de l’ARC Apné et étudiants de l’école d’architecture de Nantes. 4 • autour de l’écriture d’une fiction cinématographique 11, 12 et 13 avril 2006. Ce wokshop propose de poursuivre le travail de reconstitution filmique d’un cours humaniste du XVIe siècle. Interventions : Michel Aubry, direction de recherche et David Legrand, artiste chercheur. Participants : étudiants de l’ARC Apné. 7 • un pavillon en construction le 15 mai 2007. Quel pavillon choisir pour la manifestation Estuaire 2009 ? Quel projet d’exposition pour la manifestation Estuaire 2009 ? 5. chronologie des workshops Interventions : Le pavillon Open Climate : Philippe Rahm, architecte. Michel Aubry, direction de recherche. Édith Commissaire, direction de recherche Participants : étudiants de l’ARC Apné. 8 • écrire sur la recherche le 6 juin 2007. Rencontre avec Emmanuel Doutriaux, architecte et essayiste qui écrit trois essais à partir de notre travail de recherche. Participants : les chercheurs et les étudiants de l’ARC Apné. 9 • une exposition en construction du 8 novembre 2007 au 20 décembre 2007. Propositions : Philippe Rahm, architecte, concepteur du pavillon Open Climate, fait le point sur l’avancement du projet. David Legrand, artiste chercheur, présente l’interview filmique réalisée le 30 octobre 2007 à Paris entre Le Corbusier, joué par Michel Aubry et Philippe Rahm. Le groupe de recherche, Philippe Rahm et les étudiants de l’Arc Apné envisagent un ou plusieurs scénarii pour l’exposition prévue en 2008. Le groupe de recherche, David Legrand, artiste chercheur et Rainier Lericolais, artiste chercheur présentent le projet de l’Opérette de musique concrète. Michel Aubry, direction de recherche présente le projet du Numéro de cabaret. Mai Tran, conceptrice éditoriale et coordonnatrice du n° 96 de la revue 303 Né à Nantes comme tout le monde, nous parle du travail qu’elle a réalisé avec Pierre Giquel, auteur. Edith Commissaire, direction de recherche présente l’avancement du Catalogue des ressources et propose aux étudiants des champs de recherche dans lesquels ils pourront inscrire leur travail personnel. Des rendez-vous réguliers sont organisés au lieu unique avec Virginie Pringuet et le groupe de recherche pour la préparation de l’exposition Après l’Eden de mai/juin 2008. Participants : les chercheurs et les étudiants de l’ARC Apné. 11 • opérette dilatée du 23 octobre 2008 au 18 décembre 2008. Reprise du scénario La Visite des écoles d’art avec Michel Aubry, direction de recherche et David Legrand, artiste chercheur. Interventions et exposition à la halle Alstom de Séverine Hubard / artiste chercheur. Participants : les étudiants de l’ARC Apné. 12 • climats ouverts du 11 mars 2009 au 30 juin 2009. Élaboration du programme détaillé des tournages du film Climats ouverts, du Ballet climatique pour 9 climats et 9 rasas et des projections proposées par le groupe de recherche pour la manifestation Estuaire 2009 programmée par le Lieu Unique. Interventions : le lieu unique, Estuaire 2009, Virginie Pringuet. Scénario et décors, Architecte. Michel Aubry et Édith Commissaire, direction de recherche. Écriture des dialogues, David Legrand. Composition musicale du film, Davy & Yoann Bernagoult, artistes chercheurs. Scénario et chorégraphie du Ballet climatique, Dominique Delorme, danseur. Communication / Mai Tran et Charlotte Le Cozannet. Participants : les étudiants de l’ARC Apné. 13 • journal apné n°000 du 06 mai 2010 au 29 juin 2010. Réalisation d’un “journal” dont les “articles” parlerons de recherche, de chercheurs, de bulles, de coyotes, de corps flottants… Le projet du pavillon programmatique de l’architecte Philippe Rahm et la masse documentaire du catalogue des ressources du groupe de recherche Apné. en sera la “matière” éditoriale. Interventions : Anne-James Chaton, artiste chercheur, Édith Commissaire, direction de recherche, Luc Barbier, enseignant de l’esbanm, Laurent Cauwet, éditions Al Dante Participants : étudiants de la projection Apné . 10 • atelier de l’eden du 13 mai 2008 au 16 mai 2008. 14 • revue sonore du 20 octobre 2010 au 26 octobre 2010. Séverine Hubard, artiste chercheur propose à partir des images du Catalogue des ressources et d’un stock de matériaux mis à disposition, des étudiants de réaliser un ensemble de constructions tridimensionnelles qui sera exposé au lieu unique lors de l’exposition Après l’Eden. Interventions : avec la complicité de Jean-Claude Martin / atelier métal de l’Esbanm. Participants : les étudiants de l’ARC Apné. Dans le cadre du 11e congrès d’ELIA, réalisation d’une performante construite, sur l’idée d’une revue sonore, à partir de la partition Pour 16 chambres, 16 climats et 16 couleurs du catalogue des ressources. Interventions : Anne-James Chaton, artiste chercheur, Michel Aubry et Édith Commissaire, direction de recherche. Participants : étudiants de la projection Apné. 32 6. biographies À propos d’une nouvelle école A.P.N.É. direction de recherche A.P.N.É. direction de recherche A.P.N.É. artiste chercheur MICHEL AUBRY Né en 1959. Vit et travaille à Paris, enseigne à Nantes. édith commissaire Née à Ugine (Savoie) en 1952. Vit à Paris et travaille à Paris et Nantes. Anne-James Chaton Né à Besançon en 1970. Vit à Paris et travaille à Paris et Nantes. Tapis afghans avec des scènes de guerre, pelles métalliques gravées et tenues militaires appareillées d’instruments de musique sardes, des accessoires de la loge des Fratellini aux gilets pare-balles en soie turkmène ou en cire, de la combinaison d’artiste de Rodtchenko au manteau d’Albrecht Dürer, en passant par la figure de Le Corbusier, Michel Aubry active un clavier de motifs éclectiques et de formes inusitées qu’il interprète en chercheur insatiable et avisé. Un répertoire rigoureux qui l’entraîne à varier les médiums : canne de Sardaigne, bakélite, dessin, gravure, mobilier, film, tel La Visite des écoles d’art qu’il met en scène au sein du projet de recherche À Propos d’une Nouvelle École aux BeauxArts de Nantes où il enseigne depuis 1994. Il réalise des films, Rodtchenko à Paris, Chronique des voyages de Rodtchenko et Stroheim... D’autres en collaboration avec David Legrand et Marc Guérini, Répliqûres, ou avec la galerie du cartable, Dialogue fictif : Albrecht Dürer et Joseph Beuys et Dialogue fictif : Le Corbusier et Albrecht Dürer. Diplômée de Camondo, école d’architecture d’intérieur et de design et professeur à l’école depuis 1994, Édith Commissaire travaille de 1980 à 1986 avec le Groupe de recherche et d’échanges technologiques, sur des projets expérimentaux de construction et de développement de micro-industries en milieu rural. Elle organise des chantiers-écoles en Inde et en Dominique pour tester des techniques et des composants pour l’amélioration de l’habitat rural. En 1984, elle crée l’agence d’architecture et de design Cobalt qui réalise notamment des projets de muséographie et de scénographie d’expositions pour le Grand Louvre, la Réunion des Musées Nationaux, l’Atelier de l’Île de Nantes et des agencements d’espaces pour Unibail et la Société Générale à la Défense. Elle participe à de nombreux concours de maîtrise d’œuvre pour des établissements culturels. De 1982 à 2006, elle enseigne les techniques de représentation du projet d’architecture et de paysage à l’école Camondo, à l’école d’architecture « de la ville et des territoires » de Marne-la-Vallée et à l’école nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Depuis 2005, enseignante et directrice de recherche aux Beaux-Arts de Nantes au sein du groupe de recherche A.p.n.é., (A propos d’une nouvelle école), elle dégage les champs de recherches particuliers à cette réflexion et construit un « catalogue des ressources » comme un récit de la recherche. Elle se joint à l’œuvre Code de Nuit de Cécile Paris en réalisant une série de dessins et de cocktails préliminaires à une réflexion sur la rénovation des espaces publics la nuit et la prise en compte des pratiques noctambules. Parallèlement, elle engage une recherche graphique sur les sujets de la nature et des limites de territoires. Anne James Chaton a dirigé plusieurs revues et publié six livres aux éditions Al Dante. Il a donné de nombreuses performances en France et à l’étranger. Il a travaillé avec le groupe de rock hollandais The Ex, a publié un album, Le Journaliste, avec le guitariste anglais Andy Moor et a collaboré à l’album Unitxt du musicien allemand Alva Noto. En janvier 2009, il a créé le trio Décade, avec Andy Moor et Alva Noto. Il a également créé la pièce Black Monodie avec Philippe Menard pour la 64e édition du festival d’Avignon. Ses travaux plastiques et visuels, puisés dans ses matériaux d’écritures, ont fait l’objet de plusieurs expositions individuelles et collectives en France et à l’étranger. Anne-James Chaton a créé et co-dirige le festival Sonorités à Montpellier et siège depuis 2009 à la commission Poésie du Centre National du Livre. Le travail de Michel Aubry a été de nombreuses fois exposé : Tapis de guerre à Limoges, 2011 ; Les Animaux animés, au Musée des beaux-arts, Nantes, 2010 ; La Loge fantôme à la galerie Marion Meyer Contemporain, 2010 ; John M. Armleder/Michel Aubry au Parvis à Ibos en 2008/09 ; Les Constructeurs éclectiques, au CRAC de Sète, en 2008 ; La Force de l’art, au Grand Palais, en 2006 ; Michel Aubry, La Nouvelle Vie quotidienne, au Frac Pays de la Loire, Carquefou, en 2005… Le livre Les Dispositifs Romanesques de Michel Aubry, avec un texte de Hugo Lacroix, a été publié en 2010 aux éditions Nicolas Chaudun / Marion Meyer Contemporain. www.michelaubry.fr 33 Il a publié dans le domaine de la poésie sonore : Evénements 09, CD + booklet, Berlin, raster-noton, 2011 ; Questio de Dido, livre + 1 CD audio ; Paris, Al Dante - France Culture, avril 2008 ; In the event, avec le groupe The EX, livre + 1 CD audio, Paris, Al Dante, janvier 2005. Deux essais sont parus chez Sens & Tonka : L’Effacé, capitalisme et effacement dans les Manuscrits de 44 de K. Marx, 2005 et Notice de calcul de votre taux d’exploitation, 2005. www.annejameschaton.org 6. biographies À propos d’une nouvelle école A.P.N.É. artiste chercheuSE A.P.N.É artiste chercheur A.P.N.É artistes musiciens chercheurs Séverine Hubard Née à Lille en 1977 DAVID LEGRAND Né à Châteauroux en 1972, voyageur toujours en transit, vit et travaille nulle part ou partout. Davy et Yoann bernagoult Nés en 1981, Davy et Yoann sont tous les deux diplômés d’un DEA en musicologie et d’un Master en Edition musicale. Sans atelier fixe, Séverine Hubard participe à de nombreuses résidences en France en ville et à la campagne, en Europe au Québec comme en Asie. Elle rejoint le groupe A.P.N.É pour plusieurs sessions avec la réalisation d’une exposition à la halle Alstom n°5 en 2009 et la scénographie de l’exposition collective Après l’Eden du groupe de rercherche au lieu unique en 2007. Séverine Hubard réalise des constructions tridimensionnelles en utilisant les règles du bricolage (en ce sens où elle utilise des matériaux pour en faire ce dont elle a besoin et non pour ce à quoi ils sont destinés). Son travail reste quelque peu toucheà-tout ; sculpture, installation, photographie, film, Qu’il s’agisse de grandes constructions comme le labyrinthe en portes et fenêtres, d’œuvre monumentale dans l’espace public, de motifs décoratifs réalisés à la défonceuse ou de petits moulages, à chaque fois elle met en œuvre un langage, une technique, une méthode spécifique qui dérègle systématiquement aussi bien vocabulaire et syntaxe que les notions d’échelle et d’espace. Toujours en prenant en compte la vie telle qu’elle semble organisée, Séverine Hubard détourne ce qu’elle en extrait, l’agence selon ses désirs, afin de dérouter, de déséquilibrer le spectateur en lui proposant un regard enjoué et subversif. www.severinehubard.net Acteur de la mise en commun (vidéaste, plasticien, comédien du grotesque, dialoguiste et membre de la galerie du cartable), il initie des projets collectifs depuis une dizaine d’années. Il a renoncé volontairement à toutes pratiques et productions individuelles pour se fondre dans des projets collectifs en développant un discours très aigü sur la ou les pratique(s) artistique(s). Il a créé la galerie du cartable avec Fabrice Cotinat et Henrique MartinsDuarte en 1999. Depuis 2000, il entreprend une œuvre commune constituée d’une série de workshops dans les écoles ou d’actions directes dans l’espace public avec des enfants, des étudiants, des habitants, des artistes, des cinéastes et des fonctionnaires volontaires. Une fable esthético-politique, en plusieurs chapitres filmés ou non, qui présente l’art comme une forme à vivre par une esthétique « sur le champ », en poussant aussi loin que possible l’amateurisme, l’expérience de l’anonymat et de l’impropriété. En 2010, il conduit avec Isabelle Carlier et Fabrice Cotinat, la construction et l’activation d’un studio multi-média en bambou, dit « studio solaire » à l’école des beaux-arts de Luang Prabang, un lieu pour de nouvelles pratiques d’auto-fabrication et d’artisanat numérique. Actuellement, ils travaillent ensemble au fonctionnement de leur œuvre commune au sein de Châteauroux_Underground. Ils réalisent une série de films « self-média », utilisant Internet comme moyen d’autodiffusion. www.banditnet.fr/crapartisttv Le goût qu’ils développent très tôt pour la composition les pousse à étudier les partitions des grands maîtres de la musique dite classique comme Mozart, Prokofiev, Stravinsky, Debussy, Ravel... A travers l’analyse de l’harmonie et de l’orchestration de ces œuvres, ils comprennent à quel point ce répertoire a influencé les plus grands compositeurs de musique de film tels que Jerry Goldsmith, Bernard Hermann, John Williams ou encore Alan Silvestri. C’est ainsi que commence un long parcours universitaire qui les formera entre autres à la composition et à l’orchestration. Parallèlement, ils commenceront à tester leurs compositions sur des films d’étudiants en école de cinéma, avant de terminer leur formation en passant avec succès le diplôme de composition de musiques de film à l’Ecole Normale de Musique de Paris. Trois fois récompensés aux 48 Hours Film Project avec le prix de la meilleure musique de film, c’est ensuite à Los Angeles qu’ils perfectionnent leur orchestration et la composition avec des compositeurs et orchestrateurs tels que Christopher Young, William Ross, Conrad Pope, Steven Scott Smalley ou encore Rossano Galante. Aujourd’hui encouragés par plusieurs compositeurs de musique de film français et américains, Davy et Yoann poursuivent leur carrière de compositeurs et orchestrateurs en France et aux États-Unis. Après avoir récemment terminé une orchestration pour Christopher Young, ils travaillent actuellement la composition d’un long métrage américain prévu pour 2012. www.davyyoannbernagoult.com 34 6. biographies À propos d’une nouvelle école A.P.N.É arCHITECTE INVITÉ A.P.N.É arCHITECTE INVITÉ A.P.N.É arCHITECTE chercheur INVITÉ thibau espiau Philippe Rahm Né en 1967. Vit et travaille à Paris et Lausanne. Emmanuel Doutriaux Né à Valenciennes en 1961. Vit et travaille à Paris. Philippe Rahm est architecte et diplômé de l’école polytechnique de Lausanne en 1993. En 2008, il est l’un des vingt architectes internationaux sélectionnés par Aaron Betsky pour la 11e biennale d’Architecture de Venise. En 2002, il représentait la Suisse à la 8e biennale d’architecture de Venise. En 2007, une exposition personnelle lui était consacrée au Centre canadien d’architecture de Montréal. En 2009, il est nominé au prix Ordos en Chine et était en 2008 l’un des architectes classé dans le top ten du prix international Chernikov. Il a participé à un grand nombre d’expositions (Archilab 2000, SF-MoMA 2001, Musée d’art moderne de la ville de Paris 2001, CCA Kitakyushu, Japon 2004, Mori Art Museum, Japon 2005, Frac Centre, Orléans 2005, Centre Pompidou, 2003, 2005 et 2007, Kunsthaus Graz Autriche 2006, Manifesta 7, 2008, Louisiana museum, Danemark, 2009) et a donné des conférences sur son travail dans de nombreuses université dont Princeton, Harvard, Cooper Union et UCLA. Philippe Rahm a été résident de la Villa Medicis à Rome en 2000. Il travaille actuellement à plusieurs projets architecturaux privés et publics en France, Pologne, Italie et en Allemagne et a réalisé en 2009 la scénographie de La Force de l’art 02 au Grand-Palais à Paris. Il a été Diploma Unit Master à la AA School de Londres en 20052006, professeur invité à l’Académie d’architecture de Mendrisio en Suisse en 2004-2005 à l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) en 2006-2007, directeur de master à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais en 2008. Il est actuellement professeur invité à l’école d’architecture de la Royal Danish Academy of Fine-Arts à Copenhague. Il est l’auteur du livre Architecture météorologique, récemment paru en France aux éditions ArchiBooks. Il réalise en 2009 une recherche avec AP.N.É. qui aboutira à la conception d’un prototype de pavillon climatique. Il est architecte, enseigne à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris Val de Seine, est chercheur au sein du Laboratoire d’architecture, conception, territoire, histoire (Lacth / EnsapL / Univ Lille Nord de la France). Auteur de la petite échelle (habiter, travailler), consultant sur des projets destinés à des collectifs (universitaires, cultuels, caritatifs) et auprès de collectivités publiques, il a initié ou participé à plusieurs expositions sur l’art, l’architecture, la ville. « Architectures de l’ambiance, nuées et constellations » : son travail de recherche est fondé sur l’hypothèse que c’est sur le déplacement notionnel de l’espace vers l’ambiance, sur le recouvrement des corps fluides qui nous « tournent autour » que s’effectue le contemporain d’une architecture « soutenable ». Il est à ce titre l’auteur de nombreuses publications, notamment : « Constellations, amers du temps », Cahiers thématiques n°10, Lacth, Ensap Lille, 2010 ; «Les promesses du dispositif », Lieux Communs n°11, Laua, Ensa Nantes, 2008 (avec Ch. Leclerc) ; «L’aquarium et le nuage », Cahiers thématiques n°7 ; « Contemporanéité et temporalités », Lacth, Ensap Lille, 2007 ; « Le disque et l’éventail » Le Visiteur n°11, Société française des architectes, Paris, 2008. Il a co-dirigé l’ouvrage Qu’est-ce que le contemporain ? (Ensa Normandie, l’Espérou, 2007, avec A. François). Depuis son plus jeune âge, Thibaut est fasciné par la puissance de la nature et aime s’y confronter. Il expérimente les joies du plein air à travers le poney, le kayak de mer et l’escalade, puis à quinze ans, il découvre l’art et c’est la révélation. À partir de ce jour, cela devient comme une drogue et il ne peut plus s’en passer. Ses progrès sont rapides et impressionnants. En moins d’un an de pratique artistique, il devient l’un des meilleurs artistes de l’ouest. Suivant son instinct de survie il s’est récemment installé au Royaume de Belgique ou il vit et travail et ne cesse de suivre le chemin que ses pas engendrent. Devise : “I can’t explain” Plat favori : semoule de blé moyenne + lait d’avoine. sel ou sucre c’est selon. manufactured monster manufacturedmonsters.wordpress.com/ Y www.youtube.com/watch?v=lg0zkuJWuA&feature=player_embedded white patch thewhitepatchhadbecomeaplaceofdarknes. blogspot.com/ komplot www.kmplt.be/artist.php?id=238 the hanging www.danshipsides.com/DshipsidesWeb/Hanging.html et si tu n’existais pas www.galerie-tinbox.com/index.php?expo=26 les cratères du futur www.zoogalerie.fr/plus-reel-que-lherbe1-lescrateres-du-futur dégout du temple ledegoutdutemple.blogspot.com/ elaine levy PDF nineandahalfweeksproject.blogspot.com/ moquette partout www.gregoiremotte.com/index.php?/daisy/ moquette-partout---tapis-plein/ ne jamais remettre à deux mains a21.idata.over-blog.com/2/47/86/15/collective/ ne_jamais-7311.jpg www.philipperahm.com 35 Il accompagne Apné depuis 2007, en qualité de chercheur, essayiste, co-acteur de son projet éditorial. Il a participé à l’exposition collective Après L’Eden en 2008, au Lieu Unique. appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux Pavilion in Limbo The project originated in a written commission drawn up by Pierre-Jean Galdin, the director of the Nantes Regional School of Fine Arts, then forwarded to two of its faculty members, Michel Aubry and Edith Commissaire. The commission stated in short: “I have in mind the project of a new school. You are artists, and creative minds. So help us to draw up a program for such a school of art.” foundations and the circumstances leading to its relegation to limbo. We shall therefore begin with the question of prefiguration and the value of the pavilion in such circumstances. Dark backgrounds, targets, flow sheets – floating bodies, flow sheets, set-ups – fragile bodies, skins – shelters, pavilions … Sunlighting Aubry and Commissaire set up a research team, to be called Apropos of a New Educational Establishment (Apnee). Rapidly, new members joined the team, coming both from the Nantes regional school and from elsewhere. This was the overriding concern: to diversify the ecliptics, by increasing the possibilities for the various spheres to cross each other’s paths. But of course Apnee could not confine itself to “programing” – to describing activities and qualifying surfaces – this was not its role. It saw itself as an absolutely free generic organ of reflection and conception of something like Apnee. Cooling Apnee has drawn up a Catalogue of Resources (composed of images and icons) documenting thematic treatments of the question of a school of art: pavilions, flow sheets, floating bodies, dark backgrounds, object-programs, targets, fragile bodies, skins, climates, fittings, shelters, fictions, etc. This catalogue will be published as volume 3 of the present collection. Apnee has sponsored the production and viewing of a film – The Visit of Schools of Art – which defines itself as a fictive investigation of French references to art schools, while reflecting, in parody, on the project of a school. This will constitute the second volume of this series. Intensity Lastly, Apne has assumed the role of sponsor by hiring Philippe Rahm to prefigure the future school with the project of a pavilion named Open Climate. This first volume of the series is devoted to an overview of this experience, questioning its conceptual 36 Condensation Transpiration Ascension Gravity Inversion Variations Contrasts Discontinuities Dynamics Circulation Exchanges Perturbations Layer Topping Green house The words and images of Apnee’s Catalogue of Resources constitute a notional display of what a school of art does today: no doubt with less certainty on the delimitation of programs, than a community’s desire to learn, to experiment, and to encounter one another, in ever-changing architectural and appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux pedagogical formats. The two headings under which this objective might be subsumed are: “Generating society” –at a moment when art is often taken up into the realm of the “social” – and “generating ambiance” in this new “climatology” – when the optical paradigm of the spatial regime seems obsolete. To dwell on these notions, on the basis of concrete cases and imaginary visions is also, more generally speaking, to speculate on the opportunity afforded a school edifice, the school building, to anticipate an architecture to come. Assuming that a project can exist only through experiment, then the project of a school would appear the ideal means to conduct one. The experimental intention expresses the problem of an architectural proposition of prefiguration, for is not the aim to prefigure – which presupposes having a pre-conception of the object we wish to design – contradictory with the very terms of the idea of experimentation? The folds of the present essay will contain bits and pieces of what might be called the “pavilion affair,” which means here the play of actors and time of studies leading (temporarily?) to a non-realization,1 given the massive presence of random events which bespeak the always pained reconciliation of two cultures, the culture of pragmatic hesitations (and free-style coyotization) on the one hand, and the culture of a guaranteed final product (as well as the regime of “control and security” to which the pavilion would have to conform).2 Thus the sponsors (their interview will be included in Volume two of the series) were cognizant of the possibility that “ an actual worksite did not see the light of day be finally felicitous.” We would also like to address this state of affairs, the circumstances that led to a project being maintained, for a large part of its existence, only on paper and in phantasms, allowing the imagination to run free. Pavilion / Prefiguratio 37 I have a keen interest in these reluctant objects, exhibition pavilions, built in feverish activity, and which attain the fullness of their existence only through practice.3 To have chosen the figure if not the type “pavilion” (a pavilion in the likeness of a house), spatially and temporally places the project in a quite specific context. Historically the pavilion is a locus of experimentation but also of “propaganda,” with the connotation it had throughout the great era of World Exhibitions. The pavilion exhibits the sign of a reduction in scale (as the ultimate homothesis of a territory), here that of a school to be built. It also originates in a form of paradoxical incarnation. It can therefore be apprehended as the expression of a physically indescribable entity: a school is more than its walls, it is also an abstract legal person, as well as a social community with “porous boundaries” – there is a symbolic at play here. Lastly the pavilion functions as a double space, in the sense of a Foucaldian heterotopia forming the mirror of the world which could foster, in a suspended time frame, experiments inconceivable in real time. It is indeed possible that the pavilion originates in the category of “the step sideways” and that of “outside the program.” This is confirmed by the contortions our contemporary nation-states undergo to inhabit their respective pavilions in what still remains tangible in universal exhibitions, these sumptuary manifestations henceforth a tad archaic … A pavilion is experienced in this sense essentially more in performative terms than in simply accepting to be functional. The form of an emancipation Indeed the notion gets even more complicated when you consider the specific framework of the artistic undertaking. The history and experience of art know all manner of things concerning “pavilions.” You have only to recall the speculations on appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux habitat, the question of scale, domestic environment, questions informing works as diverse as those of Absolon, Dan Graham, Kabokov, Lucy Orta, Deidi von Schaewen, Gordon Matta-Clark or Jean-Pierre Raynaud. But would it be justified on these grounds to distinguish between the capacity for critical distance of artists (Absalon and his sculptural reduction of the house/cabin, or Kabakov (the interior as psychological and memorial state, or Lucy Orta with her domestic exfoliation of adornment) with respect to designers who would be judged as simply “functional”? The example of Joop van Lieshout and his habitats that explore the zone between art and practical objects would immediately eliminate the distinction. However one could argue now of the necessity of distinguishing approaches to the house, the cabin, etc., on the one hand, and the practice strictly speaking of the pavilion whose value qua manifesto (as something eluding its initial plan) would be crucial. Thus the pavilion would in the end be reassigned to the functional, whereas we saw above that its aim was to escape this re-assignation, even in the form of a symbolic functionalism. Let us then return to architecture. For many years now architecture has also used the pavilion to experiment with complex issues. If the nondescript pavilion of the huge wave of suburban homes often strives to emulate in minor mode the Palladian dream of the hunting lodge overcoming its countryside, this was in fact a matter of working on the illusion of grandeur – no one is taken up by this – we could in this contest attest the categories of John Brinckerhoff Jackson4 to distinguish the home as the place of stable permanent inhabiting from the pavilion as a light-weight and impermanent shelter. Living/sheltering. Modernity was historically effective with the pavilion by always taking into account the material fragility consubstantial to it, even when it was made to serve as the ideal vector of the manifestos it was so fond of. The satisfaction of a synthetic order in this case overlapped with the opportunity for 38 the expression of a new language, even the formulation of a new paradigm (the new state of the representation of the world.) At the exhibition of the decorative arts in Paris, in 1925, les materials of the Soviet pavilion, wood and glass, are simple and traditional but produce a non-conventional result. Glass is situated at the edges. At an exterior angle a spiral staircase is inserted. Melnikov used large signs in novel typeset which strike out diagonally into space. The initial simple volume, a rectangular plan, is studded with staircases that cut it into trapezoidal prisms, and this sudden complexity is thus reinforced by the jagged roofs overhead: thus the staircase flights are studded with something like wings, while red letters spelling USSR float. This dynamic rush capturing the large expanse of exterior space – the novelty of the materials, the lightness of the construction, as well as its rapid assemblage on the site – represented at the time a noteworthy contrast with the theatrical monumentality of the nearby pavilions. The most serious rival of the pavilion at the 1925 exhibition was the pavilion of L’Esprit Nouveau. Whereas Melnikov’s had an iconic impact, with its sharp colors, it decorative lettering and its emblems, as well as its expansive composition, the pavilion by Le Corbusier stood out in the logical clarity of a demonstrative work. The pavilion of the journal l’Esprit Nouveau, contrasts the circular volume forming a slide show of the architect’s territorial and urban blueprints with two tiered L-shaped apartments enclosing a courtyard, a kind of model apartment if you will, representative of a series which by groups of ten would be found throughout the apartment-building villas of the architect. This is a manifestoproject par excellence, designed to reconcile individual needs and collective necessities of urban societies. All scales are brought to bear here, in a concerted whole of an extreme efficacy, in what is both a spatial prototype and a projective propaganda, appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux issuing in an author’s promethean vision thrown at the face of the world. In this brief overview of this epoch’s pavilions, the German pavilion at the 1929 exhibition in Barcelona, in its apparent rhetorical muteness, would be more on the order of an architectural demonstration in real-life scale, exceeding the prototype, its matter refusing the register of the cheap simulacrum, but joining on the contrary a quite curious truth (steel, glass, onyx, travertine …) Spatial vacuity and fluidity of a diaphanous temple mounted on a massive base (like its great ancestor Schinket, and though that in reference to ancient Greece) … Here Mies van der Rohe tests modern space at its acme by situating the demonstration on an ontological plane. The question of inhabiting is posed less prosaically, more in the sensual delectation it feels. A statement on the world where the order of the visible and the sequence of views would come first springs from out of an emotion originating in a plastic-kinetic space. Iconic, rhetorical, sensible…–Melnikov, Corbusier, Mies...– three expressions of a common family taking form over a short temporal and spatial period in the course of the twentieth century: they function in perfect symbiosis with the figure of the pavilion of which it has been said that it was the ideal media for the manifestation of a project for society. But the society at this time knew incontrovertibly its project, a bright banner flapping in a strong wind: the city will be clear, green, modern, airconditoned and insulated!–thus a Lurçat could cry out in the sunlight of Maubeuge. It was undoubtedly out of an aspiration toward transcendence that this modern society of emancipation sprung forth. We are however no longer in that spacetime sequence, we the contemporary artisans of immanence, and of the theory of attachments.5 In these new circumstances, what then will become of the pavilion? 39 Fabrication/participation/”coyotization” Michel Aubry is himself, in his role as plastic artist, familiar with the question of the pavilion, one that he has interpreted in its canonical manifestations by displacing them with the répliqûres that are his trademark. “I studied the 1925 exhibition. I also ended up reconstructing the Melnikov pavilion. [It was in these circumstances that] for the first time, with Pierre-Jean Galdin, the director of the Nantes School of Fine Arts, we played with the idea of coming up with a project for a school… In the course of our discussion with Philippe Rahm, we were interested in exploiting the context of the first Festival of the Estuary, in 2006, by placing a “fair pavilion,” constituted as such, on the grounds.6 The relation of the future owner to the architect, and the conception the latter has of the order belonged this time to an altogether different method of work, which required long periods of exchanges and discontinuous formulations, a reflexive environment to which the students of Apnee were invited, as well as other artists/ researchers invited on a semester basis. A method by “sharing” seems slightly unusual in the context of a school of art: “We launched a project, like in architecture, by bringing together around a table, at the Nantes school of art, in the presence of students, the deciders and all the actors concerned by the project. In this sense, the project was a study as well as a montage, a true practice of a collective workshop, in all the forms of its declensions: film, operetta, climatic ballet, or the pavilion prototype.”7 The question of montage seems a recurring question in a school like this one “which organizes itself, thinks itself and constructs itself with elements such as matter, space, networks, territory, permanent transformations.” But for all that this question is thought also on its other side, which is that of “montage as it is used as an essential form in the art of the last two centuries, by playing with correspondences, analogies, resonances and differences to appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux bring up breaking points, indeterminations and sometimes revealing what is taking place at the joints.”8 We state in the discussion in volume 2 of this collection that the stakes are those of a form of experimental culture which is manifest everywhere in Nantes today, on the territory of the island in particular: the testing of the discourse by Patrick Bouchain on the factory, in the cultural and creative context (the example of Lieu Unique); the reinvention of a theatrical fairy zone by technical virtuosity, to the Island Machinery, on the initiative of Deluxe Royal; constructive demonstration and tense implementation of usages by Lacaton and Vassal of the Nantes School of Architecture, and so on. A workshop initiated by Apnee at the Nantes Fine Arts School, at a time when an architect was to be chosen, also found expression in the following questions: What is a school of art today? How are we to envisage this space of work, thought and transmission? What architectural form is it to be given? What relationships is the school to have with the life of the city? By introducing the students to the task of thinking about questions of historical knowledge, usage, ambiance, environment, context, the research lab thus attempts this dialogue between the school and the city. Conferences and visits are planned to open research onto singular propositions, while inscribing them in the real and by starting a participative approach between sponsors and users. The students are simultaneously interested in this process and invited to continue the forms of expression linked to their practices and personal projects. Thus they can finalize their research in the workshop by productions and constructions of life-size constructions (light-weight, transposable, demountable) which should end up participating in the “invasion of the pavilion.” The (new) manifesto Early in 2006 Apnee invited Philippe Rahm to participate with a group on the question of the role and function of an educational establishment of art today, and in the same stroke, on the pedagogical project of such an establishment. The workshop intended for the students of ERBAN and the nearby school of architecture was organized to question as much the conception as the fabrication of the project. Rahm participated in these workshops and materialized the group’s reflections in a pavilion project whose plans and representations he submitted in April 2006. This project, called Open Climate, would soon evolve on different scales, in an attempt to adjust by successive modifications to the financial funding. Contemplated at its inception – the undertaking consists in the conception of an important part of the school building, indeed of the entire edifice – at a time when Shigeru Ban was solicited (and the envelope of the Alsthom hanger retained as a shelter to fall back on.). At a later stage it would become a pavilion of prefabrication – from the minute Rahm makes his appearance --, and continued as a simple fragment-prototype, obliged to assume with this path whose ambitions toward realization would be reduced, to the progressive subversion of the real by fiction. Thus an exhibition was organized at Lieu unique, in the context of the festival of the Estuary, in June 2008. It exhibited a fragment of the pavilion at scale 1. This prototype would be used by the group of reflection as a movie set for The visit of schools of art and to echo the presentation of pieces in the Catalogue of Resources in which, in fact, it has its place. A modified and reconstructed version of this prototype would be used by the Climatic ballet conceived by Apnee in the summer of 2009. Thus as the pavilion continued on its trajectory it would increasingly haunt 40 appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux the work in common, making possible a crystallization, although and no doubt because in the meantime, at least at this stage of its course, it remained theoretical. Once on the scene, Rahm marshaled his pantheon, oriented around the denunciation of the materially earth-bound and programmatically stable inheritance of Western architecture, in favor of a regime of climatic variability and programmatic indetermination of which he is the herald and promotor. On this plane he was immediately drawn into sympathetic resonance with the team of researchers of the School. Their “we are not progammists!” is not to be understood as the disciplinary reflex of a threatened profession, but rather as a concerted skepticism with regard to a spatial determination supposedly deriving from established priorities. The architectural pamphlet that can be described as a “manifesto of the pavilion” strongly echoes Rahm’s positions, in a reactualized formula emanating from the architect. It opens with the following: “Our reflection concentrates on the spatial notion of the studio and on its form with respect to the practice of art. What would contemporary forms of the artist’s studio look like in comparison to the form and orientation of light in a 19th century painter’s studio? Rather than offering a response likely to be false, our intention is to free architecture from all predetermination of form and function.”9 In short the aim, with the Nantais pavilion, was to break with the commonplaces attached to the work of the artist and the space of the work: exposure to the north, unique volume, great height … “To refrain from planting nails on the walls,” this changes the rule followed by all pavilion exhibitions. “As soon as you start to predestine a usage, it’s bound to fail.” On the other hand, “providing the objectpavilion is taken as is, with all its constraints, something [original and unheard-of] can be envisaged.” Here “we shall not turn out predetermined rooms,” but empower forms of perambulation. If objects are set out, they 41 will be depending on the rooms’ dimensions, the manifestation located mainly in the observation and practice of space – where for the most part hearing will be activated (with sound), vision (less in the register of easel hanging than in that of light variations) and touch (in the rhythm of walking: visits, operetta, to which the visitors will be invited to submit.)10 Thus the function will be after the fact – function follows form, as Rahm says in the wake of Kahn – for in the end, to use a metaphor: “Who knows what comes first: the wine or the wine cellar, in the history of the house and its foundations?” With modernity, two major theories confront each other on the question of architectural program and form. The first theory, that of heroic modernity, states that form must follow function, according to the famous statement of the American architect, Louis Sullivan. … That which can be witnessed is, then, nothing else but the spatial expression of the program itself, outside of any semantic or affective overcoming. Architecture is here the spatial response of a program elaborated previously and elsewhere, that would have to be inhabited immediately.11 Fu(nction) * Fo(rm). Le Corbusier, the man of manifestos (who is less the man of constructed works), Hilberseimer, Gropius, etc. … history is noisy with these clamors claiming that the scientific demonstration of the needs of average people corresponds to standards of habitation, work and leisure which agree to one and all. It is this faith in typology that explains a major part of the normative process of modernity. To conceive space is to class individuals, and programs, by assigning them to types. Form follows function. At the onset of the 60s we see an opposition to the modern credo with “Function follows form” formulated by Louis Kahn. This is an explicit critique of the program as a univocal response to needs or activities. appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux Because these needs can change, because the history of architecture exhibits the permanence of the architectural form, in counter distinction to the program and function that can be modified over time, indeed can be entirely transformed. On the basis of this hypothesis, Kahn built a new method of composition, where architecture is no longer the expression of a program but of hierarchies, hierarchies which establish a kind of society, a society of spaces, where each space qualifies itself in relation to other spaces, establishing a structurally rigid framework which is programmatically open. Form & Function – Louis Kahn, angelherald of a desublimation with respect to the strictures of statistical reason, casts a retrospective glance on the history of forms and considers the critical fortune of the successive reconversions the major human establishments have had to undergo. If he is be understood correctly, we will have to conclude that after numerous transhumances of populations and migrations of their usages, spatial armatures will have all the better served the programs to which they were not destined given that their granulometrics were variable and their distributive schema complex. In the final analysis, this is the urban syntax of the great antique palaces – layouts, rows of corridors, solids and voids, inside and outside – marshaled by post-modernity in order to envisage the reversibility of practices. Like the strategy of a hermit crab snuggling up into the creases of a enveloping structure, and inventing as it goes along an “entire society of usages.” Our objective is here to cleanse this liberation of all predetermination in terms of form and function. We are seeking to work on a new organization of space where function but also form could spontaneously surge up from architecture as climate. That which is inspiring for us today is to work at the level of space itself, in the density of air and the intensity of its light, to offer an architecture as a geography or more exactly as a meteorology open and moving, with these different climates, this different 42 atmospheric qualities that we inhabit depending on our activity, the time of day, the season, freely. Form? Function? “Freely!” “So produce then here or there, depending on your mood or rather the mood of the space that is its expression!” We shall return with questions on the syndrome of free determination of the inhabiting trajectory, on this figure of emancipation to which the “freely” refers, as well as to its confrontation with the system of spatial confinement and of atmospheric control to which this architecture would deem to tend. Our architecture is centered on two essential parameters for the qualification of space, that of light and that of temperature, following two dimensions, horizontal and vertical. Horizontally, the blueprint is organized like a Russian doll (??), from the periphery to the center, between the brightest and the darkest, in a succession of glass partitions, each of which filters 25% of the lighting [According to the finalized blueprint the glass partitions will be replaced by polybicarbonate panels with coefficients of variable luminescence transmission, ranging from the brightest to the darkest.]12 Vertically, space is drawn bottom up, from the coldest to the warmest following the principle of the natural rising of air masses according to their density and temperature. Architecture is figured here, in the end, as a combination of four luminosities combined with 4 temperatures, giving 16 climates, varying according to the time of day and which each user can bend to his own activities, instruments of work, and desire. 16 rooms of an identical surface but as that many different climates, which unfold on a blueprint and in altitude. [Negotiations with the future owners would soon reduce to 9 the number of room-climates.]13 The choice is freely submitted to, as the choice of the 19th century painter, pure black in the center, to work on video images: just that many behaviors and atmospheres to discover, to make one’s own or on the contrary to which to succumb. appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux This architectural expression of the manifesto leads to three different types of reflections. First of all, the question of the effectuation of the energetic apparatus. Heating? Ventilation? Air-conditioning? Open climate offers an opportunity to work on the limit of the ordinary conditions of comfort, by recalling into question the establish norm, through the variations in potential of its climatic gradients it puts in place. Skirting the risk of a green house effect to which it would readily be referred, he proposes on the contrary to incorporate into the heart of his apparatus the generalization of exchanges by convection; the pavilion as a whole functions as one huge convector with multiples but inter-communicating entries which causes the air to be mixed and refreshed, from hot to cold, from bottom to top, and vice versa. That said, one would have to distinguish between the high and low seasons. In the high tourist period, in the summer (it was for this period that the pavilion was originally designed) requires thought and the resolution of the problematic of cooling, by playing with natural convection, even if that requires exaggerating the effects (air pumping). Another question was the monitoring period between festivals. Thus, in the course of negotiations with the future owners, the financial effects of heating the pavilion were taken into consideration – following the principle of “lifting the base” (the base being the lowest and most central cells raised to allow convection to play its role as mixer). More specifically, as regard hot or cold seasonal periods, the pavilion should theoretically not have to fit into the norm of “thermal equalization” but only assume the differentials between its rooms according to their exposure to hot and cold conditions, while favoring relative regulations by flux exchanges. Since the pavilion was not designed as a stable, static environment, but as an exchanger, distributor, originally functioning on the model of passive convection, the 43 question was not posed as to how to render sensible such phenomena of convection, by previewing important differences in temperature, whereas the spaces are in fact inter-communicative. And conversely, at stake was knowing how to protect such a fragile system from external climatic influences, in some case too sharp in their extremes. All of this, without having to resort to an unwarrantedly costly technology, energetically wasteful, and which in addition would finally be in contradiction with the “natural” objectives initially set out: one can understand how in these conditions a closed circuit system of climatization would have evidently been out of the question. Nevertheless this objective of a “de-normed naturality” – convection at the outermost limits of the sensible, disparities of seasonal temperature at the extreme limit of the bearable – is all the more difficult to share with the concerned agents given the suspended and unclarified artistic, architectural, conceptual or functional status of this singular pavilion-manifesto. The second motif of reflection concerns the choice made here for the spatial solution to the problematic of programmatic indetermination. There is no need here to call up the solutions of Rem Koolhass … Already in the post-world-war 2 period, when modernity was seeking its second wind, the question was posed by one of modernity’s stalwart figures, Mies van der Rohe, who called into question the functionalism which he and the German school, as well as modernity as a whole, had been the herald: The whole building is one large space. We think this is the most economical and practical road for architecture today. The functions this building is to serve change constantly, and it is not feasible for us to destroy the building at each change. This is why we have modified Sullivan’s formula “Form follows function” and have built a practical and economical space into which the functions have been incorporated.14 This hypothesis of one great space, Mies appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux considers it as a non-functionalist solution for the modern galaxy. But there is another exit, totally different from this one, nonmodern – in that it would not have been obliged to have the experience of the modern. The architect Ryue Nishizawa formulates this solution in the following terms: Traditional Japanese architecture features multiple variations in fit out. For example, this type of fit out with a thin structure. Its material weight is close to that of a door. Light. Non-massive. The structure of the edifice is difficult to pin down. And here, with the term structure, I may include physical as well as organizational ones. Each part of the edifice can have the same weight, for each element – plan, door or function – is of the same order. Numerous types of rooms are inter-connected. It is more a question of a combinatory than of a unified assemblage.15 This Japanese architecture functions as a choreography of semi-closed spaces. Thus the neutrality of the grid, amalgamating structure and partition – that of the traditional sliding plan (tatami, shoji, fusama). Now, contemporary architecture in Japan sometimes manages to renew this traditional apparatus. Instead of the dissociation structure/partition which would guarantee a freedom of appropriation by usage, one can prefer the infinite development of the partitioned, referring back perhaps to the kahnien poetry of rooms (or places of orality) with variable scales but undetermined usages, which Rahm recalled in his introduction. The architect Toyo Ito compares this organization to the figure of the computer game, leading the visitor through randomly chosen squares, their determination appearing in the final analysis less programmatic than springing from an apparently random play of scales, calibers and lighting schemes.16 We have here an experience of retained fluidity, that of the hourglass, in which an adherent sticky liquidness is shaped – if you will allow me this image – which I use to describe all 44 the time it takes, manipulating partitions, sliding steps, gestural swaying, sequences of activities, in order to pass through one square to another of the checkerboard. Who would dare to program art – you might as well attempt to measure the visible, the unsayable, the impermanent, the mutant, the relative. The work of Philippe Rahm is thus the natural indicator of a crisis of functionalized space. To think a school outside a program – or if you will, characterized by its programmatic indetermination – opens up onto an alternative: either “a great unified space” into which functions are assembled in their relative variability – the Ark in the shelter of the hanger, a unique climate, or an infinite series of spaces, granulometrics and variable climatic characteristics, “like a multiple choice test with every choice ticked at the same time … like a catalogue, an assemblage, the montage of all conditions in an identical framework. The most diverse among them coexisting in the same landscape.”17 which we will designate here as a porous partitioned space. It would appear to us that Rahm’s enterprise has to be placed under the auspices of this alternative solution, where the logic of intercommunicating rooms frees itself both from the modern Raumplan and from classical layout schemes. Neither Loos, nor Mies, nor Durand. The third line of reflection concerns the anthropic and social implications of such a semi-open apparatus. The porous portioned space proposed another configuration of inhabiting, a nomadic inhabiting that conceives of itself as a perpetual migration between the airstreams of a differential climatic. Thus we could advance in understanding by comparing the hypothesis of the Nantes pavilion with the sophisticated intertwining of classical heated spaces and deprogrammed spaces with low heat levels, which henceforth presides at the school of architecture recently realized in Nantes by Anne Lacaton and Jean-Philippe Vassal. appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux Their considerations on availability – on non programmed usages, circumstantial mutualizations – of an architecture of air pockets and operative contiguities, seems to me strangely akin to what Rahm suggests in a neighboring context, territorially and institutionally (the Alsthom site next to the school of architecture, on the north beach of the island of Nantes). The stakes of the porous partitioned specifically pertain to its capacity to take on variable scenaristic interpretations, in this case at least, and to render a representation of them (the pavilion, in the flow of its successive interpretations, having its accessibility reduced18). Thus the Apnee team justifiably set out to link the scenographic formula of Alain RobbeGrillet’s Eden and afterwards, (a director who had already influenced Rahm in a previous segment of his reflection) with the capacity of an event-oriented architecture to generate uncontrollable narratives. The major apparatus of this film, consisting of a whole series of apparently unrelated stories, indeed finds its locus in “ a coffeeshop filled with interlocking spaces in which customers are unwittingly transformed in a single stroke into actors proposing to one another scenarii incessantly restaging their behavior as customers and as actors, the ambiance and the atmosphere of Loves, hatreds, affairs, the spaces.19 confrontations with some, between others … this connecting checker board will thus enable scenaristic configurations which will result from a consecutive series of statistically random occurrences. Assuming that “the very origin of architecture is situated in geographical and temporal distortions, the primary mission of architecture being that of creating spring season climatic pockets, locally deregulating natural climates to render them inhabitable,”20 for, “by turning night into day, winter into spring, contemporary architectural space today floats outside of astronomical rhythms. It stagnates on a May noontide, in an unending pause in 45 the rotation of the planet earth.”21 Now what is central in Rahm’s research consists both in taking advantage the potential of this “synthetic artificial zone (see here the discoveries by Koolhass on Coney Island in his Delirium New York) while stigmatizing the architectural uniformity resulting from generalized climatization, by positioning himself “against this normalization [which results from a Western politics against global warming, by becoming] the critical instrument allowing this continuum to be articulated, to create chasms and ruptures therein, … to break its global homogenization.”22 Rahm here, along with many others such as Lacaton and Vassal, though doubtlessly in a more indirect mode, is promoting the invention of a narrativization of the world, the convocation of ordinary and diverse narratives, where space and time would be configured together. This is the import of the predication between porous partitioning and the fictional universe of Robbe-Grillet, with whom Rahm found common ground in the past. Thus this checkerboard of stories, the Eden, and afterwards. This is also the case for the theme of the labyrinth, whose obsession is shared by the architect and the writer, so strong is the concatenation of sequences, so much more important than the clarity of a trajectory: se deep here the a-chronia runs up against an a-spatiality. I am pleased to be able to think of the ancient figure of these commissioned works, a figure reactivated by Kahn, so endearing to the French throughout the classical age, I am pleased then, to see that this figure in which all solutions of continuity imply a jump from one subject to another, from the bedroom to the sitting room, from hot to cold, from Sanaa’s checkerboards to Rahm’s, impart an actuality to this figure in our societies at an opportune moment when the univocal grand narrative has disappeared, but where the equivocal small narratives, or, if you will, the mutivocal ones, are innumerable. Generating climate, generation society appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux In December 2009 in Copenhagen, several societies converged at respectable distance from one another. The Bella center was host to the most official summit meeting – Cap 15 – which as we now know would make history. Yet it was set off in a conference room far away from the city, close to the airport, setting itself off, spatially, with barriers as well as potential risks, and temporally, through the play of passes dwindling in number as the 15-day program was drawing to a close with the meeting of heads of state looming ever larger on the horizon. Greenhouse warming, climate change, forms of adequation between differentiated developments, on an unprecedented and multi-layered scale, in a palace nevertheless as confined as an oven and as tight as a safety-deposit box – seemingly far from the world’s cares. henceforth evident between hemispheres, between North and South, rich and poor, cold, moderate and warm zones, made possible to a certain extent by new force fields of relations, more balanced on the diplomatic plane, and with less univocal transfers of experience. For although direct exchanges between these two summits were not on the agenda, despite the short distance separating them, the responsible ire of the second actually managed to create a “radiant” pressure on the first, the paltry results of which are unfortunately wellknown, although a form of globalized public opinion did come to be that weekend, and this is certainly not insignificant, not so very far from the Tivoli fun and games. With the DGI-Byen,23 you are in the heart of the city, right behind the train station – whereas the official meeting reserved the off events (protecting the escorts), the informal folks were thus able to corner all the urban parades and shows of the in events. Here you were in a friendly madhouse: no access controls, no frisking, a swarm of volunteers and passers-by coalescing near mostly porous architectural hatchways. During this strenuous Danish winter, all the doors were open for the upcoming ecologist free-for-all (endless impressively displayed waste-bins for recycling garbage presiding at the parade in the center of the hearth), and the usual alter folklore (Indians decked out in feathers, artisan exhibits and products for sale). And yet there was a rare quality to this atmosphere of shared experiences – it was peaceful, courteous, calm, reasoned – shuttling between the scientific and technical discourses, among concrete cases, peppering more general reflections of political philosophy, mingling experts and amateurs, militants and curious bystanders, non-governmental people and farmers … and bringing together of course every nationality of our small world. In/Off, and “spin offs” from one to the other … Such as, on Dec. 11, 2009, the Climate and Architecture Symposium held at the Royal School of Architecture of Copenhagen on the basis of an initiative from the Nantes School of Fine Arts, organized by Philippe Rahm, in an atmosphere much more subdued than outside, in a former arms room for the practice of swordsmanship, next door to the sad remains of Christiania. This was the common denominator of these two events: these effects of convection 46 Competing societies, the promises of Copenhagen These were interesting exchanges, pulling together specialized contributions and a report on recent research in an experimental version of what “tiny” individuals worldwide are capable of thinking up apropos of the new climatic and atmospheric state of affairs. Gaseous clouds, smoke, humidity, dirt, remains … To paraphrase David Gissen, theory here, by undermining architectural discipline, marshals both the detritus of the natural realm, and a “subnature”24 which would constantly surface regardless of what we would prefer, but also the detritus of architectural production revealing the hidden face of a kind of irrepressible unconscious. Gissen studies the experimental works of appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux designers, researchers, philosophers and biologist who reject the idea that humans could somehow recreate a totally and purely natural world cleansed of messy entropic element which are the actual constituents of nature. Thus he thinks the work of Rahm is to be inserted into these mechanisms of transformations, when Rahm extracts humid air from the floor or gases and mist from our breathing, in order to define the new forms of our spatial experience. Witness the case of this underground dwelling, the “Mollier,” or the project for a multiple sports pavilion – where Rahm encourages us to consider the odor and the “humors” of the floor and the emissions of our bodies as the natural context of a future architecture. Akos Moravansky, by pointing out the balance between hedonism and abstinence as poles between which the environmental temptation is played out, contrasts defensive (passive) measures and the active ones this temptation puts before us. It is on this notion of unpredictability – borrowed from Latour for the sciences, and from Damisch for the figure of the cloud (a form irreducible to the frame of perspective) – that the hedonism of new climatic architecture is grounded, an architecture of an ambient environment setting out the randomness of terrestrial atmosphere on a domestic scale, since, to borrow a phrase from Michel Serres, “an eclipse [produced by distant stars] is predictable, whereas meteorology [originating in phenomena near-at-hand] is less predictable.” Rahm’s work is here considered in its emblematic range, stemming from his ability to implement problematic tested in the smithy of scientific legitimization on cultural terrain and in the aesthetic field. He is not the only one we can credit with success here – to limit ourselves to the Copenhagen Symposium, the works of Sou Foujimoto or Sean Lally could also be problematized. These contributions often occupy a limit-space where a form of critical high-lighting of latent phenomena informing climatic mastery and an emphatic form of ecological exactitude can be read together 47 or consecutively. Rahm, in way, emphasizes the ecological correctness of his proposals, states Moravansky. A few specifics are in order. Although the blanket revealing the climatic cloud is distinguished by its whiteness, it is nevertheless strange that the climatic dwelling would reproduce this paradigm of whiteness, given that the paradoxical materiality of atemporal and non-situated architecture – producing form within its own conditions of interior climate – seems at first view to restage the abstract ideality of the figure of the modern sanatorium. Either there is an a absence of confinement, as in the case of the Digestible Gulf Stream exhibited in Venice in 2008, and the invisibility of the installation would risk being conflated with the relative innocuousness of the experience, owing to the effects of convection in the room dissolving into the surrounding atmosphere. Or there is confinement, even at the price of a redoubling of epidermis, and its immaculate “neutrality,” a promise of (quasi)-invisibility, would then run the risk of becoming yet another example of the well-known coordinates of the white box (another Venetian proposal, to be distinguished from the Swiss Pavilion proposed by Decosterd and Rahm in 2002). This is the first dilemma we confront. We could end up thinking that the contrasting play of situations might be better served in being better highlighted, in the sense that the adoption of a climatic posture would consist in a more precise anchoring of forms of exchange between interior and exterior climates, and likewise in less hesitation in taking a stand on the cultural substrates of invested territories. Might it not be more advantageous for us to investigate the differential, technical and cultural conditions of latitudes and attitudes as different as those of mainland Japan (with a tradition rich in a “breathing” architecture exposed to the elements), or those of northern countries like Germany (whose strategy of confinement and water- appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux proofing owes nothing to happenstance) or again those of southern lands, on the waterfronts of the Mediterranean for example (whose mechanisms of exchange by natural convection are well known)? This is not necessarily to return to some “critical localism” (in reference to Kenneth Frampton’s “critical regionalism”) with its explicitly material tectonic accents; but the time has come to ask whether the play of climate does not also transpire in these interactions between the concern for real situations and the fabrication of deterritorializing conditions, both in the folds of interpretation of an inherited natural regime and the invention of a natural regime to come. Rahm’s theoretical postulates set out their radical difference with the modern project: “Modernity at its end produced the hypothesis of a terrestrial atmosphere without an exterior, in which a perfect, ideal and stable meteorology with effects of randomness, whereas by its asymmetrical aspect and its disequilibrium, our architecture as meteorology rejects this climatic homogenization of space as it was envisaged in the 20th century.25 In fact the present proposition, although it is hardly without its ambiguities, can be clearly distinguished from Le Corbusier’s doctrine of “exact respiration”: there is no constant regular climatic ideality, no integral architectural confinement, no “neutralizing wall.”26 From the point of view of a different standard, this proposition must reactualize the environmental strategy of the theoretician Reyner Banham (and his experimental counterpart Buckminster Fuller), because the hypothesis of a costly wasted energy, pure prodigality, in the logic of campfire27 and balloon frame,28 is of course no longer on the table. The second point open to debate is the question of control in Rahm’s work, a question I have addressed elsewhere.29 Akos Moravansky said that the atmospheric problematic, as a field of research, had nothing to do with some form of mimesis 48 (of primary nature) and it had nothing to offer by way of instruments to spread the hypothetical news of a new age, but that it was the occasion of a new democratic relation to the socius with respect to its environment, especially from the vantage of the unpredictability of phenomena, as discussed above. I don’t know where this architecture of unpredictability is located; it’s certainly closer to the fragile arrangements of a diffuse meteorological production than to the incredibly heavy apparatuses of proposals claiming as their raison d’être to be climatic while burdening with their bulk the large surfaces of a citizenship on ground level and on its shores. That said, the questions remains: do Rahm’s projects stem from this hedonism or from control, from free subjectivation or from scientific demonstration, to borrow Moravansky’s dialectical terms? Once again, and as clearly as possible: what does the Nantes pavilion propose? A staging of life in the future (to paraphrase the well-known work of Georges Duhamel) or the instrument of an experience rich in experiences of mutuality? The status of this commissioned work, the prefigurement of a school to come, for the moment unrealized, whose “practicality” is no doubt, for the moment, not its goal, even if we forget the ebb and flow of security considerations which slowly but surely impinged on its habitability – its status nevertheless remains ambiguous, and this is undoubtedly the root reason of its appeal and the interest it provokes. What is this pavilion for, once “productive” usages fade away (the laboratory equipped with differentiated rooms in the first stage of its conception), “presentational” ones (for example the gallery of works adapted to the context of its own making, even “touristic” ones (meaning here, in the context of the Estuary, that it would have been visited by the myriad crowds of passers-by and visitors of the exhibition)? It’s possible that its manifestation springs simply from “the appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux representation of a project for a school, rather than seeking to embody on a small scale the production taking place therein.” This is how the project is considered by its sponsors/teachers.30 On standby, pavilion in limbo What is foam? Air in an unexpected place. Peter Sloterdjik A detached place, on an island in Nantes, its alma-mater, the School of Fine-Arts, and shelter in the guise of its research team, Apnee, Open Climate was supposed to incorporate the Estuary manifestation as a zone of relative silence, or of a calm unfolding, as the manifesto of a place where a school could think and conceive itself – the actual chain of events of the pavilion owing to a great extent its status to this critical suspension; in this respect it is a “stain or spot” on the context of festival agitation. Placed on standby between the high points of the animation it was to foster, this pavilion was not designed to be continuously active, for the extended duration of the festival period, something akin perhaps to the “central fluctuating state” described by Jean-Didier Vincent apropos of his past partnership with Ph. Rahm.31 The aesthetic conception of the project is thus synchronous with the thinking of its internal economy, to the extent that the spectacular manifests itself – outside of theatrical presentations (operattas) or occasional artistic performances – in the register and dimension of “ambiance” (the pavilion as a connector of climates, sounds, lights, all of which originate in its floors, that is, from the thickness of its planks – of which the drives or cyclical pulsations, continuous or not, should emanate) rather than in that of iconographic representations (the pavilion was not designed as a kaleidoscope of projected images). Porous partitioning, exchanger of narratives, 49 distributor of stories/histories, the Nantes pavilion, mounted on a base or not, butterfly pinned to the pages of this volume, is nothing other than the representation of a cortex: labyrinthine meanderings tracing the interior of a skull. Dry foam, humid foam, simultaneously and then one after the other. From inside this Golgotha can be seen the new climatic regime with which we are concerned. No plastic-objective clinical space, walled off from sight and closed off from circulating air. No more exact and definitive respiration, but a moist ambiance, uncertain and changing – originating in the Atlantic winter fog and the spring mildness of the Loire region, originating from this limbo, but altering it as well, inscribing upon these used up given climates paradises where we can breathe fresh air, unexpectedly, unpredictably. “On the one hand ambiance can be considered as a state whose production and reproduction are controlled … On the other hand it can be envisaged as the dynamic movement of that which slips away from reproduction, from representation or the logic of evaluation … it then becomes the stakes of any and all aesthetics – of that which must touch and move, on the side of perception as well as that of conception.32 For ambiance is not space; the former places its world between the illusion of control and the motion consenting to the loss of mastery. Ambiance, as its etymology states in AMBIRE, “that which turns about,” or “single self-same Ambiance, unlike sectorial ambiances – sonorous , visual, olfactory – cannot be represented but only expressed.”33 We must attain to this consent as well, and strive to simulate and convince ourselves that this experience should be undertaken and undergone. An attempt at expression; a refusal of representation. Emmanuel Doutriaux (Translated by Georges Collins) appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux 1 A three-headed interaction began to function between 2006 and 2009, when the project was temporarily suspended. First of all, the architects (Ph Rahm, We Lelou) negotiated the reconfiguration of the project with the Nantes Regional School of Fine Arts, in charge of programming the school (PJ Galdin, and the Apnee team), and thirdly, the Lieu Unique (Jean Blaise) who were in charge of the “Estuary” manifestation and, in this role, the main financial backing of the project. The city of Nantes was never far from this triple interaction, if only because it furnished the grounds (the Alsthom no-man’s land). We would like to take this opportunity to thank Ph. Rahm, Wilfried Lelou and Virginia Pringuet (project director at Lieu Unique at that time) for the time they generously devoted to us during this investigation. 2 We shall see below to what extent the culture of the subversion of the project is present of the spirit of Apnee, as well as “wild” unhabitability owing to the subversion of domestic codes, a wildness harking back to the sequence of shared time during the coyotization between Joseph Beuys and his coyote in 1974 in a New York Art Gallery. We will also see to what extent the problematic of control, which can be ascertained firstly as a question of control of access, is also implied in the work of the architect – open climate but also climate under control – the critical impact of his work in the ambiance field remaining to be evaluated. Lastly the arguments of security as they highlight in fine the unclassable qualification of the work produced, be it artistic or architectural in nature. 12 Author’s note 13 Ibid. 14 This statement was made in 1958, in Fritz Neumeyer :, The Artless World : Mies Van Der Rohe on the Building Art, translated by Mark Jarzombek, MIT Press, 1991. 15 Ryue Nishizawa, in El Croquis, n°77[l]+99, Madrid, 2000. This fragment is used in a forthcoming paper on the work of Sanaa, for the journal Le Visiteur. 16 Here we have squares or rectangles of 4, 6, 9 or 12 meters high, forming constantly opaque « cubicles » or cubicles with spaces in them, or else entirely composed of windows. 17 These are Rem Koolhaas’s terms for the designation in the “generic city” of the accomplishment of infinite probabilities of random associations. Cf. Mutations, Actar/arc en rêve, 2000, p. 781. 18 Thus the imperatives of access control and security (although the pavilion is studded with staircases, better to prevent access than to penalize the handicapped) would in the final version of the plans result in massive plinthing and a solid foundation in sand of a pavilion which started out light but of reputed fragility. 5 See here Bruno Latour : We Have Never Been Modern, translated by Catherine Porter, Harvard University Press, 1993. 19 David Legrand, annotations to a report on an Apnee meeting with Ph. Rahm, 05/10/2007. “Thus, Legrand further notes, this interests Phiippe and he proposes that it be radicalized by rethinking the architectural layout of the research space planned for the February exhibit at Lieu Unique, as a more autonomous object with respect to the pavilion of 2009. To express this in his manner: a construction which would provoke at the very heart of its research matter a springing up of time, spaces, practices, behaviors whose aim would be the husbanding of unheard of modes of teaching and learning. Basically, a project for a climatic school welcoming all migrations: an after-Eden.” 6 See the interview with Michel Aubry and Edith Commissaire in Vol 2 of this series. 20 Ph. Rahm, in Architecture météorologique, op.cit., p. 56. 7 Ibid. A statement by Edith Commissaire 21 Ibid., p. 59 8 These quotations are from the minutes of Apnee meetings at the Nantes school of Fine Arts, 2006-2008. 22 Ibid., p. 61 3 Michel Aubry, « L’usage ou l’invention de la reconstitution, » in L’Aubette, ou la couleur dans l’architecture, Musée de Strasbourg, 2008. 4 A la découverte du paysage vernaculaire, Actes sud, 2003 (originally published in 1984) 9 Cf. Architecture métérologique, Archibooks, Paris, 2009, p. 51. 10 These quotations have been taken from a meeting at Rahm’s studio in June 2008, collected under the title “After After Eden. A letter-program for the Open Climate Pavilion in 2009.” 11 This quotation and the following are taken from the pamphlet proposed by Philippe Rahm in June 2006, « Open Climate. » 50 23 A sporting and entertainment center (impressive multi-use pool, animations, but also a gym, etc.), cultural and conference center, hotel … the DGI Byen is an edifice-world, designed by the Schmidt, Hammer and Lassen firm which deserves a programmatic and architectural analysis of its own. Its proximity to the oldest attraction park in Europe, Tivoli, would be worth a separate analysis as well. 24 David Gissen; Subnature, Architecture’s Other Environments, Princeton Architectural Press, 2009 appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux 25 Philippe Rahm, Architecture Archibooks, Paris, 2009. métérologique, 26 « Exact respiration » and « neutralizing wall » are the two terms of the classic equation that Le Corbusier sought to implement, for the Salvation Army in Paris in 1932. We are familiar with its dangers: autarchy and over control under the sway of a new social hygienic order associating religion, the cult of work and the production of a clean climat. See here Brian Brace Taylor, Le Corbusier, la cite du refuge, Paris 1929/1933, l’Equerre, 1980. 27 The Architecture of Well-Tempered Environment opens with this parable : « A savage tribe gets to a nocturnal camping site and finds that there is an abundance of fire wood. Two basic methods can be used to exploit the environmental potential of this wood: either it will be used to construct a wind breaker or a rain shelter – the structural solution – or it will be used as firewood for a campfire – the energetic solution. 2nd edition, London, The Architectural Press, 1984 (1st edition, 1969), p. 19. 28 Banham distinguishes the conservative mode operating on the principle of masse – this would be particularly suitable for dry (cold or hot) climates, for example the Pueblo Indians ; the selective mode « concerned by an aspect of the global environment excluding all other aspects » (for example choosing ventilation to the detriment of thermal concerns) which would be better adopted to humid climates (The East Indies, Florida), such as the « colonial style, » and finally the regenerative mode, engendered by the revolution of humidity control in 1882, owing to the invention of air conditioning – a solely North-American story, he adds. Ibid. p. 26. 29 « Les promesses du dispositif » in Lieux Communs n°11, revue du Laua, Nantes National School of Architecture, 2008, in collaboration with Christian Leclerc. 30 “It’s more a matter of a space that can be penetrated, like the depiction of a brain, than of an architecture within which precise activities take place, with the finitions implied in these activities …” in “For unique program: fiction,” a discussion with Michel Aubry and Edith Commissaire, volume two of this collection. 31 Jean-Pierre Vincent is a biologist. On the basis of this notion of a « central fluxuating state, » he worked with Rahm on the architecture of the body, « on forms and on this aspect both space and time which materializes inside the brain. » See Architecture physiologique, pp. 238-241. 32 Jean-Yves Petiteau, in Pascal Amphoux (editor), La notion d’ambiance, une mutation de la pensée urbaine et de la pratique architecturale, Epfl/Puca, 1998, pp . 43-52. 33 Pascal Amphoux, in Ambiances en débats, A la croisée, Bernin, 2004, p. 134. 51 appendice: english text Pavilion in Limbo by emmanuel doutriaux 52