ASIE DU SUD-EST - Département d`information et de communication
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ASIE DU SUD-EST En Asie du Sud-Est, trois pays font C H I N E partie de la Francophonie en raison de l’influence exercée historiquement par la France. Le Cambodge, le Laos et le Vietnam participent aux Sommets. Ils ont Hanoï respectivement le cambodgien, le laotien et le vietnamien comme seule langue officielle. Le français continue d’y occuper une certaine place dans le domaine de l’enseignement, ainsi que dans le secteur culturel ( en par ticulier la littérature et le cinéma ), même si le nombre de personnes dont c’est la langue d’usage THAÏLANDE n’est guère élevé. La décision de tenir le VIIe Sommet de la Francophonie à Hanoi, capitale du Vietnam, en novembre 1997 se voulait un symbole du renouveau de l’Asie du Sud-Est. La Francophonie entend participer au développement de ces trois pays, qui compteront bientôt une centaine de millions d’habitants. La présence française en Asie a é galement laissé des traces à Pondichéry, un territoire de 480 km 2 , situé sur la côte de Coromandel en Inde, et qui compte 800 000 habitants. Il fut rétrocédé à l’Inde en 1956. ( Rappelons qu’outre Pondichéry, il y eut quatre autres comptoirs français en Inde : Mahé, Chandernagor, Karikal et Yanaon ). BASILICO Sandrine, Mondialisation et intégration des minorités ethniques au Viêt-Nam: le cas des Muong et des Thaï, Paris, L’Harmattan, 2003, 191 p. BRUNEAU Michel, TAILLARD Christian et al., Asie du Sud-Est, Océanie, Paris / Montpellier, Belin / Reclus ( Géographie universelle ), 1995, 479 p. CONDOMINAS Georges, L’Espace social : à propos de l’Asie du Sud-Est, Paris, Les Indes savantes, 2004. DE KONINCK R., DÉRY S., MATTHEWS B. et J. NAGARA, Identités, territoires et environnement en Asie du Sud-Est/Identities, territory and environment in Southeast Asia, Québec, GÉRAC, 1999. GIAO Nguyen-Huu et Bernard KOUCHNER, Le Livre du Giao : au cœur du Viêt-Nam, Paris, Table Ronde, 2004, 218 p. HUE Bernard ( dir. ), Littérature de la péninsule indochinoise, Paris, Karthala/AUF, 1999, 461 p. HÛU GNOC, Esquisses pour un portrait de la culture vietnamienne, Hanoi, éd. The Gioi, 1996-1997, 588 p. LECHERNY Christian et Nicolas RÉGAUD, Les Guerres d’Indochine (X e -XX e siècles), Paris, PUF ( Que sais-je ? ), 1996, 127 p. RICHER P. ( dir. ), Crises en Asie du Sud-Est, Paris, Presses de Sciences-Po., 1999. TERTRAIS Hugues, Asie du Sud-Est, le décollage, Paris, Marabout/Le Monde-Éd., 1996, 208 p. WERLY Richard, Dans les soutes du « miracle » asiatique, Paris, Stock, 1998, 295 p. AFI 2007 289 ASIE DU SUD-EST Nom officiel Capitale 2 Superficie (km ) Cambodge Laos Vietnam Royaume du Cambodge République démocratique populaire lao République socialiste du Vietnam Phnom Penh Vientiane Hanoi 181 040 236 800 329 560 monarchie unitaire, régime parlementaire république unitaire, régime communiste république, régime communiste Chef d’État entrée en fonction Norodon Sihamoni 29-10-2004 Saignason Choummali 08-06-2006 Triet Nguyen Minh 27-06-2006 Chef du gouvernement entrée en fonction Hun Sen 14-01-1985 Bouphavanh Bouasone 08-06-2006 Dung Nguyen Tan 27-06-2006 Langues officielles Autres langues khmer français, anglais lao français, anglais, dialectes ( taï, phouteung, hmong ) vietnamien anglais, françâis, chinois, khmer bouddhisme ( 95 ) bouddhisme ( 60 ) animisme et autres ( 40 ) bouddhisme ( 10,8 ) catholicisme ( 6,7 ) cao-daïsme ( 1,1 ) protestantisme et islam ( 0,6 ) 13,9 35,6 3,4 3,4 57,4/61,3 73,6 6,4 41,4 3,1 4,7 53,5/57,6 66,4 84,4 27 5,8 1,9 67,8/73,6 90,3 IDH (rang/177) 130 n.d. 108 PIB (en G PPA) PIB/hab. (PPA) 30,7 2 200 12 1 900 232,2 2 800 riel 0,0002 0,0002 kip 0,0001 0,0001 dong 0,0000 0,0001 Principales exportations vêtements, bois d’œuvre, caoutchouc, riz, poissons, tabac, chaussures vêtements, bois d’œuvre, café, électricité, étain pétrole brut, prod. aquatiques, riz, café, caoutchouc, thé, vêtements, chaussures Principales importations prod. pétroliers, cigarette, or, matériaux de construction, machinerie, véhicules, prod. pharmaceutiques machinerie, automobiles, combustibles, biens de consommation machinerie, prod. pétroliers, engrais, acier, coton, grains, ciment, véhicules Principaux partenaires commerciaux États-Unis, Hong Kong, Allemagne, Canada Thaïlande, Vietnam, France, Allemagne États-Unis, Japon, Australie, Chine, Singapour, Allemagne Politique Principales religions et spiritualités identifiées en % de la population Population (en M) Moins de 15 ans en % Plus de 65 ans en % Indice de fécondité Espérance de vie H/F Alphabétisation en % 1 2 Monnaie EURO US $ 1 Taux de change à parité de pouvoir d’achat 2 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif 290 Source : The World Factbook 2006 AFI 2007 CAMBODGE Pierre GILLETTE Rédacteur en chef au quotidien Cambodge Soir [email protected] Dans un contexte économique favorable, le premier ministre Hun Sen continue d’imposer son tempo. POLITIQUE L ’adoption par l’Assemblée nationale le 2 mars 2006 d’un amendement à la Constitution abaissant des deux tiers à la moitié plus une voix la majorité requise pour l’investiture du gouvernement marque un tournant majeur dans la vie politique du royaume. En 1993, au nom de la « réconciliation nationale », mais surtout pour éviter que le Par ti du peuple cambodgien ( PPC ), le parti du premier ministre Hun Sen, qui tenait jusque-là les rênes du pouvoir, se retrouve sur la touche, les constituants avaient, à la demande du PPC, instauré la majorité des deux tiers pour l’adoubement du premier ministre, rendant quasi obligatoire la formation d’une coalition. En 1998 et 2003, les élections législatives, gagnées par le PPC, ont accouché d’un gouvernement dirigé par Hun Sen associant ce parti et le Funcinpec, la formation du prince Norodom Ranariddh, fils de Norodom Sihanouk. Mais, chaque fois, le PPC a dû attendre plusieurs mois – un an au lendemain des législatives de 2003 – afin de parvenir à signer un accord de coalition, le Funcinpec, entraîné par le Parti Sam Rainsy ( PSR ) dirigé par l’éternel opposant Sam Rainsy, essayant de faire tomber Hun Sen avant de rentrer dans le rang, en faisant payer son ralliement au PPC au prix fort. Cette réforme constitutionnelle, proposée à de nombreuses reprises par le PSR, était jusque-là refusée par le PPC. Son adoption semble montrer que le premier ministre et son parti abordent avec confiance la perspective des élections législatives de 2008 et n’entend plus se faire forcer la main pour partager l’exercice du pouvoir. Le Funcinpec, son partenaire de coalition, AFI 2007 qui avait réussi à obtenir en 2004 un grand nombre des postes ministériels et administratifs, après presque un an de crise politique, a senti passer le vent du boulet. Quelques jours avant le vote de cet amendement, le premier ministre avait annoncé qu’il refuserait désormais les nominations à caractère politique. Autrement dit, celle proposée par le prince Ranariddh, président du Funcinpec. Ce dernier, mécontent d’être ainsi rejeté dans les cordes, a manifesté son insatisfaction – son dépit ? – en démissionnant de la présidence de l’Assemblée nationale, poste désormais occupé par Heng Samrin, président honoraire du PPC. Toujours au gouvernement, le Funcinpec, secoué par des dissensions internes, semble bien mal en point et doit trouver un second souffle qui pourrait le ramener sur les rives de l’opposition, au moins pour certains de ses membres. Soufflant sur les braises, Hun Sen a suggéré qu’il serait bon que le Funcinpec évince le prince Ranariddh et se trouve un nouveau président. Fin 2005, des opposants au premier ministre avaient aussi fait les frais de sa volonté manifeste d’affirmer sa position dominante. L’occasion lui en avait d’abord été donnée au moment de la signature en octobre du « traité additionnel » au Traité frontalier de 1984 avec le Vietnam. Comme son nom l’indique, ce traité s’ajoute à un texte signé durant la période de l’occupation vietnamienne qui a suivi l’invasion du Cambodge par les armées de Hanoi pour mettre fin au régime des Khmers rouges. Nombreux sont ceux, et en premier lieu l’ancien roi Norodom Sihanouk, pour qui les traités signés avec Hanoi par le gouvernement de Phnom Penh à cette 291 ASIE DU SUD-EST époque, et dont le premier ministre actuel était le tout jeune ministre des Affaires étrangères, sont inéquitables et illégaux. Le choix parfaitement assumé par Hun Sen de régler l’épineuse question des frontières avec le Vietnam – l’ennemi héréditaire pour nombre de Cambodgiens – par un traité « additionnel » a logiquement suscité des critiques. Sur un sujet aussi sensible, le chef du gouvernement avait prévenu ses contempteurs qu’il engagerait des poursuites contre quiconque l’accuserait d’avoir « vendu » des terres au pays voisin. À peine le premier ministre est-il revenu de Hanoi qu’un journaliste, directeur d’une radio privée, et un syndicaliste, dirigeant d’un syndicat enseignant proche de l’opposition, sont envoyés en prison dans l’attente d’être jugés tandis qu’un deuxième syndicaliste prend la fuite à l’étranger. On leur reproche d’avoir diffamé le gouvernement pour avoir relayé le point de vue des opposants au traité. Ces poursuites judiciaires sont largement condamnées par la communauté internationale. Mais cela n’empêche pas l’arrestation en décembre 2005 des deux CAMBODGE Géographie Pays de la péninsule indochinoise, fertilisé par les crues du Mékong. Histoire ➤ 1863-1953 Protectorat français. ➤ 1941 Norodom Sihanouk au pouvoir. ➤ 1970 Lon Nol, soutenu par les ÉtatsUnis, renverse Sihanouk. ➤ 1975 Les Khmers rouges renversent Lon Nol. Dictature meurtrière de Pol Pot et Khieu Samphan. ➤ 1979-1989 Présence vietnamienne. R épublique proc l a m é e d e K a m p u chea. ➤ 1993 Sihanouk proclamé roi. Monarchie constitutionnelle. ➤ 1997 Luttes de pouvoir entre les deux premiers ministres : Hun Sen chasse le prince Ranariddh, remplacé par Ung Huot. ➤ 1998 Premières élections démocratiques. Hun Sen dirige un gouvernement de coalition. ➤ 2002 Zone de libre-échange avec les dix pays de l’ASEAN ( Association des Nations d’Asie du Sud-Est ). 292 responsables d’un centre de défense des droits de l’homme très critique à l’égard du gouvernement et financé à 90 % par le gouver nement américain. On leur reproche également d’avoir diffamé le gouvernement. Parallèlement, en décembre, le chef de l’opposition Sam Rainsy, à l’étranger depuis la levée de son immunité parlementaire au mois de février, est condamné fin décembre à 18 mois de prison ferme après deux plaintes pour diffamation émanant du président du Funcinpec et du premier ministre. Ce p e n d a nt, à l a m i - j a nv i e r 2 0 0 6 , soumis à des pressions internationales alors qu’approche une réunion du Groupe consultatif des pays donateurs et estimant peut-être être parvenu à ses fins, le chef de l’exécutif change brutalement de ton. À la faveur du passage à Phnom Penh du soussecrétaire d’État américain Christopher Hill à qui il dit vouloir faire un « cadeau », Hun Sen intervient auprès de la justice pour faire libérer toutes les personnes emprisonnées. Dans la foulée, le chef du gouvernement demande au roi de gracier Sam Rainsy ainsi qu’un autre député d’opposition, condamné en août 2005 à la suite d’un procès expéditif, à sept ans de prison pour constitution de forces armées illégales. Le chef de l’opposition rentre au Cambodge où il retrouve son immunité parlementaire. Pour les observateurs de la société civile qui dénoncent la non-séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, la mansuétude soudaine de Hun Sen ne doit pas cacher qu’il a fait montre de sa puissance et que ses opposants doivent désormais mesurer leurs paroles. Pour preuve, le « feuilleton » Heng Pœuv, ancien commissaire de police de Phnom Penh, accusé de différents crimes, qui a pris la fuite et a été condamné en septembre 2006 à 18 ans de prison par contumace. Il paierait là, diton, ses velléités d’indépendance envers sa hiérarchie. Depuis l’étranger, il a porté de graves accusations contre le premier ministre et son entourage. Alors que le Cambodge va entrer dans une longue période électorale avec un scrutin communal en 2007 et législatif en 2008, le PPC paraît sûr de sa supériorité tandis que ses opposants partent pour l’instant AFI 2007 CAMBODGE en ordre dispersé. Le PSR veut rester le chef incontesté de cette opposition, espérant rallier les électeurs déçus d’un Funcinpec tantôt critique tantôt servile à l’égard du PPC et rassembler derrière lui des petits partis d’opposition qui, à chaque élection, essaient, jusque-là en vain, d’exister sur la scène politique. Il reste que Sam Rainsy, depuis son retour, a changé de stratégie, évitant d’attaquer de front le premier ministre. À plusieurs reprises, ce premier, aux commandes du pays depuis 21 ans, s’est dit certain qu’il y resterait encore longtemps. Ses opposants ne vont sans doute pas manquer d’aiguiser leurs critiques à l’encontre des processus électoraux qui le consacrent, ainsi que son parti dont il est chef, depuis 1998, afin d’ébranler sa légitimité. ÉCONOMIE Le Fonds monétaire international ( FMI ) avait prévu pour le Cambodge une croissance économique de l’ordre de 2 % pour 2005. Zéro pointé car elle a été de l’ordre de 10 %. L’institution financière avait estimé que la fin de l’Accord multifibre et de l’ère des quotas pénaliserait lourdement le secteur de la confection textile et donc l’économie du royaume dans son ensemble. Il n’en a heureusement rien été. Avec une agriculture qui a bénéficié d’un climat favorable et un tourisme toujours en progression, le Cambodge jouit d’une bonne santé économique même si la répartition des richesses reste marquée du sceau de l’inégalité et que la corruption freine les investissements et le développement. Dans un tel contexte, le premier ministre Hun Sen ne doute pas que son parti remportera les prochaines élections communales ( 2007 ) et législatives ( 2008 ) et qu’il restera chef du gouvernement encore de longues années. Même si cer tains, à l’instar du re présentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour les droits de l’Homme au Cambodge, s’inquiètent de la lenteur des réformes, notamment en faveur de l’indépendance de la justice, de la transparence dans la gestion de la propriété foncière et de la lutte contre la corruption, le premier ministre peut se sentir d’autant plus les coudées franches qu’il dispose jusque-là du soutien de la communauté internationale. Preuve à l’appui : les bailleurs de fonds du Cambodge ont promis en mars 2006 une enveloppe globale de 601 milions US $ pour 2006, une contribution en forte hausse par rapport aux 504 milions annoncés pour l’année précédente et supérieure aux 513 milions demandés par le gouvernement. Selon le responsable de la Banque mondiale, la plupart des donateurs, bilatéraux ou multilatéraux, ont accru leur contribution afin de saluer les progrès et les réformes entrepris depuis la précédente réunion du Groupe consultatif. AFI 2007 Cette générosité des donateurs s’explique par des résultats économiques meilleurs que ceux attendus et la diminution du pourcentage de la population vivant sous le seuil de la pauvreté, passé de 47 % en 1993 à 35 % en 2004, selon le FMI. Tel que spécifié plus haut, contrairement aux prévisions pessimistes du début de l’an dernier qui tablaient sur une croissance de 2 %, l’économie a connu une année 2005 remarquable, tirée par le secteur de la confection textile ( +12 % d’exportations en valeur vers les États-Unis ) qui a échappé au marasme que certains prédisaient après la fin du système des quotas encadré par l’Accord multifibre, la construction ( +13 % ), le tourisme ( 1,4 million de visiteurs, +35 % ) et l’explosion de la production agricole qui a finalement bénéficié, malgré les craintes de sécheresse, d’une pluviométrie extrêmement favorable ( +20 % de production rizicole ). Cependant, selon les prévisions du ministère de l’Économie, la croissance devrait retomber aux alentours de 5 % à 6 % en 2006 en raison d’une chute de la croissance des revenus agricoles. À ce tableau plutôt réjouissant dont le gouvernement peut tirer bénéfice pour défendre sa gestion économique ( pourtant plombée par le fléau de la corruption ), est venue s’ajouter l’annonce, en janvier 2006, que le royaume pourrait devenir un pays producteur de pétrole avec des réserves estimées à 500 millions de barils dont l’exploitation commencerait en 2009 ou 2010. Le premier ministre a accueilli cette nouvelle avec une certaine hauteur, disant craindre que cette manne, si elle est mal gérée, devienne déstabilisatrice pour l’économie du royaume. En cas de retournement de la situation économique ou de refroidissement des relations avec les donateurs occidentaux, le Cambodge sait qu’il pourra se tourner vers Pékin. En avril, le premier ministre chinois a effectué une visite éclair au Cambodge 293 ASIE DU SUD-EST durant laquelle il n’en a pas moins signé 11 accords de coopération portant sur le montant appréciable de 400 milions US $. Voilà qui marque l’intérêt du grand voisin chinois pour le petit royaume du Cambodge, qui peut du coup se montrer plus ferme lorsqu’il se considère la cible de pressions extérieures de ses amis occidentaux. SOCIÉTÉ L’é m e r g e n c e d ’ u n e c l a s s e m o y e n n e , manifeste dans les centres urbains, et le recul de la pauvreté qui découlent de plusieurs années de stabilité politique et de croissance économique ne doivent pas masquer les tensions sociales qu’engendre en particulier la frénésie d’appropriation foncière. À l’issue d’une visite au Cambodge, le rapporteur spécial sur le droit au logement décent de la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme avait présenté des conclusions alarmantes, estimant qu’il y avait là une source majeure de conflits futurs. Il s’était dit particulièrement surpris par le grand nombre de saisies de terrains dans l’ensemble du pays et il avait déploré le recours aux menaces et aux intimidations de la part des autorités locales et de promoteurs privés, qui conduisent à des accords factices et à des relogements forcés. Nombre de communautés concernées ont été expulsées de terres appartenant à l’État. La politique gouvernementale d’attribution de terres ou de forêts à des sociétés concessionnaires génère également son lot de personnes spoliées. Le premier ministre a lui-même mis en garde contre les risques d’une « révolution paysanne » si les spoliations ne cessaient pas et assuré, sans convaincre tout le monde, qu’il révoquerait tout militaire ou fonctionnaire s’en rendant complice. Par ailleurs, l’intégration croissante du royaume dans les circuits mondiaux de communication accompagnant le développement économique causerait, selon nombre de hauts responsables du pays, un effondrement des valeurs traditionnelles de la société khmère, en particulier le respect des anciens et de la cellule familiale. Au nom de la restauration de ces valeurs, le premier ministre a banni la technologie de téléphonie 3G au motif qu’elle favoriserait la circulation des images pornographiques ainsi que les concours destinés à élire des « miss Cambodge ». Dans le même élan, l’Assemblée nationale a adopté une loi qui punit l’adultère et la bigamie d’une peine de prison. Des mesures qui ne font pas l’unanimité. Pour leurs détracteurs, c’est d’abord en luttant contre la corruption et la culture d’impunité que le Cambodge retrouvera ses vraies valeurs. CULTURE L’exposition Jeunes talents en 2006 au Centre culturel français de Phnom Penh, les multiples œuvres présentées dans des galeries de la capitale tenues par des étrangers en témoignent : nombre de jeunes peintres et plasticiens cambodgiens rêvent d’autres horizons que les thèmes et techniques traditionnels pour s’exprimer. Si certains dans leurs créations reprennent des figures classiques inspirées des grands mythes de la culture khmère ou de la fantastique matrice qu’est l’art angkorien, c’est pour les confronter à leur soif de liberté par rapport à cet héritage qui les étouffe mais qu’ils ne rejettent surtout pas. D’autres veulent dire les émotions que le passé récent, marqué par la folie génocidaire des Khmers rouges et des années de guerre civile, et le Cambodge 294 d ’aujourd ’hui, re muent en eux. Tous ne veulent plus seulement reproduire les modèles du passé, inlassablement Danse khmère portés au panthéon par les officiels de la culture. À la Faculté des beaux-arts, des responsables considèrent cet « art contemporain » comme « une destruction de l’art classique » et préfèrent l’ignorer. Mais ces jeunes créateurs, certes encore peu nombreux, ont un désir profond : peindre et créer à la première personne du singulier, parler d’eux-mêmes et de la société qui les entoure. Et au Cambodge, dire « je », et pas seulement dans le domaine artistique, reste l’apanage des audacieux. AFI 2007 LAOS Marc DEMERS Université Laval [email protected] La situation économique au Laos s’améliore peu à peu malgré les difficultés des dernières années. Cependant, la question des droits de l’homme demeure un problème épineux pour le nouveau gouvernement face à la communauté internationale. C’est par le biais de sa jeunesse et de la Francophonie que le Laos espère retrouver le chemin de la prospérité et la reconnaissance internationale. POLITIQUE L es restrictions apportées à la liberté d ’expression, ainsi que l ’ex trême difficulté qu’ont les obser vateurs indépendants et les spécialistes des droits humains à se rendre sur place, rendent difficile toute évaluation objective de la situation dans le pays. La presse, sous le contrôle direct du ministère de l’Information et de la Culture, sert la propagande LAOS Histoire ➤ 1353 Unification des principautés et seigneuries lao en un royaume. ➤ 1637-1694 Apogée du rayonnement lao dans la péninsule. ➤ 1828 Rébellion laotienne contre l a d o m i n a t i o n s i a m o i s e. Vi e n t i a n e anéantie, et population déportée vers le Siam. ➤ 1893-1953 Protectorat français. ➤ 1949 Indépendance du Laos en tant qu’État associé à l’Union française. ➤ 1964-1973 Guerre civile entre les princes Souvana Phouma ( neutraliste ) et Souphanouvong ( communiste ). ➤ 1975 Abolition de la monarchie. Proclamation de la République populaire démocratique lao ( RDPL ), présidée par Souphanouvong ( jusqu’en 1986 ). ➤ 1991 Adoption d’une Constitution. ➤ 1994 ( avril ) Ouverture du pont de l’amitié entre le Laos et la Thaïlande. ➤ 1997 Admission du Laos à l’ANSEA ( Association des nations du Sud-Est asiatique ). AFI 2007 du parti au pouvoir. Seules les publications anglophone, Vientiane Times, et francophone, Le Rénovateur, publient parfois des informations qui s’écartent quelque peu de la ligne officielle du parti. Une grande partie de la population s’informe grâce aux médias thaïs ou aux radios internationales qui diffusent des programmes en langue lao. Les forces de sécurité empêchent la presse étrangère d’entrer en contact avec les groupes isolés de la guérilla hmông, en lutte contre le gouver nement. Un reportage diffusé en 2005 par la chaîne de télévision France 2 a créé, à travers le monde francophone, un mouvement de sympathie envers ces populations décimées par l’armée lao. Lors de la rediffusion de ce programme par TV5, le Laos a interrompu le lien satellite. D’ailleurs, deux Hmôngs sont toujours emprisonnés à Vientiane pour avoir servi de guides, en 2003, au journaliste belge Thierry Falise et au cadreur français Vincent Reynaud pour le reportage en question. Le 30 juin 2003, Thao Moua et Pa Phue Khang avaient été condamnés pour « obstruction à la justice » et « possession d’armes » à la suite d’un procès, jugé inéquitable par Amnesty International, à des peines de 12 et 20 ans de prison. Cer tains groupes rebelles hmôngs, qui ont combattu aux côtés de l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam et les affrontements qui en ont découlé au Laos, continuent d’opposer une résistance sporadique au régime en place dans le pays depuis son 295 ASIE DU SUD-EST arrivée au pouvoir. On estime qu’à cette époque, environ un tiers des membres de la minorité hmông ( environ 300 000 personnes en 1970 selon les estimations de la CIA ) a fui à l’étranger, la grande majorité des Hmôngs s’étant installés aux États-Unis en tant que réfugiés. Un nombre inconnu de Hmôngs et d’autres membres des minorités laotiennes sont demeurés terrés dans la jungle jusqu’ici, afin de se cacher de l’armée laotienne. Si certains continuent d’opposer une résistance armée au gouvernement laotien, il semble que la plupart ne soient pas engagés dans la lutte armée. Selon les autorités laotiennes, lors des dernières élections tenues le 30 avril 2006, le président e t l i e u te n a nt g é néral Choummaly Sayasone a été conduit au pouvoir avec 100 % des suffrages exprimés tandis que le vice-président Boungnang Vorachit l’a emporté avec 97 % des voix. Le Mouvement lao pour les droits de l’homme ( MLDH ) constate cependant le rejet des règles démocratiques lors de ces législatives, contrôlées par le parti unique : le Parti populaire révolutionnaire lao ( PPRL ). Selon les résultats officiels, on demeure estomaqué, car le Laos aurait battu tous les records en matière électorale : la participation a dépassé les 100 % puisque 2 819 904 bulletins ont été enregistrés pour 2 819 580 électeurs inscrits et seuls 147 bulletins nuls ont été enregistrés dans tout le pays. En ce qui concerne la répartition des sièges, le PPRL a remporté 114 députés sur 115, ce qui s’explique par le fait que sur les 175 candidats désignés seulement deux n’étaient pas officiellement membres du PPRL. Un des deux candidats indépendants élus était en outre le président des Jeunes chefs d’entreprise dont la candidature avait été présentée par le comité central de la Jeunesse révolutionnaire ( organe régi par le PPRL ). Les Hmôngs sont également les grands perdants de ces élections. L’Assem- La ville de Vientiane blée nationale n’en compte désormais que six sur 115, contre 10 sur 109 sous la précédente législature. Nous devrons attendre en 2011 pour un éventuel changement global, année au cours de laquelle auront lieu les prochaines élections. Depuis 1986, le Laos poursuit une politique d’ouver ture afin d’intégrer sa politique d’économie dirigée aux marchés asiatiques et occidentaux. Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, le Laos a dû mettre en place une politique visant à attirer les investissements étrangers afin de combler l’aide soviétique. En 2003, la Russie a annulé 70 % de la dette que le Laos avait contractée envers l’ex-Union soviétique. Cependant, la Russie demeure néanmoins l’un de ses principaux bailleurs de fonds. D’ailleurs, avec son adhésion à l’Association of South East Asian Nations ( ASEAN ) en 1997, le Laos s’est engagé dans un processus de libéralisation économique et d’abaissement des tarifs douaniers qui devrait être complété en 2008. Aussi, avec la normalisation de ses échanges avec les États-Unis depuis 2004, le Laos espère intégrer l’Organisation mondiale du commerce ( OMC ) en 2012. Par contre, le Laos demeure sous la triple influence de ses voisins thaïlandais, chinois et vietnamien. ÉCONOMIE La décentralisation du pouvoir, entamée en 1986, commence à donner des signes économiques encourageants, notamment avec une croissance des entreprises privées. Ainsi, le secteur privé au Laos a connu une progression de 6 % entre 1988 et 2004. Cependant, malgré une croissance économique soutenue, 6,4 % en 2005 et 7,3 % en 2006, le Laos demeure un pays avec une 296 infrastructure primitive. Le pays n’a pas de réseau ferroviaire, possède un réseau routier rudimentaire et un système de télécommunication ( intérieur et extérieur ) qui n’arrive pas à suivre celui des autres pays asiatiques. Depuis les deux dernières années, le Laos, en partenariat avec le Japon, tente de rattraper son retard en investissant dans le développement d’un réseau routier apte AFI 2007 LAOS à desservir l’ensemble du pays et à l’implantation de centrales hydroélectriques, comme le barrage de Nam Theun 2 ( 1 070 mégawatts ) estimé à 1,4 G US $, soit 80 % du PIB de 2005, et qui entrera en service en 2009. Toutefois, l’électricité est plutôt destinée à l’exportation et elle n’est disponible que dans certains centres urbains du Laos. L’agriculture – de subsistance – dominée par la riziculture ( pratiquée de manière intensive et peu compétitive ) représente 53 % du PIB national, tout en fournissant 80 % de tous les emplois. De surcroît, l’économie laotienne est largement sous perfusion du Fonds monétaire international ( FMI ) et l’aide d’autres organismes internationaux ( 14 % du PIB ) demeure indispensable. Par contre, les investissements dans la prospection minière se sont accrus au cours des deux dernières années avec la mise en chantier de mines de gypse, d’or, de cuivre, d’étain et de pierres précieuses. Il est à noter que le secteur minier occupe 20 % du champ de l’emploi. Depuis 2004, le Laos bénéficie d’une normalisation avec les États-Unis ( Normal Trade Relations ), ce qui permet aux producteurs laotiens d’exporter leurs produits à tarif préférentiel sur les marchés américains. Aussi, en 2005, l’Union européenne ( UE ) a octroyé un million US $ en assistance technique pour préparer l’adhésion du Laos à la World Trade Organization ( pour l’instant, le Laos siège à la W TO à titre d’observateur ). L’inflation se situe à 10 % et le taux d’endettement du pays atteint près de 220 % des exportations, soit 93 % du PIB. D’ailleurs, le niveau de recette fiscale demeure faible à 11,2 % en revenu d’impôts et taxes diverses. À cause de la lenteur des réformes institutionnelles et bancaires, le FMI a officiellement annoncé le 9 mars 2005 l’abandon de la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance ( FRPC ) pour le Laos. Un malheur en entraînant un autre, l’industrie touristique connaît un net recul depuis l’apparition de la grippe aviaire. CULTURE Comme chaque année, le Laos a connu, en mars, son Mois de la Francophonie au cours duquel les manifestations culturelles, ludiques et sportives se sont multipliées : tournois de pétanque, de soccer, badminton, dictée francophone, spectacles montés par les étudiants des filières universitaires francophones et les élèves des classes bilingues ( lao et français ), concours de chant au Centre de coopération culturelle avec le Laos ( CCCL ), projection de films, etc. Les événements célébrant la Journée internationale de la Francophonie au Laos étaient, cette année, placés sous le signe de la jeunesse et de son avenir. Dans cet esprit, des étudiants et des professionnels laotiens francophones ont présenté leur parcours, dans des entretiens diffusés à la Radio nationale et par l’Agence de presse laotienne KPL, et témoigné de ce que leur a apporté la maîtrise de la langue française. Par ailleurs, la Mission économique et le Service de coopération et d’action culturelle, deux organismes du gouvernement français, ont organisé, en partenariat avec l’Université nationale du Laos et AFI 2007 la chambre de commerce et d’industrie française au Laos ( CCIFL ), un Forum francophone pour l’emploi et l’enseignement supérieur, le 30 mars 2006. Cet événement a connu un franc succès puisque plus de 20 entreprises et ONG étaient présentes, outre celles représentées par la chambre de commerce et d’industrie française au Laos. Une cérémonie officielle, organisée par le ministère des Affaires étrangères et la Direction des organisations internationales, a clôturé cette Journée internationale de la Francophonie, le 31 mars 2006, à l’Université nationale du Laos, en présence de M. Soubanh Srithirath, ministre chargé de la Francophonie, de M. Maurice Portiche, ambassadeur de France, d’un représentant de l’ambassade du Vietnam et de M. Stéphan Plumat, directeur du Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ). Mais, sur tout, le ministre de la Francophonie a rappelé que la prochaine conférence des ministres francophones de l’Éducation, prévue en 2007, se tiendra à Vientiane. 297 ASIE DU SUD-EST VIETNAM Luc Lang NGUYÊN [email protected] L’ordination de 57 prêtres catholiques à Hanoi en novembre 2005, la préparation et le déroulement du Xe Congrès du Parti communiste vietnamien (PCV, avril 2006), l’élection par l’Assemblée nationale de nouveaux dirigeants (juin 2006) dénotent une ouverture politique certaine. Celle-ci accompagne un essor économique indéniable, tant par le taux élevé de croissance du PIB que par une volonté de lutte contre la corruption. Spécificité vietnamienne : le développement se réalise dans la continuité d’une culture millénaire. POLITIQUE Ouverture politique certaine et essor économique indéniable sur fond de culture millénaire n message d’ouverture politique a d’ailleurs bel et bien été confirmé avec la préparation et la tenue du X e Congrès ( 18-25 avril 2006 ) du Par ti communiste vietnamien ( PCV ), le parti unique, au pouvoir. Un débat très animé a été tenu pendant plusieurs mois. En témoigne la publication conjointe par les Éditions Tre ( Jeune ) et le site Vietnamnet ( http://vietnamnet.com.vn ) du recueil Une opportunité en or pour nous où analyses, propositions diverses de différents milieux, en particulier d’intellectuels et de jeunes, sont d’une grande liberté de ton, tout comme l’information en salle de presse pendant le déroulement du congrès. Le programme adopté s’est fixé pour objectif la sortie du pays de son état de sous-développement vers 2010, pour devenir un État industriel moderne à l’horizon 2020. Désormais, il est possible à un membre du parti de posséder une entreprise dans le secteur privé, sans limitation de taille. Le X e Congrès a réélu Nông Duc Manh au poste de secrétaire général. Le Comité central a été en grande partie renouvelé et nettement rajeuni. Dans la foulée du Xe Congrès du PCV, l’Assemblée nationale a procédé le 27 juin 2006 à l’élection de nouveaux dirigeants à la tête de l’État et du gouvernement. Né en U 1942 à Binh Duong, au nord-est de Ho Chi Minh Ville, Nguyên Minh Triêt, nouveau président de la République socialiste du Vietnam, a été le principal dirigeant politique de la province de Song Be, remodelée maintenant sous le nom de Binh D uong. À par tir de 1999, le poste de secrétaire d u Pa r t i co m m u n i s te d e Ho Chi Minh Ville lui a été confié. Il est connu pour avoir impulsé le grand saut économique de Binh Duong puis de Ho Chi Minh Ville. Le nouveau premier ministre Nguyên Tân Dung, né en 1949 à Cà Mau, dans l’extrême sud, a été gouverneur de la Banque nationale du Vietnam, vice-premier ministre de 1997 à juin 2006, en charge en particulier des questions économiques. La règle d’un trio nord-centresud à la tête, respectivement, du parti, de l’État et du gouvernement, non formulée mais bien établie, n’est plus respectée. L’unité nationale étant certainement plus qu’assurée, l’accent est transféré sur la compétence économique. Le bureau à Hanoi de la Banque d’Asie du développement ( ADB ) a rendu public son rapport le 6 avril 2006. Selon ce rapport, repris par le journal Thanh Niên ( Jeunesse ) du ÉCONOMIE 7 avril 2006, grâce à l’investissement privé et aux besoins de la consommation interne, le Vietnam a continué à se développer 298 fortement, avec un taux de croissance du PIB de 8 % pour l’année 2005. ADB prévoit un taux de 7,6 % pour 2006 et celui de 8 % AFI 2007 VIETNAM La pauvreté en nette diminution L’effort de réduction de la pauvreté a obtenu des résultats encourageants. Le taux de personnes pauvres dans la population globale, selon les critères de la Banque mondiale, pauvreté basée à la fois sur la nourriture et hors de ce secteur, a baissé de 58 % en 1993 à 37,4 % en 1998, à 28,9 % en 2002 et à 24,1 % en 2004. La baisse a été observée dans les huit régions du pays. L’Est du Nam Bo ( Ho Chi Minh Ville et les provinces limitrophes ) se classe en tête. En bas du tableau se trouvent le NordOuest ( régions montagneuses aux frontières de la Chine et du Laos, 68 % en 2002 et 54,4 % en 2004 ), le Nord du Centre ( de Thanh Hoa à Quang Tri, 43,9 % en 2002 et 41,4 % en 2004 ). Toutefois, l’écart entre pauvres et riches s’agrandit. D’un facteur 4,1 en 1993, il est passé à 8,3 en 2004. L’objectif annoncé est de ramener le taux de pauvreté à 15 % - 16 % vers l’année 2010. VIETNAM Géographie Façade maritime orientale de la péninsule indochinoise, étirée sur 1 400 km. Le Vietnam se compose d’une chaîne de montagnes reliant le delta du fleuve Rouge ( au nord ) et celui du Mékong ( au sud ). Ressources minières nombreuses. Histoire ➤ 1859 Prise de Saigon. Domination française. ➤ 1 9 3 0 Fo n d a t i o n p a r N g u yê n A i Quôc, devenu plus tard Hô Chi Minh, du Parti communiste. ➤ 1946-1954 Guerre d’Indochine. Défaite française à Diên Biên Phu. Accords de Genève : partition du pays, au nord et au sud du 17e parallèle. ➤ 1965-1975 Guerre du Vietnam avec intervention directe américaine. ➤ 1975 ( avril ) Libération de Saigon qui devient Ho Chi Minh-Ville. ➤ 1976 Le Vietnam réunifié devient une république socialiste. ➤ 1986 Dôi moi ( renouveau économique ). ➤ 1994 Levée de l’embargo américain ( 1964-1994 ). ➤ 1995 Entrée à l’ASEAN ( Association des nations du sud-est asiatique ). Forte croissance du pays. ➤ 1997 ( sept. ) Trân Duc Luong élu président; Phan Van Khai premier ministre. VII e Sommet de la Francophonie à Hanoi ( nov. ). ➤ 2000 Signature de l’accord commercial Vietnam–États-Unis. ➤ 2000 ( nov. ) Visite du président américain Bill Clinton au Vietnam. ( rédaction : AFI ) AFI 2007 pour 2007. Le cadre d’investissement est amélioré. En particulier, la contribution à l’économie nationale du secteur privé est de plus en plus officiellement reconnue, ouvrant de nouvelles perspectives vers l’économie de marché. Avec de nouvelles réformes administratives, le Vietnam mène avec succès les négociations pour son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce ( OMC ), dès avant la fin 2006. Un des moteurs, sinon le moteur principal de ce développement réside dans l’exportation. Début août 2006, le ministère du Commerce annonce une valeur globale d’exportation de 22,3 milliards US $ pour les sept premiers mois de 2006, soit une augmentation de 25,7 % par rapport à la même période de l’année précédente. Le pétrole brut, la confection et les textiles, les cuirs et chaussures, les produits aquatiques, le bois usiné, le riz, constituent les plus gros chiffres réalisés dans le domaine des exportations. Le prix mondial du café ayant connu une hausse de 40 %, la valeur d’exportation de cette denrée, 652 milions US $, a fait un bond de 30 %, malgré une baisse de 13 % du volume livré ( 567 000 tonnes ). Toutefois, de janvier à fin juillet 2006, le Vietnam n’a exporté que 3,3 milions de tonnes de riz, pour 905 milions US $, soit un recul de 5 %, en quantité et en valeur financière, par rapport aux sept premiers mois de 2005. L’essor économique indéniable dans l’ensemble est en partie freiné par une corruption assez étendue, qualifiée de « calamité nationale » par les médias et l’ensemble des citoyens. Les gouvernants en prennent pleinement conscience, d’où une volonté réelle de lutter contre ce mal. L’affaire « PMU18 » en est la révélation emblématique. La découverte plus ou moins fortuite de paris footballistiques, avec perte 299 ASIE DU SUD-EST de milions de dollars américains par le responsable du programme de réfection de la route nationale 18 ( PMU18 ), met à nu un détournement de fonds à grande échelle et à caractère mafieux. L’affaire implique des personnalités de haut rang gouvernemental. Dans la tourmente, le ministre des Transports et Communications perd son portefeuille, un de ses vice-ministres est arrêté et mis sous examen, sans parler des sanctions contre la kyrielle de comparses traduits en justice, dont des officiers supérieurs de la police. Pas de sanctuaire pour les fautifs. SOCIÉTÉ ET CULTURE En date du 29 novembre 2005, le quotidien catholique français La Croix, édité à Paris, annonçait l’événement. Sur plus d’une page de cinq colonnes, l’article signé Yves Kerihuel relatait la cérémonie où 57 diacres ont été ordonnés prêtres dans la cathédrale de Hanoi par le cardinal Crescenzio Sepe, à l’époque préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, en visite officielle sur place. Pour ceux qui connaissent le long chemin d’ombres et de lumières parcouru par les catholiques ( 7 % de la population ) dans l’histoire récente du Vietnam et en ces temps de pénurie de vocations de par le monde, l’événement était bien historique. Le journaliste de conclure : « La visite du cardinal Sepe et l’ampleur de ces ordinations sont, pour l’Église et le gouvernement, une bonne occasion d’adresser un message au monde entier ». Une culture millénaire en toile de fond Avec le développement économique, la disparité ville-campagne se creuse. Fin 2005, le quotidien Tuoi Tre ( Jeune âge ) de Ho Chi Minh Ville publie « La plaine infinie » ( « Canh dông bât tân » ), nouvelle de la jeune Nguyên Ngoc Tu. Les heurs et malheurs d’une jeune fille ballottée au gré des marées, aux confins de la plaine de Cà Mau, avec son cheptel de canards par temps de grippe aviaire, y sont relatés. Talent, accent du terroir et émotions imprègnent le récit. Des officiels chargés de la culture de la province de Cà Mau ont eu l’erreur d’accuser Nguyên Ngoc Tu d’avoir noirci la réalité. Une tempête de protestation s’est tout de suite levée, avec la participation même de Huu Thinh, président de la non moins officielle Union des écrivains. Les Éditions Tre décident de diffuser l’œuvre, en un recueil incluant d’autres nouvelles de la même Nguyên Ngoc Tu. En avril 2006, La Plaine infinie en est à sa cinquième réédition. Le Festival biennal de Huê s’est déroulé du 3 au 11 juin 2006, dans l’ancienne capitale impériale, avec la participation d’artistes venus de France, de Russie, de Chine, du 300 Japon et de Corée et dont les numéros de scène côtoyaient les présentations de rites de cour et de fêtes populaires traditionnelles. Un des attraits du festival a été « L’espace culturel des Gongs du Tây Nguyên », reconnu en mars 2006 par l’UNESCO comme Patrimoine immatériel et oral de l’humanité. Pour la première fois à Huê, des artistes issus de minorités ethniques du Tây Nguyên ( hauts plateaux du Centre ) ont reconstruit un village de l’ethnie Ê Dê et présenté des célébrations rituelles, dans l’ambiance des percussions de gongs. Le festival de Huê a réussi l’illustration du thème choisi cette année « Patrimoine culturel, intégration et développement ». Le colloque « Le bouddhisme en ce nouveau temps, opportunités et défis » s’est tenu du 15 au 17 juillet 2006. Organisé à Ho Chi Minh Ville par l’Institut d’études bouddhistes du Vietnam, le colloque a réuni une quarantaine de chercheurs étrangers et près de 200 dignitaires religieux et spécialistes vietnamiens, dont certains proches de l’Église bouddhiste unifiée, non reconnue par l’État. Le bouddhisme est la religion de la grande majorité des Vietnamiens. Invité, l’ancien premier ministre Vo Van Kiet a adressé une lettre, lue en séance. Vo Van Kiet y fait remarquer que « la pagode reprend peu à peu son rôle de structure culturelle, contribuant grandement à consolider, à maintenir les valeurs spirituelles fondamentales de l’homme vietnamien, à préserver, à créer et à développer la spécificité culturelle du Vietnam ». À Hanoi, fin novembre 2006, à l’occasion du sommet de l’Asia Pacific Economic Cooperation ( APEC ), organisme rassemblant des pays d’Asie-Pacifique, le président américain Bush est accueilli en grande pompe. Une histoire ancienne pourrait lui être rappelée. Lê Dai Hành ( 941-1005 ), roi du Dai Cô Viêt ( Grand Pays Viêt, un ancien nom du Vietnam ), a défait en 981 l’armée d’invasion de la dynastie chinoise Song ( 960-1278 ). En 987, Li Jue, l’envoyé spécial de l’empereur chinois, était accueilli avec AFI 2007 VIETNAM faste à la capitale du pays, Hoa Lu. Le Vénérable Khuông Viêt ( 933-1011 ), Grand Maître Zen et premier ministre du Dai Cô Viêt, a composé pour la cérémonie d’adieu, à l’occasion de la fin de l’ambassade de Li Jue et en son honneur, un poème concluant ainsi : « notre profond dessein est de contribuer à la prospérité du Sud ». En décryptage moderne, comprenons : « guerre ou paix, résistance acharnée ou accueil chaleureux, le tout a pour objectif l’indépendance nationale et la prospérité de notre peuple ». Le Vietnam, même dans les changements, s’inscrit dans la continuité de son histoire. BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Sauf indications contraires, toutes les références citées sont datées de l’année 2006. 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AFI 2007 301 ASIE DU SUD-EST CHINE Xueying DING Université des langues étrangères de Beijing [email protected] Les relations sino-françaises sont au beau fixe A vec sa quatrième visite d’État officielle des marchés financiers ont coorganisé le en Chine du 25 au 28 octobre 2006, premier Forum financier Chine-France le 20 Jacques Chirac est devenu un des septembre à Shanghai et le 21 à Beijing. Les hommes politiques les mieux accomplis sur deux principaux thèmes de ce forum sont le plan des relations avec la l e s n o u ve l l e s te n d a n ce s Chine. Il est aussi un des sur les marchés de capimeilleurs représentants des taux chinois et européen et entreprises françaises. Une le dialogue Chine -Europe trentaine d’entrepreneurs, pour renforcer la coopéradont les responsables de tion financière. Carrefour et d’Airbus, font D’ailleurs, Jacques partie de cette délégation. Chirac a prononcé un disAvant son dépar t cours devant les étudiants pour la Chine, le président de l’Université de Pék in, français a déclaré : « Le l’une des plus prestigieuJacques Chirac et partenariat avec la Chine ses universités du monde. le premier ministre du Conseil des affaires d’état est désormais au cœur de Lo r s d e l e u r s v i s i te s e n ( gouvernement central ) Wen Jiaboa l’action extérieure de la Chine, l’ancien président France, parce que chacun sait que c’est ici, amér icain Bill Clinton et le président en Chine, que se joue une large part de russe Vladimir Poutine y avaient également l’avenir du monde ». donné des conférences. « Les prochains D e son côté, l a C h i n e n’a j a m a i s Sommets Chine-Afrique et Afrique-France oublié que la France était le premier pays seront l’occasion de conjuguer les efforts occidental à reconnaître la République au service des pays les plus pauvres », a dit populaire de Chine. Le général de Gaulle le président français lors de son discours bénéficie toujours d’un grand respect en prononcé à l’Université de Pékin. À la fin Chine. La France est également le premier de son discours, le président a indiqué pays à établir des relations de partenariat qu’il y a dix ans environ 5 000 étudiants général dans le monde, à mener le dialogue chinois avaient fait leurs études en France, stratégique avec la Chine et à organiser les alors qu’il y en a 25 000 actuellement. Il a Années de cultures croisées avec ce pays. encouragé davantage de Chinois à venir À la suite de cette visite, la Chine et la étudier ou faire un stage en France. Il y France ont signé à Beijing une déclaration a aussi plus de jeunes Français en Chine conjointe et 14 accords de coopération pour leurs études ou leurs stages. Les jeuconcernant les secteurs de l’aviation, de nes sont d’ailleurs, comme on le sait bien, l’énergie nucléaire, de la prévention de l’avenir de tous les pays et de l’humanité. maladies contagieuses et autres. La Chine Ils constituent les forces vives pour le déet le géant européen de l’aéronautique veloppement de l’amitié entre la France Airbus ont signé un accord-cadre et une et la Chine. lettre d’intention pour 150 Airbus A320 et 20 Airbus A350. Les renforcements des relations entre la Il faut signaler que, pour intensifier Chine et l’Afrique la coopération financière sino-française Le 12 janvier 2006, le gouvernement et introduire les investisseurs chinois en chinois a publié le dossier La Politique Europe, les banques centrales des deux de la Chine à l’égard de l’Afrique. C’est la pays, la Commission de régulation des première fois que le gouvernement met marchés de Chine et l’Autorité française au jour ce genre de documents. Il relate 302 AFI 2007 AU-DELÀ DES PAYS FRANCOPHONES l’évolution des relations amicales entre la Chine et l’Afrique et expose ses positions sur le statut et les fonctions du continent africain dans le monde. Voici quelques points importants : • L’Afrique, le continent regroupant le plus grand nombre de pays en voie de développement, constitue une force de poids dans la réalisation de la paix et du développement à travers le monde. La nouvelle situation offre aux relations d’amitié traditionnelles Chine-Afrique de nouvelles chances de développement. En élaborant ce document, le gouvernement chinois entend affirmer les objectifs de sa politique à l’égard de l’Afrique ainsi que les mesures à prendre dans ce sens et programmer, pour les années à venir, la coopération sino-africaine dans divers domaines, en vue de susciter un développement régulier et durable des relations entre les deux parties et de porter leur coopération mutuellement avantageuse à des paliers toujours plus élevés; • L’amitié sino-africaine remonte loin dans l’histoire et repose sur un socle solide. Ayant vécu dans le passé le même sort, la Chine et l’Afrique se sont toujours témoigné sympathie et soutien dans la lutte pour la libération nationale et ont noué entre elles une amitié profonde; • Entretenir une amitié sincère, assurer les avantages mutuels sur un pied d’égalité, coopérer dans la solidarité et œuvrer à un développement partagé : voilà les principes suivis dans les relations d’échanges et de coopération entre la Chine et l’Afrique. Ils servent également de moteur à la pérennité de ces relations; • Coopération touristique : appliquer effectivement le programme de voyages organisés de citoyens chinois dans des pays africains; augmenter, à la demande des pays africains et en fonction de la faisabilité, le nombre de destinations touristiques agréées pour les citoyens chinois. La Chine est également ouverte aux touristes africains; • Éducation et mobilité : poursuivre les échanges d’étudiants entre la Chine et l’Afrique. La Chine accordera, de manière appropriée, plus de bourses gouvernementales aux étudiants africains, continuera d’envoyer des enseignants en Afrique et d’aider les pays africains à développer l’enseignement du chinois; exécuter les projets d’assistance éducative en vue de faire progresser les disciplines faibles dans les établissements africains; renforcer la coopération sur les plans de l’enseignement technique, professionnel, à distance et autres; encourager les échanges et la coopération entre les institutions scolaires et académiques des deux parties. Le Forum sur la coopération sino-africaine ( FCSA ), créé en 2000, constitue d’ores et déjà un mécanisme efficace de dialogue collectif et de coopération multilatérale pour la Chine et l’Afrique, en même temps Sommet de l’APEC à Hanoi Le Sommet de l’organisme de coopération économique Asie-Pacifique ( APEC ) s’est réuni à la mi-novembre au Vietnam, en présence des présidents George W. Bush ( États-Unis ), Hu Jintao ( Chine ), Vladimir Poutine ( Russie ), Shinzo Abe ( Japon ), etc. Le plus important à noter est peut-être la venue de plus de 1 100 représentants de grandes entreprises au Forum parallèle au Sommet. En effet, le Vietnam, avec un taux de croissance de 8 %, a reçu début novembre le feu vert pour rejoindre l’Organisation mondiale du commerce ( OMC ) et est devenu un pays considéré par plusieurs hommes d’affaires comme une destination incontournable pour de nombreux investissements. 30 ans après la fin de la guerre contre les États-Unis, le Vietnam cherche à se positionner sur la carte économique, voulant prouver que malgré sa structure marxiste, il est prêt à épouser la mondialisation capitaliste. Officiellement, il reste l’un des derniers pays communistes du monde, avec la Chine, le Laos, Cuba et la Corée du Nord; mais comme la Chine, il a bien évolué au cours des dernières années, voulant mettre en œuvre une « économie de marché à orientation socialiste ». Les journalistes ont noté qu’on ne trouvait nulle référence au marxisme-léninisme dans le centre de conférences de l’APEC jusqu’ici omniprésent, pas même une statue du chef révolutionnaire Ho Chi Minh. AFI 2007 303 ASIE DU SUD-EST que le cadre essentiel et la plateforme d’un nouveau partenariat sino-africain qui s’inscrit dans la durée sur la base de l’égalité et des avantages réciproques. Le Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique 2006 et la troisième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine ont eu lieu du 3 au 5 novembre à Beijing et ils ont connu un grand succès. 48 pays africains dont une vingtaine de pays francophones y étaient présents. La Chine a doublé son aide financière sur trois ans à l’Afrique, elle a annulé une partie de la dette des pays africains et leur a accordé des prêts à taux préférentiels. Le Sommet Chine-Afrique a adopté la déclaration de Beijing, qui appelle à une plus large représentation de l’Afrique au sein des Nations Unies. Elle met de l’avant « l’égalité politique, la confiance mutuelle, la coopération économique gagnant, gagnant et les échanges culturels ». Le prochain Sommet Chine-Afrique aura lieu en 2009 en Égypte. Des dirigeants chinois ont effectué plusieurs visites en Afrique, en particulier dans des pays francophones. En Chine, les écoles de formation de français accéléré ont toujours beaucoup de succès auprès des jeunes qui vont poursuivre leurs études en France ou faire du commerce au Sénégal et au Gabon. Airbus en Asie Airbus a connu une année fertile en satisfactions comme en surprises désagréables. Après avoir annoncé à grand renfort de publicités le lancement de l’A-380, très gros porteur de plus de 500 places, on a dû à plusieurs reprises reporter la date de livraison des appareils, en raison d’une mauvaise compatibilité entre les ordinateurs français et allemands pour la fabrication des fils et câbles intérieurs (plus de 50 km de fils par avion). Quelques compagnies ont revu leurs commandes à la baisse, dont Fedex qui envisage de passer à Boeing. En revanche, la Chine a décidé d’acheter 150 A-320 (près de 10 millions €) et pris une option sur 20 long-courriers A-350. La Chine sera avec l’Inde l’un des gros partenaires à venir. Airbus mise sur l’Asie. Une chaîne d’assemblage sera d’ailleurs installée à partir de 2009 à Tianjin. Sur les 20 prochaines années, on prévoit des commandes de 2 700 à 2 900 avions. Aujourd’hui l’aviation civile chinoise ne fait voler qu’à peine 900 appareils. En 2025, elle devra rivaliser avec les États-Unis. Dans le domaine des transports au sol, la compagnie Alstom a signé un contrat pour fournir 500 locomotives à la Chine, d’une valeur de 360 millions €, sans compter quatre turbines pompes de 300 mégawatts pour la centrale hydroélectrique de Hohhot (100 autres millions). 304 AFI 2007
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