Jean Bazaine Fiche enseignant

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Jean Bazaine Fiche enseignant
Jean Bazaine
Fiche enseignant
3e
Histoire &
Histoire des arts
Jean Bazaine
(Paris, 1904 - Clamart, 2001)
L’homme au verre de vin, 1946
huile sur toile
Contexte historique
Après des études de lettre et de sculpture, Bazaine se consacre à la peinture dès 1924.
Admiratif de Bonnard, influencé par Gromaire, son tracé devient cloisonné et vertical, les
contours éclatent au bénéfice d’une géométrie intérieure de formes dynamiques. En 1941,
onze mois après le début de l'Occupation allemande, Bazaine organise à la galerie Braun (18
rue Louis-le-Grand) à Paris, l’exposition « Jeunes peintres de tradition française », première
manifestation de la peinture d'avant-garde française qui résiste ouvertement à l'idéologie nazie
de l' « art dégénéré ». Cette exposition rassemble la plupart des artistes qui, moins d'une
dizaine d'années plus tard, développeront la peinture non-figurative.
Le titre de la peinture de Bazaine fait référence à l'un des plus célèbres panneaux primitifs du
milieu du XVe siècle, entré au Louvre en 1906 à la suite de l'importante exposition des
Primitifs français de 1904 organisée par Henri Bouchot. Alors attribué à Fouquet, ce panneau
ancien sera vite l'objet d'une controverse particulièrement vive entre des historiens de l'art qui
y verront la main d'un artiste français et d’autres qui croiront y reconnaître le style d'un maître
portugais, marqué par Van Eyck et proche de Nuño Gonçalvès.
L'Homme au verre de vin (1946) de Bazaine est une œuvre emblématique du médiévalisme
de ces jeunes peintres de tradition française formés à l'art du moyen âge et de la modernité.
Dans ce tableau, Bazaine parvient à formuler ce qu’il avait appris au contact d'Emile Mâle et
de Henri Focillon alors qu’il cherchait les sources de sa peinture dans le primitivisme du
moyen âge roman et celui des artistes du XVe siècle. La peinture de Bazaine clôt la suite de
regards posés sur le célèbre panneau primitif du Louvre : il faut citer Roger Bissière qui s’y
intéressa particulièrement, Fernand Léger qui transposa la puissance plastique de ce portrait
ancien dans son Mécanicien (1920, Ottawa, National Gallery of Canada) ou encore Juan Gris,
lui aussi fasciné par l'énigmatique physionomie et qui la transcrivit selon un vocabulaire
cubiste, dans L'Homme de Touraine (1918, Paris, M.N.A.M., Centre Pompidou).
Face à l’œuvre
Décris les lignes et les formes que tu vois dans cette œuvre. Comment sont-elles
organisées ?
Cette œuvre est structurée par une grille de couleur bleu foncée héritée du cubisme. Celle-ci
est constituée d’une base de lignes orthogonales orientées en oblique. Cet entrecroisement de
lignes divise la surface en formes géométriques juxtaposées : quadrilatères de formes variées
(rectangles, carrés, trapèzes, parallélogrammes) et triangles. On peut noter dans ce tableau la
dissolution progressive de la grille au profit d’une juxtaposition plus libre, plus souple de
taches ou de touches colorées.
Quelles sont les couleurs présentes sur cette œuvre ?
Parmi les couleurs fondamentales utilisées, prédominent le rouge orangé (vermillon) , le vert
et le bleu outremer ; chacune de ces couleurs pures est déclinée en de nombreuses gammes de
teintes provenant de mélanges (par exemple le rouge orangé peut être associé aux tons chauds
proches allant du jaune, orange clair jusqu’au rouge lie-de-vin).
Cette œuvre est-elle figurative ou abstraite ?
L’homme au verre de vin (1946) est une œuvre abstraite même si le titre fait référence à des
éléments figuratifs que l’on peut distinguer après en avoir pris connaissance. Cette peinture se
rattache aux années décisives de la création de l’artiste, entre 1941 et 1947, au cours
desquelles Bazaine se tourne vers la non-figuration pour retranscrire, à partir de sujets réels
(ici un homme avec un verre de vin), ce qu’il désigne lui-même comme les « rythmes
essentiels du monde » .1
Qu’est-ce qui d’après toi dans cette œuvre évoque un sentiment nationaliste et pour
quelles raisons est-il mis en avant par Bazaine ?
Les couleurs bleu, blanc, rouge associées apparaissent dans la composition ; ce choix n’est
pas innocent ; il fait référence aux promesses de la libération dans un contexte d’occupation
étrangère. Le thème de l’homme au verre de vin est inspiré d’un tableau du Louvre attribué
alors au peintre français Jean Fouquet (il est attribué depuis à un artiste portugais). Jean
Bazaine y met toute sa vénération des traditions françaises en montrant son admiration pour
un maître classique du XVe siècle français. De plus dans ses entretiens, Bazaine fait
fréquemment référence à l’art médiéval et notamment aux vitraux de la Cathédrale de
Chartres qui l’ont impressionné car ils créent l’espace grâce à des oppositions de rouges et
bleus.
Bazaine exprime ainsi son engouement pour l’art médiéval français. En peignant sa version de
L’Homme au verre de vin, il ne fait pas une œuvre de copiste mais une œuvre « manifeste ».
1
Notes sur la peinture d’aujourd’hui de Bazaine (1948)