Maison urbaine style arabo-andalou
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Maison urbaine style arabo-andalou
Typo log ie : Maison urbaine style arabo-andalou Pays : Maroc CON TENU DE LA FICHE Synthèse Groupe analytique de la typologie Formes de la typologie Inventaire des typologies du pays État actuel de vitalité et conservation Processus de transformation Capacité pour être réhabilité Lexique SYNTHESE Par habitat arabo-andalou, nous désignons la maison urbaine traditionnelle qui se caractérise par son organisation spatiale, son style et sa complexité architecturale, ses f onctions ainsi que son ornementation qui lui donnent une définition particulière. Nous estimons que cette maison urbaine à patio central à ciel ouvert, dont la genèse est peut-être à rechercher dans la plus haute antiquité, est devenue un modèle d’habitat traditionnel dans nos villes les plus civilisées. Cette maison est une expression architecturale et une interprétation de l’espace particulières qui sont nées du contact et de l'échange entre le Maroc et l'Andalousie e e depuis les VIII et IX siècles. En effet, dès sa f ondation pendant la deuxième moitié du e VIII siècle, la ville de Fès a abrité un quartier, dit Adwat al-andalus, qui a été édifié et peuplé par des f amilles andalouses ayant choisi la v ille de Fès pour résidence. Sans entrer dans le détail sur les échanges et les inf luences entre le Maroc et l’Andalousie dans le domaine urbanistique et architectural qui dépassent le cadre de notre recherche actuelle, la totalité du matériel architectural que nous av ons traité dans nos f iches, et qui concerne les sites signif icatifs, date des époques plus ou moins tardiv es, e e c’est-à-dire du 15 au 19 siècles. La majorité de ce matériel architectural dans les villes de Tétouan, Chefchouen, Fès, Rabat, Salé, etc., que les historiens et archéologues désignent comme étant d’influence andalouse, date du retour des musulmans et des juifs andalous qui ont été expulsés de l’Andalousie après la chute de Grenade qui a marqué la f in de l’État musulman sur les terres espagnoles. Cette période de retour a été marquée par la création de nouvelles v illes ty piquement andalouses, soit dans leur organisation spatiale soit dans leur architecture ou dans leurs traditions et coutumes, notamment les v illes de Tétouan, construite par des e Andalous de Grenade v ers la f in du 15 siècle, et Chefchaouen, ou encore des quartiers complets de Rabat, et partout dans d’autres villes historiques. L’organisation spatiale de ces v illes et quartiers laisse apparaître une division à trois échelles : un espace public constitué des grands axes de communication qui donnent accès aux édifices religieux, aux espaces d’activ ité artisanale et commerciale ; un espace semi-public constitué des rues et ruelles qui donnent accès aux mosquées de quartiers, f ours et hammams ainsi qu’aux impasses ; et des espaces priv és réserv és aux habitants. L'habitat s'organise dans des îlots résidentiels de f ormation év olutiv e dont l’agencement et l’insertion dans l’espace sont tributaires des f acteurs sociologiques (assurant l’intimité familiale) et f onctionnels, c’est-à-dire qu’ils permettent une liaison f acile av ec les espaces et édifices publics ainsi qu’av ec les axes de communication qui relient la ville avec son env ironnement immédiat et av ec les voies principales du réseau des routes à l’échelle régionale et nationale. GROUPE ANALY TIQUE DE LA TYPOLOGIE Urbain Groupé Fixe Déf initif Permanent « Assis » Élev é / moyen / bas Compacte (Milieu) (Implantation) (Caractère) (Origine) (Usage) (Culture) (Niveau économique) (Morphologie) FOR MES DE LA TYPOL OGIE Médina de Tétouan INVENTAIRE DES TYPOLOGIES DU PAYS Maison urbaine style arabo-andalou Maison urbaine style local Maison rurale du pré-Rif Maison rurale du Rif côtier Maison rurale du haut Rif Habitat rural des plaines et des vallées Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 1/5 Ma ison ur bai ne sty le ara bo-a nda lou FOR MES DE LA TYPOL OGIE Datation e Cette typologie devrait dater du 8 ou du e 9 siècle, mais le matériel étudié date du e e 15 au 19 siècles. Altitude Variable d’un centre à un autre. Orientation La lecture des plans des médinas montre que le concepteur constructeur de la maison traditionnelle dans cette ty pologie n'av ait le souci de l'orientation que pour des raisons sociologiques, par exemple pour conserv er l'intimité f amiliale et/ou pour s'adapter à la forme du terrain et de l'orientation imposée par la trame urbaine. Surface au sol Il y a une si grande diversité dans la surf ace au sol des maisons de cette ty pologie qu'il est difficile de donner une moy enne qui puisse être valable pour l'ensemble des médinas. En effet, selon la classe sociale et l'importance de la ville elle-même, cette surface au sol peut v arier entre 80 m² (cas de maisons d'une f amille modeste) et 400 m² (cas de maisons de classe sociale aisée). Élévation Dans le premier cas, la surf ace bâtie est d'env iron 70 m² (le reste est un patio) ; dans le deuxième cas, cette surface bâtie est d'env iron 150 à 180 m² (le reste est un patio et un jardin). Nombre d’étages RC + 1 avec souvent un demi niveau entre le rez-de-chaussée et l’étage. Un seul logement malgré le f ait qu'il puisse abriter plusieurs ménages de même parenté. Parf ois, un logement de moindre taille, annexé à la demeure principale, est destiné aux domestiques. Coupe Nombre de logements Nombre de familles Dans le système socio-économique traditionnel basé sur la conserv ation des liens f amiliaux où les garçons sont, même après leur mariage, soumis à l’autorité de leur père, la demeure traditionnelle constitue l’unique logement de cette grande f amille patriarcale qui est formée du père, de ses fils et de ses petits-fils. Généralement, et à part la chambre des invités, chaque chambre de la maison abrite un ménage. Ce n’est qu’après que les petits-f ils ont atteint un âge av ancé et que la maison du grandpère est dev enue insuffisante pour loger tout le monde, ou après la mort de celuici, que les f ils vont chercher un logement particulier pour leur propre f amille. ±0 Logement lié au commerce, à l’artisanat, aux cultures maraîchères et à la pêche dans les v illes côtières. Surface du logem ent Terrasse Usage/activité asso ciée Intérieur d’un logement. Médina de Tétouan Nombre mo yen d e m embres par f amille Chaque ménage peut compter entre 4 et 6 personnes, en plus des domestiques qui sont au serv ice de toute la f amille. Dans certains cas où le chef de maison n’a pas de descendant, il était courant que ce dernier aille chercher une famille pauv re pour la loger avec lui dans la maison. Couvertur e L’implantation d'une agglomération dans un territoire géographique donné diffère selon les époques et les circonstances ; elle est tributaire de deux types de f acteurs : des f acteurs naturels élémentaires : présence d'eau sous f orme de sources, fleuv es ou nappe phréatique ; possibilité de se protéger en cas de danger ; et présence d'une zone de cultures viv rières pour la survie de la ville en cas de siège ; des f acteurs socio-économiques et politiques : ceci s'explique par le statut de l'agglomération, sa v ocation (capitale, centre de commerce, centre militaire, etc.) et les circonstances qui ont accompagné sa f ondation (époque de guerre ou de paix). Pour toutes ces raisons, chaque site dans cette typologie est implanté suiv ant les circonstances qui ont accompagné sa f ondation. Tissu urbai n Implantation Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 2/5 Ma ison ur bai ne sty le ara bo-a nda lou Schém a fonctionnel La maison urbaine de cette typologie est conçue selon un plan qui subdivise l’espace à construire en un certain nombre de chambres plus larges que profondes qui prennent forme autour d’un patio central à ciel ouvert constituant les poumons par où la maison respire et prend le soleil. Ce patio central constitue une sorte de f açade intériorisée et joue un rôle social important. Presque toujours, cette maison comprend un rez-de-chaussée et un étage, plus un demi niv eau entre les deux qui est aménagé en magasins pour la conserv ation des aliments de l'année et peut abriter, parfois, une chambre pour le fils le plus âgé de le f amille. Dans un certain nombre de cas, la maison possède des annexes, comme la maison des domestiques, l’étable, un jardin ; en résumé, la maison de cette typologie est conçue comme un complexe répondant aux besoins socio-économiques d’une société citadine. Médina de Tétouan Murs Les murs de cette typologie sont montés ou coulés. Quand ils sont montés, c’est généralement en moellon hourdé avec des chaînages répétitifs en brique pleine. En rev anche, lorsqu’ils sont coulés, c’est un béton très grossier f ait de terre et de pierre de moyen calibre, dit tête de chat, ou un mortier de terre, chaux et grav ier, av ec une technique de pisé très classique. Ossature L’ossature en bois repose sur les murs porteurs ou sur des arcs en briques pleines. Les poutres de bois sont souv ent taillées sur les quatre côtés et supportent un v oligeage en planches de bois sciées ou en briques cuites ou encore en branchage f in sur lequel vient reposer une succession de couches de remplissage de mortier de terre et de chaux, plus une chape étanche constituant la couv erture. Couverture En terrasse, toiture plate dont l’étanchéité est assurée par une chape de mortier riche en chaux et f ortement damée. Revêtements de finition Le rev êtement consiste en un mortier de terre et de chaux sur lequel on applique un badigeon de chaux à l’état liquide, que l’on passe en deux couches ou plus, ou un rev êtement en céramique (Zelij) et plâtre. Médina de Tétouan Ouvertures et saillies en façade La maison traditionnelle de cette typologie ne présente pas d’ouvertures sur la f açade, à l’exception de petites meurtrières en nombre très réduit. Parfois, on peut trouv er des encorbellements sur la rue supportés par des tirants en bois qui prennent appui sur le mur de façade. Systèm es traditionnels de conditionnement de l’air Le conditionnement de l’air dans l’ensemble de la maison se f ait de manière permanente à partir du patio central. Les chambres sont v entilées à partir des petites meurtrières qui s’ouv rent sur la hauteur de la porte et par les fenêtres qui sont ouvertes sur le patio central. Médina de Tétouan Systèm es d’approvisionnem ent en eau potable Il existe différents systèmes d’approv isionnement en eau en usage dans les différents centres urbains de notre espace méditerranéen. En effet, dans la majorité des centres urbains, on trouve les deux techniques les plus fréquentes, à sav oir : un réseau de distribution traditionnel qui dessert les mosquées, les fontaines publiques, les hammams et certaines maisons par un système de canaux en buses de céramique acheminant l’eau à partir d’une réserv e générale ou à partir des sources ; un approv isionnement par citernes souterraines, appelées mtfiya, qui récupèrent les eaux pluviales. En outre, et dans certains centres, il existait un corps spécial (les porteurs d’eau, guerrabas) qui approvisionnaient les maisons à partir des f ontaines publiques. Systèm es d’évacu ation des eaux u sées On connaît mal les systèmes d’év acuation des eaux usées qui ont été en usage e dans les médinas avant la première moitié du XX siècle. On sait cependant que la ville de Fès était dotée d’un réseau d’év acuation des eaux usées. Mais, d’une manière générale, on estime que l’év acuation des eaux usées se faisait, pour l’essentiel, par des f osses septiques creusées dans le jardin ou dans le patio. Médina de Tétouan Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 3/5 Ma ison ur bai ne sty le ara bo-a nda lou ETA T AC TUEL DE VITALI TE E T C ONSERVATI ON PROCESSUS DE TRANSFORMA TION Effet / Cause Transformations t ypologiqu es Volume • • • • • Médina de Tétouan Modif ication dans le rapport plein / vide. Les percées sont plus cadencées, plus amples et perdent leurs silhouettes et leurs motifs traditionnels. Les rev êtements de sol en petits carreaux de poterie et céramique sont substitués par un carrelage moderne. Forte présence dans les circuits commerciaux, faible coût et facilité d’ entretien. Sur le plan symbolique et social, les poignées traditionnelles des portes d’entrée aux demeures qui laissaient autrefois le libre choix au v isiteur d’av iser avant d’entrer, ou carrément d’entrer sans attendre un signe d’hospitalité. Sa substitution est surtout due à un problème de sécurité. Structure • • • Extension v erticale / régression dans l’utilisation des voûtes. Façad es séparations En particulier, perte dans la v ariété des arcs traditionnels. Par rapport à la structure initiale du logement, et du fait du phénomène de densification, une extension d’abord horizontale a f ait perdre le jardin contigu au bâti, rétrécir partiellement le patio central ; une extension verticale a ensuite entraîné une transformation des volumes du bâti. Les planchers et les toitures à structure en bois sont le plus f réquemment démolis / substitués par une structure en poutrelles métalliques. La raison : moisissure et usure des poutrelles en bois au niveau des assises avec les murs. La réutilisation du mê me matériau est beaucoup plus coûteuse. . Organisation de l’esp ace • Les nouv elles performances des portées changent les f ormes des composantes spatiales de ce bâti. Changement d’usage Les espaces qui ont quasiment perdu leur fonction initiale : la chambre à l’entresol dominant le patio central qui, au travers de sa fenêtre, permet à la femme de garder son intimité et de v oir les inv ités sans être vue ; • les dépôts alimentaires à l’entresol conservant une relativ e f raîcheur pour les réserv es qui, autrefois, étaient utiles lors des problèmes : guerre, sécheresse, épidémie, etc. ; • les puits de réserves d’eau de pluie. La raison : branchement au réseau public d’ alimentation en eau. Les premiers espaces affectés par les réf ormes, tout en gardant leur usage initial, sont essentiellement les toilettes et la cuisine, pour des raisons de commodité. • Changement dans l’utilisation des m atériau x et d es techniques de construction Utilisés, vivants • La technique la plus viv ante, aussi bien en architecture traditionnelle que sur la nouv elle construction, est le badigeonnage à la chaux, à cause de sa forte présence sur le marché, sa facilité d’ exécution mê me par l’ usager, son rôle de protection, son aspect esthétique, sa relative réglementation, etc. Peu utilisés, en d éclin • • . Pour l’essentiel, les planchers à structure de bois sont remplacés par des structures en poutrelles métalliques. Les mortiers et les enduits : terre et chaux sont remplacés par sable et ciment. Raisons : ignorance des techniques, régression dans la qualification de ces techniques, coût du produit (ex. : bois), rapidité d’ exécution, lacune dans la réglementation, régression des extractions naturelles – croissance de la fabrication, présence non répandue dans les circuits commerciaux. N’étant plus utilisés Nouvelles in corporations • Introduction du béton armé et des structures métalliques des planchers. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 4/5 Ma ison ur bai ne sty le ara bo-a nda lou CAPACITE POUR E TRE REHABILI TEE Asp ects d e la t ypologie Notation de 0 (très mauvaise) à 10 (exc ellente) • • • 1 Capacité pour être vendue ou louée sur le marché immobilier 2 Capacité pour s’adapter aux exigences f amiliales et sociales actuelles 3 Capacité pour s’adapter aux exigences de conf ort actuel 7 6 6 Notation de 0 (insignifi ante) à 10 (très grande) • • • 4 Difficulté technique pour la réhabiliter Difficulté administrativ e pour la réhabiliter Difficulté budgétaire (coût très élev é) pour la réhabiliter 6 4 7 Barrièr es qui empêchent/provoquent que l’usager ne décid e pas de r éhabiliter Notation de 0 (ne représ ente pas une barrière) à 10 (représ ente une très i mportante barrière) • • • • • • • • • • • • • • Difficultés administratives Difficultés techniques importantes Dégradation irréversible du bâti Catalogage/protection du bâtiment 5 Coût important de réhabilitation 5 Absence d’aides économiques/subv entions 5 Coût du projet et des autorisations Statut du bâti/location Inf lation des prix immobiliers 6 Dégradation sociale (délinquance, etc.) 6 Dégradation environnementale (absence d’inf rastructures minimales, etc.) 6 Désir de changer ce bâti pour du bâti moderne 6 Manque de sensibilisation/v alorisation de la part des usagers 6 N’est pas jugé nécessaire (par l’usager) 1 6 3 1 7 10 6 8 5 3 6 7 6 4 Commentaires 1. 2. 3. 4. 5. 6. La capacité de location est beaucoup plus importante que la v ente ; le ty pe d’usager est généralement d’une classe modeste. Les v entes peuv ent avoir pour objectif de nouveaux usages commerciaux (ex : bazar, salle de f êtes, etc.). La demeure traditionnelle a toujours constitué une soupape de sécurité permettant de répondre aux exigences év olutiv es d’une f amille ; elle pouv ait, en effet, abriter f acilement trois générations d’une même famille. Ceci n’est plus vrai pour les exigences sociales actuelles, qui tendent à subdiviser ce logement … et à faire disparaître le poumon de ce bâti qu’est le patio central. Il y a des avantages mais les gens se plaignent parf ois du besoin urgent d’av oir une voiture au pied de la demeure, ainsi que de relatifs problèmes de sécurité. Pour la réhabilitation : relative difficulté technique due à la régression de qualif ication de certains arts de bâtir. Les difficultés administrativ es sont assez f aibles surtout s’il s’agit de réformes intérieures. Cependant, le coût peut être assez élevé, surtout si l’on veut reprendre des matériaux tels que le bois ou d’autres matériaux d’ornementation. La deuxième difficulté concerne le f ait que le chantier ne se trouve pas au pied d’une v oie carrossable. Vu le type de classe sociale modeste qui occupe en général actuellement ce bâti, dans les médinas affectées par la remarque 2. Selon la médina, son taux de mutation sociale, d’impact de l’exode rural. LEXIQUE Création de la fiche : 23/02/01 Dernière modification de la fiche : Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 03/05/01 5/5
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