Il pleure dans mon coeur Ma Bohême Mignonne, allons voir si la rose
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Il pleure dans mon coeur Ma Bohême Mignonne, allons voir si la rose
Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine ! Paul Verlaine Ma Bohême Mignonne, allons voir si la rose (Fantaisie.) Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. — Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse ; — Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou. Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! Arthur Rimbaud Viens ! — une flûte invisible Soupire dans les vergers. — La chanson la plus paisible Est la chanson des bergers. Le vent ride, sous l’yeuse, Le sombre miroir des eaux. — La chanson la plus joyeuse Est la chanson des oiseaux. Que nul soin ne te tourmente. Aimons-nous ! aimons toujours ! — La chanson la plus charmante Est la chanson des amours. Victor HUGO A Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Pierre de Ronsard Le ciel est par-dessus le toit Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? Nuit rhénane Une vieille qui chemine Avec un pesant fardeau, Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d’un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds Et puis la route qui plonge Dans le flanc des coteaux bleus, Et comme un ruban s’allonge En minces plis onduleux. Debout chantez plus haut en dansant une ronde Que je n’entende plus le chant du batelier Et mettez près de moi toutes les filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter La voix chante toujours à en râle-mourir Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire Guillaume Apollinaire Paul VERLAINE Sensation Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme. Arthur RIMBAUD Paysage Pas une feuille qui bouge, Pas un seul oiseau chantant ; Au bord de l’horizon rouge Un éclair intermittent ; D’un côté, rares broussailles, Sillons à demi noyés, Pans grisâtres de murailles, Saules noueux et ployés ; De l’autre, un champ que termine Un large fossé plein d’eau, Théophile Gauthier Les arbres des forêts sont des femmes très belles Dont l'invisible corps sous l'écorce est vivant. La plus pure eau du ciel les abreuve, et le vent En séchant leurs cheveux les couronne d'ombrelles. Leur front n'est pas chargé de la tour des Cybèles: L'ombre seule des fleurs sur leur regard mouvant Retombe, et, le long de leurs bras se poursuivant, Tournent les lierres verts qu'empourprent les rubelles. Les arbres des forêts sont des femmes debout Qui le jour portent l'aigle et la nuit le hibou, Puis les regardent fuir sur la terre inconnue. La rapide espérance et le rêve incertain S'envolent tour à tour de leur épaule nue Et la captive en pleurs s'enracine au destin. Pierre Louys
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