Zibeline n° 94 en PDF

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Zibeline n° 94 en PDF
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DU 26.03 AU 23.04.2016
Exemplaire offert avec La Marseillaise le 26 mars 2016
JOURNALZIBELINE.FR
2€
Société
politique culturelle
évènements
Métropole : la réconciliation !
Le Food : for a new society
Provençal ou occitan
Les reculades de l’extrême droite
La diversité à Babel Med
Le Bleuet des Alpes
Escapades littéraires
Eva Doumbia l’Afropéenne
Réouverture du musée Angladon
MARS
AVRIL
2016
RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR
CULTURE ET SOCIÉTÉ
Mensuel payant paraissant un samedi par mois
Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline
BP 90007 13201 marseille Cedex 1
Dépôt légal : janvier 2008
Imprimé par Riccobono
Qui sommes nous ?
Nous sommes tous à la fois dans la cale et sur le pont. C’est ce que
répondait Patrick Boucheron au public du MuCEM qui lui demandait
de quel côté ce Nous de la Nation Française était aujourd’hui, après
les attentats. Enfants d’esclaves, enfants de négriers, tous, et chacun
Imprim’vert - papier recyclé
Crédit couverture : © Alouette sans tête
d’entre nous. Victimes de la colonisation, de la Shoah, de la violence
Conception maquette Tiphaine Dubois
économique, sexiste et homophobe, tous, et tous aussi complices
de la Collaboration et d’Hiroshima, de l’Algérie Française et de la
Directrice de publication & rédactrice en chef
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Secrétaire de rédaction
Delphine Michelangeli
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planète, pillards de l’avenir de nos enfants.
Celui qui se pense victime de siècles d’histoire française écrite avec
son sang oublie ce qu’il fait subir d’oppression. Celui qui veut rester
seul sur le pont, riche du travail des autres et préservé des reproches,
dénie qu’il est aussi fils et parent de migrants, de chômeurs, d’opprimés.
06 25 54 42 22
LIVRES
Fred Robert
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MUSIQUE ET DISQUES
Jacques Freschel
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Pourtant il faudrait cesser d’expliquer, parce qu’on risquerait
d’excuser ? Il faudrait s’interdire de critiquer la politique d’Israël,
06 82 84 88 94
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06 86 94 70 44
Élise Padovani
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parce que ce serait antisioniste et donc antisémite ? Il
faudrait mettre à sa fenêtre un drapeau français, et dire
que dans ce camp du Nous il n’y a pas d’explication
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à chercher, pas de nuance à apporter ?
Il est interdit de manifester contre la loi travail parce
André Gilles
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ÉDITO
ARTS VISUELS
Claude Lorin
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CINÉMA
Annie Gava
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Françafrique, exploiteurs des ouvriers chinois, destructeurs de la
que, nous dit-on, nous sommes en guerre. Mais contre
qui ? Contre nous-mêmes ? Pourquoi en Côte d’Ivoire compter les victimes Françaises, comme si les Ivoiriens n’étaient
Polyvolants
Chris Bourgue
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Gaëlle Cloarec
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Maryvonne Colombani
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pas Nous, pas autant que les victimes Belges ? Les monstres qui
nous terrorisent sont nés de notre échec à admettre que les droits de
06 62 10 15 75
l’homme, l’universel, ne s’imposent pas par les armes, l’exploitation
Marie-Jo Dhô
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et le capital, mais par la culture partagée, et l’estime de l’étranger. Par
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected] 06 64 97 51 56
l’hybridation, et l’acceptation de l’autre en nous. De celui qui fut dans
Jan Cyril Salemi
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la cale, de celui qui fut sur le pont.
Plus que jamais c’est par la pensée complexe, l’analyse, le partage,
Maquettiste
Philippe Perotti
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que nous pourrons fonder véritablement du commun, et sortir de la
06 19 62 03 61
WRZ-Web Radio Zibeline
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Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn,
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Administration
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Houda Moutaouakil
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terreur qu’ils nous imposent.
AGNÈS FRESCHEL
Exposition
27 avril—29 août 2016
Un génie sans piédestal
Picasso et les arts
& traditions populaires
Mucem
Picasso
Billet coupe file en vente sur mucem.org
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Avec le soutien exceptionnel
Esplanade du J4, 7 promenade Robert Laffont — 13002 Marseille
Design graphique : Spassky Fischer
Grâce au mécénat de
Partenaires
Pablo Picasso, Torero, 12 avril 1971, huile sur toile. Collection Particulière. Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso
para el Arte. © FABA Photo : Éric Baudouin © Succession Picasso 2016
sommaire
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SociÉtÉ
Métropole Aix-Marseille, le dénouement (P.6)
Réussir au féminin à la Région (P.7)
EHESS, la préservation du littoral (P.8)
Hors les Vignes, un nouveau festival Food (P.9)
Forum d’Oc au Département (P.10)
Politique culturelle
L’extrême droite aux Chorégies
et à la Busserine (P.12)
La diversité à Babel Med,
l’enfant et l’artiste au Massalia (P.13)
Librairie Le Bleuet à Banon (P.14)
Exposition au Musée de Salagon (P.15)
© Creative Commons-Christophe Sertelet
Évènements
MuCEM (P.16)
Printemps de la Francophonie (P.17)
Escapades Littéraires, Rencontres du 9e art (P.18)
Le Train Bleu (P.19)
El Orgullo de la nada © fmprovensal
critiques
Spectacles (P.20-24)
Musique (P.25-26)
L’intrépide soldat de plomb © Alain Baczynsky
au programme
Musique (P.28-31)
Spectacles (P.32-50)
Une seconde mère d’Anna Muylaert © Memento films
cinéma [P.52-56]
Arts visuels [P.58 À 64]
livres [P.65-70]
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société
INTRIGUES
EN
ET
TRAHISONS
MÉTROPOLE
«L
a politique est partout, mais la politique
n’est pas tout. » Toujours théâtral,
Jean-Claude Gaudin, le maire de
Marseille, lançait ses mots lors de sa déclaration de candidature à la présidence de la
métropole Aix-Marseille-Provence (AMP).
Le 17 mars, au Palais du Pharo à Marseille, les
240 conseillers d’AMP rejouaient le film du 9
novembre dernier. Jean-Claude Gaudin avait
alors été élu président de la métropole dans des
conditions rocambolesques, puis son élection
était invalidée et la métropole suspendue (voir
Zibeline 92 et 93). La suite du feuilleton était
programmée au Conseil constitutionnel, qui
remettait en piste AMP, rejetant les recours de
ses opposants. La scène suivante, au Pharo, ne
devait être qu’une formalité. Scénario écrit à
l’avance, Gaudin sera élu et par un savant jeu
d’équilibre les territoires et les forces politiques
(à l’exception du Front national) se distribueront
les vingt postes de vice-présidents.
Mais la politique est aussi un art de l’esbroufe
et de la feinte. Manœuvres et coups bas sont
souvent au programme, et il est parfois difficile de savoir qui tire vraiment les ficelles.
Surtout quand les fils sont à ce point emmêlés.
Machiavel ou Shakespeare n’auraient sûrement
pas renié ce qui s’est déroulé dans l’enceinte
du Pharo. L’élection de Jean-Claude Gaudin
était facilement acquise, comme prévu. Tout
le reste relève de la stratégie politicienne, de
jeux d’intrigues et de trahisons très élaborés.
Le PS divisé
Les socialistes des Bouches-du-Rhône ne
présentaient pas de candidat à la présidence
et appelaient même à voter Gaudin. Avant
l’élection, le futur président expliquait que
pour une saine gouvernance métropolitaine,
il fallait dépasser les clivages gauche-droite,
actant ainsi la présence d’élus PS dans l’exécutif.
Jean-David Ciot, le chef du PS 13, misait avec
assurance sur trois vice-présidents pour les
siens. C’était sans compter sur ses « amis » du
PS marseillais. Ni sur la volonté de la droite
de casser l’accord entre Gaudin et le PS 13.
Le premier coup de canif venait donc de Samia
Ghali, qui, au nom des socialistes marseillais,
annonçait la candidature de Florence Masse
à la présidence. Ni elle, ni Gaby Charroux
Élection présidence métropole AMP 2016 © Jan-Cyril Salemi
(PC), ni Stéphane Ravier (FN), les autres
rivaux, ne pesaient lourd face à Gaudin, qui
emportait le fauteuil avec 152 voix. L’élection des
vice-présidents approchait, mais quelques signes
laissaient entrevoir qu’elle ne se déroulerait
sans doute pas comme prévu. Dénonçant une
alliance contre-nature, Samia Ghali estimait que
le PS 13 s’était fait « piéger » et que ces petits
arrangements faisaient le jeu du FN. Le résultat
de Ravier, avec une douzaine de voix de plus que
son score théorique, le confirmait déjà. Quant
à Maryse Joissains, la maire d’Aix, opposante
farouche à la métropole, elle indiquait « être
dedans pour construire et dehors pour continuer
à contester. » Pour cette double stratégie, il
faut une certaine influence sur les élus. C’est
peut-être ce qui a été démontré par la suite. .
Candidats surprises
Car lors de l’élection des vice-présidents, le
scenario bien huilé s’est totalement enrayé.
Les dix premiers candidats, tous de droite, à
l’exception de Georges Rosso, maire PC du
Rove, sont élus sans problème et surtout sans
rival. C’est à partir du onzième que cela s’est
corsé. Loïc Gachon, maire PS de Vitrolles, en
vertu de l’accord passé avec Gaudin, n’imaginait pas devoir affronter un adversaire. Mais
Martine Césari, maire de Saint-Estève-Janson,
petite commune du Pays d’Aix, se présente.
Elle est facilement élue, 105 voix contre 70.
Dans les rangs du PS 13, on gronde. Dans
ceux du PS marseillais, on ricane. Et du côté
de la droite, on jubile. Même sanction pour
Frédéric Vigouroux, maire PS de Miramas,
battu de huit voix par le candidat surprise
Michel Roux, premier adjoint de Salon.
L’accord de gouvernance partagée vient de
voler en éclats, Jean-David Ciot demande une
suspension de séance. Samia Ghali a beau jeu
de parader, sur l’air de « je vous l’avais bien dit ».
Elle parle d’une véritable humiliation pour
le PS 13, et laisse clairement entendre que
Jean-Claude Gaudin ne pouvait ignorer ce
qui se tramait dans ses rangs. Les socialistes
des Bouches-du-Rhône, eux, sont abasourdis.
Les voix des collègues marseillais leur ont
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Percer le plafond de verre
LE 8 MARS, POUR LA JOURNÉE DE LA FEMME, SE TENAIT À
L’HÔTEL DE RÉGION UNE LONGUE JOURNÉE DE TABLES RONDES,
INTITULÉES RÉUSSIR AU FÉMININ
certainement manqué, mais ils préfèrent
accabler la droite qui n’a pas joué franc
jeu. Selon Loïc Gachon, Gaudin lui aussi
a été trahi, ou tout au moins il a été lâché
par ses troupes, qui n’ont pas respecté ses
consignes. Et il reconnaît qu’au PS, ce
coup fourré n’avait pas été envisagé. Excès
de naïveté ou de confiance, le résultat est
le même. Le but était de participer à la
construction de la métropole, le verdict est
d’avoir contribué à faire élire largement
Gaudin et d’avoir un peu plus divisé le
PS local.
Influence
à la marseillaise
Au final, les luttes de clans et de pouvoirs
ont lourdement pesé sur ce premier acte de
la métropole. Le bilan pour le Pays d’Aix
(cinq vice-présidents) et l’Agglopole SalonBerre-Durance (trois vice-présidents)
laisse supposer une alliance entre les deux
territoires. Dans le dos de Jean-Claude
Gaudin ? Difficile d’imaginer qu’en vieux
routier de la politique, tel qu’il se décrit
lui-même, il ait découvert ces manigances
au dernier moment. Mais dans ce coup
de billard à plusieurs bandes, c’est aussi
son leadership à droite qui est contesté.
Son projet de gouvernance équilibrée
est tombé à l’eau et il devra composer
avec un exécutif bien plus opposé à la
métropole que ce qu’il espérait.
Au PS 13, une fois la déception encaissée,
on regrettait que les intérêts politiciens
strictement marseillais aient parasité la
naissance d’AMP. Car en fond de scène
de la tragi-comédie qui s’est jouée au
Pharo, apparaît la prochaine élection
municipale. Qui sera désigné successeur
de Gaudin d’un côté, et qui s’imposera
comme candidat socialiste de l’autre côté ?
De quoi donner des arguments à ceux qui
redoutaient le poids de Marseille dans le
fonctionnement d’AMP. La métropole est
sur les rails et elle a un chauffeur. Mais
il est impossible de connaître l’itinéraire
qu’elle va suivre.
JAN-CYRIL SALEMI
© Jean-Pierre Garufi
N
ora Preziosi, conseillère régionale déléguée aux droits des femmes, ouvrait la
séance en rappelant les difficultés que les
femmes rencontrent dans leurs carrières. Elle
soulignait aussi l’ambiguïté de cette journée.
« Que défend-on au juste ? » L’égalité, certes, et
elle soulignait les écarts de salaire qui persistent.
Mais, elle le précisa, la Région avait choisi
ce jour là de ne pas s’attacher aux difficultés
(« les bas salaires, les femmes battues, les agressions
sexuelles ») mais de mettre au contraire en avant
des réussites, et des sourires, à travers une
exposition de Sophie Vernet (Sourires à la
vie, 20 portraits photographiques de femmes
de la région).
Sur la scène le premier plateau était composé
de femmes de culture : les deux directrices des
centres dramatiques de Nice et Marseille, et
celle de la scène nationale du Merlan : notre
région a placé des femmes à la tête de ses plus
grandes institutions culturelles. Irina Brook
sut rappeler que la célébrité de Peter Brook son
père, et de sa mère comédienne, l’avait aidée à
choisir le théâtre, mais elle dit qu’en tant que
femme elle avait mis longtemps à admettre
qu’elle était metteur en scène, directrice de
troupe, et pas comédienne. Que l’obstacle
était en elle.
Macha Makeïeff renchérit, parlant de son long
compagnonnage avec Jérôme Deschamps, et
de la difficulté pour une femme d’être seule,
parce que « comme naturellement » on a tendance
à oublier les femmes artistes « dans nos admirations » : le répertoire reste dans l’imaginaire
collectif exclusivement masculin. D’où son désir
de citer, comme une litanie ininterrompue,
toutes les femmes artistes qu’elle admire, et
dont les noms défilent aujourd’hui dans le
hall de la Criée...
Francesca Poloniato, directrice d’une scène
dans les quartiers nord, inscrivit son parcours
dans une réalité sociale différente : son passé
d’éducatrice la pousse à travailler concrètement
avec les femmes du quartier, à lier pratique et
programmation, à savoir que pour la plupart
des femmes le problème n’est pas la réussite
sociale, mais le sexisme et ses violences, au
quotidien. Hafsia Herzi, magnifique actrice
de La Graine et le Mulet, sut faire la synthèse
des deux points de vue, expliquant la difficulté
de vivre dans les Quartiers Nord, mais aussi
son envie aujourd’hui de prendre la parole, de
réaliser des films elle-même, parce qu’il faut
« que les femmes des quartiers fassent entendre
directement leur parole ».
Car pour les femmes le combat est double,
triple, si elles veulent « réussir » : c’est leur
milieu proche, familial, les préjugés sociaux,
et leur propre vision d’elles-mêmes qu’elles
doivent, souvent et sans cesse, remodeler...
AGNÈS FRESCHEL
8
société
Évaluer les valeurs
«L
ittoral : faut-il protéger à tout prix ? »
C’est le titre -légèrement provocateurde la prochaine conférence publique
organisée par l’EHESS* à Marseille. Traitant
de sujets d’actualités, le cycle de rencontres À
l’écoute des sciences sociales croise les approches
de différentes disciplines. Le 27 avril, c’est
ainsi une économiste, Dominique Ami, et
un géographe, Samuel Robert, qui interviendront à la Bibliothèque Départementale
des Bouches-du-Rhône.
Entretien avec Dominique Ami, enseignante-chercheuse au sein du Greqam Aix-Marseille Université.
Zibeline : Quel est l’objet de cette conférence ?
Dominique Ami : L’idée est d’être un peu
critique vis à vis des politiques actuelles de
préservation du littoral, de montrer qu’il y a
peut-être des arbitrages plus complexes à faire.
C’est intéressant de travailler sur la grande baie
de Marseille, de La Ciotat à la Côte Bleue : il
y a des endroits très urbanisés, d’autres très
protégés et à la fois très touristiques, comme
le Parc National des Calanques, ce qui crée
des tensions entre impératifs de protection et
objectifs de développement. La protection a
des bénéfices, mais aussi des coûts, parfois sur
le long terme. Si demain on interdit la pêche,
ce ne sera pas sans coût social.
Ce qui est fait jusque là vous semble trop
contraignant ?
Le cas du Parc est bien sûr un peu particulier, surtout en ce moment. Mais l’intérêt
du regard des sciences sociales, c’est de se
demander pour qui et pourquoi on protège.
Comment on intègre les usagers ? Longtemps
la question de la protection a été réservée à des
spécialistes ; nous, contrairement aux sciences
« inhumaines », on s’intéresse aux humains,
les pêcheurs, baigneurs, riverains, en menant
des enquêtes auprès de la population, le plus
grand panel possible...
Inhumaines ?
Oui... les sciences de la terre et de la vie. En
tant qu’économistes, nous travaillons sur le
bien être global, au niveau le plus général
possible. Certains vont gagner à ce qu’une
situation change, d’autres vont perdre, et il
faudra alors compenser. Réglementer de façon à
ce que l’on reste sur des chemins balisés plutôt
que de s’éparpiller dans la nature, les riverains
peuvent considérer qu’il s’agit d’une contrainte.
© Creative Commons-Christophe Sertelet
Pour un économiste, cela fait baisser le bienêtre. Nous avons des outils qui permettent
d’effectuer un arbitrage : la monnaie est un
étalon de mesure pour traduire dans la même
unité des choses qui ne sont pas similaires. Le
plaisir de se baigner, par exemple, une fois
valorisé, on peut le comparer avec d’autres
valeurs économiques plus directes, comme
l’immobilier.
Le risque n’est-il pas, en donnant une valeur
marchande à ce genre de choses, que le marché
s’en empare ?
Eh bien oui. Notre objectif n’est pas de créer
des marchés, on ne le fait pas pour ça, mais
c’est vrai qu’il suffit d’un pas… Beaucoup s’y
opposent, et pensent qu’on marchandise ainsi
la nature. Je défends la position qu’on ne peut
pas tout monétariser, et personnellement je
trouve que c’est dangereux d’essayer. Il y a des
valeurs qui ne sont pas économiques, comme
l’imaginaire culturel, l’économie n’a rien à dire
dessus, il faut savoir le reconnaître. Le marché
par définition ne permet d’échanger que des
valeurs marchandes, d’où la grande question
des biens communs, qui peut difficilement
être gérée ainsi.
Comment aborder ces aspects ?
D’autres sciences sociales travaillent sur la prise
en compte de ces valeurs différentes, même si
c’est souvent assez difficile de les comparer.
Dans la pratique, on sollicite régulièrement
les économistes pour que l’on montre que les
choses ont une valeur monétaire, économique.
On nous somme de prouver que c’est vrai. Or
moi je n’ai pas le résultat des études avant de
les avoir réalisées !
Si votre objectif n’est pas celui-là, quel est-il ?
Je pense qu’il ne faut pas prendre les valeurs
économiques comme l’alpha et l’oméga des
décisions publiques. Il existe par exemple en
Méditerranée des Prud’homies de pêche, depuis
le XVe siècle, qui préservent les ressources de
poisson. C’est un savoir qui peut être mobilisé
pour améliorer la gestion. Notre intention est
de réfléchir à la façon de mieux intégrer la vie
des gens, avec toutes les difficultés que cela
implique, pour que les décisions soient prises
dans la concertation. Mais je ne suis pas sûre
que l’on ait beaucoup de solutions miracles à
apporter ! D’où l’intérêt du débat.
PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC
*
École des Hautes Études en Sciences Sociales
À venir
Littoral : faut-il protéger à tout prix ?
27 avril
Bibliothèque Départementale des
Bouches-du-Rhône, Marseille
04 91 14 07 27 ehess.fr
9
La gastronomie
et les arts véritables
Bouches-du-Rhône - Château Romanin © Marion Lefebvre
UN FESTIVAL QUI ALLIE VIN, CUISINES ET VRAIES PROPOSITIONS
ARTISTIQUES ? LA PREMIÈRE
ÉDITION D’HORS LES VIGNES
VEUT TENIR LE PARI...
Coteaux des Baronnies - Mas Sylvi © Marion Lefebvre
L
e Food est à la mode. Partout on propose
des « bonnes adresses mode, beauté, food,
design, culture »... dans un esprit marchand qui monnaye les œuvres, à l’encontre
de l’économie habituelle de la culture française
et de son service public.
C’est-à-dire loin de la
mise à disposition pour
les citoyens, puisque chacun d’entre nous possède
légalement des « droits
culturels », des œuvres
de l’art et de l’esprit.
Le Food donc, comme
le Design ou le Jardin,
croise ce qui relève du
nécessaire (manger,
habiter, cultiver...) et ce
qui s’apparente à une
recherche esthétique,
qu’elle soit ou non gustative. Ces arts de vivre
en pleine expansion et en quête d’une reconnaissance culturelle, font partie d’une économie
privée puisque leurs produits se vendent, et
peuvent vite déraper vers une consumérisation
caricaturale de produits typés, genre tapenade,
aïoli et soupe au pistou sans âme... Mais la
recherche actuelle du mieux manger, depuis
la militance du Slow Food jusqu’à la mode du
Vegan, en passant par les arts culinaires créatifs,
et le vin nature, s’apparente sans conteste à
une volonté de changer de culture, de croiser
les pratiques pour en faire surgir les saveurs,
et de s’affranchir d’une surproduction qui tue
le goût et la terre. Préoccupations culturelles
s’il en est !
Les festins, repas, dégustations, fleurissent
donc partout, souvent au cœur des propositions
artistiques. Ainsi Mars en baroque a su, à
son ouverture à l’U-percut, mais aussi à la
Criée après L’Oristeo, ou à la Magalone, aux
Grandes Tables, proposer aux Marseillais de
croiser hardiment musique baroque et saveurs
de grands chefs revisitant ou rêvant les goûts
des œuvres musicales...
Trios multi-sensoriels
Le Festival Hors les Vignes veut également
travailler dans cet esprit de rencontre entre
les arts de vivre, ceux de la table, et les arts
du spectacle. Pensé et produit par Intervins
(association des vins méditerranéens IGP,
Indication géographique protégée) avec Gourméditerranée, le festival associe un vin, un
chef et un (ou des) artiste, pour une création
originale qui sera vue, dégustée, entendue...
Ce sont 9 propositions qui se déclineront
donc, le 23 avril de 11h à 22h, au Dock des
Suds, autour de vins de caractère venus de
vignes voisines (Drôme, Ardèche, Vaucluse,
Bouches-du-Rhône, Baronnies, Alpilles...).
Les chefs qui accorderont leurs créations au
caractère particulier de chaque domaine sont
parmi les plus créatifs de la région (Emmanuel
Perrodin, Roland Schembri, Jean-François
Bérard, Christophe Négrel...) et même si l’on
regrette une fois encore que les chefs soient
exclusivement masculins, il est certain que les
dégustations seront savoureuses, inventives et
juste ce qu’il faut d’étrange.
Autour de ces duos vin/chef des artistes ont
répondu à un appel à projet, et composé des
œuvres.
On y rencontrera Fanny Broyelle (auteure)
et Benjamin Carbonne (peintre), Madame
Bambou et Lili B (illustratrices), Catherine Burki (plasticienne), Guillaume Miard
(illustrateur), Margaux Keller (designer)...
Tous y proposeront des œuvres à dimension
performative, chaque dégustation/performance
s’inscrivant dans un parcours s’étendant sur la
journée... Il ne sera question que de quelques
bouchées et quelques gorgées à chaque étape,
mais des stands viticoles et de restauration
pourront compléter les amuses papilles.
De même un programme off, musical et de rue,
s’adjoindront aux 9 trios principaux, pour une
journée sans temps mort. Pour une première
édition, l’ensemble s’annonce très complet et
inventif, et particulièrement abordable : vous
pourrez goûter à tout pour un prix d’entrée de
10 €, dans une manifestation qui sert certes à la
promotion des vins et des tables, mais promet
aussi des moments de plaisir véritablement
esthétique...
AGNÈS FRESCHEL
Hors les Vignes
23 avril de 11h à 22h
Dock des Suds, Marseille
04 90 42 90 04 vinsmediterraneens.org
10 société
Avenir de Provence
« POURQUOI VOUS LEUR APPRENEZ PAS PLUTÔT L’ANGLAIS ? » CETTE REMARQUE, LES ENSEIGNANTS DE
PROVENÇAL L’ENTENDENT RÉGULIÈREMENT...
tiers sud de la France, une petite partie du
nord de l’Espagne et des vallées du Piémont
en Italie. L’occitan est d’ailleurs plus valorisé à
l’étranger qu’en France : il est langue officielle
en Val d’Aran (Espagne) et en Italie, le terme
« vallées occitanes » est devenu un argument
touristique.
Forum d’Oc © Jan-Cyril Salemi
Nouveaux réseaux
À
l’heure de la globalisation, où serait
l’intérêt d’enseigner aux enfants une
langue qu’ils n’auront pas l’occasion de
pratiquer ? Le 12 mars, à Marseille, le Forum
d’Oc, qui rassemble cinq structures œuvrant
à la promotion de la langue d’oc en PACA,
se réunissait en congrès. Au menu, quelques
arguments à opposer à ce type de propos.
Le thème de la journée L’occitan-langue d’oc
dans un territoire mondialisé plaçait clairement la
langue régionale sur une perspective d’avenir.
Economie, tourisme, enseignement, culture,
web, comment l’usage du provençal dans tous
ces domaines peut-il être encouragé et en quoi
peut-il être porteur ?
Traditions et modernité
Au Conseil Départemental qui accueillait
le congrès, c’est d’abord la dénomination
« Provence » qui a été l’objet des débats. Le
mot est le plus souvent associé aux marques de
souvenirs touristiques ou à une vision passéiste
du territoire. « Réhabiliter le vocable Provence »,
notamment grâce à la pratique de la langue,
est un objectif. Mais sur ce terrain, les dissensions sont vives entre deux approches : celle
du Collectif Provence, tenant d’un certain
repli sur les traditions, et celle représentée au
Forum d’Oc, davantage ouvert à la modernité.
Bruno Genzana, vice-président du CD 13,
délégué à la langue d’oc et aux traditions provençales, soulignera, dans un esprit conciliateur,
que l’apaisement serait préférable entre les
deux courants. N’empêche, Mandy Graillon,
proche du Collectif Provence et désormais
conseillère culture de Christian Estrosi
à la Région PACA, n’a pas apprécié que le
Département accueille le Forum d’Oc et l’a fait
savoir. Bruno Genzana, également conseiller
régional, précisera bien qu’il n’était pas là à
ce titre, la Région n’ayant pas demandé à être
représentée au congrès.
Le patrimoine ou l’usage
La volonté affichée lors du Forum d’Oc de faire
de la langue régionale un élément d’avenir se
heurte au sein même de l’assemblée à d’autres
ambiguïtés. Ainsi, le Museon Arlaten va
accroître la place du provençal, mais en le
considérant comme une langue d’étude, non
comme une langue vivante. Pas de panneaux
indicatifs en provençal lors de la visite, plutôt
une plongée sonore vers l’époque de Mistral. Ce choix de favoriser le patrimoine au
détriment de l’usage a fait réagir l’assistance :
pour beaucoup, l’enjeu est de communiquer
en provençal. Difficile pour une langue dont
les locuteurs courants sont quelques centaines
de milliers sur tout l’espace occitan, soit un
Cette piste pourrait être reprise en Provence.
Thierry Hours, directeur des Gîtes de France
alpins, explique l’intérêt pour l’économie locale
d’« intégrer la langue et la culture », en particulier
sur le web, pour attirer une clientèle en quête
d’authenticité, et pour résister aux prestataires
touristiques devenus tout-puissants sur Internet.
Dans un autre registre, Christian Philibert
(voir entretien sur journalzibeline.fr) auteur
des 4 saisons d’Espigoule ou d’Afrik’aïoli a rappelé
qu’il fait « un cinéma qui n’est pas dans les bons
tuyaux du centralisme français ». Ces deux films
n’ont jamais été diffusés sur les télés publiques,
et les projets du réalisateur n’intéressent pas
les canaux de financement classiques. Pour son
prochain film, sur Massilia Sound System,
il a eu recours à une collecte participative sur
internet. Car « le seul soutien, c’est le public ».
Nouveaux médias, réseaux sociaux, le web et
ses usages peuvent relancer le développement
de l’occitan, notamment pour les jeunes qui,
aujourd’hui, le parlent parce qu’ils l’ont choisi.
Il n’y a plus de locuteurs natifs, seulement des
locuteurs tardifs, qui n’ont plus « la honte »
que pouvaient avoir leurs grands-parents de
s’exprimer en langue régionale.
Avec ces perspectives, la question de l’enseignement se pose : de la maternelle à l’université, il
reste très marginal. Les atouts du bilinguisme
sont pourtant incontestables, ainsi que le
rapporte Céline Limongi, enseignante en
maternelle dans les quartiers nord de Marseille.
Elle s’exprime en provençal trois heures par
semaine dans sa toute petite section : rituels,
lectures, comptines. « Les échanges en français
tendent à creuser les écarts entre les bons parleurs et
les petits parleurs, explique-t-elle. En provençal,
tout le monde part de zéro, et l’on voit des enfants
allophones participer et se révéler, ce qui leur permet
par la suite d’être plus à l’aise en français. »
JAN-CYRIL SALEMI
Le Forum d’Oc s’est tenu le 12 mars
au Conseil Départemental 13, à Marseille
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┅┊21-22 avril
29e saison
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en partenariat avec l’Ecole Supérieure d’Art et
de Design Marseille-Méditerranée
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Théâtre
Nos serments
MARDI 26 AVRIL À 20H30
MERCREDI 27 AVRIL À 19H30
©P. Sautelet
Mise en scène Julie Duclos
Compagnie L’In-quarto
++ EN ÉCHO AU SPECTACLE SUR LA THÉMATIQUE DU TRIANGLE AMOUREUX
PROJECTION DU FILM LE BONHEUR D’AGNÈS VARDA LUNDI 25 AVRIL À 20H30
EN PRÉSENCE DE JULIE DUCLOS AUX CINÉMAS ACTES SUD/ARLES.
www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51
12 Politique Culturelle
LA CULTURE DANS LES VILLES D’EXTRÊME DROITE : COUPES ET REVIREMENTS
Faut-il financer
les Chorégies ?
L
a démission de Raymond Duffaut, Directeur général des Chorégies, a fait ressurgir
toute l’ambiguïté du soutien public au grand
festival lyrique. Depuis 1995 et l’élection de
Jacques Bompard, alors Front national, à la
mairie, la question est (mal) posée. Raymond
Duffaut avait alors clairement déclaré que « s’il
arrivait que la présidence de l’association revînt
au maire de la Ville ou à l’un de ses adjoints,
il s’ensuivrait [sa] démission immédiate, car
les valeurs qu’[il] portait ne pouvaient [lui]
permettre de continuer à travailler dans un
tel contexte ». La mairie avait alors renoncé
à vouloir prendre la présidence, mais avait
du même coup drastiquement diminué les
subventions de ses prédécesseurs. Et, depuis 20
ans, elle subventionne à des hauteurs ridicules
une manifestation qui fait vivre la ville qu’elle
administre. L’arrivée aujourd’hui d’une adjointe
à la présidence des Chorégies déclenche donc
logiquement la démission de Raymond Duffaut,
par ailleurs assez âgé pour s’en retirer. Mais ne
change que peu les données de base, qui sont
une mésentente totale entre une manifestation
culturelle d’envergure, et une mairie FN, ou
Ligue du Sud.
Car après des hésitations l’État et la Région
avaient décidé, dès 1995, de maintenir les Chorégies et de compenser le désengagement de la
Aida, 2011
© Philippe Gromelle
ville. Jacques Bompard s’en est plusieurs fois
publiquement réjoui, disant à ses administrés :
« Vous garderez les Chorégies, sans les payer ! ».
Aujourd’hui il semble impossible à tout le
monde de revenir en arrière, d’abandonner
les Chorégies, de les déplacer vers une ville
qui les soutiendrait davantage, et ne les obligerait pas à passer éternellement du Verdi et
Carmen et à frôler la banqueroute dès qu’ils
osent Wagner... La billetterie représente près
de 85% des recettes d’un festival condamné
à faire amphithéâtre comble. On se souvient
encore, pourtant, des concerts intimes dans les
parcs, des cycles de lieder de 18h, au temps
où les Chorégies pouvaient prendre le risque
de jauges moins surhumaines...
Aujourd’hui la mairie de Bompard a renoncé à
la Présidence, pour garder le Festival. Toujours
sans les payer. L’État et la Région s’apprêtent
à continuer à subventionner, faiblement, une
manifestation qui s’est lentement dégradée,
non dans la qualité de ce qu’elle présente, mais
dans la diversité de son programme, les risques
pris, l’ouverture du répertoire, les stars lyriques
qu’elle est obligée d’inviter même lorsque leurs
voix déclinent. Lorsque le financement repose
à 85% sur la billetterie, le risque artistique est
impossible à prendre.
Il existe d’autres amphithéâtres magiques dans
la région, dans des villes moins rétives à la
culture. Les Chorégies de Vaison, de Nîmes,
d’Uzès, d’Arles… pourraient redonner vie
et inventivité au concept ? Et peut être que
les Orangeais, privés de ce qui les fait vivre,
comprendraient qu’il faut aussi le financer,
et mieux voter ? Cela pourrait même être un
exemple pour toute une région, Vaucluse et
Gard, qui plébiscite un parti si prompt à couper
les subventions culturelles (lire aussi ci-dessous).
AGNÈS FRESCHEL
Revirement pour l’Espace Busserine
À
la mairie du 13-14, on s’efforce de le
relativiser, mais c’est (pourtant) bien
un total revirement qui a eu lieu dans le
dossier Espace Culturel Busserine (ECB).
Depuis le début de l’année, le centre culturel
des quartiers nord de Marseille était fermé. Des
travaux de rénovation, finalement reportés au
moins jusqu’à l’an prochain, avaient permis à
Stéphane Ravier, le maire de secteur, de tenter
une reprise en mains du lieu (voir Zibeline
93). Le 23 février, les salariés avaient tous été
affectés en mairie et le plus grand flou régnait
sur l’avenir de l’ECB. Entretemps, un collectif
de soutien associé à une forte mobilisation
populaire et l’écho médiatique ont certainement
conduit la mairie Front national à revoir ses
positions. Jusqu’à la mi-mars, le discours de
l’équipe municipale consistait à affirmer que
l’ECB n’était pas fermé (il l’était pourtant de
fait) et que les employés étaient censés travailler
à la fois en mairie et à la Busserine. Ils étaient
en réalité tous les jours à la Bastide du 13-14,
sans mission précise. Mais rapidement, il est
apparu évident qu’il était inutile de garder les
salariés dans un placard et peu à peu, ils ont
repris leur travail à l’ECB.
Dans un premier temps, l’entourage de Stéphane Ravier indiquait que la situation était
celle prévue depuis le début, une affectation
sur les deux sites selon les besoins. Mais une
nouvelle approche du dossier est à l’ordre du
jour. Elle s’est traduite par la venue, dans les
locaux de l’ECB, de Jean-Jacques Cambier,
Directeur Général des Services du 13-14. Lors
de ce déplacement, le 17 mars, il a assuré aux
agents qu’ils resteraient en poste principalement
à l’ECB et a donné quelques garanties sur le
devenir du lieu. L’ensemble des spectacles
scolaires prévus d’ici l’été se dérouleront bien
à l’ECB et certains ateliers vont reprendre.
La programmation tout public de la saison
prochaine, qui était menacée, notamment en
raison de son coût, devrait se tenir, du moins
en partie, à la Busserine. La nouvelle donne
semble vouloir faire de l’ECB une sorte de pivot
de l’action culturelle dans les arr. 13-14. Un
changement de méthode et de stratégie radical
qui, en attendant les actes concrets, marque
au moins une volonté d’éteindre l’incendie.
JAN-CYRIL SALEMI
13
La diversité,
une utopie ?
À BABEL MED, À MASSALIA, LA
VOLONTÉ DE CONCERNER TOUS
LES CITOYENS S’AFFIRME...
B
abel Med est un festival rassemblant des
milliers de fans (voir journalzibeline.fr),
mais aussi un grand marché des musiques
du monde, et un lieu de conférences ouvertes au
public et posant des problématiques culturelles
essentielles. Ainsi il a été question des femmes
dans les musiques actuelles, (le matrimoine
musical si important et si peu présent sur les
scènes), des « droits culturels », de la diversité
musicale (entre reconnaissance des traditions
orales, hybridations réelles et aseptisation des
marchés) et... de la diversité tout court.
Un mot qui a aujourd’hui fait son entrée
officielle dans les politiques culturelles : le
ministère de Fleur Pellerin a, en décembre,
créé un Collège de la diversité, et c’est Karine
Gloanec-Romain, Inspectrice générale
récemment chargée de ce Collège, qui animait cette rencontre aux côtés de Ferdinand
Richard, directeur de l’AMI (festival Mimi)
et de Frédéric Ménard, directeur de Zutique
Productions (Dijon).
Egalité et inclusion
La création du Collège part d’un constat multiple, et difficile à cause des lois françaises qui
interdisent d’établir de statistiques ethniques :
nos scènes, nos lieux culturels, nos écrans,
nos orchestres... sont monochromes (dans le
genre blanc), les artistes sont souvent issus de
la même classe sociale, le milieu est dominé
par les hommes. Bref il manque de diversité
ethnique, sociale et fonctionne avec des clichés
genrés très tenaces*...
Que propose donc de neuf le Gouvernement ?
De mesurer la diversité, dans les programmations et dans les publics, mais aussi de réfléchir à
la sémantique : dans quelle mesure les diversités
ethnique, sociale, genrée se recoupent-elles ?
Plus pragmatiquement, le Collège veut mettre
en place de nouveaux procédés d’inclusion, en
favorisant la diversité des genres artistiques
et des pratiques, et en veillant à l’égalité des
droits culturels sur le territoire.
Le projet est ambitieux, et soulève immédiatement des questions : Frédéric Menard, qui a
installé les bureaux de son Festival dijonnais
dans une barre HLM en triste état, démontre
que les artistes sont capables de créer du lien,
des ateliers de pratique, un tajine géant, des
moments de partage entre générations. Mais
il souligne aussi la condescendance des institutions qui méprisent un prétendu « sociocul ». Gilbert Ceccaldi (Ville de Marseille)
souligne combien les crédits d’État consacrés
à la Politique de la Ville ont drastiquement
baissé depuis 2002, passant de 1,9 millions en
2002 à 500 000 € aujourd’hui.
Ferdinand Richard quant à lui plaça le curseur
ailleurs, parlant d’égale dignité des cultures
et rappelant que l’enjeu de la culture n’est
Les artistes sont-ils
les pompiers
impuissants
d’un incendie sans
cesse attisé dans
d’autres sphères ?
pas de faire société mais humanité. Un beau
discours même si, à Zibeline, on a maintes
fois souligné l’absence de femmes du Festival
Mimi, preuve qu’une diversité peut souvent
en chasser une autre...
De la volonté aux actes :
des couacs !
C’est de la salle que Sébastien Cornu (Président de la Fédurok) souleva l’objection la plus
notable : comment amener les populations à
la reconnaissance de la pluralité agissante des
cultures, lorsque le Gouvernement maintient
un État d’Urgence liberticide, et une déchéance
de nationalité inégalitaire ? Les artistes sont-ils
les pompiers impuissants d’un incendie sans
cesse attisé dans d’autres sphères ? Karine
Gloanec-Romain reconnut la pertinence
de l’objection, et la nécessité de penser enfin
le passé colonial : la création du Collège de
la diversité est concomitante des attentats
de novembre, de la prise de conscience de la
fracture de la société française.
La volonté paradoxale de l’État était patente
également lors de la rencontre régionale L’enfant et l’artiste organisée par le Théâtre Massalia à l’issue de La Belle Saison. Le ministère
incite les acteurs culturels à changer de terrain,
mais dans le même temps peine à reconnaître
et financer les initiatives visant à s’adresser à
tous. Ainsi les expériences rapportées lors de
la journée furent passionnantes, émouvantes,
appuyées sur de nombreux témoignages d’enfants et d’adolescents qui affirmaient que le
passage des artistes dans leur vie les avaient
profondément changés.
Mais le constat de l’assignation systématique de
ces missions d’action culturelle à des femmes
parce que les hommes s’en désintéressent et
visent « plus haut », était évident. De même que
les faibles moyens assignés par les théâtres...
L’idée que tout enfant a droit à un parcours
culturel durant son passage dans l’école française reste une utopie. Le recensement même
de ce qui est proposé régionalement n’est pas
commencé, et les belles histoires de Massalia,
du Théâtre Durance, des scènes nationales de
Martigues ou de Cavaillon, concernent, au
fond, peu d’adolescents. L’accès à la culture
pour tous devra forcément passer par des
dispositifs systématiques, et sans doute par
les programmes scolaires, et les professeurs.
AGNÈS FRESCHEL
*Voir journalzibeline.fr/lart-est-il-bourgeois
et journalzibeline.fr/societe/
decolonisons-les-scenes
La rencontre sur la Diversité
culturelle a eu lieu à Babel Med,
au Dock des Suds, le 18 mars
La rencontre L’enfant et l’artiste a eu
lieu au Massalia, la Friche, le 12 mars
14 Politique Culturelle
Toujours vivace,
C
élébrissime, objet de maints articles, détour
incontournable des guides touristiques de
la région des Alpes de Haute-Provence,
connue de tous au moins de réputation, la
librairie Le Bleuet de Banon doit son nom
à la simplicité de ces fleurs bleues plantées
le long des allées de la maison d’enfance de
son fondateur Joël Gattefossé (en 1990). La
librairie tient d’ailleurs du rêve d’enfant, avec
ses quatre niveaux, ses 560m2 d’exposition,
ses circonvolutions, dignes du labyrinthe
de la bibliothèque du Nom de la rose, ses
paliers décalés, ses volées d’escaliers, dans
une architecture qui ménage ses surprises,
désoriente délicieusement le lecteur, le menant
à des découvertes inattendues, privilégiant
le « hasard objectif » cher à André Breton.
Une cheminée ici, un antique fourneau bleu
là, un tabouret avec un ouvrage abandonné,
un bureau d’écolier et un livre ouvert, une
porte-fenêtre qui donne sur un petit jardin…
Malgré le foisonnement, l’importance de la
surface occupée, on a une sensation immédiate
d’intimité chaleureuse. Mais…
Il y a eu les rumeurs, de fermeture, d’échec,
de volonté de concurrencer Amazon, de mort
programmée… Certes difficultés il y eut, liées
à une certaine démesure, mais Christine Rey,
qui a repris ce temple du livre en mars 2015,
se défend d’avoir investi, mue par un esprit
chevaleresque -venue à la rescousse de… Pas de
© Maryvonne Colombani
© Maryvonne Colombani
LE BLEUET…
cape et d’épée ou de super héros Marvel, mais
une envie qui a coïncidé avec une opportunité,
affirme-t-elle en souriant.
Et une fois pour toute, Christine Rey souhaite
revenir sur toutes les idées reçues à propos
du Bleuet : non, il n’y a pas de volonté de
concurrencer Amazon, la librairie vend par
Internet comme beaucoup d’autres, sans avoir
d’aspiration au monopole ; non, la librairie n’est
pas fermée et ne fermera pas, si ce n’est deux
jours par an, le 25 décembre et le 1er janvier.
Zibeline : Qui vient dans cette librairie, qui se
trouve en milieu rural… la population locale ?
Christine Rey: Il y a 10% de la population
de Banon, ce qui est peu, ce sont des lecteurs
de Forcalquier de Manosque, des personnes
en vacances, beaucoup d’allemands, d’anglais,
de suisses, de belges qui « font le plein » ; chez
eux le prix du livre est libre, et les ouvrages
sont inabordables… Les périodes de vacances
sont celles qui voient le plus de clients.
Est-il compliqué de gérer un fonds aussi
important ? De petites affichettes disposées
dans les différents lieux de la librairie prient
les lecteurs de replacer au même endroit les
ouvrages feuilletés…
Sans me compter, la librairie emploie onze
salariés, les étagères sont codées, et le personnel très compétent. On a dû beaucoup
trier, enlever ce qui faisait nombre mais n’était
pas pertinent, fait entrer 60 000 nouveautés,
travaillé sur la diversité des thèmes, apporté à
la librairie un nouveau fonctionnement, plus
littéraire. Nous présentons plus de 12 000
poches en littérature, mettant en avant nos
coups de cœur, et en effectuant une sélection
en fonction des publics.
Quelles sont les actions menées pour faire
venir les lecteurs ?
Dernièrement, pour le Printemps des Poètes,
nous avons lancé un appel à écriture de la part
de nos lecteurs, dans une démarche participative. Nous organisons aussi des concerts, sont
venus des groupes de jazz, des chorales, des
comédiens pour des lectures… Et puis il y a
les écrivains invités, on a une moyenne d’une
signature par mois. Dernièrement, nous avons
accueilli René Frégni, André Bucher. Le mois
prochain, le 10 avril, Alysa Morgon viendra
signer son dernier livre, Le Jardin des anges
(éditions Lucien Souny), puis le 23 avril ce
sera le tour d’Elisabeth Martinez-Bruncher…
N’oublions pas le 22 mai et la fameuse fête du
livre de Banon avec quinze auteurs invités…
Nous viendrons !
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI
15
À
l’occasion de l’exposition C’est quoi exactement un musée d’ethnologie ? , le fonds
Albert Blanc, laissé à Salagon dans les
années 80, avait été sorti des réserves. Parmi les
vêtements, émouvants par leurs moult rapiéçages, se trouvaient sept tabliers, uniques pièces
rappelant l’épouse anonyme de cet agriculteur
de Cereste. Nous l’avons baptisée Simone,
sourit la directrice du Musée Départemental
de Salagon, Isabelle Laban Dal-Canto, et
c’est l’un de ses tabliers qui vous accueille à
l’entrée de l’exposition Simone, Alexandra et
les autres… Sortons les femmes de l’ombre.
Épousant la structure multiple du lieu, entre
les bâtiments du prieuré médiéval, son église
romane et les jardins remarquables, l’exposition
regorge de surprises, depuis les aphorismes
populaires disséminés à l’extérieur, les Robes
d’Alice de Béatrice de Germay, figeant la
femme dans leurs plis de béton, aux œuvres
brodées du collectif de femmes Arroseur Art
osés et de Cécile Angèl(e). Les proverbes
en version bilingue, provençal/français, se
détachent sur les murs rouges, blancheur
faussement candide qui souligne leur effarant sexisme, « l’eau gâte le vin, la charrette
le chemin, la femme l’homme »…
Portraits majeurs
En face de ces dictons, des femmes-cloches
et des fesses de la Fanny des joyeux boulistes
(la femme est soit sotte, soit réifiée, objet
d’humiliation), quelques grandes figures de
femmes qui ont vécu en Provence : poète,
Lazarine de Manosque (1848-1899) qui,
férue de littérature, intégra le monde très fermé
et masculin du Félibrige ; écrivain, Maria
Borrély (1890-1963) enthousiasma Gide et
Giono ; peintre, Marie Caire (1860-1934),
artiste militante, s’intéresse à la représentation
de la figure humaine, on peut admirer dans
une autre salle sa Famille aux champs dont le
personnage central est une femme ; peintre
encore, et bergère, Aimée Castain (19172015) « conduit » ses tableaux, comme on dit
en Provence « conduire un troupeau » ; poète,
Lucienne Desnoues (1921-2004) tente de
« prolonger le furtif par l’écrit » ; orientaliste,
écrivain, exploratrice, Alexandra David-Néel
(1868-1969) fut la première femme européenne
à entrer à Lhassa au Tibet, sa maison à Digne
se visite toujours ; enfin, il semblait essentiel
de rendre hommage à l’ethnologue Germaine
Tillon (1907-2008)… Plus loin, discrète, dans
l’église, en écho aux jardins des simples du
prieuré, l’érudite botaniste Hildegarde de
Bingen (1098-1179) a récemment reçu le
titre de « Patronne des médecines douces ».
Et quotidien…
On suit aussi la femme dans les étapes de la
vie, à travers une émouvante collection d’objets : youpala d’osier tressé -il faut échapper
à l’animalité rampante ou à quatre pattes, et
chercher le plus tôt possible la verticalité-, cape
de baptême, berceau étroit, chapeau d’enfant,
matériel d’écolier, plumes, buvards, cahiers de
couture, marquette au point de croix, trousseau,
souvenir de communiante, robe de mariée, de
veuve… photographies et travaux d’aiguille,
mobilier évoquent silhouettes et traditions. Les
métiers, les travaux, les occupations, entre vie
sociale et vie intime se dessinent. On découvre
la femme à sa toilette (avec une œuvre de Marie
Caire), mais aussi en lavandière (bugadière),
dont la tâche harassante (ne nous attardons pas
à cette fameuse convivialité du lavoir décrite par
les observateurs masculins !) va être soulagée
par les premières lessiveuses en fer (1910)…
La mode fait son intrusion, de la tenue
provençale traditionnelle, ses fichus, ses coiffes,
ses jupes piquées et l’indispensable tablier, à la
tenue bourgeoise, les manches à gigot de la fin
du XIXe, les tenues longilignes des années 20,
mode à la garçonne, signe d’émancipation…
Couturières, coiffeuses, modistes, offrent leurs
collections (dons et prêts des familles Paul-Robion et Contet-Mérope), les instruments de leur
art, et même, dans le catalogue de l’exposition
vous livrent la « recette » pour fabriquer un
chapeau de feutre façon modiste…
La nouvelle exposition de Salagon, remarquablement documentée, met en lumière
avec finesse et humour la vie de cette moitié
de l’humanité qui, en France, a voté pour la
première fois en 1945.
MARYVONNE COLOMBANI
Simone, Alexandra et les autres…
Sortons les femmes de l’ombre
2 mars au 15 décembre
Salagon, Mane
04 92 75 70 50 musee-desalagon.com
Catalogue de l’exposition,
indispensable complément, 15€
Les âges de la femme. Anonyme. Impression en couleurs. Première moitié du XXe siècle.
Collection musée de Salagon © Maryvonne Colombani
16 événements
Alberto Giacometti, Portrait de Jean Genet, 1954-1955 Paris, Centre
Pompidou MNAM-CCI © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.
RMN-Grand Palais / Adam Rzepka © Succession Alberto Giacometti
(Fondation Alberto et Annette Giacometi, Paris / ADAGP, Paris) 2015
un marché aux plantes en accès libre, avec
les conseils de pépiniéristes spécialistes de
l’espace méditerranéen. Pour les enfants, des
formules « Explorateur en herbe » et « Histoires à croquer » sont prévues, avec goûter
en « éco-dégustation » à la clef. À noter : la
présence de structures écologistes telles que
les Colibris ne devrait pas faire oublier que le
Jardin des Migrations bénéficie du soutien de
la fondation Engie, ex GDF-Suez, qui ne brille
pas particulièrement par son engagement
environnemental...
Rencontres et conférences
Visite au MuCEM
Le Musée des Civilisations et de la Méditerranée côté jardin et côté cour
Nouveautés, visites
et spectacles
Tandis que Made in Algeria court jusqu’au
2 mai, une nouvelle exposition s’annonce au
MuCEM : le Fort Saint Jean accueille du 15
avril au 18 juillet le fruit d’un partenariat avec
l’Institut mémoires de l’édition contemporaine
(IMEC) : Jean Genet, l’échappée belle. Soit
un retour sur le parcours méditerranéen de
l’écrivain, qui de l’Espagne au Maroc, en
passant par l’Algérie et la Palestine, sillonna
passionnément les pays du sud.
Le 2 avril, le Train Bleu (manifestation culturelle ayant pour fil conducteur la ligne ferroviaire
de la Côte Bleue, voir p 18) fait étape au musée.
Une proposition d’Eva Doumbia produite par
le TNM La Criée, sous la forme d’une lecture
musicale. On entendra les textes de deux
romancières descendantes d’esclaves, voix
majeures de la littérature insulaire : Jamaïca
Kincaid et Fabienne Kanor.
Les 4 et 7 avril, cap sur le fort ! Une visitejeu est prévue pour les 7-12 ans, invités à se
glisser dans la peau des premiers occupants
du Fort Saint Jean : les Templiers, le Roi René,
les soldats et armateurs marseillais... Et les
9 et 10, c’est la Fête des plantes ! La nature
s’éveille au Jardin des Migrations, ses concepteurs proposent de dévoiler les secrets de
cette collection botanique vivante lors d’une
visite-découverte. Tout le week-end se tiendra
Le rythme des rencontres et conférences
se ralentit nettement avec l’approche des
beaux jours.
Toutefois, le 31 mars et le 14 avril, l’Institut
Méditerranéen des Métiers du Patrimoine poursuit son séminaire consacré à
La fabrique des images dans les mondes
arabe et musulman contemporains (sur inscription : [email protected]). Dans le cadre
de la Fête des plantes, le naturaliste Olivier
Filippi présentera lors d’une conférence ses
stratégies pour un jardin sans arrosage (le
10 avril à 17h, Auditorium Germaine Tillion).
Le réchauffement climatique s’intensifiant,
il va bien falloir s’adapter aux épisodes de
sécheresse extrême qui se profilent, et les
garrigues méditerranéennes, économes en
eau, sont une bonne source d’inspiration...
Enfin le 18 avril, Michel Pezet retracera la
légende et les funérailles de Gaston Defferre,
enterré le 12 mai 1986 en présence de François
Mitterrand et d’une foule immense. N’oublions
pas que l’ancien Maire de Marseille était
aussi le dernier homme politique français
à avoir disputé un duel, ce qui dénote un
certain panache ; une qualité de moins en
moins requise de nos jours. C’est Emmanuel
Laurentin qui animera la rencontre, intégrée
au cycle Le temps des archives.
GAËLLE CLOAREC
Retrouvez comme chaque mois sur notre
Webradio Comme au MuCEM, une émission
sous forme de traversée, consacrée aux temps
forts, découvertes et coulisses du Musée des
Civilisations d’Europe et de Méditerranée.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Printemps
de la
Francophonie
L
ROCCO
EMIO GRECO
PIETER C SCHOLTEN
a 4 édition du Printemps de la Francophonie a lieu à Marseille depuis le 12 mars, et jusqu’au 30 avril. Contes, lectures,
performances, ateliers d’écriture, tout un programme est prévu
sur le territoire afin de célébrer « le goût des mots et l’amour des
langues ». Si la « mise en bouche » du festival Avec le temps
a connu une réussite autant publique qu’artistique, la journée
d’ouverture à la Criée a vu se succéder un débat, un concert et
des propositions participatives issues d’ateliers de qualité très
diverse, et souvent très mal exposées. Un résultat peu étonnant, au
21, 22, 23 AVRIL 2016
vu de la nature de ce Printemps organisé par la Ville de Marseille :
AU BALLET NATIONAL
il s’agit de fédérer les propositions d’associations culturelles
DE MARSEILLE
et sociales de toute nature, amateures ou professionnelles,
fabriquées pour l’occasion ou venant opportunément s’ajouter
au catalogue. Mais on se réjouit de l’ouverture à « toutes les
RÉSA 04 91 327 327
langues françaises » qui permet d’échapper à la défense souvent
néocoloniale d’une Francophonie tournée vers l’ancien Empire
d’une langue imposée, et méprisante des trésors de langue qui
SCÈNE CONVENTIONNÉE
2 place Henri Verneuil
se créent loin des centres bourgeois, ou parisiens.
ZIBELINE.indd 1
29/02/20
POUR LES EXPRESSIONS
T H É Â T R E
13002 Marseille
CONTEMPORAINES
04 91 90 74 28
On retiendra donc particulièrement certaines dates, pour leur
J O L I E T T E
saison III
[email protected]
2015-2016
M i n o T E R i E
pertinence ou leur originalité : ainsi, le 26 mars, une plongée dans
www.theatrejoliette.fr
er
l’univers de Bobby Lapointe au Non-Lieu, qui se poursuivra le 1
avril par un concert à La Maison du chant. Le 30 mars à la BMVR
Alcazar, après la projection du film d’Isabelle Boni-Claverie
21 AU 23 AVRIL
Trop noire pour être française, aura lieu une table ronde sur
l’identité noire au féminin avec la réalisatrice, Maryse Condé
LE CAS bLANCHE-NEIgE
Howard barker / Carole Errante
et Eva Doumbia. Du 4 au 15 avril, les habitants de la Verrerie
Cie La Criatura
rédigeront le glossaire de leur quartier, tandis que les 12 et 13
[création]
l’association Ancrages propose une balade patrimoniale sur
les traces des écrivains et chanteurs marseillais.
Mais c’est surtout autour des dix mots choisis cette année par
La metteure en scène Carole Errante fait un surprenant et singulier pari. articuler
la Semaine de la langue française que va s’articuler une grande
les mots violents et à forte puissance poétique du dramaturge britannique Howard
partie de la sélection : entre « vigousse », « ristrette » et « chafouin »,
Barker, dans sa réécriture crue et cruelle du conte de Blanche-neige, à l’univers
exubérant, sensuel et potentiellement inquiétant du music hall...
c’est notre « fada » qui a été sélectionné ! Le 9 avril par exemple,
on pourra suivre la conteuse malentendante Patricia Mazoyer
dans son jonglage linguistique avec ces dix mots en langue des
28 & 29 AVRIL
signes. Et sur toute la période, retrouver les expositions Dis-moi
dix mots à la Bibliothèque de la Grognarde, au Merlan ou encore
NO wORLd/FPLL
au Centre Social Mer et Collines.
©Alwin Poiana
e
GAËLLE CLOAREC ET AGNÈS FRESCHEL
Printemps de la Francophonie
jusqu’au 30 avril
culture.marseille.fr/actualites/marseille-celebre-la-francophonie
Ruth Rosenthal / Xavier Klaine
winter Family
« Célébrons le simulacre ! » L’injonction sonne comme un défi pour un spectacle
de théâtre documentaire. sur le plateau, trois performers et un conférencier
nous plongent au coeur du flot incessant des images et des mots qui saturent nos
quotidiens hyperconnectés.
www.theatrejoliette.fr
18 événements
Un petit
voyage
en Orient
A
près le Chili, l’Italie, les USA, l’Espagne
et la Scandinavie, c’est à un voyage vers
le Moyen-Orient que nous convient Les
Escapades Littéraires. La 6e édition de la
manifestation, qui se déroulera à Draguignan
du 22 au 24 avril, mettra cette année le Liban
à l’honneur. Un long weekend de printemps
pour découvrir un pays « dilué dans sa pluralité
et dans la convoitise des autres », ainsi que
l’a écrit la poétesse Hyam Yared. Et comme
le souligne l’association Libraires du Sud, en
charge -avec le soutien actif de la municipalité- de l’organisation du festival : « Au-delà
du simple instantané de l’actualité artistique
libanaise, c’est plus largement d’un état des
lieux de la situation dans le monde arabe
qu’il sera question. » Vaste programme…
que trois jours ne suffiront sans doute pas à
épuiser, mais que les nombreux événements
proposés devraient permettre d’aborder selon
des perspectives variées et toujours dans le
plaisir des rencontres et de l’échange.
Un festival porté par
les structures et
les acteurs locaux…
Toute la ville se mobilise chaque année pour les
Escapades Littéraires, mettant à disposition le
superbe écrin de la Chapelle de l’Observance et
le pôle culturel Chabran. Le cinéma CGR sera
également investi cette année par l’association
Entretoiles, qui programmera Peur de rien
de Danielle Arbid et Chaque jour est une
Dessin-carte postale fait pour Zibeline par Zeina Abirached en 2013
© Zeina Abirached-tous droits réservés
fête de Dima El-Horr. Quant aux libraires,
ils seront là bien sûr : la librairie toulonnaise
Contrebandes, ainsi que les dracénoises Lo
Païs et Papiers Collés proposeront leurs
tables bien achalandées, leurs conseils avisés
et des séances de dédicaces toujours très
appréciées des lecteurs.
… et résolument tourné
vers l’ailleurs
C’est là l’originalité de la manifestation : mettre
l’accent sur un pays étranger, sur sa culture,
sa littérature. Pour inciter à de nouveaux
regards, à d’autres entrées que celles des
grands médias. Le Liban donc cette année. Un
pays que beaucoup croient connaître, la crise
des migrants l’ayant à nouveau mis récemment
sous les projecteurs de l’info.
Un pays en réalité souvent
perçu à travers le prisme d’un
orientalisme désuet. Les Escapades entendent donner à voir
et à lire le Liban d’aujourd’hui
dans sa complexité. C’est
pourquoi les formes seront
variées : rencontres croisées,
petits déjeuners littéraires,
grands entretiens, ateliers,
expositions… Et les invités
très divers. Au rayon BD on
retrouvera avec plaisir Zeina
Abirached et son Piano oriental ; on découvrira également
le jeune Joseph Safieddine.
Les romanciers Charif Majdalani, Rachid El-Daïf et
Georgie Makhlouf ont aussi
répondu présent, de même
que la romancière et poétesse
féministe Hyam Yared. Il y
aura en outre des rencontres
passionnantes avec des chercheurs, des traducteurs, des
universitaires : Mathilde Chèvre (éditrice
marseillaise, spécialiste de la littérature
jeunesse dans les pays arabes), Bruno Barmaki, Yves Gonzalez-Quijano, Farouk
Mardam-Bey (auquel on doit une importante
anthologie de la poésie arabe contemporaine,
publiée chez Actes Sud). Et une exposition
des photographies de Serge Najjar, Beyrouth
entre les lignes. Et des ateliers, de contes,
d’arts visuels… Comme chaque année, une
belle variété de propositions. Et de nombreux
temps forts en perspective.
FRED ROBERT
Escapades littéraires
du 22 au 24 avril
Divers lieux, Draguignan
librairie-paca.com
Aix capitale de la BD
P
lus de cinquante auteurs internationaux
invités, dix lieux, treize expos, dix créations, un week-end BD de trois jours et deux
mois d’expositions… les Rencontres du
neuvième art investissent la ville d’Aixen-Provence entre musées, galeries, écoles
d’art, Office de Tourisme (structure organisatrice), boutiques, bibliothèques, et jouent
sur trois fronts, « culturel, économique et
citoyen », souligne Maryse Joissains, maire
de la Ville. Il y a d’indéniables retombées
économiques, un effort environnemental,
une volonté de rendre cette manifestation
populaire et démocratique : l’ensemble des
évènements liés aux Rencontres est gratuit,
les publics scolaires participent à la fête avec
de nombreuses activités. Des ateliers seront
offerts à tous -BD, peinture à l’eau, Street art
prolongeant celui d’Alëxone et Niark1, le
Mur à dessins de Brecht Evens ou celui de
Vincent Mathieu consacré à Bobby Dollar.
Cette année encore, qualité et éclectisme sont
indéniablement au rendez-vous ! « 90% des
propositions sont des créations » sourit Serge
Darpeix, directeur artistique et technique des
Rencontres, et plus de trois cents titres seront
présentés lors des signatures ou des discussions publiques. L’originalité de ce festival
tient aussi au fait que tout est scénographié,
pensé, en concertation directe avec les artistes
dont l’œuvre fait l’objet d’une exposition,
dessinant une approche illustrant à la fois
l’esthétique et les thèmes abordés. On sera
19
Fumiers © Philippe Savoir
Un itinéraire
côtier et artistique
L
e Train Bleu reprend du service pour la
deuxième année consécutive sur la ligne
mythique de la Côte Bleue ! Et parce que la
manifestation a connu l’année dernière un
beau succès, le trajet s’en trouve rallongé, de
quelques gares et quelques jours. Proposé par
Les Salins (Martigues), La Criée (Marseille),
L’Olivier (Istres), La Colonne (Miramas), Le
Sémaphore (Port-de-Bouc), Le Cadran (Ensuès),
le Théâtre-Joliette-Minoterie (Marseille) et le
collège Matraja (Sausset-les-Pins), ce projet
artistique itinérant s’allie avec le train de la
Côte Bleue et les réseaux de bus pour vous
faire découvrir le territoire et des spectacles
dans chacun des théâtres ou en extérieur.
Début des réjouissances le 29 mars à 19h à
Sausset, au collège Matraja, avec Tchatchades
folies de François Tosquelles, une réflexion
en forme de clin d’œil sur l’enfermement à
laquelle participent des professeurs et élèves
du collège, suivi à 21h aux Salins de Fumiers
de Thomas Blanchard, librement adapté
sensibles à la finesse des Cabanes de Nylso ;
à la palette colorée de Brecht Evens et son
Meilleur des mondes (il est aussi le graphiste
du Festival d’Art Lyrique) ; on découvrira
un Rembrandt truculent (Typex) ; l’univers
rétro entre Hitchcock et Edward Hopper de
Jean-Claude Göttin ; la fausse innocence
de Guillaumit et ses personnages légo ;
Cédric Fernandez et les premiers vols de
Saint-Exupéry ; l’étonnante architecture de
FranDisco imaginée par Thierry Van Hasselt
du film éponyme de la fameuse émission
Strip Tease. Le 31, après un concert du Nine
Spirit Brass Band, le Cadran, à Ensuès,
reçoit les chorégraphes Léa Canu Ginoux,
Geneviève Sorin et Gatinho Angola pour
des Liaisons ternaires qui donnent à voir trois
temps dansés, reliés par des fils d’histoire
d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le 1er avril
direction Port-de-Bouc avec un concert de
Jean-Jacques Lion à la gare à 19h, puis à
20h au Sémaphore pour l’histoire burlesque
et musicale Sit Ozfars Wysr que mettent en
scène Jeanne Béziers (Macompagnie) et
Mike Solomon (Ensemble 101) ; la soirée se
termine à Martigues, au cinéma Jean Renoir,
où le duo Ildi ! Eldi revisite la saga culte Alien
à sa manière… jubilatoire ! Grosse journée le
2, qui commence dès 13h15 à Marseille, au
théâtre Joliette-Minoterie, avec Notre Petit
théâtre de bouche ou comment Renaud
Marie Leblanc et sa Cie Didascalies and
Co revisitent Phèdre de Racine en 20 minutes
d’un théâtre accéléré et débridé ; la Cie La
Part du Pauvre/Nana Triban prend la relève
avec une visite des collections de la Vieille
Charité à 15h, suivie de deux spectacles d’Eva
Doumbia : au MuCEM à 16h30 Insulaires,
trois monologues de trois auteures majeurs
-Yanick Lahens, Jamaïca Kincaid, Fabienne
Kanor- qui racontent trois moment de l’histoire
des Antilles, et à 18h à La Criée Ségou et La Vie
sans fard à partir de l’œuvre de Maryse Condé
(voir p 32) ; c’est un bus qui vous conduira à
Istres (et vous ramènera à Marseille après !),
à l’Olivier, pour assister à 20h30 à Ali 74 le
combat du siècle de Nicolas Bonneau, cinéconcert rock agrémenté d’images d’archives
passionnantes sur ce combat épique qui fit se
et Marcel Schmitz ; l’art kaléidoscopique
d’Arnaud Lourmeau ; l’étrange et onirique
récit d’espionnage de Léo Quiévreux ; le
curieux inventaire d’Anouk Ricard ou le
délirant et inquiétant monde Méroll…Une
13e édition pour nous rendre tous amoureux
des bulles.
MARYVONNE COLOMBANI
confronter sur le ring Mohamed Ali et George
Foreman. Dernier jour et dernier parcours qui
commence dans l’anse d’Ensuès avec le
Chœur multiculturel Ibn Zaydoun et une
lecture de textes de Blaise Cendrars par les
comédiens de l’ERAC (à 13h) ; puis, après un
pique nique bien mérité, et un court voyage
jusqu’à Miramas, il sera temps d’écouter
l’ensemble baroque Café Zimmermann
qui jouera trois œuvres de Mozart avec une
grande virtuosité.
À noter que pour les participants du Train
Bleu, 400 cartes Zou valables pour une
famille de quatre personnes sont offertes
par la Région (coupon à récupérer dans les
théâtres partenaires).
DOMINIQUE MARÇON
Le Train Bleu
29 mars au 3 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com
Le cadran, Ensuès
04 42 44 88 88 mairie-ensues.fr
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr
Rencontres du 9e art
Week-end BD
1er, 2 & 3 avril
Cité du Livre, Aix-en-Provence
Expositions
Avril-mai
Office de tourisme d’Aix-en-Provence
04 42 16 11 61 aixenprovencetourism.com
20 critiques spectacles
Misanthropes sans Molière
epuis plusieurs années Alexis Moati et
sa troupe revisitent avec un grand bonheur
notre mémoire classique, pour en montrer les
rouages, l’actualité, la pertinence intemporelle
des conflits exposés. Leur Malade Imaginaire
était explosif, leur Avare épatant. On y voyait
comme une évidence les intentions de Molière,
que des siècles d’interprétation avaient mis
à distance de notre perception : la force de la
dénonciation de la gérontocratie, et l’apologie
de la force vitale de la jeunesse.
Leur Misanthrope(s) procède du même désir,
et repose sur les mêmes atouts : une bande
de comédiens brillants, très bien dirigés,
s’adressant directement au public avec une
belle complicité ; la jeunesse assumée des
personnages, Alceste et Célimène en tête, et
leur dégoût pour la société hypocrite qu’on leur
propose ; la volonté de décrypter ce qui, sous
les alexandrins, nous parle aujourd’hui de nous.
Mais cette fois-ci la distance avec le texte est
trop grande : la langue de Molière disparaît
sous un fatras de confessions misanthropiques :
celle d’une Célimène trop désirable qui prend
son pied à provoquer le désir et se plaint
d’être trop belle ; celle insipide, ennuyeuse,
d’un gars qui ne sait pas être bien avec les
© Matthieu Wassik
D
autres ; puis des coups de colères d’Alceste
(oui oui, c’est bien un atrabilaire amoureux...),
quelques mauvaises idées, quelques meilleures, mais trop de moments où on perd le
fil de Molière au profit d’un tissu mal taillé,
qui escamote la magie d’une langue pour
des clichés contemporains.
Dommage se dit-on, mais avec quelques
coupes, et un autre équilibre entre le texte
et ces excroissances, on pourra retrouver la
magie des autres Molière de Vol Plané. Après
tout, une création, ça murit, surtout lorsqu’on
tourne autant que cette compagnie !
AGNÈS FRESCHEL
Misanthrope(s),
mis en scène par Alexis Moati
et Pierre Laneyrie,
a été créé à La criée, Marseille,
du 27 février au 5 mars
Enfin la cruauté
ne fois de plus le Théâtre de la
Joliette a placé dans le mille en
programmant Schitz, produit par
KVS. La pièce de Hanokh Levin
est drôle et cruelle, décrivant à
grand renfort de caricature une
famille qui ne pense qu’à manger et à accumuler les richesses.
Comme dans un conte de fée la
fille veut se marier, et trouve
chaussure à son pied, qu’elle a
énorme, dans la personne d’un anti
prince charmant, jeune homme
cynique qui l’épouse clairement
pour la fortune de son père, et
cherche d’ailleurs à le tuer. Mais celui-ci a
la peau résistante...
La mise en scène de David Strosberg,
minimale dans ses moyens (trois chaises,
et l’essentiel est dit face public), s’avère
maximaliste dans sa débauche tapageuse de
couleurs criardes, de jeu outré, de postiche. On
crache, on se bat, on s’insulte, les répliques de
bête et cruelle touche juste. D’une
avidité à toute épreuve, sans sentiments, sans désir sinon que de
satisfaction immédiate et de possession sans limite, des velléités
de petits bourgeois conformistes
les guident pourtant, le mariage,
les petits-enfants, l’Amérique, les
voyages... Mais seul le meurtre et
la guerre surviendront : la pièce
est écrite pendant la Guerre des 6
jours (Israël y tripla son territoire
en une semaine), et la volonté
d’expansion est aussi symbolique :
l’énorme embonpoint cumulé des
parents a fabriqué des monstres sans morale,
aux corps insatiables...
© Danny Willems
U
haine sont échangées dans une bonne humeur
monstrueuse... Les acteurs, extraordinaires de
précision, ne reculent jamais devant leur propre
ridicule. Affublés de postiches grossissants,
ils s’inventent chacun des voix hallucinées
et s’empoignent pour se tuer ou s’accoupler,
dansent, chantent... C’est constamment drôle,
et la caricature d’une bourgeoisie parvenue
A.F.
Schitz
a été joué au Théâtre Joliette-Minoterie,
Marseille, du 25 au 27 février
21
Label au bois Merlan
a scène Nationale du Merlan semble se
réveiller d’une longue nuit. On y a découvert
ces dernières années de très grands artistes,
mais ce qui s’y passe aujourd’hui, depuis
l’arrivée à la direction de Francesca Poloniato,
relève d’un autre projet, profondément ancré
dans le territoire, mais intéressant toute la ville.
Et, au-delà, ce travail semble un laboratoire,
vivant et joyeux, de ce que peut faire une
scène possédant un label national dans une
banlieue gagnée par le FN, et rongée par la
pauvreté.
La prochaine saison s’y prépare, avec les
7 artistes de la Bande, ceux de la Ruche, et
ces termes ont du sens tant la démarche
collective est en un an devenue une évidence.
Nathalie Pernette, interrogée sur son propre
travail au sein de la Bande, répond au nom
de tous, disant que « le projet de Francesca
est bel et bien en route », que « le lien avec le
quartier s’affirme dans le partage », et que la
saison prochaine promet « des formes pointues, d’autres tout public, jeune public »…
et qu’elle même entame un travail avec une
classe de collège pour sa prochaine création,
un autre avec des personnes âgées dont elle
veut recueillir l’expérience... Le hall et la salle
sont pleins avant le spectacle, et longtemps
après le public reste, parle, échange, jeunes et
© Pierre Grosbois
L
adultes ensemble, venus de tous les horizons
marseillais.
Car le soir du 16 mars, les artistes de la Bande
et de la Ruche sont présents. Le matin ils ont
partagé leurs idées avec tout le personnel,
les associant à leurs projets. Bientôt la saison
va être rendue publique... En attendant on
assiste à un spectacle de Pauline Bureau,
Dormir cent ans. L’auteur metteur en scène
y parle de l’adolescence, de cet âge où les
corps se transforment, où les parents agacent,
ne comprennent rien, où on s’éloigne. Théo,
solitaire, noue un dialogue avec un crapaud
imaginaire, tandis qu’Aurore compte ses pas,
ses bouchées, ses mots... Enfermés chacun
dans sa bulle ils se rejoindront grâce au rêve,
dans lesquels ils vaincront leur terreur des
tigres et leur incapacité à pleurer... La fable est
poétique, les vidéos du rêve et la scénographie
souvent magiques, et la salle est embarquée
dans ce voyage initiatique même si les deux
adolescents, joués par deux jeunes femmes
adultes, ne sont pas toujours convaincants : la
rencontre amoureuse, timide, manque vraiment
de chair et de désir. Mais on croise le lapin
d’Alice, les parents dansent le tcha-tcha, le
crapaud disparaît dans le frigo et le tigre est
si fascinant !
AGNÈS FRESCHEL
Dormir cent ans a été joué
au théâtre du Merlan, Marseille,
du 16 au 18 mars
À venir
23 avril
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
Au cœur amer
et vif de la jeunesse
D
© Olivier Quéro
ans le cadre de L’Atelier des Écritures
Contemporaines mis en place par l’ERAC
pour la formation des acteurs, Renaud-Marie
Leblanc a pris à bras le corps le texte de
l’auteur suédois Jonas Hassen Khemiri,
et en a proposé une version magistralement
rythmée sur un plateau pratiquement nu.
Sept comédiens en 2e année de formation
se présentent pour la première fois de leur
cursus face au public, et chacun d’entre eux
a une énergie folle, et un vrai talent.
L’auteur, inédit en France, propose une analyse
économique de notre société en mettant en
jeu le profit et l’exploitation, et en s’appuyant
sur les thèses économiques qui ont rationalisé
le capitalisme. Ainsi est-il question de l’UX,
coefficient de la valeur du divertissement
attendu par l’utilisateur, qui permet d’apprécier
la rentabilité d’une entreprise ou d’une expérience -un spectacle de théâtre par exemple.
Les situations sont celles d’un quotidien sordide : le SDF est violenté, le couple pauvre
se sépare, le Pôle emploi n’a rien à offrir, les
diplômes ne servent à rien, la vendeuse fauche
dans la caisse... On rit des démonstrations
de l’auteur et des trouvailles de la mise en
scène. Certains personnages sont déplacés
à travers le plateau, juchés sur des disques à
roulettes, comme sur des autos-tamponneuses
ou des sièges éjectables ; un petit entracte avec
barres chocolatées propose une illustration
de la thèse de satisfaction ; une chanson sur
la culture bio utilise la ritournelle de Peau
d’âne... Du point de vue du spectateur c’est
indubitablement un spectacle dont l’UX est
très élevé ! D’autant qu’il permet de découvrir
un auteur suédois remarquable, à l’écriture
dramaturgique efficace, qui livre un point
de vue à la fois désespéré et drôle sur les
impasses dans lesquelles nos sociétés acculent
les jeunes. Les comédiens de l’ERAC ont
choisi ce texte avec un grand discernement,
et l’incarnent sans rechigner, en donnant
beaucoup d’eux-mêmes, avec une grande
maturité et beaucoup de technique : une belle
génération d’acteurs se profile...
CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL
Presque égal à s’est joué du 14 au 16 mars
à l’IMMS à la Friche-Belle de mai, Marseille
Le texte provient du premier jet de
traduction de Marianne Ségol-Samoy
et sera publié aux éditions Théâtrales
22 critiques
© fmprovensal
Viva la putrefaccion ! T
roisième invitée du cycle de spectacles
Objets Déplacés initié au MuCEM, Angelica
Liddell dans un splendide discours de derrière
les tombeaux sublime le pourrissement…
« Je veux la roue, la coiffe et le pain ! » voilà
les objets que la terrible performeuse espagnole avait décidé spontanément de sortir
du Centre de conservation pour répondre
à l’insolite protocole : un artiste choisit un
objet, le dépose ailleurs et crée autour de son
geste un moment scénique forcément inédit.
La règle du jeu est simple et Angelica Liddell
s’y est bien sagement conformée dans un
premier temps, désarmant ainsi les attentes
du public qui se retrouve assis comme au
théâtre face à une actrice sobrement vêtue,
quasi-doublure de l’auteure, serrant dévotement un exemplaire des Métamorphoses
d’Ovide ; Victoria Aime, superbe jusqu’à
son effacement définitif, monologue à vive
allure entre les pieds troués du Christ Mort
de Mantegna, flanquée d’une perceuse et
de gants blancs au repos sur une caisse
sépulcrale. Mais c’est dans le rebours, la
récusation-accusation-éructation (« où est
l’animal mort que j’avais demandé ?» et le
démenti formel des premières apparences que
jaillit la force d’un texte qui pulvérise l’idée
même de conservation muséographique et les
fondements sinon les fondations du MuCEM
rebaptisé -merci la traductrice- Musée de la
Mémoire Gourde !
De l’haleine fétide du gardien à la langue
grouillante de vers jusqu’aux débris de pacotille
qui aspirent à l’exactitude de la classification
et aux déjections amoncelées, la visite guidée
des réserves prend des allures dantesques ; le
récit, épopée infernale et démesurée, alterne
invective cosmique (les rats marseillais et
le Tonic Hôtel sont des motifs récurrents de
ce vaste tour de « l’inépuisable laideur ») et
percées métaphysiques (« Dieu vous punira »).
Vanité et vacuité de la conservation muséale
face à la décomposition du vivant, force de
suggestion de la charogne (Baudelaire revisité
par le scalpel de l’œil andalou) qui ouvre les
portes des gouffres intérieurs, réflexion sur les
sources effroyables du Beau El Orgullo de la
Nada, « L’Orgueil du Rien », touche, avec son
langage dégoupillé traversé de ricanements,
à l’éternité de la poésie. Lorsque l’actrice sort
de scène pour ne plus y revenir et que les
images de corps dépecés à la morgue (film
expérimental réalisé dans les 70’ par Stan
Brakhage) occupent inutilement et naïvement
toute la place de manière redondante on se
prend à espérer qu’il restera quelques éclats
de ce rien dans notre mémoire gourde.
MARIE JO DHO
El Orgullo de la Nada a été créé au
MuCEM, Marseille, les 4 et 5 mars
U
lysse est un clown un peu inadapté comme
le sont souvent les clowns, avec ce regard
neuf et étonné sur le monde dont ils ne
connaissent pas les codes. Sa Pénélope se
nomme Jeanne et il l’a vue brandissant un
drapeau rouge lors d’une manifestation des
travailleurs. Cendrillon moderne, « emportée par
la foule », elle y a perdu sa chaussure. Ulysse
la ramasse et interroge les spectateurs. Que
faire pour offrir des cadeaux à sa belle ? Il faut
travailler, lui dit-on. Alors il va s’y mettre et
signe un contrat de son sang, mais enrage
de n’avoir pas d’augmentation. L’intrigue
est simple. Évidemment Ulysse ne retrouve
pas Jeanne et repart avec son drapeau. Le
comédien, Francis Lebarbier, joue avec
talent, occupe parfaitement le plateau dans une
mise en scène de Marie-Claude Morland.
© Nilo Pardo Garcia
Pour l’amour d’une belle
On apprécie le beau travail vocal basé sur
la lenteur et les borborygmes qui laissent
savamment deviner parfois les mots. Cependant des textes émergent aussi, empruntés à
Pasternak, aux chansons de Piaf ou de Brel.
Chansons d’amour, chansons d’espoir. L’amour
est-il encore possible dans une société qui
ne donne pas les moyens de vivre ? La Cie
Malapeste est une société coopérative
ouvrière de production basée à Niort, qui
s’intéresse au clown sous toutes ses facettes.
CHRIS BOURGUE
Ce spectacle s’est donné à La Friche
du Panier, Marseille, les 18 et 19
mars, dans le cadre de la 3e édition
des Voyages en solitaires qui se tient
jusqu’au 2 avril au Théâtre de Lenche
SAISON 15/16
T G S TA N
& DE KOE
© Cordula Treml
MY DINNER WITH ANDRÉ
Illusions et
vieilles dentelles
26 > 29 / 04
©
AVRIL 2016
est où la scène ? Y aura de la musique ? On entre par les loges ?
On pourra sortir pendant ? Paroles saisies au vol, injonction
technique piquante ou paniquante… la répétition publique du
Barocco des Nono a fait le plein le 12 mars et le public fébrile,
chaleureux, curieux n’a pas manqué de manifester sa satisfaction
avant d’aller se restaurer ! « 10 jours de répétition, encore un an
pour aboutir, 60% du spectacle mis en place » précise le metteur
en scène Serge Noyelle et donc du travail en perspective pour
faire bouger les horizons. Gros chantier (17 artistes, européens
comme le baroque) ouvert par tranches successives car tout est fait
maison, paroles, musique, costumes, jeux d’ombre et clair obscur ;
on appelle ça création originale : rien à dire puisque la vie est un
(men)songe et le théâtre un présent renouvelé.
Le projet est ambitieux et très spectaculaire : l’espace scénique tout
en long, spectateurs de part et d’autre, musiciens à un bout et en
face une mystérieuse figure du pouvoir déchu, homme (libertin ?)
tantôt décharné tantôt en majesté, roi nu ou pape drapé dans sa cape
pourpre vers qui tout converge, regards qui percent les brouillards
bleus et processions lentes de danseurs-chanteurs somptueusement
parés et maquillés (les costumes magnifiques foisonnent de blancs
assemblés avec des matières disparates). C’est à un jugement
dernier ou à une revue des troupes humaines que semblent nous
convier les cortèges qui constituent l’essentiel de la chorégraphie
tout en cercles ou en diagonales totalement maitrisés : une vieille
femme en noir (Marion Coutris) va et vient doucement en lançant
de terribles paroles pas toujours intelligibles ; on y entend la mort,
le sexe, l’amour et quelques grandiloquences ; les parties chantées
sont fluides et âpres à la fois comme la musique qui ne lâche pas
où dominent accordéon et clarinette, où flottent des fragments
d’airs connus ; après tout il y a du revenant là-aussi !
Le spectacle fait la démonstration que « notre monde remue sans
bouger » et que l’esthétique baroque réinventée n’a pas dit son
dernier mot.
TIM WOUNTERS
C’
2016
t arif s : 15 / 10 / 5 / 3 €
T HÉÂ T RE
DU MARDI 26 AU VENDREDI 29 AVRIL 2016
MY DINNER
WITH ANDRÉ
TG STAN & DE KOE
Drôles et irrévérencieux, les tg STAN bousculent les
codes du théâtre depuis plus de 25 ans. Pour le Merlan,
ils remettent le couvert avec une adaptation du film
éponyme de Louis Malle, un spectacle devenu culte.
Une performance en temps réel servie par deux acteurs
truculents, à consommer sans modération !
« My Dinner with André provoque un vrai bonheur,
tant il sait allier le cabotinage à la virtuosité,
l’esprit du cabaret et la finesse de la liberté,
la contrainte et l’improvisation. »
Le Monde
SAISON 15/16
MARIE JO DHO
La répétition publique de Barocco
a eu lieu au théâtre Nono, Marseille,
le 12 mars
duré e ± 3h30
24 critiques spectacles
© Laurent Philippe.
Contact interrompu
O
n avait tant aimé voir Philippe Decouflé
revenir sur trente ans de créations tumultueuses, avec son Panorama ! On était sorti
ébloui, et les mains douloureuses d’avoir
applaudi les talentueux artistes de la Compagnie DCA (Diversité, Camaraderie, Agilité).
Sur son dernier opus, Contact, Decouflé fait du
Decouflé... en moins bien. Et pourtant tous les
ingrédients sont là, qui nous ont si longtemps
séduits : une pointe prononcée de cirque sur un
léger tapis de danse, de l’humour en veux-tu
en voilà, une bande originale soignée... Mais
c’est ainsi, l’esprit farfelu des débuts sent la
redite, la magie ne prend pas ou à peine, la
chaleur humaine, un brin forcée, ne parvient
pas à réchauffer la salle.
Il est vrai que la fantaisie du chorégraphe ne
s’est pas plantée en terrain favorable : le mythe
de Faust, les tourments du savant pactisant
avec le diable, les tension qui naissent entre
une science vaine, une religion absurde, les
écueils de la sensualité et les illusions de
l’art, rien de tout cela n’est très propice à
une comédie musicale enlevée. On espère
que ses prochaines productions retrouveront
le sel de ses précédentes œuvres, d’autant
que ses interprètes n’ont rien perdu de leur
fougue, et que visuellement, les tableaux qu’il
compose sont toujours époustouflants.
GAËLLE CLOAREC
Contact était programmé
du 25 au 28 février au GTP, à Aix,
et du 10 au 12 mars au Théâtre Les Salins,
à Martigues
L’art du sable
A
des tourtereaux. De sa gestuelle de danseur,
le dessinateur, béat, et sans parole, bâtit (et
abat) ses châteaux de douceur en d’infinies
variations, orchestre le livre de ses souvenirs
de voyages qui pourrait filer et se renouveler
sans discontinuer… C’est le seul petit bémol
qui enraye cette si délicate machine à fabriquer
des images, un manque de réelle dramaturgie
qui finit par laisser s’envoler la magie initiale
© Delphine Michelangeli
vec la pièce jeune public Rêves de sable
qui vit une belle tournée cette saison, le
plasticien-marionnettiste Borja Gonzáles
et la compagnie catalane Ytuquepintas
soufflent un vent de créativité sur l’imaginaire
collectif à partir d’éphémères petits grains
de sable…
En ouverture, une marionnette géante trace
sur un tableau noir un chapiteau rudimentaire. Son rêve de cirque. Il cède la place
à son double animé, petit personnage de
sable que dessine comme par magie et en
direct l’illustrateur très doué, sur une table
de verre rétro-projetée sur écran géant. Place
au spectacle ! En mouvements perpétuels,
les paysages éphémères défilent au fil de la
musique jouée par un pianiste d’ambiance,
et nous font presque penser au télécran
de notre enfance… sauf qu’ils semblent
fabriqués avec une facilité déconcertante,
prenant forme d’un coup de pouce, du plat de
la main ou au creux des poings, et s’effacent
d’un seul souffle. Les rencontres s’égrainent,
le petit bonhomme grandit, trouve l’amour
(sous le pont d’Avignon, l’artiste, facétieux,
s’adapte), le temps passe, le moindre grain
saupoudré prend vie, donne le rose aux joues
de la contemplation. Mais, heureusement, ce
marchand de sable en puissance accroche
aussi des sourires aux lèvres…
DELPHINE MICHELANGELI
Rêves de sable s’est joué le 4 mars
à l’Auditorium Jean Moulin, au Thor,
le 2 mars au Théâtre Comoedia,
à Aubagne, et le 1er mars à
l’Alpillum, à Saint-Rémy
25
Six ans déjà
© Karl Pouillot
F
idèle à son noble dessein, le Festival Présences Féminines a essaimé à travers le
territoire de Toulon Provence Méditerranée.
Pour son concert d’ouverture le 15 Mars au
Foyer Campra de l’Opéra, cheminement historique du clavecin au piano à travers leur
usage chez les femmes interprètes comme
compositrices, le propos musical ouvertement
chronologique était accompagné d’une mise en
espace théâtrale un peu caricaturale mettant
en évidence l’évolution du machisme de la
société au fil des siècles. Ces pastilles verbales
privaient malheureusement le spectateur du
temps nécessaire à l’appréciation du répertoire,
dont la cohésion était brisée par excès de
pédagogie. Pourtant exécuté avec superbe
par trois interprètes talentueuses, Marie Van
Rhijn au clavecin, Lucie de Saint Vincent
au pianoforte et Maroussia Gentet au piano,
on pouvait y entendre moult compositions
masculines et féminines dignes d’intérêt.
Lors de la soirée du 18 Mars, la chanteuse
Karen Vourc’h et la pianiste Anne Le
Bozec investissaient les locaux du Musée
de la Marine pour un concert où l’alchimie
était en tous points parfaite. Le répertoire,
consacré aux compositrices scandinaves sur
une période allant de la moitié du XIXe au XXe,
lorgnait allègrement du côté du lied allemand.
Bizarrement, on pouvait éprouver un étrange
malaise à l’évocation du nom des maîtres
l’ayant influencé, tous masculins à l’exception de la singulière Kaija Saariaho, plus
contemporaine et visiblement plus affranchie.
C’est sur un spectacle hors-norme, hybridation
poétique entre la musique électroacoustique,
la vidéo, la percussion et le chant traditionnel
coréen en pansori que se clôturait le Festival
cette année, belle invitation au voyage de
la compositrice Marie-Hélène Bernard
secondée par deux interprètes exceptionnelles,
Kwong Song-Hee au chant et Françoise
Rivalland au zarb (instrument à percussion
digitale) et au santour (instrument à cordes
frappées), preuve qu’au-delà du travail de
mémoire, l’avenir d’un tel festival sur le long
terme est aussi de soutenir la création.
ÉMILIEN MOREAU
Le Festival Présences féminines a eu
lieu sur le territoire de Toulon Provence
Méditerranée du 15 au 20 mars
Chœur d’Amy
u sud des ballons Vosgiens, se détache
tout en rondeur la Chapelle de Ronchamp
dessinée par Le Corbusier et dont fut célébré le cinquantenaire de la construction en
2005 avec la création des Litanies pour
Ronchamp composées par Gilbert Amy.
C’est cette même œuvre que revisitait Roland
Hayrabédian et son ensemble Musicatreize
dont l’engagement vocal contemporain et ses
expérimentations contribuent à un renouvellement fructueux de nos conditionnements
auditifs. L’argument littéraire composite inspiré
par le matériau architectural de base puise
ses fondements dans une culture chrétienne
grégorienne millénaire. Le sens pose d’ailleurs
question dans son principe d’incantation, de
répétition tempéré par un habillage musical
stylistique évolutif au cours des siècles.
Dans ce contexte, Kyrie puis Hymne, Verset,
répons à la gloire de la Vierge justifient le
côté litanique sur le fond architectural et
immaculé de Notre Dame : G. Amy habille
en une indispensable variété toute contenue
les… 51 énumérations du Sancta Maria de
Ensemble Musicatreize © Guy Vivien
A
Horstius dans des ponctuations alternées et
évolutives de ses huit choristes sur le Ora pro
nobis. Le langage musical rappelle ce temps
de flottement des années 60 où tout fut permis
et expérimenté pour rompre avec une tradition
tonale jugée à bout de souffle. C’est dans ce
contexte libre et atonal que sonne son chœur,
polyphonique, en déchant voir en solo, inspiré
par la conduite de voix novatrice de l’École
médiévale parisienne de Notre Dame et la
liturgie orthodoxe en conclusion. Y font écho
les cloches tubulaires du percussionniste qui
rappellent la vibration sereine et méditative
des vitraux et de Ronchamp, agrémentées
de la douce diffusion du puits de lumière et
de la toiture surélevée. En contrepoint, les
interventions de deux chantres et la profonde
voix de basse qui en émane rappellent tout
en ondulation les inflexions du cantus planus.
Au deux tiers de l’œuvre émerge l’Adagio du
XVe quatuor à cordes de Beethoven (Quatuor
Gustave) dont l’enchaînement extatique de
sa conclusion avec le retour du chœur justifie
à lui seul la greffe de ce mouvement sur les
Litanies : un moment de grâce qui n’a pas
échappé à Musicatreize, au sein d’une œuvre
parfois redondante et néanmoins méditative
au gré de nos sensibilités respectives.
PIERRE-ALAIN HOYET
La XXXIe Semaine sainte s’est tenue
à la Chapelle du Méjan, à Arles
26 critiques
Mortel papillonnage !
adama Butterfly est un formidable « mélo »
qui, s’il est bien chanté et mis en scène,
fédère les opinions positives, de celle d’un
ingénu qui mettrait pour la première fois les
pieds dans une maison d’opéra à celle, argumentée, d’un « lyricomane » accompli. C’est le
cas à Marseille pour la reprise de la production
de 2007, signée Numa Sadoul, de l’œuvre
de Puccini, rehaussée d’un superbe plateau
vocal. Dans le rôle titre, écrasant, la soprano
Svetla Vassileva fait des prouesses. C’est une
belle découverte sur la Canebière. La soprano
possède ce qu’il faut de fragilité, silhouette
gracile au jeu scénique hypersensible pour
une adolescente geisha, et une puissance
vocale impressionnante. Dans ce registre
Teodor Ilincai n’est pas en reste. Son chant
incisif passe sans souci l’obstacle naturel
de la fosse d’orchestre et parvient jusqu’au
dernier rang d’un théâtre plein à craquer.
De surcroît, le ténor interprète le lieutenant
Pinkerton avec davantage de nuances qu’on
avait entendues dans Roméo (2011). Leur
duo est la clé de voûte du spectacle, dont la
réussite est couronnée par les rôles adjacents.
On retrouve Paul Szot avec bonheur depuis
ses débuts marseillais dans Oneguine (2004) :
dans le rôle du consul Sharpless il est confondant de compassion et son baryton rayonne.
Toute la distribution est à la hauteur de l’enjeu
puccinien qui mêle théâtralité et ampleur
vocale avec Cornelia Oncioiu (excellente
© Christian Dresse
M
servante Suzuki), Jennifer Michel (sensible
femme américaine Kate Pinkerton), Rodolphe
Briand (l’entremetteur et burlesque Goro),
Jean-Marie Delpas (affreux et fantasmagorique Bonze !), Camille Tresmontant
(le prétendant éconduit Yamadori), Mikhael
Piccone (parfait commissaire impérial au
mariage) et jusqu’aux choristes-maison...
L’Orchestre de l’Opéra de Marseille moule
son souffle symphonique dans la pâte vocale
du plateau, en vertu d’une direction vigilante
où Nader Abbassi fait preuve à la fois de
souplesse et d’autorité.
On se rend donc les yeux fermés aux représentations de l’Opéra de Marseille, pour profiter
des voix et de la scénographie, de la direction
d’acteurs, sobre mais efficace, soulignant les
contrastes de cultures et sociaux du livret, la
psychologie propre de chaque personnage, la
sensualité des scènes et de la ligne mélodique...
et l’on pleure comme il se doit, lorsqu’au
bout de l’ouvrage Cio-Cio San s’immole, tel
un papillon épinglé à son poteau de vigie, sur
les cris de remords de son mari d’opérette !
JACQUES FRESCHEL
Madama Butterfly a été donné
à l’Opéra de Marseille du 16 au 24 mars
Hugh Coltman © Dan Warzy
Le côté obscur des mots
C’
est sans doute la mère de Hugh Coltman
qui lui aura fait entendre, alors qu’il était
encore adolescent, les chansons du crooner
Nat King Cole (1917-1965) : le concert du 11
mars est un hommage à ces deux personnes.
Le crooner (fredonneur en français) est un
chanteur de charme à la voix veloutée qui
aujourd’hui ne s’entend plus guère. Hugh
Coltman, issu du pop-rock-blues, a fait le
chemin à rebours, à la découverte du jazz et
des racines du répertoire chanté sur la côte
Ouest des États-Unis dans les années 1940 à
1970. Il collabore aux projets du pianiste Eric
Legnini et s’imprègne de ce jazz.
Le Théâtre du Merlan lui a ouvert ses portes
pour un récital au caractère intime mais non
dépourvu d’énergie. Les deux premières
chansons de son projet Shadows sont de
belles ballades au swing langoureux. Are
you disenchanted ? Certes non : le swing
de I can’t be bothered met en lumière les
musiciens qui l’accompagnent : le guitariste
Thomas Naim aux démonstrations d’une
grande sensualité, le piano inventif de Gaël
Rakotondrabe qui parvient à opérer une belle
fusion avec le chanteur. Hugh Coltman rappelle
à nos mémoires la ségrégation de l’époque
de Nat King Cole, sa tentative d’enlèvement
par le Ku Klux Klan : Remember, anyone can
dream... fait remonter la face obscure de cette
époque. La voix de Hugh Coltman est précise
et chaleureuse et son corps tout entier est
impliqué, grimaçant, pour donner cette texture
si particulière entre l’effort et l’humour. Il joue
également de l’harmonica dans Walkin’, hérité
de son expérience bluesy. Le batteur Franck
Agulhon se dévoile dans un solo étrange
et inquiétant puis nous subjugue ainsi que
le contrebassiste Christophe Minck qui
a largement contribué à la magie de cette
soirée. Le chanteur remercie son large public
de s’être déplacé, quand aujourd’hui on peut
tout avoir sans bouger de chez soi. La musique
se consomme décidément sur place.
DAN WARZY
Hugh Coltman Shadows-Songs of
Nat king Cole / SONY MUSIC 2015
Ce concert a eu lieu au Théâtre du
Merlan, Marseille, le 11 mars
Théâtre La passerelle, Gap
Mars-avril 2016
THÉÂTRE & MUSIQUE
Looking for Alceste
Du29au31marsà19:00
CIRQUE DÈS 8 ANS
L’Instinct du déséquilibre
Samedi2,lundi4,mardi5avrilà19:00
AIRS D’OPERA
Operetta
Vendredi22avrilà20:30
100% SHAKESPEARE
Le Tour complet du cœur
Mardi26,mercredi27,vendredi29avrilà19:30
samedi30avrilà16:00
EXPOSITION PHOTO
L’Illusion
du tranquille
Photographies François Deladerrière
Exposition du26avrilau2juillet
Vernissage samedi23avrilà18:30
renseignements i réservations
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
SCène Conventionnée
PôLe régionaL
de déveLoPPement CuLtureL
PôLe tranSfrontaLier
ven 01 avril
21:00
KALOTASZEG TRIO
LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119
lede moLière
Misanthrope
CoLLeCtif KobaL’t
ven 15 avril 19:00
Vendredi 1er Avril
20h30
théâtre
Auditorium
12€ / 10€
FADO FADA
muSiQue
©Jean louis Neveu
Répétition publique
Création © breSt breSt breSt
:passage: ottilie [B]
saM 23 avril théâtre
1 soirée / 2 spectacles
la Brique
la nuit de doMino
La Magalone
10€ / 8€
LYAKAM
Vendredi 29 Avril
20h30
19:00
Auditorium
Cie hdvZ
12€ / 10€
21:00
Cie PirénoPoLiS
infos résa 04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Vendredi 22 Avril
21h00
04160
Château–arnoux
Saint–auban
CITÉ DE LA MUSIQUE
04 91 39 28 28
Billetterie en ligne :
www.citemusique-marseille.com
Auditorium (Marseille 1er)
La Magalone (Marseille 9e)
28 au programme musiques marseille
bouches-du-rhône
Cosi fan tutte
Fado Fada
Fiordiligi (Guanqun Yu) et sa sœur Dorabella
(Marianne Crebassa) sont aimées respectivement de Guglielmo (Josef Wagner) et
Ferrando (Marc Barrard). Ces derniers parient,
à tort, sur la constance de leurs amantes
avec Don Alfonso (Frédéric Antoun) qui,
aidé par la servante Despina (Ingrid Perruche), pousse à la trahison des amants. La
musique mozartienne joue des ambiguïtés
et des désirs de nos personnages, dans une
mise en scène de Pierre Constant, sous
la direction musicale de Lawrence Foster
avec l’orchestre et des chœurs de l’Opéra
de Marseille.
Chanteurs de rue, ils s’aiment, mais crèvent
de faim et ce ne sont pas les séguedilles et
les complaintes qui vont remplir leurs estomacs. Lui, Piquillo (Rémy Mathieu), ne voit
d’issue que dans le suicide, elle, La Périchole
(Emmanuelle Zoldan) songe plutôt à céder
aux avances de Don Andrès de Ribeira, vice-roi
du Pérou (Alexandre Duhamel). Une série
de confusions, de retournements s’ensuit.
Bien sûr tout finit bien, dans les vives envolées de la musique d’Offenbach, dirigée par
Jean-Pierre Burtin, et la mise en scène de
Jean-Jacques Chazalet.
Entre le destin et la fée, la folie et la ligne de
vie parcourue de rencontres, d’amours, de joies
de désespérances, le chant de Guida Bastos
et la danse de Marjorie d’Amora tissent de
mouvantes connections. Un fragile équilibre
s’instaure, rêve, réalité… Le quotidien s’irise
d’une poésie onirique. L’écrin de la cour de la
Magalone (avec repli dans le salon si la météo
s’oppose) s’ouvre à ces précieux instants.
22 avril
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28
citemusique-marseille.com/
©X-D.R
19 au 28 avril
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
04 91 55 11 10
Orchestre philharmonique
de Marseille
2 & 3 avril
Odéon, Marseille
opera.marseille.fr
De Carmen à Brodway
© X-D.R
Il est une région rurale de Transylvanie qui
se nomme Kalotaszeg. Pas de Dracula dans
le tas, mais trois musiciens d’exception, le
violoniste virtuose et aussi chanteur Tcha
Limberger, Toni Rudi (dit brac) au luth
et Berki Victor à la contrebasse. Ils sont
tsiganes, avec un répertoire de musiques
traditionnelles d’Europe centrale, des airs
de fête aux mélodies doucement ourlées
de nostalgie. Violon, luth et contrebasse se
conjuguent entre rythmes hongrois, roumains,
bohémiens.
© Czellar Gabriella.
Sarah et Deborah Nemtanu © Marco Borggreve
Kalotaszeg
S’échappant de l’écrin de l’opéra, l’orchestre
philharmonique de Marseille s’offre des
escapades, et se glisse dans le bel auditorium
du Pharo pour un concert où l’on entendra
la célèbre Moldau de Smetana, et la non
moins célébrissime Symphonie n°5 en ut
mineur op.67, dite Symphonie du Destin,
de Beethoven, pom pom pom pom ! Sans
compter le concerto pour deux violons
(Sarah Nemtanu et Deborah Nemtanu)
et orchestre et le concerto pour deux pianos
(Mari Kodama et Momoyo Kodama) et
orchestre de Martinú le tout sous la direction
enlevée de Lawrence Foster.
1er avril
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
© X-D.R
© Danielle Pierre
La Périchole
1er avril
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28
citemusique-marseille.com/
Elle figure parmi « l’une des meilleures Carmen
de la décennie » : la mezzo-soprano Annie
Vavrille pose sa voix le temps d’un unique
spectacle à l’espace Léo Ferré. Jonglant entre
opérette et opéra, elle incarnera successivement les « icônes » féminines qui peuplent
les imaginaires, libres, anticonformistes, et
tragiques, depuis Carmen à Dalida en passant
par Marylin Monroe. Pou pou pidou !
30 mars
Théâtre Toursky, Marseille
04 91 02 58 35 toursky.fr
La Création de Haydn
Sans doute l’œuvre la plus célèbre de Haydn, conçue comme un
acte de foi, Die Schöpfung (La Création) est un oratorio en trois
parties qui dessine les origines depuis le chaos à la rencontre entre
Adam et Eve. La Genèse, le Livre des Psaumes et le poème épique
de John Milton, Paradise Lost, nourrissent le livret. L’ensemble Ad
Fontes Canticorum, sous la houlette de Jan Heiting, interprète
cette somptueuse partition dans une version piano à quatre mains
(Sandrine Schipani et Sabine Pizzicoli), transcrite par Alexander Zemlinsky et Arnold Schönberg. La soprano Cécile Limal,
le ténor Jean-Christophe Born, la basse Jean-Christophe
Maurice rivaliseront de sensible virtuosité aux côtés du récitant
Jean-François Héron.
22 avril
Basilique de Saint-Victor, Marseille
06 25 02 36 79
Théâtre national de Marseille
La Criée
L’Heure exquise
21 > 23 avril
Étonnant
© T.L.M.
3 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Back to Bach
Jean-Sébastien Bach fut l’un des premiers à composer pour la flûte
traversière. On lui doit sept sonates pour flûte et clavecin (BWV 1020
en sol mineur, 1030 en si mineur, 1031 en mi bémol majeur, 1032
en la majeur, 1033 en do majeur, 1034 en mi mineur et 1035 en mi
majeur). L’église Saint Julien à Arles aura le privilège d’accueillir
pour interpréter ces œuvres, aux couleurs variées, le « Paganini
du piccolo » Jean-Louis Beaumadier et la pianiste Véronique
Poltz. Le piano ici remplacera, bravant les puristes, les sonorités
du clavecin et le piccolo celles de la flûte traversière...
17 avril
Église Saint Julien, Arles
06 07 60 88 53 piccolo-beaumadier.com
Festival du © Macha Makeïeff
Sur le modèle d’Arsène Lupin, les trois amis, Rodrigue, Albert
et Boris, s’introduisent dans la grande soirée organisée par le
marquis Orlovski afin de dérober bijoux et parures…Mais tout
ne se déroulera pas comme prévu, entre le concert, les gages, les
airs à interpréter, les rivalités… Cette création de la talentueuse
Troupe Lyrique Méditerranéenne, sur un livret de son directeur
et metteur en scène Mikhael Piccone, reprend airs d’opérette et
d’opéra, avec une jubilation de potache. (à lire sur notre site www.
journalzibeline.fr)
court métrage !
LaCriéeToutCourt#4
Le meilleur du Festival
international de Clermont-Ferrand,
avec la complicité du Festival
international du Film d’Aubagne
Pass’ 3 jours
10 €
Pour toute la famille
de 2,5 à 5 €
www.theatre-lacriee.com - 04 91 54 70 54
30 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse
alpes
Operetta
Chaillol 2
L’Alpilium, à Saint-Rémy-de-Provence, propose
en avant-première une création en partenariat
avec l’association Musicades et Olivades
qui en est aussi le mécène. Le compositeur,
lauréat 2010 du prix Nadia et Lili Boulanger,
et pianiste moult fois primé Jean-Frédéric
Neuburger a dédié cette partition écrite pour
piano, clarinette et deux guitares (Thibaud
Garcia et Antoine Morinière), à Raphaël
Sévère qui, à 21 ans, est considéré comme
l’un des plus grands clarinettistes français.
Des œuvres de Beethoven, Bartók et Rodrigo
s’ajouteront au concert (à partir de 12 ans).
C’est la blue note délicate et inspirée du batteur
Simone Prattico auquel est donnée carte
blanche avec ses complices Dano Haider,
guitariste et compositeur, et Gerson Saeki,
bassiste. Dans la lignée des grands, comme
Art Blakey, l’un des inventeurs du style de
batterie bebop moderne à qui il ressemble
par sa rythmique sans faille, Simone Prattico
se nourrit aussi de diverses influences, tradition populaire méditerranéenne, musique
afro-américaine. Le Centre culturel Valléen
de Le Fayore (21 avril), la Salle polyvalente
de Saint-Etienne Le Laus (22), le Château
de Tallard (23), l’église de La Roche des
Arnauds (24) auront le bonheur d’accueillir
ce trio virtuose.
© X-D.R.
Jean-Frédéric Neuburger
C’est fou tout ce qui peut sortir d’un piano
vide ! Celui posé sur le plateau d’Operetta
laisse s’échapper une foule de chanteurs,
acteurs, sportifs, mimes, clowns, qui
enchaînent airs d’opéra et scènes de théâtre,
dans une succession délirante de tableaux
hilarants. Caricature, non pas, mais une
capacité à revisiter l’opéra avec amour et
humour. Les 25 chanteurs lyriques catalans
de Cor de Teatre, mis en scène par Jordi
Purti, interprètent avec bonheur Rossini,
Wagner, Verdi, Bizet, Offenbach, Saint-Saëns.
Des voix magnifiques propres à réconcilier les
plus difficiles avec le Bel Canto ! (dès 9 ans).
Ils sont trois, Julie Roset au chant, Dorine
Lepeltier au violoncelle, Elies Tataruch au
clavecin, jeunes et passionnés par la musique
ancienne, c’est-à-dire celle qui est antérieure
à la fin du XVIIIe. Ils se produisent dans la
région, et c’est le théâtre du Balcon qui aura
le bonheur de les recevoir sur un programme
baroque où se croiseront les airs de Lully,
des cantates de John Stanley, des œuvres
religieuses de Salomone Rossi et d’autres…
04 90 85 00 80
22 avril
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
Les églises de Chabottes (31 mars), Aspremont
(2 avril), Chauffayer (3 avril) et la salle des
fêtes de Montgardin (1er avril) recevront tour
à tour la soprano Tehila Nini-Goldstein et
le duo Sferraina, qui réunit le percussionniste Tobias Steineberger et le luthiste
David Bergmüller. Le programme offrira
une palette éclectique, où morceaux de bravoure du haut-baroque italien côtoieront les
mélodies yéménites de l’enfance de l’interprète
virtuose. Le 2 avril une rencontre entre cette
immense chanteuse et le compositeur Gilad
Hochman aura lieu à la librairie Au coin des
Mots Passants, à Gap.
31 mars & 1er, 2 & 3 avril
festivaldechaillol.com
Est-il encore besoin de présenter les deux
virtuoses que sont l’altiste Lise Berthaud
et le pianiste Adam Laloum ? Ils offrent
un programme où verve et sensibilité se
conjuguent, que ce soient les quatre tableaux
des Märchenbilder (Images de contes de fées)
de Schumann, partition incontournable des
altistes, la Sonate « Arpeggione » en la mineur
de Schubert transcrite pour alto et piano
(l’arpeggione, instrument à six cordes était
nommé la « guitare d’amour »), ou la Sonate
n°1 en fa mineur de Brahms, à l’origine conçue
pour la clarinette et remaniée pour l’alto, au
timbre chéri du compositeur. Délicates voix
de l’âme…
Adam Laloum © Carole Bellaiche-Mirare.
Chaillol 1
23 avril
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
Ensemble la Mascarade
Lise Bertaud / Adam Laloum
22 avril
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Trio Tehila Nini Goldstein © Gilad Baram
Jean-Frederic Neuburger © Rikimaru Hotta
04 92 52 52 52
21 au 24 avril
festivaldechaillol.com
29 mars
Opéra du Grand Avignon, Avignon
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
bouches-du-rhône vaucluse musiques au programme
Epistola
31
Le Grand bazar
© Jazzpilon
Paolo Fresu quintet
Carmen Souza et Théo Pascal unissent
leurs univers musicaux dans ce nouvel opus
où s’entremêlent les rythmes traditionnels
africains et capverdiens et le jazz contemporain. Sur la voix inimitable de Carmen Souza,
à la fois sensuelle, suave ou frénétique, le
bassiste Théo Pascal pose ses notes subtiles
qui révèlent ce qu’ils appellent « un jazz organique ». L’album recèle huit chansons nées
de cette complicité, mais aussi trois reprises,
Moonlight Serenade de Glenn Miller, Cape
Verdean Blues d’Horace Silver et Mira Me
Miguel, une chanson traditionnelle du Nord
Est du Portugal.
© X-D.R
Le groupe de chanson rock Weepers Circus
revisite les grands standards de la chanson
enfantine et ça déménage ! Il était un petit
navire fait onduler façon hawaïenne, Pirouette
Cacahuète devient un rap déjanté, Promenons-nous dans les bois swingue comme un
vieux rock… tous les styles sont là pour faire
chanter et danser petits et grands !
13 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com
Before the wall
29 mars
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
08 2013 2013
Still Point
22 avril
GTP, Aix
lestheatres.net
04 91 54 70 54
Le «tribute band» Encore Floyd, spécialisé
comme son nom l’indique dans le répertoire
de ces géants du rock planant, reprend dans
ce spectacle le meilleur des albums du groupe
psychédélique. Sous-titré De Syd Barrett à
Animals, il fait référence aux années 1967 à
1977. Si l’interprétation d’Encore Floyd se veut
la plus fidèle possible en se rapprochant du son
de l’époque, elle intègre aussi les technologies
actuelles dans une scénographie originale avec
images mixées en temps réel, clips vidéo et
documentaires, et animations 3D.
C’est bien l’esprit de Woodstock, mythique
festival de l’histoire du rock et de la culture
hippie qui se déroula durant 3 jours dans
l’État de New York en 1969, que tente de faire
revivre ce concert riche en couleurs et en
émotions ! Dans une atmosphère très flower
power, les musiciens reprennent les titres
célèbres de Bob Dylan, des Beach Boys, The
Who, Cat Stevens, Janis Joplin, Jimi Hendrix,
Joe Cocker, Santana…
7 & 8 avril
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
© Artists Live
© X-D.R.
Woodstock’Spirit
Quand les sons traditionnels des musiques
africaines croisent des harmonies classiques
occidentales, ça donne Still Point, un projet
musical mené par le musicien congolais Ray
Lema et l’ensemble de musique de chambre
Des Équilibres, dans sa formation en quatuor
à corde. Les compositions créées par Ray
Lema dépassent les frontières, inventent des
dialogues musicaux inédits qui associent
son blues jazzy à la richesse harmonique
du quatuor.
© Charlotte Spillemaecker
@ Lorenzo di Nozzi
04 91 54 70 54
Le dernier album du trompettiste Paolo Fresu
et de son quartet -constitué de Tino Tracana
(saxophone), Roberto Cipelli (piano), Attilio
Zanchi (contrebasse) et Ettore Fioravanti
(batterie)- célèbre leurs 30 ans de collaboration
et d’amitié. Les treize compositions originales
du bien nommé ¡30! se caractérisent par des
mélodies qui alternent polyrythmie, rythmes
africains et ponctuations de silence en un
équilibre parfait.
19 avril
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
04 42 87 75 00
22 avril
Espace NoVa, Velaux
espacenova-velaux.com
32 au programme spectacles marseille bouches-du-rhône
La Traversée
dans la complexité de leurs destins. Dans La
Grande chambre, enfin, le texte de Fabienne
Kanor (le seul à être conçu pour le théâtre) fait
référence à la traite négrière, au XVIIIe siècle,
par l’évocation de ces chambres situées dans
l’entrepont des négriers, où l’on parquait les
captives durant la traversée ; au Havre, une
femme, « antillaise de France », raconte ce
que fut l’histoire de ses ancêtres, premiers
« Noirs de France », domestiques achetés au
statut d’homme libre (31 mars).
À noter que l’intégrale sera jouée le 1er avril,
et que le diptyque (La Vie sans fards (précédé
de) Ségou et La Grande chambre), joué le 2
avril, s’inscrit dans le cadre de l’itinéraire du
Train Bleu (voir p 18).
Insulaires © X-D.R.
La metteuse en scène française afropéenne
Eva Doumbia, fondatrice de la Cie La Part
du pauvre/Nana Triban, présente trois
spectacles qui font la part belle à la figure
féminine noire.
Dans Insulaires (créée à la Criée), trois voix
majeures de la littérature –Yanick Lahens,
Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanorracontent, en trois monologues, des moments
de l’histoire des Antilles, lors d’un parcours
littéraire et musical qui fait résonner le passé
et le présent d’une histoire mal traitée et
souvent oubliée (29 mars). Le lendemain, place
à La Vie sans fards (précédé de) Ségou, deux
œuvres de Maryse Condé : en premier lieu
son autobiographie qu’Eva Doumbia adapte
en un montage qui entremêle le récit à de
la musique et des chants ; et, en prélude à
cette épopée, des extraits de Ségou donnent
à entendre trois portraits de femmes noires
Voyages en solitaire(s)
La Traversée – Invasion Eva Doumbia
29 mars au 2 avril
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
Le Cas Blanche-Neige
Suite et fin du temps fort consacré aux
spectacles « seul en scène » avec les deux
derniers spectacles : Dans ton jardin à toi, mis
en scène par Céline d’Aboukir et joué par
Emeline de la Porte des Vaux, repose sur
une prise de parole drôle, pleine de dérision et
de sensibilité qui interroge la place de chacun
dans la société et les moyens de la trouver
(29 et 30 mars) ; J’ai tué maman, sur un texte
d’András Visky, relate le chemin qui va de
la privation d’identité et de liberté jusqu’à
leur réappropriation. Eszter Nagy incarne
une fille élevée dans plusieurs orphelinats de
Transylvanie qui se décide à rechercher ses
racines après la chute du régime communiste
(1er et 2 avril).
04 9191 52 22
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
04 9191 52 22
12 au 16 avril
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
© Caroline Victor
La poésie du Hongrois Attila József sera au
centre du spectacle de la Cie Flacara mis
en scène par Frédéric Grosche. Plusieurs
extraits de poèmes ont été choisis en fonction
de leur qualité de résonnance au plateau,
les deux comédiens naviguant entre deux
langues, deux cultures, incarnant par ses mots,
les obsessions, les exaltations et les craintes
du poète qui a traversé en grand témoin la
première moitié du XXe siècle.
© X-D.R.
J’ai tué maman © Studio M
Ta blessure est ce monde
ardent
La metteuse en scène Carole Errante fait le
très intéressant et singulier pari de créer une
forme ludique et libérée autour de la figure de
la féminité, en mêlant les mots du dramaturge
Howard Barker dans sa réécriture crue et
drôle du conte de Blanche-Neige à l’univers exubérant, sensuel et potentiellement
inquiétant du music-hall. Au final, cette figure
hybride est une créature tour à tour effrayante,
grotesque et tragique, simplement fascinante…
21 au 23 avril
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
Hikikomori le refuge
Scène conventionnée pour
la création jeune public tout public
15 > 16 AVRIL
© Siegfried
Une longue peine
Au Japon, certains individus, des adolescents pour la plupart, vivent cloîtrés dans leur
chambre et refusent toute communication,
incapables de montrer le moindre intérêt pour
le monde réel. C’est le cas du jeune Nils, qui
vit le casque vissé sur les oreilles, dans sa
chambre. Par un inventif dispositif scénique,
Joris Mathieu crée une fiction qui prend la
forme d’une aventure subjective et propose
trois histoires différentes, trois versions, selon
le point de vue entendu, celui du père, de la
mère et de l’enfant.
Théâtre et Arts numériques
« Les longues peines », c’est le terme qui
désigne des hommes et des femmes qui restent
enfermés en prison de nombreuses années.
Didier Ruiz, La compagnie des Hommes,
qui a rencontré cinq anciens détenus, met en
scène leur parole qui raconte la punition, le
chagrin, l’abîme de la disparition et l’échappée
intérieure d’un autre monde. Une rencontre
animée par Jean-Michel Gremillet précède
le spectacle, avec Bernard Bolze, François
Cervantes et Serge Portelli. En parallèle, les 30
et 31 mars, le cinéma le Gyptis programme 3
projections : À côté et À l’ombre de la République de Stéphane Mercurio, et Visages
défendus de Catherine Réchard.
04 91 64 60 00
THÉÂTRE MASSALIA
COLLECTIF LE NOMADE VILLAGE
15 > 17 AVRIL
Installation mise en jeu,
en musique et en lumières
COLLECTIF I AM A BIRD NOW
& LA COMPAGNIE D’À CÔTÉ
23 > 24 AVRIL
1er avril
La Friche, Marseille
lesbancspublics.com
Théâtre sonore
+ 7
ans
+J’AVANCE
+LE CHEMIN S’ÉTIRE
THÉÂTRE DE L’ARPENTEUR
Friche la Belle de Mai
41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille
04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com
© Jorge Perez
© Denis Rouvre
Pour ce spectacle, Josette Baïz a demandé
à des femmes, chorégraphes françaises ou
étrangères, reconnues ou émergentes, une de
leurs pièces les plus typiques de leur répertoire : Blanca Li, Sun-A Lee, Katharina
Christl, Eun-Me Ahn, Dominique Hervieu
et Germaine Acogny. Des univers forts et
singuliers qui donnent des visions décalées et
personnelles du monde, dans un bel ensemble.
21 & 22 avril
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
+ 6
mois
(EN)QUÊTE
DE NOTRE ENFANCE
Si Fellag se méfie des gens « qui n’ont pas
le sens du second degré », ça ne l’empêche
heureusement pas de continuer à brandir le
rire comme seule arme, surtout lorsqu’il parle
de son Algérie réelle comme rêvée à travers le
prisme de sa fantaisie sans limites. Toujours
mis en scène par Marianne Épin, il présente
Bled Runner comme un voyage au cœur des
textes puisés au fil de des spectacles écrits
ces vingt dernières années pour la scène, qui
mettent notamment en lumière son combat
pour l’acceptation et la connaissance de l’autre.
Welcome
+ 12
ans
LA FILLE
DES PLATEFORMES
Bled Runner
30 mars & 1er avril
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
2016
21 au 23 avril
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
20 avril
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
34 au programme
spectacles
marseille bouches-du-rhône
Petits crimes conjugaux
La fille des plateformes
© Ludo Leleu
Rocco
30 mars au 1er avril
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
15 au 16 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
platformshift.eu
(En)quête de notre enfance
© Jean-François Garraud
© Simon Gosselin
La Cie Duzieu poursuit son enquête sur la
façon dont l’Europe se construit, en fantasmes,
idéologies et frontières matérielles, vis à vis
de l’étranger. Troisième et dernier volet du
cycle Spectres de l’Europe, ce spectacle
adapté aux 15 ans et plus est une fiction
contemporaine située dans un aéroport. Le
médecin qui dirige le service médical est
arabe ; un jeune homme, arabe également,
vient d’y mourir : peur et et incompréhension
se font jour. Face aux tensions qui s’exacerbent,
Nathalie Garraud (mise en scène) et Olivier
Saccomano (écriture) résument en un mot
leur théâtre : fraternité.
29 au 31 mars
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
En partenariat avec Les Théâtres
© Franck Frappa
Soudain la nuit
Les Affaires sont les affaires
5 au 9 avril
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Au Théâtre Massalia, un groupe d’adolescents travaille régulièrement depuis la saison
dernière avec une auteure, Karin Serres, et
un artiste multimédia, Philippe Domengie,
dans le cadre d’un projet de coopération
européenne intitulé Platform shift +. Issue
de leurs rencontres, La fille des plateformes,
quête mystérieuse d’une légende urbaine,
allie les arts numériques au théâtre, qui gagne
ainsi en souplesse narrative et interactivité.
À partir de 12 ans.
21 au 23 avril
Ballet National de Marseille
04 91 327 327 ballet-de-marseille.com
19 avril
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Isidore Lechat, brasseur d’affaires et prédateur
sans scrupules, fait de l’argent de tout et
accumule les millions volés sur le dos des plus
faibles et des plus pauvres… Mais l’argent
roi qui corrompt aussi bien les intelligences
que les cœurs et les institutions le perdra.
Claudia Stavisky met en scène l’œuvre
d’Octave Mirbeau, dans laquelle la société
du début du XXe qu’il dépeint ressemble
étrangement à la nôtre.
© X-D.
© Alwin Poiana
Gilles revient enfin chez lui, après une semaine
passée à l’hôpital : un mystérieux accident
l’a rendu amnésique. Lisa, sa femme depuis
quinze ans, l’aide à essayer de recouvrer la
mémoire. Du moins c’est ce qu’elle dit… Car
Gilles est méfiant, et cherche à comprendre qui
il était, quelle relation l’unissait à sa femme et
comment elle le considérait. Marianne Epin
signe une mise en scène fluide et rythmée
de la pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, qui
analyse avec lucidité et humour la vie à deux.
En s’inspirant du cinéma de Visconti dans
Rocco et ses frères, et du destin de la légende
de la boxe Mohamed Ali, Emio Greco et
Pieter C. Sholten transforment un combat
de boxe en une danse sculpturale. Quatre
danseurs s’affrontent deux par deux sur
un ring, et deviennent des boxeurs à coups
de poing, de jeux de jambes rapides et de
tactiques virtuoses.
La Compagnie d’à Côté et le collectif I am
a bird now s’inspirent librement de l’œuvre
de l’artiste japonais Katsumi Komagata, auteur
et éditeur de délicats livres jeunesse. Sous
la forme d’une « installation performative
pour tous, dès six mois », Aurélie Leroux
et Daniela Labbé Cabrera proposent leurs
Opus 1 et 2. Courts et empreints de douceur
(1/2h + 25 minutes d’exploration libre), ces
formats chorégraphiques et musicaux envisagent les couleurs, formes, traces et ombres
à hauteur d’enfant.
15 au 17 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
19 & 20 avril
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
04 42 11 01 99
1 & 2 avril
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
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24h/24 sur journalzibeline. fr avec :
Adonis, Léa Fehner, Jane Bouvier, Angelica Liddell,
Michéa Jacobi et Jacques Damade, Sophie Joissains,
Brigitte Fontaine, Areski Belkacem, Gauz, Claire Simon,
Caroline Sagot-Duvauroux, Patrick Boucheron,
Marie-José Mondzain, Leyla Bouzid...
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concert à annoncer ? Un stage de musique, des cours
de théâtre, un training de danse, un atelier d’écriture
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rubrique classée...
journalzibeline.fr/
petites-annonces/
Bientôt en écoute :
Invasion Doumbia à la Criée,
Le forum de la Méditerranée
et Gaza inédite au MuCEM,
Maryline Desbiolles et Bernard Pages
à la galerie Béa-Ba,
Le Parc Bougainville et Euromed 2,
Picasso et les arts et traditions populaires...
37
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À L’ENCRE BLEUE
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HISTOIRE DE L’OEIL
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4 rue Barbaroux - 13001 Marseille
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12 rue Jean Roque - Quartier Ferrières
13500 Martigues
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04 91 57 08 34
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32 rue grande - Place Saint-Sauveur
04100 Manosque
04 92 71 17 20
LIBRAIRIE GOULARD 37 cours Mirabeau - 13100 Aix-en-Provence
04 42 27 66 47
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5 Grande Rue - 05100 Briançon
04 92 21 22 95
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31 cours Mirabeau - 13100 Aix-en-Provence
04 42 26 07 23
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04 92 51 01 17
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04 91 36 50 50
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2 rue Jacques de la Roque
13100 Aix-en-Provence
04 42 63 12 07
LIBRAIRIE LE BATEAU BLANC
10 rue de la République - 83170 Brignoles
04 94 59 04 95
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1 esplanade du J4 - 13002 Marseille
04 84 35 14 95
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9 rue des cordeliers - 13100 Aix-en-Provence
09 81 77 75 45
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19 avenue de Mazargues - 13008 Marseille
04 91 76 55 96
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34/36 rue des frères Kennedy
13300 Salon-de-Provence
04 90 55 93 20
LIBRAIRIE DE LA BOURSE
8 rue Paradis - 13001 Marseille
04 91 33 63 06
LIBRAIRIE IMBERNON
280 boulevard Michelet - Le Corbusier n°357
13008 Marseille
04 91 22 56 84
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Les Arcenaulx - 25 cours d’Estienne d’Orves
13001 Marseille
04 91 59 80 40
L’ODEUR DU TEMPS
35 rue du pavillon - 13001 Marseille
04 91 54 81 56
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35 traverse de Carthage - 13008 Marseille
04 91 75 64 59
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45 bd de la Libération - 13001 Marseille
04 13 04 02 60
ESPACE POTENTIELLES
128 bd de la Libération - 13004 Marseille
04 91 37 78 17
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38 rue Auguste Moutin - 13300 Salon-de-Provence
04 90 58 36 40
LIBRAIRIE CID - MAISON DE LA PRESSE 4 bis avenue Hélène Boucher - 13800 Istres
04 42 55 05 81
FORUM HM LIVRE
3-5 rue du Président Wilson - 13200 Arles
04 90 93 65 39
LIBRAIRIE DE L’ÉTOILE
9 place Gambetta - 84300 Cavaillon
04 90 78 01 65
LA SOUPE DE L’ESPACE
9 avenue des îles d’or - 83400 Hyères
04 94 66 84 03
LE MOULIN DES CONTES
3 bis rue du puits - 83400 Hyères
04 94 35 79 28
LE JARDIN DES LETTRES
11 rue du Général de Gaulle
83470 Saint-Maximin
04 94 59 91 27
LIBRAIRIE PAPETERIE MIRABEAU
2 bis rue Mirabeau - 83470 Saint-Maximin
04 94 37 85 94
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bouches-du-rhône marseille spectacles au programme
+ j’avance, + le chemin s’étire
39
Dîner art et inspiration
Danse, vins et menus raffinés : il ne s’agit
pas là d’une orgie à la romaine, mais d’une
soirée organisée par le Ballet National
de Marseille pour présenter des extraits
de son nouveau spectacle, Rocco, pièce
chorégraphique inspirée de l’ambiance
d’un match de boxe. Le chef Emmanuel
Perrodin orchestrera la partition culinaire,
accompagnée de vin de Bandol (Le Moulin
de la Roque), et les bénéfices de cette soirée
en cinq rounds financeront les actions en
développement au Ballet.
© K. Kajiyama
Enfin un spectacle qui prend le handicap en
compte, de manière sensible et pénétrante ! Le
théâtre pour voyants et non voyants d’Hervé
Lelardoux raconte l’histoire de Noémie, une
fillette aveugle qui rêve de pouvoir aller toute
seule à l’école. La « curiosité au monde qui
caractérise l’enfance » est décuplée chez
elle, qui s’imagine tout ce qu’elle ne voit pas.
Mention spéciale au travail de réalisation
sonore de David Segalen, permettant au
spectateur d’accompagner Noémie dans
son parcours sensoriel. À partir de 12 ans.
Les résidences d’artistes s’achèvent à Klap par
une découverte dansée, offerte au public sur
réservation. Le tour de Mikiko Kawamura
est venu : cette jeune japonaise a été « repérée
pour son audace, sa capacité à représenter
une féminité asiatique contemporaine, une
écriture singulière de l’espace et un mouvement caractérisé par l’authenticité ». Elle
séjourne en France pour quelques mois,
investissant tour à tour différents centres
chorégraphiques, un peu à la manière des
Compagnons.
© X-D.R.
© Nicolas Joubard
Mikiko Kawamura
22 au 24 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
04 91 32 73 27
19 avril
BNM, Marseille
ballet-de-marseille.com
19 avril
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
UtopiK
Antoine Duléry fait son cinéma
Que nous réserve la Sirène d’avril, comme
chaque 1er mercredi du mois à midi pile,
sur le parvis de l’Opéra de Marseille ? Une
performance musicale et chorégraphique
orchestrée par Philippe Fenwick, co-directeur artistique de la compagnie Zone d’Ombre
et d’Utopie (ZOU). Première étape de travail
de Transsibérien je suis, sa prochaine création,
UtopiK remonte le temps, 40 ans en arrière :
un haut dignitaire soviétique est attendu
pour discourir de politique culturelle... mais
rien ne se passe comme prévu.
6 avril
Parvis de l’Opéra
Lieux Publics, Marseille
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
© Patrick Gaillardin
La chorégraphe Tânia Carvalho s’inspire
pour cette création de l’écriture intranquille
de Fernando Pessoa, l’homme aux mille « proliférations de soi-même ». Sur scène avec Luís
Guerra et Marta Cerqueira, elle juxtapose
des solitudes, « songes les unes des autres ».
Quarante minutes d’intense intériorité, où
l’on guettera l’ombre provocante, mystique
et mélancolique du poète.
Tania Carvalho © Rui Palma
© Benoit Fortyre
Aperçu - 5 Room Puzzle
19 & 20 avril
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
Pascal Serieis met en scène Antoine Duléry
dans un one-man-show dédié aux héros des
salles obscures : ses anciens compagnons
de tournage, côtoyés au fil des ans et dont
il apprécie le travail, ou bien ceux qui l’ont
influencé. Belmondo, Serrault, Arditi, Delon,
mais aussi Jouvet, Galabru ou Luchini... un
casting de rêve ! L’acteur déploie un don
d’imitation certain, et d’anecdote malicieuse
en anecdote émouvante, il rend un vibrant
hommage au métier de comédien.
1er avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
40 au programme spectacles bouches-du-rhône
Bulle
Torobaka
Les artistes de la compagnie Okkio chantent
les quatre saisons pour les tout-petits, avec un
spectacle musical évolutif, dont ils livreront
la version printanière au Comoedia. Isabelle
Lega (chant, bruitages vocaux) et Eric Dubos
(chant, guitare) proposent un répertoire tendre
et malicieux, tantôt jazzy, tantôt folk, composé
de reprises ou bien d’airs de leur cru. Adapté
au jeune public à partir de 2 ans, qui reprendra
en chœur ses comptines favorites...
Hubert Colas était attendu avec impatience
sur la scène du Bois de l’Aune. Le voici de
retour avec trois courtes pièces du dramaturge britannique Martin Crimp. Travaillant
« l’effroyable au milieu du calme et du banal »,
les deux compères s’entendent à faire sortir
l’humanité de sa zone de confort. À force
de troquer sa liberté contre une illusion de
sécurité, l’individu contemporain se ferme à
l’inattendu : voilà qui devrait réveiller, sinon
une conscience sociale, du moins une perception du monde engourdie. Entrée libre
sur réservation.
© Jean-Louis Fernandez
© Thomas Bohl
Face au mur
Entre tradition indienne et flamenco, peu de
relations apriori, et pourtant, la rencontre entre
ces deux mondes où geste et sens sont intimement liés, offre un spectacle d’une profonde
unité. Akram Khan et Israel Galván, mêlent
le kathak indien et le flamenco, remontant aux
principes des deux danses et y découvrent une
pulsation commune et envoûtante. Torobaka
séduit tous les publics.
7 au 9 avril
Grand Théâtre de Provence,
Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
© Patrick Laffont
20 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
L’Affaire Dussaert
Pierre et le loup
31 mars & 1er avril
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
Démonter les rouages fort graissés de l’art
contemporain, sur scène, avec intelligence et
lucidité, c’est l’entreprise salutaire à laquelle
se livre Jacques Mougenot, sous la forme
d’une conférence théâtralisée. En partant du
cas de Philippe Dussaert, peintre initiateur
du mouvement « vacuiste » dans les années
80, dont la carrière culmina par l’exposition
d’une galerie... vide, il pointe avec humour les
dérives d’un univers souvent plus porté sur
la spéculation financière que sur l’artistique.
22 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Princesse vieille reine unit la délicate interprétation de Marie Vialle et les mots de
Pascal Quignard. Il y a les robes des contes,
couleur du temps, du ciel ou du soleil, il y
a celles des princesses qui deviennent de
vieilles reines, belles et tristes. Les poèmes se
tressent, enlacent les récits où se dessinent
entre autres les figures d’Emmen, la fille de
Charlemagne, Emily Brontë, George Sand, la
fille du gouverneur d’Ise au Japon en 888…
Poésie subtile où les entrechats du verbe
tissent l’étoffe des rêves.
15 au 19 avril
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
© JC Carbonne
© Ben Dumas
Princesse vieille reine
Émilie Lalande reprend le principe de Prokofiev qui apprend à découvrir et reconnaître
les instruments par la vertu de son conte
musical, Pierre et le loup, accordant à chaque
personnage un thème et un instrument. Ici,
ce sont les gestes qui diffèrent pour chaque
protagoniste de l’histoire. Les aventures de
Pierre sont ainsi transcrites dans le vocabulaire de la danse avec cinq interprètes, sur la
musique de Prokofiev et la voix de conteur
de Lambert Wilson. Un spectacle familial
à partir de 5 ans.
17 & 18 avril
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
41
L’enfance politique
La journée de Lila
Première pièce de la trilogie Pièces du Vent
et second cycle du projet Injonglabilité Complémentaire des Éléments, L’après-midi d’un
Foehn Version I, présente sur la musique de
Debussy un ballet chorégraphique inattendu
de marionnettes confectionnées sur place. Tout
est si simple ! Ciseaux, scotch, sacs plastiques
et sept ventilateurs… et une ronde fragile et
multicolore. Beauté aérienne, poésie délicate
des envols, qui n’ignorent pas la nuisance du
retour au sol… Un spectacle onirique de Phia
Ménard, accessible dès 5 ans. 25 minutes de
bonheur (lire chronique sur journalzibeline.fr).
Spectacle conçu pour les tout-petits et offert
par la ville de Gardanne aux quatre crèches,
La journée de Lila, joué par la Compagnie
du Kafoutch, appartient au genre du théâtre
d’objet et de chansons. Le quotidien devient
sujet à chansons et inventions joyeuses. On
suit la petite Lila de son réveil à la nuit, on
partage avec elle les moments-clé de la
journée, repas, sieste, toilette, mais aussi
ses découvertes. Un joli moment intime qui
joue à enchanter le réel. Une belle initiation
à la vie…
20, 22 & 23 avril
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
14 avril
3bisf, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 3bisf.com
Les culs-terreux
Tentative de fugue
Dans la suite logique de Un Diptyque, Tentative de fugue (Et la joie ?… Que faire ?),
constitue une nouvelle expérience commune
du collectif En Devenir, fondé en 2012. Le
travail présenté interroge la relation entre la
multiplicité et le singulier, partant de la « vieille
idée romantique qu’il ne peut y avoir de joie
sans souffrance ». Fulgurances et moments se
succèdent, offrant un patchwork de la société.
Un chœur, à l’instar de ceux des origines
du théâtre, apportera sa voix, sa fougue, ses
élans, l’ensemble recherchant la source de
l’enthousiasme. Un théâtre contemporain et
dionysiaque ?
30 & 31 mars
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
Dans le cadre des créations universitaires,
intégrées au cursus de formation Arts du
spectacle de l’université de Provence, on pourra
voir Les culs-terreux, mis en scène par Franck
Dimech (metteur en scène professionnel invité
pour cette création). La pièce s’articule autour
de trois textes, L’épi monstre de Nicolas Genka,
Arrière-fond de Pierre Guyota et A.lp_r.v.A
de Maxime Reverchon. Les étudiants ont
comme consigne de fabriquer un « objet de
langue » à partir de ces œuvres et d’explorer
« la notion d’oralité rurale et de travailler son
énonciation ».
19 & 23 avril
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
© X-D.R
La compagnie Vol plané adapte au théâtre
le roman de Noémie Lefebvre, L’enfance
politique. Il s’agit d’un long monologue : Martine, à la quarantaine, après un séjour en HP,
revient vivre chez sa mère. Journées à fumer à
regarder des séries TV… elle recherche ce qui
a provoqué cet effondrement, traumatismes liés
à la violence du monde ? Marianne Houspie
interprète cette voix singulière qui réinvente
grammaire et syntaxe dans une mise en scène
de Pierre Laneyrie. Une étape de travail
sera présentée au 3bisf.
18 & 19 avril
Divers lieux, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Zaza et les zanimos
Et voilà, les parents de Zaza ont été très fermes
et ont refusé l’adoption d’un animal, cette
source de poils, de saletés, de contraintes. Aussi
la petite fille décide d’inventer un zoo (tant
qu’à faire, voyons grand !). Bien sûr ce sont
des animaux « pour de faux », mais ils peuplent
toute la maison. Magali Braconnot (Cie du
Kafoutch) avec un humour communicatif
nous plonge dans une délicieuse et poétique
fantaisie. Spectacle conçu pour les petites
sections maternelles (3€).
© X-D.R
© Jean-Luc Beaujault
© Cie Vol plané
L’après-midi d’un Foehn
20 & 21 avril
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
42 au programme spectacles bouches-du-rhône
Ruptures
Demain il fera jour
Illustrant à merveille le thème de la saison de
l’espace Nova, Le Bonheur, la compagnie La
Naïve nous invite à une exploration sensitive
et sensuelle du monde à travers une Conférence
théâtralisée autour des plaisirs culinaires. À
nous les trésors des potagers et les lectures
qui assaisonnent ces agapes gourmandes de
leurs anecdotes ! Fruits et légumes offriront
leurs histoires parfois étonnantes et leurs
saveurs… Le bonheur se partage, et c’est
gratuit.
Ce spectacle est le premier volet d’un diptyque
(avec Maintenant !, de la même Cie Demain
il fera jour) qui « se veut un hommage à tous
ceux qui, n’ayant pas renoncé à être les héros
de leur propre vie, tentent de s’inventer un
destin ». Seul en scène, accompagné par la
musique de Cédric Le Guillerm, Vincent
Clergironnet fait jouer les reflets d’un miroir
sans tain pour glisser d’un costume à l’autre,
d’un personnage à l’autre : jeune cadre, paysan,
gendarme, soldat, voyou, clochard… tous
tentent de changer le cours de leur vie de
héros ordinaires.
Pour créer ce spectacle, l’auteur Michel
Bellier et la comédienne et metteure en
scène Isabelle Bondiau-Moinet se sont
nourris de rencontres et de témoignages
avec les habitants de la ville qui ont comme
point commun une rupture, qu’elle soit amoureuse, social, familiale, géographique… Les
mots recueillis donneront naissance à un
personnage, à une histoire qui se jouera en
appartement.
2 avril
Espace Nova, Velaux
espacenova-velaux.com
Agamemnon
18 au 22 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39
theatre-semaphore-portdebouc.com
Comme la tragédie grecque mêlait les formes,
D’ de Kabal et Arnaud Churin revisitent
l’Agamemnon d’Eschyle en alliant rap, opéra,
danse, human beatbox et slam. Les cultures
et les disciplines se mélangent dans un déferlement d’énergie pour remettre au goût du
jour l’histoire de ce roi victorieux de la guerre
de Troie et en faire une tragédie moderne.
L’Intrépide soldat de plomb
© Xavier Ruinart
04 42 87 75 00
© Albert Wolff 2011
Les Billevesées du potager
04 42 10 23 60
1er avril
Forum de Berre
forumdeberre.com
13 avril
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
30 mars
Forum de Berre
forumdeberre.com
© Christophe Raynaud
21 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
Il était une fois vingt-cinq soldats identiques,
tous frères car nés d’une vieille cuillère de
plomb. Un seul était différent, il n’avait qu’une
jambe. Une chose en entraînant une autre,
ce petit héros téméraire va entreprendre un
voyage initiatique… Stefan Wey met en
ombre, en lumière et en jeu le conte d’Hans
Christian Andersen, sous une gigantesque
toile de parachute qui devient l’écrin de cette
suite vertigineuse d’obstacles au bonheur
d’un intrépide soldat de plomb.
04 66 36 65 10
04 42 10 23 60
Chez certains enfants, l’adolescence arrive
comme un boulet de canon, chez d’autres,
progressivement, elle s’installe. Mais c’est
toujours un moment crucial, celui où l’on rebat
les cartes avant d’entrer dans le grand jeu de
la vie. Pauline Bureau de la Cie La part
des anges a écrit son texte en collaboration
avec les acteurs du spectacle : Aurore et Théo,
deux préados, s’y rencontrent en rêve après
avoir traversé des épreuves et accompli des
exploits, et tout devient possible. À partir
de 8 ans.
© Pierre Grosbois
© Alain Baczynsky
Dormir 100 ans
04 42 56 48 48
23 avril
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
29 avril
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
bouches-du-rhône gard spectacles au programme
De l’enfer au paradis
43
Chroma
Inspiré de La Divine Comédie de Dante, le
spectacle d’Emiliano Pellisari et Mariana
Porceddu emprunte autant à la danse qu’à la
magie nouvelle et au cirque. Sur fond d’électro,
de rock ou de classique, six danseurs forment
et déforment les images d’un kaléidoscope,
s’envolent, retombent, semblent flotter.
Treize tableaux se succèdent pour évoquer
le voyage initiatique du poète à travers l’Enfer,
le Purgatoire et le Paradis.
04 42 56 48 48
19 avril
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
En résidence de création au Citron Jaune,
Centre national des arts de la rue, le duo aérien
Les Sélène va y créer le Second mouvement
des Heures séculaires dont deux présentations auront lieu les 6 et 7 avril au Citron
Jaune. Laura de Lagillardaie et Olivier
Brandicourt sont réunis « dans un travail
qui puise sa force de l’air, dans cet espace
baigné de lumière et de silence, qui laisse
à entendre et voir cet endroit invisible et
indicible… ». Ils donneront par ailleurs le
Premier mouvement du spectacle le 10 avril
au Marais du Vigueirat, à l’occasion de la
journée des producteurs.
© Bruno Geslin
© X-D.R.
Heures séculaires
Bruno Geslin adapte l’ouvrage autobiographique Chroma, un livre de couleurs de
Derek Jarman et signe, avec la compagnie La
Grande Mêlée, un poème théâtral et musical
(Mount Analogue) autour des souvenirs de
jeunesse, des expériences artistiques et du
journal d’hospitalisation de l’artiste anglais
qui revisite à chaque chapitre, en rentrant
progressivement dans la cécité, une couleur
différente. Une lumineuse immersion dans
l’image qui célèbre la vie lorsque la nuit
approche (spectacle bilingue français-anglais,
surtitré en français).
6, 7 & 10 avril
Marais du Vigueirat, Arles
04 42 48 40 04 lecitronjaune.com
Sacré printemps
À partir de l’histoire tunisienne et des bouleversements du monde arabe, les chorégraphes
Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou offrent une
réponse bouleversante au Sacre du Printemps
de Stravinski. Le duo tunisien met sous tension
un groupe de danseurs qui tente sans cesse
de se mouvoir, se relever et tenir debout, en
solo ou collectivement, animé par les gestes
de la révolte et le désir de vivre. Une pièce
exaltante, portée par la sublime voix de la
cantatrice Sonia M’Barek sur la bande
son d’Eric Aldéa et Ivan Chiossone et la
scénographie de Dominique Simon qui
s’appuie sur les dessins de Bilal Berreni
représentant les martyres de la révolution
tunisienne.
© Dieter Hartwig
L’heure où nous en savions
trop l’un sur l’autre
« Il était une fois une histoire vraie qui n’a
jamais existé. » C’est ainsi que commence le
spectacle d’Olivier Sauton, dans lequel il
incarne un comédien débutant qui croise son
idole dans la rue par hasard et lui demande
de lui donner des cours de théâtre. Ce dernier
accepte et va lui prodiguer au fil des rendez-vous des leçons de théâtre mais également
de vie. Le comédien, qui est aussi l’auteur du
texte, passe finalement d’un personnage à
l’autre, sans jamais tomber dans la caricature.
1er avril
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
© Blandine Soulage
© Gaelic
Fabrice Luchini et moi
04 66 36 65 10
04 90 52 51 51
22 avril
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
31 mars & 1er avril
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
Clin d’œil à la pièce de répertoire sans parole
de Peter Handke, la compagnie berlinoise
Nico & The Navigators questionne ici
l’identité et les liens entre les individus avec
son théâtre musical inclassable et son sens de
l’autodérision grisant. Sur une place animée
d’incessantes allées et venues, une vieille
dame, un groupe d’hommes d’affaire, un
jogger… autant de personnages hauts en
couleurs, pris dans une suite de réactions en
chaîne, qui rendent le quotidien plus léger
de leur délirant langage visuel et sonore…
04 66 36 65 10
6 avril
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
44 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse
Une Semaine du petit Elfe
Ferme-l’œil
La Tempête
Avec cette comédie amère sur la mécanique du
pouvoir, adaptée de l’œuvre ultime de William
Shakespeare, la compagnie Les Têtes de
bois boucle sa trilogie élisabéthaine Divine
Tragedia. La Tempête est construite autour du
personnage de Prospero, dépossédé du Duché
de Milan et réfugié avec sa fille Miranda sur
une île inconnue, qui deviendra son « théâtre
des événements », après qu’il ait appris l’art
de la magie…et de la vengeance. À partir
de 12 ans.
Après la pièce À l’ombre de nos peurs accueillie en Nomade(s) en début d’année, Laurance
Henry poursuit son compagnonnage avec
La Garance en présentant Murmures au fond
des bois, l’autre moitié de son diptyque autour
de la peur. L’auteure-metteur en scène et
sa compagnie de théâtre jeune public AK
Entrepôt, plongent ses comédiens (et les
jeunes spectateurs dès 7 ans) à l’orée d’un
bois, une nuit de pleine lune, pour une partie
de cache-cache au milieu des ombres… et
de la peur. C’est si bon d’en jouer…
Programmée au Claep de Rasteau par Arts
Vivants en Vaucluse, dans le cadre de Festo
Pitcho, voici un conte d’Andersen revisité
par l’Agence de Fabrication Perpétuelle
qui promet aux enfants dès 6 ans un voyage
enchanté au pays des songes. C’est en compagnie du personnage d’Ole Ferme-l’œil, qui
viendra durant 7 soirs raconter des histoires
pour endormir le petit Viktor, que la comédienne Valérie Paüs et le musicien Sebum
illustrent tout en douceur ce voyage temporel
qui fait place à l’imaginaire et la rêverie.
© X-D.R.
21 avril
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
© X-D.R.
© JM Collaniza
Murmures
20 avril
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 l lagarance.com
L’usage du monde
04 90 33 96 80
25 & 26 mars
Claep, Rasteau
artsvivants84.fr
Les deux frères et les lions
© Matieu Hillereau
La Compagnie STT (Super Trop Top) et
l’artiste associé à La Garance, Dorian Rossel, reprennent leur création autour du récit
initiatique de l’écrivain-voyageur Nicolas
Bouvier. Sur scène, cinq comédiens et musiciens « à la recherche d’une compréhension
d’eux-mêmes par l’exploration du monde » se
fondent dans la langue singulière de l’auteur,
se font baladins et conteurs pour s’offrir au
monde, et à son usage, s’engouffrent dans la
musique et les silences, au confins des mots.
En tournée dans les villages Nomade(s) du
Vaucluse. Super Trop Top !
Les enfants sont décidément gâtés à La
Garance ! Avec Macaroni !, une création
belge du Théâtre des Zygomars accueillie en tournée Nomade(s) six soirs durant,
ils découvriront, dès 8 ans, le témoignage
poignant de l’auteur de BD Vincent Zabus
sur les mémoires d’un ancien mineur, immigré
italien en Belgique. Ils iront à la rencontre, en
chair et en marionnettes, entre un jeune garçon
de 10 ans et son grand-père. Transmission,
immigration, secrets de famille, relations
intergénérationnelles… de quoi apprendre
à grandir en creusant au fond de soi. Et du
monde.
© Bertrand Thomas
© Rodolphe Tombe
Macaroni !
6 au 9 avril
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
21 au 27 avril
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Des jumeaux en survêt et cheveux gominés
viennent nous raconter leur histoire (véridique) de petit gamins de banlieue anglaise
devenus milliardaires. Des nouveaux riches,
autodidactes, reclus dans leur paradis fiscal, qui ont usé sans scrupule de méthodes
impitoyables pour conquérir le monde. Des
vrais pros du libéralisme qui trouveront la
parade pour sauver leur fortune quand le
droit féodal interdit (encore) aux femmes
d’hériter. Délicieusement odieux quoi ! Une
magistrale interprétation de Hédi Tillette
de Clermont-Tonnerre et Lisa Pajon (lire
chronique sur journalzibeline.fr).
21 avril
Théâtre Benoit XII
ATP, Avignon
04 86 81 61 97
vaucluse spectacles au programme 45
On t’appelle Vénus
Sherlock Holmes et
le chien des Baskerville
Elle
© Patrick Berger
© V. Semensatis
En mettant ses pas, et les nôtres, dans ceux de
la Vénus hottentote, cette femme sud-africaine
à la morphologie hors norme qui, au début du
XIXe, vécut l’enfer des foires européennes,
exposée comme un animal exotique, la danseuse chorégraphe Chantal Loïal et sa Cie
Difé Kako interrogent le regard de l’Occident
sur le différent. Philippe Lafeuille et Paco
Décina collaborent à la chorégraphie. Une
pièce vibrante et essentielle, à voir dans le
cadre des 10 ans du Café des Sciences
accueillis au Théâtre des Halles. Une conférence, Devenir humain… et le rester, aura lieu
en amont ; un débat suivra la représentation.
22 & 23 avril
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47 theatredescarmes.com
© Cie le Kronope
2 avril
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Identités et paysages humains
Fin de série
© Geraldine Aresteanu
31 mars au 2 avril
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
Les filles aux mains jaunes
En coréalisation avec La Garance et en partenariat avec la Chartreuse, le Théâtre des
Halles accueille l’œuvre du Dynamo Théâtre
consacrée à un quatuor de femmes lâchement
oubliées par l’Histoire. Mis en scène par Joëlle
Cattino, le texte de Michel Bellier éclaire
un angle particulier de la Grande Guerre et les
prémices d’une émancipation féminine structurée par les luttes ouvrières. Courrez-y pour
vous émouvoir et savoir pourquoi ces filles-là
avaient les mains jaunes… Un remarquable
manifeste ! (lire critique sur journalzibeline.fr)
« Deux vieux sont chez eux. Ils ne sont pas
malades, ils ne sont pas isolés, il n’y a pas de
canicule. Leur projet : passer le temps. » Voilà
le pitch de cette comédie, féroce, burlesque
et cocasse ! Accompagnée à la production
par Les Déchargeurs/Le Pole Diffusion, la
Cotillard Compagnie met en lumière la
part d’enfance que chaque vieux garde en
lui. Un hommage drôle et sans complaisance
à la vieillesse…et à une fin de partie parfois
si cynique.
30 & 31 mars
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
20 & 21 avril
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Née sous une étoile clownesque, la compagnie avignonnaise La sauce aux clowns
crée aussi pour le théâtre. Ici, sur un texte de
Marie-Pierre Cattino, Ivan Ferré met en
scène un huis clos familial dans lequel le personnage d’Elle revient après 10 ans d’absence.
Un père, une mère, une fille (Pierre Azaïs,
Aïni Iften, Laure Vallès) se retrouvent…
comment chacun s’arrangera-t-il avec un
passé dont le conflit, et les non-dits, sont
encore si présents ?
Ce projet européen sur « le côté migrant de
l’être humain » réunit trois écrivains autour
d’un travail polyvocal (Françoise Berlanger, Maria-Pia Selvaggio et Stéphane
Oertli), une traductrice (Eugénie Fano)
et une metteure en scène (Anna Romano)
qui croisent les écritures et les rencontres.
Soutenu par la Cie Mises en Scène, il fait
escale au Théâtre des Doms, et ouvre ses
portes au public (en entrée libre) après 10
jours de résidence.
© X-D.R
Œuvre noire et angoissante, Le Chien des
Baskerville d’après Arthur Conan Doyle
s’assimile à un cauchemar éveillé : interné
dans un asile psychiatrique, traumatisé par
sa dernière enquête, Sherlock Holmes et
son indissociable Watson retricotent pour
le meilleur et pour le pire l’intrigue du chien
des Baskerville. Le Théâtre du Kronope
s’inspire de Shutter Island de Scorsese pour
partir sur la piste d’un criminel et s’emparer,
avec toute l’imagination qu’on lui connaît et
son esthétique masquée, de la dimension
fantastique de cette œuvre mise en scène
par Guy Simon !
8 avril
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
46 au programme spectacles vaucluse alpes
Les Ailes du désir
Festival Escales Voyageuses
Voilà un projet passionnant : l’adaptation du
road-movie poétique Les Ailes du désir de
Wim Wenders au théâtre. Si l’action de cet
inoubliable film sur l’humanité se passe à
Berlin avant la chute du mur, la pièce mise en
scène et adaptée par Gérard Vantaggioli
se situe de nos jours à Avignon, filmée dans
ses moindres recoins et projetée sur l’espace
scénique. Deux anges invisibles des humains
assistent au bruissement du monde, l’un
d’entre eux est fasciné par Marion, qui suit
les directives de son metteur en scène sur un
plateau de théâtre. Pour la rejoindre, il devra
renoncer à sa condition d’immortel… Avec
Nicolas Geny, Stéphanie Lanier, Sacha
Petronijevic et Philippe Risler.
19e festival aux couleurs du monde et des
« escales voyageuses » concocté par l’association Aventure et Découverte du
Monde : trois jours de rêve, d’émotion et de
rencontres authentiques autour du voyage et
de l’aventure humaine. Des ateliers d’écriture,
des expositions, des stands, des librairies,
un concours photo et des projections avec
des conférenciers-voyageurs qui viendront
débattre de leurs aventures, à découvrir dans
trois théâtres avignonnais (Benoit XII, Chien
qui Fume et La Luna), et dans le nouveau lieu
de rencontres le Glob’Trot (rue des Teinturiers).
Ouste !
Tact
La compagnie de hip hop Stylistik est une
fidèle d’Avignon et du Théâtre Golovine, elle y
a déjà présenté trois créations et rencontré de
beaux succès. Elle revient avec un nouveau
projet porté par le véloce Abdou N’gom
autour de la notion de toucher, auquel s’associe
le musicien concepteur en arts et interactions numériques Damien Traversaz. Une
expérience sensorielle dans laquelle « tout est
histoire de conTact »… Tout public dès 6 ans.
1er au 3 avril
Divers lieux, Avignon
06 65 24 78 41 asso-adm.fr
© Clémence Richier
22 au 24 avril
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87 chienquifume.com
Là San Sol
Le Misanthrope
(ou l’atrabilaire amoureux)
22 avril
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
Dans le cadre du temps fort de spectacles
vivants pour publics jeunes Festo Pitcho, le
Théâtre du Balcon reçoit la compagnie Point
C avec un conte sur la solitude et l’amitié,
écrit et mis en scène par Laure Vallès. Le
comédien Arny Berry et le marionnettiste
Renaud Gillier interprètent cette délicate
histoire autour de la rencontre d’un certain
Monsieur Ossol et de l’enfant Sansol, ayant
fui son pays qui ne l’accueille plus…
04 90 85 00 80
2 et 3 avril
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
© Collectif Kobalt
Initiés l’an passé et portés avec énergie par
Surikat Production, les « rendez-vous
secrets » de spectacles d’art de rue, adroitement dénommés Venez voir !, reviennent
à Avignon ! Des évènements gratuits, ouvert
à tous, en plein air, auxquels il est possible
de s’inscrire en ligne (venezvoir.net) pour
connaître la teneur avant tout le monde et en
avant-première ! De mars à juin, réservez vos
derniers dimanches à l’heure du gouter (27
mars, 24 avril, 29 mai et 26 juin) et admirez
le spectacle ! Prochain rendez-vous de mars
au Tri Postal à 16h (rue du Blanchissage) en
compagnie de… chut… allez voir !
Le Collectif Kobal’t mené par Thibault
Perrenoud revisite le Misanthrope de Molière,
en suivant l’amoureux Alceste et son combat
contre la société du paraître. Invités dans le
salon de la mondaine Célimène en pleine crise,
nous assistons à une fête de notre siècle sur
un plateau à nu… En alexandrins toujours,
la modernité et le génie de Molière frappent
en plein dans le mille.
1er avril
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
© Nadia Slimani
© Cie Point C
Venez voir !
27 mars
Tri postal, Avignon
venez.voir.net
alpes
var spectacles au programme
47
L’instinct du déséquilibre
Le Misanthrope
À découvrir en solo ou en écho, voici deux
histoires personnelles touchant à l’universel
délivrées par deux sensibles passeurs. Dans
La brique, Guy Alloucherie, fils de mineur,
remonte le fil de sa vie en feuilletant son album
de souvenirs autour du matériau emblématique du Pas-de-Calais. Une conférence sur
la question de l’homme-patrimoine, drôle et
touchante. Suivra La nuit de Domino avec
Stéphan Pastor qui, à partir de son deuil, a
créé un double théâtral (Domino) pour crier
sa rage et sa douleur. Un voyage de colère et
de sensualité, poignant et jamais larmoyant,
pour faire reculer la nuit.
Michel Belletante transpose la pièce de
Molière dans la société virtuelle d’aujourd’hui :
pour adapter l’histoire « d’un pétage de plomb »
en direct, il plonge ses personnages dans un
bain d’images vidéo (Benjamin Nesme)
et de lumières. Les alexandrins résonnent
avec la musique live (Patrick Najean), le
cynique Alceste, la volage Célimène et le
sage Philinte se fondent dans le décor très
moderne et interrogent les errements du
temps présent.
© Daniel Michelon
La brique & La nuit de Domino
© Isabelle Fournier
Nouvel opus de la compagnie de cirque Iéto
qui s’ouvre sur une image contemporaine du
Radeau de la Méduse : réfugié sur une frêle
embarcation de bois, instable, un quatuor doit
s’entraider pour éviter la catastrophe. S’ils
s’opposent au départ, les réfugiés devront
écouter leur instinct de survie pour s’en sortir. Un espace commun à remodeler, terrain
d’aventures et prétextes à toutes les inventions
spaciales et autres acrobaties étonnantes.
Entre le vide et la chute, un nouveau monde
se dessine.
Pekka
Looking for Alceste
04 92 52 52 52
29 au 31 mars
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Samedi détente
© Théâtre des petites âmes
23 avril
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
Nicolas Bonneau suite les traces d’Al Pacino
dans Looking for Richard pour s’aventurer en
quête de l’irréductible Alceste, personnage du
XVIIe siècle toujours d’actualité. Une variation
libre du Misanthrope de Molière, mêlée à un
collectage de paroles, pour raconter l’histoire
d’un comédien soudainement pris d’un accès
de lucidité sur le monde qui l’entoure. Alceste
devient son double fantasmé, il décide de
monter la pièce… le besoin de vérité et la
contrainte d’une vie en société se trouveront
confrontés, sinon opposés.
1er avril
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
Originaire du Rwanda, la jeune danseuse et
chorégraphe Dorothée Munyaneza mêle
ses souvenirs intimes à l’histoire de son pays.
Samedi détente, c’était l’émission radio de
divertissement qu’elle et sa famille écoutaient
avant de fuir devant les machettes. Dans cette
première pièce chorégraphique elle rend
sensible l’horreur vécue, où joie et gravité
se superposent en une catharsis nécessaire
pour contrer la mort et l’oubli.
En tournée dans les écoles du Grand Briançonnais, ce spectacle de conte empreint de
poésie et de douceur est idéal pour initier
les tout-petits à l’art de la marionnette. La
petite tortue Pekka, la vieille Jacynta, Mamzelle Lune… autant de petits personnages
délivrés par le Théâtre des Petites Âmes,
à hauteur d’yeux écarquillés, qui créent une
bulle d’intimité pour rêver à yeux ouverts.
Dès 2 ans.
29 mars au 1er avril
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
© Laura Fouquere.
La Brique © Jérémie Bernaert
2 au 5 avril (relâche 3 avril)
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu
30 & 31 mars
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
48 au programme spectacles var
Au pied du mur sans porte
Gants de toilette, gants de vaisselle ou gants
de ski, qui n’a jamais joué à transformer ces
accessoires en marionnettes ? La Toute Petite
Compagnie développe l’idée et en crée un
spectacle musical destiné aux enfants de 3 à
10 ans. Clément Paré et Grégory Truchet
incarnent deux personnages loufoques, qui
courent le monde, récupèrent toutes sortes
de gants et leur donnent une deuxième vie.
Pour un résultat, tout en rythme, en fantaisie
et complètement déganté...
Lazare revient au Théâtre Liberté après
y avoir présenté Petits Contes d’amour et
d’obscurité la saison dernière. Ce deuxième
volet évoque allégoriquement les problèmes
de l’enfance mis au ban de la société, par le
biais de l’histoire de libellule, sept ans, un
enfant en grande difficulté, écorché vif, qui
va devoir appréhender tout seul l’errance et
les limites de ce qui fait un homme…
© X-D.R.
22 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
19 avril
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Tout mon amour
Novecento
© Christian Ganet
© Jean Louis Fernandez
Adaptée du roman d’Alessandro Baricco
et interprétée par André Dussollier, voici
l’histoire d’un nourrisson né en 1900 et
abandonné par ses parents sur le piano
d’un paquebot qui devient la mascotte de
l’équipage. Prénommé Novecento, devenu
pianiste surdoué, il grandit entre l’Europe
et l’Amérique… sans jamais mettre pied à
terre. L’acteur, accompagné par un quartet
de jazz, nous transporte au milieu de l’Océan
pour une croisière surprenante !
7 et 8 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
À la mort de son père un homme revient
dans le village où il a passé son enfance. Une
jeune fille, surgit de nulle part, prétend être
l’enfant qu’ils ont mystérieusement perdu 10
ans plus tôt. Si la mère refuse de la croire, le
père doute et demande à leur fils, absent à
l’enterrement, de les rejoindre. En 14 tableaux,
le Collectif Les Possédés adapte le roman de
Laurent Mauvignier, qui conjugue intrigue
psychologique et drame familial autour de la
douleur du deuil d’un enfant, de la filiation, et
de la difficulté à croire l’impossible…
Spectateur : droits et devoirs
Vous qui fréquentez les salles de spectacle,
avez-vous déjà réellement pris conscience
de votre rôle, de vos responsabilités ? Le
public qui se rend au théâtre ne peut ignorer
quels sont ses objectifs, ses missions. Pour
atteindre l’excellence en ce domaine, un
Observatoire des Comportements du Spectateur était indispensable. La compagnie
L’Outil, la bien-nommée, a mis au point ce
dispositif, et propose une conférence aussi
sérieuse que délirante afin de former « les
spectateurs de demain ».
© Vincent Arbelet
31 mars & 1er avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
© Helene Bozzi
Boite à gants Après le phénoménal Henry VI créé à Avignon en 2014, Thomas Jolly poursuit et clôt
son travail sur Shakespeare avec cette pièce
qui en est le prolongement, le premier acte
mettant en scène l’enterrement d’Henri VI
assassiné par le futur Richard III. « Il ne s’agit
pas seulement du magnétique et fascinant
personnage, souligne T. Jolly, c’est davantage
la peinture d’une société meurtrie et dévastée,
propice à l’éclosion d’un monstre, dont il est
question. »
© Nicolas Joubard
Richard III
1er avril
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
20 avril
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
49
...de là-bas
Pochée À travers l’histoire de la petite tortue Pochée,
ce spectacle, destiné aux enfants de 4 à 7 ans,
aborde tout en délicatesse le thème du deuil.
Quand elle était jeune, Pochée partit sur les
routes, où elle rencontra Pouce, qui devint son
ami. Désormais grand-mère, Pochée raconte
sa longue vie à ses petits-enfants. Elle leur
parle de Pouce et de comment elle surmonta
son chagrin après la disparition de son ami.
La compagnie Artefact signe l’adaptation
de ce texte de Claude Ponti.
© Romain Bertet
Contes chinois
21 & 22 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
© Nathalie Prébende
Le danseur Romain Bertet bénéficie du
soutien de la ville de la Valette-du-Var et sa
compagnie, L’Oeil Ivre, s’y est installée en
résidence pour réaliser cette dernière création.
Le chorégraphe, seul en scène, propose dans
ce nouveau spectacle une « danse des temps
et des lumières, des cris et des murmures ».
Dans un espace fait de terre, un homme erre,
avance, tombe, attend, cherche, se cherche,
emprunte des passages qui le conduisent
vers de possibles mémoires. Programmé hors
les murs, à l’Espace Pierre Bel.
À partir des textes et des illustrations de Chen
Jiang Hong, ce spectacle nous invite à un
voyage musical et visuel. Afin de s’adresser
aux enfants dès 5 ans, François Orsoni, le
metteur en scène, crée un univers rempli de
poésie et de couleurs. Les images et la musique
se répondent dans une subtile harmonie. Tout
en douceur, les instruments, bâton de pluie,
guitare ou tambour, ouvrent les sensations
vers un imaginaire de mélodies et d’émotions.
16 avril
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
Ballet de l’Opéra National
de Bordeaux
20 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
L’enfant racine
Il était une fois, une jeune fille, Leslie, qui
vivait dans une cabane isolée au coeur d’une
forêt, avec ses poules pour seule compagnie.
Le conte de Kitty Crowther commence ainsi.
La comédienne et violoncelliste Fabienne
Van Den Driessche, seule en scène, nous
plonge dans cet univers magique et féerique.
Qui mènera Leslie à la rencontre d’un enfant
racine, tout aussi seul qu’elle, perdu et en
pleurs au beau milieu de cette immense forêt.
22 avril
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
© S. Colomye
Dans une sorte de laboratoire un peu bizarre,
quelques nichoirs sont éparpillés. Deux
hommes veillent les petites cages, guettant
l’éclosion des œufs. Tout est blanc immaculé,
les tenues, les nichoirs, le décor. Au milieu
de cette blancheur va tout à coup surgir la
couleur. Un œuf rouge, venu d’on ne sait
où. Les deux hommes s’interrogent. Faut-il
le rejeter ou l’accueillir ? Les Écossais de la
Catherine Wheels Theater Company
proposent cette fable sur la diversité, pour
les enfants dès 2 ans. Moments de grâce en perspective. La troupe
du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, dirigée par Charles Jude, danseur
étoile à l’Opéra de Paris, nous plonge dans
un univers d’exception. Finesse, délicatesse,
subtilité et technique parfaitement maîtrisée,
les danseurs girondins enchaînent les extraits
du répertoire classique et néo-classique.
Avec au programme, entre autres, Le Lac
des Cygnes, Casse-Noisette, Don Quichotte
ou Les Indomptés.
© X-D.R.
© Veronique Nicaise
White
30 mars au 2 avril
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
1er & 2 avril
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
50 au programme spectacles var alpes-maritimes
Le Père Noël est une ordure
Imprévus !
L’histoire du radeau
de la méduse
16 & 17 avril
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
Armstrong Jazz Dance
Company
La danse, comme la musique, porte parfois
une forte dimension politique. C’est le cas
du jazz, devenu patrimoine américain mais
pourtant issu de décennies d’esclavage et de
discriminations. Avec ses danseurs, Geraldine Armstrong met en avant cette lutte du
peuple noir aux USA, qui se poursuit encore
de nos jours. Car si les contextes évoluent,
le racisme demeure. Au son du gospel ou du
blues, les interprètes donnent corps à cet
éternel combat contre l’injustice.
04 93 40 53 00
04 93 40 53 00
20 avril
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
Comme son nom l’indique, on ne peut pas
vraiment savoir quelle chorégraphie sera
répétée dans le laboratoire qu’est l’Atelier
des Ballets de Monte-Carlo. Sera-ce un
extrait des chorégraphies de Jiri Kylian,
dont trois œuvres seront données au Grimaldi Forum de Monaco (28 avril au 1er mai),
Bella Figura, Gods and Dogs, Chapeau, ou
encore des passages de Roméo et Juliette de
Jean-Christophe Maillot, nominé dans la
catégorie Best New Dance Production dans
le cadre de la 40e édition de la cérémonie
des Olivier Awards (3 avril). Peu importe, le
décryptage des codes, paradoxalement, ajoute
à la magie ! (réservé aux possesseurs de la
carte Ballets de Monte-Carlo).
Les fourberies de Scapin
Farce indémodable, l’oeuvre de Molière entre
au répertoire de la compagnie Les Géotrupes.
Les comédiens, mis en scène par Christian
Esnay, s’appuient sur leur jeunesse pour
revisiter ce grand classique. La pièce, l’une
des plus jouées du théâtre français, garde
toute sa vitalité et son esprit à la fois léger et
frondeur. Art de la bouffonnerie et de l’outrance,
de l’irrévérence et de la naïveté, toutes les
dimensions majeures du texte sont portées
au sommet dans ce spectacle jubilatoire.
8 & 9 avril
Atelier des Ballets de Monte-Carlo,
Beausoleil
+377 97 70 65 20
balletsdemontecarlo.com
© Alain Fonteray
Qui ne connaît pas au moins une réplique de
ce classique des temps modernes ? Thérèse,
Pierre, Félix, Zézette ou M. Preskovitch, les
personnages de cette comédie créée par
la troupe du Splendid, sont ancrés dans la
mémoire collective. Presque 40 ans après la
première de la pièce, Pierre Palmade, à la
mise en scène, et sa troupe de comédiens
rouvrent le standard de SOS Détresse Amitié.
À déguster, façon doubitchou. C’est fin, c’est
très fin, ça se mange sans faim...
© Guillaume Plisson
© X-D.R.
© Th. Gericault, le radeau de la méduse
En juillet 1816, un bateau sombra au large des
côtes mauritaniennes ; seuls quinze marins
furent rescapés, ce qui scandalisa la France
de l’époque. Le Groupe Maritime s’appuie
sur le tableau de Géricault en s’installant
dans l’atelier du peintre et donne vie à ce
terrible naufrage. En écho à cette histoire,
et à la nôtre toujours d’actualité, un homme
racontera sa traversée dans une embarcation
clandestine vers l’Europe.
31 mars & 1er avril
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
04 93 40 53 00
22 & 23 avril
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
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www.lamarseillaise.fr
52 au programme cinéma marseille bouches-du-rhône
Cinéma grec
Hong Sang-Soo
Prisons
Archipels, Granites Dénudées de Daphné Hérétakis © Le Fresnoy
Du 29 mars au 4 avril, le Vidéodrome 2
propose Cinéma grec : nouvelle vague par
temps de crise. Projection de courts et longs
métrages : de L’Héritage de la chouette de
Chris Marker (1989) à Archipels, Granites
Dénudées, le journal filmé de Daphné Hérétakis (2014), en passant par Unfair World
de Filippos Tsitos (2011) ou le réjouissant
Attenberg d’Athina Rachel Tsangari.
Le 2 avril, le cycle se terminera par un concert
du duo Alcalica qui revisite les voix et
musiques traditionnelles.
Les 30 et 31 mars, le Gyptis ouvre une fenêtre
sur l’univers carcéral en présentant le 30 à
19h deux films de Stéphane Mercurio. À
19h, À Côté où la cinéaste a filmé l’espace
d’attente des femmes et parents de détenus,
et à 21h À l’Ombre de la République où elle a
suivi des contrôleurs des Lieux de Privation
de Liberté. Le lendemain, à partir de 19h30,
une soirée avec Bernard Bolze, fondateur
de l’Observatoire International des Prisons :
courts métrages suivis de Visages défendus
de Catherine Rechard.
Vidéodrome 2, Marseille
04 91 42 75 41 videodrome2.fr
À l’Ombre de la République de S.Mercurio © Grégoire Korganow
Week-end tsigane
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
In Another Country de Hong Sang-Soo © Diaphana
Dans le cadre de l’année France/Corée, le
critique Mathieu Macheret présentera au
Gyptis deux films de Hong Sang-Soo, le 12
avril. À 19h, son 13e long métrage, In Another
Country : Isabelle dans un pays qui n’est pas
le sien, une femme (Isabelle Huppert) qui
n’est à la fois ni tout à fait la même ni tout
à fait une autre, a rencontré, rencontre et
rencontrera au même endroit, les mêmes
personnes qui lui feront vivre une expérience
inédite… À 21h, Un jour avec, un jour sans
avec Jae-yeong Jeong, Kim Min-Hee et
Yeo-jeong Yoon.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
La Corée à l’Alhambra
Good Luck Algeria
Flamenco Flamenco de Carlos Saura © Bodega Films
Du 25 au 27 mars, danse, musique et cinéma
au Gyptis. Le 25, après La Fabia-cabaret,
projection du film de Carlos Saura, Flamenco
Flamenco. Les 26 et 27, six films en présence
des réalisateurs dont Le Pendule de Costel de
Pilar Arcila ; ou Qu’ils reposent en révolte
où Sylvain George montre les conditions de
vie des migrants à Calais de 2007 à 2010. Le
27 à 17h30, se tiendra une conférence débat
Les Roms à Marseille, 10 ans, quel bilan ?
avec les réalisateurs présents et Caroline
Godard de l’association Rencontres Tsiganes.
Le 1er avril à 20h, à l’Alhambra CinéMarseille, Farid Bentoumi présentera « une
histoire positive sur l’immigration », son film
Good Luck Algeria, comédie inspirée par
l’histoire de son frère, drôle et émouvante.
Sam et Stéphane, deux amis d’enfance
fabriquent avec succès des skis haut de
gamme jusqu’au jour où leur entreprise est
menacée. Pour la sauver, ils se lancent dans un
pari fou : qualifier Sam aux Jeux Olympiques
pour l’Algérie, le pays de son père. Au-delà de
l’exploit sportif, ce défi improbable va pousser
Sam à renouer avec une partie de ses racines.
Good Luck Algeria de Farid Bentoumi © Ad Vitam
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Cinéma Alhambra, Marseille
04 91 03 84 66 alhambracine.com
Haewon et les hommes de Hong San-Soo © Les Acacias
À l’occasion de l’année de la Corée en France,
l’Alhambra jette un coup de projecteur
sur le cinéma contemporain de la péninsule,
du 13 au 16 avril avec deux longs métrages
de Hong San-Soo. Un jeune Japonais qui
s’immerge dans Séoul, à la recherche d’une
amoureuse disparue est le point de départ du
chassé-croisé Hill of Freedom ; Haewon et les
hommes remet en relation une étudiante et
son professeur. Suneung de Shin Su-Won
et Hard Day de Kim Seong-Hun prennent
la forme de thrillers aux styles différents. Six
courts métrages d’animation complètent ce
coup de projecteur coréen.
Cinéma l’Alhambra, Marseille
04 91 03 84 66 alhambracine.com
53
Trieste
De Rome à New-York
Mon voisin, mon tueur
Quatrième rendez-vous avec la cinémathèque
de Bologne le 22 avril au MuCEM. À 19h, le
manifeste du néo-réalisme italien, Rome, ville
ouverte de Rossellini. À travers la lutte des
résistants antifascistes en 1944, Rossellini crée
une œuvre quasi documentaire dont l’influence
résonnera durablement dans l’histoire du
cinéma. Un film indispensable illuminé par
l’image inoubliable d’Anna Magnani. À
21h, On the bowery, du nom d’un quartier
de Manhattan, celui de la dépression et des
clochards, suit les traces du néo-réalisme
à la fin des années cinquante. Trois jours
dans la vie de clochards qui jouent leur rôle
sous la caméra de Lionel Rogosin dans
une œuvre puissante.
Le 12 avril à 18h, à l’Eden Théâtre de La
Ciotat, la Fondation Camargo, en partenariat
avec Art et Essai, propose Mon voisin, mon
tueur (Sélection officielle Cannes 2009) en
présence de la réalisatrice Anne Aghion et
de la directrice de la Fondation Camargo, Julie
Chenot. En 1994, au Rwanda, des centaines
de milliers d’Hutus sont incités à exterminer
la minorité Tutsi. Filmé sur près de dix ans
sur une même colline, Mon voisin, mon tueur
retrace l’impact des gacacas (tribunaux de
proximité) mis en place, sur les survivants et
les bourreaux… Anne Aghion nous donne à
voir le chemin émotionnel vers la coexistence.
Terra di Nessuno de Jean Boiron-Lajous © Prima Luce
Le 25 mars à partir de 18h, Image de ville
vous donne rendez vous au Vidéodrome 2 à
Marseille. À 20h, projection de Terra di Nessuno
en présence de Jean Boiron-Lajous (lire
interview du réalisateur sur journalzibeline.fr).
Trieste ressemble à ses habitants : perturbés
par le vent, confrontés aux montagnes et attirés
par le large. Biljana, Alessandro, Adama et
Lisa vivent ici, dans le reflet de ce port, où se
dessine une Europe inquiète de son devenir.
Image de Ville, Aix-en-Provence
04 42 63 45 09 imagedeville.org
Robert Guédiguian à l’Eden
Mon voisin, mon tueur de Anne Aghion © Gacaca Films
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
On the bowery de Lionel Rogosin © 1956 Lionel Rogosin
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.-org
Magallanes
La Criée Tout Court#4
Du 21 au 23 avril, 4e édition de « l’étonnant
Festival du court métrage ! » où sera projeté
à La Criée, en complicité avec le Festival
du Film d’Aubagne, le meilleur du Festival
international de Clermont-Ferrand. Des fictions,
des documentaires et des films d’animation,
de courte durée mais de haute tenue, signés
par les cinéastes de demain qui mixent le
7e art avec la danse, le street-art, les arts
numériques… À voir en famille les 21 et 22
avril à 20h (ainsi que trois séances scolaires
par jour), et le 23 de 10h à 18h (pass 3 jours
à 10 €). En clôture le 23 à 20h, ciné-concert
et projections des travaux du département
SATIS de l’Université Aix-Marseille.
Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian © Agat Films
Yves Alion, rédacteur en chef de la revue
L’Avant-scène Cinéma, propose un rendez-vous avec Robert Guédiguian. On
pourra voir le 27 mars à 18h30 Les Neiges du
Kilimandjaro, auquel le dernier numéro de la
revue est consacré. On aura aussi l’’occasion
de (re)voir sa trilogie de l’Estaque : le 26 à
18h Dernier été (1981), « la fin d’un monde,
la fin d’un mode de vie, un prélèvement
archéologique » ; puis à 21h Rouge Midi
(1985), où le réalisateur veut « approfondir
le film précédent et dresser le catalogue de la
morale de la classe ouvrière avant qu’elle ne
disparaisse ». Enfin, le 27 à 16h, ce sera À la
vie, à la mort où l’on retrouve les comédiens
de sa tribu, Ariane Ascaride, Jean-Pierre
Darroussin ainsi que Jacques Gamblin.
04 96 18 52 49
la Criée Tout Court © Macha Makeïeff
Théâtre La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
Le 17 avril à 18h30 à l’Eden Théâtre, Art et
Essai Lumière, en partenariat avec l’ASPAS,
propose Magallanes, premier film du comédien
péruvien Salvador del Solar. L’histoire d’un
homme dont la vie est bouleversée lorsqu’il
voit monter dans son taxi une femme qu’il a
connue durant les violentes années au cours
desquelles il était soldat de l’Armée Péruvienne, en lutte contre le Sentier Lumineux.
La projection sera suivie d’un débat animé
par l’équipe des Rencontres du cinéma
sud-américain.
Magallanes de Salvador del Solar © Cinerama
Art et Essai Lumière, La Ciotat
06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr
54 critiques cinéma
Ouverture en mode « mère »
reproche sa mère, inversant même les rôles
comme dans cette scène réjouissante où la
« patronne » se retrouve à lui préparer son
petit-déjeuner.
Alternant moments drôles et scènes remplies
d’émotion, cette comédie tonique, grinçante
et lucide pose la question de la place dans
la société et la famille. Aujourd’hui, qu’est-ce
qu’être au service des riches ? Qu’est ce qu’une
mère ? Celle qui met au monde ? Ou celle qui
élève réconforte et cajole ? Anna Muylaert,
à travers ces deux générations de femmes,
esquisse des réponses et la fin du film -que
nous ne révélerons pas- permet d’entrevoir
un avenir meilleur pour les femmes.
Un excellent choix que ce film pour la soirée
d’ouverture des Rencontres de Salon, surtout
le 8 mars !
Fernando Rey, l’acteur préféré de Buñuel, porte
avec conviction le film d’un bout à l’autre ;
aussi bien dans les séquences où il essaie de
récupérer son acte de baptême, courant de
prélat à cardinal, que dans les moments de
désir avec sa cousine, Pilar, dont il est amoureux
depuis l’enfance et qui lui rappelle qu’il a été
un « petit garçon cruel »,ou encore les cours
particuliers qu’il donne à son jeune voisin à
qui il lit des textes rebelles et explique la vie.
« Certaines questions n’ont pas de réponses,
on ne peut que les laisser irrésolues » lui dit-on
pour le décourager ! Certes, mais Gonzalo
Tamayo est décidé à aller jusqu’au bout, quitte
à marcher à reculons !
Dieu, ma mère et moi, mention spéciale du
jury au festival de San Sebastián, sort en salles
en le 13 avril et vaut le détour !
Une seconde mère d’Anna Muylaert © Memento films
Val (géniale Regina Casé),
venue du Nordeste où elle a
laissé sa fille, Jessica (Camila
Mardilà), est la domestique
d’une famille bourgeoise de
Sao Paulo ; c’est elle qui a
élevé le fils, Fabinho, plus
proche d’elle que de sa
propre mère. Val, dévouée,
cuisine, nettoie méticuleusement la maison d’architecte,
avec piscine dont, bien sûr,
elle n’est pas « autorisée » à
profiter, logée dans une chambre exigüe. Et
même si sa « patronne » lui répète qu’elle fait
partie de la famille, chacun doit rester dans sa
classe, à sa place. L’arrivée à Sao Paulo, pour
ses études, de sa fille, que Val n’a pas vue
depuis dix ans, va perturber les rapports dans
la maison ; véritable révélateur de l’hypocrisie
et d’une exploitation de classe. Jessica, libre
et peu encline à respecter ces codes, peu à
peu, naturellement, prend possession des
espaces réservés aux « maîtres », « ne sachant
pas ce qu’on peut faire ou pas » comme le lui
C’
est dans la salle comble du Club qu’ont
démarré allégrement le 8 mars les 26e
Rencontres Cinématographiques de
Salon. En chansons d’abord en compagnie
des Poulettes, et en photos avec de superbes
portraits de comédiennes défilant sur l’écran.
Et après le traditionnel discours d’ouverture
par la Présidente des Rencontres, Michèle
Fraysse, c’est aussi un magnifique portrait de
femme que nous a offert la cinéaste brésilienne
Anna Muylaert, dans son film, primé à la
Berlinale 2015, Une seconde mère.
ANNIE GAVA
Les Rencontres Cinématographiques
ont eu lieu à Salon-de-Provence
du 8 au 15 mars
rencontres-cinesalon.org
Dieu, adiós !
armi les 5 films en avant-premières au
Festival nouv.o.monde de Rousset,
était présenté le 13 mars le 3e long métrage
du réalisateur uruguayen Federico Veiroj, El
apóstata, Dieu, ma mère et moi, pour le titre
français -comme l’essai de Franz-Olivier Giesbert- plus parlant que la traduction littérale.
Inspiré par la tentative d’apostasie d’un de ses
amis, Álvaro Ogalla, Federico Veiroj campe un
Madrilène d’une trentaine d’années, Gonzalo
Tamayo, qui poursuit ses études de philosophie, sans grande conviction et qui, un jour,
entreprend des démarches pour être radié
des livres de l’Église, pensant ainsi couper
le cordon avec sa mère, se libérer du poids
de l’enfance, de la famille.et de la religion.
Et c’est tout naturellement qu’il demande
à Álvaro Ogalla de jouer ce personnage,
immature, rempli de doutes, se réfugiant souvent dans l’imaginaire, ce qui donne lieu à des
scènes cocasses et parfois délirantes comme
la promenade, nu dans le jardin d’Eden -on
pense à un tableau du Douanier Rousseauou le trajet en bus où il se fait « draguer » et
caresser par sa voisine de siège.
Le comédien dont les expressions variées,
filmées en gros plan, font souvent penser à
El apostata de Federico Veiroj © Paname Distribution
P
A.G.
Le Festival nouv.o. monde organisé
par Les Films du Delta s’est déroulé à
Rousset et en Pays d’Aix du 7 au 13 mars
La petite bibliothèque de
Commande par courrier auprès du journal.
1 livre = 1.90€ de frais de port.
17-19, cours d’Estienne d’Orves
13001 MARSEILLE
Ecrivons ensemble l’histoire populaire de Marseille
Sous l’égide de Robert Guédiguian,
La Marseillaise, l’association Promémo et
les Editions de l’Atelier préparent un livre
s’appuyant sur les photos d’archives
familiales pour raconter l’histoire
du peuple de Marseille et de sa ville.
Nous avons besoin de vos photos
et témoignages, qui seront recueillis par
des historiennes et des historiens.
Les photos vous seront immédiatement
restituées après avoir été scannées.
Des permanences sont assurées dans les locaux de La Marseillaise
et annoncées dans le journal. Vous pouvez contacter l’historien Gérard Leidet,
au 06 27 75 17 44 et sur [email protected]
56 critiques cinéma
Militant et d’art et d’essai !
es Rencontres du cinéma écocitoyen
de Gardanne se sont achevées le 15
mars sur deux salles combles et le film de
François Ruffin, Merci patron !, qui, par
un récit anecdotique, digne des meilleurs
fabliaux, prend une dimension exemplaire,
démonstration que la lutte contre les abus de
pouvoir du capital est non seulement possible
mais peut se couronner de succès
On aurait aimé voir autant de monde pour le
génial documentaire de Christophe Cupelin,
Capitaine Thomas Sankara, porteur d’une
parole digne et extraordinairement lucide,
humble et progressiste, avec ce président qui,
refusant l’aide internationale, chercha à rendre
son pays indépendant dans ses productions,
à vaincre l’illettrisme, la discrimination subie
par les femmes, promouvant une culture de
haut niveau et accessible à tous. Ses propos
sur la nécessité de non-paiement de la dette
africaine, prennent d’ailleurs un curieux écho
lorsque l’on pense à la dette actuelle des pays
européens et le montage bancaire inique qui
les asphyxie.
Les documentaires de la sélection avaient la
grâce de capter chez les personnes filmées une
dimension humaine, attachante, bouleversante
parfois : ainsi, dans Cinq caméras brisées de
Emad Burnat et Guy Davidi, les habitants
de Bil’in (Cisjordanie) et leur lutte pacifiste
Capitaine Thomas Sankara de Christophe Cupelin© Vendredi
L
malgré les répliques armées et violentes des
Israéliens (de nombreux Israéliens les refusent
et se rangent aux côtés des Cisjordaniens
résistants) ; le père de famille de la Jezira, Farraj,
dans Je suis le peuple d’Anna Roussillon
est émouvant dans son approche politique,
et nous donne un leçon de démocratie, le
peuple dans la rue défait le pouvoir qu’il a
mis en place s’il ne le satisfait pas… Malek
Bensmaïl souhaite, en suivant les journalistes
de El Watan, dans Contre-pouvoirs, la « mise
en place d’un imaginaire collectif à travers/
grâce au documentaire », et montre une Algérie
qui travaille, a de l’humour, « malgré… ». Enfin,
gardons aussi le très beau film de Lucy Walker, Waste land, qui suit l’artiste Vik Muniz
dans la plus grande décharge du monde et
sa démarche artistique mais aussi humaine
auprès des catadores (les trieurs), rappelant
la magie de l’art qui consiste dans le passage
de la matière, quelle qu’elle soit, à l’idée.
MARYVONNE COLOMBANI
Les Rencontres du cinéma écocitoyen
se sont déroulées du 9 au 15 mars
au cinéma 3 Casino de Gardanne
Journalistes en Algérie
Le documentaire
Contre-pouvoirs sur
El Watan, quotidien
algérien francophone,
est une démonstration
du journalisme de
résistance
L
e film de Malek Bensmaïl est fascinant
à plusieurs égards. Avant tout il est un
documentaire dont on peut admirer les cadres,
les respirations, le montage qui passe du huis
clos du journal à des échappées, la baie d’Alger,
une escapade... Cependant la singularité du
documentaire repose dans son sujet même :
plongé dans la rédaction du quotidien, le
réalisateur y a vécu toute la comédie de la
réélection de Bouteflika, pour son quatrième
mandat, après un AVC qui l’a laissé dans
un état quasi végétatif. Et c’est l’affirmation
d’une liberté d’expression sans retenue qui
sidère : dans ce pays où 120 journalistes ont été
assassinés, dans cette rédaction qui s’abrite
dans une maison de la presse parce que ses
locaux ont sauté, et qui attend depuis 10 ans
de sortir de l’étroitesse de ses bureaux de
fortune ; dans un pays où la démocratie est
une mascarade, des journalistes écrivent ce
qu’ils pensent sans jamais s’autocensurer !
Leur manière de traiter l’actualité est particulière : Omar Belhouchet regarde tout,
oriente les choix, suggère les dessins de Une
avec précision, relit et discute les articles
avec ses journalistes... Il suggère les angles
sans doute plus fermement que dans une
rédaction française, mais jamais ses choix
ne sont dictés par un impératif économique :
le traitement des sujets obéit toujours à la
volonté d’informer, de combattre, d’affirmer.
Sa rédaction est d’ailleurs composée d’un
journaliste plutôt marxiste, d’un croyant, d’un
militant de Barakat (Ça suffit). Ils s’opposent,
dans la promiscuité des locaux, échangeant
des idées, mais luttant ensemble pour sortir
l’Algérie de ses ornières. Avec humour et
ténacité (la Une Bouteflika réélu dans un
fauteuil est hilarante, et désespérée), El Watan
constitue bien un contre-pouvoir, très différent de celui de la presse française. Comme
l’explique Kamel Daoud : « En Algérie, le
contre-pouvoir est un lieu de désobéissance,
pas de contrepoids comme dans les démocraties. » Et nous pouvons, en France, admirer
la liberté de journalistes qui ne peuvent voir
ce film, interdit en Algérie...
AGNÈS FRESCHEL
Contre-pouvoirs a été projeté au MuCEM
le 12 mars et suivi d’un débat avec
Malek Bensmaïl et Omar Belhouchet
dans le cadre du cycle Algérie,
entre la carte et le territoire
Il a également été projeté lors des
Rencontres du cinéma écocitoyen
de Gardanne (voir ci-dessus)
CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux.
Immatriculation ORIAS n° 07 027 138 - BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 €. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris
Cedex 13. RCS PARIS n° 493 455 042. Immatriculation ORIAS n° 08 045 100. Banque Populaire Provençale et Corse - 247 avenue du Prado - CS 90025 - 13295 Marseille Cedex 08 - Société
Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable, régie par les articles L 512-2 et suivants du code monétaire et financier et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux
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Illustration : Killoffer. Mars 2016.
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58 critiques arts visuels
Chaque jour
est un nouveau jour
Le Frac PACA reçoit
jusqu’au 5 juin la première exposition personnelle de l’artiste
belge Lieven De Boeck
en France
U
n Frac n’est pas un musée. On peut
l’investir (presque) à sa guise et l’artiste
Lieven De Boeck ne s’en prive pas,
en proposant un parcours qui questionne le
statut même de l’exposition et de l’institution
qui l’accueille. Un parcours composé d’une
exposition, d’une série de performances et d’un
espace de documentation dédié notamment
à sa Bibliothèque éphémère. Le tout ouvert à
heures fixes sur rendez-vous, selon un protocole
mis au point par ses soins mais libre d’évoluer
dans le temps. De fait, tous les jours diffèrent
et le « spectateur » pénètre à cette occasion
dans les coulisses du Frac !
Le titre Image Not Found ressemble à un
postulat. Une constatation comme une évidence : « C’est comme une incessante mise au
point entre Lieven De Boeck et Los Angeles
(là où le ciel est limpide et l’air transparent,
ndlr) : ses questions sur la lumière et l’air,
sur la présence et l’absence -la recherche
sans fin d’une explication à la question de
l’enfant : Pourquoi le ciel est-il bleu ? » De
bleu, justement, il en est peu question qui
apparaît ici ou là dans une pièce : un Lego
en pâte de verre réalisé dans la fournaise du
CIRVA (Centre International du Verre et Arts
Plastiques, Marseille), un moulage, ou un tapis
au sol. Mais la sensation première est d’abord
d’être enveloppé de blanc et de transparence.
Dès le seuil, un ciel de drapeaux passés à la
Javel surplombe les têtes et intrigue. Inspirés
des 193 drapeaux dressés devant le siège
des Nations unies à New-York, ceux-ci ont la
particularité d’être disposés en désordre de
bataille afin de créer un nouvel alphabet formel.
La langue anglaise usitée à l’international n’y
retrouverait plus ses petits ! D’ailleurs Lieven
Image Not Found, Lieven de Boeck © Matthias Van Rossen
« Pourquoi le ciel
est-il bleu ? »
De Boeck préfère inventer sa propre langue
à partir d’un alphabet créé de toutes pièces,
un univers de formes et de signes difficile à
décrypter pour les néophytes mais dont les
lignes, les matières, les jeux d’opacité et de
transparence sont suffisamment puissants pour
nous pousser hors de nos retranchements. On
peut y voir des formes et seulement des formes,
on peut aussi saisir son énoncé politique sur
l’analphabétisme, facteur d’exclusion…
Image Not Found se joue des codes et des
conventions, monstration classique au départ
puis évolutive comme un work in progress
lorsque sur le plateau 2, deux performeurs
rejouent la scène à partir d’éléments, d’œuvres
et de textes. Une performance théâtralisée
qui ouvre de nouvelles connexions entre le
langage et l’objet, entre le corps et l’œuvre,
entre le faire et le rêver, entre art et savoirfaire. Et laisse le champ libre à un monde
moins normatif.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
jusqu’au 5 juin
Frac, Marseille 2e
04 91 91 27 55 fracpaca.org
Un Autre journal, la Friche, mars 2016 ©Alain Marsaud
Besoin d’évasion
«C’
LIBRAIRIES
RENCONTRES
AT E L I E R S
Liban
De l’hôpital à la rue
La Biennale des écritures du réel a vite compris l’intensité
du projet dont elle partage la philosophie : créer des passerelles
entre artistes professionnels et amateurs. Dekadrage a donc été
invité à publier dans son programme deux photos de Wilfreed
Obame, et à exposer sur bâches, en plein air, photographies
remarquables, textes épars et un mur kaléidoscopique d’images.
Des photos et des textes forts, engagés, créés par « des gens à la
marge qui font tomber les barrières ». Des traces indélébiles d’une
histoire collective qui est aussi la nôtre car, comme le rappelle
Stephanos Mangriotis : « On ne peut pas parler de folie sans parler
de société. » Une fois décroché des murs ou décoloré par le vent,
Un Autre journal continue. Les ateliers sont reconduits dans les
établissements, et les expériences trouveront un prolongement
éditorial en 2016 chez Images plurielles.
M.G.-G.
Un Autre journal a été présenté du 10 au 26 mars
à la Friche la Belle de Mai, dans le cadre de
la Biennale des écritures du réel
dekadrage.org/unautrejournal
w w w. l i b r a i r i e - p a c a . c o m
C H A P E L L E D E L ’ O B S E R VA N C E
PÔLE CULTUREL CHABRAN
© Casterman Zeina Abirached
est un cri, c’est une voix. Des images qui ont besoin
d’exprimer ce qui est caché et des gens qui sont souvent
isolés. » Le photographe Stephanos Mangriotis, de la plateforme
collaborative Dekadrage, peut être fier du projet qu’il déplace du
cercle de l’hôpital psychiatrique à la rue intérieure de la Friche
la Belle de Mai. Aux regards de tous.
3 ans, 4 cycles d’expériences photographiques et textuelles avec
la complicité du poète Andrea Franzoni, 3482 images, 4 journaux
et 15 mini expositions plus tard, Un Autre journal voit le jour dans
sa dimension rétrospective et publique. Sans compter l’adhésion et
le soutien de 3 organismes : l’AP-HM, l’Agence régionale de santé
et le CUCS. Un projet au long cours mais à petite échelle qui a
permis à une vingtaine de personnes de pratiquer quotidiennement
la photographie, de mettre des mots sur les maux et de regarder
la vie -leur vie- droit dans les yeux. Car chaque participant muni
d’un appareil compact argentique a pu s’adonner à la photo
durant les ateliers, mais également dans leur vie de tous les jours,
pendant et en dehors de leurs séjours en psychiatrie. D’abord par
l’apprentissage du noir et blanc « plus simple pour les amener à
la photographie », puis de la couleur, avant de choisir selon leurs
propres inclinaisons esthétiques. Au fil des mois, « ils ont développé
collectivement un regard », appris à commenter les images, à les
sélectionner, puis naturellement les mots sont apparus « sans
jamais être illustratifs ». L’idée d’Un Autre journal s’est faite tout
aussi naturellement…
60 critiques arts visuels
Pour fêter ses 20 ans,
le Musée Angladon
se paye une cure de
jeunesse !
À
Avignon, chacun a pu croiser le profil
débonnaire du collectionneur Jacques
Doucet, croqué par Cappiello en 1903, qui
habillait les visuels du Musée Angladon.
Le couturier-mécène apparait affublé d’une
canne et d’un haut-de-forme d’une élégance
manifeste. Remise au goût du jour, épurée,
son impressionnante collection abritée dans
la maison-musée de Jean et Paulette
Angladon-Dubrujeaud garde cet indéniable
charme ! Aujourd’hui, passé l’éclatant puits
de lumière à l’entrée, les portraits de ces deux
artistes avignonnais accueillent et guident le
visiteur vers les onze salles du magnifique
large amplitude historique.
Ici, pas de séries, mais des
choix inspirés, guidés par
un style de vie dédié à l’art
et un désir de modernité.
Et des cadres designés
par le couturier dans des
matériaux spécifiques. On
passe de l’École de Paris
« où les gens font des selfies
devant la star du musée,
notre Joconde !» (Femme à
la blouse rose, Modigliani),
à une peinture de jeunesse
de Vuillard, d’un Bouddha
sur soie du XIIe à un portrait
miniature de Mme Pompadour, d’un ensemble
de vaisselle de Chantilly à une table d’écriture
du XVIIe. Tout est précieux, extrêmement
bien conservé et aiguise singulièrement
l’attention : « L’art peut être un temps de
pause » confirme la directrice. Nommée en
mai 2015, l’historienne d’art Lauren Laz a
entièrement réorganisé le musée et redéfini
le parcours dans la collection permanente
autour de la figure de Doucet, « son intérieur
était une œuvre d’art. Plus il a vieilli, moins il
Musée Angladon, caricature Jacques Doucet, Cappiello © D. Michelangeli
Entrez dans
la lumière
bâtiment du XVIIIe, où se logent sur deux
étages, comme dans un écrin de velours, les
chefs-d’œuvre hérités de leur grand oncle.
La collection permanente
dépoussiérée
Manet, Cézanne, Picasso, Foujita, Degas,
Sisley, Van Gogh, Vernet, mais aussi les Arts
extrême-orientaux, africains... Du 7e siècle
aux années 1920, la liste des acquisitions,
riche des plus belles curiosités, comporte une
Matières en forme
Au Centre d’art contemporain intercommunal, Quand la matière devient forme explore
les métamorphoses de la matière, parcours
éclectique où se mêlent pièces archéologiques,
antiques et œuvres contemporaines
quand il s’agit de la question de la matière. Le
projet se nourrit de pièces anciennes venant
du musée d’Istres (une vitrine en face à
l’extérieur), du Musée départemental de
l’Arles antique, et d’œuvres sélectionnées
principalement dans les collections privées du
collectionneur marseillais Sébastien Peyret
et de la fondation créée par Bernar Venet
au Muy.
Ambivalences
Quand la matière devient forme,
Istres, 2016. Vue partielle,
œuvres de B. Venet, R. Laskey,
J.A. Corre, J. Béna
© C. Lorin/Zibeline
L
e titre de l’exposition fait allusion à un événement qui fit date dans l’histoire de l’art,
en Suisse en 1969*. Toute proportion gardée,
et dans la cohérence de la programmation
menée par Catherine Soria pour le Centre
d’art contemporain, la proposition istréenne
revendique sa part d’attention aux postures
plurielles que peuvent adopter les artistes
Ce parcours hétérogène peut s’apprécier sans
nécessairement en suivre les thématiques
développées dans les différentes salles (Pli et
accumulation, Impression matière, Le rigide...).
Une opportunité car bien des œuvres se
répondent selon divers registres, qu’il s’agisse
de la matière : techniques usuelles sur toile
ou papier, feutre, métal, goudron, charbon,
caoutchouc… devenues communes dans
l’art contemporain qui fait feu de tous bois
depuis les révolutions esthétiques du XXe
siècle ; ou de la variété des mises en forme :
sculpture, assemblage, photographie, dessin,
hybridations, installation, vidéo... Au côté
d’œuvres historiques de Robert Morris ou
Bernar Venet, plus récentes de Michèle
61
est devenu conservateur. Il est notre objet le plus précieux ».
Et pour mettre en relief les œuvres jusqu’alors absorbées par
leur abondance, elle a diminué leur nombre de moitié (150
ont été remisées), les a abaissées à hauteur d’yeux et revu
l’accrochage. Six semaines de travaux ont eu lieu début 2016
pour repeindre les murs, dépoussiérer les salons XVIIIe, déplacer
les 2000 livres de la bibliothèque... Et pour re-fidéliser l’équipe
(11 salariés) autour d’un projet commun, et économiser (le
musée ne reçoit aucune aide publique), chacun a prêté la
main. Le résultat est remarquable !
Place à l’art contemporain
Pour continuer à « satisfaire les touristes » et « renouer avec le
public local », Lauren Laz souhaite amplifier l’offre de médiation
et les ateliers artistiques, organiser des expositions temporaires
et ouvrir à l’art contemporain dans un nouvel espace (le 2e
étage en travaux ouvrira mars 2017). En mai, une vidéo prêtée
par le FRAC sera installée ; des liens se nouent déjà avec la
Collection Lambert. Pourquoi ne pas rajouter un appel d’air
supplémentaire, en ouvrant en permanence la délicate cour
minérale attenante, où a été jouée l’été dernier la pièce Marche,
par le Théâtre du Balcon ? Une autre entrée dans la lumière…
3 AVRIL / 18 SEPT. 2016
DELPHINE MICHELANGELI
Musée Angladon, Avignon
04 90 82 29 03 angladon.com
ABBAYE DE MONTMAJOUR / ARLES
GIOVANNI ANSELMO / JEAN-PIERRE BERTRAND
stanley brouwn / HELMUT FEDERLE
HANS JOSEPHSOHN / HILMA AF KLINT
BERND LOHAUS / GÉRARD TRAQUANDI
CLAUDE LORIN
* Quand les attitudes deviennent formes, Kunsthalle, Berne, 1969
Quand la matière devient forme
jusqu’au 1 juillet
Centre d’art contemporain intercommunal, Istres
04 42 55 17 10 ouestprovence.fr
www.montmajour.monuments-nationaux.fr
Gratuit pour les moins de 26 ans*
* Ressortissants et assimilés de l’UE ou de l’EE ou non ressortissants titulaires
d’un titre de séjour ou visa de longue durée délivré par un de ces Etats.
Conception graphique : Gérard Traquandi & Romain Hisquin
© Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine - diffusion RMN
Sylvander ou Moussa Sarr (visionnement vidéo peu commode
dans l’escalier), on remarquera les réalisations de deux artistes
en production. Yannick Daverton élabore un Arrangement
N°2 à base de tissu, doublement mamelonné, irréductible à
toute catégorie. Floryan Varennes signe de suggestifs cols
de veste ou manches de chemise dont le corps leur a échappé
mais reste présent allusivement (Hiérarques, Réminiscence).
Son Illuvium, conçu pour l’exposition, invite à une intime
expérience perceptive dans une salle étroite recouverte de
plis en velours noir. Le lieu à la perspective rétrécie agit un
peu comme chambre sourde, interfère sur nos facultés perceptives, en appelant davantage au corps, au tactile qu’au
visible. Plus chargée de sens, associant plusieurs médium,
l’installation d’Eva Kotátková met en scène l’inquiétante
emprise sociétale sur l’être humain. L’exposition propose
un cheminement éclectique dans la matière et la matérialité
de l’art sans pour autant sauter le pas jusqu’à l’immatériel
suggéré par certains artistes dans la lignée duchampienne.
Un autre chapitre à venir ?
62 au programme arts visuels marseille bouches-du-rhône
Serial Painter
Remodelés par l’architecte Marjorie Bolikian, les nouveaux espaces
de la Galerie du 5e font place à la bande de Nice, Pascal Pinaud,
Cédric Teisseire et Xavier Theunis, tous diplômés de la Villa
Arson. Trois Serial Painter qui se sont saisis du motif de la répétition
dans la série, cher à Buren, pour inventer leur propre vocabulaire.
Trois Serial Painter qui jouent des cimaises de la galerie comme de
larges paysages abstraits. M.G.-G.
jusqu’au 16 avril
Galerie du 5e, Marseille 1er
04 91 56 82 14 marseilleexpos.com
Vue de l’exposition Serial Painter © jcLett
Délicatement brutal
Sacré remue ménage à la Halle des antiquaires ! Dire, Dok, Eldiablo,
Geb74, MEO, Nassyo, Ripley et Zest sèment leurs graffitis dans
l’espace de la galerie Saint Laurent de manière, disons, délicatement
brutale. Toutes les facettes de l’art urbain s’y déploient qui dévoilent
ainsi la richesse esthétique et stylistique d’un art engagé, sans cesse
en mouvement. Qui passe de la rue, où il est né, à la galerie avec la
même énergie explosive. M.G.-G.
jusqu’au 30 avril
Galerie Saint Laurent, Marseille 15e
04 91 47 45 70 galeriesaintlaurent.com
Green Music, 2015 © MEO
Ces obscurs objets du désir
Inauguré fin 2015, L’Atelier trois de Carolle Benitah est non seulement
dédié à son travail mais il est également ouvert à d’autres pratiques.
Celles actuellement de Julien Levy, Louise Narbo, Didier Petit,
Michael Serfaty, Edith Laplane, Anna Nathalie Cohen et
Tché Van Thuan. Des pièces uniques comme autant d’objets de
son désir exposés au milieu du mobilier scandinave vintage et des
livres d’artistes qui lui tiennent à cœur. M.G.-G.
Cet obscur objet du désir
jusqu’au 3 juin
L’Atelier trois, Marseille 1er
04 84 33 15 49
Shoes © Julien Lévy
Cody Choi
Première exposition monographique en France de l’artiste coréen
Cody Choi. Les œuvres de ce sociologue de formation interrogent
la civilisation et l’histoire de l’art avec un humour caustique. En
écho, le nouvel accrochage de la collection permanente du musée,
Zoo Machine, présente des œuvres incluant des machines ou des
animaux et s’interroge sur les divers aspects de la place du vivant
dans l’art. C.B.
Cody Choi-Culture Cuts
8 avril au 28 août
Musée d’art contemporain, Marseille
04 91 25 01 07 marseille.fr
The Thinker, December
© Courtesy PKM Gallery
63
Obscènes Quand les œuvres de treize plasticiennes s’entrecroisent avec les
écrits d’artistes, auteurs, psychanalystes et psychologues... se dévoile
la question d’une poïétique de l’obscène. L’œuvre d’art s’avoue ici dans
ce qui est présenté comme le représenté, l’intime, l’(in)acceptable. Avec
F. Buadas, C. Ricoul, C. Bouvet, J.C. Sarpi, G. Wacjman...
Lectures et performances en soirées. C.L.
Les Inmontrables
25 mars au 16 avril
Galerie LeLAB, Marseille
09 93 69 63 39 lelab13006.com
L’Inmontrable
© photo LeLAB
Laurent Dessupoiu
À la pointe de son stylo comme de son pinceau, Laurent Dessupoiu
peint, sculpte, assemble, découpe, colle et joue avec les signes, les
graphes, les aplats de couleurs tranchantes. Et les mots qu’il déroule
dans des formules choc (« la solitude est une condition nécessaire
de la liberté ») ou poétiques (« l’espérance est le songe d’un homme
éveillé »), écrivant sans faux-semblants une autobiographie sincère.
M.G.-G.
J’habiterai mon nom
jusqu’au 28 mai
Fondation Saint-John Perse, Cité du livre, Aix-en-Provence
04 42 91 98 85 fondationsaintjohnperse.fr
​ rayon Spatial, Ecrire, c’est hurler sans bruit,
C
laque et marqueur indélébile sur aluminium
et acier 2014. Tribute to Marguerite Duras
© Laurent Dessupoiu
Antoine Rozès
C’est sur un petit bout de chemin surplombant la Dordogne qu’Antoine Rozès a débuté cette série nocturne en 2012. Avec des outils
fabriqués par lui, la prise de vue numérique, sur le principe de la
chronophotographie, se veut sans retouche. Ce protocole, s’inspirant
du non-agir taoïste, laisse la plus grande latitude à l’aléatoire pour
laisser venir à soi les images. C.L.
L’Hors de moi en bois
25 mars au 7 mai
Anne Clergue Galerie, Arles
06 89 86 24 02 anneclergue.fr
Fôret B-O2h57-2015 © Antoine Rozès & Anne Clergue Galerie
La mesure des choses
Giovanni Anselmo, Jean-Pierre Bertrand, Stanley Brouwn,
Helmut Federle, Hans Josephsohn, Hilma af Klint, Bernd
Lohaus seront les invités d’une carte blanche offerte à Gérard
Traquandi par le Centre des monuments nationaux. Les œuvres
choisies ou réalisées spécifiquement sollicitent la rencontre entre
l’esprit des lieux et la sensibilité de nos contemporains. C.L.
La règle et l’intuition
3 avril au 19 septembre
Abbaye de Montmajour, Arles
04 90 54 64 17 abbaye-montmajour.fr
Hilma af Klint, No 4 - Séries VIII, huile
sur toile, 1920, 47x47 cm
© The Hilma af Klint Foundation
64 au programme arts visuels Bouches-du-rhône
var alpes
Hans Hartung
À Aubagne, deux lieux embrassent une partie de l’œuvre de Hans
Hartung (1904-1989), maître de l’abstraction lyrique et précurseur,
entre autres artistes, de l’action painting. Au musée de la Légion
étrangère, pièces d’archives et œuvres inédites de sa période figurative ;
au centre d’art Les Pénitents noirs, 17 acryliques sur toiles peintes
dans l’urgence de ses derniers jours… Concerts et intermèdes
musicaux donnés par les élèves et professeurs du conservatoire de
musique et de danse rythmeront les expositions. M.G.-G.
Beaux gestes, Hans Hartung, peintre et légionnaire
16 avril au 28 août
Centre d’art des Pénitents noirs & Musée
de la Légion étrangère, Aubagne
04 42 18 17 26 / 04 42 18 10 99 hanshartung-aubagne.net
Sans titre, huile sur papier, 31,50
x 24 cm, 1940
© Hans Hartung
© Fondation Hartung Bergman
Gottfried Honegger
L’exposition propose une sélection comprenant des œuvres de
jeunesse jusqu’aux dernières productions de l’artiste disparu en
janvier dernier. Aux débuts figuratifs de la peinture de chevalet
succéderont les expérimentations menant à une abstraction géométrique et dépouillée, à une nouvelle conception de l’espace pictural
avec les célèbres tableaux-reliefs, les tableaux-espaces ou encore
les artefakts. C.L.
Gottfried Honegger,
Sans titre,1958, Huile sur toile,
70 x 70 cm, FNAC,
Dépôt du Centre National des
Arts Plastiques,
Espace de l’Art Concret-Donation
Albers-Honegger
Gottfried Honegger-alpha omega
jusqu’au 22 mai
Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux
04 93 75 71 50 espacedelartconcret.fr
Dessins contemporains
Dix artistes actuels et singuliers réunis dans la diversité du dessin
et de ses multiples détournements. De Georges Bru ou Sylvie
Pic à Pascal Navarro, et aussi Adami, Cartereau, Ceccarelli,
Lauro, Masi, Pons et Roux. C.L.
L’oeil et la main
jusqu’au 24 juillet
Centre d’Art Contemporain, Châteauvert
09 64 44 64 04 cc-comtedeprovence.fr
Sylvie Pic,
Quadriptyque,
série The Myth
of Interiority (B), 2016
© C. Almodovar
Didier Petit
Posséder, porter en soi, sur soi, détenir… l’exposition Habere de
l’artiste marseillais Didier Petit se déploie par le biais d’une série de
100 dessins, en papiers découpés de coquillages, chacun représenté
à l’échelle 1. Évocation d’un territoire, d’un corps céleste, organique
ou sentimental… une façon d’être à l’intérieur de soi mais ouvert au
monde. En écho à l’exposition, Didier Petit donnera une conférence
et présentera son ouvrage mardi 31 mai à 18h. M.G.-G.
Habere
1er avril au 3 juin
Cairn centre d’art, Digne-les-Bains
04 92 31 45 29 cairncentredart.org
Didier Petit, Epitonium scalare (Scalaire
précieuse),
papier découpé, 40x41cm, 2014
© Jean-Christophe Lett
livres critiques
65
Le printemps de la francoquoi ?
Le linguiste Médéric Gasquet-Cyrus
et l’écrivain Gauz ont débattu au
Théâtre La Criée pour un événement sujet à controverse
C’
est sur un mode polémique et incisif que
Gauz a pris la parole le 12 mars lors d’une
rencontre intitulée : La littérature francophone
n’a pas de frontières... Parce que le terme
de francophonie, aux allures de nostalgie
coloniale, provoque derechef des allergies
langagières et parce qu’il porte en lui de
manière inexorable le mouvement ascendant
et multiséculaire de la France sur le reste du
monde. Pour l’auteur, né et vivant en Côte
d’Ivoire, il y a là mépris et méprise : Canadiens,
Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Wallons parlent
et écrivent français au même titre que ceux
qui peuplent l’hexagone, un français qu’ils ont
d’ailleurs enrichi. Loin des règles académiques
austères, des joutes orales des rues d’Abidjan
naît une langue joueuse, rieuse et renouvelée.
Le langage de Gauz est imprégné de contes,
de marabouts, de sept langues journalières,
des nuits de sa mère, d’une africanité dans
le français bien vivante et qui préfigure le
monde de demain. Il évoque Céline, Romain
Gary et Ahmadou Kourouma, leur obsession
pour le rythme, l’évolution
du style en fonction de
leurs œuvres. À l’écrit, le
texte, ou plutôt le contexte
impose sa langue : pour
son prochain roman, il
cherche celle d’un Français du dix-neuvième
siècle qui aurait passé
© Amandine Tamayo
dix ans en Afrique.
Médéric Gasquet-Cyrus, sociolinguiste,
souligne le caractère hyperbolique et la
vacuité du mot « excellence » servi à toutes
les sauces, rappelle que l’oralité est le code
premier d’une langue qui n’existe que dans
le réel et le vécu des gens, aborde le mythe
de Marseille-Babel, mythe devenu topos
littéraire et qui n’est vrai qu’en partie si l’on
tient compte de l’organisation des langues,
montrées ou cachées dans l’espace social.
Sur Pagnol les avis divergent : si son oeuvre
est bien plus qu’un cliché pour le sociologue,
pour le romancier, sa trilogie marseillaise
est caricaturale et emprunte des raccourcis
régionalistes.
MARION CORDIER
L’événement a eu lieu le 12 mars
dans le cadre de la journée d’ouverture
du Printemps de la francophonie
organisée par la Ville de Marseille
(lire également p 17).
Gauz, auteur d’un premier roman très
remarqué Debout-payé, est en résidence
d’écriture à Peuple et Culture Marseille
jusqu’à fin mars et a été en rencontre
croisée avec Laurent Bonneau
à La Réserve à Bulles le 25 mars.
Liste d’attentes
M
es Pénélopes a d’abord été un spectacle.
Présenté en mars 2015 au Théâtre des
Bernardines. Sur le plateau, la danseuse Carol
Vanni, Alain Fourneau l’homme immobile,
et des femmes, des amatrices, avaient donné
corps et parole à toute une série de Pénélopes.
Des attentes incarnées. Et proférées (lire la
critique de Marie-Jo Dhô dans Zib’83). Le
texte en était alors au stade du manuscrit.
Carol Vanni se mettait d’ailleurs en scène à sa
table, en Pénélope qui écrit, attendant, peutêtre, que le livre advienne. C’est chose faite
aujourd’hui. Mes Pénélopes est récemment
paru aux éditions esperluète (Belgique). Un
petit recueil pour « entrer dans l’attente. Le
secret de chaque attente » et « percevoir la
patience du monde. » Un livre, en somme, pour
aider à débrancher, à accepter l’étirement du
temps, à y trouver un « présent de vivre. » Ces
Pénélopes, qui sont-elles ? Chaque texte
ou presque commence par : « Je m’appelle
Pénélope » ; suit un âge (le plus souvent, mais
pas toujours) et la brève évocation d’une
attente. On comprend alors que ces Pénélopes
sont des fillettes, des femmes, des hommes
aussi, et parfois des animaux, des végétaux
ou des objets (un message parti d’un téléphone mobile, une tasse…). Micro fictions
apparemment aléatoires qui insensiblement
se répondent, se croisent, en un système
d’échos émouvant. On peut les lire une à une,
dans le désordre, filer la lecture jusqu’au bout,
peu importe, les pièces du puzzle ne sont pas
tenues de s’assembler. À chaque Pénélope,
son moment, son atmosphère. D’une poésie
ténue. D’une grande humanité. En regard de
ces attentes personnifiées, les peintures de
Véronique Decoster offrent des fragments
de scènes quotidiennes, des détails corporels
ou vestimentaires… Autre puzzle ; autres
instantanés de vie à savourer.
FRED ROBERT
Mes Pénélopes Carol Vanni (texte)
Véronique Decoster (peintures)
Éditions esperluète, 16 €
66 critiques livres
Ce que nous
fait le cinéma
T
outes les femmes sont des Aliens, dit-elle.
Olivia Rosenthal, pourtant, fabrique à
partir de films très communs, une interprétation
inattendue, et étrangement familière. C’est sûr,
Bambi et Le Livre de la jungle nous arnaquent
avec leur musique apaisante, alors qu’ils tuent
les mères, offrent un enfant nu à la balourdise
d’un ours et à l’inquiétant (inquiétante ?)
Bagheera, panthère aussi noire qu’anorexique
au genre indéterminé. Walt Disney perd des
orphelins sans défense dans des forêts peuplées d’animaux faussement rassurants et
d’humains franchement assassins... tandis
qu’Hitchcock, plus sadique encore, punit une
blonde coupable de s’intéresser trop librement
à un homme encombré d’une mère abusive
et d’une sœur qui pourrait être sa fille (sa
mère donc serait ?). Les Oiseaux déchaînés,
soudain transformés en prédateurs collectifs
d’une bourgade trop tranquille, chassent les
humains de leurs terres...
L’ironie d’Olivia Rosenthal est cruelle, même
si elle confie aussi son désarroi intime face
aux chocs éprouvés lorsqu’elle décrypte les
images. Car le cinéma est toujours présent
dans ses œuvres, et les animaux hybrides,
inquiétants. Comme Alien, monstre sûrement femelle, comme Ripley, attirée par le
monstre, comme elle-même, qui projette ses
interprétations subjectives et révoltées par
dessus et dessous ces histoires communes
dont on ne connait pas le poids, mais qui ont
fabriqué nos imaginaires.
C’est le rapport des enfants à leur mère, des
filles surtout au corps des mères, qui est évidemment le sujet central de la « Tétralogie »
des Aliens. Ripley perd son enfant dans le
dédale des temps, sauve un autre enfant
qu’elle tue encore, plonge dans la matrice
du monstre avec délice, enfante un monstre
qu’elle tue pour s’échapper avec « une jolie
brune ». C’est évident, il est question du plaisir
et de la douleur des femmes entre elles. Les
phrases sans répit nous entrainent vers des
images que l’on ne voit pas mais dont on
comprend enfin pourquoi elles nous terrifient.
Sans doute sommes-nous toutes des Aliens.
AGNÈS FRESCHEL
Toutes les femmes sont des Aliens,
suivi de Les Oiseaux reviennent
et Bambi & co Olivia Rosenthal
Éditions Verticales, 10 €
Déposer les armes
A
ttila, hongrois, 40 ans, décide tout d’un
coup de quitter son épouse, son métier
frauduleux pendant 20 ans au service de son
bandit de beau-père, sa maîtresse et ses trois
enfants. Au volant d’une voiture volée, il part
travailler comme peintre en bâtiment le temps
de « se refaire ». Puis s’installe à Budapest.
Désormais libre, seul et terriblement triste,
il trouve un travail de nuit et s’adonne à la
peinture le jour. Dix ans passent ainsi dans
une sorte de torpeur et de rage. Jusqu’à la
rencontre, en 2007, de Theodora sa cadette
de 25 ans. Autrichienne, de Vienne, ce qu’il
y a de pire pour lui. Riche héritière, fille d’un
ténor héroïque universellement célèbre. Tout
les oppose. Pourtant dans les heures qui
suivent leur rencontre ils se retrouvent au
lit. Deux étrangers, bêtes sauvages qui peu à
peu se découvrent, s’apprivoisent. Comment
une riche Autrichienne peut-elle aimer un
pauvre Hongrois dépossédé de sa propre
vie ? Pourquoi ne peut-il oublier les multiples
déplacements des frontières de son pays, les
souffrances de son peuple sous le régime des
conquêtes. Écrit du point de vue d’Attila qui
livre souvent ses doutes et ses interrogations, le
livre tient à la fois d’une longue métaphore de
la passion amoureuse et d’un conte moderne
de princesse et de berger. « L’amour est une
chose sérieuse comme la terre (...), l’amour
remonte le cours du temps, il revient aux
origines. » Une auteure à suivre. Assurément.
CHRIS BOURGUE
Le dernier amour d’Attila Kiss
Julia Kerninon
La brune au Rouergue, 13,80 €
Habsbourg ou des Soviétiques, la misère de
sa famille ? Cependant leur amour devient
étonnamment plus fort que tout cela.
Second roman d’une très jeune auteure de 31
ans, Julia Kerninon dont le premier avait reçu
le Prix Françoise Sagan, ce livre à la fois très
sensible et très intelligent dans sa construction
présente une histoire d’amour comme une
succession de batailles, de redditions et de
67
Requiem en
eaux douces
B
ertrand Belin a du succès et parfois la voix
qui tremble, il chante très près du micro et
ça vibre ; on ne comprend pas toujours les
paroles mais on entend bien le souffle alors on
se dit que c’est de la poésie ; quand il écrit c’est
un peu pareil. Son deuxième roman Requin
paru il y a déjà quelque temps semble avoir
beaucoup plu et on a bien envie d’imaginer
pourquoi. Primo certitude reposante, on est
bien conscient que ce qu’il raconte n’a pas
eu lieu et n’aura jamais lieu ainsi car « je me
noie » ou « je meurs » conjugué au présent
progressif à tout bout de page exclut toute
tentative d’identification intempestive, d’autant
que la scène unique de cette lente agonie
méditative se déroule entre la surface et le fond
du contre-réservoir de Grosbois (!) ; comme
la diva qui dilate le temps de ses dernières
vocalises sous l’effet subtil du poison bien
dosé, l’homme qui coule victime d’une crampe
sournoise dévide la bobine parfois pas très au
clair de sa vie passée sinon classée. Deuzio il est
vraiment plaisant de dériver avec ce narrateur
modeste et malin, pas requin même si voler
des squelettes mérovingiens (des « Méros »)
dans la nécropole n’est pas joli joli pour un
archéologue amateur, mais bon quand il était
plus jeune encore il avait « péché le lait » et
contrepèterie ou pas ça c’est un beau geste ;
d’ailleurs « la nuit-du-lait » s’insinue, prend
forme et s’installe enfin comme un leitmotiv
plutôt refrain d’ailleurs car cette voix n’aspire
à rien d’autre qu’à fredonner du bizarre entre
les lignes de flottaison .Tertio l’affirmation
précédente tombe dès qu’on lâche le fil de
l’onirique et de l’anecdotique pour mettre
un peu la tête sous l’eau : alors on les repère
tout flous, tout déformés et bien mouvants
les Montaigne et les Pascal qui apprennent
à mourir en philosophant après nous avoir
enseigné que les sens nous trompent, « Rien
ne soulage mieux de la crainte de mourir que
mourir en acte » ; digressions brillantes, motifs
énigmatiques et variations existentialistes
sur la contingence et tout ça en cadence.
Bertrand Belin s’écoute sans doute écrire
parce qu’il sait bien que « chacun marche à
côté de soi-même » ; c’est toujours dans cet
interstice que l’on perd pied si l’on n’y prend
garde. Fascinant, envoûtant, dense ou peut-être
creux comme un os sans moelle qu’importe
puisque c’est sûr on est pris dans les filets !
MARIE-JO DHÔ
Requin Bertrand Belin
Éditions P.O.L, 14 €
68 critiques livres
Vies parallèles
S
ans vouloir suivre le modèle de Plutarque, Kéthévane Davrichewy livre
un ouvrage dans lequel se croisent les vies
de son arrière-grand-père paternel et celle
de Staline. Les deux naissent dans le même
village de Géorgie, Gori, portent le même
prénom, Joseph, auraient, souffle la rumeur,
le même père, l’athlétique Damiané qui gère
la ville. L’auteur nous entraîne dans cette
plongée familiale, intimement liée à l’histoire.
Les deux Sosso (diminutif de Joseph) vivent
des enfances parallèles, se heurtent, perpétuels
rivaux, et pourtant subissent une attirance
qu’ils n’expliquent pas, de même que leur
troublante ressemblance. Ils vont prendre
part aux premières révoltes qui secouent
l’empire du tsar, puis les destinées se séparent.
L’un est bolchevik, l’autre se bat pour une
Géorgie indépendante. Staline deviendra
le « petit père des peuples » et dictateur,
Joseph Davrichachvili/Davrichewy sera un
pionnier de l’aviation, héros de la première
guerre mondiale, résistant de la deuxième et
finira dans l’ombre. Kéthévane Davrichewy
vie intellectuelle de la communauté russe à
Paris… Le peu de documentation familiale
(quelques photographies, des souvenirs) est
suppléé par la matière romanesque. C’est un
véritable art poétique qui est exposé au cœur
de chapitres où la romancière se met en scène
et souligne avec finesse les limites du vrai,
du possible, et de l’imaginé. L’autre Joseph
tient ainsi à la fois de la saga familiale et du
roman historique, dans une reconstitution
passionnante et enlevée, servie par un style
rapide, précis, qui épouse les méandres de
cette réinvention du passé. C’est ici que l’ouvrage dépasse le propos singulier et entre
en littérature.
offre un roman qui mêle avec intelligence la
grande histoire et le récit familial. En phrases
courtes, percutantes, elle transcrit, recrée la
vie quotidienne de la fin du XIXe, évoque les
histoires légendaires qui ont nourri l’imaginaire
de ses personnages, celle de Tato le bandit
ou de Guiorgui Saakadzé, bandit d’honneur,
la pauvreté, les relations entre les différentes
strates de la société, offre un panorama de la
MARYVONNE COLOMBANI
L’autre Joseph Kéthévane Davrichewy
Sabine Wespieser éditeur, 21 €
Une enfance chinoise
I
l serait imprudent de se fier au titre, Don
Quichotte sur le Yangtsé, du romancier
chinois BI Feiyu, magnifiquement traduit
en français par Myriam Kryger. Pas de
roman picaresque certes, mais est-il besoin
d’une Rossinante pour s’emparer des rênes
de l’imaginaire ? À califourchon sur un buffle,
l’enfant fouette « une armée de roseaux »…
« Cervantès a plongé au plus profond de
l’âme humaine » souligne l’auteur, dans
une superbe confrontation entre les termes
de la fiction et la réalité vécue. BI Feiyu, né
« droitiste » parce que tel était étiqueté son
père, qui avait le tort d’être un intellectuel
dans la Chine des années 60, va être balloté
toute son enfance dans les divers lieux où
ses parents, tous deux instituteurs, seront
mutés. Déracinements multiples, « ici, est le
seul endroit auquel je n’ai jamais appartenu »,
souvenirs éclatés, auxquels l’écriture enfin
accorde un ancrage… L’ouvrage rassemble
une série de micro-récits, d’anecdotes, de
tableaux, kaléidoscope qui offre dans son
émiettement la possibilité de cerner au plus
près la complexité des sensations, des sentiments, constituant un vaste panorama de la
Chine par les yeux d’un enfant. Le point de
vue de l’écrivain adulte donne à chacun de
ces récits une dimension d’apologue. Il y a
les désobéissances de l’enfance, les relations
avec ses camarades d’école, les gens des
différents villages, le rythme des saisons, les
privations, la misère, la fabrication du tofu…
tout un monde réparti en grandes sections, « Se
vêtir, se nourrir, se loger, se déplacer », « Nos
jeux », « Avec les bêtes », « Dans les champs »,
« Scènes », « Certains d’entre eux ». Apparaît au
détour des pages un conteur captivant, avec
un sens du mot juste, de l’image éclairante.
BI Feiyu raconte, évoque, avec un sens aigu
du détail signifiant, brosse avec une humaine
délicatesse les portraits de ses personnages,
nous donne à voir, à vivre, à comprendre. Les
fautes anciennes le taraudent, il a l’honnête
humilité de mesurer sa vie d’adulte à celle
de son enfance, et interroge son présent et
son avenir à l’aune de ce qui fut. Le poids
des erreurs devient force, dans ce « connaistoi toi-même » éprouvé. Un texte dense et
profond, quel régal !
MARYVONNE COLOMBANI
Don Quichotte sur le Yangtsé BI Feiyu
traduction Myriam Kryger
Éditions Philippe Picquier, 18 €
69
Constance,
agent très
spécial
L
orsque Jean Echenoz se frotte au roman
d’espionnage, on s’attend à ce que les règles
du genre souffrent de quelques détournements.
Il y a bien un gradé des services secrets pour
monter un coup dans son coin, de jolies filles,
des armes, du sexe et un voyage en zone
dangereuse. Mais les boulons d’Envoyée
spéciale sont comme vissés à l’envers. Le
lecteur volète aux côtés de son narrateur
qui, s’il se vante d’être bien informé et n’est
pas avare de commentaires, semble souvent
découvrir les ressorts de l’intrigue en même
temps que lui.
Pour mener à bien son opération clandestine,
le vieux général Bourgeaud a besoin d’une
femme « qui ne comprend rien à rien, qui fait
ce qu’on lui dit de faire et qui ne pose pas de
questions. Plutôt jolie si c’est possible. » Ce sera
Constance, oisive et flegmatique Parisienne
du XVIe, enlevée à la sortie du cimetière de
Passy. Pourquoi elle ? Pour quoi faire ? On
ne le saura que bien plus tard, à l’issue d’une
« bonne cure d’isolement » au fin fond de la
L’Europe en nocturne
C’
est le premier livre de William Guidarini, photographe, fondateur d’un lieu dédié à la photographie à Marseille, Le Garage
Photographie. Alors que ses activités sont tournées essentiellement
vers la pratique, la formation et la diffusion de la photographie
(Didier Ben Loulou, Klavdij Sluban), le formateur a passé désormais
le pas pour assumer son travail d’auteur. L’ouvrage se présente
dans un format presque carré, rappelant un carnet de voyage,
tout en noir et blanc. Ce sont un peu plus de quarante clichés
qui se succèdent sans commentaires, ni repères géographiques
ou temporels. De ses voyages en Europe de l’ouest entre 2008 et
2013, William Guidarini retient des villes et de leurs marges des
ambiances obscures où la présence humaine se fait discrète sinon
de solitude ou absente. Les cadrages serrés sont mis en valeur
par l’impression des noirs intenses qui retiennent les quelques
points de lumière encore possibles. Le photographe marche sur
les traces de la veine humaniste, sociale aussi mais empreinte
d’expressionnisme contenu voire de poésie un peu triste. L’ensemble
est accompagné d’un texte de Laura Serani traduit en anglais.
Un tirage de tête est édité, comprenant le livre, signé et numéroté lui aussi accompagné d’un tirage sur
papier Hahnemühle reprenant l’image
de couverture (80 €).
CLAUDE LORIN
Ceux qui restent
William Guidarini
Arnaud Bizalion
Éditeur, 25 €
Creuse. Il faut dire que le narrateur prend son
temps, dévoilant une galerie de personnages,
empêtrés dans les aléas de la vie quotidienne,
des états d’âme et des impulsions qui les
rendent peu prompts à réagir comme prévu.
Nos préférés sont sans conteste Jean-Pierre et
Christian, inséparables et tendres geôliers de
Constance, auprès desquels la jeune femme
passera un séjour paisible à la campagne,
plongée dans la lecture de l’encyclopédie
Quillet.
Un seul regret : on se laisse parfois emporter
par le plaisir plutôt que de ralentir le pas, pour
une lecture plus attentive. Car Jean Echenoz
est un orfèvre du style, qui manie avec la
plus grande finesse la syntaxe et les ruptures
de ton, ouvrant le récit sur des digressions
inattendues, aussi hilarantes que poétiques.
MARIE MICHAUD
Envoyée spéciale Jean Echenoz
Les Éditions de Minuit, 18,50 €
70 critiques livres
Le temps, le corps
et le monde
E
ntre les deux il n’y a rien et Lisières du
corps, deux livres avec force, souffle et
faconde que nous livre l’écrivain Mathieu
Riboulet.
« Le sexe, ça n’est pas
séparé du monde »
Entre les deux il n’y a rien parcourt une
décennie (1968-1978) pendant laquelle
l’auteur-narrateur passe de l’enfance à la
maturité et découvre, de manière indivisible,
simultanée, la naissance du désir et d’une
conscience politique, avec tous les espoirs
et les désillusions que cela suscite : la joie
spontanée, sensorielle, amoureuse, obstruée
par le déclassement social vécu quand on
est homosexuel, quand il faut composer
avec une hostilité ambiante qui met en état
d’alerte, change indéfectiblement sa vision
du monde, fait émerger la rage de « mettre cul
par-dessus tête » les mécanisme de l’injustice
et du plaisir ; la violence des États dit « légitimes », en France, en Italie, en Allemagne,
et celle des mouvements d’extrême gauche
engagés dans la lutte armée, qui précisément
questionnent ces régimes nés de la seconde
guerre mondiale et plongés dans la spirale
fallacieuse de l’économie capitaliste. Mathieu
Riboulet sort ici de l’inutilité, de l’oubli, les
militants qui ont payé de leur vie ; il énumère
les corps tombés, revient sur les événements,
tournant comme en boucle la tragédie, la
martelant, faisant sienne et leur et de manière
filée la métaphore du chien dans toutes ses
acceptions : « chien errant, chien galeux, traiter,
abandonner, mourir comme un chien. » En flash
forward, il annonce aussi les morts à venir,
emportés par le sida : le narrateur a 18 ans en
1978, et seulement 5 ans de liberté sexuelle
devant lui, 5 années au gré de l’instinct avant
d’être rattrapé par cette épidémie mortifère
qui frappera Martin son proche ami/amant
de jeunesse, renié par ses parents.
Pour l’auteur, l’écriture libère de la confusion,
permet l’ordonnancement d’une pensée à
tout-va ; elle dit aujourd’hui ce qui émergea
alors politiquement et corporellement en
lui de façon limpide, mais qu’il n’était pas
encore capable de formuler ; elle questionne
le désarroi d’arriver dans la force de l’âge
et de ne pouvoir, à peu de choses près, un
léger mais fatal décalage temporel, se saisir
des grands enjeux dont il rêvait précisément
de se saisir.
Entre les deux il n’y a rien résulte d’un projet
très ancien devenu nécessité ; il précède, dans
sa force et son essence Prendre dates, qu’il
rédige avec l’historien Patrick Boucheron au
lendemain des attentats de janvier 2015 dans
un souci de retenir le temps, quand l’émoi
individuel rejoint le collectif, dans la sidération
de l’instant.
« Nos désirs sont
innombrables »
Entre les deux il n’y a rien et Lisières du corps
paraissent en 2015 de manière concomitante.
Lisières du corps est un autre versant : rédigé
après le premier, ce livre s’en distingue par
la matière et la forme, se fait échappée belle,
respiration, calme après la tempête. Six courts
textes le composent, six contemplations des
corps, de la vie à la mort, dans la suavité, la
précision, la poésie, l’évidente fluidité des mots.
Des corps de peau de muscles de nerfs de sang
et de sexe, désirés sans être pris, qui s’offrent,
s’abandonnent et déploient leur splendeur.
Des corps croisés aux bains ou dans la rue,
qui dealent ou qui se vendent, dont le regard
se saisit et n’en démordra plus. Plus avant
dans le texte, des corps dans le plus cru d’une
étreinte multiple. Ou bien le corps à corps
des acrobates lancés en l’air et ne faisant
plus qu’un ; la photo d’un homme torse-nu, à
l’arrière-plan une combe pyrénéenne dont il
est à la fois l’épaisseur et la courbe ; et le corps
de Ljubodrag, gisant, mais avec quelle clarté !
On trouve au creux du texte des parenthèses
qui n’en ont que le nom, un rythme qui ne
suspend pas son vol, le flux et le reflux d’une
langue à vous couper le souffle. En décrivant
ainsi, au plus près, au plus juste de l’oeil et
du toucher, Mathieu Riboulet met des mots
sur ce qui ne s’exprime pas par le langage,
fascine, apaise, traverse le lecteur presque
instantanément, de part en part.
MARION CORDIER
Entre les deux il n’y a rien
Verdier, 14 €
Lisières du corps
Verdier, 11,50 €
Mathieu Riboulet
Mathieu Riboulet
Mathieu Riboulet était de passage
à la librairie Maupetit le 11 mars
et sera l’invité de l’association Peuple
et Culture Marseille à la fin du mois d’avril
SPECTACLES 2015/2016
JE T’AI RENCONTRE PAR
HASARD - PIETRAGALLA DEROUAULT
mardi 29 - 20h30
LOUISE ATTAQUE
jeudi 31 - 20h
AVRIL 2016
LES ECHOS-LIÉS
mercredi 06 - 20h30
PATRICK BRUEL
«TRES SOUVENT,
JE PENSE A VOUS...»
mercredi 20 - 20h
jeudi 21 - 20h
LES CHOEURS DE
L’ARMEE RUSSE
jeudi 28 - 20h30
GERARD FERRER
vendredi 29 - 20h30
BALLET REVOLUCION
samedi 30 - 15h30 et 20h30
MICHEL JONASZ QUARTET
SAISON 2
samedi 19 - 20h30
ROLAND MAGDANE
MAI 2016
LE WOOP
samedi 07 - 20h30
LILAN RENAUD
vendredi 13 - 20h30
EMMANUEL MOIRE
mardi 17 - 20h
ZAZIE
jeudi 19 - 20h
vendredi 20 - 20h
samedi 21 - 20h
vendredi 25 - 20h30
DÉCEMBRE 2016
3E ÉTAGE, ÉTOILES ET
SOLISTES DE L’OPÉRA
NATIONAL DE PARIS
samedi 18 - 21h
ELIE SEMOUN
jeudi 01 - 20h
BELCANTO
samedi 03 - 20h30
JEREMY FERRARI
mercredi 07 - 20h30
JEAN-MARIE BIGARD
vendredi 16 -20h30
ARNAUD DUCRET
samedi 17 - 20h30
NOVEMBRE 2016
JANVIER 2017
JUIN 2016
TROTRO FAIT SON CIRQUE
mercredi 02 - 14h30
LARA FABIAN
lundi 07 - 20h
LA TROUPE DU
JAMEL COMEDY CLUB
mercredi 09 - 20h30
PATRICK TIMSIT
jeud 10 - 20h30
LE LAC DES CYGNES
SUR GLACE
samedi 12 - 21h
dimanche 13 - 14h
L.E.J
mardi 15 - 20h
ONE NIGHT OF QUEEN
mercredi 25 - 20h30
FEVRIER 2017
PATRICK SEBASTIEN
samedi 04 - 20h30
FEVRIER 2017
CEPAC DDCIM - 03/2016
MARS 2016
CHANTAL GOYA
samedi 04 - 15h
ARNAUD TSAMERE
mardi 21 - 20h30
GOSPEL POUR 100 VOIX
samedi 25 - 20h
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