Journal d`Exposition
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LYCÉE EMILE DUCLAUX AURILLAC Le spectacle du monde Xavier Zimmerman, Paysage ordinaire, impression quadri sur vinyle. 150 x 125 cm ŒUVRES DE LA COLLECTION DU FRAC AUVERGNE Du 1er au 22 avril 2014 «L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible l’invisible» Paul Klee Rendre visible l’invisible... L’œuvre d’art est ce qui dévoile, ce qui convertit et transforme notre regard sur le monde en nous donnant à voir autrement que dans notre rapport au quotidien. Comme une sorte de révélation sur ce que nos yeux ne voient pas, ne veulent pas voir ou ne voient plus. Les portraits de Pierre Gonnord, les paysages de Darren Almond et de Xavier Zimmermann sont ceux de notre quotidien : le visage d’une personne entraperçue dans la rue, une brindille d’herbe foulée au cours d’une promenade... autant d’éléments, d’individus noyés dans la masse et que nous ne voyons plus. Darren Almond, Pierre Gonnord et Xavier Zimmermann, à travers leurs photographies, perturbent toutes ces habitudes visuelles, nous apprennent à prendre le temps de contempler ces mêmes choses qui nous laissent indifférents hors de l’œuvre. L’invisible se fait visible. Espérons alors qu’à la sortie de l’exposition, le visiteur débute à son tour l’expérience : partir de son quotidien et faire en sorte que celui-ci devienne spectacle... Darren ALMOND Né en Grande-Bretagne en 1971 Vit à Londres La série Fullmoon se développe depuis plus de dix ans et parcourt de manière transversale l’ensemble de l’œuvre de Darren Almond. L’artiste traverse le monde pour y trouver les points de vue de la série, les plus récents ayant été choisis en Ouganda, dans la luxuriance étouffante des forêts les plus humides de la planète, en quête des sources du Nil situées sur les plus grands glaciers d’Afrique, dans les montagnes du Ruwenzori culminant à plus de 5000 mètres d’altitude. La première photographie de la série, Fifteen Minute Moon est née presque par hasard, dans le sud de la France, face à la Montagne Sainte-Victoire si chère à Cézanne. Il s’agit d’une photographie prise la nuit, en situation de pleine lune, mais dont le temps de pose fut celui d’un baiser longuement échangé avec celle qui l’accompagnait alors. La beauté de l’accident savamment saisi est à l’origine de cette vaste série ininterrompue à ce jour, dont le théâtre s’étend sur le monde. La série Fullmoon, habitée par de multiples références à la peinture (John Constable, William Turner, Caspar David Friedrich etc.), utilise le paysage pour délivrer une conception du temps et de la réalité. Une chaîne de montagnes asiatique aux contreforts escarpés évoque la gravure chinoise ; un paysage anglais aux contrées verdoyantes invite John Constable ; un alignement de falaises frappées par l’écume océanique convoque Caspar David Friedrich, et l’on comprend assez naturellement à quel point ces images peuvent fonctionner comme des filtres polarisants en s’intercalant entre les paysages photographiés et le souvenir de certaines œuvres. Prises en pleine nuit sous la lumière lunaire, selon des temps de pose longs, elles créent des images étranges. Fifteen minute moon, 2000 Fullmoon@Springs, 2005 Impressions quadri sur vinyle Les Fullmoon sont des précipités de durée qui permettent d’accéder à une réalité où le monde ne se révélerait plus par l’impact de la lumière mais par l’action d’une lumière indirecte, vide et fascinante, réfléchie par l’astre lunaire. Ce monde est crépusculaire et lumineux, fixe et mouvant, plein et vide. Par le sentiment d’absolu qu’elles exhalent, ces œuvres jouent sur les codes du sublime, avec leur vertige mélancolique, leur expression ambiguë de chaos, de désolation sauvage, de grandeur et de puissance. Chaque photographie (à l’exception de Fifteen Minute Moon, première de la série), est titrée de la manière suivante : Fullmoon@... suivi du nom du site photographié. L’utilisation du caractère arobase dans les titres de la série renseigne beaucoup sur le sens de ces photographies. Avant d’être utilisé à partir de 1971 par Ray Tomlinson, inventeur du premier Email, l’arobase est déjà utilisé au VIème siècle par les moines copistes pour figurer la ligature du ad latin. Il resurgit ensuite chez les marchands florentins comme unité de mesure, puis se retrouve dans les écritures commerciales et religieuses des siècles suivants. L’arobase indique donc à la fois la préposition latine signifiant « à », « vers », « jusqu’à », et la mesure de quelque chose. Son emploi dans les titres des Fullmoon indique l’idée d’une adresse ou d’une invite lancées au spectateur, indique qu’il est question d’une mesure particulière - celle de la durée. Jean-Charles Vergne Pierre GONNORD Né en France en 1963 Vit en Espagne Maria, 2006 Krystov, 2008 Amparo, 2006 Impressions quadri sur vinyle « Je recherche mes contemporains dans l’anonymat des grandes villes parce que leurs visages racontent, sous la peau, des histoires singulières et insolites sur notre époque, mais aussi des idées intemporelles propres à la condition humaine. Ces hommes et ces femmes de tous âges, aux regards quelques fois hostiles, presque toujours fragiles et bien souvent blessés derrière l’opacité du masque, répondent à des réalités sociales bien particulières, des terrains psychologiques concrets mais aussi à une autre conception de la beauté et de la dignité. Je cherche également à approcher l’individu inclassable et intemporel, des faits et des histoires qui se répètent depuis bien longtemps déjà. J’aimerai inviter à franchir une frontière. L’histoire des dernières décennies, l’immigration, les migrations, l’exode rural, la révolution des moeurs, les conflits politiques, ethniques et religieux, les crises économiques, l’ère de la communication, la globalisation... tout a profondément contribué à modifier l’édifice social de nos sociétés occidentales. J’essaie de retenir le temps pour écrire sur l’émulsion photographique un petit journal, en écoutant respirer l’autre et imprimer une trace de l’éphémère. Je sais que c’est mon acte rebelle contre l’oubli, les injustices, la mort et ma façon de questionner notre tragédie.» Pierre Gonnord. Portraits et Paysages du 20ème siècle. Collection Art Monografik. Le visage, placé de façon absolue et déterminante entre présence et absence, entre ressemblance et écart, nous pousse toujours à une méditation complexe sur l’être, sur le « soi-même » et sur « l’autre ». C’est précisément là, sur ces limites critiques et sur ce défi de découvrir la ressemblance décharnée, que se situent les portraits de Pierre Gonnord, des oeuvres qui connaissent bien cette généalogie du genre et qui relèvent le défi d’aborder la signification profonde qu’un visage peut contenir en tant qu’expression de l’individu. […] Les personnages enregistrés par Gonnord dans ses photos ont toujours eu entre eux une sorte de relation ou d’affinité : la jeunesse, les modes de vie ou les tendances, leurs occupations et, maintenant, une certaine façon de vivre, en marge de l’ordre établi. Mais dans son cas, et à la différence du processus habituel, il ne procède pas à la construction de l’image d’un groupe, il ne cherche pas à affirmer une somme d’individualités comme identité collective. Il extrait l’individu du communautaire ou du collectif, il livre à chaque sujet la représentation de soi. […] S’il y a un élément essentiel dans le travail de Pierre Gonnord, c’est le regard. Non pas le regard articulé à travers les yeux, mais configuré dans la totalité du visage. […] C’est ce visage, converti en regard, qui surgit de manière autonome du fond neutre pour nous affecter et nous raconter son histoire. C’est lui qui aspire à obtenir l’émancipation du corps capable de mettre en lumière ce qu’il y a sous la peau. Alberto Martin, Témoins livre de l’exposition au Centro de Fotografía/ Universidad de Salamanca, Espagne, février-avril 2008. Xavier ZIMMERMANN Né en France en 1966 Vit en France Les déambulations de Xavier Zimmermann le mènent alors à des instants limites où la prise de vue d’une portion de paysage a priori banal verse miraculeusement dans le sublime. Avec la série des Paysages ordinaires (2004), Xavier Zimmermann joue sur une faible profondeur de champ pour faire apparaître des plans dans l’image : des zones floues au premier et au troisième plan, une zone nette au deuxième. Il obtient ainsi une image brouillée dans laquelle se détachent des fragments qui retiennent le regard par leur netteté. Ce sont des paysages ordinaires, de ceux que l’on croise en se promenant à la campagne. Et pourtant, ils sortent du cadre du souvenir, de l’impression globale, en projetant en avant un élément de l’ensemble et en nous obligeant à le contempler dans toute sa précision. De cette manière, Zimmermann rend visible ce qui est en général perdu dans la masse, comme dans certaines photographies où il met en lumière ce qui est à ras de terre, faisant ressortir la courbe majestueuse d’une herbe ou la légèreté d’une feuille qui repose sur le sol. Par l’utilisation de zones floues, il introduit également de l’émotion et même de l’émotivité dans ces paysages, comme si le regard s’était troublé tout à coup. Et de ce contraste entre le flou et le net, naît une tension, un questionnement sur le regard et la construction de la chose vue, telle qu’elle se déploie sur la photographie. Paysages ordinaires, 2004 Impressions quadri sur vinyle Il y a ici une recherche de l’harmonie des détails dans le paysage, un travail sur l’équilibre des formes qui s’apparente à une recherche picturale. On retrouve aussi une volonté de construire deux champs distincts dans un seul cadre, avec une intention de stopper le regard, de l’obliger à s’arrêter sur une partie de l’image. Zimmermann construit ses photographies mentalement avant de les réaliser selon une méthode bien déterminée. Ce travail s’intègre dans une démarche plus générale d’interrogation de nos habitudes visuelles, et selon lui, dans une tentative de «comprendre nos différences de points de vue et de regards sur le monde». Marie-Jeanne Caprasse REPERES ART 1510 : Raphaël, Portrait du cardinal Alidosi 1610 : Le Caravage, Saint-Jean Baptiste 1636 : Diego Vélasquez, Le nain Francesco Lezcano 1775 - 1851 : William Turner 1776 - 1837 : John Constable 1820 : Théodore Géricault, La folle monomane de l’Envie 1890 - 1891 : Claude Monet, Cathédrale de Rouen 1890-1976 : Paul Strand 1895-1965 : Dorothea Lange 1919 : Chaïm Soutine, La Folle 1996 : Darren Almond, A Real Time Piece LITTERATURE 1913 : Marcel Proust : A la recherche du temps perdu Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC), créés au début des années 80, sont des institutions dotées de trois missions essentielles. La première consiste à constituer des collections d’œuvres d’art représentatives de la création contemporaine de ces 50 dernières années. La seconde est une mission de diffusion de ces collections sous forme d’expositions, tant dans les régions d’implantation des FRAC respectifs qu’ailleurs en France et à l’étranger. Enfin, la troisième raison d’être de ces institutions est d’œuvrer pour une meilleure sensibilisation des publics à l’art de notre époque. Le FRAC Auvergne a choisi dès le départ d’orienter sa collection vers le domaine pictural, se dotant ainsi d’une identité tout à fait spécifique dans le paysage culturel français. Aujourd’hui composée de plus de 400 œuvres, cette collection circule chaque année en région Auvergne et ailleurs, à raison de 20 expositions annuelles. Le FRAC Auvergne bénéficie du soutien du Conseil Régional d’Auvergne et du Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne. Il est également soutenu, pour l’Art dans les Lycées, par le Rectorat. Programmation du FRAC en 2013-2014 Les expositions au FRAC Auvergne L’Œil Photographique Œuvres majeures des collections photographiques du Centre national des arts plastiques Yto Barrada - Eric Baudelaire - Philippe Bazin - Bernd et Hilla Becher - Valérie Belin - Sophie Calle - Stéphane Couturier - Gregory Crewdson - Raphaël Dallaporta - Thomas Demand - Philip-Lorca diCorcia - Rineke Dijkstra - Véronique Ellena - Patrick Faigenbaum - Geert Goiris - David Goldblatt - Nan Goldin - Pierre Gonnord - Paul Graham - Philippe Gronon - Andreas Gursky - Camille Henrot - Yuri Kozyrev - Abigail Lane - Jean-Luc Mylayne - Nasa - Eric Poitevin - Sophie Ristelhueber Thomas Ruff - Vivian Sassen - Zineb Sedira - Allan Sekula - Andres Serrano - Jeanloup Sieff - Cindy Sherman - Vincent J. Stocker - Hiroshi Sugimoto - Wolfgang Tillmans - Patrick Tosani - Jeff Wall - Xavier Zimmermann FRAC Auvergne - 6 rue du Terrail - 63000 Clermont-Ferrand Du 3 octobre 2013 au 9 février 2014 Du mardi au samedi de 14 h à 18 h, dimanche de 15 h à 18 h, sauf jours fériés. Entrée gratuite Marc Bauer Les expositions Hors les Murs en 2012-2013 FRAC Administration 1 rue Barbançon 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04.73.90.5000 [email protected] Site internet : www.fracauvergne.com FRAC Salle d’exposition 6 rue du Terrail 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04 73.90.5000 Ouverture : - de 14 h à 18 h du mardi au samedi - de 15 h à 18 h le dimanche - fermeture les jours fériés Entrée libre Contact pour les scolaires : Laure Forlay 04.73.74.66.20 ou par mail à : [email protected] Professeur correspondant culturel : Patrice Leray ([email protected]) Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne : www.fracauvergne.com et sur le site du rectorat de l’académie à l’adresse suivante : http://www3.ac-clermont.fr/pedago/arts/ressources.htm
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