LES ÉCHOS DE LA MÉMOIRE
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LES ÉCHOS DE LA MÉMOIRE
LES ÉCHOS DE LA MÉMOIRE Darren ALMOND - Horst HAACK - Johannes KAHRS Fabrice LAUTERJUNG - Al MARTIN - Jean-Luc MYLAYNE Œuvres de la collection du FRAC Auvergne AU LYCÉE PIERRE-JOËL BONTÉ- RIOM. Dans le cadre de l’EROA Du 3 décembre au 12 février 2016 LES ÉCHOS DE LA MÉMOIRE Deux mois d’attente pour photographier un oiseau, 365 jours de travail pour réaliser une peinture, plusieurs mois à arpenter et à photographier les plaines glacées de Sibérie ou plusieurs heures d’écoute pour recueillir un témoignage du passé...Tous les artistes présents dans cette exposition développent dans leur pratique des préoccupations liées au temps. Pour certains artistes (Al Martin, Jean-Luc Mylayne, Horst Haack), ce rapport au temps devient une contrainte de travail ou du moins un élément inhérent au processus de création de leurs œuvres. Celles-ci conservent ainsi en elles la mémoire de tous les gestes qui ont permis leur achèvement mais aussi la mémoire de ces moments d’attente, de travail, d’introspection. Pour d’autres (Darren Almond, Johannes Kahrs, Fabrice Lauterjung), ce rapport au temps est envisagé du point de vue de l’Histoire et permet ainsi d’interroger notre propre relation au passé. Ces œuvres rappellent les périodes les plus sombres du XXème siècle (goulags staliniens, extermination des Tsiganes, édification du Mur de Berlin) et viennent ensuite résonner, comme un écho, dans l’esprit du spectateur. Darren ALMOND Né en Grande-Bretagne en 1971 - Vit en Grande-Bretagne Night+Fog(Monchegorsk)(10), 2007 Impression quadri sur vinyle 119 x 149 cm Production FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Darren Almond pratique un art où sont indifféremment employées la vidéo, la photographie, la sculpture et l’installation, autour de préoccupations essentiellement liées au temps et à la mémoire historique. Les œuvres qui constituent la série Night+Fog montrent des forêts ravagées, des arbres décharnés, des paysages de neige sans qualité, plongés dans une grisaille étale. Aucune trace de vie. Nous ne sommes pas loin de la mélancolie des peintures romantiques exécutées par Caspard David Friedrich au 19ème siècle. Pourtant, le sujet de ces œuvres ne concerne aucunement la contemplation poétique et affectée du paysage. Ces forêts sont celles qui environnent la ville sibérienne de Monchegorsk qui fut l’un des plus grands goulags staliniens. Ici furent mis aux travaux forcés plus de 300 000 hommes et femmes, chargés d’extraire le nickel d’un des sites les plus riches en minerai de la planète. Cette activité d’extraction s’est poursuivie après la fermeture du camp de travail et le rachat du territoire par la Norilsk Nickel Company, l’une des plus importantes compagnies minière du monde. L’extraction de ce minerai, l’une des plus polluantes qui soit en raison des tonnes de dioxyde de souffre qu’elle rejette, fait de cette zone géographique l’une des plus polluées du globe : sa flore est littéralement brûlée et les 150 000 habitants de Norilsk reçoivent chaque année plus de pluies acides que celles qui s’abattent sur l’ensemble des populations d’Amérique du Nord. Les conditions climatiques extrêmes et la pollution sont responsables d’une espérance de vie de 10 ans inférieure à celle des autres Russes. Darren Almond a passé des mois à arpenter ces forêts carbonisées pour photographier ces contrées apocalyptiques. Le titre, Night+Fog, est une référence au décret Nacht und Nebel pris par le gouvernement nazi en 1941 contre les ennemis du Reich, et au documentaire Nuit et Brouillard, réalisé par Alain Resnais en 1955 sur Auschwitz. En effet, si à Norilsk on produisait du nickel, à Auschwitz on extrayait du sel pour la production de caoutchouc nécessaire à l’effort de guerre allemand. Horst HAACK Né en Allemagne en 1940 - Vit en Allemagne Sans titre, 1984 Crayon et aquarelle sur papier 210 x 75 cm Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Cette œuvre n’est qu’un élément d’une création monumentale débutée en 1979 sous le titre de Chronographie terrestre (work in progress). Comme ce dernier l’indique, il s’agit d’une œuvre en évolution permanente, dont la réalisation s’étale sur une durée longue et qui consiste en une chronographie, une «écriture du temps», un journal. L’œuvre exposée regroupe 50 feuillets de ce journal qui dresse un portrait de l’artiste, faisant état de pensées, de citations littéraires, de notes écrites en allemand, français ou anglais, accompagnées d’aquarelles particulièrement soignées dans leur réalisation. Ces feuillets n’étaient au début que de simples cahiers de dessins destinés à fixer pêlemêle des idées spontanées, des souvenirs, des impressions, sans rien y modifier ni projeter car Horst Haack n’avait pas envisagé d’en faire une oeuvre à part entière. Chronographie terrestre se distingue par une parfaite osmose de l’image et du texte, même si l’écriture n’est pas toujours en rapport avec les images. Cette oeuvre offre à l’artiste la possibilité de réaliser un vaste autoportrait fait de multiples facettes aux agencements subtiles et complexes, la possibilité d’une médiation visuelle et verbale où le réel, l’imaginaire, l’angoisse, les désirs et les obsessions peuvent être exprimés. Johannes KAHRS Né en Allemagne en 1975 - Vit en Allemagne Fists, 2004 Fusain, pastel sur papier 87 x 59 cm Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre La recherche plastique de Johannes Kahrs se développe tout autant par la peinture, le dessin, la photographie ou la vidéo. Ses dessins, exécutés au fusain et au pastel sur papier, prennent essentiellement leurs sources dans les images médiatiques. Fists est la représentation recadrée d’un torse de boxeur avançant ses gants en signe de protection. Le cadrage très appuyé confère au dessin une valeur d’abstraction forte et il n’est pas rare de constater qu’un certain laps de temps soit nécessaire au spectateur de cette oeuvre pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une œuvre abstraite mais bien d’un dessin figuratif. La source de cette œuvre est un document photographique datant des années 30 montrant un célèbre boxeur de l’époque, JohannTrollmann. Il est l’un des meilleurs boxeurs de sa catégorie au début des années 30, réputé pour un style de boxe inhabituel. L’arrivée des nazis au pouvoir et la mise en exergue des origines tziganes du boxeur mettront fin à la carrière de Trollmann et le conduiront finalement vers une déportation en camp de concentration dont il ne reviendra jamais. Pendant des années, son nom est oublié, jusqu’à disparaître des registres de son club de boxe de Hanovre. L’utilisation faite par Johannes Kahrs de cette photographie et du fait historique qui s’y rattache est tout à fait symptomatique de la manière de travailler de l’artiste : une photographie, un événement sans importance majeure, mais portant en lui l’expression d’un contexte complet, pour réaliser une œuvre tout autant liée à l’image-source elle-même qu’à la puissance d’abstraction que porte l’image. Fabrice LAUTERJUNG Né en France en 1978 - Vit en France Berlin :Traversée, 2005 Film super 8 sur DVD 9 min 45 Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre «Un paysage défile, filmé en Super-huit, en couleur ; puis des immeubles, des rues. Berlin défile, est le décor. C’est une errance. Une progression apparemment sans but, sans itinéraire préétabli, d’un pas saccadé. Arrive un texte, inscrit en caractères blancs, défilant de bas en haut : une histoire, celle d’une narratrice qui vécut à l’ouest et communiqua par gestes avec un homme habitant juste en face, mais à l’est, juste de l’autre côté du mur… Contrepoint formel à la logorrhée Super-huit qu’il contrarie en lui faisant obstacle : le texte défile, agit un peu comme un mu, le texte se donne à imaginer.» Fabrice Lauterjung, 2005 Deux moments de l’Histoire se rencontrent et se superposent dans ce film. Celui qui présente Berlin aujourd’hui, ville «apaisée», centre névralgique européen, et celui de la ville blessée, fracturée par le mur érigé en 1961 en réponse aux nombreuses tensions internationales qui animaient les suites du partage du monde entre l’Est et l’Ouest. Un «mur de la honte» qui séparera violemment de nombreuses familles et qui sera le lieu de nombreuses tragédies jusqu’en 1989 (date de sa démolition). Et l’histoire d’amour racontée à travers ce texte, inscrit en caractères blancs, défilant de bas en haut sur l’écran : une histoire, celle d’une narratrice qui vécut à l’ouest et communiqua par gestes avec un homme habitant juste en face, mais à l’est, juste de l’autre côté du mur…. les mots venant comme traverser cette muraille. Al MARTIN Né en Argentine en 1963 - Vit aux États-Unis Eidétique paressante, 2009-2010 365 couches d’acrylique poncées sur toile 42 x 35 cm Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Depuis les années 1970, chaque série réalisée par Al Martin est l’occasion, dans un protocole souvent strict, parfois humoristique, de magnifier ce que seule la peinture sait faire : produire des surfaces spécifiques qui sont en même temps des images. L’œuvre que possède le FRAC Auvergne a pour titre Eidétique paressante. Elle date de 2009-2010 et est constituée de 365 couches d’acrylique poncées sur toile. L’explicitation du processus est simple : chaque jour, Al Martin ajoute une couche de peinture à la surface du tableau. Chaque couche est constituée d’une couleur différente. Après une année et, donc, 365 couches différentes, la phase préparatoire est achevée et Al Martin peut procéder à la phase inverse. Il s’agira de creuser à l’aide d’une gouge la surface picturale couche par couche. Ainsi, une première couche est enlevée, puis une couche encore plus grande à partir de la première, puis une couche encore plus grande, etc. Le tableau est achevé quand 365 couches ont été enlevées – il va de soi que ce n’est pas la totalité de la couche qui est enlevée mais uniquement un fragment. Enfin, précisons que la surface est unifiée par un ponçage manuel au papier de verre et à l’eau afin d’obtenir une «pente» douce sans décrochages. Le résultat est une «peinture inversée» – titre sous lequel Al Martin regroupe ces peintures qu’il effectue depuis maintenant plus d’une quinzaine d’années Il est donc question, d’abord, de dépôt et la peinture est, fondamentalement et matériellement, cette opération de dépôt, ce recouvrement d’une couche par une autre – par glacis ou empâtement. Si cette opération est respectée dans un premier temps, elle est contredite dans un deuxième puisqu’il y a dépôt puis excavation, mise en œuvre d’une archéologie de la peinture, carottage dans ses sédiments ou voyage temporel comme, dans cette œuvre, la couche la plus ancienne est aussi visible que la couche la plus récente et comme l’œuvre est achevée quand la couche la plus ancienne émerge enfin. Il est, donc, question de temps, d’accumulation de temps – 365 dépôts et 365 creusements – et de rendre visible ce temps physiquement. Il est à noter également que ce qui apparaît comme étant le «fond» est en fait la dernière couche et que ce qui apparaît comme la forme est en quelque sorte le fond. On notera également les «barbes» sur le bord de la peinture produite par la lourdeur de l’accumulation picturale pouvant évoquer, par analogie, des stalactites. La peinture d’Al Martin est, ainsi, une double mémoire ; non seulement la mémoire de toutes les couches qui ont amené à sa dernière surface, mais aussi mémoire de toutes les opérations visibles qui ont permis l’achèvement de la peinture. Il y a, en plus d’un temps révélé et démontré comme un agenda ou un journal intime, un journal de peinture. Jean-Luc MYLAYNE Né en France en 1946 - Vit dans le monde N°367 - Février - mars 2006, 2006 Photographie 125 x 155 cm Collection FRAC Auvergne Notice de l’œuvre Depuis la première photographie datée de juillet 1978, cela fait maintenant près de 35 ans que JeanLuc Mylayne photographie exclusivement des oiseaux, des oiseaux partout dans le monde, dans tous les paysages possibles, urbains ou ruraux, par tous les temps, toutes les saisons et toutes les lumières… Si le catalogue de ses œuvres compte plus de 500 créations, c’est finalement assez peu en regard de ces 35 années de travail – à peine une quinzaine de photographies par an – car JeanLuc Mylayne peut prendre un temps infini avant d’appuyer sur le déclencheur. Il faut d’abord que l’artiste ait vu quelque chose – appelons cela une scène – et qu’ensuite celle-ci se reproduise à l’identique – ou quasi – pour qu’il puisse la photographier. La lumière doit donc être similaire à la scène primitive et l’oiseau – ou les oiseaux – doivent passer ou se placer à un endroit précis. Alors la photographie peut être prise. Le premier travail de Jean-Luc Mylayne est donc l’affût, l’attente d’une situation optimale qui peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années. Cette attente du bon moment, de la bonne prise est à la fois consubstantielle à la photographie – puisqu’il s’agit de saisir un fragment de temps – en même temps qu’elle est assez étrangère à l’art du photographe puisqu’en général les photographes multiplient les prises pour faire une sélection après coup comme si la prise photographique était un aveuglement – ce qu’elle est avec un reflex puisque le miroir se relève au moment du déclenchement et obture la vue de celui qui vise. Dans le cas de Jean-Luc Mylayne, la décision du déclenchement d’une seule prise, de la prise de l’image juste, de la saisie parfaite de l’instant est métaphorisée par l’oiseau, par sa vélocité ou le caractère impromptu de son apparition ou de sa disparition. Si Jean-Luc Mylayne s’intéresse aux oiseaux, aux plus communs comme aux plus rares, il n’est pas un artiste ornithologue, l’oiseau est le sens de sa photographie, du temps passé à attendre, du temps du déclenchement, et de cet après qui voit s’évanouir ce qui a été à peine saisi. Mais l’oiseau est aussi une présence discrète dans le paysage. Dans le fouillis des buissons et taillis ou dans l’ombre des granges ou des branchages, il faut être attentif pour le saisir, scruter le paysage, focaliser et défocaliser constamment. C’est ce que la photographie de Jean-Luc Mylayne saisit grâce à une optique permettant d’obtenir, dans la même photographie, une alternance et une succession de plans flous et nets, de découper des séries de plans dans la totalité de l’espace, d’opérer des jonctions entre des points pourtant éloignés et sa photographie renvoie le spectateur à cet acuité dans la vision. Il faut parfois que celui-ci cherche pour voir l’oiseau, non dans le simple jeu d’une énigme cachée dans l’image, mais dans l’exercice plus captivant qui consiste à balayer la surface du monde pour saisir des rapports entre les choses, à apprendre à regarder au lieu de voir. REPÈRES RÉFÉRENCES Les échos de la mémoire ART 1818 : Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages 1890-1891 : Claude Monet, Cathédrale de Rouen 1965 : Roman Opalka, Detail n°1 1971-1995 : Emballement du Reichstag par Christo et Jeanne-Claude 1986 : Anselm Kiefer, Chemins de fer 1996 : Darren Almond, A Real Time Piece LITTÉRATURE 1909 : Marcel Proust, A la recherche du temps perdu 1942 : Albert Camus, L’étranger 1956 : Primo Levi, Si c’est un homme 1978 : Georges Pérec, Je me souviens CINÉMA 1955 : Alain Resnais, Nuit et Brouillard 1993 : Steven Spielberg, La Liste de Schindler 2002 : Wolfgang Becker, Good bye Lenin ! POUR ALLER PLUS LOIN Le temps et la mémoire dans la collection du FRAC Auvergne Andreas ERIKSSON Car passes at 19:42 27/12, 2010 Acrylique sur dibond, 100 x 85 cm Michel AUBRY Boucliers de guetteurs, 1950 Acier, feuille d’or, cire colorée, 7 anches, 7x(61x45) C’est à l’occasion de la 54ème Biennale de Venise en 2011 que ces œuvres ont été créées, pour le Pavillon Nordique confié à Andreas Eriksson. Les peintures titrées Car passes, presque des monochromes, appartiennent à la série des Shadow Paintings dont Andreas Eriksson explique qu’elles sont des peintures exécutées d’après les ombres projetées la nuit par la fenêtre, dans sa maison, lors du passage de voitures sur la route. Réalisées au pistolet à peinture, les ombres se dissolvent, fantomatiques, jouent d’une persistance rétinienne, témoignent d’instants fugaces fixés dans le temps par les titres donnés à chacune des œuvres : l’ombre portée de l’encadrement de la fenêtre est vue le 27 décembre 2010 à 19h42... Tout se joue dans le lisse de la peinture réalisée sur dibond, matériau utilisé pour le contrecollage de photographies. L’image obtenue est absolument plane, ne laisse apparaître aucun geste, se constitue comme un artefact d’image photographique. Mais l’écart entre la photographie et la peinture ne s’effectue pas tant dans une tentative virtuose à reproduire avec exactitude l’instantané photographique que dans un rapport particulier au temps. Si les phares de la voiture qui passe éclairent, comme un flash, la façade de la maison par l’ouverture de la fenêtre et projettent une image furtive sur un mur (reconstituant ainsi la mécanique d’une camera obscura), la peinture devra être méticuleusement et longuement travaillée pour rendre compte de l’événement. Entre ethnologie, musicologie, et politique, Michel Aubry s’est inventé depuis une quinzaine d’années une place singulière dans la création artistique contemporaine en constituant une œuvre dont la démarche cultive tout autant tradition et modernité, musique et arts plastiques. Les Boucliers de guetteurs est une œuvre réalisée à partir de boucliers de protections utilisés par les soldats dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale. Michel Aubry les a récupérés clandestinement sur la colline du Hartmannswillerkopf en Alsace, sur un ancien champ de bataille où ont été décimés quelques 50000 soldats français et allemands. Ces boucliers étaient l’unique protection contre les balles et les éclats d’obus dont disposaient les soldats dans les tranchées. Ils portent en eux les stigmates des combats d’une extrême violence et sont, de fait, porteurs de la mémoire des combats et des morts. Michel Aubry a volontairement limité son intervention plastique afin de préserver au mieux l’identité de son matériau : dorure à la feuille délimitant un cercle bordé de cire rouge sang, anche sonore (une note par bouclier, recomposant ainsi les 7 notes fondamentales) donnent dès lors aux boucliers le statut d’ex-voto délicats et font de cette œuvre un témoignage particulièrement émouvant. Alain SICARD 2.70.100.11.KL, 2011 Huile sur Klöckner, 70 x 100 cm SARKIS Leidschatz, 1992 Fonte, 55 x 40 x 40 cm Alain Sicard a peint depuis 1996, plus de 1300 peintures qui constituent un journal pictural de tous les gestes, de toutes les surfaces, de tous les accords colorés possibles. Il peint, dorénavant, sur un papier Klöckner qui lui permet de peindre assez longuement dans le frais et même d’effacer la peinture pour la recommencer. Chaque peinture est faite en une séance pendant laquelle il peint sur une feuille, efface, recommence, jusqu’à trouver la solution ou jusqu’à épuiser cette surface. Soit la peinture est acceptée par l’artiste, soit elle est refusée, mais elle n’est jamais reprise. Il y a une grande rapidité dans le geste et peu de temps d’arrêt. Il s’agit pour lui de peindre d’un geste autoritaire jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose. Alain Sicard peint à partir de souvenirs de peinture,des souvenirs de peintures vues en vrai ou des souvenirs de peintures vues en reproduction ou, pour être plus précis, Alain Sicard peint et, parfois, il rencontre au cours de sa séance picturale, des souvenirs, des échos et des réminiscences de peinture. La peinture trouve sa solution lorsque l’écho, la réminiscence évoquent un possible pictural encore inusité ou lorsque un élément active une mémoire involontaire qui provoque le reste de la peinture – bien que cela ne soit pas forcément un gage de réussite. Sarkis développe depuis des années une œuvre très personnelle fondée sur un langage et des codes de lectures très particuliers. Ainsi, la présence des mots Leidschatz (trésor de souffrance) et Kriegschatz (trésor de guerre) est-elle quasiment systématique dans toutes ses œuvres. Ces deux mots contiennent à eux seuls toute l’œuvre de Sarkis qui, depuis plusieurs décennies, s’agence autour du thème de la mémoire et de la nécessité de préserver celle-ci coûte que coûte, qu’elle qu’en soit le prix (Leidschatz) ; afin de constituer un véritable trésor de guerre (Kriegschatz) pour les générations futures. L’œuvre intitulée Leidschatz se manifeste par une grande économie de moyen, par la grande simplicité de sa réalisation. Quelques anneaux de fonte empilés constituent un brasero au fond duquel on imagine les cendres d’un feu refroidi. L’œuvre évoque alors tout autant la convivialité du brasero, autour duquel on se réunit pour se chauffer, que la pauvreté des sans logis. Elle évoque aussi, et surtout, le feu dévorateur de mémoire, les autodafés pratiqués par les régimes fascistes pour brûler et faire disparaître les écrits les plus compromettants pour leurs idéologies déviantes. Elle évoque également, de manière plus générale et plus terrible encore, l’atrocité des camps de concentration où plusieurs millions de corps ont disparu. Nous sommes au cœur du travail de Sarkis : peu de choses pour dire beaucoup. Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC), créés au début des années 80, sont des institutions dotées de trois missions essentielles. La première consiste à constituer des collections d’œuvres d’art représentatives de la création contemporaine de ces 50 dernières années. La seconde est une mission de diffusion de ces collections sous forme d’expositions, tant dans les régions d’implantation des FRAC respectifs qu’ailleurs en France et à l’étranger. Enfin, la troisième raison d’être de ces institutions est d’œuvrer pour une meilleure sensibilisation des publics à l’art de notre époque. Le FRAC Auvergne a choisi dès le départ d’orienter sa collection vers le domaine pictural, se dotant ainsi d’une identité tout à fait spécifique dans le paysage culturel français. Aujourd’hui composée de plus de 700 œuvres, cette collection circule chaque année en région Auvergne et ailleurs, à raison de 20 expositions annuelles. Le FRAC Auvergne bénéficie du soutien du Conseil Régional d’Auvergne et du Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne. Il est également soutenu, pour l’Art dans les Lycées, par le Rectorat. Programmation du FRAC FRAC AUVERGNE 6 rue du Terrail - 63000 Clermont-Ferrand Gilles Aillaud Du 10 octobre 2015 au 17 janvier 2016 A quoi tient la beauté des étreintes (Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne) Du 30 janvier au 27 mars 2016 Pius Fox Du 9 avril au 19 juin 2016 AUTRES EXPOSITIONS PÉDAGOGIQUES Anatomies Aziz+Cucher, Frédéric Castaldi, Philippe Cognée, Gérard Fromanger, Pierre Gonnord, Fabian Marcaccio > Lycée Louis Pasteur - Lempdes. Du 5 janvier au 5 février 2016 > Lycée agricole de Rochefort-Montagne. Du 1er mars au 1er avril 2016 Les échos de la mémoire Darren Almond, Horst Haack, Johannes Kahrs, Fabrice Lauterjung, Al Martin, Jean-Luc Mylayne > Lycée agricole de St-Gervais. Du 8 mars au 8 avril 2016 Le dessin à dessein Marc Bauer, Patrick Condouret, Rémy Jacquier, Claude Lévêque, Judit Reigl, Georges Rousse > Lycée Ste-Marie - Riom. Du 7 janvier au 5 février 2016 > Lycée Le Sacré Cœur,Yssingeaux. Du 15 mars au 12 avril 2016 Expositions des œuvres de la collection du FRAC Auvergne Dans le cadre des EROA (Espaces de Rencontre avec l’Oeuvre d’Art) > Lycée Jean Monnet - Yzeure. Du 1er décembre 2015 au 25 mars 2016 > Lycée Blaise Pascal - Ambert. Du 3 mars au 29 avril 2015 Dans le cadre des jumelages > Lycée René Descartes - Cournon. Du 29 février au 2 mai 2016 PROJET FÉDÉRATEUR WORKSHOP EN LYCÉES PROFESSIONNELS > CFA Haute-Loire - Bains Section menuiserie et charpente > Lycée Godefroy de Bouillon - Clermont-Ferrand Section graphisme et décor > Lycée Charles et Adrien Dupuy - Le Puy Section usinage > Lycée François Rabelais - Brassac-les-Mines Section chocolat > Lycée Pierre-Joël Bonté - Riom Section énergie > Lycée Saint-Géraud - Aurillac Section communication graphique > Lycée Lafayette - Clermont-Ferrand Section électrotechnique > EPL Saint-Flour. Filière environnement nature FRAC Administration FRAC Salle d’exposition 6 rue du Terrail 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04 73.90.5000 Ouverture : - de 14 h à 18 h du mardi au samedi - de 15 h à 18 h le dimanche - fermeture les jours fériés Entrée libre Contact pour les scolaires Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne 04.73.74.66.20 ou par mail à : [email protected] Patrice Leray, Professeur correspondant culturel [email protected] Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne : www.fracauvergne.com et sur le site du rectorat de l’académie à l’adresse suivante : http://www3.ac-clermont.fr/pedago/arts/ressources.htm En couverture : Al Martin, Eidétique paressante, 2009-2010, 365 couches d’acrylique poncées sur toile, 42 x 35 cm 1 rue Barbançon 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04.73.90.5000 [email protected] Site internet : www.fracauvergne.com
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