LE POIVRE ROSE

Transcription

LE POIVRE ROSE
LE POIVRE
ROSE
Mise en scène Christian Lucas
COMPAGNIE DU POIVRE ROSE
Dimanche 10 avril 2016 • 16H
CIRQUE DÈS 6 ANS
Revue de Presse
L’Est Républicain - 14 mars 2016
La Montagne.fr - Dragan Pérovic - 17 décembre 2015
La Provence.com - Marie-Claude Bretagnolle - 13 juillet 2015
La Terrasse - Catherine Robert - 26 juin 2015
RADIO PRAGUE - Lucie Drechselová - 23 août 2014
Quand 5 artistes issus des plus grandes compagnies circassiennes s’unissent, le résultat
est explosif : du porté acrobatique à la corde lisse en passant par le trapèze, Le Poivre
Rose offre sa vision de l’unique et bouscule les idées reçues sur le cirque.
Ce poivre-là, ne pique pas les yeux. Il emporte, surprend, ifait taper du pied, déclenche
le rire et fait parfois même couler des larmes d’émotion. Ode joyeuse et décalée à la
différence des corps, Le Poivre Rose s’amuse à bousculer les rôles et les genres. Fresque
acrobatique et printanière, la rudesse se prend les pieds dans la coquetterie et le genre
se disloque comme les corps qui le portent dans cette histoire de famille, racontée au
travers d’une série de tableaux décalés et plein de tendresse. C’est un joyeux pied de nez
au regard de l’autre, une célébration de l’authenticité déphasée. Les cinq acteurs de ce
conte circassien, porté par la musique de la violoniste et chanteuse tchèque Iva Bittová,
se servent de l’acrobatie comme langage pour faire un spectacle plein de bonheur et
virtuosité.
L’Est Républicain - 14 mars 2016
Le public a fait un triomphe au spectacle « Le poivre rose »
La compagnie du Poivre Rose rassemble cinq comédiens et virtuoses du cirque venus du Québec, de Belgique
et de France. Lundi soir, ils ont été acclamés par les spectateurs.
Tissu aérien, corde lisse, trapèze, mât chinois, portés et équilibre… Lundi soir, le public du théâtre des Sept
collines a pu vivre un spectacle de cirque d’un genre nouveau. Léger comme brise, profond comme la poésie,
« Le poivre rose » avait un goût délicieux de l’insouciance et du sourire originels, capables d’illuminer de mille
feux une froide soirée d’automne.
Cinq hurluberlus
Dans un décor minimaliste et surréaliste, les cinq comédiens, ont dessiné par leurs corps en mouvement une
sensible fresque circasienne, aux confins de la danse, du mime, de l’acrobatie et du théâtre. Ils se sont déployés
dans un jeu d’ombres et de lumières, sur une partition musicale flamboyante, conçue par la violoniste et chanteuse tchèque Iva Bittova,
Ces personnages d’hurluberlus cartoonesques, qu’on pourrait croire sortis tout droit d’un asile psychiatrique,
ont provoqué d’abord des fous rires et des surprises qui ont été remplacés par l’admiration, aussi bien pour les
exploits physiques que pour une interprétation et une esthétique pleines de sensibilité.
« Le poivre rose » est un hymne à la différence, celle qui nous enrichit et nous ouvre les yeux sur le reste du
monde. Cinq artistes authentiques nous ont démontré avec brio que la beauté n’est jamais juste une question
d’apparence. Ils nous ont fait penser à Dostoïevski car cette beauté-là est capable de sauver le monde.
Dragan Pérovic - 17 décembre 2015
Midi-Pyrénées fait son cirque Le poivre rose (*****)
Avignon Off : les critiques - Le poivre rose (*****)
Corde lisse, mât chinois, trapèze, contorsions… le spectacle est complet avec cinq très
bons circassiens qui nous font partager leur monde avec talent, poésie et beaucoup
d’humour. C’est une plongée dans l’univers d’une famille, raconté par une suite de
tableaux insolites et réjouissants.
On verra un solo de batterie sans batterie mais sur seaux métalliques, des lancers de
seaux (le seau étant un accessoire récurrent dans ce spectacle), comment enfiler sa robe
quand le vernis n’est pas sec, et bien d’autres choses merveilleuses et indispensables. Un
spectacle acrobatique et virtuose, de beaux jeux de lumière et la musique d’Iva Bittová
qui accompagne magnifiquement les tableaux en accentuant les effets. Il vaut mieux
réserver.
La Provence.com - Marie-Claude Bretagnolle - 13 juillet 2015
Le Poivre Rose
La compagnie du Poivre Rose propose une réflexion circassienne sur l’ordre et le désordre
du genre. Portés par la musique d’Iva Bittova, les cinq acrobates célèbrent l’authenticité
déphasée.
« Une des filles veut porter le petit blond, la vieille veut faire du trapèze volant et le roux
veut porter les costumes de sa sœur. » Le Poivre Rose réunit cinq artistes venus du Québec,
de Belgique et de France, rassemblés par une complicité humaine et des objectifs
créatifs communs. « Nous sommes artistes de cirque, acrobates de scène mais avant
tout humains, garçons et filles sans bien comprendre cette différence qui nous lie et nous
sépare. Et nous avons envie de nous salir les mains et de mettre sur scène un peu de ce
qui nous passe par la tête, sur la gueule et par le ventre. » Dans cette fresque acrobatique,
le genre se disloque comme les corps qui le portent, et chacun choisit indifféremment le
costume mâle et le costume femelle, éclairant le rôle social par le rôle théâtral.
La Terrasse N° 234 - Catherine Robert - 26 juin 2015
Cirque : Poivre Rose avec Iva Bittová en première mondiale à Prague
Le festival du cirque contemporain « Letní Letná » a proposé en première mondiale une création internationale.
Il s’agit du spectacle « Le Poivre Rose : Réflexion circassienne sur l’ordre et le désordre du genre » qu’a réalisé la
compagnie franco-belgo-canadienne du « Poivre Rose » en collaboration avec la chanteuse tchèque Iva Bittová.
« Le Poivre Rose » déconstruit les notions du masculin et du féminin,
comme il le promet en titre. Les artistes, liés par des relations familiales
ou de maître et de domestique, enchaînent des scènes qui racontent les
expériences communes. Ce qui surprend, c’est alors le bouleversement
des codes masculins et féminins dans la pièce. Les hommes n’y sont
pas nécessairement toujours forts et héroïques. Il y a un numéro
d’acrobatie où la femme est celle qui tient le voltigeur et non l’inverse.
En revanche, les femmes adoptent des gestes associés à la masculinité
et lors d’un numéro, une femme remplace un homme dans son rôle classique. Par exemple, une voltigeuse se met
sur la tête de l’autre et elles réalisent toute l’acrobatie qui se fait habituellement entre homme et femme. Le public
peut voir des combinaisons de numéros inhabituelles et c’est grâce à cela qu’il peut se rendre compte à quel point
les codes masculins et féminins dominent notre imaginaire même dans le cirque.
A la veille de la première qui s’est tenue le dimanche 17 août, après la répétition générale, Amaury Vanderborght,
un des fondateurs de la Compagnie du Poivre Rose, a parlé au micro de Radio Prague.
D’où est venue l’idée du nom du Poivre Rose ?
C’est très drôle, j’ai fondé la compagnie avec une québécoise Claudel Doucet et
j’étais en visite chez elle en Allemagne où elle travaillait. On cherchait un nom
et on avait mis un grand papier sur le mur, on écrivait les noms de compagnies
et on ne trouvait pas. On savait que l’on voulait travailler sur les codes-hommes,
codes-femmes. Je crois qu’elle est partie au supermarché et qu’elle a vu le poivre
rose et elle m’a appelé pour me le proposer. Le poivre est une épice mâle mais
avec une couleur associée aux femmes, ce qui déconstruit la notion de ce qui est
masculin et féminin.
Comment vous êtes-vous connus ?
Autre histoire drôle : dans un bar de transgenre à Berlin. A ce moment-là, on ne savait pas encore que nous allons
travailler sur le genre. On avait des amis communs et on a fait la fête toute la nuit avec toute sorte de personnes.
On s’est revu et on s’est dit qu’on aimerait bien travailler ensemble et il y a des choses qui nous dérangeaient tous
les deux dans le cirque. Donc on s’est dit que nous allions essayer ça ensemble.
Donc de vous deux est venue l’étincelle, comment se sont associés les autres ?
Il y a la cousine de Claudel, Valérie, la Québécoise. Elles avaient vraiment envie de travailler ensemble et c’était une
bonne occasion. Avec Thomas, on a fait la même école, mais il en sortait quand j’y suis entré. Il nous manquait un
garçon, on voulait un vrai garçon avec des poils et de la barbe. Sous l’impulsion d’une amie, j’ai contacté Thomas et
ça l’a intéressé. Après, Antoinette, qui a 60 ans, qui est photographe de cirque, mais aussi photographe de pub. On
se connaît depuis que j’ai quatorze ans. On a fait des stages de trapèze ensemble, c’est un peu ma deuxième maman.
Je me suis toujours dit que si un jour je fondais ma compagnie, je l’inviterais parce qu’elle mériterait d’être sur scène
et non toujours derrière la scène en train de prendre des photos.
Quels étaient ces éléments qui vous gênaient dans le cirque ?
À chacun sa propre perception des choses, mais en tous cas pour moi c’était assez dérangeant de voir le rapport à
la masculinité dans ce que je fais et dans ce rôle qu’on doit tenir. Du coup, j’avais toujours un peu envie de travailler
dessus. Avec ce spectacle, on a abordé la question, mais on y a pas du tout répondu, on a peut être juste ouvert une
petite porte. Le reste s’est beaucoup fait en fonction de la musique. La musique d’Iva Bittová a apporté une couleur
très tchèque, de l’Europe centrale, qui colorise tout ce récit. Cela s’est articulé autour d’une famille. C’était le choix
du metteur en scène de vouloir clarifier les rapports entre nous. On était donc une famille. Et qu’est-ce qui se passe
dans cette famille ? Entre la mère, le fils, la sœur, la domestique, le domestique, entre la sœur et le domestique, ce
sont les histoires racontées au cours de ce spectacle.
Quelle est l’image de la masculinité dans le cirque ?
Pour moi, c’est l’homme tout puissant, l’homme fort, l’homme statue,
l’homme qui porte et qui de par sa corpulence implique ce rôle parce
qu’il est fort. Néanmoins, moi, par expérience, pour avoir été dans des
salles comme ici ou ailleurs où il y a 500 personnes qui te regardent,
des fois tu n’as pas forcément envie d’être cette force, de jouer ce rôle,
de tenir ce rôle très droit. Moi, ça m’a toujours un peu dérangé. Ce n’est
pas la féminité que j’ai envie d’explorer, c’est ce qui est ailleurs et ce que
ma discipline me permet de faire.
En pratique, comment vous déconstruisez l’image de la masculinité dans le spectacle ?
Je ne sais pas si dans ce spectacle on a vraiment réussi parce que ce n’est pas un processus qui se fait en une fois. Et
comme on est six avec Iva Bittová et cinq à avoir fait la création, il y avait des envies différentes. Ce sujet était notre
corpus de départ, mais on a fait beaucoup d’exercices. On s’est mis des rôles sur les agrès. On essayait différentes
couleurs et gestuelles. On avait travaillé avec Christian Lucas, le metteur en scène, mais aussi avec un chorégraphe
venu de l’extérieur, Benjamin Kahn. Là, on travaillait plus sur les couleurs, sur les corporalités et les façons de
bouger qui font qu’un geste peut témoigner d’un genre ou d’un autre. Mais je n’ai pas forcément envie de dire au
public qu’il faut qu’il voit ça dans le spectacle. Le public voit toujours ce qu’il a envie de voir et il se fait toujours sa
propre histoire, sans me lâcher de toute ma responsabilité en tant qu’artiste. Si le public est touché c’est parce qu’il
a envie d’être touché et s’il ne comprend pas, ce n’est pas grave.
Comment vous avez construit le spectacle ?
Il y avait une très grosse phase de recherche, théorique, si je peux me permettre, on a lu des bouquins, les ouvrages
de références de Judith Butler et d’autres mais qui ne nous intéressaient pas forcément. Il y avait alors beaucoup
de recherche en amont, il y avait l’envie de travailler sur le genre, sur le printemps, il y avait beaucoup d’envies.
Déjà on a essayé de voir ce qu’on pouvait faire nous cinq ensemble. Après cela, on construit beaucoup de matière
que l’on a condensée dans un show de 20 minutes qu’on a présenté en mars à Bruxelles et ensuite on a rencontré
Christian, le metteur en scène, et on lui a montré ces vingt minutes de la matière et après il a dit ce qu’il y voyait.
On a eu une discussion avec lui, on était d’accord avec certains de ses choix et d’autres moins et nous avons trouvé
des compromis. On a gardé l’idée de la famille, qui un jour était riche, qui ne l’est plus du tout mais qui pense qu’elle
l’est encore. On a gardé cette couleur-là et on a joué avec ces personnages-là.
Votre première se tient ici à Prague en présence d’Iva Bittová.
Oui, on l’a rencontrée il y a seulement une semaine, on a travaillé
beaucoup sur bandes sonores, pendant le processus de création,
on avait toute sa discographie. Surtout moi, j’ai fait beaucoup de
recherches car c’était moi à la base qui était très intéressé par son travail.
J’ai déniché les vieux albums dont elle ne se souvenait même plus.
Après on s’est construit cette palette de musique, on a choisi dedans.
On communiquait par email. On lui envoyait nos vidéos. Il y a une
semaine, elle est arrivée ici, toute préparée. Il y avait quelques prises
de becs mais rien de grave. Iva est très directe, très professionnelle, elle
sait ce qu’elle veut. Après il a fallu un tout petit peu ajuster cela. Là on
n’est pas loin du résultat, il y encore un peu de boulot à mon avis, mais on va surtout s’amuser et rencontrer pour la
première fois un vrai public, ça sera le public tchèque et on est très curieux de savoir comment est-ce qu’il réagit.
Le spectacle serait-il très différent quand vous allez le jouer sans et avec Iva Bittová ?
Je dirais qu’il s’agit d’une variation. L’essence même du spectacle reste la même mais quand Iva est là, il y a une
plus grosse part d’improvisation musicale, parce que nous on ne peut pas se permettre d’improviser tant que ça.
Même si sa musique est aussi très cadrée, elle reste dans les mêmes couleurs. Quand le spectacle est sans elle, cela
marche d’une façon différente. Comme elle a vraiment le rôle de conteuse, c’est par la musique que l’action naît.
Quand elle n’est pas là, on est plus directement plongés sur ce plateau avec ces personnages-là. Elle nous permet
de ressortir un peu de cette pièce, parce qu’elle se balade, on va l’observer dans son coin, on l’écoute, on la voit, c’est
une présence qui est différente. C’est une valeur ajoutée. Mais le spectacle on l’a créé sans elle et il a déjà fonctionné.
L’organisation de la scène semble bien fonctionner aussi dans un théâtre, pas nécessairement au cirque…
C’est construit pour un théâtre, ici, c’est une adaptation.
Pourquoi y a-t-il tellement de seaux sur la scène ?
On avait vraiment envie de trouver un élément scénographique clair, redondant. Le seau c’est très rustique,
campagnard et nous avons un côté très propre, on s’est dit que le contraste serait intéressant. Il y a aussi toute
l’histoire de ce que le sceau peut contenir, mais c’est parce qu’on s’est beaucoup amusés avec les sceaux On s’est dit
qu’on les aime bien là, pendu, espèce de cathédrale de péquenauds à la campagne. On s’est dit que c’était leur lustre
à eux. On s’est dit qu’ils ont ainsi décoré leur intérieur, alors pourquoi pas.
Pour récapituler, les membres de la Compagnie du Poivre Rose sont cinq. Amaury Vanderborght, qui était au
micro de Radio Prague, est voltigeur au trapèze et acrobate à la corde lisse. Il est Belge, tout comme Antoinette
Chaudron, photographe de scène. Puis, il y a deux Canadiennes, cousines, les deux diplômées de l’École Nationale
de Cirque de Montréal, Claudel Doucet fait entre autres du tissu aérien et Valérie Doucet, elle, se spécialise en
équilibre sur cannes. Enfin, le Français, Thomas Dechaufour, diplômé de l’École Supérieure des Arts du Cirque
(ESAC) de Bruxelles, il fait du mât chinois.
Le spectacle du « Poivre Rose » se veut être une célébration de l’authenticité décalée. Comme l’a dit Amaury, il
s’agit de la première création de cette compagnie. Ils ont posé beaucoup de questions sans pour autant apporter
des réponses. La pièce a confirmé la complexité des affaires du genre. S’il y a eu une volonté de déconstruire cette
notion et sa signification dans le monde du cirque, certains gestes restent basés sur les stéréotypes. Notamment la
représentation d’une fille par un garçon amplifie des mouvements, comme ceux des fesses ou des mains caricaturaux
qui ne sont guère représentatifs de la réalité.
La compagnie entame sa tournée, notamment en France au festival d’Auch. A priori elle se déplace sans Iva Bittová,
la chanteuse auteure de la musique, mais une variation du spectacle permet également de faire venir Iva là où la
pièce sera jouée. Si les cinq artistes poursuivent leur coopération, le public peut se réjouir car ils n’ont certainement
pas dit leur dernier mot avec le spectacle « Le Poivre Rose ».
Lucie Drechselová - 23 août 2014