Une chance à saisir - Bourgogne Aujourd`hui
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Une chance à saisir - Bourgogne Aujourd`hui
p26-27_App-art83 18/07/08 16:10 Page 26 Appellation Bourgognes, mâcons Une chance à saisir Dans un contexte porteur pour la Bourgogne ces dernières années, les appellations régionales rouges sont reparties de l’avant. Pendant ce temps les blancs continuent toujours autant de séduire. Pourtant, la Bourgogne a encore beaucoup de travail à faire pour valoriser ses vins. Vignes larges en bourgogne hautes-côtes de Nuits. “ REPÈRES AOC bourgogne Vins rouges : 235 000 hectolitres 31 300 000 bouteilles Vins blancs : 190 000 hectolitres 25 300 000 bouteilles Communes de production : Toutes communes de la Bourgogne viticole AOC mâcon Vins rouges : 37 000 hectolitres 5 000 0000 bouteilles Vins blancs : 195 000 hectolitres 26 000 000 bouteilles Communes de production : Toutes communes du Mâconnais 26 • Bourgogne Aujourd’hui 83 C ’est quand même affligeant de constater que n’importe lequel des pinots noirs californiens se vend à Londres deux fois plus cher qu’une appellation régionale de bourgogne”, s’insurge Albéric Bichot, pdg de la maison éponyme à Beaune. Faut-il le rappeler : la Bourgogne est le berceau de ce cépage rouge. Il fait le bonheur des nouveaux pays producteurs qui le plantent en nombre. C’est que sa notoriété dans l’esprit des consommateurs a progressé fortement. La tendance privilégiant des vins plus en finesse qu’en puissance ou concentration, initiée il y a quelques années, semble se confirmer. Pourtant, les appellations régionales bourguignonnes peinent à se positionner comme le must de la catégorie. C’est que la Bourgogne des appellations villages, des premiers crus et des grands crus a trop longtemps négligé ses régionales. Et pour cause : les coûts de production n’y sont pas beaucoup moins élevés que dans des appellations plus prestigieuses, en revanche la marge réalisée augmente de façon exponentielle dès lors que l’on grimpe dans la hiérarchie. Pire, les cours du vin en vrac, fixés lors des échanges entre vignerons et négociants, permettent tout juste aux premiers de rentrer dans leurs frais. Yvan Dufouleur, à la tête du domaine Guy et Ivan Dufouleur à Nuits-Saint-Georges argumente, chiffres à l’appui. “Il en coûte environ 15 000 € pour exploiter chaque année un hectare en appellation régionale jusqu’aux vendanges. Sachant que celui-ci donnera 25 pièces de vin (Ndlr : une pièce = un fût de 228 litres) et si l’on divise ces deux chiffres, on obtient 600 € la pièce. C’est à peu près le cours sur le marché du vrac ces p26-27_App-art83 18/07/08 16:10 Page 27 dernières années.” Et pourtant, les derniers millésimes ont vu ces mêmes prix se raffermir sensiblement. Difficile pour un producteur d’un domaine constitué en majorité, ou en totalité, d’appellations régionales, d’investir, de peaufiner, de soigner la qualité de ces vins. Ainsi une trop grande partie de la production bourguignonne reste la cinquième roue du carrosse… Des réalités très différentes se sont mises en place selon les vignobles, la structure du domaine, etc. Il en découle immanquablement une certaine hétérogénéité des qualités. Notre dégustation le montre une nouvelle fois. “LE CHALLENGE DE NOTRE GÉNÉRATION” Pourtant, la conjoncture peut inciter à l’optimisme. Cela fait deux ans que la Bourgogne vend davantage de vin qu’elle n’en produit. Les stocks qui avaient grossi au début des années 2000 ont fondu comme neige au soleil. Les blancs continuent à séduire largement. Le marché est assaini. Une situation qui pourrait permettre qu’un cercle vertueux s’installe enfin. Certains enfourchent le cheval de la valorisation. Des négociants tentent de resserrer les liens avec les producteurs qui s’impliquent davantage en amont par un soutien technique ou logistique. Plus ambitieux encore, la maison Bichot termine la rénovation d’une cuverie au centre de Beaune, qui sera spécifiquement dédiée aux appellations régionales. Des installations qui réceptionneront les moûts et les raisins provenant d’une quarantaine de fournisseurs. Une matière première “traitée” dans les meilleures conditions, avec un suivi œnologique de qualité. “L’objectif est d’atteindre 40% de nos appellations régionales hors Mâconnais vinifiées par nos soins.”, estime Albéric Bichot. “C’est le challenge de notre génération. Réconcilier les consommateurs qui ont pu être déçus par des bourgognes astringents ou acides avec les appellations régionales bien faites : des vins souples aux tannins soyeux destinés à être bus dans les deux ou trois ans”, continue Albéric Bichot. De son côté Yvan Dufouleur estime que des assouplissements des conditions de production permettraient de dégager des marges sans entamer la qualité. Il défend les plantations en vignes hautes et larges (présentes dans les hautes-côtes de Nuits et de Beaune). L’ensemble des producteurs reste toutefois divisé sur cette option. Bref, des voies restent à explorer pour que la Bourgogne relève le défi. Difficilement contestée sur ses chardonnays, au rapport qualité-prix sans équivalent (voir notamment notre sélection de mâcons). La Bourgogne a certainement les moyens de s’affirmer comme le “must” du pinot noir, quel que soit le niveau d’appellation. Coteaux dans le Mâconnais. Laurent Gotti Photographies : Thierry Gaudillère Bourgogne Aujourd’hui 83 • 27
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