La Cloche, un hôtel de prestige

LE BIEN PUBLIC
PATRIMOINE
Mardi 18
août 2015
09
ARCHITECTURE. Durant un temps, il fut l’un des lieux de villégiature des familles fortunées.
La Cloche, un hôtel de prestige
TÉMOIGNAGES
THÉOPHILE
Maître d’hôtel
« Le rêve de tous Dijonnais »
« Je vis une belle expérience : cet hôtel est le rêve de tous les Dijonnais.
Je suis prêt à parier que,
dans la tête d’un touriste,
une visite de Dijon ne
peut être parfaite sans
une nuit chez nous. La
propreté de la place Darcy, la proximité de la gare, tous ces éléments font
de notre bâtiment un lieu
phare du tourisme. »
SANDRA
ET SANDRO
Clients
La façade et les toitures de l’hôtel ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1975. Photo CAUE
Cet été, Le Bien public et le
CAUE (Conseil d’architec­
ture, d’urbanisme et d’envi­
ronnement) font découvrir
une partie du patrimoine
côte­d’orien. Aujourd’hui,
l’hôtel La Cloche, à Dijon.
L’
histoire commence
bien avant le XVe siècle, sur cette place, à
l’époque lieu de bains publics, fermés suite à diverses
affaires de mœurs et divers
scandales. Des tripots servant pour les jeux, les paris,
les arnaques en tous genres,
des fumeries, à l’époque de la
prohibition du tabac, font du
bâtiment un lieu lugubre,
sordide, où l’on s’encanaille.
Comme quoi, l’histoire aime
l’ironie.
On sait qu’à partir du
XVIIIe siècle, le logis de La
Cloche intensifie son activité
hôtelière, recevant des
invités de marque, comme le
brillant acteur Lekain, protégé de Voltaire fort reconnu à
l’époque. Sous l’égide de l’influente famille Goisset, l’hôtel change radicalement de
visage. L’architecte Louis
Belin livre, entre 1881
et 1884, sur commande des
Goisset, l’hôtel que l’on connaît aujourd’hui. Après l’essor du chemin de fer, la résidence est connue comme
l’un des plus grands hôtels
français, prestigieux par sa
Les Petites Histoires de l’architecture
Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) a
édité deux ouvrages intitulés Petite Histoire de l’architecture depuis
l’an 1000 sur Dijon et Beaune, très faciles à emporter lors d’une prome­
nade urbaine. Plus de soixante­dix monuments, érigés depuis le Moyen Âge, sont présentés pour mieux comprendre comment la ville s’est construite, comment et quand les courants architecturaux se sont
succédé. Des maisons à pans de bois, du Moyen Âge aux bâtiments contemporains, le CAUE offre un véritable voyage à travers les siècles.
Éditions du CAUE de Côte­d’Or, 104 pages, 5 €.
clientèle. Il devient le lieu de
villégiature des familles fortunées pendant les étapes
sur les trajets du PLM (ParisLyon-Méditerranée). Pendant plus d’un siècle, Colette,
Albert Ier de Belgique, Sacha
Guitry et bien d’autres firent
la renommée de l’hôtel.
Pour donner l’image d’un
lieu propre, bien entretenu et
sérieux, l’architecte mise sur
l’austérité classique. La distribution ordonnée des fenêtres, forme de façade disciplinée héritée du Grand Siècle,
impose le respect. Après
1925, l’hôtel connait quelques transformations, sans
succès véritable. Les
combles aménagés sous la
houlette de Régis-Joseph Jardel, l’architecte de la villa
Messner, ont ainsi perdu
leurs lucarnes installées pendant les années folles. Le
dernier cycle de transformation survient pendant les an-
« Le bâtiment s’arrange
bien avec la place »
« Nous sommes déjà venus
dormir ici et nous revenons ! Nous avions adoré
la qualité du service, des
chambres, et cet hôtel nous
rappelle un lieu équivalent
à Lyon. Le grand et beau
bâtiment s’arrange bien
avec la place, symbole du
faste de la ville de Dijon. »
nées 1970, quand le nouveau
propriétaire décide de rénover entièrement l’hôtel.
Devant le refus des Dijonnais, seul l’intérieur est reconstruit, sans que la façade
ne subisse la moindre égratignure. C’est l’un des rares
exemples de façadisme à
Dijon.
BENJAMIN TAINTURIER (CLP)
INFO CAUE de Côte­d’Or
1, rue de Soissons à Dijon.
Tél. 03.80.30.02.38.
Site Internet : www.caue21.fr