LES MALADIES RESPIRATOIRES DES OVINS
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LES MALADIES RESPIRATOIRES DES OVINS
1 LES MALADIES RESPIRATOIRES DES OVINS 1 2 I LES MALADIES INFECTIEUSES 2 3 I 1 - Pasteurelloses et Pneumonie enzootique : - Epidémiologie : Les facteurs favorisants Comme en élevage bovin, ils sont liés à l’environnement. ¾ Ambiance en bergerie, (Odeur NH3, courants d’air, humidité) ¾ Concentration en animaux, ¾ Présence de portage chronique, ¾ Achat d’animaux, Etc. 3 4 Les agents infectieux : En ce qui concerne Mannheimia haemolytica (Ex Pasteurella Haemolytica), Les sérotypes responsables sont variables selon les espèces : Bovins : domine presque exclusive ment, le sérotype A1 Ovins : divers sérotypes sont responsables de façon plus ou moins égale. Caprins : Le sérotype A2 est largement prédominant. 4 5 Fréquence des différents sérotypes de Mannheimia Haemolytica isolées chez les bovins en France (155 souches collectées au CNEVA LYON pendant 5 ans (90 -94) : 77% 80 75 70 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 M. haemolytica sensu stricto P. trehalosi BOVINS 6% 8% 3% 2% <1% NT A1 A2 A5 1% A6 A7 A8 A9 A11 A12 A13 A14 <1% T3 T4 T10 T15 Fréquence des sérotypes de M. haemolytica chez les ovins en France (id.) : 80 75 70 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 M. haemolytica sensu stricto P. trehalosi OVINS 18% 18% 12% 8% 4% 6% 8% 5% 8% 3% 6% 3% 2% NT A1 A2 A5 A6 A7 A8 A9 A11 A12 A13 A14 T3 T4 T10 T15 Fréquence des sérotypes de M. haemolytica chez les caprins (idem) : 80 75 70 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 74% M. haemolytica sensu stricto P. trehalosi CAPRINS 8% 10% 1% NT A1 1% A2 A5 A6 A7 1% A8 A9 A11 A12 3% A13 A14 T3 2% T4 T10 T15 5 6 Ce tableau montre qu'un vaccin bovin (sérotype A1) peut ne protéger qu’en partie les ovins et certainement pas les caprins. M. haemolytica est très pathogène sur les jeunes agneaux et moins chez les adultes. Pasteurella trehalosi (groupes capsulaires T3, T4, T10, T15, présents surtout dans les amygdales) Î Septicémiques rapidement mortelles chez les agneaux sevrés (âge : 2 -12 mois). Cette pasteurellose septicémique se voit le plus souvent à l'automne sur des animaux venant de subir un stress. Pasteurella multocida type T est fréquente sur les agneaux un peu plus âgés Mycoplasma ovipneuminiae, Mycoplasma arginii, Chlamydia psitacci peuvent également jouer un rôle pathogène sur le poumon. Le Virus PI3 peut jouer un rôle important, associé aux Pasteurelles. 6 7 Cas particulier : La lymphadénite caséeuse ou Maladie caséeuse ou Maladie des abcès D’autres germes tels que Corynebacterium pyogenes, Corynebacterium pseudotuberculosis, Klebsiela, Staphylococcus peuvent se rencontrer : Dans certaines l’adulte. pleuropneumonies de Dans des abcès pulmonaires (expression pulmonaire de la maladie caséeuse qui se traduit plutôt par la présence d’abcès sous cutanés visibles et d’allure contagieuse). NB : C'est la plus répandue et la plus commune des maladies infectieuses ovine. Elle peut parfois porter un lourd préjudice à l’élevage. En France, nous ne disposons pas de vaccins pour cette affection. Il en existe dans d’autres pays et notamment en Espagne (C. pseudotuberculosis ...). Les mesures d’hygiène de l’environnement et du matériel, ainsi que la réforme des animaux trop sévèrement touchés doivent être préconisées. Lors de manifestations agricoles, les animaux exposés doivent être indemnes d’abcès. L’exportation d’animaux présentant des abcès est interdite. 7 8 - Symptômes et lésions : Sont très sensibles : Les jeunes agneaux de moins de 15 jours, Les agneaux de 1 à 2 mois en atelier d’engraissement. La maladie peut revêtir un aspect de grande contagiosité accompagnée de mortalité brutale pour les formes suraiguës (septicémie hémorragique). Dans les formes aiguës : polypnée avec dyspnée, la toux est inconstante, la température est élevée en début d’évolution. Dans la forme septicémique: Les lésions sont carac- téristiques : Très forte congestion pulmonaire, pétéchies et suffusions sur toutes les séreuses et le myocarde. Les lésions d’hépatisation pulmonaire ne sont pas toujours présentes. Dans la forme aiguë : Les lésions pulmonaires dominent avec hépatisation importante des lobes apicaux. Le test de flottaison est positif 8 9 Les agnelles sevrées gardées dans l’exploitation peuvent être sensibles, La clinique est souvent moins sévère que pour les agneaux. La toux et un certain amaigrissement dominent. La maladie peut être apyrétique. La mortalité est plus rare. Les adultes Sont assez résistantes. Elles représentent cependant un réservoir de germes pour les jeunes. Il existe souvent des cas sporadiques. Parfois la maladie peut prendre une allure contagieuse. Les symptômes qui dominent sont : Amaigrissement, polypnée, jetage, toux. La maladie peut évoluer avec ou sans hyperthermie selon les cas. Dans certains cas, seule l’autopsie ou la réforme et examen en abattoir permettent d’orienter le diagnostic : (Mise en évidence des lésions de pneumonie ou de pleuropneumonie ou d’abcès pulmonaires.). L’examen clinique des brebis est important : L’auscultation : difficile par la présence de la laine ou d’un état d’engraissement important. La percussion : peut révéler des zones de matité sur brebis maigres. Sur des brebis grasses, elle est impossible. NB : A la différence des bovins, une autopsie peut être facilement réalisée sur un animal malade sans valeur. Cette autopsie, riche d’enseignements, est parfois le seul moyen pour un diagnostic précis, un prélèvement pour analyse bactériologique et antibiogramme. 9 10 Traitement Le traitement des malades fait appel aux mêmes antibiotiques que pour les bovins. Cependant de nombreux médicaments et surtout les molécules de dernière génération, n’ont pas d’AMM pour les petits ruminants. Ceci pose un réel problème, celui de la prescription pour les espèces dites ‘’ mineures’’. 10 11 En pathologie ovine, l’approche thérapeutique doit être celle de la pathologie de groupe. Î Dès que la maladie prend une allure contagieuse, il faut envisager de faire un traitement préventif du lot à risques. Des prélèvements doivent être faits avant tout traitement, pour analyses et demande d’un antibiogramme, pour une meilleure orientation thérapeutique si cela s’avérait nécessaire. Exemples : - Injection d’un antibiotique sensible, ‘’retard’’ de préférence, aux agneaux naissant ou juste avant la période critique. - Supplémentation de l’aliment en atelier d’engraissement pendant toute la période sensible. 11 12 Famille Principe actif Dose Tétracyclines oxytétracycline 20 mg/kg/j spiramycine 75 000 UI/kg/j tylosine 10 mg/kg/j Tilmicosine 10mg/Kg dilué au1/4 dans du propylène glycol en SC** Pénicillines amoxyciline-acide clavulanique 7 et 1,7mg/kg/j Aminosides spectinomycine 20mg/kg/12 heures enrofloxacine (hors AMM) 5 mg/kg danofloxacine 1,25 mg/kg marbofloxacine 2 mg/kg cefquinone (hors AMM) 1 mg/kg/j Sulfamides triméthoprim-sulfamide 24 % 1 ml / 10 kg Phénicolés Florfénicol (hors AMM) 20 mg/kg/48 heures Oxolinate de sodium Oxolinate de sodium (Inoxyl) 100g par sac de 20 kg de poudre de lait Macrolides Quinolones de deuxième et troisième génération 12 13 Prophylaxie des pneumonies infectieuses doit se faire à différents niveaux : Amélioration des conditions d’ambiance. Réforme des animaux d’affections chroniques. atteints Vaccinations dont nous avons vu les limites. Métaphylaxie antibiotique des lots à risque. Gestion sanitaire d’animaux. des échanges 13 14 II LES MALADIES VIRALES 14 15 II 1 - Adénocarcinome de pituitaire (Cancer des sinus) : la Cette affection contagieuse est rencontrée surtout dans certains troupeaux ovins du bassin de Roquefort. Chez la chèvre, la maladie a été décrite, mais plutôt sous forme sporadique. - Epidémiologie : Cette maladie due à Rétrovirus peut se développer dans un élevage après introduction d’un animal porteur. Forme sporadique: un à deux ou trois cas par an. Forme "pseudo-enzootique" : La contagiosité peut aller jusqu'à 10% de l’effectif en un an. Il peut y avoir des années ou on note des rémissions et d’autres ou il y a aggravation. Evolution sur de nombreuses années. Au début quelques brebis de 4 à 6 ans. Au bout de 3 à 4 ans des agnelles de 10 12 mois peuvent être atteintes (signe d'aggravation) pendant quelques années. Puis la maladie régresse avec 1 à 2 % de prévalance par an. 15 16 effectif Exemple d’évolution d’une forme enzootique 10 % 1% 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 ans Parmi les facteurs prédisposants, Les Oestres par leur action irritante et spoliatrice semblent jouer un rôle. Mais c’est surtout par leur action immunodépressive qu’ils seraient favorisants. Symptômes : Premier signe = rhinite Avec jetage séreux et rarement séro-hémorragique. Le jetage est souvent unilatéral, mais il peut être bilatéral. Jetage abondant avec aspect lavé du museau. Bruit de gène respiratoire. Les signes d’aggravation sont : dyspnée, amaigrissement, chute de lactation, œil larmoyant avec parfois exorbitation oculaire, ramollissement de l’os frontal avec déformation. La maladie est toujours mortelle et peut évoluer sur une période allant de 2 semaines à 2 ou 3 mois. 16 17 - Lésions : La coupe sagittale de la tête permet de mettre en évidence la tumeur qui est souvent unilatérale et plus ou moins envahissante. Cet adénocarcinome intéresse la muqueuse pituitaire qui tapisse les cornets en région rétrobulbaire. La muqueuse est par ailleurs très fortement congestionnée. Diagnostic : Cf. clinique : jetage séreux très abondant. Aspect mouillé des narines et des lèvres. L’autopsie ou l’examen à l’abattoir = confirmation. Le diagnostic différentiel : - Les sinusites infectieuses sont rares et le plus souvent sporadiques. jetage séreux, rapidement muco-purulent. Pronostic bénin, Evolution favorable. - L’Oestrose : allure très contagieuse l’été Jetage muqueux, d'aspect sale et non lavé. L'évolution est bénigne, sans amaigrissement. 17 18 II 2 - Visna Maedi : Décrit dans le monde entier et dans toutes les régions de France, avec incidence variable selon élevages et régions. Dû à un lentivirus, de la famille de Retroviridae. Le virus du Visna-Maedi atteint les ovins et semble très proche du virus du C.A.E.V., (études de parenté encore en cours) Æ Dans l'attente d'informations supplémentaires, il vaut mieux éviter de faire cohabiter une espèce atteinte avec l'autre. Deux formes cliniques peuvent se rencontrer : le Visna, décrit en Islande est une forme méningoencéphalitique, non présente en France. le Maedi, dont la forme clinique prédominante est caractérisée par des symptômes respiratoires. Cette maladie, fréquente en France, évolue lentement. L'incubation d'au minimum 2 ans et souvent plus. La maladie est souvent asymptomatique (Cf. leucose bovine), seule la sérologie est positive. Le Visna-Maedi fait l'objet d'une réglementation : En matière d'échanges d'ovins En matière d'insémination artificielle ; Un plan de lutte contre cette maladie existe depuis les années 80. 18 19 - Symptômes : Trois types d'atteintes peuvent s'observer : respiratoire, (très dominante et caractéristique) mammaire, articulaire Amaigrissement progressif avec des difficultés respiratoires (‘’brebis souffleuses’’) ; Evolution sur 6 à 9 mois apyrétique dyspnée intense cachexie pas de toux, ni jetage issue fatale Rare sur les animaux jeunes de moins de 2 ans. Autres formes cliniques : Atteinte mammaire, induration sans modification de l'aspect du lait et ➘ de la lactation. Atteinte articulaire, surtout carpe Æ arthrite non suppurative. et tarse Transmission - lait, colostrum - sang d'animaux atteints par Æ - par voie respiratoire, voie horizontale - aliments souillés (lait ou sang contaminés) Contamination transplacentaire exceptionnelle. Sperme (Insémination artificielle) ? 19 20 - Lésions : Celles d'une pneumonie interstitielle chronique. Macroscopiquement : Les poumons sont volumineux, gris, ne s'affaissent pas. Les ganglions sont hypertrophies. Histologiquement : Infiltration mononucléaire et histiocytaire au niveau des septums alvéolaires et apparition de volumineux follicules lymphoïdes péribronchiques avec une hyperplasie des fibres musculaires lisses. - Diagnostic : Clinique et histopathologiques Sérologie Î Î suspicion. Confirmation. (La séroconversion peut demander 8 à 24 mois). Deux types d'antigènes sont utilisés pour le diagnostic : la protéine interne P 28 la protéine GP 135 portée par les spicules. La technique actuellement agréée est l'immunodiffusion en gélose à l'aide de l'antigène GP 135. Auparavant, on utilisait la même technique avec l'antigène P 28, a priori moins sensible mais de lecture moins délicate. Les tests ELISA représentent une piste intéressante en tant qu'outil de diagnostic. Ils se heurtent encore à des difficultés techniques, mais commencent à être utilisés. 20 21 Traitement : Il n'existe aucun traitement du Visna-Maedi. Prophylaxie : Prophylaxie médicale = 0 seule une prophylaxie sanitaire Î maîtrise du V.M. Plan de lutte national Visna-Maedi : Il est géré, par délégation du ministère de l'Agriculture par le vétérinaire de l'A.L.G.O. et s'adresse exclusivement aux éleveurs sélectionneurs volontaires. Les sélectionneurs sont concernés à deux titres : - au titre de la réglementation Insémination Artificielle (A.M. 30/03/94), qui impose des contraintes sérologiques vis-à-vis du Visna-Maedi; - au titre de la réglementation en matière d'échanges d'ovins (A.M. 17/05/94), qui exige un statut clinique indemne du troupeau d'origine. Cependant certains pays exigent une sérologie négative pour l'animal importé. Chaque pays utilise ses méthodes spécifiques. Æ Il est conseillé au départ de l'export. , de faire les 3 séro. : IDG/P 28, IDG/GP 135, Elisa. 21 22 Ce plan propose: Un système de qualification (indemne et officiellement indemne) pour les élevages où le dépistage sérologique s'est révélé négatif. Des mesures d'assainissement pour les cheptels infectés, en vue de leur qualification. Dépistage (DEP) soit PST (totalité animaux > 1 an soit PSS (sondage de 50 ou 60 brebis > 2 ans négatif protocole de qualification en cours de qualification (CQ) positif protocole d'assainissement PST < 1 0 % animaux positifs élimination (EL) PST > 1 0 % animaux positifs ou PST > 1 0 % animaux positifs reconstitution (REC) réforme + achat (REN) allaitement (ALL) Conditions nécessaires 3 PSS négative soit 2 PST négatives soit 5 PSS 2 PST + 1 PSS négatives négatives soit 3 PST négatives soit 2 PST + 3 PSS négatives 3 PSS soit 2 PST négatives soit 5 PSS négatives négatives * Obtention d'une qualification Q soit indemne : QOI QI QOI QOI QOI troupeaux infectés et animaux allaités > 2 ans et 3 PST négatives QOI QI soit officiellement indemne : QOI maintenue ensuite par une PSS annuelle négative 22 23 II 3 - L’ADENOMATOSE PULMONAIRE : - Epidémiologie : Epidémiologiquement et cliniquement voisine du Maedi. C’est un carcinome pulmonaire qui peut être contagieux. Un rétrovirus proche du virus du Maedi est responsable de la prolifération cellulaire et est associé à un herpès virus dans le développement de la tumeur. Un animal porteur introduit, est souvent responsable de l’apparition de la maladie dans un élevage. Grandes différences de sensibilité selon les races. Symptômes - Lésions - Diagnostic Incubation + longue (12 mois à plusieurs années). Symptômes très voisins du Maedi : Amaigrissement, polypnée (brebis dite ‘’souffleuse’’), évolution apyrétique sur plusieurs semaines. L’appétit est conservé au début de la maladie. 23 24 Le diagnostic différentiel est difficile entre ces deux affections. soulever assez haut le train arrière Î de la brebis Dans l’adénomatose écoulement nasal séro-muqueux parfois abondant Ce signe n'existe pas dans le Maedi La confirmation se fera par examen du poumon. Dans l’adénomatose, un ou plusieurs lobes pulmonaires peuvent être infiltrés. Les nodules tumoraux sont facilement reconnaissables avec aspect lardassé et compact. Il y a souvent complication de pneumonie chronique purulente. Au laboratoire, l’examen histologique du poumon pourra permettre la confirmation du diagnostic. Prophylaxie : Les animaux suspects devront être éliminés. Aucun moyen de dépistage sérologique Î l’introduction d’animaux étrangers. problème à La quarantaine est illusoire compte tenu de la durée d’incubation qui peut être de plusieurs années. En matière d’échanges d’animaux seul importe le statut sanitaire du cheptel de départ (gestion sanitaire). 24
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