d e P u i s
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d e P u i s
EE AL L AV EL M AR N A IR ES d e p u i s D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O l’ambiguïté en architecture “It is not possible to live in this age if “I like complexity and contradiction in architecture… I like elements you don’t have a sense of many contradictory which are hybrid rather than “pure,” compromising rather than forces. Each building has to be beautiful, but “clean,” ambiguous rather than “articulated,” perverse as well as cheap and fast, but it lasts forever. That is impersonal, boring as well as “interesting,” conventional rather than already “designed,” accommodating rather than excluding… I am for messy an contradictory incredible demands. battery So yes, of I’m seemingly definitely perhaps contradictory person, but I operate in D e p u i s l’ambiguïté en architecture very contradictory times.” Rem Koolhaas, The architect planning for the future, CNN World, Pékin, Chine,2009 vitality over obvious unity… I am for richness of meaning rather than clarity of meaning… I prefer “both-and” to “either-or,” black and white and sometimes gray, to black or white.” SU PE R IE U R E Robert Venturi, Complexity and contradiction in architecture, MoMa, New York, USA, 1966 séminaire de Jacques Lucan EC O LE N AT IO N AL E assistant Benjamin Persitz Bérénice Curt Clément E.A.V.T M.L.V M.2 Paris, T&P hiver 2012 Lesnoff Rocard Bérénice Curt Clément Lesnoff-Rocard LE O EC AL E N IO AT N PE SU l’ambiguïté en architecture ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R Depuis A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Remerciements à Jacques Lucan, directeur de mémoire, dont les contes attiseront toujours la curiosité de ses étudiants. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E À nos proches qui nous supportent depuis (trop) longtemps... E LE VA L Sommaire EL A- Sommaire Phénomènes contemporains Avant-propos 18 Le phénomène du « à la fois » 60 L’élément à double fonction 88 L’élément conventionnel 108 La contradiction adaptée 134 La contradiction juxtaposée 174 L’intérieur et l’extérieur 202 La dure obligation du tout Le visage de Janus 19 Fonction disparition 61 Au-delà de l’ordre ordinaire 89 Cherche forme cherchante 109 Le charisme du balafré 135 Noir sur blanc 175 Les trois touts-puissant 203 Conclusion 239 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E 10 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N Manifestations venturiennes E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O - dont l’interprétation, le sens sont incertains ; équivoque : Réponse ambiguë ; dont le caractère, la conduite sont complexes, se laissent malaisément définir : Hamlet est un personnage ambigu. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Le petit Larousse illustré, éd. 2012 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Ambigu, ambiguë, adj. ( latin ambiguus, équivoque ) E LE VA L D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- Avant-propos . Edition originale de l’ouvrage, M oM a, New York, 1966 E À partir des années 1960, de nombreux architectes R IE U prennent leur distance à l’égard d’une orthodoxie moderniste PE R largement répandue dans la production architecturale de SU l’époque. La publication en 1966 par l’architecte originaire AL E de Philadelphie Robert Venturi de l’ouvrage De l’ambiguïté en N architecture - traduction française de Complexity and Contradíction AT IO in architecture - ( Bordas, 1976 pour la lère édition française ) est N « la première tentative doctrinale pour fonder une architecture O LE autre que celle dite du Style international »1. Dans la préface EC de l’ouvrage, l’historien Vincent Scully écrit d’ailleurs que 10 11 VA L LE E Avant-propos A- « c’est probablement le texte le plus important de l’histoire EL de l’architecture depuis celui de Vers une architecture de Le M AR N Corbusier ». Dans ce livre, Robert Venturi reproche à cette production architecturale, représentée notamment par Mies ES A van der Rohe, un appauvrissement du contenu sémantique des IR bâtiments et une pratique qui procède par exclusion de parties et rapprochements formels empruntés aussi bien aux époques Maniéristes et Baroque qu’à d’autres lui étant plus contemporaines (à noter que Robert Venturi a été pensionnaire à l’Académie américaine de Rome de 1954 à 1956), et étudie 253 exemples constituant un corpus d’étude anhistorique et universel. Au travers de sept grandes parties établies dans cet ouvrage, Venturi prône l’existence de différents niveaux de significations et de fonctions dans l’élément architectural, la recherche de contradictions plus ou moins brutales entre des éléments ou des parties d’un édifice, la juxtaposition d’échelles différentes au sein d’un même bâtiment, la contradiction entre l’intérieur et l’extérieur, et enfin la mise en valeur de R U Mais au-delà de ces propositions fondées sur une IE E discordances au sein d’un tout. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R et complexification. 1L’argumentation repose ici sur des constats IT O et simplification excessive plutôt que par inclusion, conjonction PE R culture savante, se pressent dans ce livre une réhabilitation SU de l’architecture ordinaire qu’il considère comme l’expression AL E d’une joyeuse vitalité sémantique, une première pierre posée IO Face à l’architecture moderniste qu’il juge AT ans plus tard. N à l’édifice du cinglant Learning from Las Vegas qu’il écrira cinq Description extraite de Claude Massu, « Robert Venturi: l’architecture à O 1 LE N ennuyeuse à force d’être dépouillée, il revendique le désordre EC l’ère de la communication », L’art des Etats-unis, Citadelle & Mazenod, Paris, 1992. 12 13 VA L LE E Avant-propos A- et l’heureuse complexité des formes vernaculaires. « Les rêves EL guindés d’ordre pur » doivent céder la place à « la juxtaposition M AR N apparemment chaotique d’éléments criards »1. A l’aphorisme « miessien » less is more, Robert Venturi oppose le less is a bore. ES A À travers ce prisme de l’ambiguïté, il dresse le portrait d’un des IR visages de l’architecture, celui de sa riche substance, complexe et Paru à l’orée du postmodernisme, cet ouvrage laisse ouvert la lecture des manifestations ambigües dans la production architecturale qui lui succède. Il nous est alors apparu pertinent de confronter ce regard, ces constats et ces hypothèses à un paysage nous étant plus contemporain : depuis l’ambiguïté en architecture. En prenant comme référent les sept principaux essais de l’ouvrage, nous avons spéculés sur le possible rapprochement entre certains phénomènes actuels dont les modalités et les expressions semblaient, à priori, être pourvoyeuses de contradiction, ou du moins de contrepoint, et les manifestations R E explicitées par Robert Venturi. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R une image de l’architecture en rupture de l’ordre commun. IT O contradictoire. De ses « échantillons significatifs », il constitue IE U Lors de la constitution de notre champs d’investigation, il PE R nous a semblé inadéquat d’inclure la production architecturale SU immédiatement venturienne - pour la plupart issue du mouvement AL E postmoderne - tant sa conception procède souvent d’une N traduction littérale des manifestations de complexité évoquées AT IO par l’auteur. Le corpus de bâtiments constitué, de notre part, se Robert Venturi, à propos de Main Street, « La dure obligation du tout », O 1 LE N trouve donc centré sur les vingt dernières années et cherche à EC De l’ambigüité en architecture, MoMa, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, p. 102 14 15 VA L LE E Avant-propos A- illustrer les manifestations, dans leurs fonds comme dans leurs EL formes, des théories architecturales contemporaines. L’objectif M AR N réside donc dans la mise à disposition, pour le lecteur, d’outils de balance afin de statuer de l’évolution, de la persistance, ou de ES A la disparition des manifestations formelles de complexité et de IR contradiction dans le projet : juger de la possible obsolescence Le présent mémoire propose un dispositif pouvant se définir comme la création d’un paysage énantiomorphe, à l’image d’un miroir déformant, ou dans chacune de ses sept parties, deux textes se trouvent juxtaposés, composant ensemble un essai lui-même équivoque : sur les pages de gauches sont convoqués les manifestions venturiennes, sur celles-de droite, sont évoqués les phénomènes contemporains. L’articulation des parties réside elle dans la confrontation tendue et systématique de deux illustrations, dont la mise en forme fait de l’opposition graphique un outil de liaison sémantique. Provoquant la rencontre inattendue de deux regards, ce mémoire tente d’offrir au lecteur la découverte de nouvelles pistes de réflexion, R et mise lui aussi sur la complexité et la contradiction. IE U R La confrontation immédiate et brutale d’une image PE E d’accointances et de rapprochements dans l’expression formelle, D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O de la pensée venturienne. SU avec son reflet distordu, d’une pensée avec sa descendance, N AL E peut-elle être productive ? Edgar Morin, citation extraite du livre Le paradigme perdu : la nature O 1 LE N AT IO « C’est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l’ombre. »1 EC humaine, Point essais, Seuil, Paris, 1979 16 17 LE O EC AL E N IO AT N PE SU niveaux contradictoires et significations doubles ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R Le phénomène du « à la fois » Le visage de de la schizophrénie du signe Janus A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O Robert Venturi, « Niveaux contradictoires : le phénomène du « à la fois » », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, p.31, New York, 1966 , Dunod, Paris, 1999 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « Saisir simultanément un grand nombre de niveaux provoque chez l’observateur des efforts et des hésitations et rend sa perception plus vive. » 20 21 Le visage de Janus D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E Le phénomène du « a la fois » . ( 1 ) église de l’Immaculée Conception de Guarini à Turin E ambigüité en architecture R d’une définie L’image du Dieu romain aux deux visages opposés, présentée dans Italian Thoughts1 tente de refléter les relations équivoques s’opérant dans le lecture initiatique afin d’apprécier les six subséquentes. La paysage architectural contemporain. décomposition « Venturienne » est mise en route. Le phénomène du « à la fois » éduque notre regard dans un premier va et vient dehors, entre une face et une autre d’un bâtiment entre les parties même d’un bâtiment et son tout. ou au sein même de son enveloppe une dichotomie Le phénomène du « à la fois » est décrit par Venturi de significations. En effet, certains projets ne Il pourrait exister, entre le dedans et le N AT N AL E SU PE R par Venturi dans son ouvrage. Elle introduit et offre une IO manifestation phénomène du « à la fois » est la première U Le IE .(2) Stadtheater, Almere, Sanaa, 2004-2006 O LE comme « les contrastes et les paradoxes » qu’exprimerait EC une architecture. La contradiction se manifeste ici, dans les 22 1 Alison et Peter Smithson, « Janus Thoughts », Italian Thought, op.cit. p.76,1996 23 Le cherchent plus à ce que leur signification n’exprime éléments composant l’ensemble. Ainsi Venturi se libère d’une que leur fonction mais semblent rechercher leur certaine vision de la composition architecturale, c’est-à-dire propre signification, au delà de la contingence. comme la mise en place de nouvelles associations d’éléments procurant leur double signification. La double signification la forme et de son enveloppe, de la dissonance entre devient un vecteur d’ambigüité. L’ambigüité générée par ces un plan et son volume ou de l’usage du détournement A travers les exemples cités par Venturi, la double EL N E R IE U de la manipulation des divers rapports entre « les éléments de PE R l’architecture » d’un édifice ce que nomme Guadet « l’arsenal objets totalement schizophréniques conçus pour être lus de l’extérieur et vécus de l’intérieur. Sommes- .(4) Maison à Minamimachi, Hiroshima, Suppose Design Office, 2010 nous toujours liés à la problématique de l’écran emblématique sur lequel viendrait se condenser toute la signification ou face à une recherche d’une profondeur signifiante allant au delà du simple symbolisme ? Ici se posera la vaste question du Venturi expose le plan de l’église de l’Immaculée Conception sens dont peut disposer l’architecture au travers de AL E Comme manifestation efficace de ce « à la fois », N SU de l’architecture ». M AR A ES IR IT O . ( 3 ) maison Shodan de Le Corbusier, à Ahmedabad, en Inde, 1956 signification présente de nombreuses expressions provenant Que ce soit au travers de la dissociation de de la convention, cette architecture proposerait des D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R interactions qui nourrissent une architecture. AT IO de Guarini à Turin (fig.1). L’église est conçue sur des réalités de l’étude de projets procédant de conceptualisations souvent différentes, mais présentant toujours ce par son plan et unique par son volume. En effet, ce plan révèle même symptôme : celui d’un visage du « à la fois ». O LE N plan et de volume qui se contredisent ; elle est à la fois double EC la force de la représentation dans la compréhension de cette Janus A- différents niveaux de significations et de fonctionnement des « contre-sens » offre une richesse dans la compréhension des 24 visage de VA L LE E Le phénomène du « a la fois » Les exemples susmentionnés se présenteront alors 25 Le visage de systématiquement par leur double visage. volume extérieur comme unitaire et un plan représenté comme double en suggérant un espace intérieur tourmenté. (fig.2) est à la fois une agglutination de pièces orthogonales A- double signification. Il permet de saisir simultanément un N EL Le projet du Stadtheater à Almere de Sanaa M AR Historiquement, le phénomène du « à la fois » s’oppose induites par un diagramme, et un volumique unique. La composition de parties autonomes architecture de complexité et de contradictions cherchant à variées d’un programme complexe, s’oppose alors à IR ES A à la tradition du « l’un ou l’autre ». Venturi promeut ainsi une en évidence de la pluralité des significations et de niveaux de un tout cohérent et unitaire. La compartimentation D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R arme critique contre l’architecture moderne orthodoxe. La mise IT O intégrer plutôt qu’à exclure. Le « à la fois » devient une première . ( 5 ) plan Tudor, de Barrington Cout, Somerset, XVIème siècle R E signification, dissout ici le lien étroit et univoque, postulé par le IE R Venturi en évoquant la villa Savoye et la maison PE U modernisme, entre forme et fonction. Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » .(6)La du plan et la multiplication des parois porteuses dissimulent la flexibilité des espaces par leur chambre de commerce Flandres, Kortrijk, Office KGDS, 20082010 des indétermination. Ainsi, Sanaa s’éloigne des préceptes de l’architecture moderne et associe à ces espaces coagulés une libre circulation des personnes dans tout le bâtiment. Ces espaces offrent une flexibilité moderne. En effet, la maison Shodan (fig.3) présente dans tandis que le plan est en rupture complète avec la son rapport au contexte des contractions ; elle est à la fois «large span miessienne »1. Un module constituant N AL E SU Shodan, dinstingue Le Corbusier des architectes du mouvement l’enveloppe vitrée de la nappe rectangulaire, AT IO ouverte et fermé. Ici, l’opposition se perçoit dans une certaine N immédiateté. Le cube de béton se circonscrit par des angles soit O LE saillant soit ouvert. La double signification se manifeste ici dans EC une ambigüité relative. 26 1 L’espace du « free span pavillon » au Crown Hall libéré de point porteur. Le Canton’s Drive Projet 1946 à l’image des hangars aéronautiques. 27 Le visage de unifie l’ensemble et procure la mesure invariante « mais » décrivant « une architecture où divers niveaux de de l’édifice. La double signification réside ici dans programme et de structure se contredisent ». Venturi nous les contradictions de plan et d’espace, de plan et livre une énumération d’édifices prenant possession du de volume. « mais ». Cette opposition binaire structure son récit et justifie systématiquement les exemples qui y sont développés. Office (fig.4) est à la fois ouverte et fermée sur symétrique dans sa périphérie mais dissymétrique dans l’agencement de son plan. Il se constitue de deux ailes en EL N M AR E R IE U révèle alors une double signification induite par la cohabitation PE R de deux logiques antagonistes : une externe tendant à être A ES IR tout son pourtour. Située sur une parcelle carrée, . ( 7 ) basilique Saint-Pierre de Rome, MichelAnge, 1506-1626 miroir mais s’accommodant chacune à leur manière. Le plan La maison à Minaminachi de Suppose Design IT O Le plan Tudor de Barrington Court (fig.5) est D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R A- Le phénomène du « à la fois », use de la conjonction elle s’entoure d’un mur de béton reprenant la limite extérieure du terrain. En se tournant de biais par .(8) Maison Wieland, à Felsberg, Conradin Clavuot, 2000 rapport à cette enveloppe, elle laisse pénétrer la lumière naturelle sur toute la périphérie. Au volume externe sombre en béton, répond une boite de verre où la réflexion de la lumière sur ce mur d’enceinte lui confère un éclairage homogène. L’enveloppe murée SU symétrique et une interne tendant à désymétriser l’ensemble. AL E Dans cette architecture inclusive, le phénomène du N « à la fois » se base sur la hiérarchie des éléments. Chaque élément AT IO acquiert des valeurs diverses classées en fonction des différents Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » devient pourvoyeuse de lumière transformant la lumière zénithale en lumière horizontale. La maison présente alors deux visages : celui d’un volume une gymnastique de l’esprit entre les différents rapports externe en récession et celui d’un volume interne O LE N niveaux de significations. Ainsi, la double signification induit EC qu’entretiennent les éléments dans l’ensemble. Cette notion 28 en extension. La puissance d’introspection de la 29 Le maison renvoie au Mètre cube d’infini de Michelangelo sont pas facile à déchiffrer ». Or, c’est un mal pour un bien car Pistoletto dont le dispositif permet la constitution selon Venturi « l’architecture obscure est valable quand elle est d’un objet paradoxal totalement fermé sur l’extérieur le reflet de la complexité et des contradictions de son contenu mais ouvert en lui-même à l’infini. et de sa signification. » par l’agence Office KGDVS (fig.6), est à la fois EL N M AR E R IE U Le comportement de la fenêtre perturbe alors les perceptions PE R usuelles et souligne la mise en tension de sa propre construction. A IT O . ( 9 ) chapelle de la Propaganda Fide, Borromini, Rome, 1667 conservant sa fonction est amené à porter sur le plus grand côté. ES symétrique D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R de l’attique. Les fenêtres sont plus larges que hautes, le linteau La Chambre de commerce des Flandres conçue IR Dans la façade arrière de la basilique Saint-Pierre de de l’architecture classique dans les proportions des fenêtres fermée. et Son dissymétrique, plan en V tend ouverte à se et dessiner en miroir entre les deux parties constituant le .(10) bâtiment Tod’s, Tokyo, Toyo Ito, 2004 bâtiment, de mais logiques l’introduction internes d’éléments distinctes, et di-symétrise l’ensemble. Or ces éléments ne peuvent être considérés comme les contingences d’une symétrie recherchée, en représentant la teinte d’une nouvelle signification. les architectes affirment cette distorsion par la A un autre niveau de signification, l’architecture baroque en réalisation de deux escaliers relatifs aux parties N AL E SU La fenêtre se met en scène à la fois en suggérant son essence et AT IO cherchant à réconcilier deux plans antagonistes typiques - la venant alors les démarquer. De plus, le bâtiment est ces deux formes. La double signification se révèle alors dans aspects contradictoires entre la rue et le jardin. O LE N croix grecque et la croix latine - aboutit à la déformation de EC l’expression d’une forme hybride (syntaxique) torturée par les Janus A- se retrouve dans la plupart des exemples de Venturi qui « ne Rome (fig.7), Michel-Ange déjoue les conventions structurelles 30 visage de VA L LE E Le phénomène du « a la fois » conçu comme ayant deux faces, montrant des Dans sa forme en V, la façade sur rue, entièrement 31 Le Janus vitrée, est concave et façonne un angle révélant La chapelle de la Propaganda Fide (fig.9) de les opérations de l’organisation, comme un panneau Borromini est à la fois orientée par son volume et continu sur d’affichage dans une armoire en béton. La façade son pourtour. Ainsi, au plan orienté est associée l’idée d’un sur jardin quant à elle, est convexe et embrasse plan centré par la présence d’éléments de « jointure » - les coins l’esplanade du patio en contrebas. arrondis. Ces éléments évoquent une continuité enveloppante tout en laissant exister cet antagonisme. met en scène ses fenêtres à la façon venturienne Borromini offre ici une des représentations les plus éloquentes EL N M AR E R IE U de ‘‘ à la fois ’’ » dans la description qu’en fait Venturi. Son PE R plan suggère à nouveau, à la fois une croix grecque et une croix ES A . ( 11 ) San Carlo alle Quattro Fontane, Borromini, Rome, 1641 de cette schizophrénie. L’église « abonde d’exemples ambigus La maison Wieland de Conradin Clavuot (fig.8), IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Dans San Carlo alle Quattro Fontane (fig.11), A- réalités qui la précèdent. en jouant avec les signes d’une architecture ordinaire. Ainsi l’encadrement clair et épais des .(12) centre du Parc National, Zernez, Valerio Olgiati, 2008 fenêtres devient un signe pour celle-ci et renvoie à la forme elle même de celle-ci. Les fenêtres se rapportent alors par les formes mais aussi par les positions réciproques même si elles ne se réfèrent chaque angle se trouvent des absides espacées de piliers incluant à aucun ordre évident. Cependant, le positionnement l’entrée. Ce pourtour homogène tend à unifier et ainsi signifier et l’orientation aléatoire des fenêtres renvoient N AL E SU latine. Les quatre branches sont traitées de manière identique, à AT IO la logique d’un plan centré. Or, le plan suit une déformation à « un jeu ironique avec les caractéristiques d’une telle maison » et dissimulent à la fois une « La continuité fluide des murs dénote le plan circulaire logique interne visant une richesse des perceptions O LE N selon l’axe est-ouest et vient alors exprimer une orientation. EC déformé ». La double signification se manifeste ici dans 32 visage de VA L LE E Le phénomène du « a la fois » extérieures. Les fenêtres de la maison tiennent 33 Le visage de alors leur double signification par leur forme en ou moins explicite chacun usant de ces caractéristiques elle-même mais aussi par leur représentation en tant pour que signe usant des conventions. plus dans cette EL peu dualité. N un Le plafond de l’église (fig.13) accuse, encore une M AR révéler A- l’expression de plusieurs choses à la fois ; de manière plus se L’enveloppe du magasin Tod’s de Toyo Ito (fig.10) est à la fois continue et percée. Elle rentre complexe de ses moulures, suggère une coupole sur pendentifs en contradiction avec l’intérieur par l’apparition IR ES A fois, cette distorsion. « Le motif du plafond avec l’articulation des planchers au niveau de ses percements et se D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R plutôt une coupole engendrée par la courbure du mur. » Ainsi, IT O à l’intersection d’une croix grecque. La forme du plafond dans sa continuité enveloppante, déforme ces éléments et suggère . ( 13 ) San Carlo alle Quattro Fontane, Borromini, Rome, 1641 R E les éléments deviennent par leur déformation, « une parodie IE U d’eux-mêmes » à la fois en présentant leur fonction première PE R d’articulation et en représentant leur déformation liée à la détache ainsi des exigences intérieures. Cependant ordinaire. Ainsi l’encadrement clair et épais des .(14) Centre Sportif Pfaffenholf, Herzog et de Meuron, St.Louis, France, 1992-1993 l’enveloppe continue et percée cherche à répondre à deux échelles. L’aspect continu renvoie à la grande échelle dans laquelle se manifeste le bâtiment, en effaçant toute trace de joint tectonique. procurent une perception ambiguë de l’ensemble. « symbolique, afin que ce bâtiment relativement petit AL E SU continuité recherchée. Les rôles contradictoires de ces éléments Dès le début…j’ai cherché quelque chose de N A travers l’exemple du chapiteau byzantin (fig.15), Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » AT IO Venturi cherche à mettre en opposition le caractère continu et N unitaire de sa forme et la texture créée par ses vestiges de volutes marque sa présence dans un contexte urbain jalonné de bâtiments à curtain wall » explique Ito1. Les O LE et ses feuilles d’acanthe servant à articuler les différentes parties. EC Le chapiteau byzantin conserve la forme typique du chapiteau 34 1 Toyo Ito, « In Pursuit of an Invisinble Image ». Itw avec par Kuniko Inui, Architecture and Urbanism, op. cit.,p.12. 35 Le visage de percements quant à eux renvoient à l’échelle des Ainsi, à une forme simple est associée une complexité et une exigences profondeur dans les éléments constituant son pourtour, sa induits texture et sa structure. On pourrait supposer que Venturi décrit la structure. De plus, leur irrégularité met en ici un phénomène architectural à une plus grande échelle. valeur respectant pas la volumétrie du bâtiment. Ainsi, E R U IE R PE SU De même dans son musée, il emploie un élément archaïque N M AR A la nature exigences continue sont statiques de aussi qu’inflige l’enveloppe en ne ES D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R byzantin pendentifs, à des oculis et à des pénétrations de voûtes ». des mais l’enveloppe constitue la descendante du canard et . ( 15 ) chapiteau et de structures archaïques ressemblant à des trompes et des par interne IT O Soane (fig.17) offre l’éclectisme formel dont le phénomène voûte » et induisent des « combinaisons complexes de formes d’éclairage IR La salle d’audience du palais de justice de Sir John du rectangle et de la courbe, à la fois de la coupole et de la EL A- mais vient refléter la complexité de l’architecture byzantine. du « à la fois » a besoin. Les plafonds « tiennent à la fois du hangar décoré imaginés par Venturi. Ici, elle devient partie intégrante du bâtiment (assumant une .(16) L’Institut du Monde Arabe, Paris, Jean Nouvel & ArchitectureStudios, 1987 fonction porteuse) et faisant de ce bâtiment un signe, et produisant par cet engagement un marqueur de significations multiples. Le centre du Parc National de Zernez de Valerio Olgiati (fig.12), est issu d’une forme pure forme pour pouvoir transmettre du sens en puisant dans le mais N AL E mais qu’il transgresse dans son usage. Cet exemple use de la AT IO répertoire architectural. Or, l’éclectisme ne s’oppose pas ici à N l’unité et invite à des articulations savantes. Ainsi l’historicisme Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » déformée. Olgiati choisit le carré comme forme libérée de toute signification à la fois « non référentielle et non contextuelle »1. Cependant, O LE et l’éclectisme introduisent dans le champ de références de EC l’édifice, une variété et un pluralisme vecteurs de significations. 36 1 Valerio Olgiati, Conversations with Students, op. cit., p.55 37 Le il Dans l’exemple de la Cathédrale de Murcie (fig.19), constitue qu’un point de départ dans visage de bâtiment. En effet, dans la manipulation de ses éléments en l’interpénétration de deux cubes, concède un certain façade, elle apparaît à la fois grande et petite. Par une inflexion, purisme mais vient être à la fois parasité par des les frontons brisés en vis-à-vis suggèrent un énorme portail et éléments adressent la façade à la place attenante, jusqu’à symboliser la L’inclusion région. Tandis que les ordres et la superposition des pylônes introduit une hiérarchie entre les façades. A M AR N EL plupart de ses projets. Le bâtiment produit par ES E R IE U Ainsi, le « à la fois » se rapporte plutôt aux liens qui unissent les PE Le PSFS building (fig.21) produit une contradiction SU R parties au tout. déformé dans d’éléments IR . ( 17 )Salle d’audience, Palais de justice, Londres, Sir John Soane, XIXème siècle alors de dialoguer avec les différentes échelles du contexte. et sa géométrie inhérents au interne. programme IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R l’édifice, par le jeu subtil de ses éléments en façade, lui permet Le bâtiment tient à la fois d’une géométrie externe régulière, dessinant un volume pure, et d’une .(18) atelier Bardill,Scharans, Valerio Olgiati, 2002-2007 géométrie interne irrégulière, un volume déformé ascenseurs, escaliers de secours, lanterneaux du sol-sol, plate-forme d’entrée - oriente le volume et. Les deux murs en biais venant déformer la géométrie interne, dessinent à la fois la forme de à la rue, tandis que les proportions de la tour, s’adressent à la l’escalier et la forme des quatre espaces principaux N AL E similaire mais dans sa volumétrie. Le socle en débord s’adresse AT IO ville tout en entière. De plus, la composition hétérogène des d’exposition tous identiques, des étages. Ici, les manipulations dialoguer les façades de manière inconstante. Le sigle PSFS, perturbent O LE N parties et de l’ordonnancement de la tour, semble vouloir faire EC posé sur le toit, accentue ce double rapport d’échelle et, par « ses Janus la Venturi révèle les conflits d’échelles que peut revêtir un se réfèrent à l’échelle du bâtiment. La double dimension de 38 ne A- VA L LE E Le phénomène du « a la fois » et internes et contredisent les la éléments rajoutés régularité et la symétrie générale de la forme. 39 Le visage de Le bâtiment propose alors une lecture complexe entre les niveaux EL différents de significations de ses éléments et les expressions contradictoires qu’il volumétrie. Ainsi, il présente à la fois des éléments de basilique revêt. en façade, et des éléments d’église à plan centré dans le corps Le centre Sportif PFAFFENHOLZ de Herzog & du bâtiment. Cette discordance est induite ici par des exigences de Meuron (fig.14) attire, par son volume simple, interne et externe, distinctes ; le programme exigeait une forme l’attention sur la manière dont la peau est réalisée: . ( 19 ) La Cathédrale de Murcie, Espagne 1385-1467 R E que les contraintes extérieures s’appliquent en façade, celles IE U intérieures s’opèrent dans le corps du bâtiment (et induisent son PE R impact dans sa volumétrie extérieure). L’échelle de l’espace qui A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R des dimensions plus vastes et une façade droite. Ainsi tandis N langages architecturaux l’un écrit la façade et l’autre dessine sa M AR La Karlskirche à Vienne (fig.23) oppose deux A- proportions violentes », accentue son appartenance à la ville. convexe pour le fond de l’église, et le décor urbain exigeait sur sa « facture ». Le volume de béton est habillé extérieurement de plaques d’Héraklit, matériau .(20) maison Bäumleingasse, Bâle, Diener & Diener, 19992005 isolant, enveloppé de plaques de verre. Le motif de l’Héraklit, généré par le mélange de la laine de bois au ciment, est repris et imprimé sur les plaques de verres. s’obtient alors dans les rapports qu’entretient le bâtiment avec Ainsi, Herzog & de Meuron usent de ce que l’on son contexte. pourrait nommer « l’effet Duchamp » en mettant le SU l’entoure, répare le manque d’unité d’un tel pluralisme. L’unité La double signification peut se retrouver à plusieurs N AT IO N AL E Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » O LE niveaux autant dans la compréhension théorique que dans EC l’expérimentation vivante. 40 matériau utilitaire dans une situation d’inconvenance et provoque alors la crise des significations. « Nous poussons à bout le matériaux que nous utilisons pour le libérer de toute autre tâche que 41 Le visage de d’exister »1, affirment les architectes. Le motif dérobe sous des métaphores comme des contradictions. Or, du matériaux apparaît à deux reprises dans cette leur perception n’est pas immuable et engendre une inconstante transparence et acquiert une double signification dans dans ces rapports de contradictions et le déplacement des son expression en façade : les plaques d’Héraklit dominances dans leurs significations.1 le présente en lui conférant sa fonction première ES A M AR N EL A- Inhérente au phénomène du « à la fois », elle se Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » IR tandis que les plaques sérigraphiées le représente D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O en tant qu’ornement. Ainsi, les deux manières d’être . ( 21 ) PSFS Philadelphie, Howe & Lescaze, 1932 à la « forme trouvée »2, et provoquent une tension .(22) Wharf Bar à Walsall, Sergison et Bates, Grande Bretagne, 1997 entre ces significations par leur superposition. « Il n’existe de réalité naturelle, que l’on ne puisse opposer à la réalité artificielle. Il n’existe plus non plus une seule réalité, mais plusieurs, chacune d’entre elles étant aussi réelle, naturelle et artificielle que les autres.3 » Ce motif rappelle N AT IO N AL E SU PE R IE U R E building, du motif, opposent en cohabitant « l’objet trouvé » Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture LE 1 Herzog et de Meuron, El croquis 1983-1993. 2 Expressions tirées de la thèse de Sung-Taeg Nam « L’appropriation architecturale du Ready-made : De l’objet trouvé à la forme trouvée ». 3 O de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 4 « Niveaux contradictoires : le phénomène du «à la fois» », pp. 38-45, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999 EC 42 1 Martin Steinmann, Forme forte, Birkh., 2002, p.222 43 Le visage de Janus VA L LE E Le phénomène du « a la fois » EL A- alors les fleurs à la Warhol du Best Store de Venturi, façade M AR signifiante. N et constitue l’expression du bâtiment, sa profondeur Arabe ES Monde A La (fig.16) IT O IR Studio de sud Jean de Nouvel semble l’Institut et se du Architecturedonner comme D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R une enseigne où l’un des éléments essentiels de EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 23 ) La Karlskirche, Vienne, Fischer Von Erlach, 1737 44 l’architecture subtilement islamique, réactualisé. le moucharabieh, Derrière une est enveloppe .(24) fondation Cartier, Jean Nouvel, Paris, 1995 uniformément vitrée, se tapissent des milliers de diaphragmes d’appareils photo, conçus pour réagir instantanément à la lumière au moyen de cellules photosensibles. Ce complexe joue subtilement sur deux registres contradictoires : celui de la disparition, en reflétant le ciel parisien, et celui de la présence d’une intériorité presque inquiétante qui s’affirme au delà des micro-percements. Ainsi la façade, par sa peau vitrée recouvrant le moucharabieh électronique, produit un dispositif ambigu, et semble 45 visage de Janus VA L LE E Le A- à la fois transparente en suggérant une intériorité EL irréductible derrière cette membrane, mais aussi M AR N réfléchissante. A un autre niveau de signification, le bâtiment présente deux parois antinomiques. L’une ES A courbe accompagne la forme de la voie, tandis que IR l’autre constitue un écran brutal sur lequel vient EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O se refléter l’esplanade attenante. Son positionnement 46 perpendiculaire à la circulation, comme une enseigne sur le Strip de Las Vegas, permet de les saisir simultanément. La cour de l’atelier Bardill de Valerio Olgiati (fig.18) procède à la fois du carré déformé en son plan, de l’ovale en toiture et du triangle en son gabarit. Reprenant la déformation du volume, elle est monumentalisée par une ouverture zénithale ovale laissant percevoir les pignons triangulaires qui soulignent les limites du bâtiment. Or, l’usage de formes évocatrices dissimule l’impact du contexte sur le gabarit, se soumettant au volume de l’ancienne grange. Celle-ci génère alors un plan carré déformé et impose les héberges triangulaires. L’intégration de l’ovale perturbe alors la clarté des origines formelles. Ainsi, la cour révèle une trinité géométrique symbolique associée à un volume induit par des contingences contextuelles. La façade de la maison Bäumleingasse de Diener & Diener (fig.20), composée de deux parois, induit plusieurs niveaux de significations entre les parties, le tout et le contexte, et concède alors des figures contradictoires. Dans chacune des 47 visage de Janus VA L LE E Le de cinq éléments EL constituée A- parois réside une double signification. La première, en béton (quatre la construction » définie Hans Kollhoff, et A de M AR N « poutres » et un « poteau »), évoque « l’image ES rappelle alors certaines structures en compression IT O IR permettant de retenir les murs mitoyens s’affaissant. au constat que les éléments n’ont pas de raison constructive et formel « poutres par : le » leur « et détachement poteau se » ne place physique porte pas derrière les elles. Ainsi, ce contre-sens provoque une ambigüité souvent recherchée dans l’architecture contemporaine jouant avec les significations d’une vérité constructive. La façade est à la fois petite par sa largeur de quelques mètres, et grande dans l’échelle exprimée par cette diverses structure des maisons réconciliant voisines et les échelles répondant à l’alignement de la rue. La deuxième paroi, accusant la légère courbe de la rue à cet endroit, forme à la fois deux baies vitrées et une grande baie pliée, par l’absence de montant au niveau de la pliure. Ainsi à travers ces deux parois, la façade manifeste une face rigide vers l’extérieur et une face courbe vers l’intérieur conférant « un équilibre précaire » au bâtiment. Le reflet brisé des cinq éléments rigides dans le vitrage plié exprime à la fois la dissociation et la connivence des parois. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Or, le signe primaire d’une structure se heurte 48 L’environnement extérieur, tel que l’architecture ordonnancée du tribunal situé devant, vient lui s’y 49 visage de Janus VA L LE E Le A- refléter tortueusement, et appuie le lien fort qui EL unit ces trois environnements – la façade rigide, la M AR N façade plié et le contexte. La façade de la maison A répond au lieu en tant que signe par les perceptions produites issues du comportement ES contradictoires IR des parois. Le Wharf Bar de Sergison & Bates (fig.22) EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O 50 illustre la volonté de réagir aux forces contradictoires émanant d’un site. Chacune des quatre façades répond alors aux divers particularismes du site, mais les faces donnant sur le bassin du canal et la place du village, sont plus ouvertes en fonction de leur vocation publique, tandis que les deux autres, donnant sur une rue très passante et sur un parking, sont plus fermées. De plus, la forme simple et banale du bâtiment est recadrée et tronquée par la géométrie du site. Au volume externe sombre et absorbant, faisant écho au goudronnage traditionnel des bâtiments voisins, répond un intérieur lumineux et chaleureux, entièrement lambrissé de sapin. Ainsi, le traitement hétérogène des façades et l’altération d’un volume typique, produisent un bâtiment schizophrène en interaction avec son contexte. La façade vitrée de la Fondation Cartier conçue par en Jean conservant Nouvel une (fig.24), incertaine réfléchit transparence tout qui provoque de multiples interférences et ambiguïtés déstabilisantes. Ainsi, elle se détache des façades réfléchissantes des années 70 cherchant à s’effacer 51 visage de Janus VA L LE E Le EL A- pour mieux s’intégrer au contexte, et vient offrir un N monde bidimensionnel où l’intérieur et l’extérieur M AR se confondent. A Alignée rigoureusement sur les immeubles mitoyens, ES elle constitue un écran précédant le bâtiment, où IR se reflètent symétriquement les arbres du boulevard dissocier les arbres réels du jardin, des reflets de ceux du boulevard. De même, il différencier est les pratiquement nuages qui impossible de appartiennent au ciel arrière, de ceux qui appartiennent au ciel avant. Les choses placées devant et celles placées derrière se contaminent de sorte que la position du visiteur entre dehors et dedans se trouve confondue. L’environnement et le visiteur, lui-même, se sont pris dans la suggestion des espaces, et de la profondeur. L’écran forme alors une limite franche et finie par son alignement où se condensent les profondeurs latérales tout en laissant percevoir une succession d’espaces suggérant la profondeur du bâtiment. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O et ceux du jardin. Si bien qu’il est difficile de 52 Tous ces projets révèlent, par l’ambivalence des à significations susciter un qu’ils double procurent, visage, la ainsi capacité le visage de Janus évolue dans un champs de significations ambiguës ou à de créer d’elles ne plus précisément l’ambigüité, réussit à de s’imposer de significations sortes comme qu’aucune la bonne. 53 E LE visage de Janus VA L Le A- Le fait que ces significations soient contradictoires EL est, à cet égard, déterminant. C’est ainsi qu’elles M AR N empêchent le repli rassurant sur une signification ultime. Se substitue à la profondeur spatiale, la A ES profondeur du signe où la forme est donnée à voir et EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR le signe à comprendre. 54 55 Le visage de Janus D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E Le phénomène du « a la fois » . Projet de . Projet de mairie pour une mairie pour une ville de l’Ohio, ville de l’Ohio, Venturi et Venturi et Rauch, 1965 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Rauch, 1965 56 57 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O ultime, elle consiste dans la corrosion des signes. » Martin Steinmann, Forme forte. Ecrits/Schriften 1972-2002, Birkhaüser, Bâle, op. cit. p. 212, 2002 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « S’il existe dans l’apparence de Madonna une signification 58 59 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E niveaux contradictoires des particularités d’usage et de structure D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R L’élément à double fonction Fonction disparition indétermination des espaces, usages, sens E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « A une plus grande échelle, un barrage est à la fois un pont. » Robert Venturi, « Niveaux contradictoires (suite) : l’élément à double fonction », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999, p. 39 62 63 fonction disparition D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’élément à double fonction . ( 25 ) Pilgrim, Robert Rauschenberg, 1960 E L’élément à double fonction et le phénomène du « à R IE U la fois » sont apparentés, mais doivent être distingués : l’élément .(26) KAIT Workshop, Kanagawa, Junya Ishigami, 2008 Fonction. – action, rôle caractéristique (d’un élément, d’un organe) dans un ensemble ; rôle caractéristique que joue une chose dans l’ensemble de structure , alors que le « à la fois » se rapporte plutôt aux liens dont elle fait partie ; remplir une fonction.1 SU PE R à double fonction appartient plus à des particularités d’usage et Dans le tableau de Robert Rauschenberg Pilgrim AT IO N AL E qui unissent les parties au tout. LE N (fig.25), la peinture se prolonge de la toile sur la chaise bien Dans un monde où les mutations n’ont jamais été aussi rapides et les phénomènes accélérés, il existe les un large bâtiments consensus doivent être autour de l’idée adaptables, que flexibles O réelle qui est posée devant, rendant ainsi ambigüe la distinction EC entre l’œuvre peinte et les meubles, et, à un autre niveau, la place 64 1 Le Petit Robert, ed. 2006 65 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction et évolutifs. Si historiquement c’est la capacité fonction et de signification est sensible dans ces œuvres, et matérielle à résister aux altérations du temps qui l’environnement y gagne une certaine tension. était visée, c’est désormais la propension à se Mais pour le puriste de la construction aussi bien que transformer à court, moyen et long terme qui semble pour le fonctionnaliste, une forme de construction à double garantir sa durabilité. Pouvoir faire face à la fonction serait exécrable à cause de la relation non définie et mutation des programmes, aux évolutions rapides des IR ES A M AR N EL A- de l’art dans une pièce. Une contradiction entre les niveaux de de bambou tendue et le poteau de bois comprimé ont la même forme. Un architecte moderne les trouverait alors sûrement tous deux sinistrement identiques en taille et en section. L’architecture moderne, outre qu’elle spécialise les formes selon les matériaux et la structure, sépare et articule les éléments : elle n’est jamais implicite. En privilégiant la trame et le mur rideau, elle a ôté à l’ossature son rôle de protection. En contrepoint, les piliers de la chapelle baroque de Fresnes (fig.29) sont résiduels par leur forme et surabondants pour la structure du bâtiment et sont des exemples extrêmes d’éléments à double fonction : ils ont à la fois une fonction portante et spatiale. E A ce point de vue, la mystérieuse Sagrada Familia R modes de vie, semble devenu gage de pérennité. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Ainsi, dans la villa impériale Katsura à Kyoto (fig.27), la tige IT O ambigüe entre la forme et la fonction, la forme et la structure. IE U d’Antoni Gaudi (fig.31) évoque un autre dispositif de mise en Les architectures mentionnées par la suite posent ici la question de la de la fonction comme outil de conception du projet, de sa disparition comme discriminant des éléments qui le constitue. Leur attention semble davantage portée sur l’expérience cognitive de ces bâtiments plutôt que sur leur fonction. Ainsi, dans la conception de ces projets, toutes références historiques et architecturales sont révoquées. Elle reposent sur la capacité des usagers à se les approprier, à les réinterpréter afin de les laisser concevoir leur propre environnement. En tâchant de se libérer d’un maximum de contraintes, il se veut non défini, indéterminé. L’architecture s’implique alors dans une recherche d’indétermination1, où l’espace devient isolé, la subtile invention de Gaudi, les piliers inclinés, portent le support d’une infinité de situations et met en le poids de la voûte pendant que les contreforts équilibrent la place un environnement catalyseur de relations, un poussée, le tout groupé en une forme continue. Dans certains « milieu ». bâtiments en maçonnerie, maniéristes ou baroques, le pilier, AT IO N AL E SU PE R relation de différentes fonctions. Au contraire de l’arc-boutant N le pilastre et l’arc de décharge forment une façade presque Le dictionnaire du Petit Robert définit le « milieu » de la façon suivante : « l’ensemble des O LE uniforme et la structure qui en résulte porte à la fois les murs EC et la charpente. D’une manière semblable, les arcs de décharge 66 1 Adrien Besson, « Architecture et indétermination », Matières n°8 - Croissance, PPUR, Lausanne, 2006 67 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction objets matériels, des circonstances physiques qui l’origine, donnent naissance à un mur dont la structure a une entourent et influencent un organisme vivant ». double fonction. L’élément emphatique comme l’élément à double depuis les années 90 principalement au Japon, par fonction sont rares dans l’architecture « récente ». Si celui-ci est une génération d’architectes issue du mouvement des choquant par son ambiguïté inhérente, il scandalise le culte du métabolistes des années 60. Leurs préoccupations M AR A ES IR restent dans la continuité de leurs prédécesseurs D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R bien que démodé. Un élément peut sembler emphatique d’un . ( 27 ) Villa impériale Katsura, kyoto, 1645 R E certain point de vue, mais s’il est solide, à un autre niveau, il IE R Dans le projet de Ledoux pour une porte PE U enrichira la signification en l’accentuant. Ces espaces comme « milieux »1 sont explorés, IT O minimum des architectes modernes orthodoxes. Mais l’élément emphatique se justifie en tant que moyen d’expression solide N EL A- du Panthéon de Rome (fig. 33), qui n’étaient pas apparents à dans le sens où ils s’intéressent à une architecture où le changement, le mouvement perpétuel est inhérent .(28)Rolex Learning center, Lausanne, Sanaa, 2007-2010 au système mis en place. Le milieu est un « monde en soi », un paysage intérieur. Il ne peut être appréhendé de l’extérieur. Il se vit du dedans. Dans le milieu, le visiteur sont emphatiques, du point de vue de la construction, sinon s’abstrait de son contexte, il y est englobé. surabondantes. Pourtant elles accentuent le caractère abstrait Son expérience est celle de l’intériorité, d’un N AL E SU monumentale à Bourneville (fig.35), les colonnes dans l’arche continuum, d’une substance. Mais dans la création AT IO de l’ouverture (c’est une ouverture semi-circulaire bien plus 68 LE Enfin, il existe ce que l’on pourrait nommer EC O font une porte. N qu’une arche) et, en outre, elles délimitent cette ouverture et en 1 Concept tirée de Jacques Lucan, « On en veut à la comoosition », Matières n°5 - Modularité / Proportionnalité, PPUR, Lausanne, 2002 69 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction de ce « milieu », il réside un phénomène nouveau : moins ambigüe entre l’ancienne signification d’un élément les architectes de ces espaces utilisent de façon architectural, à laquelle elle est associée par le souvenir et une récurrente des références à l’environnent naturel nouvelle signification issue d’une nouvelle fonction, faisant pour décrire leurs intentions de projet et semblent partie de la structure du programme, ou d’un nouveau contexte. fascinés, C’est le temps du palais qui devient musée, l’architecture comme la nature à l’origine de la diversité du monde. son souvenir.1 L’achitecte Sou Fujimoto décrit ce phénomène de la par le phénomène de contingence dans façon suivante : « La coexistence des principes decontingence et de stabilité a été prouvée, il y a 150 ans par Charles Darwin. Il montra que la diversité de la nature dépendait de la contingence et qu’une méthode délicate de production d’accidents pouvait réduire la distance entre les choses naturelles et artificielles. » 1 A titre d’exemple, Junya Ishigami utilise la métaphore de la forêt pour décrire l’espace qu’il crée dans le Kait Workshop (fig.26 et 30) : « Quand je conçois un bâtiment, je ne me contente pièces pas dans de une le dessiner en composition assemblant spatiale. des J’essaie plutôt de réaliser un espace tout en restituant le genre d’ambiguïtés présentes dans l’environnement naturel comme si je créais un paysage ou une forêt. Les utilisateurs suivent des chemins qui varient infiniment au sein du bâtiment et découvrent toutes Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture N 1 AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- l’élément archaïque comme le résultat de l’association plus ou 1 Sou Fujimoto, “Architecture is a delicate method to de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 5 « Niveaux contradictoires produce accidents”, Primitive Future, ed. ( suite ) : l’élément à double fonction », pp. 38-45, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 2 1999 ed.Toyota Municipal Museum of Art, 2011 EC O LE 70 sortes d’espaces »2. Junya Ishigami, Another Inax, 2008 scale of architecture, 71 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction A- Les occupants errent librement à travers une forêt EL de poteaux. Junya Ishigami retranscrit la diversité M AR N que l’on trouve dans la nature en déterminant des sections et des orientations différentes pour chacun ES A des 305 poteaux qui constituent l’espace : « Tout IT O IR comme la structure d’une forêt dépend de la façon D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R dont les arbres sont regroupés, les prototypes de . ( 29 ) Chapelle baroque de Fresnes, xvii e dont les piliers et les poutres sont positionnés .(30) KAIT Workshop, Kanagawa, Junya Ishigami, 2008 et groupés pour former la structure spatiale du bâtiment »1. A propos de la médiathèque de Sendaï (fig.32), Toyo Ito utilise lui l’analogie au milieu aqueux: « Cela a commencé par l’image de quelque chose de flottant dans un aquarium. J’ai effectivement parlé d’algues mais c’était pour donner une image de l’espace que je voulais réaliser ici : un espace extrêmement fluide, un espace où à la manière de EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E siècle divers environnements sont formés d’après la manière 72 1 Ibidem page précédente 73 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction EL A- l’eau qui coule, couleraient en permanence air et N lumière. Pour le réaliser en trois dimensions, pour M AR le construire donc, j’ai imaginé en guise de poteaux A des structures très organiques que j’ai appelé des ES tubes : c’est à dire des corps composites destinés à IT O IR soutenir les sept étages de planchers »1. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Les sont des plateaux libres pouvant accueillir divers programmes. Se servant à cet effet d’images d’algues se balançant dans l’eau, corps .(32) Médiathèque de Sendai, Toyo Ito, 2001 souples dansant verticalement, Toyo Ito crée différents espaces sans pour autant en déterminer leur fonction et s’intéresse avant tout à la fluidité. Kazuyo Sejima, pour évoquer le Rolex Learning Center de Lausanne (fig. 28 et 34), utilise elle l’analogie au parc : « J’étais intéressée à faire ce genre d’espace, une espèce de parc, comme EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 31 ) Sagrada Familia, Barcelone, Antoni Gaudi, 1882- planchers 74 1 Toyo Ito, Interview de Toyo Ito par Richard Copans, « La médiathèque de Sendai », Architec¬ture Volumes 4, Arte vidéo, 2005. 75 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction EL A- le concept de jardin japonais. Un parc permet à N différentes personnes de rester au même endroit au M AR même moment. Des gens différents et de générations A différentes peuvent être ensemble en même temps, ES quelqu’un pourrait être à coté de vous tout seul, IT O IR en train de lire un livre ou de boire un jus. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R J’aime cette sensation ou ce caractère pour les régulièrement sur une grille. Cette fois-ci, ce sont .(34) Rolex Learning center, Lausanne, Sanaa, 2007-2010 les dalles horizontales qui subissent un dérèglement: elles ondulent doucement. Kazuyo Sejima évoque le lien direct entre sa volonté de créer un paysage et la dans nécessité la d’insérer structure une part d’organisation du d’ambiguïté bâtiment : « Nous avons essayé de combiner un bâtiment et un paysage. L’idée n’est pas si singulière mais elle a un important impact sur la structure. La structure perd alors de sa clarté en devenant un système EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 33 ) Panthéon de Rome, -27-125 bâtiments publics ».1 Des poteaux fins sont ordonnés 76 1 Kazuyo Sejima, « Liquid Playground », El Croquisn°121 77 VA L LE E fonction disparition EL A- ambivalent. Certaines parties du schéma s’apparentent à des collines tandis que d’autres constituent des M AR N parties du bâtiment. Ceci est complètement confus mais nous avons essayé de toujours conserver cette 1 ES A confusion ». IR Cette part de « non-clarté » va permettre d’instaurer qu’il se veut être, soit un paysage. Le but semble donc être de re-questionner l’espace dans sa dimension primitive, à savoir : quelle relation un corps peut-il avoir avec l’espace dans lequel il se trouve ? « Ce qui fait énigme, c’est les liens, c’est ce qui est entre elles (les choses)».2 L’intervalle est ici la matière des projets. Toyo Ito exprime cette spécificité de la conception japonaise de l’espace : « Sans doute l’espace tel que le conçoivent les occidentaux, estil différent de l’espace tel que nous le concevons, je l’ai souvent pensé. Quand on parle d’espaces, peut-être est-ce la perception que nous japonais avons de la notion occidentale d’espace. On a l’impression qu’il s’agit de ce qui a été évidé d’une roche, alors que pour nous c’est ce qui existe entre deux poteaux, le rien où s’établissent des relations multiples, c’est l’espace vide, l’espace néant, le rien. Prenons un autre exemple : je vous EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O une ambiguïté entre l’espace architectural et ce 78 1 Kazuyo Sejima, “Conversation, Spring 2009”, The SANAA Studios 2006-2008: Learning from Japan: single story urbanism, Lars Müller Publishers, 2008, pp.110-111. 2 Merleau-Ponty, L’oeil et l’esprit, ed. Gallimard, 1964, p 64. 79 VA L LE E fonction disparition EL A- parle. Entre le mot que je viens d’émettre et celui N que je vais émettre, il y a ce rien, cet espace M AR blanc. C’est cet espace qui m’intéresse. C’est cet espace blanc que je trouve très important. »1 A La question de la fonction semble donc ici ES IT O IR éludée. Il n’y a plus simple ou double fonction, mais EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R indétermination. Il serait peut-être alors opportun 80 de se poser la question de l’élément architectural dans ses bâtiments, de ce qu’il reste de sa fontion, de la construction même du milieu et non-plus toujours de de sa conceptualisation (nous avons compris que le prochain sera la Lune, ou bien le vent qui agite les moulins du pauvre Don Quichotte). Dans la conception de ces espaces « milieux » où l’intérêt n’est plus porté à la matière qui articule les choses mais à la relation qui les unit, il est intéressant de se poser la question de ce qu’il reste de la considération porté à l’élément et à sa fonction. Dans un paysage, l’arbre et lerocher n’ont pas de fonction. Dans la création de l’espace, les élements ne sont-ils pas les dernières contingences constructives des architectes ? Au-delà de la deconstruction n’est-ce pas la disparition de la fonction qui est visée. A quand l’architecture sans bâtiment, ou du moins le bâtiment sans architecture, le nuage ? Quand l’éspèce des algues mutantes créée par le Dr.Ito aura-t-elle alienée l’assemblée des assembleurs? 1 Les poteaux schyzophrènes (fig.2) Toyo Ito, Interview de Toyo Ito par Richard Copans, «La médiathèque de Sendai», Architectures Volumes 4, Arte, 2005 81 fonction disparition VA L LE E L’élément à double fonction A- (tirants / espaces / supports à post it) d’Ishigami EL sont ils vraiments encore des poteaux ? Et ceux M AR N du Rolex (fig.4), ne perdent-ils pas substance en devenant le mirage d’un mobilier paysager ? Sont- ES A ils encore les bienvenus, reliquats d’une histoire IT O IR constructive dont tant semblent vouloir se débarasser ? D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Mais à force de laisser libre cours à tout, elle . ( 35 ) Porte monumentale Bourneville, Claude Nicolas Ledoux, 1785 dit que finalement, ce serait mieux si elle disparaissait (fig.12), et elle alla courir, libre. .(36) Architecture as air, Barbican, Londres, junya Ishigami, 2011 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E de se 82 83 fonction disparition D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’élément à double fonction . Vanna Venturi House, Chestnut Hill, Venturi & Rauch, 1962 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . Vanna Venturi House, Chestnut Hill, Venturi & Rauch, 1962 84 85 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O qui doivent subir les risques consécutifs à une décision mal prise est un système immoral. Or c’est exactement ce processus qui est suivi actuellement par les architectes et les urbanistes : ils prennent les décisions et les utilisateurs prennent les risques. » Yona Friedman, Pour une architecture scientifique, Paris, Belfond, 1971 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « Tout système qui ne confie pas le droit de décision à ceux 86 87 LE O EC AL E N IO AT N PE SU l’intégration et les limites de l’ordre ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R l’élément conventionnel Au-delà variations sur la convention de l’ordre ordinaire A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « Un ordre valable est capable de s’adapter aux contradictions accidentelles d’une réalité complexe. » Robert Venturi, « L’intégration et les limites de l’ordre : L’élément conventionnel », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999, p.46 90 91 Au-delà de l’ordre ordinaire D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’élément conventionnel . ( 37 ) Palazzo Nobili-tarugi, Montepulciano Antonio da Sangallo il vecchio, xvie E Un ordre doit être capable de s’adapter, autant qu’il R IE U impose, aux contradictions accidentelles d’une réalité complexe. L’usage de la convention en architecture est un thème de conceptualisation du projet qui obsède de nombreux architectes. Cette utilisation structure à l’intérieur même de l’ordre : il se doit d’être valable. de préconçus et de prédispositions semble alors Il induit alors de subtiles évaluations permettant de déterminer trouver son intérêt dans son détournement, ou du ce qui est indispensable de ce qui est susceptible d’un moins dans sa contradiction. Elle se manifeste alors compromis. Les contradictions et complexités proviennent à soit dans la manipulation d’éléments disposant d’une AT IO N AL E SU PE R Il ne peut exclure les contradictions liées au programme et à la symbolique prééxistente, soit dans la subversion qui découlent du programme, reflètent les contradictions et même d’outils de conception du projet. O LE N la fois du milieu et du programme même du bâtiment. Celles EC complexités inhérentes à la vie. 92 .(38) Bureaux à Kohlenberg, Bâle, Diener & Diener, 1995 projets suivants présentent Les deux l’élaboration de 93 Au-delà contextes architecturaux dans le dépassement d’un désaccord / ordre: ordre établi et jouent de la poésie du glissement - un désaccord exceptionnel modifie l’ordre ordinairement des sens : au-delà de l’ordre ordinaire des choses. harmonieux dû aux circonstances. L’immeuble M AR commercial - des désaccords inhérents à l’ordre même ajustent des éléments Diener et (fig.38), particuliers de l’ordre à des éléments généraux. d’un îlot, se dresse à un endroit complexe de la Dans une posture de contradiction intégrée, l’architecte doit se ville de Bâle. Les deux façades formant le coin l’ordre volontairement et non avec faiblesse. La situation de désaccord à l’intérieur d’un ensemble manifeste de la « difficile unité ». Il existe alors deux justifications permettant de briser l’ordre : - la reconnaissance de la variété et de la confusion à l’intérieur et à l’extérieur, dans le programme et l’environnement, et, en fait, à tous les niveaux l’expérience. - le caractère fondamentalement limité de tous ordres créés par l’homme. Les circonstances défient l’ordre et leur contraste est le support des significations. Il faut transgresser les règles pour souligner IE U Cependant les contingences ne peuvent devenir la règle. L’ordre EL N A ES Kohlenberg constituant de l’angle IR Diener de IT O R E l’ordre car l’exception confirme la règle et la donne à lire. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R a une attitude à adopter face aux contradictions : transgresser A- Les contradictions naissent alors de deux types de relation permettre de transgresser les règles de l’ordre établi. Ainsi, il y se composent des mêmes éléments et se soumettent aux mêmes sont Roger règles selon ordonnancés Diener a lesquelles mais ne sont amené sa manière ces pas derniers identiques. de « penser l’architecture » au point suivant : il part de l’hypothèse que l’architecture l’ont comme peut une encore collection concevoir d’éléments, que ces éléments peuvent être constamment utilisés et réutilisés, de manière différente, et cette collection formera un jour ou l’autre la base d’une nouvelle convention. De cette manière, il vient associer ses bâtiment à l’histoire de l’architecture: « Une architecture qui se libère de sa réalité nous est étrangère »1. L’élément à apprécier, ici, est la fenêtre de grande taille connue des bâtiments de Diener & Diener. Les fenêtres investissent la façade opportunités qu’offrent les circonstances comme pourvoyeuse en venant se décaler les unes par rapport aux autres. d’une richesse de significations. Briser l’ordre pour intensifier L’architecte affirme avoir « modifié un premier ordre les significations. Le Corbusier « adapte les désaccords annexes régulier de la façade afin de placer davantage la maison et exceptionnels à un ordre dominant et rigide » quant à Alvar en relation concrète avec la ville ». En réponse à AT IO N AL E SU PE R doit exister avant qu’on puisse le briser. Il faut alors saisir les N Aalto « crée l’ordre à partir des discordances ». O LE Un exemple historique aidera peut-être à illustrer le rapport EC qui lie ordre et exception : les arcs du Palazzo Nobili-Tarugi 94 de l’ordre ordinaire VA L LE E L’élément conventionnel la parcelle, l’immeuble présente une géométrie pure, 1 Extrait de Martin Steinmann, «Le regard producteur», la forme forte, écrits 1972-2002, Birkhaüser, Bäle, 2002 95 Au-delà de l’ordre ordinaire VA L LE E L’élément conventionnel occupant la surface limite sur six niveaux, où la « capricieuses » et d’espaces vides asymétriques. L’ordre exagéré, porte d’entrée marque l’unique anomalie par rapport d’où découle une unité exagérée accompagnée de certaines à l’ordre des fenêtres. La fenêtre encadrée par dimensions caractéristiques, fait la force majestueuse du palais des montants noirs contraste avec la teinte jaune italien, comme d’ailleurs celle de certains projets de Le Corbusier. du béton. Sa proportion de 2:1 accentue l’ordre de Le secret de leur genre de majesté, ni rigide ni pompeuse, tient la façade en imposant sa partition en deux carrés. à des oppositions dues aux circonstances spécifiques de chaque Chaque façade est divisée en trois parties égales, à Dans le génie civile, c’est le pont (fig.39) qui exprime avec acuïté le jeu d’un ordre exagérément pur contre les discordances de l’environnement. En effet, l’ordre absolu de la partie haute de la structure est dicté par son unique et simple fonction : permettre aux véhicules de traverser sur une surface plane, offre un violent contraste avec les ajustements exceptionnels de la partie inférieure ; là au moyen de déformations – le système commode de piles plus ou moins longues – l’ordre adapte le pont au terrain inégal de la vallée. L’ordre originel du bâtiment doit être solide afin de ne pas détruire l’unité d’ensemble après l’introduction de changements au sein du bâtiment. L’idée de rénovation où le EL N M AR A ES IR IT O R E programme du bâtiment vient à changer est un phénomène D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R composition. A- (fig.37) s’opposent à la soudaine accumulation de fenêtres IE R Il existe différents niveaux d’ordre en architecture et PE U valable et une source majeure de contradictions. chaque niveau deux parties constituent la fenêtre à deux vantaux et la troisième est un plein. Les joints de reprise du béton soulignent horizontalement la lisibilité de la tripartition verticale. De ces règles découlent d’ordonnancement quatre des combinaisons fenêtres à possibles chaque niveau. Les fenêtres aux quatrième et cinquième niveaux et les ouvertures au rez-de-chaussée sont poussées de part et d’autre de l’angle, tandis qu’aux trois premiers étages, elles sont séparées d’un côté ou de l’autre par un plein. Les façades illustrent alors trois des combinaisons. Ainsi, le fait que l’une des combinaisons ne soit pas représentée constitue l’exception à la règle et manifeste clairement le choix de l’architecte de cette omission. On imagine alors que ce choix s’est effectué en fonction des L’ordre particulier qui se rapporte à un bâtiment précis et nombreux projets où la vibration des ouvertures dont il fait partie et l’ordre comme expression de conventions, est due « exagérément sévères », a une portée plus générale. Or, Roger AT IO N AL E SU l’on pourrait opposer ordre particulier et ordre conventionnel. exigences corporel, l’usage des conventions de manière à les rendre vivantes et non- fenêtres internes exigences Diener réalisé spatiales privilégie par comme le « dans de intérieures. le caractère déplacement des sur les deux façades » 1, au détriment O LE N La contradiction peut alors résider dans la réhabilitation et aux spatiales EC conventionnels. On peut donc parler d’élément conventionnel, 96 1 Martin Steinmann, Forme forte, Birkh., 2002, p.254 97 VA L LE E L’élément conventionnel construction, éléments de fabrication, de forme et d’utilisation d’une courante, objets commerciaux et ostentatoires, banals ou Ainsi « l’ordonnance semble mobile » et nous induit vulgaires, rarement associés à l’architecture. à déplacer les fenêtres dans notre tête. Elle nous Il faut utiliser des objets de pacotille dans un ordre architectural permet alors de reconnaître les règles combinatoires afin de répondre à des besoins actuels de variété et de qu’il a généré. communication car ceux-ci sont le contexte de notre nouvelle Avec subtilité, l’architecte peut alors combiner utilement l’ancien et le nouveau, se situer entre le réformiste et le révolutionnaire. Un architecte devrait accepter les méthodes et les éléments qui sont déjà à sa disposition, être un expert des conventions en cour et choisir tout autant qu’il crée. Pouvons-nous nous targuer de techniques de pointe tout en excluant les éléments immédiats, et vitaux même s’ils sont vulgaires, qui sont l’ordinaire de notre architecture et de notre paysage ? Est-ce ainsi envisageable d’user de la convention d’une manière non-conventionnelle, de disposer des objets communs d’une manière non-commune afin de leur donner de nouvelles significations par la création d’un nouveau contexte ? IE U contribue à la signification d’une partie et qu’un changement EL le espaces chevauchement intérieurs. A M AR N deux que ES IR IT O E La « Gestaltpsychologie » affirme que le contexte R D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R architecture et notre nouvelle architecture est leur contexte. A- d’incongruités sur tel de l’ordre ordinaire terme qui regrouperait alors éléments et méthodes de fenêtre interne Au-delà explore A la Tama Art Library (fig.40), Toyo Ito les qualités d’une grille irrégulière, il essaie ici de se détacher de la grille rigide moderniste miessienne. Pour lui, une telle déformation du plan induit l’idée de fluidité. La trame structurelle de la Tama se déforme pour offrir ces rapports changeants. Chaque « cellule » a sa taille et géométrie propres. La Tama Art Library se distingue par l’expression des arches qui se développent à l’intérieur du bâtiment. L’apparent archaïsme de ce geste, qui ne manque pas de nous faire penser aux arcs romans, se détache en réalité de toute nécessité structurelle. Les arches ont une envergure allant de 1,6 à 16 mètres et ont pourtant toute une épaisseur de 20 centimètres, ce sont en fait des plaques d’acier recouvertes de béton. Ito utilise donc ces arches pour leur qualité spatiale La combinaison des parties offre alors un nouveau contexte plutôt que structurelles. Elles enjambent l’espace qui confèrera leur signification à ces parties à l’intérieur de pour le laisser se développer librement à travers l’ensemble. L’élément conventionnel, chez les modernistes est le bâtiment. Le développement de ces arches sur adopté comme le symbole de l’ordre industriel et progressiste la grille déformée, vient créer cette spatialité AT IO N AL E SU PE R dans ce contexte provoque un changement de signification. homogène propre à l’architecture des production en série. Pourtant il existe une contradiction de « O LE N et devient la fondation d’une esthétique machiniste par la EC l’emploi de ce langage industriel dans des espaces complexes et 98 milieux ». Lorsque l’on compare l’impact des arches sur les plafonds et sur les sols on comprend 99 Au-delà que ce dispositif se répète tout autour du bâtiment. la juxtaposition de formes sophistiquées avec des objets trouvés Le dispositif et des éléments banals : des associations contradictoires de plusieurs d’éléments spécifiquement industriels et d’éléments de divers différentes qui s’étalent sur cette trame irrégulière styles dans un même bâtiment. dessinent ces cellules qui ont elles aussi leurs géométries dans N développé les Tama est arches fait toutes M AR contradictions, la A ES IR L’architecture de Spolium se manifeste alors dans la en lui donnant une forme nouvelle ou une signification nouvelle. qui découle de la E R lui complètement homogène. Comme dans une forêt et une grotte, où chaque arbre et chaque stalactite est .(40) TAMA Art University library, Toyo Ito, 2007 unique, c’est la somme de toutes les irrégularités et différences qui crée l’homogénéité de l’ensemble. La bibliothèque de la Tama se perçoit comme un vide excavé. L’introduction du plein, le programme, dans ce dispositif homogène exprime la viabilité de ce le parti pris de Toyo Ito dans son bâtiment quant à Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture cette contingence. La contrainte programmatique vient de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 6 « L’intégration et les limites alors nourrir la lisibilité de l’espace recherché LE 1 AT IO corps et son fonctionnement. Il permet de discerner N N AL E SU PE R conventionnels dans une utilisation non familière. ?1 IE U la création de nouveaux contextes par l’association d’éléments L’espace IT O . ( 39 ) Pont, Campagne de Florence, Giannelli L’architecte doit-il se questionner quant à propres. juxtaposition de ces éléments très différents est D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R employer en de nouvelles associations : adopter un élément EL A- l’on peut trouver dans une certainte production architecturale réutilisation de quelque chose d’une autre manière afin de les EC 1999 O de l’ordre : l’élément conventionnel », pp. 46-53, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 100 de l’ordre ordinaire VA L LE E L’élément conventionnel par l’architecte et lui offrir une nouvelle lecture. 101 de l’ordre ordinaire VA L LE E Au-delà EL A- La réponse volumétrique est double, soit le volume N s’affranchit de la grille induite par les points des formes cylindriques ou rectangulaires A Ainsi M AR porteurs soit il suit les tracés courbes des arcs. ES viennent se détacher du dispositif et des formes IT O IR arbitraires viennent s’adapter à l’emprise de la EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R grille déformée. Cependant, dans cette volonté de 102 dissocier le plein du vide, Toyo Ito utilise un matériau unique, le béton, tant pour la structure que pour le programme. Cette ambiguïté renforce l’homogénéité de l’espace, et le rend monochrome. La superposition du même dispositif sur deux niveaux expose cette logique volumétrique. L’escalier principal reliant les deux niveaux s’intègre dans une emprise de la grille. Bien que les éléments cherchent à se détacher, ils restent contenus dans la trame irrégulière de la grille déformée et bornés à une emprise. Cependant, une singularité dans la trame s’opère au deuxième niveau : au nord, la suppression de poteaux produit un arc de deux fois la portée de celui du premier, venant accueillir le volume des bureaux. Induite par le programme, cette irrégularité met en évidence que l’acte de penser le programme ne s’est pas fait comme du « remplissage » ; mais que l’élaboration du dispositif s’est réfléchie en résonance avec celui-ci. Ainsi, la contingence issue du programme ou du contexte révèle la force du dispositif et l’encre dans la réalité du projet. La contingence comme outil légitimant la subversion ? 103 Au-delà de l’ordre ordinaire D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’élément conventionnel .Guild house, Philadelphie, Vebturi et Rauch, Cope et lippincott, 1960-1963 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . Guild house, Philadelphie, Vebturi et Rauch, Cope et Lippincott, 1960-1963 104 105 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O et héroïques en même temps ». Allison et Peter Smithsons citée dans B.Krucker, Complex Ordinariness. The Upper Lawn Pavillon by Alison et Peter Smithson, Verlag, ETH, Zurich 2002 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « Les choses doivent être ordinaires 106 107 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R La contradiction adaptée EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E ajustement circonstanciel dans les ordres établis puis compromis Cherche forme cherchante ajustements opérationnels dans les pourtours et autres limites E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O Louis Kahn cit. in Robert Venturi, « La contradiction adaptée », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999, p.54 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « La forme doit s’adapter aux circonstances. » 110 111 Cherche forme cherchante D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La contradiction adaptée . ( 41 ) Villa Pignatelli di Montecalvo, San Giorgio a Cremano, 1747 E démontre dans cette cinquième partie le IE phénomène qu’il nomme celui de la contradiction adaptée. R Venturi U Aujourd’hui, Robert Venturi ne s’en porte que mieux, le rectangle ne semble plus être la figure dominante chez la profession de fonction oblique, scène une opposition élémentaire, formelle, entre plusieurs architecte. constituants de la syntaxe architecturale. En effet, les réalités du contexte semblent de plus en plus influer formellement sur le bâti, des données circonstanciel en architecture, au travers d’un type de pragmatiques définissant la forme des bâtiments. manifestations de la contradiction : celle de la résolution douce Ainsi, dans une certaine production très helvète, des oppositions, du compromis noyant la subversion et tolérant le volume attribué au programme n’est plus défini par EC O LE AT IO N L’évocation se fait ici d’une certaine idée du compromis N AL E SU PE R Les exemples susmentionnés mettent systématiquement en l’oblique. 112 .(42) Tour signale principale, Bâle, Herzog & de Meuron, 19941997 des intentions plastiques mais s’approche beaucoup 113 Cherche A la Villa Pignatelli (fig.41), les moulures en plus de la forme résultant des gabarits imposés1. A- forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée Les et des linteaux, et s’adaptent ainsi facilement à leur fonction stratégies de manipulation des données du site que contradictoire. sur un choix de forme ou de composition et génère des La contradiction pourrait alors se résoudre par un compromis projets « trouvés », possédant une forme difficilement et un ajustement des éléments, ce que l’on pourrait aller jusqu’à descriptible à partir de figures géométriques simples. alors d’avantage sur des IR ES A M AR N portent IT O nommer la diplomatie géométrique. Elle admet l’improvisation et implique la désintègration d’un D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R La déformation n’est plus issue de celle d’un type Ainsi la contradiction adaptée est résistante et souple. . ( 43 ) Pallazzo Massimo, Rome, Peruzzi, 1532 R E prototype, en résolvant par l’approximation et la modification IE U et en rendant parfois l’ensemble imparfait. SU régularité dominante de la composition ». PE R Pour Robert Venturi, « le compromis rend plus intense la Au Palazzo Massimo (fig. 43), une déformation selon AL E décisions EL s’incurvant vers le bas deviennent à la fois des bandeaux aux contexte urbain et réglementaire. étude de la pharmacie de bäle, Herzog & de Meuron, 1995-1998 Le pourtour de compromis devenant et l’image non-plus la d’une opération résultante d’une contradiction adaptée. “ Contextual architecture goes from the particular to the universal. It understands difference; it does not produce difference.”2 N une ligne courbe plutôt que brisée adapte la façade à la rue qui .(44) mais généré par une succession d’opérations liées AT IO était également incurvée avant d’être rectifiée au dix-neuvième N siècle. O LE De plus, dans son toit en croupe traditionnelle, l’obligation de EC rendre l’espace habitable à l’intérieur de l’angle de la toiture, 114 1 Adrien Besson, Architecture par défaut et non-choix de la forme, Matières n°7,Cohérences aventureuses - Nouvelles approches réalistes, PPUR Lausanne, 2004. 2 BAUKUH, Notes on contextual architecture, San Rocco 4, Fuck Concepts! Context! , Milan, juillet 2012. 115 Cherche VA L LE E La contradiction adaptée forme cherchante déterminé essentiellement par ses fonctions d’écoulement de l’eau et d’élément de la structure du bâtiment, se résout par une de élégante déformation du comble originel. du geste du sculpteur, peut s’appréhender comme La contradiction adaptée permet alors au système d’être légèrement une opération de déduction géométrique : du plan rectifié pour s’adapter aux exigences spatiales liées au rectangulaire aligné au niveau de la rue déformé programme aussi bien qu’au tracé urbain. jusqu’à l’alignement des rails. C’est ici la déformation qui adapte les différences. la A- exemple, dont tour la signale forme principale semble résulter ES A M AR N EL (fig. 42), IR circonstances de l’environnement qui permet de ne pas rejeter . ( 45 ) Casa Valmassoni, Domegge di Cadore, XVe siècle R E une occasion de complexité. U Le corbeau en débord de la maison à Domegge IE Bâle PE R (fig. 45) est un dispositif qui permet avantageusement et avec Avec IT O Mais c’est parfois l’ajustement d’un ordre aux D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Par le bâtiment de marketing opération qui se renouvelle avec un bâtiment de .(46) halle de marché, Aarau, Suisse, Miller et Maranta, 1996-2002 bureaux et de logements à Soleure (fig. 50), tout autant qu’à Bâle avec la pharmacie de l’hopitâl cantonal (fig. 44). L’architecture helvétique symétrie du pignon tout en servant de support au surplomb Les dissymétrique du côté droit. Le jeu de l’ordre et du contexte se N AL E SU serait donc pas hermétique au contexte. IO AT N audacieuses contradictions entre majesté et opportunisme. à Laufen (fig. 52), les contours du plan se plient, rigueur de passer de la symétrie de la façade principale à la étant un trait caractéristique de l’architecture italienne avec ses Ricola configurations pliant notamment ne deviennent irrégulières, aux du raisons contexte, ce que Herzog se plaira à nommer les « formes cherchantes »1. A l’occasion du projet pour Bâle O LE De la même façon, il semble exister une modalité d’adaptation EC constructive à la sédimentation historique des ordres, entre 116 1 cit. in Jacques Lucan, « On en veut à la composition (2)», Matières n°6 Actu. de la critique, PPUR Lausanne, 2003. 117 Cherche et de celui pour Soleure, une série de maquettes programmatiques. est Ainsi, une position exceptionnelle des fenêtres, comme adéquate, non pas en composant ou en assemblant une modification significative d’une colonnade engendrent les éléments, mais en configurant et creusant une généralement une symétrie déformée, conférant vivacité à une masse, rigidité native. Dans PE R transformé en évènement, crée un effet de surprise dans le forme la plus N la A la plaque même épaisse lignée, (fig. 46) dont la les initialement architectes pleine. Miller et halle de marché à Aarau géométrie semble issue de la contradiction adaptée entre l’homothétie de la place .(48) Signal box corten mimick concrete, Zurich, Gigon & Guyer,1999 déformée et de micros opérations de subversions dues à des contingences de construction. Au même titre, les architectes Gigon et Guyer lors de la conception de leur projet pour la signal box de Zurich (fig. 48), infléchissent légèrement leur de la maison faite par H.H. Richardson pour Henry Adams façade afin d’obtenir deux angles droits sur les AL E Les écartements très finement déformés des fenêtres N SU prisme classique de la maison. trouver M AR E R IE U central et des ailes symétriques. Cet arrangement commode, une ES IR . ( 47 ) Mount Vernon, George Washington house, 1757 rénovations récentes, et elle brise l’ordre dominant du fronton pour Maranta produisent une D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R symétrique. Au lieu de cela, leur répartition est le résultat des IT O Par exemple, les fenêtres de la bâtisse de Mount Vernon (fig. 47) ne sont pas implantées de manière exactement élaborée EL A- les volontés de cohérence esthétique et les contingences AT IO à Washington (fig.49) reflètent les circonstances particulières côtés du bâtiment, alignés aux deux directions de la parcelle.La ligne de rupture, ne se trouvant pas au conservent la régularité et la symétrie exigées par le caractère milieu du plan de façade, elle contredit légèrement O LE N dues aux fonctions privées du programme intérieur, mais elles EC public d’un bâtiment majestueux de Lafayette Square. Ici le 118 forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée la symétrie disposée des baies et engendre une 119 Cherche forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée certaine suprise dans cette opposition entre prisme l’intérieur, le caractère privé et le caractère public, confère à la volumétrique et ordre. façade un rythme ambigu et une tension accrue. Mais Les exceptions significatives et leur compromis au sein d’un difficultés de description proviennent aussi de la ordre rendent ainsi plus intenses la régularité dominante de la nature de leur pourtour. composition. Si Selon Robert Venturi, l’architecture moderne s’est trop représentés comme réalisations offrent soi-disant sont nés des exigences techniques de l’ossature PE R Aalto a conservé l’ordre rectangulaire de l’unité d’habitation EL N Soleure comme à Bâle, les M AR à ES A E R U Dans son immeuble de logements à Brême (fig.51), IE revenir conceptuellement, IR . ( 49 ) Maison Adams, Washington DC, H.H.Richardson, 1885 d’Henry orthogonale et du mur rideau produits en série. pour IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R longtemps limité aux formes rectangulaires rigides, qui A- subtil compromis entre l’ordre et la situation, l’extérieur et les des des projets volumes se trouvaient opaques, perceptions elles leurs plus ambigües. A la pharmacie de Bâle, la disposition de .(50) Immeuble à Soleure, Herzog & de Meuron, 19932000 la façade constituée d’une enveloppe de plaques de verre sérigraphie lui confère un moirage certain, flouttant ses limites et accentuant sa profondeur. A Laufen, c’est la pliure du vitrage des façades qui verticales d’appartements, mais il a implanté les refends en fragmente et multiplie les reflets. diagonale de manière à orienter l’unité d’habitation vers le Sud, “ I believe the appearance of the work is secondary N AL E SU de base de Le Corbusier, et en a fait le motif de ses bandes AT IO la lumière et la vue. primary importance.”1 N Il arrive ainsi à maintenir un ordre rectiligne et une certaine to the idea of the work, which makes the idea of 120 En comparant le Seagram building de Mies et Johnson EC O LE régularité dans un espace lui déformé. 1 Sol Lewitt n°15 of his 100 sentences on Conceptual Art, New York, 1969 121 Cherche forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée (fig.53) , on peut voir que, plutôt que de tenir compte des les bâtiments que Rem Koolhaas nommera «générés» contradictions dues aux diagonales de contreventement, Mies plutôt que et Johnson préfèrent exprimer une ossature rectangulaire, « une entiers as très belle dame cachant son corset » selon Kahn. qu’expérimenterons Lui au contraire exprime les obliques, mais aux dépens des suite. Par exemple, dans le projet pour le musée éléments verticaux tels que les ascenseurs et de l’espace du Schaulager (fig. 56), la forme du bâtiment est IE U de construction et de production en série, et l’oblique, aussi adapte PE lui profondément SU Corbusier R caractéristique des conditions exceptionnelles. EL N M AR et found»1 ES «dupliquant les Herzog processus & de les sites de projet Meuron par la IR R E être d’une tension entre le caractère rectiligne des techniques en IT O . ( 51 ) Immeuble d’appartements, Brême, Alvar aalto, 1959-1962 Le «conçus» A résiderait semble-t-il dans l’atteinte d’un équilibre, ou peut- D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R destiné aux usagers. Pour l’auteur, la réponse holistique Parallèlement peuvent aussi être remarqués A- au projet de Kahn pour un immeuble de bureaux à Philadelphie celle d’un polygone irrégulier dont les côtés sont parallèles aux limites du terrain d’inscription du .(52) Bâtiment marketing ricola, Laufen, Herzog & de Meuron, 1998 projet. Il semble sorti de terre, comme l’image littérale de l’extrusion du sol constructible. Dans son projet pour l’extension du Whitney Museum à New York (fig.54), Koolhaas s’affranchie lui de l’automobile, en disposant de la courbe au rez-de-chaussée et bâtiment traditionnel2 et procède à une succession N AL E l’architecture de la Villa Savoye aux éxigences exceptionnelles aussi complètement de la configuration d’un AT IO en disposant un ordre suffisemment fort et souple à la maison 1 2 N pour lui permettre l’incohérence géométrique. O LE D’une autre façon, on retrouve cette oblique EC exceptionnelle dans le projet de Kahn pour la Goldenberg 122 OMA, « Urban Intervention : Dutch Parliament extension, The hague », Int.Architect n°3, vol.1 p.50, 1980 des. tirée de Jacques lucan, «Opérations contre composition - forme unitaire et interdépendance des éléments», Composition, non-composition, p.569, PPUR, Lausanne, 2009 123 Cherche forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée d’opérations faisant s’élever et se tordre la forme, et d’autre part élément de la structure, créant une série la logique économique du projet justifiant l’usage d’espace enveloppant les angles du bâtiment et évitant les « gonflant » chevauchements des façades l’une sur l’autre. français). Ainsi, lorsque l’oblique est due à des circonstances internes « Si nous ne construisions pas un bâtiment qui ne ou externes, elle est presque toujours harmonieuse : soit elle remplissait pas entièrement la zone à disposition . ( 53 ) Projet pour la City tower, Philadeplhie, Louis Kahn et Anne Tyng, 1952 R E Aalto adapte l’ordre à l’exception, Le Corbusier la juxtapose, IE U Kahn l’utilise comme outil de l’unification des parties et Wright PE R la cache ou la prend pour principe, jusqu’à ce que l’exception va alors encore AL E Venturi plus loin Définissable par l’aphorisme « take zoning as a design .(54) Projet New Whitney Museum, New York, OMA Rem Koolhaas, 2001 guideline »2, ces édifices trouvent leurs formes dans leur adaptation stricte aux règlementations de gabarits, et opposent systématiquement des après le compromis spatial, résolvant tant bien que dans sa N exigé. »1 pourtours complexes à des plans semblant courir SU devienne la règle. N M AR A ES IR […]nous ne pouvions pas satisfaire le programme D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R rapports à entretenir avec l’oblique. du zoning (prospect ou épannelage en IT O se confond dans l’ordre, soit elle domine la composition et en est le motif central. Il existerait donc plusieurs modalités de EL A- house (fig.55), où elle se trouve d’une part élément spatial AT IO compréhension des phénomènes de contradiction adaptée et mal la contradiction entre velléités spatiales et contraintes volumétriques. N étend son champ d’observation. Selon lui, ces idées peuvent O LE aussi s’appliquer à la composition et à l’analyse des villes, dont EC les programmes sont plus vastes et plus complexes que ceux 124 1 Shohei Shigematsu, « Process chronicle - Scheme A », A+U, n° 398, Tokyo, 2003. 2 Herzog & de M., Prada Aoyama Tokyo, Milan, 2003 p.88. 125 Cherche forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée Le Corbusier déclare : « Un plan procède du dedans manque pas de violentes contradictions d’échelles, de rythmes au et matériaux, sans parler de styles et des hauteurs variées des « form follows function »2. Ces présupposés modernes bâtiments qui l’entourent. considèrent donc que la forme d’un bâtiment est tandis EL »1 qu’Henry Sullivan affirme : M AR N dehors A- de bâtiments. La place Saint Marc (fig.17), par exemple, ne ES A définie par ses fonctions intérieures. Sa justification Pourtant ne dispose-t-elle pas d’un ordre spatial cohérent ?1 IR formelle peut-alors être débattue sur le terrain de D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O sa façade, clôture que l’on peut déterminer dès lors N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 55 ) Projet de la Goldenberg house, Philadelphie, Louis kahn, 1959 Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture LE 1 tout plan ne peut s’étendre à l’infini, sont tolérés. . (56) Musée du Schaulager, Bâle, Herzog & de Meuron, 2003 Une clôture comme expression du plan détermine une limite, aussi claire que le sont les intentions du capitaine du paquebot. Ici, la problématique qui nous intéresse montre une opération de renversement, celle du processus qui ne fige pas, mais génère des formes ouvertes. Il 1 devient ainsi plus adéquat s’arrêter au Le Corbusier, « Architecture, l’illusion des plans », 2 », pp. 53-59, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999 considered », Lippincott’s Magazin, 1896 O de Vers une Architecture, Paris, 1923. de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 7 « la contradiction adaptée EC 126 que les idées que toute fonction a une fin et que Louis H. Sullivan, « The tall office artistically 127 Cherche forme cherchante VA L LE E La contradiction adaptée A- pourtour de l’architecture, limite floue et ambigüe, N EL dans sa possible contradiction objective avec un M AR site et dans sa capacité à se plier aux différentes contraintes du contexte. Le pourtour n’ayant plus A tolèrer ES à l’adaptation, la contradiction lui IT O IR prééxistant toujours, ne devient-il pas le drapeau D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R blanc de l’architecte face à l’envahisseur contexte? cherche lui aussi à explorer des situations où le .(58) Hyper Neuron Continuum, Singapore, Toyo Ito, 2001-2002 développement découverte initialement d’un de processus conduirait situations de imprévisibles1. Pour à la contradiction le projet de l’Hyper Neuron (fig. 58) Continuum, son «rhizome» ne cherche-t-il pas à se déjouer de la cohérence établie de l’ordre spatial et à explorer un équilibre formel plus vif et complexe ? EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 57 ) Place SAint Marc, Venise, Italie A l’échelle de la conception d’une ville, Toyo Ito 128 1 Description tirée de Jacques Lucan, « Processus de croissance contre procédures de composition », Matières n°8, Croissance, PPUR, Lausanne, 2006 129 Cherche forme cherchante D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La contradiction adaptée . North Penn visiting nurses association, visiting nurses association, Venturi et Short, 1960 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Venturi et Short, 1960 . North Penn 130 131 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O s’ils se mettent à bien tourner, peuvent tous se changer en bonheur. » citation extraite de Sophocle, Œdipe-Roi, prologue EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Créon (à Œdipe). - « Heureuse. Crois-moi, même les ennuis, 132 133 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R La contradiction juxtaposée EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E traitements de choc, violences et sur-contiguïtés Le charisme du balafré beautés erronées, défigurées, trahies E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « ..., la contradiction juxtaposée, elle, implique un traitement de choc. » Robert Venturi, « La contradiction juxtaposée », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999, p. 60 136 137 Le charisme du balafré D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La contradiction juxtaposée . ( 59 ) Villa Palomba, Torre del greco, 1765 l’on pose son regard sur un édifice E L orsque R IE U architectural, il arrive parfois qu’un certain dérangement de logements à Sargans, Peter Märkli, 1986 Etant maintenant totalement décomplexés quant à l’appréhension formelle de la contradiction franche d’observer. Qu’ils soient issus d’une confrontation explicite de porter la question en amont de la résultante entre deux éléments architecturaux disparates, ou d’une formelle superposition plus implicite mettant en crise la conception sur certaines approches et certains procédés de N AL E SU PE R s’installe dans la compréhension de ce que l’on est en train en de architecture, ces il convient contradictions et de peut-être s’arrêter conception du projet desquelles la contradiction ne pertinence ou de la légitimité de ces accidents. découlerait plus : elle se trouverait à l’origine LE N AT IO même d’un projet, il est toujours assez difficile de juger de la O La confrontation avec l’erreur étant généralement assez indigeste EC pour l’architecte, Robert Venturi tente ici de nous offrir un 138 .(60) Immeuble même du développement du projet. La question de la beauté comme celle d’un projet 139 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée ayant atteint un niveau d’accomplissement et de nomme la « contradiction juxtaposée ». complétude à la hauteur des nombreuses complexités EL A- outil de lecture visant à mieux comprendre ce phénomène qu’il M AR N qui jalonnent le parcours de sa conception peut-elle alors résider dans le rapport qu’elle entretient Si la « contradiction adaptée » correspond au avec implique un traitement plus violent. La villa Palomba (fig.59) en l’erreur ? Y’a-t-il une « Beauty through Mistakes »1 est un flagrant exemple : elle juxtapose les contrastes. La position et surtout, de quelles façons peut-elle se trouver transperçant les panneaux extérieurs, répond aux besoins de E R U IE PE R entretiennent des relations absolument contradictoires. Ces La conception peut-elle créer ES Ahmenabad, Le Corbusier, 1954 dispositions des pilastres : l’ordre intérieur et l’ordre extérieur ? IR . ( 61 ) Palais des filateurs, l’intérieur. Les fenêtres se heurtent donc violemment à les l’erreur IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R des fenêtres, qui ne tient pas compte du rythme des baies en A traitement en douceur, la « contradiction juxtaposée », elle, légitimement malmenée ? Partons peut-être de l’étude du travail d’un architecte, Peter Märkli, qui aux .(62) Ambassade des Pays-Bas, Berlin, OMA Rem Koolhaas, 2003 yeux de beaucoup de ses pairs a développé une vraie recherche sur la beauté dans son achèvement au travers des erreurs. rythmes, des orientations ou des voisinages et surtout dans la (fig.60), construit en 1986, l’architecte semble ne superposition d’éléments variés : la surcontiguïté. cesser de jouer de la contradiction et de l’imprévu. N AL E SU rapports deviennent alors évident dans la discordance des Il sous-dimensionne chambres et cuisines, à leur AT IO La surcontiguité est la superposition d’éléments variés. Elle Dans son immeuble de logements à Sargans N inclut plutôt qu’elle n’exclut et peut : réunir des éléments O LE contradictoires par ailleurs inconciliables, comprendre des EC oppositions à l’intérieur d’un tout, permettre une multitude 140 1 Andrea Zanderigo, “ Beauty and Mistakes in the early work of Peter Märkli ”, San Rocco n°3 – Mistakes, hiver 2011, Milan 141 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée surface minimum, offrant aux appartements d’immenses changeant, se manifester de manières diverses. De la séjours, surcontiguïté peut naître une vraie richesse. traditionnel d’espace de distribution. EL éludant de cette manière le besoin M AR N et A- de niveaux de signification puisqu’elle englobe des contextes Mais la réelle défiguration réside dans l’expression extérieure du bâtiment. Märkli use de l’opposition (fig.61) fournit un des rares exemples de contradictions entre un socle de béton massif et muet auquel se juxtaposées en architecture moderne. Dans l’importante superpose que rompent violemment l’espace vide de l’entrée, la rampe ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R façade Sud, le dessin répétitif des brise-soleil crée un rythme A Le palais des filateurs de Le Corbusier à Ahmenabad . ( 63 ) Cathédrale de Gloucester, Abbot Serlo, 1089-1130 R E et les escaliers. Ces derniers éléments, des diagonales variées, IE U créent de violentes juxtapositions sur le côté, et de violentes PE R surcontiguïtés sur la façade dans leurs rapports avec les divisions brusquement une façade visuellement beaucoup plus évidée. Pourtant fait du même matériau que son soubassement, le désaxement hasardeux des .(64) Kunsthal, Rotterdam, OMA Rem Koolhaas,1992 piliers confère à cet écran un détachement quant à son expression structurelle, alors que la présence du joint creux systématiquement apparent entre les éléments des loggias suggère un usage tectonique de à savon du bâtiment. La juxtaposition des diagonales et des l’empilement de ces éléments, et donc une raison perpendiculaires créent aussi des orientations contradictoires: structurelle. Se retrouvant dans nombre de ses N AL E SU rectangulaires et statiques des étages à l’intérieur de la boîte AT IO la rencontre de la rampe et des escaliers n’est que légèrement être pour lui un véritable outil de provocation et O LE N hasardeux superposé à une apparente simplicité semble modification du rythme des éléments sur cette partie de la façade. EC La surcontiguïté peut aussi apparaitre là où les éléments 142 réalisations, cet usage de la création de l’écran adoucie par l’espace vide exceptionnellement large et par la de distorsion de la perception. 143 Le Ainsi, existe-t-il un « système » compositionnel au en contact visuel. C’est la méthode de l’architecture gothique sein duquel les désaxements étranges, les violentes et de l’architecture de la Renaissance. Les murs de la nef des comme cathédrales gothiques contiennent des arcades d’ordres et de apparentes et les proportions hasardeuses jouent un dimensions différentes. Les fûts et les nervures, les lignes rôle essentiel dans la définition du projet ? d’assise, et les arcs qui constituent ces arcades se pénètrent et se Plus d’orientation : l’énorme arc-boutant incliné traverse, à l’intérieur PE R le Corbusier (fig. 65), la salle conique de l’assemblée coincée inconsistances M AR les A ES IR E R U Dans le palais des deux assemblées à Chandigarh de IE asymétries, clairement, existe-t-il une approche qui IT O . ( 65 ) Palais des deux assemblées, Chandigarh, Le Corbusier, 1955 du mur du transept, l’ordonnance délicate des arcades. subtiles légitime l’accident, l’incongruité et la rencontre D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R (fig.63), la surcontiguïté est contradictoire d’échelle et N EL A- superposés se touchent réellement au lieu d’être uniquement superposent les uns aux autres. A la cathédrale de Gloucester inattendue, et fasse du projet un beau laidron ? La réponse est NON [compositionnelle], .(66) Projet pour l’ecole centrale de Saclay, OMA Rem Koolhaas, 2012 surement spoiler par le déroulement plus rapide du texte que des figures dans cet article, et réside peut-être dans la production de l’empêcheur de tourner en rond n°1, Rem Koolhaas et son Office for les trois directions d’un caractère très violent. Metropolitan Architecture. métro aérien américain du dix-neuvième N Le AL E SU dans la trame rectangulaire représente une surcontiguïté dans AT IO siècle, superposé à la rue, était une anticipation de la ville En effet, Smithson avec Peter Sigmond pour leur projet de Berlin « O LE N ouvrage EC en architecturale à plusieurs niveaux comme l’on imaginé Allison et Peter (fig. 69) : ils proposaient une ville à plusieurs niveaux avec des 144 charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée la se confrontant ultérieure Delirious congestion New est à York, la à la production l’écriture où il condition de son établit que sine qua non pour qu’il y ait la ville » et qu’elle est « la 145 Le condition de base de la culture moderne »1, il Dans cette sorte de superposition le degré de séparation varie semble opportun de penser que Koolhaas offre au entre la superposition changeante, presque occasionnelle, de paysage contemporain une des premières clés quant à formes très séparées dans l’espace, et l’interpénétration de l’acceptation de l’esthétique de la juxtaposition et superpositions dans le même plan. de la contradiction. Les surcontiguïtés, à ce degré intermédiaire, sont en rapport S’affranchissant de la composition, il met en cause étroits mais ne se touchent pas, comme s’il s’agissait d’une les simples évènements de collages et de collisions IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R moderne. ES A M AR N EL A- voies à grande circulation surélevées au-dessus du trafic local. doublure qui n’adhérait pas. Elles sont rares aussi en architecture . ( 67 ) Three Flags, New York, Jasper Johns, 1958 E La combinaison, faite par Thomas Jefferson à R IE U l’université de Virginie (fig. 71), de colonnes de tailles différentes PE R contredit le principe qui veut qu’à chaque taille correspond un AL E Les divers éléments structurels qui entourent la grande N SU type de structure. AT IO porte de la Porta Pia de Michel-Ange (fig.73) sont superposés N autant comme ornement que comme structure. On trouve là O LE une multitude de surcontiguïtés, redondantes et emphatiques, EC d’un type d’ornement qui est « proche » de la structure. Les 146 charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée architecturales et propose de rassembler tous ces éléments hétérogènes dans un nouveau scénario, .(68) IIT Mc Cormick Tribune Student Center, Chicago, OMA Rem Koolhaas, 1997-2003 infléchissant2 chacune des nouvelles interventions en fonction de l’existant: une congestion d’éléments de programmes disparates contenus dans un volume unique. Pour ainsi dire, met-il en place un processus de conception où l’unique issue semble ne pouvoir être qu’une confrontation violente et sans articulation, entre les diverses parties du programme, et entre 1 Rem Koolhaas, New York Délire, Paris, 1978 2 Description tirée de de Jacques Lucan, «Processus et programme contre composition - Rem Koolhaas», Composition, noncomposition, PPUR, Lausanne, 2009 147 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée la limite du bâtiment et ses tripes congestionnées, par un ornement rustique. Sur cet ornement, on a superposé d’où découlerait naturellement une expression brute des pilastres qui, en outre, délimitent les côtés de la porte et et contredite du bâtiment ? qui, avec les consoles à volutes du dessus, portent le lourd et complexe fronton. L’importance de cette ouverture dans le mur Berlin (fig.62) représente bien cette idée de la porteur est accentuée par des juxtapositions supplémentaires. juxtaposition contredite des bandes de programme avec Le fronton incliné protège le bloc rectangulaire de l’inscription le pourtour du bâtiment. Remplissant le périmètre du s’oppose à la courbe semi-circulaire de l’arc de décharge. L’arc EL N E R IE U le linteau horizontal qui, à son tour, décharge l’arc surbaissé PE R en prolongement de l’ornement rustique. Des consoles ou M AR A ES IR . ( 69 ) Projet Berlin Hauptstadt, Allison & Peter Smithson and Peter Sigmond 1958 est à l’origine d’une série d’éléments surabondants, y compris Le projet de l’ambassade des Pays-Bas à IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R et le segment concave de la guirlande sculptée qui, à son tour, A- arêtes vulnérables de l’ouverture sont protégées sur les côtés bloc, le bâtiment trouve son organisation interne issue de l’accumulation des divers programmes autour d’un unique élément de distribution continu, .(70) Projet serpentant au sein du volume, « le mur de Berlin »1 nouvelle de néerlandais. pour la ville Melun-Sénart, OMA Rem Koolhaas, 1987 Elément fondateur du projet, ce couloir devient tournesol et attiré par la lumière du dehors, il vient percuter la façade de plein fouet, ne lui laissant ainsi aucune chance de retour à la vie ordinaire. A la Kunsthal de Rotterdam (fig.64), retrouve cette brutale juxtaposition entre éléments. Le collage entre les inclinaisons de les différentes leurs plans fonctions, respectifs2 dans la [dé]construction des espaces, offrent au diagonales des angles supérieurs de l’ouverture. La clef de voûte En somme, un paysage de familles recomposées. aux dimensions exagérées est superposée à l’arc surbaissé, au N AL E SU visiteur une symphonie de collisions. IO AT et l’attribution d’une vaste collection de matériaux encorbellements, qui diminuent la portée, sont suggérés par les linteau, au tympan et à l’arc. on réitère Pour le campus de Saclay (fig. 66), Koolhaas son expérience de défiguration. Projet N Dans leurs relations complexes ces éléments sont, à des degrés O LE variés, à la fois porteurs et décoratifs, souvent surabondant et EC quelquefois archaïques. Dans cette combinaison où l’on trouve, 148 1 Référence de Rem Koolhaas lors du concours 2 Description tirée de Rafael Moneo, Theoritical Anxiety and design Strategies, Barcelone, 2004 149 Le presque sur un pied d’égalité, horizontales et verticales, ils architectural rappellent les cadres violemment superposés de Sullivan autour ses échelles par la juxtaposition violente d’une de l’œil de bœuf du bâtiment en forme de boîte à savon de la grille avec le site. Mais, peut-être aux vues de la Merchant’s National Bank à Grinnell (fig.81). création d’une certaine histoire immédiate dans un A- urbain, il est défini à charisme du balafré toutes M AR N EL et VA L LE E La contradiction juxtaposée A la Eastbury house de Sir John Vanburgh (fig.75), les brutalement par une diagonale créant une succession IR ES A lieu qui n’en dispose pas, celle-ci est contredite créent une tension étrange qui n’est pas sans rappeler celle d’accidents de proportions et semblant conférer à D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R que les fenêtres à arcades auxquelles elles sont superposées, IT O gigantesques ouvertures à arcades, ayant les mêmes proportions . ( 71 ) Université de Virginie, Thomas Jefferson, 1817 R E qu’exploite Jasper John dans ses peintures de drapeaux IE U superposés : « Three flags » (fig.67). PE R Les arcades romanes de la cathédrale de Lucca (fig.77) sont ces géométries pourtant orthogonales une mémoire de l’erreur. On observe aussi ce phénomène .(72) Extension de l’usine Ricola, Laufen, Herzog & de Meuron, 1986-1991 de l’accident géométrique au IIT Mc Cormick Center de Chicago (fig.68). S’installant dans la grille urbaine définie par Mies Van der Rohe en 1940, le projet oppose l’acte du remplissage moderne cartésien de la contradictoire. La grande dimension publique et l’ordre rigide parcelle à la décision objective de laisser exister de l’extérieur s’opposent avec éclat à la petite dimension privée les parcours étudiants préétablis et traversant le LE Des directions juxtaposées créent des rythmes O N AT IO N AL E SU toutes non-engagées et superposées à des fenêtres au dessin des motifs requise à l’intérieur. EC complexes et contradictoires. Dans une certaine architecture 150 toutes site. Une fois de plus les obliques se juxtaposent et créent des une figures dissonance puissante parallélépipédiques entre du le contexte fond et 151 Le l’intérieur du projet, étrangement signée de la contiennent des rythmes en contrepoint. pointe de son épée. des EL moderne, juxtapositions N architecture M AR En A- anonyme italienne ( fig.79 ) des arcades adjacentes contradictoires immédiatement adjacents, sont même plus rares que les nouvelle de Melun-Sénart (fig.70), Koolhaas contrôle surcontiguïtés. On peut voir un tel emploi de la dimension dans le vide et « livre le reste au chaos »1. En opposant Rome. Il est significatif que ce soit dans des formes non- ES IR IT O des « bandes » vides, dessinant comme un idéogramme D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R (fig.83) et de son socle dans la cour du musée du Capitole à . ( 73 ) Porta Pia, Rome, Michel-Ange, 1561-1565 R E architecturales qu’apparaissent de nos jours de tels contrastes Toutes ces « contradictions » juxtaposées engendrent SU PE R IE U d’échelle. Lors du projet de concours pour la ville A contradictoires de dimensions, englobant les éléments juxtaposition accidentelle de la tête colossale de Constantin « chinois »2 et des « interbandes » constituants les îlots pleins, l’architecte taillade ce paysage .(74) Küppersmühle Museum, Duisburg, Herzog & de Meuron, 1997-1999 urbain matériel en lui opposant sans compromis son antimatière. Le rapport de l’opposition entre figure et fond semble ainsi être un outil légitimant l’orientation vers la contradiction juxtaposée. Est-ce d’éléments différentes dans nos villes, mais c’est en général nous aimons tant les balafrés de Koolhaas ? Ces N AL E une forte tension. On rencontre parfois cette juxtaposition O préexistants (fig.85). d’autoroutes N juxtaposition et de bâtiments LE l’archaïque AT IO l’effet du hasard plutôt que d’une volonté consciente, comme EC Certains urbanistes cependant sont maintenant plus enclins 152 charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée par empathie pour les « freaks » que projets sacrifiant leur image pour la science nous 1 in Rem Koolhaas & Bruce Mau, S,M,L,XL, New York, 1995 2 descritpion tirée de Jacques Lucan, «Processus et programme contre composition - Rem Koolhaas», Composition, noncomposition, PPUR, Lausanne, 2009 153 Le en zones et à permettre des proximités violentes dans leurs gueules cassées des tranchées ? projets, du moins en théorie, que ne le sont les architectes à l’intérieur de leurs bâtiments : peut-être la route s’entrouvre lors de gestes architecturaux plus anodins. -t-elle pour un hollandais jamais trop prolixe et la création de Par exemple, pour l’extension de l’usine Ricola de nouveaux contextes par l’association d’éléments complexes et Laufen (fig.72), Herzog et de Meuron superposent U EL N M AR A ES R E . ( 75 ) Eastbury house, Southampton, Sir John Vanburgh 1718-1738 IE terrifiantes IR D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R littéralement R et Mais ces petits monstres surgissent aussi IT O contradictoire ?1 PE A- rappellent-ils SU charismatiques charisme du balafré à mettre en question la prolixité de l’orthodoxe découpage avec celui une partie existant. du Bien nouveau que IO le rythme des baies existantes auquel ils viennent .(76) Projet du Neubau Gesamtschule Nippes, E2a, Cologne, 2012 juxtaposer les poteaux supportant l’étage haut, les architectes dénaturent l’humble bâtiment raisonné de l’usine, qui devra lui retrouver son identité formelle, enjambé à jamais d’un édicule parasite. Si nous restons dans l’étude des parasites, après le lychen c’est peut-être le ténia qu’il faut chercher à trouver : l’existence du corps préalable à la contradiction est alors nécessaire. N AT bâtiment récupérant N AL E les VA L LE E La contradiction juxtaposée Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la LE 1 O lecture de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 8 « la contradiction EC juxtaposée », pp. 60-70, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999 154 La préexiste manufacture au musée de Küppersmühle la collection (fig.74) Grothe, et 155 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée entrailles fenêtres à du linteau grand en bâtiment. berceau L’ordre préexiste à M AR des les N dans EL A- pourtant cette dernière s’installe sans gêne aucune l’opération de Herzog et de Meuron, et pourtant brusquement A juxtaposent-ils ES lui un nouvel ordre IT O IR de longues fenêtres en bandes verticales. Mais il D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R faut savoir souffrir pour être beau, le phasage EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 77 ) Duomo di Lucca, Toscane, xi e-xiii e 156 avec une époque se jouant parfois au bistouri… Il existe aussi le geste de l’erreur, par .(78) Chambre de commerce Flandres, Kortrijk, Office KGDVS, 2008-2010 des exemple visible chez eckert eckert architekten pour leur projet du Neubau Gesamtschule Nippes (fig.76), qui, décalant un élément du projet géographiquement (ici la double volontairement pente une du toit), sur-contigüité engendrent violente entre un ordre de grandes loggias rectangulaires et une géométrie triangulaire. Oups ! Je crois qu’on a mis le toit au rez-de-chaussée. Dans la petite dissonance, on pourrait observer aussi le phénomène ambigu du léger décalage, 157 Le moindre mais charisme du balafré conceptuellement A- perceptiblement VA L LE E La contradiction juxtaposée EL manifeste. Que cherchent les architectes d’Office M AR N KGDVS à Kortrijk (fig.78) lorsqu’ils désaxent la trame A structurelle des poteaux au second plan par rapport ES à celle des montants de menuiserie, le bâtiment dans IR sa globalité semblant lui chercher à atteindre une D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O expression claire, presque exhibitionniste de la . ( 79 ) Architecture anonyme EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E italienne 158 syntaxe de tout ce qui le constitue ? Mais l’expression de la contradiction .(80) New MoMa, New York, Sanaa, 2007 juxtaposée plus contemporaine semble aussi résider dans un phénomène plus immédiatement perceptible. Peut-être celui de la juxtaposition littérale non plus des parties et éléments du projet, mais de celles de formes, images elles-mêmes représentant un objet à part-entière. Une procédure d’« empilement » de boîtes ou de types architecturaux. du Sûrement en référence aux règles du droit ciel New Yorkais, les architectes de SANAA pour leur projet du new MoMa (fig.80) jouent du 159 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée EL A- retrait successif des façades au fur et à mesure N de l’élévation des niveaux. Mais au-delà de l’usage M AR du retrait traditionnel, ils usent aussi du débord et superposent des boîtes dont les géométries ES A ne coïncident plus de niveaux en niveaux. Cette IR décision fragmente alors la perception de l’unité D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O volumétrique, qui ne réside plus dans les liens EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 81 ) Merchant’s National bank, Grinnell, Louis H. Sullivan, 1914 160 qui unissent les parties mais inversement dans la tension issue de leur décalage. Ils juxtaposent .(82) Shenzhen Stock Exchange, OMA, 2006 alors à cette façade géométriquement déséquilibrée une enveloppe continue, uniforme et mono-matière dont le rapport entretenu avec les boîtes empilées produit une mise en tension contradictoire. Cette procédure d’empilement peut se retrouver aussi dans trois projets que l’on peut considérer à la fois semblables et dissemblables à différents degrés de lecture. Le premier serait le projet pour le Shenzhen Stock Exchange de l’OMA (fig.82). Dans un entretien à 161 Le charisme du balafré VA L LE E La contradiction juxtaposée EL N explique : A- propos du bâtiment, Michael Kokora, associé à l’OMA, M AR « Pendant des millénaires, la construction a reposé A sur une base solide, c’est une image qui a survécu à ES la modernité [il faut alors oublier la villa Savoye, IT O IR mais enfin..]. En règle générale, les soubassements D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R expriment une structure avec force et se connectent . ( 83 ) Tëte de Constantin, cour du musée du L’essence même de la bourse est la spéculation: elle .(84) Projet Peruri 88, Jakarta, Mvrdv, 2012 est basée sur le capital, et non pas la gravité. Dans le cas du stock market presque virtuel de Shenzhen le rôle du symbolisme dépasse celui du programme - il s’agit d’un bâtiment qui doit représenter le marché boursier, plus que physiquement l’accueillir. Ce n’est pas une arène de négociation avec des bureaux, mais un bureau avec des organes virtuels qui suggèrent et illustrent le processus du marché. Tous EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Capitole, Rome à la masse visuelle du bâtiment, à la stabilité. 162 ces facteurs suggèrent une invention architecturale: notre projet est un bâtiment avec une base flottante. 163 Le si elle était soulevée par charisme du balafré l’euphorie EL A- Comme VA L LE E La contradiction juxtaposée spéculative même qui anime le marché, l’ancienne M AR N base s’est glissée le long de la tour afin de devenir podium de la spéculation. » Ainsi ce bâtiment peut- ES A il être considéré comme un « canard » Venturien, IR où l’opposition frontale de deux géométries, le D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O détachement leur base et leur juxtaposition entre verticalité et horizontalité deviennent les expressions métaphoriques d’un monde où de nouvelles .(86) Vitra Haus, Weil am Rhein,Herzog & de Meuron, 2006-2009 forces sont en jeu. Derrière la forme réside encore le symbole. En opposition, prenons le projet de ville verticale Peruri 88 (fig.84) imaginé à Jakarta par Winy Maas et MVRDV. Ici le projet semble résider dans la prouesse constructive nécessitée par l’empilement EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 85 ) Autoroutes, Los Angeles de 164 littéral de plusieurs simili-bâtiments, chacun devenant successivement œuvre puis socle. Le concept avancé par les architectes est le suivant: « associer les nécessités d’espace vert de Jakarta 165 charisme du balafré VA L LE E Le A- des densités plus élevées, tout en respectant les N EL typologies du tissu urbain actuel »1. Respecter les M AR typologies environnantes se trouverait donc dans la création d’un bâtiment mutant à l’image de tout et ES A donc de rien (cf. logements d’Edouard François à IT O IR Champigny). L’image est forte et surprenante mais sa rappeler que « la pensée, avant d’être oeuvre, doitêtre trajet »2. On perd le symbole. Enfin, arrêtons nous sur un dernier manifeste de l’empilement, la VitraHaus (fig.86) d’Herzog & de Meuron. L’inspiration du projet est « une maison type qui est très commune dans la région – la maison archétypique avec une toiture à pignons », comme citée dans l’opuscule publicitaire « Welcome to the Vitra Campus ». Mais la substance du discours réside ici dans la gestuelle de l’empilement et non dans l’évocation d’un concept réellement problématisé. L’idée ne tient plus dans la juxtaposition d’éléments distincts et dans la recherche de la contradiction mais dans la démultiplication aléatoire d’un « archétype », sa superposition et l’effet de surprise qui en résulte. « L’architecture ainsi offerte est rétinienne. Elle ne cherche pas à manifester un décalage qu’elle pourrait opérer par rapport à des dispositifs déjà connus. Elle est auto-suffisante et son langage est EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R légitimité et son intérêt sont discutables. Faut-il 166 1 Entretien avec Rodrigo Frey pour le site archdaily 2 Henri Michaux, citation extraite de Alain Farel, Architecture et complexité,1991, Marseille 167 E LE charisme du balafré VA L Le A- comme spontané. Allons plus loin : elle est sans N EL mémoire »1. Est-ce la trahison du symbole? M AR Bien loin des énigmatiques balafrés de Koolhaas ou ES A des dérangeants parasites des jeunes Herzog & de IT O IR Meuron, ces bâtiments « cartes postales », à force marteler leurs gesticulations conceptuelles semblent n’avoir conservé que le corps des grands projets. « Mistakes imply the existence of a story that we would like to hear »2. « J’appellerai architecte celui qui, avec une raison et une règle merveilleuse et précise, sait premièrement diviser les choses avec son esprit et son intelligence, et secondement comment assembler avec justesse, au cours du travail de construction, tous ces matériaux qui par les mouvements des poids, la réunion et l’entassement des corps, peuvent servir efficacement et dignement les besoins de l’homme. Et dans l’accomplissement de cette tâche, il aura besoin du savoir le plus choisi et le plus raffiné. »3 Peut-être faudrait-il dépoussiérer cette jolie maxime ? EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R de 168 1 Descritpion tirée de Jacques Lucan, «Agglutinations, empilements, tressages, etc...», Matières n°10, Diversité d’approches, PPUR, Lausanne, 2012 2 Kersten Geers, éditorial du San Rocco n°3 - Mistakes, Milan, hiver 2011 3 Leon Battista Alberti, de Re Aedificatoria, 1450 169 Le charisme du balafré D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La contradiction juxtaposée . Projet de concours pour la de concours pour la Copley Square, Boston,Venturi et Rauch,Clark et Jones, 1966 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Copley Square, Boston, Venturi et Rauch, Clark et Jones, 1966 .Projet 170 171 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O to bad music; but you cannot miss the ugly tower block opposite your house » Renzo Piano, discours de remerciement du Pritzker Price, 1998 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « You can put down a bad book; you can avoid listening 172 173 LE O EC AL E N IO AT N PE SU le mur, théâtre de l’affrontement ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R L’intérieur et l’extérieur Noir sur blanc tout fout le camp stratégies et mythologies du vide A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « ..., il y a d’autres excellents moyens pour distinguer et relier l’espace intérieur et extérieur, qui sont étrangers à notre architecture récente. » Robert Venturi, « L’intérieur et l’extérieur », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999, p. 72 176 177 Noir sur blanc tout fout le camp D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’intérieur et l’extérieur . ( 87 ) Château Marly, Jules HardouinMansart, Robert de Cotte, 1679-1684 de E L e contraste entre l’intérieur et l’extérieur peut être IE U une manifestation majeure de la contradiction en architecture. bibliothèque Nationale de France, OMA, Rem Koolhaas, 1989 « Le rendu. Le poché. — Un plan contient avant tout la section des murs à environ 1m du sol. continuité entre les deux : l’intérieur doit s’exprimer à l’extérieur. l’expression de saillie ou de relief des murs par Selon Aldo Van Eyck , « L’architecture devrait être conçue rapport au sol (ou au plafond, auquel cas on suppose comme un assemblage d’espaces intermédiaires clairement la partie supérieure de l’édifice sectionné vue par IO N AL E SU PE R Une orthodoxie puissante du XXe siècle exige qu’il y ait Il est donc nécessaire de rendre tangible dessous). C’est pour cette raison que l’on teinte contemporaine (disons la maladie) de la continuité spatiale, les sections des murs. On appelle cela le poché. LE N AT délimités. Cela signifie une rupture avec la conception O et avec la tendance à effacer toute articulation entre les EC espaces, c’est-à-dire entre l’intérieur et l’extérieur, entre un 178 pour la R .(88) Projet On peut pocher dans une teinte quelconque (gris, vert, rouge, jaune, noir, etc…), le choix dépendant 179 sur blanc tout fout le camp du caractère expressif du programme et aussi du cela, la transition doit être articulée en utilisant des espaces tempérament et du gout personnel. Toutefois la loi intercalaires bien définis permettant de prendre simultanément des couleurs joue. C’est ainsi que le poché noir, conscience de ce qui caractérise chaque côté. Dans cette brillant ou mat, précise durement et monumentalise. optique un espace intercalaire fournit le terrain commun grâce On remarquera que les plans dits d’exécution (plans auquel des extrêmes incompatibles peuvent encore devenir des de chantier), ne sont pas pochés. C’est donc bien un phénomènes jumeaux. » procédé de présentation. »1 La complexité révélée par la coupe du Château de Marly (fig.87), est une concession qui permet l’éclairage et le confort intérieurs. Parce qu’elle n’est pas exprimée à l’extérieure, la luminosité intérieure est surprenante. A la maison Louis Carré d’ Aalto (fig.89), on observe que la stricte enveloppe du toit et des murs englobe des volumes complexes et des niveaux multiples. Elle contredit les volumes intérieurs qu’elle recouvre. Les séries de murs du temple d’Horus à Efdou (fig.91) forment des couches successives indépendantes. Les couches extérieures rehaussent les espaces clos intérieurs en leur conférant le EL N M AR A ES IR IT O R E caractère de volume protégé et mystérieux. Ils ressemblent D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R espaces aussi bien que de bons espaces ». A- espace et un autre, entre une réalité et une autre. Au lieu de Pour Louis Kahn, un bâtiment « devrait comprendre de mauvais IE U d’ailleurs aux séries de fortifications qui entourent les châteaux PE Dans la chapelle Sforza de Michel Ange à Santa Maria SU R médiévaux. Cette définition « beaux-arts » du poché en architecture réduirait donc l’usage de ce procédé à celui d’un outil de représentation, a posteriori de la conception même du projet. Un poché en deçà de la conceptualisation. Pourtant, il semblerait que certains architectes aient fait du feutre noir une arme de prédilection quant à la défense de l’espace vide opprimé. Entre ses deux seins, pardon, entre ces deux lignes, on pouvait voir écrit :« like ice cream »2. Peut-être lassés du paradigme moderne orthodoxe de la continuité entre l’intérieur et l’extérieur, et de sa traduction par la disparition quasi-systématique du mur maçonné comme dernière épreuve architectural entre un dedans et un dehors, certains architectes semblent aujourd’hui ne plus vouloir jouer la politique de la transparence. En effet, on comprend qu’il peut sembler hypocrite d’un espace rectangulaire et d’un espace courbe et en coupe, d’affirmer ici que le mariage pour tous peut trouver des voûtes en tonnelle, des coupoles et des niches voûtées, sa traduction dans la construction : un environnement AT IO N AL E Maggiore (fig.93), les violentes pénétrations réciproques en plan, N créent des espaces stratifiés. Les juxtapositions ambigües de ces O LE deux sortes de forme aussi bien que le sentiment de l’intense EC concentration et de l’énorme dimension des espaces légèrement 180 Noir VA L LE E L’intérieur et l’extérieur 1 Gustave Umbdenstock, Cours d’architecture, Paris, Gauthier-Villars et Cie, 1930 2 Rem Koolhaas, cit. in AMOMA, Content, Cologne, Taschen, 2003 181 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur urbain et un espace intérieur sont deux espèces Au palais de Charles Quint à l’Alhambra de Grenade d’espaces, et l’on ne marie pas chien et chat (encore (fig.95), la cour est une dominante parce qu’elle est grande et que…). Peut-être certains sont-ils arrivés à la que sa forme contredit la forme du périmètre du bâtiment. Elle compréhension du fait que, pour le bien-être de tout constitue l’espace principal, les pièces du palais sont des espaces un chacun, il faut parfois savoir faire taire ses secondaires. obsessions, ou du moins les conserver en son fort IR ES A M AR N EL A- incurvés donnent à l’intérieur sa force et sa tension particulière. urbaine, mais ce n’est pas seulement un phénomène urbain. intérieur : toute vérité n’est pas bonne à dire. Ne D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R et l’extérieur est une caractéristique essentielle de l’architecture IT O Une contradiction ou tout du moins un contrase entre l’intérieur . ( 89 ) Maison Louis Carré, Bazoches-surGuyonnes, Alvar Aalto, 1959 E Par exemple, à l’agence d’Alvar Aalto de Munnkiniemi R IE U (fig.97), on peut observer l’interaction entre les exigences SU un modèle un amphithéâtre en plein air. PE R spatiales intérieures et extérieures : l’extérieur concave modèle sommes-nous tous pas séduit par ces personnalités ambigües, contradictoires et complexes ? Fascinés .(90)Casa in Sao Bras, Aires Mateus, 2008 par ce mystérieux cœur en chocolat dont la découverte fait de cette glace une mythologie ? Et surtout l’espace intérieur n’est-il pas fatigué d’être toujours tourné en ridicule, asservi à sa vitrine, mis à nu sous la contrainte de la lanterne l’extérieur , mais aussi entre l’arrière du bâtiment et la façade. rouge ?Ainsi IO Mais dans le bâtiment isolé typique de l’architecture AT N AL E Dans l’église baroque, il y a une différence entre l’intérieur et N moderne, à l’exception de certains traitements de surface, et revenons à Rem Koolhaas, qui le premier usera du poché pour mettre en place une « stratégie du vide »1. Après son expérience de mise O LE d’écrans pare-soleil destinés à atténuer l’aspect d’enceinte close EC dans l’espace, et à mettre en évidence les différentes orientations, 182 1 Rem Koolhaas, cit. in AMOMA, Content, Cologne, Taschen, 2003 183 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur en cause de l’opposition figure/fond dans sa modalité des motifs externe d’ordre spatial.Au dix-huitième siècle c’était urbaine au projet de ville nouvelle à Melun-Sénart, également la règle. L’ingénieux hôtel particulier de Matignon l’OMA propose une « stratégie du vide II » pour à Paris (fig.99) à axe double, même dans son emplacement le concours de la bibliothèque nationale de France primitif plus ouvert, ne tenait pas compte de la différence entre (fig.88). Ici sont présentés une série de plans et les espaces extérieurs côté cour et côté jardin. de coupes où les espaces dévolus au rangement des Gerusalemme (fig.101), c’est la série de colonnes qui délimite la couche intérieure indépendante et contradictoire de l’enclos. EL N M AR A ES IR IT O Dans le vestibule de l’église de Santa Croce in livres sont noircis. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R A- les façades avants et arrières sont rarement différenciés pour . ( 91 ) Temple Efdou, -237-57 d’Horus, R E Ces supports ainsi que les coupoles au-dessus d’eux créent à IE U l’intérieur des rapports d’espace à espace. PE R Dans son plan pour la banque d’Angleterre (fig.103), Sir John Dans ce poché sont creusés des vides de diverses configurations, des formes excavées. .(92) Projet House ID, Oporto, Mesquita & Cardoso, 2012 « C’est un renversement de la relation figure-fond. Prenant le vide donc le fond comme figure,[…],il s’avéra que des espaces absolument impossibles à imaginer comme des formes construites étaient tout à et des corps de bâtiment qui composent le plan. Ainsi le mur fait réalisables si on les imaginait tout simplement périphérique unifie, à l’extérieur et par rapport à l’échelle de la comme une absence de construction. »1 N AL E SU Soane enferme par un mur la complexité irrégulière des cours Cette masse 1 Textes relevés obscure est-elle redevenue AT IO ville, les volumes complexes et contradictoires des chambres N fortes qui ont évolués au cours du temps. O LE Le mur est comme l’épreuve de l’architecte. Partout on peut EC observer des interactions entre des exigences spatiales 184 par Jacques Lucan, extrait de son article « Généalogie du poché® », Matières n°7 - Cohérences aventureuses, PPUR, Lausanne, 2004 185 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur l’articulation tant regrettée par Aldo Van Eyck entre l’extérieur, aussi bien que l’inverse, crée des tensions inévitables le pourtour d’un bâtiment, sa personne urbaine, et pouvant devenir un matériau de la pensée architecturale. ses espaces en dedans, son fort intérieur. Puisque l’intérieur est différent de l’extérieur, le mur - ligne de Pusieurs dispositifs existent alors pour jouer de partage - devient une épreuve pour l’architecte. L’architecture ce discours équivoque, de cette question du rapport apparait alors à l’intersection des forces internes et externes entretenu en plein et vide. d’utilisation et d’espace, où ces forces rencontrées sont à la fois EL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R générales et particulières, génériques et occasionnelles. A- intérieures et extérieures. Dresser un plan, de l’intérieur vers . ( 93 ) Chapelle Sforza à Santa Maria Maggiore, Rome, Michel-Ange, 1573 architectes d’Aires Mateus se trouvent confrontés à deux nécessités : s’insérer dans un paysage très .(94) House in Montecaveira, Aires Mateus, 2010 horizontal de bancelles et répondre à la volonté de leurs clients de disposer d’un paysage intérieur varié. Leur réponse réside alors dans l’usage, finalement très baroque, d’un toit épais, plat en surface, et dont les inflexions intérieures génèrent des spatialités variés. Le poché se déforme dans son N AT IO N AL E SU PE R IE U R E L’architecture devient le théâtre de cet affrontement.1 Par exemple, à la Casa Sao Bras (fig.90), les Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture LE 1 O de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 8 « L’intérieur et l’extérieur EC », pp. 53-59, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999 186 épaisseur construite. Pour le projet de la Casa ID (fig.92), le poché vient être considérer différemment. Ce n’est plus la matière que l’on retrouve noircie, mais bien 187 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur A- le bâti. En plus du bâti, les architectes noircissent EL les éléments de pots de fleurs qui jalonnent la M AR N terrasse, un jeu d’opposition figure / fond avec des carrés désaxant les parties semblant être à la base IR ES A du projet. Mais a-t-on le droit de tout pocher ? Dans leur maison à Monte Caveira (fig.94), D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O Aires Mateus jouent eux aussi du désaxement des EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 95 ) Palais de Charles Quint, Alhambra de Grenade, 1527 188 .(96) 151 logements, Lille, TVK B&P, 2011 choses. Ils opposent une figure déformée à l’extérieur à un espace central à la géométrie simple. Ce sont et ici les pièces de « service » qui jalonnent ces espaces et subissent les déformations. Le contexte est créé par les architectes. Le poché est « ouvert les réside dans les « A Lille (fig.96), les architectes de TVK et barrault&pressacco », et pièces de secondaires » espaces questionnent servants eux le ? poché comme un certain poché programmatique. Il n’y a plus dans le projet de rapport de dominance entre la périphérie réctangulaire du bâtiment et sa 189 C’est le bâti géométriquement A- intérieur EL cours Noir VA L LE E L’intérieur et l’extérieur en lui-même et sur blanc tout fout le camp plus son complexe. organisation M AR N interne qui s’infléchit et résout les contrariétés conceptuelles du projet. Le poché est programme. A confrontation IR la Pour la maison à Aroeira (fig.98), c’est ES des courbes et des lignes D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O droites en création de petites pièces qui semble . ( 97 ) Agence Aalto, Munnkiniemi, 1954-1956 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E d’alvar 190 marier les géométries, mais qui au final ne rend l’espace que plus confus. Le poché est zizanie. .(98) House in Aroeira, Aires Mateus, 2009-2010 Dans la Truffe de Garcia et Abril (fig.100), c’est le mythe de la caverne. L’abri est un rocher duquel on (ici une vache affamée) aurait excavé le noyau, un château en écosse d’une seule pierre. Le poché est tellurique. A Venise (fig.102), l’installation Radix met le poché à nu. Les architectes Aires Mateus confrontent une géométrie carrée pleine à son évidement en un intérieure vouté. Le poché est sculpture. 191 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur Ce nouveau champ d’action et de représentation A- N EL soulève alors de nombreuses questions et met en M AR crise le rôle et la forme de l’architecture au-delà IR ES A des limites qu’elle s’était elle-même posée. Cette transformation du vide à travers sa D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O considération comme « culture plus que nature »1 a EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 99 ) Hôtel de Matignon, Paris, Jean Courtonne, 1722-1724 192 engendré l’effacement de la relation hiérarchique entre l’objet et son contexte, la figure et son fond, .(100)Refuge The Truffle, Laxe, Garcia & abril, 2010 et a ainsi altéré radicalement la conceptualisation de nombreux projets, et de leur capacité à intervenir dans l’espace contemporain. Mais au-delà de cette relation, c’est peut-être la considération ellemême du poché en tant que procédé graphique sur laquelle il faudrait s’arrêter. Peut-on utiliser le poché pour montrer n’importe quoi ? 1 cit Nicolas Russi «Building context:when architecture becomes the background»,San Rocco 4–Fuck Concepts!Context! 2012 193 Noir sur blanc tout fout le camp VA L LE E L’intérieur et l’extérieur EL A- Toutefois, il apparaît toujours une difficulté dans le N rapport entre contingence, organisation intérieure M AR et forme du bâtiment. A Là encore des pistes existent, comme le ES IR projet du Taichung Opera House (fig.104) de Toyo Ito. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O Son système spatial / constructif, qui consiste en . ( 101 ) Santa croce in distendues, produit deux espaces continus, mais .(102) Radix, Biennale de Venise, Aires Mateus, 2012 séparés, non pas selon un plan de coupe, mais à la fois verticalement et horizontalement, générant deux ambiances distinctes. Ce qui signifie que le système commence à se dédoubler, à se diviser et se complexifier à l’intérieur du même organisme, et ceci sans assemblage1. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Gerusalemme, Rome, 320-1758 une membrane rattachée en divers points à deux plaques 194 1 Description de Cédric Schärer, « Géométries indexées et formes continues », Matières n°8 – Croissance, PPUR, Lausanne, 2006 195 que certains Noir sur blanc tout fout le camp noircissaient encore EL A- Alors VA L LE E L’intérieur et l’extérieur N des feuilles, c’est sûrement des tubes à essai du M AR Dr. Ito que s’apprêtait à jaillir le nouveau noir D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A sur blanc... .(104)Taichung Opera House, Toyo Ito, 2010- EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 103 ) Banque d’Angleterre, Londres, Sir John Soane, 1785 196 197 Noir sur blanc tout fout le camp D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E L’intérieur et l’extérieur .Projet en bord Robert 1959 de villa de mer, Venturi, EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . Projet de villa en bord de mer, Robert Venturi, 1959 198 199 200 LE O EC AL E N IO AT N PE SU ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. » Proverbe africain 201 A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E unité par inclusions et rapports de dominances D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R La dure obligation du tout Les trois touts puissants unité par l’intervalle, la texture, l’enveloppe E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « Une architecture fondée sur la complexité et l’ajustement ne renonce pas au tout .» Robert Venturi, « La dure obligation du tout », EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, Dunod, Paris, 1999 p.90 204 205 Les trois touts puissants D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La dure obligation du tout . ( 105 ) Holkham Hall, Holkham, Thomas Coke, 1734-1764 architecture fondée sur la complexité et E Une IE U l’ajustement ne renonce pas au tout. Le tout se doit d’être inclusif. Les parties n’expliquent pas tout le Tout. Le Tout n’implique pas le tout de chacune de ses parties. Chaque Tout est partie d’un Tout plus est le résultat, et dépasse même le résultat, de la somme de ses grand. Chaque partie est le Tout de ses parties. Le parties. L’unité à privilégier est donc celle, difficile à obtenir, Tout est plus que la somme de ses parties. Chaque par inclusion et non par exclusion. partie est plus que sa fonction au service du Tout. IO N AL E SU PE R La psychologie de la Forme considère qu’un tout perceptible de Le Tout se réfléchit dans chacune de ses parties. contradictions, aboutir à un tout est difficile aux vues des Chaque partie réfléchit le Tout. Le Tout justifie l’architecture de AT Dans complexités et LE N O insertions multiples d’éléments divers aux relations à priori EC incompatibles. En ce qui concerne le nombre des parties d’un 206 « R .(106) Musée de Kanazawa, Sanaa, 2006 chacune de ses parties. Chaque partie vivifie son Tout. Le Tout n’accomplira 207 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout sa vocation qu’en favorisant l’accomplissement des parties - sont les plus facile à lire comme des touts. vocations de ses parties. Chaque partie ne peut accomplir sa vocation propre EL A- tout, les deux extrêmes - une partie unique ou une multitude de M AR N Holkham Hall de Thomas Coke (fig.105), par exemple, manque d’unité. En effet, un ensemble très ample qu’en est obtenu en additionnant des ensembles similaires qui sont Tout.»1 toujours indépendants : chaque travée est un pavillon à fronton, qui, isolé, constituerait un bâtiment. Holkham Hall pourrait architecturale, l’un des défis majeurs du projet Une architecture de complexités et de contradiction englobe des parties en nombre parfois incommode : si le programme ou la structure impose une combinaison de deux éléments, à l’intérieur d’une des dimensions du bâtiment, l’architecture doit exploiter la dualité et la résoudre au sein d’une totalité. En architecture, on parle d’inflexion lorsque la totalité découle de l’utilisation de la nature de chaque partie, et non de leurs emplacements ou de leur nombre. En s’infléchissant vers quelque chose d’autre en dehors d’elles-mêmes, les parties incluent leurs propres liaisons avec les autres parties, et s’intègrent mieux au tout. Ce n’est plus l’élément à double R la vocation du IR ES A à Lors de tout processus de conception semble être celui d’appréhender et surtout de gérer la complexité inhérente à l’interprétation des multiples clés de lectures du contexte introjectées. L’architecte, noyé par le flux ininterrompu des percepts ambigus, doit constamment se réélaborer une méthode d’agencer de conception contingences architecturale programmatiques, afin cultures et problématiques au sein d’une seule et unique réponse formelle cohérente : la dure obligation du tout était, est, et sera toujours origine comme accomplissement du projet architectural. Nous aborderons au travers des exemples suivants, trois approches de conception du projet dont la finalité pourrait résider dans la création d’une unité. Trois résolutions qui pourraient permettre d’assoir l’hégémonie du Tout puissant. problématique, constitué de deux qu’à un ensemble complexe. Chercher de comprendre comment est généré le tout, C’est un moyen qui permet de résoudre la dualité. Au Royal comment s’y agencent les parties si parties il y en Hospital de Wren à Greenwich (fig.107), l’inflexion des coupoles a toujours. SU L’inflexion s’adapte aussi bien à l’ensemble, toujours AT IO N AL E PE générer le tout au-delà de la somme des parties. IE U de ce vers quoi il est orienté et infléchi. L’inflexion peut alors valablement IT O R E fonction mais à fonction partielle, formellement dépendant D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R presque être une suite de bâtiments. contribuant N par leur position asymétrique, résout la dualité des masses Trois Augustes qui redonneraient à l’abri 1 Marc Halévy-van Keymeulen, conférence Manifeste pour O LE énormes flanquant la Queen’s house en impliquant que le centre EC de la composition toute entière est situé dans l’espace médian. 208 l’approche systémique, Plaisians, 02.04.2003 209 Les Sur le plan de Monticello (fig.109) dessiné par Thomas « entier, pur »1 une souveraineté toute actuelle. A- trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout extrémités vers le foyer central. tout dans la mise en relation par le vide. EL Jefferson, on voit que les murs biais de clôture infléchissent les M AR N Le premier serait celui de la création du En effet, alors que les compositions classiques dominant qui se manifesterait en créant un motif uniforme et en IR depuis . ( 107 ) Royal Hospital, Greenwich, Thomas Wren, 1696-1712 E Avec les combinaisons égales, l’unité d’ensemble R IE U ne dépend pas de l’inflexion, ou des facilités de relations avec l’agrégat dominant ni de l’unité ornementale. La totalité un nouveau D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R le mur de fortification. IT O étant l’élément dominant, pourvoyant alors l’unité d’ensemble. Une surimpression unificatrice : la neige qui unifie le paysage, souvent A ont On pourrait aussi supposer de l’existence d’un agrégat ES un modelé traitement paradigme espace l’espace formel inverse objectif ce constitué en de le définissant ses limites, rapport de la un produisant combinaison d’éléments divers disposés sans axialité, dans un .(108) Moriyama House, Tokyo, Ryue Nishizawa, 2002 apparent hasard. A l’instar de formes urbaines vernaculaires ces architectures se focalisent sur relations s’obtient par symétrie, superpositions et équivalences et non in Collective plus par domination et hiérarchie. entretenir l’unité et le groupe, la partie et le AL E SU PE R les N De cette façon, au Berlin Philharmonic Hall (fig.111), on trouve AT IO une composition qui combine en nombre presque égal les multiples Form, (cf. Fumihiko préambule, Linkage Maki) peuvent que tout. Le musée de Kanazawa de Sanaa (fig.106) 1 Le Corbusier à propos de l’égide la forme pure, LE La porte de Sir John Soane au Langley Park (fig.113) O N directions des plans, des parois, murs et toits. EC se compose quant à elle de trois éléments architecturaux 210 « L’exposition de l’Ecole spéciale d’architecture», L’Esprit nouveau, n°23, mai 1924 211 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout se présente comme une collection d’éléments. Les dominant de l’élément central, ce sont les sculptures qui dans espaces d’exposition, traités selon des géométries leur inflexion unifient les trois parties. variées sont la plus pure expression du programme Si l’inflexion peut apparaitre à différentes échelles - depuis le initial. détail d’un bâtiment jusqu’au bâtiment tout entier - elle peut montre en détail chaque salle et chacune d’elle aussi contenir des degrés d’intensité différents. est M AR N EL A- absolument indépendants et non infléchis. Outre le caractère les publications, l’agence Sanaa ES A Dans sans ses voisines, ce mode de IT O IR représentée A un faible degré l’inflexion implique une sorte de continuité qui renforce l’ensemble. Une inflexion extrême devient pour ainsi dire la continuité elle-même. Dans les murs méticuleux du Machu Picchu (fig.115), le même profil se prolonge depuis le mur appareillé à joints vifs jusqu’au rocher qui le supporte. Les formes plastiques de l’architecture populaire méditerranéenne (fig.117) ont une texture simple, mais rectangles, obliques et segments de cercles y sont combinés avec une vulgarité criarde. A Santa Maria della Spina de Pise (fig.119), il semble résider une unité forte dans l’apparence du bâtiment, pourtant constitué de travées accolées « classiquement ». On observe en R E fait un troisième fronton supérieur aux deux portes qui écrase D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R représentation exprime l’indépendance des espaces IE orthogonalement, volumes sont différents, séparés par assemblés des couloirs de nature similaire. Ces vides, appréhendés comme des éléments intermédiaires identiques, assurent la cohésion de l’ensemble. Le bâtiment se définit aussi par sa limite avec l’extérieur. Une périphérie circulaire est violemment appliquée au plan. Les pièces frontalières sont alors simplement découpées. La forme circulaire est une manière de réagir par rapport à un site non orienté, les visiteurs arrivant de aussi de tout. Enfin, plusieurs relier à les directions. différentes l’habitude de Elle parties l’agence permet en un Sanaa, un blanc homogène recouvre tous les éléments assurant une cohésion matérielle et colorimétrique à l’ensemble. La circulation, traitée comme un véritable espace le château de Charleval (fig.121) est un troisième élément qui d’exposition grâce à de généreuses dimensions assume domine les deux autres, une liaison dominante pour créer pleinement son rôle de liant. l’unité d’une dualité, et évoque un procédé plus « facile » que l’inflexion pour résoudre cette même dualité. réflexion De la même façon, on peut aussi remarquer atteint N AT N AL E SU PE R Le fronton ornemental sur la façade du projet pour O LE le porche couvert de l’escalier sur la façade d’une ferme EC aux environs de Chieti (fig.123) dont la fonction, dans 212 Ces IO U leur dissociation et « domine la situation ». d’exposition. De plus, urbaine son ces à projets l’échelle paroxysme avec introduisent une architecturale qui la Moriyama house (fig.108) de Ryue Nishizawa construite en 2005. La fragmentation des volumes est maximale, l’espace ne 213 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout peut pas être plus divisé. Pourtant l’unité existe, les escaliers d’honneur, où un fronton domine les autres la tension visuelle liant tous ces volumes en un éléments et confère à l’élévation du bâtiment son unité. paysage tenu. Peut-être PE R de contrôler les éléments disparates qui la composent. Le Chaos EL N M AR E R IE U Pour Heckscher cette unité « se contente uniquement l’extérieur de sa A D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Cette . ( 109 ) Monticello, Charlottesville, Thomas Jefferson, 1769 voir IR IT O ornementale qui intéresse, mais celle qui provient de l’ordre scène théâtrale de nombreuses forces mystérieuses. de s’objectiver par rapport à un ensemble ? évidente qui découle de la liaison dominante ou de l’harmonie La composition est tendue, prônant la vitalité et la mise en fait maison depuis son intérieur est-elle une façon de Dans l’architecture de complexités, ce n’est pas l’unité complexe de la difficile totalité. le ES A- ce contexte est semblable à celle que l’on retrouve sur architecture de la distance propose des associations d’éléments de même nature sans ordre apparent liées par un vide structurant. Ce vide est .(110) markthalle wohnhochhaus, Bâle, Diener & Diener, 2012 à la base de cette architecture. Le vide est le tout. En contrepoint de cette approche usant de l’intervalle pour conférer l’unité au bâtiment, il l’impression d’unité. » la création du tout non plus par l’éclatement des AL E N IO Dans les bâtiments ou les paysages urbains ayant AT SU est très près : sa proximité et le fait qu’il soit évité renforcent N des raisons d’être complexes, l’œil ne cherche pas à être trop existe une notion, elle plus européenne, de parties mais par leur fusion en un tout insécable : ce que Jacques Lucan appellera dans son article, non sans-raison, une « spatialité texturée »1. 214 EC dans un tout. O LE rapidement ou facilement satisfait dans sa recherche de l’unité 1 Jacques Lucan, « Hypothèses pour une spatialité texturée », Matières n°9 – L’espace architectural, PPUR, L.2009 215 Les « Le peintre all-over rend tous les éléments et du rêve guindé de l’ordre pur, de la mise en crise de l’unité à la toutes les zones de son tableau équivalents en terme mode « Gestalt ». d’accentuation et d’importance, […], le peintre all- N EL A- Une des leçon du Pop art tient donc dans l’extraction M AR trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout over tisse son œuvre d’art en mailles serrées dont A Il est nécessaire de disposer d’un ordre complexe et chaque point récapitule le mode d’unité »1. ES contradictoire pour former des ensembles intégrés au cadre urbain et à son paysage quotidien, vulgaire et dédaigné.1 critique IR Tournant D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O d’art « son avantage américain architecte légitime la possible over déduit Clément » notion à « les propos du Greenberg en peintre », d’architecture il all- .(112) Projet pour le Théâtre de Visp, Herzog & de Meuron, 1984 et toile, sa de notion l’emploi du tissage tridimensionnelle, de la l’espace comme texture. Cette notion pourrait donc être une nouvelle clé de lecture quant à la qualification d’une production architecturale difficilement définissable par les outils « traditionnels » d’analyse de la composition architecturale. Si l’on en revient aux bâtiments à formes cherchantes N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 111) Philharmonie de berlin, Hans scharoun, 1963 substituant à Descriptions, analyses, affirmations et développements tirés de la lecture LE 1 1 tout », pp. 90-103, New York, 1966, éd. Dunod, Paris, 1999 1948, Art et culture, Paris, 1988, p.174 EC O de : Robert Venturi, De l’Ambiguïté en architecture, chapitre 8 « La dure obligation du 216 Clément Greenberg, « La crise du tableau à chevalet », 217 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout EL A- ou unitaires cités au chapitre du même nom, il semble N en effet être tout à fait plausible de confronter M AR l’étude du peintre à celle de l’architecte. En effet, si l’on s’arrête par exemple A ES sur le plan du Wohnhochhaus de Diener et Diener IR à Bâle (fig.110), on constate qu’il est difficile D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O d’avancer l’idée que le dessin du plan résiderait un assemblage s’agirait d’éléments d’assembler pour préétablis former un qu’il tout ou .(114) Hangar pour des machines agricoles, Orsonnens, LVPH, 2011 encore que la disposition de ces pièces est réglée par des schémas établis. Le référent typologique semble alors oblitéré, confronté à une géométrie de plan au périmètre déformé. Pourtant conventionnellement désorganisé, dans ce plan existe une cohésion puissante de tous les éléments, son contour polygonal n’offrant aucun axe de symétrie et donc aucune ligne de partage : le plan est insécable. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 113 ) Porte du Langley Park, Norfolk, Sir John Soane, 1790 dans 218 En revenant au projet d’Herzog et de Meuron pour le théâtre de Visp (fig.112), on peut constater 219 Les la solution au problème A- que VA L LE E La dure obligation du tout de la trois touts puissants disposition EL procède peut-être déjà de cette même approche. Ici M AR N ne sont pas confrontés deux logiques de disposition, une logique compositionnelle de la régularité pour ES A l’intérieur et une logique non-compositionnelle de IR l’irrégularité pour le pourtour. Le plan résulte d’un D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O découpage par des lignes qui ne cherchent pas à faire EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 115 ) Escalier, Machu Picchu 220 de figure. Il n’y a plus coexistence ou confrontation, mais bien jointure ou fusion de l’espace et du plan. .(116) Ecole de Paspels, Valerio Olgiati, 1996-1998 De la même façon, le hangar agricole de LVPH (fig.114) dispose d’un caractère insécable entre sa totalité et ses parties, d’autant plus renforcé par une matérialité uniforme générant cette « toile » spatiale. D’une autre façon, à l’école de Paspels (fig.116), Valerio Olgiati procède lui de la superposition de ses plans carrés-déformés all-over tout en conférant singularité à chacun d’eux : une mise en abime de la texture dans l’espace. « De 221 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout EL A- plus, d’un étage à l’autre, les classes n’occupent N pas les angles de la même manière, donc leur murs M AR ne se superposent pas, et bien sûr la croix n’est pas identique. D’un étage à l’autre, on ne retrouve A pas ses « habitudes », c’est-à-dire des ES donc IT O IR dispositions qui sont établies sur la même trame. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Quand bien-même les éléments architecturaux en jeu . ( 117 ) Architecture populaire dans les méandres d’une spatialité texturée »1. Sihlhof Zurich, & 2003 de Si l’on rapproche ce bâtiment du collège Sihlhof peut alors de Giuliani constater, et dans Hönger la (fig.118), on non-superposition de leurs murs, que ceux-ci ne sont pas constitués de travées. Ils fabriquent alors une résille, un all-over tridimensionnel dont, une nouvelle fois, aucun élément ne peut-être soustrait, d’autant plus EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E méditerranéenne .(118) college, Giuliani Hönger, sont-ils délibérément simples, on se perd ainsi 222 1 Description tirée de Jacques Lucan, « Hypothèses pour une spatialité texturée », Matières n°9 – L’espace architectural, PPUR, Lausanne, 2009 223 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout A- que tous ces éléments linéaires servent à porter EL l’édifice. Le tout du projet ne réside plus dans M AR N les inflexions qui unissent les parties mais dans A l’appréhension globalisée de son espace. L’espace ES texturé est donc lui aussi un tout mais peut-être lui IT O IR adjoint-il en plus une nouvelle vérité [spatiale] de D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R la construction ? Enfin, il semble aussi exister un troisième procédé de création du tout : l’unité dans la .(120) Halle nautique, Nordwesthaus, Baumschlager et Eberle, 2008 circonscription du projet, dans son enveloppe. En effet, production un autre phénomène contemporaine récurrent serait celui dans la de la conception du projet par son enveloppe « continue et percée »1 qui viendrait entourer l’ensemble du bâtiment. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E . ( 119 ) Santa Maria della spina, Pise, 12301376 224 Arrêtons-nous sur le bâtiment Nordwethaus de Baumschlager et Eberle (fig.120). Il se compose 1 Cornellia Tapparelli, « Par-delà canard et hangar », Matières n°10 - diversité d’approche, PPUR, Lausanne, 2012 225 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout volume EL A- de deux enveloppes juxtaposées en périphérie du intérieur, une composée d’un ensemble à la M AR N de plaques de verre, assemblée en voile continu manière d’un mur porteur en pierre où ES A apparaissent les joints, et une autre enveloppe, IR un voile de béton armé ajouré supportant le toit où D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O se disposent des ouvertures au profil irrégulier et . ( 121 ) Projet pour le château EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E de 226 Charleval, 1570 dont les ondulations semblant aléatoires. Bien que double par son enveloppe, ce bâtiment profite alors .(122) Mikimoto Ginza, Tokyo, Toyo Ito, 2005 de la singularité conférée par ce canevas d’ombres et de lumières jalonnant tout son pourtour pour asseoir son unité, unité de l’imposture. Dans le cas du magasin Mikimoto (fig.122) de Toyo Ito, on trouve cette fois une enveloppe matériellement continue entourant l’édifice. Elle est percée d’une série d’ouvertures dont la disposition et les géométries sont irrégulières, ne laissant rien apparaitre de la position intérieure des planchers. Le bâtiment est construit en béton, cependant le 227 Les trois touts puissants VA L LE E La dure obligation du tout EL A- coffrage en acier qui dessine les surfaces est laissé N en place, conférant un aspect étrangement uniforme M AR à cette enveloppe. A « On chercha à le manifester comme un unique voile ES d’acier étendu. Pour obtenir une façade continue, joint, IT O IR sans les bords de soudure ont tous été D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R poncés »1. L’unité réside dans le trompe l’œil. . ( 123 ) Ferme aux environs de EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Chieti 228 Pour realisée l’école par Sanaa de management (fig.124), le d’Essen procédé semble .(124) Zollverein School, Essen, Sanaa, 2005-2006 avoir été le même. Initialement conçue percé de 3500 petites ouvertures, l’enveloppe du projet se constitue de 150 percements de plus ou moins grandes dimensions et répartis en nuées aléatoires sur la façade. Mais bien que répartis selon les nécessités les d’éclairage ouvertures intérieur n’expriment du cependant projet, pas la distribution des espaces intérieurs, des parties 1 Toyo Ito et Yasuaki Mizunuma, « Mikimoto Ginza 2 », The Japan architect n°62, vol.48, 2006, p.26 229 trois touts puissants VA L LE E Les A- du bâtiment, laissant sa compréhension extérieur N EL à celle d’un objet monolithique « parachuté » et M AR faussement timide, ne voulant peut-être pas dévoiler A à tout un chacun la simplicité de son plan. L’unité Cette approche de l’architecture qualifiée IT O IR ES réside dans la pudeur. avec les nécessités intérieures. Ainsi tout dépend finalement dans le projet de la manière dont sont effectués les percements. Soit l’enveloppe rentre en contradiction avec l’intérieur soit les percements cherchent à répondre au plus proche aux exigences intérieures. Or, l’enveloppe continue et percée cherche à répondre à deux échelles. L’aspect continu renvoie à la grande échelle dans laquelle se manifeste le bâtiment en effaçant toute tectonique. Les percements quant à eux renvoient à l’échelle des contingences du programme. Ces bâtiments peuvent-ils unir leur développement formel avec la substance d’un contexte, autrement qu’en un évènement signal ? Ces approches bâtiments pourtant proposent, à conceptuellement travers des disparates, trois relectures contemporaines de la question de l’unité architectural. Mais cette dure résolution d’un tout, s’exprime ici dans une réponse circonscrite EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R par son pourtour tend alors à créer des tensions 230 à la forme architecturale en elle-même. Mais la vraie nécessité du tout ne réside-t-elle pas dans l’unité qui doit exister entre un bâtiment et son contexte et faire d’eux un ensemble cohérent ? 231 E LE trois touts puissants VA L Les EL A- « De façon à atteindre la profondeur de champ contextuelle nécessaire pour garantir l’unité M AR N entre un bâtiment et son contexte, le projet doit A viser un niveau de complexité significatif pouvant résident intentions et références […] Il en IT O IR où ES être assimilé à un mélange des couches sédimentaires les relations entre le contexte physique du bâtiment et son contexte purement architectural, et qui l’un après l’autre, s’exprime de manière plus ou moins explicite. La notion d’un contexte purement architectural se réfère au fait que le contexte final de n’importe quel ouvrage est en fait l’architecture elle-même. Un bâtiment est toujours situé non seulement dans un espace physique, mais également dans un ordre conceptuel et historique, car elle se réfère nécessairement, que ce soit consciemment ou non, à d’autres bâtiments, qui sont à leurs tour, liés non seulement à un espace physique, mais également à un groupe de choses construites au fil du temps qui constitue le milieu d’où toute nouvelle construction tire son sens. »1 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R résulte une séquence de connotations qui évoquent 232 1 Eric Lapierre, «Cut-up architecture:toward a unity of time and space»,San Rocco 4-Fuck Concepts!Context!, Milan, 2012 233 Les trois touts puissants D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L LE E La dure obligation du tout . Projet pour une fontaine, pour une fontaine, Fairmont park, Philadelphie, Venturi et Rauch, Brown, 1964 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E Fairmont park, Philadelphie, Venturi et Rauch, Brown, 1964 . Projet 234 235 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O confusion ; l’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. » Blaise Pascal EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R « La multitude qui ne se réduit pas à l’unité est 236 237 LE O EC AL E N IO AT N PE SU ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R E R U IE R A EL N M AR VA L A- LE E E LE VA L D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- Conclusion .Le Petit Systémique, adj. – Se dit d’une approche scientifique Larousse des systèmes politiques, économiques, sociaux, illustré, etc., qui s’oppose à la démarche rationaliste en abordant tout problème comme un ensemble d’éléments en relations mutuelles. Si un constat peut être tiré de cette confrontation de deux regards, de deux époques, au travers de l’étude de ces 124 « cas » ambigus, c’est celui de l’évolution. Les modalités de conception du projet architectural ont manifestement « progressés », pourtant, soixante EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E éd. 2012 ans plus tard, le regard venturien n’en est pas moins pertinent : le prisme de l’ambigüité semble toujours être un outil de lecture productif des manifestations de complexité et de contradiction dans le projet. 241 VA L LE E Conclusion projet ont évolués depuis De l’ambigüité en N le A- En effet, si les processus qui conduisent EL M AR architecture, leurs manifestations contradictoires production architecturale contemporaine ES Notre A semblent toujours pouvoir se recouper et se chevaucher. IR peut donc toujours engendrer une bonne ambigüité1. EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O Cependant, 242 celle-ci manifeste aujourd’hui son expression souvent de manière moins « littérale », moins exubérante, et rend donc son discernement plus complexe. De plus, aucun courant architectural définissable ne semblant dominant, mais plutôt une multitude de recherches avançant de front, conjointement ou non, il est d’autant plus difficile d’établir avec clarté l’endroit où réside cette ambigüité. Notre époque ne semble donc plus procéder de la tabula rasa, mais plutôt de la tabula aperta, où les diverses problématiques, « chercheurs », abordées par les architectes ne sont plus mises en parallèle les unes des autres, mais placées dans une compréhension globale. Ceci rendant la lecture de ce paysage d’une grande complexité. Dans un monde cyniquement défini « non plus comme une utopie statique, mais un état dans lequel il n’y a rien d’autre qu’une mutation continuelle et dans lequel la perfection est instantanément consumée pour faire place à la dernière mode »2, 1 Hypothèse admise par William Empson in Seven Types of Ambiguity, Meridian Books, New York, 155, p.174 2 Décosterd & Rahm, Architecture physiologique, cit. pp. 89, Birkhäuser, Bâle, 2002 243 des phénomènes semble légitimer A- l’accélération VA L LE E Conclusion N EL l’idée selon laquelle la réelle complexité ne réside M AR plus dans les manifestations formelles des pensées, mais dans la compréhension et l’appréhension de la ES A diversité des problématiques qui construisent notre IT O IR réalité. doit-on Ainsi, passé un certain niveau de complexité, se poser la question de l’efficience de l’approche « cartésienne » et « traditionnelle » de l’analyse des phénomènes architecturaux, qui procède de la réduction de la complexité en générant des composants élémentaires. Une autre approche semble être aujourd’hui requise, fondée sur de nouvelles représentations de la réalité et prenant en compte l’instabilité, la fluctuation, le chaos, le désordre, le flou, l’ouverture, la contradiction, l’ambiguïté, le paradoxe. Pour rendre compte de la complexité, l’analyse architecturale doit-elle se rapprocher de l’appréhension systémique des phénomènes qui, elle, repose sur l’existence concrète de nouveaux concepts: vision globale, interaction, système, rétroaction, évolution. L’actualité de phénomènes architecturaux niveau d’organisation, régulation, la finalité, compréhension réside-t-elle dans des la dure obligation de son approche systémique ? EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R 244 « Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir une oeuvre qui me paraisse intéressante dans son tout. »1 1 Donald Judd itw. par B.Glaser, « Questions to stella and Judd », in Regards sur l’art américain des années 60, 1979 245 E LE 1 EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- VA L Conclusion 246 1 Détournement du diagramme produit par VSBA pour une conférence à Tokyo, en 1990, catalogue de l’exposition Venturi, Scott Brown and associates, Plus Publishing Co., Seoul, 1992, Extrait de Robert Venturi, Iconography and Electronics upon a generic architecture, MIT Press, Cambridge, 1996, p.1 247 E LE VA L AEL N M AR A ES IR IT O D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R L’ambiguïté n’est pas une orientation ni un résultzt. Ce pourrait être une définition du projet réussi, un outil d’appréciation architectural, où la subtilité d’une nouvelle mise en relation d’éléments natifs met en avant la richesse de significations aux dépens de la clarté de lecture. Une profondeur devant laquelle le spectateur devient lecteur et ne fait plus qu’éprouver, subir, mais s’approprie, découvre et comprend. Une poésie que l’on retrouve dans les projets des EC O LE N AT IO N AL E SU PE R IE U R E plus grands comme dans certains édifices de l’ordinaire. 248 249 E LE VA L D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N EL A- Bibliographie . Claude Massu, Michel Butor, Jennifer Martin, Sarah Nichols, Alexandra Parigoris, L’art des Etats-unis, Citadelle & Mazenod, Paris, 1992. . Jacques Lucan, Composition, non-composition, PPUR, Lausanne, 2009. . Andrea Deplazes, Construire l’architecture - du matériau brut à l’édifice, Birkhaüser, Bâle, 2010. . 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