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> 29.10
2011
italie’ dopo la dolce vita
www.9ph.fr
T. +33 (0)4 72 07 84 31
Lyon Septembre
de la Photographie
italie’ dopo la dolce vita
le 9 septembre 2011 à 14h30
à la Mairie du 1er
pour une conférence autour d’une table ronde avec les photographes du festival, animée par Laura Serani, comissaire d’expositions et directrice de
projes culturels et conseillère pour la photographie
le 9 septembre 2011 à 18h
à la bibliothèque du 1er
à l’occasion du vernissage de l’exposition de Bernard Plossu [dopo l’estate]
et Gilles Verneret [I luoghi du Pasolini]
au blooworkshops
à l’occasion du vernissage de l’exposition de Claude Nori [l’été italien]
le 10 septembre 2011 à 18h
au Bleu du Ciel
à l’occasion du vernissage de l’exposition de Marco Delogu [Due migrazioni]
préface
dopo la dolce vita
Le monde de l’art, -et Lyon septembre de la photographie en particulier- se devaient à leur manière
de rendre compte et hommage à l’évènement
politique majeur que représente ce 150ème anniversaire de l’Unité italienne. “Unité” illustrée par
cette belle culture qui a souvent cheminé aux côtés de celle voisine de la France, des époques romaines à la Renaissance aux campagnes du petit
caporal, aujourd’hui proclamée en ces termes :
« Victor Emmanuel II assume pour lui et ses successeurs le titre de roi d´Italie. Mandons et ordonnons que la présente, revêtue des sceaux de l´État,
soit insérée au Bulletin des lois du gouvernement et que tout un chacun l’observe et la fasse
observer en tant que loi étatique. A Turin, le 17
mars 1861.» Avec le couronnement de Victor Emmanuel II, commence le processus d’unification,
qui s’achève en juin 1946 par la proclamation de
la république Italienne et de la convocation de la
première assemblée constituante, après vingt
années de dur régime fasciste.
Le lien entre art et politique, est justement illustré dans notre propos, par la vie, les textes et
actions du poète, cinéaste, critique Pier Paolo Pasolini, entre les années cinquante de son arrivée
à Rome et son assassinat intervenu à la fin de
l’année 75. La pertinence de ses analyses dans les
journaux de l’époque, sur la situation politique de
l’Italie des années de plomb, juste avant sa mort,
a parfaitement anticipé le développement de la
mondialisation et du consumérisme généralisés,
qui a abouti à la prise de pouvoir des néo-libéraux
de Sarkozy à Berlusconi aux derives droitières.
Pasolini a marqué de son empreinte toute l’histoire
Italienne d’après guerre jusqu’à nos jours, et il
nous a paru important, à l’heure de cette commémoration, de réaviver sa mémoire.** Mémoire
réexhumée dans l’évocation photographique des
lieux où il a vécu et dans la présentation des extraits de ses “écrits corsaires” et “lettres luthériennes”.
Il n’est pas de même, indifférent de noter que les
années terroristes de plomb (1969-80) ont commencé au moment, où s’éteignait lentement le
cinema néo-réaliste italien des Rosselini, Visconti, Fellini, De Sica, Bolognini et Pasolini, comme
pour conjurer la fin de la Dolce vita. Cette “dolce
vita”, devenue aujourd’hui concept commercial,
exprimait à l’époque une joie de vivre retrouvée,
après les années de guerre et de fascisme, dans
l’ivresse paroxystique du maestro Fellini.
Douceur italienne intemporelle que Bernard
Plossu a saisi dans l’esprit nouvelle vague, en traversant saut par saut comme le géant botté qui
ses petits clichés noirs et blancs d’iles en Iles Eoliennes. Dans un autre registre, son camarade et
compagnon Claude Nori - de souche italienne- ,
nous rappelle aux souvenirs vivaces des étés Viscontiens sur les plages des lidos caniculaires, où
les jeunes et jolies italiennes, flirtent du bout du
regard avec leurs roméos, au rythme bel canto
des coups de pédale de Felice Gimondi.
“Dopo…” la réalité reprend ses droits et l’Irlandais
Dan Dubowitz n’a pas manqué de tenir le registre consciencieux et presqu’ exhaustif de la mémoire de l’architecture mussolinienne, vantant
une gloire dépassée, aujourd’hui à l’abandon, que
l’italie moderne encore frileuse, a préféré exclure des réhabilitations patrimoniales, laissant
se déliter irrémédiablement ces batiments, issus
d’une espérance naïve et dangereuse.
Marco Delogu a constitué pour finir le témoignage le plus récent et sans doute le plus actuel de
l’exposition, de l’évolution de la société Italienne
dans les campagnes. Entre 1999 et 2007, de son
point de vue photographique contrasté, Marco
a gravé dans sa chambre, les visages des rudes
paysans sardes émigrés au latium, qui ont peu à
peu été remplacé par ceux plus hermétiques des
travailleurs venus de l’est. Il a réanimé ainsi lucidement ce constat de l’acculturation, issue de
la globalisation des nouvelles classes laborieuses,
faite par Pasolin des décénies plus tôt.
A l’orée d’un travail plus complet sur la photographie italienne, Lyon septembre de la photographie a voulu montrer un flash, comme un souffe
documentaire et poétiques d’images, afin d’initier
une réflexion ultérieure, à la fois sur les chemins
de la photographie contemporaine, et sur l’italie
éternelle du 150ème anniversaire.
* Tension orchestrée afin d’empêcher la venue au pouvoir
et le compromis historique des communistes et de leurs
alliés socialistes, avec la D.C (Démocratie Chrétienne).
** Il est aujourd’hui adulé dans toutes les officines culturelles de la botte, idole littéraire dont on prend soin de lui retirer toute actualité dérangeante.
Gilles Verneret
Marco Delogu [due migrazioni]
-------------------------------------
Exposition_11 septembre au 22 octobre 2011
Vernissage_10 septembre, à partir de 18h en présence de l’artiste
----------------------
le Bleu du Ciel
48, rue burdeau – 69001 Lyon
Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h
www.lebleuduciel.net /// [email protected]
Marco Delogu est né à Rome en 1960, où il vit et travaille encore. Ses intérêts se centrent autour
de portraits de groupes d’individus partageant des expériences et des valeurs communes. Ces
dernières années, l’objet principal de son travail est la nature, déplaçant ainsi son objectif de l’homme
à l’environnement.
Le travail de Marco Delogu a été publié dans une vingtaine d’ouvrages et a été exposé dans de nombreux endroits tels que « l’Accademia di Francia, Villa Medici, Rome; Palazzo delle Esposizioni, Rome;
the Warburg Institute, Londres the Henry Moore Foundation, Leeds; IRCAM, Centre George Pompidou, Paris; the Museé de l’Elysee, Lausanne; PhotoMuseum, Moscow; Musei Capitolini, Rome etc.
En 1994 Marco Delogu se rend dans la région de
l’Agro Pontino pour y photographier des agriculteurs. Il y retourne treize années après et retrouve
trois personnes qu’il avait déjà photographiées;
dont Bruno qui a perdu un oeil après une intervention de la cataracte. Le temps semble ne pas
s’être écouler et il retrouve même sa façon de
photographier d’alors. Il parle avec lui de son histoire et de ses ancêtres , de cette terre où son père
était venu s’installer en 1933. Il en croise d’autres
avec qui il établit le même dialogue. Marco Delogu s’était rendu pour quelques jours dans ce
second voyage et sans préméditation , voici qu’il
y restera plus d’un mois.
L’intérêt que porte Marco Delogu à ces paysans
est lié à son histoire personnelle : son grand père
était agriculteur, et son père médeçin avait travaillé sur l’épidémie de Malaria. C’est donc en
quête de son identité familiale qu il était revenu
fouler cette terre d’Agro Pontino. Ses ancêtres
étaient des bergers Sardes, émigrés en Italie dans
les années cinquante et c’est cette “ première migration” qui était devenue le sujet de ce travail;
suivi par l’étude d’une seconde migration dans les
années 2000 avec des travailleurs venus de l’est:
après la guerre des Balkans : roumains, albanais,
kosovars , montenegrins, et macédoniens, suivis
efin d’ une emigration temporaire d’Australiens
et de néozélandais, vebus pour se perfectionner
dans l’élevage.
Bernard Plossu [dopo l’estate]
(courtesy Galerie le Réverbère)
----------------------------Exposition_10 septembre au 29 octobre 2011
Vernissage_9 septembre
à partir de 18h en présence de l’artiste
----------------------
Bibliothèque du 1er
7 rue Saint Polycarpe - 69001 Lyon`
mardi, mercredi 10h-12h / 13h-19h
jeudi, vendredi 13h-19h / samedi 13h-17h
www.bm-lyon.fr /// [email protected]
Dopo l’estate, en voyage dans les îles italiennes avec Bernard Plossu
Bernard Plossu, un peu comme Jacques Henri
Lartigue, photographie sans cesse depuis son enfance et, tout comme Lartigue, toujours avec le
même regard enchanté, qui sait garder le sens du
merveilleux et qui fait aussi le bonheur des autres.
Au fil du temps, des rencontres et des voyages
- restitués dans innombrables livres et projets
photographiques - il a développé cette écriture
si particulière, inclassable, d’une légèreté profonde, suspendue entre poésie et narration, où
le récit autobiographique est rarement étranger.
Une écriture dont on ne se lasse jamais, qu’on ne
peut pas confondre avec aucune autre, malgré les
influences exercée sur des générations des photographes inspirés, qui ont rapidement reconnu
et identifié en Plossu une nouvelle avant-garde
photographique. Né au Vietnam en 1945, initié à la photographie, aux voyages et à la montagne par son père, explorateur et montagnard, Bernard Plossu dans
les Années 60 est parti vivre sur la Côte Ouest
des Etats Unis, puis au Nouveau Mexique, plus
tard encore en Andalousie, avant de retourner en
France, dans le sud, pas trop loin de la ville et tout
près la nature, si important dans son travail.
En photographiant comme on respire, ou plutôt
comme on marche - pour se tenir à sa définition « pour faire des bonnes photos il faut être bien
chaussé » - ses voyages en Afrique, en Inde ou
en Europe, tout autant que ses longues marches
dans la montagne, se sont souvent transformés
en publications, sinon en livre-culte, à commencer par « Le Voyage mexicain » *
Les images de Plossu, denses de références culturelles sans vouloir être érudites, ne tombent
jamais dans la citation. Sans parler des références photographiques évidentes, l’ensemble de son
ouvre résonne d’une multiplicité d’ échos, de la
poésie quotidienne de Morandi ou de celle plus
abstraite de Klee, des paysages énigmatiques de
De Chirico et de l’univers géométrique de Mondrian, peintres parmi ses préférés; de sa connaissance du Néo-réalisme italien et de la Nouvelle
Vague, dont on croit reconnaître atmosphères et
codes; de sa rencontre avec le clan de On the road
en Californie , ou bien avec la pensée orientale et
indienne.
Sa photographie, en résonance avec ses expériences tout azimut, se traduit en une liberté totale
d’expression qui aboutit à un langage originale,
précurseur d’une tendance subjective et autobiographique qui devait s’affirmer bien plus tard en
Europe. Cela donne des recueils proches du journal intime, du cahier de voyages ou de l’album de
famille, faits d’ images qui semblent le reflet d’un
monde intérieur parfois davantage que du monde
réel, des images « affectives », nostalgiques , évocatrices et au même temps raffinées et rigoureuses
.
Cette même liberté a souvent conduit Plossu, loin
de l’actualité, à photographier suivant temps et
itinéraires personnels, en s’inscrivant ainsi encore plus dans une démarche d’auteur, à une
époque où, surtout en France, étaient encore prédominantes l’influence de l’école humaniste et la
pratique de la photo documentaire. A partir de là,
Plossu a joué un rôle fondamental dans le panorama de la photographie contemporaine.
La série sur les îles italiennes, présentée ici, fait
partie d’un vaste projet, en cours, sur toutes les
petites îles, un de ses sujets de prédilection depuis
le retour en Europe, à la fin des années 80. On pourrait presque dire que Plossu les collectionne, tel un collectionneur de papillons, avec la
même passion et la méthodologie d’ un entomologiste. Ses voyages, de tant plus attendus que la liste
se réduit, ressemblent à des expéditions sur les
traces d’une espèce rare, avec au lieu du filet,
un appareil photo. Mais finalement, dans un retournement de rôles classique, le vrai captif de
cette histoire semble bien être Bernard Plossu.
Encerclée par des terres comme un grand lac,
mais capable de grandes colères comme un océan, la Méditerranée dont la force, plutôt que du large,
semble venir de ses profondeurs et de son histoire,
est disséminée des constellations d’îles de toutes
dimensions, du nord au sud , d’est en ouest. Iles
dont on peut faire le tour en quelques heures ou
en plusieurs jours, recouvertes par la végétation
ou brulées par le soleil, ourlées de longues plages telles des dentelles ou d’intimidantes falaises,
flottantes à l’horizon ou inapprochables, protégées par des roches immergées, des barrières de
corail, de cactus, ou royaumes de vulcains.
Les îles de Dopo l’estate,*** Alicudi, Filicudi, Linosa, Levanzo, Vulcano, Procida, Giglio, Ventotene,
Ponza, avec leurs noms évoquants mythes et histoires anciennes, exercent toujours la même fascination. Comme Ulysse, envouté, Bernard Plossu
a navigué d’un rivage à l’autre, maintes fois.
Dans les images présentées ici, souvent vides de
toute présence humaine, on ressent la solitude et
l’isolement des îles, sentiments mieux traduits
par le mot italien isole. Le temps des touristes et
des baignades est loin, les rares habitants restés
s’ affairent autour des bateaux de pêche ou des
cargos en provenance du continent. Dans les lueurs du crépuscule, une maigre procession remonte les ruelles de Lipari, pendant que un feu
d’artifice
exorcise la nuit qui tombe déjà trop
vite. Sur le pont du paquebot au large de Stromboli, dans une lumière de brume, Françoise**
serre Joaquim dans ses bras, ils fixent Bernard,
pendant que notre regard est attiré par la fumée
du vulcain qui incombe comme toujours sur l’île.
Ces images, sensibles, silencieuses, parfois graves,
souvent d’une profonde sérénité, s’étendent d’un
temps dilaté et libèrent un sentiment d’attente
qui laisse planer des récits imaginaires. Avec une alternance de visions solaires, où l’on
ressent la tiédeur de la fin de l’été et de nocturnes
à la mélancolie et l’inquiétude diffuses, Plossu
nous introduit dans l’univers hypnotique des îles
, objet et lieu de fascination et de craintes, où tous
les éléments et les forces se concentrent et peuvent se déchaîner.
Les souvenirs de « L’isola d’Arturo» d’Elsa Morante,
de « Stromboli » de Rossellini ou de « L’Avventura »
d’Antonioni et du très grand film di Visconti « La
Terre Tremble » film culte pour Plossu, font alors
surface et le voyage ne fait que commencer.
Laura Serani
Gilles Verneret [I luoghi di Pasolini]
-----------------------------Exposition_10 septembre au 29 octobre 2011
Vernissage_9 septembre
à partir de 18h en présence de l’artiste
----------------------
Bibliothèque du 1er
7 rue Saint Polycarpe - 69001 Lyon`
mardi, mercredi 10h-12h / 13h-19h
jeudi, vendredi 13h-19h / samedi 13h-17h
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Sur les traces de Pasolini de Gilles Verneret
A plus de trente ans de la mort de Pier Paolo Pasolini, les doutes sur les circonstances de son assassinat sont toujours là, mais, surtout, ce qui reste
terriblement présent est le vide qu’il a laissé dans
le panorama culturel et intellectuel.
Figure unique et irremplaçable, pas seulement
sur la scène du cinema ou de la littérature mais
de la pensée, pour la puissance de sa réflexion,
pour ce pouvoir dérangeant de provoquer des débats sur des questions tabous d’un point de vue
politique, social ou éthique.
Personnalité complexe, tourmentée et troublante, toujours à contrecourant de tout conformisme
et de ce qu’on définirait aujourd’hui le politiquement correct, Pasolini a été diabolisé par la droite
et fut souvent très inconfortable pour la gauche.
Son courage et ses prises de parole nous manquent encore plus aujourd’hui en ces temps de
brouillard des repères et de passions tristes.
Revisiter les lieux de Pasolini est une façon de
rompre l’oubli, de remémorer l’homme et l’oeuvre,
et surtout l’homme désœuvré, de rappeler sa
place d’observateur et de dénonciateur. Ces lieux
apparaissent alors comme des miradors d’où il
appréhendait le monde.
Gilles Verneret s’est engagé dans une sorte de
pèlerinage syncopé sur les traces de Pasolini, accompagné de son appareil photo. Et il a choisi une
façon singulière, un parti prit extrémiste et radicale de distanciation pour mener sa recherche
presque comme une enquête de police.
Un choix qui pourrait s’apparenter à une démarche ultra-conceptuelle un peu artificielle et
forcée, mais le respect et l’admiration de Verneret
envers Pier Paolo Pasolini et le renoncement à
tout artifice, portent plutôt à croire en un choix
d’une sincérité profonde.
Avec compassion et pitié, dans le sens latin de
participation à la souffrance de l’autre et de dévotion, accompagnées de discrétion et méthodologie, Verneret a élaboré un inventaire des lieux
chers à Pasolini, autour de Casarsa, le village
maternel où, adolescent, Pasolini passait l’été et où, aujourd’hui, la maison familiale accueille le
Centro Studi Pier Paolo Pasolini - et de lieux symboliques à Rome.
Les images de Verneret dans la région du Friuli,
la campagne ensoleillée, le lit du Tagliamento, les
terrains de football que Pasolini aimait tant, la
Chapelle de Versutta - qui lui doit la révélation de
ses fresques - racontent la sérénité et la mélancolie de ces endroits de la première jeunesse où
PPP découvrait les valeurs du monde rural et son
intérêt pour le dialecte, rapidement au cœur de
son œuvre poétique. (1)
A ce propos est intéressante l’analyse d’ Asor
Rosa : « Il bilinguismo è la forma espressiva più
giusta e adeguata di una scissione interiore, viva
anche sul piano sessuale, tra etica e piacere, volontà intellettuale e pulsione passionale. Pasolini parla due tre o quattro lingue, alternativamente e confondendole nello stesso momento
tra loro, perchè è il suo essere che non è risolto,
non sa e non può risolversi ( e identificarsi) in
una sola voce.
Pasolini anzichè rinchiudersi nella turris eburnea
di un estetismo senza dubbi sceglie di sperimentare tutta la durezza del contatto, del confronto,
del conflitto, dell’aspra contesa con il mondo. »(2)
Gilles Verneret ne se réfère jamais directement à
l’oeuvre, tout au plus il suggère, comme avec ce
Rosada trônant en enseigne au milieu d’une des
photos ; mot qui renvoie à la valorisation de Pasolini du dialecte, également acte d’opposition au
fascisme qui prônait la langue nationale unique.
Rome, au contraire, est avant tout la ville de
l’exil, où il s’était installé en 1950 avec sa mère,
après avoir du abandonner précipitamment
l’enseignement, les amis, l’activité politique, et
où il devait vivre des périodes de solitude, dans
la préoccupation de retrouver du travail et les inquiétudes pour sa mère, avant de commencer ses
écrits romains tels que Ragazzi di vita ou Squarci
di notti romane.
Dans Passione e ideologia, dédié à Alberto Moravia, PPP écrivait :
« Roma è una nazione dentro la nazione, nata con
forza naturale quasi negli scatti e le pause irrazionali della storia, stratificandosi intorno a quel
perno spiegabile, logico, che è il suo esser sede del
Papato e “capitale” per definizione, con una grandiosità la cui natura ha i lineamenti del barocco.
Ma mentre la sua storia entrava nella coscienza degli strati più elevati della popolazione,
da una generazione all’altra, in quelli più bassi
- l’aristocratico “sottoproletariato” romano - si
ripresentava nuova in ogni nuova generazione,
e inattiva se non in un comune Inconscio, ma
proprio per questo più fertile, più vera, più inconfondibile.
Ridotti i grandi periodi storici alla testimonianza di un rudero, di una strada, di un quartiere, la
Roma vera -popolare- ricominciava e ricomincia
daccapo, uguale e assolutamente nuova, nelle sue
folle dialettali, le sue plebi faziose e servili, allegre
e inaridite, interessate, come forse soltanto le napoletane, ai casi di una vita condotta capricciosamente e fantasiosamente, tutta all’esterno, in una
disperata sete di allegra esibizione.
(...) questa città così violentemente colorita, e non
tanto per essere centro della Chiesa Cattolica e
della nazione italiana, quanto proprio per una
specie di ironico rifiuto ad esserla si presenta nella sua più poetica incoscienza : un misto di scetticismo e di violenza nel mettersi in rapporto con
la vita del proprio tempo, dalla più quotidiana alla
più solenne ».(3)
Mais c’est moins cette Rome exubérante que
celle, scène d’un exil intérieur, dont il s’agit dans
les photographies de Gilles Verneret. Où un sentiment de solitude et de désarroi traverse autant
les rues désertes d’une ville méconnaissable, que
les images de son récit.
Opération des plus difficiles, car il ne s’agit pas de
la Rome classique que l’on visite et photographie
habituellement, de vestiges anciens ou de splendeurs baroques ni même de la ville vernaculaire.
Il s’agit souvent de « non lieux », de banlieues à
l’architecture anonyme et ennuyeuse, victimes
de la spéculation immobilière et oubliées des
plans urbanistiques, de terrains vagues, ponctués de signes, symboles, plaques commémoratives, anachroniques dans le contexte.
Verneret, recherche, remonte le temps et arpente
la ville, enregistre. Aucun emprunt « abusif » à
l’écriture de Pasolini en référence à ses lieux de
vie et de travail ou de son inspiration, juste des
didascalies informatives, encore une fois sans pathos, des adresses et des dates.
Ce recueil ressemble à un rapport de police, précis, méticuleux, sans concession.
Verneret semble avoir choisi de s’effacer en tant
que photographe, encore une opération difficile.
Il ne joue d’aucune dramatisation, ne trahit jamais
l’émotion, évite les lyrismes, il choisit la couleur,
bien plus neutre parfois que le noir et blanc, pour
restituer le lieux de la façon la plus objective.
Paradoxalement ce dispositif nous mets plus brutalement en face d’une réalité qui en ressort encore plus douloureuse.
Via Carini, un immeuble années 60 dans la banlieue sud de Rome , au-dessus d’un parking et
d’un bar, probablement déjà là quand Pasolini y
habitait, au milieu des odeurs de pneus, de gazole
et de toasts réchauffés,.
Via Eufrate 9, quartier Ostiense, dernier domicile
de PPP, un immeuble en petites briques du début
des années 70, grilles aux fenêtres et portail en
fer derrière lequel s’articule une copropriété aux
cours parsemées de cactus et de buissons, dans
une rue tranquille d’une banlieue résidentielle,
habitat typique de la classe moyenne.
Les déménagements fréquents témoignent de
l’amélioration des conditions économiques de
Pasolini, tout en semblant indiquer sa préférence
pour les quartiers anonymes, loin de ceux huppés
plus au nord, ou de Trastevere et Campo de Fiori,
fiefs de l’intelligentsia et des artistes. Jamais très
loin des bourgades populaires de l’aristocratico
“sottoproletariato” romano - , qu’il aimait autant
fréquenter que ses fidèles amis poètes.
Dans cette Rome qu’on a du mal à reconnaître,
on est vite perdus, on a envie de quitter ce décor
à la modernité anodine, de retrouver le centre et
ses repères.
Laura Serani
Juin 2011
Bibliographie
(1). Pier Paolo Pasolini
La meglio gioventù recueil de poèmes en dialecte du Friuli
Ed. Sansone, Italie, 1954 dall’editore Sansone
(3). Pier Paolo Pasolini
Passione e ideologia (1948-1958), chapitre “Roma e Milano “ pages 60,61.
Ed. Garzanti, Italie1960 (Première édition)
(2) et (4). Asor Rosa , préface à Passione e ideologia (1948-1958).
Claude Nori [l’été italien]
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à partir de 18h en présence de l’artiste
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Blooworkshops
10 bis rue de cuire - 69004 Lyon`
ouvertures du mercredi au samedi 15h-19h
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L’été italien
L’été 1982 à Rimini, Claude Nori décide de raser sa moustache dans une chambre d’hôtel, comme un
signe de renouveau après la mort de son père. Avec une petite caméra 8mm, l’artiste prend des starlettes en herbe, couples amoureux et les histoires romantiques inventé à hauteur d’un jukebox qui
joue les tubes de l’été.
Une série qui dépeint des moments de séduction (environ 5 minutes) entre le Nori photographe
le Claude et quelques adolescents sur la plage à Rimini ponctué par le rythme des slogans de l’été,
l’ombre des cabanes, les parasols pour ainsi créer une sorte de romance cinématographique ...
“Italia, dopo la dolce vita”
Catalogue de l’exposition
Collection “Sans titre”, Éditions deux-cent-cinq
Photographies de:
Dan Dubowitz
Claude Nori
Bernard Plossu
Gilles Verneret
Textes de Laura Serani et Marco Delogu
Préface de Gilles Verneret
72 pages
Format 16 x 22 cm
Prix: 17,50 €
ISBN 978-2-919380060
www.editions205.fr
10 bis rue de cuire - 69004 Lyon
Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h
T.+33 (0)4 72 07 84 31 F.+33 (0)4 78 29 33 04
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