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09.09 > 29.10 2011 italie’ dopo la dolce vita www.9ph.fr T. +33 (0)4 72 07 84 31 Lyon Septembre de la Photographie italie’ dopo la dolce vita le 9 septembre 2011 à 14h30 à la Mairie du 1er pour une conférence autour d’une table ronde avec les photographes du festival, animée par Laura Serani, comissaire d’expositions et directrice de projes culturels et conseillère pour la photographie le 9 septembre 2011 à 18h à la bibliothèque du 1er à l’occasion du vernissage de l’exposition de Bernard Plossu [dopo l’estate] et Gilles Verneret [I luoghi du Pasolini] au blooworkshops à l’occasion du vernissage de l’exposition de Claude Nori [l’été italien] le 10 septembre 2011 à 18h au Bleu du Ciel à l’occasion du vernissage de l’exposition de Marco Delogu [Due migrazioni] préface dopo la dolce vita Le monde de l’art, -et Lyon septembre de la photographie en particulier- se devaient à leur manière de rendre compte et hommage à l’évènement politique majeur que représente ce 150ème anniversaire de l’Unité italienne. “Unité” illustrée par cette belle culture qui a souvent cheminé aux côtés de celle voisine de la France, des époques romaines à la Renaissance aux campagnes du petit caporal, aujourd’hui proclamée en ces termes : « Victor Emmanuel II assume pour lui et ses successeurs le titre de roi d´Italie. Mandons et ordonnons que la présente, revêtue des sceaux de l´État, soit insérée au Bulletin des lois du gouvernement et que tout un chacun l’observe et la fasse observer en tant que loi étatique. A Turin, le 17 mars 1861.» Avec le couronnement de Victor Emmanuel II, commence le processus d’unification, qui s’achève en juin 1946 par la proclamation de la république Italienne et de la convocation de la première assemblée constituante, après vingt années de dur régime fasciste. Le lien entre art et politique, est justement illustré dans notre propos, par la vie, les textes et actions du poète, cinéaste, critique Pier Paolo Pasolini, entre les années cinquante de son arrivée à Rome et son assassinat intervenu à la fin de l’année 75. La pertinence de ses analyses dans les journaux de l’époque, sur la situation politique de l’Italie des années de plomb, juste avant sa mort, a parfaitement anticipé le développement de la mondialisation et du consumérisme généralisés, qui a abouti à la prise de pouvoir des néo-libéraux de Sarkozy à Berlusconi aux derives droitières. Pasolini a marqué de son empreinte toute l’histoire Italienne d’après guerre jusqu’à nos jours, et il nous a paru important, à l’heure de cette commémoration, de réaviver sa mémoire.** Mémoire réexhumée dans l’évocation photographique des lieux où il a vécu et dans la présentation des extraits de ses “écrits corsaires” et “lettres luthériennes”. Il n’est pas de même, indifférent de noter que les années terroristes de plomb (1969-80) ont commencé au moment, où s’éteignait lentement le cinema néo-réaliste italien des Rosselini, Visconti, Fellini, De Sica, Bolognini et Pasolini, comme pour conjurer la fin de la Dolce vita. Cette “dolce vita”, devenue aujourd’hui concept commercial, exprimait à l’époque une joie de vivre retrouvée, après les années de guerre et de fascisme, dans l’ivresse paroxystique du maestro Fellini. Douceur italienne intemporelle que Bernard Plossu a saisi dans l’esprit nouvelle vague, en traversant saut par saut comme le géant botté qui ses petits clichés noirs et blancs d’iles en Iles Eoliennes. Dans un autre registre, son camarade et compagnon Claude Nori - de souche italienne- , nous rappelle aux souvenirs vivaces des étés Viscontiens sur les plages des lidos caniculaires, où les jeunes et jolies italiennes, flirtent du bout du regard avec leurs roméos, au rythme bel canto des coups de pédale de Felice Gimondi. “Dopo…” la réalité reprend ses droits et l’Irlandais Dan Dubowitz n’a pas manqué de tenir le registre consciencieux et presqu’ exhaustif de la mémoire de l’architecture mussolinienne, vantant une gloire dépassée, aujourd’hui à l’abandon, que l’italie moderne encore frileuse, a préféré exclure des réhabilitations patrimoniales, laissant se déliter irrémédiablement ces batiments, issus d’une espérance naïve et dangereuse. Marco Delogu a constitué pour finir le témoignage le plus récent et sans doute le plus actuel de l’exposition, de l’évolution de la société Italienne dans les campagnes. Entre 1999 et 2007, de son point de vue photographique contrasté, Marco a gravé dans sa chambre, les visages des rudes paysans sardes émigrés au latium, qui ont peu à peu été remplacé par ceux plus hermétiques des travailleurs venus de l’est. Il a réanimé ainsi lucidement ce constat de l’acculturation, issue de la globalisation des nouvelles classes laborieuses, faite par Pasolin des décénies plus tôt. A l’orée d’un travail plus complet sur la photographie italienne, Lyon septembre de la photographie a voulu montrer un flash, comme un souffe documentaire et poétiques d’images, afin d’initier une réflexion ultérieure, à la fois sur les chemins de la photographie contemporaine, et sur l’italie éternelle du 150ème anniversaire. * Tension orchestrée afin d’empêcher la venue au pouvoir et le compromis historique des communistes et de leurs alliés socialistes, avec la D.C (Démocratie Chrétienne). ** Il est aujourd’hui adulé dans toutes les officines culturelles de la botte, idole littéraire dont on prend soin de lui retirer toute actualité dérangeante. Gilles Verneret Marco Delogu [due migrazioni] ------------------------------------- Exposition_11 septembre au 22 octobre 2011 Vernissage_10 septembre, à partir de 18h en présence de l’artiste ---------------------- le Bleu du Ciel 48, rue burdeau – 69001 Lyon Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h www.lebleuduciel.net /// [email protected] Marco Delogu est né à Rome en 1960, où il vit et travaille encore. Ses intérêts se centrent autour de portraits de groupes d’individus partageant des expériences et des valeurs communes. Ces dernières années, l’objet principal de son travail est la nature, déplaçant ainsi son objectif de l’homme à l’environnement. Le travail de Marco Delogu a été publié dans une vingtaine d’ouvrages et a été exposé dans de nombreux endroits tels que « l’Accademia di Francia, Villa Medici, Rome; Palazzo delle Esposizioni, Rome; the Warburg Institute, Londres the Henry Moore Foundation, Leeds; IRCAM, Centre George Pompidou, Paris; the Museé de l’Elysee, Lausanne; PhotoMuseum, Moscow; Musei Capitolini, Rome etc. En 1994 Marco Delogu se rend dans la région de l’Agro Pontino pour y photographier des agriculteurs. Il y retourne treize années après et retrouve trois personnes qu’il avait déjà photographiées; dont Bruno qui a perdu un oeil après une intervention de la cataracte. Le temps semble ne pas s’être écouler et il retrouve même sa façon de photographier d’alors. Il parle avec lui de son histoire et de ses ancêtres , de cette terre où son père était venu s’installer en 1933. Il en croise d’autres avec qui il établit le même dialogue. Marco Delogu s’était rendu pour quelques jours dans ce second voyage et sans préméditation , voici qu’il y restera plus d’un mois. L’intérêt que porte Marco Delogu à ces paysans est lié à son histoire personnelle : son grand père était agriculteur, et son père médeçin avait travaillé sur l’épidémie de Malaria. C’est donc en quête de son identité familiale qu il était revenu fouler cette terre d’Agro Pontino. Ses ancêtres étaient des bergers Sardes, émigrés en Italie dans les années cinquante et c’est cette “ première migration” qui était devenue le sujet de ce travail; suivi par l’étude d’une seconde migration dans les années 2000 avec des travailleurs venus de l’est: après la guerre des Balkans : roumains, albanais, kosovars , montenegrins, et macédoniens, suivis efin d’ une emigration temporaire d’Australiens et de néozélandais, vebus pour se perfectionner dans l’élevage. Bernard Plossu [dopo l’estate] (courtesy Galerie le Réverbère) ----------------------------Exposition_10 septembre au 29 octobre 2011 Vernissage_9 septembre à partir de 18h en présence de l’artiste ---------------------- Bibliothèque du 1er 7 rue Saint Polycarpe - 69001 Lyon` mardi, mercredi 10h-12h / 13h-19h jeudi, vendredi 13h-19h / samedi 13h-17h www.bm-lyon.fr /// [email protected] Dopo l’estate, en voyage dans les îles italiennes avec Bernard Plossu Bernard Plossu, un peu comme Jacques Henri Lartigue, photographie sans cesse depuis son enfance et, tout comme Lartigue, toujours avec le même regard enchanté, qui sait garder le sens du merveilleux et qui fait aussi le bonheur des autres. Au fil du temps, des rencontres et des voyages - restitués dans innombrables livres et projets photographiques - il a développé cette écriture si particulière, inclassable, d’une légèreté profonde, suspendue entre poésie et narration, où le récit autobiographique est rarement étranger. Une écriture dont on ne se lasse jamais, qu’on ne peut pas confondre avec aucune autre, malgré les influences exercée sur des générations des photographes inspirés, qui ont rapidement reconnu et identifié en Plossu une nouvelle avant-garde photographique. Né au Vietnam en 1945, initié à la photographie, aux voyages et à la montagne par son père, explorateur et montagnard, Bernard Plossu dans les Années 60 est parti vivre sur la Côte Ouest des Etats Unis, puis au Nouveau Mexique, plus tard encore en Andalousie, avant de retourner en France, dans le sud, pas trop loin de la ville et tout près la nature, si important dans son travail. En photographiant comme on respire, ou plutôt comme on marche - pour se tenir à sa définition « pour faire des bonnes photos il faut être bien chaussé » - ses voyages en Afrique, en Inde ou en Europe, tout autant que ses longues marches dans la montagne, se sont souvent transformés en publications, sinon en livre-culte, à commencer par « Le Voyage mexicain » * Les images de Plossu, denses de références culturelles sans vouloir être érudites, ne tombent jamais dans la citation. Sans parler des références photographiques évidentes, l’ensemble de son ouvre résonne d’une multiplicité d’ échos, de la poésie quotidienne de Morandi ou de celle plus abstraite de Klee, des paysages énigmatiques de De Chirico et de l’univers géométrique de Mondrian, peintres parmi ses préférés; de sa connaissance du Néo-réalisme italien et de la Nouvelle Vague, dont on croit reconnaître atmosphères et codes; de sa rencontre avec le clan de On the road en Californie , ou bien avec la pensée orientale et indienne. Sa photographie, en résonance avec ses expériences tout azimut, se traduit en une liberté totale d’expression qui aboutit à un langage originale, précurseur d’une tendance subjective et autobiographique qui devait s’affirmer bien plus tard en Europe. Cela donne des recueils proches du journal intime, du cahier de voyages ou de l’album de famille, faits d’ images qui semblent le reflet d’un monde intérieur parfois davantage que du monde réel, des images « affectives », nostalgiques , évocatrices et au même temps raffinées et rigoureuses . Cette même liberté a souvent conduit Plossu, loin de l’actualité, à photographier suivant temps et itinéraires personnels, en s’inscrivant ainsi encore plus dans une démarche d’auteur, à une époque où, surtout en France, étaient encore prédominantes l’influence de l’école humaniste et la pratique de la photo documentaire. A partir de là, Plossu a joué un rôle fondamental dans le panorama de la photographie contemporaine. La série sur les îles italiennes, présentée ici, fait partie d’un vaste projet, en cours, sur toutes les petites îles, un de ses sujets de prédilection depuis le retour en Europe, à la fin des années 80. On pourrait presque dire que Plossu les collectionne, tel un collectionneur de papillons, avec la même passion et la méthodologie d’ un entomologiste. Ses voyages, de tant plus attendus que la liste se réduit, ressemblent à des expéditions sur les traces d’une espèce rare, avec au lieu du filet, un appareil photo. Mais finalement, dans un retournement de rôles classique, le vrai captif de cette histoire semble bien être Bernard Plossu. Encerclée par des terres comme un grand lac, mais capable de grandes colères comme un océan, la Méditerranée dont la force, plutôt que du large, semble venir de ses profondeurs et de son histoire, est disséminée des constellations d’îles de toutes dimensions, du nord au sud , d’est en ouest. Iles dont on peut faire le tour en quelques heures ou en plusieurs jours, recouvertes par la végétation ou brulées par le soleil, ourlées de longues plages telles des dentelles ou d’intimidantes falaises, flottantes à l’horizon ou inapprochables, protégées par des roches immergées, des barrières de corail, de cactus, ou royaumes de vulcains. Les îles de Dopo l’estate,*** Alicudi, Filicudi, Linosa, Levanzo, Vulcano, Procida, Giglio, Ventotene, Ponza, avec leurs noms évoquants mythes et histoires anciennes, exercent toujours la même fascination. Comme Ulysse, envouté, Bernard Plossu a navigué d’un rivage à l’autre, maintes fois. Dans les images présentées ici, souvent vides de toute présence humaine, on ressent la solitude et l’isolement des îles, sentiments mieux traduits par le mot italien isole. Le temps des touristes et des baignades est loin, les rares habitants restés s’ affairent autour des bateaux de pêche ou des cargos en provenance du continent. Dans les lueurs du crépuscule, une maigre procession remonte les ruelles de Lipari, pendant que un feu d’artifice exorcise la nuit qui tombe déjà trop vite. Sur le pont du paquebot au large de Stromboli, dans une lumière de brume, Françoise** serre Joaquim dans ses bras, ils fixent Bernard, pendant que notre regard est attiré par la fumée du vulcain qui incombe comme toujours sur l’île. Ces images, sensibles, silencieuses, parfois graves, souvent d’une profonde sérénité, s’étendent d’un temps dilaté et libèrent un sentiment d’attente qui laisse planer des récits imaginaires. Avec une alternance de visions solaires, où l’on ressent la tiédeur de la fin de l’été et de nocturnes à la mélancolie et l’inquiétude diffuses, Plossu nous introduit dans l’univers hypnotique des îles , objet et lieu de fascination et de craintes, où tous les éléments et les forces se concentrent et peuvent se déchaîner. Les souvenirs de « L’isola d’Arturo» d’Elsa Morante, de « Stromboli » de Rossellini ou de « L’Avventura » d’Antonioni et du très grand film di Visconti « La Terre Tremble » film culte pour Plossu, font alors surface et le voyage ne fait que commencer. Laura Serani Gilles Verneret [I luoghi di Pasolini] -----------------------------Exposition_10 septembre au 29 octobre 2011 Vernissage_9 septembre à partir de 18h en présence de l’artiste ---------------------- Bibliothèque du 1er 7 rue Saint Polycarpe - 69001 Lyon` mardi, mercredi 10h-12h / 13h-19h jeudi, vendredi 13h-19h / samedi 13h-17h www.bm-lyon.fr /// [email protected] Sur les traces de Pasolini de Gilles Verneret A plus de trente ans de la mort de Pier Paolo Pasolini, les doutes sur les circonstances de son assassinat sont toujours là, mais, surtout, ce qui reste terriblement présent est le vide qu’il a laissé dans le panorama culturel et intellectuel. Figure unique et irremplaçable, pas seulement sur la scène du cinema ou de la littérature mais de la pensée, pour la puissance de sa réflexion, pour ce pouvoir dérangeant de provoquer des débats sur des questions tabous d’un point de vue politique, social ou éthique. Personnalité complexe, tourmentée et troublante, toujours à contrecourant de tout conformisme et de ce qu’on définirait aujourd’hui le politiquement correct, Pasolini a été diabolisé par la droite et fut souvent très inconfortable pour la gauche. Son courage et ses prises de parole nous manquent encore plus aujourd’hui en ces temps de brouillard des repères et de passions tristes. Revisiter les lieux de Pasolini est une façon de rompre l’oubli, de remémorer l’homme et l’oeuvre, et surtout l’homme désœuvré, de rappeler sa place d’observateur et de dénonciateur. Ces lieux apparaissent alors comme des miradors d’où il appréhendait le monde. Gilles Verneret s’est engagé dans une sorte de pèlerinage syncopé sur les traces de Pasolini, accompagné de son appareil photo. Et il a choisi une façon singulière, un parti prit extrémiste et radicale de distanciation pour mener sa recherche presque comme une enquête de police. Un choix qui pourrait s’apparenter à une démarche ultra-conceptuelle un peu artificielle et forcée, mais le respect et l’admiration de Verneret envers Pier Paolo Pasolini et le renoncement à tout artifice, portent plutôt à croire en un choix d’une sincérité profonde. Avec compassion et pitié, dans le sens latin de participation à la souffrance de l’autre et de dévotion, accompagnées de discrétion et méthodologie, Verneret a élaboré un inventaire des lieux chers à Pasolini, autour de Casarsa, le village maternel où, adolescent, Pasolini passait l’été et où, aujourd’hui, la maison familiale accueille le Centro Studi Pier Paolo Pasolini - et de lieux symboliques à Rome. Les images de Verneret dans la région du Friuli, la campagne ensoleillée, le lit du Tagliamento, les terrains de football que Pasolini aimait tant, la Chapelle de Versutta - qui lui doit la révélation de ses fresques - racontent la sérénité et la mélancolie de ces endroits de la première jeunesse où PPP découvrait les valeurs du monde rural et son intérêt pour le dialecte, rapidement au cœur de son œuvre poétique. (1) A ce propos est intéressante l’analyse d’ Asor Rosa : « Il bilinguismo è la forma espressiva più giusta e adeguata di una scissione interiore, viva anche sul piano sessuale, tra etica e piacere, volontà intellettuale e pulsione passionale. Pasolini parla due tre o quattro lingue, alternativamente e confondendole nello stesso momento tra loro, perchè è il suo essere che non è risolto, non sa e non può risolversi ( e identificarsi) in una sola voce. Pasolini anzichè rinchiudersi nella turris eburnea di un estetismo senza dubbi sceglie di sperimentare tutta la durezza del contatto, del confronto, del conflitto, dell’aspra contesa con il mondo. »(2) Gilles Verneret ne se réfère jamais directement à l’oeuvre, tout au plus il suggère, comme avec ce Rosada trônant en enseigne au milieu d’une des photos ; mot qui renvoie à la valorisation de Pasolini du dialecte, également acte d’opposition au fascisme qui prônait la langue nationale unique. Rome, au contraire, est avant tout la ville de l’exil, où il s’était installé en 1950 avec sa mère, après avoir du abandonner précipitamment l’enseignement, les amis, l’activité politique, et où il devait vivre des périodes de solitude, dans la préoccupation de retrouver du travail et les inquiétudes pour sa mère, avant de commencer ses écrits romains tels que Ragazzi di vita ou Squarci di notti romane. Dans Passione e ideologia, dédié à Alberto Moravia, PPP écrivait : « Roma è una nazione dentro la nazione, nata con forza naturale quasi negli scatti e le pause irrazionali della storia, stratificandosi intorno a quel perno spiegabile, logico, che è il suo esser sede del Papato e “capitale” per definizione, con una grandiosità la cui natura ha i lineamenti del barocco. Ma mentre la sua storia entrava nella coscienza degli strati più elevati della popolazione, da una generazione all’altra, in quelli più bassi - l’aristocratico “sottoproletariato” romano - si ripresentava nuova in ogni nuova generazione, e inattiva se non in un comune Inconscio, ma proprio per questo più fertile, più vera, più inconfondibile. Ridotti i grandi periodi storici alla testimonianza di un rudero, di una strada, di un quartiere, la Roma vera -popolare- ricominciava e ricomincia daccapo, uguale e assolutamente nuova, nelle sue folle dialettali, le sue plebi faziose e servili, allegre e inaridite, interessate, come forse soltanto le napoletane, ai casi di una vita condotta capricciosamente e fantasiosamente, tutta all’esterno, in una disperata sete di allegra esibizione. (...) questa città così violentemente colorita, e non tanto per essere centro della Chiesa Cattolica e della nazione italiana, quanto proprio per una specie di ironico rifiuto ad esserla si presenta nella sua più poetica incoscienza : un misto di scetticismo e di violenza nel mettersi in rapporto con la vita del proprio tempo, dalla più quotidiana alla più solenne ».(3) Mais c’est moins cette Rome exubérante que celle, scène d’un exil intérieur, dont il s’agit dans les photographies de Gilles Verneret. Où un sentiment de solitude et de désarroi traverse autant les rues désertes d’une ville méconnaissable, que les images de son récit. Opération des plus difficiles, car il ne s’agit pas de la Rome classique que l’on visite et photographie habituellement, de vestiges anciens ou de splendeurs baroques ni même de la ville vernaculaire. Il s’agit souvent de « non lieux », de banlieues à l’architecture anonyme et ennuyeuse, victimes de la spéculation immobilière et oubliées des plans urbanistiques, de terrains vagues, ponctués de signes, symboles, plaques commémoratives, anachroniques dans le contexte. Verneret, recherche, remonte le temps et arpente la ville, enregistre. Aucun emprunt « abusif » à l’écriture de Pasolini en référence à ses lieux de vie et de travail ou de son inspiration, juste des didascalies informatives, encore une fois sans pathos, des adresses et des dates. Ce recueil ressemble à un rapport de police, précis, méticuleux, sans concession. Verneret semble avoir choisi de s’effacer en tant que photographe, encore une opération difficile. Il ne joue d’aucune dramatisation, ne trahit jamais l’émotion, évite les lyrismes, il choisit la couleur, bien plus neutre parfois que le noir et blanc, pour restituer le lieux de la façon la plus objective. Paradoxalement ce dispositif nous mets plus brutalement en face d’une réalité qui en ressort encore plus douloureuse. Via Carini, un immeuble années 60 dans la banlieue sud de Rome , au-dessus d’un parking et d’un bar, probablement déjà là quand Pasolini y habitait, au milieu des odeurs de pneus, de gazole et de toasts réchauffés,. Via Eufrate 9, quartier Ostiense, dernier domicile de PPP, un immeuble en petites briques du début des années 70, grilles aux fenêtres et portail en fer derrière lequel s’articule une copropriété aux cours parsemées de cactus et de buissons, dans une rue tranquille d’une banlieue résidentielle, habitat typique de la classe moyenne. Les déménagements fréquents témoignent de l’amélioration des conditions économiques de Pasolini, tout en semblant indiquer sa préférence pour les quartiers anonymes, loin de ceux huppés plus au nord, ou de Trastevere et Campo de Fiori, fiefs de l’intelligentsia et des artistes. Jamais très loin des bourgades populaires de l’aristocratico “sottoproletariato” romano - , qu’il aimait autant fréquenter que ses fidèles amis poètes. Dans cette Rome qu’on a du mal à reconnaître, on est vite perdus, on a envie de quitter ce décor à la modernité anodine, de retrouver le centre et ses repères. Laura Serani Juin 2011 Bibliographie (1). Pier Paolo Pasolini La meglio gioventù recueil de poèmes en dialecte du Friuli Ed. Sansone, Italie, 1954 dall’editore Sansone (3). Pier Paolo Pasolini Passione e ideologia (1948-1958), chapitre “Roma e Milano “ pages 60,61. Ed. Garzanti, Italie1960 (Première édition) (2) et (4). Asor Rosa , préface à Passione e ideologia (1948-1958). Claude Nori [l’été italien] -----------------------------Exposition_10 septembre au 29 octobre 2011 Vernissage_9 septembre à partir de 18h en présence de l’artiste ---------------------- Blooworkshops 10 bis rue de cuire - 69004 Lyon` ouvertures du mercredi au samedi 15h-19h www.blooworkshops.com /// [email protected] L’été italien L’été 1982 à Rimini, Claude Nori décide de raser sa moustache dans une chambre d’hôtel, comme un signe de renouveau après la mort de son père. Avec une petite caméra 8mm, l’artiste prend des starlettes en herbe, couples amoureux et les histoires romantiques inventé à hauteur d’un jukebox qui joue les tubes de l’été. Une série qui dépeint des moments de séduction (environ 5 minutes) entre le Nori photographe le Claude et quelques adolescents sur la plage à Rimini ponctué par le rythme des slogans de l’été, l’ombre des cabanes, les parasols pour ainsi créer une sorte de romance cinématographique ... “Italia, dopo la dolce vita” Catalogue de l’exposition Collection “Sans titre”, Éditions deux-cent-cinq Photographies de: Dan Dubowitz Claude Nori Bernard Plossu Gilles Verneret Textes de Laura Serani et Marco Delogu Préface de Gilles Verneret 72 pages Format 16 x 22 cm Prix: 17,50 € ISBN 978-2-919380060 www.editions205.fr 10 bis rue de cuire - 69004 Lyon Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h T.+33 (0)4 72 07 84 31 F.+33 (0)4 78 29 33 04 www.9ph.fr _____________________________________ CONTACT PRESSE : Damien Blanchard T. 33 (0)7 86 96 30 69 /// [email protected]