La mort d`un homme à part
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La mort d`un homme à part
26 août 2007 – n° 3163 – 1,30 ¤ La mort d’un homme à part Philippe Schuller/Signatures Raymond Barre est décédé hier, au Val-de-Grâce à Paris Page 5 www.lejdd.fr Le grand déballage Ségolène Royal, une rentrée très offensive Le ton monte au Parti socialiste L’interview au vitriol de Marie-Noëlle Lienemann Pages 2 et 3 Hier après-midi, dans son fief de Melle, Ségolène Royal était accompagnée, pour son discours de rentrée, de son ex-directeur de campagne, Jean-Louis Bianco (à sa gauche). Jean-Luc Luyssen/Gamma pour le JDD RENTRÉE La hausse des frais cachés Page 12 PLEINE PAGE Enquête sur les nouvelles élites Page 11 Retrouvez L’ÉDITORIAL de Jacques Espérandieu le 2 septembre Participez à notre concours et gagnez cette voiture Page 23 IL Y A DIX ANS... 4 MOIS, 3 SEMAINES, Comment 2 JOURS Diana La Palme d’or d’un a sauvé grand cinéaste Page 24 la reine Page 34 T 00831 - 3163 - F: 1,30 E 3:HIKKSD=VUVXUW:?n@b@g@d@k; France métropolitaine: 1.30 ¤/ DOM: ¤ 1.80/BEL: ¤ 1.40/CH: 2 FS/ ALG: 60 DA/AND: ¤ 1.20/D: ¤ 1.80/ ESP: ¤ 1.80/GB: 1.20 £/GRE: ¤ 2.20/ ITA: ¤ 1.80/LUX: ¤ 1.40/MAR: 12 DH/ PORT cont ¤ 1.90 Kim Knott/Camera Press/Gamma Page 6 en dit ici la haute valeur littéraire. Au t e u r à s u c c è s, Ya s m i n a Reza fait désormais l’expérience de la folie médiatique. En dehors d’une interview au Nouvel Observateur, elle s’est faite t r è s d i s c r è t e. C e s der niers jours, elle était en Sicile. Vendredi, elle devrait rejoindre le jury du fest iva l d e c i n é m a d e Deauville. Des micros se tendront pour l u i a r r a ch e r d e s confidences sur son travail. Elle pourrait n’avoir qu’une seule réponse : tout est dans mon livre, je n’ai rien d’autre à déclarer. Parmi les 727 romans parus en cette rentrée, L’aube le soir ou la nuit est l’un des quatorze ouvrages que le JDD a sélectionnés en par tenariat avec France Inter. Mais nos coups de cœur vont aussi à la fable sur la haine, de Philippe Claudel (Le rapport de Brodeck, Stock), ou au très beau roman sur l’adolescence, de Marisha Pessl (La physique des catastrophes, Gallimard). Patrice Trapier Cahier spécial Lire, pages 27 à 30 Eric Dessons/JDD INCENDIES Etat d’urgence en Grèce C’était le livre le mieux caché de la rentrée, il est désormais partout étalé. Les éditions Flammarion ont décidé de lancer dans le plus grand secret L’aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, avec embargo et exclusivité accordée à un hebdomadaire. C’est généralement le traitement réservé aux documents remplis de révélations explosives. Un seul roman avait déjà fait l’objet d’une telle sortie : La possibilité d’une île, de Michel Houellebecq (Fayard). Ce n’avait pas été franchement une réussite, chacun cherchant à révéler les passages les plus provocateurs au lieu d’en évaluer la qualité littéraire. Le sujet même du récit de Yasmina Re za – les coulisses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy – est, il est vrai, propre à susciter la curiosité. Mais on aurait tort de croire qu’on trouvera dans L’aube le soir ou la nuit des informations croustillantes. C’est le regard particulier d’un écrivain sur un personnage complexe ; Marie-Laure Delorme nous AMAZONIE Il veut sauver la forêt d’émeraude Page 21 DR Page 15 La folie Yasmina Reza Carole Bellaïche/H&K FOOTBALL Démission surprise de Guy Roux L’événement 2/ 26 août 2007 Face aux critiques, Marie-Noëlle Lienemann. Elle règle ses comptes avec l’ex-canditate Le royalisme vu par Claude Allègre ■ Vous parlez de la campagne de Ségolène Royal comme d’une « déflagration ». Que ce soit sur la stratégie, la méthode d’action ou les thèmes choisis, elle a eu faux sur toute la ligne. Elle a été imposée par les sondages et les médias. C’était un leurre. Elle a d’ailleurs joué et joue encore totalement perso. Et n’a tiré aucune leçon de la campagne. Ce qu’elle appelle son autocritique se borne à dénoncer ceux du parti qui ne l’auraient pas soutenu et l’impréparation dont elle aurait été victime. Comme toujours, elle s’épargne et ne peut pas se remettre en cause. Ce qui la rendra incapable de rebondir. Je ne lui reconnais qu’un mérite. Sa détermination au service de sa seule personne. Car elle n’a aucun sens du collectif. Une seconde candidature Royal vous semble impensable ? Ce qui s’est passé est irréversible. Et lorsque je dis « Au revoir Royal »*, c’est qu’il faut tourner la page. Sous prétexte de rénovation et de modernisme, elle a opté pour une ligne de complicité idéologique avec la droite. Avant elle, Jean-Jacques Servan-Schreiber et Gaston Defferre s’y étaient essayés. En pure perte. C’est un fourvoiement, une impasse qui prive la gauche de ses repères fondamentaux et de la victoire électorale. Elle a fait le lit de l’ouverture. Dois-je rappeler que Bernard Kouchner et Jean-Marie Bockel ont été ses premiers soutiens ? Où sont-ils aujourd’hui ? Elle a tout de même fait un score de 47 % ! En 2002, « Elle a eu faux sur toute la ligne » Marie-Noëlle Lienemann, vendredi sur l’île de Ré . Selon elle, « Royal s’illusionne sur les soutiens dont elle croit bénéficier au sein du PS ». Lionel Jospin n’avait même pas dépassé le premier tour. 47 %, c’est un seuil minimal contre la droite, et pourtant Ségolène Royal a bénéficié, à plein, du réflexe du vote utile. N’importe quel socialiste aurait fait ce score. Le total des voix de gauche sous Jospin a été supérieur au total des voix de g auche sous Ségolène Royal qui a fait fuir des électeurs socialistes vers Bayrou. Face à elle qui n’a même pas été capable de re prendre à son compte le thème de la rupture, Sarkozy a fait un des meilleurs scores jamais obtenus par la droite. On n’a guère entendu d’autres voix que la sienne pendant la campagne. Où étiez-vous passés ? Nous avons tout tenté pendant la phase préparatoire pour empêcher ce qui se préparait. Après c’était trop tard, nous ne pouvions pas prendre le risque de faire perdre plus encore notre camp. Ce décalage entre le PS et le peuple de gauche vient de plus loin. Déjà, on l’avait vu lors du « non » au référendum européen. Fidèle à sa tactique d’étouffoir, François Hollande stérilisait tout débat et f aisait un chanta g e constant sur l’unité que nous devions afficher. Nous avons vécu des mois de tension interne maximum, beaucoup d’entre nous pressentaient que nous courions à la catastrophe. N’enterrez-vous pas un peu vite Ségolène Royal ? Elle n’a pas l’intention de laisser sa place. Sa place, mais quelle place ? Si je ne m’attends pas à ce qu’elle tombe comme un fruit mûr, car elle va s’accrocher dur, je crois qu’elle s’illusionne lourdement sur les soutiens dont elle croit bénéficier à l’intérieur du parti. Que ce soit auprès des élus ou des militants. Les Gaëtan Gorce, Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg prennent déjà, plus ou moins, leurs distances. Ce ne sont plus que des soutiens flottants, prêts à jouer leur carte personnelle dès que l’occasion s’en présentera. Ils sont encore vaguement solidaires mais ils entendent la colère des militants, le dépit de ceux qui ont l’impression d’avoir été menés en bateau, floués, anesthésiés, utilisés au service d’une seule personne et non d’une cause. Les socialistes aujourd’hui sont dans l’expectative, d’autant que la période Hollande s’achève mi-2008. Mais la relève n’apparaît pas encore. idéologique. Dans les années 1970, le total des militants de gauche représentait près de 500.000 personnes. Contre à peine 300.000 aujourd’hui. L’avenir de la gauche passe par un travail de fond que sont prêts à faire Laurent Fabius, Alain Vidalies, Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli, Benoît Hamon. Et d’autres… Le club de réflexion Gauche Avenir se réunit mi-septembre à Paris pour reprendre l’initiative. Il faut rouvrir des débats essentiels : le refus de libre-échangisme, le retour à une économie mixte, la relance de l’industrie dans notre pays, un changement de cap en Europe, de nouveaux droits comme celui au logement, un nouveau pacte républicain… Le champ est larg e. Nous devons redevenir le parti du monde du travail. Interview Virginie Le Guay Comment reprendre la main ? En retrouvant nos valeurs fondamentales. En travaillant dans une dynamique unitaire : le PS, le PC, les Verts, le MDC, les militants syndicalistes, les associations de gauche. Il y a là un vivier immense, fertile, prêt à travailler autour d’un vrai programme. Il faut parler au peuple de gauche qui est parti vers Bayrou et même vers Sarkozy par désar roi, par manque de cor pus *Au revoir Royal, de Marie-Noëlle Lienemann et Philippe Cohen. Editions Perrin 185 pages, 13,50 €. Nicolas Héron pour le JDD Adepte d’une ligne franchement à gauche, seule capable, selon elle, d’arrêter « la décomposition et l’hémorragie » qui gagnent le PS, MarieNoëlle Lienemann, ex-ministre et députée européenne, dit ici tout le mal qu’elle pense des positions « rénovatrices » de Ségolène Royal. Telle une volée de bois vert, de nombreux livres sortent dans les prochaines semaines qui ne vont pas contribuer à la sérénité des débats au sein du PS. Après Marie-Noëlle Lienemann, Claude Allègre publie jeudi, chez Plon, La défaite en chantant. L’ancien ministre de l’Education nationale, connu pour son anti-royalisme, étrille son ancienne ministre déléguée. Extraits. « Je n’entre pas dans les histoires de couple. Cela ne nous reg arde pas, mais, politiquement, je crois que ce qui les a unis [François Hollande et Ségolène Royal], par-delà le sentiment amoureux, ça a été l’ambition. Tous les deux sont des ambitieux, mais dans des styles totalement différents. Ils ont décidé pendant un temps de mutualiser leurs ambitions, et puis est arrivé un moment où elles se sont contrariées. […] Beaucoup plus tard, à son QG de campagne de la rue d’Enghien. J’étais venu parler rech e r ch e e t u n ive r s i t é ave c François Fillon. Et, ce jour-là, Sarkozy surgit, et me dit : “Ma chance, je vous le dis tout de suite, c’est que Jospin n’ait pas été candidat. Ç’aurait été nettement plus coriace.” […] Une définition du “royalisme” : ce sont des gens dont l’ambition dépasse de beaucoup les capacités et qui l’assument en toute lucidité. » Suivront, mi-septembre chez Balland, En quête de gauche de Jean-Luc Mélenchon ; le 24 septembre L’impasse de Lionel Jospin (Flammarion) où l’ancien Premier ministre analysera les cinq années qui ont suivi son retrait de la politique ; Merci madame Royal de Jacques Mazeau, un proche de Daniel Vaillant (Hors Comm e r c e ) ; Désert d’av enir d e Guillaume Bachelay (Bruno Leprince). Deux proches de Royal, Vincent Peillon et François Rebsamen, prendront aussi la plume en attendant l’ouvrage de réflexion sur la rénovation de la gauche, Trente ans après de Bernard-Henri Lévy (Gr asset), qui dispensa ses conseils à la candidate socialiste pendant la campagne. Rénovation. Les jeunes députés réunis aujourd’hui à Frangy, en Saône-et-Loire « Le Parti socialiste a un bilan catastrophique. » Pour Arnaud Montebourg, député PS de Saôneet-Loire, le jugement est sans appel. Et nul n’échappe aux nouvelles banderilles qu’il devrait poser aujourd’hui, lors de la traditionnelle fête de la rose organisée sur sa terre d’élection de Frangy-enBresse, la 35e du genre. Le Premier secrétaire François Hollande ou la direction du Parti ? « Le courage est une denrée assez rare en politique. La paresse nous a coûté cher, très cher, à force de ne rien dire sur rien. On ne peut plus se contenter d’incantations et de prêches du sommet de la montagne. » Ségolène Royal ? « Même si elle a initié un vrai travail de transformation du PS, elle n’a pas résorbé la fracture entre le Parti et la société. » Entre l’ex-candidate du PS à la présidentielle et son ancien porte- parole, la tension est palpable. Ainsi, Ségolène Royal aurait bien voulu faire sa rentrée politique à Frangy mais Montebourg lui aurait répondu non. Sous prétexte qu’elle était déjà là l’an dernier. « Frangy a toujours été un laboratoire d’avant-garde et un pari sur l’avenir, explique-t-il. L’an dernier, c’était Ségolène Royal. Aujourd’hui, ce sont des membres du “shadow cabinet”* du groupe à l’Assemblée. » « A la direction, le changement de personnes viendra » On ne peut être plus clair. Même si Arnaud Montebourg est devenu bien trop prudent pour tacler officiellement qui que ce soit de son propre camp. « Il a beaucoup appris de la campagne présidentielle. S’il s’est construit plutôt contre le parti, notamment en David Brabyn pour le JDD. Montebourg sort la boîte à gifles Arnaud Montebourg hier près de Montret (Saône-et-Loire) dans sa circonscription. clouant au pilori Jacques Chirac contre l’avis des éléphants, il apprend à présent à être aimé des militants et à aimer le parti », observe Thierry Mandon, le députémaire de Ris-Orangis (Essonne), un proche de Montebourg. « Cela ne se voit pas toujours, mais c’est un homme de consensus… quand il faut ! », ajoute Jean-Luc Vernet, son suppléant pendant dix ans. Quand il faut, effectivement. « La redéfinition des lignes politiques est, pour le PS, un acte de survie. Aujourd’hui, le PS, fracturé entre courants et écuries, a perdu tout crédit et est incapable de rassembler. Le parti prend son temps, ne fait plus, depuis trop longtemps, aucun travail thématique et ne renouvelle pas sa direction. Mais le changement de personnes viendra. » Une analyse que partagent, sans forcément l’exprimer de la même façon, des députés présents à Frangy. « Le PS est devenu un appareil qui vise à promouvoir les plus médiocres. Mais pour nous, l’urgence est d’aborder les questions de fond afin de sortir de l’opposition à laquelle nous sommes d’ores et déjà condamnés pour encore cinq ans », explique Manuel Valls, le députémaire d’Evry (Essonne). « Etre à Frangy ne veut pas dire signer un chèque en blanc à Arnaud, même si j’apprécie son audace, son courage et son panache. Il est de notre responsabilité de dialoguer afin de rénover le PS et de le ramener au réel », ajoute Sandrine Mazetier, députée strauss-kahnienne de Paris. « Nous traversons une crise d’idées, d’organisation et de leadership », résume, de son côté, Gaëtan Gorce, député de la Nièvre. Son prochain livre portera sur la mondialisation Et Arnaud Montebourg dans tout cela ? Après Frangy et avant l’université d’été du PS à La Rochelle où il anime une table ronde, il rassemble cette semaine quelque 500 militants de son courant « Rénover maintenant » à Fouras (Charente-Maritime). Il met également la dernière main à son prochain livre qui portera sur la mondialisation et qui a pris du retard car, explique-t-il, « je n’avais pas prévu d’être porte-parole dans cette présidentielle ». Pas plus qu’il n’aurait fait, à l’en croire, de plan pour prendre le PS. « Je veux simplement apporter ma pierre à la redéfinition qui s’impose au parti. Ni plus, ni moins ». Denis Boulard *Ensemble des porte-parole socialistes chargés de contrer le gouvernement Fillon. 149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex. Tél. 01 41 34 60 00. Fax 01 41 34 70 76. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40/69 30. Président d’honneur Daniel Filipacchi. Directeur de la rédaction Jacques Espérandieu. 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(Dom Tom/Etranger). Abonnements au journal en ligne www.lejdd.fr. Numéro ISSN0242-3065.Tirage du 19 août 2007: 369.876 exemplaires. L’événement /3 26 août 2007 Jean-Luc Luyssen/Gamma pour le JDD Royal dégaine la première Envoyée spéciale N’en déplaise à ceux – et ils sont nombreux ces temps-ci – qui rêvent de la voir disparaître de la scène politique, Ségolène Royal est revenue. En force. L’ex-candidate socialiste à l’élection présidentielle, qui faisait sa rentrée hier après-midi à Melle, entourée de plusieurs milliers de militants et de beaucoup moins d’élus (on notera les absences très remarquées de François Rebsamen, Vincent Peillon, Michel Sapin et Julien Dray), a été on ne peut plus claire : elle tentera par tous les moyens de s’imposer dans le processus de rénovation forcée dans lequel s’engage le PS. Une rénovation qu’elle souhaite même piloter grâce à la « nouvelle parole politique » qu’elle entend dorénavant incarner. « Je commence, ici à Melle, devant vous, le début d’un processus au long cours qui devra déboucher sur une profonde remise en question », a lancé Ségolène Royal, qui avait particulièrement soigné sa tenue (tunique vert d’eau, brushing discret, maquillage subtil, jupe noire et boucles d’oreilles). Très offensive, y compris au sujet de ses camarades socialistes qui vont publier, à jet continu, des livres de règlements de comptes dont elle sera le plus souvent la cible (lire page 2), elle a ironisé sur la « chaude affection littéraire » dont elle se sent entourée en cette fin août et la « vulgarité de certains propos qu’il vaut mieux ignorer ». Mais peu importe, tout compte fait, ces camarades socialistes soudainement improvisés écrivains : « Ils sont plus tournés vers le passé que vers l’avenir. Les brebis égarées pourront toujours revenir au bercail. » Offensive, Ségolène Royal l’a également été à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Tout en saluant au passage le « mouvement réel et même frénétique » du chef de l’Etat, la présidente de la région Poitou-Charentes, qui avait fait venir pour l’entourer une bonne partie du staff de la Région, a multiplié les attaques sur la politique gouvernementale. « Annoncer la réforme, ce n’est pas l’accomplir. Paradoxalement, face à ce mouvement, ce qui menace le pays, c’est l’immobilisme. Les vieilles méthodes ressurgissent : empilement des lois, création de commissions tous azimuts… » Ségolène Royal tire à vue et réclame une évaluation « loyale et transparente » du double impact de la crise financière et du bouclier fiscal sur les finances du pays. Mais le cœur de ses propos, la raison d’être de sa présence à Melle, une semaine avant l’université d’été de La Rochelle et à la veille de la traditionnelle fête de la rose d’Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), c’est de montrer sa différence. Face à un parti qui n’a longtemps fonctionné « qu’à coup de motions, de règlements de comptes brutaux et de synthèses illisibles »… « Le PS est un parti qui doute !, s’exclamet-elle. C’est bien, c’est fructueux. Mais nous devons reprendre l’offensive. » Invoquant l’indispensable mutation idéologique que doit accomplir la gauche, la répartition nouvelle entre les droits et les devoirs et surtout l’éthique de la responsabilité, Ségolène Royal s’est dite débarrassée de « toute amertume » et « déterminée à prendre son temps » en vue de futurs combats électoraux dont il est clair Avant son discours, Ségolène Royal a invité ses proches à déjeuner dans sa maison de Melle. Parmi eux, de gauche à droite, Dominique Bertinotti, son ancienne porte-parole Najat Belkacem, Jean-Louis Bianco, Delphine Batho qui lui a succédé dans sa circonscription des Deux-Sèvres et (de dos en chemise bleue) l’agent des stars Dominique Besnehard. Elle a ensuite pris un bain de foule (ci-contre). François Mori/AP Melle (Deux-Sèvres) qu’il ne s’agit pas des élections locales à venir (« Nous ne devons pas nous contenter de ces réussites-là »). L’ancienne candidate se positionne fer mement : « Le parti, c’est nous. Nous nous y sentons bien. Je m’y sens bien », assure-t-elle lors d’un discours de près d’une heure trente au cours duquel elle réussit l’exploit de ne citer le nom d’aucun responsable socialiste. Même pas celui de Jean-Louis Bianco, pourtant présent hier à ses côtés et dont elle ne fit que peu de cas. Elle prône une alliance avec les centristes pour les municipales Concentrée sur sa nouvelle stature, Ségolène Royal prend l’engagement de tenir des propos « dignes et rassembleurs ». « Vous ne m’avez jamais surprise à dénigrer untel ou untel. Je continuerai sur cette ligne. Il ne faut plus nous désunir à la première contrariété. Nous devons surmonter ce qui a pu nous diviser. Le parti ne doit pas, ne doit plus être le champ clos d’affrontements absurdes et de règlements de comptes inutilement brutaux. » Sans nommer Laurent Fabius, elle fait huer la « désinvolture » de ceux qui, par le passé, n’ont pas su respecter le vote des militants. « Lorsqu’il n’y a pas de discipline, c’est le n’importe quoi. » En conclusion, elle prône une alliance avec les centristes lors des prochaines élections municipales et rejette tout accord à la carte. « Je m’oblige à ce besoin de rénovation. Mon ton sera moins enflammé lors de ce travail au long cours. Je ne suis en compétition avec personne. Je ne recherche rien d’autre que d’assumer mes idées. Je suis entièrement mobilisée et animée par un esprit solide. » Revenant brièvement sur les erreurs de sa campagne, elle reconnaît avoir « parfois improvisé », mais ne s’attarde pas sur une autocritique qui sera le sujet essentiel du livre qu’elle s’apprête à faire paraître (Une étrange défaite en est le titre provisoire) chez Grasset. Ségolène Royal a enfin confirmé sa présence, la semaine prochaine, aux universités d’été de La Rochelle, où elle interviendra à l’ouverture, vendredi matin, et dont seront absents la plupart des ténors socialistes comme Dominique StraussKahn, Laurent Fabius, Gaëtan Gorce. Seul Bertrand Delanoë pourrait faire le déplacement. Ironie de l’histoire, Ségolène Royal a été très applaudie par les militants, dont certains utilisaient pour se protéger du soleil le dernier numéro du magazine Closer qui publiait pour la première fois des photos de François Hollande et de sa nouvelle compagne. Virginie Le Guay Les conseils d’une Verte Les Gracques poussent au centre défaite, les voies de la refondation ». Bernard Spitz, président (lui préfère dire animateur) de cette association, explique : « Il y a un décalage entre les questions et les problèmes qui remontent du terrain et les réponses qu’apporte le PS. » « Le PS doit tourner la page de la prédominance du PC » S’ils sont sévères sur le diagnostic, les Gracques ne prétend e n t p a s d é t e n i r l e r e m è d e. « Nous ne sommes qu’un groupe de pression et de réflexion sans aucun tabou », avance Spitz. « La fracture entre le Parti socialiste et l’électorat de gau- che est évidente, observe pour sa part Jorge Semprun, et ce parti doit plus que jamais travailler avec toutes les forces de g auche. » Et l’écrivain espagnol, invité aujourd’hui des Gracques, d’ajouter : « Le Parti socialiste doit se mettre au clair avec son histoire et tourner la page de la prédominance du Parti communiste. Cela ne peut se faire sans un changement de personnalités. » Un membre des Gracques poursuit : « La direction du Parti socialiste n’est pas en mesure de conduire un débat d’idées. Elle ne fait rien d’autre qu’administrer des échéances électorales, et encore ! » M a i s à p e i n e f o r m é s, l e s Gracques se retrouvent gênés par la nomination dans le gouvernement Fillon d’un de leurs fondateurs, Jean-Pierre Jouyet. « Je serais volontiers allé à cette université d’été car je reste fidèle à mes convictions et à mes amitiés mais j’ai compris que ma présence posait problème », observe le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. « En acceptant ce poste, il s’est mis en dehors des Gracques qui doivent garder leur liberté de parole et de critique », estime pour sa part Jean-Noël Tronc, chef d’entreprise et « ami » de Jouyet. D. B. ■ Patrick Othoniel/JDD Ils ne sont pas politiques mais ils en font. Ils n’appartiennent pas (tous) au PS mais ils se penchent sur les difficultés actuelles de la première formation de l’opposition. Pendant la présidentielle, les Gracques, un collectif d’une quinzaine d’anciens collaborateurs des gouver nements Rocard et Jospin, ont appelé le PS à se tour ner vers le centre plutôt que vers l’extrême gauche. Aujourd’hui, une petite centaine de membres, venant autant de la fonction publique que du privé, se retrouvent pour leur p re m i è re u n ive r s i t é d ’ é t é a u Théâtre de la Villette à Paris pour analyser « les raisons de la La nomination de Jean-Pierre Jouyet, l’un des leurs, au gouvernement met les Gracques en difficulté pour peser sur le PS. « Le Parti socialiste ne doit pas s’engluer dans l’âge du capitaine, pas plus que dans le nettoyage des canines des lions et des lionceaux. » Ce conseil émane de Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts. Lors de son discours de clôture des journées d’été de son parti aujourd’hui à Quimper, Cécile Duflot devrait aussi estimer qu’il « faut sortir du léninisme dur ou doux ainsi que du social-libéralisme. Le seul projet de transformation sociale d’une gauche qui veut gagner est, et reste, l’écologie politique ». Politique 4/ 26 août 2007 Baromètre Ifop-JDD. A 69 % de satisfaits, Nicolas Sarkozy bat des records de popularité L’été de grâce du Président Contrairement aux attentes de certains observateurs sensibles aux orages économiques, l’état de grâce dont jouit Nicolas Sarkozy depuis son élection se confir me et s’accroît : 69 % de satisfaits (+ 3) dans le der nier baromètre Ifop-JDD et 29 % seulement de mécontents (– 1). Ce double résultat constitue même son record depuis son arrivée à l’Elysée. Aspiré par son président, le Premier ministre progresse également (+ 7) et atteint lui aussi son plus haut niveau avec 63 % de satisfaits et 30 % de mécontents (– 4). Etes-vous satisfait ou mécontent de Nicolas Sarkozy comme président de la République ? Août 2007 (%) 18 Plutôt satisfaits 51 Plutôt mécontents 20 Très mécontents 9 Très satisfaits Rappel juillet 2007 (%) 69 29 18 48 21 9 2 Ne se prononcent pas Atténuation progressive de l’anti-sarkozysme La hausse du Président est essentiellement due aux sympathisants du FN (+ 28), toujours les premiers à « ralocher » quand les satisfactions économiques espérées se font attendre et les premiers à revenir à un jugement favorable dès que le sécuritaire refait l’actualité. Nicolas Sarkozy progresse aussi chez les plus jeunes (+ 8) et les plus âgés (+ 6), et obtient toujours 65 % de satisfaits chez les ouvriers. Parmi les éléments d’explication de ce niveau record, on peut en souligner trois : l’atténuation progressive de l’anti-sarkozysme, la ratification du style présidentiel, le souvenir de ses succès récents. Et, naturellement, toujours son volontarisme. WOLINSKI 66 30 4 Etes-vous satisfait ou mécontent de François Fillon comme Premier ministre ? Août 2007 (%) 8 Plutôt satisfaits 55 Plutôt mécontents 22 Très mécontents 8 Très satisfaits Ne se prononcent pas Rappel juillet 2007 (%) 63 30 7 7 49 24 10 Sondage Ifop pour le JDD, réalisé du 23 au 24 août 2007, auprès d’un échantillon de 993 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Les interviews ont eu lieu par téléphone, au domicile des personnes interrogées. 56 34 10 Nombre d’électeurs soulignent, chacun à sa manière, que leurs craintes nourries par la campagne électorale ne se sont pas, au moins pour l’instant, justifiées : « J’ai eu un peu peur au début mais ce n’est pas aussi dramatique que je le pensais », dit un sympathisant communiste, et un socialiste : « Avec le temps, je le trouve plutôt sympathique, bref, je m’attendais à pire. » L’omniprésence du Président, sa rapidité de réaction aux catastrophes et aux drames (affaire du pédophile) correspondent aussi, on le savait depuis longtemps, à l’idée que les électeurs se font du rôle de chef de l’exécutif. Fillon voit sa popularité s’ajuster à celle du Président La libération des infirmières bulgares est spontanément citée par plusieurs personnes interro- gées comme le signe du succès de ce volontarisme présidentiel affiché et qu’ils espèrent retrouver dans d’autres domaines. Servi par sa discrétion, François Fillon voit sa popularité s’ajuster à celle de son président. Comme lui, il bénéficie de la « modération » : « On s’attendait à pire. Je vote à gauche et la droite, c’est pas pour moi. Mais, concernant ce gouvernement de droite, pour l’instant, ils font de bonnes choses. » Même indulgence chez une électrice : « A cause de la loi Fillon, j’étais mécontente, mais en un m o i s, i l n’ a r i e n f a i t d e m a l , alors il faut lui laisser sa chance. » Bref, il a « trouvé sa place » : « Avec un Président qui fait tout, je trouve qu’il s’en sort bien. » Ainsi, tirant la droite par la fidélité et prenant la gauche à contre-pied, le nouvel exécutif d i s p o s e - t - i l t o u j o u r s, q u at re mois après son élection, d’un crédit de confiance pour les uns et d’expectative favorable pour les autres, qui lui sera bien nécessaire quand les dif ficultés commenceront. Jean-Luc Parodi, directeur de recherche au Cevipof, consultant Ifop Finances publiques. Bercy redoute que les comptes de la France ne se dégradent en 2008 Des nuages en attendant la croissance Au-delà des mesures immédiates, Nicolas Sarkozy tient à monter lui-même en première ligne pour g a gner « le point de croissance qui manque au pays ». Jeudi matin, il installera la commission présidée par Jacques Attali, chargée de « libérer » l’activité. L’ancien conseiller de François Mitterrand, assisté d’une quarantaine de personnalités, a accepté une mission de taille : dresser la liste des blocages du pays et proposer les solutions pour les lever. Rien moins. Jeudi soir, le chef de l’Etat se rendra à l’université d’été du Medef, sur le campus d’HEC à Jouyen-Josas (Yvelines). Ce sera l’occasion de lancer « la deuxième phase des réformes économiques », selon le porte-parole de l’Elysée. Une allocution sous haute surveillance policière. Jeudi, des agents de nettoyage ont découvert des engins explosifs dans les toilettes situées à côté de la pièce servant de bureau à Laurence Parisot, la présidente de l’organisation patro- TELEX Social. Les syndicats se réunissent mi-septembre à propos des suppressions de postes La LCR sous le signe du Che La grève des fonctionnaires en suspens ■ Olivier Besancenot, qui a renouvelé cette semaine son souhait de construire un nouveau parti « anticapitaliste » qui ne se référerait plus exclusivement aux thèses de Léon Trotski, a précisé hier soir sa pensée lors de la première journée des universités d’été de la LCR à PortL e u c at e ( Au d e ) . « I l f a u t c o n s t r u i re l e s o c i a l i s m e d u XXI e siècle en s’inspirant des grandes figures révolutionnaires du trotskisme, du communisme e t , p o u r q u o i p a s, d u g u é va risme. » Pour autant, cette nouvelle stratégie, qui doit encore être entérinée lors du congrès de la LCR en décembre, ne fait pas l’unanimité. Christian Picquet, le « patron » des minoritaires, observe : « Toutes les tentatives précédentes d’organisation autour d’une seule composante ont été vouées à l’échec .» Un « ouf » de soulagement. Le gouvernement redoutait que les syndicats de fonctionnaires, réunis vendredi, n’annoncent un préavis de grève pour protester contre la suppression, en 2008, de 22.700 postes – du jamais-vu – et l’absence de négociations salariales. Il n’en est rien. « Enfin, on est tranquilles de ce côté-là », soupirait-on dans l’entourage d’André Santini, secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique. Pour Nicolas Sarkozy, la mobilisation des agents de l’Etat formait le principal danger de la rentrée. Le non-remplacement d’un départ en retraite sur trois est sa décision la plus impopulaire, selon le sondage Ifop-JDD que nous avons publié le 12 août. Les syndicats se sont contentés d’un communiqué dénonçant les Bernard Patrick/Abacapress.com La croissance, coûte que coûte. Face aux indicateurs déprimants publiés par l’Insee, Nicolas Sarkozy veut relancer la machine économique. Les chiffres ont de quoi faire grimacer : une activité médiocre au printemps, des sociétés qui n’investissent guère, un commerce extérieur très déficitaire et peu de créations d’emplois. Le tout sur fond de crise sur les marchés financiers… Le Président a pressé le gouvernement de réagir. Le Premier ministre, François Fillon, et la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, doivent recevoir cette semaine les PDG des banques. « Il ne nous paraît pas justifié qu’elles restreignent l’octroi de crédits », a martelé la patronne de Bercy. Par ailleurs, lors du conseil des ministres vendredi, la ministre a présenté une mesure destinée à soutenir l’investissement des entreprises. Elles bénéficieront d’un chèque du fisc couvrant une partie de leurs dépenses de recherche et développement. Nicolas Sarkozy, vendredi, lors d’un déplacement à Arcachon. nale. Aucun n’a explosé, et aucune revendication n’est connue. Reste que, en attendant leurs effets, les ristournes fiscales vont mathématiquement réduire les recettes de l’Etat, donc peser sur « sarcasmes, approximations et mépris » du gouvernement, en référence aux propos provocateurs d’André Santini. Le secrétaire d’Etat a notamment estimé que les agents publics étaient « trop nombreux ». « Si on supprime des emplois, on supprime quelles missions ? » Partie remise ? Les leaders des fédérations de fonctionnaires doivent de nouveau se réunir miseptembre. « Avant de se prononcer pour une éventuelle grève, attendons que les personnels soient rentrés de vacances pour les consulter », explique Eric Fritsch (CFDT). Les syndicalistes vont donc écouter les troupes, mais aussi le discours que le chef de l’Etat leur adressera, probablement avant le 5 septembre. « Le les comptes. Le coup de pouce en faveur de la recherche privée est évalué à 2,7 milliards d’euros pour 2009. Il s’ajoutera au « paquet fiscal » voté cet été, dont la note frôlera les 14 milliards cette premier d’un Président aux agents depuis 1983 ! » souligne-ton à Bercy. Un discours sur le thème « moins de fonctionnaires, mais mieux payés ». S’agissant des effectifs, tous les syndicats se disent prêts à discuter des missions que doit remplir le service public. Un premier rendezvous est prévu en octobre. Mais ils reprochent au gouver nement d’avoir mis « la charrue avant les bœufs », en supprimant des postes avant même d’avoir défini les contours souhaités pour l’Etat. « Si on supprime des emplois, on supprime quelles missions ? » s’inter ro g e Elisabeth David (Unsa). Dans l’Education nationale, le ministre Xavier Darcos a fourni un début de réponse, en remettant en cause des options de langues vivantes (allemand, année-là, après avoir pesé plus de 10 milliards d’euros en 2008. Résultat, dans l’entourage de Christine Lagarde on s’attend à voir la dette au mieux se stabiliser, au pire grimper en 2008. Nicolas Sarkozy a promis de la réduire. Interrogée sur le sujet vendredi, la ministre a prudemment répondu que l’endettement atteignait 63,6 % du PIB et qu’« au jour d’aujourd’hui, ce ratio ne change pas ». Conforté par sa popularité record à l’intérieur des frontières, le chef de l’Etat risque d’être davantage critiqué à l’extérieur. Les yeux rivés sur les comptes français, les voisins européens l’attendent au tournant. A Bercy, on assure que tout sera fait pour empêcher le déficit public, qui se creuserait, de dépasser en 2008 la barre de 3 % du PIB, limite fixée par l’Europe. Un tel dérapage ferait mauvais genre au moment où, en Allemagne, la chancelière Angela Merkel sor t, elle, son pays du rouge (lire page 13). Seule une croissance économique survitami- portugais notamment). A la CGT, on pointe les monuments historiques, comme les tours de NotreDame à Paris, où les horaires d’ouverture au public ont été réduits, le manque d’agents dérogeant aux normes de sécurité. Répartition des rôles entre Eric Woerth et André Santini « Les 22.700 réductions de postes sont un plancher, car les ministères peuvent d’eux-mêmes diminuer davantage les effectifs. Tout laisse craindre qu’il y en ait davantage », redoute Jean-Marc Canon (CGT). Reste la question des salaires. « Le gouvernement veut nous redistribuer la moitié des gains réalisés par les suppressions d’emplois, mais cela ne comble pas la baisse du pouvoir d’achat », née permettrait au chef de l’Etat de satisfaire tous ses objectifs. Petite consolation, Bercy est parvenu à préserver 700 millions d’euros lors du remodelage express de la mesure en faveur de l’immobilier. François Fillon avait indiqué que l’enveloppe serait intégralement réaffectée, mais la nouvelle disposition (40 % des intérêts d’emprunt sont déductibles des impôts la première année, au lieu de 20 %) coûtera finalement moitié moins que celle qui a été censurée par le Conseil constitutionnel. Lors d’un déplacement vendredi à Arcachon, le président de la République a implicitement reconnu devant les élus de Gironde que certaines tâches lui donnent du fil à retordre. « Vous jugerez sur les résultats. Je ne vous promets pas qu’on réussira tout, mais je vous promets que je vais donner tout mon possible pour que vous soyez à nouveau fiers de la France », a-t-il déclaré. Nicolas Prissette tranche Gérard Aschieri (FSU). Une baisse que les syndicats évaluent à 6 % depuis 2000, quand Bercy calcule, différemment, une hausse… A la différence de son secrétaire d’Etat André Santini jouant les « méchants », le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a, pour sa part, endossé les habits du « gentil ». Une répartition des rôles entendue entre eux. Dans un souci d’apaisement, il a déclaré que « la question du pouvoir d’achat des fonctionnaires sera pleinement abordée ». Et d’ajouter : « Les mesures générales, individuelles et catégorielles feront l’objet d’un examen complet, pragmatique et sincère .» L’opération de déminage ne fait que commencer. N.P. Politique 26 août 2007 /5 Raymond Barre. L’ancien Premier ministre est mort hier matin à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce Un homme à part Né le 12 avril 1924 à Saint-Denis de la Réunion, il passe son enfance sur son île natale, dans une imposante case créole. Il est scolarisé au lycée Leconte-de-Lisle de Saint-Denis, dans la même classe que l’avocat Jacques Vergès, qui lui disputera, en vain, la place de premier. Mobilisé à l’âge de 20 ans, il met de côté son vœu d’étudier la médecine et part en 1945 pour Madagascar rejoindre son régiment d’artillerie. Il veut s’embarquer pour l’Indochine mais les bateaux n’arrivent pas à temps. Démobilisé, il part pour Paris. Il y décroche une agrégation de droit, une autre de sciences économiques et le diplôme de l’Institut d’études politiques. Il devient professeur, à l’Institut des hautes études de Tunis, à la fac de Caen puis à Sciences-Po. Auteur d’un manuel d’économie qui fera longtemps référence, il soutient l’action de Pierre Mendès France, favorable à l’indépendance de la Tunisie ; mais ce sont les dirigeants de la France gaullienne qui le repèrent. En 1959, Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l’Industrie, en fait son directeur de cabinet. Huit ans plus tard, le général de Gaulle le promeut vice-président de la Commission européenne, responsable des af f aires économiques et financières. Au début de l’année 1976, il entre au gouvernement comme ministre du Commerce extérieur. Le 25 août, coup de théâtre : Jacques Chirac, Premier ministre, démissionne. A la surprise générale, Giscard nomme Barre à sa place, lui confiant, en plus de Matignon, le ministère de l’Economie et des Finances. « J’étais un non-professionnel de Georges Merillon la politique isolé dans un monde où il n’y a que des professionnels », confiait-il le 4 février dernier au JDD, au moment de la parution de son dernier livre, L’expérience du pouvoir (Fayard). Au pouvoir, l’économiste émérite est confronté à la hausse du chômage et de l’inflation, premières conséquences du choc pétrolier de 1974. Le Premier ministre entame une politique d’austérité économique, dite « de la rigueur ». Au cœur d’une crise mondiale, la France verra son taux de chômage passer de 4,5 % durant l’été 1976 à 7,3 % lors de l’élection présidentielle de mai 1981. En 1979, Raymond Barre impose une restructuration de la sidérurgie. Douloureux, entraînant la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois, son plan permettra tout de même de sauvegarder une industrie qui donnera plus tard naissance au groupe Arcelor. Son gouvernement engage également le plan nucléaire. Mais la fin de son mandat est entachée par plusieurs af f aires (Boulin, avions renifleurs, diamants de Bokassa…), qui ne le mettent pas en cause mais ternissent l’image du président de la République et, par contrecoup, la sienne. Son impopularité atteint des sommets. Il sera le seul à n’avoir jamais adhéré à un parti politique Vient la victoire de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Barre échappe à la va gue rose et conserve son siège de député de la 4 e circonscription du Rhône, acquis lors des législatives de 1978. Il siège au centre mais ne prend pas sa carte à l’UDF. De tous les hauts dirigeants de la Hier, à la sortie de l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, Eva Barre et leurs deux fils, Olivier et Nicolas. Raymond Barre est décédé dans la nuit, il avait 83 ans V e République, il sera le seul à n’avoir jamais adhéré à un parti politique. En 1988, Raymond Barre, qui s’est prononcé contre la cohabitation, se présente à l’élection présidentielle. Comme François Bayrou plus tard, il tente de se faire une place entre la gauche, incarnée par le Président sortant François Mitterrand, et le leader de la droite, le maire de Paris Jacques Chirac. Son slogan : « Barre confiance ». Donné favori par beaucoup d’instituts de sondages quelques mois seulement avant l’élection, il rate sa campagne, lui le piètre orateur qui manque de charisme, de chaleur et refuse les effets d’annonce et les promesses intenables. S’ajoute une redoutable entreprise de démolition menée par les chiraquiens d’alors, à commencer par Charles Pasqua. A l’arrivée, il n’est que troisième, avec 16,54 % des voix, derrière Mitterrand (34,11 %) et Chirac (19,96 %). Celui qui disait « Je préfère être impopulaire qu’irresponsable » se désiste immédiatement, mais sans grand enthousiasme, en faveur du président du RPR, qui échouera deux semaines plus tard. Raymond Barre ne sera jamais chef de l’Etat. En 2002, il déclarera à La Croix : « Si vous n’êtes pas viscéralement attaché à la politique, prêt à utiliser tous les moyens et à devenir un tueur, vous ne pouvez devenir président de la République. » Une retraite politique en 2002 En 1995, il est élu maire de Lyon. Il le demeurera le temps d’un mandat, six ans, juste avant de prendre sa retraite politique en 2002. Amoureux de Venise, de Titien, de Braque, de Proust et de Dumas, privilégiant les prises de position indépendantes, il conservera une place à part dans le paysage politique, distillant analyses fines et traits assassins. Une hauteur de vue pourtant entachée d’incompréhensibles dérapages : lui qui avait condamné Charles Millon pour s’être allié au Front national au conseil régional de Rhône-Alpes défend Bruno Gollnisch, député européen (FN) accusé de révisionnisme et exclu de l’université Lyon III. « Un homme sympathique », « quelqu’un de bien ». Quand Maurice Papon, qui fut son ministre du Budget de 1978 à 1981, meurt en février dernier, il rend hommage à l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde : « Un grand commis de l’Etat. » En mars der nier, Raymond Barre s’en prend enfin au « lobby juif », coupable à ses yeux d’avoir déclenché une « campa gne » contre lui en 1980, quand, Premier ministre, il avait maladroitement lâché, suite à l’attentat antisémite de la rue Copernic : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. » Dans les colonnes de Libération, Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, avait lancé cette attaque, ter rible : « J’accuse Raymond Bar re d’être un antisémite. » L’ancien Premier ministre avait répliqué au micro de RTL : « Il y a une clique qui, depuis 1980, me poursuit pour me faire passer pour antisémite. Les procédés sont très singuliers mais cela me laisse indifférent. Et c’est cette indifférence qui les outrage. » Alexandre Duyck Les caricaturistes s’amusaient de ses assoupissements à l’Assemblée nationale. Ici, lors d’un débat sur la CSG. Il se retire de la vie politique en 2002. Sa carrière politique démarre en 1976 lorsque Valéry Giscard d’Estaing le nomme ministre du Commerce extérieur. Sept mois plus tard, Jacques Chirac, alors Premier ministre, démissionne. Il est nommé à sa place. Il a alors 52 ans. Picot/Stills JM Gerber Vincent Leloup A l’Elysée avec Maurice Papon, qu’il avait nommé ministre du Budget de 1978 à 1981. ■ Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a salué un « esprit libre et indépendant » : « Personnage à part dans le personnel politique français », il « eut la volonté de mettre son savoir au service de la cité, fidèle dans son engagement, à ses convictions européennes, libérales et sociales ». ■ L’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing : « La France vient de perdre l’un de ses meilleurs serviteurs […]. Il était un homme d’Etat qui ne poursuivait aucun objectif personnel mais qui cherchait à assurer, par une compétence exceptionnelle et un travail achar né, le bien-être de notre pays. » ■ L’ancien président de la République Jacques Chirac : « La France perd un grand économiste, un homme politique engagé pour la modernisation du pays et un grand européen. » ■ Le premier secrétaire du PS, François Hollande : « C’est un authentique homme d’Etat qui disparaît, un acteur politique même si sa famille fut toujours celle du centre droit, qu’il servit de son point de vue le mieux qu’il put et avec indépendance. » ■ Le Premier ministre, François Fillon : « Raymond Barre dut mener, de 1976 à 1981, une courageuse politique d’austérité en réaction aux chocs pétroliers. Demeuré malgré cela l’un des hommes politiques français les plus respectés et les plus populaires, son parcours démontre qu’il n’y a pas d’autre chemin que de dire la vérité aux Français et de prendre parfois des mesures difficiles. » ■ Le fondateur du MoDem, François Bayrou, a évoqué un dirigeant qui « tenait le cap » et a été « soutenu, admiré, aimé, par beaucoup de Français, parce qu’il était un homme d’Etat, c’est-à-dire quelqu’un qui mettait l’intérêt de son pays au-dessus des intérêts particuliers des clans, des partis ou des hommes ». A propos des polémiques sur son antisémitisme, il a ajouté: « Cela prouve que les hommes, même quand ils sont grands, ont leurs faiblesses, leurs taches noires qu’il faut regarder en face. » ■ L’ancien ministre socialiste Jack Lang : « Pour ceux d’entre nous qui avions été éduqués à l’école de Pier re Mendès France, il apparaissait d’une certaine manière comme son équivalent à droite : rigueur, courage, passion de la vérité. » ■ La présidente du Medef, Laurence Parisot : « C’est un des premiers grands hommes politiques français à avoir su parler économie aux Français, avec intelligence, sans démagogie aucune. » ■ Son ancien chef de cabinet à Matignon, Pierre-André Wiltzer : « Celui qui l’a le plus inspiré reste le général de Gaulle. C’est de lui qu’il tenait son grand respect des institutions et son opposition à la cohabitation.» Raymond Barre, en pleine campagne pour les législatives en 1986. Après la victoire en mai 1981 de François Mitterrand, il retrouve son siège de député du Rhône. Il sera constamment réélu, en 1986, 1988, 1993 et 1997. Daniel Simon/Gamma Repéré par les dirigeants de la France gaullienne Raymond Barre, lors d’une conférence à Sciences-Po en 1985, était considéré comme un économiste émérite. Agrégé de droit, de sciences économiques et diplômé de l’Institut d’études politiques, il y avait été professeur avant d’entrer dans la politique. Jacques Demarthon/AFP Il était à la fois le « meilleur économiste de France », le « professeur-la-rigueur », le chéri des caricaturistes quand il s’endormait sur son banc à l’Assemblée nationale. L’auteur de bons mots (« Il faut mettre un frein à l’immobilisme », « Je suis un homme car ré dans un cor ps rond »), le père du conce pt de « microcosme » politique et médiatique, un esprit iconoclaste et inclassable qui, prenant sa retraite politique en 2002, n’eut pas de mots assez durs pour qualifier les « cancres », les « crétins », les « couillons » et autres « incapables » de la vie politique – où il disait être lui-même entré « par effraction ». Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing de 1976 à 1981, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1988, maire de Lyon de 1995 à 2001, Raymond Barre est mort hier à l’âge de 83 ans. Le 11 avril dernier, suite à un malaise cardiaque, l’ancien Premier ministre avait été hospitalisé à l’hôpital de Monaco avant d’être transféré à Paris, au Val-de-Grâce, où il se trouvait depuis. Atteint depuis des années de problèmes rénaux, il était régulièrement dialysé. Raymond Barre souffrait également du cœur. Une émotion unanime Société 6/ 26 août 2007 Incendies. Au moins 49 morts dans le pays, le Péloponnèse dévasté par les flammes Correspondance Les Grecs n’oublieront pas de sitôt cet été meurtrier. Tandis que les habitants du Péloponnèse luttent contre les incendies de forêts qui ravagent la péninsule, la télévision égrène les macabres nouvelles. Dans la région du Magne, au sud de la pé- ninsule, un couple enlacé a été retrouvé carbonisé dans sa voiture. La femme tenait à la main une caméra. A Platania, une femme de 30 ans et ses quatre enfants ont lutté contre les flammes lors d’une course folle de deux kilomètres. La mère de famille a perdu son sprint contre la mort. Ses quatre enfants, âgés de 5 à 15 ans, ont succombé eux aussi. Hier soir, le bilan était de 49 morts, mais il devrait vraisemblablement s’alourdir car les flammes continuaient leur progression sur deux autres fronts : au sud de l’île d’Eubée, au nordest d’Athènes, et aux environs de la capitale grecque. Au total, une centaine de foyers faisaient rage hier, un fort vent attisant les flammes par des températures caniculaires. A certains endroits, les pompiers étaient incapables d’accomplir leur mission. Le Péloponnèse offre un tableau apocalyptique : villages totalement dévastés, maisons brûlées, récoltes parties en fumée, cadavres d’animaux, carcasses de voitures carbonisées. Sur l’autoroute qui mène de Corinthe à Patras, la végétation, la vie même ont disparu. Des deux côtés de la chaussée, tout est noir et carbonisé. L’odeur est lourde, la respiration difficile. Dans le village d’Artemida, à l’ouest du Péloponnèse, où un convoi de 13 personnes a péri en tentant de g a gner la côte en contrebas, les survivants sont sous le choc. « On essaie de comprendre, la route a apparemment été bloquée par une collision entre le camion de pompiers et un autre véhicule, le feu les a rattrapés », explique un retraité de 65 ans, revenu pour l’été dans sa région d’origine. Quand cet homme, qui avait réussi à quitter le village à temps, est remonté hier matin à Artemida, il a pu mesurer l’étendue des dégâts : la plupart des bâtiments et les oliveraies ont brûlé. Çà et là gisent des cadavres de chèvres et de chiens recouverts d’une couche de cendres grises. « C’est le chaos, tout le travail de plusieurs générations est parti en fumée », déplore encore le retraité. Non loin, une vieille femme vêtue d’une robe noire et d’un fichu bleu se lamente : « Je n’ai même pas pris le temps de prendre de l’argent, je n’ai rien. » Dans la région d’Athènes, comme ici à Keratea (en haut), mais aussi dans le Péloponnèse et sur l’île d’Eubée, les pompiers peinent à circonscrire les incendies meurtriers qui ravagent la Grèce. Comme cette vieille dame, certains habitants ont la chance d’être secourus, mais les moyens humains manquent et de nombreuses personnes sont contraintes de fuir seules, en voiture ou à pied. John Kolesidis/Reuters Athènes Eurokinissi/Reuters Yiorgos Karahals/Reuters Grèce, une « tragédie nationale » « Où étaient les pompiers quand mon mari brûlait ? » Po u r l e P re m i e r m i n i s t re grec Costas Caramanlis, il s’agit d’une « tragédie nationale ». Un sentiment partagé par l’ensemble de la classe politique grecque : chose rare, les partis d’opposition se sont refusés à polémiquer et tous les meetings électoraux qui devaient se tenir en prévision des élections législatives anticipées du 16 septembre ont été annulés. L’état d’urgence a été décrété hier dans tous les départements et un deuil national de trois jours a été ordonné. Costas Caramanlis a également invité tous les Grecs à « se mobiliser » et à « participer activement à la bataille collective ». Dans un message à la nation, le Premier ministre a par ailleurs annoncé que des aides financières et des aides au lo g ement allaient être débloquées. De son côté, l’armée a organisé des distributions de vivres, de tentes et de sacs de couchage pour les sinistrés réfugiés sur les plages. Des écoles ont été réquisitionnées dans les zones touchées et des cellules d’aide psychologique ont été mises en place. Mais les propos rassurants tenus par les autorités ne trouvent pas forcément un bon écho dans la population. Les Grecs dénoncent la désorganisation et le retard des secours. Des familles de victimes ont pris à partie le ministre de la Santé devant l’hôpital de Pyrgos : « Pourquoi ne nous avez-vous pas fait évacuer plus tôt ? » « Où étaient les pompiers quand mon mari brûlait ? » « Où est l’ar mée ? Pourquoi ne nous ont-ils pas sauvés ? » De nombreux habitants ont en effet dû se battre seuls pour essayer de sauver leurs maisons à l’aide de seaux d’eau. Certains pompiers ont semblé dépassés par les événements, ne sachant pas à qui demander des ordres, et on a vu des lances à incendie à sec. La lourdeur du bilan s’explique aussi par le fait que l’assurance habitation n’est pas oblig atoire en Grèce. De nombreux habitants ont ainsi refusé d’obéir aux injonctions des pompiers qui les pressaient d’évacuer leurs villages. Selon les pompiers, de nombreux incendies pourraient être d’origine criminelle : 22 foyers ont ainsi démarré vendredi, après la tombée de la nuit. Quatre personnes soupçonnées d’incendies volontaires ont été arrêtées hier. A la suite d’un appel à l’aide d’Athènes à l’Union européenne, la France a décidé d’envoyer quatre bombardiers d’eau Canadair et 60 sapeurs-pompiers pour participer à la lutte contre les incendies. Ces renforts devaient être acheminés par un Transall C130 appartenant au ministère de la Défense. C’est la troisième fois, cette année, que la France engage des avions en Grèce. L’Italie, l’Espagne et la Suède doivent aussi envoyer des avions, tandis que l’Allemagne et la Norvège ont proposé des hélicoptères. Angélique Kourounis (avec AFP) Société 26 août 2007 /7 Face-à-face. La tension monte entre « pro » et « anti », qui se toisaient hier près de Montauban Les OGM sèment la discorde Envoyée spéciale « Si Bové continue à faucher nos champs, on va s’occuper de lui raser la moustache ! » hurle un agriculteur en colère. « Il faudrait plutôt le coller en prison avec sa bande de voyous ! » lance un autre. Sur le pont de Verdun-sur-Garonne (Tarn-et-Garonne), hier, près de 200 agriculteurs se cognent aux escadrons de gendarmerie mobile qui en bloquent l’accès. Quelques lacrymos contiendront les manifestants, qui veulent en découdre avec « ceux d’en face ». De l’autre côté du vieux pont à haubans, précisément, des militants anti-OGM, réunis pour le weekend à l’appel du collectif des Faucheurs volontaires, finissent de pique-niquer. Ils savent l’exaspération de l’autre camp et craignent l’af frontement. « C’est grâce à nos actions de fauchage que le débat sur les OGM est aujourd’hui sur la place publique », se justifie Patrick, un informaticien venu de la région Rhône-Alpes. « On s’attaque surtout aux parcelles détenues par des multinationales », ajoute Nicolas, un autre militant. Sur l’autre rive, on ne décolère pas. Les arguments fusent pour dénoncer l’« atteinte au travail des gens et à la propriété privée », et dire que, si tous ici ne sont pas forcément pour les OGM, « ça suffit ». Les esprits s’échauffent. Un hélicoptère tour noie dans le ciel ; le sous-préfet de permanence est appelé à la res cousse : passant d’une rive à l’autre, il fait promettre aux faucheurs de ne pas s’attaquer aux champs d’agriculteurs du coin, et aux autres de lever le camp pour éviter tout dérapage moyennant une protection de leurs parcelles par la force publique. Avant de partir, la mort dans l’âme, les agriculteurs jettent un dernier coup d’œil vers le pont interdit en lançant : « Si on les trouve dans nos champs, on ne les ratera pas ! » De l’autre côté de la Garonne, José Bové vient d’expliquer qu’il ne renoncera pas aux actions de « désobéissance civique ». En début de soirée, plusieurs f aucheurs volontaires iront déposer des pieds de maïs, discrètement arrachés un peu plus tôt, devant les grilles de la firme Monsanto. L’affrontement direct a été évité, mais les OGM n’ont sans doute pas fini de semer les graines de la discorde. Soucieux d’apaiser les es- Georges Bartoli/Fedephoto pour le JDD Verdun-sur-Garonne Hier sur le pont de Verdun-sur-Garonne, les gendarmes ont bloqué les pro-OGM qui tentaient de perturber le rassemblement des Faucheurs volontaires sur l’autre rive (ci-contre). prits, le ministre de l’Ecologie Je a n - L o u i s B o rl o o, q u e l ’ o n n’avait jusqu’alors guère entendu sur le sujet, a pourtant indiqué cette semaine que le Grenelle de l’environnement, prévu à l’automne, serait l’occasion de préparer une loi. « On est dans une situation complètement hypocrite en France, a-t-il reconnu. On n’a pas osé faire de loi pour t r a n s c r i re l a d i re c t ive e u ro péenne, on a fait des décrets. » Des textes publiés en toute hâte qui ont ef fectivement per mis d’escamoter un débat houleux à la veille de l’élection présidentielle, tout en évitant en partie les lourdes amendes prévues par Bruxelles pour défaut de transposition de cette directive depuis 2002. La méthode a suscité l’ire des organisations écologistes qui militent depuis des années pour un vaste débat au Parlement. Echaudées, ces associations restent prudentes. Pour France Nature Environnement, si l’annonce de Borloo est « une avancée », « il va falloir se mettre d’accord sur le fond ». A Greenpeace, on reste très mesuré : « Depuis des années, les politiques fuient le débat public et laissent pourrir la situation en jouant la stratégie du fait accompli ! » s’énerve Magali Ringoot, en rappelant que les surfaces cultivées en maïs OGM ont été multipliées par quatre en un an, et ce « sans véritable réglementation ». En Europe, la F rance ar rive désor mais en deuxième position avec plus de 22.000 hectares, juste derrière l’Espagne, « alors que plus de 80 % des Français sont contre, tout comme une majorité d’agriculteurs », souligne-t-elle. Comme d’autres, telle la Confédération paysanne, Greenpeace maintient son exigence : « Un moratoire sur les OGM dans les plus brefs dé- lais ! Ensuite, on pourra discuter des contours de la loi. » La menace d’un boycott du Grenelle de l’environnement, le grand rendez-vous écologique promis par Nicolas Sarkozy, plane donc toujours. Le gouvernement dresse les gens les uns contre les autres En dépit de l’intervention de Jean-Louis Borloo, une impression de flottement s’est installée, alimentée par des prises de position contradictoires au sein du gouvernement. « On ne sait pas où ils veulent nous emmener », déplore Cédric Poeydomenge, responsable de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), cataloguée pro-OGM. Mi-août, en pleine campagne de fauchage d’OGM et après le suicide d’un cultivateur de maïs transgénique dans le Lot, son organisation s’était fendue d’un communiqué rageur, dénonçant « une gestion particulièrement déf aillante, f aite d’ater moiements et de non-décisions ». Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a de son côté exigé du gouvernement « une position définitive, qui arrête le feuilleton de l’été avec destructions de champs d’OGM ». Michel Masson, responsable de la FDSEA pour la région Centre, ne cache plus son inquiétude : « Le dialogue n’est plus possible. Les agriculteurs victimes de fauchages sont exaspérés. Il y a déjà eu un mort et je peux vous dire que, plutôt que d’aller s’accrocher à un arbre, ils risquent maintenant d’aller décrocher leurs fusils. » Magali Ringoot, de Greenpeace, prévient elle aussi : « En ne clarifiant pas la situation, le gouver nement dresse les gens les uns contre les autres et risque de mettre le feu aux campagnes. » Emmanuelle Chantepie Pédophilie. C’est dans cet établissement « spécialisé » qu’était détenu Francis Evrard Malaise à la prison de Caen Vendredi au centre pénitentiaire de Caen. Caen Caen. « Cinq ont récidivé et sont revenus à la case départ », constate un syndicaliste FO. Les détenus se plaignaient des délais pour obtenir une consultation Au centre de détention de Caen, les failles du système médico-judiciaire semblent béantes. Un surveillant affirme que, lorsqu’il signale aux médecins des comportements suspects ou des transferts d’images pédopornographiques entre détenus, rien ne se passe. Cet autre gardien s’étonne que personne n’ait traité Martial Leconte pour son problème d’alcoolisme alors qu’il a commis son viol en état d’ébriété avancée. Les moyens ne semblent pas adaptés à la prise en charge d’une population carcérale bien particulière : ici, plus de 80 % des 420 détenus sont des délinquants sexuels. « Difficile de les soigner alors qu’ils ne parlent que de sexe et se confient leurs fantasmes », souligne une assistante sociale. « Cette concentration de délinquants ayant le même profil ne fait qu’amplifier les pulsions des détenus, poursuit un surveillant. Avant les expertises psychiatriques, qui ne durent qu’une vingtaine de minutes, les prisonniers se briefent entre eux pour obtenir de bons rapports. Ainsi, des types comme Evrard gagnent des mois de réduction de peine. » Même si certains détenus se font prescrire des traitements hor monaux, souvent uniquement dans le but d’obtenir une permission, personne n’est en mesure de vérifier le suivi de ceux-ci. Le SMPR (service médico-psycholo- gique régional) de Caen a traversé une crise ces trois dernières années. Créé en 1995, il a fonctionné avec ef ficacité jusqu’en 2004 et a même accueilli au sein de la prison une unité d’hospitalisation de douze lits, qui a fermé en juillet 2005. Ce qui a eu des répercussions en détention puisque les surveillants ont constaté un nombre accru d’incidents. Plusieurs assistantes sociales, démotivées, ont quitté le service et n’ont pas été remplacées. « Il n’y a jamais eu autant de monde au mitard qu’à cette période de tensions », précise Hugues, aumônier depuis sept ans. Les détenus se plaignaient des délais pour obtenir une consultation. L’avocate Dominique Maugeais indique que l’un de ses clients, qui avait réclamé une prise en charge psychologique, est resté sur une liste d’attente pendant deux ans. Depuis le mois de septembre, un nouveau psychiatre est en place, il est le seul médecin statutaire du SMPR. Les cinq psychologues, qui interviennent également à la maison d’arrêt comptant 400 détenus, sont contractuels. « Ce n’est pas suffisant », témoigne une assistante sociale. Selon Hugues, l’aumônier de prison, « quand un gars pète les plombs, au lieu de le soigner, on l’envoie se calmer pendant neuf jours au Bon Sauveur (hôpital psychiatrique), dans une cellule de 9 m² avec un matelas au sol et un seau ». Une assistante sociale conclut : « Ici, on casse les détenus plus qu’on ne les soigne. » Adeline Fleury Doc LCI Des soupirs de soulagement emplissent le bureau froid des surveillants. Enfin, ils ont l’impression d’avoir été écoutés. Eux qui côtoient les détenus 24 heures sur 24, entendent leurs discussions, partagent leur univers, perçoivent leurs travers. Après plus d’une heure de délibérations, la décision est tombée : Martial Leconte, pédophile originaire de Vernon (Eure), condamné en 1998 à quatorze ans de réclusion criminelle pour le viol d’une collégienne de 11 ans, ne sortira pas de prison avant trente jours. Il devait pourtant recouvrer la liberté hier. Cet homme de 42 ans se vantait, lors de ses promenades dans la cour centrale, d’avoir un « faible pour les petites filles ». Une commission présidée par le juge d’application des peines et composée du procureur de la République, de membres de l’administration pénitentiaire, des services sociaux et de psychiatres, en a décidé autrement. « Lors d’une perquisition de la cellule du détenu, mercredi, la police a découvert des photos représentant des enfants habillés. Le parquet a considéré qu’il s’agissait d’une mauvaise conduite et a saisi la commission d’application des peines en vue de demander un retrait du crédit de réduction de peine », a expliqué Claire Diwo, substitut du procureur de Caen. Une manière de calmer les esprits après l’affaire Evrard ? Trente jours suffiront-ils vraiment pour s’assurer que Leconte, qui a confié à plusieurs reprises vouloir à nouveau passer à l’acte, ne récidivera pas ? L’an dernier, dix « profils » similaires à celui de Leconte ont été libérés du centre pénitentiaire de Photo david Brabyn pour le JDD Envoyée spéciale « Je tiens à revivre dehors » ■ En octobre 2000, une équipe de Zone interdite avait rencontré Francis Evrard dans le cadre d’un reportage sur les délinquants sexuels en prison. Le pédophile récidiviste venait alors d’arriver au centre de détention de Caen. Dans des extraits de ce document redif fusés aujourd’hui dans l’émission 66 Minutes (17 h 50 sur M6), Evrard, qui en est alors à vingt-cinq années de prison, est auditionné par la juge d’application des peines. Il se confie (visage masqué et voix déformée) sur son refus de subir une castration chimique : « Ce n’est pas à 60 ans que je vais faire un traitement hormonal, je tiens à revivre dehors », explique-t-il avant de reconnaître – sans se faire prier – qu’il lui arrive encore d’avoir des fantasmes pédophiles. S’il a demandé à voir la juge, poursuitil, c’est seulement pour obtenir le droit de sortir voir sa mère malade et non parce qu’il ressent le besoin d’un suivi. La juge refuse la permission et fait part de son inquiétude face à « ce dossier extrêmement lourd » : « Il ne réalise manifestement toujours pas que ce qu’il a fait est très grave, qu’il est dangereux pour les enfants, explique-t-elle. [Sa détention] n’a servi à rien, si ce n’est à le mettre de côté. » Sept ans plus tard, Francis Evrard récidivera quelques semaines après sa libération. J.B.-P. Société 8/ Albertville. Son avocat évoque le passé difficile de la triple infanticide et accable son compagnon Elle voulait garder ses « bébés » Envoyée spéciale L’homme a le regard perdu, presque hagard. Il s’exprime d’une voix tremblante. Dit qu’il « cherche à comprendre ». Hier matin, Philippe Viguet-Poupelloz, 40 ans, plombier, est rentré chez lui. Dans la maison sur les hauteurs d’Albertville (Savoie) où, trois jours plus tôt, il a découvert les cadavres de trois nouveau-nés enfouis dans une malle et un carton. Ils avaient été cachés là par sa compagne, Virginie Labrosse, 3 6 a n s. L a j e u n e f e m m e a é t é mise en examen et incarcérée ve n d r e d i p o u r m e u r t r e s s u r mineurs de moins de 15 ans. Elle avait reconnu, dès la découverte des corps, avoir mis au monde en 2001, 2003 et 2006 ces trois bébés et les avoir cachés depuis dans le bac à congé- lation du réfrigérateur, les transportant même lorsque le couple a emménagé dans la grande maison qu’il s’était fait construire l’année der nière. Lorsqu’elle a quitté le domicile conjugal, début août à la suite d’une brouille, elle a descendu les corps dans un vide sanitaire au sous-sol pour que son compagnon ne les trouve pas. Elle avait pris l’habitude de les sortir du congélateur dès que ce dernier était seul et risquait de tomber dessus. Son compagnon ne s’est pas aperçu de ses grossesses Philippe Viguet-Poupelloz, qui vivait avec elle depuis seize ans, raconte qu’il ne s’est jamais aperçu de ses grossesses. « J’ai rien vu », répète-t-il d’une voix monocorde. Placé en garde à vue mercredi, en même temps que Virginie, l’homme a été relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. « Il n’était pas au courant. […] Il est tombé du placard en l’apprenant », déclarait vendredi Henry-Michel Perret, le procureur d’Albertville. Un autre homme a également été placé en garde à vue et relâché dans le même temps : un garçon de 20 ans, ancien voisin de palier du couple, avec qui Virginie entretenait depuis deux a n s u n e re l at i o n a m o u re u s e. En décembre 2006, alors qu’elle accouchait de son troisième bébé, l’amant dit n’avoir lui non plus rien remarqué. « Lors de ses grossesses, au lieu de prendre du poids, elle pouvait perdre jusqu’à une quinzaine de kilos », explique le procureur. S e l o n M e M i c h e l Ju g n e t , l’avocat de Virginie Labrosse, la jeune femme, bien que socialisée – des amies, un emploi régulier par intérim… –, était extrêmement seule. Depuis sa rencontre avec Philippe, Virginie avait coupé tout lien avec sa famille, Virginie Labrosse et son frère le 31 décembre 2004. Aucun de ses proches n’était au courant de son lourd secret. DR Albertville d’origine lyonnaise. Lors de son audition, elle a expliqué avoir eu une enfance malheureuse. Elle aurait été victime d’agressions sexuelles de la part d’un de ses proches. Elle entretenait également des rapports psychologiquement très violents avec sa mère, alcoolique. Cette dernière lui avait répété pendant toute son enfance « qu’il ne fallait pas avoir d’enfant trop tôt », rapporte M e Jugnet. Elle ne s’est pas manifestée depuis l’arrestation de sa fille. Selon l’avocat, le rapport que sa cliente entretenait avec son compagnon Philippe a pu également nourrir une partie de ses troubles de la personnalité. « Elle vivait sous s o n e m p r i s e. Pe n d a n t d e s a n n é e s, e l l e a ap p a re m m e n t subi des relations sexuelles non consenties », explique-t-il. Elle a du mal à parler de ses accouchements Philippe Viguet-Poupelloz a un passé en matière d’ag ressions sexuelles. En 1998, alors qu’il vivait déjà avec Virginie, il a été condamné à dix mois de p r i s o n , d o n t q u at re f e r m e s. Il avait eu un comportement déplacé envers une mineure, qu’il avait abordée à la sortie d’un lycée. En 2001, il est à nouveau condamné pour avoir agressé une auto-stoppeuse. Il effectue alors sept mois de prison. C’est durant cette incarcération que Virginie accouche du premier bébé. Seule, dans les toilettes. « Elle ne voulait pas d’enfant avec cet homme. Il savait qu’elle é t a i t e n c e i n t e, m a i s e l l e l u i avait dit qu’elle s’était fait avorter », affirme Me Jugnet. Virginie Labrosse a ensuite utilisé des ovules sper micides comme moyen de contraception, selon le procureur. Ce qui ne l’a pas empêchée de tomber à nouveau enceinte et de conduire ses grossesses à terme. « Pour elle, [les corps de ses enfants] n’étaient p a s d e s c a d av r e s, m a i s s e s bébés. C’est pour cela qu’elle n’ a r r iv a i t p a s à s e s é p a r e r d ’ e u x » , i n d i q u e s o n avo c a t . Pourtant, selon lui, à plusieurs reprises, reprenant pied avec une cer taine réalité, la jeune femme a pensé se débarrasser des corps. Mais aussitôt, sa position « de mère » reprenait le dessus et elle ne pouvait s’y résoudre. « L’arrestation a finalement été le seul moyen pour elle de se libérer enfin de ce secret. C’est difficile pour elle, mais je crois qu’elle se sent soulagée », analyse Me Jugnet. Durant son audition, la jeune femme a eu du mal à parler de ses accouchements et de la façon dont les enfants sont morts. Les autopsies, effectuées hier à Paris, devraient permettre d’en savoir un peu plus. Hier matin, Philippe ViguetPoupelloz a rangé quelques affaires sur la terrasse de sa mais o n i m p e c c a b l e m e n t t e n u e. Impassible, il ne prête pas attention aux curieux qui passent devant cette bâtisse qui fait la une de tous les journaux. L’homme explique qu’il a du mal à rester à l’intérieur de la villa : « C’est t ro p d o u l o u re u x . » Q u e l q u e s heures plus tard, il a fer mé por tes et volets et quitté son domicile. Alice Géraud TELEX Un car d’Italiens détruit par un incendie ■ Un incendie d’origine accidentelle a détruit un car transportant 55 personnes originaires d’Italie sans faire aucune v i c t i m e, h i e r ap r è s - m i d i s u r l’autoroute A43, à hauteur de la commune de La Tour du Pin (Isère). Les passagers ont eu le temps de sortir du véhicule avant son embrasement. Répulsif contre SDF : « indigne », dit Boutin ■ La ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, juge « inacceptable » et « indigne » l’utilisation par la mairie d’Argenteuil de produits répulsifs nauséabonds pour déloger les SDF. Elle a d’autre part promis des initiatives respectant à la fois la dignité des SDF et les riverains. De Saint-Bernard à Lille ■ Un millier de personnes ont m a n i f e s t é h i e r à Pa r i s, d e l a place de la République à la Goutte d’Or, pour marquer le onzième anniversaire de l’évacuation des sans-papiers de l’église Saint-Bernard et pour apporter leur soutien aux sans-papiers en grève de la faim à Lille. Deux accidents d’ULM ■ Deux hommes sont morts hier dans deux accidents d’ULM. L’ u n , â g é d e 7 4 a n s, p r è s d e Sallanches (Haute-Savoie), et l’autre, un garagiste de 52 ans, qui s’est écrasé alors qu’il survolait Arleuf (Nièvre). Crash à Vannes : deux morts ■ Un pilote et sa passagère sont morts hier soir dans l’accident de leur avion de tourisme sur l’aérodrome de Vannes. Leur appareil, vraisemblablement sujet à une panne de moteur en phase de décollage, s’est écrasé en bout de piste. La fièvre catarrhale se propage ■ La fièvre catarrhale ovine s’est propagée en France avec un total de 54 cas recensés. La zone réglementée restreignant les mouvements des ruminants vivants concerne désormais 19 départements. « Deux nouveaux cas identifiés dans des élevages de l’Aisne et d’Allemagne, près de la frontière, conduisent à étendre la zone réglementée. Les départements de l’Yonne et du Val d’Oise sont pour la première fois concernés », a indiqué le ministère de l’Agriculture, qui avait annoncé 36 cas mardi. Société /9 26 août 2007 Gladiator. Ancien adepte de jiu-jitsu, Brice Lopez a fait des combats romains son métier stages d’archéologie expérimentale avec des universitaires, raconte-t-il. Il s’agissait, à partir d’iconographies ou de textes anciens, de reproduire les gestes des sports olympiques de l’Antiquité. J’y suis allé un week-end, ça m’a plu. Et puis, de fil en aiguille, j’en suis venu aux gladiateurs. » Brice n’avait pourtant rien d’un latinophile. A peine un peu de déclinaisons au collège, quelques ruines visitées à l’occasion de voyages, sans plus. « A l’époque, j’étais plutôt dans l’Orient, confesse-t-il. En plus des sports, je cherchais une façon de vivre. Dans le milieu des arts martiaux, tout le monde veut devenir plus asiatique que les Asiatiques, mais c’est impossible : il faudrait vivre à la japonaise médiévale, or on ne peut pas s’affranchir du monde qui nous entoure. Alors que la gladiature, c’est des arts martiaux “huile d’olive et miel”. Je l’ai complètement senti ! » Brice lâche donc sans hésiter le zen pour la philosophie latine, qu’il entreprend de prêcher. Sans craindre de se livrer à des interprétations escarpées : « Tous ces jeux du cirque, ces combats, ont une valeur apothropaïque, ce qui signifie “qui ôte les maux”… Arles (Bouches-du-Rhône) Envoyée spéciale La foule a donné son verdict : la mort. Au milieu des badauds survoltés, le gladiateur, à genoux, peine à reprendre son souffle. Son trident et son filet reposent dans la poussière aux pieds de son adversaire, son arcade sourcilière est en compote mais il est toujours debout. La plèbe a désigné son vainqueur ; le perdant, les yeux exorbités, s’exécute. Un coup de poignard, un râle, une ultime chute, et c’est déjà la fin du spectacle, sous un tonnerre d’applaudissements. Les adultes ont tremblé, les enfants sont médusés : mission accomplie pour l’équipe de Brice Lopez, le vaincu du jour. « Ces moments où vous êtes là, au milieu de la foule qui hurle parce que vous vous êtes donné à fond, c’est palpitant », exulte l’athlète en jupette blanche, entre deux photos souvenirs avec ses fans. « Des arts martiaux huile d’olive et miel » A 38 ans, cet ancien sportif de haut niveau, version arts martiaux, a déjà fait vibrer plus d’une ruine du monde romain. Hier soir encore, c’est dans le cadre mythique des arènes d’Arles, redevenues latines le temps d’un festival, qu’avec ses guerriers, il a recréé, presque coup pour coup, les combats des héros de l’Antiquité, auxquels il consacre sa vie depuis plus de dix ans. C’est par hasard que Brice, professeur de jiu-jitsu, est tombé dans la marmite romaine en 1994. « Lors d’une compétition, un Italien est venu recruter des combattants pour participer à des Serge Pagano/Reportages Il est le roi de l’arène Brice Lopez dans le rôle du rétiaire (à gauche), lors du spectacle donné mercredi à Arles pour le festival du péplum. J’explique : pour les peuples indoeuropéens, les âmes des morts sont immortelles. Les gens de l’Antiquité vont volontairement donner une partie d’eux-mêmes à la mort pour l’apaiser ; c’est le sang versé par les gladiateurs, et Ambiance péplum en Arles ■ Depuis le début de la semaine et jusqu’à demain, la ville d’Arles renoue avec son histoire romaine à l’occasion du festival Arelate. Partout dans la ville, des visites guidées des différents musées et sites antiques sont assurées par des historiens ou des bénévoles de l’association Péplum. De nombreuses reconstitutions historiques sont installées aujourd’hui en accès libre autour du musée départemental. Au programme, entre autres, un véritable campement de la légion romaine, avec ses troupes en plein entraînement, des potiers en action ou encore des courses de chars commentées par un archéologue. 04 90 18 41 20 ou www.festival-arelate.com le public autour en sort guéri… C’est ça, la catharsis ! » De sa nouvelle passion, Brice a fait son métier depuis six ans. « Je le vis presque comme une mission. C’est tout un patrimoine que l’on a en commun, Africains, Orientaux, Européens, Palestiniens, Israéliens. Utilisons-le pour nous retrouver ! » A Beaucaire, il initie les jeunes aux combats de gladiateurs Il ne lui manquait plus qu’un temple où poser son armure, entre deux représentations. Depuis avril, il a ouvert, à Beaucaire (Gard), le Forum Uger num, un parc gallo-romain* où il emploie cinq personnes, d’anciens élèves de jiu-jitsu qui le suivent depuis Beaujolais. On a vendangé dès hier, avec onze jours d’avance Aux Fournelles, le bonheur dans la vigne Saint-Lager (Rhône) Les superstitieux remercieront certainement la Vierge aux raisins, qui domine le vignoble depuis sa chapelle, de si bons auspices. Dix heures, hier matin, à Saint-Lager (Rhône), sur le versant sud-est du mont Brouilly, le soleil chauffe déjà les raisins et les dos des saisonniers. Le ban des vendanges s’est ouvert deux heures auparavant, et l’effervescence a gagné les coteaux du domaine des Fournelles, avec onze jours d’avance sur l’an dernier en raison d’un mois d’avril estival qui a hâté la floraison des vignes. 25 coupeurs arpentent les 10,5 hectares de terrain Si les gestes manquent encore d’assurance, la scénographie est en revanche déjà intég rée. En amont, 25 coupeurs arpentent, serpette en main, les 10,5 hectares de terrain. A leurs trousses, quatre « hotteurs » – néologisme viticole – transpor tent le raisin jusqu’au bac. Le relais est alors pris par deux trieurs, en quête du trop rosé ou du trop pourri, victime du mildiou et d’un été trop humide. Reste à mener la récolte en cuves, où, particularité du beaujolais, elle macérera par g rappes entières pendant dix jours. Sur le perron de sa bâtisse du second Empire comme dans la vigne, Alain Bernillon, 57 ans, s’impose en maître de ballet. Il a pris la relève de son père à la mort de celui-ci, en 1973. « Je trempe dedans depuis que je suis tout petit, raconte-t-il. Quand nous allions aider aux vignes, c’était une corvée pour mon frère aîné et un plaisir pour moi. » Trois décennies plus tard, le vigneron n’a rien perdu de son enthousiasme. A l’heure des arrachages de pieds, de la surproduction et de la re- Stéphane Guiochon/Le Progrès Envoyé spécial Hier dans le Beaujolais, premières vendanges. Le mois d’avril estival a hâté la floraison du raisIn. conversion chez les 2.500 exploitants de la région, dont le nombre fond chaque année, lui se porte plutôt bien. Le fruit d’un certain sens de l’anticipation. Durant le boom des années 1980 et 1990, Alain Ber nillon est resté fidèle à ses deux crus, brouilly et côtes-debrouilly. Ni beaujolais nouveau, ni beaujolais villages, donc, qui ont tant écorné le label qualité des vins de la région. Et qui subissent de plein fouet la concurrence des vins du Nouveau Monde. L’autre racine du succès, c’est d’avoir privilégié la vente directe. Aujourd’hui encouragées par l’Union viticole du Beaujolais, les ventes hors négoce et hors coopérative représentent les trois quarts des échanges du domaine. « On récolte le fruit de trente ans de travail, commente Bernadette Bernillon, qui préside aux tâches administratives et à l’accueil des clients. Nous n’avons jamais voulu dépendre d’un gros client, mais au contraire diversifier nos débouchés. » Des congés pour se consacrer aux vendanges Sur les 30.000 bouteilles produites annuellement, peu se morfondent longtemps dans le caveau de dégustation. Beaucoup partent rapidement pour Paris, ses bistrots auvergnats et ses bars à vin. « J’ai également un gros débouché en Belgique, grâce à un ami implanté là-bas qui me sert d’intermédiaire », ajoute le vigneron. Un ami d’abord consommateur, rencontré au hasard d’une dégustation à la cave, et qui, depuis quinze ans, pose ses congés pour se consacrer aux vendanges ! Adjudant instructeur chez les pompiers de Liège depuis trente ans, Jean-Louis Brennenraedts loue l’environnement, la solidarité… et les bons repas – un brin arrosés – de ces dix jours de travail. La hotte sur le dos, Maurice et Roland, « deux vieux soldats », présentent des états de service impressionnants. « Vingt-cinq ans de campagnes successives au domaine pour Momo, vingt-deux saisons en Beaujolais pour moi », détaille Roland, électricien à l’année « tombé amoureux de la région ». Au milieu de ces « historiques », étudiants, intérimaires ou saisonniers viennent gagner un peu d’argent et prendre beaucoup de bon temps. Certains, comme Mustafa, venu avec sa compagne Nadia, ne rateraient l’événement pour rien au monde : « J’ai été opéré du dos et je ne devrais pas être là, avoue-t-il. Mais pour les gens du coin comme nous, c’est une tradition. Et il y a une telle ambiance… » Julien Descalles la première heure. Dans un décor d’époque fidèlement reproduit, sa « dream team » continue ses recherches historiques, peaufine sa pratique, accueille les écoles et initie de jeunes recrues aux techniques de combat, loin des clichés du cinéma. Le pouce en l’air ou en bas ? Une invention d’un peintre du XIXe siècle. L’inévitable mise à mort ? Une hérésie de péplums hollywoodiens ; tout comme le mythe du gladiateur forcément esclave, alimenté par les exploits de Spartacus ou ceux de Maximus, le héros fictif du film de Ridley Scott, Gladiator. « En 2000, pour la première du film, Universal nous avait invités pour faire des démonstrations au pied des arènes de Rome, raconte Brice. Gladiator nous a fait gagner pas mal d’argent par la suite, car on a fait beaucoup de représentations dans des cinémas. A chaque fois, on en profitait pour démonter la réalité historique du film ! On s’est bien marrés. » Finalement plus artiste que prophète, le combattant se verrait bien sur grand écran, mais seulement dans une œuvre totalement réaliste. « Je voulais envoyer quelque chose à Luc Besson car c’est le seul qui pourrait le faire en France. Ce serait un bon moyen de transmettre l’honneur des gladiateurs. Peut-être qu’un jour, on y arrivera. » Stéphanie Badoux *www.acta-archeo.com La fausse professeure touchait un vrai salaire Une fonctionnaire de SeineS a i n t - D e n i s av a i t t r o u v é u n moyen original pour améliorer son ordinaire : se faire verser, chaque mois, un salaire de professeur des universités, soit environ 4.000 € qui venaient s’ajouter à ses propres émoluments, plus modestes. Une idée qu’elle n’ ava i t p a s d û ch e rch e r b i e n loin. En poste à la trésorerie générale du dépar tement, cette femme était précisément chargée de la paye des enseignants. Début 1992, elle a créé un dossier, inventant une enseignante fictive, sous une autre identité que la sienne. Et depuis quinze ans, elle gérait elle-même le déroulement de carrière de la prof fantôme, augmentations indiciaires comprises. Toutes ces années, l’ingénieuse combine lui a per mis de faire des voyages et d’investir dans l’immobilier. Mais les meilleures choses ont une fin. Fin 2006, la présidence de l’université de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) reçoit un bulletin de paye au nom d’un prof inconnu. Le Trésor public est contacté et mène une enquête interne. La trésorerie générale de Seine-Saint-Denis finit par découvrir – un peu tard – qu’un de ses agents encaissait les salaires, et porte plainte. Interpellée mercredi par les policiers du SDPJ 93, la fonctionnaire indélicate aurait passé des aveux complets en garde à vue. Elle a été déférée jeudi soir au parquet de Bobigny, et devait être mise en examen hier, pour « détour nement de fonds publics ». 600.000 euros détournés en quinze ans Plusieurs questions restent à éclaircir. Comment cette femme a-t-elle réussi à ouvrir un compte en banque sous une fausse identité ? Surtout, pourquoi le Trésor public ne s’est-il aperçu de rien et n’a-t-il jamais réclamé d’impôt sur le revenu à la prof fantôme ? Au long de ces quinze années, elle aurait détourné un total de 600.000 €, selon des sources proches de l’enquête. En y ajoutant les charges sociales, le préjudice pour l’Etat atteindrait le million d’euros. C’est un minuscule grain de sable qui a grippé la machine. Chaque mois, au bureau, la dame interceptait discrètement son vrai-faux bulletin de paye avant qu’il ne soit expédié. Il a suffi qu’un seul parvienne à l’université, pendant ses congés, pour que le pot aux roses soit découvert. Sans quoi l’indélicat agent du Trésor toucherait encore ses deux salaires. Avant de prétendre, un jour, à deux retraites. Michel Deléan TELEX Légionellose à Grenoble ■ Quatre cas de légionellose ont été diagnostiqués au laboratoire du CHU de Grenoble (Isère) en août. Les patients sont en voie de guérison. Ils habitent ou ont fréquenté dans les dix jours précédant le début des signes cliniques, la zone centre-est de l’agglomération grenobloise où une quinzaine de tours aéroréfrigérantes sont en cours de vérification. Gennevilliers : macabre découverte ■ Les corps de deux femmes, une mère dont l’âge n’a pas été communiqué, et sa fille de 30 ans, ont été retrouvés jeudi matin en état de décomposition dans l’appartement de la mère à Gennevilliers (Hauts-deSeine), a-t-on appris hier. Une autopsie doit être pratiquée en début de semaine pour déterminer la cause des décès. Etranger 10/ 26 août 2007 Etats-Unis. Comme plusieurs millions d’Américains, David Hardin avait acheté sa maison à crédit Woodbridge (Virginie) Envoyée spéciale « Ça aurait dû marcher, ça devait marcher… » David Hardin en est encore convaincu. Ce trentenaire achète une petite maison dans la banlieue de Washington il y a deux ans, en plein boom immobilier. En quelques mois, le pavillon prend de la valeur. Il en achète d’autres : deux, trois, quatre, certains sur plans, construits en quatre mois. Il les louera. Bien sûr, il n’a pas d’argent pour. Mais, à l’époque, raconte-t-il, pour décrocher un emprunt immobilier, il suffisait de remplir la case « revenus déclarés ». Rien à prouver. Les traites à payer ? Pas de problème. Il a trouvé une société de « financement créatif » lui proposant, sans apport, un crédit hypothécaire dont il ne rembourserait que les intérêts les premières années. Les intérêts sont variables, précise le contrat, mais à cette époque, tout le monde s’en fiche. « J’ai l’impression qu’on a tiré la chasse du rêve américain » Tout aurait dû marcher… jusqu’à l’année der nière. Ses mensualités sont soudain pass é e s, p o u r l ’ u n e, d e 2 . 2 0 0 à 3.200 dollars, pour l’autre, de 2.100 à 2.900 dollars, et ainsi de suite… Refinancer ? Impossible. La valeur des maisons, souvent c o m p r i s e e n t re 2 0 0 . 0 0 0 e t 400.000 dollars, s’est effondrée dans cette banlieue de Washington où la multiplication de ces emprunts à risque avait dopé la construction. Les locataires de David Hardin n’arrivent plus à payer les loyers. Il n’a même plus assez d’argent pour entreprendre d e s p ro c é d u re s d ’ e x p u l s i o n : « J’ai essayé de me débarrasser de mes maisons, je n’y arrivais pas. » En un an, quatre des maisons sont saisies par les banques. « C’est quelque chose d’inracontable, ça vous donne des palpitations, ça vous fait transpirer la nu i t , d i t - i l , j ’ a i l ’ i m p re s s i o n qu’on a tiré la chasse du rêve américain. » David est l’un des t o u t p re m i e r s à avoir subi la crise du subprime, qui a fait plonger les Bourses du monde entier la semaine passée. Et fait vivre à des milliers d’Américains un enfer similaire. « Ces prêts à risque ont convaincu beaucoup de g ens d’acheter pour la première fois Aude Guerrucci/Polaris pour le JDD Victimes du crash immobilier Les quatre maisons de David Hardin ont été saisies par les banques. de leur vie », raconte Arbel Ryan, propriétaire de l’agence immobilière Summa à Woodbridge. Dans le dos de son tee-shirt imprimé du téléphone de son agence, il est écrit : « Achetez des propriétés saisies par des banques. » Son agence ne fait pratiquement plus que ça. « Les gens aiment bien acheter ces maisons saisies aux banques. Elles sont vendues en dessous des prix du marché. Ce sont surtout des investisseurs qui les achètent pour les louer, parfois à ceux qui viennent de perdre leur maison, résume-t-il. Chaque semaine, notre inventaire augmente. » Aujourd’hui, son listing compte 694 maisons à vendre dans le seul comté de Woodbridge. Les affaires de l’agence vont tellement bien qu’il a recruté David Hardin. A présent, l’ancien m u l t i p ro p r i é t a i re t r ava i l l e comme ingénieur système de 6 à 1 4 h e u re s e t fo n c e e n s u i t e à l’agence immobilière compléter ses revenus par un second emploi. Il s’est spécialisé dans une nouvelle activité : faire l’intermédiaire entre les sociétés de crédit, les propriétaires et l’agence pour revendre la maison avant la procédure de saisie. Actuellement, il négocie avec une famille menacée d’éviction. Ils ont payé des mensualités de 2.500 dollars sans jamais être en retard et se sont trouvés, du jour au lendemain, confrontés à des mensualit é s d e 4 . 3 0 0 d o l l a r s. « I l s o n t épuisé toutes leurs économies, et ils sont trop endettés pour refinancer leurs emprunts… » Plus loin, c’est une famille, dont la mère s’est mise en disponibilité lorsqu’un enfant est tombé malade, qui n’a pas pu payer ses mensualités et pourrait perdre sa maison. Le coffre de la Mercedes d’Arnel Ryan, le patron de l’agence, est rempli de pancartes « à vend re » , q u ’ i l va a l l e r i n s t a l l e r dans les jardins des maisons saisies. « Il y a un et demi, on n’avait pas le temps de les installer, les maisons étaient immédiatement vendues. » Ce quartier de Woodbridge est tapissé de panneaux d’agences immobilières. Sur une rue de 17 maisons, 5 sont à vendre. « Ça tire toute la valeur du q u a r t i e r ve r s l e b a s, d é p l o re Mark, un militaire qui s’est installé ici récemment. Qui peut avoir envie d’acheter une maison dans un quartier où tout est à vendre ? » « De rage, ceux qui partent font des trous dans les murs » « Regardez, une maison vide avec un signe à vendre… Vous save z ce que ça veut dire ? » demande David Hardin. « Ça veut dire que quelqu’un paie deux mensualités tous les mois, que l’argent va commencer à lui manquer. Il n’y a plus qu’à attendre et le prix de la maison va encore baisser. » Arnel Ryan fait visiter la maison à vendre. « C’est une vraie chance qu’elle soit intacte. Souvent, de rage, ceux qui partent font des trous dans les murs ou donnent des coups de pied dans les portes. Le shérif doit parfois intervenir dans certains cas d’expulsion. » Guillemette Faure Gilles Delafon La Belgique peut-elle éclater ? AP/Sipa ■ Attentats meurtriers en Inde Une des victimes, soignée, hier, dans un hôpital à Hyderabad, dans le sud de l’Inde. Au moins 36 personnes ont été tuées et plus de 60 blessées hier dans deux explosions survenues quasi simultanément dans la ville de Hyderabad, dans le sud de l’Inde. Pour le ministre de l’Intérieur de l’Etat de l’Andhra Pradesh, dont Hyderabad est la capitale, il ne fait aucun doute que ces deux déflagrations sont « le résultat d’une activité terroriste ». La première explosion, d’une très grande violence, s’est déroulée peu avant 20 heures dans l’auditorium d’un parc de la ville alors que 500 spectateurs assistaient à un show laser. Cinq minutes plus tard, une seconde attaque, qui a fait plus de 20 morts, sur- venait dans un restaurant en plein air très fréquenté. Les forces de sécurité ont immédiatement été placées en état d’alerte. En mai, un attentat dans une mosquée de Hyderabad avait déjà fait 11 victimes. Selon la police indienne, les explosifs employés à l’époque sont similaires à ceux utilisés hier. Turquie : après la crise, place à l’Europe Istanbul Correspondance A Bruxelles, on attend avec impatience que l’intronisation d’Abdullah Gül à la présidence de la République turque soit officiellement scellée. Histoire de pouvoir passer à autre chose. Ce devrait être le cas dès mardi, à l’issue du troisième tour de cette élection à tiroirs. Le vote d’une majorité simple (276) des députés suffit en effet pour envoyer, pour sept ans, au palais de Cankaya, le représentant de l’AKP (Parti de la justice et du développement), issu de l’islam politique. Attendue comme le dénouement d’une crise institutionnelle de quatre mois, l’installation à la Présidence de cet ancien islamiste, actuel ministre des Affaires étrangères, apparaît finalement comme une forme de nor- malisation. Elle devrait aussi permettre de mettre en œuvre certaines réformes démocratiques qui avaient été bloquées par le veto du président sortant, Ahmet Necdet Sezer. Avec Abdullah Gül, son « frère », à la Présidence, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, aura au moins les mains libres pour gouverner. Et relancer le projet d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Pendant cette longue parenthèse électorale de près de deux ans, on n’a quasiment plus parlé d’Europe en Turquie. La question ne faisait plus recette dans un champ politique marqué par la montée du nationalisme. Mais le gouvernement d’Erdogan, réélu en juillet pour cinq ans, va maintenant être attendu au tournant sur le dossier. « Nous étions très mécontents du rythme des réformes ces deux dernières années, fait re- marquer Joost Lagendijk, eurodéputé néerlandais (Verts) et président de la délégation à la commission mixte Europe-Turquie du parlement européen. Mais l’AKP a prouvé par le passé qu’il peut s’engager dans ces réformes exigées par l’Union européenne, contrairement aux autres partis turcs. » Reste à savoir si le Premier ministre remettra l’Europe en tête de ses priorités dès les premières semaines de sa législature. « Il y a eu beaucoup de promesses pendant la campagne électorale et le soir des résultats, observe prudemment Cengiz Aktar, spécialiste des questions européennes à l’université Bahçesehir d’Istanbul. Si la Turquie veut vraiment pousser dans le sens de l’Europe, il faudrait, par exemple, créer un ministère des Affaires européennes, comme l’ont fait les Croates. » La Commission européenne, qui rendra son rap- port annuel d’évaluation le 7 novembre, scrutera à la loupe l’action du gouvernement turc. « La Commission attend des réalisations positives et pas seulement des déclarations », martèle Joost Lagendijk. Le geste symbolique le plus fort serait l’abrogation de l’article 301 du code pénal, vivement contesté pour avoir permis de traîner devant les tribunaux des dizaines d’intellectuels et de journalistes, tels qu’Orhan Pamuk ou Hrant Dink. Erdogan serait assez favorable à cette réforme. Les inévitables questions kurde, arménienne et chypriote ne manqueront pas non plus de s’inviter dans le débat. « Il faudra aussi que l’Europe fasse un geste fort, car les relations ont pris du plomb dans l’aile, ajoute Cengiz Aktar. Il faut fixer une date d’adhésion, même lointaine. La Turquie a besoin de ce genre de message. » Guillaume Perrier Même la large victoire électorale des partis flamands, le 10 juin dernier, ne pouvait laisser craindre pareille crise politique. Car si, à nouveau, la Belgique joue avec le fantasme récurrent du séparatisme, c’est pour préciser que, cette fois, il n’est plus tabou. Jeudi, Yves Leterme a dû jeter l’éponge. Le leader des chrétiens démocrates flamands, vainqueur du scrutin de juin avec 30 % des voix flamandes, n’est pas parvenu à former un gouvernement de coalition. Premier ministrable, il n’a pu mettre d’accord les quatre partis, libéraux et chrétiens démocrates, flamands et francophones sur un projet de gouvernement, et a donc été relevé de ses fonctions par le roi. En effet, il lui fallait s’assurer d’une majorité des deux tiers des députés pour pouvoir mener à bien les réformes institutionnelles de son programme. Trop flamand et pas assez belge, Leterme porte une responsabilité évidente dans cet échec. Il n’a pas su calmer les inquiétudes des partis francophones craignant de voir la « riche » Flandre cesser de payer pour la « pauvre » Wallonie. Et mettre à mal le fédéralisme actuel. C’est donc l’impasse politique. Et certains jusqu’au- boutistes flamands, dénonçant l’attitude « insultante et arrogante » des francophones, veulent déjà proclamer une Flandre indépendante. Il y a près d’un an, la télévision belge avait annoncé la scission entre la Flandre et la Wallonie. Osé et resté fameux, le canular avait pour but de faire réfléchir. En vain ? Un sondage réalisé cette semaine révèle que 45 % des Flamands souhaitent l’indépendance de leur région. D’où l’urgence pour le roi de trouver un « formateur » de gouvernement, consensuel et efficace. Et la nécessité pour les francophones divisés de se réunir enfin autour d’un projet politique digne des ambitions flamandes. Il y va de la stabilité du Benelux. En voisin soucieux, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker confiait ainsi vendredi : « Je regrette beaucoup qu’en Europe, la Belgique soit le seul pays qui n’est pas fier de luimême. » Retrouvez ce matin Gilles Delafon et sa chronique : « Des hommes d’influence », à 6h19, 8h19, 9h49, 11h19 et 12h49. TELEX Noriega extradé en France ? ■ Actuellement emprisonné aux Etats-Unis, l’ancien président panaméen pourrait être extradé vers la France après sa sortie de prison le 9 septembre. Un juge fédéral de Floride, saisi par les avocats de Noriega, a en effet refusé vendredi de s’opposer à cette extradition. En 1999, la justice française avait condamné Manuel Noriega par contumace à dix ans de prison pour blanchiment d’argent. La justice américaine devrait se prononcer mardi sur la demande de Paris. Journée sanglante en Palestine ■ Cinq Palestiniens ont été tués par Tsahal hier, dont deux dans une attaque avortée qu’ils comptaient mener en territoire israélien. Les trois autres victimes, morts en Cisjordanie, sont des membres du Jihad islamique. Attentat-suicide à Kaboul ■ Une attaque à la voiture piégée a visé hier après-midi à Kaboul un convoi des forces de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, blessant trois de ses soldats et quatre passants. Affaire Rhys Jones : six interpellations à Liverpool ■ Quatre garçons âgés de 15 à 19 ans et deux filles de 15 à 18 ans ont été interpellés hier dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Rhys Jones, ce garçon de 11 ans tué par balle mercredi à Liverpool. Selon un policier, un des jeunes en garde à vue pourrait être le principal suspect du meurtre. Pleine page 26 août 2007 /11 Nicolas Demorand, 36 ans, journaliste à France-Inter. Matthieu Pigasse, 39 ans, associé gérant de la banque Lazard. Benoît Hamon, 40 ans, député européen (PS). Laurent Wauquiez (à l’arrière), 32 ans, porte-parole du gouvernement. Manuel Valls, 45 ans, députémaire (PS) d’Evry (Essonne). Valérie Pécresse, 40 ans, ministre de l’Enseignement supérieur. La relève prend le pouvoir Ils sont trentenaires ou jeunes quadras, patrons, ministres ou cadres dirigeants. Longtemps, leurs aînés leur ont barré la route des responsabilités. Le publicitaire Stéphane Fouks l’affirme : c’est en train de changer Ce jour-là, le publicitaire Stéphane Fouks a rendez-vous avec le PDG d’une grande entreprise française. Alors qu’il s’attendait à le trouver cloîtré dans son bureau, siège lointain du pouvoir suprême, il le trouve en train de g riller son cigarillo au pied de l’immeuble, parmi ses salariés fumeurs. « C’est grâce à ce genre de petits indices qu’on réalise un jour que le monde a changé », raconte Stéphane Fouks. A 47 ans, ce fils de pub et gourou de la communication, coprésident de la société Euro RSCG Worldwide, n’en finit pas d’ausculter les élites françaises. Il ne se contente pas de côtoyer dans son activité professionnelle patrons de grandes entreprises, cadres dirigeants, ministres, députés, universitaires, journalistes, artistes en vue. Il les allonge carrément sur le divan. Son dernier ouvrage, Les nouvelles élites, portrait d’une génération qui s’ignore (Plon, à paraître le 30 août), tend un miroir aux 30-45 ans à la tête bien pleine. Nourrie de nombreux entretiens anonymes, cette synthèse dessine le profil psychologique et moral d’un groupe qui ne se pense pas comme tel. « Le temps du changement est venu, soutient l’auteur. L’élection présidentielle, qui a opposé deux candidats rebelles chacun à sa manière, a donné à voir un mouvement profond qui était déjà en œuvre dans la société française. L’élection va permettre à une nouvelle génération du pouvoir d’exister. Les verrous symboliques ont sauté. » Après être longtemps resté figé, peinant à offrir une place aux jeunes, souvent cantonnés aux stages, aux boulots précaires ou mal payés, le pays serait en train de frémir en son sommet. Rajeunissement des patrons du CAC 40, arrivée d’une nouvelle génération aux postes de responsabilités dans les médias… Les soixante-huitards cè- dent peu à peu la place à leurs cadets. Même dans la classe politique, réputée à la remorque de l’économie et du reste de la société, on note un renouvellement. « La composition du gouver nement est symbolique de ce rajeunissement, poursuit le patron d’Euro RSCG. Mais si elle y est moins perceptible, l’évolution a lieu aussi à gauche. Ces temps-ci, de nouvelles têtes apparaissent au Parti socialiste. » On peut écrire ensemble une page de l’histoire sans toujours en « Ce qui caractérise les dirigeants de mon âge, c’est une certaine forme de “coolitude” » avoir conscience. Tel est le premier constat établi par Stéphane Fouks : « Cette génération, qui ne s’est pas construite autour d’événements fondateurs comme la guerre ou 1968, ignore ses points communs. » « Le concept de génération est flou, pas forcément pertinent d’un point de vue historique », rétorque Nicolas Demorand, 36 ans. Pour le piquant animateur de la tranche matinale de France Inter, « les 30-45 ans sont plutôt des francs-tireurs : aujourd’hui, les parcours sont individualisés, atomisés ». C’est justement l’individualisme, selon le publicitaire, qui caractérise ces élites à leur corps défendant… Né en 1975, Laurent Wauquiez, jeune porte-parole du gouvernement Fillon, se trouve en revanche des traits communs avec certains parlementaires socialistes comme Benoît Hamon ou Aurélie Filippetti : « On a écouté la même musique, on a été façonnés par la télé. Et puis, on est nés à la politique à la fin de l’ère Mitterrand, à un moment où le dégoût pour la chose publique allait grandissant dans la société. On ne s’est pas engagés par hasard. » Pour le socialiste Manuel Valls, 45 ans, député de l’Essonne, si les 30-45 ans forment un groupe distinct, c’est surtout parce qu’ils ont les deux pieds dans la mondialisation. « Deux événements nous ont marqués : la chute du mur de Berlin et la mondialisation, autrement dit la globalisation de l’économie, le développement de l’internet, la rapidité de l’information. On est la génération de la fin des grandes idéologies, celle qui s’adapte et tente de répondre à ces bouleversements dans un monde à la fois très individualiste et très ouvert. » Y a-t-il une manière particulière de diriger à l’heure de la mondialisation ? Hommes politiques ou chefs d’entreprise, proches de la droite ou de la gauche, ils revendiquent le « pragmatisme ». « On a une culture du résultat inspirée des techniques du management, détaille le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez. On se fixe un objectif, on se donne les moyens, on essaie de l’atteindre. » Comme en écho, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, précise : « En politique, la méthode a autant d’importance que l’objectif car toutes les méthodes ne permettent pas d’atteindre l’objectif. » Ces nouveaux boss refusent d’être des patrons comme les autres. La hiérarchie ? Ils prétendent vouloir la jeter aux oubliettes. « Je ne raisonne jamais en termes d’autorité hiérarchique, souligne Laurent Wauquiez. Je suis un animateur d’équipe. Je ne suis pas la figure écrasante du Monsieur le ministre qui dicte ses volontés d’en haut. Chacun peut apporter une idée, à condition d’être bien stimulé. Tout le monde doit faire preuve d’initiative. » Pour Valérie Pécresse, 40 ans, ministre de l’En- seignement supérieur et de la Recherche, « il faut privilégier le travail coopératif ». A entendre les trentenaires et jeunes quadras du gouvernement, un cabinet ministériel ressemble à une petite entreprise dynamique. A l’instar de certains barons de la télé, Nathalie Kosciusko-Morizet a organisé en fin de semaine un séminaire de travail chez elle. « C’était important de faire quelque chose d’un peu chaleureux. Contrairement à ce qu’on dit parfois, les gens de ma génération aiment ce qu’ils font, ils aiment adhérer à un projet, avoir l’impression de participer à une aventure. Le but du séminaire, c’est de dire à mon équipe qu’on bosse vraiment ensemble. » Fin connaisseur de la classe politique et proche du centre gauche, Matthieu Pigasse, 39 ans, associé gérant de la banque Lazard, estime lui aussi qu’un renouvellement s’opère parmi les élites françaises : « L’exercice du pouvoir est différent, plus simple, les relations entre les personnes sont plus directes. » Preuve qu’un banquier peut aussi bien manier les images que les chiffres, il précise : « On passe d’une organisation du travail en corps d’armée à une organisation en commando. L’armée, c’est très hiérarchisé, les ordres viennent d’en haut, c’est efficace mais la rigidité n’est pas à exclure. Un commando me semble plus à même de répondre aux défis de notre époque. Il est constitué d’éléments mobiles, très solidaires. Les résultats obtenus et la confiance priment. » Les nouveaux combattants d’élite de l’économie et de la politique françaises se prennent moins au sérieux. Ce n’est peut-être pas encore une tendance lourde mais il flotte ici et là un air de Californie. Comme les patrons de Google et Yahoo ! certains commencent à desserrer la cravate. « Ce qui caracté- rise les dirigeants de mon âge, c’est une cer taine for me de “coolitude” », plaisante le banquier Matthieu Pigasse. Une tendance confirmée par Stéphane Fouks : « Je connais plein de patrons qui viennent au bureau en scooter. Cette génération marque la disparition du chauffeur. Le chauffeur n’est plus un attribut du pouvoir, il est un attribut du passé. » Si l’on suit ce raisonnement, Laurent Wauquiez est de son époque, qui a troqué sa 607 ministérielle contre un scooter de fonction. « Mais pas la peine d’insister là-dessus. On va croire que c’est une posture. Pour moi, c’est juste naturel. » Comme il est aussi naturel pour ces nouveaux puissants de prendre des vacances, de cultiver les liens amicaux et d’aspirer à se ménager un peu de temps libre. « La féminisation n’y est pas étrangère, observe Valérie Pécresse. Le partage des tâches ménagères rend les hommes différents. Les pères s’occupent plus de leurs enfants et, logiquement, ont moins « J’ai envie de leur dire : “Réveillez-vous, le pouvoir, ça se prend !”» tendance à planifier des réunions à 20 heures. » Pragmatiques et décontractées, les nouvelles élites ne sont pas pour autant dépourvues de convictions, ni inféodées au marché. « On a un devoir d’imagination gigantesque ! » martèle Laurent Wauquiez. Quelle que soit leur orientation politique, ils assurent que les soucis éthiques guident leur action. Rigueur morale, probité matérielle, intérêt pour l’écologie, la parité, la diversité sont souvent cités parmi les questions brûlantes de ce début de siècle. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie estime, par exemple, que « le temps du renoncement est terminé » : « En matière d’environnement, le risque, c’est le sentiment d’impuissance face à l’ampleur et au caractère planétaire du défi. Aujourd’hui, rien n’est gagné. On peut ne pas réussir mais au moins on essaie. C’est mieux que l’autocensure qui a longtemps prévalu chez nous tous. » Dans l’opposition, la sortie de crise s’amorce également. « Il faut réinventer le socialisme, résume Manuel Valls. Revenir aux fondamentaux, à Jaurès. Quel beau défi ! » Et, contrairement à leurs aînés, les 30-45 ans ne se placent plus – dans le discours tout au moins – en surplomb de la société. Pour Valérie Pécresse, « tout le monde est convaincu qu’il faut faire de la politique en partant des besoins de la société, en partant des gens tels qu’ils sont et non tels qu’on les rêve ». Stéphane Fouks juge que cette attitude tranche avec celle de la génération précédente : « Les élites en France ont souvent eu tendance à se méfier de l’opinion, à penser qu’on ne peut pas aborder les choses au fond, que les gens ne sont pas assez intelligents pour comprendre les problèmes majeurs, qu’ils sont trop sujets à l’émotion. » Mais les éternels adolescents sont loin d’avoir tout à fait tué leurs pères. Pourquoi ? D’abord, parce que la génération du babyboom ne meurt jamais. « On dirait qu’ils ne vieillissent pas, analyse le journaliste Nicolas Demorand. Les baby-boomers font partie de cette société du mouvement. » Ensuite, parce que leurs cadets peinent à s’unir. C’est la conclusion du livre de Stéphane Fouks : « Pour marquer leur empreinte dans la société, les 30-45 ans doivent apprendre à agir collectivement. J’ai envie de leur dire : “Réveillez-vous, le pouvoir, ça se prend !” » Anne-Laure Barret Eric Dessons/JDD, Patrick Othoniel/JDD, Sandrine Roudeix/JDD, Jean-Marc Haedrich/Visual, Jean-Claude Coutausse/Fedephoto, Alexandre Marchi/Gamma Nathalie Kosciusko-Morizet, 34 ans, secrétaire d’Etat à l’Ecologie. Aurélie Filippetti, 34 ans, députée (PS) de Moselle. 12/ 26 août 2007 Voisin/Phanie ECONOMIE Burger/Phanie Inflation. Club de danse, téléphone portable, soutien scolaire dès la maternelle… Les frais cachés de la rentrée Baskets, tutus, shorts, raquettes, instruments de musique, photos de classe, assurances complémentaires… Les frais ne cessent d’augmenter. Le prix moyen des frais extrascolaires ■ Séjour linguistique : 340 € ■ Sorties scolaires : 119 € ■ Transport : 75 € ■ Abonnement à un magazine : 63 € ■ Assurance scolaire : Fermariello/Oredia 20 € Source : Familles de France La rentrée de la famille E. est bouclée… depuis le mois de juillet. Avant d’emmener leurs trois enfants bronzer sur les plages du Var, les parents, Ava et Frédéric, ont signé des chèques à tour de bras. Adèle (12 ans) s’est vu offrir un abonnement mensuel de 19 € à un opérateur de téléphonie mobile, pour prévenir en cas de pépin dans les transpor ts en commun. Mais aussi 195 € pour un trimestre de danse jazz et classique, et 50 € pour les tutu et ballerines, et 200 € par trimestre pour les cours de flûte traversière… Ce n’est pas tout. Paul (10 ans) va jouer au tennis (250 € l’année) avec une nouvelle raquette Décathlon à 45 €. Et Alexandre (6 ans) se lance sur le tatami (210 € annuels et 18 € de kimono). Comme eux, de plus en plus d’enfants pratiquent un sport en plus des heures obligatoires d’éducation physique. Les inscriptions en club privé ont progressé de 73 % ces vingt dernières années, selon une récente étude du ministère de l’Education. Au total, l’addition pour ce couple parisien de responsables marketing revient à 987 € rien que pour les activités extrascolaires ! L’association Familles de France et la Confédération syndicale des familles ont récemment dénoncé le « coût de la rentrée », pointant l’augmentation des courses imposées par les enseignants. Mais les autres frais ne cessent, eux aussi, de peser de plus en plus lourd dans le budget familial. Logiciels spécialisés, assurance obligatoire, photo de classe à 10 €… Pour le sport, par exemple, le prix des shorts bat des records à + 7 %. Les baskets et tennis suivent la tendance de près : + 2 %. « Les parents jouent aux instituteurs pour se rassurer » Reste l’essentiel aux yeux des parents : avoir de bonnes notes en classe. Là encore, les frais ne sont pas obligatoires. Mais… « Si jamais les enfants peinent à l’école, je songerai aux cours de soutien scolaire », avance Ava, la maman de notre famille « modèle ». « Je trouverai des adresses sans problème : la boîte aux lettres déborde de brochures. » Le « marché de l’angoisse » du soutien et du coaching scolaires frôle désormais les 2 milliards d’euros. « Par peur du chômage, les parents sont soumis à une énorme pression. Et transmettent leur inquiétude aux enfants », remarque Brigitte Masure, secrétaire générale de la Confédération syndicale des familles. Phénomène nouveau, le soutien individuel démarre de plus en plus tôt. Dès… la maternelle ! Pour cette rentrée, Acadomia, le leader du secteur avec 85.000 élèves, cible les petits de 3 ans. Plus question de rêvasser devant la télévision, les ateliers Acadomia junior proposent les mercredi et samedi des séances de deux heures consacrées à l’éveil linguistique ou musical, mais aussi, de façon plus ludique, aux loisirs créatifs (transfert de photos sur un tee-shirt, création de marionnettes…). Attention, il faut compter 15,50 € l’heure après la réduction En cette veille de rentrée, le téléphone n’arrête pas de sonner dans les agences de garde d’enfants. « Les parents qui n’ont pas trouvé de nounou nous appellent à la dernière minute. On doit mettre des gens sur liste d’attente », explique Michel Guierre, président de la société Family Sphere. Signe de la vitalité du secteur, cette jeune société fondée l’an der nier compte déjà 30 bureaux en France et prévoit 20 % de croissance pour cette année. « Si on arrivait à recruter suffisamment, on ferait même + 50 % », confie Michel Guierre. Dopées par le plan Borloo sur les services à la personne, les agences de baby-sitting sont en plein boom. Leur argument : trouver à la place des parents la perle rare qui s’occupera de l’enfant, notamment après la classe. « Les parents n’ont ni le temps ni les compétences pour recruter une nounou. Comme nous en embauchons 1.000 par an, nous avons mis au point des tests poussés et toute une série de vérifications, notamment pour repérer les faux papiers », explique David Laveau, directeur de la société francilienne Prositting, fondée dès 1992. Les contrats prévoient la possibilité pour les parents de choisir entre plusieurs candidats, le remplacement de la nounou en vingt-quatre ou quarante-huit heures en cas de problème, un service de baby-sitting à la demande, ainsi qu’une assistance administrative. Côté financier, deux formules sont possibles. Dans le premier cas, le particulier emploie luimême sa nounou. L’agence facture alors un forfait de recrutement de 500 à 800 €. Dans le second cas, c’est l’agence qui emploie directement la nounou et se charge de toutes les démarches. Les frais de dossier sont alors réduits (moins de 100 €), mais l’heure de travail est facturée 16 à 22 € (hors aides et réduction d’impôt), soit 20 à 35 % plus cher que le smic. Cette formule donne toutefois droit à des aides supplémentaires de la CAF, et peut se révéler plus économique que l’emploi en direct en dessous de soixante heures par mois. « Il est souvent moins cher de nous laisser employer la nounou pour un emploi à temps partiel, comme la sortie sont efficaces lorsque les parents manquent de temps ou de connaissances. Concernant les 3-4 ans, un léger retard s’explique souvent par un problème auditif ou visuel. Il vaut donc mieux commencer par voir un médecin. » Comment protéger le budget familial ? Dès cette rentrée, le ministre de l’Education demande aux collèges de mettre en place un « accompagnement éducatif » d’environ deux heures, consacrées à l’aide aux devoirs, au sport ou à l’art. Les modalités restent à préciser. Et les heureux bénéficiaires sont minoritaires, puisque la circulaire Darcos ne concer ne que les collégiens de l’éducation prioritaire, dans les ex-ZEP. Marie Nicot Un coach dès 12 ans Nascimento/Rea Recherche nounou désespérément d’impôt accordée pour g arde d’enfants. L’éditeur Nathan profite aussi de l’aubaine avec une étonnante collection de livres parascolaires destinés aux familles qui souhaitent accélérer l’apprentissage de leurs rejetons. Par exemple « Ecriture en maternelle et moyenne section » anticipe sur les leçons données au CP. Idem pour « Lecture maternelle petite section ». « Il n’est écrit nulle part que les enfants doivent savoir lire à leur entrée à l’école élémentaire ! Les parents jouent aux instituteurs pour se rassurer », critique Brigitte Masure. Cette course à la performance inquiète également Jean-Paul Blanc, pédiatre stéphanois spécialisé dans le traitement des difficultés scolaires : « Les cours particuliers pour les plus grands Le plan Borloo sur les services a dopé les agences de baby-sitting. d’école et le baby-sitting », explique Claire Lanneau, directrice de l’agence Babychou. Les aides étant dépendantes des revenus, chaque famille doit calculer avec précision le système le mieux adapté à son cas. Y. P. Astrid Labaille n’est ni une patronne désorientée ni une cadre stressée. Mais, à 15 ans, cette Quimpéroise dispose, elle aussi, de son coach personnel. Une professionnelle qui la suit depuis sa rentrée en classe de troisième l’an dernier. « Astrid veut travailler dans le luxe, or ses résultats scolaires ne correspondaient pas à cette ambition », explique son père, Christophe. Après trois trimestres d’accompagnement, la moyenne générale d’Astrid est passée de 8,5 à 10,5/20. La jeune fille a ainsi obtenu en juin le droit d’entrer en seconde. « Elle sait maintenant quel cursus suivre. Elle est davantage motivée, elle a repris confiance en elle », se félicite Christophe Labaille. Même le coût élevé de la prestation (environ 900 € pour 15 séances) ne douche pas son enthousiasme paternel : « Une dépense pour l’avenir des enfants est forcément prioritaire. » Après avoir conquis les multinationales, les coaches ont de plus en plus de succès auprès des élèves… et de leurs parents. « Entre la peur de l’échec et l’incertitude face à l’avenir, les enfants subissent au moins autant de pression que les cadres supérieurs. Il est normal d’adapter pour eux les techniques qui ont f ait leurs preuves en entreprise », explique Murielle Le F lamanc, cofondatrice de l’entre prise Class’attitude à Quimper, et coach d’Astrid. Elle accepte les collégiens dès 12 ans et a vu son activité bondir de 50 % l’an dernier. « Sans le consentement de l’élève, ça ne sert à rien » Les sociétés spécialisées proposent des consultations individuelles facturées 60 à 80 € l’heure. A la fois entraîneur, psychologue et conseiller d’orientation, le coach doit aider l’enfant à surmonter son stress, à mieux organiser son travail ou à se motiver à la veille d’un examen. « Nous n’arrivons pas avec une boîte à outils. Il s’a git de conduire l’élève à trouver luimême la réponse à ses problèmes », indique Jean-Pierre Dupuis, président de la société francilienne Headways. Avant de signer, il faut toutefois vérifier les références du praticien, la profession n’étant pas réglementée. Et s’assurer que l’enfant est volontaire. « Sans le consentement de l’élève, ça ne ser t à rien », explique JeanPierre Dupuis. Acadomia, qui fait dans le soutien scolaire, dit se « méfier » de cette vo gue du coaching. Mais elle surfe aussi sur la vague en organisant des stages en petits groupes de « méthodologie » ou d’« efficacité personnelle », où l’on apprend à écouter en classe ou à prendre des notes. Là encore, le succès est au rendez-vous. « Le chiffre d’affaires de ces stages a progressé de 42 % l’an dernier », se félicite Philippe Coléon, le directeur général d’Acadomia. Y. P. Economie 26 août 2007 Musique. Universal met la main sur les artistes de labels « indépendants » LE CHIFFRE Des blogs pour la croissance économique ■ La commission sur la croissance présidée par l’ancien conseiller de François Mitterrand Jacques Attali disposera d’un site internet (www.liberationdelacroissance.fr) qui hébergera pas moins de 29 blogs. Les internautes pourront ainsi participer aux débats. La commission doit remettre ses conclusions au président de la République d’ici à la fin de l’année. Sarkozy planche sur le social ■ Le chef de l’Etat sera l’invité vedette du forum organisé miseptembre par l’Association des journalistes de l’information sociale, la première association de journalistes, à l’occasion de ses 40 ans. Intitulé des débats : « Emploi, santé, vieillissement… Les chantiers de demain ». Grogne chez Corsair ■ Le syndicat minoritaire Freebird appelle à la grève le personnel de la compagnie aérienne Corsair jusqu’à demain 6 heures. Ce syndicat souhaite alerter l’opinion publique sur les conséquences du plan social en cours. Le trafic ne devrait pas être perturbé. Selon Corsair, Freebird n’est pas représentatif. A l’aide des fans de rugby ■ La Répression des fraudes (DGCCRF) et les Douanes cosignent à l’occasion de la Coupe du monde de rugby un guide de conseils destinés aux supporters. Edité à 350.000 exemplaires, ce fascicule bilingue français-anglais informe les consommateurs étrangers des usages en vigueur dans les commerces (restaurants, billetteries…) et les services (taxis, location de voiture…). Il sera disponible dans les aéroports, les offices du tourisme ou encore les pubs. C’est le nombre de places supplémentaires qui sont proposées chaque jour p a r l a S N C F s u r l e s l i g n e s Pa r i s Nancy et Paris-Metz du TGV Est. Grâce à l’arrivée de nouvelles rames, le nombre d’allers-retours entre la capitale et chacune des deux villes lorraines va passer de huit à dix par jour à partir de demain, ce qui représente une augmentation de trafic de 25 %. De quoi soulager les voyageurs, qui peinent souvent à trouver de la place dans les trains. Victimes de leur succès, les TGV Est étaient remplis à près de 100 % en juin, et entre 90 et 95 % cet été. La SNCF a reconnu une « surchauffe », mais se dit « sereine » pour les mois à venir. Le pari commercial du TGV Est n’est toutefois pas encore gagné. « Juillet et août ont été beaucoup moins nerveux que juin », a indiqué l’entreprise. Elle attend désormais la rentrée pour observer le trafic de la ligne en conditions normales, sans l’afflux estival des touristes. Y.P. 1.440 Duffour/Andia LA BOURSE Lionel Moreau Le label français Atmosphériques a dû céder à Universal neuf de ses artistes, dont les Wampas (à gauche), Louise Attaque (à droite) et Abd Al Malik (ci-contre). financière ne me laissait pas d’autre choix, confie-t-il au JDD. Et je garde de jeunes artistes comme Wax Tailor, Skye, Mouss & Hakim, qui seront peut-être les gros vendeurs de demain. » Plus petits et plus vulnérables, les « indés » ont davantage de difficultés que les majors à encaisser l’effondrement des ventes de CD. « Je suis endetté jusqu’au cou. La situation est très difficile, mais on arrive à tenir pour l’instant », explique Vincent Frèrebeau, patron et unique actionnaire du label Tôt ou Tard (Vincent Delerm, Thomas Fersen, Jeanne Cherhal). Malgré les rumeurs, il assure que son entreprise n’est pas à vendre. « Tôt ou Tard, c’est ma vie. Mais je serai peut-être amené à m’associer avec un partenaire à moyen terme », ajoute-t-il. « J’aurais pu être racheté quarante fois » Alors que la concentration du secteur s’accélère, les majors font monter les enchères pour racheter les meilleures proies. Dans le cas de V2, Universal était en concurrence avec le britannique EMI et l’américain Warner. « Je suis régulièrement sollicité. J’aurais pu être racheté quarante fois », sourit le patron de Wagram, Stéphane Bourdoiseau, qui s’en sort grâce à son activité de distributeur, no- tamment pour le nouvel album de Manu Chao. Les indépendants refusent toutefois d’accabler les majors. « Cela fait plus de quarante ans que nous nous faisons racheter par les grandes maisons de disques, il n’y a rien de nouveau sous le soleil », explique Marc Thonon, d’Atmosphériques. « Universal rachète des entreprises chaque année, mais nous ne sommes pas des prédateurs. Nous avons d’ailleurs une centaine de partenariats avec des indépendants », ajoute Pascal Nègre. Si elles pèsent toujours 25 % de la production mondiale, les petites maisons doivent prendre au plus vite le virage vers le numérique. Elles se sont d’ailleurs regroupées le 20 août au sein de la structure Merlin, dont l’objectif est de négocier au niveau mondial des accords de distribution via internet. Une alliance vitale quand on traite avec des mastodontes comme Apple, Yahoo, Microsoft ou Myspace. Eric Mandel et Yann Philippin LES VALEURS Allemagne. L’Etat sort du rouge, les entreprises exportent, la chancelière est plébiscitée La leçon d’économie d’Angela Merkel Du jamais-vu depuis dix-sept ans outre-Rhin. Les comptes publics de l’Allemagne ont enregistré un excédent de 1,2 milliard d’euros sur les six premiers mois de l’année, à comparer avec un déficit de 23 milliards un an plus tôt. C’est la première fois depuis 1990 que les finances du pays sortent du rouge, si l’on met de côté l’année 2000, où les recettes de l’Etat avaient été exceptionnellement gonflées par les ventes de licences 3G aux opérateurs de téléphonie mobile. La Bundesbank – la banque centrale – estime que l’équilibre budgétaire est possible cette année. Berlin reste toutefois prudent et table sur un léger déficit de 0,5 % sur l’ensemble de 2007. Les finances allemandes ont été dopées par la croissance économique (+ 2,9 %), qui a généré d’abondantes rentrées fiscales, remplissant les caisses de l’Etat. Angela Merkel a notamment vu ses recettes de TVA bondir de 18 %, après le relèvement de 3 points de celle-ci, au 1er janvier, à 19 %. Par ailleurs, le gouvernement allemand s’est montré très rigoureux. Les dépenses publiques affichent une hausse limitée à 0,7 %. Et pas question de relâcher l’effort. « Ceux qui demandent aujourd’hui des baisses d’impôt poursuivent sans rougir la politique qui a conduit l’Allemagne à accumuler une montagne de dettes de 1.500 milliards d’euros », a déclaré le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück. Avec un brin de paranoïa, on pourrait imaginer que cette critique visait, en creux, la France, dont la dette approche 1.200 milliards d’euros. John MacDougall/AFP CONFIDENTIEL Eric Banse/Photomobile/Andia Razzia sur les songwriters « Alors, vous n’avez pas encore été rachetés par Universal ? » Depuis le retour des vacances, la question revient sans cesse chez les producteurs de musique indépendants. Le climat s’est tendu ces dernières semaines avec le rachat coup sur coup par Universal, leader mondial du disque, du label britannique V2 (Henri Salvador, Isabelle Boulay, Jean-Louis Murat) et des artistes phares du label français Atmosphériques (Louise Attaque, Abd Al Malik…). Fragilisés par la crise du disque, convoités par les majors, les dénicheurs de nouveaux talents n’ont jamais semblé aussi menacés. Le 9 août dernier, Universal annonçait la prise de contrôle de la maison de disques V2, détenue par Richard Branson, pour 7 millions d’euros. Stéphane Bourdoiseau, patron de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (Upfi) et PDG du label Wag ram (Cor neille, CharlElie Couture…), en est encore stupéfait. « V2 venait d’adhérer à l’Upfi. Rien ne laissait présager une issue aussi rapide », soupire-t-il. Universal gardera les artistes les plus rentables, mais les 18 salariés de V2 France redoutent une liquidation pure et simple de leur entreprise. « Cette question sera tranchée en octobre. On peut se demander si le maintien d’une telle structure de taille moyenne a encore un sens économique », commente Pascal Nèg re, PDG d’Universal Music France. Pour sa part, le label français Atmosphériques, contrôlé majoritairement par Universal, a frôlé la mort de près. La major souhaitait fermer l’entreprise, dans le rouge depuis quatre ans. Mais le fondateur d’Atmosphériques, Marc Thonon, a réussi cette semaine à sauver son existence. En échange, il a dû céder à Universal ses neuf artistes les plus prestigieux, comme Louise Attaque, Abd Al Malik ou les Wampas. « C’est un crève-cœur de les voir partir, mais la situation Angela Merkel veut maintenir la rigueur budgétaire. De fait, par comparaison avec le voisin allemand, la situation de la France n’est guère brillante. Sur les six premiers mois de l’année, l’Etat a vu son déficit se creuser de 26,9 à 29,7 milliards d’euros. Vendredi, Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, a présenté une importante baisse d’impôt pour les entreprises qui font des dépenses de recherche et développement, après avoir confirmé le coût du « paquet fiscal » voté cet été. Le président de la République a d’ailleurs repoussé à 2012 l’équilibre des comptes publics (lire aussi page 4). Outre ses succès budgétaires, l’Allemagne enregistre également d’excellentes performances commerciales. Premier exportateur mondial, devant la Chine, le pays a encaissé au premier semestre un excédent record de 73 milliards d’euros (contre 51 milliards un an plus tôt). La France a vu, au contraire, son déficit commercial se creuser, passant de 12,9 à 15 milliards d’euros au premier semes- /13 tre 2007. En résumé, l’Hexagone continue d’accuser ce qu’on appelle les « déficits jumeaux » (budgétaire et commercial), là ou l’Allemagne est en excédent. Paris peut difficilement accuser l’euro, dont la vigueur face au dollar pénaliserait les exportations made in France. Nos partenaires européens, qui ont la même monnaie, s’en sortent mieux. Les pays de la zone euro ont affiché dans leur ensemble un excédent commercial de 7,8 milliards d’euros au mois de juin, contre 1,6 milliard l’an dernier à la même période. L’Allemagne peut ainsi compter sur la compétitivité de ses entreprises qui profitent à plein du boom de la Chine, de la Russie ou de l’Inde. Et le gouver nement d’Angela Merkel récolte les fruits de la réforme du marché du travail entamée par son prédécesseur Gerhard Schroeder. Les augmentations de salaires ont été freinées et les conditions d’indemnisation du chômage durcies. Au total, le pays a connu l’an dernier une croissance économique supérieure à celle de la France, pour la première fois depuis 1994. Et cette année encore, les économistes tablent sur une hausse de 2,5 % outre-Rhin, à comparer avec 2 %, au mieux, en France. Autant de succès qui confortent le leadership européen de l’Allemagne, qui préside actuellement le G7. Angela Merkel bénéficie en outre d’un fort soutien populaire. Plus des trois quarts des Allemands souhaitent qu’elle soit reconduite à son poste lors des prochaines élections en 2009. Axel de Tarlé LES INDICATEURS Courses 14/ Hier à Vincennes 1. Prix de Toulon 1. (11) Punch De Pouline 11 (Nivard F.) G. 18.00, P. 5.10 2. (5) Prince Azul 5 (Masschaele Ph.) P. 2.80 - 3. (14) Papyrus Du Rondet 14 (Gougeon R.)P. 2.20 - 4. (3) Piano Forte 3 (Fournigault E.) - 5. (16) Prosper De Chenu 16 (Abrivard L. Cl.) Tous Couru Temps: 2'41"73 - 2'41"80 - 2'42"48 Couple (11 - 5) G. 48.30 Pl. 17.60 (11 - 14) Pl. 25.90 (5 14) Pl. 8.20 2. Prix de Bosc Renoult 1. (11) Princeval 11 (Le Beller T.) G. 3.10, P. 1.90 - 2. (4) Psyche Du Goutier 4 (Blandin F.)P. 5.00 - 3. (12) Pirate D’urzy 12 (Lenoir M.)P. 1.60 - 4. (5) Pinship Des Angles 5 (Verva P. Y.) - 5. (8) Phenix D’or 8 (Vercruysse P.) Non partant: 1 6 Temps: 3'38"61 - 3'39"48 - 3'39"92 Couple (11 - 4) G. 54.70 Pl. 15.00 (11 - 12) Pl. 3.40 (4 12) Pl. 12.00 3. Prix de Noailles 1. (18) Noroit 18 (Raffin E.) G. 9.70, P. 3.70 - 2. (15) Nemo De Marancourt 15 (Bazire J. M.)P. 3.40 - 3. (9) Nobel Pasmarick 9 (Bizoux O.)P. 7.00 - 4. (7) Notre Allegro 7 (Furet F.) - 5. (19) Nothing But Rodney 19 (Blandin F.) Tous Couru Temps: 3'36"56 - 3'36"58 - 3'37"20 TIERCE : 18 — 15 — 9 (pour 1 ¤) Ordre : 1469.50 ¤ Désordre : 293.90 ¤ QUARTE + : 18 — 15 — 9 — 7 (pour 1,30 ¤) Ordre : 0,00 ¤ Désordre : 19 596,33 ¤ Bonus : 67,60 ¤ QUINTE + : 18 — 15 — 9 — 7 — 19 (pour 2 ¤) Ordre : 0,00 ¤ Désordre : 36 715,80 ¤ Bonus 4/5 : 175,20 ¤ Bonus 4 : 591,80 ¤ Bonus 3 : 27,40 ¤ Numéro + : 1422 ¤ 2 sur 4 (pour 3 ¤) : 83,40 ¤ Multi : 18 — 15 — 9 — 7 (pour 3 ¤) en 4 : 32 823,00 ¤ en 5 : 6 564,60 ¤ en 6 : 2 188,20 ¤ en 7 : 937,80 ¤ 4. Prix Ovidius Naso 1. (2) L’ecu Du Vernay 2 (Legros J. M.) G. 35.80, P. 5.30 - 2. (3) Max De Guez 3 (Bazire J. M.)P. 1.50 - 3. (8) Lady Des Loyaux 8 (Abrivard M.)P. 2.30 - 4. (7) Birbodelaquercia 7 (Nivard F.) - 5. (9) Kent Barbes 9 (Lenoir M.) Tous Couru Temps: 3'18"57 - 3'18"84 - 3'19"00 Couple (2 - 3) G. 33.60 Pl. 12.10 (2 - 8) Pl. 26.80 (3 - 8) Pl. 3.90 5. Prix de Provence 1. (11) Nina De Gesvres 11 (Verva P. Y.) G. 5.30, P. 2.00 - 2. (6) Orateur 6 (Raffin O.)P. 2.20 - 3. (5) Oh James 5 (Bazire J. M.)P. 1.60 - 4. (1) Joker C N 1 (Lenoir M.) - 5. (8) Olblak Du Bocage 8 (Vercruysse P.) Tous Couru Temps: 3'21"36 - 3'21"95 - 3'21"99 Couple (11 - 6) G. 25.20 Pl. 7.60 (11 - 5) Pl. 6.10 (6 - 5) Pl. 5.40 6. Prrix de Nueil-sur-Layon 1. (9) Obelix Pierji 9 (Nivard F.) G. 3.50, P. 1.60 - 2. (14) Ouagadougou 14 (Masschaele Ph.) P. 2.90 - 3. (12) Organdi D’or 12 (Barthelemy Melle A.)P. 1.60 - 4. (4) Oh Mamy Blue 4 (Larue R. Ch.) - 5. (8) Olita De Kefrauso 8 (Wiels A.) Tous Couru Temps: 3'20"40 - 3'21"39 - 3'21"43 Couple (9 - 14) G. 30.00 Pl. 8.00 (9 - 12) Pl. 3.10 (14 - 12) Pl. 8.10 7. Prix d’Aurillac 1. (12) Pole Position 12 (Dubois J. Ph.) G. 6.30, P. 3.60 2. (16) Pridelle Du Verne 16 (Nivard F.)P. 17.80 - 3. (5) Pearl Of Charm 5 (Abrivard M.)P. 7.80 - 4. (14) Paradise Island 14 (Lebouteiller J.) - 5. (6) Petite Fanny 6 (Lemarchand M. P.) Tous Couru Temps: 2'34"45 - 2'34"59 - 2'34"92 Couple (12 - 16) G. 334.30 Pl. 94.90 (12 - 5) Pl. 23.50 (16 - 5) Pl. 206.30 8. Prix de Tours 1. (3) Queen Of Honey 3 (Verva P. Y.) G. 3.10, P. 2.00 2. (8) Quisganara 8 (Nivard F.)P. 3.20 - 3. (2) Qasida D’urzy 2 (Derieux R.)P. 3.60 - 4. (9) Quiberonnaise 9 (Julien Raffestin) - 5. (1) Query 1 (Mary Melle M. Ch.) Tous Couru Temps: 3'29"89 - 3'30"65 - 3'31"07 Couple (3 - 8) G. 21.00 Pl. 8.60 (3 - 2) Pl. 11.60 (8 - 2) Pl. 18.20 9. Prix de Molay 1. (10) Quatinka 10 (Nivard F.) G. 3.30, P. 1.90 - 2. (3) Quouna Matata 3 (Bekaert D.)P. 2.00 - 3. (11) Quarina 11 (Le Beller T.)P. 2.50 - 4. (8) Quataka 8 (Mary P.) Non partant: 7 Temps: 3'29"95 - 3'29"98 - 3'30"35 Couple (10 - 3) G. 10.70 Pl. 5.60 (10 - 11) Pl. 4.60 (3 - 11) Pl. 8.90 Hier à Clairefontaine 1. Prix de la communauté des communes Lisieux Pays d’Auge 1. (3) Fever Fever 3 (Lemaire Cp.) G. 4.40, P. 2.00 - 2. (7) Princess Love 7 (Eyquem Jb.) P. 1.30 - 3. (4) Seal Bay 4 (Boeuf D.) - 4. (6) Rumba Blue 6 (Lerner Y.) - 5. (1) Isinbayeva 1 (Soumillon C.) Non partant: 5 Distance: 1 L 1/2 - 1 L Couple (3 - 7) G. 8.60 2. Prix Chevotel 1. (1) Putney Bridge 1 (Pasquier S.) G. 2.40, P. 1.20 2. (3) Trincot 3 (Crastus A.)P. 1.50 - 3. (9) River Bere 9 (Victoire J.)P. 1.80 - 4. (6) Jacques Marquette 6 (Guyon M.) - 5. (8) Mopsos 8 (Lemaire Cp.) Tous Couru Distance: 3 L - CTE ENC. Couple (1 - 3) G. 3.90 Pl. 1.70 (1 - 9) Pl. 3.70 (3 - 9) Pl. 4.30 3. Prix de l’Association Trisomie 21 – Val-de-Marne 1. (7) Beau Vengerov 7 (Boeuf D.) G. 4.60, P. 1.90 - 2. (3) Zimri 3 (Badel Alxi.) P. 3.70 - 3. (9) Indian Singer 9 (Pasquier S.)P.2.50 - 4. (17) Water Black 17 (Guyon M.) - 5. (10) Specializing 10 (Huet T.) Non partant: 5 Distance: 1 L - 3/4 L Couple (7 - 3) G. 25.40 Pl. 9.20 (7 - 9) Pl. 5.10 (3 - 9) Pl. 14.60 4. Grand Prix de Clairefontaine 1. (7) Not Just Swing 7 (Pasquier S.) G. 1.90, P. 1.10 2. (9) Misk 9 (Lemaire Cp.) P. 1.50 - 3. (8) Zibimix 8 (Peslier O.)P. 1.50 - 4. (6) Sybelio 6 (Boeuf D.) - 5. (5) Garda 5 (Gillet T.) Tous Couru Distance: 1 L 1/2 - ENC. Couple (7 - 9) G. 5.10 Pl. 2.40 (7 - 8) Pl. 2.40 (9 - 8) Pl. 3.80 5. Prix Pixmania.com 1. (1) Joyau D’orfausse 1 (Cardine A.) G. 4.80, P. 2.30 - 2. (18) Augira 18 (Lermyte J.)P. 20.10 - 3. (17) Dame D’asie 17 (Martin Jim.) P. 5.10 - 4. (13) Marble Rock 13 (Di Fede F.) - 5. (10) Vistahermosa 10 (Guyon M.) Tous Couru Distance: 1 L 1/2 - TETE Couple (1 - 18) G. 196.90 Pl. 69.10 (1 - 17) Pl. 22.70 (18 - 17) Pl. 122.60 6. Prix de la Ville de Lisieux 1. (1) Summer Shrill 1 (Auge J.) G. 13.10, P. 4.30 - 2. (7) Jean De Luz 7 (Boeuf D.)P. 5.50 - 3. (12) Johanino 12 (Even N.)P. 7.30 - 4. (10) King Crimson 10 (Pasquier S.) - 5. (9) Saludad 9 (Placais O.) Tous Couru Distance: 3/4 L - 1/2 L Couple (1 - 7) G. 61.30 Pl. 21.00 (1 - 12) Pl. 59.70 (7 - 12) Pl. 70.90 7. Prix Journal « Le Pays d’Auge » 1. (15) Starwalker 15 (Vion V.) G. 6.70, P. 5.10 - 2. (2) Lull 2 (Thulliez T.)P. 7.80 - 3. (1) Acazo 1 (Soumillon C.)P. 3.50 - 4. (16) Lao Rom 16 (Victoire J.) - 5. (7) Antonov 7 (Thomas R.) Tous Couru Distance: TETE - CTE TETE Couple (15 - 2) G. 189.20 Pl. 70.10 (15 - 1) Pl. 14.60 (2 1) Pl. 28.50 26 août 2007 Reprenez Selouma! SOLUTIONS DES JEUX Bridge ♠ R1053 ♥ 98 ♦ V1052 ♣ AD4 DEAUVILLE — 2e course — Prix du Casino Barrière de Deauville (Prix François André) (Handicap divisé première épreuve — Femelles — Réf. : +19,5 — 48.000 ¤ - 2.000 m) N° TIERCÉ SEXE AGE CHEVAUX 1 WYSIWYG LUCKY JOCKEYS F4 M. Demuro N° POIDS CORDE 60.5 15 GAINS 93.760 ¤ PROPRIÉTAIRES F. Gay ENTRAINEURS Jl. Gay 8p 1p 5p 3p 5p 4p (06) 1p ★ Rob. Collet 6p 1p 0p 7p 8p (06) 0p 3p ★★ H. Malard Ha. Pantall 0p 7p 2p 2p 2p 3p (06) 2p ★★ ★ 58.5 13 51.120 ¤ Zuylen De Nyevelt D. Smaga C. Soumillon 57.5 17 115.645 ¤ C. Cohen 5 QUEENLY BEARING (GB) F4 J. Victoire 57.5 11 43.550 ¤ 6 PRINCESS SOFIA (UAE) F5 R. Thomas 7 FAINERISKS F. Spanu O. Peslier 3 KABOURA F4 D. Boeuf 4 OVIDIE F5 F5 60 2 Marc. Rolland 6 87.230 ¤ Jf. Gribomont Ha. Pantall 3p 7p 0p 0p 7p 1p 0p 1p 56.5 9 77.010 ¤ G. Doyen Ph. Van De Poele 0p 9p 0p 6p (06) 0p 6p 0p 57 Dubois-Matheessens E. Hautin 8 FABULOUS SMILE (BEL) F5 J. Auge 12 120.090 ¤ 9 KARALKA (IRE) F5 J. Cabre 54.5 14 60.445 ¤ O. Hebrard E. Danel 10 RINUM LODGE F4 A. Cardine 54.5 3 11 CASTAGNE F4 Cp. Lemaire 55 1p 3p 4p 1p 3p 9p 4p 1p 0p 0p 2p 0p 5p (06) 3p 7p 34.430 ¤ B. Giraudon D. Prod’homme 8p 1p 8p 0p 4p (06) 1p 3p 5 51.160 ¤ D. Sepulchre D. Sepulchre 3p 4p 0p 1p 6p 3p 4p (06) ★★ 53.5 4 ★★★ 54 12 TEMPETE D’HONNEUR F4 S. Pasquier 48.670 ¤ Gestut Ammerland G. Henrot 2p 1p 3p 1p 2p 2p (06) 3p 13 FAST LANE LILI (GB) F4 Alxi. Badel 53 1 49.155 ¤ Uplifting Bloodstock F. Doumen 7p 5p 1p 4p 3p (06) 9p 2p 14 SELOUMA F4 T. Thulliez 53 7 39.100 ¤ Z. Hakam M. Delzangles 8p 0p 8p 2p 2p 3p (06) 1p 15 COMOHIO F4 A. Crastus 52.5 16 77.630 ¤ Ecurie Bader P. Demercastel 1p 0p 0p 3p 5p 1p (06) 0p 16 NOSTALTIR F5 M. Guyon 52.5 8 69.595 ¤ B. Giraudon D. Prod’homme 0p 0p 0p 6p 9p 5p 2p 8p 17 ANGELIKA F4 F. Blondel 53.5 10 21.100 ¤ H. Devin Y. Nicolay 1p 6p 2p 0p 1p 4p (06) 2p Le Prono JDD 14 1 12 5 4 11 2 3 SELOUMA WYSIWYG LUCKY TEMPÊTE D’HONNEUR QUEENLY BEARING OVIDIE CASTAGNE STROUDY KABOURA Force est de constater que la chance n’a pas été du côté de Selouma ces dernières semaines. Après deux accessits d’honneur à ce niveau au printemps laissant LES CONFRÈRES Europe 1 12 1 7 5 Nice Matin 14 1 12 5 4 La Provence 1 12 3 14 2 Paris Turf 12 14 1 4 Week-End 14 4 1 12 4 2 5 Ouest France 2 3 12 11 14 présager rapidement une victoire, elle vient d’être très malheureuse à trois reprises. Ses derniers faux pas ne sont donc pas à prendre au pied de la lettre. Si elle connaît enfin un parcours sans encombre, la pensionnaire de Mikel Delzangles peut renouer avec le succès. Wysiwyg Lucky est irréprochable à ce niveau. Malgré son lourd fardeau, elle dispose d’une toute première chance. Elle forme l’opposition directe avec la métronome Tempête d’Honneur, jamais vue plus loin que cinquième depuis ses débuts en compétition. Queenly Bearing n’a jamais pu s’exprimer pour finir dans un récent Quinté. Mieux vaut ne pas faire fi de ses chances ! Victorieuse face aux mâles fin mai, Ovidie n’a pas été ridicule pour sa rentrée. Avantagée par l’assouplissement des pistes, une place est dans ses cordes. Castagne a laissé une bonne impression en der nier lieu à Clairefontaine, concluant dans le sillage de Tempête d’Honneur. Elle peut, elle aussi, tirer son épingle du jeu. Stroudy a triomphé facilement la der nière fois dans un L’info turf 201 — Wysiwyg Lucky Lauréate à ce niveau début juin, cette terrible finisseuse a remis ça dès sa sortie suivante. Remontée de sept kilos sur l’échelle des poids en l’espace d’un mois, elle vient de prouver qu’elle demeurait très compétitive par deux fois. Restée au mieux selon les dires de son entourage, elle doit une fois encore jouer les premiers rôles. Notez que son mauvais numéro à la corde peut finalement s’avérer être un avantage, l’état du terrain étant meilleur à l’extérieur de la piste en cette fin de meeting. événement. Le handicapeur n’a visiblement pas apprécié et lui a infligé une pénalité pondérale de 3,5 kg. Malgré tout, elle conserve son mot à dire pour les accessits et complétera notre choix avec la « Smaga » Kaboura, qui retrouve une opposition dans ses cordes. Stéphane Lévêque Les autres courses à Deauville à Beaumont-de-Lomagne 1. Prix du haras de la Huderie Lucien Barrière – Prix Hôtel du golf Barrière de Deauville Notre choix: 1 Spirito Del Vento, 3 Major Grace, 5 Stop Making Sense, 7 Sabana Perdida, 12 Whazzis. 1. Prix de la Riverette 2. Prix du casino Barrière de Deauville (prix François André) 6. Prix Hôtel Normandy Barrière de Deauville – Prix de la Jetée Lucien Barrière (Plat - 52.000 ¤ - 1.400 m) Notre choix: 4 Ossun, 1 Salsalavie, 6 Vytinna. (Plat - 48.000 ¤ - 2.000 m) Voir le tableau du Quinté 3. Prix de Meautry Lucien Barrière (Plat - 80.000 ¤ - 1.200 m) Notre choix: 1 Garnica, 8 Ascot Family, 3 Eisteddfod, 2 Tiza, 6 Le Cadre Noir. 4. Grand Prix de Deauville Lucien Barrière (Plat - 200.000 ¤ - 2.500 m) Notre choix: 7 Poet Laureate, 4 Pearl Sky, 8 Sagara, 3 Irish Wells. (Plat - 20.000 ¤ - 2.400 m) Notre choix: 3 Welcome Cat, 10 Jacquou Des Aigles, 6 Tarpon, 1 Kingso, 4 Emblem Davis. 7. Prix hôtel royal Barrière de Deauville – Prix de Barfleur Lucien Barrière (Plat - 17.000 ¤ - 1.500 m) Notre choix: 6 Lapinto, 2 Royal Mirage, 4 Jokari, 1 Global Hero, 9 Bedwen. 8. Prix du casino Barrière de Trouville 5. Prix Quincey Lucien Barrière (Plat - 80.000 ¤ - 1.600 m) (Plat - 23.000 ¤ - 2.000 m) Notre choix: 5 Risky Nizzy, 8 Black Isis, 15 Shanvally, 6 Passion Play, 14 Zitana. au Touquet à Vittel 5. Prix Carlier – Delaunay – assurances Chevaux 6. Prix de la société des courses de Nancy-Brabois (Attelé - 32.000 ¤ - 2.575 m) Notre choix: 11 New Des Landes, 8 Kanter Besp, 16 Mourotais, 10 Lys Gede, 15 Noise. ★★★ ★ M. Bryant F4 2p 3p 1p 1p 2p 5p 6p 8p NOS ÉTOILES 1p 4p 0p 4p 8o (06) 1p 7p 45.760 ¤ 2 STROUDY PERFORMANCES (Plat - 14.000 ¤ - 2.400 m) Notre choix: 1 Villerin, 6 Mister Rasi, 2 Sea Sedan, 7 Senorita Escarlata. 08 92 02 03 24 (Attelé - 19.000 ¤ - 2.375 m) Notre choix: 4 Mordant, 1 Leader De Lune, 7 Nina Grange L’Abbe, 2 Novak, 12 Nao Magic Du Lupin. 2. Prix du conseil régional (Attelé - 22.000 ¤ - 2.550 m) Notre choix: 7 Quida Victory, 4 Quandor Desbois, 10 Queensbury, 5 Quizzicato, 8 Quick Du Hennequin. 3. Prix du conseil géneral (Attelé - 22.000 ¤ - 2.550 m) Notre choix: 2 Petillant, 4 Prince Dahir, 5 Pralin Asa, 13 Palombe D’or, 12 Pixel De Benac. 4. Prix de la communauté de communes (Attelé - 20.000 ¤ - 2.375 m) Notre choix: 3 Nabis Du Goutier, 8 Leo De L’Etang, 12 Nagir D’autan, 11 Net Baz, 5 Nouvelle Rush. 5. Prix de la « Dépêche du Midi » (Monté - 22.000 ¤ - 2.550 m) Notre choix: 12 Nomade, 7 Magie D’Espiens, 4 New Man Berry, 5 Last Des Etangs, 6 Matine D’Ostal. 6. Grand Prix « Turf Sud-Ouest » (Attelé - 35.000 ¤ - 2.550 m) Notre choix: 2 The Big Blue World, 1 Lister Kin, 4 Muscade Blonde, 10 Macbeth Du Corta, 9 Midnight Noble. L’audiotel hippique du JDD 7. Prix Equidia Retrouvez, tous les jours de la semaine, sur notre service Audiotel (0,34 €/min), les pronostics détaillés et expliqués du Quinté +; les informations de dernière minute de nos journalistes en direct des champs de course; les cotes, les résultats et les rapports de toutes les courses PMU, en temps réel. L’audiotel du Journal du Dimanche est une mine de renseignements pour gagner aux courses! 8. Prix de l’Unat (Attelé - 22.000 ¤ - 2.375 m) Notre choix: 1 Original, 2 Oh Kanter Seguinel, 6 Old Angot, 3 Ozongo, 7 Obelia Kin. (Attelé - 6.000 ¤ - 2.375 m) Notre choix: 7 Marmot Beaujolais, 1 Laflo Josselyn, 3 L’espoir De Suce, 5 Nanga De Berce, 4 Nismutine. ★★★ ★ Les folies de Deauville ■ Il ne s’est jamais échangé autant d’argent – plus de 38 millions d’euros – sur le ring de ventes de Deauville que lors du week-end dernier. Ces vacations ont donc été très réussies pour les éleveurs-vendeurs et l’organisateur, preuve de la valeur accordée au label made in France et à la capacité de notre terroir à produire d’une année sur l’autre des champions. Car, et c’est un miracle sans cesse renouvelé, on a beau voir nos meilleurs chevaux presque systématiquement exportés vers l’étranger en vue de leur carrière de reproducteur, notamment les mâles et les meilleures pouliches, le « moule » n’est toujours pas cassé. Souvent, à partir de sœurs de champions ou d’apparentées proches, les éleveurs français réussissent encore à produire de bons chevaux, envoyant ces poulinières à la rencontre des meilleurs étalons stationnés en Irlande, en Angleterre et aux EtatsUnis. En investissant aussi dans de nouveaux courants de sang en terme de jumenterie et dans du capital génétique de haut de gamme basé à l’étranger, côté étalons, ces éleveurs continent à faire naître des sujets enviés, capables de briller sur les pistes du monde entier. Les ventes de Deauville viennent encore de le démontrer: il fallait débourser en moyenne 100.000 euros pour escompter repartir avec un yearling sous le bras! A ce tarif-là, il faut espérer que leurs nouveaux propriétaires auront de bonnes satisfactions sportives. Car, et c’est aussi le risque d’un marché trop inflationniste, plus on monte haut, plus la chute peut être sévère. Dès lors, c’est l’ensemble de l’économie du secteur qui doit suivre, notamment les allocations de courses, afin que l’écart ne se creuse pas de manière trop abyssale entre les colonnes dépenses et rentrées. Ces prix de courses sont financés, à partir d’un monopole confié au PMU et remis aujourd’hui en question par Bruxelles. Qu’en sera-t-il demain ? Selon les décisions prises, c’est tout le financement de la filière qui est concerné. On en revient aux ventes de yearlings… François Hallopé ♠2 ♥ RV762 ♦ RD97 ♣ 987 N O E S ♠ ADV4 ♥ D3 ♦ A63 ♣ RV52 ♠ 9876 ♥ A1054 ♦ 84 ♣ 1063 On atteint quatre piques de manière routinière : une ouverture d’un sans-atout e n S u d e t u n S t ay m a n e n Nord. Si l’adversaire prend ses deux levées de cœurs et rejoue atout. Sud donnera trois tours d’atout en constatant le par ta g e f avorable de la couleur (contrairement au cas du dia g ramme ci-dessus). Le déclarant encaissera ses quatre trèfles et jouera as de carreau et carreau en espérant un honneur – la dame ou le roi – second dans une main ou l’autre des adve r s a i re s. C e l u i q u i a u r a pris la main sera contraint de jouer dans la coupe du mort et la défausse d’un carreau de la main, réglant le problème. Passons au cas du diagramme, l’entame du roi de car reau est une aubaine pour Sud. Il prend de l’as et note que le huit four ni par Est révèle, probablement, un doubleton. Un par tage 3-2 des atouts assurerait le contrat puisqu’un cœur perdant serait défaussé sur le quatrième trèfle. Cependant, Ouest ne four nit plus au deuxième tour de pique. Sud joue exactement trois fois pique puis passe aux trèfles, il faut qu’Est en possède au moins trois, faute de quoi il n’y aurait pas de salut. Le quatrième tour de trèfle permet la défausse d’un cœur et la coupe par Est mais le déclarant est à bon port : il a perdu un atout, un cœur et un carreau. Si Est n’a pas coupé le trèfle, Sud joue carreau et perd également un carreau, un cœur et une coupe. [email protected] Sudoku Mots fléchés S U K R A M I N R E R O U F L A Q U E T T E S G O U T A I F R I T E U E R B T I U A L M U I L R N I V I T L D I L O O B O U G N N E E G F R E O U L A N U A U R H E R A N A I N Q N I U E U E S D A U R A M E D A O U L C M V P F E C O T R E N E I U T N A N T O F I F R R E E C A N E A U T R E T E E P S O M I F T O A U R C H I E L L S E T G O A U U T X J D O O U M E /15 Sipa Press 26 août 2007 SPORT Galles-France. Dernier test pour les Bleus. Page 18 Lens. Jean-Pierre Papin doit succéder demain à l’entraîneur démissionnaire Guy Roux, fermez le banc! Une accolade à l’entraîneur strasbourgeois Jean-Marc Furlan, une poignée de main aux arbitres et un long regard porté sur le stade de la Meinau, qu’il a semblé ne jamais vouloir quitter : ce sont sans doute les dernières images qui resteront de Guy Roux en tant qu’entraîneur. Voilà déjà deux jours qu’il avait annoncé sa démission au président lensois Gervais Martel. La nouvelle, qui bruissait autour du club malgré les démentis de Martel, a été rendue officielle sur Canal+ à la mitemps de la soirée de Ligue 1. Jusqu’à ce que Guy Roux luimême la confirme et la justifie sur la chaîne cryptée, son employeur durant les deux dernières années. « J’étais au courant depuis quelques jours, a commenté Gervais Martel. Il ne se sentait plus capable de poursuivre avec nous, notamment en raison de problèmes physiques. Quelqu’un de cette expérience se connaît bien. S’il a senti qu’il ne pouvait plus continuer, c’est qu’il ne pouvait plus. Je regrette sa décision mais il faut l’acce pter. Une page se tourne. » Guy Roux, hier soir à Strasbourg, quelques minutes avant de justifier sa démission. Il aura vécu 890 matches en Ligue 1 sur le banc d’Auxerre, quatre seulement sur celui de Lens. La Voix du Nord Rendez-vous demain midi à la Gaillette Si elle n’intervenait aussi tôt dans la saison, l’annonce de cette démission n’aurait pas de quoi étonner. L’histoire promettait d’être belle lorsque Guy Roux, après une carrière entièrement dévolue à Auxerre et deux années passées loin du banc, répondit aux avances lensoises à l’intersaison. Une alliance presque naturelle entre deux monuments du football français, deux figures populaires au fort taux de sympathie. Mais la belle histoire aura duré soixante-cinq jours : sept matches, une seule victoire et une indicible impression de tristesse laissée par l’équipe sang-et-or. Une romance infructueuse sur le plan sportif et entachée de petits accrocs qui ne facilitent pas la vie de couple. Il fallut d’abord une prise de position publique de Nicolas Sarko zy et un avis f avorable du CNOSF pour que Guy Roux obtienne, à 68 ans, une licence d’entraîneur qui était interdite aux plus de 65 ans… depuis le temps que lui-même en avait décidé ainsi. Son retour divisait, au sein même de sa confrérie. Dès le premier match de la saison, il recouvrit d’un sparadrap l’insigne de l’équipementier maillot du RC Lens, un geste visant à ménager son sponsor personnel, mais qui eut le don d’irriter. Malgré tout, il bénéficiait d’une belle cote d’amour auprès des fidèles de Bollaert, en attestent les banderoles « Guy Roux, notre Dieu » ou « Guy Roux notre gourou », encore aperçue hier. La raison de ce divorce est toutefois plus profonde. Lui qui déclarait avoir été « impressionné par l’efficacité et l’organisation du club » à son arrivée, a rapidement confié à des proches que son vécu quotidien était loin de correspondre à ses attentes. L’empereur plénipotentiaire de l’AJ Auxer re peinait à trouver ses marques au sein d’une entreprise aux structures différentes et au fonctionnement bien rodé. Il a assuré l’intégralité du recrutement – avec les anciens Auxer rois Akalé, Kalou, Pieroni – jusqu’ici décevant. Il a régenté la communication des joueurs. Interdit l’attaché de presse de vestiaire… Il a fait du Guy Roux, sans jamais re- STRASBOURG — LENS 2-1 Renteria (56e), Cohade (64e) pour Strasbourg ; Keita (70e) pour Lens (0-0). Beau temps. 28.652 spectateurs. Arbitre : M. Cailleux. Avertissements : Mouloungui (59e) à Strasbourg ; Monterrubio (65e), Demont (80e) à Lens. Troisième victoire consécutive pour Strasbourg aux dépens d’un RC Lens enfoncé dans le doute, qui se traîne à la 18e place du classement et a tout à retrouver : cohésion, confiance, sérénénité, solidarité… Tout s’est accéléré en seconde période. Sur un corner d’Abdessadki, Renteria saute et met le ballon hors de portée de Runje, puis Cohade reprend victorieusement une passe de Mouloungui. Lens réagit mais trop tard, avec Keita. Claquette de Cassard dans le temps additionnel sur un coup franc de Kovasevic. Strasbourg : Cassard -Dos Santos, Bellaïd, Paisley -Rodrigo, Cohade, Abdessadki (Gargorov 85e), Lacour (cap) -Gameiro (Camadini 87e), Mouloungui (Johansen 67e), Renteria. Lens : Runje -Demont (cap), Coulibaly, Hilton, Ramos -Kovacevic, Sablé -Akalé (Khiter 81e), Kalou (Keita 20e), Monterrubio -Dindane (Pieroni 85e). trouver la flamme, explique-t-il. Sans trouver sa place dans l’étatmajor de Lens, dit aussi le milieu. Une fois le constat fait, il a pris la décision rapide de mettre un terme à la situation, dans l’intérêt des deux parties qui se quittent bonnes amies. « Je suis très déçu, parce que le coach a mis des choses en place. Il a fait le maximum. C’est triste pour tout le monde. Mais avec le comportement qu’on a sur le terrain, on peut mettre qui on veut sur le banc : ça ne marchera pas », a réagi avec autocritique Yohan Demont, le capitaine lensois. « Un entraîneur sans club, c’est toujours regrettable. Mais après tout ce qu’il nous a fait, et après s’être battu pour qu’il ne redevienne pas entraîneur, on ne va pas maintenant lui passer la pommade », a tranché sans fausse diplomatie Pierre Repellini, le viceprésident de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs. Il semble très improbable que Guy Roux, qui ne se sent plus la flamme, reprenne les commandes d’un autre club. « Gardez-moi une place au chaud », avait-il plaisanté chez Canal+. Qui va remplacer Guy Roux sur le banc lensois ? Daniel Le- clercq s’est bien dit intéressé : « Mon portable est ouvert. » Même s’il reste le seul technicien à avoir mené le club au titre de champion de France, en 1998, les chances du Druide sont minces. Car un candidat s’avance en grand favori : Jean-Pierre Papin s’est porté candidat depuis déjà plusieurs jours. L’ancien attaquant était déjà pressenti à l’intersaison, comme Didier Deschamps. Mais ce dernier ne souhaite pas rempiler, selon son entourage. Joint hier soir, JPP n’a pas voulu se mouiller : « Je ne dois pas être le seul sur la liste », tempère diplomatiquement l’ancien coach de Strasbourg, natif de la région NordPas de Calais. Mais il est de loin le plus haut placé dans les petits papiers de Gervais Martel. Hier soir, comme s’il fallait respecter un deuil minimal, le président lensois a préféré démentir vertement : « Celui qui parle de Papin dit des conneries. Celui qui donne n’importe quel nom dit des conneries ! » C’est pourtant bien le nom de JPP qu’il devrait annoncer demain midi à la Gaillette. Pour remplacer celui qu’on a longtemps cru irremplaçable. Olivier Joly (avec S. C et S.J.) Papin, première en L1 ■ Selon toute vraisemblance, Jean-Pierre Papin sera l'entraîneur du RC Lens. Natif de Boulogne-sur-Mer (62), l'ancien capitaine de l'équipe de France n'a aucune expérience en Ligue 1 mais il a fait remonter le Racing Club de Strasbourg de L2 en juin dernier. La fin de l'histoire s'est pourtant terminée en eau de boudin puisque Papin n'a pas été reconduit dans ses fonctions. Depuis, l'ancien buteur de l'OM avait eu une touche en Chine mais avait surtout été contacté par Waldemar Kita, le nouveau repreneur de Nantes, pour remplacer Der Zakarian. Il avait alors refusé, «par amitié». JPP a démarré sa carrière d'entraîneur au FC Bassin d'Arcachon (DH) en 2004. Sous ses ordres, le club aquitain est monté en CFA 2. Explications. Sur Canal+, Guy Roux a évoqué sa lassitude physique et mentale « Je manquais de grinta » Vers 22 h 45, Guy Roux a réservé les explications sur son départ au journaliste Cyril Linette, avec qui il a partagé de longues heures de football sur la chaîne cryptée. En voici les principaux extraits. Pourquoi avez-vous démissionné ? Sur le plan de l’entraînement et du management, j’avais retrouvé la cadence. Et puis je me suis aperçu, le championnat commençant, que je manquais à certains moment de cette grinta qui est nécessaire et qui avait fait ma force pendant toute ma carrière, cette faculté de lever les joueurs, de se transcender. Je me suis aperçu qu’elle était un peu atténuée. J’en ai parlé une première fois à Gervais Martel. Il m’a dit « Non! Continue ». Les résultats sportifs sont-ils dominants dans votre démission ? Pas du tout. Evidemment, si on avait été premiers, j’aurais eu plus de mal à persuader les gens que je devais m’arrêter. Mais j’ai senti en moi l’impossibilité de hausser le ton, non pas de la voix mais le ton de la psychologie, celui qui fait la force d’un entraîneur. C’est très dur de le reconnaître. Je le reconnais. Ne voulant pas entraîner Lens, qui m’avait fait tant confiance dans une série de mauvais résultats, j’ai dit : « Ecoutez, prenez un plus jeune ». Je crois que c’est ce qu’ils ont fait. A votre retour, il y a eu un débat national autour de l’âge jusqu’auquel on peut entraîner. Or vous expliquez ne plus avoir la force. C’est une sorte de retour en arrière… Je ne pense pas que ce soit l’âge en l’occurence. Je pense plutôt que les bêtabloquants consécutifs à mes problèmes cardiaques m’ont enlevé certains facteurs de colère, d’émotion, qui me permettaient de lever les joueurs. Les péripéties administratives de l’été m’importent peu. C’est un peu humiliant pour moi de reconnaître ça, d’avoir été dire à mon président « Enlevez-moi, prenez un plus jeune entraîneur, il y en a de valeur qui n’ont pas de travail ». Mais quand on voit les Français de qualité, anciens champions de France, ayant fait remonter leur équipe en première division, qui n’avaient pas de travail, il était normal que je me retire. Quand un joueur ne se sent pas en forme, il doit aller le dire à son entraîneur. Quand un entraîneur ne se sent pas en grande forme, il doit aller le dire à son président. Avez-vous le sentiment que votre image est écornée par ce double revirement ? Je n’ai jamais mené ma carrière pour me faire une image. Elle s’est faite comme elle est. L’image prendra ma souffrance d’aujourd’hui comme elle a pris ma gloire d’hier. J’espère en tout cas que ma franchise sera reconnue. Football 16/ 26 août 2007 Ligue 1/5e journée NANCY - AUXERRE 4-1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Malonga (37 ), Kim (38 ), Biancalani (49 ), Fortuné (55e) pour Nancy; Lejeune (60e) pour Auxerre e e e (2-0). Beau temps. 18 132 spectateurs. Arbitre: M. Piccirillo. Avertissements: Puygrenier (19 e) à l’ASNL; Tamas (17e), Lejeune (33e), Pedretti (92e) à l’AJA L’AS Nancy-Lorraine a laissé son style bloc béton armé aux vestiaires, désormais c’est festival de l’offensive les soirs de match à Picot, champagne pour le prez au Jean Lam’ et entrée gratuite aux Caves du Roy... Nancy passe quatre buts à Auxerre et s’installe seul comme un grand dans le fauteuil de leader. C’est l’état de grâce : même Biancalani se met à marquer. Hadji rayonne et fait briller ses copains. Mirabelle sur le gâteau du futur quadra (l’ASNL va fêter ses 40 ans d’existence le 3 novembre prochain) : les Lorrains pourraient encore être leaders mercredi soir sans jouer (leur match à Toulouse est reporté pour cause de Ligue des champions). Nancy: Bracigliano (cap) -Chrétien, Andre Luiz Silva, Puygrenier, Biancalani -Bérenguer, Gavanon (Guerriero 80e) - Malonga (Brison 59e), Hadji (Curbelo 59e), Kim -Fortuné Auxerre: Riou -Marcos Antonio, Tamas (Grichting 46e), Mignot, Jaurès -Genest (Kahlenberg 46e), Pedretti (cap), Thomas, Lejeune -Jelen (Lesage 68e), Maoulida Nancy Lorient Monaco Strasbourg Valenciennes Le Mans Bordeaux Rennes Lille Marseille Saint-Etienne Nice Toulouse Lyon Caen Paris SG Auxerre Lens Sochaux Metz PTS J G N P BP BC Diff. Dom. Ext. Série 13 11 10 10 10 10 8 8 6 6 5 5 4 3 3 3 3 2 2 1 5 5 5 5 5 5 5 5 4 5 4 5 4 3 4 4 5 4 5 5 4 3 3 3 3 3 2 2 1 1 1 1 1 1 1 0 1 0 0 0 1 2 1 1 1 1 2 2 3 3 2 2 1 0 0 3 0 2 2 1 0 0 1 1 1 1 1 1 0 1 1 2 2 2 3 1 4 2 3 4 11 9 10 8 9 8 6 4 4 5 4 4 4 3 2 1 2 1 3 1 4 5 4 3 6 6 4 3 3 5 3 5 7 3 4 3 11 3 10 7 7/2 4/2 6/2 5/1 8/3 2/1 4/4 3/2 1/1 2/2 3/1 3/2 2/3 2/0 3/4 1/3 1/2 0/0 1/6 1/2 4/2 5/3 4/2 3/2 1/3 6/5 2/0 1/1 3/2 5/4 1/2 1/3 2/4 1/3 0/2 0/0 1/9 1/3 2/4 0/5 GGGNG NGGGN NPGGG NPGGG GPGNG GGGNP GGPNN PNGNG NGNN NNPNG NGPN PGPNN PGPN GPP GPPP NNPN PPPGP PNNP NPNPP PPPNP 7 4 6 5 3 2 2 1 1 0 1 -1 -3 0 -2 -2 -9 -2 -7 -6 J.-B. Autissier/Panoramic Beau temps. 11.033 spectateurs. Arbitre: M. Jaffredo. Avertissements: Menez (41e), Pérez (43e) à Monaco; Romaric (43e), Basa (60e) au Mans. A la suite de ce succès, les Monégasques, emmené par un excellent Jérémy Menez, peuvent espérer réaliser une saison intéressante. Les Manceaux rentrent dans le rang, après avoir fourni une prestation honorable. Avec ce genre de but, la L1 vaut bien 1 milliard d’euros par saison : talonnade absolument mythique de Matsui, sur un centre de Calvé, et le MUC ouvre le score. Deuxième période complètement différente. Ménez part en contre en soliste : il est fauché par Pelé dans la surface ; Cufré transforme le penalty. Dans la foulée, l’ex-Sochalien récupère un ballon mal dégagé par Pelé. Une nouvelle fois, à la suite d’un excellent travail en solitaire, il fait la différence et double la mise. Encore et enfin Ménez qui offre une jolie poupée à Piquionne, lequel se joue de Basa et inscrit son troisième but de la saison. Monaco: Ruffier -Cufre, Modesto (cap), Bolivar, Muratori Pérez (Gakpé 46 e), Bernardi, Leko -Menez (Pino 85 e) -Piquionne (Monsoreau 70e), Koller Le Mans: Pelé -Calvé, Basa, Cerdan, Ibrahima Camara Sessègnon (Maïga 75e), Romaric (cap) (Louvion 84e), Coutadeur, Matsui (Pinault 81e) -De Melo, Grafite Samson (92e) pour Caen; Rodriguez (43e), Niang (54e) pour Marseille (0-1). Beau temps. 20.790 spectateurs. Arbitre: M. Auriac. Les mots sont lâchés. « Nouveau départ » pour Pape Diouf, « prise de conscience » pour José Anigo. L’OM a remporté sa première victoire de la saison. Sans génie certes, mais l’essentiel était d’éviter de piquer une crise. « C’est un soulagement parce qu’on a beaucoup travaillé, a soufflé Benoît Cheyrou. On commençait à se faire critiquer, mais c’était normal car on ne développait pas un super football. » S’il reste des zones nébuleuses dans le jeu, cette victoire répond à une certaine logique. Les Marseillais ont à la fois été concentrés derrière (sauf sur le but de Samson) et (relativement) efficaces devant. Rodriguez a ouvert le score sur une des premières occasions juste avant la pause. Et Cissé, s’il n’a pas marqué, a offert le deuxième but à Niang sur une contre-attaque imparable. Comme face à Nancy dimanche dernier (2-2), les Phocéens ont donc mené 2-0, ont eu la possibilité de tuer le match, mais ont joué avec leurs nerfs durant la der- (1-1). Temps orageux. 23 397 spectateurs. Arbitre: M. Coué. Avertissements:Marange (41e), Chalmé (53 e), Wendel (57e), Alonso (58e) à Bordeaux; Morel (45e+1), Ciani (51e) à Lorient Les Merlus jouent bien et, en plus, ils ont les atours des grands : un coup de main de l’arbitre qui ne valide pas un but de Wendel, un penalty (de Bellion) sorti par un gardien en état de grâce, une égalisation in extremis et un entraîneur qui pointe les manques au soir d’une belle perf ’. Ecoutons Christian Gourcuff: « Revenir à 2-2 en fin de match est quasiment miraculeux. On a vu des promesses en première mi-temps, surtout dans les intentions, dans la maîtrise, dans la circulation du ballon. Il faut éliminer les déchets, il y a eu trop d'erreurs défensives ce soir qui auraient pu nous plomber le match. » « On a beaucoup de réussite en ce moment, poursuit Marama Vahirua. On arrive à produire du beau jeu et à prendre beaucoup de plaisir. On ne se sent pas incassables, mais on est bien, on n’a pas peur de la défaite. » Bordeaux doit se contenter du doublé de Bellion. C’était quand même une belle soirée de foot. Bordeaux: Ramé (cap) -Chalmé, Jemmali, Planus, Marange (Chamakh 65e) -Alonso, Diarra, Fernando, Wendel -Bellion (Obertan 84e), Jussiê (Micoud 76e) Lorient: Audard -Jallet, Marchal (cap), Ciani, Morel (Cantareil 65 e) -Marin (Robert 71 e), Ewolo, Abriel, Namouchi Saïfi (Nimani 75e), Vahirua nière demi-heure. « La facilité est peutêtre notre défaut », constate Albert Emon. Cela a permis à Steve Mandanda, le suppléant du malheureux Carrasso, de se mettre dans le bain en sortant quelques arrêts décisifs alors qu’il avait attaqué ses nouvelles fonctions avec des fautes de mains. « Il a fait une partie convaincante », estime l’entraîneur marseillais. Qui ajoute : « Nous ne sommes qu’à 60 ou 70 % de nos moyens physiques et dans la progression de notre jeu. Donc notre évolution va être intéressante. » Son homologue caennais, Franck Dumas, est lui remonté contre ses joueurs : « On avait tout à gagner et on a joué comme si on avait tout à perdre. On va remettre les choses à plat et se dire certains trucs. » S. C. Caen: Planté -Hengbart, Boucansaud, Sorbon, Seube (cap) -Proment -Gouffran, Nivet (Deroin 62e), Florentin -Jemâa (Samson 70e), Toudic (Compan 52e). Marseille: Mandanda -Bonnart, Rodriguez, Givet, Taiwo -Cana (cap), Cheyrou Ziani (Zenden 69 e ), Nasri (Zubar 75 e ), Niang (Gragnic 80e) -Cissé. PSG - LILLE Parc des Princes 18h, Canal+ Sport Le PSG rêve de fax à en-tête du Benfica Lisbonne proposant 18,53 M€ pour Pauleta, de Raon-L’étape pour Bernard Mendy peu importe le prix, du Club Med Mar del Plata pour Gallardo et Yepes. C’est malheureusement une fausse offre de Villarreal pour Amara Diané concoctée par deux agents bidons qui a atterri sur les bureaux parisiens. L’histoire a mis tout le monde en rogne. 7,2 M€ pour Diané, c’était pourtant drôle. Cela aura peut-être le mérite de détendre l’atmosphère au Parc où les Parisiens n’ont pas l’habitude de se marrer. Les joueurs de la capitale ont les chocottes devant leur public. Des théories psychologiques poussées naissent sur cet épineux sujet qui empoisonne la vie du club depuis deux ans. Cette saison, ça donne pour l’instant un nul (Sochaux) et une défaite (Lorient). Ce soir, c’est Lille qui s’y colle sous les yeux de Domenech. Rothen est incertain, mais Digard est de retour. Meilleurs buteurs National/4e journée Ligue 2/5e journée Vendredi 31 août : Amiens-Niort; Anger s-Guingamp; Brest-Libourne/St-Seurin; ChâteaurouxTroyes; Clermont-Grenoble; Le Havre-Gueugnon; Sedan-Boulogne-sur-Mer (20h); MontpellierAC Ajaccio; Reims-Dijon (20h30, ces deux matches sur Numericable). Lundi 3 septembre : BastiaNantes (20h30, Eurosport). (1-0). Beau temps. 9 969 spectateurs. Arbitre: M. Malige. Avertissements: Ederson (27e), Balmont (74e), Rool (78e), Hellebuyck (92e) à Nice; Dieuze (12e), Cetto (80e), Mathieu (90e) à Toulouse. Toulouse se réveille à vingt minutes de la fin et s’évite une sérieuse gueule de bois avant d’aller se faire éliminer à Liverpool. Elmander n’est pas en veine alors Pancho Gignac surgit au premier poteau. Le TFC touche du bois : Koné rate une balle de break sur penalty. Ahhh ! C’est poteau ! Sinon Ederson avait ouvert le score suite à une glissade de Mathieu. Baup n’est que partiellement rassuré : le Ray, ce n’est pas Anfield. Nice: Lloris -Apam, Hognon, Kanté, Rool -Ederson (Traoré 69 e), Balmont, Echouafni (cap), Hellebuyck -Koné, Bamogo (Job 81e) Toulouse: Douchez -Paulo Cesar, Cetto, Ilunga, Mathieu Dieuze (cap), Sirieix -Fabinho (Gignac 72e), Emana, Mansaré (Bergougnoux 72e) -Elmander CAEN - MARSEILLE 1-2 Bellion (11 , 68 ) pour Bordeaux; Saïfi (15e), Namouchi (89e) pour Lorient 6e journée NICE - TOULOUSE 1-1 Ederson (42e) pour Nice; Gignac (88e) pour Toulouse Marseille s’éveille, enfin e Nantes Le Havre Grenoble Dijon Reims Guingamp Troyes Montpellier Sedan Boulogne-sur-Mer Brest Niort AC Ajaccio Clermont Foot Bastia Châteauroux Amiens Libourne/St-Seurin Angers Gueugnon (1-0). Beau temps. 24 078 spectateurs. Arbitre: M. Thual. Avertissements: François (30 e ). Expulsion: Cissé (93e) « Ça fait plaisir », dit Nino. Plaisir d’être sur le banc, plaisir de jouer, plaisir de toucher du bois. Puis plaisir de finir la soirée au Pim’s comme dans sa tendre jeunesse. Le duo Leroy-Thomert, qui a frappé deux fois, lui a quand même un peu chipé la vedette. Pour le plaisir, on écoute Pier re Dreossi : « En première période, nous avons bien maîtrisé. Une fois que nous avons trouvé la faille, les choses ce sont emballées. Nous avons eu pas mal d’occasions et c’est dommage de ne pas avoir su les concrétiser. C’est une satisfaction de l’emporter et j’ai vu des choses intéressantes collectivement pour la suite. » Au plaisir... Rennes: Pouplin - Fanni, Mbia, Hansson, Edman -Leroy, Didot (cap) (Sorlin 78e), Br. Cheyrou, Thomert (Marveaux 65e) Pagis, Briand (Wiltord 57e) Metz: Marichez (cap) -Gueye, Delhommeau (B. Gueye 58 e), Diop, Strasser, Léoni -Pjanic (Djiba 72e), François, Agouazi Aguirre (Cissé 65e), Mo. Ndiaye Belle bagarre entre Nasri et Planté, le gardien caennais. BORDEAUX - LORIENT 2-2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 15 16 17 18 19 20 (2-1). Beau temps. 13.566 spectateurs. Arbitre: M. Kalt. Avertissements: Rippert (55e), Mo. Traoré (90e) à Valenciennes; Sène (53e) à Sochaux Sochaux avant-dernier et sept points récoltés en trois matches pour Valenciennes, qui trouve sa voie après un début de rencontre difficile. Etrillés par Monaco il y a huit jours, les joueurs de Hantz viennent de prendre 6 buts en deux matches. Valenciennes a imposé son caractère et Sochaux a démontré, une nouvelle fois, sa fébrilité défensive. Troisième but de la saison pour Steve Savidan. Valenciennes: Penneteau -Mater, Ouaddou (cap), Chelle, Rippert -Doumeng (Roudet 12e), C. Sanchez, Saez, Bezzaz (Traoré 70e) -Pujol, Savidan (Sebo 84e) Sochaux: Richert (cap) -Pichot (Nogueira 89e), Josse, Sène, Jokic -Pitau, Quercia -Isabey, Dalmat, Maurice-Belay (Birsa 59e) -Erding (Dagano 76e) Thomert (45e+2, 55e) Cufre (49e sp), Menez (51e), Piquionne (65e) pour Monaco; Matsui (31e) pour Le Mans Vendredi: AC Ajaccio-Sedan 2-1; Boulogne/Mer-Angers 1-0; Dijon-Châteauroux 0-0; GueugnonReims 0-1; Guingamp-Amiens 10; Libourne/St-Seurin-Clermont 1-1; Niort-Montpellier 1-0; Troyes-Bastia 2-0; Nantes-Brest 3-0; Grenoble-Le Havre 0-2. Bezzaz (11e), Chelle (45e+1), Savidan (75e) pour Valenciennes; Quercia (7e) pour Sochaux RENNES - METZ 2-0 MONACO - LE MANS 3-1 e VALENCIENNES - SOCHAUX 3-1 PTS J G N P BP BC Diff. 10 10 10 9 9 8 8 7 7 7 7 7 6 6 6 5 4 4 4 3 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 3 3 3 2 3 2 2 2 2 2 2 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 3 0 2 2 1 1 1 1 1 3 3 0 2 1 1 1 0 1 1 1 0 2 1 1 2 2 2 2 2 1 1 3 2 3 3 3 4 12 7 6 4 6 6 5 7 5 8 5 4 6 6 5 4 3 6 3 5 4 4 3 2 9 4 5 5 4 8 6 5 6 6 9 5 5 9 6 8 8 3 3 2 -3 2 0 2 1 0 -1 -1 0 0 -4 -1 -2 -3 -3 -3 Paris FC-Cannes 2-2; Villemomble-Beauvais 1-2; Nîmes-Calais 2-1; Martigues-Entente SSG 2-1; Louhans-Cuiseaux-Arles 1-1. Vendredi: Romorantin-Pau 2-3; Sète-Cherbourg 1-0; Tours-Rodez 1-0; Laval-Créteil 1-1; IstresVannes 2-2 5e journée Vendredi 31 août: Calais-Paris FC; Cherbourg-Tour s (20h). Samedi 1 er septembre: Entente SSG-Louhans-Cuiseaux; CréteilIstres; Arles-Sète (18h); PauM a r t i g u e s ; Va n n e s - N î m e s (19h30); Cannes-Romorantin; Beauvais-Laval; Rodez-Villemomble (20h). PTS 1 Nîmes 10 2 Entente SSG 9 3 Tours FC 9 4 Rodez 7 5 Istres 7 6 Paris FC 7 7 Cannes 7 8 Beauvais 7 9 Cherbourg 6 10 Sète 5 11 Arles 5 12 Romorantin 4 13 Villemomble 4 14 Martigues 4 15 Louhans-C. 4 16 Calais 3 17 Laval 3 18 Créteil 3 19 Pau 3 20Vannes 2 J Diff. 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 3 3 2 4 2 1 1 0 1 0 -1 -1 -1 -2 -3 2 -1 -1 -6 -3 4 buts: Bellion +2 (Bordeaux); De Melo (Le Mans); Vahirua, Saïfi +1 (Lorient); Audel (Valenciennes). 3 buts: Piquionne +1 (Monaco); Feindouno (Saint-Etienne); Renteria +1 (Strasbourg); Savidan +1 (Valenciennes). 6e journée Mardi 28 août: Lorient-Valenciennes (21h, Canal + Sport). M e r c r e d i 2 9 a o û t : Marseille-Nice (18h30, Canal +); Auxerre-Rennes; Le Mans-Paris SG; Lille-Monaco; Metz-Bordeaux; Saint Etienne-Strasbourg (20h30); Sochaux-Lyon (20h45, Canal +). Lens-Caen et Toulouse-Nancy reportés. Après Wiltord, Emerson ■ Semaine chargée au Stade Rennais. Après avoir officiellement enregistré l’arrivée de Sylvain Wiltord jeudi, le club breton s’est occupé du dossier Emerson. Le brésilien s'est engagé pour trois saisons et 5 M€. Il a assisté hier au match Rennes-Metz. Inconnu en Europe, cet attaquant brésilien de 28 ans a fait les beaux jours du championnat japonais et d’Al-Saad, au Qatar. Football 26 août 2007 /17 Ligue 1. A l’heure du derby contre les Verts, le début de saison de Lyon inquiète Un champion à l’épreuve LYON - SAINT-ETIENNE Alain Perrin et son capitaine Juninho, qui a retrouvé le brassard dont il ne voulait plus. Stade Gerland, 21h, Canal+ Lyon Envoyé spécial L’OL patine. Le sextuple champion de France réalise son plus mauvais départ depuis 2000. Deux défaites d’affilée : cela ne lui était arrivé que deux fois (septembre 2002 et janvier 2007) au cours des six derniers exercices de L1. Bien sûr, Lyon a un match en moins et cela fausse la perspective à la 5e journée. N’empêche, ce début de saison se fond dans le panorama d’une année 2007 tourmentée qui a vu naître la théorie du déclin de l’édifice lyonnais. Si bien que la venue de SaintEtienne, ce soir, offre plus qu’un derby épicé : l’issue du choc risque de donner le ton d’une saison où il y a rarement eu autant d’incertitudes du côté de Gerland. Perrin sous surveillance L’entraîneur joue déjà ser ré. Comme Paul Le Guen en son temps, l’ancien coach de Sochaux se sait observé par sa hiérarchie et par un vestiaire où il faut ménager les ego. Ce mauvais départ L’action OL au plus bas ■ L’ a c t i o n O L G r o u p e a perdu 27,1% depuis son introduction le 9 février, au tarif de 24 €. Vendredi à la clôture, elle ne valait plus que 17,49 €, son cours le plus bas. Le titre avait déjà connu un premier coup de semonce après l’élimination en huitième de finale de la Ligue des champions, le 6 mars, avant de passer pour la première fois sous la barre des 20 € (19,92 €) le 12 avril. Après une légère reprise durant un mois et demi (22,01 € le 1er juin), l’action lyonnaise dévisse lentement depuis. Ces deux dernières semaines, sur fond de secousses boursières, le titre a perdu 2 €. Des résultats décevants, à tempérer cependant par le volume très faible des échanges sur le titre. A.T. ne le place pas dans des conditions de sérénité extrême. « On est dans une période difficile et alors ? Il n’y en a pas eu l’an dernier ? On doit faire face à des événements contraires », se défendil. Il n’est effectivement pas épargné. L’impact des absences longue durée de Coupet et Cris est considérable d’un point de vue sportif et moral. D’autant que viennent s’y greffer les blessures de Ben Arfa, Fred et Müller. Les recrues ne montrent pas grandchose (Keita et Grosso en particulier) et cela se remarque quand Juninho n’y est pas. La satisfaction : Benzema a pris de l’envergure. A Toulouse (1-0), l’OL a perdu un match qu’il ne perdait pas du temps de sa splendeur. Et à Lorient, on a vu beaucoup de résignation. Le jeu « à la lyonnaise » se délite. Ce n’est pas nouveau. Dès la fin de la saison dernière, il transpirait la sensation que l’OL avait perdu sa capacité à bien défendre ensemble et que, dans l’animation offensive, le 4-3-3, en vogue depuis l’ère Le Guen, commençait à s’essouffler. Alain Perrin a débarqué avec un 4-4-2 et des mises en place tactiques plus astreignantes que celles de Gérard Houllier. Seulement, l’adaptation demande du temps et Lyon n’en a déjà plus. « Ça change les automatismes, reconnaît Kim Källström. Mais enfin, le 4-4-2 on connaît tous ça depuis qu’on est gamin ! Ça prend juste un peu de temps à mettre en place. Il ne suffit pas de grand-chose pour que tout se passe bien. L’inverse est également vrai… » Juninho rumine Les tourments de la saison passée avaient trouvé leur source dans la décomposition bruyante d’un groupe dont la qualité principale avait jusque-là été de bien vivre ensemble. Ou, au moins, de savoir feutrer les éclats de voix. « Quand il y a 25 compétiteurs ensemble, il y a toujours des petits soucis. Tout le monde ne peut pas être ami. Tout cela a été exagéré. Rolland Quadrini KR Images pour le JDD Par rapport à ce que j’ai vécu avant, il n’y a rien d’exceptionnel, si ce n’est que Lyon est plus médiatisé », nuance Källström. En débarquant à Rennes cette semaine, Sylvain Wiltord a pourtant dépeint ainsi le panorama lyonnais : « Pas de malaise, mais des grosses blessures ». Comme celles de Fred, qui n’a aucune confiance en ses dirigeants et attend le règlement officiel de son litige financier pour annoncer qu’il reste au club. Ou celles de Juninho qui l’a toujours amer d’avoir été remis en cause par Sidney Govou. « Ces déclarations l’ont affecté, confirme son agent José Fuentes. Il ne s’est pas senti très respecté. Il a rendu le brassard et s’est même demandé s’il ne valait pas mieux partir. Il en a eu envie. Seulement il a des contraintes contractuelles et familiales. » A l’époque, Govou exprimait le ressenti de quelques internationaux français, partis TELEX Plasil à Osasuna Le Real sur Daniel Alves ■ Jaroslav Plasil a officiellement quitté Monaco pour s’engager à Osasuna. Le milieu de terrain tchèque de 26 ans a signé pour quatre ans et 2,5 M€ en faveur du club espagnol. Il avait été for mé à l’ASM, où il avait débarqué à l’âge de 17 ans. Vendredi, Monaco avait enregistré l’arrivée de Néné, le milieu offensif brésilien du Celta Vigo. ■ Le Real Madrid aurait fait une proposition pour le latéral du FC Séville, Daniel Alves, déçu de ne pas avoir été transféré à Chelsea. Le Brésilien veut absolument quitter le club andalou et a été écarté du groupe qui jouait hier contre Getafe. Le Real, qui a déjà dépensé 110 M€ cet été, aurait proposé 36 M€, alors que Séville en veut plus de 40 M€. Les Bleuets en 8e Beckham écarté ■ L'équipe de France des moins de 17 ans s'est qualifiée pour les 8e de finale du Mondial en battant le Japon (2-1), en Corée du Sud. Menés à la pause, les garçons de François Blaquart ont redressé la situation en deux minutes grâce au Lyonnais Mehamha et au Stéphanois Rivière. Leur prochain adversaire reste à déterminer entre l'Allemagne, la Colombie et le Ghana. ■ Le Los Angeles Galaxy a écarté David Beckham pour son match d’aujourd’hui face aux Colorado Rapids. Grimaçant de douleur et quittant la pelouse en boitillant jeudi contre Chivas (0-3), le Spice Boy a été mis au repos. Le club américain n’a guère apprécié que Beckham joue 90 minutes en amical avec l’Angleterre contre l’Allemagne mercredi et envisage de lui interdire ce type de voyage. CHAMPIONNATS ETRANGERS Allemagne 3e journée Bochum-Hambourg . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1 Bayer Leverkusen-Karlsruhe . . . . . . . . . . .3-0 Stuttgart-Duisbourg . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0 Bayern Munich-Hanovre . . . . . . . . . . . . . .3-0 Nuremberg-Werder Brême . . . . . . . . . . . .0-1 Bielefeld-Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-0 Dortmund-Cottbus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0 Aujourd'hui: Francfort-Rostock; WolfsburgSchalke 04. Classement: 1. Bayern Munich 9 pts; 2. Bielefeld 7; 3. Bochum 7; 4. Hambourg 6; 5. Schalke 04 4; 6. Bayer Leverkusen 4; 7. Francfort 4; 8. Stuttgart 4; 9. Werder Brême 4; 10. Wolfsburg 3; 11. Duisbourg 3; 12. Berlin 3; 13. Dortmund 3; 14. Karlsruhe 3; 15. Nuremberg 3; 16. Hanovre 3; 17. Cottbus 1; 18. Rostock 0. Angleterre 4e journée Sunderland-Liverpool . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2 West Ham-Wigan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1 Arsenal-Manchester City . . . . . . . . . . . . . .1-0 Derby County-Birmingham . . . . . . . . . . . . .1-2 Aston Villa-Fulham . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1 Bolton-Reading . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0 Chelsea-Portsmouth . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0 Everton - Blackburn . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1 Aujourd'hui: Middlesbrough-Newcastle; Manchester United-Tottenham. Classement: 1. Chelsea 10 pts; 2. Manchester City 9; 3. Wigan 7; 4. Liverpool 7; 5. Everton 7; 6. Arsenal 7; 7. Portsmouth 5; 8. Blackburn 5; 9. Newcastle 4; 10. Aston Villa 4; 11. Birmingham 4; 12. West Ham 4; 13. Reading 4; 14. Sunderland 4; 15. Tottenham 3; 16. Middlesbrough 3; 17. Bolton 3; 18. Fulham 3; 19. Manchester United 2; 20. Derby County 1. Belgique 4e journée GB Anvers-RC Genk . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2 Mons-Lokeren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-1 CS Bruges-Dender . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0 La Gantoise-Zulte-Waregem . . . . . . . . . . .1-1 Westerlo-Mouscron . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2 Anderlecht-FC Brussels . . . . . . . . . . . . . . .3-0 Roulers-Standard Liège . . . . . . . . . . . . . . .0-4 Aujourd'hui: Saint-Trond-Charleroi. Demain: FC Malines-FC Bruges. Classement: 1. Standard Liège 12 pts; 2. Anderlecht 10; 3. La Gantoise 10; 4. FC Bruges 9; 5. Mouscron 9 ... Ecosse 4e journée Celtic Glasgow-Hearts . . . . . . . . . . . . . . . .5-0 Falkirk-St Mirren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-1 Gretna-Motherwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2 Hibernian-Aberdeen . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-3 Inverness CT-Dundee Utd . . . . . . . . . . . . .0-3 Kilmarnock-Glasgow Rangers . . . . . . . . . .1-2 Classement: 1. Rangers 12 pts; 2. Celtic 10; 3. Motherwell 9; 4. Hibernian 8 ... Espagne 1re journée Real Madrid-Atletico Madrid . . . . . . . . . .2-1 FC Séville-Getafe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .n.p Murcie-Saragosse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .n.p Aujourd'hui: Bilbao-Osasuna Pampelune; Racing Santander-FC Barcelo-ne; MajorqueLevante; La Corogne-Almeria; Recreativo Huelva-Betis ; Espanyol Barcelone-Valladolid; Valence-Villarreal. Italie 1re journée Lazio Rome-Torino . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-2 Juventus-Livourne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5-0 Aujourd'hui: Parme-Catane; Reggina-Atalanta Bergame; Sienne-Sampdoria Gênes; Fiorentina-Empoli; Napoli-Cagliari; GenoaAC Milan; Inter-Udinese; Palerme-AS Rome. Pays-Bas 2e journée Roda JC-Heracles Almelo . . . . . . . . . . . . .2-1 PSV Eindhoven-NEC Nimègue . . . . . . . . .5-0 VVV Venlo-Excelsior Rotterdam . . . . . . . .3-1 Willem II Tilburg-Sparta Rotterdam . . . . .2-2 Vitesse Arnhem-AZ Alkmaar . . . . . . . . . . .1-0 Aujourd'hui: Ajax-SC Heerenveen; Feyenoord-NAC Breda; FC Groningue-Graafschap; FC Twente-FC Utrecht. Classement: 1. PSV Eindhoven 6 pts; 2. Vitesse Arnhem 6; 3. Roda JC 4; 4. Ajax Amsterdam 3; 5. AZ Alkmaar 3 ... depuis. Dans le sillage de Caçapa, symbole apprécié de l’équilibre du g roupe, Lyon a d’ailleurs perdu beaucoup de leaders de vestiaires. Trop ? Aujourd’hui, on apprend à se connaître du côté de Tola Vologe : entre joueurs, entre membres du staf f et entre les deux. L’ambiance n’est ni bonne, ni mauvaise : elle est à recréer. Et c’est toujours plus facile quand on a des résultats. Un mercato confus A cinq jours de la clôture, le mercato se révèle décevant. L’OL s’est af faibli. Le club a vendu pour 60 M€ d’internationaux et acheté pour 34 M€. Certains se demandent si l’excédent financier n’est pas destiné à la construction du futur stade. « On est partagé entre l’idée de faire tout et n’importe quoi pour arriver à nos fins et celle de rester raisonnable, concède Jean-Michel Aulas. Comme avec l’arrivée de Sonny Anderson en 1999, il nous faut un joueur qui nous permette de franchir un cap. » Pour un dossier aussi crucial, la stratégie lyonnaise semble nébuleuse, dans l’urgence plus que dans la réflexion. Les recherches portent un jour sur un avant-centre, le lendemain sur un milieu gauche. Cette semaine, l’OL était ainsi prêt à mettre 14 M€ sur Willian Borges avant que ce jeune Brésilien ne signe au Shakhtar Donetsk. Aujourd’hui, la piste la plus chaude mène à Alessandro Mancini (Roma) mais on évoque aussi Julio Batista (Real Madrid). Beaucoup de grands noms ont circulé, aucun n’est arrivé. L’OL peut se permettre de s’acquitter d’indemnités de transfert élevées, pas de s’aligner sur les niveaux de salaire pratiqués en Europe, même si Aulas se dit prêt à faire l’effort sur un attaquant. « Quand on voit que des clubs anglais moyens proposent 4 M€ annuels net, comment voule z-vous lutter ? », demande-t-il. C’est d’autant plus dur que le sex-appeal de la L1 reste très limité. L’OL a essuyé beaucoup de refus. Dernier exemple : Heinze, pour qui une offre de 12 M€ a été transmise avec une proposition de salaire d’un peu moins de 3 M€ annuels, n’a jamais privilégié la piste lyonnaise. Dans ce contexte, la parade consiste à se tourner vers la filière brésilienne de Marcelo : Lyon a payé 4 M€ pour Cleber Anderson, un défenseur que Bernard Lacombe pistait déjà en 2004, sur lequel Nantes et Bordeaux ont lorgné, mais dont Benfica ne voulait plus. Moins clinquant, mais plus conforme au standing lyonnais… Solen Cherrier Rugby 18/ 26 août 2007 Galles-France. Solidifier la conquête, progresser offensivement et faire une ultime revue d’effectif Dernier ballon d’essai A toujours répéter que la manière est le plus important dans ces matches de préparation, Bernard Laporte et son staff vont finir par se fâcher avec les joueurs. Car pour ces derniers, après deux succès face aux Anglais, tout autre résultat qu’une nouvelle victoire serait perçu comme un pas en arrière. En réalité, s’imposer à Cardiff tout en confir mant les progrès qui ont déjà germé entre Twickenham (15-21) et Marseille (22-9) est bien le moins qu’on puisse attendre de cette équipe. Car si le XV de France a prouvé qu’il pouvait gagner sans bien jouer, il serait dangereux de s’en contenter. A douze jours de l’ouverture face à l’Argentine, que sait-on vraiment de cette équipe ? Les joueurs semblent très préparés physiquement. Leur volonté de conquête s’illustre d’abord… en défense, laquelle sera confrontée aujourd’hui à une opposition plus mobile, un test intéressant. Chahutée à Londres, la mêlée a retrouvé de la tenue à Marseille mais, tout comme la touche, a encore besoin de réglages. Le jeu offensif des Bleus, lui, manque de tout. Disons que les frémissements constatés à Marseille laissent espérer plus de continuité dans le jeu et de liberté dans les initiatives à Cardiff. C’est en ce domaine surtout qu’il faudra être attentif à la manière. Une première ligne suivie de près Bernard Laporte a beau insister sur l’homo généité de son groupe, il va devoir finaliser son équipe pour ouvrir face à l’Argentine. Et donc s’intéresser de près aux cas individuels, puisque les trente auront tous joué après ce match. Ses dernières incertitudes semblent concerner les ailes (Dominici et Rougerie partent favoris) et la troisième ligne (Dusautoir ou Martin ? Harinordoquy ou Bonnaire ?). Clerc, Martin et Harinordoquy, s’ils étaient alignés cet après-midi, se verraient offrir une précieuse chance de faire vaciller les convictions de leur entraîneur. Cédric Heymans peut aussi brouiller les pistes à l’arrière, où Clément Poitrenaud a manqué d’autorité jusqu’ici. Ils ne seront évidemment pas les seuls à être observés. Sébastien Chabal, qui va débuter en deuxième ligne pour la première fois en 31 sélections, voudra prou- ver qu’il est plus que le formidable impact player de Twickenham, tout en sachant que ses chances d’intégrer l’équipe de départ le 7 septembre sont réduites. Dans un premier temps, Lionel Beauxis est promis, au mieux, à un match de « coiffeurs » contre la Namibie ou la Géorgie, mais veut justifier sa présence dans le groupe. David Skrela, surtout promis à un poste d’ouvreur, pourra s’étalonner au centre en l’absence de David Marty. La première ligne bleue sera aussi suivie de près. Nicolas Mas, intégré depuis le forfait de Sylvain Marconnet, doit prouver qu’il est au niveau malgré son retard de préparation et un poste de pilier gauche qui n’est pas le sien en club. Pieter De Villiers, promis à un poste de titulaire, va passer un sérieux test physique après sa blessure au mollet, lui qui n’a plus joué depuis le 13 mai. Au talon, Dimitri Szarzewski et Sébastien Bruno entament un duel à distance pour le statut de premier remplaçant de Raphaël Ibanez. En son absence, Serge Betsen connaîtra l’honneur d’être capitaine pour la première fois à 33 ans. Passé ce match, les Bleus bénéficieront de trois jours en famille. Ils seront les invités de Matignon, jeudi, après avoir déjà reçu la visite du président Nicolas Sarkozy, de la ministre de la justice Rachida Dati, des secrétaires d’Etat Jean-Marie Bockel (coopération) et Rama Yade (droits de l’homme). S’ils n’avaient pas encore compris l’enjeu patriotique de cette Coupe du monde, il y aura toujours un futur secrétaire d’Etat aux sports pour leur rappeler. Olivier Joly David Skrela, ici face à l’Angleterre la semaine dernière, évoluera au centre cet après-midi, comme en fin de saison au Stade Français. Jean-Marie Hervio Flash Press Une sobriété qui frise la pingrerie ■ David Skrela. Au-delà des schémas tactiques, le Parisien prône la responsabilisation de chacun « Les grandes équipes appartiennent aux joueurs » A Twickenham, en tant que demi d’ouverture, il a d’abord fermé avec vigueur les portes de la défense française (22 plaquages). A Marseille, il a assisté aux progrès des Bleus avant d’effectuer une bonne entrée au centre, en fin de match. A douze jours du match d’ouverture de la Coupe du monde, David Skrela (28 ans) est déjà tendu vers l’objectif. Mais, comme toute l’équipe de France, il veut d’abord confirmer cet après-midi à Cardiff. Quel était le secret de ces deux bons matches face à l’Angleterre ? D’abord, notre travail physique. Parfois même, en préparation, on en redemandait. Cette Coupe du monde en France, on l’attend depuis longtemps. Avant Twickenham, Bernard Laporte nous a bien dit que l’aventure, c’était à nous de la créer. Les cadres – Ibanez, Betsen, Pelous, Dominici – nous ont aussi beaucoup parlé. Eux connaissent les exigences d’une Coupe du monde. Ensuite, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Les entraîneurs font les schémas de jeu. Mais si on ne prend pas les choses en main, ça ne peut pas marcher. Les grandes équipes appar tiennent aux joueurs. Quel était le discours de ces cadres ? Avoir confiance en soi. Ne pas se poser de questions, faire preuve de solidarité et ne jamais lâcher le morceau. On a la pression, mais il faut la positiver et aller de l’avant. A Cardiff, vous préférez perdre avec la manière ou gagner petitement ? On veut gagner. On travaille mieux avec des victoires. Avec les Anglais, on a vu qu’on était prêts musculairement. Les Gallois vont nous proposer plus de mouvement. On va se tester au niveau des courses. Et puis, moins on prendra de points, mieux ce sera. La défense, c’est notre dada. Ce sera une des clés pour être champions du monde. Comment les avants, dominés à Twickenham, ont-ils pu se refaire ainsi à Marseille ? Ils étaient vexés et ont voulu montrer leur caractère. Devant, je suis persuadé qu’on aura un À Twickenham, alors que partout ailleurs les corps mûrissaient au soleil, les rugbymen français tels des douaniers refusant tout visa d'entrée sur leur territoire, privèrent les Anglais d'une victoire à portée de main. Mal pomponnées, les Roses manquèrent un peu de pot. Ce qui restera de ce match, c’est le renversement de mille ans d’histoire: des Anglais galopins bordéliques face à des Coqs privés de flair, indiscipline anglaise et rigueur défensive française. Huit jours plus tard, à Marseille, où exagérer n'est pas mentir et siffler n'est pas haïr, la France pratiqua encore un rugby infranchissable. Le XV de France, agacé comme souvent lorsque la mêlée est boiteuse et la touche étriquée, se mit en pétard jusqu'à faire exploser un pack anglais pourtant vindicatif. En ce bel automne ovale qui s'annonce, les Français s'illustrent par leur Daniel Herrero pack hypercompétitif à la Coupe du monde. Comment progresser désormais dans la construction de vos attaques ? D’abord, grâce à la vidéo, on voit ce qui n’a pas marché. On essaie d’être plus structurés, que tout le monde circule bien. Les joueurs ont plusieurs options selon les situations. Le 9, le 10 et le 12 ont des responsabilités stratégiques, notamment dans les commandements aux avants. Un canevas est mis en place. Mais ensuite, c’est à nous de lever la tête. Au sein du groupe, quels sont les moments structurants de cette force collective ? Il n’est pas toujours nécessaire de souffrir ensemble. Vivre ensemble au quotidien peut suffire. Au café, on reste parfois à parler de tout, de rien. On fait des parties de console vidéo en réseau, à quatre contre quatre. On discute autour d’une partie de pêche. Avec ces moments-là, on crée des affinités. Sans liens, on ne peut pas réussir. Interview Olivier Joly COUPE DU MONDE J-12 Le toit du Millennium fermé ■ Galles-France se jouera avec le toit du stade fermé, afin de se mettre en configuration Coupe du monde. C’est la quatrième fois que l’équipe de France disputera un match dans un stade au toit fermé. Jenkins mise sur les Bleus ■ L’entraîneur gallois Gareth Jenkins estime que la France dispose d’une « opportunité fantastique » de remporter la Coupe du monde, comme l’Afrique du Sud en 1995, appuyée par un grand soutien populaire. Pour lui, les Bleus ont délaissé un peu de leur fameux french flair pour plus de rigueur. « Ils nous ont tous impressionnés. Ce n’est plus la même France. Il y a quatre ans, on constatait beaucoup plus de jeu, plus d’ambition, et ils n’auraient pas été si bien organisés. Je pense qu’ils se sont inspirés de ce que l’Angleterre a fait pour gagner en 2003, avec une défense quasiment invincible. » L’Argentine poussive ■ Les Pumas ont battu la Belgique, renforcée par quelques Français (Hueber, Desbrosses, Delaigue et Francis Ntamack) à Bruxelles (36-8). Ils ont inscrit six essais par Nunez Piossek (11e), Schusterman (37e), Agulla (50e), M. Contepomi (75e) et Senillosa (80e, 85e), n’en encaissant qu’un par Williams (40e). Les Belges n’ont pas été ridicules, mais ont cédé physiquement en fin de match. Les Springboks sans pitié ■ Trois essais en l’espace de six minutes –Habana (21e), Fourie (25e), du Preez (27 e)– ont permis à l’Afrique du Sud, solide et efficace, de remporter la plus large victoire de son histoire en Ecosse (27-3). « Les Sud-Africains ont montré pourquoi ils étaient les numéros 1 ou 2 au monde » selon Franck Hadden, l’entraîneur écossais. incontestable sympathie, leur indéniable courage, leur solidarité d'école et leur goût du tas. Mais il faut bien l'admettre, leur rugby ne risque pas de pécher par excès de stratégie offensive. Pauvre en construction en première main, totalement déficitaire sur la relance et absent en contre, il affiche une sobriété qui frise la pingrerie. On a l'impression étrange que les Français en ont sous la semelle, mais préfèrent la retenue. Il est de bon ton de dire que le jeu, surtout s'il est rachitique, appartient aux joueurs… Sans préciser à qui les joueurs appartiennent, eux! Le match de Marseille, en grande partie grâce à l'inlassable activité des flankers perforants et d'un Jauzion en bourre, fut un tantinet plus enlevé. Les retours vers l'intérieur évitent la moindre prise d'un risque qui sent la potence et les ailiers bâillent à faire pitié. La timidité collective dans le jeu à l'équilibre est des plus inquiétantes, comme l'est aussi l'ignorance du jeu en reculant. De pauvres constructions en passes raides et contrariées, il ne se dégage que détermination, bonne volonté et rêve d'autre chose… Il nous revient parfois le goût aigrelet de la demi-finale de 2003 contre les Anglais à Sydney où, contrariés par quelques gouttelettes intempestives, les Français n'avaient toujours pas commencé à jouer au coup de sifflet final. Comme dirait le Dalaï Lama: " Si tu perds, ne perds pas la leçon ". Il est donc l'heure des réponses, et le match de Cardiff contre des Gallois galopeurs revigorés par leur victoire sur les Argentins cueillis à la descente de l'avion est du plus bel intérêt. S'ils n'en profitent pas pour laisser germer leur jeu offensif, on pourra affirmer que nos Bleus souffrent d'une prudence pathogène. Alors, pour accéder à l'apothéose, défenseurs et buteurs français n'auront aucun droit à l'erreur. Daniel Herrero vient de publier Le Dictionnaire amoureux du rugby (Plon) dans une nouvelle édition, richement revue et augmentée. De A comme adversaire, à X comme XV, 256 mots qui font la légende du rugby sont décryptés par la plume fleurie de notre chroniqueur. 574 pages. 24 €. Michael Dalder/reuter 26 août 2007 Athlétisme. A Osaka, Asafa Powell et Tyson Gay vont s’expliquer en finale mondiale du 100 m (15 h 20, France 2) Correspondance Seize hommes se tiendront droit comme la justice, ce dimanche matin à Osaka, sur la ligne de départ des demi-finales du 100 m. Seize sprinters habités par un même démon de la vitesse. Et sûrement gagnés, jusqu’au bout de leurs orteils, par la furieuse ambition d’en être couronnés roi. Mais le public du Nagai Stadium n’aura d’yeux que pour deux d’entre eux. Le premier porte avec une discrète élégance la combinaison jaune de l’équipe de Jamaïque. Asafa Powell, le recordman du monde (9’’77), ne se connaît aucun rival ayant avalé une ligne droite plus vite que lui. Mais ses poches sonnent tristement creux. Pas la moindre médaille, olympique ou mondiale. Le second, Tyson Gay, est citoyen américain. Lui non plus n’a pas encore ouvert la première page de son palmarès. Mais sa saison a laissé pantois tout le monde du sprint. 9’’84 (3e performeur de l’histoire) fin juin à Indianapolis, 19’’62 au 200 m deux jours plus tard sur la même piste. Powell ou Gay ? Tyson ou Asafa ? Le sprint a, de tout temps, raffolé de ces duels tellement croustillants qu’ils renvoyaient le reste des concurrents dans l’ombre. Celui-là ne manque de rien. Tout juste surprend-il par la nature de ses deux protagonistes. Chose rare dans cette épreuve d’excès et d’apparat, les deux hommes partagent un même goût pour le non-dit et la sobriété. A la parole, ils préfèrent le geste. Aux roulements d’épaules, ils privilégient la mécanique de la foulée. Hier, le Jamaïcain a bouclé son quart de fi- nale, en 10''01, en tirant violemment sur le frein à main sitôt passée la mi-course. Puis il a quitté la piste comme s’il rentrait d’avoir sorti le chien. Son commentaire : « C’est exactement ce que j’espérais, rien d’autre. Tout se déroule comme je l’avais prévu. » Difficile d’en dire moins. Le boulot, sans en rajouter une once. Quelques minutes plus tard, l’Américain a lui aussi bâclé l’affaire, l’emportant en 10’’06, avec le même empressement à retenir les chevaux avant tout risque d’emballement. A peine plus bavard, il a insisté sur « les réglages à réaliser pour espérer battre Powell ». Puis assuré que l’élimination pour faux départ du Portugais Francis Obikwelu, en série, l’avait conduit à se concentrer, peut-être trop, sur sa mise en action. Chez lui aussi, l’économie de mots semble une ligne de conduite. Le souvenir, peut-être, d’une éducation stricte et austère, au Kentucky, au sein d’une famille où l’humilité était inscrite en lettres indélébiles sur le buffet du salon. Un jour, après une victoire saluée par quelques gestes provocants et une volée de paroles triomphalistes, il reçut un appel courrouçé de son grandpère. Il n’a pas oublié. Leur bras de fer s’annonce explosif. Mais seulement sur la piste. Qui l’emportera ? Martial Mbandjock, seul Français engagé sur 100 m, où il a pris la porte après le deuxième tour, penche pour l’Américain : « Powell est au moins aussi fort, peut-être même plus. Mais l’histoire plaide pour Gay. Je le crois plus fort dans sa tête. Et le vainqueur, dans une finale mondiale, n’est pas toujours le plus costaud dans les jambes. » Réponse aujourd’hui, à 15 h 20 (heure française). Et sûrement un peu moins de dix secondes. Alain Mercier Powell, hier à Osaka durant les séries du 100 m. Bleus. Ladji Doucouré et Leslie Djhone racontent leur complicité « On a nos petites habitudes… » Leur début de saison poussif n’a pas entamé leur moral. Copains à la ville comme sur la piste, Ladji Doucouré, 24 ans, et Leslie Djhone, 26 ans, abordent les Mondiaux d’Osaka en « guerriers ». Champion en titre du 110 m haies, handicapé la saison passée par une blessure au mollet droit, Ladji se sait attendu. En l’absence de Marc Raquil, Djhone est le seul Français à postuler à la finale sur 400 m. Il entre en piste mardi pour les séries, la veille de son pote Ladji. Mais leur finale est prog rammée le même jour, vendredi prochain. L’occasion pour le duo d’inséparables de retrouver ses automatismes. Comment vous êtes-vous connus ? Leslie Djhone : Quand j’étais cadet, j’entendais parler d’un petit jeune en minimes. On l’annonçait comme la future star de l’athlétisme français. On s’est rencontrés pour la première fois en 1999. Je l’ai félicité parce qu’il battait tous les records chez les jeunes, et je sentais que les miens allaient y passer. L’année d’après, il a d’ailleurs effacé tout ce que j’avais fait en cadets, sur la longueur, le 200 m… Je me disais : « Il m’en veut, le petit ? » Ladji Doucouré : Leslie, c’était les grands, la classe au-dessus. Je le regardais. Il m’a tiré vers le haut. Depuis, vous avez coutume de faire chambre commune en compétition… Djhone : Quand il est là, je suis plus serein. C’est long, trois semaines. En plus, les chambres sont parfois toutes petites : à Athènes, on était quasiment collés l’un à l’autre ! Mais on ne reste pas à se regarder dans le blanc des yeux, il y a plein de va-etvient. Aux Mondiaux d’Helsinki, notre chambre était devenue la salle de réunion. Doucouré : On a nos petites habitudes !… On allume tout en même temps : la musique, la télé, les jeux vidéo… Et on parle par-dessus. Si c’est trop calme, on a peur que la pression monte. Il faut se mettre dans la compétition au bon moment. Alors on fait autre chose, on déconne et on se décontracte. Lequel dort le plus ? Djhone : C’est moi. Y a pas photo. Doucouré : Mais le matin, on se lève à peu près en même temps. On saute le petit déj’. Sauf quand l’un de nous deux doit courir : là, on s’adapte. Lequel passe le plus de temps dans la salle de bains ? Djhone (hésitant) : C’est kif-kif. Doucouré : La douche, et on sort. On ne squatte pas la salle de bains, on laisse même la porte ouverte pour pouvoir se parler. Les toilettes par contre, c’est moi ! Djhone : Ouais (rires), c’est lui. Quoique je suis pas mal non plus, la veille d’une compétition ! genre de choses qu’il vaut mieux savoir pour ne pas arriver essoufflé sur la piste. On parle aussi des juges parce que certains sont plus chiants que d’autres à vous mesurer les pointes… Djhone (ferme) : Il ne faut pas penser à l’image mais à nettoyer. S’il reste des brebis galeuses, il faut les attraper. Mais attention : ce n’est pas parce qu’il y a performance qu’il y a forcément dopage. Vous avez tous deux été sérieusement blessés. Avez-vous connu le doute ? Doucouré : Oui, de petits doutes… On « On a pris l’habitude de croire que n’a pas un contrat de trois ou cinq ans les dopés sont des gens malsains. comme les footeux. Les sponsors ne suffiOn tombe parfois de haut. » sent pas. Notre gagne-pain, ce sont les Doucouré meetings. Ça peut inciter certains athlètes à se charger pour revenir plus vite. On n’a jamais versé là-dedans, mais c’est une question délicate. Djhone : Grâce à notre statut, on a la chance tous les deux de pouvoir s’en sortir, même blessés. Mais celui qui est vraiment à la limite, il peut vouloir un coup de pouce. Doucouré : Comme Fouad Chouki [suspendu deux ans en 2003 à la suite d’un contrôle positif à l’EPO] : pour avoir un poste dans sa ville, il fallait qu’il soit sélectionné en équipe de France. C’est ce qui Fans de jeux vidéo, Djhone et Doucouré s’affrontent au pourrit notre sport. football. Mehdi Taamallah/Abaca Quand tu vois ça, tu Vous connaissez bien les fondeurs français ? Djhone : On les croise en championnat, on s’entend bien avec Baala ou Tahri. Un mec comme Florent Lacasse [contrôlé positif à la testostérone en juillet], c’est notre génération. J’ai pris une claque quand j’ai appris qu’il s’était fait attraper. Ce n’est pas quelqu’un de méchant… Doucouré : On a trop pris l’habitude de croire que les dopés sont des gens malsains. Du coup, on tombe parfois de haut. Gatlin [champion olympique et du monde du 100 m, contrôlé positif à la testostérone en avril 2006] par exemple, c’était quelqu’un de gentil, qui disait toujours bonjour. On se disait : « Enfin un Américain sympa. » Ce qui compte, c’est d’avoir confiance en soi, de savoir que tout est possible sans passer par la case dopage. Moi, j’ai vu Leslie réussir, ça m’a motivé. En 2005, j’ai gagné mon titre proprement, je sais que je peux le refaire. Ceux qui sont dopés peuvent réussir, mais ils n’auront jamais la même fierté que moi. Djhone : Je suis prêt à diffuser sur internet mon suivi longitudinal, mes contrôles inopinés, comme le fait Ladji [membre du programme Athletes for Transparency]. Ce serait plus simple si on s’y mettait tous. De quoi parlez-vous ensemble ? Doucouré : De la compétition, des résultats des autres… Tout y passe. On peut disserter sur le 10.000 m comme sur la perche ! En fait, on n’a pas besoin de beaucoup parler pour se comprendre, on est sur la même longueur d’onde. Je lui dis ce que j’ai ressenti par rapport à ses courses, lui fait de même pour moi. Je regarde la liste de départ de ses séries du 400 m. Comme aux Jeux d’Athènes, où c’était la guerre pour passer en finale. Je lui ai dit d’y aller. Il faut que je le pousse. Djhone : C’est vrai. C’est bien d’avoir l’avis du coach, mais celui de Ladji m’importe aussi : il est athlète, il sait comment je pense. Et inversement. J’entre toujours en compétition avant lui, alors je lui dis comment est la chambre d’appel. A Athènes par exemple, on mettait cinq bonnes minutes pour l’atteindre et il fallait encore trois minutes pour arriver au stade et la pente était raide, interminable… C’est le Natation. Fin du feuilleton estival demain Manaudou revient en France Le dernier samouraï Osaka Sport /19 « Je suis prêt à diffuser sur internet mon suivi longitudinal, es contrôles antidopage, comme le fait Ladji. » Djhone te dis que ça ne tourne pas rond. Djhone : Ou un Kényan à qui l’on proposerait : « Tu te charges et, en échange, tu pourras nourrir tout ton village. » Je peux comprendre qu’il se dise : « De toute façon, je vais mourir à 50 ans, donc autant que je mette ma famille à l’abri. » Ce n’est pas que je cautionne, mais, humainement, que voulez-vous répondre à ça ? Ce n’est pas au Kényan que j’en veux, mais à ses fournisseurs, qui lui prennent les trois quarts de son argent. Les affaires de dopage qui secouent le demi-fond risquent-elles de ternir l’image de tout l’athlétisme français ? Votre copain Salim Sdiri a été blessé par un javelot en compétition. Comment l’avez-vous vécu ? Djhone : J’étais devant ma télé. C’est un truc de fou. Voilà pourquoi, moi, je ne vais pas courir un vendredi 13 [l’accident a eu lieu le vendredi 13 juillet au meeting de Rome]. Doucouré : J’étais le premier à rigoler de cette superstition. A Rome, on partageait la même chambre d’hôtel, Salim et moi. On se disait qu’on allait faire des perf ’pour ce vendredi 13. On a joué à la console et j’ai tout fait pour gagner 13-0. Et là, quand j’ai vu ça, j’avais l’air d’un con. Le soir, quand il est rentré de l’hôpital, j’ai veillé sur lui. Il a dormi un peu, moi pas ! Ce genre d’incident m’est déjà arrivé : plus jeune, j’avais lancé un javelot, il était tombé sur un perchiste. A plat, sur son épaule. Je n’ai plus jamais relancé. Depuis, je regarde toujours où sont les aires de lancers. Tout ça, il faut que ça change. Interview Gaëtane Morin Elle est rentrée de ses vacances aux Maldives jeudi soir, avant de passer un dernier week-end en Italie avec son amoureux, Luca Marin. Dès demain, Laure Manaudou reprend une activité normale, ou presque. Alors que Luca va rejoindre l’équipe d’Italie pour un mois de stage aux Etats-Unis, la championne olympique sera à Paris pour éclaircir enfin son avenir sportif, bloqué depuis le 6 août et son licenciement par LaPresse sur fond de vilaine polémique contractuelle entre son clan et le club turinois. Toutes ses affaires sont encore au domicile de Marco Durante, patron de LaPresse, dans la dépendance de 140 m² où elle devait s’installer. « Quatorze cartons et seize sacs de sports », détaille Durante, qui jure que leurs relations ne se sont pas dégradées depuis « l’affaire ». Le contact a été maintenu, assure-t-il, via Luca Marin ou en direct par mail. Laure lui aurait aussi adressé un SMS pour prendre de ses nouvelles (il a été opéré d’un genou). De là à entrevoir la poursuite de l’aventure commune, il y a un fossé que même lui n’ose plus franchir : « Je ne crois pas qu’elle reviendra. Je ne ferai jamais de mal à Laure, mais elle risquerait de se retrouver au milieu d’une bataille juridique entre nous et son père. Et je pense que personne d’autre ne prendra la responsabilité de l’accueillir en Italie. Elle va très probablement retourner en France. Son père et son avocat feront tout pour la retenir près d’eux. » A Ambérieu mardi Après une parenthèse italienne de trois mois, où la triple championne du monde n’a quasiment pas travaillé, Jean-Luc Manaudou et Didier Poulmaire lui tricotent effectivement un avenir au pays. « Je vais essayer de lui faire comprendre que c’est dans son intérêt », dit l’avocat. Quelques heures avant de s’envoler pour l’océan Indien, Laure lui avait donné son accord pour annoncer qu’elle reprendrait l’entraînement à Ambérieu-en-Bugey (Ain), où elle a grandi. Il était de toute façon prévu qu’elle vienne y passer son per mis, tout en nageant dans la piscine qui porte son nom, sous les ordres de son frère Nicolas. Elle pourrait y plonger dès mardi. Selon la mairie, des créneaux horaires lui sont exclusivement réservés jusqu’au 15 septembre, pas plus. A elle de confirmer qu’elle souhaite s’y installer à plus long terme pour préparer les Jeux de Pékin. C’est pour l’heure « la piste la plus travaillée », selon Didier Poulmaire. Inquiète de cette solution familiale improvisée, la Fédération française se dit prête à lui déléguer un entraîneur plus chevronné et à lui ouvrir des infrastructures dignes d’une préparation de haut-niveau. L’absence notamment d’un suivi physique rigoureux interpelle. A ce titre, un contact a aussi été pris avec la plateforme scientifique du Team Lagardère. On retrouve Arnaud Lagardère (par ailleurs propriétaire du JDD) parmi les candidats déclarés à l’accueil de la championne : Christine Caron, présidente du Lagardère Paris Racing et marraine de l’équipe de France, a parlé à Laure et à son père début août. « Mais j’ai aussi discuté avec Lionel Horter (Mulhouse) ou Olivier Antoine (Sarreguemines) », dit Me Poulmaire, qui balaye l’hypothèse rêvée d’un retour avec Philippe Lucas : « Une chance sur un million ! » D’Italie, Marco Durante estime que l’essentiel est ailleurs : « Aujourd’hui, le problème de Laure n’est pas de savoir qui va l’entraîner mais où et dans quelle mesure elle pourra voir Luca. Et lorsqu’elle veut quelque chose, elle l’obtient… » Christel De Taddeo et Stéphane Joby Formule 1 20/ 26 août 2007 Ferrari. Vainqueur en 2007, le Brésilien est à nouveau en pole à Istanbul le pilote brésilien, qui offre à la Scuderia sa septième pole cette saison. « Je crois qu’on va avoir une belle course, glisse Lewis Hamilton. L’écurie a fait un travail fantastique cet été pour développer la voiture. Nous avons de bonnes chances de gagner. J’ai hâte d’en découdre. » A six courses de la fin de saison, le leader du championnat compte se pt points d’avance sur son coéquipier et rival Alonso. Räikkönen est à 20 points et Massa à 21. Dans une interview accordée au quotidien Marca, Ron Dennis reconnaît que la rivalité entre ses deux pilotes est « féroce ». Si le patron de McLaren admet des sentiments quasi pater nels pour le rookie anglais, qu’il connaît depuis l’âge de 10 ans, il nie toute conspiration : « On s’efforce d’offrir un traitement juste et équitable aux deux pilotes. » Jeudi, les deux pilotes s’étaient retrouvés seul à seul dans un hôtel d’Istanbul. « On a tout mis sur la table et évoqué les moyens de g a gner le championnat et d’aller de l’avant », a assuré Alonso, rasé de près. A vérifier cet après-midi. (avec AFP) Le pilote brésilien offre à la Scuderia a septième pole cette saison. Sébastien Bourdais. Le seul pilote français en F1, en 2008, sait que le plus dur va commencer « Il n’y a aucune garantie » Il avait fini par renoncer à son rêve. Après avoir ardemment convoité la F1, aux portes de laquelle il avait déjà plusieurs fois toqué, Sébastien Bourdais s’était fait une raison. Et c’est au moment où il ne l’attendait plus qu’elle est venue le chercher, par l’entremise de Nicolas Todt, devenu son agent en fin de saison dernière. Auréolé de trois titres en ChampCar (championnat américain de voitures monotypes), en lice pour un quatrième, le pilote français sera au volant d’une Toro Rosso, la saison prochaine. De passage en Europe, où il a réalisé la pole hier à Zolder (Belgique), Bourdais nous a fait part de son bonheur. Quand avez-vous commencé à y croire ? Sur le tard. Quand j’ai reçu le papier d’engagement, le 29 juillet, j’ai compris que c’était bon. Mais avant, non, je refusais d’être optimiste. J’ai connu tellement de rebondissements dans mes aventures en F1 que j’ai appris à être très prudent. Plusieurs fois je me suis emballé, à bon escient d’ailleurs, mais malheureusement trop tôt. Alors là, je me suis dit : « Reste calme. Pour l’instant, il n’y a aucune assurance que ça marche. » Qu’est-ce qui a fait la différence, votre réussite aux EtatsUnis ou l’intervention de Nicolas Todt ? Sans Nicolas, c’est sûr qu’il ne se serait rien passé. Il s’était fixé le challenge d’amener un Français en F1. Il y est arrivé. Maintenant, à moi de faire en sorte que l’aventure aille plus loin. En ChampCar, j’ai prouvé ce que j’avais à prouver, même si j’aimerais finir en beauté avec un quatrième titre. A 28 ans aujourd’hui, ma fenêtre pour arriver en F1 se referme. En plus, il y a de bonnes perspectives chez Toro Rosso : l’équipe fait partie d’un programme ambitieux avec Red Bull (sa grande sœur). Il faudra que la voiture soit meilleure que celle de cette année, mais je crois que les fondations sont là. Vous n’avez pas hésité ? Non. Les conditions sont ce qu’elles sont, mais je ne me voyais pas passer à côté. On me demande souvent pourquoi je quitte le ChampCar alors que j’étais dans la meilleure équipe. Mais je le fais tout simplement parce que la F1, c’est le challenge ultime. Sur tous les tracés rapides, c’est diabolique d’efficacité. On se fait plaisir. Il n’y a pas d’équivalent : même une Toro Rosso tourne quatre secondes plus vite qu’une Champcar. Je l’aurais regretté toute ma vie si je ne l’avais pas fait. Et avec Claire (sa femme) et le bébé, on avait envie de rentrer en Europe. Il y aura une très forte attente autour de vous. La redoutezvous ? C’est un gros défi, les espoirs vont probablement être déraisonnables, à moins qu’on ait une voiture capable de jouer la gagne… Mais il faut être lucide: pour l’instant, Toro Rosso n’est pas une écurie de pointe. Si l’auto vaut une 15e place, l’enthousiasme va être vite douché. Elle aspire à devenir meilleure et c’est ce qui rend le challenge intéressant. Après, il n’y a aucune garantie. Regardez Renault : ils sont champions du monde en titre et, cette année, ils Panoramic Il avait signé sa première pole et sa première victoire sur le circuit d’Istanbul l’an dernier. Il s’est à nouveau adjugé la position de pointe du Grand Prix de Turquie hier. Dans les dernières secondes de la séance de qualifications, Felipe Massa a réalisé le meilleur temps devant Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) et la Ferrari de son coéquipier Kimi Räikkönen. Le double champion du monde espagnol Fer nando Alonso complète la deuxième ligne. « Sensationnel, cela a été une sacrée bataille, au millième de seconde près », s’est exclamé Fatih Saribas/Reuter Massa dans son bain turc « J’espère que la presse et le public français seront honnêtes, et qu’ils n’essaieront pas de me comparer à Hamilton » ne sont nulle part ! J’espère que la presse et le public français seront honnêtes par rapport à ça, et qu’ils n’essaieront pas de me comparer à Hamilton, arrivé cette saison chez McLaren. La seule valeur étalon en F1, c’est toujours son coéquipier. Vous serez le premier Français en F1 depuis Olivier Panis, ça vous donne une responsabilité ? Il y a une vraie culture de la F1 en France, c’est aussi pour ça que les espoirs sont si grands et que ce sera peut-être difficile à gérer. Mais je ne suis pas un pionnier : contrairement au ChampCar, j’ai des prédécesseurs un peu difficiles à détrôner. Il faut couper bas au syndrome français en F1. La F1, c’est un problème de mode, et ça a toujours été comme ça. N’appréhendez-vous pas de retrouver l’anonymat du milieu de grille ? Non. Je sais très bien tout ça. Je suis passé par là. Je n’ai pas toujours été dans un top team. Je sais ce que c’est d’être à la peine derrière, avec une auto pas aussi bonne que celle qui va gagner la course. Mais il faut tenter le coup. Et si ça veut sourire, ça sourira. Vous allez aussi changer de statut… On croit, en Europe, que je suis un demi-dieu aux Etats-Unis. Mais les demi-dieux, ce sont les pilotes de Nascar (championnat de monotypes sur circuits ovales), pas nous ! C’est aussi pour ça qu’il fallait que je saisisse cette opportunité. On ne sait pas ce que le ChampCar deviendra demain. C’est tellement difficile pour toutes les équipes de trouver des sponsors, de payer leurs pilotes et de revendiquer un statut de série professionnelle. D’un point de vue salarial, vous y perdez ? J’ai fait une petite concession, mais pas grand-chose… C’est encore une preuve que Toro Rosso veut aller de l’avant, parce que je doute qu’ils payaient aussi bien leurs pilotes dans le passé. Si vous n’aviez pas trouvé de baquet en F1, où seriez-vous allé ? En Nascar avec Newman-Haas (son écurie), je pense. Parce qu’en Europe, à part la F1, il n’y a rien qui me permette d’avoir le même train de vie, tout en restant dans un championnat très compétitif. Aujourd’hui, il n’y a pas plus difficile au monde que la Nascar. Les pilotes ont tous le même matériel, ou presque. Il y a 43 voitures au départ, dont 20 capables de gagner le championnat. Les mecs sont très sous-estimés, je peux vous dire qu’il y a un paquet de pilotes là-dedans qui sont loin d’être des manches! Le ChampCar va-t-il vous manquer ? Oui, j’aurai la nostalgie de mes gars. Le ChampCar, c’est la F1 des années 1970. C’est particulièrement agréable à vivre. Et puis, gagner régulièrement et être l’homme à battre, c’était sympa… Interview Gaëtane Morin /21 26 août 2007 Carlos Muñoz-Yagüe ETE Cinéma. Festival insulaire à Groix Page 22 Sauver la planète. Paulo Adario (Greenpeace) lutte contre la déforestation en Amazonie Gardien de la forêt d’émeraude Juina (Etat du Mato Grosso) Envoyée spéciale Il n’est jamais facile de sauver l’Amazonie, mais certains jours c’est encore plus compliqué. Ce matin-là, le 20 août dernier, Paulo Adario, coordinateur de Greenpeace dans la forêt brésilienne, a prévu de rencontrer des Enawene Nawe, un petit groupe d’Indiens vivant de pêche et de cueillette. Il ne les a pas vus depuis un an. Il leur avait alors promis de revenir. Le rendez-vous est fixé près de Juina, ville sans grâce de 70.000 habitants, dans l’Etat du Mato Grosso, à trois heures d’avion au sud de Manaus. Mais les éleveurs de bétail de la région ne voient pas d’un bon œil cette visite. Ils arrivent par grappes à l’hôtel où Paulo Adario et son équipe ont posé leurs affaires, à Juina. Mines patibulaires, lunettes noires, chapeaux de paille et montres en or, ils n’ont pas l’air de plaisanter. Vraiment pas. Après quelques politesses d’usage, des sourires en coin et des poignées de main hypocrites, ils ordonnent aux membres de Greenpeace de les suivre. La menace est sérieuse. L’écologiste brésilien le comprend vite. Il connaît ces hommes-là, des fazendeiros (fermiers) responsables parmi tant d’autres de la déforestation de l’Amazonie, qui refusent farouchement toute remise en question de leur activité. Mais Paulo Adario, 57 ans, n’est pas homme à se laisser faire. Depuis quinze ans, il s’acharne à sauver cette immense forêt qui couvre au Brésil une surf ace vaste comme sept fois la France. Ce faux nonchalant au parcours bien rempli – ex-reporter, ancien comédien de théâtre, il a la réputation d’avoir été marié maintes fois – a créé en 1998 la campagne Amazonie de l’organisation écologiste. Il a survolé des milliers de fois la forêt pour l’observer, écrit des centaines de rapports, obligeant le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ce désastre écologique qu’il qualifie de « tragédie ». Menacé de mort, il a longtemps dû porter un gilet pare-balles Au milieu des fermiers survoltés, rassemblés en séance extraordinaire dans le Parlement local, il garde le calme de ceux qui en ont vu d’autres. « C’est souvent comme ça en Amazonie, soufflet-il. Et parfois pire. » Régulièrement menacé de mort, il a longtemps dû porter un gilet pare-balles et se déplacer avec des gardes du corps. Todd Southgate, le cameraman de l’équipe, se souvient de quelques épisodes mouvementés. « En juillet 2006, à Santarem [dans l’Etat de Para], la bataille a duré cinq jours. On était dans le port, à bord de notre bateau, pour manifester contre la présence d’une multinationale spécialisée dans la culture du soja. Les fermiers nous ont attaqués avec des feux d’artifice et des barres de bois, pendant que les policiers nous visaient avec des lances à eau. On a finalement été arrêtés. Les 200 planteurs de soja hurlaient : “Paulo on te connaît, on sait qui tu es !” » Survol mardi dernier de la forêt amazonienne où, depuis 2003, est détruit chaque minute l’équivalent de six terrains de foot. En haut, Paulo Adario, coordinateur de Greenpeace. La bête noire des fazendeiros se déplace généralement sous un nom d’emprunt, celui de sa mère. Mais, ce 20 août, rien n’y fait. Paulo Adario est accompagné de Juliana et d’Edison, deux membres de l’association Opan (Operação Amazônia Nativa), une ONG brésilienne engagée depuis la fin des années 1970 dans la protection des Enawene Nawe. Ils sont le contact de Paulo avec les Indiens. Et les fermiers les détestent. Arrogance, mépris et incompréhension… On se croirait en plein Far West. Les éleveurs prennent tour à tour la parole, tapent du poing sur la table, s’applaudissent bruyamment lorsqu’ils martèlent qu’ils « sont chez eux et ne laisseront jamais personne intervenir » dans leurs affaires. Quitte à bloquer les routes et à s’ériger en milice. La plupart sont arrivés du sud du pays, dans les années 1970, à l’époque de la colonisation de l’Amazonie. Paulo Adario prend des notes, toujours soucieux de comprendre aussi la réalité de ces hommes. « Mais ils croient vivre en toute impunité, peste-t-il. Ils n’ont aucune conscience de l’ampleur des dégâts, et surtout aucun scrupule. » Au final, les fazendeiros n’en démordent pas : ils interdisent à l’équipe de rencontrer les Indiens. Dans la forêt amazonienne, seules les zones officiellement attribuées aux Indiens sont quasi intactes. Le reste est grignoté par des multinationales agricoles, des groupes forestiers clandestins qui coupent illégalement le bois, des exploitants de mines d’or… Pendant des années, beaucoup ont obtenu de faux certificats d’exploitation délivrés par des fonctionnaires corrompus. Le résultat est saisissant vu d’avion : des milliers de kilomètres carrés de forêt entièrement rasés. Les immenses parcelles déboisées puis brûlées, jonchées de troncs d’arbres abattus, accueillent désormais le bétail. Plus loin, des champs de soja à perte de vue. Selon Paulo Adario, près de mammifères, 1.300 espèces d’oiseaux, entre 10 et 30 millions d’insectes, plus de 400 amphibiens… Des centaines d’essences d’arbres aussi. « Autour de Manaus, sur un seul hectare, explique l’écologiste, qui a une connaissance encyclopédique de la forêt, on a recensé plus de 300 sortes d’arbres. Dans toute l’Amérique du Nord, il n’y en a que 600. » Et il y a les Indiens. « Au moins 53 groupes, que nous repérons notamment grâce à leurs empreintes, n’ont jamais été contactés, ni même aperçus. » En 1996, leur territoire a été officiellement reconnu Rassemblement houleux, en début de semaine, de fazendeiros (fermiers), qui refusent toute remise en question de leur activité. Isolé en pleine forêt, le village indien des Enawene Nawe, qui vivent à plus de 500 dans 12 immenses cabanes. 17 % de la forêt est perdue à jamais. La destruction représente depuis 2003, année de l’arrivée au pouvoir de Lula, l’équivalent de six terrains de foot détruits à la minute. Le 10 août dernier, le gouvernement a toutefois annoncé une baisse du rythme de la déforestation : 14.039 km² entre août 2005 et juillet 2006, contre 18.790 km² entre août 2004 et juillet 2005. Les mesures de protection de l’Amazonie, dont la création de zones protégées, portent « un peu » leurs fruits, reconnaît le patron de Greenpeace. « Mais ce n’est pas encore assez. Il faut des punitions exemplaires, couper les financements publics des compagnies impliquées, renforcer la surveillance… » Il est très inquiet : « A ce rythme, cette belle forêt va disparaître avant même que nous ayons le temps de la connaître entièrement. Elle re gorge de secrets, peut-être même de remèdes contre des maladies. » La forêt d’Amazonie est la plus grande réserve écologique du monde. Rien qu’au Brésil : plus de 2.500 espèces de poissons, près de 400 espèces de Les Indiens, justement. Après six heures de négociations, pénibles et vaines, au Parlement de Juina, Paulo Adario sort enfin. Face à lui, des visiteurs inattendus. Ils sont là, en pleine ville : sept Enawene Nawe surgis de la forêt. Petits et tout en muscles, les cheveux noirs et longs dans le dos, coupés au bol sur le dessus de la tête. Dans leur village isolé au milieu de la forêt – ils sont près de 515 dans 12 immenses cabanes recouvertes de paille –, ils vivent nus ; mais pour se déplacer dans les rues de Juina, ils ont enfilé un short et des tongs. Alignés en rang d’oignons, ils sourient, prennent des photos avec un appareil numérique… « Awe, awe ! » (prononcer « Ah ouais ! »), répètent-ils dans leur langue pour dire « tout va bien ». Les fermiers se rapprochent, mais timidement, les scrutent d’un air méfiant. Ils ont peur d’eux. Les Indiens les regardent à peine. Paulo Adario est épaté. Depuis de nombreuses années, les Enawene Nawe affrontent les exploitants de caoutchouc, les éleveurs, les planteurs de soja qui colonisent leurs terres. En 1996, leur territoire a été officiellement reconnu par le gouvernement brésilien. Mais une zone importante en a été exclue : celle qui entoure le rio Preto, une rivière près de Juina, où ils pêchent plusieurs mois dans l’année. C’est là, surtout, que vivent les yakayriti (les esprits ancestraux), détenteurs, selon eux, des ressources naturelles. « Les Indiens ont très peur de la réaction de leurs ancêtres, qui pourraient vouloir se venger. Les priver de cette rivière, c’est mettre fin à leur mode de vie et les détruire », craignent Juliana et Edison, les deux anthropolo gues d’Opan. Aujourd’hui, cette terre appartient à plus de 300 riches propriétaires. Les fazendeiros, eux, se font de plus en plus agressifs à l’égard des membres de Greenpeace, qui seront finalement contraints sous la menace de s’enfer mer dans leurs chambres d’hôtel. Paulo Adario songe déjà à la riposte. Il enchaîne les coups de fil et échafaude mille stratégies pour médiatiser l’affaire, porter plainte et alerter les membres du gouvernement. Le lendemain matin, il faut vite partir. Les fermiers, l’air satisfait, sont toujours amassés sur le trottoir. Ils suivent l’équipe jusqu’à l’aéroport, où l’avion de l’organisation attend. Près de 30 pick-up à la queue leu leu, un concert de klaxons et une bordée d’insultes. Der rière le cor tèg e, les Enawene Nawe – ils ont dor mi dans les locaux de la Funai, le département brésilien des affaires indiennes – sont encore là, tout près : ils essaient de rejoindre les écologistes, « pour les aider en cas de problème ». Mais les fermiers ont bloqué la route. A bord de l’avion, Paulo Adario a une nouvelle idée : il demande à Fernando, le pilote, de se diriger vers le village des Enawene Nawe. Audessus des longues cabanes plantées au milieu de la magnifique forêt, l’avion fait plusieurs tours. Les Indiens font des signes de la main. « Je veux leur dire que nous sommes avec eux », glisse Paulo, ému. Il leur a une nouvelle fois assuré qu’il reviendrait. C’est sûr, il tiendra sa promesse. Elsa Guiol Reportage photo Eric Dessons/JDD Eté 22/ 26 août 2007 Iles de France. Les trésors cachés au large de nos côtes A table. Chaque semaine, un chef étoilé raconte sa région et livre ses adresses La Provence savoureuse de Jean-André Charial Groix (Morbihan) Envoyée spéciale « Bienvenue au Festival du fil insultaire… » Smoking flottant et haut-de-forme, un Monsieur Loyal survolté brandit une pancarte à l’envers. En penchant la tête, le touriste qui débarque sur l’île de Groix en provenance de Lorient (Morbihan) rectifie. Il participe bien au 7e Festival du film insulaire – « Fifig » pour les intimes –, qui a commencé mercredi pour prendre fin aujourd’hui. La soixantaine de fictions et documentaires sélectionnés sont tous dédiés aux îles, à la vie et à la culture des insulaires. Cette année, Cuba est invitée d’honneur. Au milieu de la foule de PortTudy, la longue silhouette du réalisateur cubain Fernando Pérez tangue, comme indécise. Est-ce le vent de noroît ou le ciel changeant qui le déroute ? Avec sa femme Claudia, réalisatrice, il arrive de La Havane via Paris pour présenter trois œuvres : Madrigal, La vie c’est siffler et Suite Habana. Monsieur Loyal s’approche. Il invite Fernando Pérez à traverser un carré de moquette rouge. Accueil déroutant et rapide, car le cinéaste cubain est ensuite livré à lui-même. Il négociera comme il peut avec les taxis Tonnerre pour atteindre son hôtel. Sinon, c’est marche ou vélo. Le Fifig, c’est l’anti-Croisette. Pas de champagne mais de la bière à profusion au Bonobo bar, où La java des Malouins se mélange à la salsa. Pas de paillettes ni de strass, mais des cirés jaunes pour les enfants. Aujourd’hui, le trophée décerné est un simple thon de bronze en hommage au glorieux passé de Groix, qui fut le premier port thonier de France jusqu’en 1940. « Au Fifig, on agit avec le cœur en choisissant des œuvres humaines. Sans s’occuper de l’actualité de Fidel Castro. Le festival est un combat qui dure de puis se pt ans », clame Jean-Luc Blain, un verre à la main. Cet ancien reporter qui porte la vareuse comme un vieux marin est le fondateur de l’événement. Il embrasse et serre des mains dans une joyeuse frénésie. Pour l’occasion, ce capitaine-panique a enrôlé 120 bénévoles pour accueillir, nourrir et guider les festivaliers. « C’est mon équipage, des matelots qui se défoncent pour la bonne cause. La moitié sont des Groisillons et les autres profitent des vacances pour nous aider. Par leur action, ils ancrent le festival dans l’île. Sans eux, tout ça n’existerait pas ! », assure-t-il. Effectivement, la jolie Marie, normalement traductrice, est une barmaid de choc au Bonobo. Gilles, fonctionnaire dans l’Equipement, gère les comptes avec un sérieux de professionnel. Et Jacques, retraité du bâtiment, vend les billets d’entrée dans un kiosque en bois. « Cela fait trois ans que je consacre du temps au festival. C’est important parce que cela donne de la vie à Groix. » Pendant que les bénévoles courent à droite et à gauche, spectateurs et réalisa- teurs se retrouvent devant la façade années 1930 du Cinéma des familles. Cet établissement, un des derniers indépendants de la région, est géré par Anne-Marie Perron. Son père, communiste « exilé » de Paris dans les années 1950, lui a légué une mission et quelques soucis financiers. Normalement, elle s’occupe de tout. Exceptionnellement, la projectionniste Marie-Jo Pondard lui donne un coup de main pour le festival. Marie-Jo est une projectionniste itinérante qui travaille comme au temps de Cinema Paradiso. Avec son mari et ses trois enfants, cette petite femme brune se déplace au fil des petits festivals de cinéma ou à l’invitation des municipalités. La société Cin’étoiles peut dresser un écran géant en plein air ou organiser une séance dans une abbaye. Pour Groix, elle a réussi une prouesse : projeter mercredi soir le film Viva Cuba, de Juan Carlos Cremata Malberti, sur la façade d’une maison de Port-Lay. « En réalité, le plus difficile, c’est de s’adapter aux différents formats techniques. Les réalisateurs arrivent souvent avec une cassette dans leur poche », avertit Marie-Jo. « C’est justement ce que le public recherche, intervient Léa, comédienne à Caen. Je viens de découvrir Un aller simple pour Ma- La Havane et Moscou. Mais, ironie de l’histoire, Martin Scorsese et Francis Coppola l’ont sortie de l’oubli. « J’ai voulu éviter les visions caricaturales des pro- comme des anti-Castro. Le cinéma cubain actuel évoque les tracasseries et les pénuries sans s’opposer frontalement au régime. C’est subtil, drôle et poétique. » Fernando Pérez n’a pas hésité une minute à venir : « J’aime les petits festivals pour discuter avec le public. Mes films font réfléchir, alors je réponds avec plaisir aux questions et aux critiques. Et je suis ému d’entendre de la musique cubaine sur ce port breton… » Paradoxalement, le Fifig est condamné à réussir. Au début de son exist e n c e, l e f e s t iv a l a plombé ses comptes. Il doit rembourser sa d e t t e. Cette contrainte pousse les organisateurs à une gestion au centime près. Ils dépensent 170.000 € à chaque édition, financée par les collectivités locales (34 %), les sponsors – notamment la styliste Agnès b. (26 %) – et la vente de billets et de produits dérivés (40 %). L’ é q u i l i b r e e s t précaire. Tout repose s u r l a vo l o n t é d e s 2.000 Groisillons à recevoir des milliers d e f e s t iv a l i e r s e n De gauche à droite quelques jours. Les et de haut en bas : Eric îliens hésitent. DoiRégenermel, le maire de Groix, à sa droite Jean-Luc vent-ils se replier sur eux-mêmes pour Blain, fondateur du festival, devant la maison conserver leur identité ? Ou bien s’ouvrir de Port- Lay qui sert d’écran aux films projetés a u d é v e l o p p e m e n t économique ? par Marie-Jo Pondard. Eric Régener mel, Entre deux films, les festivaliers mangent à la maire (divers gauche) de Groix, a tranché : bonne franquette des « L’île a toujours acrepas servis par les bénévoles. Les acteurs du cueilli des entre precirque Fratellini assurent neurs et de nouvelles idées, notamment à l’animation et l’accueil. l’époque des conservehoré, d’Agnès Fouilleux, tour né ries de thon. Dans les années 1930, aux Comores. Ce documentaire ne elle comptait 6.000 habitants. Ausera jamais diffusé à la télévision jourd’hui, le festival prouve que car il n’entre pas dans les formats Groix est dynamique. » habituels. » Le Groisillon Yann Ce médecin a fait sienne « HaStéphant est à l’origine de cette toup », la devise bretonne de Groix, programmation pointue. Il a vi- gravée sur le mur de la mairie. En sionné 300 films avant de choisir, français, cela signifie « Toutes voipar exemple, l’étonnant Soy Cuba, les dehors ». un film de propagande sur la révoMarie Nicot lution cubaine tourné en 1964 par Reportage photo Mikhaïl Kalato zov. Cette comCarlos Muñoz-Yagüe/ mande officielle sera censurée par In Visu pour le JDD Baumanière. Côté gestion et administration. Sous le char me de ce vieux mas du XVIe siècle, les souvenirs ressurgissent. « La cuisine a été pour moi une découverte tardive, songe tout haut le chef, j’ai trouvé en elle une façon d’exprimer mes talents créatifs. » Il fera ses classes chez Troigros, Chapel, Haeberlin, Bocuse et Girardet. Il s’affirmera chez lui, à l’Oustau de Baumanière. Mais du haut de ses deux étoiles Michelin, le chef garde l’esprit maison de ce grandp è r e n ov a t e u r. I l s ’ a m u s e même parfois à préparer quelq u e s r e c e t t e s d e l ’ é p o q u e, comme le feuilleté au ris de veau. « Avec mon grand-père, nous avons le même amour du décor, du bon et du beau, raconte le chef. J’ai beaucoup de plaisir à être en cuisine, et le plaisir est aussi dans la création d’un plat. » Aujourd’hui, dans son pays, il aime se promener avec ses chiens pour sentir les genêts, les fleurs de tomate, le jasmin, le thym, la menthe et le romarin. Là, il trouve l’inspiration pour sa cuisine, « indissociable des Baux et de l’environnement minéral des Alpilles ». Aurélie Chaigneau L’Oustau de Baumanière, 13520 Les Baux-de-Provence, 04 90 54 33 07. Ses adresses ■ Le Parc des Cordes C’est « un petit restaurant » que le chef aime bien. « Un bistrot très sympa », au décor « extraordinaire », en plein dans les Alpilles, au beau milieu des rochers purs. Afin de profiter au maximum de ce panorama hors normes, Jean-André Charial conseille de dîner dehors pour un moment « magique ». Dans la bouche, une cuisine de maison : tartes, grillades, aubergines à la tomate… « Les assiettes de la cuisinière sont toutes simples, fraîches, pas sophistiquées, décrit Jean-André Charial, j’apprécie vraiment ce qu’elle met dedans. » Son cœur, probablement. Le Parc des Cordes, 13990 Fontvieille, 04 90 54 67 85. ■ Restaurant du château d’Estoublon En quelques années, Estoublon est devenu le nom porte-drapeau de l’huile d’olive. Mais si Jean-André Charial apprécie particulièrement le château d’Estoublon, c’est aussi pour son nouveau restaurant. « De grandes planches de charcuterie française et corse, un plat du jour régional pour les papilles, le tout dans un décor bistrot un peu sophistiqué, j’aime beaucoup cette formule », commente le chef. Pour les yeux, un château du XVIIIe siècle au cœur des Alpilles sud, au pied du mont Paon. Tout autour, 200 hectares de bois, d’oliviers et de garrigue, en plus des 17 hectares de vigne. « Après le déjeuner, vous pouvez également déguster leur délicieuse huile d’olive. Ils sont aussi les seuls à fabriquer de la monovariétale. » Pour une trentaine d’euros le repas, et avec le vin, le miel, les épices et l’huile de l’épicerie, voilà une bonne introduction aux produits de la région pour ceux qui ne la connaissent pas. Restaurant du château d’Estoublon, 13990 Fontvieille, 04 90 54 64 00. ■ Moulin Castelas « La Provence est la région de l’huile et du vin », explique Jean-André Charial. Et pour ce fin connaisseur, la meilleure huile d’olive se trouve ici, au Moulin Castelas. Jean-Benoît Hugues et Catherine, son épouse, ont racheté ce verger abandonné il y a deux ans à peine. Aujourd’hui, leur oliveraie de 36 hectares est classée en appellation d’origine contrôlée « vallée des Baux-de-Provence ». « A Maussane, l’huile est généralement de tradition fruitée mûre, explique le chef. Celle du Moulin Castelas est ardente, verte avec des arômes d’artichaut et de pomme verte. Elle est extraordinaire. J’en achète beaucoup. » Moulin Castelas, 13520 Les Baux-de-Provence, 04 90 54 50 86. DR Cuba libre à Groix Son pays sent le basilic et l’huile d’olive. De puis quarante ans, Jean-André Charial perpétue la tradition, celle de son grand-père Raymond Thuilier, créateur de l ’ O u s t a u d e B a u m a n i è r e. C’était en 1945, année de naissance de Jean-André Charial, qui a vu le jour dans le 16e arrondissement de Paris. M a i s s e s s o u ve n i r s l e s plus vifs sont en Provence, d a n s c e Va l d ’ e n f e r b e a u comme le paradis. « Je sillonnais cette région de pierres qui sent si bon, à pied ou à cheval, raconte le chef, je passais ma vie dans les écuries. » A l’époque, Jean-André Charial rêve d’être pilote. Quelques années plus tard, il passera même son brevet. Mais avant de réaliser ses rêves aériens, le gamin se laisse bercer au rythme des services. « O n m a n g e a i t ave c m o n grand-père avant l’heure du coup de feu, se souvient-il. Après, il fallait vite déguerpir et surtout éviter de chahuter ou de sauter dans la piscine pour ne pas déranger les clients. » Des hôtes exceptionnels tels Kirk Douglas ou Jean Cocteau. « J’ai même été figurant sur Le testament d’Orphée », s’amuse-t-il. Les années passent et Jean-André Charial se rapproche des cuisines. Par gourmandise, mais aussi par curiosité. « Avec mes copains, on farfouillait derrière les fourneaux, explique-t-il, mon grand-père nous faisait goûter des desserts. Il me fascinait. Aussi bien par son talent que pour cette capacité qu’il avait à manger la même chose midi et soir pendant au moins dix ou q u i n z e j o u r s ! » A d u l t e, Je a n - A n d r é C h a r i a l d é laisse ces plaisirs pour HEC. En 1969, c’est son grand-père qui lui demande d e r eve n i r à l ’ O u s t a u d e Eté 26 août 2007 /23 Summer of love. L’histoire de sept grands albums sortis en 1967 L’underground en velours selon Andy Warhol The Velvet Underground and Nico, sorti en mars 1967. Cette année-là ■ 1er janvier. Création d’une taxe sur les tickets de cinéma, destinée au financement de films français. 14 janvier. Le Human Be-In à San Francisco, une grande kermesse libertaire organisée dans le Golden Gate Park, sert de prélude au Summer of Love. John Phillips, des Mamas and Papas, écrit pour l’occasion If you’re going to San Francisco. Mars. Première édition du Petit Robert. 28 juillet. Le Royaume-Uni décriminalise la sodomie. 3 2 6 7 1 10 8 Rue des Archives A New York, en 1967, c’est aussi le sacre de la Factory, ses expériences, ses excès, ses fêtes sans fin où des bourgeoises dépressives, des dandys toxicomanes et des artistes de tout poil inventent le concept du « super star-system underground ». Le nouveau credo d’Andy Warhol, alors au faîte de son art, est le multimédia. A ce titre, dès 1966, il cherche un groupe de rock subversif pour intégrer son show The exploding plastic inevitable, barnum avant-gardiste imbriquant projections vidéo et performances sadomasochistes en direct. Sur les conseils de son associé Paul Morrissey, avec qui il vient de réaliser Sleep, film où la caméra fixe un homme endormi durant vingt minutes, Warhol se rend au café Bizarre, le bien nommé. Lou Reed et John Cale, accompagnés par Sterling Morrison et Maureen « Moe » Tucker, y font forte impression. Leur groupe, les Velvet Underground, a le bon goût de ne jamais sourire : costumes en cuir, lunettes noires, territoires sonores vénéneux, jeu ostensiblement transgressif avec Moe jouant de la batterie debout sans cymbales. Emballé, Andy Warhol les installe dans sa cour des Miracles, les fait tourner et, malgré les réticences de Lou Reed qui compose et entend chanter tous les morceaux, fait pression pour que la formation intègre Nico, actrice mannequin 5 4 DR 9 Andy Warhol (1) entouré des membres du Velvet Underground. En haut : Danny Williams (2), Maureen Tucker (3), John Cale (4), Stephen Shore (5), Paul Morrissey (6). En bas : Sterling Morrison (7), Nico (8), Gerard Malanga (9) et Lou Reed (10). d’origine allemande aperçue dans la Dolce vita de Fellini. Pour le Velvet, l’aventure a débuté deux ans avant, fin 1964. Lou Reed, jeune guitariste piqué de Bob Dylan et de freejazz, rencontre John Cale, prodige récemment débarqué du pays de Galles et venu aux Etats-Unis dans le sillage du musicien minimaliste La Monte Young. Le style qu’ils tissent ensemble est absolument neuf, précurseur du punk, à contre-courant des vibrations hippies scandant l’amour et la paix. Leurs sons heurtent, leurs paroles choquent, abordant de front la drogue et ses nausées, la violence intime, les déviances sexuelles. Leur premier album, The Velvet Underground and Nico, est enregistré sans délai, pour l’essentiel en une seule journée, avec un budget de 3.000 dollars. Sorti sans promotion en mars 1967, il ne se vend qu’au compte-gouttes. Mais comme le veut la légende, attribuée à l’ami Brian Eno, « s’il n’y a que 1.000 personnes qui l’ont acheté à sa sortie, chacune d’entre elles a fondé un groupe par la suite! » La pochette du disque représente une banane autocollante Signée Andy Warhol, la célébrissime pochette du disque représente une banane autocollante à côté de laquelle est écrit « Peel slowly and see » (Pèle lentement et regarde). Sous la banane, on découvre le fruit nu, rose turgescent et pour le moins phallique. Les rumeurs vont bon train : la colle auto-adhésive serait-elle à base de LSD? Une chose est sûre, l’album à peine sorti, la rupture entre les Velvet et Warhol est déjà consommée. Nico, qui avait été imposée sur trois titres par le pape du pop art (Femme fatale, I’ll be your mirror, All to- morrow’s parties), est remerciée. Sans regret. Elle est de toute façon très prise par ses conquêtes en série (Iggy Pop, Tim Buckley et Brian Jones, avant Delon), et déjà en studio pour un premier album solo, Chelsea girl, qui sort fin 1967. Trois ans et trois albums plus tard (White light/white heat, The Velvet Underground et Loaded), le Velvet se sépare à son tour. Lou Reed retourne chez ses parents, où il pense à son retour solo, consacré en 1973 avec Transformer et son tube Walk in the wild side. Il attendra vingt ans pour retrouver le Velvet sur scène, le temps d’une brève tournée européenne sans Nico, décédée en 1988 d’une chute de vélo à Ibiza. The Velvet Underground and Nico est le genre d’album que seul le temps permet d’apprécier, de ceux qui ont suscité l’engouement et l’admiration bien après leur sortie. Sans doute était-il en avance sur son temps, ou peut-être en décalage, tant il est marqué par la personnalité de Lou Reed. Traumatisé à jamais par les traitements électrochocs que ses parents lui ont fait subir dans l’idée de le « guérir de son homosexualité », le jeune homme est aussi diaboliquement inspiré par les thèmes de l’autodestruction et des pulsions tourmentées. Ballades mélancoliques et perversions scandées s’entremêlent. Venus in furs est tiré du chef-d’œuvre du chevalier von Sacher-Masoch. I am waiting for the man décrit l’angoisse du drogué n’en pouvant plus d’attendre son dealer. Heroin, l’un des titres les plus longs (7’10), est l’exacte transcription musicale d’un shoot: le cœur tambour battant à l’approche de la seringue, le sang monte aux méninges dans un tourbillon de violon qui mène à l’orgasme, puis au calme final n’appelant qu’à une chose : renouveler l’expérience. Accusé de faire l’apologie des drogues, Lou Reed répondra : « Ce n’était pas pour ni contre, mais juste une prise du point de vue du consommateur. » Effectivement pas dupe, la chanson décrit un asservissement sans fin, « it’s my wife and it’s my life » (c’est ma femme et c’est ma vie). Parmi les titres mythiques, Sunday morning, avec sa fameuse ouverture au son cristallin d’un célesta, exprime à la perfection un coup de blues dominical, le « sentiment que je ne veux pas connaître », à mille lieues des pubs optimistes martelées des assurances françaises, qui par la suite s’en approprièrent la mélodie… Etonnant, enregistré par choix dans des conditions artisanales, instigateur de nombreuses vocations et objet de centaines de reprises, l’album n’est aucunement pressenti, en 1967, pour prendre la place qui lui reviendra plus tard, celle de l’une des œuvres les plus marquantes et les mieux vendues du rock. Les heureux possesseurs de la version CD Deluxe auront le plaisir enfantin de décoller la banane, de glousser devant la chose qui apparaît dessous, sans se douter une seconde du razde-marée qui les attend: expériences sonores, voix hypnotisantes de Lou Reed et de Nico, et, peut-être, qui sait, la création d’un groupe? Noémie Toledano avec Alexis Campion 24/ 26 août 2007 Christina Lionel-Dupont CULTURE Jazz à la Villette. Jeu de cartes avec un brelan d’as Page 26 Palme d’or. Cristian Mungiu signe 4 mois, 3 semaines, 2 jours, un film dur et bouleversant Un grand cinéaste est né Sans hésitation : s’il y a un film qui mérite d’être vu, c’est bien celui-là. 4 mois, 3 semaines, 2 jours, chronique d’un avortement clandestin en Roumanie avant la chute du communisme, est une œuvre brillante et dure, signée par un cinéaste de 39 ans, Cristian Mungiu, dont c’est le troisième long-métrage. Présenté le deuxième jour de la compétition cannoise, certains n’avaient pas pris la peine de se rendre à la projection de ce « petit film roumain ». « On a fait descendre à l’orchestre les journalistes qui étaient au balcon pour que la salle soit plus remplie », raconte l’attaché de presse. Mais sitôt les lumières rallumées, la rumeur s’est installée, plus tenace que jamais. Pendant douze jours, rien n’est parvenu à détrôner le futur lauréat dans l’esprit des festivaliers. Pour la Roumanie et son cinéma en plein essor, la Palme a été accueillie dans la liesse. « C’était comme si on avait gagné la Coupe du monde de football ou qu’on avait reçu le prix Nobel », dit le réalisateur, qui ne pouvait plus marcher dans la rue sans être reconnu, qui s’est vu décerner une médaille et a été appelé par le bureau de la présidence de la République roumaine. Cet été, le film a déclenché une polémique en France en recevant le prix de l’Education nationale qui permet sa diffusion en milieu scolaire à travers 1.500 DVD-ROM. Jugé « trop dur » et face à certaines associations anti-avortement, le ministère de l’Education nationale avait dans un premier temps bloqué les crédits. Avant de revenir sur sa décision. Sage revirement. 4 mois, 3 semaines, 2 jours est désormais autorisé à tous les publics. Il a depuis été acheté par plus de 60 pays. Rencontre avec un cinéaste épuisé mais heureux. Pourquoi avoir eu envie de raconter cette histoire ? Peut-être parce qu’aujourd’hui j’ai un fils de 2 ans. Avec le recul, on repense aux choses qui nous sont arrivées de façon différente. J’avais envie de raconter une histoire représentative de notre génération quand nous avions 20 ans. J’ai écrit un scénario assez marrant. Mais je me suis senti soudain responsable. Je ne voulais pas qu’on se souvienne de cette période à travers une comédie. De Cristian Mungiu, avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, Vlad Ivanov. 1 h 53. Sortie mercredi. ■ 1987 en Roumanie. Le régime de Ceausescu interdit et poursuit l’avortement. Dans leur chambre d’un foyer d’étudiantes, deux jeunes filles se préparent. Elles ont rendez-vous dans un hôtel, où elles doivent présenter leurs papiers, avec un certain M. Bébé… Elles vont affronter une situation épouvantable. L’oppression, la peur, la révolte, l’humiliation, la détermination, le courage habitent ce scénario inquiétant, économe en dialogues, qui se déroule sur vingt-quatre heures. Il nous happe dans un flot d’émotions contenues. Une étonnante scène de repas familial fait un instant oublier les rues blafardes, la lumière rasante et cette horrible chambre d’hôtel où tout se joue. Cristian Mungiu accumule les plans-séquences qui donnent encore plus de réalité et de puissance à son propos. Sur fond de contexte historico-politique, il raconte le plus simplement du monde cette vie des autres où la tension va crescendo. Les actrices Anamaria Marinca et Laura Vasiliu, époustouflantes, auraient aussi mérité un prix. Elles nous font frémir et trembler. Elles nous apprennent ce que veulent dire les mots liberté, solidarité et amitié. Une grande Palme pour un grand film. D.A. nisé et solide. Le régime s’est effondré en deux minutes. Sandrine Roudeix /JDD Cristian Mungiu, 39 ans, a situé son troisième longmétrage dans la ville roumaine où il est né : Iasi. Rodolphe Escher/JDD Comment réagissez-vous à la polémique française autour de votre film ? Cela m’a déçu car le film ne montre rien de dangereux. Il ne donne pas de leçons, ne prend pas position. Il est pédagogique et je le vois même comme une prévention à l’avortement. 4 mois, 3 semaines, 2 jours ★★★ Où avez-vous tourné 4 mois… ? L’histoire se situe dans ma ville natale, à Iasi. J’ai tourné pendant trente-deux jours. C’est la première fois que je fais un film si réaliste. Cela a changé ma façon d’aborder le cinéma. Il y a de nombreux plans-séquences. Je me suis mis d’accord avec mon chef opérateur pour qu’il ne suive pas la tête des personnages quand ils se lèvent. Anamaria Marinca et Laura Vasiliu tissent de beaux portraits de femmes dans la Roumanie de Ceausescu. Pause maquillage au foyer d’étudiantes pour dissimuler les bleus à l’âme (à droite). Vous vous êtes inspiré d’une histoire vraie ? Quand j’écris, je pars souvent de la réalité. Cela était arrivé à quelqu’un que je connaissais et à qui cela avait laissé pas mal de cicatrices. Ce personnage est incar né par Anamaria Marinca. Il faut savoir aussi que je suis né parce que l’avortement était interdit. Ma mère ne me l’a jamais caché. Nous sommes les enfants du décret. La solidarité dont font preuve les deux étudiantes du film est bouleversante. On savait à l’époque qu’il y avait dans chaque groupe d’étudiants quelqu’un qui rapportait à la Securitate. Ça créait une vraie solidarité car on était des animaux qui essayaient de survivre. Honnêtement, personne ne se posait de questions morales. Le seul problème qu’on avait était : comment on va arriver à le faire et comment on ne se fera pas prendre? Comment avez-vous vécu la chute du communisme ? C’était le plus beau jour de ma vie. On écoutait ce qui se pas- Vous pensiez alors devenir cinéaste ? J’étais fait pour raconter des histoires. J’écris depuis l’âge de 16 ans. Tout était à réinventer dans le cinéma roumain. Je n’avais pas eu accès à l’école de cinéma, où les places étaient réservées aux fils des professeurs et des gens du Parti. Quand le régime est tombé, l’horizon s’est ouvert. Aujourd’hui, il n’y a pas de censure. Je peux réaliser mes films sans problème, mais la population ne va pas si bien. Notre société très agressive vit un capitalisme débridé. sait dans les autres pays à la radio. On ignorait comment et quand cela allait se produire car le système était très bien orga- Vous avez aussi choisi de montrer le fœtus sur le carrelage de la salle de bains. Pour moi, il était impossible de faire un film sincère sur ce sujet en évitant de le montrer. Cette jeune fille prend conscience que le fœtus est quelque chose d’humain, que ça n’a plus rien d’abstrait. Danielle Attali Compte à rebours. Ouverture vendredi du 33e Festival du cinéma américain Spectaculaire parterre de stars à Deauville Les Américains débarquent sur les plages normandes avec l’artillerie lourde. Vendredi soir, la concentration de people au kilomètre carré risque de décupler à Deauville. La liste de ceux qui s’apprêtent à fouler le tapis rouge du festival donne le tournis : George Clooney, Matt Damon, Brad Pitt et Angelina Jolie, Ben Affleck, Monica Bellucci, Eva Mendes, Gena Rowlands… Une affiche ultra glamour pour une 33e édition qui devrait rester dans les annales : un peu plus de 120 longs-métrages toutes sections confondues et des hommages rendus, en leur présence, à Michael Douglas et Sidney Lumet. Le tout sous l’œil vigilant d’André Téchiné, président d’un jury composé, entre autres, du cinéaste Xavier Beauvois et de l’écrivaine Yasmina Reza. Innovation majeure, les Nuits américaines, en partenariat avec la Cinémathèque française. Le principe est simple: 60 titres emblématiques seront projetés 24 heures sur 24, au Morny Club. Les insomniaques pourront ainsi (re)découvrir sur grand écran des chefs-d’œuvre comme La horde sauvage de Sam Peckinpah, Le faucon maltais de John Huston, Taxi driver de Martin Scorsese, le King Kong de 1933, Les oiseaux d’Alfred Hitchcock… Difficile de résister, vu le prix du pass pour les dix jours (et pour toutes les séances): 10 €. Côté avant-premières, le festivalier verra, comme de coutume, l’essentiel des grosses sorties américaines de cet automne, dont La vengeance dans la peau, troisième (et dernier ?) volet très attendu des aventures de l’espion amnésique Jason Bourne, qui connaîtra enfin sa véritable identité. Dans le rôle de cet agent de la CIA aux méthodes plus qu’expéditives, l’excellent Matt Damon a non seulement ringardisé James Bond et Ethan Hunt (Mission : impossible), mais il est aussi devenu l’acteur le plus rentable de la planète Hollywood selon le magazine Forbes. Si on recensait 50.000 spectateurs à Deauville en 2006, le programme de cette année devrait attirer dans les salles un public encore plus large : on y découvrira notamment Michael Douglas en quête d’authentiques doublons de conquistadors, dans King of California ; George Clooney en avocat d’une firme agroalimentaire mêlée à un scandale sanitaire dans Michael Clayton ; Brad Pitt en bandit de grands chemins dans L’assassinat de Jesse James ; les débuts en tant que réalisateur de Ben Affleck avec le polar Gone, baby, gone ; le brûlot de Michael Moore sur la couverture sociale défaillante aux Etats-Unis (Sicko) ; le regard sur la guerre en Irak de Paul Haggis (La vallée d’Elah) et de Brian De Palma (Redacted) ; l’explosion de la cellule familiale selon Sidney Lumet (7 h 58 ce samedi-là)… La comédie n’est pas en reste puisque les frères Farrelly (Mary à tout prix) et Judd Apatow (40 ans, toujours puceau) dévoileront leurs nouveaux délires. En compétition, pas moins de 11 prétendants au Grand Prix, dont la surdouée Zoe Cassavetes, qui met en scène Gena Rowlands, sa mère, dans Broken English. Sans oublier le rendez-vous trash du festival : Teeth, l’apprentissage de la sexualité par une adolescente qui s’aperçoit que son vagin a des dents ! Stéphanie Belpêche Culture 26 août 2007 /25 Anne Le Ny. La comédienne signe un remarquable premier film plein d’émotion « J’ai choisi le parti de la vie » DR Emmanuelle Devos et Vincent Lindon, « ceux qui restent », dans un film émouvant qui échappe à tout pathos. Ceux qui restent ★★★ DR D’Anne Le Ny, avec Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Yeelem Jappain. 1 h 34. Sortie mercredi. ■ Comme depuis trop longtemps, Ber- Elle a été juge, assureuse, banquière, secrétaire. L’un de ces seconds rôles du cinéma français dont le visage est familier mais dont on ne retient pas toujours le nom. Avec sa tête un peu sévère, on l’imagine aisément en proviseur pète-sec ; une première impression tempérée par un sourire lumineux qui peut la transformer en joyeuse animatrice de fin de repas. Comédienne depuis vingt ans – dix ans de théâtre et autant de cinéma –, Anne Le Ny vient de passer à la réalisation. Un premier pas franchi de manière remarquable. En faisant voisiner avec tact et subtilité la vie, l’amour, la mort, cette abonnée des plateaux de Pierre Jolivet montre une belle assurance dans la direction d’acteurs et une parfaite maîtrise des sentiments mis en scène. Un cinéma sans effets qui fait de l’effet « Quelle histoire d’amour moralement impossible en 2007 ? » Ceux qui restent a été écrit d’un seul jet. « J’ai toujours aimé raconter des histoires, dit Anne Le Ny. J’ai passé 40 ans, et à cet âge-là il est rare de ne pas avoir été confronté à la maladie d’un proche, ami ou parent. Il y a un film de David Lean que j’aime tout particulièrement, Brève rencontre, une impossible histoire d’amour entre deux êtres attirés l’un par l’autre et que le hasard a fait se croiser. Par ailleurs, un copain m’a parlé d’un téléfilm qu’il avait réa- le petit miracle de l’écriture d’Anne Le Ny. Avec ses partis pris assumés. « Ceux qui restent n’est pas un film pessimiste, contrairement à la première impression. J’ai choisi le parti de la vie. J’aime prendre les choses par la bande et par l’humour. Dès le départ, je savais aussi que je ne voulais pas montrer les malades ni les médecins. Pas de scène de lar mes non plus, sinon on tombe dans le mélo. » La réalisatrice Anne Le Ny fait également l’actrice en tenant le rôle de la sœur de Vincent Lindon. lisé dans lequel un homme et une femme faisaient connaissance alors que leurs enfants étaient hospitalisés. Je me suis alors demandé quelle pourrait être l’histoire d’amour moralement impossible en 2007. C’est là que j’ai pensé à mes per- sonnages dont les conjoints seraient victimes du cancer : vous n’allez pas tromper votre mari en pleine chimiothérapie. » Bonjour le sujet casse-gueule et, a priori, repoussoir. C’est là qu’intervient A la justesse d’écriture répond celle de la mise en scène. Comme son amie et coproductrice, à travers les Films A4, Agnès Jaoui, Anne Le Ny se méfie des facilités et soigne ses dialogues. Un cinéma sans effets qui fait de l’effet. Il ne se passe jamais rien d’extraordinaire dans Ceux qui restent : des nougats que l’on ramasse dans l’herbe, un bébé qui effectue ses premiers pas en fond d’écran, des copies à corriger, et pourtant, à chaque fois, la boule d’émotion est là, blottie. La réalisation ? « Quelqu’un m’a dit un truc qui m’a enlevé mon angoisse : “La technique, ça s’apprend. Le plus compliqué, c’est de diriger les acteurs.” Ça tombait bien, c’était justement la seule chose qui ne me faisait pas peur. » Dans le rôle de Bertrand, professeur d’allemand qui joue les gardes-malades depuis cinq ans, Vincent Lindon s’est tout de suite imposé dans l’esprit de la trand va rendre visite à sa femme à l’hôpital où elle est soignée pour un cancer. Au détour d’un couloir, il rencontre Lorraine, jeune femme fantasque dont le compagnon est également malade. Deux êtres terrassés de douleur mais aussi pleins de révolte qui vont s’aider maladroitement mais sincèrement. Pour son passage à la réalisation, la comédienne Anne Le Ny s’impose avec talent. Concentrée sur ses personnages, elle signe une mise en scène fluide dans laquelle le pathos est banni. On sourit souvent, respirations nécessaires face au drame affleurant. En prof d’allemand qui s’accroche à ses copies comme à autant de certitudes, Vincent Lindon est un véritable bloc d’émotion retenue face à une remarquable Emmanuelle Devos qui veut continuer à vivre comme si de rien n’était. Le film devrait être de ceux qui restent. J.-P. L. réalisatrice. D’autant qu’ils ont été plusieurs fois partenaires. Le choix de la comédienne pour incarner Lorraine, jeune femme extravertie, s’est révélé plus difficile. « Je pensais bien à Emmanuelle Devos, mais je n’osais pas lui proposer. C’est Vincent, qui avait tourné avec elle dans La moustache, qui m’a dit comment lui parler : “Emmanuelle, j’ai un scénario dans lequel il y a un rôle pas du tout pour vous mais, comme je vous adore, je n’arrive pas à vous sortir de ma tête. Estce que vous accepteriez de passer des essais ?” Elle a eu la simplicité de dire oui. » Jean-Pierre Lacomme Thriller. Serial killer dans Mr. Brooks, il se ressource dans son ranch ACTUELLEMENT EN SALLES Kevin Costner se rêve en antihéros Le pensionnat *** Correspondance Un ranch dans le Colorado, à quelques kilomètres d’Aspen. C’est là, à l’abri du tumulte de Hollywood, que Kevin Costner nous reçoit. La propriété, impressionnante, compte plus de 65 hectares. Un refuge pour l’acteur, sa femme et leur fils de trois mois, Cayden Wyatt. Au programme : pêche et canoë. Parfois, un ours traverse à la nage le lac privé qui s’étale juste devant sa maison : l’aboutissement d’un rêve pour ce fils de terrassier qui avoue se sentir plus à l’aise à travailler de ses mains qu’à fréquenter les soirées chics de Los Angeles. « J’aime creuser des tranchées, il y a quelque chose de très réconfortant dans le travail manuel », admet-il volontiers d’une voix tranquille. Avec ses cheveux blonds et sa moustache de cow-boy, on ne s’étonne pas qu’il ait souvent incarné les héros de l’Amérique profonde (Danse avec les loups, Postman, Coast guards). « Tout le monde dans la vie aimerait être héroïque. On veut De Bruce A. Evans, avec Kevin Costner, William Hurt, Demi Moore. 2 h. Sortie mercredi. ■ En apparence, Mr. Brooks croire que, quand ça tour ne mal, on aura le contrôle de la situation. » Rarement évident. Il en a fait l’expérience à de nombreuses reprises. Mais il encaisse quand Waterworld (budget : 175 millions de dollars) coule au box-office américain (mais se rattrape dans le reste du monde), quand Pour l’amour du jeu, Destination : Graceland ou encore Open range disparaissent de l’affiche plus vite qu’ils n’y sont entrés. « Je sais très bien qu’en choisissant des sujets originaux, certains n’auront pas autant de succès que des suites ou des remakes. Je pense que l’argent ne décide pas de la qualité d’une œuvre. J’aime la diversité. » est un séduisant homme d’affaires, marié et père de famille. La nuit, ce bon Américain se transforme en serial killer, poussé à tuer par un double imaginaire. Un jour, un photographe voyeur le surprend du bout de son objectif. On imagine que le rôle ait pu séduire Kevin Costner, pourtant ménagé par un scénario aussi bizarre et schizophrène que son personnage d’antihéros. Cela ne fait pas décoller le film pour autant, qui reste jusqu’au bout un thriller mal fichu. D. A. Gamma Aspen Mr. Brooks ★ « C’est un tueur qu’on finit par aimer » Pour Mr. Brooks, dont il est aussi producteur, Kevin Costner s’est payé le luxe d’un contre-emploi. Il incar ne un homme d’affaires qui se transforme en serial killer la nuit. Un personnage inattendu pour cet acteur souvent abonné aux rôles de g entils. « Mais Mr. Brooks n’est pas seulement un méchant. Il dégage aussi un Un rôle à contre-emploi pour Kevin Costner, qui revendique son indépendance. côté sympathique. C’est un tueur qu’on finit par aimer parce qu’il lutte contre sa dépendance. Notamment en suivant les réunions des Alcooliques anonymes. » Loin de son personnage, le comédien s’af fiche sur tout comme un homme tranquille. « J’ai eu de la chance, je n’ai jamais été victime, ni de la drogue ni de la célébrité. » Un mental qui lui a permis de résister aux assauts de la presse à scandales, qui l’a accusé, entre autres, de s’être fait im- planter des cheveux, d’avoir molesté l’employée d’un hôtel en Ecosse lors d’une séance de massage ou d’être le père d’un enfant illégitime. Aujourd’hui, l’acteur-producteur s’est déjà remis au travail. Il prépare une comédie sur les élections américaines. Souvent étiquetée « conservateur », la star revendique son indépendance. « Je ne me préoccupe plus des partis. » Aux gros poissons de la politique il préfère les vrais, ceux qu’il pêche dans sa propre rivière. Claude Budin-Juteau De Songyos Sugmakanan, avec Charlie Trairat et Sirachuch Chienthaworn. 1 h 47. L’année de ses 12 ans, Ton vit un drame : ses parents le changent brutalement d’école. Sans repères, loin de ses copains, il sympathise avec le fantôme qui hante son nouvel établissement… Ce drame mâtiné de surnaturel doit sa réussite à son extrême sensibilité et à son refus des conventions. S.B. Paranoïak ** De D.J. Caruso, avec Shia LaBeouf, David Morse et Carrie-Anne Moss. 1 h 45. Kale, assigné à résidence par la justice, épie ses voisins pour passer le temps. Il ne tarde pas à soupçonner l’un d’entre eux d’être un tueur en série… Cette version ado de Fenêtre sur cour se révèle plutôt efficace grâce à la qualité de son interprétation et à quelques rebondissements savamment calculés. S.B. Permis de mariage * De Ken Kwapis, avec Robin Williams, Mandy Moore et John Krasinski. 1 h 30. Ben et Sadie décident de se marier. Le révérend Frank impose au jeune couple un stage de préparation jalonné d’épreuves, au terme duquel il décidera s’ils sont aptes à sauter le pas… Cette comédie au scénario cousu de fil blanc se regarde sans déplaisir, grâce aux facéties de Robin Williams. S.B. Hairspray ** D’Adam Shankman, avec Nikki Blonsky, John Travolta et Michelle Pfeiffer. 1 h 56. Baltimore, 1962. Tracy rêve d’intég rer le Corny Collins show, émission de danse ultrapopulaire, malgré ses kilos en trop… On se laisse embarquer sans résistance par le tourbillon de bonne humeur de cette comédie musicale parodique et kitsch à souhait. B.T. Culture 26/ ÇA SORT AUSSI MERCREDI 26 août 2007 Isabelle Mergault. La réalisatrice monte Enfin veuve La comédie d’Isabelle Mergault (casquette) sortira en janvier. Rétribution ★ De Kiyoshi Kurosawa, avec Koji Yakusho et Riona Hazuki. 1 h 44. ■ A Tokyo, le détective Yoshioka enquête sur une série de meurtres. Les victimes ont toutes les poumons remplis d’eau salée. Yoshioka découvre des indices accablants qui prouvent qu’il serait le tueur… Population insulaire, les Japonais, souvent exposés à des typhons, ont une peur panique de l’eau, que quantité de cinéastes tentent d’exorciser dans des films d’horreur. Si Hideo Nakata excellait avec Dark water, ce n’est pas le cas de Kiyoshi Kurosawa. On relève l’esthétisme et un sens certain du cadre, mais ce désir de perfection induit une distanciation accentuée par un scénario alambiqué. Voir le fantôme évoluer naturellement dans la salle à manger du policier torpille le suspense et confine au ridicule. S.B. Quand Chuck rencontre Larry ★★ De Dennis Dugan, avec Adam Sandler, Kevin James et Jessica Biel. 1 h 50. ■ Larry, pompier veuf, ne peut pas contracter une assurance-vie qui Arnaud Borrel mettrait à l’abri ses deux enfants s’il lui arrivait malheur. Pour parvenir à ses fins, il doit se marier rapidement. Il demande à son collègue et ami Chuck de se pacser avec lui. Problème, l’administration dépêche un inspecteur pour enquêter sur eux. Larry et Chuck doivent prouver qu’ils forment un vrai couple… Au regard du titre et du casting, on s’attendait à une comédie bien grasse à l’américaine. Mais le scénariste n’est autre qu’Alexander Payne, oscarisé pour Sideways. Certes, ça ne vole pas haut, mais les clichés sont habilement détournés par le second degré. La drôlerie des situations éclipse le jeu outré d’Adam Sandler. S.B. Avec Michèle Laroque en grande bourgeoise et Jacques Gamblin. Prémonitions ▼ De Mennan Yapo, avec Sandra Bullock et Julian McMahon. 1 h 40. ■ Un matin, Linda apprend que Jim, son mari, est mort dans un acci- Nothing ▼ De Vincenzo Natali, avec David Hewlett et Andrew Miller. 1 h 30. ■ Deux amis voient leur maison saisie. Au moment où l’entreprise de démolition sonne à leur porte, le monde extérieur disparaît… S’il reste raccord avec ses thèmes de prédilection (angoisse du néant, théorie du complot), Vincenzo Natali (Cube) se prend cette fois les pieds dans le tapis avec ce film faussement expérimental, interminable, plombé par un humour régressif à la Dumb et Dumber. S.B. J’aurais voulu être un danseur ▼ D’Alain Berliner, avec Vincent Elbaz, Cécile de France et Jean-Pierre Cassel. 1 h 45. ■ Le gérant d’une vidéothèque plaque femme et enfant le jour où il décide de donner libre cours à sa passion pour les claquettes. Quelques décennies plus tôt, son père en avait fait autant… Cette comédie musicale donne un émouvant coup de chapeau au danseur émérite qu’était Jean-Pierre Cassel. Mais, malgré les efforts sincères de Vincent Elbaz pour être crédible, ce film embarrasse par la pauvreté de ses chorégraphies et son kitsch involontaire. S.B. « Ne dépendre de personne » 2006 fut vraiment son année. Son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Je vous trouve très beau, a attiré 3,6 millions de spectateurs en salles. Couronné d’un César, il s’est vite exporté puisqu’un remake devrait voir le jour aux EtatsUnis, avec Bill Murray dans le rôle tenu par Michel Blanc. Devenue « bankable », Isabelle Mergault n’a pas pris la grosse tête. Surtout pas ! « Au moment de la sortie, j’évacuais la pression au théâtre dans la pièce de Laurent Ruquier Si c’était à refaire, avec Pierre Palmade. La production misait sur le million d’entrées. La fréquentation en province a été déterminante. Ça n’a pas été un raz-de-marée, plutôt un long fleuve tranquille. Le nombre de copies ne cessait d’augmenter. » De quoi être fière, et elle l’est. « Je le dis sans prétention. Chaque maman vous soutient que son bébé est le plus beau ! J’étais contente, je rameutais les copains. L’entreprise était tout sauf commerciale : une histoire qui parle de sentiments, drôle, émouvante, honnête, sans violence. Je ne suis pas surprise que les gens aient aimé. Mais ce succès a été une chance monstre. Ça a mis la barre très haut. » Cette sincérité qui caractérise si bien Je vous trouve très beau fait partie intégrante de la personnalité attachante d’Isabelle Mergault. Elle regrette de n’avoir pas pu assister à son sacre lors de la der nière cérémonie des César. « Une semaine avant, j’avais subi une chirurgie dentaire. J’avais pourtant acheté une belle robe et écrit un petit texte au cas où. La veille, ma joue n’avait pas dégonflé. J’ai dû renoncer à venir, la mort dans l’âme. Mais ça m’a fait chaud au cœur de recevoir cette récompense. J’avais non seulement la reconnaissance du pu- blic, mais aussi celle de la profession. Au lieu de m’attendre au virage, de me bouder ou de me snober, elle m’a ouvert sa porte et fait entrer dans la famille. » « La technique m’importe peu, je prône la simplicité » La cinéaste a du coup cloué le bec à tous ceux qui nourrissaient des a priori à son égard. « Je m’en fiche. J’ai débuté comme secrétaire trilingue intérimaire, puis j’ai fait l’idiote en petite tenue dans des séries B. Dès qu’on avait besoin d’une nana pour prendre une douche, c’était moi! Ma seule ambition? Ne dépendre de personne. Je n’ai jamais eu la niaque. Mais j’ai compris que l’argent m’offrirait la liberté. J’ai pris la plume. Me retrouver seule dans mon bureau, avec mon chien, devant une feuille blanche : le bonheur. » Un moyen d’échapper à la notoriété? « Je suis bien moins sollicitée qu’à l’époque des Grosses têtes. » Isabelle Mergault ne chôme pas pour autant. Elle monte son deuxième long-métrage, Enfin veuve (sortie le 16 janvier), « écrit en collaboration avec Jean-Pierre Hasson », insiste-t-elle. L’histoire d’une grande bourgeoise (Michèle Laroque) qui perd son mari, victime d’un accident de voiture. Si elle semble accablée par le deuil, elle est en réalité soulagée de pouvoir vivre pleinement sa passion pour son amant (Jacques Gamblin). Tout irait bien si son fils de 25 ans, voulant l’aider à surmonter l’épreuve, ne débarquait pas chez elle avec femme et bébé… « Pour faire bonne figure, elle joue la veuve corse. Mais, à la nuit tombée, elle fait le mur comme une adolescente. Prisonnière du qu’endira-t-on, elle vit dans une imposture. Doit-elle dire la vérité à sa famille? » Du tour nage au printemps dernier à Saint-Mandrier, à une quinzaine de kilomètres de Toulon, elle retient… le mal de mer ! « Une partie de l’action se déroule sur un bateau. J’avais la nausée. On m’a conseillé d’appliquer du persil à même la peau. Ça marche. » De son propre aveu, Isabelle Mergault n’a pas « la culture de l’image. Voilà pourquoi je ne mettrai jamais en scène de scénario qui ne soit pas de moi. Je n’ai pas de vision comme Luc Besson. La technique m’importe peu, je ne me prends pas le chou pour un plan. Je prône la simplicité. Avec moi, mon producteur Jean-Louis Livi ne se ruine pas : je fais des films à 6 millions d’euros, pas à 15 ». Stéphanie Belpêche Festival. Trois grands saxophonistes à l’affiche de Jazz à la Villette Carte blanche à Wayne Shorter C’est une histoire sans fin. Celle de ces jazzmen grâce auxquels la musique est comme une mar mite de sorcière : ma gie, bouillonnement, métamorphoses bienvenues. Pour preuve, la belle affiche de Jazz à la Villette, qui démar re cette année avec un concer t iconoclaste de Sonic Youth, groupe noisy pop new-yorkais dont le guitariste vedette, Thurston Moore, partagera ses impros avec celles de deux saxophonistes parmi les plus « free » du moment, Michel Doneda et Mats Gustafsson. Le saxophone est l’instrument vedette de cette édition 2007. Sous forme de cartes blanches, la programmation a été réalisée par Wayne Shorter, 74 ans hier, Steve Coleman et Julien Lourau. Trois solistes majeurs, trois figures différentes et néanmoins emblématiques d’un jazz qui dépasse les conventions en portant des visions à la fois très singulières et totalement universelles. Compositeur phare bien que de tout temps associé à Miles Davis (Bitches Brew), Joni Mitchell, Ar t Blakey et tant d’autres (comme son ami Joe Zawinul, déprogrammé in extremis pour raisons de santé), Wayne Shorter s’est annoncé en compagnie du Akg-images/Jazz Archiv Hambourg dent de voiture. Le lendemain, elle se réveille, Jim bien vivant à ses côtés. Persuadée qu’elle a vu son futur, elle s’emploie à contrecarrer le destin… Très surestimé, ce thriller surnaturel est gâché par un scénario fumeux où la seule vraie bonne idée (l’héroïne hésite à sauver un homme avec qui elle allait rompre) n’est pas exploitée. S.B. guitariste béninois Lionel Loueke, de la nouvelle sensation vocale Gretchen Parlato, ainsi que de l’impressionnant quintet à vents Imani Winds, avec lequel Shorter poursuit une conversation sublime, semée de renvois à Prokofiev, Mendelssohn ou VillaLobos. Autre grand moment : sa rencontre prévue avec l’Orchestre national d’Ile-de-France, mais aussi la projection de films des années 1940 signés John Huston ou Michael Powell, spécialement choisis par le musicien pour illustrer son univers. Steve Coleman, né à Chicago en 1958, a décidé de surprendre avec Val Jeanty, DJ haïtienne versée dans l’afro-electronica, Ravi Coltrane et Ma gic Malik, auprès desquels il ne finit jamais de bousculer les cycles rythmiques. Il n’a pas oublié non plus les rappeurs d’Opus Akoben, avec lesquels il fusionnait hip-hop et rythmes emballés dès le début des années 1990. Dans le même esprit, Julien Lourau, né en 1970, s’entoure des déclamations du poète Anthony Jose ph, vedette anglophone de la mouvance slam, des envolées klezmer du clarinettiste David Krakauer, qu’il combine ici avec le génie funk de Fred Wesley et de Pee Wee Ellis. Last but not least, on appréciera aussi la belle inspiration funk et gospel du pianiste Eric Legnini, pour le moins ensorceleuse… Alexis Campion Jazz à la Villette. Du 29 août au 9 septembre à la Cité de la musique (porte de Pantin) et au Point éphémère (Stalingrad), Paris 19e, 01 44 84 44 84. Plein tarif : de 12 à 30 €. /27 26 août 2007 Elodie Grégoire/Gamma LIRE L’aube le soir ou la nuit. Sarkozy et la tragédie du pouvoir Page 30 Rentrée. 727 romans, les événements, nos premiers choix, Reza, Claudel, Mendelsohn Une pluie de livres et quelques ouragans On a trouvé assez facilement son chemin, parmi les 727 romans de la rentrée littéraire (source : Livres Hebdo), pour établir une liste de 14 titres. On est tous tombés d’accord sur les événements (Jean Hatzfeld), les découvertes (Marisha Pessl), les réussites (Philippe Claudel), les confirmations (Olivier Adam). La tonalité d’ensemble est, comme souvent, sombre et forte. Avec quand même quelques fous rires en embuscade. Certains partent du réel (François Bégaudeau) ; d’autres jouent avec leur vie (Yannick Haenel). Mais il y a, à chaque fois, partage d’une expérience. Pierre Michon parle avec justesse, dans Le roi vient quand il veut (Albin Michel), des enjeux de la littérature. « Il y a préciosité dès que l’art devient miroir de lui-même. Non, les arts doivent viser à une sorte de conciliation, de tractation avec le monde – et avec les autres. » Beaucoup de romans marquants tournent autour de la perte. Perte de la mémoire (Olivia Rosenthal), perte d’une vie de famille (Eric Neuhoff), perte du goût de vivre (Ghislaine Dunant), perte d’un amour (Linda Lê), perte d’un équilibre (Olivier Adam), perte d’une chaussure (Vincent Delecroix). Chacun de ces auteurs raconte, à sa manière bien particulière, comment on réussit à faire face au manque. Et à rompre, rapiécer, repartir, reconquérir, apaiser. On mettra en avant, en attendant pour octobre les livres de Norman Mailer, Günter Grass, Pascal Quignard, Patrick Modiano, Bernard-Henri Lévy et Philippe Sollers, nos deux grands coups de cœur : l’intellectuelle américaine Joan Didion retrace, dans L’année de la pensée magique, le bouleversement introduit dans sa vie par la mort subite de son mari, et la dramaturge Yasmina Reza saisit, dans L’aube le soir ou la nuit, un Nicolas Sarkozy en toute liberté. Marie-Laure Delorme Sélection JDD-France Inter Livres français ■ A l'abri de rien, d'Olivier Adam, L'Olivier. ■ Bob Dylan, une biographie, de François Bon, Albin Michel. ■ Le rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, Stock. ■ La stratégie des antilopes, de Jean Hatzfeld, Seuil. ■ In memoriam, de Linda Lê, Christian Bourgois. ■ L'aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, Flammarion/Albin Michel. ■ On n’est pas là pour disparaître, d’Olivia Rosenthal, Verticales/Gallimard. Livres étrangers ■ Arlington Park, de Rachel Cusk, L'Olivier. ■ L'année de la pensée magique, de Joan Didion, Grasset. ■ Le chant de la mission, de John Le Carré, Seuil. ■ Un château en forêt, de Norman Mailer, Plon. ■ Les disparus, de Daniel Mendelsohn, Flammarion. ■ La physique des catastrophes, de Marisha Pessl, Gallimard. ■ Central Europe, de William T. Vollmann, Actes Sud. Sélection JDD/France Inter établie par Anne-Julie Bemont, Marie-Laure Delorme, Nicolas Demorand, Vincent Josse, Claire Julliard, Hubert Prolongeau. Le toutou et le roi du hamburger ■ Oui, patron. Bien, patron. C’est noté, patron. Je vous en prie, patron. Merci, patron. Si le collaborateur du chef d’entreprise fait de la politesse une variante de la servilité, tant pis pour l’un et pour l’autre qui se complaisent dans cette humiliante comédie. Mais si le toutou, le chien de compagnie, l’animal domestique, est un écrivain engagé par le toutpuissant président pour écrire un livre à sa gloire, par sa rareté, son antinomie, son absurdité, sa bouffonnerie, le couple devient un cas d’école. Ou un excellent sujet de roman. Lydie Salvayre a organisé la rencontre et la coopération d’une femme et d’un homme qui auraient dû s’insulter au bout de deux minutes, tant ils sont à l’opposé l’un de l’autre. Elle, l’écrivain, disons pour aller vite, est une femme très à gauche. Anticapitaliste, antimondialiste. Horreur des patrons et du « Libre Marché ». Intellectuelle tout acquise à la Révolution, y compris celle de la littérature. Dans sa jeunesse, elle voulait même ruiner la syntaxe, saccager le beau style. Bon, sans aller jusque-là, elle a quand même une image d’écrivain moderne, exigeant, sans compromis. Et mettre son talent au service d’une crapule du big business, c’est plus qu’un compromis temporaire : une compromission fatale. Ses amis le lui ont dit. Elle en est convaincue. Mais le défi la stimule, le monstre la fascine. Bernard Pivot de l’académie Goncourt Elle sera royalement rétribuée. Enfin, le luxe dans lequel l’amène à vivre sa cohabitation avec son richissime sujet, ses fréquentations hollywoodiennes, ses voyages en jet privé, sont autant d’irrésistibles douceurs. Par parenthèse, jeune journaliste désargenté, j’avais été tenté un moment d’écrire les mémoires de Cino del Duca. Nègre du roi de la presse du cœur ! Ou son biographe officiel. Palaces, dîners trois étoiles, grosses limousines, chauffeurs, etc. Et une jolie somme pour un travail pas très compliqué. L’homme était sympathique, courageux (il s’était opposé au fascisme italien), amusant. Mais je n’avais essuyé aucune de ses colères légendaires. Ce que j’écrirais en provoquerait. Fatalement. Alors que ferait le scribe moelleusement assis ? Il se coucherait ou il partirait ? Pour le roi de la presse du cœur, la comparaison avec Tobold le roi du hamburger serait injurieuse. Car Tobold le roi du hamburger est une horrible canaille, un mégalo brutal et cynique, un businessman tout-puissant qui aime humilier, discréditer, virer, écraser. Ce Français de calamiteuse famille est devenu, grâce à son génie des idées et des affaires, à une énergie hors du commun, à son avidité de puissance et d’argent, l’Américain le plus riche et le plus craint du monde. Enjôleur par intérêt, fourbe par nature, coléreux par hygiène, méprisant par plaisir, le patron de King Size est de surcroît d’une effroyable vulgarité. Accablée comme tant d’autres de mots orduriers, sa femme, Cindy, ne peut qu’envier le sort du chien Dow Jones, le seul à être traité avec affection et L’héroïne de Lydie Salvayre est un écrivain très à gauche qui met son talent au service d’une crapule du big business. Explosif ! complicité. L’horrible bonhomme se flatte d’avoir des performances sexuelles à l’égal de sa puissance de feu financière. A la fois Lear et Ubu, Tobold le roi du hamburger se prend aussi pour Jésus, faiseur de miracles. D’ailleurs il use souvent de paraboles bibliques, de métaphores évangéliques. « Celui qui aura quitté son père et sa mère, sa femme et sa marmaille, ses frères et ses sœurs, et qui l’aura fait pour moi, celui-là bénéficiera d’un énorme retour sur investissement. » C’est noté ?, demande-t-il sans cesse à la scribe, engagée pour écrire plus que sa biographie : son évangile. On l’a compris, on est dans l’outrance, dans la caricature, dans la fable. La charge est énorme. Les grands patrons mégalos ne sont pas rares, mais aucun ne collectionne autant de raisons d’être haï. C’est précisément l’excès qui hypnotise les deux femmes écrivains, l’escort girl du monstre coté en Bourse et la romancière Lydie Salvayre. Celle-ci fait étalage de toute sa verve lexicographique, alternant dans cette épopée du fast-food le cru et le cuit. La drôlerie l’emporte sur l’esprit de sérieux, la farce sur la satire. Le mélange dans certaines pages des grossièretés de Tobold le roi du hamburger et des subjonctifs imparfaits employés par Lydie Salvayre avec un soin très académique est d’un effet cocasse qui déroutera cependant plus d’un lecteur. On observera que, dans le titre du roman (Portrait de l’écrivain en animal domestique), le patron n’apparaît pas. Parce que Lydie Salvayre considère avec raison que l’écrivain, s’il n’est pas le personnage le plus truculent du livre, en est le plus fragile, le plus exposé, et somme toute le plus fou. Manière de nous rappeler qu’aligner des mots signifie pour celle ou celui qui en fait sa profession le refus de s’aligner sur quiconque. Sinon, la plume devient serve. Portrait de l’écrivain en animal domestique, de Lydie Salvayre, Seuil, 240 pages, 18 €. Lire 28/ 26 août 2007 Marisha Pessl. Une adolescente grandit en affrontant ses tourments Naissance d’une belle Bleue céens (on pense au Maître des illusions de Donna Tartt), tous fascinés par une enseignante du nom de Hannah Schneider. Une femme de 44 ans charismatique. On sait peu de chose sur elle. Donc forcément médisances, fantasmes, mensonges. Une première catastrophe ar rive. Un homme se noie dans une piscine. Chacun questionne, enquête, intrigue. Sans beaucoup Sélection JDD-France Inter de succès. La mor t de Hannah Schneider, retrouvée pendue à un arbre par un fil électrique dans un bois, fera basculer les différents destins. Marisha Pessl fait preuve d’une invention langagière revigorante (on pense à Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer) pour faire le portrait d’une adolescente américaine dans la tourmente. Surdouée en tout, sauf en vie. On est embarqué par le style feu et flamme de l’auteur. Dessins, construction, citations fausses ou vraies, humour, personnages colorés. Marisha Pessl trouve un ton bien à elle en réussissant à mixer classicisme et modernité. Son personnage de Bleue Van Meer, avec sa propension à vomir, son « air genre melancholica », ses références au film Grease, se révèle une réussite. On ressent, vibre, bouge, combat à travers elle. Il y a sa façon de réagir aux agressions (« Je savais qu’il s’agissait de l’un de ces moments décisifs où l’on doit réunir son Congrès interne et convoquer son James Stewart. Je devais leur prouver que je n’avais rien d’une nation meurtrie et terrorisée, et tout d’un géant endormi ») ; son utilisation des proverbes russes (« Faites confiance à Dieu, mais verrouillez votre voiture ») ; son peu d’indulgence pour les plaintifs (« Je n’ai jamais été du genre à acheter d e s l iv re s d e p s ych o. A p l u s d e 40 ans, vous n’ave z toujours pas d’amis ni de relations ? Vous êtes le pauvre papa, et pas le papa riche ? Eh bien, je suis désolée de vous l’annoncer, mais ça ne changera jamais »). La physique des catastrophes est un roman policier, un roman d’apprentissage, un roman politique, un roman féministe. Couper les ponts avec la société de consommation, avec l’éducation de ses parents, avec les mensonges réconfortants, avec les rôles imposés. Refaire le chemin à l’envers. Bleue Van Meer a appris à lire, elle va apprendre à vivre. Comment être libre si ce n’est en pensant et en a gissant par soimême ? Marisha Pessl brasse une multitude de thèmes avec optimisme et légèreté. Les plus beaux passages du livre sont entre la fille et le père. Il lui a tout enseigné mais il ne lui a rien donné. Monnaie de singe. Bleue Van Meer récupère, à la force du poignet, sa propre histoire. Jeu cruel et vital. Car l’élève dépasse alors le maître. Marie-Laure Delorme La physique des catastrophes, de Marisha Pessl, trad. Laetita Devaux, Gallimard, 650 pages, 24,50 €. Daniel Mendelsohn. A la recherche de ses ancêtres Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant qui ne connaît la Shoah qu’à travers des bribes de phrases et pour qui, peu à peu, l’univers paraît se composer de disparus et de survivants ? Il cherche à remonter le temps, à tenter de comprendre pourquoi, à l’âge de 6 ou 7 ans, lorsqu’il entrait dans une pièce, certains adultes de sa famille fondaient en larmes : « Oh, comme il ressemble à Schmiel ! » De ce grand-oncle, l’auteur, né en Ulf Andersen/Gamma Qu’est-il arrivé à l’oncle Schmiel ? Ulf Andersen/Gamma Elle est cultivée, futée, assurée. Des théories en nombre sur la vie. Des solutions ramassées au coin de la rue. Des avis sur toute chose. Bleue Van Meer, fille de son père comme on peut être fille de sa mère, sait y aller. Adolescente de 16 ans, drôle, angoissée, solitaire, courageuse. Elle a tout pour elle. Sauf une petite chose. Il lui reste à apprendre à vivre. A faire l’expérience à pleines mains, dents serrées et genoux à terre, des heurts et des joies de l’existence. Marisha Pessl, romancière américaine de 29 ans, a écrit un premier roman créatif, tonique, explosif. On peut se passer des études, des livres, des voyages, mais on ne peut pas se passer de la vie. La physique des catastrophes raconte la nécessité des catastrophes. Elles déboulent tôt ou tard. Alors, on respire un g rand coup, on fait face avec maestria, on gagne quelques centimètres, on attend la suite de pied fer me. Car c’est une chose de re g arder des wester ns au cinéma dans un fauteuil, c’en est une autre de batailler jour après jour avec les élèves d’un lycée huppé. Bleue Van Meer a perdu sa mère à 5 ans dans un accident de voiture. Elle vit seule avec son père. Un brillant professeur en sciences politiques. Ils sillonnent ensemble les routes américaines (on pense à Lolita de Nabokov), allant de ville en ville. Ils font des concours de culture, discutent à bride abattue, contestent des idées établies. Le père décide un jour de poser ses bagages à Stockton. Nouvelle vie. Bleue Van Meer tente de trouver sa place auprès d’une bande de ly- Marie Darrieussecq. La mort d’un fils et ses conséquences La disparition Le court premier parag raphe, beau c o m m e d u D u r a s, d i t t o u t . « To m e s t mort. J’écris cette phrase. » Suit la longue narration par une mère jamais apaisée des années qui ont suivi la mort de s o n f i l s, To m , 4 a n s e t d e m i . D i x a n s après, installée dans les « blue mountains » et à l’aube d’une nouvelle vie, elle 1960 à Long Island, n’a longtemps su qu’une chose : Schmiel fut tué par les nazis avec sa femme et ses quatre filles. Puis, en 2001, après la mort de son g rand-père et la découver te d’une correspondance cachée, Daniel Mendelsohn, devenu professeur de littérature, entreprend des recherches ef frénées. Celles-ci le mènent durant cinq années dans une douzaine de pays sur quatre continents. Il en tirera un livre d’une qualité et d’une intensité exceptionnelles (il a reçu deux prix prestigieux aux Etats-Unis). Comme le note l’éditeur, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage sur la Shoah. Car l’approche de Mendelsohn est totalement singulière. Elle mêle en effet les témoignages des survivants au récit du périple de Daniel avec son frère Matt, dont les photos soulignent le caractère historique du texte. A cette trame s’ajoute en arrièreplan l’interprétation de leur destinée familiale et de celle des Juifs à la lumière de l’exégèse biblique de Rachi, l’érudit français du XIe siècle. D’une certaine façon, ce document, qu’on peut s’étonner de voir figurer au rayon « romans », remonte aux sources de l’épopée à la Homère. Comme Ulysse, le héros fait un long voyage pour retrouver sa maison. Et Mendelsohn laisse dans sa narration une large place à l’épanchement de ses émotions, celles-là mêmes que sa f amille et son peuple ont si longtemps contenues. Il dévoile en effet ses angoisses, ses découragements, ses accès d’enthousiasme à la découver t e d’anecdotes minuscules. Ou son horreur face aux récits des atrocités commises à Bolechow, la petite ville de Pologne où vivaient les Jäger. Ce lieu est l’axe autour duquel tour ne toute sa quête. Schmiel chercha désespérément à le fuir. Après des appels poignants à sa famille d’Amérique, il y perdit la vie comme la plupar t des siens. Dans ses investigations méticuleu- ses, obsessionnelles, Mendelsohn emprunte à l’enquête policière ainsi qu’à la manière dont son grand-père racontait les histoires : un peu comme on empile les poupées russes, en partant du plus petit détail pour aller au plus grand et construire un ensemble cohérent, la réponse à son interrogation d’enfant : « Qu’est-il arrivé à l’oncle Schmiel ? » Au terme de ce pavé de 650 pages, l’auteur parvient donc à restituer par le détail le déroulé d’une tragédie. Une parmi des millions d’autres, mais qui éclaire l’histoire d’un peuple assassiné et atteste la destruction d’une culture, celle des Shtetl d’Europe de l’Est. Il édifie un véritable mémorial que parachève la traduction ma gistrale de Pierre Guglielmina. Claire Julliard Les disparus, de Daniel Mendelsohn, trad. Pierre Guglielmina, Flammarion, 656 pages, 26 €. Hélène Bamberger/Opale Sélection JDD-France Inter se souvient du drame qui advint à Sydney, où elle venait de s’installer avec son époux. Comment Tom est-il mort ? On ne l’apprendra qu’à la dernière ligne du livre, et peu importe. Ce qui compte, c’est cette douleur jamais éteinte, cette présence toujours vivante, cette dérive presque jusqu’à la folie. Il y a chez Marie Darrieussecq une inspiration qui, pour n’être pas la plus spectaculaire, n’en est pas moins achevée : celle qui consiste à investir un personnage et ses douleurs, à tenter de retranscrire, sans les lourdes connotations qui s’attachent au mot, ses motivations « psychologiques ». De cette veine était déjà né le très beau Naissance des fantômes, qui tentait de mettre au jour les sentiments d’une femme dont le mari avait dispar u. Tom est mort tour ne autour d’une autre disparition, et le fait avec la m ê m e f i n e s s e. L a m è re, l e s f r è re s e t sœurs, l’entourage qui oublie, tout est passé au crible d’une écriture qui se refuse en per manence à l’apitoiement, à l’effet de style, à la boursouflure mélodramatique. C’est sec, dégraissé, profondément émouvant, sans que jamais cette émotion paraisse sollicitée. Tom est mort sert son sujet sans jamais se servir de lui. Une violente polémique est née entre Marie Dar rieussecq et Camille Laurens sur le droit d’écrire sur quelque chose d’aussi tragique sans l’avoir vécu. Disons-le tout net : elle e s t ab s u rd e. O n p r é f è re s a l u e r a u contraire une rare force d’empathie, d’autant qu’elle est portée par une vraie écriture. Hubert Prolongeau Tom est mort, de Marie Darrieussecq, P.O.L., 247 pages, 17 € (en librairie le 30 août). ■ Dans le cadre de son émission Escale estivale consacrée à la sélection JDDFrance Inter, Emmanuel Khérad recevra demain à 18 heures, sur France Inter, la comédienne Hélène Fillières, les écrivains Jean Hatzfeld, Olivier Adam et François Bon, Marie-Laure Delorme et Claire Julliard du Journal du Dimanche. Lire 26 août 2007 /29 Philippe Claudel. Le rapport de Brodeck pour dévier le cours de la haine La guerre, la paix et la mémoire On possède peu d’éléments concrets. Un homme sans nom, sur nommé l’« Anderer », c’est-à-dire l’Autre, arrive dans un village de 400 habitants. On est sans doute en Alsace ; on est sans doute en 1947. Mais il n’y a en fait ni lieu ni date exacts. Parce que ce qui s’est déroulé là peut se dérouler ailleurs ; parce que ce qui s’est déroulé hier peut se dérouler demain. Tout a ici valeur de fable, de parabole, de mythe. Explosion de la réalité. Un drame vient rapidement bousculer le cours des choses au village. L’Anderer est retrouvé mort. Un dénommé Brodeck est chargé, par les autorités locales, de rédiger un rapport. On enverra son document à la capitale et on passera à autre chose. Mais Brodeck ne sait pas et ne veut pas passer à autre chose. Il est un survivant des camps de concentration. Ça change tout : la relation au passé, au devoir, au bonheur. Philippe Claudel, écrivain, ensei- Philippe Claudel, cet été à Paris. mémoire (la culpabilité) et il y a ceux qui n’ont pas assez de mémoire (la lâcheté). L’Anderer tend aux habitants un miroir dans lequel aucun d’entre eux ne veut se reconnaître. Il va être tué pour être tu. On suit Brodeck en train de rédiger son rapport sur la mort de l’Anderer. L’histoire nous parvient à travers sa voix. Il part en arrière puis en avant. On est dans le désordre organisé des sentiments. Il tourne autour du drame. On lui a demandé que ce soit sec et net, sans histoires, mais ça va être bourré d’émotions et de questions, toute une histoire. Brodeck se confronte, au fur et à mesure de la rédaction du rapport, à sa propre existence. La femme aimée, les trahisons, le camp de concentration, les rencontres, le retour au village, les violences, l’arrivée de l’Anderer, la bestialité. Pourquoi lui, si insignifiant, a-t-il dû faire face à des événements si monstrueux ? Brodeck est un homme simple. Il Philippe Matsas/Opale gnant et scénariste né en 1962, a écrit un roman sur la culpabilité. On retrouve, dans Le rapport de Brodeck, tout son univers. La guerre, l’amitié, la mémoire, la honte. Ecriture limpide, personnages déchirés en mille morceaux contradictoires, construction complexe. On a ici autant de raisons de croire que de ne pas croire en l’homme. C’est ce que Philippe Claudel raconte dans toute son œuvre : la barbarie et l’humanité au coude-àcoude. Le personnage de l’Anderer sert de catalyseur. Il arrive chez des hommes et parmi des hommes sans aucune intention affichée. Mais on veut lui faire rendre gorge. Qu’il s’assimile. Qu’il s’amenuise. L’Anderer va révéler à chacun des habitants sa part enfouie. Sa haine de l’étranger, ses bouts de passé honteux, sa peur des différences, sa violence face aux autres. Il y a ceux qui ont trop de Hélène Bamberger pour le JDD Sélection JDD-France Inter Colum McCann. L’écrivain irlandais raconte une poétesse tzigane La ballade de Zoli C’est le privilège du romancier de « faire l’idiot », de s’aventurer là où les autres n’oseraient pas, assure Colum McCann. Comme souvent, l’écrivain irlandais se lance dans un nouveau roman comme à la découverte d’un nouveau monde. A partir d’une enquête dans un village rom d’Europe de l’Est, il se risque ici à dépeindre la vie d’une poétesse tzigane, et à travers elle l’épopée tourmentée des Roms. L’histoire de Zoli Novotna commence à l’arrière d’une roulotte, dans la Tchécoslovaquie des années 1930. Les siens tentent alors d’échapper aux pogroms des fascistes. Dans sa famille, elle est la seule avec son grand-père à y avoir survécu. Cet aïeul lui apprend à lire, mais en cachette car, dans la tradition d’alors, seuls les anciens en ont le droit. Zoli, de son vrai nom Marienka, devient curieuse d’une vie plus vaste. Même si on la marie à l’âge de 14 ans à un vieux violoniste, même si les Tziganes continuent d’être persécutés, la jeune fille ne baisse pas les bras. Ne dit-elle pas que « l’espérance est une vieille habitude des Roms » ? Zoli fait un jour la rencontre décisive de Stransky, le directeur d’une revue. Ce poète communiste qui veut promouvoir les « prolétaires des lettres » note les mots qu’elle improvise. La chanteuse, déjà célèbre chez les nomades, fascine à présent les sédentaires. On fait des kilomètres pour l’écouter. Les mots galopent en elle comme des chevaux fous. Elle devra pourtant payer sa liber té au prix for t. Ste phen Swann, le traducteur anglais qui la suit comme une ombre, puisqu’il ne peut l’avoir toute à lui, finit par la trahir en imprimant ses histoires dans un livre. Et Zoli se voit bannie par les Roms pour avoir capturé leurs paroles. L’histoire de cette femme d’exception s’inspire de celle de Papusza, poétesse tzigane polonaise née en 1910 et mor te en 1987. Ce modèle ainsi que l’ampleur du contexte historique et social du livre ont sans doute quelque peu rogné les ailes de l’auteur. En effet, il ne parvient pas à nous attacher totalement à Zoli, laquelle reste une figure de proue, un symbole plus qu’une héroïne incar née. Toutefois, grâce à une peinture émouvante et sans fioritures de l’univers tzig ane, McCann nous tient jusqu’au bout de cette fresque mouvementée. Claire Julliard Zoli, de Colum McCann, trad. Jean-Luc Pinigre, Belfond, 330 pages, 21 €. aime sa famille, les montagnes et les bois et les rivières, la paix. Il va pourtant se retrouver emporté par le vortex de la Seconde Guerre mondiale. « Je suis encore un homme jeune, et pourtant, quand je songe à ma vie, c’est comme une bouteille dans laquelle on aurait voulu faire entrer plus qu’elle ne peut contenir. Estce le cas pour toute vie humaine, ou suisje né dans une époque qui repousse toute limite et qui bat les existences comme les cartes d’un grand jeu de hasard ? » L’auteur des Ames grises (Stock, p r i x Re n a u dot 2003) fait le portrait d’un homme ordinaire confronté à l’extraordinaire. Qu’estce que nous devo n s à n o u s mêmes et qu’est-ce que nous devons aux autres ? Qu’est-ce que nous devons aux circonstances et qu’est-ce que nous devons au caractère ? Brodeck ne sera pas à la hauteur de l’Histoire mais il sera à la hauteur de son histoire. Le romancier montre comment le temps modifie, enrichit, approfondit les êtres de mémoire. Brodeck a le coura g e de re g arder son passé en face. Il se met à l’abri de la répétition. Il a toujours suivi le cours des choses. Il va, dans un village soudé par la haine, dévier le cours des choses. Il v a s o n g e r à v iv r e m a i s aussi à remplir sa vie. Le rapport de Brodeck est une réflexion sur le poids du choix. Avoir conscience de. Sans aucune conscience de. Prendre conscience de. La culpabilité, même quand elle ne dit pas son n o m , o p è re e n s o u s - m a i n . P h i l i p p e Claudel s’attache, dans une écriture de traité de paix, aux consciences en guerre et aux mémoires en crue. C’est l’histoire du Rapport de Brodeck. Il faut re garder en arrière puis, seulement après, en avant. Marie-Laure Delorme Le rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, Stock, 410 pages, 21, 50 €. Lire 30/ 26 août 2007 Yasmina Reza. En racontant Nicolas Sarkozy, elle questionne le rapport au temps On peut les regarder autant qu’on veut, ça n’a strictement aucun intérêt. Ils serrent des mains avec chaleur, mais ne voient pas les visages. Ils affichent des sourires de publicitaires, mais ne ressentent aucun sentiment. Ils proclament des discours vibrants d’émotion, mais ne connaissent pas le poids des mots. Ils traversent des villages superbes, mais n’ont aucun rapport à la beauté. Le pouvoir, la volonté de pouvoir, a œuvré. Ils sont devenus fonctions, mécaniques, affichages, représentations, robots. Ils étaient complexes ; ils se sont rendus simples. « Ils », ce sont les hommes politiques ou même les hommes de pouvoir ou même les hommes d’action. Certains d’entre eux. Beaucoup d’entre eux. La majorité d’entre eux. Alors, les questions. Mais comment étaient-ils avant d’être momifiés par la réussite ? Mais comment sont-ils en dehors de leur agitation frénétique ? Mais qu’estce qui se passe quand il y a relâche obligatoire ? Yasmina Reza a suivi, durant les mois de la campagne présidentielle 2007, le candidat Nicolas Sarkozy. Elle a été entièrement libre de ses faits et gestes. Elle le restitue dans des scènes à la fois désopilantes et émouvantes. Brillance d’un fragment de vérité et vision acérée d’un écrivain. Alors, ça donne quoi ? Nicolas Sarkozy est humainement intéressant quand il s’échappe en solitaire. Il est lui-même quand il est malgré lui. Il fait parfois la gueule ou le clown et il y a alors dégivrage automatique de la panoplie costard-cravate. Nicolas Sarkozy représente, dans L’aube le soir ou la nuit, le point central d’une constellation de figures masculines. Il est fascinant parce qu’il est l’homme exacerbé et excessif. Et le récit de Yasmina Reza, bien au-delà du portrait du futur président de la République, empoigne par sa dimension humaine. L’aube le soir ou la nuit est une réflexion sur les hommes et le temps. Alain Minc met en garde Yasmina Re za contre son projet : « Vous avez le choix entre être amoureuse ou être ambitieuse. » Mais oui, mais oui. L’auteur d’ Art suit Nicolas Sarkozy en écrivain. Tout simplement. L’aube le soir ou la nuit est son livre le plus personnel. On y retrouve ses thèmes (le temps, les clichés, la solitude, les apparences), son style (une distance sans sécheresse, une ironie sans méchanceté), ses proches (amours, famille, amis). Yasmina Reza ne se montre ni « pour » ni « contre » Nicolas Sarkozy. Elle se situe ail- Le 6 mai dernier, siège de campagne rue d’Enghien. Elu Président, Nicolas Sarkozy s’entretient avec Ségolène Royal. Derrière le paravent, Yasmina Reza remplit l’un de ses carnets de notes. leurs. Dans le mouvement, la rapidité, l’humour, la fulgurance de l’incontrôlé. Elle fait le portrait d’un homme autoritaire, horripilant, drôle, attachant, narcissique. Elle croque des gestes, des phrases, des tics. Elle le fait vivre comme on ne le verra jamais vivre. Il y a mille scènes et anecdotes à raconter. Nicolas Sarkozy comme un extraordinaire personnage de roman ultramoderne. On adore l’entendre dire « J’aime Chimène Badi, A LA FOLIE » ; le voir s’extasier sur une publicité pour montre Rolex ; le regarder attendre le romancier Marc Levy ; l’écouter s’inquiéter de ses chances de gagner car « Mme Royal, est-ce qu’elle m’aide ? Ce n’est pas sûr. Ce n’est pas sûr que le fait d’être nulle soit forcément un handicap en France » ; le surprendre en train d’évoquer avec tendresse Henri Guaino ; l’entendre proclamer que, coincé à Maubeuge, il en deviendrait roi en deux ans ; l’observer avouer : « J’aime les fêlés, ils me rassurent. » Tout ce qui ne se dit pas et tout ce qui ne se fait pas : tout ce qui fait qu’on dit et qu’on est. Qu’est-ce que va penser Nicolas Sarkozy de L’aube le soir ou la nuit ? L’homme va (sans doute) aimer ; le Président va (sûrement) détester. Mais le récit ne se Sélection JDD-France Inter réduit pas à Nicolas Sarkozy. On y croise Henri Guaino, Alain Juppé, Jacques Attali, Valéry Giscard d’Estaing et bien d’autres. On y croise une traductrice et une photographe. Elles apportent un courant d’air de liberté parce qu’elles se contentent d’être elles-mêmes. Cécilia Sarkozy apparaît essentiellement à travers les propos de Nicolas Sarkozy. Peut-être parce qu’elle n’appartient pas au monde des ambitions démesurées et des paroles oubliées. Yasmina Re za inter roge, à travers le futur président de la République, le sens des choses. Car où passent les lar mes que l’on ne verse pas et les minutes que l’on ne vit pas à être toujours dans l’urgence de l’action ? Ça ne se rattrape pas. On pense alors aux propos de Patrick Devedjian : « Regarde, la maladie ne s’approche pas de nous. On ne la laisse pas s’approcher. On pense qu’on peut aller plus vite que la maladie. » On peut, aussi et surtout, aller plus vite que sa vie. La fracture du livre se situe avec la mort, à 35 ans, de la femme de Laurent Solly (alors chef de cabinet de Nicolas Sarkozy). Yasmina Reza raconte l’ir ruption du tragique dans une pièce de Labiche. Il y a trois coups d’arrêt dans la course contre la montre. Les uns et les autres se retrouvent obligés de voir ce qui les freine et les gêne dans leur ascension vers le pouvoir. Et c’est quoi ? Les autres et la mort. L’aube le soir ou la nuit est un récit magnifique sur ce qu’on croit vivre et sur ce qu’on oublie de vivre. C’est éclairant et éclatant. Por trait d’hommes, réflexions mélancoliques, écrivain au travail. Et puis tous ces instants suspendus. Une visite au centre pénitencier de Rennes, une mère peu impressionnée par l’accession de son fils à la présidence de la République, une femme lançant des insultes du haut d’un feu rouge, une conversation téléphonique avec Laurent Solly où le mot « bonheur » est prononcé. On avait oublié, en cours de route, ce mot-là. Nicolas Sarkozy a un rapport complexe au temps. Il semble fuir la mort avec plus d’inconscience EXTRAITS Dans le bureau de la Place Beauvau où nous nous voyons pour la première fois, il écoute gentiment puis, très vite, je perçois, de façon infime, mais c’est une chose qui m’est familière, l’impatience. A la fin de la g arden-par ty du 14-Juillet, il étreint Christian Clavier. Ils s’étreignent à la manière des acteurs. Fous de joie de s’aimer, de se désigner toi mon copain à la face du monde. « Je cherche le silence et la nuit pour pleurer », les mots de Chimène dans Le Cid. Les hommes que je contemple veulent le contraire. Surtout pas la nuit, sur tout pas le silence. Encore moins de pleurs. Rien qui puisse ressembler au temps. Dans l’avion qui nous emmène en Lozère, il nous donne les chiffres de vente de son livre. Un chif fre minutieux, presque inquiétant dans son détail. Je le lui f ais remarquer, il en convient en riant. Il dit, un jour j’écrirai un livre où je parlerai comme jamais je n’aurais pu le faire quand j’avais de l’ambition. Plusieurs fois je l’ai entendu dire quand j’en aurai fini avec l’ambition. rifiant de mauvaise foi, mais enfin, il faut y aller ! Il feuillette les journaux qui traînent : tous le prédisent victorieux. « Je vais me retrouver avec un palais à Paris, un château à Rambouillet, un fort à Brégançon. C’est la vie. » « Quand j’étais jeune, je pensais tout est possible. Tout m’était contraire mais je pensais tout est possible. » Au mot près ce que je pourrais dire. Je note la prudence avec laquelle ses collaborateurs répondent et le traitent. Prudence, crainte. Mais surtout, quelque chose de dangereux pour lui, l’absence de résistance. « Je ne peux aimer un paysage que si j’y suis avec quelqu’un que j’aime. » Formule vaine. Comme toutes celles où il brandit l’étendard de l’amour. Il a ainsi, à sa disposition, une série de professions de foi bien calées, imitations de la pensée, auxquelles il finit peut-être par croire. […] il a le droit d’exposer sa vie ordinaire sans être interrompu, sans que personne ne manifeste d’ennui, ça ne lui vient plus à l’idée que son ordinaire est aussi ordinaire que celui d’un homme courant. et plus de clairvoyance que beaucoup d’autres. Faire ou être. Nicolas Sarkozy aime faire. Il dit : « J’adore faire quelque chose. » Le travail comme une drogue. Il fait donc un peu, beaucoup, énormément. Ils font d’ailleurs tous énormément avec plus ou moins de succès. C’est une certitude : ils choisissent le mémorable et non la mémoire. « D’où vient cette déchirante propension à se sentir, au moindre ralentissement, écarté de la vie ? » Yasmina Reza ne porte aucun jugement sur le mode de fonctionnement des hommes politiques. Elle introduit juste, sous leurs pas pressés, le tapis d’un temps différent. Ne plus faire des choses et des choses mais être à soi et aux autres. C’est bien, aussi. Marie-Laure Delorme. L’aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, Flammarion/Albin Michel, 200 pages, 18 €. Nicolas Sarkozy et Yasmina Reza, le 12 février dernier à Berlin. Elodie Grégoire/Gamma ‘ Elodie Grégoire/Gamma L’homme pressé Dimanche 6 mai. Je dis à sa mère, Andrée, […] votre fils vient d’être élu président de la République, […] vous êtes calme, peu bavarde. Oh, vous savez, dit-elle, le jour le plus émouvant est le jour où il a été élu à Neuilly, car il avait 27 ans. « Moi, je regrette, un type qui vend à des millions d’exemplaires ça m’intéresse. Si je lis pas Marc Levy, si je regarde pas le Tour de France, je fais un autre métier. […] » Il f ait la course en tête. […] Lui continue à dire, je me considère comme un challenger. […] Il le dit sincèrement. Etre le favori, quel désenchantement pour un amoureux de l’adversité. Sarkozy : Je connais Juppé depuis trente-deux ans… Juppé : Trente et un. Sarkozy : Il veut toujours avoir raison. Ça m’est égal. Juppé : C’est moi qui ai raison. Sarkozy : Tu vois. Nicolas (répétant une phrase de son discours de Bercy) : « Entre Jules Ferry et 68, ils ont choisi 68… » Bon, c’est limite mauvaise foi… Y. : Je suis contente de te l’entendre dire… Nicolas : [Il rit.] Oui, c’est même ter- Une autre vie commence, écrit dans Le Monde Philippe Ridet. Une vie qui se déroule désormais sans Laurent, sans Jean-Michel, sans Frédéric. Et sans Elodie. Quand le prince devient roi, me dit José Frèches, ceux qui ont vu le prince pleurer sont envoyés dans les mines de sel. Depuis la nuit des temps. Ai-je vu le prince pleurer ? Météo/Jeux 26 août 2007 Enfin l’été Ce n’est pas de la science-fiction : toute la France peut enfin bénéficier du soleil et de températures estivales. Nuages sur les Pyrénées avec quelques gouttes possibles. Très belle journée sur toutes les plages. Nuages ce soir sur la mer du Nord. Chaleur pour tous : 28° à Nantes, 31° à Grenoble et 33° à Biarritz. Demain : la semaine commence sous le soleil. Nuages l’après-midi sur le Nord-Est et les Alpes. Soleil voilé en Aquitaine. Forte chaleur à Montpellier, Toulouse, Marseille et Nîmes : entre 33 et 35°. Mardi : matinée grise, mais après-midi bien ensoleillé. Temps lourd et orageux dans le Sud. Températures de 20 à 36°. Mercredi et jeudi : lourd et orageux sur la moitié sud, sauf dans le Midi. Ensoleillé au nord. Températures de 18 à 30°. Vendredi et samedi : moins d’orages au sud. Souvent ensoleillé sur l’ensemble des régions. Thierry Fréret L’HOMMAGE À MAX 1 Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 43. On la perd en sautant à moins qu’elle ne vous perde en sautant. – 45. Décor pour une séquence fameuse de La Règle du jeu. – 47. Moins ensoleillée qu’une précédente dans une prestigieuse série. – 49. Le gendarme du poète. – 50. Obéit aux ordres qui viennent d’en haut. – 51. Mise en pièces. – 54. Préposition. – 56. Encore faut-il qu’elle n’excède pas les limites permises. – 57. Mise au bloc. – 58. Pronom. – 59. Si on lui accorde un entretien, il ne crie pas. – 61. On le mit au courant. – 62. Brandis dans des tableaux de Roybet. – 64. Sujet d’interrogation. – 66. Fleuve. – 68. Un héros chez Feydeau. – 69. Vous le connaissez sur le bout du doigt. – 70. S’enflamme facilement. – 71. Exploité par certain Breton. VERTICALEMENT. – 1. S’abonnerait plus volontiers à l’Almanach Vermot qu’à la Revue des deux Mondes. – 2. Peut comporter quelques obligations. – 3. Dans un forfait pour un voyage de noces. – 4. Garnit la fourche. – 5. Pronom. – 6. A tendance à fuir. – 7. Pour un potache, il est en poche. – 8. Ne risque pas 23 Grille n° 920 (août 1979) HORIZONTALEMENT. – 1. Il n’ya pas grand-chose à trouver dans ses fouilles. – 10. Ce n’est pas le petit Jésus en culotte de velours reprisée par la Sainte Vierge. – 14. Elevée pour l’élevage. – 15. Pour lui, quelque chose de sombre flotte sur la marmite. – 17. Ne cesse de tomber dans le lac. – 18. Si vous ne l’avez pas, vous aurez des difficultés – 19. Mis en garde pour obtenir un garage. – 21. Reste rarement sans réponse. – 23. Quand on le joue, il y a toujours la claque. – 24. Bien souvent règle tout sans rien voir. – 26. Il vaut mieux remarquer comment elle est chapeautée. – 28. Ses messages étaient plutôt fumeux. – 29. Perdit Cromwell. – 31. Domptait les lions. – 33. Note. – 34. Compris dans le Piémont – 35. Engendre une réduction des recettes. – 37. Conjonction. – 38. Une livrée pour le garde-chasse. – 39. Extrait de presse. – 40. Permet de faire face à un éventuel développement. – 42. Sa compétence ne devrait pas être contestée. – S C R I B O U I L L A R D P O U L A I N A I N E O O N E C T A T R E E E E V R I L A I S I V E S A L P O L I I N I E S T T R E S A I A R M A T D E A S E N SUDOKU T A B L E E C O L I E E R R R E E P A L I O S I S S E U R N I R O B A T N I T E E V A L O U P C U S S O O N S L L E E I S U I T I S O I N S E Q N E R U E U E E E S T E N T D I O G E N E S E M I S T A E S R U I D E I N T A E LES GAGNANTS DE LA GRILLE N° 919 ■ /31 Recevront un exemplaire du Petit Larousse 2007 : Gérard Conac (Paris), Marie Gandois (Paris), Pierre Reinhardt (Paris), Annie Berdah (Sucy-en-Brie), Valentin de Macedo (Survilliers), Agnès Sciberas (Le-Kremlin-Bicêtre), Jacqueline Bouchu (Damgan), oris Jullien (Lille), Gilles Sevat (Miélan), Jacques Tanghe (Neuvy-Sautour). d’être dans le mouvement. – 9. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé ? – 11. Fréquente chez les comiques. – 12. Pèlerait un œuf. – 13. Réservé à Georges Ohnet de la part d’un Jules. – 16. Théâtre populaire. – 20. Une part d’action pour l’acheteur. – 22. C’est pas facile pour Julot. – 24. Se raréfie pour les parents. – 25. Etalon pour obèse. – 27. A parfois une situation marginale. – 30. Recherché pour la recherche. – 32. Carrée. – 33. Direction. – 36. Chacune pour soi. – 38. Une fois engagé, il ne peut plus faire marche arrière. – 41. Ne peut plus être retapé. – 44. Ne peut satisfaire que celui que se contente de peu. – 46. A quel moment devient-elle grosse ? – 48. On le trouve au milieu de son champ. – 49. Points. – 52. Une sorte de planeur. – 53. Echoue s’il ne sait pas se faire écouter. – 55. Axe. – 59. Ce n’est justement pas à son propos qu’on peut s’inquiéter en demandant à son adversaire : Quelle mouche vous pique ? » – 60. Vient de Russie. – 63. Un aller sans retour. – 65. Sa fin est prochaine. – 67. N’est laid qu’à moitié. BRIDGE Jean-Paul Meyer [email protected] Les bonnes enchères font les bons contrats ♠ R1053 ♥ 98 ♦ V1052 ♣ AD4 N O E S ♠ ADV4 ♥ D3 ♦ A63 ♣ RV53 Vous remarquerez que de bonnes enchères aboutissent le plus souvent à un contrat satisfaisant dont les chances de réussite sont très convenables, preuve de la cohérence des systèmes les plus classiques. Ici, Sud jouera à toutes les tables quatre piques après des annonces d'une grande uniformité. En fait, le contrat est très hasardeux, parce qu'il manque le neuf de carreau dans la ligne, cette carte d'apparence secondaire améliorerait sensiblement les espoirs de réussite. Une première question vous est soumise : comment jouez-vous sur entame à cœur ? L'adversaire prend les deux premières levées et rejoue atout – ceux-ci se révéleront partagés 3-2- ? Puis, nous vous proposons un second test : les mêmes cartes en Nord – Sud mais, bonne nouvelle, Ouest entame du roi de carreau, Est four nit le huit, avant que n'apparaisse un sérieux ennui: les atouts sont, cette fois, partagés 4-1 avec la longueur en Est. Solutions en page 14 2 3 4 5 6 7 19 20 16 27 29 32 41 48 T 49 50 54 58 61 NOM PROPRE QU’ON ASSOCIE À ARIANE BEAU COMME UN CAMION DE POMPIERS FORME D’AUXILIAIRE E 67 60 64 71 U E PRIS À L’ESSAI MAIN AUX FESSES U DÉMENT E E SEMENCE SANS SON SON ALEXANDRIN DE DEUX SYLLABES SODIUM QU’ON FAIT EN VOITURE EN MARCHE ARRIÈRE ZONE DE CONFLITS CANTON DE ZURICH ON Y AMÈNE DE L’EAU E PAPE U A FIT DANS CAS L’ALPHONSE D’ÉCOLE PLUS FORTE AUTEUR QUE LA D’ANNALES GRIPPE T GUIDE DE PEINTURE EN ITALIEN FONCENT TÊTE BAISSÉE CHEF EN ITALIE R FAIT PARTIE DES LIGNES ENCERCLÉES DOUBLE ROUE DEMIROUE AVANCENT TOUR À TOUR MÊME DANS LE LAROUSSE EST VICTIME DE L’EXCLUSION T MENTION D’ACTE A C’EST D’LA BALLE AE A E RÉPUTÉ POUR SA CERVELLE ONZE A A AE A A UNE BRUNE SOULANTE E A QUE MÊME UN DÉGONFLÉ A POURTANT EN LUI ALÉMANIQUE CONTRACN’ARROSANT TION PAS LA EN TOUTE ZONE LIBERTÉ LÉMANIQUE E A E SE PREND PARFOIS UNE BONNE BAFFE SIGLE DE FRANCE OU TITRE D’ESPAGNE A NOTE SULFATEUSE E D’UNE COURTE LONGUEUR E E E SE CHANGE TOUS LES JOURS PARLER A E E DIRECTION A E DANS L’OMBRE SOUS PEINE D’Y ÊTRE MIS EN CARGO EN LIVRE OU EN AUTRE MONNAIE COURS EN MASSIF SAINTE DE LA FIN DU MOIS PART EN PART A UN PEU D’AFFOLEMENT A E A ÉGYPTE ANCIENNE JOUA SUR LA GAMME E E A E AE VERBE À LA 2e PERSONNE PÂLE ET FAIBLE PROSE DE M. JOURDAIN U POUR LE BAVAROIS, Y ALLER, C’EST DU GÂTEAU E E A AE A Y A E A SAILLIE GUÈRE DE QUATORZE VICTIME DE QUATORZE QUELLE ET QUELQUES AUTRES N’EST QUE MÉPRIS BIEN MOUCHÉ E ESTIME SANS ÊTRE DANS SON DROIT LA MOINDRE Les mots croisés de Max Favalelli font l’objet d’un concours permanent entre tous nos lecteurs. Parmi les auteurs de solutions exactes, dix tirés au sort le jeudi recevront un exemplaire du Petit Larousse 2007. Les solutions doivent parvenir par la poste avant jeudi prochain au JDD (mots croisés), 151, rue AnatoleFrance, 92534 LevalloisPerret Cedex. Albert Varennes [email protected] GRANDISSIMES FAVORIS A 65 68 70 FOOTEUX A VRAIMENT PEUR POUR SE RETOURNER COMME ÇA 56 63 A A A R 55 59 62 R QUARTIER DE PANAME 46 53 57 MEIR PATRIE 42 45 52 69 34 38 44 66 30 33 40 47 13 22 37 43 12 17 28 36 39 11 25 MOTS FLÉCHÉS ENCHÈRE ET EN HAUSSE 10 21 24 31 51 9 15 26 35 8 TERRE DE SANTERRE A EST EN TÊTE... SAUF S’IL SE FAIT DOUBLER AE AE E Médias 32/ 26 août 2007 Jean-Marc Morandini. Le M. Télé d’Europe 1 s’attaque à « l’info pure et dure » Keira Knightley, le nouveau trésor de Chanel L’héroïne de Pirates des Caraïbes est la nouvelle icône de Coco Mademoiselle, l’un des dix parfums les plus vendus au monde. Six ans après la séduisante Kate Moss, Jacques Helleu, le directeur artistique de la marque, a décidé de se tourner vers un duo de cinéma. Pour Chanel N° 5, il s’était offert Nicole Kidman et Baz Luhrmann (actrice et réalisateur de Moulin Rouge). C’est cette fois celui d’Orgueil et préjugés qui est à l’honneur : la comédienne Keira Knightley et le metteur en scène Joe Wright. « Dans ce film, Keira avait zéro maquillage et un simple petit chignon. C’était une Cendrillon en devenir », se souvient Jacques Helleu. Le profil idéal pour incarner Coco Mademoiselle, « une femme indépendante, sexy, affranchie, moderne et jeune à la fois ». Etait-il dès lors nécessaire de « renforcer » la poitrine de la belle pour le spot, comme celle-ci l’a reconnu récemment ? Dix jours de tournage en novembre dernier, entre le studio de Bry-sur-Marne, le Palais de Tokyo (250 figurants) et la Rue de Castiglione, ont été nécessaires à la réalisation du film, un petit bijou diffusé à partir du 16 septembre. Chanel reste très discret sur le coût de cette campagne (entre 7 et 11 millions d’euros). Auquel il faudra d’ailleurs ajouter entre 99.000 et 78.000 € brut pour une diffusion entre 20 h 30 et 20 h 50 ce soir-là sur TF1, contre 38.400 € sur France 2 et 30.000 € sur M6. Et comme il n’est pas question de choquer les clients du Proche- et du Moyen-Orient, Chanel a demandé à la photographe Dominique Issermann d’imaginer des photos moins dénudées de la belle pirate pour la campagne presse et affichage. Alexandre Dinin Canal +. Nouveau concept pour le rendez-vous hebdomadaire consacré au 7e art Elle revendique la pertinence de ses questions plus que leur impertinence : « J’aime être incisive, mais je ne supporte pas les journalistes qui cherchent à se faire un nom sur le dos des films. » Daphné Roulier, Mme Cinéma de Canal + depuis deux ans, après avoir occupé pendant quatre années le fauteuil de + Clair, prend, à partir du 8 septembre, les commandes d’Extérieur jour*, le nouveau rendez-vous cinéma de la chaîne cryptée. Exit le studio de L’hebdo cinéma, c’est désormais en plein air que la journaliste officiera chaque samedi. A sa grande satisfaction: « Il était temps que je me dégourdisse les jambes, ça fait douze ans que je ne suis pas retournée sur le terrain. » Ce nouveau format « en situation » lui permettra surtout « d’aller à la rencontre du monde du cinéma et non plus de le convoquer en plateau ». Itinérante par nature, l’émission sera présente dans les festivals ou sur les tournages, assistera aux séances de doublages ou aux « shootings », de manière à « montrer toutes les étapes de fabrication d’un film ». Côté coulisses, Extérieur jour sera totalement produite par Capa, Daphné Roulier. qui se partageait jusque-là avec PAF (la société de Marc-Olivier Fogiel) le gâteau de l’émission cinéma de Canal +. « Ce n’est pas ma décision, mais ça simplifie les choses, et Capa a un savoir-faire incontestable pour les tournages en extérieurs », souligne Daphné Roulier. Diffusée en lieu et place de Tentations.07, l’émission « fashion » d’Ariel Wizman, Extérieur jour reprend la majorité des rubriques de L’hebdo (le journal du cinéma, le journal de Hollywood, la météo des films, la pire promo, le box-office…) et les emmène prendre l’air. Ce rendez-vous sera l’un des DR Le cinéma en plein air de Daphné Roulier rares du PAF consacré à 100 % au cinéma. Une spécificité que sa présentatrice est la première à déplorer : « De plus en plus, le traitement des films est dilué dans des programmes qui n’ont rien à voir avec le cinéma. Du coup, on sort peu du discours promotionnel. » Pour son premier clap, Extérieur jour sera au Festival de Deauville. Au menu : Jean Dujardin, Michael Douglas, Brad Pitt et peut-être Ben Af fleck. Pas de quoi af foler Daphné Roulier, qui regrette surtout de ne pas pouvoir interviewer George Clooney! J. B.-P. * Extérieur jour, tous les samedis à 11 h 55, Canal +. Vous prenez demain les commandes du Grand direct d’Europe 1 (11-14 h). A quoi cette tranche va-t-elle ressembler ? De 11 h à midi, j’animerai Le grand direct de la télévision, une heure proche de ce que je faisais dans Le journal de la télévision. Nous enchaînerons ensuite avec Le grand direct de l’actu jusqu’à 14 h. Il y aura un journal de vingt minutes à midi, un autre à 12 h 30 et un dernier à 13 h, durant lesquels j’interviendrai simplement en tant que relanceur. Après chaque journal, pendant une dizaine de minutes je discuterai avec les auditeurs de l’actualité, développée par Luc Evrard. Dans Les indiscrétions de la rédaction, les journalistes d’Europe 1 viendront ensuite partager à l’antenne les petites infos indiscrètes qu’ils ont glanées à droite ou à gauche, avant qu’un invité dans l’actualité du jour réponde à nos questions et à celles des auditeurs. Nous serons dans l’interactivité totale, ce qui constitue un vrai changement par rapport à la grille de l’an passé. En gros, vous élargissez la formule qui a fait le succès de votre Journal de la télé… Exactement. L’objectif est d’offrir une tranche rythmée, pleine de rubriques et de rendez-vous. Tout a été revu, y compris l’habillage. Après le journal de 13 h, des polémistes comme Elisabeth Lévy, Philippe Tesson ou Simon Marty débattront au cours d’un face-àface quotidien à la fin duquel les auditeurs reprendront la parole pendant un bon quart d’heure. Vous en aviez assez de ne parler que de télévision, un sujet « pas sérieux », comme vous le dites souvent ? Ça fait deux ans que je rappelle à la direction d’Europe 1 que je suis journaliste de formation : sur la Cinq, je faisais des reportages, du terrain, je présentais des flashs. C’est vraiment ce métier que j’ai au fond de moi. La télé est une super-matière, mais j’avais envie d’aller plus loin en m’attaquant à l’infor mation pure et dure, en parlant avec les auditeurs et en animant des débats. D’une certaine façon, je l’ai déjà beaucoup fait cette année dans Le journal de la télé, où on a souvent parlé de politique et de sujets de société. J’avais amorcé le virage que je prends cette année, à l’initiative de Jean-Pierre Elkabbach. Jean-Marc Morandini dans les studios d’Europe 1. DR Emanuele Scorcelletti/Gamma « Nous devons créer un ton à part » Pour vous, c’est l’occasion de gagner en respectabilité… Ce n’est pas mon moteur. Je souhaite surtout faire une tranche efficace, qui fonctionne et réponde aux attentes des auditeurs. Sur RTL, reprendre une tranche est une chose plus aisée que sur Europe 1 actuellement, où le mot d’ordre est à la reconquête et à l’innovation. Il va falloir se battre et aller chercher les auditeurs, c’est le défi que n o u s a l l o n s r e l eve r ave c l a rédaction. Vous avez la pression ? Je sais qu’on m’attend au tournant. Il s’agit d’une vraie remise en question, personnelle et professionnelle. J’ai envie de m’intéresser au quotidien des gens, aux sujets qui les touchent, et de prendre de la distance avec la superficialité de la télévision pour élargir mes interviews. Quel objectif d’audience vous a-t-on fixé? Aucun. Mais j’aimerais qu’on dépasse très vite les 2 millions d’auditeurs. Le journal de la télé en réunissait 1,3 million, ça n’a donc rien d’irréaliste. Nous devons créer un ton à part, avec une tranche plus rythmée qu’un rendez-vous comme Les auditeurs ont la parole, sur RTL, qui est une libre antenne d’une heure et demie en continu. Nous serons aussi différents de ce que fait Bourdin sur RMC, car sur Europe 1 ce sont les journalistes qui apportent des infos avant que les auditeurs réagissent. Le grand direct n’a pas l’ambition d’être un défouloir. Interview Jonathan Bouchet-Petersen Pradel, Bonnaud, Duquesne et Durand ■ Rien n’est encore signé, mais il se murmure de plus en plus fort dans les couloirs d’Europe 1 que Jacques Pradel va prendre en main la tranche 7-11 h de la station, totalement réaménagée à la rentrée. Benoît Duquesne, actuellement aux manettes de Complément d’enquête sur France 2, ferait quant à lui son arrivée Rue François-Ier au poste de directeur de la rédaction, sans pour autant abandonner la présentation de son émission de télévision. Même schéma pour Guillaume Durand, qui fait son retour à Europe 1 aux commandes de la session d’info 18-20 h. Viré de France Inter cet été, c’est aussi sur Europe que le virevoltant Frédéric Bonnaud a retrouvé un micro, Jean-Pierre Elkabbach lui ayant confié une chronique culturelle. En attendant mieux ? KIOSQUE ON VOUS L’AURA DIT ■ Bien sûr en pleine forme. La diffusion du premier magazine gratuit de prévention, disponible dans toutes les (bonnes) salles d’attente des médecins généralistes, va être portée de 100.000 à 300.000 exemplaires dès le mois de septembre. Bien sûr, qui s’adresse autant aux médecins qu’à leurs patients, est dirigé par Jacques Draussin, médaillé de l’Académie nationale de médecine. Au sommaire du numéro de septembre, un entretien avec le président de l’Unicef en France, un dossier sur la vaccination ou encore un sujet sur les cantines d’aujourd’hui. ■ Cœur océan 2 a la cote. La fiction estivale pour adolescents de France 2 continue son parcours sans faute. La deuxième saison réunit jusqu’à 800.000 téléspectateurs le matin dans KD2A, avec 20 % de part de marché. Un carton chez les jeunes, mais pas seulement. Même succès pour Foudre, autre saga d’ados diffusée cet été par la Deux. La première saison, qui s’est achevée cette semaine, a rassemblé plus de 685.000 téléspectateurs en moyenne, soit 18,6 % de part d’audience (37,5 % chez les 15-24 ans, 21 % chez les ménagères de moins de 50 ans). ■ Début de la Prophétie. France 2 diffuse mardi à 20 h 50 les deux premiers épisodes de sa très ésotérique saga de rentrée, La prophétie d’Avignon. Louise Monot, Guillaume Cramoisan, Marthe Keller ou Bruno Madinier tiendront les premiers rôles de cette fiction dont l’héroïne est capable de prévoir le destin du monde. Pour les huit épisodes de 52 minutes, la production a disposé de 8 millions d’euros de budget. Télévision Rentrée. Arrivée de Roland Magdane et retour de Popstars M6 s’attaque aux débuts de soirée 9.55 Auto Moto. 10.55 Téléfoot. 12.05 Attention à la marche ! 12.50 Cocktail de filles. 13.00 Journal. 13.20 F1. Grand Prix de Turquie. 16.15 Der nier recours. 17.05 New York Unité spéciale. 17.55 Secret story. 18.50 Sept à huit. 20.00 Journal. Roland Magdane sur le plateau d’Etes-vous plus fort qu’un élève de 10 ans ? Eric Robert Elle n’est plus la petite chaîne qui monte, mais M6 continue de voir son audience augmenter. La troisième chaîne française – et, de plus en plus souvent, la deuxième le soir – est même la seule « historique » dont l’audience ait progressé la saison dernière. Ses « prime » ont ainsi gagné 100.000 téléspectateurs en un an et les secondes parties de soirée 200.000. A 20 ans, M6 semble avoir franchi un palier. Ses tarifs publicitaires se rapprochent d’ailleurs de ceux de TF1 : au premier semestre, ils ont augmenté de 3,8 % en moyenne, ce qui réduit l’écart avec ceux de la première chaîne à seulement 7 %. Un signe de maturité qui ne trompe pas. La saison passée, M6 avait choisi de mettre le paquet sur ses « prime », atteignant des records historiques avec l’excellente série Prison break (5,8 millions de téléspectateurs en moyenne), dont la deuxième saison sera à l’antenne le 13 septembre. Autre gros carton de l’année reconduit sans surprise, le speed dating du terroir, L’amour est dans le pré, a régulièrement rassemblé plus de 4 millions de personnes, pour une part d’audience avoisinant les 20 % (et flirtant avec les 30 % chez la précieuse ménagère de moins de 50 ans). Au rayon des succès, le poids lourd Nouvelle star a également été au rendez-vous avec 4,5 millions de téléspectateurs en moyenne, à peine moins bien que lors de l’édition précédente (4,6 millions). Largement de quoi avoir droit à une sixième saison, avec un jury remanié. Marianne James et Dove Attia ne seront pas de l’aventure (on parle de Lio, Liane Foly, Philippe Manœuvre ou Sinclair pour les remplacer). André Manoukian et Manu Katché devraient, eux, remettre le couvert. Le pari du « prime time » gagné, et fort du succès de créations maison comme D & Co (environ 20 % de PDA le dimanche à 18 h 50) mais aussi de l’ensemble de ses magazines d’information, la chaîne dirigée par Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin a fait de ses débuts de soirée sa priorité absolue. Un préalable nécessaire au lancement d’un journal à 20 heures ? Cet attribut traditionnel des grandes généralistes fait l’objet de moult réflexions, mais il ne devrait pas voir le jour à court terme. Un zapping international d’images extravagantes En « access », face à Plus belle la vie, qui garantit chaque soir à France 3 des audiences toujours plus belles (+ 600.000 téléspectateurs en un an), et à l’heure des JT de TF1 et France 2, M6 a décidé de parier sur un jeu pour dynamiser cette case stratégique qui constitue une de ses faiblesses. Chaque jour à partir du 3 septembre, la chaîne va diffuser Etes-vous plus fort qu’un élève de 10 ans ?, une adaptation d’un programme américain (Are you smarter than a fifth grader ?) avec le revenant Roland Magdane aux manettes. A vocation résolument familiale, le principe de ce programme produit par une filiale d’Endemol (à qui on doit A prendre ou à laisser ou la nouvelle Roue de la fortune sur TF1) : un candidat, aidé par des enfants, doit répon- 8.30 Les chemins de la foi. 12.05 France 2 Foot. 13.00 Journal. 13.25 France 2 Foot. 14.00 Les grands moments d’humour. 16.00 Le miroir de l’eau. 17.50 Stade 2. 18.55 La part du lion. 19.50 Le meilleur de Florence Foresti. 20.00 Journal. 20.55 20.50 Tenue correcte exigée *** Le retour de la momie ** dre à des questions tirées de manuels scolaires couvrant les programmes du CP au CM2. Un quiz moins simple qu’il y paraît, avec un jackpot à 100.000 €. Plus tôt dans la jour née, Laurent Boyer présentera chaque jour (à 17 h 10) 100 journées qui ont bouleversé la vie des stars, en droite ligne du Jour J dont il avait la charge l’an passé. Même changement dans la continuité pour la matinale de la chaîne, dont Pierre Mathieu garde les rênes pour un zapping international d’images extravagantes. De quoi avaler son café de travers. A propos de la tranche 19-20 h, M6 fait preuve en revanche de la plus extrême discrétion. Question d’enjeu. La chaîne devrait en dire plus à ce sujet demain, lors d’un déjeuner avec quelques journalistes. On sait déjà que, pour sa première diffusion, Popstars nouvelle version n’occupera pas cette case, M6 ayant été, l’an passé, échaudée par les mauvais scores (pas même 10 % de part d’audience) de la quotidienne Nouvelle star. Le jury de ce rendezvous, ressorti des cartons de M6 après qua- 12.00 Le 12/13. 12.50 Athlétisme. Championnats du monde. 15.40 Cyclisme sur piste. Championnats de France. 16.10 Elie Kakou, la famille avant tout. 18.00 Questions pour un super champion. 18.50 Le 19/20. 20.05 Tout le sport. 20.20 Hanouna Plage. 20.50 Maigret tre années d’absence, sera composé d’Ophélie Winter, qui a retrouvé la foi, de la chorégraphe Mia Frye, de Sébastien Farran, manager historique de NTM, et du producteur Benjamin Chulvanij. Premier « prime » le 14 septembre. Marc-Olivier Fogiel aura, lui, déjà fait son retour sur M6 le mardi en deuxième partie de soirée, pour une deuxième saison de son « talk » en direct T’empêches tout le monde de dormir. François Hollande et Michel Sardou sont notamment invités à ouvrir le bal le 4 septembre: ambiance assurée. L’an passé, un million de fidèles étaient au rendez-vous, ils devront apprendre cette année à oublier la discrète Anne-Elisabeth Lemoine qui, cet été, a quitté la société de Fogiel pour rejoindre Canal+ et l’équipe de L’édition spéciale de Samuel Etienne (tous les jours à 12 h 40). Elle est remplacée à la lecture des SMS par le comique Fabrice Eboué, tandis que Pierre Menès, pilier de 100 % foot, viendra tenir une chronique de temps à autre. La lunaire Armelle sera aussi de l’aventure. Parmi les autres arrivées possibles sur l’antenne, le nom de Laurence Boccolini a beaucoup circulé depuis son départ de TF1 cet été, apparemment sans fondement. Celui d’Alexia Laroche-Joubert, actuelle patronne d’Endemol France, a également été évoqué mais, pour l’heure, rien n’est signé et la productrice travaille pour TF1 sur la prochaine saison de « sa » Star Academy. Rien d’impossible pourtant, car aujourd’hui M6 a (presque) tout d’une grande. Même le football: pour 50 millions d’euros chacun, elle a partagé avec TF1 les droits de l’Euro 2008. Un joli coup. Pour la prochaine Coupe du monde de rugby, la stratégie adoptée par la chaîne est, en revanche, inverse. Faute de droits, M6 renoue avec sa tradition de contre-programmation. Le 7 septembre, les sexy Desperate housewives auront fort à faire face au match d’ouverture France-Argentine. Une opposition de styles. Jonathan Bouchet-Petersen 12.50 L’Effet papillon. Best of. 13.50 L’intégrale du Zapping. 14.20 Brother & Brother. 14.25 La Grande course. 14.55 South Park. 15.45 Rugby. Pays de Galles/France. 17.40 Galápagos. 18.30 Le secret des templiers. 19.55 Ça cartoon. 21.00 Lyon/Saint-Etienne /33 L’héroïne d’Ally McBeal revient dans Brothers & Sisters Calista Flockhart. Mario Perez 26 août 2007 On l’avait quittée avocate, on la retrouve jour naliste politique. Héroïne d’Ally McBeal, Calista Flockhart fait son retour sur le petit écran mardi, au générique de Brothers & Sisters. Deux fois nominée aux derniers Emmy Awards, cette production d’ABC Studios réalisée par Jon Robin Baitz s’écarte de la comédie judiciaire, qui a fait le succès de l’actrice, pour flirter avec un genre plus dramatique, dans la veine de l’excellent Six feet under (le côté morbide en moins). Calista Flockhart incarne Kitty Walker, aînée d’une famille de cinq enfants, qui entretient des rapports tendus avec une mère autoritaire, sur fond de valeurs morales rigides et de multiples secrets de famille. L’histoire se déroule dans l’Amérique post 11-Septembre, embourbée dans le conflit irakien. Tous les clichés ne sont pas évités, mais l’ensemble est plutôt plaisant. Lancée outre-Atlantique à la rentrée 2006, Brothers & Sisters a tout de suite trouvé son public (12 millions de téléspectateurs par épisode) et convaincu la critique. Un seul regret, B & S n’a pas séduit les grandes chaînes françaises (France 3 a abandonné l’idée) et devra pour l’instant se contenter d’une diffusion sur Foxlife. Nicolas Duchemin Brothers & Sisters, mardi, 20h45, Foxlife. WWW. Retrouvez sur lejdd.fr l’interview d’Aïda Touihri, présentatrice de 66 Minutes (aujourd’hui à 17 h 45, sur M6) et récente recrue de France Info. 14.25 Fourchette et sac à dos. 15.30 L’aventurière. 16.35 Le destin de Lady Di. 17.30 Graffiti 90 : France 1, Chirac 0 (1996-1997). 19.00 La truite, de Schubert. 19.45 Arte info. 20.00 Karambolage. 20.15 Gerhard Richter et le vitrail de Cologne. 20.45 La fièvre du samedi soir *** 12.20 Sue Thomas, l’œil du FBI. 13.15 Mysterious ways. 15.05 Caméra café. 15.25 William et Harry: les princes du peuple. 16.40 Diana : les der niers jours. 17.45 66 Minutes fait le tour de l’actualité. 18.55 D & CO. 19.50 Six’/Météo. 20.10 E = M6. 20.40 Sport 20.50 Zone interdite Brendan Fraser Jean Yanne et Daniel Prévost Bruno Crémer et Vanessa Larré Karim Benzema (Lyon) Karen Lynn Gorney et John Travolta Les milliardaires en vacances Film américain de Stephen Sommers (2001). Le sujet. Trois mille ans avant J.-C. Le Roi Scorpion a levé une gigantesque armée pour conquérir l’Egypte. Mais ses légions sont vaincues aux portes de Thèbes et repoussées dans le désert, où toutes périssent. Le souverain offre alors son âme au dieu Anubis… Avec Brendan Fraser, Rachel Weisz, John Hannah. Opinion JDD. Des effets spéciaux pharaoniques et des scènes de batailles et de combats impeccables, il ne manque à ce film de Stephen Sommers qu’un scénario un peu moins tortueux. Film français de Philippe Lioret (1997). Le sujet. Panique à l’hôtel Charles-VII, où se déroule le World Business Forum. S’y croisent en pleine hystérie : un directeur mafieux, son curieux personnel, une pute de luxe qui n’a pas été payée, une femme mariée deux fois, son mari, son ex… Avec Jacques Gamblin, Elsa Zylberstein, Zabou Breitman. Opinion JDD. Un vaudeville social plein de tendresse, magnifiquement porté par le trio Gamblin-Zylberstein-Breitman. Effets comiques et ironie savamment maîtrisée s’y mêlent avec brio. Téléfilm français de Franck Apprederis (2004). Maig ret et la demoiselle de compa gnie. A Caen, où il est chargé de réorganiser la brigade mobile, le commissaire Maigret reçoit la visite de Cécile Ledru, une femme de 28 ans qui vient de perdre celle qui l’avait accueillie après la mort de ses parents et à qui elle doit tout. Agée de 68 ans, cette bienfaitrice nommée Joséphine Croizier, de Bayeux, est décédée lors de la visite à Caen de son neveu Philippe Deligeard. Cécile est convaincue que Mme Croizier a été assassinée par Deligeard. Fo o t b a l l . Championnat de France Ligue 1, 5e journée en direct du stade de Gerland. Film américain de John Badham (1977). Le sujet. Tony est le roi du 2001, dancing où il se retrouve avec toute sa bande. Annette est amoureuse de lui mais il n’a d’yeux que pour la belle Stéphanie. D’origine italienne, Tony est sous l’autorité de sa famille, qui ne cesse de le comparer à son frère devenu prêtre. Avec John Travolta, Karen Lynn Gorney, Barry Miller. Opinion JDD. A n’en pas douter, le film le plus emblématique des années disco, servi par une bande originale tubesque des Bee Gees et la virtuosité d’un John Travolta au sommet de ses déhanchés. Magazine présenté par Mélissa Theuriau. Thème : Ils ont fait fortune, comment passent-ils leurs vacances? Christian Audigier, 48 ans, a réalisé son rêve américain. Christian a fait fortune aux EtatsUnis en créant une marque de vêtements. Denise Rich, ex-épouse du milliardaire américain Marc Rich. Cette figure de la jet-set fait un périple de New York à Marrakech. Le Français Max Azria, l’une des grandes réussites du monde de la mode. Ce propriétaire d’un groupe de 17 marques a prévu une croisière en yacht entre St-Tropez et la côte amalfitaine. 23.10 Passager 57 **. Film américain de Kevin Hooks (1992), avec Wesley Snipes. 0.40 L’actualité du cinéma. 22.35 Trois hommes à abattre ***. Film français de Jacques Deray (1980), avec Alain Delon. 0.10 Journal de la nuit. 22.50 Soir 3. 23.10 Strip-tease. Le mariage de Cendrillon. 0.15 L’assassin habite au 21***. Film français de H.-G. Clouzot (1942). 22.40 La révolution disco. Documentaire américain (2005). 23.50 España baila. Documentaire espagnol (2007). 22.55 Enquête exclusive. Jet-set, corruption et argent sale, la face cachée de Marbella. 0.05 Perry Mason. 1.50 Turbo. C’est l’un des plus chauds derbys de l’Hexagone. Avec deux défaites en trois matchs, l’OL a pour l’instant du mal à être à la hauteur de son statut. A Gerland, les hommes d’Alain Perrin seront confrontés à un vrai test, sans Ben Arfa, Coupet, Fred, Cris et Müller, tous à l’infirmerie. Wiltord est, lui, parti pour Rennes. A Saint-Etienne, on sait que l’occasion est belle de s’imposer pour la première fois à Lyon depuis quinze ans, mais on se méfie d’un possible réveil du fauve. 22.55 L’équipe du dimanche. 0.15 How I met your mother. 1.00 The Office. SÉLECTION CÂBLE, SATELLITE ET TNT Cinéma 20.45 Le patient anglais *** d’Anthony Minghella (1996), avec Juliette Binoche. TMC 20.45 Rien que du bonheur * de Denis Parent (2003), avec Bruno Solo. NT1 20.45 Le distrait *** de et avec Pierre Richard (1970), avec Bernard Blier. Ciné cinéma famiz 20.45 L’enlèvement ** de Pieter Jan Brugge (2004), avec Robert Redford. Ciné cinéma premier 20.45 Quatre étranges cavaliers *** d’Allan Dwan (1954), avec John Payne. Ciné cinéma classic 20.45 Etat de siège *** de Costa-Gavras (1973), avec Yves Montand. Ciné cinéma culte 20.45 Loin de la foule déchaînée ** de John Schlesinger (1967), avec Julie Christie. TCM 20.45 Blade : Trinity ** de David S. Goyer (2004), avec Jessica Biel. Ciné cinéma frisson 20.50 Le couturier de ces dames * de Jean Boyer (1956), avec Fer nandel. TV Breizh 22.10 La vie rêvée des anges *** d’Erick Zonca (1998), avec Elodie Bou- chez. Paris Première 22.10 Des nouvelles du bon Dieu *** de Didier Le Pêcheur (1995), avec Marie Trintignant. France 4 Documents 20.45 Dans l’arène avec les lions. National geographic channel 22.35 Trauma, chronique des urgences. Discovery channel Musique 18.45 Clips. Spécial Avril Lavigne. Fun TV 20.45 Ballet. Les ballets Trockadero. Mezzo Séries 20.50 Cadfael. Les ailes du corbeau. Paris Première 23.25 Les Sopranos. Jimmy Sport 17.00 Football Premier League. Manchester United/Tottenham. Sport + 18.00 Football Ligue 1. PSG/Lille. Canal + sport News international/Sipa Top Photo/Roger Viollet Martin Cleaver/AP/Sipa Stewart Mark/camera Press/Gamma 26 août 2007 En 1993 au Zimbabwe. En 1987, la reine et la princesse à Londres. Le 7 septembre 1997, lors des funérailles, le duc d’Edimbourg, les princes William, Harry et Charles entourent Earl Spencer. Et le couple royal. Commémoration. Dix ans après la disparition de la princesse, la Couronne sort renforcée Comment Diana a sauvé la reine tion ragaillardie et (quasiment) au top des sondages qui s’apprête à rendre (discrètement) hommage à Diana. Surprenant ? Pas vraiment. « Le fonctionnement des monarchies n’obéit à aucune forme de raison ou de logique, mais à des notions d’ordre plus instinctif comme les sentiments, le sens de l’Histoire, l’imagination et l’intuition d’une certaine mystique », écrit le journaliste Jeremy Paxman dans son dernier livre, On Royalty. Plusieurs spécialistes avancent ainsi aujourd’hui une lecture des événements de 1997 bien différente de celle proposée par le met- La Couronne investit avec succès dans l’e-commerce Camera Press/Gamma teur en scène Stephen Frears dans son film The Queen. Dans la colère et les cris des Britanniques traumatisés par le décès inattendu et brutal de la star des princesses, ne fallaitil pas voir simplement des appels au secours en direction d’Elisabeth II ? En un peu plus d’un demi-siècle de règne, celle-ci n’a-t-elle pas toujours été cette figure éternellement rassurante et stable vers laquelle ses compatriotes se tournent comme un seul homme dans les périodes de crise ? Début 2006, année du 80e anniversaire de la reine, seuls 19 % de ses sujets se prononcent en faveur de l’instauration d’une république, soit 1 % de plus qu’en 1969. Vainqueur des récentes élections législatives en Ecosse, le parti SNP promet Eliot Press Paris, 31 août 1997. Un accident de voiture sous le tunnel de l’Alma fige à tout jamais la légende de Diana, princesse du peuple. Il précipite du même coup Elisabeth II, chef du Commonwealth et défenseur de la foi, dans un abîme de confusion et de tourments qui, croit-on alors, menace d’entraîner la monarchie dans la tombe. Soucieuse de protéger ses petits-fils William et Harry de la curiosité du public et de la presse, Sa Majesté reste sourde aux appels de la population qui réclame son retour à Londres et refuse, pendant plusieurs jours, d’interrompre ses vacances au château écossais de Balmoral. Profitant du choc émotionnel et du désordre politico-médiatique provoqués par la disparition de l’ex-épouse du prince Charles, les tabloïds excitent la vindicte de leurs lecteurs : ils stigmatisent la froideur et la rigidité d’un clan royal apparemment incapable de comprendre leur angoisse et leur chagrin. Blessée par le silence de la souveraine, l’opinion va même jusqu’à se prononcer majoritairement pour son abdication ! « Lilibet », qui pensait n’occuper le trône que par la grâce de Dieu, se découvre une cote de (non)-popularité. En cet été horribilis, la voilà, non plus reine d’Angleterre, mais reine des Anglais. De son vivant, la princesse de Galles avait réveillé l’intérêt des Britanniques pour leur Couronne. Morte, elle réveille l’intérêt de la royauté pour ses sujets. May God – et une bonne dose de relations publiques – save the queen… Soutenus par le Premier ministre Tony Blair, les conseillers des Windsor engagent l’institution sur la voie des réformes et la famille dans une politique accélérée de modernisation et d’humanisation de son image. Un groupe d’experts est chargé de repenser les apparitions officielles de la souveraine en fonction de la qualité de leur impact sur l’opinion. Toujours prête à payer de sa personne lorsque le salut de « la firme » l’exige, la glorieuse héritière de Guillaume le Conquérant s’en va prendre le thé chez des particuliers – choisis avec soin pour leur côté middle class – et s’encanailler dans un McDonald’s. Palais et résidences privées s’ouvrent au tourisme de masse, le fameux « enclos » royal de l’hippodrome d’Ascot aux roturiers, et les régiments affectés à la protection du monarque, aux femmes et aux personnes de couleur. Après avoir effectué sa perestroïka sur internet (www.royal.gov.uk), la Couronne investit avec succès dans l’e-commerce – porteclés en plastique doré, caramels mous et savonnettes estampillées Buckingham. Des informations habilement distillées à intervalles réguliers dans les journaux brossent le portrait de Sa Majesté accro à Deal or no deal, l’équivalent du jeu télévisé A prendre ou à laisser, ainsi qu’à Pop idol, la Nouvelle star sauce british. Résultat ? Dix ans après son fameux septembre noir, c’est une institu- William, 25 ans et Harry, 22ans, ont organisé un concert à sa mémoire au stade de Wembley, le 1er juillet. déjà de mener son pays à l’indépendance tout en garantissant à Sa Majesté le titre de reine des « Scots ». Qu’on le veuille ou non, la Grande-Bretagne demeure une communauté soudée par cette idéologie puissante qu’est la royauté. La princesse de Galles, on a tendance à l’oublier, était une monarchiste convaincue. En serrant dans ses bras des malades du sida et des enfants en fin de vie, elle a permis à la Couronne de renouer avec les gestes qui avaient autrefois fait son prestige et son mystère – au XVII e siècle, on attribuait encore aux souverains de France et d’Angleterre le pouvoir de guérir les scrofuleux par le toucher. Ses mains tendues aux sans-abri, aux prostituées ou encore aux personnes âgées démunies ont mis en évidence le caractère par trop politiquement correct de l’action caritative de sa belle-famille. Sa disparition n’a pas précipité la fin des Windsor mais une remise en question fondamentale et salutaire de leur relation à la société. « Nous devons tirer les leçons qui s’imposent », aurait admis Elisabeth peu après le drame de l’Alma. Depuis, le prince Charles a accueilli de jeunes malades du cancer dans son QG londonien de Clarence House. Edward, son frère cadet, a convolé en justes noces avec la fille d’un marchand de pneus. On parle enfin d’instaurer l’égalité des droits entre hommes et femmes dans les modalités d’accession au trône. Pour la première fois cette année, les formulaires d’admission aux garden-parties de Buckingham ont reconnu le même statut aux concubins et aux couples mariés. Une pièce du palais a également été mise à disposition d’une employée de confession musulmane afin qu’elle puisse s’y retirer pour prier pendant toute la durée du ramadan. Diana aurait sûrement trouvé tout ça épatant. Last but not least… Le fait que le mythe de la reine des cœurs ait été écorné à plusieurs reprises par des biographes soucieux d’insister sur la personnalité souvent complexe et difficile de lady Spencer (une icône, mais pas forcément une sainte) a, par ricochet, contribué à redorer le blason de son ex. Désor mais en règle avec sa conscience, mummy et l’Eglise anglicane, le prince de Galles, que l’on a cru un temps perdu pour la cause, regagne peu à peu l’estime et la considération de ses futurs sujets. La sympathie manifeste des médias pour Camilla, sa nouvelle épouse, témoigne par ailleurs de l’oubli qui commence à s’installer dans l’opinion. Le royal show est un feuilleton dans lequel une héroïne finit toujours par chasser l’autre. Il était écrit qu’avec son sourire imparfait et ses bibis ultravoyants, la duchesse de Cornouailles était celle qui aiderait le clan à tourner la page Diana pour de bon. Isabelle Rivère Coauteur de Lady D., Robert Laffont, 324 p., 19 €. Londres A l’heure où la Grande-Bretagne se prépare à commémorer les dix ans de la mort de Lady Di, ses deux fils, William, 25 ans, et Harry, 22 ans, occupent fermement le devant de la scène royale. Ce sont eux qui ont organisé, à Wembley, le concert anniversaire du 1er juillet en l’honneur de leur mère, invitant pour l’occasion Duran Duran, Elton John ou Rod Stewart. Eux encore qui ont choisi de convier les deux filles de Mohamed Al-Fayed lors de la cérémonie anniversaire prévue vendredi à la chapelle des Gardes, à Londres. Le geste était plutôt inattendu car le père de Dodi, tenant de la thèse du complot, continue de crier haut et fort à la responsabilité de Buckingham dans l’accident mortel sous le pont de l’Alma. Mais les deux princes ne sont pas seulement les gardiens de la mémoire maternelle. Plus glamour que Charles et Camilla, plus accessibles que la reine, William et Harry ont très naturellement pris le relais de Diana à la une des tabloïds. « Ils sont les personnages les plus intéressants de la famille royale, ils fournissent la petite touche de glamour dont les Windsor ont tant besoin », précise Ingrid Seward, rédactrice en chef du magazine Majesty. Eddie Keogh/Rex Featu/Rex/Sipa Correspondance Le prince William et Kate Middleton à Twickenham, en février dernier. « Ils sont l’avenir des Windsor, ajoute Dickie Arbiter, un ancien secrétaire de Buckingham reconverti en expert de la famille royale. Après tout, William sera sans doute un jour roi. Il est normal que les médias s’intéressent à lui. » Aussi la presse britannique s’attarde-t-elle sur la relation – en dents de scie – de William avec Kate Middleton, qualifiant au passage la jeune femme de nouvelle Diana. Aussi jette-t-elle un regard amusé sur son cadet. Plus turbulent, le jeune homme a successivement été sur pris en train de fumer un joint, déguisé en soldat nazi de l’Afrikakorps lors d’une soirée costumée, ou occupé à flirter avec une serveuse. Mais plus qu’à la une des journaux, c’est sur le terrain caritatif que les princes ont décidé de reprendre le flambeau de leur mère. Après un voyage de deux mois dans un orphelinat du Lesotho, Harry a décidé d’implanter une ONG dans ce pays ravagé par le sida. Son aîné, quant à lui, est devenu en 2005 le parrain de Centrepoint, une association d’aide aux sans-abri. Tous deux, à travers le Fonds Diana, soutiennent les causes charitables auxquelles travaillait leur mère. « Les graines que Diana a plantées quand ils étaient de petits garçons ont germé, a déclaré au Time Christopher Andersen, auteur d’Après Diana : William, Harry, Charles et la maison royale des Windsor. Ils incarnent son triomphe sur toute la famille royale. » Car, comme elle, les princes tentent, à leur tour, de mener une vie normale et moderne. « Avec Diana, les garçons ont découvert le centre-ville, les hamburgers, le shopping », assure Dickie Arbiter. Fidèles à leur éducation, les deux jeunes hommes continuent aujourd’hui de faire leur shopping eux-mêmes ou de s’opposer fermement à ce qu’on les appelle « sir ». Secouant, à l’image de leur mère, les conventions d’une royauté vieille de dix siècles. Karine Le Loët Photo Lord Snowdon, 1997 William et Harry ont repris son flambeau La princesse Diana dans une robe signée Victor Edelstein qu’elle a portée le soir où elle a dansé avec John Travolta à la Maison-Blanche.