La mort d`un homme à part

Transcription

La mort d`un homme à part
26 août 2007 – n° 3163 – 1,30 ¤
La mort d’un homme à part
Philippe Schuller/Signatures
Raymond Barre
est décédé hier,
au Val-de-Grâce
à Paris
Page 5
www.lejdd.fr
Le grand déballage
Ségolène Royal,
une rentrée très offensive
Le ton monte au Parti socialiste
L’interview au vitriol
de Marie-Noëlle Lienemann
Pages 2 et 3
Hier après-midi, dans son fief de Melle, Ségolène Royal était accompagnée, pour son discours de rentrée, de son ex-directeur de campagne, Jean-Louis Bianco (à sa gauche). Jean-Luc Luyssen/Gamma pour le JDD
RENTRÉE
La hausse
des frais
cachés
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PLEINE PAGE
Enquête sur
les nouvelles
élites
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Retrouvez L’ÉDITORIAL de Jacques Espérandieu le 2 septembre
Participez à notre concours
et gagnez cette voiture Page 23
IL Y A DIX ANS...
4 MOIS, 3 SEMAINES,
Comment
2 JOURS
Diana
La Palme d’or d’un
a sauvé
grand cinéaste Page 24
la reine
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T 00831 - 3163 - F: 1,30 E
3:HIKKSD=VUVXUW:?n@b@g@d@k;
France métropolitaine: 1.30 ¤/ DOM: ¤ 1.80/BEL: ¤ 1.40/CH: 2 FS/
ALG: 60 DA/AND: ¤ 1.20/D: ¤ 1.80/ ESP: ¤ 1.80/GB: 1.20 £/GRE:
¤ 2.20/ ITA: ¤ 1.80/LUX: ¤ 1.40/MAR: 12 DH/ PORT cont ¤ 1.90
Kim Knott/Camera Press/Gamma
Page 6
en dit ici la haute valeur littéraire.
Au t e u r à s u c c è s, Ya s m i n a
Reza fait désormais l’expérience
de la folie médiatique. En dehors
d’une interview au Nouvel Observateur, elle s’est faite
t r è s d i s c r è t e. C e s
der niers jours, elle
était en Sicile. Vendredi, elle devrait rejoindre le jury du fest iva l d e c i n é m a d e
Deauville. Des micros se tendront pour
l u i a r r a ch e r d e s
confidences sur son
travail. Elle pourrait
n’avoir qu’une seule
réponse : tout est
dans mon livre, je n’ai rien d’autre à déclarer.
Parmi les 727 romans parus en
cette rentrée, L’aube le soir ou la
nuit est l’un des quatorze ouvrages que le JDD a sélectionnés en
par tenariat avec France Inter.
Mais nos coups de cœur vont aussi
à la fable sur la haine, de Philippe
Claudel (Le rapport de Brodeck,
Stock), ou au très beau roman sur
l’adolescence, de Marisha Pessl
(La physique des catastrophes, Gallimard).
Patrice Trapier
Cahier spécial Lire, pages 27 à 30
Eric Dessons/JDD
INCENDIES
Etat d’urgence
en Grèce
C’était le livre le mieux caché
de la rentrée, il est désormais partout étalé. Les éditions Flammarion ont décidé de lancer dans le
plus grand secret L’aube le soir ou
la nuit, de Yasmina
Reza, avec embargo
et exclusivité accordée à un hebdomadaire. C’est généralement le traitement
réservé aux documents remplis de révélations explosives.
Un seul roman avait
déjà fait l’objet d’une
telle sortie : La possibilité d’une île, de Michel Houellebecq
(Fayard). Ce n’avait pas été franchement une réussite, chacun
cherchant à révéler les passages
les plus provocateurs au lieu d’en
évaluer la qualité littéraire.
Le sujet même du récit de Yasmina Re za – les coulisses de la
campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy – est, il est vrai, propre à susciter la curiosité. Mais on
aurait tort de croire qu’on trouvera dans L’aube le soir ou la nuit
des informations croustillantes.
C’est le regard particulier d’un
écrivain sur un personnage complexe ; Marie-Laure Delorme nous
AMAZONIE
Il veut sauver
la forêt d’émeraude
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DR
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La folie Yasmina Reza
Carole Bellaïche/H&K
FOOTBALL
Démission
surprise
de Guy Roux
L’événement
2/
26 août 2007
Face aux critiques,
Marie-Noëlle
Lienemann.
Elle règle ses
comptes avec
l’ex-canditate
Le royalisme vu
par Claude Allègre
■
Vous parlez de la campagne
de Ségolène Royal comme
d’une « déflagration ».
Que ce soit sur la stratégie, la
méthode d’action ou les thèmes
choisis, elle a eu faux sur toute la
ligne. Elle a été imposée par les
sondages et les médias. C’était un
leurre. Elle a d’ailleurs joué et
joue encore totalement perso. Et
n’a tiré aucune leçon de la campagne. Ce qu’elle appelle son autocritique se borne à dénoncer ceux
du parti qui ne l’auraient pas soutenu et l’impréparation dont elle
aurait été victime. Comme toujours, elle s’épargne et ne peut
pas se remettre en cause. Ce qui
la rendra incapable de rebondir.
Je ne lui reconnais qu’un mérite.
Sa détermination au service de sa
seule personne. Car elle n’a aucun sens du collectif.
Une seconde candidature
Royal vous semble
impensable ?
Ce qui s’est passé est irréversible. Et lorsque je dis « Au revoir
Royal »*, c’est qu’il faut tourner
la page. Sous prétexte de rénovation et de modernisme, elle a opté
pour une ligne de complicité idéologique avec la droite. Avant elle,
Jean-Jacques Servan-Schreiber et
Gaston Defferre s’y étaient essayés. En pure perte. C’est un
fourvoiement, une impasse qui
prive la gauche de ses repères
fondamentaux et de la victoire
électorale. Elle a fait le lit de l’ouverture. Dois-je rappeler que Bernard Kouchner et Jean-Marie
Bockel ont été ses premiers soutiens ? Où sont-ils aujourd’hui ?
Elle a tout de même fait un
score de 47 % ! En 2002,
« Elle a eu
faux sur
toute la ligne »
Marie-Noëlle Lienemann, vendredi sur l’île de Ré . Selon elle, « Royal s’illusionne sur les soutiens dont elle croit bénéficier au sein du PS ».
Lionel Jospin n’avait même
pas dépassé le premier tour.
47 %, c’est un seuil minimal
contre la droite, et pourtant Ségolène Royal a bénéficié, à plein, du
réflexe du vote utile. N’importe
quel socialiste aurait fait ce score.
Le total des voix de gauche sous
Jospin a été supérieur au total des
voix de g auche sous Ségolène
Royal qui a fait fuir des électeurs
socialistes vers Bayrou. Face à
elle qui n’a même pas été capable
de re prendre à son compte le
thème de la rupture, Sarkozy a
fait un des meilleurs scores jamais obtenus par la droite.
On n’a guère entendu d’autres
voix que la sienne pendant
la campagne. Où étiez-vous
passés ?
Nous avons tout tenté pendant la phase préparatoire pour
empêcher ce qui se préparait.
Après c’était trop tard, nous ne
pouvions pas prendre le risque de
faire perdre plus encore notre
camp. Ce décalage entre le PS et
le peuple de gauche vient de plus
loin. Déjà, on l’avait vu lors du
« non » au référendum européen.
Fidèle à sa tactique d’étouffoir,
François Hollande stérilisait tout
débat et f aisait un chanta g e
constant sur l’unité que nous devions afficher. Nous avons vécu
des mois de tension interne maximum, beaucoup d’entre nous
pressentaient que nous courions
à la catastrophe.
N’enterrez-vous pas un peu
vite Ségolène Royal ? Elle
n’a pas l’intention
de laisser sa place.
Sa place, mais quelle place ?
Si je ne m’attends pas à ce qu’elle
tombe comme un fruit mûr, car
elle va s’accrocher dur, je crois
qu’elle s’illusionne lourdement
sur les soutiens dont elle croit bénéficier à l’intérieur du parti.
Que ce soit auprès des élus ou des
militants. Les Gaëtan Gorce, Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg prennent déjà,
plus ou moins, leurs distances. Ce
ne sont plus que des soutiens flottants, prêts à jouer leur carte personnelle dès que l’occasion s’en
présentera. Ils sont encore vaguement solidaires mais ils entendent la colère des militants, le dépit de ceux qui ont l’impression
d’avoir été menés en bateau,
floués, anesthésiés, utilisés au
service d’une seule personne et
non d’une cause. Les socialistes
aujourd’hui sont dans l’expectative, d’autant que la période Hollande s’achève mi-2008. Mais la
relève n’apparaît pas encore.
idéologique. Dans les années 1970,
le total des militants de gauche
représentait près de 500.000 personnes. Contre à peine 300.000 aujourd’hui. L’avenir de la gauche
passe par un travail de fond que
sont prêts à faire Laurent Fabius,
Alain Vidalies, Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli, Benoît
Hamon. Et d’autres… Le club de
réflexion Gauche Avenir se réunit
mi-septembre à Paris pour reprendre l’initiative. Il faut rouvrir des débats essentiels : le refus
de libre-échangisme, le retour à
une économie mixte, la relance de
l’industrie dans notre pays, un
changement de cap en Europe, de
nouveaux droits comme celui au
logement, un nouveau pacte républicain… Le champ est larg e.
Nous devons redevenir le parti du
monde du travail.
Interview
Virginie Le Guay
Comment reprendre la main ?
En retrouvant nos valeurs
fondamentales. En travaillant
dans une dynamique unitaire : le
PS, le PC, les Verts, le MDC, les
militants syndicalistes, les associations de gauche. Il y a là un vivier immense, fertile, prêt à travailler autour d’un vrai programme. Il faut parler au peuple
de gauche qui est parti vers Bayrou et même vers Sarkozy par désar roi, par manque de cor pus
*Au revoir Royal, de Marie-Noëlle
Lienemann et Philippe Cohen.
Editions Perrin 185 pages, 13,50 €.
Nicolas Héron pour le JDD
Adepte d’une ligne franchement à gauche, seule capable,
selon elle, d’arrêter « la décomposition et l’hémorragie »
qui gagnent le PS, MarieNoëlle Lienemann, ex-ministre
et députée européenne, dit ici
tout le mal qu’elle pense des
positions « rénovatrices » de
Ségolène Royal.
Telle une volée de bois
vert, de nombreux livres
sortent dans les prochaines semaines qui ne vont pas contribuer à la sérénité des débats au
sein du PS. Après Marie-Noëlle
Lienemann, Claude Allègre publie jeudi, chez Plon, La défaite
en chantant. L’ancien ministre
de l’Education nationale, connu
pour son anti-royalisme, étrille
son ancienne ministre déléguée. Extraits.
« Je n’entre pas dans les histoires de couple. Cela ne nous reg arde pas, mais, politiquement, je crois que ce qui les a
unis [François Hollande et Ségolène Royal], par-delà le sentiment amoureux, ça a été l’ambition. Tous les deux sont des
ambitieux, mais dans des styles totalement différents. Ils
ont décidé pendant un temps
de mutualiser leurs ambitions,
et puis est arrivé un moment
où elles se sont contrariées.
[…] Beaucoup plus tard, à son
QG de campagne de la rue d’Enghien. J’étais venu parler rech e r ch e e t u n ive r s i t é ave c
François Fillon. Et, ce jour-là,
Sarkozy surgit, et me dit : “Ma
chance, je vous le dis tout de
suite, c’est que Jospin n’ait pas
été candidat. Ç’aurait été nettement plus coriace.” […] Une définition du “royalisme” : ce
sont des gens dont l’ambition
dépasse de beaucoup les capacités et qui l’assument en toute
lucidité. »
Suivront, mi-septembre chez
Balland, En quête de gauche de
Jean-Luc Mélenchon ; le 24 septembre L’impasse de Lionel
Jospin (Flammarion) où l’ancien Premier ministre analysera les cinq années qui ont
suivi son retrait de la politique ; Merci madame Royal de
Jacques Mazeau, un proche de
Daniel Vaillant (Hors Comm e r c e ) ; Désert d’av enir d e
Guillaume Bachelay (Bruno
Leprince). Deux proches de
Royal, Vincent Peillon et François Rebsamen, prendront aussi
la plume en attendant l’ouvrage de réflexion sur la rénovation de la gauche, Trente ans
après de Bernard-Henri Lévy
(Gr asset), qui dispensa ses
conseils à la candidate socialiste pendant la campagne.
Rénovation. Les jeunes députés réunis aujourd’hui à Frangy, en Saône-et-Loire
« Le Parti socialiste a un bilan
catastrophique. » Pour Arnaud
Montebourg, député PS de Saôneet-Loire, le jugement est sans appel. Et nul n’échappe aux nouvelles banderilles qu’il devrait poser
aujourd’hui, lors de la traditionnelle fête de la rose organisée sur
sa terre d’élection de Frangy-enBresse, la 35e du genre. Le Premier
secrétaire François Hollande ou la
direction du Parti ? « Le courage
est une denrée assez rare en politique. La paresse nous a coûté cher,
très cher, à force de ne rien dire
sur rien. On ne peut plus se contenter d’incantations et de prêches du
sommet de la montagne. » Ségolène Royal ? « Même si elle a initié
un vrai travail de transformation
du PS, elle n’a pas résorbé la fracture entre le Parti et la société. »
Entre l’ex-candidate du PS à la
présidentielle et son ancien porte-
parole, la tension est palpable.
Ainsi, Ségolène Royal aurait bien
voulu faire sa rentrée politique à
Frangy mais Montebourg lui aurait répondu non. Sous prétexte
qu’elle était déjà là l’an dernier.
« Frangy a toujours été un laboratoire d’avant-garde et un pari sur
l’avenir, explique-t-il. L’an dernier,
c’était Ségolène Royal. Aujourd’hui, ce sont des membres du
“shadow cabinet”* du groupe à
l’Assemblée. »
« A la direction, le changement
de personnes viendra »
On ne peut être plus clair.
Même si Arnaud Montebourg est
devenu bien trop prudent pour tacler officiellement qui que ce soit
de son propre camp. « Il a beaucoup appris de la campagne présidentielle. S’il s’est construit plutôt
contre le parti, notamment en
David Brabyn pour le JDD.
Montebourg sort
la boîte à gifles
Arnaud Montebourg
hier près de Montret
(Saône-et-Loire) dans
sa circonscription.
clouant au pilori Jacques Chirac
contre l’avis des éléphants, il apprend à présent à être aimé des
militants et à aimer le parti », observe Thierry Mandon, le députémaire de Ris-Orangis (Essonne),
un proche de Montebourg. « Cela
ne se voit pas toujours, mais c’est
un homme de consensus… quand
il faut ! », ajoute Jean-Luc Vernet,
son suppléant pendant dix ans.
Quand il faut, effectivement.
« La redéfinition des lignes politiques est, pour le PS, un acte de
survie. Aujourd’hui, le PS, fracturé entre courants et écuries, a
perdu tout crédit et est incapable
de rassembler. Le parti prend son
temps, ne fait plus, depuis trop
longtemps, aucun travail thématique et ne renouvelle pas sa direction. Mais le changement de personnes viendra. » Une analyse que
partagent, sans forcément l’exprimer de la même façon, des députés
présents à Frangy.
« Le PS est devenu un appareil
qui vise à promouvoir les plus médiocres. Mais pour nous, l’urgence
est d’aborder les questions de fond
afin de sortir de l’opposition à laquelle nous sommes d’ores et déjà
condamnés pour encore cinq ans »,
explique Manuel Valls, le députémaire d’Evry (Essonne). « Etre à
Frangy ne veut pas dire signer un
chèque en blanc à Arnaud, même
si j’apprécie son audace, son courage et son panache. Il est de notre
responsabilité de dialoguer afin de
rénover le PS et de le ramener au
réel », ajoute Sandrine Mazetier,
députée strauss-kahnienne de Paris. « Nous traversons une crise
d’idées, d’organisation et de leadership », résume, de son côté,
Gaëtan Gorce, député de la Nièvre.
Son prochain livre portera
sur la mondialisation
Et Arnaud Montebourg dans
tout cela ? Après Frangy et avant
l’université d’été du PS à La Rochelle où il anime une table ronde,
il rassemble cette semaine quelque 500 militants de son courant
« Rénover maintenant » à Fouras
(Charente-Maritime). Il met également la dernière main à son prochain livre qui portera sur la mondialisation et qui a pris du retard
car, explique-t-il, « je n’avais pas
prévu d’être porte-parole dans
cette présidentielle ». Pas plus
qu’il n’aurait fait, à l’en croire, de
plan pour prendre le PS. « Je veux
simplement apporter ma pierre à
la redéfinition qui s’impose au
parti. Ni plus, ni moins ».
Denis Boulard
*Ensemble des porte-parole
socialistes chargés de contrer
le gouvernement Fillon.
149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex. Tél. 01 41 34 60 00. Fax 01 41 34 70 76. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40/69 30. Président d’honneur Daniel Filipacchi.
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L’événement
/3
26 août 2007
Jean-Luc Luyssen/Gamma pour le JDD
Royal dégaine la première
Envoyée spéciale
N’en déplaise à ceux – et ils sont
nombreux ces temps-ci – qui rêvent
de la voir disparaître de la scène politique, Ségolène Royal est revenue. En force.
L’ex-candidate socialiste à l’élection présidentielle, qui faisait sa rentrée hier
après-midi à Melle, entourée de plusieurs
milliers de militants et de beaucoup
moins d’élus (on notera les absences très
remarquées de François Rebsamen, Vincent Peillon, Michel Sapin et Julien
Dray), a été on ne peut plus claire : elle
tentera par tous les moyens de s’imposer
dans le processus de rénovation forcée
dans lequel s’engage le PS. Une rénovation qu’elle souhaite même piloter grâce
à la « nouvelle parole politique » qu’elle
entend dorénavant incarner. « Je commence, ici à Melle, devant vous, le début
d’un processus au long cours qui devra
déboucher sur une profonde remise en
question », a lancé Ségolène Royal, qui
avait particulièrement soigné sa tenue
(tunique vert d’eau, brushing discret, maquillage subtil, jupe noire et boucles
d’oreilles).
Très offensive, y compris au sujet de
ses camarades socialistes qui vont publier, à jet continu, des livres de règlements de comptes dont elle sera le plus
souvent la cible (lire page 2), elle a ironisé
sur la « chaude affection littéraire » dont
elle se sent entourée en cette fin août et la
« vulgarité de certains propos qu’il vaut
mieux ignorer ». Mais peu importe, tout
compte fait, ces camarades socialistes
soudainement improvisés écrivains : « Ils
sont plus tournés vers le passé que vers
l’avenir. Les brebis égarées pourront toujours revenir au bercail. »
Offensive, Ségolène Royal l’a également été à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
Tout en saluant au passage le « mouvement réel et même frénétique » du chef
de l’Etat, la présidente de la région Poitou-Charentes, qui avait fait venir pour
l’entourer une bonne partie du staff de la
Région, a multiplié les attaques sur la politique gouvernementale. « Annoncer la
réforme, ce n’est pas l’accomplir. Paradoxalement, face à ce mouvement, ce qui
menace le pays, c’est l’immobilisme. Les
vieilles méthodes ressurgissent : empilement des lois, création de commissions
tous azimuts… » Ségolène Royal tire à
vue et réclame une évaluation « loyale et
transparente » du double impact de la
crise financière et du bouclier fiscal sur
les finances du pays.
Mais le cœur de ses propos, la raison
d’être de sa présence à Melle, une semaine avant l’université d’été de La Rochelle et à la veille de la traditionnelle
fête de la rose d’Arnaud Montebourg à
Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), c’est
de montrer sa différence. Face à un parti
qui n’a longtemps fonctionné « qu’à coup
de motions, de règlements de comptes
brutaux et de synthèses illisibles »… « Le
PS est un parti qui doute !, s’exclamet-elle. C’est bien, c’est fructueux. Mais
nous devons reprendre l’offensive. »
Invoquant l’indispensable mutation
idéologique que doit accomplir la gauche,
la répartition nouvelle entre les droits et
les devoirs et surtout l’éthique de la responsabilité, Ségolène Royal s’est dite débarrassée de « toute amertume » et « déterminée à prendre son temps » en vue de
futurs combats électoraux dont il est clair
Avant son discours, Ségolène Royal
a invité ses proches à déjeuner
dans sa maison de Melle. Parmi eux, de
gauche à droite, Dominique Bertinotti,
son ancienne porte-parole Najat
Belkacem, Jean-Louis Bianco, Delphine
Batho qui lui a succédé dans
sa circonscription des Deux-Sèvres
et (de dos en chemise bleue) l’agent
des stars Dominique Besnehard. Elle a
ensuite pris un bain de foule (ci-contre).
François Mori/AP
Melle (Deux-Sèvres)
qu’il ne s’agit pas des élections locales à
venir (« Nous ne devons pas nous contenter de ces réussites-là »). L’ancienne candidate se positionne fer mement : « Le
parti, c’est nous. Nous nous y sentons
bien. Je m’y sens bien », assure-t-elle lors
d’un discours de près d’une heure trente
au cours duquel elle réussit l’exploit de
ne citer le nom d’aucun responsable socialiste. Même pas celui de Jean-Louis
Bianco, pourtant présent hier à ses côtés
et dont elle ne fit que peu de cas.
Elle prône une alliance avec
les centristes pour les municipales
Concentrée sur sa nouvelle stature,
Ségolène Royal prend l’engagement de tenir des propos « dignes et rassembleurs ».
« Vous ne m’avez jamais surprise à dénigrer untel ou untel. Je continuerai sur
cette ligne. Il ne faut plus nous désunir à
la première contrariété. Nous devons surmonter ce qui a pu nous diviser. Le parti
ne doit pas, ne doit plus être le champ
clos d’affrontements absurdes et de règlements de comptes inutilement brutaux. »
Sans nommer Laurent Fabius, elle fait
huer la « désinvolture » de ceux qui, par
le passé, n’ont pas su respecter le vote des
militants. « Lorsqu’il n’y a pas de discipline, c’est le n’importe quoi. » En conclusion, elle prône une alliance avec les centristes lors des prochaines élections municipales et rejette tout accord à la carte.
« Je m’oblige à ce besoin de rénovation. Mon ton sera moins enflammé lors
de ce travail au long cours. Je ne suis en
compétition avec personne. Je ne recherche rien d’autre que d’assumer mes idées.
Je suis entièrement mobilisée et animée
par un esprit solide. » Revenant brièvement sur les erreurs de sa campagne, elle
reconnaît avoir « parfois improvisé »,
mais ne s’attarde pas sur une autocritique qui sera le sujet essentiel du livre
qu’elle s’apprête à faire paraître (Une
étrange défaite en est le titre provisoire)
chez Grasset.
Ségolène Royal a enfin confirmé sa
présence, la semaine prochaine, aux universités d’été de La Rochelle, où elle interviendra à l’ouverture, vendredi matin, et
dont seront absents la plupart des ténors
socialistes comme Dominique StraussKahn, Laurent Fabius, Gaëtan Gorce.
Seul Bertrand Delanoë pourrait faire le
déplacement. Ironie de l’histoire, Ségolène Royal a été très applaudie par les militants, dont certains utilisaient pour se
protéger du soleil le dernier numéro du
magazine Closer qui publiait pour la première fois des photos de François Hollande et de sa nouvelle compagne.
Virginie Le Guay
Les conseils
d’une Verte
Les Gracques poussent au centre
défaite, les voies de la refondation ». Bernard Spitz, président
(lui préfère dire animateur) de
cette association, explique : « Il y
a un décalage entre les questions
et les problèmes qui remontent
du terrain et les réponses qu’apporte le PS. »
« Le PS doit tourner la page
de la prédominance du PC »
S’ils sont sévères sur le diagnostic, les Gracques ne prétend e n t p a s d é t e n i r l e r e m è d e.
« Nous ne sommes qu’un groupe
de pression et de réflexion sans
aucun tabou », avance Spitz.
« La fracture entre le Parti
socialiste et l’électorat de gau-
che est évidente, observe pour sa
part Jorge Semprun, et ce parti
doit plus que jamais travailler
avec toutes les forces de g auche. » Et l’écrivain espagnol, invité aujourd’hui des Gracques,
d’ajouter : « Le Parti socialiste
doit se mettre au clair avec son
histoire et tourner la page de la
prédominance du Parti communiste. Cela ne peut se faire sans
un changement de personnalités. » Un membre des Gracques
poursuit : « La direction du Parti
socialiste n’est pas en mesure de
conduire un débat d’idées. Elle
ne fait rien d’autre qu’administrer des échéances électorales, et
encore ! »
M a i s à p e i n e f o r m é s, l e s
Gracques se retrouvent gênés
par la nomination dans le gouvernement Fillon d’un de leurs
fondateurs, Jean-Pierre Jouyet.
« Je serais volontiers allé à cette
université d’été car je reste fidèle à mes convictions et à mes
amitiés mais j’ai compris que
ma présence posait problème »,
observe le secrétaire d’Etat aux
Affaires européennes. « En acceptant ce poste, il s’est mis en
dehors des Gracques qui doivent
garder leur liberté de parole et
de critique », estime pour sa part
Jean-Noël Tronc, chef d’entreprise et « ami » de Jouyet.
D. B.
■
Patrick Othoniel/JDD
Ils ne sont pas politiques mais
ils en font. Ils n’appartiennent
pas (tous) au PS mais ils se penchent sur les difficultés actuelles
de la première formation de l’opposition. Pendant la présidentielle, les Gracques, un collectif
d’une quinzaine d’anciens collaborateurs des gouver nements
Rocard et Jospin, ont appelé le
PS à se tour ner vers le centre
plutôt que vers l’extrême gauche. Aujourd’hui, une petite centaine de membres, venant autant
de la fonction publique que du
privé, se retrouvent pour leur
p re m i è re u n ive r s i t é d ’ é t é a u
Théâtre de la Villette à Paris
pour analyser « les raisons de la
La nomination de Jean-Pierre
Jouyet, l’un des leurs,
au gouvernement met
les Gracques en difficulté
pour peser sur le PS.
« Le Parti socialiste ne doit
pas s’engluer dans l’âge du
capitaine, pas plus que dans le
nettoyage des canines des lions
et des lionceaux. » Ce conseil
émane de Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts. Lors de
son discours de clôture des journées d’été de son parti aujourd’hui à Quimper, Cécile Duflot devrait aussi estimer qu’il
« faut sortir du léninisme dur ou
doux ainsi que du social-libéralisme. Le seul projet de transformation sociale d’une gauche qui
veut gagner est, et reste, l’écologie politique ».
Politique
4/
26 août 2007
Baromètre Ifop-JDD. A 69 % de satisfaits, Nicolas Sarkozy bat des records de popularité
L’été de grâce
du Président
Contrairement aux attentes
de certains observateurs
sensibles aux orages économiques, l’état de grâce dont jouit
Nicolas Sarkozy depuis son élection se confir me et s’accroît :
69 % de satisfaits (+ 3) dans le
der nier baromètre Ifop-JDD et
29 % seulement de mécontents
(– 1). Ce double résultat constitue
même son record depuis son arrivée à l’Elysée. Aspiré par son
président, le Premier ministre
progresse également (+ 7) et atteint lui aussi son plus haut niveau avec 63 % de satisfaits et
30 % de mécontents (– 4).
Etes-vous satisfait ou mécontent
de Nicolas Sarkozy comme président de la République ?
Août
2007
(%)
18
Plutôt satisfaits
51
Plutôt mécontents 20
Très mécontents
9
Très satisfaits
Rappel
juillet 2007
(%)
69
29
18
48
21
9
2
Ne se prononcent pas
Atténuation progressive
de l’anti-sarkozysme
La hausse du Président est
essentiellement due aux sympathisants du FN (+ 28), toujours
les premiers à « ralocher » quand
les satisfactions économiques espérées se font attendre et les premiers à revenir à un jugement favorable dès que le sécuritaire refait l’actualité. Nicolas Sarkozy
progresse aussi chez les plus jeunes (+ 8) et les plus âgés (+ 6), et
obtient toujours 65 % de satisfaits chez les ouvriers.
Parmi les éléments d’explication de ce niveau record, on peut
en souligner trois : l’atténuation
progressive de l’anti-sarkozysme,
la ratification du style présidentiel, le souvenir de ses succès récents. Et, naturellement, toujours son volontarisme.
WOLINSKI
66
30
4
Etes-vous satisfait ou mécontent
de François Fillon comme Premier
ministre ?
Août
2007
(%)
8
Plutôt satisfaits
55
Plutôt mécontents 22
Très mécontents
8
Très satisfaits
Ne se prononcent pas
Rappel
juillet 2007
(%)
63
30
7
7
49
24
10
Sondage Ifop pour le
JDD, réalisé du 23
au 24 août 2007, auprès d’un échantillon de 993 personnes,
représentatif de la
population
française âgée de 18 ans
et plus (méthode des
quotas). Les interviews ont eu lieu par
téléphone, au domicile des personnes interrogées.
56
34
10
Nombre d’électeurs soulignent, chacun à sa manière, que
leurs craintes nourries par la
campagne électorale ne se sont
pas, au moins pour l’instant, justifiées : « J’ai eu un peu peur au
début mais ce n’est pas aussi
dramatique que je le pensais »,
dit un sympathisant communiste, et un socialiste : « Avec le
temps, je le trouve plutôt sympathique, bref, je m’attendais à
pire. » L’omniprésence du Président, sa rapidité de réaction aux
catastrophes et aux drames (affaire du pédophile) correspondent aussi, on le savait depuis
longtemps, à l’idée que les électeurs se font du rôle de chef de
l’exécutif.
Fillon voit sa popularité
s’ajuster à celle du Président
La libération des infirmières
bulgares est spontanément citée
par plusieurs personnes interro-
gées comme le signe du succès de
ce volontarisme présidentiel affiché et qu’ils espèrent retrouver
dans d’autres domaines.
Servi par sa discrétion,
François Fillon voit sa popularité s’ajuster à celle de son président. Comme lui, il bénéficie
de la « modération » : « On s’attendait à pire. Je vote à gauche
et la droite, c’est pas pour moi.
Mais, concernant ce gouvernement de droite, pour l’instant,
ils font de bonnes choses. »
Même indulgence chez une électrice : « A cause de la loi Fillon,
j’étais mécontente, mais en un
m o i s, i l n’ a r i e n f a i t d e m a l ,
alors il faut lui laisser sa
chance. » Bref, il a « trouvé sa
place » : « Avec un Président qui
fait tout, je trouve qu’il s’en sort
bien. »
Ainsi, tirant la droite par la
fidélité et prenant la gauche à
contre-pied, le nouvel exécutif
d i s p o s e - t - i l t o u j o u r s, q u at re
mois après son élection, d’un
crédit de confiance pour les uns
et d’expectative favorable pour
les autres, qui lui sera bien nécessaire quand les dif ficultés
commenceront.
Jean-Luc Parodi,
directeur de recherche au
Cevipof, consultant Ifop
Finances publiques. Bercy redoute que les comptes de la France ne se dégradent en 2008
Des nuages en attendant la croissance
Au-delà des mesures immédiates, Nicolas Sarkozy tient à
monter lui-même en première ligne pour g a gner « le point de
croissance qui manque au pays ».
Jeudi matin, il installera la commission présidée par Jacques Attali, chargée de « libérer » l’activité. L’ancien conseiller de François Mitterrand, assisté d’une
quarantaine de personnalités, a
accepté une mission de taille :
dresser la liste des blocages du
pays et proposer les solutions
pour les lever. Rien moins.
Jeudi soir, le chef de l’Etat se
rendra à l’université d’été du Medef, sur le campus d’HEC à Jouyen-Josas (Yvelines). Ce sera l’occasion de lancer « la deuxième phase
des réformes économiques », selon le porte-parole de l’Elysée.
Une allocution sous haute surveillance policière. Jeudi, des agents
de nettoyage ont découvert des engins explosifs dans les toilettes situées à côté de la pièce servant de
bureau à Laurence Parisot, la présidente de l’organisation patro-
TELEX
Social. Les syndicats se réunissent mi-septembre à propos des suppressions de postes
La LCR sous le signe du Che
La grève des fonctionnaires en suspens
■ Olivier Besancenot, qui a renouvelé cette semaine son souhait de construire un nouveau
parti « anticapitaliste » qui ne se
référerait plus exclusivement
aux thèses de Léon Trotski, a
précisé hier soir sa pensée lors
de la première journée des universités d’été de la LCR à PortL e u c at e ( Au d e ) . « I l f a u t
c o n s t r u i re l e s o c i a l i s m e d u
XXI e siècle en s’inspirant des
grandes figures révolutionnaires
du trotskisme, du communisme
e t , p o u r q u o i p a s, d u g u é va risme. » Pour autant, cette nouvelle stratégie, qui doit encore
être entérinée lors du congrès de
la LCR en décembre, ne fait pas
l’unanimité. Christian Picquet,
le « patron » des minoritaires, observe : « Toutes les tentatives précédentes d’organisation autour
d’une seule composante ont été
vouées à l’échec .»
Un « ouf » de soulagement. Le
gouvernement redoutait que les
syndicats de fonctionnaires, réunis vendredi, n’annoncent un
préavis de grève pour protester
contre la suppression, en 2008, de
22.700 postes – du jamais-vu – et
l’absence de négociations salariales. Il n’en est rien. « Enfin, on est
tranquilles de ce côté-là », soupirait-on dans l’entourage d’André
Santini, secrétaire d’Etat chargé
de la Fonction publique.
Pour Nicolas Sarkozy, la mobilisation des agents de l’Etat formait le principal danger de la
rentrée. Le non-remplacement
d’un départ en retraite sur trois
est sa décision la plus impopulaire, selon le sondage Ifop-JDD
que nous avons publié le 12 août.
Les syndicats se sont contentés
d’un communiqué dénonçant les
Bernard Patrick/Abacapress.com
La croissance, coûte que coûte.
Face aux indicateurs déprimants
publiés par l’Insee, Nicolas Sarkozy veut relancer la machine
économique. Les chiffres ont de
quoi faire grimacer : une activité
médiocre au printemps, des sociétés qui n’investissent guère,
un commerce extérieur très déficitaire et peu de créations d’emplois. Le tout sur fond de crise
sur les marchés financiers…
Le Président a pressé le gouvernement de réagir. Le Premier
ministre, François Fillon, et la
ministre de l’Economie, Christine
Lagarde, doivent recevoir cette
semaine les PDG des banques. « Il
ne nous paraît pas justifié qu’elles restreignent l’octroi de crédits », a martelé la patronne de
Bercy. Par ailleurs, lors du conseil
des ministres vendredi, la ministre a présenté une mesure destinée à soutenir l’investissement
des entreprises. Elles bénéficieront d’un chèque du fisc couvrant
une partie de leurs dépenses de
recherche et développement.
Nicolas Sarkozy, vendredi, lors d’un déplacement à Arcachon.
nale. Aucun n’a explosé, et aucune
revendication n’est connue.
Reste que, en attendant leurs
effets, les ristournes fiscales vont
mathématiquement réduire les
recettes de l’Etat, donc peser sur
« sarcasmes, approximations et
mépris » du gouvernement, en référence aux propos provocateurs
d’André Santini. Le secrétaire
d’Etat a notamment estimé que
les agents publics étaient « trop
nombreux ».
« Si on supprime des emplois,
on supprime quelles missions ? »
Partie remise ? Les leaders
des fédérations de fonctionnaires
doivent de nouveau se réunir miseptembre. « Avant de se prononcer pour une éventuelle grève, attendons que les personnels soient
rentrés de vacances pour les
consulter », explique Eric Fritsch
(CFDT). Les syndicalistes vont
donc écouter les troupes, mais
aussi le discours que le chef de
l’Etat leur adressera, probablement avant le 5 septembre. « Le
les comptes. Le coup de pouce en
faveur de la recherche privée est
évalué à 2,7 milliards d’euros
pour 2009. Il s’ajoutera au « paquet fiscal » voté cet été, dont la
note frôlera les 14 milliards cette
premier d’un Président aux
agents depuis 1983 ! » souligne-ton à Bercy. Un discours sur le
thème « moins de fonctionnaires,
mais mieux payés ».
S’agissant des effectifs, tous les
syndicats se disent prêts à discuter
des missions que doit remplir le
service public. Un premier rendezvous est prévu en octobre. Mais ils
reprochent au gouver nement
d’avoir mis « la charrue avant les
bœufs », en supprimant des postes
avant même d’avoir défini les
contours souhaités pour l’Etat.
« Si on supprime des emplois,
on supprime quelles missions ? »
s’inter ro g e Elisabeth David
(Unsa). Dans l’Education nationale, le ministre Xavier Darcos a
fourni un début de réponse, en
remettant en cause des options
de langues vivantes (allemand,
année-là, après avoir pesé plus de
10 milliards d’euros en 2008.
Résultat, dans l’entourage de
Christine Lagarde on s’attend à
voir la dette au mieux se stabiliser,
au pire grimper en 2008. Nicolas
Sarkozy a promis de la réduire. Interrogée sur le sujet vendredi, la
ministre a prudemment répondu
que l’endettement atteignait 63,6 %
du PIB et qu’« au jour d’aujourd’hui, ce ratio ne change pas ».
Conforté par sa popularité record à l’intérieur des frontières, le
chef de l’Etat risque d’être davantage critiqué à l’extérieur. Les
yeux rivés sur les comptes français, les voisins européens l’attendent au tournant. A Bercy, on assure que tout sera fait pour empêcher le déficit public, qui se creuserait, de dépasser en 2008 la barre
de 3 % du PIB, limite fixée par
l’Europe. Un tel dérapage ferait
mauvais genre au moment où, en
Allemagne, la chancelière Angela
Merkel sor t, elle, son pays du
rouge (lire page 13). Seule une
croissance économique survitami-
portugais notamment). A la CGT,
on pointe les monuments historiques, comme les tours de NotreDame à Paris, où les horaires
d’ouverture au public ont été réduits, le manque d’agents dérogeant aux normes de sécurité.
Répartition des rôles entre
Eric Woerth et André Santini
« Les 22.700 réductions de
postes sont un plancher, car les
ministères peuvent d’eux-mêmes
diminuer davantage les effectifs.
Tout laisse craindre qu’il y en ait
davantage », redoute Jean-Marc
Canon (CGT).
Reste la question des salaires.
« Le gouvernement veut nous redistribuer la moitié des gains
réalisés par les suppressions
d’emplois, mais cela ne comble
pas la baisse du pouvoir d’achat »,
née permettrait au chef de l’Etat
de satisfaire tous ses objectifs.
Petite consolation, Bercy est
parvenu à préserver 700 millions
d’euros lors du remodelage express de la mesure en faveur de
l’immobilier. François Fillon
avait indiqué que l’enveloppe serait intégralement réaffectée,
mais la nouvelle disposition (40 %
des intérêts d’emprunt sont déductibles des impôts la première
année, au lieu de 20 %) coûtera finalement moitié moins que celle
qui a été censurée par le Conseil
constitutionnel.
Lors d’un déplacement vendredi à Arcachon, le président de
la République a implicitement reconnu devant les élus de Gironde
que certaines tâches lui donnent
du fil à retordre. « Vous jugerez
sur les résultats. Je ne vous promets pas qu’on réussira tout,
mais je vous promets que je vais
donner tout mon possible pour
que vous soyez à nouveau fiers de
la France », a-t-il déclaré.
Nicolas Prissette
tranche Gérard Aschieri (FSU).
Une baisse que les syndicats évaluent à 6 % depuis 2000, quand
Bercy calcule, différemment, une
hausse…
A la différence de son secrétaire d’Etat André Santini jouant
les « méchants », le ministre du
Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a, pour sa part,
endossé les habits du « gentil ».
Une répartition des rôles entendue entre eux. Dans un souci
d’apaisement, il a déclaré que « la
question du pouvoir d’achat des
fonctionnaires sera pleinement
abordée ». Et d’ajouter : « Les mesures générales, individuelles et
catégorielles feront l’objet d’un
examen complet, pragmatique et
sincère .» L’opération de déminage ne fait que commencer.
N.P.
Politique
26 août 2007
/5
Raymond Barre. L’ancien Premier ministre est mort hier matin à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce
Un homme à part
Né le 12 avril 1924 à Saint-Denis de la Réunion, il passe son enfance sur son île natale, dans une
imposante case créole. Il est scolarisé au lycée Leconte-de-Lisle
de Saint-Denis, dans la même
classe que l’avocat Jacques Vergès, qui lui disputera, en vain, la
place de premier. Mobilisé à l’âge
de 20 ans, il met de côté son vœu
d’étudier la médecine et part en
1945 pour Madagascar rejoindre
son régiment d’artillerie. Il veut
s’embarquer pour l’Indochine
mais les bateaux n’arrivent pas à
temps. Démobilisé, il part pour
Paris. Il y décroche une agrégation de droit, une autre de sciences économiques et le diplôme de
l’Institut d’études politiques. Il
devient professeur, à l’Institut
des hautes études de Tunis, à la
fac de Caen puis à Sciences-Po.
Auteur d’un manuel d’économie qui fera longtemps référence,
il soutient l’action de Pierre Mendès France, favorable à l’indépendance de la Tunisie ; mais ce sont
les dirigeants de la France gaullienne qui le repèrent. En 1959,
Jean-Marcel Jeanneney, ministre
de l’Industrie, en fait son directeur de cabinet. Huit ans plus
tard, le général de Gaulle le promeut vice-président de la Commission européenne, responsable
des af f aires économiques et
financières. Au début de l’année
1976, il entre au gouvernement
comme ministre du Commerce
extérieur. Le 25 août, coup de
théâtre : Jacques Chirac, Premier
ministre, démissionne. A la surprise générale, Giscard nomme
Barre à sa place, lui confiant, en
plus de Matignon, le ministère de
l’Economie et des Finances.
« J’étais un non-professionnel de
Georges Merillon
la politique isolé dans un monde
où il n’y a que des professionnels », confiait-il le 4 février dernier au JDD, au moment de la parution de son dernier livre, L’expérience du pouvoir (Fayard).
Au pouvoir, l’économiste émérite est confronté à la hausse du
chômage et de l’inflation, premières conséquences du choc pétrolier de 1974. Le Premier ministre
entame une politique d’austérité
économique, dite « de la rigueur ».
Au cœur d’une crise mondiale, la
France verra son taux de chômage passer de 4,5 % durant l’été
1976 à 7,3 % lors de l’élection présidentielle de mai 1981. En 1979,
Raymond Barre impose une restructuration de la sidérurgie.
Douloureux, entraînant la suppression de plusieurs dizaines de
milliers d’emplois, son plan permettra tout de même de sauvegarder une industrie qui donnera
plus tard naissance au groupe
Arcelor. Son gouvernement engage également le plan nucléaire.
Mais la fin de son mandat est entachée par plusieurs af f aires
(Boulin, avions renifleurs, diamants de Bokassa…), qui ne le
mettent pas en cause mais ternissent l’image du président de la
République et, par contrecoup, la
sienne. Son impopularité atteint
des sommets.
Il sera le seul à n’avoir jamais
adhéré à un parti politique
Vient la victoire de François
Mitterrand, le 10 mai 1981. Barre
échappe à la va gue rose et
conserve son siège de député de
la 4 e circonscription du Rhône,
acquis lors des législatives de
1978. Il siège au centre mais ne
prend pas sa carte à l’UDF. De
tous les hauts dirigeants de la
Hier, à la sortie de l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, Eva Barre
et leurs deux fils, Olivier et Nicolas. Raymond Barre est décédé
dans la nuit, il avait 83 ans
V e République, il sera le seul à
n’avoir jamais adhéré à un parti
politique. En 1988, Raymond
Barre, qui s’est prononcé contre
la cohabitation, se présente à
l’élection présidentielle. Comme
François Bayrou plus tard, il
tente de se faire une place entre
la gauche, incarnée par le Président sortant François Mitterrand, et le leader de la droite, le
maire de Paris Jacques Chirac.
Son slogan : « Barre confiance ».
Donné favori par beaucoup d’instituts de sondages quelques mois
seulement avant l’élection, il rate
sa campagne, lui le piètre orateur
qui manque de charisme, de chaleur et refuse les effets d’annonce
et les promesses intenables.
S’ajoute une redoutable entreprise de démolition menée par
les chiraquiens d’alors, à commencer par Charles Pasqua. A
l’arrivée, il n’est que troisième,
avec 16,54 % des voix, derrière
Mitterrand (34,11 %) et Chirac
(19,96 %).
Celui qui disait « Je préfère
être impopulaire qu’irresponsable » se désiste immédiatement,
mais sans grand enthousiasme,
en faveur du président du RPR,
qui échouera deux semaines plus
tard. Raymond Barre ne sera jamais chef de l’Etat. En 2002, il déclarera à La Croix : « Si vous
n’êtes pas viscéralement attaché
à la politique, prêt à utiliser tous
les moyens et à devenir un tueur,
vous ne pouvez devenir président
de la République. »
Une retraite politique en 2002
En 1995, il est élu maire de
Lyon. Il le demeurera le temps
d’un mandat, six ans, juste avant
de prendre sa retraite politique
en 2002. Amoureux de Venise, de
Titien, de Braque, de Proust et de
Dumas, privilégiant les prises de
position indépendantes, il conservera une place à part dans le paysage politique, distillant analyses
fines et traits assassins. Une hauteur de vue pourtant entachée
d’incompréhensibles dérapages :
lui qui avait condamné Charles
Millon pour s’être allié au Front
national au conseil régional de
Rhône-Alpes défend Bruno Gollnisch, député européen (FN) accusé de révisionnisme et exclu de
l’université Lyon III. « Un homme
sympathique », « quelqu’un de
bien ». Quand Maurice Papon,
qui fut son ministre du Budget de
1978 à 1981, meurt en février dernier, il rend hommage à l’ancien
secrétaire général de la préfecture de la Gironde : « Un grand
commis de l’Etat. »
En mars der nier, Raymond
Barre s’en prend enfin au « lobby
juif », coupable à ses yeux d’avoir
déclenché une « campa gne »
contre lui en 1980, quand, Premier ministre, il avait maladroitement lâché, suite à l’attentat
antisémite de la rue Copernic :
« Cet attentat odieux qui voulait
frapper les Juifs se trouvant dans
cette synagogue et qui a frappé
des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. » Dans
les colonnes de Libération, Claude
Lanzmann, le réalisateur de
Shoah, avait lancé cette attaque,
ter rible : « J’accuse Raymond
Bar re d’être un antisémite. »
L’ancien Premier ministre avait
répliqué au micro de RTL : « Il y a
une clique qui, depuis 1980, me
poursuit pour me faire passer
pour antisémite. Les procédés
sont très singuliers mais cela me
laisse indifférent. Et c’est cette
indifférence qui les outrage. »
Alexandre Duyck
Les caricaturistes s’amusaient
de ses assoupissements
à l’Assemblée nationale.
Ici, lors d’un débat sur la CSG.
Il se retire de la vie politique
en 2002.
Sa carrière politique démarre en 1976 lorsque Valéry Giscard
d’Estaing le nomme ministre du Commerce extérieur. Sept mois
plus tard, Jacques Chirac, alors Premier ministre, démissionne.
Il est nommé à sa place. Il a alors 52 ans.
Picot/Stills
JM Gerber
Vincent Leloup
A l’Elysée avec Maurice Papon,
qu’il avait nommé ministre du
Budget de 1978 à 1981.
■ Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a salué
un « esprit libre et indépendant » : « Personnage à part
dans le personnel politique
français », il « eut la volonté de
mettre son savoir au service de
la cité, fidèle dans son engagement, à ses convictions européennes, libérales et sociales ».
■ L’ancien président de la
République Valéry Giscard
d’Estaing : « La France vient
de perdre l’un de ses meilleurs
serviteurs […]. Il était un
homme d’Etat qui ne poursuivait aucun objectif personnel
mais qui cherchait à assurer,
par une compétence exceptionnelle et un travail achar né,
le bien-être de notre pays. »
■ L’ancien président de la
République Jacques Chirac :
« La France perd un grand économiste, un homme politique
engagé pour la modernisation
du pays et un grand européen. »
■ Le premier secrétaire du
PS, François Hollande :
« C’est un authentique homme
d’Etat qui disparaît, un acteur
politique même si sa famille fut
toujours celle du centre droit,
qu’il servit de son point de vue
le mieux qu’il put et avec
indépendance. »
■ Le Premier ministre, François Fillon : « Raymond Barre
dut mener, de 1976 à 1981, une
courageuse politique d’austérité en réaction aux chocs
pétroliers. Demeuré malgré
cela l’un des hommes politiques français les plus respectés
et les plus populaires, son parcours démontre qu’il n’y a pas
d’autre chemin que de dire
la vérité aux Français et de
prendre parfois des mesures
difficiles. »
■ Le fondateur du MoDem,
François Bayrou, a évoqué un
dirigeant qui « tenait le cap » et
a été « soutenu, admiré, aimé,
par beaucoup de Français,
parce qu’il était un homme
d’Etat, c’est-à-dire quelqu’un
qui mettait l’intérêt de son
pays au-dessus des intérêts particuliers des clans, des partis
ou des hommes ». A propos des
polémiques sur son antisémitisme, il a ajouté: « Cela prouve
que les hommes, même quand
ils sont grands, ont leurs faiblesses, leurs taches noires
qu’il faut regarder en face. »
■ L’ancien ministre socialiste Jack Lang : « Pour ceux
d’entre nous qui avions été
éduqués à l’école de Pier re
Mendès France, il apparaissait
d’une certaine manière comme
son équivalent à droite :
rigueur, courage, passion de la
vérité. »
■ La présidente du Medef,
Laurence Parisot : « C’est un
des premiers grands hommes
politiques français à avoir su
parler économie aux Français,
avec intelligence, sans démagogie aucune. »
■ Son ancien chef de cabinet
à Matignon, Pierre-André
Wiltzer : « Celui qui l’a le plus
inspiré reste le général de
Gaulle. C’est de lui qu’il tenait
son grand respect des institutions et son opposition à la
cohabitation.»
Raymond Barre, en pleine campagne pour les législatives
en 1986. Après la victoire en mai 1981 de François Mitterrand,
il retrouve son siège de député du Rhône. Il sera constamment
réélu, en 1986, 1988, 1993 et 1997.
Daniel Simon/Gamma
Repéré par les dirigeants
de la France gaullienne
Raymond Barre, lors d’une conférence à Sciences-Po en 1985, était considéré comme un économiste émérite. Agrégé de droit, de
sciences économiques et diplômé de l’Institut d’études politiques, il y avait été professeur avant d’entrer dans la politique.
Jacques Demarthon/AFP
Il était à la fois le « meilleur
économiste de France », le
« professeur-la-rigueur », le chéri
des caricaturistes quand il s’endormait sur son banc à l’Assemblée nationale. L’auteur de bons
mots (« Il faut mettre un frein à
l’immobilisme », « Je suis un
homme car ré dans un cor ps
rond »), le père du conce pt de
« microcosme » politique et médiatique, un esprit iconoclaste et
inclassable qui, prenant sa
retraite politique en 2002, n’eut
pas de mots assez durs pour qualifier les « cancres », les « crétins », les « couillons » et autres
« incapables » de la vie politique
– où il disait être lui-même entré
« par effraction ». Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing
de 1976 à 1981, candidat malheureux à l’élection présidentielle de
1988, maire de Lyon de 1995 à
2001, Raymond Barre est mort
hier à l’âge de 83 ans. Le 11 avril
dernier, suite à un malaise cardiaque, l’ancien Premier ministre avait été hospitalisé à l’hôpital de Monaco avant d’être transféré à Paris, au Val-de-Grâce, où
il se trouvait depuis. Atteint depuis des années de problèmes rénaux, il était régulièrement dialysé. Raymond Barre souffrait
également du cœur.
Une émotion
unanime
Société
6/
26 août 2007
Incendies. Au moins 49 morts dans le pays, le Péloponnèse dévasté par les flammes
Correspondance
Les Grecs n’oublieront pas
de sitôt cet été meurtrier.
Tandis que les habitants du Péloponnèse luttent contre les incendies de forêts qui ravagent la péninsule, la télévision égrène les
macabres nouvelles. Dans la région du Magne, au sud de la pé-
ninsule, un couple enlacé a été
retrouvé carbonisé dans sa voiture. La femme tenait à la main
une caméra. A Platania, une
femme de 30 ans et ses quatre enfants ont lutté contre les flammes
lors d’une course folle de deux kilomètres. La mère de famille a
perdu son sprint contre la mort.
Ses quatre enfants, âgés de 5 à 15
ans, ont succombé eux aussi.
Hier soir, le bilan était de
49 morts, mais il devrait vraisemblablement s’alourdir car les
flammes continuaient leur progression sur deux autres fronts :
au sud de l’île d’Eubée, au nordest d’Athènes, et aux environs de
la capitale grecque.
Au total, une centaine de
foyers faisaient rage hier, un fort
vent attisant les flammes par des
températures caniculaires. A certains endroits, les pompiers
étaient incapables d’accomplir
leur mission. Le Péloponnèse offre un tableau apocalyptique : villages totalement dévastés, maisons brûlées, récoltes parties en
fumée, cadavres d’animaux, carcasses de voitures carbonisées.
Sur l’autoroute qui mène de Corinthe à Patras, la végétation, la
vie même ont disparu. Des deux
côtés de la chaussée, tout est noir
et carbonisé. L’odeur est lourde,
la respiration difficile.
Dans le village d’Artemida, à
l’ouest du Péloponnèse, où un
convoi de 13 personnes a péri en
tentant de g a gner la côte en
contrebas, les survivants sont
sous le choc. « On essaie de comprendre, la route a apparemment
été bloquée par une collision entre le camion de pompiers et un
autre véhicule, le feu les a rattrapés », explique un retraité de 65
ans, revenu pour l’été dans sa région d’origine. Quand cet homme,
qui avait réussi à quitter le village à temps, est remonté hier
matin à Artemida, il a pu mesurer l’étendue des dégâts : la plupart des bâtiments et les oliveraies ont brûlé. Çà et là gisent
des cadavres de chèvres et de
chiens recouverts d’une couche
de cendres grises. « C’est le chaos,
tout le travail de plusieurs générations est parti en fumée », déplore encore le retraité. Non loin,
une vieille femme vêtue d’une
robe noire et d’un fichu bleu se
lamente : « Je n’ai même pas pris
le temps de prendre de l’argent,
je n’ai rien. »
Dans la région d’Athènes, comme ici à Keratea (en haut), mais
aussi dans le Péloponnèse et sur l’île d’Eubée, les pompiers peinent
à circonscrire les incendies meurtriers qui ravagent la Grèce.
Comme cette vieille dame, certains habitants ont la chance d’être
secourus, mais les moyens humains manquent et de nombreuses
personnes sont contraintes de fuir seules, en voiture ou à pied.
John Kolesidis/Reuters
Athènes
Eurokinissi/Reuters
Yiorgos Karahals/Reuters
Grèce, une « tragédie nationale »
« Où étaient les pompiers
quand mon mari brûlait ? »
Po u r l e P re m i e r m i n i s t re
grec Costas Caramanlis, il s’agit
d’une « tragédie nationale ». Un
sentiment partagé par l’ensemble de la classe politique grecque : chose rare, les partis d’opposition se sont refusés à polémiquer et tous les meetings
électoraux qui devaient se tenir
en prévision des élections législatives anticipées du 16 septembre ont été annulés. L’état d’urgence a été décrété hier dans
tous les départements et un
deuil national de trois jours a
été ordonné. Costas Caramanlis
a également invité tous les Grecs
à « se mobiliser » et à « participer activement à la bataille collective ». Dans un message à la
nation, le Premier ministre a
par ailleurs annoncé que des aides financières et des aides au
lo g ement allaient être débloquées. De son côté, l’armée a organisé des distributions de vivres, de tentes et de sacs de couchage pour les sinistrés réfugiés
sur les plages. Des écoles ont été
réquisitionnées dans les zones
touchées et des cellules d’aide
psychologique ont été mises en
place.
Mais les propos rassurants
tenus par les autorités ne trouvent pas forcément un bon écho
dans la population. Les Grecs dénoncent la désorganisation et le
retard des secours. Des familles
de victimes ont pris à partie le
ministre de la Santé devant l’hôpital de Pyrgos : « Pourquoi ne
nous avez-vous pas fait évacuer
plus tôt ? » « Où étaient les pompiers quand mon mari brûlait ? »
« Où est l’ar mée ? Pourquoi ne
nous ont-ils pas sauvés ? » De
nombreux habitants ont en effet
dû se battre seuls pour essayer de
sauver leurs maisons à l’aide de
seaux d’eau. Certains pompiers
ont semblé dépassés par les événements, ne sachant pas à qui demander des ordres, et on a vu des
lances à incendie à sec. La lourdeur du bilan s’explique aussi
par le fait que l’assurance habitation n’est pas oblig atoire en
Grèce. De nombreux habitants
ont ainsi refusé d’obéir aux injonctions des pompiers qui les
pressaient d’évacuer leurs villages.
Selon les pompiers, de nombreux incendies pourraient être
d’origine criminelle : 22 foyers
ont ainsi démarré vendredi, après
la tombée de la nuit. Quatre personnes soupçonnées d’incendies
volontaires ont été arrêtées hier.
A la suite d’un appel à l’aide
d’Athènes à l’Union européenne,
la France a décidé d’envoyer quatre bombardiers d’eau Canadair
et 60 sapeurs-pompiers pour participer à la lutte contre les incendies. Ces renforts devaient être
acheminés par un Transall C130
appartenant au ministère de la
Défense. C’est la troisième fois,
cette année, que la France engage
des avions en Grèce. L’Italie, l’Espagne et la Suède doivent aussi
envoyer des avions, tandis que
l’Allemagne et la Norvège ont
proposé des hélicoptères.
Angélique Kourounis
(avec AFP)
Société
26 août 2007
/7
Face-à-face. La tension monte entre « pro » et « anti », qui se toisaient hier près de Montauban
Les OGM
sèment
la discorde
Envoyée spéciale
« Si Bové continue à faucher nos champs, on va s’occuper de lui raser la moustache ! » hurle un agriculteur en colère. « Il faudrait plutôt le coller
en prison avec sa bande de
voyous ! » lance un autre. Sur le
pont de Verdun-sur-Garonne
(Tarn-et-Garonne), hier, près de
200 agriculteurs se cognent aux
escadrons de gendarmerie mobile qui en bloquent l’accès. Quelques lacrymos contiendront les
manifestants, qui veulent en découdre avec « ceux d’en face ». De
l’autre côté du vieux pont à haubans, précisément, des militants
anti-OGM, réunis pour le weekend à l’appel du collectif des Faucheurs volontaires, finissent de
pique-niquer. Ils savent l’exaspération de l’autre camp et craignent l’af frontement. « C’est
grâce à nos actions de fauchage
que le débat sur les OGM est aujourd’hui sur la place publique »,
se justifie Patrick, un informaticien venu de la région Rhône-Alpes. « On s’attaque surtout aux
parcelles détenues par des multinationales », ajoute Nicolas, un
autre militant.
Sur l’autre rive, on ne décolère pas. Les arguments fusent
pour dénoncer l’« atteinte au travail des gens et à la propriété privée », et dire que, si tous ici ne
sont pas forcément pour les OGM,
« ça suffit ». Les esprits s’échauffent. Un hélicoptère tour noie
dans le ciel ; le sous-préfet de permanence est appelé à la res cousse : passant d’une rive à l’autre, il fait promettre aux faucheurs de ne pas s’attaquer aux
champs d’agriculteurs du coin, et
aux autres de lever le camp pour
éviter tout dérapage moyennant
une protection de leurs parcelles
par la force publique.
Avant de partir, la mort dans
l’âme, les agriculteurs jettent un
dernier coup d’œil vers le pont
interdit en lançant : « Si on les
trouve dans nos champs, on ne
les ratera pas ! » De l’autre côté de
la Garonne, José Bové vient d’expliquer qu’il ne renoncera pas
aux actions de « désobéissance civique ». En début de soirée, plusieurs f aucheurs volontaires
iront déposer des pieds de maïs,
discrètement arrachés un peu
plus tôt, devant les grilles de la
firme Monsanto. L’affrontement
direct a été évité, mais les OGM
n’ont sans doute pas fini de semer les graines de la discorde.
Soucieux d’apaiser les es-
Georges Bartoli/Fedephoto pour le JDD
Verdun-sur-Garonne
Hier sur le pont de Verdun-sur-Garonne, les gendarmes ont bloqué les pro-OGM qui tentaient de
perturber le rassemblement des Faucheurs volontaires sur l’autre rive (ci-contre).
prits, le ministre de l’Ecologie
Je a n - L o u i s B o rl o o, q u e l ’ o n
n’avait jusqu’alors guère entendu sur le sujet, a pourtant indiqué cette semaine que le Grenelle de l’environnement, prévu
à l’automne, serait l’occasion de
préparer une loi. « On est dans
une situation complètement hypocrite en France, a-t-il reconnu.
On n’a pas osé faire de loi pour
t r a n s c r i re l a d i re c t ive e u ro péenne, on a fait des décrets. »
Des textes publiés en toute hâte
qui ont ef fectivement per mis
d’escamoter un débat houleux à
la veille de l’élection présidentielle, tout en évitant en partie
les lourdes amendes prévues par
Bruxelles pour défaut de transposition de cette directive depuis
2002. La méthode a suscité l’ire
des organisations écologistes
qui militent depuis des années
pour un vaste débat au Parlement.
Echaudées, ces associations
restent prudentes. Pour France
Nature Environnement, si l’annonce de Borloo est « une avancée », « il va falloir se mettre d’accord sur le fond ». A Greenpeace,
on reste très mesuré : « Depuis
des années, les politiques fuient
le débat public et laissent pourrir
la situation en jouant la stratégie
du fait accompli ! » s’énerve Magali Ringoot, en rappelant que les
surfaces cultivées en maïs OGM
ont été multipliées par quatre en
un an, et ce « sans véritable réglementation ». En Europe, la
F rance ar rive désor mais en
deuxième position avec plus de
22.000 hectares, juste derrière
l’Espagne, « alors que plus de
80 % des Français sont contre,
tout comme une majorité d’agriculteurs », souligne-t-elle. Comme
d’autres, telle la Confédération
paysanne, Greenpeace maintient
son exigence : « Un moratoire sur
les OGM dans les plus brefs dé-
lais ! Ensuite, on pourra discuter
des contours de la loi. » La menace d’un boycott du Grenelle de
l’environnement, le grand rendez-vous écologique promis par
Nicolas Sarkozy, plane donc toujours.
Le gouvernement dresse les
gens les uns contre les autres
En dépit de l’intervention de
Jean-Louis Borloo, une impression de flottement s’est installée,
alimentée par des prises de position contradictoires au sein du
gouvernement. « On ne sait pas
où ils veulent nous emmener »,
déplore Cédric Poeydomenge,
responsable de l’Association générale des producteurs de maïs
(AGPM), cataloguée pro-OGM.
Mi-août, en pleine campagne de
fauchage d’OGM et après le suicide d’un cultivateur de maïs
transgénique dans le Lot, son organisation s’était fendue d’un
communiqué rageur, dénonçant
« une gestion particulièrement
déf aillante, f aite d’ater moiements et de non-décisions ». Le
président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a de son côté
exigé du gouvernement « une position définitive, qui arrête le
feuilleton de l’été avec destructions de champs d’OGM ». Michel Masson, responsable de la
FDSEA pour la région Centre, ne
cache plus son inquiétude : « Le
dialogue n’est plus possible. Les
agriculteurs victimes de fauchages sont exaspérés. Il y a déjà eu
un mort et je peux vous dire que,
plutôt que d’aller s’accrocher à
un arbre, ils risquent maintenant d’aller décrocher leurs fusils. » Magali Ringoot, de Greenpeace, prévient elle aussi : « En
ne clarifiant pas la situation, le
gouver nement dresse les gens
les uns contre les autres et risque de mettre le feu aux campagnes. »
Emmanuelle Chantepie
Pédophilie. C’est dans cet établissement « spécialisé » qu’était détenu Francis Evrard
Malaise à la prison de Caen
Vendredi au centre
pénitentiaire de Caen.
Caen
Caen. « Cinq ont récidivé et sont revenus à la case départ », constate un syndicaliste FO.
Les détenus se plaignaient des délais
pour obtenir une consultation
Au centre de détention de Caen, les
failles du système médico-judiciaire
semblent béantes. Un surveillant affirme que, lorsqu’il signale aux médecins des comportements suspects ou des
transferts d’images pédopornographiques entre détenus, rien ne se passe. Cet
autre gardien s’étonne que personne
n’ait traité Martial Leconte pour son
problème d’alcoolisme alors qu’il a commis son viol en état d’ébriété avancée.
Les moyens ne semblent pas adaptés à
la prise en charge d’une population carcérale bien particulière : ici, plus de
80 % des 420 détenus sont des délinquants sexuels. « Difficile de les soigner
alors qu’ils ne parlent que de sexe et se
confient leurs fantasmes », souligne une
assistante sociale. « Cette concentration
de délinquants ayant le même profil ne
fait qu’amplifier les pulsions des détenus, poursuit un surveillant. Avant les
expertises psychiatriques, qui ne durent qu’une vingtaine de minutes, les
prisonniers se briefent entre eux pour
obtenir de bons rapports. Ainsi, des types comme Evrard gagnent des mois de
réduction de peine. » Même si certains
détenus se font prescrire des traitements hor monaux, souvent uniquement dans le but d’obtenir une permission, personne n’est en mesure de vérifier le suivi de ceux-ci.
Le SMPR (service médico-psycholo-
gique régional) de Caen a traversé une crise ces trois dernières années. Créé en 1995, il a
fonctionné avec ef ficacité
jusqu’en 2004 et a même accueilli au sein de la prison une
unité d’hospitalisation de douze
lits, qui a fermé en juillet 2005.
Ce qui a eu des répercussions
en détention puisque les surveillants ont constaté un nombre accru d’incidents. Plusieurs
assistantes sociales, démotivées, ont quitté le service et
n’ont pas été remplacées. « Il
n’y a jamais eu autant de monde
au mitard qu’à cette période de
tensions », précise Hugues, aumônier depuis sept ans. Les détenus se plaignaient des délais
pour obtenir une consultation.
L’avocate Dominique Maugeais
indique que l’un de ses clients,
qui avait réclamé une prise en charge
psychologique, est resté sur une liste
d’attente pendant deux ans.
Depuis le mois de septembre, un
nouveau psychiatre est en place, il est le
seul médecin statutaire du SMPR. Les
cinq psychologues, qui interviennent
également à la maison d’arrêt comptant
400 détenus, sont contractuels. « Ce
n’est pas suffisant », témoigne une assistante sociale. Selon Hugues, l’aumônier de prison, « quand un gars pète les
plombs, au lieu de le soigner, on l’envoie
se calmer pendant neuf jours au Bon
Sauveur (hôpital psychiatrique), dans
une cellule de 9 m² avec un matelas au
sol et un seau ». Une assistante sociale
conclut : « Ici, on casse les détenus plus
qu’on ne les soigne. »
Adeline Fleury
Doc LCI
Des soupirs de soulagement emplissent le bureau froid des surveillants. Enfin, ils ont l’impression d’avoir été écoutés. Eux qui côtoient les détenus 24 heures sur 24, entendent leurs discussions,
partagent leur univers, perçoivent leurs
travers. Après plus d’une heure de délibérations, la décision est tombée : Martial Leconte, pédophile originaire de Vernon (Eure), condamné en 1998 à quatorze
ans de réclusion criminelle pour le viol
d’une collégienne de 11 ans, ne sortira
pas de prison avant trente jours. Il devait
pourtant recouvrer la liberté hier. Cet
homme de 42 ans se vantait, lors de ses
promenades dans la cour centrale,
d’avoir un « faible pour les petites filles ».
Une commission présidée par le
juge d’application des peines et composée du procureur de la République, de
membres de l’administration pénitentiaire, des services sociaux et de psychiatres, en a décidé autrement. « Lors
d’une perquisition de la cellule du détenu, mercredi, la police a découvert
des photos représentant des enfants habillés. Le parquet a considéré qu’il
s’agissait d’une mauvaise conduite et a
saisi la commission d’application des
peines en vue de demander un retrait
du crédit de réduction de peine », a expliqué Claire Diwo, substitut du procureur de Caen.
Une manière de calmer les esprits
après l’affaire Evrard ? Trente jours suffiront-ils vraiment pour s’assurer que
Leconte, qui a confié à plusieurs reprises vouloir à nouveau passer à l’acte, ne
récidivera pas ? L’an dernier, dix « profils » similaires à celui de Leconte ont
été libérés du centre pénitentiaire de
Photo david Brabyn pour le JDD
Envoyée spéciale
« Je tiens à revivre dehors »
■ En octobre 2000, une équipe de Zone interdite avait rencontré Francis Evrard dans le
cadre d’un reportage sur les délinquants
sexuels en prison. Le pédophile récidiviste
venait alors d’arriver au centre de détention
de Caen. Dans des extraits de ce document
redif fusés aujourd’hui dans l’émission
66 Minutes (17 h 50 sur M6), Evrard, qui en
est alors à vingt-cinq années de prison, est
auditionné par la juge d’application des peines. Il se confie (visage masqué et voix déformée) sur son refus de subir une castration chimique : « Ce n’est pas à 60 ans que je
vais faire un traitement hormonal, je tiens à
revivre dehors », explique-t-il avant de reconnaître – sans se faire prier – qu’il lui arrive encore d’avoir des fantasmes pédophiles. S’il a demandé à voir la juge, poursuitil, c’est seulement pour obtenir le droit de
sortir voir sa mère malade et non parce
qu’il ressent le besoin d’un suivi. La juge refuse la permission et fait part de son inquiétude face à « ce dossier extrêmement lourd » :
« Il ne réalise manifestement toujours pas
que ce qu’il a fait est très grave, qu’il est
dangereux pour les enfants, explique-t-elle.
[Sa détention] n’a servi à rien, si ce n’est à le
mettre de côté. »
Sept ans plus tard, Francis Evrard récidivera quelques semaines après sa libération.
J.B.-P.
Société
8/
Albertville. Son avocat évoque le passé difficile
de la triple infanticide et accable son compagnon
Elle voulait garder
ses « bébés »
Envoyée spéciale
L’homme a le regard perdu,
presque hagard. Il s’exprime d’une voix tremblante.
Dit qu’il « cherche à comprendre ». Hier matin, Philippe
Viguet-Poupelloz, 40 ans, plombier, est rentré chez lui. Dans la
maison sur les hauteurs d’Albertville (Savoie) où, trois jours
plus tôt, il a découvert les cadavres de trois nouveau-nés enfouis dans une malle et un carton. Ils avaient été cachés là par
sa compagne, Virginie Labrosse,
3 6 a n s. L a j e u n e f e m m e a é t é
mise en examen et incarcérée
ve n d r e d i p o u r m e u r t r e s s u r
mineurs de moins de 15 ans.
Elle avait reconnu, dès la
découverte des corps, avoir mis
au monde en 2001, 2003 et 2006
ces trois bébés et les avoir cachés depuis dans le bac à congé-
lation du réfrigérateur, les transportant même lorsque le couple
a emménagé dans la grande maison qu’il s’était fait construire
l’année der nière. Lorsqu’elle
a quitté le domicile conjugal, début août à la suite d’une brouille,
elle a descendu les corps dans un
vide sanitaire au sous-sol pour
que son compagnon ne les trouve
pas. Elle avait pris l’habitude de
les sortir du congélateur dès que
ce dernier était seul et risquait
de tomber dessus.
Son compagnon ne s’est pas
aperçu de ses grossesses
Philippe Viguet-Poupelloz,
qui vivait avec elle depuis seize
ans, raconte qu’il ne s’est jamais
aperçu de ses grossesses. « J’ai
rien vu », répète-t-il d’une voix
monocorde. Placé en garde à vue
mercredi, en même temps que
Virginie, l’homme a été relâché
sans qu’aucune charge ne soit
retenue contre lui. « Il n’était
pas au courant. […] Il est tombé
du placard en l’apprenant »,
déclarait vendredi Henry-Michel
Perret, le procureur d’Albertville. Un autre homme a également été placé en garde à vue et
relâché dans le même temps : un
garçon de 20 ans, ancien voisin
de palier du couple, avec qui
Virginie entretenait depuis deux
a n s u n e re l at i o n a m o u re u s e.
En décembre 2006, alors qu’elle
accouchait de son troisième
bébé, l’amant dit n’avoir lui non
plus rien remarqué. « Lors de
ses grossesses, au lieu de prendre du poids, elle pouvait perdre
jusqu’à une quinzaine de kilos »,
explique le procureur.
S e l o n M e M i c h e l Ju g n e t ,
l’avocat de Virginie Labrosse, la
jeune femme, bien que socialisée
– des amies, un emploi régulier
par intérim… –, était extrêmement seule. Depuis sa rencontre
avec Philippe, Virginie avait
coupé tout lien avec sa famille,
Virginie
Labrosse
et son frère
le 31
décembre
2004.
Aucun de
ses proches
n’était au
courant de
son lourd
secret.
DR
Albertville
d’origine lyonnaise. Lors de son
audition, elle a expliqué avoir eu
une enfance malheureuse. Elle
aurait été victime d’agressions
sexuelles de la part d’un de ses
proches. Elle entretenait également des rapports psychologiquement très violents avec sa
mère, alcoolique. Cette dernière
lui avait répété pendant toute
son enfance « qu’il ne fallait pas
avoir d’enfant trop tôt », rapporte M e Jugnet. Elle ne s’est
pas manifestée depuis l’arrestation de sa fille. Selon l’avocat,
le rapport que sa cliente entretenait avec son compagnon Philippe a pu également nourrir
une partie de ses troubles de la
personnalité. « Elle vivait sous
s o n e m p r i s e. Pe n d a n t d e s
a n n é e s, e l l e a ap p a re m m e n t
subi des relations sexuelles non
consenties », explique-t-il.
Elle a du mal à parler
de ses accouchements
Philippe Viguet-Poupelloz a
un passé en matière d’ag ressions sexuelles. En 1998, alors
qu’il vivait déjà avec Virginie,
il a été condamné à dix mois de
p r i s o n , d o n t q u at re f e r m e s.
Il avait eu un comportement déplacé envers une mineure, qu’il
avait abordée à la sortie d’un
lycée. En 2001, il est à nouveau
condamné pour avoir agressé
une auto-stoppeuse. Il effectue
alors sept mois de prison. C’est
durant cette incarcération que
Virginie accouche du premier
bébé. Seule, dans les toilettes.
« Elle ne voulait pas d’enfant
avec cet homme. Il savait qu’elle
é t a i t e n c e i n t e, m a i s e l l e l u i
avait dit qu’elle s’était fait avorter », affirme Me Jugnet.
Virginie Labrosse a ensuite
utilisé des ovules sper micides
comme moyen de contraception,
selon le procureur. Ce qui ne l’a
pas empêchée de tomber à nouveau enceinte et de conduire ses
grossesses à terme. « Pour elle,
[les corps de ses enfants] n’étaient
p a s d e s c a d av r e s, m a i s s e s
bébés. C’est pour cela qu’elle
n’ a r r iv a i t p a s à s e s é p a r e r
d ’ e u x » , i n d i q u e s o n avo c a t .
Pourtant, selon lui, à plusieurs
reprises, reprenant pied avec
une cer taine réalité, la jeune
femme a pensé se débarrasser
des corps. Mais aussitôt, sa position « de mère » reprenait le dessus et elle ne pouvait s’y résoudre. « L’arrestation a finalement
été le seul moyen pour elle de se
libérer enfin de ce secret. C’est
difficile pour elle, mais je crois
qu’elle se sent soulagée », analyse Me Jugnet. Durant son audition, la jeune femme a eu du mal
à parler de ses accouchements et
de la façon dont les enfants sont
morts. Les autopsies, effectuées
hier à Paris, devraient permettre d’en savoir un peu plus.
Hier matin, Philippe ViguetPoupelloz a rangé quelques affaires sur la terrasse de sa mais o n i m p e c c a b l e m e n t t e n u e.
Impassible, il ne prête pas attention aux curieux qui passent devant cette bâtisse qui fait la une
de tous les journaux. L’homme
explique qu’il a du mal à rester
à l’intérieur de la villa : « C’est
t ro p d o u l o u re u x . » Q u e l q u e s
heures plus tard, il a fer mé
por tes et volets et quitté son
domicile.
Alice Géraud
TELEX
Un car d’Italiens détruit
par un incendie
■ Un incendie d’origine accidentelle a détruit un car transportant 55 personnes originaires
d’Italie sans faire aucune
v i c t i m e, h i e r ap r è s - m i d i s u r
l’autoroute A43, à hauteur de
la commune de La Tour du Pin
(Isère). Les passagers ont eu le
temps de sortir du véhicule
avant son embrasement.
Répulsif contre SDF :
« indigne », dit Boutin
■ La ministre du Logement et
de la Ville, Christine Boutin,
juge « inacceptable » et « indigne » l’utilisation par la mairie
d’Argenteuil de produits répulsifs nauséabonds pour déloger
les SDF. Elle a d’autre part promis des initiatives respectant à
la fois la dignité des SDF et les
riverains.
De Saint-Bernard à Lille
■ Un millier de personnes ont
m a n i f e s t é h i e r à Pa r i s, d e l a
place de la République à la
Goutte d’Or, pour marquer le onzième anniversaire de l’évacuation des sans-papiers de l’église
Saint-Bernard et pour apporter
leur soutien aux sans-papiers
en grève de la faim à Lille.
Deux accidents d’ULM
■ Deux hommes sont morts hier
dans deux accidents d’ULM.
L’ u n , â g é d e 7 4 a n s, p r è s d e
Sallanches (Haute-Savoie), et
l’autre, un garagiste de 52 ans,
qui s’est écrasé alors qu’il
survolait Arleuf (Nièvre).
Crash à Vannes : deux morts
■ Un pilote et sa passagère sont
morts hier soir dans l’accident de
leur avion de tourisme sur l’aérodrome de Vannes. Leur appareil,
vraisemblablement sujet à une
panne de moteur en phase de
décollage, s’est écrasé en bout
de piste.
La fièvre catarrhale se propage
■ La fièvre catarrhale ovine s’est
propagée en France avec un total
de 54 cas recensés. La zone réglementée restreignant les mouvements des ruminants vivants
concerne désormais 19 départements. « Deux nouveaux cas identifiés dans des élevages de l’Aisne
et d’Allemagne, près de la frontière, conduisent à étendre la zone
réglementée. Les départements
de l’Yonne et du Val d’Oise sont
pour la première fois concernés »,
a indiqué le ministère de l’Agriculture, qui avait annoncé 36
cas mardi.
Société
/9
26 août 2007
Gladiator. Ancien adepte de jiu-jitsu, Brice Lopez a fait des combats romains son métier
stages d’archéologie expérimentale avec des universitaires, raconte-t-il. Il s’agissait, à partir
d’iconographies ou de textes anciens, de reproduire les gestes
des sports olympiques de l’Antiquité. J’y suis allé un week-end,
ça m’a plu. Et puis, de fil en aiguille, j’en suis venu aux gladiateurs. »
Brice n’avait pourtant rien
d’un latinophile. A peine un peu
de déclinaisons au collège, quelques ruines visitées à l’occasion
de voyages, sans plus. « A l’époque, j’étais plutôt dans l’Orient,
confesse-t-il. En plus des sports,
je cherchais une façon de vivre.
Dans le milieu des arts martiaux,
tout le monde veut devenir plus
asiatique que les Asiatiques,
mais c’est impossible : il faudrait
vivre à la japonaise médiévale, or
on ne peut pas s’affranchir du
monde qui nous entoure. Alors
que la gladiature, c’est des arts
martiaux “huile d’olive et miel”.
Je l’ai complètement senti ! »
Brice lâche donc sans hésiter
le zen pour la philosophie latine,
qu’il entreprend de prêcher. Sans
craindre de se livrer à des interprétations escarpées : « Tous ces
jeux du cirque, ces combats, ont
une valeur apothropaïque, ce qui
signifie “qui ôte les maux”…
Arles (Bouches-du-Rhône)
Envoyée spéciale
La foule a donné son verdict :
la mort. Au milieu des badauds survoltés, le gladiateur, à
genoux, peine à reprendre son
souffle. Son trident et son filet reposent dans la poussière aux
pieds de son adversaire, son arcade sourcilière est en compote
mais il est toujours debout. La
plèbe a désigné son vainqueur ; le
perdant, les yeux exorbités, s’exécute. Un coup de poignard, un
râle, une ultime chute, et c’est
déjà la fin du spectacle, sous un
tonnerre d’applaudissements.
Les adultes ont tremblé, les enfants sont médusés : mission accomplie pour l’équipe de Brice
Lopez, le vaincu du jour. « Ces
moments où vous êtes là, au milieu de la foule qui hurle parce
que vous vous êtes donné à fond,
c’est palpitant », exulte l’athlète
en jupette blanche, entre deux
photos souvenirs avec ses fans.
« Des arts martiaux
huile d’olive et miel »
A 38 ans, cet ancien sportif
de haut niveau, version arts martiaux, a déjà fait vibrer plus d’une
ruine du monde romain. Hier
soir encore, c’est dans le cadre
mythique des arènes d’Arles, redevenues latines le temps d’un
festival, qu’avec ses guerriers, il
a recréé, presque coup pour coup,
les combats des héros de l’Antiquité, auxquels il consacre sa vie
depuis plus de dix ans.
C’est par hasard que Brice,
professeur de jiu-jitsu, est tombé
dans la marmite romaine en 1994.
« Lors d’une compétition, un Italien est venu recruter des combattants pour participer à des
Serge Pagano/Reportages
Il est le roi
de l’arène
Brice Lopez dans le rôle
du rétiaire (à gauche),
lors du spectacle donné
mercredi à Arles pour
le festival du péplum.
J’explique : pour les peuples indoeuropéens, les âmes des morts
sont immortelles. Les gens de
l’Antiquité vont volontairement
donner une partie d’eux-mêmes à
la mort pour l’apaiser ; c’est le
sang versé par les gladiateurs, et
Ambiance péplum en Arles
■
Depuis le début de la semaine et jusqu’à demain, la ville d’Arles
renoue avec son histoire romaine à l’occasion du festival Arelate. Partout dans la ville, des visites guidées des différents musées et
sites antiques sont assurées par des historiens ou des bénévoles de
l’association Péplum. De nombreuses reconstitutions historiques sont
installées aujourd’hui en accès libre autour du musée départemental.
Au programme, entre autres, un véritable campement de la légion romaine, avec ses troupes en plein entraînement, des potiers en action
ou encore des courses de chars commentées par un archéologue.
04 90 18 41 20 ou www.festival-arelate.com
le public autour en sort guéri…
C’est ça, la catharsis ! » De sa
nouvelle passion, Brice a fait son
métier depuis six ans. « Je le vis
presque comme une mission.
C’est tout un patrimoine que l’on
a en commun, Africains, Orientaux, Européens, Palestiniens, Israéliens. Utilisons-le pour nous
retrouver ! »
A Beaucaire, il initie les jeunes
aux combats de gladiateurs
Il ne lui manquait plus qu’un
temple où poser son armure, entre deux représentations. Depuis
avril, il a ouvert, à Beaucaire
(Gard), le Forum Uger num, un
parc gallo-romain* où il emploie
cinq personnes, d’anciens élèves
de jiu-jitsu qui le suivent depuis
Beaujolais. On a vendangé dès hier, avec onze jours d’avance
Aux Fournelles, le bonheur dans la vigne
Saint-Lager (Rhône)
Les superstitieux remercieront
certainement la Vierge aux raisins, qui domine le vignoble depuis sa chapelle, de si bons auspices. Dix heures, hier matin, à
Saint-Lager (Rhône), sur le versant sud-est du mont Brouilly, le
soleil chauffe déjà les raisins et
les dos des saisonniers. Le ban
des vendanges s’est ouvert deux
heures auparavant, et l’effervescence a gagné les coteaux du domaine des Fournelles, avec onze
jours d’avance sur l’an dernier en
raison d’un mois d’avril estival
qui a hâté la floraison des vignes.
25 coupeurs arpentent
les 10,5 hectares de terrain
Si les gestes manquent encore
d’assurance, la scénographie est
en revanche déjà intég rée. En
amont, 25 coupeurs arpentent,
serpette en main, les 10,5 hectares
de terrain. A leurs trousses, quatre « hotteurs » – néologisme viticole – transpor tent le raisin
jusqu’au bac. Le relais est alors
pris par deux trieurs, en quête du
trop rosé ou du trop pourri, victime du mildiou et d’un été trop
humide. Reste à mener la récolte
en cuves, où, particularité du
beaujolais, elle macérera par
g rappes entières pendant dix
jours.
Sur le perron de sa bâtisse du
second Empire comme dans la vigne, Alain Bernillon, 57 ans, s’impose en maître de ballet. Il a pris
la relève de son père à la mort de
celui-ci, en 1973. « Je trempe dedans depuis que je suis tout petit,
raconte-t-il. Quand nous allions
aider aux vignes, c’était une corvée pour mon frère aîné et un
plaisir pour moi. » Trois décennies plus tard, le vigneron n’a
rien perdu de son enthousiasme.
A l’heure des arrachages de pieds,
de la surproduction et de la re-
Stéphane Guiochon/Le Progrès
Envoyé spécial
Hier dans le Beaujolais, premières vendanges. Le mois d’avril estival a hâté la floraison du raisIn.
conversion chez les 2.500 exploitants de la région, dont le nombre
fond chaque année, lui se porte
plutôt bien.
Le fruit d’un certain sens de
l’anticipation. Durant le boom
des années 1980 et 1990, Alain
Ber nillon est resté fidèle à ses
deux crus, brouilly et côtes-debrouilly. Ni beaujolais nouveau,
ni beaujolais villages, donc, qui
ont tant écorné le label qualité
des vins de la région. Et qui subissent de plein fouet la concurrence des vins du Nouveau
Monde. L’autre racine du succès,
c’est d’avoir privilégié la vente directe. Aujourd’hui encouragées
par l’Union viticole du Beaujolais, les ventes hors négoce et
hors coopérative représentent les
trois quarts des échanges du domaine. « On récolte le fruit de
trente ans de travail, commente
Bernadette Bernillon, qui préside
aux tâches administratives et à
l’accueil des clients. Nous n’avons
jamais voulu dépendre d’un gros
client, mais au contraire diversifier nos débouchés. »
Des congés pour se consacrer
aux vendanges
Sur les 30.000 bouteilles produites annuellement, peu se morfondent longtemps dans le caveau
de dégustation. Beaucoup partent
rapidement pour Paris, ses bistrots auvergnats et ses bars à vin.
« J’ai également un gros débouché en Belgique, grâce à un ami
implanté là-bas qui me sert d’intermédiaire », ajoute le vigneron.
Un ami d’abord consommateur,
rencontré au hasard d’une dégustation à la cave, et qui, depuis
quinze ans, pose ses congés pour
se consacrer aux vendanges ! Adjudant instructeur chez les pompiers de Liège depuis trente ans,
Jean-Louis Brennenraedts loue
l’environnement, la solidarité…
et les bons repas – un brin arrosés – de ces dix jours de travail.
La hotte sur le dos, Maurice et Roland, « deux vieux soldats », présentent des états de service impressionnants. « Vingt-cinq ans
de campagnes successives au domaine pour Momo, vingt-deux
saisons en Beaujolais pour moi »,
détaille Roland, électricien à l’année « tombé amoureux de la région ».
Au milieu de ces « historiques », étudiants, intérimaires ou
saisonniers viennent gagner un
peu d’argent et prendre beaucoup
de bon temps. Certains, comme
Mustafa, venu avec sa compagne
Nadia, ne rateraient l’événement
pour rien au monde : « J’ai été
opéré du dos et je ne devrais pas
être là, avoue-t-il. Mais pour les
gens du coin comme nous, c’est
une tradition. Et il y a une telle
ambiance… »
Julien Descalles
la première heure. Dans un décor
d’époque fidèlement reproduit, sa
« dream team » continue ses recherches historiques, peaufine sa
pratique, accueille les écoles et
initie de jeunes recrues aux techniques de combat, loin des clichés du cinéma. Le pouce en l’air
ou en bas ? Une invention d’un
peintre du XIXe siècle. L’inévitable mise à mort ? Une hérésie de
péplums hollywoodiens ; tout
comme le mythe du gladiateur
forcément esclave, alimenté par
les exploits de Spartacus ou ceux
de Maximus, le héros fictif du
film de Ridley Scott, Gladiator.
« En 2000, pour la première du
film, Universal nous avait invités
pour faire des démonstrations au
pied des arènes de Rome, raconte
Brice. Gladiator nous a fait gagner pas mal d’argent par la suite,
car on a fait beaucoup de représentations dans des cinémas. A
chaque fois, on en profitait pour
démonter la réalité historique du
film ! On s’est bien marrés. »
Finalement plus artiste que
prophète, le combattant se verrait bien sur grand écran, mais
seulement dans une œuvre totalement réaliste. « Je voulais envoyer quelque chose à Luc Besson car c’est le seul qui pourrait
le faire en France. Ce serait un
bon moyen de transmettre l’honneur des gladiateurs. Peut-être
qu’un jour, on y arrivera. »
Stéphanie Badoux
*www.acta-archeo.com
La fausse professeure
touchait un vrai salaire
Une fonctionnaire de SeineS a i n t - D e n i s av a i t t r o u v é u n
moyen original pour améliorer
son ordinaire : se faire verser,
chaque mois, un salaire de professeur des universités, soit environ 4.000 € qui venaient s’ajouter à ses propres émoluments,
plus modestes. Une idée qu’elle
n’ ava i t p a s d û ch e rch e r b i e n
loin. En poste à la trésorerie générale du dépar tement, cette
femme était précisément chargée de la paye des enseignants.
Début 1992, elle a créé un dossier, inventant une enseignante
fictive, sous une autre identité
que la sienne. Et depuis quinze
ans, elle gérait elle-même le déroulement de carrière de la prof
fantôme, augmentations indiciaires comprises. Toutes ces années, l’ingénieuse combine lui a
per mis de faire des voyages et
d’investir dans l’immobilier.
Mais les meilleures choses ont
une fin.
Fin 2006, la présidence de
l’université de Marne-la-Vallée
(Seine-et-Marne) reçoit un bulletin de paye au nom d’un prof inconnu. Le Trésor public est
contacté et mène une enquête interne. La trésorerie générale de
Seine-Saint-Denis finit par découvrir – un peu tard – qu’un de
ses agents encaissait les salaires, et porte plainte. Interpellée
mercredi par les policiers du
SDPJ 93, la fonctionnaire indélicate aurait passé des aveux complets en garde à vue. Elle a été
déférée jeudi soir au parquet de
Bobigny, et devait être mise en
examen hier, pour « détour nement de fonds publics ».
600.000 euros détournés
en quinze ans
Plusieurs questions restent à
éclaircir. Comment cette femme
a-t-elle réussi à ouvrir un compte
en banque sous une fausse identité ? Surtout, pourquoi le Trésor
public ne s’est-il aperçu de rien
et n’a-t-il jamais réclamé d’impôt
sur le revenu à la prof fantôme ?
Au long de ces quinze années,
elle aurait détourné un total de
600.000 €, selon des sources proches de l’enquête. En y ajoutant
les charges sociales, le préjudice
pour l’Etat atteindrait le million
d’euros.
C’est un minuscule grain de
sable qui a grippé la machine.
Chaque mois, au bureau, la dame
interceptait discrètement son
vrai-faux bulletin de paye avant
qu’il ne soit expédié. Il a suffi
qu’un seul parvienne à l’université, pendant ses congés, pour
que le pot aux roses soit découvert. Sans quoi l’indélicat agent
du Trésor toucherait encore ses
deux salaires. Avant de prétendre, un jour, à deux retraites.
Michel Deléan
TELEX
Légionellose à Grenoble
■ Quatre cas de légionellose ont été diagnostiqués au laboratoire du
CHU de Grenoble (Isère) en août. Les patients sont en voie de guérison. Ils habitent ou ont fréquenté dans les dix jours précédant le début des signes cliniques, la zone centre-est de l’agglomération grenobloise où une quinzaine de tours aéroréfrigérantes sont en cours de
vérification.
Gennevilliers : macabre découverte
■ Les corps de deux femmes, une mère dont l’âge n’a pas été communiqué, et sa fille de 30 ans, ont été retrouvés jeudi matin en état de décomposition dans l’appartement de la mère à Gennevilliers (Hauts-deSeine), a-t-on appris hier. Une autopsie doit être pratiquée en début de
semaine pour déterminer la cause des décès.
Etranger
10/
26 août 2007
Etats-Unis. Comme plusieurs millions d’Américains, David Hardin avait acheté sa maison à crédit
Woodbridge (Virginie)
Envoyée spéciale
« Ça aurait dû marcher, ça
devait marcher… » David
Hardin en est encore convaincu.
Ce trentenaire achète une petite
maison dans la banlieue de Washington il y a deux ans, en plein
boom immobilier. En quelques
mois, le pavillon prend de la valeur. Il en achète d’autres : deux,
trois, quatre, certains sur plans,
construits en quatre mois. Il les
louera. Bien sûr, il n’a pas d’argent pour. Mais, à l’époque, raconte-t-il, pour décrocher un emprunt immobilier, il suffisait de
remplir la case « revenus déclarés ». Rien à prouver. Les traites
à payer ? Pas de problème. Il a
trouvé une société de « financement créatif » lui proposant,
sans apport, un crédit hypothécaire dont il ne rembourserait
que les intérêts les premières années. Les intérêts sont variables,
précise le contrat, mais à cette
époque, tout le monde s’en fiche.
« J’ai l’impression qu’on a tiré
la chasse du rêve américain »
Tout aurait dû marcher…
jusqu’à l’année der nière. Ses
mensualités sont soudain pass é e s, p o u r l ’ u n e, d e 2 . 2 0 0 à
3.200 dollars, pour l’autre, de
2.100 à 2.900 dollars, et ainsi de
suite… Refinancer ? Impossible.
La valeur des maisons, souvent
c o m p r i s e e n t re 2 0 0 . 0 0 0 e t
400.000 dollars, s’est effondrée
dans cette banlieue de Washington où la multiplication de ces
emprunts à risque avait dopé la
construction. Les locataires de
David Hardin n’arrivent plus à
payer les loyers. Il n’a même plus
assez d’argent pour entreprendre
d e s p ro c é d u re s d ’ e x p u l s i o n :
« J’ai essayé de me débarrasser
de mes maisons, je n’y arrivais
pas. » En un an, quatre des maisons sont saisies par les banques.
« C’est quelque chose d’inracontable, ça vous donne des palpitations, ça vous fait transpirer la
nu i t , d i t - i l , j ’ a i l ’ i m p re s s i o n
qu’on a tiré la chasse du rêve
américain. » David est l’un des
t o u t p re m i e r s à avoir subi la
crise du subprime, qui a fait plonger les Bourses du monde entier
la semaine passée. Et fait vivre à
des milliers d’Américains un enfer similaire.
« Ces prêts à risque ont
convaincu beaucoup de g ens
d’acheter pour la première fois
Aude Guerrucci/Polaris pour le JDD
Victimes du crash immobilier
Les quatre maisons de David Hardin ont été saisies par les banques.
de leur vie », raconte Arbel Ryan,
propriétaire de l’agence immobilière Summa à Woodbridge. Dans
le dos de son tee-shirt imprimé
du téléphone de son agence, il est
écrit : « Achetez des propriétés
saisies par des banques. » Son
agence ne fait pratiquement plus
que ça. « Les gens aiment bien
acheter ces maisons saisies aux
banques. Elles sont vendues en
dessous des prix du marché. Ce
sont surtout des investisseurs
qui les achètent pour les louer,
parfois à ceux qui viennent de
perdre leur maison, résume-t-il.
Chaque semaine, notre inventaire augmente. » Aujourd’hui,
son listing compte 694 maisons à
vendre dans le seul comté de
Woodbridge.
Les affaires de l’agence vont
tellement bien qu’il a recruté David Hardin. A présent, l’ancien
m u l t i p ro p r i é t a i re t r ava i l l e
comme ingénieur système de 6 à
1 4 h e u re s e t fo n c e e n s u i t e à
l’agence immobilière compléter
ses revenus par un second emploi. Il s’est spécialisé dans une
nouvelle activité : faire l’intermédiaire entre les sociétés de crédit, les propriétaires et l’agence
pour revendre la maison avant la
procédure de saisie. Actuellement, il négocie avec une famille
menacée d’éviction. Ils ont payé
des mensualités de 2.500 dollars
sans jamais être en retard et se
sont trouvés, du jour au lendemain, confrontés à des mensualit é s d e 4 . 3 0 0 d o l l a r s. « I l s o n t
épuisé toutes leurs économies, et
ils sont trop endettés pour refinancer leurs emprunts… » Plus
loin, c’est une famille, dont la
mère s’est mise en disponibilité
lorsqu’un enfant est tombé malade, qui n’a pas pu payer ses
mensualités et pourrait perdre
sa maison.
Le coffre de la Mercedes d’Arnel Ryan, le patron de l’agence,
est rempli de pancartes « à vend re » , q u ’ i l va a l l e r i n s t a l l e r
dans les jardins des maisons saisies. « Il y a un et demi, on n’avait
pas le temps de les installer, les
maisons étaient immédiatement
vendues. » Ce quartier de Woodbridge est tapissé de panneaux
d’agences immobilières. Sur une
rue de 17 maisons, 5 sont à vendre. « Ça tire toute la valeur du
q u a r t i e r ve r s l e b a s, d é p l o re
Mark, un militaire qui s’est installé ici récemment. Qui peut
avoir envie d’acheter une maison dans un quartier où tout est
à vendre ? »
« De rage, ceux qui partent
font des trous dans les murs »
« Regardez, une maison vide
avec un signe à vendre… Vous save z ce que ça veut dire ? » demande David Hardin. « Ça veut
dire que quelqu’un paie deux
mensualités tous les mois, que
l’argent va commencer à lui manquer. Il n’y a plus qu’à attendre et
le prix de la maison va encore
baisser. » Arnel Ryan fait visiter
la maison à vendre. « C’est une
vraie chance qu’elle soit intacte.
Souvent, de rage, ceux qui partent font des trous dans les murs
ou donnent des coups de pied
dans les portes. Le shérif doit
parfois intervenir dans certains
cas d’expulsion. »
Guillemette Faure
Gilles Delafon
La Belgique
peut-elle éclater ?
AP/Sipa
■
Attentats
meurtriers
en Inde
Une des victimes, soignée, hier, dans un hôpital à Hyderabad, dans le sud de l’Inde.
Au moins 36 personnes ont été tuées et
plus de 60 blessées hier dans deux explosions survenues quasi simultanément dans
la ville de Hyderabad, dans le sud de l’Inde.
Pour le ministre de l’Intérieur de l’Etat de
l’Andhra Pradesh, dont Hyderabad est la capitale, il ne fait aucun doute que ces deux
déflagrations sont « le résultat d’une activité terroriste ». La première explosion, d’une
très grande violence, s’est déroulée peu avant
20 heures dans l’auditorium d’un parc de la
ville alors que 500 spectateurs assistaient à un
show laser. Cinq minutes plus tard, une seconde attaque, qui a fait plus de 20 morts, sur-
venait dans un restaurant en plein air très fréquenté. Les forces de sécurité ont immédiatement été placées en état d’alerte.
En mai, un attentat dans une mosquée de Hyderabad avait déjà fait 11 victimes. Selon la
police indienne, les explosifs employés à
l’époque sont similaires à ceux utilisés hier.
Turquie : après la crise, place à l’Europe
Istanbul
Correspondance
A Bruxelles, on attend avec impatience que l’intronisation d’Abdullah Gül à la présidence de la
République turque soit officiellement scellée. Histoire de pouvoir
passer à autre chose. Ce devrait
être le cas dès mardi, à l’issue du
troisième tour de cette élection à
tiroirs. Le vote d’une majorité
simple (276) des députés suffit en
effet pour envoyer, pour sept ans,
au palais de Cankaya, le représentant de l’AKP (Parti de la justice
et du développement), issu de l’islam politique. Attendue comme le
dénouement d’une crise institutionnelle de quatre mois, l’installation à la Présidence de cet ancien islamiste, actuel ministre des
Affaires étrangères, apparaît finalement comme une forme de nor-
malisation. Elle devrait aussi permettre de mettre en œuvre certaines réformes démocratiques qui
avaient été bloquées par le veto du
président sortant, Ahmet Necdet
Sezer. Avec Abdullah Gül, son
« frère », à la Présidence, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, aura au moins les mains libres pour gouverner. Et relancer
le projet d’adhésion de la Turquie
à l’Union européenne.
Pendant cette longue parenthèse électorale de près de deux
ans, on n’a quasiment plus parlé
d’Europe en Turquie. La question
ne faisait plus recette dans un
champ politique marqué par la
montée du nationalisme. Mais le
gouvernement d’Erdogan, réélu en
juillet pour cinq ans, va maintenant être attendu au tournant sur
le dossier. « Nous étions très mécontents du rythme des réformes
ces deux dernières années, fait re-
marquer Joost Lagendijk, eurodéputé néerlandais (Verts) et président de la délégation à la commission mixte Europe-Turquie du parlement européen. Mais l’AKP a
prouvé par le passé qu’il peut s’engager dans ces réformes exigées
par l’Union européenne, contrairement aux autres partis turcs. »
Reste à savoir si le Premier ministre remettra l’Europe en tête de
ses priorités dès les premières semaines de sa législature. « Il y a eu
beaucoup de promesses pendant la
campagne électorale et le soir des
résultats, observe prudemment
Cengiz Aktar, spécialiste des questions européennes à l’université
Bahçesehir d’Istanbul. Si la Turquie veut vraiment pousser dans
le sens de l’Europe, il faudrait, par
exemple, créer un ministère des
Affaires européennes, comme l’ont
fait les Croates. » La Commission
européenne, qui rendra son rap-
port annuel d’évaluation le 7 novembre, scrutera à la loupe l’action du gouvernement turc. « La
Commission attend des réalisations positives et pas seulement
des déclarations », martèle Joost
Lagendijk. Le geste symbolique le
plus fort serait l’abrogation de l’article 301 du code pénal, vivement
contesté pour avoir permis de traîner devant les tribunaux des dizaines d’intellectuels et de journalistes, tels qu’Orhan Pamuk ou Hrant
Dink. Erdogan serait assez favorable à cette réforme. Les inévitables
questions kurde, arménienne et
chypriote ne manqueront pas non
plus de s’inviter dans le débat. « Il
faudra aussi que l’Europe fasse un
geste fort, car les relations ont pris
du plomb dans l’aile, ajoute Cengiz
Aktar. Il faut fixer une date d’adhésion, même lointaine. La Turquie
a besoin de ce genre de message. »
Guillaume Perrier
Même la large victoire
électorale des partis
flamands, le 10 juin dernier, ne
pouvait laisser craindre pareille
crise politique. Car si, à
nouveau, la Belgique joue avec le
fantasme récurrent du
séparatisme, c’est pour préciser
que, cette fois, il n’est plus tabou.
Jeudi, Yves Leterme a dû jeter
l’éponge. Le leader des chrétiens
démocrates flamands, vainqueur
du scrutin de juin avec 30 % des
voix flamandes, n’est pas parvenu
à former un gouvernement de
coalition. Premier ministrable, il
n’a pu mettre d’accord les quatre
partis, libéraux et chrétiens
démocrates, flamands et
francophones sur un projet de
gouvernement, et a donc été
relevé de ses fonctions par le roi.
En effet, il lui fallait s’assurer
d’une majorité des deux tiers des
députés pour pouvoir mener à
bien les réformes institutionnelles
de son programme.
Trop flamand et pas assez
belge, Leterme porte une
responsabilité évidente dans cet
échec. Il n’a pas su calmer les
inquiétudes des partis
francophones craignant de voir
la « riche » Flandre cesser de
payer pour la « pauvre »
Wallonie. Et mettre à mal le
fédéralisme actuel.
C’est donc l’impasse
politique. Et certains jusqu’au-
boutistes flamands, dénonçant
l’attitude « insultante et
arrogante » des francophones,
veulent déjà proclamer une
Flandre indépendante. Il y a près
d’un an, la télévision belge avait
annoncé la scission entre la
Flandre et la Wallonie. Osé et
resté fameux, le canular avait
pour but de faire réfléchir. En
vain ?
Un sondage réalisé cette
semaine révèle que 45 % des
Flamands souhaitent
l’indépendance de leur région.
D’où l’urgence pour le roi de
trouver un « formateur » de
gouvernement, consensuel et
efficace. Et la nécessité pour les
francophones divisés de se
réunir enfin autour d’un projet
politique digne des ambitions
flamandes. Il y va de la stabilité
du Benelux.
En voisin soucieux, le
Premier ministre
luxembourgeois Jean-Claude
Juncker confiait ainsi vendredi :
« Je regrette beaucoup qu’en
Europe, la Belgique soit le seul
pays qui n’est pas fier de luimême. »
Retrouvez ce matin Gilles Delafon
et sa chronique :
« Des hommes
d’influence », à 6h19,
8h19, 9h49, 11h19 et 12h49.
TELEX
Noriega extradé en France ?
■ Actuellement emprisonné aux
Etats-Unis, l’ancien président panaméen pourrait être extradé vers
la France après sa sortie de prison
le 9 septembre. Un juge fédéral de
Floride, saisi par les avocats de Noriega, a en effet refusé vendredi de
s’opposer à cette extradition.
En 1999, la justice française avait
condamné Manuel Noriega par
contumace à dix ans de prison
pour blanchiment d’argent. La justice américaine devrait se prononcer mardi sur la demande de Paris.
Journée sanglante en Palestine
■ Cinq Palestiniens ont été tués
par Tsahal hier, dont deux dans
une attaque avortée qu’ils comptaient mener en territoire israélien. Les trois autres victimes,
morts en Cisjordanie, sont des
membres du Jihad islamique.
Attentat-suicide à Kaboul
■ Une attaque à la voiture piégée
a visé hier après-midi à Kaboul
un convoi des forces de la coalition internationale dirigée par
les Etats-Unis, blessant trois de
ses soldats et quatre passants.
Affaire Rhys Jones :
six interpellations à Liverpool
■ Quatre garçons âgés de 15 à
19 ans et deux filles de 15 à 18 ans
ont été interpellés hier dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de
Rhys Jones, ce garçon de 11 ans
tué par balle mercredi à Liverpool. Selon un policier, un des jeunes en garde à vue pourrait être
le principal suspect du meurtre.
Pleine page
26 août 2007
/11
Nicolas Demorand, 36 ans,
journaliste à France-Inter.
Matthieu Pigasse, 39 ans, associé
gérant de la banque Lazard.
Benoît Hamon, 40 ans, député européen (PS).
Laurent Wauquiez (à l’arrière), 32 ans,
porte-parole du gouvernement.
Manuel Valls, 45 ans, députémaire (PS) d’Evry (Essonne).
Valérie Pécresse, 40 ans, ministre de l’Enseignement supérieur.
La relève prend le pouvoir
Ils sont trentenaires ou jeunes quadras, patrons, ministres ou cadres dirigeants. Longtemps, leurs aînés leur
ont barré la route des responsabilités. Le publicitaire Stéphane Fouks l’affirme : c’est en train de changer
Ce jour-là, le publicitaire Stéphane Fouks a rendez-vous
avec le PDG d’une grande entreprise française. Alors qu’il s’attendait à le trouver cloîtré dans son
bureau, siège lointain du pouvoir
suprême, il le trouve en train de
g riller son cigarillo au pied de
l’immeuble, parmi ses salariés fumeurs. « C’est grâce à ce genre de
petits indices qu’on réalise un jour
que le monde a changé », raconte
Stéphane Fouks. A 47 ans, ce fils de
pub et gourou de la communication, coprésident de la société
Euro RSCG Worldwide, n’en finit
pas d’ausculter les élites françaises. Il ne se contente pas de côtoyer
dans son activité professionnelle
patrons de grandes entreprises, cadres dirigeants, ministres, députés, universitaires, journalistes,
artistes en vue. Il les allonge carrément sur le divan. Son dernier ouvrage, Les nouvelles élites, portrait
d’une génération qui s’ignore (Plon,
à paraître le 30 août), tend un miroir aux 30-45 ans à la tête bien
pleine. Nourrie de nombreux entretiens anonymes, cette synthèse
dessine le profil psychologique et
moral d’un groupe qui ne se pense
pas comme tel.
« Le temps du changement est
venu, soutient l’auteur. L’élection
présidentielle, qui a opposé deux
candidats rebelles chacun à sa manière, a donné à voir un mouvement profond qui était déjà en œuvre dans la société française.
L’élection va permettre à une nouvelle génération du pouvoir d’exister. Les verrous symboliques ont
sauté. » Après être longtemps resté
figé, peinant à offrir une place aux
jeunes, souvent cantonnés aux stages, aux boulots précaires ou mal
payés, le pays serait en train de
frémir en son sommet. Rajeunissement des patrons du CAC 40, arrivée d’une nouvelle génération aux
postes de responsabilités dans les
médias… Les soixante-huitards cè-
dent peu à peu la place à leurs cadets. Même dans la classe politique, réputée à la remorque de
l’économie et du reste de la société, on note un renouvellement.
« La composition du gouver nement est symbolique de ce rajeunissement, poursuit le patron
d’Euro RSCG. Mais si elle y est
moins perceptible, l’évolution a
lieu aussi à gauche. Ces temps-ci,
de nouvelles têtes apparaissent au
Parti socialiste. »
On peut écrire ensemble une
page de l’histoire sans toujours en
« Ce qui caractérise les
dirigeants de mon âge,
c’est une certaine forme
de “coolitude” »
avoir conscience. Tel est le premier constat établi par Stéphane
Fouks : « Cette génération, qui ne
s’est pas construite autour d’événements fondateurs comme la
guerre ou 1968, ignore ses points
communs. » « Le concept de génération est flou, pas forcément pertinent d’un point de vue historique », rétorque Nicolas Demorand,
36 ans. Pour le piquant animateur
de la tranche matinale de France
Inter, « les 30-45 ans sont plutôt des
francs-tireurs : aujourd’hui, les
parcours sont individualisés, atomisés ». C’est justement l’individualisme, selon le publicitaire, qui
caractérise ces élites à leur corps
défendant…
Né en 1975, Laurent Wauquiez,
jeune porte-parole du gouvernement Fillon, se trouve en revanche
des traits communs avec certains
parlementaires socialistes comme
Benoît Hamon ou Aurélie Filippetti : « On a écouté la même musique, on a été façonnés par la télé.
Et puis, on est nés à la politique à
la fin de l’ère Mitterrand, à un moment où le dégoût pour la chose
publique allait grandissant dans la
société. On ne s’est pas engagés
par hasard. » Pour le socialiste Manuel Valls, 45 ans, député de l’Essonne, si les 30-45 ans forment un
groupe distinct, c’est surtout parce
qu’ils ont les deux pieds dans la
mondialisation. « Deux événements nous ont marqués : la chute
du mur de Berlin et la mondialisation, autrement dit la globalisation
de l’économie, le développement de
l’internet, la rapidité de l’information. On est la génération de la fin
des grandes idéologies, celle qui
s’adapte et tente de répondre à ces
bouleversements dans un monde à
la fois très individualiste et très
ouvert. »
Y a-t-il une manière particulière de diriger à l’heure de la
mondialisation ? Hommes politiques ou chefs d’entreprise, proches
de la droite ou de la gauche, ils revendiquent le « pragmatisme ».
« On a une culture du résultat inspirée des techniques du management, détaille le porte-parole du
gouvernement, Laurent Wauquiez.
On se fixe un objectif, on se donne
les moyens, on essaie de l’atteindre. » Comme en écho, Nathalie
Kosciusko-Morizet, secrétaire
d’Etat à l’Ecologie, précise : « En
politique, la méthode a autant
d’importance que l’objectif car
toutes les méthodes ne permettent
pas d’atteindre l’objectif. »
Ces nouveaux boss refusent
d’être des patrons comme les autres. La hiérarchie ? Ils prétendent
vouloir la jeter aux oubliettes. « Je
ne raisonne jamais en termes d’autorité hiérarchique, souligne Laurent Wauquiez. Je suis un animateur d’équipe. Je ne suis pas la figure écrasante du Monsieur le ministre qui dicte ses volontés d’en
haut. Chacun peut apporter une
idée, à condition d’être bien stimulé. Tout le monde doit faire
preuve d’initiative. » Pour Valérie
Pécresse, 40 ans, ministre de l’En-
seignement supérieur et de la Recherche, « il faut privilégier le travail coopératif ». A entendre les
trentenaires et jeunes quadras du
gouvernement, un cabinet ministériel ressemble à une petite entreprise dynamique. A l’instar de certains barons de la télé, Nathalie
Kosciusko-Morizet a organisé en
fin de semaine un séminaire de
travail chez elle. « C’était important de faire quelque chose d’un
peu chaleureux. Contrairement à
ce qu’on dit parfois, les gens de ma
génération aiment ce qu’ils font,
ils aiment adhérer à un projet,
avoir l’impression de participer à
une aventure. Le but du séminaire,
c’est de dire à mon équipe qu’on
bosse vraiment ensemble. »
Fin connaisseur de la classe
politique et proche du centre gauche, Matthieu Pigasse, 39 ans, associé gérant de la banque Lazard, estime lui aussi qu’un renouvellement s’opère parmi les élites françaises : « L’exercice du pouvoir est
différent, plus simple, les relations
entre les personnes sont plus directes. » Preuve qu’un banquier
peut aussi bien manier les images
que les chiffres, il précise : « On
passe d’une organisation du travail en corps d’armée à une organisation en commando. L’armée,
c’est très hiérarchisé, les ordres
viennent d’en haut, c’est efficace
mais la rigidité n’est pas à exclure.
Un commando me semble plus à
même de répondre aux défis de notre époque. Il est constitué d’éléments mobiles, très solidaires. Les
résultats obtenus et la confiance
priment. »
Les nouveaux combattants
d’élite de l’économie et de la politique françaises se prennent moins
au sérieux. Ce n’est peut-être pas
encore une tendance lourde mais il
flotte ici et là un air de Californie.
Comme les patrons de Google et Yahoo ! certains commencent à desserrer la cravate. « Ce qui caracté-
rise les dirigeants de mon âge, c’est
une cer taine for me de “coolitude” », plaisante le banquier Matthieu Pigasse. Une tendance confirmée par Stéphane Fouks : « Je
connais plein de patrons qui viennent au bureau en scooter. Cette génération marque la disparition du
chauffeur. Le chauffeur n’est plus
un attribut du pouvoir, il est un attribut du passé. » Si l’on suit ce raisonnement, Laurent Wauquiez est
de son époque, qui a troqué sa 607
ministérielle contre un scooter de
fonction. « Mais pas la peine d’insister là-dessus. On va croire que
c’est une posture. Pour moi, c’est
juste naturel. » Comme il est aussi
naturel pour ces nouveaux puissants de prendre des vacances, de
cultiver les liens amicaux et d’aspirer à se ménager un peu de temps
libre. « La féminisation n’y est pas
étrangère, observe Valérie Pécresse. Le partage des tâches ménagères rend les hommes différents.
Les pères s’occupent plus de leurs
enfants et, logiquement, ont moins
« J’ai envie de leur dire :
“Réveillez-vous, le pouvoir,
ça se prend !”»
tendance à planifier des réunions à
20 heures. »
Pragmatiques et décontractées, les nouvelles élites ne sont
pas pour autant dépourvues de
convictions, ni inféodées au marché. « On a un devoir d’imagination gigantesque ! » martèle Laurent Wauquiez. Quelle que soit
leur orientation politique, ils assurent que les soucis éthiques guident leur action. Rigueur morale,
probité matérielle, intérêt pour
l’écologie, la parité, la diversité
sont souvent cités parmi les questions brûlantes de ce début de siècle. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie estime, par exemple, que « le
temps du renoncement est terminé » : « En matière d’environnement, le risque, c’est le sentiment
d’impuissance face à l’ampleur et
au caractère planétaire du défi.
Aujourd’hui, rien n’est gagné. On
peut ne pas réussir mais au moins
on essaie. C’est mieux que l’autocensure qui a longtemps prévalu
chez nous tous. » Dans l’opposition, la sortie de crise s’amorce
également. « Il faut réinventer le
socialisme, résume Manuel Valls.
Revenir aux fondamentaux, à Jaurès. Quel beau défi ! »
Et, contrairement à leurs aînés, les 30-45 ans ne se placent plus
– dans le discours tout au moins –
en surplomb de la société. Pour Valérie Pécresse, « tout le monde est
convaincu qu’il faut faire de la politique en partant des besoins de la
société, en partant des gens tels
qu’ils sont et non tels qu’on les
rêve ». Stéphane Fouks juge que
cette attitude tranche avec celle de
la génération précédente : « Les élites en France ont souvent eu tendance à se méfier de l’opinion, à
penser qu’on ne peut pas aborder
les choses au fond, que les gens ne
sont pas assez intelligents pour
comprendre les problèmes majeurs, qu’ils sont trop sujets à
l’émotion. »
Mais les éternels adolescents
sont loin d’avoir tout à fait tué
leurs pères. Pourquoi ? D’abord,
parce que la génération du babyboom ne meurt jamais. « On dirait
qu’ils ne vieillissent pas, analyse
le journaliste Nicolas Demorand.
Les baby-boomers font partie de
cette société du mouvement. » Ensuite, parce que leurs cadets peinent à s’unir. C’est la conclusion
du livre de Stéphane Fouks : « Pour
marquer leur empreinte dans la
société, les 30-45 ans doivent apprendre à agir collectivement. J’ai
envie de leur dire : “Réveillez-vous,
le pouvoir, ça se prend !” »
Anne-Laure Barret
Eric Dessons/JDD, Patrick Othoniel/JDD, Sandrine Roudeix/JDD, Jean-Marc Haedrich/Visual, Jean-Claude Coutausse/Fedephoto, Alexandre Marchi/Gamma
Nathalie Kosciusko-Morizet, 34 ans, secrétaire d’Etat à l’Ecologie.
Aurélie Filippetti, 34 ans, députée (PS) de Moselle.
12/
26 août 2007
Voisin/Phanie
ECONOMIE
Burger/Phanie
Inflation. Club de danse, téléphone portable, soutien scolaire dès la maternelle…
Les frais cachés de la rentrée
Baskets, tutus, shorts,
raquettes, instruments de
musique, photos de classe,
assurances
complémentaires… Les frais
ne cessent d’augmenter.
Le prix moyen
des frais
extrascolaires
■ Séjour linguistique :
340 €
■ Sorties scolaires :
119 €
■ Transport : 75 €
■ Abonnement à un
magazine : 63 €
■ Assurance scolaire :
Fermariello/Oredia
20 €
Source : Familles
de France
La rentrée de la famille E. est
bouclée… depuis le mois de
juillet. Avant d’emmener leurs
trois enfants bronzer sur les plages du Var, les parents, Ava et
Frédéric, ont signé des chèques à
tour de bras. Adèle (12 ans) s’est
vu offrir un abonnement mensuel de 19 € à un opérateur de téléphonie mobile, pour prévenir
en cas de pépin dans les transpor ts en commun. Mais aussi
195 € pour un trimestre de danse
jazz et classique, et 50 € pour les
tutu et ballerines, et 200 € par trimestre pour les cours de flûte traversière…
Ce n’est pas tout. Paul (10 ans)
va jouer au tennis (250 € l’année)
avec une nouvelle raquette Décathlon à 45 €. Et Alexandre
(6 ans) se lance sur le tatami
(210 € annuels et 18 € de kimono).
Comme eux, de plus en plus d’enfants pratiquent un sport en plus
des heures obligatoires d’éducation physique. Les inscriptions
en club privé ont progressé de
73 % ces vingt dernières années,
selon une récente étude du ministère de l’Education.
Au total, l’addition pour ce
couple parisien de responsables
marketing revient à 987 € rien
que pour les activités extrascolaires ! L’association Familles de
France et la Confédération syndicale des familles ont récemment
dénoncé le « coût de la rentrée »,
pointant l’augmentation des courses imposées par les enseignants.
Mais les autres frais ne cessent,
eux aussi, de peser de plus en
plus lourd dans le budget familial. Logiciels spécialisés, assurance obligatoire, photo de classe
à 10 €… Pour le sport, par exemple, le prix des shorts bat des records à + 7 %. Les baskets et tennis suivent la tendance de près :
+ 2 %.
« Les parents jouent aux
instituteurs pour se rassurer »
Reste l’essentiel aux yeux des
parents : avoir de bonnes notes en
classe. Là encore, les frais ne sont
pas obligatoires. Mais… « Si jamais les enfants peinent à l’école,
je songerai aux cours de soutien
scolaire », avance Ava, la maman
de notre famille « modèle ». « Je
trouverai des adresses sans problème : la boîte aux lettres déborde de brochures. » Le « marché de l’angoisse » du soutien et
du coaching scolaires frôle désormais les 2 milliards d’euros. « Par
peur du chômage, les parents
sont soumis à une énorme pression. Et transmettent leur inquiétude aux enfants », remarque Brigitte Masure, secrétaire générale
de la Confédération syndicale des
familles.
Phénomène nouveau, le soutien individuel démarre de plus
en plus tôt. Dès… la maternelle !
Pour cette rentrée, Acadomia, le
leader du secteur avec 85.000 élèves, cible les petits de 3 ans. Plus
question de rêvasser devant la télévision, les ateliers Acadomia
junior proposent les mercredi et
samedi des séances de deux heures consacrées à l’éveil linguistique ou musical, mais aussi, de façon plus ludique, aux loisirs créatifs (transfert de photos sur un
tee-shirt, création de marionnettes…). Attention, il faut compter
15,50 € l’heure après la réduction
En cette veille de rentrée, le téléphone n’arrête
pas de sonner dans les
agences de garde d’enfants. « Les parents qui
n’ont pas trouvé de nounou nous appellent à la
dernière minute. On doit
mettre des gens sur liste
d’attente », explique Michel Guierre, président de
la société Family Sphere.
Signe de la vitalité du secteur, cette jeune société
fondée l’an der nier
compte déjà 30 bureaux
en France et prévoit 20 %
de croissance pour cette
année. « Si on arrivait à
recruter suffisamment,
on ferait même + 50 % »,
confie Michel Guierre.
Dopées par le plan
Borloo sur les services à
la personne, les agences
de baby-sitting sont en
plein boom. Leur argument : trouver à la place
des parents la perle rare
qui s’occupera de l’enfant,
notamment après la
classe. « Les parents n’ont
ni le temps ni les compétences pour recruter une
nounou. Comme nous en
embauchons 1.000 par an,
nous avons mis au point
des tests poussés et toute
une série de vérifications,
notamment pour repérer
les faux papiers », explique David Laveau, directeur de la société francilienne Prositting, fondée
dès 1992.
Les contrats prévoient
la possibilité pour les parents de choisir entre plusieurs candidats, le remplacement de la nounou
en vingt-quatre ou quarante-huit heures en cas
de problème, un service
de baby-sitting à la demande, ainsi qu’une assistance administrative.
Côté financier, deux
formules sont possibles.
Dans le premier cas, le
particulier emploie luimême
sa
nounou.
L’agence facture alors un
forfait de recrutement de
500 à 800 €. Dans le second
cas, c’est l’agence qui emploie directement la nounou et se charge de toutes
les démarches. Les frais
de dossier sont alors réduits (moins de 100 €),
mais l’heure de travail est
facturée 16 à 22 € (hors aides et réduction d’impôt),
soit 20 à 35 % plus cher
que le smic.
Cette formule donne
toutefois droit à des aides
supplémentaires de la
CAF, et peut se révéler
plus économique que
l’emploi en direct en dessous de soixante heures
par mois. « Il est souvent
moins cher de nous laisser employer la nounou
pour un emploi à temps
partiel, comme la sortie
sont efficaces lorsque les parents
manquent de temps ou de
connaissances. Concernant les
3-4 ans, un léger retard s’explique
souvent par un problème auditif
ou visuel. Il vaut donc mieux
commencer par voir un médecin. »
Comment protéger le budget
familial ? Dès cette rentrée, le ministre de l’Education demande
aux collèges de mettre en place
un « accompagnement éducatif »
d’environ deux heures, consacrées à l’aide aux devoirs, au
sport ou à l’art. Les modalités
restent à préciser. Et les heureux
bénéficiaires sont minoritaires,
puisque la circulaire Darcos ne
concer ne que les collégiens de
l’éducation prioritaire, dans les
ex-ZEP.
Marie Nicot
Un coach dès 12 ans
Nascimento/Rea
Recherche nounou désespérément
d’impôt accordée pour g arde
d’enfants. L’éditeur Nathan profite aussi de l’aubaine avec une
étonnante collection de livres parascolaires destinés aux familles
qui souhaitent accélérer l’apprentissage de leurs rejetons. Par
exemple « Ecriture en maternelle
et moyenne section » anticipe sur
les leçons données au CP. Idem
pour « Lecture maternelle petite
section ». « Il n’est écrit nulle
part que les enfants doivent savoir lire à leur entrée à l’école
élémentaire ! Les parents jouent
aux instituteurs pour se rassurer », critique Brigitte Masure.
Cette course à la performance
inquiète également Jean-Paul
Blanc, pédiatre stéphanois spécialisé dans le traitement des difficultés scolaires : « Les cours
particuliers pour les plus grands
Le plan Borloo
sur les services a dopé
les agences de
baby-sitting.
d’école et le baby-sitting », explique Claire
Lanneau, directrice de
l’agence Babychou. Les
aides étant dépendantes
des revenus, chaque famille doit calculer avec
précision le système le
mieux adapté à son cas.
Y. P.
Astrid Labaille n’est ni une patronne désorientée ni une cadre
stressée. Mais, à 15 ans, cette
Quimpéroise dispose, elle aussi,
de son coach personnel. Une professionnelle qui la suit depuis sa
rentrée en classe de troisième
l’an dernier. « Astrid veut travailler dans le luxe, or ses résultats scolaires ne correspondaient
pas à cette ambition », explique
son père, Christophe. Après trois
trimestres d’accompagnement,
la moyenne générale d’Astrid est
passée de 8,5 à 10,5/20. La jeune
fille a ainsi obtenu en juin le
droit d’entrer en seconde. « Elle
sait maintenant quel cursus suivre. Elle est davantage motivée,
elle a repris confiance en elle »,
se félicite Christophe Labaille.
Même le coût élevé de la prestation (environ 900 € pour 15 séances) ne douche pas son enthousiasme paternel : « Une dépense
pour l’avenir des enfants est forcément prioritaire. »
Après avoir conquis les multinationales, les coaches ont de
plus en plus de succès auprès
des élèves… et de leurs parents.
« Entre la peur de l’échec et l’incertitude face à l’avenir, les enfants subissent au moins autant
de pression que les cadres supérieurs. Il est normal d’adapter
pour eux les techniques qui ont
f ait
leurs
preuves
en
entreprise », explique Murielle
Le F lamanc, cofondatrice de
l’entre prise Class’attitude à
Quimper, et coach d’Astrid. Elle
accepte les collégiens dès 12 ans
et a vu son activité bondir de
50 % l’an dernier.
« Sans le consentement
de l’élève, ça ne sert à rien »
Les sociétés spécialisées
proposent des consultations individuelles facturées 60 à 80 €
l’heure. A la fois entraîneur, psychologue et conseiller d’orientation, le coach doit aider l’enfant
à surmonter son stress, à mieux
organiser son travail ou à se motiver à la veille d’un examen.
« Nous n’arrivons pas avec une
boîte à outils. Il s’a git de
conduire l’élève à trouver luimême la réponse à ses problèmes », indique Jean-Pierre Dupuis, président de la société
francilienne Headways. Avant
de signer, il faut toutefois vérifier les références du praticien,
la profession n’étant pas réglementée. Et s’assurer que l’enfant est volontaire. « Sans le
consentement de l’élève, ça ne
ser t à rien », explique JeanPierre Dupuis.
Acadomia, qui fait dans le
soutien scolaire, dit se « méfier » de cette vo gue du coaching. Mais elle surfe aussi sur
la vague en organisant des stages en petits groupes de « méthodologie » ou d’« efficacité
personnelle », où l’on apprend à
écouter en classe ou à prendre
des notes. Là encore, le succès
est au rendez-vous. « Le chiffre
d’affaires de ces stages a progressé de 42 % l’an dernier », se
félicite Philippe Coléon, le directeur général d’Acadomia. Y. P.
Economie
26 août 2007
Musique. Universal met la main sur les artistes
de labels « indépendants »
LE CHIFFRE
Des blogs pour la croissance
économique
■ La commission sur la croissance présidée par l’ancien
conseiller de François Mitterrand Jacques Attali disposera
d’un site internet (www.liberationdelacroissance.fr) qui hébergera pas moins de 29 blogs. Les
internautes pourront ainsi participer aux débats. La commission doit remettre ses conclusions au président de la République d’ici à la fin de l’année.
Sarkozy planche sur le social
■ Le chef de l’Etat sera l’invité
vedette du forum organisé miseptembre par l’Association des
journalistes de l’information sociale, la première association de
journalistes, à l’occasion de ses
40 ans. Intitulé des débats : « Emploi, santé, vieillissement… Les
chantiers de demain ».
Grogne chez Corsair
■ Le syndicat minoritaire Freebird appelle à la grève le personnel de la compagnie aérienne
Corsair jusqu’à demain 6 heures. Ce syndicat souhaite alerter
l’opinion publique sur les conséquences du plan social en cours.
Le trafic ne devrait pas être perturbé. Selon Corsair, Freebird
n’est pas représentatif.
A l’aide des fans de rugby
■ La Répression des fraudes
(DGCCRF) et les Douanes cosignent à l’occasion de la Coupe
du monde de rugby un guide de
conseils destinés aux supporters. Edité à 350.000 exemplaires, ce fascicule bilingue français-anglais informe les consommateurs étrangers des usages
en vigueur dans les commerces
(restaurants, billetteries…) et
les services (taxis, location de
voiture…). Il sera disponible
dans les aéroports, les offices du
tourisme ou encore les pubs.
C’est le nombre de places supplémentaires qui sont proposées chaque jour
p a r l a S N C F s u r l e s l i g n e s Pa r i s Nancy et Paris-Metz du TGV Est.
Grâce à l’arrivée de nouvelles rames, le nombre d’allers-retours
entre la capitale et chacune des deux villes lorraines va passer
de huit à dix par jour à partir de demain, ce qui représente une
augmentation de trafic de 25 %. De quoi soulager les voyageurs,
qui peinent souvent à trouver de la place dans les trains. Victimes de leur succès, les TGV Est étaient remplis à près de 100 %
en juin, et entre 90 et 95 % cet été. La SNCF a reconnu une « surchauffe », mais se dit « sereine » pour les mois à venir. Le pari
commercial du TGV Est n’est toutefois pas encore gagné. « Juillet et août ont été beaucoup moins nerveux que juin », a indiqué
l’entreprise. Elle attend désormais la rentrée pour observer le
trafic de la ligne en conditions normales, sans l’afflux estival
des touristes.
Y.P.
1.440
Duffour/Andia
LA BOURSE
Lionel Moreau
Le label français Atmosphériques
a dû céder à Universal neuf de ses
artistes, dont les Wampas (à
gauche), Louise Attaque (à droite)
et Abd Al Malik (ci-contre).
financière ne me laissait pas d’autre choix, confie-t-il au JDD. Et je
garde de jeunes artistes comme
Wax Tailor, Skye, Mouss & Hakim,
qui seront peut-être les gros vendeurs de demain. »
Plus petits et plus vulnérables,
les « indés » ont davantage de difficultés que les majors à encaisser
l’effondrement des ventes de CD.
« Je suis endetté jusqu’au cou. La
situation est très difficile, mais on
arrive à tenir pour l’instant », explique Vincent Frèrebeau, patron
et unique actionnaire du label Tôt
ou Tard (Vincent Delerm, Thomas
Fersen, Jeanne Cherhal). Malgré
les rumeurs, il assure que son entreprise n’est pas à vendre. « Tôt
ou Tard, c’est ma vie. Mais je serai
peut-être amené à m’associer avec
un partenaire à moyen terme »,
ajoute-t-il.
« J’aurais pu être racheté
quarante fois »
Alors que la concentration du
secteur s’accélère, les majors font
monter les enchères pour racheter
les meilleures proies. Dans le cas
de V2, Universal était en concurrence avec le britannique EMI et
l’américain Warner. « Je suis régulièrement sollicité. J’aurais pu
être racheté quarante fois », sourit
le patron de Wagram, Stéphane
Bourdoiseau, qui s’en sort grâce à
son activité de distributeur, no-
tamment pour le nouvel album de
Manu Chao.
Les indépendants refusent toutefois d’accabler les majors. « Cela
fait plus de quarante ans que nous
nous faisons racheter par les grandes maisons de disques, il n’y a
rien de nouveau sous le soleil », explique Marc Thonon, d’Atmosphériques. « Universal rachète des entreprises chaque année, mais nous
ne sommes pas des prédateurs.
Nous avons d’ailleurs une centaine
de partenariats avec des indépendants », ajoute Pascal Nègre.
Si elles pèsent toujours 25 %
de la production mondiale, les petites maisons doivent prendre au
plus vite le virage vers le numérique. Elles se sont d’ailleurs regroupées le 20 août au sein de la
structure Merlin, dont l’objectif
est de négocier au niveau mondial
des accords de distribution via internet. Une alliance vitale quand
on traite avec des mastodontes
comme Apple, Yahoo, Microsoft ou
Myspace.
Eric Mandel
et Yann Philippin
LES VALEURS
Allemagne. L’Etat sort du rouge, les entreprises
exportent, la chancelière est plébiscitée
La leçon d’économie
d’Angela Merkel
Du jamais-vu depuis dix-sept
ans outre-Rhin. Les comptes publics de l’Allemagne ont enregistré un excédent de 1,2 milliard
d’euros sur les six premiers mois
de l’année, à comparer avec un déficit de 23 milliards un an plus tôt.
C’est la première fois depuis 1990
que les finances du pays sortent
du rouge, si l’on met de côté l’année 2000, où les recettes de l’Etat
avaient été exceptionnellement
gonflées par les ventes de licences
3G aux opérateurs de téléphonie
mobile. La Bundesbank – la banque centrale – estime que l’équilibre budgétaire est possible cette
année. Berlin reste toutefois prudent et table sur un léger déficit de
0,5 % sur l’ensemble de 2007.
Les finances allemandes ont
été dopées par la croissance économique (+ 2,9 %), qui a généré
d’abondantes rentrées fiscales,
remplissant les caisses de l’Etat.
Angela Merkel a notamment vu
ses recettes de TVA bondir de
18 %, après le relèvement de
3 points de celle-ci, au 1er janvier, à
19 %. Par ailleurs, le gouvernement allemand s’est montré très
rigoureux. Les dépenses publiques
affichent une hausse limitée à
0,7 %.
Et pas question de relâcher
l’effort. « Ceux qui demandent aujourd’hui des baisses d’impôt
poursuivent sans rougir la politique qui a conduit l’Allemagne à
accumuler une montagne de dettes de 1.500 milliards d’euros », a
déclaré le ministre allemand des
Finances, Peer Steinbrück. Avec
un brin de paranoïa, on pourrait
imaginer que cette critique visait,
en creux, la France, dont la dette
approche 1.200 milliards d’euros.
John MacDougall/AFP
CONFIDENTIEL
Eric Banse/Photomobile/Andia
Razzia sur les songwriters
« Alors, vous n’avez pas encore été rachetés par Universal ? » Depuis le retour des vacances, la question revient sans cesse
chez les producteurs de musique
indépendants. Le climat s’est tendu
ces dernières semaines avec le rachat coup sur coup par Universal,
leader mondial du disque, du label
britannique V2 (Henri Salvador,
Isabelle Boulay, Jean-Louis Murat)
et des artistes phares du label français Atmosphériques (Louise Attaque, Abd Al Malik…). Fragilisés
par la crise du disque, convoités
par les majors, les dénicheurs de
nouveaux talents n’ont jamais
semblé aussi menacés.
Le 9 août dernier, Universal
annonçait la prise de contrôle de
la maison de disques V2, détenue
par Richard Branson, pour 7 millions d’euros. Stéphane Bourdoiseau, patron de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (Upfi) et PDG
du label Wag ram (Cor neille,
CharlElie Couture…), en est encore stupéfait. « V2 venait d’adhérer à l’Upfi. Rien ne laissait présager une issue aussi rapide », soupire-t-il. Universal gardera les artistes les plus rentables, mais les
18 salariés de V2 France redoutent
une liquidation pure et simple de
leur entreprise. « Cette question
sera tranchée en octobre. On peut
se demander si le maintien d’une
telle structure de taille moyenne a
encore un sens économique »,
commente Pascal Nèg re, PDG
d’Universal Music France.
Pour sa part, le label français
Atmosphériques, contrôlé majoritairement par Universal, a frôlé la
mort de près. La major souhaitait
fermer l’entreprise, dans le rouge
depuis quatre ans. Mais le fondateur d’Atmosphériques, Marc Thonon, a réussi cette semaine à sauver son existence. En échange, il a
dû céder à Universal ses neuf artistes les plus prestigieux, comme
Louise Attaque, Abd Al Malik ou
les Wampas. « C’est un crève-cœur
de les voir partir, mais la situation
Angela Merkel veut maintenir
la rigueur budgétaire.
De fait, par comparaison avec
le voisin allemand, la situation de
la France n’est guère brillante.
Sur les six premiers mois de l’année, l’Etat a vu son déficit se creuser de 26,9 à 29,7 milliards d’euros.
Vendredi, Christine Lagarde, la
ministre de l’Economie, a présenté
une importante baisse d’impôt
pour les entreprises qui font des
dépenses de recherche et développement, après avoir confirmé le
coût du « paquet fiscal » voté cet
été. Le président de la République
a d’ailleurs repoussé à 2012 l’équilibre des comptes publics (lire
aussi page 4).
Outre ses succès budgétaires,
l’Allemagne enregistre également
d’excellentes performances commerciales. Premier exportateur
mondial, devant la Chine, le pays a
encaissé au premier semestre un
excédent record de 73 milliards
d’euros (contre 51 milliards un an
plus tôt). La France a vu, au
contraire, son déficit commercial
se creuser, passant de 12,9 à 15 milliards d’euros au premier semes-
/13
tre 2007. En résumé, l’Hexagone
continue d’accuser ce qu’on appelle les « déficits jumeaux » (budgétaire et commercial), là ou l’Allemagne est en excédent.
Paris peut difficilement accuser l’euro, dont la vigueur face au
dollar pénaliserait les exportations made in France. Nos partenaires européens, qui ont la même
monnaie, s’en sortent mieux. Les
pays de la zone euro ont affiché
dans leur ensemble un excédent
commercial de 7,8 milliards d’euros au mois de juin, contre 1,6 milliard l’an dernier à la même période.
L’Allemagne peut ainsi compter sur la compétitivité de ses entreprises qui profitent à plein du
boom de la Chine, de la Russie ou
de l’Inde. Et le gouver nement
d’Angela Merkel récolte les fruits
de la réforme du marché du travail entamée par son prédécesseur
Gerhard Schroeder. Les augmentations de salaires ont été freinées et
les conditions d’indemnisation du
chômage durcies.
Au total, le pays a connu l’an
dernier une croissance économique supérieure à celle de la France,
pour la première fois depuis 1994.
Et cette année encore, les économistes tablent sur une hausse de
2,5 % outre-Rhin, à comparer avec
2 %, au mieux, en France. Autant
de succès qui confortent le leadership européen de l’Allemagne, qui
préside actuellement le G7. Angela Merkel bénéficie en outre
d’un fort soutien populaire. Plus
des trois quarts des Allemands
souhaitent qu’elle soit reconduite
à son poste lors des prochaines
élections en 2009.
Axel de Tarlé
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14/
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1. (11) Punch De Pouline 11 (Nivard F.) G. 18.00, P. 5.10 2. (5) Prince Azul 5 (Masschaele Ph.) P. 2.80 - 3. (14) Papyrus Du Rondet 14 (Gougeon R.)P. 2.20 - 4. (3) Piano Forte 3
(Fournigault E.) - 5. (16) Prosper De Chenu 16 (Abrivard
L. Cl.) Tous Couru Temps: 2'41"73 - 2'41"80 - 2'42"48
Couple (11 - 5) G. 48.30 Pl. 17.60 (11 - 14) Pl. 25.90 (5 14) Pl. 8.20
2. Prix de Bosc Renoult
1. (11) Princeval 11 (Le Beller T.) G. 3.10, P. 1.90 - 2. (4)
Psyche Du Goutier 4 (Blandin F.)P. 5.00 - 3. (12) Pirate
D’urzy 12 (Lenoir M.)P. 1.60 - 4. (5) Pinship Des Angles
5 (Verva P. Y.) - 5. (8) Phenix D’or 8 (Vercruysse P.) Non
partant: 1 6 Temps: 3'38"61 - 3'39"48 - 3'39"92
Couple (11 - 4) G. 54.70 Pl. 15.00 (11 - 12) Pl. 3.40 (4 12) Pl. 12.00
3. Prix de Noailles
1. (18) Noroit 18 (Raffin E.) G. 9.70, P. 3.70 - 2. (15)
Nemo De Marancourt 15 (Bazire J. M.)P. 3.40 - 3. (9)
Nobel Pasmarick 9 (Bizoux O.)P. 7.00 - 4. (7) Notre Allegro 7 (Furet F.) - 5. (19) Nothing But Rodney 19 (Blandin
F.) Tous Couru Temps: 3'36"56 - 3'36"58 - 3'37"20
TIERCE :
18 — 15 — 9
(pour 1 ¤)
Ordre : 1469.50 ¤
Désordre : 293.90 ¤
QUARTE + :
18 — 15 — 9 — 7
(pour 1,30 ¤)
Ordre : 0,00 ¤
Désordre : 19 596,33 ¤
Bonus : 67,60 ¤
QUINTE + :
18 — 15 — 9 — 7 — 19
(pour 2 ¤)
Ordre : 0,00 ¤
Désordre : 36 715,80 ¤
Bonus 4/5 : 175,20 ¤
Bonus 4 : 591,80 ¤
Bonus 3 : 27,40 ¤
Numéro + : 1422 ¤
2 sur 4 (pour 3 ¤) : 83,40 ¤
Multi : 18 — 15 — 9 — 7
(pour 3 ¤)
en 4 : 32 823,00 ¤
en 5 : 6 564,60 ¤
en 6 : 2 188,20 ¤
en 7 : 937,80 ¤
4. Prix Ovidius Naso
1. (2) L’ecu Du Vernay 2 (Legros J. M.) G. 35.80,
P. 5.30 - 2. (3) Max De Guez 3 (Bazire J. M.)P. 1.50 - 3.
(8) Lady Des Loyaux 8 (Abrivard M.)P. 2.30 - 4. (7) Birbodelaquercia 7 (Nivard F.) - 5. (9) Kent Barbes 9 (Lenoir
M.) Tous Couru Temps: 3'18"57 - 3'18"84 - 3'19"00
Couple (2 - 3) G. 33.60 Pl. 12.10 (2 - 8) Pl. 26.80 (3 - 8)
Pl. 3.90
5. Prix de Provence
1. (11) Nina De Gesvres 11 (Verva P. Y.) G. 5.30,
P. 2.00 - 2. (6) Orateur 6 (Raffin O.)P. 2.20 - 3. (5) Oh James 5 (Bazire J. M.)P. 1.60 - 4. (1) Joker C N 1 (Lenoir
M.) - 5. (8) Olblak Du Bocage 8 (Vercruysse P.) Tous
Couru Temps: 3'21"36 - 3'21"95 - 3'21"99
Couple (11 - 6) G. 25.20 Pl. 7.60 (11 - 5) Pl. 6.10 (6 - 5)
Pl. 5.40
6. Prrix de Nueil-sur-Layon
1. (9) Obelix Pierji 9 (Nivard F.) G. 3.50, P. 1.60 - 2. (14)
Ouagadougou 14 (Masschaele Ph.) P. 2.90 - 3. (12) Organdi D’or 12 (Barthelemy Melle A.)P. 1.60 - 4. (4) Oh
Mamy Blue 4 (Larue R. Ch.) - 5. (8) Olita De Kefrauso 8
(Wiels A.) Tous Couru Temps: 3'20"40 - 3'21"39 - 3'21"43
Couple (9 - 14) G. 30.00 Pl. 8.00 (9 - 12) Pl. 3.10 (14 - 12)
Pl. 8.10
7. Prix d’Aurillac
1. (12) Pole Position 12 (Dubois J. Ph.) G. 6.30, P. 3.60 2. (16) Pridelle Du Verne 16 (Nivard F.)P. 17.80 - 3. (5) Pearl
Of Charm 5 (Abrivard M.)P. 7.80 - 4. (14) Paradise Island
14 (Lebouteiller J.) - 5. (6) Petite Fanny 6 (Lemarchand
M. P.) Tous Couru Temps: 2'34"45 - 2'34"59 - 2'34"92
Couple (12 - 16) G. 334.30 Pl. 94.90 (12 - 5) Pl. 23.50 (16
- 5) Pl. 206.30
8. Prix de Tours
1. (3) Queen Of Honey 3 (Verva P. Y.) G. 3.10, P. 2.00 2. (8) Quisganara 8 (Nivard F.)P. 3.20 - 3. (2) Qasida
D’urzy 2 (Derieux R.)P. 3.60 - 4. (9) Quiberonnaise 9 (Julien Raffestin) - 5. (1) Query 1 (Mary Melle M. Ch.) Tous
Couru Temps: 3'29"89 - 3'30"65 - 3'31"07
Couple (3 - 8) G. 21.00 Pl. 8.60 (3 - 2) Pl. 11.60 (8 - 2) Pl.
18.20
9. Prix de Molay
1. (10) Quatinka 10 (Nivard F.) G. 3.30, P. 1.90 - 2. (3)
Quouna Matata 3 (Bekaert D.)P. 2.00 - 3. (11) Quarina
11 (Le Beller T.)P. 2.50 - 4. (8) Quataka 8 (Mary P.) Non
partant: 7 Temps: 3'29"95 - 3'29"98 - 3'30"35
Couple (10 - 3) G. 10.70 Pl. 5.60 (10 - 11) Pl. 4.60 (3 - 11)
Pl. 8.90
Hier à Clairefontaine
1. Prix de la communauté
des communes Lisieux Pays d’Auge
1. (3) Fever Fever 3 (Lemaire Cp.) G. 4.40, P. 2.00 - 2. (7)
Princess Love 7 (Eyquem Jb.) P. 1.30 - 3. (4) Seal Bay 4
(Boeuf D.) - 4. (6) Rumba Blue 6 (Lerner Y.) - 5. (1) Isinbayeva
1 (Soumillon C.) Non partant: 5 Distance: 1 L 1/2 - 1 L
Couple (3 - 7) G. 8.60
2. Prix Chevotel
1. (1) Putney Bridge 1 (Pasquier S.) G. 2.40, P. 1.20 2. (3) Trincot 3 (Crastus A.)P. 1.50 - 3. (9) River Bere 9
(Victoire J.)P. 1.80 - 4. (6) Jacques Marquette 6 (Guyon
M.) - 5. (8) Mopsos 8 (Lemaire Cp.) Tous Couru Distance: 3 L - CTE ENC.
Couple (1 - 3) G. 3.90 Pl. 1.70 (1 - 9) Pl. 3.70 (3 - 9) Pl. 4.30
3. Prix de l’Association Trisomie 21 –
Val-de-Marne
1. (7) Beau Vengerov 7 (Boeuf D.) G. 4.60, P. 1.90 - 2. (3)
Zimri 3 (Badel Alxi.) P. 3.70 - 3. (9) Indian Singer 9 (Pasquier
S.)P.2.50 - 4. (17) Water Black 17 (Guyon M.) - 5. (10) Specializing 10 (Huet T.) Non partant: 5 Distance: 1 L - 3/4 L
Couple (7 - 3) G. 25.40 Pl. 9.20 (7 - 9) Pl. 5.10 (3 - 9) Pl. 14.60
4. Grand Prix de Clairefontaine
1. (7) Not Just Swing 7 (Pasquier S.) G. 1.90, P. 1.10 2. (9) Misk 9 (Lemaire Cp.) P. 1.50 - 3. (8) Zibimix 8 (Peslier O.)P. 1.50 - 4. (6) Sybelio 6 (Boeuf D.) - 5. (5) Garda 5
(Gillet T.) Tous Couru Distance: 1 L 1/2 - ENC.
Couple (7 - 9) G. 5.10 Pl. 2.40 (7 - 8) Pl. 2.40 (9 - 8) Pl. 3.80
5. Prix Pixmania.com
1. (1) Joyau D’orfausse 1 (Cardine A.) G. 4.80, P. 2.30
- 2. (18) Augira 18 (Lermyte J.)P. 20.10 - 3. (17) Dame
D’asie 17 (Martin Jim.) P. 5.10 - 4. (13) Marble Rock 13
(Di Fede F.) - 5. (10) Vistahermosa 10 (Guyon M.) Tous
Couru Distance: 1 L 1/2 - TETE
Couple (1 - 18) G. 196.90 Pl. 69.10 (1 - 17) Pl. 22.70 (18
- 17) Pl. 122.60
6. Prix de la Ville de Lisieux
1. (1) Summer Shrill 1 (Auge J.) G. 13.10, P. 4.30 - 2. (7)
Jean De Luz 7 (Boeuf D.)P. 5.50 - 3. (12) Johanino 12 (Even
N.)P. 7.30 - 4. (10) King Crimson 10 (Pasquier S.) - 5. (9) Saludad 9 (Placais O.) Tous Couru Distance: 3/4 L - 1/2 L
Couple (1 - 7) G. 61.30 Pl. 21.00 (1 - 12) Pl. 59.70 (7 - 12)
Pl. 70.90
7. Prix Journal « Le Pays d’Auge »
1. (15) Starwalker 15 (Vion V.) G. 6.70, P. 5.10 - 2. (2)
Lull 2 (Thulliez T.)P. 7.80 - 3. (1) Acazo 1 (Soumillon
C.)P. 3.50 - 4. (16) Lao Rom 16 (Victoire J.) - 5. (7) Antonov
7 (Thomas R.) Tous Couru Distance: TETE - CTE TETE
Couple (15 - 2) G. 189.20 Pl. 70.10 (15 - 1) Pl. 14.60 (2 1) Pl. 28.50
26 août 2007
Reprenez Selouma!
SOLUTIONS DES JEUX
Bridge
♠ R1053
♥ 98
♦ V1052
♣ AD4
DEAUVILLE — 2e course — Prix du Casino Barrière de Deauville (Prix François André) (Handicap divisé première épreuve — Femelles — Réf. : +19,5 — 48.000 ¤ - 2.000 m)
N°
TIERCÉ
SEXE
AGE
CHEVAUX
1 WYSIWYG LUCKY
JOCKEYS
F4
M. Demuro
N°
POIDS CORDE
60.5 15
GAINS
93.760 ¤
PROPRIÉTAIRES
F. Gay
ENTRAINEURS
Jl. Gay
8p 1p 5p 3p 5p 4p (06) 1p
★
Rob. Collet
6p 1p 0p 7p 8p (06) 0p 3p
★★
H. Malard
Ha. Pantall
0p 7p 2p 2p 2p 3p (06) 2p
★★
★
58.5 13
51.120 ¤
Zuylen De Nyevelt D. Smaga
C. Soumillon
57.5 17
115.645 ¤
C. Cohen
5 QUEENLY BEARING (GB) F4
J. Victoire
57.5 11
43.550 ¤
6 PRINCESS SOFIA (UAE) F5
R. Thomas
7 FAINERISKS
F. Spanu
O. Peslier
3 KABOURA
F4
D. Boeuf
4 OVIDIE
F5
F5
60
2
Marc. Rolland
6
87.230 ¤
Jf. Gribomont
Ha. Pantall
3p 7p 0p 0p 7p 1p 0p 1p
56.5 9
77.010 ¤
G. Doyen
Ph. Van De Poele
0p 9p 0p 6p (06) 0p 6p 0p
57
Dubois-Matheessens E. Hautin
8 FABULOUS SMILE (BEL) F5
J. Auge
12
120.090 ¤
9 KARALKA (IRE)
F5
J. Cabre
54.5 14
60.445 ¤
O. Hebrard
E. Danel
10 RINUM LODGE
F4
A. Cardine
54.5 3
11 CASTAGNE
F4
Cp. Lemaire
55
1p 3p 4p 1p 3p 9p 4p 1p
0p 0p 2p 0p 5p (06) 3p 7p
34.430 ¤
B. Giraudon
D. Prod’homme
8p 1p 8p 0p 4p (06) 1p 3p
5
51.160 ¤
D. Sepulchre
D. Sepulchre
3p 4p 0p 1p 6p 3p 4p (06)
★★
53.5 4
★★★
54
12 TEMPETE D’HONNEUR F4
S. Pasquier
48.670 ¤
Gestut Ammerland G. Henrot
2p 1p 3p 1p 2p 2p (06) 3p
13 FAST LANE LILI (GB)
F4
Alxi. Badel
53
1
49.155 ¤
Uplifting Bloodstock F. Doumen
7p 5p 1p 4p 3p (06) 9p 2p
14 SELOUMA
F4
T. Thulliez
53
7
39.100 ¤
Z. Hakam
M. Delzangles
8p 0p 8p 2p 2p 3p (06) 1p
15 COMOHIO
F4
A. Crastus
52.5 16
77.630 ¤
Ecurie Bader
P. Demercastel
1p 0p 0p 3p 5p 1p (06) 0p
16 NOSTALTIR
F5
M. Guyon
52.5 8
69.595 ¤
B. Giraudon
D. Prod’homme
0p 0p 0p 6p 9p 5p 2p 8p
17 ANGELIKA
F4
F. Blondel
53.5 10
21.100 ¤
H. Devin
Y. Nicolay
1p 6p 2p 0p 1p 4p (06) 2p
Le Prono JDD
14
1
12
5
4
11
2
3
SELOUMA
WYSIWYG LUCKY
TEMPÊTE D’HONNEUR
QUEENLY BEARING
OVIDIE
CASTAGNE
STROUDY
KABOURA
Force est de constater que la
chance n’a pas été du côté de
Selouma ces dernières semaines.
Après deux accessits d’honneur à
ce niveau au printemps laissant
LES CONFRÈRES
Europe 1
12 1
7
5
Nice Matin
14 1 12 5
4
La Provence
1 12 3 14 2
Paris Turf
12 14 1
4
Week-End
14 4
1 12
4
2
5
Ouest France 2 3 12 11 14
présager rapidement une victoire,
elle vient d’être très malheureuse
à trois reprises. Ses derniers faux
pas ne sont donc pas à prendre au
pied de la lettre. Si elle connaît enfin un parcours sans encombre, la
pensionnaire de Mikel Delzangles
peut renouer avec le succès.
Wysiwyg Lucky est irréprochable à ce niveau. Malgré son
lourd fardeau, elle dispose d’une
toute première chance. Elle forme
l’opposition directe avec la métronome Tempête d’Honneur, jamais vue plus loin que cinquième
depuis ses débuts en compétition.
Queenly Bearing n’a jamais
pu s’exprimer pour finir dans un
récent Quinté. Mieux vaut ne pas
faire fi de ses chances ! Victorieuse face aux mâles fin mai,
Ovidie n’a pas été ridicule pour
sa rentrée. Avantagée par l’assouplissement des pistes, une place
est dans ses cordes. Castagne a
laissé une bonne impression en
der nier lieu à Clairefontaine,
concluant dans le sillage de Tempête d’Honneur. Elle peut, elle
aussi, tirer son épingle du jeu.
Stroudy a triomphé facilement la der nière fois dans un
L’info turf
201 — Wysiwyg Lucky
Lauréate à ce niveau début
juin, cette terrible finisseuse a
remis ça dès sa sortie suivante.
Remontée de sept kilos sur
l’échelle des poids en l’espace
d’un mois, elle vient de
prouver qu’elle demeurait très
compétitive par deux fois.
Restée au mieux selon les dires
de son entourage, elle doit une
fois encore jouer les premiers
rôles. Notez que son mauvais
numéro à la corde peut
finalement s’avérer être un
avantage, l’état du terrain
étant meilleur à l’extérieur de
la piste en cette fin de meeting.
événement. Le handicapeur n’a
visiblement pas apprécié et lui a
infligé une pénalité pondérale de
3,5 kg. Malgré tout, elle conserve
son mot à dire pour les accessits
et complétera notre choix avec la
« Smaga » Kaboura, qui retrouve
une opposition dans ses cordes.
Stéphane Lévêque
Les autres courses à Deauville
à Beaumont-de-Lomagne
1. Prix du haras de la Huderie Lucien
Barrière – Prix Hôtel du golf Barrière
de Deauville
Notre choix: 1 Spirito Del Vento,
3 Major Grace,
5 Stop Making Sense, 7 Sabana Perdida,
12 Whazzis.
1. Prix de la Riverette
2. Prix du casino Barrière
de Deauville (prix François André)
6. Prix Hôtel Normandy Barrière
de Deauville – Prix de la Jetée
Lucien Barrière
(Plat - 52.000 ¤ - 1.400 m)
Notre choix: 4 Ossun, 1 Salsalavie, 6 Vytinna.
(Plat - 48.000 ¤ - 2.000 m)
Voir le tableau du Quinté
3. Prix de Meautry Lucien Barrière
(Plat - 80.000 ¤ - 1.200 m)
Notre choix: 1 Garnica, 8 Ascot Family,
3 Eisteddfod, 2 Tiza, 6 Le Cadre Noir.
4. Grand Prix de Deauville
Lucien Barrière
(Plat - 200.000 ¤ - 2.500 m)
Notre choix: 7 Poet Laureate, 4 Pearl Sky,
8 Sagara, 3 Irish Wells.
(Plat - 20.000 ¤ - 2.400 m)
Notre choix: 3 Welcome Cat, 10 Jacquou Des Aigles, 6 Tarpon, 1 Kingso, 4 Emblem Davis.
7. Prix hôtel royal Barrière
de Deauville – Prix de Barfleur
Lucien Barrière
(Plat - 17.000 ¤ - 1.500 m)
Notre choix: 6 Lapinto, 2 Royal Mirage, 4 Jokari,
1 Global Hero, 9 Bedwen.
8. Prix du casino Barrière de Trouville
5. Prix Quincey Lucien Barrière
(Plat - 80.000 ¤ - 1.600 m)
(Plat - 23.000 ¤ - 2.000 m)
Notre choix: 5 Risky Nizzy, 8 Black Isis, 15 Shanvally, 6 Passion Play, 14 Zitana.
au Touquet
à Vittel
5. Prix Carlier – Delaunay –
assurances Chevaux
6. Prix de la société des courses
de Nancy-Brabois
(Attelé - 32.000 ¤ - 2.575 m)
Notre choix: 11 New Des Landes, 8 Kanter Besp,
16 Mourotais, 10 Lys Gede, 15 Noise.
★★★
★
M. Bryant
F4
2p 3p 1p 1p 2p 5p 6p 8p
NOS
ÉTOILES
1p 4p 0p 4p 8o (06) 1p 7p
45.760 ¤
2 STROUDY
PERFORMANCES
(Plat - 14.000 ¤ - 2.400 m)
Notre choix: 1 Villerin, 6 Mister Rasi, 2 Sea Sedan,
7 Senorita Escarlata.
08 92 02 03 24
(Attelé - 19.000 ¤ - 2.375 m)
Notre choix: 4 Mordant,
1 Leader De Lune,
7 Nina Grange L’Abbe,
2 Novak, 12 Nao Magic Du Lupin.
2. Prix du conseil régional
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.550 m)
Notre choix: 7 Quida Victory,
4 Quandor Desbois,
10 Queensbury, 5 Quizzicato,
8 Quick Du Hennequin.
3. Prix du conseil géneral
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.550 m)
Notre choix: 2 Petillant,
4 Prince Dahir, 5 Pralin Asa,
13 Palombe D’or, 12 Pixel De Benac.
4. Prix de la communauté
de communes
(Attelé - 20.000 ¤ - 2.375 m)
Notre choix: 3 Nabis Du Goutier,
8 Leo De L’Etang,
12 Nagir D’autan,
11 Net Baz, 5 Nouvelle Rush.
5. Prix de la « Dépêche du Midi »
(Monté - 22.000 ¤ - 2.550 m)
Notre choix: 12 Nomade,
7 Magie D’Espiens,
4 New Man Berry,
5 Last Des Etangs, 6 Matine D’Ostal.
6. Grand Prix « Turf Sud-Ouest »
(Attelé - 35.000 ¤ - 2.550 m)
Notre choix: 2 The Big Blue World,
1 Lister Kin, 4 Muscade Blonde,
10 Macbeth Du Corta, 9 Midnight Noble.
L’audiotel hippique du JDD
7. Prix Equidia
Retrouvez, tous les jours de la semaine, sur notre service Audiotel (0,34 €/min), les pronostics détaillés et expliqués du Quinté +;
les informations de dernière minute de nos journalistes en direct
des champs de course; les cotes, les résultats et les rapports de toutes les courses PMU, en temps réel. L’audiotel du Journal du Dimanche est une mine de renseignements pour gagner aux courses!
8. Prix de l’Unat
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.375 m)
Notre choix: 1 Original,
2 Oh Kanter Seguinel,
6 Old Angot, 3 Ozongo, 7 Obelia Kin.
(Attelé - 6.000 ¤ - 2.375 m)
Notre choix: 7 Marmot Beaujolais,
1 Laflo Josselyn,
3 L’espoir De Suce,
5 Nanga De Berce, 4 Nismutine.
★★★
★
Les folies
de Deauville
■
Il ne s’est jamais échangé
autant d’argent – plus de
38 millions d’euros – sur le ring de
ventes de Deauville que lors du
week-end dernier. Ces vacations
ont donc été très réussies pour les
éleveurs-vendeurs et
l’organisateur, preuve de la valeur
accordée au label made in France
et à la capacité de notre terroir à
produire d’une année sur l’autre
des champions. Car, et c’est un
miracle sans cesse renouvelé, on a
beau voir nos meilleurs chevaux
presque systématiquement
exportés vers l’étranger en vue de
leur carrière de reproducteur,
notamment les mâles et les
meilleures pouliches, le « moule »
n’est toujours pas cassé.
Souvent, à partir de sœurs de
champions ou d’apparentées
proches, les éleveurs français
réussissent encore à produire de
bons chevaux, envoyant ces
poulinières à la rencontre des
meilleurs étalons stationnés en
Irlande, en Angleterre et aux EtatsUnis. En investissant aussi dans de
nouveaux courants de sang en
terme de jumenterie et dans du
capital génétique de haut de
gamme basé à l’étranger, côté
étalons, ces éleveurs continent à
faire naître des sujets enviés,
capables de briller sur les pistes du
monde entier. Les ventes de
Deauville viennent encore de le
démontrer: il fallait débourser en
moyenne 100.000 euros pour
escompter repartir avec un
yearling sous le bras!
A ce tarif-là, il faut espérer
que leurs nouveaux propriétaires
auront de bonnes satisfactions
sportives. Car, et c’est aussi le
risque d’un marché trop
inflationniste, plus on monte
haut, plus la chute peut être
sévère. Dès lors, c’est l’ensemble
de l’économie du secteur qui doit
suivre, notamment les allocations
de courses, afin que l’écart ne se
creuse pas de manière trop
abyssale entre les colonnes
dépenses et rentrées.
Ces prix de courses sont
financés, à partir d’un monopole
confié au PMU et remis
aujourd’hui en question par
Bruxelles. Qu’en sera-t-il demain ?
Selon les décisions prises, c’est
tout le financement de la filière
qui est concerné. On en revient
aux ventes de yearlings…
François Hallopé
♠2
♥ RV762
♦ RD97
♣ 987
N
O
E
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♠ ADV4
♥ D3
♦ A63
♣ RV52
♠ 9876
♥ A1054
♦ 84
♣ 1063
On atteint quatre piques
de manière routinière : une
ouverture d’un sans-atout
e n S u d e t u n S t ay m a n e n
Nord.
Si l’adversaire prend ses
deux levées de cœurs et rejoue atout. Sud donnera trois
tours d’atout en constatant
le par ta g e f avorable de la
couleur (contrairement au
cas du dia g ramme ci-dessus).
Le déclarant encaissera
ses quatre trèfles et jouera
as de carreau et carreau en
espérant un honneur – la
dame ou le roi – second dans
une main ou l’autre des adve r s a i re s. C e l u i q u i a u r a
pris la main sera contraint
de jouer dans la coupe du
mort et la défausse d’un carreau de la main, réglant le
problème.
Passons au cas du diagramme, l’entame du roi de
car reau est une aubaine
pour Sud. Il prend de l’as et
note que le huit four ni par
Est révèle, probablement, un
doubleton. Un par tage 3-2
des atouts assurerait le
contrat puisqu’un cœur perdant serait défaussé sur le
quatrième trèfle. Cependant,
Ouest ne four nit plus au
deuxième tour de pique. Sud
joue exactement trois fois
pique puis passe aux trèfles,
il faut qu’Est en possède au
moins trois, faute de quoi il
n’y aurait pas de salut.
Le quatrième tour de trèfle permet la défausse d’un
cœur et la coupe par Est
mais le déclarant est à bon
port : il a perdu un atout, un
cœur et un carreau.
Si Est n’a pas coupé le
trèfle, Sud joue carreau et
perd également un carreau,
un cœur et une coupe.
[email protected]
Sudoku
Mots fléchés
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Sipa Press
26 août 2007
SPORT
Galles-France.
Dernier test pour
les Bleus. Page 18
Lens. Jean-Pierre Papin doit succéder demain à l’entraîneur démissionnaire
Guy Roux, fermez le banc!
Une accolade à l’entraîneur
strasbourgeois Jean-Marc
Furlan, une poignée de main aux
arbitres et un long regard porté
sur le stade de la Meinau, qu’il a
semblé ne jamais vouloir quitter :
ce sont sans doute les dernières
images qui resteront de Guy Roux
en tant qu’entraîneur. Voilà déjà
deux jours qu’il avait annoncé sa
démission au président lensois
Gervais Martel. La nouvelle, qui
bruissait autour du club malgré
les démentis de Martel, a été rendue officielle sur Canal+ à la mitemps de la soirée de Ligue 1.
Jusqu’à ce que Guy Roux luimême la confirme et la justifie
sur la chaîne cryptée, son employeur durant les deux dernières
années.
« J’étais au courant depuis
quelques jours, a commenté Gervais Martel. Il ne se sentait plus
capable de poursuivre avec nous,
notamment en raison de problèmes physiques. Quelqu’un de
cette expérience se connaît bien.
S’il a senti qu’il ne pouvait plus
continuer, c’est qu’il ne pouvait
plus. Je regrette sa décision mais
il faut l’acce pter. Une page se
tourne. »
Guy Roux, hier soir
à Strasbourg,
quelques minutes
avant de justifier sa
démission. Il aura
vécu 890 matches
en Ligue 1 sur le
banc d’Auxerre,
quatre seulement
sur celui de Lens.
La Voix du Nord
Rendez-vous demain midi
à la Gaillette
Si elle n’intervenait aussi tôt
dans la saison, l’annonce de cette
démission n’aurait pas de quoi
étonner. L’histoire promettait
d’être belle lorsque Guy Roux,
après une carrière entièrement
dévolue à Auxerre et deux années
passées loin du banc, répondit
aux avances lensoises à l’intersaison. Une alliance presque naturelle entre deux monuments du
football français, deux figures populaires au fort taux de sympathie. Mais la belle histoire aura
duré soixante-cinq jours : sept
matches, une seule victoire et une
indicible impression de tristesse
laissée par l’équipe sang-et-or.
Une romance infructueuse sur le
plan sportif et entachée de petits
accrocs qui ne facilitent pas la vie
de couple.
Il fallut d’abord une prise de
position publique de Nicolas Sarko zy et un avis f avorable du
CNOSF pour que Guy Roux obtienne, à 68 ans, une licence d’entraîneur qui était interdite aux
plus de 65 ans… depuis le temps
que lui-même en avait décidé
ainsi. Son retour divisait, au sein
même de sa confrérie. Dès le premier match de la saison, il recouvrit d’un sparadrap l’insigne de
l’équipementier maillot du RC
Lens, un geste visant à ménager
son sponsor personnel, mais qui
eut le don d’irriter. Malgré tout, il
bénéficiait d’une belle cote
d’amour auprès des fidèles de
Bollaert, en attestent les banderoles « Guy Roux, notre Dieu » ou
« Guy Roux notre gourou », encore aperçue hier.
La raison de ce divorce est
toutefois plus profonde. Lui qui
déclarait avoir été « impressionné
par l’efficacité et l’organisation
du club » à son arrivée, a rapidement confié à des proches que son
vécu quotidien était loin de correspondre à ses attentes. L’empereur plénipotentiaire de l’AJ
Auxer re peinait à trouver ses
marques au sein d’une entreprise
aux structures différentes et au
fonctionnement bien rodé. Il a assuré l’intégralité du recrutement
– avec les anciens Auxer rois
Akalé, Kalou, Pieroni – jusqu’ici
décevant. Il a régenté la communication des joueurs. Interdit l’attaché de presse de vestiaire… Il a
fait du Guy Roux, sans jamais re-
STRASBOURG — LENS 2-1
Renteria (56e), Cohade (64e) pour
Strasbourg ; Keita (70e) pour Lens
(0-0). Beau temps. 28.652 spectateurs. Arbitre : M. Cailleux.
Avertissements : Mouloungui (59e) à Strasbourg ; Monterrubio
(65e), Demont (80e) à Lens.
Troisième victoire consécutive pour Strasbourg aux dépens d’un RC
Lens enfoncé dans le doute, qui se traîne à la 18e place du classement
et a tout à retrouver : cohésion, confiance, sérénénité, solidarité…
Tout s’est accéléré en seconde période. Sur un corner d’Abdessadki,
Renteria saute et met le ballon hors de portée de Runje, puis Cohade
reprend victorieusement une passe de Mouloungui. Lens réagit mais
trop tard, avec Keita. Claquette de Cassard dans le temps additionnel
sur un coup franc de Kovasevic.
Strasbourg : Cassard -Dos Santos, Bellaïd, Paisley -Rodrigo, Cohade,
Abdessadki (Gargorov 85e), Lacour (cap) -Gameiro (Camadini 87e), Mouloungui (Johansen 67e), Renteria.
Lens : Runje -Demont (cap), Coulibaly, Hilton, Ramos -Kovacevic, Sablé
-Akalé (Khiter 81e), Kalou (Keita 20e), Monterrubio -Dindane (Pieroni
85e).
trouver la flamme, explique-t-il.
Sans trouver sa place dans l’étatmajor de Lens, dit aussi le milieu.
Une fois le constat fait, il a pris la
décision rapide de mettre un
terme à la situation, dans l’intérêt des deux parties qui se quittent bonnes amies.
« Je suis très déçu, parce que
le coach a mis des choses en place.
Il a fait le maximum. C’est triste
pour tout le monde. Mais avec le
comportement qu’on a sur le terrain, on peut mettre qui on veut
sur le banc : ça ne marchera pas »,
a réagi avec autocritique Yohan
Demont, le capitaine lensois.
« Un entraîneur sans club, c’est
toujours regrettable. Mais après
tout ce qu’il nous a fait, et après
s’être battu pour qu’il ne redevienne pas entraîneur, on ne va
pas maintenant lui passer la pommade », a tranché sans fausse diplomatie Pierre Repellini, le viceprésident de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs. Il semble
très improbable que Guy Roux,
qui ne se sent plus la flamme, reprenne les commandes d’un autre club. « Gardez-moi une place
au chaud », avait-il plaisanté chez
Canal+.
Qui va remplacer Guy Roux
sur le banc lensois ? Daniel Le-
clercq s’est bien dit intéressé :
« Mon portable est ouvert. » Même
s’il reste le seul technicien à avoir
mené le club au titre de champion
de France, en 1998, les chances du
Druide sont minces. Car un candidat s’avance en grand favori :
Jean-Pierre Papin s’est porté candidat depuis déjà plusieurs jours.
L’ancien attaquant était déjà
pressenti à l’intersaison, comme
Didier Deschamps. Mais ce dernier ne souhaite pas rempiler, selon son entourage. Joint hier soir,
JPP n’a pas voulu se mouiller :
« Je ne dois pas être le seul sur la
liste », tempère diplomatiquement l’ancien coach de Strasbourg, natif de la région NordPas de Calais. Mais il est de loin
le plus haut placé dans les petits
papiers de Gervais Martel. Hier
soir, comme s’il fallait respecter
un deuil minimal, le président
lensois a préféré démentir vertement : « Celui qui parle de Papin
dit des conneries. Celui qui donne
n’importe quel nom dit des conneries ! » C’est pourtant bien le nom
de JPP qu’il devrait annoncer demain midi à la Gaillette. Pour
remplacer celui qu’on a longtemps cru irremplaçable.
Olivier Joly
(avec S. C et S.J.)
Papin, première en L1
■
Selon toute vraisemblance, Jean-Pierre Papin
sera l'entraîneur du RC Lens. Natif de Boulogne-sur-Mer (62),
l'ancien capitaine de l'équipe de
France n'a aucune expérience en
Ligue 1 mais
il a fait remonter le Racing Club de
Strasbourg
de L2 en juin
dernier. La
fin de l'histoire s'est
pourtant terminée en eau
de boudin
puisque Papin n'a pas été reconduit dans ses fonctions. Depuis,
l'ancien buteur de l'OM avait eu
une touche en Chine mais avait
surtout été contacté par Waldemar Kita, le nouveau repreneur
de Nantes, pour remplacer Der
Zakarian. Il avait alors refusé,
«par amitié». JPP a démarré sa
carrière d'entraîneur au FC Bassin d'Arcachon (DH) en 2004.
Sous ses ordres, le club aquitain
est monté en CFA 2.
Explications. Sur Canal+, Guy Roux a évoqué sa lassitude physique et mentale
« Je manquais de grinta »
Vers 22 h 45, Guy Roux a réservé les explications sur son départ au journaliste
Cyril Linette, avec qui il a partagé de longues heures de football sur la chaîne cryptée. En voici les principaux extraits.
Pourquoi avez-vous démissionné ?
Sur le plan de l’entraînement et du
management, j’avais retrouvé la cadence.
Et puis je me suis aperçu, le championnat
commençant, que je manquais à certains
moment de cette grinta qui est nécessaire
et qui avait fait ma force pendant toute
ma carrière, cette faculté de lever les
joueurs, de se transcender. Je me suis
aperçu qu’elle était un peu atténuée. J’en
ai parlé une première fois à Gervais Martel. Il m’a dit « Non! Continue ».
Les résultats sportifs sont-ils dominants dans votre démission ?
Pas du tout. Evidemment, si on avait
été premiers, j’aurais eu plus de mal à
persuader les gens que je devais m’arrêter. Mais j’ai senti en moi l’impossibilité
de hausser le ton, non pas de la voix mais
le ton de la psychologie, celui qui fait la
force d’un entraîneur. C’est très dur de le
reconnaître. Je le reconnais. Ne voulant
pas entraîner Lens, qui m’avait fait tant
confiance dans une série de mauvais résultats, j’ai dit : « Ecoutez, prenez un plus
jeune ». Je crois que c’est ce qu’ils ont fait.
A votre retour, il y a eu un débat national autour de l’âge jusqu’auquel on
peut entraîner. Or vous expliquez ne
plus avoir la force. C’est une sorte de
retour en arrière…
Je ne pense pas que ce soit l’âge en
l’occurence. Je pense plutôt que les bêtabloquants consécutifs à mes problèmes
cardiaques m’ont enlevé certains facteurs
de colère, d’émotion, qui me permettaient
de lever les joueurs. Les péripéties administratives de l’été m’importent peu. C’est
un peu humiliant pour moi de reconnaître ça, d’avoir été dire à mon président
« Enlevez-moi, prenez un plus jeune entraîneur, il y en a de valeur qui n’ont pas
de travail ». Mais quand on voit les Français de qualité, anciens champions de
France, ayant fait remonter leur équipe
en première division, qui n’avaient pas de
travail, il était normal que je me retire.
Quand un joueur ne se sent pas en forme,
il doit aller le dire à son entraîneur.
Quand un entraîneur ne se sent pas en
grande forme, il doit aller le dire à son
président.
Avez-vous le sentiment que votre
image est écornée par ce double revirement ?
Je n’ai jamais mené ma carrière pour
me faire une image. Elle s’est faite comme
elle est. L’image prendra ma souffrance
d’aujourd’hui comme elle a pris ma gloire
d’hier. J’espère en tout cas que ma franchise sera reconnue.
Football
16/
26 août 2007
Ligue 1/5e journée
NANCY - AUXERRE 4-1
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Malonga (37 ), Kim (38 ), Biancalani (49 ),
Fortuné (55e) pour Nancy; Lejeune (60e) pour Auxerre
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(2-0). Beau temps. 18 132 spectateurs. Arbitre: M. Piccirillo. Avertissements: Puygrenier (19 e) à l’ASNL; Tamas (17e), Lejeune (33e), Pedretti (92e) à l’AJA
L’AS Nancy-Lorraine a laissé son style bloc béton armé aux
vestiaires, désormais c’est festival de l’offensive les soirs de
match à Picot, champagne pour le prez au Jean Lam’ et entrée gratuite aux Caves du Roy... Nancy passe quatre buts à
Auxerre et s’installe seul comme un grand dans le fauteuil
de leader. C’est l’état de grâce : même Biancalani se met à
marquer. Hadji rayonne et fait briller ses copains. Mirabelle
sur le gâteau du futur quadra (l’ASNL va fêter ses 40 ans
d’existence le 3 novembre prochain) : les Lorrains pourraient encore être leaders mercredi soir sans jouer (leur
match à Toulouse est reporté pour cause de Ligue des champions).
Nancy: Bracigliano (cap) -Chrétien, Andre Luiz Silva, Puygrenier, Biancalani -Bérenguer, Gavanon (Guerriero 80e) - Malonga (Brison 59e), Hadji (Curbelo 59e), Kim -Fortuné
Auxerre: Riou -Marcos Antonio, Tamas (Grichting 46e), Mignot, Jaurès -Genest (Kahlenberg 46e), Pedretti (cap), Thomas,
Lejeune -Jelen (Lesage 68e), Maoulida
Nancy
Lorient
Monaco
Strasbourg
Valenciennes
Le Mans
Bordeaux
Rennes
Lille
Marseille
Saint-Etienne
Nice
Toulouse
Lyon
Caen
Paris SG
Auxerre
Lens
Sochaux
Metz
PTS
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BP
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J.-B. Autissier/Panoramic
Beau temps. 11.033 spectateurs. Arbitre: M. Jaffredo.
Avertissements: Menez (41e), Pérez (43e) à Monaco; Romaric (43e), Basa (60e) au Mans.
A la suite de ce succès, les Monégasques, emmené par un
excellent Jérémy Menez, peuvent espérer réaliser une saison intéressante. Les Manceaux rentrent dans le rang,
après avoir fourni une prestation honorable. Avec ce genre
de but, la L1 vaut bien 1 milliard d’euros par saison : talonnade absolument mythique de Matsui, sur un centre de
Calvé, et le MUC ouvre le score. Deuxième période complètement différente. Ménez part en contre en soliste : il est
fauché par Pelé dans la surface ; Cufré transforme le penalty. Dans la foulée, l’ex-Sochalien récupère un ballon mal
dégagé par Pelé. Une nouvelle fois, à la suite d’un excellent
travail en solitaire, il fait la différence et double la mise.
Encore et enfin Ménez qui offre une jolie poupée à Piquionne, lequel se joue de Basa et inscrit son troisième but
de la saison.
Monaco: Ruffier -Cufre, Modesto (cap), Bolivar, Muratori Pérez (Gakpé 46 e), Bernardi, Leko -Menez (Pino 85 e) -Piquionne (Monsoreau 70e), Koller
Le Mans: Pelé -Calvé, Basa, Cerdan, Ibrahima Camara Sessègnon (Maïga 75e), Romaric (cap) (Louvion 84e), Coutadeur, Matsui (Pinault 81e) -De Melo, Grafite
Samson (92e) pour Caen;
Rodriguez (43e), Niang (54e) pour Marseille
(0-1). Beau temps. 20.790 spectateurs.
Arbitre: M. Auriac.
Les mots sont lâchés. « Nouveau départ »
pour Pape Diouf, « prise de conscience »
pour José Anigo. L’OM a remporté sa première victoire de la saison. Sans génie
certes, mais l’essentiel était d’éviter de
piquer une crise. « C’est un soulagement
parce qu’on a beaucoup travaillé, a soufflé Benoît Cheyrou. On commençait à se
faire critiquer, mais c’était normal car on
ne développait pas un super football. »
S’il reste des zones nébuleuses dans le
jeu, cette victoire répond à une certaine
logique. Les Marseillais ont à la fois été
concentrés derrière (sauf sur le but de
Samson) et (relativement) efficaces devant. Rodriguez a ouvert le score sur une
des premières occasions juste avant la
pause. Et Cissé, s’il n’a pas marqué, a offert le deuxième but à Niang sur une
contre-attaque imparable.
Comme face à Nancy dimanche dernier
(2-2), les Phocéens ont donc mené 2-0, ont
eu la possibilité de tuer le match, mais
ont joué avec leurs nerfs durant la der-
(1-1). Temps orageux. 23 397 spectateurs. Arbitre: M.
Coué. Avertissements:Marange (41e), Chalmé (53 e),
Wendel (57e), Alonso (58e) à Bordeaux; Morel (45e+1),
Ciani (51e) à Lorient
Les Merlus jouent bien et, en plus, ils ont les atours des
grands : un coup de main de l’arbitre qui ne valide pas un
but de Wendel, un penalty (de Bellion) sorti par un gardien
en état de grâce, une égalisation in extremis et un entraîneur qui pointe les manques au soir d’une belle perf ’.
Ecoutons Christian Gourcuff: « Revenir à 2-2 en fin de
match est quasiment miraculeux. On a vu des promesses
en première mi-temps, surtout dans les intentions, dans la
maîtrise, dans la circulation du ballon. Il faut éliminer les
déchets, il y a eu trop d'erreurs défensives ce soir qui auraient pu nous plomber le match. » « On a beaucoup de
réussite en ce moment, poursuit Marama Vahirua. On arrive à produire du beau jeu et à prendre beaucoup de plaisir. On ne se sent pas incassables, mais on est bien, on n’a
pas peur de la défaite. » Bordeaux doit se contenter du doublé de Bellion. C’était quand même une belle soirée de foot.
Bordeaux: Ramé (cap) -Chalmé, Jemmali, Planus, Marange
(Chamakh 65e) -Alonso, Diarra, Fernando, Wendel -Bellion
(Obertan 84e), Jussiê (Micoud 76e)
Lorient: Audard -Jallet, Marchal (cap), Ciani, Morel (Cantareil 65 e) -Marin (Robert 71 e), Ewolo, Abriel, Namouchi Saïfi (Nimani 75e), Vahirua
nière demi-heure. « La facilité est peutêtre notre défaut », constate Albert Emon.
Cela a permis à Steve Mandanda, le suppléant du malheureux Carrasso, de se
mettre dans le bain en sortant quelques
arrêts décisifs alors qu’il avait attaqué
ses nouvelles fonctions avec des fautes de
mains. « Il a fait une partie convaincante », estime l’entraîneur marseillais.
Qui ajoute : « Nous ne sommes qu’à 60 ou
70 % de nos moyens physiques et dans la
progression de notre jeu. Donc notre évolution va être intéressante. » Son homologue caennais, Franck Dumas, est lui remonté contre ses joueurs : « On avait tout
à gagner et on a joué comme si on avait
tout à perdre. On va remettre les choses à
plat et se dire certains trucs. »
S. C.
Caen: Planté -Hengbart, Boucansaud,
Sorbon, Seube (cap) -Proment -Gouffran,
Nivet (Deroin 62e), Florentin -Jemâa (Samson 70e), Toudic (Compan 52e).
Marseille: Mandanda -Bonnart, Rodriguez, Givet, Taiwo -Cana (cap), Cheyrou Ziani (Zenden 69 e ), Nasri (Zubar 75 e ),
Niang (Gragnic 80e) -Cissé.
PSG - LILLE
Parc des Princes 18h, Canal+ Sport
Le PSG rêve de fax à en-tête du Benfica Lisbonne proposant
18,53 M€ pour Pauleta, de Raon-L’étape pour Bernard Mendy
peu importe le prix, du Club Med Mar del Plata pour Gallardo
et Yepes. C’est malheureusement une fausse offre de Villarreal pour Amara Diané concoctée par deux agents bidons qui
a atterri sur les bureaux parisiens. L’histoire a mis tout le
monde en rogne. 7,2 M€ pour Diané, c’était pourtant drôle.
Cela aura peut-être le mérite de détendre l’atmosphère au
Parc où les Parisiens n’ont pas l’habitude de se marrer. Les
joueurs de la capitale ont les chocottes devant leur public. Des
théories psychologiques poussées naissent sur cet épineux sujet qui empoisonne la vie du club depuis deux ans. Cette saison, ça donne pour l’instant un nul (Sochaux) et une défaite
(Lorient). Ce soir, c’est Lille qui s’y colle sous les yeux de Domenech. Rothen est incertain, mais Digard est de retour.
Meilleurs buteurs
National/4e journée
Ligue 2/5e journée
Vendredi 31 août : Amiens-Niort;
Anger s-Guingamp; Brest-Libourne/St-Seurin; ChâteaurouxTroyes; Clermont-Grenoble; Le
Havre-Gueugnon; Sedan-Boulogne-sur-Mer (20h); MontpellierAC Ajaccio; Reims-Dijon (20h30,
ces deux matches sur Numericable). Lundi 3 septembre : BastiaNantes (20h30, Eurosport).
(1-0). Beau temps. 9 969 spectateurs. Arbitre: M. Malige. Avertissements: Ederson (27e), Balmont (74e), Rool
(78e), Hellebuyck (92e) à Nice; Dieuze (12e), Cetto (80e),
Mathieu (90e) à Toulouse.
Toulouse se réveille à vingt minutes de la fin et s’évite une
sérieuse gueule de bois avant d’aller se faire éliminer à Liverpool. Elmander n’est pas en veine alors Pancho Gignac
surgit au premier poteau. Le TFC touche du bois : Koné rate
une balle de break sur penalty. Ahhh ! C’est poteau ! Sinon
Ederson avait ouvert le score suite à une glissade de Mathieu. Baup n’est que partiellement rassuré : le Ray, ce n’est
pas Anfield.
Nice: Lloris -Apam, Hognon, Kanté, Rool -Ederson (Traoré
69 e), Balmont, Echouafni (cap), Hellebuyck -Koné, Bamogo
(Job 81e)
Toulouse: Douchez -Paulo Cesar, Cetto, Ilunga, Mathieu Dieuze (cap), Sirieix -Fabinho (Gignac 72e), Emana, Mansaré
(Bergougnoux 72e) -Elmander
CAEN - MARSEILLE 1-2
Bellion (11 , 68 ) pour Bordeaux;
Saïfi (15e), Namouchi (89e) pour Lorient
6e journée
NICE - TOULOUSE 1-1
Ederson (42e) pour Nice;
Gignac (88e) pour Toulouse
Marseille s’éveille,
enfin
e
Nantes
Le Havre
Grenoble
Dijon
Reims
Guingamp
Troyes
Montpellier
Sedan
Boulogne-sur-Mer
Brest
Niort
AC Ajaccio
Clermont Foot
Bastia
Châteauroux
Amiens
Libourne/St-Seurin
Angers
Gueugnon
(1-0). Beau temps. 24 078 spectateurs. Arbitre: M.
Thual. Avertissements: François (30 e ). Expulsion:
Cissé (93e)
« Ça fait plaisir », dit Nino. Plaisir d’être sur le banc, plaisir
de jouer, plaisir de toucher du bois. Puis plaisir de finir la
soirée au Pim’s comme dans sa tendre jeunesse. Le duo Leroy-Thomert, qui a frappé deux fois, lui a quand même un
peu chipé la vedette. Pour le plaisir, on écoute Pier re
Dreossi : « En première période, nous avons bien maîtrisé.
Une fois que nous avons trouvé la faille, les choses ce sont
emballées. Nous avons eu pas mal d’occasions et c’est dommage de ne pas avoir su les concrétiser. C’est une satisfaction de l’emporter et j’ai vu des choses intéressantes collectivement pour la suite. » Au plaisir...
Rennes: Pouplin - Fanni, Mbia, Hansson, Edman -Leroy, Didot (cap) (Sorlin 78e), Br. Cheyrou, Thomert (Marveaux 65e) Pagis, Briand (Wiltord 57e)
Metz: Marichez (cap) -Gueye, Delhommeau (B. Gueye 58 e),
Diop, Strasser, Léoni -Pjanic (Djiba 72e), François, Agouazi Aguirre (Cissé 65e), Mo. Ndiaye
Belle bagarre entre Nasri et Planté, le gardien caennais.
BORDEAUX - LORIENT 2-2
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
15
16
17
18
19
20
(2-1). Beau temps. 13.566 spectateurs. Arbitre: M. Kalt.
Avertissements: Rippert (55e), Mo. Traoré (90e) à Valenciennes; Sène (53e) à Sochaux
Sochaux avant-dernier et sept points récoltés en trois matches pour Valenciennes, qui trouve sa voie après un début
de rencontre difficile. Etrillés par Monaco il y a huit jours,
les joueurs de Hantz viennent de prendre 6 buts en deux
matches. Valenciennes a imposé son caractère et Sochaux a
démontré, une nouvelle fois, sa fébrilité défensive. Troisième but de la saison pour Steve Savidan.
Valenciennes: Penneteau -Mater, Ouaddou (cap), Chelle, Rippert -Doumeng (Roudet 12e), C. Sanchez, Saez, Bezzaz (Traoré
70e) -Pujol, Savidan (Sebo 84e)
Sochaux: Richert (cap) -Pichot (Nogueira 89e), Josse, Sène, Jokic -Pitau, Quercia -Isabey, Dalmat, Maurice-Belay (Birsa 59e)
-Erding (Dagano 76e)
Thomert (45e+2, 55e)
Cufre (49e sp), Menez (51e), Piquionne (65e)
pour Monaco; Matsui (31e) pour Le Mans
Vendredi: AC Ajaccio-Sedan 2-1;
Boulogne/Mer-Angers 1-0; Dijon-Châteauroux 0-0; GueugnonReims 0-1; Guingamp-Amiens 10; Libourne/St-Seurin-Clermont
1-1; Niort-Montpellier 1-0;
Troyes-Bastia 2-0; Nantes-Brest
3-0; Grenoble-Le Havre 0-2.
Bezzaz (11e), Chelle (45e+1), Savidan (75e)
pour Valenciennes; Quercia (7e) pour Sochaux
RENNES - METZ 2-0
MONACO - LE MANS 3-1
e
VALENCIENNES - SOCHAUX 3-1
PTS
J
G
N
P
BP BC Diff.
10
10
10
9
9
8
8
7
7
7
7
7
6
6
6
5
4
4
4
3
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
3
3
3
2
3
2
2
2
2
2
2
2
1
1
2
1
1
1
1
1
1
1
1
3
0
2
2
1
1
1
1
1
3
3
0
2
1
1
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0
1
1
1
0
2
1
1
2
2
2
2
2
1
1
3
2
3
3
3
4
12
7
6
4
6
6
5
7
5
8
5
4
6
6
5
4
3
6
3
5
4
4
3
2
9
4
5
5
4
8
6
5
6
6
9
5
5
9
6
8
8
3
3
2
-3
2
0
2
1
0
-1
-1
0
0
-4
-1
-2
-3
-3
-3
Paris FC-Cannes 2-2; Villemomble-Beauvais 1-2; Nîmes-Calais
2-1; Martigues-Entente SSG 2-1;
Louhans-Cuiseaux-Arles 1-1.
Vendredi: Romorantin-Pau 2-3;
Sète-Cherbourg 1-0; Tours-Rodez 1-0; Laval-Créteil 1-1; IstresVannes 2-2
5e journée
Vendredi 31 août: Calais-Paris
FC; Cherbourg-Tour s (20h).
Samedi 1 er septembre: Entente
SSG-Louhans-Cuiseaux; CréteilIstres; Arles-Sète (18h); PauM a r t i g u e s ; Va n n e s - N î m e s
(19h30); Cannes-Romorantin;
Beauvais-Laval; Rodez-Villemomble (20h).
PTS
1 Nîmes
10
2 Entente SSG
9
3 Tours FC
9
4 Rodez
7
5 Istres
7
6 Paris FC
7
7 Cannes
7
8 Beauvais
7
9 Cherbourg
6
10 Sète
5
11 Arles
5
12 Romorantin
4
13 Villemomble 4
14 Martigues
4
15 Louhans-C.
4
16 Calais
3
17 Laval
3
18 Créteil
3
19 Pau
3
20Vannes
2
J Diff.
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
3
3
2
4
2
1
1
0
1
0
-1
-1
-1
-2
-3
2
-1
-1
-6
-3
4 buts: Bellion +2 (Bordeaux); De Melo (Le Mans); Vahirua,
Saïfi +1 (Lorient); Audel (Valenciennes). 3 buts: Piquionne
+1 (Monaco); Feindouno (Saint-Etienne); Renteria +1 (Strasbourg); Savidan +1 (Valenciennes).
6e journée
Mardi 28 août: Lorient-Valenciennes (21h, Canal + Sport).
M e r c r e d i 2 9 a o û t : Marseille-Nice (18h30, Canal +);
Auxerre-Rennes; Le Mans-Paris SG; Lille-Monaco; Metz-Bordeaux; Saint Etienne-Strasbourg (20h30); Sochaux-Lyon
(20h45, Canal +). Lens-Caen et Toulouse-Nancy reportés.
Après Wiltord, Emerson
■ Semaine chargée au Stade Rennais. Après avoir officiellement enregistré l’arrivée de Sylvain Wiltord jeudi, le
club breton s’est occupé du dossier Emerson. Le brésilien
s'est engagé pour trois saisons et 5 M€. Il a assisté hier au
match Rennes-Metz. Inconnu en Europe, cet attaquant
brésilien de 28 ans a fait les beaux jours du championnat
japonais et d’Al-Saad, au Qatar.
Football
26 août 2007
/17
Ligue 1. A l’heure du derby contre les Verts, le début de saison de Lyon inquiète
Un champion à l’épreuve
LYON - SAINT-ETIENNE
Alain Perrin et
son capitaine
Juninho, qui a
retrouvé
le brassard
dont il ne
voulait plus.
Stade Gerland, 21h, Canal+
Lyon
Envoyé spécial
L’OL patine. Le sextuple
champion de France réalise
son plus mauvais départ depuis
2000. Deux défaites d’affilée : cela
ne lui était arrivé que deux fois
(septembre 2002 et janvier 2007)
au cours des six derniers exercices de L1. Bien sûr, Lyon a un
match en moins et cela fausse la
perspective à la 5e journée. N’empêche, ce début de saison se fond
dans le panorama d’une année
2007 tourmentée qui a vu naître la
théorie du déclin de l’édifice lyonnais. Si bien que la venue de SaintEtienne, ce soir, offre plus qu’un
derby épicé : l’issue du choc risque de donner le ton d’une saison
où il y a rarement eu autant d’incertitudes du côté de Gerland.
Perrin sous surveillance
L’entraîneur joue déjà ser ré.
Comme Paul Le Guen en son
temps, l’ancien coach de Sochaux
se sait observé par sa hiérarchie
et par un vestiaire où il faut ménager les ego. Ce mauvais départ
L’action OL
au plus bas
■
L’ a c t i o n O L G r o u p e a
perdu 27,1% depuis son introduction le 9 février, au tarif de
24 €. Vendredi à la clôture, elle ne
valait plus que 17,49 €, son cours
le plus bas. Le titre avait déjà
connu un premier coup de semonce après l’élimination en huitième de finale de la Ligue des
champions, le 6 mars, avant de
passer pour la première fois sous
la barre des 20 € (19,92 €) le 12
avril. Après une légère reprise
durant un mois et demi (22,01 € le
1er juin), l’action lyonnaise dévisse lentement depuis. Ces deux
dernières semaines, sur fond de
secousses boursières, le titre a
perdu 2 €. Des résultats décevants, à tempérer cependant par
le volume très faible des échanges sur le titre.
A.T.
ne le place pas dans des conditions de sérénité extrême. « On
est dans une période difficile et
alors ? Il n’y en a pas eu l’an dernier ? On doit faire face à des événements contraires », se défendil. Il n’est effectivement pas épargné. L’impact des absences longue durée de Coupet et Cris est
considérable d’un point de vue
sportif et moral. D’autant que
viennent s’y greffer les blessures
de Ben Arfa, Fred et Müller. Les
recrues ne montrent pas grandchose (Keita et Grosso en particulier) et cela se remarque quand
Juninho n’y est pas. La satisfaction : Benzema a pris de l’envergure.
A Toulouse (1-0), l’OL a perdu
un match qu’il ne perdait pas du
temps de sa splendeur. Et à Lorient, on a vu beaucoup de résignation. Le jeu « à la lyonnaise »
se délite. Ce n’est pas nouveau.
Dès la fin de la saison dernière, il
transpirait la sensation que l’OL
avait perdu sa capacité à bien défendre ensemble et que, dans
l’animation offensive, le 4-3-3, en
vogue depuis l’ère Le Guen, commençait à s’essouffler. Alain Perrin a débarqué avec un 4-4-2 et
des mises en place tactiques plus
astreignantes que celles de Gérard Houllier. Seulement, l’adaptation demande du temps et Lyon
n’en a déjà plus. « Ça change les
automatismes, reconnaît Kim
Källström. Mais enfin, le 4-4-2 on
connaît tous ça depuis qu’on est
gamin ! Ça prend juste un peu de
temps à mettre en place. Il ne suffit pas de grand-chose pour que
tout se passe bien. L’inverse est
également vrai… »
Juninho rumine
Les tourments de la saison passée avaient trouvé leur source
dans la décomposition bruyante
d’un groupe dont la qualité principale avait jusque-là été de bien
vivre ensemble. Ou, au moins, de
savoir feutrer les éclats de voix.
« Quand il y a 25 compétiteurs ensemble, il y a toujours des petits
soucis. Tout le monde ne peut pas
être ami. Tout cela a été exagéré.
Rolland Quadrini
KR Images
pour le JDD
Par rapport à ce que j’ai vécu
avant, il n’y a rien d’exceptionnel, si ce n’est que Lyon est plus
médiatisé », nuance Källström.
En débarquant à Rennes cette semaine, Sylvain Wiltord a pourtant dépeint ainsi le panorama
lyonnais : « Pas de malaise, mais
des grosses blessures ».
Comme celles de Fred, qui
n’a aucune confiance en ses dirigeants et attend le règlement officiel de son litige financier pour
annoncer qu’il reste au club. Ou
celles de Juninho qui l’a toujours
amer d’avoir été remis en cause
par Sidney Govou. « Ces déclarations l’ont affecté, confirme son
agent José Fuentes. Il ne s’est pas
senti très respecté. Il a rendu le
brassard et s’est même demandé
s’il ne valait pas mieux partir. Il
en a eu envie. Seulement il a des
contraintes contractuelles et familiales. » A l’époque, Govou exprimait le ressenti de quelques
internationaux français, partis
TELEX
Plasil à Osasuna
Le Real sur Daniel Alves
■ Jaroslav Plasil a officiellement quitté Monaco
pour s’engager à Osasuna. Le milieu de terrain
tchèque de 26 ans a signé pour quatre ans et 2,5 M€
en faveur du club espagnol. Il avait été for mé à
l’ASM, où il avait débarqué à l’âge de 17 ans. Vendredi, Monaco avait enregistré l’arrivée de Néné, le
milieu offensif brésilien du Celta Vigo.
■ Le Real Madrid aurait fait une proposition pour
le latéral du FC Séville, Daniel Alves, déçu de ne pas
avoir été transféré à Chelsea. Le Brésilien veut absolument quitter le club andalou et a été écarté du
groupe qui jouait hier contre Getafe. Le Real, qui a
déjà dépensé 110 M€ cet été, aurait proposé 36 M€,
alors que Séville en veut plus de 40 M€.
Les Bleuets en 8e
Beckham écarté
■ L'équipe de France des moins de 17 ans s'est qualifiée pour les 8e de finale du Mondial en battant le
Japon (2-1), en Corée du Sud. Menés à la pause, les
garçons de François Blaquart ont redressé la situation en deux minutes grâce au Lyonnais Mehamha
et au Stéphanois Rivière. Leur prochain adversaire
reste à déterminer entre l'Allemagne, la Colombie
et le Ghana.
■ Le Los Angeles Galaxy a écarté David Beckham
pour son match d’aujourd’hui face aux Colorado
Rapids. Grimaçant de douleur et quittant la pelouse
en boitillant jeudi contre Chivas (0-3), le Spice Boy a
été mis au repos. Le club américain n’a guère apprécié que Beckham joue 90 minutes en amical avec
l’Angleterre contre l’Allemagne mercredi et envisage de lui interdire ce type de voyage.
CHAMPIONNATS ETRANGERS
Allemagne
3e journée
Bochum-Hambourg . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1
Bayer Leverkusen-Karlsruhe . . . . . . . . . . .3-0
Stuttgart-Duisbourg . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0
Bayern Munich-Hanovre . . . . . . . . . . . . . .3-0
Nuremberg-Werder Brême . . . . . . . . . . . .0-1
Bielefeld-Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-0
Dortmund-Cottbus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0
Aujourd'hui: Francfort-Rostock; WolfsburgSchalke 04. Classement: 1. Bayern Munich 9
pts; 2. Bielefeld 7; 3. Bochum 7; 4. Hambourg
6; 5. Schalke 04 4; 6. Bayer Leverkusen 4; 7.
Francfort 4; 8. Stuttgart 4; 9. Werder Brême 4;
10. Wolfsburg 3; 11. Duisbourg 3; 12. Berlin 3;
13. Dortmund 3; 14. Karlsruhe 3; 15.
Nuremberg 3; 16. Hanovre 3; 17. Cottbus 1;
18. Rostock 0.
Angleterre
4e journée
Sunderland-Liverpool . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2
West Ham-Wigan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Arsenal-Manchester City . . . . . . . . . . . . . .1-0
Derby County-Birmingham . . . . . . . . . . . . .1-2
Aston Villa-Fulham . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1
Bolton-Reading . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0
Chelsea-Portsmouth . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0
Everton - Blackburn . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Aujourd'hui: Middlesbrough-Newcastle;
Manchester United-Tottenham. Classement:
1. Chelsea 10 pts; 2. Manchester City 9; 3.
Wigan 7; 4. Liverpool 7; 5. Everton 7; 6.
Arsenal 7; 7. Portsmouth 5; 8. Blackburn 5; 9.
Newcastle 4; 10. Aston Villa 4; 11.
Birmingham 4; 12. West Ham 4; 13. Reading 4;
14. Sunderland 4; 15. Tottenham 3; 16.
Middlesbrough 3; 17. Bolton 3; 18. Fulham 3;
19. Manchester United 2; 20. Derby County 1.
Belgique
4e journée
GB Anvers-RC Genk . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2
Mons-Lokeren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-1
CS Bruges-Dender . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-0
La Gantoise-Zulte-Waregem . . . . . . . . . . .1-1
Westerlo-Mouscron . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2
Anderlecht-FC Brussels . . . . . . . . . . . . . . .3-0
Roulers-Standard Liège . . . . . . . . . . . . . . .0-4
Aujourd'hui: Saint-Trond-Charleroi. Demain:
FC Malines-FC Bruges. Classement: 1.
Standard Liège 12 pts; 2. Anderlecht 10; 3. La
Gantoise 10; 4. FC Bruges 9; 5. Mouscron 9 ...
Ecosse
4e journée
Celtic Glasgow-Hearts . . . . . . . . . . . . . . . .5-0
Falkirk-St Mirren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-1
Gretna-Motherwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2
Hibernian-Aberdeen . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-3
Inverness CT-Dundee Utd . . . . . . . . . . . . .0-3
Kilmarnock-Glasgow Rangers . . . . . . . . . .1-2
Classement: 1. Rangers 12 pts; 2. Celtic 10; 3.
Motherwell 9; 4. Hibernian 8 ...
Espagne
1re journée
Real Madrid-Atletico Madrid . . . . . . . . . .2-1
FC Séville-Getafe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .n.p
Murcie-Saragosse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .n.p
Aujourd'hui: Bilbao-Osasuna Pampelune;
Racing Santander-FC Barcelo-ne; MajorqueLevante; La Corogne-Almeria; Recreativo
Huelva-Betis ; Espanyol Barcelone-Valladolid; Valence-Villarreal.
Italie
1re journée
Lazio Rome-Torino . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-2
Juventus-Livourne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5-0
Aujourd'hui: Parme-Catane; Reggina-Atalanta Bergame; Sienne-Sampdoria Gênes;
Fiorentina-Empoli; Napoli-Cagliari; GenoaAC Milan; Inter-Udinese; Palerme-AS Rome.
Pays-Bas
2e journée
Roda JC-Heracles Almelo . . . . . . . . . . . . .2-1
PSV Eindhoven-NEC Nimègue . . . . . . . . .5-0
VVV Venlo-Excelsior Rotterdam . . . . . . . .3-1
Willem II Tilburg-Sparta Rotterdam . . . . .2-2
Vitesse Arnhem-AZ Alkmaar . . . . . . . . . . .1-0
Aujourd'hui: Ajax-SC Heerenveen; Feyenoord-NAC Breda; FC Groningue-Graafschap;
FC Twente-FC Utrecht. Classement: 1. PSV
Eindhoven 6 pts; 2. Vitesse Arnhem 6; 3. Roda
JC 4; 4. Ajax Amsterdam 3; 5. AZ Alkmaar 3 ...
depuis. Dans le sillage de Caçapa,
symbole apprécié de l’équilibre
du g roupe, Lyon a d’ailleurs
perdu beaucoup de leaders de
vestiaires. Trop ? Aujourd’hui, on
apprend à se connaître du côté de
Tola Vologe : entre joueurs, entre
membres du staf f et entre les
deux. L’ambiance n’est ni bonne,
ni mauvaise : elle est à recréer. Et
c’est toujours plus facile quand
on a des résultats.
Un mercato confus
A cinq jours de la clôture, le mercato se révèle décevant. L’OL s’est
af faibli. Le club a vendu pour
60 M€ d’internationaux et acheté
pour 34 M€. Certains se demandent si l’excédent financier n’est
pas destiné à la construction du
futur stade. « On est partagé entre
l’idée de faire tout et n’importe
quoi pour arriver à nos fins et
celle de rester raisonnable,
concède Jean-Michel Aulas.
Comme avec l’arrivée de Sonny
Anderson en 1999, il nous faut un
joueur qui nous permette de franchir un cap. » Pour un dossier
aussi crucial, la stratégie lyonnaise semble nébuleuse, dans l’urgence plus que dans la réflexion.
Les recherches portent un jour
sur un avant-centre, le lendemain
sur un milieu gauche. Cette semaine, l’OL était ainsi prêt à mettre 14 M€ sur Willian Borges avant
que ce jeune Brésilien ne signe au
Shakhtar Donetsk. Aujourd’hui,
la piste la plus chaude mène à
Alessandro Mancini (Roma) mais
on évoque aussi Julio Batista
(Real Madrid).
Beaucoup de grands noms ont
circulé, aucun n’est arrivé. L’OL
peut se permettre de s’acquitter
d’indemnités de transfert élevées,
pas de s’aligner sur les niveaux de
salaire pratiqués en Europe,
même si Aulas se dit prêt à faire
l’effort sur un attaquant. « Quand
on voit que des clubs anglais
moyens proposent 4 M€ annuels
net, comment voule z-vous
lutter ? », demande-t-il. C’est d’autant plus dur que le sex-appeal de
la L1 reste très limité. L’OL a essuyé beaucoup de refus. Dernier
exemple : Heinze, pour qui une offre de 12 M€ a été transmise avec
une proposition de salaire d’un
peu moins de 3 M€ annuels, n’a jamais privilégié la piste lyonnaise.
Dans ce contexte, la parade
consiste à se tourner vers la filière brésilienne de Marcelo :
Lyon a payé 4 M€ pour Cleber Anderson, un défenseur que Bernard
Lacombe pistait déjà en 2004, sur
lequel Nantes et Bordeaux ont lorgné, mais dont Benfica ne voulait
plus. Moins clinquant, mais plus
conforme au standing lyonnais…
Solen Cherrier
Rugby
18/
26 août 2007
Galles-France. Solidifier la conquête, progresser offensivement et faire une ultime revue d’effectif
Dernier
ballon
d’essai
A toujours répéter que la manière est le plus important
dans ces matches de préparation,
Bernard Laporte et son staff vont
finir par se fâcher avec les joueurs.
Car pour ces derniers, après deux
succès face aux Anglais, tout autre résultat qu’une nouvelle victoire serait perçu comme un pas
en arrière. En réalité, s’imposer à
Cardiff tout en confir mant les
progrès qui ont déjà germé entre
Twickenham (15-21) et Marseille
(22-9) est bien le moins qu’on
puisse attendre de cette équipe.
Car si le XV de France a prouvé
qu’il pouvait gagner sans bien
jouer, il serait dangereux de s’en
contenter.
A douze jours de l’ouverture
face à l’Argentine, que sait-on
vraiment de cette équipe ? Les
joueurs semblent très préparés
physiquement. Leur volonté de
conquête s’illustre d’abord… en
défense, laquelle sera confrontée
aujourd’hui à une opposition plus
mobile, un test intéressant. Chahutée à Londres, la mêlée a retrouvé de la tenue à Marseille
mais, tout comme la touche, a encore besoin de réglages. Le jeu offensif des Bleus, lui, manque de
tout. Disons que les frémissements constatés à Marseille laissent espérer plus de continuité
dans le jeu et de liberté dans les
initiatives à Cardiff. C’est en ce
domaine surtout qu’il faudra être
attentif à la manière.
Une première ligne
suivie de près
Bernard Laporte a beau insister sur l’homo généité de son
groupe, il va devoir finaliser son
équipe pour ouvrir face à l’Argentine. Et donc s’intéresser de près
aux cas individuels, puisque les
trente auront tous joué après ce
match. Ses dernières incertitudes
semblent concerner les ailes (Dominici et Rougerie partent favoris) et la troisième ligne (Dusautoir ou Martin ? Harinordoquy ou
Bonnaire ?). Clerc, Martin et Harinordoquy, s’ils étaient alignés cet
après-midi, se verraient offrir une
précieuse chance de faire vaciller
les convictions de leur entraîneur.
Cédric Heymans peut aussi brouiller les pistes à l’arrière, où Clément Poitrenaud a manqué d’autorité jusqu’ici.
Ils ne seront évidemment pas
les seuls à être observés. Sébastien Chabal, qui va débuter en
deuxième ligne pour la première
fois en 31 sélections, voudra prou-
ver qu’il est plus que le formidable impact player de Twickenham,
tout en sachant que ses chances
d’intégrer l’équipe de départ le
7 septembre sont réduites. Dans
un premier temps, Lionel Beauxis
est promis, au mieux, à un match
de « coiffeurs » contre la Namibie
ou la Géorgie, mais veut justifier
sa présence dans le groupe. David
Skrela, surtout promis à un poste
d’ouvreur, pourra s’étalonner au
centre en l’absence de David
Marty.
La première ligne bleue sera
aussi suivie de près. Nicolas Mas,
intégré depuis le forfait de Sylvain Marconnet, doit prouver
qu’il est au niveau malgré son retard de préparation et un poste de
pilier gauche qui n’est pas le sien
en club. Pieter De Villiers, promis
à un poste de titulaire, va passer
un sérieux test physique après sa
blessure au mollet, lui qui n’a
plus joué depuis le 13 mai. Au talon, Dimitri Szarzewski et Sébastien Bruno entament un duel à
distance pour le statut de premier
remplaçant de Raphaël Ibanez. En
son absence, Serge Betsen connaîtra l’honneur d’être capitaine
pour la première fois à 33 ans.
Passé ce match, les Bleus bénéficieront de trois jours en famille. Ils seront les invités de Matignon, jeudi, après avoir déjà
reçu la visite du président Nicolas
Sarkozy, de la ministre de la justice Rachida Dati, des secrétaires
d’Etat Jean-Marie Bockel (coopération) et Rama Yade (droits de
l’homme). S’ils n’avaient pas encore compris l’enjeu patriotique
de cette Coupe du monde, il y aura
toujours un futur secrétaire d’Etat
aux sports pour leur rappeler.
Olivier Joly
David Skrela,
ici face à l’Angleterre
la semaine dernière,
évoluera au centre
cet après-midi,
comme en fin de
saison au Stade
Français.
Jean-Marie Hervio
Flash Press
Une sobriété
qui frise
la pingrerie
■
David Skrela. Au-delà des schémas tactiques, le
Parisien prône la responsabilisation de chacun
« Les grandes équipes
appartiennent aux joueurs »
A Twickenham, en tant que
demi d’ouverture, il a d’abord
fermé avec vigueur les portes de
la défense française (22 plaquages). A Marseille, il a assisté aux
progrès des Bleus avant d’effectuer une bonne entrée au centre,
en fin de match. A douze jours du
match d’ouverture de la Coupe
du monde, David Skrela (28 ans)
est déjà tendu vers l’objectif.
Mais, comme toute l’équipe de
France, il veut d’abord confirmer
cet après-midi à Cardiff.
Quel était le secret de ces
deux bons matches face
à l’Angleterre ?
D’abord, notre travail physique. Parfois même, en préparation, on en redemandait. Cette
Coupe du monde en France, on
l’attend depuis longtemps. Avant
Twickenham, Bernard Laporte
nous a bien dit que l’aventure,
c’était à nous de la créer. Les cadres – Ibanez, Betsen, Pelous, Dominici – nous ont aussi beaucoup
parlé. Eux connaissent les exigences d’une Coupe du monde.
Ensuite, chacun apporte sa pierre
à l’édifice. Les entraîneurs font
les schémas de jeu. Mais si on ne
prend pas les choses en main, ça
ne peut pas marcher. Les grandes
équipes appar tiennent aux
joueurs.
Quel était le discours de
ces cadres ?
Avoir confiance en soi. Ne
pas se poser de questions, faire
preuve de solidarité et ne jamais
lâcher le morceau. On a la pression, mais il faut la positiver et
aller de l’avant.
A Cardiff, vous préférez
perdre avec la manière ou
gagner petitement ?
On veut gagner. On travaille
mieux avec des victoires. Avec les
Anglais, on a vu qu’on était prêts
musculairement. Les Gallois
vont nous proposer plus de mouvement. On va se tester au niveau des courses. Et puis, moins
on prendra de points, mieux ce
sera. La défense, c’est notre dada.
Ce sera une des clés pour être
champions du monde.
Comment les avants, dominés
à Twickenham, ont-ils pu se
refaire ainsi à Marseille ?
Ils étaient vexés et ont voulu
montrer leur caractère. Devant,
je suis persuadé qu’on aura un
À Twickenham, alors que
partout ailleurs les corps
mûrissaient au soleil, les rugbymen français tels des douaniers
refusant tout visa d'entrée sur
leur territoire, privèrent les Anglais d'une victoire à portée de
main. Mal pomponnées, les Roses
manquèrent un peu de pot. Ce qui
restera de ce match, c’est le renversement de mille ans d’histoire:
des Anglais galopins bordéliques
face à des Coqs privés de flair, indiscipline anglaise et rigueur défensive française. Huit jours plus
tard, à Marseille, où exagérer
n'est pas mentir et siffler n'est pas
haïr, la France pratiqua encore
un rugby infranchissable. Le XV
de France, agacé comme souvent
lorsque la mêlée est boiteuse et la
touche étriquée, se mit en pétard
jusqu'à faire exploser un pack anglais pourtant vindicatif. En ce
bel automne ovale qui s'annonce,
les Français s'illustrent par leur
Daniel
Herrero
pack hypercompétitif à la Coupe
du monde.
Comment progresser désormais dans la construction
de vos attaques ?
D’abord, grâce à la vidéo, on
voit ce qui n’a pas marché. On essaie d’être plus structurés, que
tout le monde circule bien. Les
joueurs ont plusieurs options selon les situations. Le 9, le 10 et le
12 ont des responsabilités stratégiques, notamment dans les commandements aux avants. Un canevas est mis en place. Mais ensuite, c’est à nous de lever la tête.
Au sein du groupe, quels sont
les moments structurants de
cette force collective ?
Il n’est pas toujours nécessaire de souffrir ensemble. Vivre
ensemble au quotidien peut suffire. Au café, on reste parfois à
parler de tout, de rien. On fait des
parties de console vidéo en réseau, à quatre contre quatre. On
discute autour d’une partie de pêche. Avec ces moments-là, on crée
des affinités. Sans liens, on ne
peut pas réussir.
Interview
Olivier Joly
COUPE DU MONDE J-12
Le toit du Millennium fermé
■ Galles-France se jouera avec le toit du stade fermé, afin de se mettre
en configuration Coupe du monde. C’est la quatrième fois que l’équipe
de France disputera un match dans un stade au toit fermé.
Jenkins mise sur les Bleus
■ L’entraîneur gallois Gareth Jenkins estime que la France dispose
d’une « opportunité fantastique » de remporter la Coupe du monde,
comme l’Afrique du Sud en 1995, appuyée par un grand soutien populaire. Pour lui, les Bleus ont délaissé un peu de leur fameux french
flair pour plus de rigueur. « Ils nous ont tous impressionnés. Ce n’est
plus la même France. Il y a quatre ans, on constatait beaucoup plus de
jeu, plus d’ambition, et ils n’auraient pas été si bien organisés. Je
pense qu’ils se sont inspirés de ce que l’Angleterre a fait pour gagner
en 2003, avec une défense quasiment invincible. »
L’Argentine poussive
■ Les Pumas ont battu la Belgique, renforcée par quelques Français
(Hueber, Desbrosses, Delaigue et Francis Ntamack) à Bruxelles (36-8).
Ils ont inscrit six essais par Nunez Piossek (11e), Schusterman (37e),
Agulla (50e), M. Contepomi (75e) et Senillosa (80e, 85e), n’en encaissant
qu’un par Williams (40e). Les Belges n’ont pas été ridicules, mais ont
cédé physiquement en fin de match.
Les Springboks sans pitié
■ Trois essais en l’espace de six minutes –Habana (21e), Fourie (25e),
du Preez (27 e)– ont permis à l’Afrique du Sud, solide et efficace, de
remporter la plus large victoire de son histoire en Ecosse (27-3). « Les
Sud-Africains ont montré pourquoi ils étaient les numéros 1 ou 2 au
monde » selon Franck Hadden, l’entraîneur écossais.
incontestable sympathie, leur indéniable courage, leur solidarité
d'école et leur goût du tas.
Mais il faut bien l'admettre, leur
rugby ne risque pas de pécher par
excès de stratégie offensive. Pauvre en construction en première
main, totalement déficitaire sur la
relance et absent en contre, il affiche une sobriété qui frise la pingrerie. On a l'impression étrange
que les Français en ont sous la semelle, mais préfèrent la retenue. Il
est de bon ton de dire que le jeu,
surtout s'il est rachitique, appartient aux joueurs… Sans préciser
à qui les joueurs appartiennent,
eux!
Le match de Marseille, en grande
partie grâce à l'inlassable activité
des flankers perforants et d'un
Jauzion en bourre, fut un tantinet
plus enlevé. Les retours vers l'intérieur évitent la moindre prise
d'un risque qui sent la potence et
les ailiers bâillent à faire pitié. La
timidité collective dans le jeu à
l'équilibre est des plus inquiétantes, comme l'est aussi l'ignorance
du jeu en reculant. De pauvres
constructions en passes raides et
contrariées, il ne se dégage que
détermination, bonne volonté et
rêve d'autre chose… Il nous revient parfois le goût aigrelet de la
demi-finale de 2003 contre les Anglais à Sydney où, contrariés par
quelques gouttelettes intempestives, les Français n'avaient toujours pas commencé à jouer au
coup de sifflet final.
Comme dirait le Dalaï Lama: " Si
tu perds, ne perds pas la leçon ". Il
est donc l'heure des réponses, et le
match de Cardiff contre des Gallois galopeurs revigorés par leur
victoire sur les Argentins cueillis
à la descente de l'avion est du plus
bel intérêt. S'ils n'en profitent pas
pour laisser germer leur jeu offensif, on pourra affirmer que nos
Bleus souffrent d'une prudence
pathogène. Alors, pour accéder à
l'apothéose, défenseurs et buteurs
français n'auront aucun droit à
l'erreur.
Daniel Herrero vient de publier Le
Dictionnaire amoureux du rugby
(Plon) dans une nouvelle édition,
richement revue et augmentée. De
A comme adversaire, à X comme
XV, 256 mots qui font la légende du
rugby sont décryptés par la plume
fleurie de notre chroniqueur. 574
pages. 24 €.
Michael Dalder/reuter
26 août 2007
Athlétisme. A Osaka, Asafa Powell
et Tyson Gay vont s’expliquer en finale
mondiale du 100 m (15 h 20, France 2)
Correspondance
Seize hommes se tiendront droit comme la
justice, ce dimanche matin à Osaka, sur la
ligne de départ des demi-finales du 100 m. Seize
sprinters habités par un même démon de la vitesse. Et sûrement gagnés, jusqu’au bout de
leurs orteils, par la furieuse ambition d’en être
couronnés roi. Mais le public du Nagai Stadium
n’aura d’yeux que pour deux d’entre eux. Le premier porte avec une discrète élégance la combinaison jaune de l’équipe de Jamaïque. Asafa Powell, le recordman du monde (9’’77), ne se
connaît aucun rival ayant avalé une ligne droite
plus vite que lui. Mais ses poches sonnent tristement creux. Pas la moindre médaille, olympique
ou mondiale. Le second, Tyson Gay, est citoyen
américain. Lui non plus n’a pas encore ouvert la
première page de son palmarès. Mais sa saison
a laissé pantois tout le monde du sprint. 9’’84 (3e
performeur de l’histoire) fin juin à Indianapolis,
19’’62 au 200 m deux jours plus tard sur la même
piste.
Powell ou Gay ? Tyson ou Asafa ? Le sprint a,
de tout temps, raffolé de ces duels tellement
croustillants qu’ils renvoyaient le reste des
concurrents dans l’ombre. Celui-là ne manque
de rien. Tout juste surprend-il par la nature de
ses deux protagonistes. Chose rare dans cette
épreuve d’excès et d’apparat, les deux hommes
partagent un même goût pour le non-dit et la sobriété. A la parole, ils préfèrent le geste. Aux
roulements d’épaules, ils privilégient la mécanique de la foulée.
Hier, le Jamaïcain a bouclé son quart de fi-
nale, en 10''01, en tirant violemment sur le frein
à main sitôt passée la mi-course. Puis il a quitté
la piste comme s’il rentrait d’avoir sorti le
chien. Son commentaire : « C’est exactement ce
que j’espérais, rien d’autre. Tout se déroule
comme je l’avais prévu. » Difficile d’en dire
moins. Le boulot, sans en rajouter une once.
Quelques minutes plus tard, l’Américain a lui
aussi bâclé l’affaire, l’emportant en 10’’06, avec
le même empressement à retenir les chevaux
avant tout risque d’emballement. A peine plus
bavard, il a insisté sur « les réglages à réaliser
pour espérer battre Powell ». Puis assuré que
l’élimination pour faux départ du Portugais
Francis Obikwelu, en série, l’avait conduit à se
concentrer, peut-être trop, sur sa mise en action.
Chez lui aussi, l’économie de mots semble une
ligne de conduite. Le souvenir, peut-être, d’une
éducation stricte et austère, au Kentucky, au
sein d’une famille où l’humilité était inscrite en
lettres indélébiles sur le buffet du salon. Un
jour, après une victoire saluée par quelques gestes provocants et une volée de paroles triomphalistes, il reçut un appel courrouçé de son grandpère. Il n’a pas oublié.
Leur bras de fer s’annonce explosif. Mais
seulement sur la piste. Qui l’emportera ? Martial Mbandjock, seul Français engagé sur 100 m,
où il a pris la porte après le deuxième tour, penche pour l’Américain : « Powell est au moins
aussi fort, peut-être même plus. Mais l’histoire
plaide pour Gay. Je le crois plus fort dans sa tête.
Et le vainqueur, dans une finale mondiale, n’est
pas toujours le plus costaud dans les jambes. »
Réponse aujourd’hui, à 15 h 20 (heure française).
Et sûrement un peu moins de dix secondes.
Alain Mercier
Powell, hier à Osaka
durant les séries
du 100 m.
Bleus. Ladji Doucouré et Leslie Djhone racontent leur complicité
« On a nos petites habitudes… »
Leur début de saison poussif n’a pas
entamé leur moral. Copains à la ville
comme sur la piste, Ladji Doucouré, 24
ans, et Leslie Djhone, 26 ans, abordent les
Mondiaux d’Osaka en « guerriers ». Champion en titre du 110 m haies, handicapé la
saison passée par une blessure au mollet
droit, Ladji se sait attendu. En l’absence
de Marc Raquil, Djhone est le seul Français à postuler à la finale sur 400 m. Il entre en piste mardi pour les séries, la veille
de son pote Ladji. Mais leur finale est prog rammée le même jour, vendredi prochain. L’occasion pour le duo d’inséparables de retrouver ses automatismes.
Comment vous êtes-vous connus ?
Leslie Djhone : Quand j’étais cadet,
j’entendais parler d’un petit jeune en minimes. On l’annonçait comme la future star
de l’athlétisme français. On s’est rencontrés pour la première fois en 1999. Je l’ai
félicité parce qu’il battait tous les records
chez les jeunes, et je sentais que les miens
allaient y passer. L’année d’après, il a d’ailleurs effacé tout ce que j’avais fait en cadets, sur la longueur, le 200 m… Je me disais : « Il m’en veut, le petit ? »
Ladji Doucouré : Leslie, c’était les
grands, la classe au-dessus. Je le regardais. Il m’a tiré vers le haut.
Depuis, vous avez coutume de faire
chambre commune en compétition…
Djhone : Quand il est là, je suis plus
serein. C’est long, trois semaines. En plus,
les chambres sont parfois toutes petites : à
Athènes, on était quasiment collés l’un à
l’autre ! Mais on ne reste pas à se regarder
dans le blanc des yeux, il y a plein de va-etvient. Aux Mondiaux d’Helsinki, notre
chambre était devenue la salle de réunion.
Doucouré : On a nos petites habitudes !… On allume tout en même temps : la
musique, la télé, les jeux vidéo… Et on
parle par-dessus. Si c’est trop calme, on a
peur que la pression monte. Il faut se mettre dans la compétition au bon moment.
Alors on fait autre chose, on déconne et on
se décontracte.
Lequel dort le plus ?
Djhone : C’est moi. Y a pas photo.
Doucouré : Mais le matin, on se lève à
peu près en même temps. On saute le petit
déj’. Sauf quand l’un de nous deux doit
courir : là, on s’adapte.
Lequel passe le plus de temps dans la
salle de bains ?
Djhone (hésitant) : C’est kif-kif.
Doucouré : La douche, et on sort. On
ne squatte pas la salle de bains, on laisse
même la porte ouverte pour pouvoir se
parler. Les toilettes par contre, c’est moi !
Djhone : Ouais (rires), c’est lui. Quoique je suis pas mal non plus, la veille
d’une compétition !
genre de choses qu’il vaut mieux savoir
pour ne pas arriver essoufflé sur la piste.
On parle aussi des juges parce que certains sont plus chiants que d’autres à vous
mesurer les pointes…
Djhone (ferme) : Il ne faut pas penser à
l’image mais à nettoyer. S’il reste des brebis galeuses, il faut les attraper. Mais attention : ce n’est pas parce qu’il y a performance qu’il y a forcément dopage.
Vous avez tous deux été sérieusement
blessés. Avez-vous connu le doute ?
Doucouré : Oui, de petits doutes… On
« On a pris l’habitude de croire que
n’a pas un contrat de trois ou cinq ans
les dopés sont des gens malsains.
comme les footeux. Les sponsors ne suffiOn tombe parfois de haut. »
sent pas. Notre gagne-pain, ce sont les
Doucouré
meetings. Ça peut inciter certains athlètes
à se charger pour revenir plus vite. On n’a
jamais versé là-dedans, mais c’est une
question délicate.
Djhone : Grâce à
notre statut, on a la
chance tous les deux
de pouvoir s’en sortir,
même blessés. Mais
celui qui est vraiment
à la limite, il peut vouloir un coup de pouce.
Doucouré :
Comme Fouad Chouki
[suspendu deux ans en
2003 à la suite d’un
contrôle positif à
l’EPO] : pour avoir un
poste dans sa ville, il
fallait qu’il soit sélectionné en équipe de
France. C’est ce qui
Fans de jeux vidéo, Djhone et Doucouré s’affrontent au
pourrit notre sport.
football. Mehdi Taamallah/Abaca
Quand tu vois ça, tu
Vous connaissez bien les fondeurs
français ?
Djhone : On les croise en championnat, on s’entend bien avec Baala ou Tahri.
Un mec comme Florent Lacasse [contrôlé
positif à la testostérone en juillet], c’est notre génération. J’ai pris une claque quand
j’ai appris qu’il s’était fait attraper. Ce
n’est pas quelqu’un de méchant…
Doucouré : On a trop pris l’habitude de
croire que les dopés sont des gens malsains.
Du coup, on tombe parfois de haut. Gatlin
[champion olympique et du monde du 100 m,
contrôlé positif à la testostérone en avril 2006]
par exemple, c’était quelqu’un de gentil, qui
disait toujours bonjour. On se disait : « Enfin un Américain sympa. » Ce qui compte,
c’est d’avoir confiance en soi, de savoir que
tout est possible sans passer par la case dopage. Moi, j’ai vu Leslie réussir, ça m’a motivé. En 2005, j’ai gagné mon titre proprement, je sais que je peux le refaire. Ceux qui
sont dopés peuvent réussir, mais ils n’auront jamais la même fierté que moi.
Djhone : Je suis prêt à diffuser sur internet mon suivi longitudinal, mes contrôles inopinés, comme le fait Ladji [membre
du programme Athletes for Transparency].
Ce serait plus simple si on s’y mettait tous.
De quoi parlez-vous ensemble ?
Doucouré : De la compétition, des résultats des autres… Tout y passe. On peut
disserter sur le 10.000 m comme sur la perche ! En fait, on n’a pas besoin de beaucoup
parler pour se comprendre, on est sur la
même longueur d’onde. Je lui dis ce que
j’ai ressenti par rapport à ses courses, lui
fait de même pour moi. Je regarde la liste
de départ de ses séries du 400 m. Comme
aux Jeux d’Athènes, où c’était la guerre
pour passer en finale. Je lui ai dit d’y aller.
Il faut que je le pousse.
Djhone : C’est vrai. C’est bien d’avoir
l’avis du coach, mais celui de Ladji m’importe aussi : il est athlète, il sait comment
je pense. Et inversement. J’entre toujours
en compétition avant lui, alors je lui dis
comment est la chambre d’appel. A Athènes par exemple, on mettait cinq bonnes
minutes pour l’atteindre et il fallait encore
trois minutes pour arriver au stade et la
pente était raide, interminable… C’est le
Natation. Fin
du feuilleton
estival demain
Manaudou
revient
en France
Le dernier
samouraï
Osaka
Sport
/19
« Je suis prêt à diffuser sur
internet mon suivi longitudinal,
es contrôles antidopage, comme
le fait Ladji. »
Djhone
te dis que ça ne tourne pas rond.
Djhone : Ou un Kényan à qui l’on proposerait : « Tu te charges et, en échange, tu
pourras nourrir tout ton village. » Je peux
comprendre qu’il se dise : « De toute façon,
je vais mourir à 50 ans, donc autant que je
mette ma famille à l’abri. » Ce n’est pas
que je cautionne, mais, humainement, que
voulez-vous répondre à ça ? Ce n’est pas au
Kényan que j’en veux, mais à ses fournisseurs, qui lui prennent les trois quarts de
son argent.
Les affaires de dopage qui secouent le
demi-fond risquent-elles de ternir
l’image de tout l’athlétisme français ?
Votre copain Salim Sdiri a été blessé
par un javelot en compétition. Comment l’avez-vous vécu ?
Djhone : J’étais devant ma télé. C’est
un truc de fou. Voilà pourquoi, moi, je ne
vais pas courir un vendredi 13 [l’accident a
eu lieu le vendredi 13 juillet au meeting de
Rome].
Doucouré : J’étais le premier à rigoler
de cette superstition. A Rome, on partageait la même chambre d’hôtel, Salim et
moi. On se disait qu’on allait faire des
perf ’pour ce vendredi 13. On a joué à la
console et j’ai tout fait pour gagner 13-0. Et
là, quand j’ai vu ça, j’avais l’air d’un con.
Le soir, quand il est rentré de l’hôpital, j’ai
veillé sur lui. Il a dormi un peu, moi pas !
Ce genre d’incident m’est déjà arrivé : plus
jeune, j’avais lancé un javelot, il était tombé
sur un perchiste. A plat, sur son épaule. Je
n’ai plus jamais relancé. Depuis, je regarde
toujours où sont les aires de lancers. Tout
ça, il faut que ça change.
Interview
Gaëtane Morin
Elle est rentrée de ses vacances
aux Maldives jeudi soir, avant de
passer un dernier week-end en
Italie avec son amoureux, Luca
Marin. Dès demain, Laure Manaudou reprend une activité normale, ou presque. Alors que Luca
va rejoindre l’équipe d’Italie pour
un mois de stage aux Etats-Unis,
la championne olympique sera à
Paris pour éclaircir enfin son avenir sportif, bloqué depuis le 6 août
et son licenciement par LaPresse
sur fond de vilaine polémique
contractuelle entre son clan et le
club turinois.
Toutes ses affaires sont encore au domicile de Marco Durante, patron de LaPresse, dans la
dépendance de 140 m² où elle devait s’installer. « Quatorze cartons
et seize sacs de sports », détaille
Durante, qui jure que leurs relations ne se sont pas dégradées depuis « l’affaire ». Le contact a été
maintenu, assure-t-il, via Luca
Marin ou en direct par mail. Laure
lui aurait aussi adressé un SMS
pour prendre de ses nouvelles (il a
été opéré d’un genou). De là à entrevoir la poursuite de l’aventure
commune, il y a un fossé que
même lui n’ose plus franchir : « Je
ne crois pas qu’elle reviendra. Je
ne ferai jamais de mal à Laure,
mais elle risquerait de se retrouver au milieu d’une bataille juridique entre nous et son père. Et je
pense que personne d’autre ne
prendra la responsabilité de l’accueillir en Italie. Elle va très probablement retourner en France.
Son père et son avocat feront tout
pour la retenir près d’eux. »
A Ambérieu mardi
Après une parenthèse italienne de trois mois, où la triple
championne du monde n’a quasiment pas travaillé, Jean-Luc Manaudou et Didier Poulmaire lui
tricotent effectivement un avenir
au pays. « Je vais essayer de lui
faire comprendre que c’est dans
son intérêt », dit l’avocat. Quelques heures avant de s’envoler
pour l’océan Indien, Laure lui
avait donné son accord pour annoncer qu’elle reprendrait l’entraînement à Ambérieu-en-Bugey
(Ain), où elle a grandi. Il était de
toute façon prévu qu’elle vienne y
passer son per mis, tout en nageant dans la piscine qui porte
son nom, sous les ordres de son
frère Nicolas. Elle pourrait y plonger dès mardi. Selon la mairie,
des créneaux horaires lui sont exclusivement réservés jusqu’au
15 septembre, pas plus. A elle de
confirmer qu’elle souhaite s’y installer à plus long terme pour préparer les Jeux de Pékin. C’est
pour l’heure « la piste la plus travaillée », selon Didier Poulmaire.
Inquiète de cette solution familiale improvisée, la Fédération
française se dit prête à lui déléguer un entraîneur plus chevronné et à lui ouvrir des infrastructures dignes d’une préparation de haut-niveau. L’absence notamment d’un suivi physique rigoureux interpelle. A ce titre, un
contact a aussi été pris avec la plateforme scientifique du Team Lagardère. On retrouve Arnaud Lagardère (par ailleurs propriétaire
du JDD) parmi les candidats déclarés à l’accueil de la championne : Christine Caron, présidente du Lagardère Paris Racing
et marraine de l’équipe de France,
a parlé à Laure et à son père début
août. « Mais j’ai aussi discuté avec
Lionel Horter (Mulhouse) ou Olivier Antoine (Sarreguemines) »,
dit Me Poulmaire, qui balaye l’hypothèse rêvée d’un retour avec
Philippe Lucas : « Une chance sur
un million ! » D’Italie, Marco Durante estime que l’essentiel est
ailleurs : « Aujourd’hui, le problème de Laure n’est pas de savoir
qui va l’entraîner mais où et dans
quelle mesure elle pourra voir
Luca. Et lorsqu’elle veut quelque
chose, elle l’obtient… »
Christel De Taddeo et
Stéphane Joby
Formule 1
20/
26 août 2007
Ferrari. Vainqueur en 2007, le Brésilien est à nouveau en pole à Istanbul
le pilote brésilien, qui offre à la
Scuderia sa septième pole cette
saison.
« Je crois qu’on va avoir une
belle course, glisse Lewis Hamilton. L’écurie a fait un travail fantastique cet été pour développer
la voiture. Nous avons de bonnes
chances de gagner. J’ai hâte d’en
découdre. » A six courses de la
fin de saison, le leader du championnat compte se pt points
d’avance sur son coéquipier et rival Alonso. Räikkönen est à 20
points et Massa à 21. Dans une interview accordée au quotidien
Marca, Ron Dennis reconnaît que
la rivalité entre ses deux pilotes
est « féroce ». Si le patron de
McLaren admet des sentiments
quasi pater nels pour le rookie
anglais, qu’il connaît depuis l’âge
de 10 ans, il nie toute conspiration : « On s’efforce d’offrir un
traitement juste et équitable aux
deux pilotes. » Jeudi, les deux pilotes s’étaient retrouvés seul à
seul dans un hôtel d’Istanbul.
« On a tout mis sur la table et évoqué les moyens de g a gner le
championnat et d’aller de
l’avant », a assuré Alonso, rasé de
près. A vérifier cet après-midi.
(avec AFP)
Le pilote brésilien
offre à la Scuderia
a septième pole
cette saison.
Sébastien Bourdais. Le seul pilote français en F1, en 2008,
sait que le plus dur va commencer
« Il n’y a aucune garantie »
Il avait fini par renoncer à
son rêve. Après avoir ardemment convoité la F1, aux portes de
laquelle il avait déjà plusieurs fois
toqué, Sébastien Bourdais s’était
fait une raison. Et c’est au moment où il ne l’attendait plus
qu’elle est venue le chercher, par
l’entremise de Nicolas Todt, devenu son agent en fin de saison
dernière. Auréolé de trois titres en
ChampCar (championnat américain de voitures monotypes), en
lice pour un quatrième, le pilote
français sera au volant d’une Toro
Rosso, la saison prochaine. De passage en Europe, où il a réalisé la
pole hier à Zolder (Belgique),
Bourdais nous a fait part de son
bonheur.
Quand avez-vous commencé à y
croire ?
Sur le tard. Quand j’ai reçu le
papier d’engagement, le 29 juillet,
j’ai compris que c’était bon. Mais
avant, non, je refusais d’être optimiste. J’ai connu tellement de rebondissements dans mes aventures en F1 que j’ai appris à être très
prudent. Plusieurs fois je me suis
emballé, à bon escient d’ailleurs,
mais malheureusement trop tôt.
Alors là, je me suis dit : « Reste
calme. Pour l’instant, il n’y a aucune assurance que ça marche. »
Qu’est-ce qui a fait la différence, votre réussite aux EtatsUnis ou l’intervention de Nicolas Todt ?
Sans Nicolas, c’est sûr qu’il ne
se serait rien passé. Il s’était fixé
le challenge d’amener un Français
en F1. Il y est arrivé. Maintenant,
à moi de faire en sorte que l’aventure aille plus loin. En ChampCar,
j’ai prouvé ce que j’avais à prouver, même si j’aimerais finir en
beauté avec un quatrième titre. A
28 ans aujourd’hui, ma fenêtre
pour arriver en F1 se referme. En
plus, il y a de bonnes perspectives
chez Toro Rosso : l’équipe fait partie d’un programme ambitieux
avec Red Bull (sa grande sœur). Il
faudra que la voiture soit meilleure que celle de cette année,
mais je crois que les fondations
sont là.
Vous n’avez pas hésité ?
Non. Les conditions sont ce
qu’elles sont, mais je ne me voyais
pas passer à côté. On me demande
souvent pourquoi je quitte le
ChampCar alors que j’étais dans
la meilleure équipe. Mais je le fais
tout simplement parce que la F1,
c’est le challenge ultime. Sur tous
les tracés rapides, c’est diabolique
d’efficacité. On se fait plaisir. Il n’y
a pas d’équivalent : même une
Toro Rosso tourne quatre secondes plus vite qu’une Champcar. Je
l’aurais regretté toute ma vie si je
ne l’avais pas fait. Et avec Claire
(sa femme) et le bébé, on avait envie de rentrer en Europe.
Il y aura une très forte attente
autour de vous. La redoutezvous ?
C’est un gros défi, les espoirs
vont probablement être déraisonnables, à moins qu’on ait une voiture capable de jouer la gagne…
Mais il faut être lucide: pour l’instant, Toro Rosso n’est pas une écurie de pointe. Si l’auto vaut une 15e
place, l’enthousiasme va être vite
douché. Elle aspire à devenir meilleure et c’est ce qui rend le challenge intéressant. Après, il n’y a
aucune garantie. Regardez Renault : ils sont champions du
monde en titre et, cette année, ils
Panoramic
Il avait signé sa première
pole et sa première victoire
sur le circuit d’Istanbul l’an dernier. Il s’est à nouveau adjugé la
position de pointe du Grand Prix
de Turquie hier. Dans les dernières secondes de la séance de qualifications, Felipe Massa a réalisé
le meilleur temps devant Lewis
Hamilton (McLaren-Mercedes) et
la Ferrari de son coéquipier Kimi
Räikkönen. Le double champion
du monde espagnol Fer nando
Alonso complète la deuxième ligne. « Sensationnel, cela a été
une sacrée bataille, au millième
de seconde près », s’est exclamé
Fatih Saribas/Reuter
Massa dans
son bain turc
« J’espère que la presse
et le public français
seront honnêtes, et qu’ils
n’essaieront pas de me
comparer à Hamilton »
ne sont nulle part ! J’espère que la
presse et le public français seront
honnêtes par rapport à ça, et qu’ils
n’essaieront pas de me comparer à
Hamilton, arrivé cette saison chez
McLaren. La seule valeur étalon
en F1, c’est toujours son coéquipier.
Vous serez le premier Français
en F1 depuis Olivier Panis, ça
vous donne une responsabilité ?
Il y a une vraie culture de la
F1 en France, c’est aussi pour ça
que les espoirs sont si grands et
que ce sera peut-être difficile à gérer. Mais je ne suis pas un pionnier : contrairement au ChampCar, j’ai des prédécesseurs un peu
difficiles à détrôner. Il faut couper
bas au syndrome français en F1.
La F1, c’est un problème de mode,
et ça a toujours été comme ça.
N’appréhendez-vous pas de
retrouver l’anonymat du
milieu de grille ?
Non. Je sais très bien tout ça.
Je suis passé par là. Je n’ai pas
toujours été dans un top team. Je
sais ce que c’est d’être à la peine
derrière, avec une auto pas aussi
bonne que celle qui va gagner la
course. Mais il faut tenter le coup.
Et si ça veut sourire, ça sourira.
Vous allez aussi changer de statut…
On croit, en Europe, que je
suis un demi-dieu aux Etats-Unis.
Mais les demi-dieux, ce sont les pilotes de Nascar (championnat de
monotypes sur circuits ovales), pas
nous ! C’est aussi pour ça qu’il fallait que je saisisse cette opportunité. On ne sait pas ce que le
ChampCar deviendra demain.
C’est tellement difficile pour toutes les équipes de trouver des
sponsors, de payer leurs pilotes et
de revendiquer un statut de série
professionnelle.
D’un point de vue salarial,
vous y perdez ?
J’ai fait une petite concession,
mais pas grand-chose… C’est encore une preuve que Toro Rosso
veut aller de l’avant, parce que je
doute qu’ils payaient aussi bien
leurs pilotes dans le passé.
Si vous n’aviez pas trouvé de
baquet en F1, où seriez-vous
allé ?
En Nascar avec Newman-Haas
(son écurie), je pense. Parce qu’en
Europe, à part la F1, il n’y a rien
qui me permette d’avoir le même
train de vie, tout en restant dans
un championnat très compétitif.
Aujourd’hui, il n’y a pas plus difficile au monde que la Nascar. Les
pilotes ont tous le même matériel,
ou presque. Il y a 43 voitures au
départ, dont 20 capables de gagner
le championnat. Les mecs sont
très sous-estimés, je peux vous
dire qu’il y a un paquet de pilotes
là-dedans qui sont loin d’être des
manches!
Le ChampCar va-t-il vous
manquer ?
Oui, j’aurai la nostalgie de
mes gars. Le ChampCar, c’est la F1
des années 1970. C’est particulièrement agréable à vivre. Et puis, gagner régulièrement et être
l’homme à battre, c’était sympa…
Interview
Gaëtane Morin
/21
26 août 2007
Carlos Muñoz-Yagüe
ETE
Cinéma. Festival
insulaire à Groix
Page 22
Sauver la planète. Paulo Adario (Greenpeace) lutte contre la déforestation en Amazonie
Gardien de la forêt
d’émeraude
Juina
(Etat du Mato Grosso)
Envoyée spéciale
Il n’est jamais facile de sauver l’Amazonie, mais certains jours c’est encore plus compliqué. Ce matin-là, le 20 août dernier, Paulo Adario, coordinateur
de Greenpeace dans la forêt brésilienne, a prévu de rencontrer des
Enawene Nawe, un petit groupe
d’Indiens vivant de pêche et de
cueillette. Il ne les a pas vus depuis un an. Il leur avait alors promis de revenir. Le rendez-vous est
fixé près de Juina, ville sans
grâce de 70.000 habitants, dans
l’Etat du Mato Grosso, à trois
heures d’avion au sud de Manaus.
Mais les éleveurs de bétail de la
région ne voient pas d’un bon œil
cette visite. Ils arrivent par grappes à l’hôtel où Paulo Adario et
son équipe ont posé leurs affaires,
à Juina. Mines patibulaires, lunettes noires, chapeaux de paille
et montres en or, ils n’ont pas l’air
de plaisanter. Vraiment pas.
Après quelques politesses
d’usage, des sourires en coin et
des poignées de main hypocrites,
ils ordonnent aux membres de
Greenpeace de les suivre. La menace est sérieuse. L’écologiste
brésilien le comprend vite.
Il connaît ces hommes-là, des
fazendeiros (fermiers) responsables parmi tant d’autres de la déforestation de l’Amazonie, qui refusent farouchement toute remise
en question de leur activité. Mais
Paulo Adario, 57 ans, n’est pas
homme à se laisser faire. Depuis
quinze ans, il s’acharne à sauver
cette immense forêt qui couvre
au Brésil une surf ace vaste
comme sept fois la France. Ce
faux nonchalant au parcours bien
rempli – ex-reporter, ancien comédien de théâtre, il a la réputation d’avoir été marié maintes
fois – a créé en 1998 la campagne
Amazonie de l’organisation écologiste. Il a survolé des milliers de
fois la forêt pour l’observer, écrit
des centaines de rapports, obligeant le gouvernement à prendre
des mesures concrètes pour mettre fin à ce désastre écologique
qu’il qualifie de « tragédie ».
Menacé de mort, il a longtemps
dû porter un gilet pare-balles
Au milieu des fermiers survoltés, rassemblés en séance extraordinaire dans le Parlement local, il garde le calme de ceux qui
en ont vu d’autres. « C’est souvent
comme ça en Amazonie, soufflet-il. Et parfois pire. » Régulièrement menacé de mort, il a longtemps dû porter un gilet pare-balles et se déplacer avec des gardes
du corps. Todd Southgate, le cameraman de l’équipe, se souvient
de quelques épisodes mouvementés. « En juillet 2006, à Santarem
[dans l’Etat de Para], la bataille a
duré cinq jours. On était dans le
port, à bord de notre bateau, pour
manifester contre la présence
d’une multinationale spécialisée
dans la culture du soja. Les fermiers nous ont attaqués avec des
feux d’artifice et des barres de
bois, pendant que les policiers
nous visaient avec des lances à
eau. On a finalement été arrêtés.
Les 200 planteurs de soja hurlaient : “Paulo on te connaît, on
sait qui tu es !” »
Survol mardi dernier de la forêt amazonienne
où, depuis 2003, est détruit chaque minute
l’équivalent de six terrains de foot. En haut,
Paulo Adario, coordinateur de Greenpeace.
La bête noire des fazendeiros
se déplace généralement sous un
nom d’emprunt, celui de sa mère.
Mais, ce 20 août, rien n’y fait.
Paulo Adario est accompagné de
Juliana et d’Edison, deux membres de l’association Opan (Operação Amazônia Nativa), une
ONG brésilienne engagée depuis
la fin des années 1970 dans la protection des Enawene Nawe. Ils
sont le contact de Paulo avec les
Indiens. Et les fermiers les détestent. Arrogance, mépris et incompréhension… On se croirait en
plein Far West.
Les éleveurs prennent tour à
tour la parole, tapent du poing
sur la table, s’applaudissent
bruyamment lorsqu’ils martèlent
qu’ils « sont chez eux et ne laisseront jamais personne intervenir »
dans leurs affaires. Quitte à bloquer les routes et à s’ériger en milice. La plupart sont arrivés du
sud du pays, dans les années 1970,
à l’époque de la colonisation de
l’Amazonie. Paulo Adario prend
des notes, toujours soucieux de
comprendre aussi la réalité de ces
hommes. « Mais ils croient vivre
en toute impunité, peste-t-il. Ils
n’ont aucune conscience de l’ampleur des dégâts, et surtout aucun
scrupule. » Au final, les fazendeiros n’en démordent pas : ils interdisent à l’équipe de rencontrer les
Indiens.
Dans la forêt amazonienne,
seules les zones officiellement attribuées aux Indiens sont quasi
intactes. Le reste est grignoté par
des multinationales agricoles, des
groupes forestiers clandestins qui
coupent illégalement le bois, des
exploitants de mines d’or… Pendant des années, beaucoup ont obtenu de faux certificats d’exploitation délivrés par des fonctionnaires corrompus. Le résultat est
saisissant vu d’avion : des milliers de kilomètres carrés de forêt
entièrement rasés. Les immenses
parcelles déboisées puis brûlées,
jonchées de troncs d’arbres abattus, accueillent désormais le bétail. Plus loin, des champs de soja
à perte de vue.
Selon Paulo Adario, près de
mammifères, 1.300 espèces d’oiseaux, entre 10 et 30 millions d’insectes, plus de 400 amphibiens…
Des centaines d’essences d’arbres
aussi. « Autour de Manaus, sur
un seul hectare, explique l’écologiste, qui a une connaissance encyclopédique de la forêt, on a recensé plus de 300 sortes d’arbres.
Dans toute l’Amérique du Nord, il
n’y en a que 600. » Et il y a les Indiens. « Au moins 53 groupes, que
nous repérons notamment grâce
à leurs empreintes, n’ont jamais
été contactés, ni même aperçus. »
En 1996, leur territoire a été
officiellement reconnu
Rassemblement houleux, en début de semaine, de fazendeiros
(fermiers), qui refusent toute remise en question de leur activité.
Isolé en pleine forêt, le village indien des Enawene Nawe, qui
vivent à plus de 500 dans 12 immenses cabanes.
17 % de la forêt est perdue à jamais. La destruction représente
depuis 2003, année de l’arrivée au
pouvoir de Lula, l’équivalent de
six terrains de foot détruits à la
minute. Le 10 août dernier, le gouvernement a toutefois annoncé
une baisse du rythme de la déforestation : 14.039 km² entre
août 2005 et juillet 2006, contre
18.790 km² entre août 2004 et juillet 2005. Les mesures de protection de l’Amazonie, dont la création de zones protégées, portent
« un peu » leurs fruits, reconnaît
le patron de Greenpeace. « Mais
ce n’est pas encore assez. Il faut
des punitions exemplaires, couper les financements publics des
compagnies impliquées, renforcer la surveillance… »
Il est très inquiet : « A ce
rythme, cette belle forêt va disparaître avant même que nous ayons
le temps de la connaître entièrement. Elle re gorge de secrets,
peut-être même de remèdes contre
des maladies. » La forêt d’Amazonie est la plus grande réserve écologique du monde. Rien qu’au
Brésil : plus de 2.500 espèces de
poissons, près de 400 espèces de
Les Indiens, justement. Après
six heures de négociations, pénibles et vaines, au Parlement de
Juina, Paulo Adario sort enfin.
Face à lui, des visiteurs inattendus. Ils sont là, en pleine ville :
sept Enawene Nawe surgis de la
forêt. Petits et tout en muscles, les
cheveux noirs et longs dans le
dos, coupés au bol sur le dessus
de la tête. Dans leur village isolé
au milieu de la forêt – ils sont
près de 515 dans 12 immenses cabanes recouvertes de paille –, ils
vivent nus ; mais pour se déplacer
dans les rues de Juina, ils ont enfilé un short et des tongs. Alignés
en rang d’oignons, ils sourient,
prennent des photos avec un appareil numérique… « Awe, awe ! »
(prononcer « Ah ouais ! »), répètent-ils dans leur langue pour
dire « tout va bien ». Les fermiers
se rapprochent, mais timidement,
les scrutent d’un air méfiant. Ils
ont peur d’eux. Les Indiens les regardent à peine. Paulo Adario est
épaté.
Depuis de nombreuses années, les Enawene Nawe affrontent les exploitants de caoutchouc, les éleveurs, les planteurs
de soja qui colonisent leurs terres. En 1996, leur territoire a été
officiellement reconnu par le gouvernement brésilien. Mais une
zone importante en a été exclue :
celle qui entoure le rio Preto, une
rivière près de Juina, où ils pêchent plusieurs mois dans l’année. C’est là, surtout, que vivent
les yakayriti (les esprits ancestraux), détenteurs, selon eux, des
ressources naturelles. « Les
Indiens ont très peur de la réaction de leurs ancêtres, qui pourraient vouloir se venger. Les priver de cette rivière, c’est mettre
fin à leur mode de vie et les détruire », craignent Juliana et Edison, les deux anthropolo gues
d’Opan. Aujourd’hui, cette terre
appartient à plus de 300 riches
propriétaires.
Les fazendeiros, eux, se font
de plus en plus agressifs à l’égard
des membres de Greenpeace, qui
seront finalement contraints sous
la menace de s’enfer mer dans
leurs chambres d’hôtel. Paulo
Adario songe déjà à la riposte. Il
enchaîne les coups de fil et échafaude mille stratégies pour médiatiser l’affaire, porter plainte et
alerter les membres du gouvernement. Le lendemain matin, il faut
vite partir. Les fermiers, l’air satisfait, sont toujours amassés sur
le trottoir. Ils suivent l’équipe
jusqu’à l’aéroport, où l’avion de
l’organisation attend. Près de
30 pick-up à la queue leu leu, un
concert de klaxons et une bordée
d’insultes.
Der rière le cor tèg e, les
Enawene Nawe – ils ont dor mi
dans les locaux de la Funai, le département brésilien des affaires
indiennes – sont encore là, tout
près : ils essaient de rejoindre les
écologistes, « pour les aider en
cas de problème ». Mais les fermiers ont bloqué la route. A bord
de l’avion, Paulo Adario a une
nouvelle idée : il demande à Fernando, le pilote, de se diriger vers
le village des Enawene Nawe. Audessus des longues cabanes plantées au milieu de la magnifique
forêt, l’avion fait plusieurs tours.
Les Indiens font des signes de la
main. « Je veux leur dire que
nous sommes avec eux », glisse
Paulo, ému. Il leur a une nouvelle
fois assuré qu’il reviendrait. C’est
sûr, il tiendra sa promesse.
Elsa Guiol
Reportage photo
Eric Dessons/JDD
Eté
22/
26 août 2007
Iles de France. Les trésors cachés au large de nos côtes
A table. Chaque semaine,
un chef étoilé raconte sa
région et livre ses adresses
La Provence
savoureuse de
Jean-André Charial
Groix (Morbihan)
Envoyée spéciale
« Bienvenue au Festival du
fil insultaire… » Smoking
flottant et haut-de-forme, un Monsieur Loyal survolté brandit une
pancarte à l’envers. En penchant
la tête, le touriste qui débarque sur
l’île de Groix en provenance de Lorient (Morbihan) rectifie. Il participe bien au 7e Festival du film insulaire – « Fifig » pour les intimes –, qui a commencé mercredi
pour prendre fin aujourd’hui. La
soixantaine de fictions et documentaires sélectionnés sont tous
dédiés aux îles, à la vie et à la culture des insulaires. Cette année,
Cuba est invitée d’honneur.
Au milieu de la foule de PortTudy, la longue silhouette du réalisateur cubain Fernando Pérez tangue, comme indécise. Est-ce le vent
de noroît ou le ciel changeant qui
le déroute ? Avec sa femme Claudia, réalisatrice, il arrive de La Havane via Paris pour présenter trois
œuvres : Madrigal, La vie c’est siffler et Suite Habana.
Monsieur Loyal s’approche. Il
invite Fernando Pérez à traverser
un carré de moquette rouge. Accueil déroutant et rapide, car le cinéaste cubain est ensuite livré à
lui-même. Il négociera comme il
peut avec les taxis Tonnerre pour atteindre
son hôtel. Sinon, c’est
marche ou vélo.
Le Fifig, c’est
l’anti-Croisette. Pas de
champagne mais de la
bière à profusion au
Bonobo bar, où La java
des Malouins se mélange à la salsa. Pas de
paillettes ni de strass,
mais des cirés jaunes pour les enfants. Aujourd’hui, le trophée décerné est un simple thon de bronze
en hommage au glorieux passé de
Groix, qui fut le premier port thonier de France jusqu’en 1940.
« Au Fifig, on agit avec le cœur
en choisissant des œuvres humaines. Sans s’occuper de l’actualité de
Fidel Castro. Le festival est un combat qui dure de puis se pt ans »,
clame Jean-Luc Blain, un verre à la
main. Cet ancien reporter qui porte
la vareuse comme un vieux marin
est le fondateur de l’événement. Il
embrasse et serre des mains dans
une joyeuse frénésie. Pour l’occasion, ce capitaine-panique a enrôlé
120 bénévoles pour accueillir, nourrir et guider les festivaliers.
« C’est mon équipage, des matelots qui se défoncent pour la
bonne cause. La moitié sont des
Groisillons et les autres profitent
des vacances pour nous aider. Par
leur action, ils ancrent le festival
dans l’île. Sans eux, tout ça n’existerait pas ! », assure-t-il.
Effectivement, la jolie Marie,
normalement traductrice, est une
barmaid de choc au Bonobo. Gilles, fonctionnaire dans l’Equipement, gère les comptes avec un sérieux de professionnel. Et Jacques,
retraité du bâtiment, vend les billets d’entrée dans un kiosque en
bois. « Cela fait trois ans que je
consacre du temps au festival.
C’est important parce que cela
donne de la vie à Groix. » Pendant
que les bénévoles courent à droite
et à gauche, spectateurs et réalisa-
teurs se retrouvent devant la façade années 1930
du Cinéma des familles.
Cet établissement, un
des derniers indépendants
de la région, est géré par
Anne-Marie Perron. Son
père, communiste « exilé »
de Paris dans les années 1950, lui a légué une
mission et quelques soucis financiers. Normalement, elle s’occupe de tout.
Exceptionnellement, la
projectionniste Marie-Jo
Pondard lui donne un coup de main
pour le festival.
Marie-Jo est une projectionniste itinérante qui travaille
comme au temps de Cinema Paradiso. Avec son mari et ses trois enfants, cette petite femme brune se
déplace au fil des petits festivals de
cinéma ou à l’invitation des municipalités. La société Cin’étoiles
peut dresser un écran géant en
plein air ou organiser une séance
dans une abbaye.
Pour Groix, elle a réussi une
prouesse : projeter mercredi soir le
film Viva Cuba, de Juan Carlos
Cremata Malberti, sur la façade
d’une maison de Port-Lay. « En réalité, le plus difficile, c’est de s’adapter aux différents formats techniques. Les réalisateurs arrivent
souvent avec une cassette dans
leur poche », avertit Marie-Jo.
« C’est justement ce que le public recherche, intervient Léa, comédienne à Caen. Je viens de découvrir Un aller simple pour Ma-
La Havane et Moscou. Mais, ironie
de l’histoire, Martin Scorsese et
Francis Coppola l’ont sortie de
l’oubli.
« J’ai voulu éviter les visions
caricaturales des pro- comme des
anti-Castro. Le cinéma cubain
actuel évoque les tracasseries et
les pénuries sans s’opposer frontalement au régime. C’est subtil,
drôle et poétique. » Fernando Pérez n’a pas hésité une minute à
venir : « J’aime les petits festivals pour discuter avec le public.
Mes films font réfléchir, alors je réponds
avec plaisir aux questions et aux critiques.
Et je suis ému d’entendre de la musique
cubaine sur ce port
breton… » Paradoxalement, le Fifig est
condamné à réussir.
Au début de son exist e n c e, l e f e s t iv a l a
plombé ses comptes.
Il doit rembourser sa
d e t t e.
Cette
contrainte pousse les
organisateurs à une
gestion au centime
près. Ils dépensent
170.000 € à chaque édition, financée par les
collectivités locales
(34 %), les sponsors
– notamment la styliste Agnès b. (26 %) –
et la vente de billets
et de produits dérivés
(40 %).
L’ é q u i l i b r e e s t
précaire. Tout repose
s u r l a vo l o n t é d e s
2.000 Groisillons à
recevoir des milliers
d e f e s t iv a l i e r s e n
De gauche à droite
quelques jours. Les
et de haut en bas : Eric
îliens hésitent. DoiRégenermel, le maire de
Groix, à sa droite Jean-Luc vent-ils se replier sur
eux-mêmes
pour
Blain, fondateur du
festival, devant la maison conserver leur identité ? Ou bien s’ouvrir
de Port- Lay qui sert
d’écran aux films projetés a u d é v e l o p p e m e n t
économique ?
par Marie-Jo Pondard.
Eric Régener mel,
Entre deux films, les
festivaliers mangent à la maire (divers gauche)
de Groix, a tranché :
bonne franquette des
« L’île a toujours acrepas servis par les
bénévoles. Les acteurs du cueilli des entre precirque Fratellini assurent neurs et de nouvelles
idées, notamment à
l’animation et l’accueil.
l’époque des conservehoré, d’Agnès Fouilleux, tour né ries de thon. Dans les années 1930,
aux Comores. Ce documentaire ne elle comptait 6.000 habitants. Ausera jamais diffusé à la télévision jourd’hui, le festival prouve que
car il n’entre pas dans les formats Groix est dynamique. »
habituels. » Le Groisillon Yann
Ce médecin a fait sienne « HaStéphant est à l’origine de cette toup », la devise bretonne de Groix,
programmation pointue. Il a vi- gravée sur le mur de la mairie. En
sionné 300 films avant de choisir, français, cela signifie « Toutes voipar exemple, l’étonnant Soy Cuba, les dehors ».
un film de propagande sur la révoMarie Nicot
lution cubaine tourné en 1964 par
Reportage photo
Mikhaïl Kalato zov. Cette comCarlos Muñoz-Yagüe/
mande officielle sera censurée par
In Visu pour le JDD
Baumanière. Côté gestion et
administration. Sous le
char me de ce vieux mas du
XVIe siècle, les souvenirs ressurgissent. « La cuisine a été
pour moi une découverte tardive, songe tout haut le chef,
j’ai trouvé en elle une façon
d’exprimer mes talents créatifs. » Il fera ses classes chez
Troigros, Chapel, Haeberlin,
Bocuse et Girardet. Il s’affirmera chez lui, à l’Oustau de
Baumanière.
Mais du haut de ses deux
étoiles Michelin, le chef garde
l’esprit maison de ce grandp è r e n ov a t e u r. I l s ’ a m u s e
même parfois à préparer quelq u e s r e c e t t e s d e l ’ é p o q u e,
comme le feuilleté au ris de
veau. « Avec mon grand-père,
nous avons le même amour du
décor, du bon et du beau, raconte le chef. J’ai beaucoup de
plaisir à être en cuisine, et le
plaisir est aussi dans la création d’un plat. » Aujourd’hui,
dans son pays, il aime se promener avec ses chiens pour
sentir les genêts, les fleurs de
tomate, le jasmin, le thym, la
menthe et le romarin. Là, il
trouve l’inspiration pour sa
cuisine, « indissociable des
Baux et de l’environnement
minéral des Alpilles ».
Aurélie Chaigneau
L’Oustau de Baumanière,
13520 Les Baux-de-Provence,
04 90 54 33 07.
Ses adresses
■ Le Parc des Cordes
C’est « un petit restaurant » que le
chef aime bien. « Un bistrot très
sympa », au décor « extraordinaire », en plein dans les Alpilles, au beau milieu des rochers purs. Afin de profiter au
maximum de ce panorama hors normes, Jean-André Charial
conseille de dîner dehors pour un moment « magique ».
Dans la bouche, une cuisine de maison : tartes, grillades, aubergines à la tomate… « Les assiettes de la cuisinière sont
toutes simples, fraîches, pas sophistiquées, décrit Jean-André Charial, j’apprécie vraiment ce qu’elle met dedans. »
Son cœur, probablement.
Le Parc des Cordes, 13990 Fontvieille, 04 90 54 67 85.
■ Restaurant du château d’Estoublon
En quelques années, Estoublon est devenu le nom porte-drapeau de l’huile d’olive. Mais si Jean-André Charial apprécie
particulièrement le château d’Estoublon, c’est aussi pour
son nouveau restaurant. « De grandes planches de charcuterie française et corse, un plat du jour régional pour les papilles, le tout dans un décor bistrot un peu sophistiqué,
j’aime beaucoup cette formule », commente le chef. Pour les
yeux, un château du XVIIIe siècle au cœur des Alpilles sud,
au pied du mont Paon. Tout autour, 200 hectares de bois,
d’oliviers et de garrigue, en plus des 17 hectares de vigne.
« Après le déjeuner, vous pouvez également déguster leur
délicieuse huile d’olive. Ils sont aussi les seuls à fabriquer
de la monovariétale. » Pour une trentaine d’euros le repas,
et avec le vin, le miel, les épices et l’huile de l’épicerie, voilà
une bonne introduction aux produits de la région pour ceux
qui ne la connaissent pas.
Restaurant du château d’Estoublon, 13990 Fontvieille,
04 90 54 64 00.
■ Moulin Castelas
« La Provence est la région de l’huile et du vin », explique
Jean-André Charial. Et pour ce fin connaisseur, la meilleure
huile d’olive se trouve ici, au Moulin Castelas. Jean-Benoît
Hugues et Catherine, son épouse, ont racheté ce verger
abandonné il y a deux ans à peine. Aujourd’hui, leur oliveraie de 36 hectares est classée en appellation d’origine
contrôlée « vallée des Baux-de-Provence ». « A Maussane,
l’huile est généralement de tradition fruitée mûre, explique
le chef. Celle du Moulin Castelas est ardente, verte avec des
arômes d’artichaut et de pomme verte. Elle est extraordinaire. J’en achète beaucoup. »
Moulin Castelas, 13520 Les Baux-de-Provence, 04 90 54 50 86.
DR
Cuba libre à Groix
Son pays sent le basilic et
l’huile d’olive. De puis quarante ans, Jean-André Charial perpétue la tradition,
celle de son grand-père Raymond Thuilier, créateur de
l ’ O u s t a u d e B a u m a n i è r e.
C’était en 1945, année de naissance de Jean-André Charial,
qui a vu le jour dans le 16e arrondissement de Paris.
M a i s s e s s o u ve n i r s l e s
plus vifs sont en Provence,
d a n s c e Va l d ’ e n f e r b e a u
comme le paradis. « Je sillonnais cette région de pierres
qui sent si bon, à pied ou à
cheval, raconte le chef, je passais ma vie dans les écuries. »
A l’époque, Jean-André Charial rêve d’être pilote. Quelques années plus tard, il passera même son brevet. Mais
avant de réaliser ses rêves aériens, le gamin se laisse bercer au rythme des services.
« O n m a n g e a i t ave c m o n
grand-père avant l’heure du
coup de feu, se souvient-il.
Après, il fallait vite déguerpir
et surtout éviter de chahuter
ou de sauter dans la piscine
pour ne pas déranger les
clients. » Des hôtes exceptionnels tels Kirk Douglas ou Jean
Cocteau. « J’ai même été figurant sur Le testament d’Orphée », s’amuse-t-il. Les années passent et Jean-André
Charial se rapproche des cuisines. Par gourmandise, mais
aussi par curiosité. « Avec
mes copains, on farfouillait
derrière les fourneaux, explique-t-il, mon grand-père nous
faisait goûter des desserts. Il
me fascinait. Aussi bien par
son talent que pour cette capacité qu’il avait à manger
la même chose midi et soir
pendant au moins dix ou
q u i n z e j o u r s ! » A d u l t e,
Je a n - A n d r é C h a r i a l d é laisse ces plaisirs pour
HEC. En 1969, c’est son
grand-père qui lui demande
d e r eve n i r à l ’ O u s t a u d e
Eté
26 août 2007
/23
Summer of love. L’histoire de sept grands albums sortis en 1967
L’underground en velours selon Andy Warhol
The Velvet
Underground
and Nico, sorti
en mars 1967.
Cette année-là
■
1er janvier. Création d’une taxe sur
les tickets de cinéma, destinée au financement de films français. 14 janvier. Le
Human Be-In à San Francisco, une grande
kermesse libertaire organisée dans le Golden Gate Park, sert de prélude au Summer
of Love. John Phillips, des Mamas and Papas, écrit pour l’occasion If you’re going to
San Francisco. Mars. Première édition du
Petit Robert. 28 juillet. Le Royaume-Uni
décriminalise la sodomie.
3
2
6
7
1
10
8
Rue des Archives
A New York, en 1967, c’est aussi le sacre de la Factory, ses expériences, ses
excès, ses fêtes sans fin où des bourgeoises
dépressives, des dandys toxicomanes et
des artistes de tout poil inventent le
concept du « super star-system underground ». Le nouveau credo d’Andy Warhol, alors au faîte de son art, est le multimédia. A ce titre, dès 1966, il cherche un
groupe de rock subversif pour intégrer
son show The exploding plastic inevitable,
barnum avant-gardiste imbriquant projections vidéo et performances sadomasochistes en direct. Sur les conseils de son
associé Paul Morrissey, avec qui il vient de
réaliser Sleep, film où la caméra fixe un
homme endormi durant vingt minutes,
Warhol se rend au café Bizarre, le bien
nommé. Lou Reed et John Cale, accompagnés par Sterling Morrison et Maureen
« Moe » Tucker, y font forte impression.
Leur groupe, les Velvet Underground, a le
bon goût de ne jamais sourire : costumes
en cuir, lunettes noires, territoires sonores
vénéneux, jeu ostensiblement transgressif
avec Moe jouant de la batterie debout sans
cymbales. Emballé, Andy Warhol les installe dans sa cour des Miracles, les fait
tourner et, malgré les réticences de Lou
Reed qui compose et entend chanter tous
les morceaux, fait pression pour que la formation intègre Nico, actrice mannequin
5
4
DR
9
Andy Warhol (1) entouré des membres du Velvet Underground. En haut : Danny Williams (2), Maureen Tucker (3), John Cale
(4), Stephen Shore (5), Paul Morrissey (6). En bas : Sterling Morrison (7), Nico (8), Gerard Malanga (9) et Lou Reed (10).
d’origine allemande aperçue dans la Dolce
vita de Fellini.
Pour le Velvet, l’aventure a débuté
deux ans avant, fin 1964. Lou Reed, jeune
guitariste piqué de Bob Dylan et de freejazz, rencontre John Cale, prodige récemment débarqué du pays de Galles et venu
aux Etats-Unis dans le sillage du musicien
minimaliste La Monte Young. Le style
qu’ils tissent ensemble est absolument
neuf, précurseur du punk, à contre-courant des vibrations hippies scandant
l’amour et la paix. Leurs sons heurtent,
leurs paroles choquent, abordant de front
la drogue et ses nausées, la violence intime, les déviances sexuelles.
Leur premier album, The Velvet Underground and Nico, est enregistré sans
délai, pour l’essentiel en une seule journée, avec un budget de 3.000 dollars. Sorti
sans promotion en mars 1967, il ne se vend
qu’au compte-gouttes. Mais comme le veut
la légende, attribuée à l’ami Brian Eno,
« s’il n’y a que 1.000 personnes qui l’ont
acheté à sa sortie, chacune d’entre elles a
fondé un groupe par la suite! »
La pochette du disque représente
une banane autocollante
Signée Andy Warhol, la célébrissime
pochette du disque représente une banane
autocollante à côté de laquelle est écrit
« Peel slowly and see » (Pèle lentement et regarde). Sous la banane, on découvre le fruit
nu, rose turgescent et pour le moins phallique. Les rumeurs vont bon train : la colle
auto-adhésive serait-elle à base de LSD?
Une chose est sûre, l’album à peine
sorti, la rupture entre les Velvet et Warhol
est déjà consommée. Nico, qui avait été imposée sur trois titres par le pape du pop art
(Femme fatale, I’ll be your mirror, All to-
morrow’s parties), est remerciée. Sans regret. Elle est de toute façon très prise par
ses conquêtes en série (Iggy Pop, Tim
Buckley et Brian Jones, avant Delon), et
déjà en studio pour un premier album
solo, Chelsea girl, qui sort fin 1967. Trois
ans et trois albums plus tard (White
light/white heat, The Velvet Underground
et Loaded), le Velvet se sépare à son tour.
Lou Reed retourne chez ses parents, où il
pense à son retour solo, consacré en 1973
avec Transformer et son tube Walk in the
wild side. Il attendra vingt ans pour retrouver le Velvet sur scène, le temps d’une
brève tournée européenne sans Nico, décédée en 1988 d’une chute de vélo à Ibiza.
The Velvet Underground and Nico est
le genre d’album que seul le temps permet
d’apprécier, de ceux qui ont suscité l’engouement et l’admiration bien après leur
sortie. Sans doute était-il en avance sur
son temps, ou peut-être en décalage, tant il
est marqué par la personnalité de Lou
Reed. Traumatisé à jamais par les traitements électrochocs que ses parents lui ont
fait subir dans l’idée de le « guérir de son
homosexualité », le jeune homme est aussi
diaboliquement inspiré par les thèmes de
l’autodestruction et des pulsions tourmentées. Ballades mélancoliques et perversions scandées s’entremêlent. Venus in
furs est tiré du chef-d’œuvre du chevalier
von Sacher-Masoch. I am waiting for the
man décrit l’angoisse du drogué n’en pouvant plus d’attendre son dealer. Heroin,
l’un des titres les plus longs (7’10), est
l’exacte transcription musicale d’un shoot:
le cœur tambour battant à l’approche de la
seringue, le sang monte aux méninges
dans un tourbillon de violon qui mène à
l’orgasme, puis au calme final n’appelant
qu’à une chose : renouveler l’expérience.
Accusé de faire l’apologie des drogues,
Lou Reed répondra : « Ce n’était pas pour
ni contre, mais juste une prise du point de
vue du consommateur. » Effectivement pas
dupe, la chanson décrit un asservissement
sans fin, « it’s my wife and it’s my life »
(c’est ma femme et c’est ma vie).
Parmi les titres mythiques, Sunday
morning, avec sa fameuse ouverture au
son cristallin d’un célesta, exprime à la
perfection un coup de blues dominical, le
« sentiment que je ne veux pas connaître », à
mille lieues des pubs optimistes martelées
des assurances françaises, qui par la suite
s’en approprièrent la mélodie…
Etonnant, enregistré par choix dans
des conditions artisanales, instigateur de
nombreuses vocations et objet de centaines de reprises, l’album n’est aucunement
pressenti, en 1967, pour prendre la place
qui lui reviendra plus tard, celle de l’une
des œuvres les plus marquantes et les
mieux vendues du rock. Les heureux possesseurs de la version CD Deluxe auront le
plaisir enfantin de décoller la banane, de
glousser devant la chose qui apparaît dessous, sans se douter une seconde du razde-marée qui les attend: expériences sonores, voix hypnotisantes de Lou Reed et de
Nico, et, peut-être, qui sait, la création
d’un groupe?
Noémie Toledano avec
Alexis Campion
24/
26 août 2007
Christina Lionel-Dupont
CULTURE
Jazz à la Villette.
Jeu de cartes avec un
brelan d’as Page 26
Palme d’or. Cristian Mungiu signe 4 mois, 3 semaines, 2 jours, un film dur et bouleversant
Un grand cinéaste est né
Sans hésitation : s’il y a un
film qui mérite d’être vu,
c’est bien celui-là. 4 mois, 3 semaines, 2 jours, chronique d’un avortement clandestin en Roumanie
avant la chute du communisme,
est une œuvre brillante et dure,
signée par un cinéaste de 39 ans,
Cristian Mungiu, dont c’est le
troisième long-métrage.
Présenté le deuxième jour de
la compétition cannoise, certains
n’avaient pas pris la peine de se
rendre à la projection de ce « petit film roumain ». « On a fait descendre à l’orchestre les journalistes qui étaient au balcon pour
que la salle soit plus remplie »,
raconte l’attaché de presse. Mais
sitôt les lumières rallumées, la
rumeur s’est installée, plus tenace que jamais. Pendant douze
jours, rien n’est parvenu à détrôner le futur lauréat dans l’esprit
des festivaliers. Pour la Roumanie et son cinéma en plein essor,
la Palme a été accueillie dans la
liesse. « C’était comme si on avait
gagné la Coupe du monde de football ou qu’on avait reçu le prix
Nobel », dit le réalisateur, qui ne
pouvait plus marcher dans la rue
sans être reconnu, qui s’est vu
décerner une médaille et a été appelé par le bureau de la présidence de la République roumaine.
Cet été, le film a déclenché
une polémique en France en recevant le prix de l’Education nationale qui permet sa diffusion en
milieu scolaire à travers
1.500 DVD-ROM. Jugé « trop dur »
et face à certaines associations
anti-avortement, le ministère de
l’Education nationale avait dans
un premier temps bloqué les crédits. Avant de revenir sur sa décision. Sage revirement. 4 mois,
3 semaines, 2 jours est désormais
autorisé à tous les publics. Il a depuis été acheté par plus de
60 pays. Rencontre avec un cinéaste épuisé mais heureux.
Pourquoi avoir eu envie de raconter cette histoire ?
Peut-être parce qu’aujourd’hui j’ai un fils de 2 ans.
Avec le recul, on repense aux choses qui nous sont arrivées de façon différente. J’avais envie de
raconter une histoire représentative de notre génération quand
nous avions 20 ans. J’ai écrit un
scénario assez marrant. Mais je
me suis senti soudain responsable. Je ne voulais pas qu’on se
souvienne de cette période à travers une comédie.
De Cristian Mungiu, avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu,
Vlad Ivanov. 1 h 53. Sortie mercredi.
■ 1987 en Roumanie. Le régime de Ceausescu interdit
et poursuit l’avortement. Dans leur chambre d’un foyer
d’étudiantes, deux jeunes filles se préparent. Elles ont
rendez-vous dans un hôtel, où elles doivent présenter
leurs papiers, avec un certain M. Bébé… Elles vont affronter une situation épouvantable. L’oppression, la
peur, la révolte, l’humiliation, la détermination, le courage habitent ce scénario inquiétant, économe en dialogues, qui se déroule sur vingt-quatre heures. Il nous
happe dans un flot d’émotions contenues. Une étonnante scène de repas familial fait un instant oublier les
rues blafardes, la lumière rasante et cette horrible
chambre d’hôtel où tout se joue. Cristian Mungiu accumule les plans-séquences qui donnent encore plus de
réalité et de puissance à son propos. Sur fond de
contexte historico-politique, il raconte le plus simplement du monde cette vie des autres où la tension va
crescendo. Les actrices Anamaria Marinca et Laura Vasiliu, époustouflantes, auraient aussi mérité un prix.
Elles nous font frémir et trembler. Elles nous apprennent ce que veulent dire les mots liberté, solidarité et
amitié. Une grande Palme pour un grand film.
D.A.
nisé et solide. Le régime s’est effondré en deux minutes.
Sandrine
Roudeix
/JDD
Cristian
Mungiu,
39 ans, a
situé son
troisième
longmétrage
dans la ville
roumaine
où il est né :
Iasi.
Rodolphe Escher/JDD
Comment réagissez-vous à la
polémique française autour de
votre film ?
Cela m’a déçu car le film ne
montre rien de dangereux. Il ne
donne pas de leçons, ne prend pas
position. Il est pédagogique et je
le vois même comme une prévention à l’avortement.
4 mois, 3 semaines, 2 jours ★★★
Où avez-vous tourné
4 mois… ?
L’histoire se situe
dans ma ville natale, à
Iasi. J’ai tourné pendant
trente-deux jours. C’est
la première fois que je
fais un film si réaliste.
Cela a changé ma façon d’aborder le cinéma. Il y a de nombreux plans-séquences. Je me
suis mis d’accord
avec mon chef opérateur pour qu’il ne suive pas la
tête des personnages quand ils se
lèvent.
Anamaria Marinca et Laura Vasiliu tissent de beaux portraits de
femmes dans la Roumanie de Ceausescu. Pause maquillage au
foyer d’étudiantes pour dissimuler les bleus à l’âme (à droite).
Vous vous êtes inspiré d’une
histoire vraie ?
Quand j’écris, je pars souvent de la réalité. Cela était arrivé à quelqu’un que je connaissais et à qui cela avait laissé
pas mal de cicatrices. Ce personnage est incar né par Anamaria Marinca. Il faut savoir
aussi que je suis né parce que
l’avortement était interdit. Ma
mère ne me l’a jamais caché.
Nous sommes les enfants du
décret.
La solidarité dont font preuve
les deux étudiantes du film est
bouleversante.
On savait à l’époque qu’il y
avait dans chaque groupe d’étudiants quelqu’un qui rapportait à
la Securitate. Ça créait une vraie
solidarité car on était des animaux
qui essayaient de survivre. Honnêtement, personne ne se posait de
questions morales. Le seul problème qu’on avait était : comment
on va arriver à le faire et comment
on ne se fera pas prendre?
Comment avez-vous vécu la
chute du communisme ?
C’était le plus beau jour de
ma vie. On écoutait ce qui se pas-
Vous pensiez alors devenir cinéaste ?
J’étais fait pour raconter des
histoires. J’écris depuis l’âge de
16 ans. Tout était à réinventer
dans le cinéma roumain. Je
n’avais pas eu accès à l’école
de cinéma, où les places
étaient réservées aux fils
des professeurs et des gens
du Parti. Quand le régime
est tombé, l’horizon s’est
ouvert. Aujourd’hui, il n’y a
pas de censure. Je peux réaliser mes films sans problème, mais la population
ne va pas si bien. Notre société très agressive vit un
capitalisme débridé.
sait dans les autres pays à la radio. On ignorait comment et
quand cela allait se produire car
le système était très bien orga-
Vous avez aussi choisi de montrer le fœtus sur le carrelage
de la salle de bains.
Pour moi, il était impossible
de faire un film sincère sur ce sujet en évitant de le montrer. Cette
jeune fille prend conscience que le
fœtus est quelque chose d’humain, que ça n’a plus rien d’abstrait.
Danielle Attali
Compte à rebours. Ouverture vendredi du 33e Festival du cinéma américain
Spectaculaire parterre de stars à Deauville
Les Américains débarquent sur les plages normandes avec l’artillerie lourde.
Vendredi soir, la concentration de people
au kilomètre carré risque de décupler à
Deauville. La liste de ceux qui s’apprêtent
à fouler le tapis rouge du festival donne le
tournis : George Clooney, Matt Damon,
Brad Pitt et Angelina Jolie, Ben Affleck,
Monica Bellucci, Eva Mendes, Gena Rowlands… Une affiche ultra glamour pour
une 33e édition qui devrait rester dans les
annales : un peu plus de 120 longs-métrages toutes sections confondues et des
hommages rendus, en leur présence, à
Michael Douglas et Sidney Lumet. Le
tout sous l’œil vigilant d’André Téchiné,
président d’un jury composé, entre autres, du cinéaste Xavier Beauvois et de
l’écrivaine Yasmina Reza.
Innovation majeure, les Nuits américaines, en partenariat avec la Cinémathèque française. Le principe est simple: 60 titres emblématiques seront projetés 24 heures sur 24, au Morny Club. Les insomniaques pourront ainsi (re)découvrir sur
grand écran des chefs-d’œuvre comme La
horde sauvage de Sam Peckinpah, Le faucon maltais de John Huston, Taxi driver
de Martin Scorsese, le King Kong de 1933,
Les oiseaux d’Alfred Hitchcock… Difficile
de résister, vu le prix du pass pour les dix
jours (et pour toutes les séances): 10 €.
Côté avant-premières, le festivalier
verra, comme de coutume, l’essentiel des
grosses sorties américaines de cet automne, dont La vengeance dans la peau,
troisième (et dernier ?) volet très attendu
des aventures de l’espion amnésique Jason Bourne, qui connaîtra enfin sa véritable identité. Dans le rôle de cet agent de
la CIA aux méthodes plus qu’expéditives,
l’excellent Matt Damon a non seulement
ringardisé James Bond et Ethan Hunt
(Mission : impossible), mais il est aussi devenu l’acteur le plus rentable de la planète Hollywood selon le magazine Forbes.
Si on recensait 50.000 spectateurs à
Deauville en 2006, le programme de cette
année devrait attirer dans les salles un
public encore plus large : on y découvrira notamment Michael Douglas en
quête d’authentiques doublons de
conquistadors, dans King of California ;
George Clooney en avocat d’une firme
agroalimentaire mêlée à un scandale sanitaire dans Michael Clayton ; Brad Pitt
en bandit de grands chemins dans L’assassinat de Jesse James ; les débuts en
tant que réalisateur de Ben Affleck avec
le polar Gone, baby, gone ; le brûlot de
Michael Moore sur la couverture sociale
défaillante aux Etats-Unis (Sicko) ; le regard sur la guerre en Irak de Paul Haggis (La vallée d’Elah) et de Brian De
Palma (Redacted) ; l’explosion de la
cellule familiale selon Sidney Lumet
(7 h 58 ce samedi-là)…
La comédie n’est pas en reste puisque les frères Farrelly (Mary à tout prix)
et Judd Apatow (40 ans, toujours puceau)
dévoileront leurs nouveaux délires. En
compétition, pas moins de 11 prétendants au Grand Prix, dont la surdouée
Zoe Cassavetes, qui met en scène Gena
Rowlands, sa mère, dans Broken English.
Sans oublier le rendez-vous trash du festival : Teeth, l’apprentissage de la sexualité par une adolescente qui s’aperçoit
que son vagin a des dents !
Stéphanie Belpêche
Culture
26 août 2007
/25
Anne Le Ny. La comédienne signe un remarquable premier film plein d’émotion
« J’ai choisi le parti de la vie »
DR
Emmanuelle
Devos et
Vincent
Lindon, « ceux
qui restent »,
dans un film
émouvant qui
échappe à tout
pathos.
Ceux qui restent ★★★
DR
D’Anne Le Ny, avec Vincent Lindon,
Emmanuelle Devos, Yeelem Jappain. 1 h 34.
Sortie mercredi.
■ Comme depuis trop longtemps, Ber-
Elle a été juge, assureuse, banquière, secrétaire. L’un de ces seconds rôles du cinéma français dont le
visage est familier mais dont on ne retient pas toujours le nom. Avec sa tête un
peu sévère, on l’imagine aisément en
proviseur pète-sec ; une première impression tempérée par un sourire lumineux qui peut la transformer en joyeuse
animatrice de fin de repas. Comédienne
depuis vingt ans – dix ans de théâtre et
autant de cinéma –, Anne Le Ny vient de
passer à la réalisation. Un premier pas
franchi de manière remarquable. En faisant voisiner avec tact et subtilité la vie,
l’amour, la mort, cette abonnée des plateaux de Pierre Jolivet montre une belle
assurance dans la direction d’acteurs et
une parfaite maîtrise des sentiments mis
en scène.
Un cinéma sans effets
qui fait de l’effet
« Quelle histoire d’amour
moralement impossible en 2007 ? »
Ceux qui restent a été écrit d’un seul
jet. « J’ai toujours aimé raconter des
histoires, dit Anne Le Ny. J’ai passé
40 ans, et à cet âge-là il est rare de ne pas
avoir été confronté à la maladie d’un
proche, ami ou parent. Il y a un film de
David Lean que j’aime tout particulièrement, Brève rencontre, une impossible
histoire d’amour entre deux êtres attirés l’un par l’autre et que le hasard a
fait se croiser. Par ailleurs, un copain
m’a parlé d’un téléfilm qu’il avait réa-
le petit miracle de l’écriture d’Anne Le
Ny. Avec ses partis pris assumés. « Ceux
qui restent n’est pas un film pessimiste,
contrairement à la première impression.
J’ai choisi le parti de la vie. J’aime prendre les choses par la bande et par l’humour. Dès le départ, je savais aussi que
je ne voulais pas montrer les malades ni
les médecins. Pas de scène de lar mes
non plus, sinon on tombe dans le mélo. »
La réalisatrice Anne Le Ny fait également l’actrice en tenant le rôle de la sœur
de Vincent Lindon.
lisé dans lequel un homme et une femme
faisaient connaissance alors que leurs
enfants étaient hospitalisés. Je me suis
alors demandé quelle pourrait être l’histoire d’amour moralement impossible
en 2007. C’est là que j’ai pensé à mes per-
sonnages dont les conjoints seraient victimes du cancer : vous n’allez pas tromper votre mari en pleine chimiothérapie. »
Bonjour le sujet casse-gueule et, a
priori, repoussoir. C’est là qu’intervient
A la justesse d’écriture répond celle
de la mise en scène. Comme son amie et
coproductrice, à travers les Films A4,
Agnès Jaoui, Anne Le Ny se méfie des facilités et soigne ses dialogues. Un cinéma sans effets qui fait de l’effet. Il ne
se passe jamais rien d’extraordinaire
dans Ceux qui restent : des nougats que
l’on ramasse dans l’herbe, un bébé qui
effectue ses premiers pas en fond d’écran,
des copies à corriger, et pourtant, à chaque fois, la boule d’émotion est là, blottie. La réalisation ? « Quelqu’un m’a dit
un truc qui m’a enlevé mon angoisse :
“La technique, ça s’apprend. Le plus
compliqué, c’est de diriger les acteurs.”
Ça tombait bien, c’était justement la
seule chose qui ne me faisait pas peur. »
Dans le rôle de Bertrand, professeur
d’allemand qui joue les gardes-malades
depuis cinq ans, Vincent Lindon s’est
tout de suite imposé dans l’esprit de la
trand va rendre visite à sa femme à l’hôpital où elle est soignée pour un cancer.
Au détour d’un couloir, il rencontre Lorraine, jeune femme fantasque dont le
compagnon est également malade. Deux
êtres terrassés de douleur mais aussi
pleins de révolte qui vont s’aider maladroitement mais sincèrement. Pour
son passage à la réalisation, la comédienne Anne Le Ny s’impose avec talent.
Concentrée sur ses personnages, elle signe une mise en scène fluide dans laquelle le pathos est banni. On sourit
souvent, respirations nécessaires face
au drame affleurant. En prof d’allemand qui s’accroche à ses copies comme
à autant de certitudes, Vincent Lindon
est un véritable bloc d’émotion retenue
face à une remarquable Emmanuelle
Devos qui veut continuer à vivre comme
si de rien n’était. Le film devrait être de
ceux qui restent.
J.-P. L.
réalisatrice. D’autant qu’ils ont été plusieurs fois partenaires. Le choix de la comédienne pour incarner Lorraine, jeune
femme extravertie, s’est révélé plus difficile. « Je pensais bien à Emmanuelle Devos, mais je n’osais pas lui proposer.
C’est Vincent, qui avait tourné avec elle
dans La moustache, qui m’a dit comment
lui parler : “Emmanuelle, j’ai un scénario dans lequel il y a un rôle pas du tout
pour vous mais, comme je vous adore, je
n’arrive pas à vous sortir de ma tête. Estce que vous accepteriez de passer des essais ?” Elle a eu la simplicité de dire
oui. »
Jean-Pierre Lacomme
Thriller. Serial killer dans Mr. Brooks, il se ressource dans son ranch
ACTUELLEMENT EN SALLES
Kevin Costner se
rêve en antihéros
Le pensionnat ***
Correspondance
Un ranch dans le Colorado, à
quelques kilomètres d’Aspen.
C’est là, à l’abri du tumulte de
Hollywood, que Kevin Costner
nous reçoit.
La propriété, impressionnante, compte plus de 65 hectares. Un refuge pour l’acteur, sa
femme et leur fils de trois mois,
Cayden Wyatt. Au programme :
pêche et canoë. Parfois, un
ours traverse à la nage le lac
privé qui s’étale juste devant
sa maison : l’aboutissement
d’un rêve pour ce fils de terrassier qui avoue se sentir plus à
l’aise à travailler de ses mains
qu’à fréquenter les soirées
chics de Los Angeles. « J’aime
creuser des tranchées, il y a
quelque chose de très réconfortant dans le travail manuel »,
admet-il volontiers d’une voix
tranquille.
Avec ses cheveux blonds et
sa moustache de cow-boy, on ne
s’étonne pas qu’il ait souvent
incarné les héros de l’Amérique profonde (Danse avec les
loups, Postman, Coast guards).
« Tout le monde dans la vie aimerait être héroïque. On veut
De Bruce A. Evans, avec Kevin
Costner, William Hurt, Demi
Moore. 2 h. Sortie mercredi.
■ En apparence, Mr. Brooks
croire que, quand ça tour ne
mal, on aura le contrôle de la
situation. » Rarement évident.
Il en a fait l’expérience à de
nombreuses reprises. Mais il
encaisse quand Waterworld
(budget : 175 millions de dollars) coule au box-office américain (mais se rattrape dans le
reste du monde), quand Pour
l’amour du jeu, Destination :
Graceland ou encore Open
range disparaissent de l’affiche
plus vite qu’ils n’y sont entrés.
« Je sais très bien qu’en choisissant des sujets originaux,
certains n’auront pas autant
de succès que des suites ou des
remakes. Je pense que l’argent
ne décide pas de la qualité
d’une œuvre. J’aime la diversité. »
est un séduisant homme d’affaires, marié et père de famille. La nuit, ce bon Américain se transforme en serial
killer, poussé à tuer par un
double imaginaire. Un jour,
un photographe voyeur le surprend du bout de son objectif.
On imagine que le rôle ait pu
séduire Kevin Costner, pourtant ménagé par un scénario
aussi bizarre et schizophrène
que son personnage d’antihéros. Cela ne fait pas décoller
le film pour autant, qui reste
jusqu’au bout un thriller mal
fichu.
D. A.
Gamma
Aspen
Mr. Brooks ★
« C’est un tueur qu’on finit
par aimer »
Pour Mr. Brooks, dont il est
aussi producteur, Kevin Costner s’est payé le luxe d’un
contre-emploi. Il incar ne un
homme d’affaires qui se transforme en serial killer la nuit.
Un personnage inattendu pour
cet acteur souvent abonné aux
rôles de g entils. « Mais
Mr. Brooks n’est pas seulement
un méchant. Il dégage aussi un
Un rôle à contre-emploi pour Kevin Costner, qui revendique
son indépendance.
côté sympathique. C’est un
tueur qu’on finit par aimer
parce qu’il lutte contre sa dépendance. Notamment en suivant les réunions des Alcooliques anonymes. »
Loin de son personnage, le
comédien s’af fiche sur tout
comme un homme tranquille.
« J’ai eu de la chance, je n’ai jamais été victime, ni de la drogue ni de la célébrité. » Un
mental qui lui a permis de résister aux assauts de la presse
à scandales, qui l’a accusé, entre autres, de s’être fait im-
planter des cheveux, d’avoir
molesté l’employée d’un hôtel
en Ecosse lors d’une séance de
massage ou d’être le père d’un
enfant illégitime.
Aujourd’hui, l’acteur-producteur s’est déjà remis au travail. Il prépare une comédie
sur les élections américaines.
Souvent étiquetée « conservateur », la star revendique son
indépendance. « Je ne me
préoccupe plus des partis. »
Aux gros poissons de la politique il préfère les vrais, ceux
qu’il pêche dans sa propre rivière.
Claude Budin-Juteau
De Songyos Sugmakanan, avec Charlie Trairat et
Sirachuch Chienthaworn. 1 h 47.
L’année de ses 12 ans, Ton vit un drame : ses
parents le changent brutalement d’école.
Sans repères, loin de ses copains, il sympathise avec le fantôme qui hante son nouvel
établissement… Ce drame mâtiné de surnaturel doit sa réussite à son extrême sensibilité
et à son refus des conventions.
S.B.
Paranoïak **
De D.J. Caruso, avec Shia LaBeouf, David Morse et
Carrie-Anne Moss. 1 h 45.
Kale, assigné à résidence par la justice, épie
ses voisins pour passer le temps. Il ne tarde
pas à soupçonner l’un d’entre eux d’être un
tueur en série… Cette version ado de Fenêtre
sur cour se révèle plutôt efficace grâce à la
qualité de son interprétation et à quelques rebondissements savamment calculés.
S.B.
Permis de mariage *
De Ken Kwapis, avec Robin Williams, Mandy
Moore et John Krasinski. 1 h 30.
Ben et Sadie décident de se marier. Le révérend Frank impose au jeune couple un stage
de préparation jalonné d’épreuves, au terme
duquel il décidera s’ils sont aptes à sauter le
pas… Cette comédie au scénario cousu de fil
blanc se regarde sans déplaisir, grâce aux facéties de Robin Williams.
S.B.
Hairspray **
D’Adam Shankman, avec Nikki Blonsky, John
Travolta et Michelle Pfeiffer. 1 h 56.
Baltimore, 1962. Tracy rêve d’intég rer le
Corny Collins show, émission de danse ultrapopulaire, malgré ses kilos en trop… On se
laisse embarquer sans résistance par le tourbillon de bonne humeur de cette comédie musicale parodique et kitsch à souhait.
B.T.
Culture
26/
ÇA SORT AUSSI MERCREDI
26 août 2007
Isabelle Mergault. La réalisatrice monte Enfin veuve
La comédie
d’Isabelle
Mergault
(casquette)
sortira
en janvier.
Rétribution ★
De Kiyoshi Kurosawa, avec Koji Yakusho et Riona Hazuki. 1 h 44.
■ A Tokyo, le détective Yoshioka enquête sur une série de meurtres.
Les victimes ont toutes les poumons remplis d’eau salée. Yoshioka
découvre des indices accablants qui prouvent qu’il serait le tueur…
Population insulaire, les Japonais, souvent exposés à des typhons, ont
une peur panique de l’eau, que quantité de cinéastes tentent d’exorciser dans des films d’horreur. Si Hideo Nakata excellait avec Dark
water, ce n’est pas le cas de Kiyoshi Kurosawa. On relève l’esthétisme
et un sens certain du cadre, mais ce désir de perfection induit une
distanciation accentuée par un scénario alambiqué. Voir le fantôme
évoluer naturellement dans la salle à manger du policier torpille le
suspense et confine au ridicule.
S.B.
Quand Chuck rencontre Larry ★★
De Dennis Dugan, avec Adam Sandler, Kevin James et Jessica Biel. 1 h 50.
■ Larry, pompier veuf, ne peut pas contracter une assurance-vie qui
Arnaud Borrel
mettrait à l’abri ses deux enfants s’il lui arrivait malheur. Pour parvenir à ses fins, il doit se marier rapidement. Il demande à son collègue
et ami Chuck de se pacser avec lui. Problème, l’administration dépêche un inspecteur pour enquêter sur eux. Larry et Chuck doivent
prouver qu’ils forment un vrai couple… Au regard du titre et du casting, on s’attendait à une comédie bien grasse à l’américaine. Mais le
scénariste n’est autre qu’Alexander Payne, oscarisé pour Sideways.
Certes, ça ne vole pas haut, mais les clichés sont habilement détournés
par le second degré. La drôlerie des situations éclipse le jeu outré
d’Adam Sandler.
S.B.
Avec
Michèle
Laroque
en grande
bourgeoise
et Jacques
Gamblin.
Prémonitions ▼
De Mennan Yapo, avec Sandra Bullock et Julian McMahon. 1 h 40.
■ Un matin, Linda apprend que Jim, son mari, est mort dans un acci-
Nothing ▼
De Vincenzo Natali, avec David Hewlett et Andrew Miller. 1 h 30.
■ Deux amis voient leur maison saisie. Au moment où l’entreprise de
démolition sonne à leur porte, le monde extérieur disparaît… S’il reste
raccord avec ses thèmes de prédilection (angoisse du néant, théorie du
complot), Vincenzo Natali (Cube) se prend cette fois les pieds dans le
tapis avec ce film faussement expérimental, interminable, plombé par
un humour régressif à la Dumb et Dumber.
S.B.
J’aurais voulu être un danseur ▼
D’Alain Berliner, avec Vincent Elbaz, Cécile de France et Jean-Pierre Cassel.
1 h 45.
■ Le gérant d’une vidéothèque plaque femme et enfant le jour où il
décide de donner libre cours à sa passion pour les claquettes. Quelques décennies plus tôt, son père en avait fait autant… Cette comédie
musicale donne un émouvant coup de chapeau au danseur émérite
qu’était Jean-Pierre Cassel. Mais, malgré les efforts sincères de Vincent Elbaz pour être crédible, ce film embarrasse par la pauvreté de
ses chorégraphies et son kitsch involontaire.
S.B.
« Ne dépendre de personne »
2006 fut vraiment son année. Son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Je
vous trouve très beau, a attiré
3,6 millions de spectateurs en salles. Couronné d’un César, il s’est
vite exporté puisqu’un remake
devrait voir le jour aux EtatsUnis, avec Bill Murray dans le
rôle tenu par Michel Blanc. Devenue « bankable », Isabelle Mergault n’a pas pris la grosse tête.
Surtout pas ! « Au moment de la
sortie, j’évacuais la pression au
théâtre dans la pièce de Laurent
Ruquier Si c’était à refaire, avec
Pierre Palmade. La production
misait sur le million d’entrées.
La fréquentation en province a
été déterminante. Ça n’a pas été
un raz-de-marée, plutôt un long
fleuve tranquille. Le nombre de
copies ne cessait d’augmenter. »
De quoi être fière, et elle l’est.
« Je le dis sans prétention. Chaque maman vous soutient que
son bébé est le plus beau ! J’étais
contente, je rameutais les copains. L’entreprise était tout sauf
commerciale : une histoire qui
parle de sentiments, drôle, émouvante, honnête, sans violence. Je
ne suis pas surprise que les gens
aient aimé. Mais ce succès a été
une chance monstre. Ça a mis la
barre très haut. » Cette sincérité
qui caractérise si bien Je vous
trouve très beau fait partie intégrante de la personnalité attachante d’Isabelle Mergault.
Elle regrette de n’avoir pas
pu assister à son sacre lors de la
der nière cérémonie des César.
« Une semaine avant, j’avais subi
une chirurgie dentaire. J’avais
pourtant acheté une belle robe et
écrit un petit texte au cas où. La
veille, ma joue n’avait pas dégonflé. J’ai dû renoncer à venir, la
mort dans l’âme. Mais ça m’a fait
chaud au cœur de recevoir cette
récompense. J’avais non seulement la reconnaissance du pu-
blic, mais aussi celle de la profession. Au lieu de m’attendre au virage, de me bouder ou de me snober, elle m’a ouvert sa porte et
fait entrer dans la famille. »
« La technique m’importe peu,
je prône la simplicité »
La cinéaste a du coup cloué le
bec à tous ceux qui nourrissaient
des a priori à son égard. « Je m’en
fiche. J’ai débuté comme secrétaire
trilingue intérimaire, puis j’ai fait
l’idiote en petite tenue dans des séries B. Dès qu’on avait besoin d’une
nana pour prendre une douche,
c’était moi! Ma seule ambition? Ne
dépendre de personne. Je n’ai jamais eu la niaque. Mais j’ai compris que l’argent m’offrirait la liberté. J’ai pris la plume. Me retrouver seule dans mon bureau, avec
mon chien, devant une feuille blanche : le bonheur. » Un moyen
d’échapper à la notoriété? « Je suis
bien moins sollicitée qu’à l’époque
des Grosses têtes. »
Isabelle Mergault ne chôme
pas pour autant. Elle monte son
deuxième long-métrage, Enfin
veuve (sortie le 16 janvier), « écrit
en collaboration avec Jean-Pierre
Hasson », insiste-t-elle. L’histoire
d’une grande bourgeoise (Michèle
Laroque) qui perd son mari, victime d’un accident de voiture. Si
elle semble accablée par le deuil,
elle est en réalité soulagée de pouvoir vivre pleinement sa passion
pour son amant (Jacques Gamblin). Tout irait bien si son fils de
25 ans, voulant l’aider à surmonter l’épreuve, ne débarquait pas
chez elle avec femme et bébé…
« Pour faire bonne figure, elle joue
la veuve corse. Mais, à la nuit tombée, elle fait le mur comme une
adolescente. Prisonnière du qu’endira-t-on, elle vit dans une imposture. Doit-elle dire la vérité à sa famille? »
Du tour nage au printemps
dernier à Saint-Mandrier, à une
quinzaine de kilomètres de Toulon, elle retient… le mal de mer !
« Une partie de l’action se déroule
sur un bateau. J’avais la nausée.
On m’a conseillé d’appliquer du
persil à même la peau. Ça marche. » De son propre aveu, Isabelle
Mergault n’a pas « la culture de
l’image. Voilà pourquoi je ne mettrai jamais en scène de scénario
qui ne soit pas de moi. Je n’ai pas
de vision comme Luc Besson. La
technique m’importe peu, je ne me
prends pas le chou pour un plan.
Je prône la simplicité. Avec moi,
mon producteur Jean-Louis Livi
ne se ruine pas : je fais des films à
6 millions d’euros, pas à 15 ».
Stéphanie Belpêche
Festival. Trois grands saxophonistes à l’affiche
de Jazz à la Villette
Carte blanche à Wayne Shorter
C’est une histoire sans fin.
Celle de ces jazzmen grâce auxquels la musique est comme une
mar mite de sorcière : ma gie,
bouillonnement, métamorphoses
bienvenues. Pour preuve, la belle
affiche de Jazz à la Villette, qui
démar re cette année avec un
concer t iconoclaste de Sonic
Youth, groupe noisy pop new-yorkais dont le guitariste vedette,
Thurston Moore, partagera ses
impros avec celles de deux saxophonistes parmi les plus « free »
du moment, Michel Doneda et
Mats Gustafsson.
Le saxophone est l’instrument vedette de cette édition
2007. Sous forme de cartes blanches, la programmation a été réalisée par Wayne Shorter, 74 ans
hier, Steve Coleman et Julien
Lourau. Trois solistes majeurs,
trois figures différentes et néanmoins emblématiques d’un jazz
qui dépasse les conventions en
portant des visions à la fois très
singulières et totalement universelles.
Compositeur phare bien que
de tout temps associé à Miles Davis (Bitches Brew), Joni Mitchell,
Ar t Blakey et tant d’autres
(comme son ami Joe Zawinul, déprogrammé in extremis pour raisons de santé), Wayne Shorter
s’est annoncé en compagnie du
Akg-images/Jazz Archiv Hambourg
dent de voiture. Le lendemain, elle se réveille, Jim bien vivant à ses
côtés. Persuadée qu’elle a vu son futur, elle s’emploie à contrecarrer le
destin… Très surestimé, ce thriller surnaturel est gâché par un scénario fumeux où la seule vraie bonne idée (l’héroïne hésite à sauver un
homme avec qui elle allait rompre) n’est pas exploitée.
S.B.
guitariste béninois Lionel
Loueke, de la nouvelle sensation
vocale Gretchen Parlato, ainsi
que de l’impressionnant quintet
à vents Imani Winds, avec lequel
Shorter poursuit une conversation sublime, semée de renvois à
Prokofiev, Mendelssohn ou VillaLobos. Autre grand moment : sa
rencontre prévue avec l’Orchestre national d’Ile-de-France, mais
aussi la projection de films des
années 1940 signés John Huston
ou Michael Powell, spécialement
choisis par le musicien pour illustrer son univers.
Steve Coleman, né à Chicago
en 1958, a décidé de
surprendre avec Val
Jeanty, DJ haïtienne
versée dans l’afro-electronica, Ravi Coltrane
et Ma gic Malik, auprès desquels il ne finit jamais de bousculer les cycles rythmiques. Il n’a pas oublié
non plus les rappeurs
d’Opus Akoben, avec
lesquels il fusionnait
hip-hop et rythmes
emballés dès le début
des années 1990. Dans
le même esprit, Julien
Lourau, né en 1970,
s’entoure des déclamations du poète Anthony Jose ph, vedette anglophone de la mouvance slam, des
envolées klezmer du clarinettiste
David Krakauer, qu’il combine
ici avec le génie funk de Fred
Wesley et de Pee Wee Ellis. Last
but not least, on appréciera aussi
la belle inspiration funk et gospel
du pianiste Eric Legnini, pour le
moins ensorceleuse…
Alexis Campion
Jazz à la Villette. Du 29 août au
9 septembre à la Cité de la
musique (porte de Pantin) et au
Point éphémère (Stalingrad),
Paris 19e, 01 44 84 44 84. Plein
tarif : de 12 à 30 €.
/27
26 août 2007
Elodie Grégoire/Gamma
LIRE
L’aube le soir ou la nuit.
Sarkozy et la tragédie
du pouvoir Page 30
Rentrée. 727 romans, les événements, nos premiers choix, Reza, Claudel, Mendelsohn
Une pluie de livres et quelques ouragans
On a trouvé assez facilement son
chemin, parmi les 727 romans de la
rentrée littéraire (source : Livres Hebdo),
pour établir une liste de 14 titres. On est
tous tombés d’accord sur les événements
(Jean Hatzfeld), les découvertes (Marisha Pessl), les réussites (Philippe Claudel), les confirmations (Olivier Adam).
La tonalité d’ensemble est, comme souvent, sombre et forte. Avec quand même
quelques fous rires en embuscade. Certains partent du réel (François Bégaudeau) ; d’autres jouent avec leur vie (Yannick Haenel). Mais il y a, à chaque fois,
partage d’une expérience. Pierre Michon
parle avec justesse, dans Le roi vient
quand il veut (Albin Michel), des enjeux
de la littérature. « Il y a préciosité dès
que l’art devient miroir de lui-même.
Non, les arts doivent viser à une sorte de
conciliation, de tractation avec le monde
– et avec les autres. »
Beaucoup de romans marquants
tournent autour de la perte. Perte de la
mémoire (Olivia Rosenthal), perte d’une
vie de famille (Eric Neuhoff), perte du
goût de vivre (Ghislaine Dunant), perte
d’un amour (Linda Lê), perte d’un équilibre (Olivier Adam), perte d’une chaussure (Vincent Delecroix). Chacun de ces
auteurs raconte, à sa manière bien particulière, comment on réussit à faire face
au manque. Et à rompre, rapiécer, repartir, reconquérir, apaiser.
On mettra en avant, en attendant
pour octobre les livres de Norman Mailer, Günter Grass, Pascal Quignard, Patrick Modiano, Bernard-Henri Lévy et
Philippe Sollers, nos deux grands coups
de cœur : l’intellectuelle américaine
Joan Didion retrace, dans L’année de la
pensée magique, le bouleversement introduit dans sa vie par la mort subite de
son mari, et la dramaturge Yasmina
Reza saisit, dans L’aube le soir ou la nuit,
un Nicolas Sarkozy en toute liberté.
Marie-Laure Delorme
Sélection
JDD-France
Inter
Livres français
■ A l'abri de rien, d'Olivier Adam,
L'Olivier.
■ Bob Dylan, une biographie, de
François Bon, Albin Michel.
■ Le rapport de Brodeck, de Philippe
Claudel, Stock.
■ La stratégie des antilopes, de Jean
Hatzfeld, Seuil.
■ In memoriam, de Linda Lê, Christian Bourgois.
■ L'aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, Flammarion/Albin Michel.
■ On n’est pas là pour disparaître,
d’Olivia Rosenthal, Verticales/Gallimard.
Livres étrangers
■ Arlington Park, de Rachel Cusk,
L'Olivier.
■ L'année de la pensée magique, de
Joan Didion, Grasset.
■ Le chant de la mission, de John Le
Carré, Seuil.
■ Un château en forêt, de Norman
Mailer, Plon.
■ Les disparus, de Daniel Mendelsohn, Flammarion.
■ La physique des catastrophes, de
Marisha Pessl, Gallimard.
■ Central Europe, de William T. Vollmann, Actes Sud.
Sélection JDD/France Inter établie
par Anne-Julie Bemont, Marie-Laure
Delorme, Nicolas Demorand, Vincent
Josse, Claire Julliard, Hubert
Prolongeau.
Le toutou et le roi du hamburger
■
Oui, patron. Bien, patron.
C’est noté, patron. Je vous
en prie, patron. Merci, patron. Si
le collaborateur du chef
d’entreprise fait de la politesse
une variante de la servilité, tant
pis pour l’un et pour l’autre qui
se complaisent dans cette
humiliante comédie. Mais si le
toutou, le chien de compagnie,
l’animal domestique, est un
écrivain engagé par le toutpuissant président pour écrire
un livre à sa gloire, par sa rareté,
son antinomie, son absurdité, sa
bouffonnerie, le couple devient
un cas d’école. Ou un excellent
sujet de roman.
Lydie Salvayre a organisé la
rencontre et la coopération d’une
femme et d’un homme qui
auraient dû s’insulter au bout de
deux minutes, tant ils sont à
l’opposé l’un de l’autre. Elle,
l’écrivain, disons pour aller vite,
est une femme très à gauche.
Anticapitaliste, antimondialiste.
Horreur des patrons et du
« Libre Marché ». Intellectuelle
tout acquise à la Révolution, y
compris celle de la littérature.
Dans sa jeunesse, elle voulait
même ruiner la syntaxe,
saccager le beau style. Bon, sans
aller jusque-là, elle a quand
même une image d’écrivain
moderne, exigeant, sans
compromis. Et mettre son talent
au service d’une crapule du big
business, c’est plus qu’un
compromis temporaire : une
compromission fatale. Ses amis
le lui ont dit. Elle en est
convaincue. Mais le défi la
stimule, le monstre la fascine.
Bernard Pivot
de l’académie Goncourt
Elle sera royalement rétribuée.
Enfin, le luxe dans lequel
l’amène à vivre sa cohabitation
avec son richissime sujet, ses
fréquentations hollywoodiennes,
ses voyages en jet privé, sont
autant d’irrésistibles douceurs.
Par parenthèse, jeune
journaliste désargenté, j’avais
été tenté un moment d’écrire les
mémoires de Cino del Duca.
Nègre du roi de la presse du
cœur ! Ou son biographe officiel.
Palaces, dîners trois étoiles,
grosses limousines, chauffeurs,
etc. Et une jolie somme pour un
travail pas très compliqué.
L’homme était sympathique,
courageux (il s’était opposé au
fascisme italien), amusant. Mais
je n’avais essuyé aucune de ses
colères légendaires. Ce que
j’écrirais en provoquerait.
Fatalement. Alors que ferait le
scribe moelleusement assis ? Il se
coucherait ou il partirait ?
Pour le roi de la presse du
cœur, la comparaison avec
Tobold le roi du hamburger
serait injurieuse. Car Tobold le
roi du hamburger est une
horrible canaille, un mégalo
brutal et cynique, un
businessman tout-puissant qui
aime humilier, discréditer, virer,
écraser. Ce Français de
calamiteuse famille est devenu,
grâce à son génie des idées et des
affaires, à une énergie hors du
commun, à son avidité de
puissance et d’argent,
l’Américain le plus riche et le
plus craint du monde. Enjôleur
par intérêt, fourbe par nature,
coléreux par hygiène, méprisant
par plaisir, le patron de King Size
est de surcroît d’une effroyable
vulgarité. Accablée comme tant
d’autres de mots orduriers, sa
femme, Cindy, ne peut qu’envier
le sort du chien Dow Jones, le
seul à être traité avec affection et
L’héroïne de Lydie Salvayre
est un écrivain très à
gauche qui met son talent
au service d’une crapule du
big business. Explosif !
complicité. L’horrible
bonhomme se flatte d’avoir des
performances sexuelles à l’égal
de sa puissance de feu financière.
A la fois Lear et Ubu, Tobold le
roi du hamburger se prend aussi
pour Jésus, faiseur de miracles.
D’ailleurs il use souvent de
paraboles bibliques, de
métaphores évangéliques. « Celui
qui aura quitté son père et sa
mère, sa femme et sa marmaille,
ses frères et ses sœurs, et qui
l’aura fait pour moi, celui-là
bénéficiera d’un énorme retour
sur investissement. » C’est noté ?,
demande-t-il sans cesse à la
scribe, engagée pour écrire plus
que sa biographie : son évangile.
On l’a compris, on est dans
l’outrance, dans la caricature,
dans la fable. La charge est
énorme. Les grands patrons
mégalos ne sont pas rares, mais
aucun ne collectionne autant de
raisons d’être haï. C’est
précisément l’excès qui
hypnotise les deux femmes
écrivains, l’escort girl du
monstre coté en Bourse et la
romancière Lydie Salvayre.
Celle-ci fait étalage de toute sa
verve lexicographique, alternant
dans cette épopée du fast-food le
cru et le cuit. La drôlerie
l’emporte sur l’esprit de sérieux,
la farce sur la satire. Le mélange
dans certaines pages des
grossièretés de Tobold le roi du
hamburger et des subjonctifs
imparfaits employés par Lydie
Salvayre avec un soin très
académique est d’un effet
cocasse qui déroutera cependant
plus d’un lecteur.
On observera que, dans le
titre du roman (Portrait de
l’écrivain en animal domestique),
le patron n’apparaît pas. Parce
que Lydie Salvayre considère
avec raison que l’écrivain, s’il
n’est pas le personnage le plus
truculent du livre, en est le plus
fragile, le plus exposé, et somme
toute le plus fou. Manière de
nous rappeler qu’aligner des
mots signifie pour celle ou celui
qui en fait sa profession le refus
de s’aligner sur quiconque.
Sinon, la plume devient serve.
Portrait de l’écrivain en
animal domestique, de Lydie
Salvayre, Seuil, 240 pages, 18 €.
Lire
28/
26 août 2007
Marisha Pessl. Une adolescente grandit en affrontant ses tourments
Naissance
d’une belle Bleue
céens (on pense au Maître des illusions de Donna Tartt), tous fascinés par une enseignante du nom
de Hannah Schneider. Une femme
de 44 ans charismatique. On sait
peu de chose sur elle. Donc forcément médisances, fantasmes, mensonges. Une première catastrophe
ar rive. Un homme se noie dans
une piscine. Chacun questionne,
enquête, intrigue. Sans beaucoup
Sélection
JDD-France
Inter
de succès. La mor t de Hannah
Schneider, retrouvée pendue à un
arbre par un fil électrique dans un
bois, fera basculer les différents
destins.
Marisha Pessl fait preuve d’une
invention langagière revigorante
(on pense à Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer) pour faire le
portrait d’une adolescente américaine dans la tourmente. Surdouée
en tout, sauf en vie. On est embarqué par le style feu et flamme de
l’auteur. Dessins, construction, citations fausses ou vraies, humour,
personnages colorés. Marisha Pessl
trouve un ton bien à elle en réussissant à mixer classicisme et modernité. Son personnage de Bleue Van
Meer, avec sa propension à vomir,
son « air genre melancholica », ses
références au film Grease, se révèle
une réussite.
On ressent, vibre, bouge, combat à travers elle. Il y a sa façon de
réagir aux agressions (« Je savais
qu’il s’agissait de l’un de ces moments décisifs où l’on doit réunir
son Congrès interne et convoquer
son James Stewart. Je devais leur
prouver que je n’avais rien d’une
nation meurtrie et terrorisée, et
tout d’un géant endormi ») ; son utilisation des proverbes russes (« Faites confiance à Dieu, mais verrouillez votre voiture ») ; son peu d’indulgence pour les plaintifs (« Je
n’ai jamais été du genre à acheter
d e s l iv re s d e p s ych o. A p l u s d e
40 ans, vous n’ave z toujours pas
d’amis ni de relations ? Vous êtes le
pauvre papa, et pas le papa riche ?
Eh bien, je suis désolée de vous
l’annoncer, mais ça ne changera jamais »).
La physique des catastrophes est
un roman policier, un roman d’apprentissage, un roman politique, un
roman féministe. Couper les ponts
avec la société de consommation,
avec l’éducation de ses parents, avec
les mensonges réconfortants, avec
les rôles imposés. Refaire le chemin
à l’envers. Bleue Van Meer a appris
à lire, elle va apprendre à vivre.
Comment être libre si ce n’est en
pensant et en a gissant par soimême ? Marisha Pessl brasse une
multitude de thèmes avec optimisme et légèreté. Les plus beaux
passages du livre sont entre la fille
et le père. Il lui a tout enseigné mais
il ne lui a rien donné. Monnaie de
singe. Bleue Van Meer récupère, à la
force du poignet, sa propre histoire.
Jeu cruel et vital. Car l’élève dépasse alors le maître.
Marie-Laure Delorme
La physique des catastrophes, de
Marisha Pessl, trad. Laetita Devaux,
Gallimard, 650 pages, 24,50 €.
Daniel Mendelsohn. A la recherche de ses ancêtres
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant qui ne connaît la Shoah qu’à travers des bribes de phrases et pour qui,
peu à peu, l’univers paraît se composer
de disparus et de survivants ? Il cherche à remonter le temps, à tenter de
comprendre pourquoi, à l’âge de 6 ou
7 ans, lorsqu’il entrait dans une pièce,
certains adultes de sa famille fondaient
en larmes : « Oh, comme il ressemble à
Schmiel ! »
De ce grand-oncle, l’auteur, né en
Ulf Andersen/Gamma
Qu’est-il arrivé à l’oncle Schmiel ?
Ulf Andersen/Gamma
Elle est cultivée, futée, assurée. Des théories en nombre
sur la vie. Des solutions ramassées
au coin de la rue. Des avis sur toute
chose. Bleue Van Meer, fille de son
père comme on peut être fille de sa
mère, sait y aller. Adolescente de
16 ans, drôle, angoissée, solitaire,
courageuse. Elle a tout pour elle.
Sauf une petite chose. Il lui reste à
apprendre à vivre. A faire l’expérience à pleines mains, dents serrées et genoux à terre, des heurts et
des joies de l’existence. Marisha
Pessl, romancière américaine de
29 ans, a écrit un premier roman
créatif, tonique, explosif. On peut
se passer des études, des livres, des
voyages, mais on ne peut pas se
passer de la vie. La physique des catastrophes raconte la nécessité des
catastrophes. Elles déboulent tôt ou
tard. Alors, on respire un g rand
coup, on fait face avec maestria, on
gagne quelques centimètres, on attend la suite de pied fer me. Car
c’est une chose de re g arder des
wester ns au cinéma dans un fauteuil, c’en est une autre de batailler
jour après jour avec les élèves d’un
lycée huppé.
Bleue Van Meer a perdu sa mère
à 5 ans dans un accident de voiture. Elle vit seule avec son père.
Un brillant professeur en sciences
politiques. Ils sillonnent ensemble
les routes américaines (on pense à
Lolita de Nabokov), allant de ville
en ville. Ils font des concours de
culture, discutent à bride abattue,
contestent des idées établies. Le
père décide un jour de poser ses
bagages à Stockton. Nouvelle vie.
Bleue Van Meer tente de trouver
sa place auprès d’une bande de ly-
Marie Darrieussecq.
La mort d’un fils
et ses conséquences
La disparition
Le court premier parag raphe, beau
c o m m e d u D u r a s, d i t t o u t . « To m e s t
mort. J’écris cette phrase. » Suit la longue narration par une mère jamais apaisée des années qui ont suivi la mort de
s o n f i l s, To m , 4 a n s e t d e m i . D i x a n s
après, installée dans les « blue mountains » et à l’aube d’une nouvelle vie, elle
1960 à Long Island, n’a longtemps su
qu’une chose : Schmiel fut tué par les
nazis avec sa femme et ses quatre filles. Puis, en 2001, après la mort de
son g rand-père et la découver te
d’une correspondance cachée, Daniel
Mendelsohn, devenu professeur de
littérature, entreprend des recherches ef frénées. Celles-ci le mènent
durant cinq années dans une douzaine de pays sur quatre continents. Il en tirera un
livre d’une qualité et
d’une intensité exceptionnelles (il a reçu
deux prix prestigieux
aux Etats-Unis).
Comme le note l’éditeur, il ne s’agit pas d’un
énième ouvrage sur la
Shoah. Car l’approche de
Mendelsohn est totalement singulière. Elle mêle
en effet les témoignages
des survivants au récit du
périple de Daniel avec son
frère Matt, dont les photos
soulignent le caractère historique du
texte. A cette trame s’ajoute en arrièreplan l’interprétation de leur destinée
familiale et de celle des Juifs à la lumière de l’exégèse biblique de Rachi,
l’érudit français du XIe siècle.
D’une certaine façon, ce document,
qu’on peut s’étonner de voir figurer au
rayon « romans », remonte aux sources
de l’épopée à la Homère.
Comme Ulysse, le héros fait
un long voyage pour retrouver sa maison. Et Mendelsohn
laisse dans sa narration une
large place à l’épanchement
de ses émotions, celles-là mêmes que sa f amille et son
peuple ont si longtemps
contenues. Il dévoile en effet
ses angoisses, ses découragements, ses accès d’enthousiasme à la découver t e
d’anecdotes minuscules. Ou
son horreur face aux récits des atrocités commises à Bolechow, la petite ville
de Pologne où vivaient les Jäger. Ce
lieu est l’axe autour duquel tour ne
toute sa quête. Schmiel chercha désespérément à le fuir. Après des appels
poignants à sa famille d’Amérique, il y
perdit la vie comme la plupar t des
siens.
Dans ses investigations méticuleu-
ses, obsessionnelles, Mendelsohn emprunte à l’enquête policière ainsi qu’à
la manière dont son grand-père racontait les histoires : un peu comme on
empile les poupées russes, en partant
du plus petit détail pour aller au plus
grand et construire un ensemble cohérent, la réponse à son interrogation
d’enfant : « Qu’est-il arrivé à l’oncle
Schmiel ? »
Au terme de ce pavé de 650 pages,
l’auteur parvient donc à restituer par
le détail le déroulé d’une tragédie. Une
parmi des millions d’autres, mais qui
éclaire l’histoire d’un peuple assassiné
et atteste la destruction d’une culture,
celle des Shtetl d’Europe de l’Est. Il édifie un véritable mémorial que parachève la traduction ma gistrale de
Pierre Guglielmina.
Claire Julliard
Les disparus, de Daniel Mendelsohn,
trad. Pierre Guglielmina, Flammarion,
656 pages, 26 €.
Hélène Bamberger/Opale
Sélection
JDD-France
Inter
se souvient du drame qui advint à Sydney, où elle venait de s’installer avec son
époux. Comment Tom est-il mort ? On ne
l’apprendra qu’à la dernière ligne du livre, et peu importe. Ce qui compte, c’est
cette douleur jamais éteinte, cette présence toujours vivante, cette dérive presque jusqu’à la folie.
Il y a chez Marie Darrieussecq une
inspiration qui, pour n’être pas la plus
spectaculaire, n’en est pas moins achevée : celle qui consiste à investir un personnage et ses douleurs, à tenter de retranscrire, sans les lourdes connotations
qui s’attachent au mot, ses motivations
« psychologiques ». De cette veine était
déjà né le très beau Naissance des fantômes, qui tentait de mettre au jour les sentiments d’une femme dont le mari avait
dispar u. Tom est mort tour ne autour
d’une autre disparition, et le fait avec la
m ê m e f i n e s s e. L a m è re, l e s f r è re s e t
sœurs, l’entourage qui oublie, tout est
passé au crible d’une écriture qui se refuse en per manence à l’apitoiement, à
l’effet de style, à la boursouflure mélodramatique. C’est sec, dégraissé, profondément émouvant, sans que jamais cette
émotion paraisse sollicitée. Tom est mort
sert son sujet sans jamais se servir
de lui.
Une violente polémique est née
entre Marie Dar rieussecq et Camille
Laurens sur le droit d’écrire sur
quelque chose d’aussi tragique sans
l’avoir vécu. Disons-le tout net : elle
e s t ab s u rd e. O n p r é f è re s a l u e r a u
contraire une rare force d’empathie,
d’autant qu’elle est portée par une
vraie écriture.
Hubert Prolongeau
Tom est mort, de Marie Darrieussecq,
P.O.L., 247 pages, 17 € (en librairie
le 30 août).
■ Dans le cadre de son émission Escale estivale consacrée à la sélection JDDFrance Inter, Emmanuel Khérad recevra demain à 18 heures, sur France Inter, la
comédienne Hélène Fillières, les écrivains Jean Hatzfeld, Olivier Adam et François
Bon, Marie-Laure Delorme et Claire Julliard du Journal du Dimanche.
Lire
26 août 2007
/29
Philippe Claudel. Le rapport de Brodeck pour dévier le cours de la haine
La guerre, la paix et la mémoire
On possède peu d’éléments
concrets. Un homme sans nom,
sur nommé l’« Anderer », c’est-à-dire
l’Autre, arrive dans un village de 400 habitants. On est sans doute en Alsace ; on
est sans doute en 1947. Mais il n’y a en
fait ni lieu ni date exacts. Parce que ce
qui s’est déroulé là peut se dérouler ailleurs ; parce que ce qui s’est déroulé hier
peut se dérouler demain. Tout a ici valeur de fable, de parabole, de mythe. Explosion de la réalité. Un drame vient rapidement bousculer le cours des choses
au village. L’Anderer est retrouvé mort.
Un dénommé Brodeck est chargé, par les
autorités locales, de rédiger un rapport.
On enverra son document à la capitale et
on passera à autre chose. Mais Brodeck
ne sait pas et ne veut pas passer à autre
chose. Il est un survivant des camps de
concentration. Ça change tout : la relation au passé, au devoir, au bonheur.
Philippe Claudel, écrivain, ensei-
Philippe Claudel,
cet été à Paris.
mémoire (la culpabilité) et il y a ceux
qui n’ont pas assez de mémoire (la lâcheté). L’Anderer tend aux habitants un
miroir dans lequel aucun d’entre eux ne
veut se reconnaître. Il va être tué pour
être tu.
On suit Brodeck en train de rédiger
son rapport sur la mort de l’Anderer.
L’histoire nous parvient à travers sa
voix. Il part en arrière puis en avant. On
est dans le désordre organisé des sentiments. Il tourne autour du drame. On lui
a demandé que ce soit sec et net, sans histoires, mais ça va être bourré d’émotions
et de questions, toute une histoire. Brodeck se confronte, au fur et à mesure de
la rédaction du rapport, à sa propre existence. La femme aimée, les trahisons, le
camp de concentration, les rencontres, le
retour au village, les violences, l’arrivée
de l’Anderer, la bestialité. Pourquoi lui,
si insignifiant, a-t-il dû faire face à des
événements si monstrueux ?
Brodeck est un homme simple. Il
Philippe Matsas/Opale
gnant et scénariste né en 1962, a écrit un
roman sur la culpabilité. On retrouve,
dans Le rapport de Brodeck, tout son univers. La guerre, l’amitié, la mémoire, la
honte. Ecriture limpide, personnages déchirés en mille morceaux contradictoires, construction complexe. On a ici autant de raisons de croire que de ne pas
croire en l’homme. C’est ce que Philippe
Claudel raconte dans toute son œuvre :
la barbarie et l’humanité au coude-àcoude. Le personnage de l’Anderer sert
de catalyseur. Il arrive chez des hommes
et parmi des hommes sans aucune intention affichée. Mais on veut lui faire rendre gorge. Qu’il s’assimile. Qu’il s’amenuise. L’Anderer va révéler à chacun des
habitants sa part enfouie. Sa haine de
l’étranger, ses bouts de passé honteux, sa
peur des différences, sa violence face
aux autres. Il y a ceux qui ont trop de
Hélène Bamberger pour le JDD
Sélection
JDD-France
Inter
Colum McCann. L’écrivain irlandais raconte
une poétesse tzigane
La ballade de Zoli
C’est le privilège du romancier
de « faire l’idiot », de s’aventurer
là où les autres n’oseraient pas,
assure Colum McCann. Comme
souvent, l’écrivain irlandais se
lance dans un nouveau roman
comme à la découverte d’un nouveau monde. A partir d’une enquête dans un village rom d’Europe de l’Est, il se risque ici à dépeindre la vie d’une poétesse tzigane, et à travers elle l’épopée
tourmentée des Roms.
L’histoire de Zoli Novotna
commence à l’arrière d’une roulotte, dans la Tchécoslovaquie
des années 1930. Les siens tentent
alors d’échapper aux pogroms
des fascistes. Dans sa famille, elle
est la seule avec son grand-père à
y avoir survécu. Cet aïeul lui apprend à lire, mais en cachette car,
dans la tradition d’alors, seuls les
anciens en ont le droit. Zoli, de
son vrai nom Marienka, devient
curieuse d’une vie plus vaste.
Même si on la marie à l’âge de
14 ans à un vieux violoniste,
même si les Tziganes continuent
d’être persécutés, la jeune fille ne
baisse pas les bras. Ne dit-elle pas
que « l’espérance est une vieille
habitude des Roms » ?
Zoli fait un jour la rencontre
décisive de Stransky, le directeur
d’une revue. Ce poète communiste qui veut promouvoir les
« prolétaires des lettres » note les
mots qu’elle improvise. La chanteuse, déjà célèbre chez les nomades, fascine à présent les sédentaires. On fait des kilomètres
pour l’écouter. Les mots galopent
en elle comme des chevaux fous.
Elle devra pourtant payer sa liber té au prix for t. Ste phen
Swann, le traducteur anglais qui
la suit comme une ombre,
puisqu’il ne peut l’avoir toute à
lui, finit par la trahir en imprimant ses histoires dans un livre.
Et Zoli se voit bannie par les
Roms pour avoir capturé leurs
paroles.
L’histoire de cette femme
d’exception s’inspire de celle de
Papusza, poétesse tzigane polonaise née en 1910 et mor te en
1987. Ce modèle ainsi que l’ampleur du contexte historique et
social du livre ont sans doute
quelque peu rogné les ailes de
l’auteur. En effet, il ne parvient
pas à nous attacher totalement à
Zoli, laquelle reste une figure de
proue, un symbole plus qu’une
héroïne incar née. Toutefois,
grâce à une peinture émouvante
et sans fioritures de l’univers tzig ane, McCann nous tient
jusqu’au bout de cette fresque
mouvementée.
Claire Julliard
Zoli, de Colum McCann,
trad. Jean-Luc Pinigre, Belfond,
330 pages, 21 €.
aime sa famille, les montagnes et les bois
et les rivières, la paix. Il va pourtant se
retrouver emporté par le vortex de la Seconde Guerre mondiale. « Je suis encore
un homme jeune, et pourtant, quand je
songe à ma vie, c’est comme une bouteille dans laquelle on aurait voulu faire
entrer plus qu’elle ne peut contenir. Estce le cas pour toute vie humaine, ou suisje né dans une époque qui repousse toute
limite et qui bat les existences comme
les cartes d’un grand jeu de hasard ? »
L’auteur
des Ames grises (Stock,
p r i x Re n a u dot 2003) fait
le portrait
d’un homme
ordinaire
confronté à
l’extraordinaire. Qu’estce que nous devo n s à n o u s mêmes et qu’est-ce que
nous devons aux autres ?
Qu’est-ce que nous devons
aux circonstances et
qu’est-ce que nous devons
au caractère ? Brodeck ne
sera pas à la hauteur de
l’Histoire mais il sera à la
hauteur de son histoire. Le
romancier montre comment le temps modifie, enrichit, approfondit les êtres
de mémoire. Brodeck a le
coura g e de re g arder son
passé en face. Il se met à
l’abri de la répétition. Il a
toujours suivi le cours des
choses. Il va, dans un village soudé par la haine, dévier le cours des choses. Il
v a s o n g e r à v iv r e m a i s
aussi à remplir sa vie. Le
rapport de Brodeck est une
réflexion sur le poids du
choix. Avoir conscience de.
Sans aucune conscience
de. Prendre conscience de. La culpabilité, même quand elle ne dit pas son
n o m , o p è re e n s o u s - m a i n . P h i l i p p e
Claudel s’attache, dans une écriture de
traité de paix, aux consciences en
guerre et aux mémoires en crue. C’est
l’histoire du Rapport de Brodeck. Il
faut re garder en arrière puis, seulement après, en avant.
Marie-Laure Delorme
Le rapport de Brodeck, de Philippe
Claudel, Stock, 410 pages, 21, 50 €.
Lire
30/
26 août 2007
Yasmina Reza. En racontant Nicolas Sarkozy, elle questionne le rapport au temps
On peut les regarder autant
qu’on veut, ça n’a strictement aucun intérêt. Ils serrent
des mains avec chaleur, mais ne
voient pas les visages. Ils affichent des sourires de publicitaires, mais ne ressentent aucun
sentiment. Ils proclament des discours vibrants d’émotion, mais
ne connaissent pas le poids des
mots. Ils traversent des villages
superbes, mais n’ont aucun rapport à la beauté. Le pouvoir, la volonté de pouvoir, a œuvré. Ils
sont devenus fonctions, mécaniques, affichages, représentations,
robots. Ils étaient complexes ; ils
se sont rendus simples. « Ils », ce
sont les hommes politiques ou
même les hommes de pouvoir ou
même les hommes d’action. Certains d’entre eux. Beaucoup d’entre eux. La majorité d’entre eux.
Alors, les questions. Mais comment étaient-ils avant d’être momifiés par la réussite ? Mais comment sont-ils en dehors de leur
agitation frénétique ? Mais qu’estce qui se passe quand il y a relâche obligatoire ?
Yasmina Reza a suivi, durant
les mois de la campagne présidentielle 2007, le candidat Nicolas
Sarkozy. Elle a été entièrement libre de ses faits et gestes. Elle le
restitue dans des scènes à la fois
désopilantes et émouvantes. Brillance d’un fragment de vérité et
vision acérée d’un écrivain.
Alors, ça donne quoi ? Nicolas
Sarkozy est humainement intéressant quand il s’échappe en solitaire. Il est lui-même quand il
est malgré lui. Il fait parfois la
gueule ou le clown et il y a alors
dégivrage automatique de la panoplie costard-cravate. Nicolas
Sarkozy représente, dans L’aube
le soir ou la nuit, le point central
d’une constellation de figures
masculines. Il est fascinant parce
qu’il est l’homme exacerbé et excessif. Et le récit de Yasmina
Reza, bien au-delà du portrait du
futur président de la République,
empoigne par sa dimension humaine. L’aube le soir ou la nuit
est une réflexion sur les hommes
et le temps.
Alain Minc met en garde Yasmina Re za contre son projet :
« Vous avez le choix entre être
amoureuse ou être ambitieuse. »
Mais oui, mais oui. L’auteur
d’ Art suit Nicolas Sarkozy en
écrivain. Tout simplement.
L’aube le soir ou la nuit est son livre le plus personnel. On y retrouve ses thèmes (le temps, les
clichés, la solitude, les apparences), son style (une distance sans
sécheresse, une ironie sans méchanceté), ses proches (amours,
famille, amis). Yasmina Reza ne
se montre ni « pour » ni « contre »
Nicolas Sarkozy. Elle se situe ail-
Le 6 mai dernier, siège de campagne rue d’Enghien. Elu Président, Nicolas Sarkozy s’entretient avec Ségolène Royal. Derrière le paravent, Yasmina Reza remplit l’un de
ses carnets de notes.
leurs. Dans le mouvement, la rapidité, l’humour, la fulgurance de
l’incontrôlé. Elle fait le portrait
d’un homme autoritaire, horripilant, drôle, attachant, narcissique. Elle croque des gestes, des
phrases, des tics. Elle le fait vivre
comme on ne le verra jamais vivre. Il y a mille scènes et anecdotes à raconter. Nicolas Sarkozy
comme un extraordinaire personnage de roman ultramoderne. On
adore l’entendre dire « J’aime
Chimène Badi, A LA FOLIE » ; le
voir s’extasier sur une publicité
pour montre Rolex ; le regarder
attendre le romancier Marc Levy ;
l’écouter s’inquiéter de ses chances de gagner car « Mme Royal,
est-ce qu’elle m’aide ? Ce n’est pas
sûr. Ce n’est pas sûr que le fait
d’être nulle soit forcément un
handicap en France » ; le surprendre en train d’évoquer avec
tendresse Henri Guaino ; l’entendre proclamer que, coincé à Maubeuge, il en deviendrait roi en
deux ans ; l’observer avouer :
« J’aime les fêlés, ils me rassurent. » Tout ce qui ne se dit pas et
tout ce qui ne se fait pas : tout ce
qui fait qu’on dit et qu’on est.
Qu’est-ce que va penser Nicolas Sarkozy de L’aube le soir ou la
nuit ? L’homme va (sans doute)
aimer ; le Président va (sûrement) détester. Mais le récit ne se
Sélection
JDD-France
Inter
réduit pas à Nicolas Sarkozy. On
y croise Henri Guaino, Alain
Juppé, Jacques Attali, Valéry
Giscard d’Estaing et bien d’autres. On y croise une traductrice
et une photographe. Elles apportent un courant d’air de liberté
parce qu’elles se contentent d’être
elles-mêmes. Cécilia Sarkozy apparaît essentiellement à travers
les propos de Nicolas Sarkozy.
Peut-être parce qu’elle n’appartient pas au monde des ambitions
démesurées et des paroles oubliées.
Yasmina Re za inter roge, à
travers le futur président de la
République, le sens des choses.
Car où passent les lar mes que
l’on ne verse pas et les minutes
que l’on ne vit pas à être toujours
dans l’urgence de l’action ? Ça ne
se rattrape pas. On pense alors
aux propos de Patrick Devedjian :
« Regarde, la maladie ne s’approche pas de nous. On ne la laisse
pas s’approcher. On pense qu’on
peut aller plus vite que la maladie. » On peut, aussi et surtout,
aller plus vite que sa vie. La fracture du livre se situe avec la mort,
à 35 ans, de la femme de Laurent
Solly (alors chef de cabinet de Nicolas Sarkozy). Yasmina Reza raconte l’ir ruption du tragique
dans une pièce de Labiche. Il y a
trois coups d’arrêt dans la course
contre la montre. Les uns et les
autres se retrouvent obligés de
voir ce qui les freine et les gêne
dans leur ascension vers le pouvoir. Et c’est quoi ? Les autres et
la mort.
L’aube le soir ou la nuit est un
récit magnifique sur ce qu’on
croit vivre et sur ce qu’on oublie
de vivre. C’est éclairant et éclatant. Por trait d’hommes, réflexions mélancoliques, écrivain
au travail. Et puis tous ces instants suspendus. Une visite au
centre pénitencier de Rennes,
une mère peu impressionnée par
l’accession de son fils à la présidence de la République, une
femme lançant des insultes du
haut d’un feu rouge, une conversation téléphonique avec Laurent
Solly où le mot « bonheur » est
prononcé. On avait oublié, en
cours de route, ce mot-là.
Nicolas Sarkozy a un rapport
complexe au temps. Il semble fuir
la mort avec plus d’inconscience
EXTRAITS
Dans le bureau de la
Place Beauvau où nous
nous voyons pour la première fois, il
écoute gentiment puis, très vite, je perçois, de façon infime, mais c’est une
chose qui m’est familière, l’impatience.
A la fin de la g arden-par ty du
14-Juillet, il étreint Christian Clavier.
Ils s’étreignent à la manière des acteurs.
Fous de joie de s’aimer, de se désigner
toi mon copain à la face du monde.
« Je cherche le silence et la nuit
pour pleurer », les mots de Chimène
dans Le Cid. Les hommes que je contemple veulent le contraire. Surtout pas la
nuit, sur tout pas le silence. Encore
moins de pleurs. Rien qui puisse ressembler au temps.
Dans l’avion qui nous emmène en
Lozère, il nous donne les chiffres de
vente de son livre. Un chif fre minutieux, presque inquiétant dans son détail. Je le lui f ais remarquer, il en
convient en riant.
Il dit, un jour j’écrirai un livre où je
parlerai comme jamais je n’aurais pu le
faire quand j’avais de l’ambition. Plusieurs fois je l’ai entendu dire quand
j’en aurai fini avec l’ambition.
rifiant de mauvaise foi, mais enfin, il
faut y aller !
Il feuillette les journaux qui traînent : tous le prédisent victorieux. « Je
vais me retrouver avec un palais à Paris, un château à Rambouillet, un fort à
Brégançon. C’est la vie. »
« Quand j’étais jeune, je pensais tout
est possible. Tout m’était contraire mais
je pensais tout est possible. » Au mot
près ce que je pourrais dire.
Je note la prudence avec laquelle ses
collaborateurs répondent et le traitent.
Prudence, crainte. Mais surtout, quelque chose de dangereux pour lui, l’absence de résistance.
« Je ne peux aimer un paysage que
si j’y suis avec quelqu’un que j’aime. »
Formule vaine. Comme toutes celles où
il brandit l’étendard de l’amour. Il a
ainsi, à sa disposition, une série de professions de foi bien calées, imitations de
la pensée, auxquelles il finit peut-être
par croire.
[…] il a le droit d’exposer sa vie ordinaire sans être interrompu, sans que
personne ne manifeste d’ennui, ça ne
lui vient plus à l’idée que son ordinaire
est aussi ordinaire que celui d’un
homme courant.
et plus de clairvoyance que beaucoup d’autres. Faire ou être. Nicolas Sarkozy aime faire. Il dit :
« J’adore faire quelque chose. » Le
travail comme une drogue. Il fait
donc un peu, beaucoup, énormément. Ils font d’ailleurs tous
énormément avec plus ou moins
de succès. C’est une certitude : ils
choisissent le mémorable et non
la mémoire. « D’où vient cette déchirante propension à se sentir,
au moindre ralentissement,
écarté de la vie ? » Yasmina Reza
ne porte aucun jugement sur le
mode de fonctionnement des
hommes politiques. Elle introduit juste, sous leurs pas pressés,
le tapis d’un temps différent. Ne
plus faire des choses et des choses mais être à soi et aux autres.
C’est bien, aussi.
Marie-Laure Delorme.
L’aube le soir ou la nuit,
de Yasmina Reza,
Flammarion/Albin Michel,
200 pages, 18 €.
Nicolas Sarkozy et Yasmina Reza,
le 12 février dernier à Berlin.
Elodie Grégoire/Gamma
‘
Elodie Grégoire/Gamma
L’homme pressé
Dimanche 6 mai. Je dis à sa mère,
Andrée, […] votre fils vient d’être élu
président de la République, […] vous
êtes calme, peu bavarde. Oh, vous savez,
dit-elle, le jour le plus émouvant est le
jour où il a été élu à Neuilly, car il avait
27 ans.
« Moi, je regrette, un type qui vend à
des millions d’exemplaires ça m’intéresse. Si je lis pas Marc Levy, si je regarde pas le Tour de France, je fais un
autre métier. […] »
Il f ait la course en tête. […] Lui
continue à dire, je me considère comme
un challenger. […] Il le dit sincèrement.
Etre le favori, quel désenchantement
pour un amoureux de l’adversité.
Sarkozy : Je connais Juppé depuis
trente-deux ans…
Juppé : Trente et un.
Sarkozy : Il veut toujours avoir raison. Ça m’est égal.
Juppé : C’est moi qui ai raison.
Sarkozy : Tu vois.
Nicolas (répétant une phrase de son
discours de Bercy) : « Entre Jules Ferry
et 68, ils ont choisi 68… » Bon, c’est limite mauvaise foi…
Y. : Je suis contente de te l’entendre
dire…
Nicolas : [Il rit.] Oui, c’est même ter-
Une autre vie commence, écrit dans
Le Monde Philippe Ridet. Une vie qui se
déroule désormais sans Laurent, sans
Jean-Michel, sans Frédéric. Et sans
Elodie.
Quand le prince devient roi, me dit
José Frèches, ceux qui
ont vu le prince pleurer
sont envoyés dans les
mines de sel. Depuis la
nuit des temps.
Ai-je vu le prince
pleurer ?
Météo/Jeux
26 août 2007
Enfin l’été
Ce n’est pas de la science-fiction : toute la France
peut enfin bénéficier du soleil et de températures estivales. Nuages sur les Pyrénées avec quelques gouttes possibles. Très belle journée sur toutes les plages.
Nuages ce soir sur la mer du Nord. Chaleur pour
tous : 28° à Nantes, 31° à Grenoble et 33° à Biarritz.
Demain : la semaine commence sous le soleil. Nuages l’après-midi sur le Nord-Est et les Alpes. Soleil
voilé en Aquitaine. Forte chaleur à Montpellier,
Toulouse, Marseille et Nîmes : entre 33 et 35°.
Mardi : matinée grise, mais après-midi bien ensoleillé. Temps lourd et orageux dans le Sud. Températures de 20 à 36°. Mercredi et jeudi : lourd et orageux sur la moitié sud, sauf dans le Midi. Ensoleillé
au nord. Températures de 18 à 30°. Vendredi et samedi : moins d’orages au sud. Souvent ensoleillé
sur l’ensemble des régions.
Thierry Fréret
L’HOMMAGE À MAX
1
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
18
43. On la perd en sautant à moins qu’elle
ne vous perde en sautant. – 45. Décor
pour une séquence fameuse de La Règle
du jeu. – 47. Moins ensoleillée qu’une
précédente dans une prestigieuse série.
– 49. Le gendarme du poète. – 50. Obéit
aux ordres qui viennent d’en haut. – 51.
Mise en pièces. – 54. Préposition. – 56.
Encore faut-il qu’elle n’excède pas les limites permises. – 57. Mise au bloc. – 58.
Pronom. – 59. Si on lui accorde un entretien, il ne crie pas. – 61. On le mit au
courant. – 62. Brandis dans des tableaux
de Roybet. – 64. Sujet d’interrogation. –
66. Fleuve. – 68. Un héros chez Feydeau.
– 69. Vous le connaissez sur le bout du
doigt. – 70. S’enflamme facilement. – 71.
Exploité par certain Breton.
VERTICALEMENT. – 1. S’abonnerait
plus volontiers à l’Almanach Vermot
qu’à la Revue des deux Mondes. – 2. Peut
comporter quelques obligations. – 3.
Dans un forfait pour un voyage de noces. – 4. Garnit la fourche. – 5. Pronom.
– 6. A tendance à fuir. – 7. Pour un potache, il est en poche. – 8. Ne risque pas
23
Grille n° 920 (août 1979)
HORIZONTALEMENT. – 1. Il n’ya pas
grand-chose à trouver dans ses fouilles.
– 10. Ce n’est pas le petit Jésus en culotte de velours reprisée par la Sainte
Vierge. – 14. Elevée pour l’élevage. – 15.
Pour lui, quelque chose de sombre flotte
sur la marmite. – 17. Ne cesse de tomber
dans le lac. – 18. Si vous ne l’avez pas,
vous aurez des difficultés – 19. Mis en
garde pour obtenir un garage. – 21.
Reste rarement sans réponse. – 23.
Quand on le joue, il y a toujours la claque. – 24. Bien souvent règle tout sans
rien voir. – 26. Il vaut mieux remarquer
comment elle est chapeautée. – 28. Ses
messages étaient plutôt fumeux. – 29.
Perdit Cromwell. – 31. Domptait les
lions. – 33. Note. – 34. Compris dans le
Piémont – 35. Engendre une réduction
des recettes. – 37. Conjonction. – 38. Une
livrée pour le garde-chasse. – 39. Extrait
de presse. – 40. Permet de faire face à un
éventuel développement. – 42. Sa compétence ne devrait pas être contestée. –
S
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LES GAGNANTS
DE LA GRILLE N° 919
■
/31
Recevront un exemplaire
du Petit Larousse 2007 :
Gérard Conac (Paris), Marie
Gandois (Paris), Pierre Reinhardt (Paris), Annie Berdah
(Sucy-en-Brie), Valentin de
Macedo (Survilliers), Agnès
Sciberas (Le-Kremlin-Bicêtre),
Jacqueline Bouchu (Damgan),
oris Jullien (Lille), Gilles Sevat (Miélan), Jacques Tanghe
(Neuvy-Sautour).
d’être dans le mouvement. – 9. Pourvu
qu’il ne soit rien arrivé ? – 11. Fréquente chez les comiques. – 12. Pèlerait
un œuf. – 13. Réservé à Georges Ohnet
de la part d’un Jules. – 16. Théâtre populaire. – 20. Une part d’action pour l’acheteur. – 22. C’est pas facile pour Julot. –
24. Se raréfie pour les parents. – 25. Etalon pour obèse. – 27. A parfois une situation marginale. – 30. Recherché pour la
recherche. – 32. Carrée. – 33. Direction.
– 36. Chacune pour soi. – 38. Une fois
engagé, il ne peut plus faire marche arrière. – 41. Ne peut plus être retapé. –
44. Ne peut satisfaire que celui que se
contente de peu. – 46. A quel moment
devient-elle grosse ? – 48. On le trouve
au milieu de son champ. – 49. Points. –
52. Une sorte de planeur. – 53. Echoue
s’il ne sait pas se faire écouter. – 55. Axe.
– 59. Ce n’est justement pas à son propos
qu’on peut s’inquiéter en demandant à
son adversaire : Quelle mouche vous pique ? » – 60. Vient de Russie. – 63. Un aller sans retour. – 65. Sa fin est prochaine. – 67. N’est laid qu’à moitié.
BRIDGE
Jean-Paul Meyer
[email protected]
Les bonnes enchères
font les bons contrats
♠ R1053
♥ 98
♦ V1052
♣ AD4
N
O
E
S
♠ ADV4
♥ D3
♦ A63
♣ RV53
Vous remarquerez que de
bonnes enchères aboutissent le
plus souvent à un contrat satisfaisant dont les chances de réussite
sont très convenables, preuve de
la cohérence des systèmes les
plus classiques.
Ici, Sud jouera à toutes les tables quatre piques après des annonces d'une grande uniformité.
En fait, le contrat est très hasardeux, parce qu'il manque le
neuf de carreau dans la ligne,
cette carte d'apparence secondaire améliorerait sensiblement
les espoirs de réussite.
Une première question vous
est soumise : comment jouez-vous
sur entame à cœur ? L'adversaire
prend les deux premières levées
et rejoue atout – ceux-ci se révéleront partagés 3-2- ?
Puis, nous vous proposons un
second test : les mêmes cartes en
Nord – Sud mais, bonne nouvelle,
Ouest entame du roi de carreau,
Est four nit le huit, avant que
n'apparaisse un sérieux ennui:
les atouts sont, cette fois, partagés 4-1 avec la longueur en Est.
Solutions en page 14
2
3
4
5
6
7
19
20
16
27
29
32
41
48
T
49
50
54
58
61
NOM PROPRE
QU’ON
ASSOCIE
À ARIANE
BEAU
COMME UN
CAMION DE
POMPIERS
FORME
D’AUXILIAIRE
E
67
60
64
71
U
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PRIS À
L’ESSAI
MAIN AUX
FESSES
U
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E
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SEMENCE
SANS
SON SON
ALEXANDRIN
DE DEUX
SYLLABES
SODIUM
QU’ON FAIT
EN VOITURE
EN MARCHE
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ZONE DE
CONFLITS
CANTON
DE ZURICH ON Y AMÈNE
DE L’EAU
E
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FIT DANS
CAS
L’ALPHONSE D’ÉCOLE
PLUS FORTE
AUTEUR
QUE LA
D’ANNALES
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GUIDE DE
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EN ITALIEN
FONCENT
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BAISSÉE
CHEF EN
ITALIE
R
FAIT PARTIE
DES LIGNES
ENCERCLÉES
DOUBLE
ROUE
DEMIROUE
AVANCENT
TOUR À
TOUR
MÊME DANS
LE LAROUSSE
EST VICTIME
DE
L’EXCLUSION
T
MENTION
D’ACTE
A
C’EST D’LA
BALLE
AE
A
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RÉPUTÉ
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CERVELLE
ONZE
A
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A
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UNE BRUNE
SOULANTE
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A
QUE MÊME
UN DÉGONFLÉ A
POURTANT
EN LUI
ALÉMANIQUE CONTRACN’ARROSANT
TION
PAS LA
EN TOUTE
ZONE
LIBERTÉ
LÉMANIQUE
E
A
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SE PREND
PARFOIS
UNE BONNE
BAFFE
SIGLE DE
FRANCE
OU TITRE
D’ESPAGNE
A
NOTE
SULFATEUSE
E
D’UNE
COURTE
LONGUEUR
E
E
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SE CHANGE
TOUS
LES JOURS
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A
E
E
DIRECTION
A
E
DANS
L’OMBRE
SOUS
PEINE D’Y
ÊTRE MIS
EN CARGO
EN LIVRE OU
EN AUTRE
MONNAIE
COURS
EN MASSIF
SAINTE DE
LA FIN
DU MOIS
PART EN
PART
A
UN PEU
D’AFFOLEMENT
A
E
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ÉGYPTE
ANCIENNE
JOUA SUR
LA GAMME
E
E
A
E
AE
VERBE
À LA 2e
PERSONNE
PÂLE ET
FAIBLE
PROSE DE
M. JOURDAIN
U
POUR LE
BAVAROIS,
Y ALLER,
C’EST DU
GÂTEAU
E
E
A
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Y
A
E
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SAILLIE
GUÈRE DE
QUATORZE
VICTIME DE
QUATORZE
QUELLE
ET QUELQUES
AUTRES
N’EST QUE
MÉPRIS
BIEN
MOUCHÉ
E
ESTIME
SANS
ÊTRE DANS
SON DROIT LA MOINDRE
Les mots
croisés
de Max
Favalelli
font l’objet
d’un concours
permanent
entre tous
nos lecteurs.
Parmi les
auteurs de
solutions
exactes,
dix tirés au
sort le jeudi
recevront un
exemplaire du
Petit Larousse
2007.
Les solutions
doivent
parvenir par
la poste
avant jeudi
prochain
au JDD
(mots croisés),
151, rue
AnatoleFrance, 92534
LevalloisPerret Cedex.
Albert Varennes [email protected]
GRANDISSIMES
FAVORIS
A
65
68
70
FOOTEUX
A VRAIMENT
PEUR POUR
SE RETOURNER
COMME ÇA
56
63
A
A
A
R
55
59
62
R
QUARTIER
DE PANAME
46
53
57
MEIR
PATRIE
42
45
52
69
34
38
44
66
30
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39
11
25
MOTS FLÉCHÉS
ENCHÈRE
ET EN
HAUSSE
10
21
24
31
51
9
15
26
35
8
TERRE DE
SANTERRE
A
EST EN TÊTE...
SAUF S’IL
SE FAIT
DOUBLER
AE
AE
E
Médias
32/
26 août 2007
Jean-Marc Morandini. Le M. Télé d’Europe 1
s’attaque à « l’info pure et dure »
Keira Knightley,
le nouveau trésor de Chanel
L’héroïne de Pirates des
Caraïbes est la nouvelle icône
de Coco Mademoiselle, l’un
des dix parfums les plus
vendus au monde. Six ans
après la séduisante Kate Moss,
Jacques Helleu, le directeur
artistique de la marque, a
décidé de se tourner vers un
duo de cinéma. Pour Chanel
N° 5, il s’était offert Nicole
Kidman et Baz Luhrmann
(actrice et réalisateur de
Moulin Rouge). C’est cette fois
celui d’Orgueil et préjugés qui
est à l’honneur : la comédienne
Keira Knightley et le metteur
en scène Joe Wright. « Dans ce
film, Keira avait zéro
maquillage et un simple petit
chignon. C’était une
Cendrillon en devenir », se
souvient Jacques Helleu. Le
profil idéal pour incarner
Coco Mademoiselle, « une
femme indépendante, sexy,
affranchie, moderne et jeune à
la fois ». Etait-il dès lors
nécessaire de « renforcer » la
poitrine de la belle pour le
spot, comme celle-ci l’a
reconnu récemment ?
Dix jours de tournage en
novembre dernier, entre le
studio de Bry-sur-Marne, le
Palais de Tokyo
(250 figurants) et la Rue de
Castiglione, ont été
nécessaires à la réalisation du
film, un petit bijou diffusé à
partir du 16 septembre.
Chanel reste très discret sur le
coût de cette campagne (entre
7 et 11 millions d’euros).
Auquel il faudra d’ailleurs
ajouter entre 99.000 et 78.000 €
brut pour une diffusion entre
20 h 30 et 20 h 50 ce soir-là sur
TF1, contre 38.400 € sur
France 2 et 30.000 € sur M6.
Et comme il n’est pas question
de choquer les clients du
Proche- et du Moyen-Orient,
Chanel a demandé à la
photographe Dominique
Issermann d’imaginer des
photos moins dénudées de la
belle pirate pour la campagne
presse et affichage.
Alexandre Dinin
Canal +. Nouveau concept pour le rendez-vous
hebdomadaire consacré au 7e art
Elle revendique la pertinence de
ses questions plus que leur impertinence : « J’aime être incisive,
mais je ne supporte pas les journalistes qui cherchent à se faire un
nom sur le dos des films. » Daphné
Roulier, Mme Cinéma de
Canal + depuis deux ans, après
avoir occupé pendant quatre années le fauteuil de + Clair, prend, à
partir du 8 septembre, les commandes d’Extérieur jour*, le nouveau rendez-vous cinéma de la
chaîne cryptée. Exit le studio de
L’hebdo cinéma, c’est désormais en
plein air que la journaliste officiera chaque samedi. A sa grande
satisfaction: « Il était temps que je
me dégourdisse les jambes, ça fait
douze ans que je ne suis pas retournée sur le terrain. » Ce nouveau format « en situation » lui
permettra surtout « d’aller à la
rencontre du monde du cinéma et
non plus de le convoquer en plateau ». Itinérante par nature,
l’émission sera présente dans les
festivals ou sur les tournages, assistera aux séances de doublages
ou aux « shootings », de manière à
« montrer toutes les étapes de fabrication d’un film ».
Côté coulisses, Extérieur jour
sera totalement produite par Capa,
Daphné Roulier.
qui se partageait jusque-là avec
PAF (la société de Marc-Olivier Fogiel) le gâteau de l’émission cinéma de Canal +. « Ce n’est pas
ma décision, mais ça simplifie les
choses, et Capa a un savoir-faire
incontestable pour les tournages
en extérieurs », souligne Daphné
Roulier. Diffusée en lieu et place
de Tentations.07, l’émission
« fashion » d’Ariel Wizman, Extérieur jour reprend la majorité des
rubriques de L’hebdo (le journal
du cinéma, le journal de Hollywood, la météo des films, la pire
promo, le box-office…) et les emmène prendre l’air.
Ce rendez-vous sera l’un des
DR
Le cinéma en plein air
de Daphné Roulier
rares du PAF consacré à 100 % au
cinéma. Une spécificité que sa présentatrice est la première à déplorer : « De plus en plus, le traitement des films est dilué dans des
programmes qui n’ont rien à voir
avec le cinéma. Du coup, on sort
peu du discours promotionnel. »
Pour son premier clap, Extérieur
jour sera au Festival de Deauville.
Au menu : Jean Dujardin, Michael
Douglas, Brad Pitt et peut-être Ben
Af fleck. Pas de quoi af foler
Daphné Roulier, qui regrette surtout de ne pas pouvoir interviewer
George Clooney!
J. B.-P.
* Extérieur jour, tous les samedis
à 11 h 55, Canal +.
Vous prenez demain les commandes du Grand direct d’Europe 1 (11-14 h). A quoi cette
tranche va-t-elle ressembler ?
De 11 h à midi, j’animerai Le
grand direct de la télévision, une
heure proche de ce que je faisais
dans Le journal de la télévision.
Nous enchaînerons ensuite avec
Le grand direct de l’actu jusqu’à
14 h. Il y aura un journal de vingt
minutes à midi, un autre à 12 h 30
et un dernier à 13 h, durant lesquels j’interviendrai simplement
en tant que relanceur. Après chaque journal, pendant une dizaine
de minutes je discuterai avec les
auditeurs de l’actualité, développée par Luc Evrard. Dans Les indiscrétions de la rédaction, les journalistes d’Europe 1 viendront ensuite partager à l’antenne les petites infos indiscrètes qu’ils ont glanées à droite ou à gauche, avant
qu’un invité dans l’actualité du
jour réponde à nos questions et à
celles des auditeurs. Nous serons
dans l’interactivité totale, ce qui
constitue un vrai changement par
rapport à la grille de l’an passé.
En gros, vous élargissez
la formule qui a fait le succès
de votre Journal de la télé…
Exactement. L’objectif est d’offrir une tranche rythmée, pleine
de rubriques et de rendez-vous.
Tout a été revu, y compris l’habillage. Après le journal de 13 h, des
polémistes comme Elisabeth Lévy,
Philippe Tesson ou Simon Marty
débattront au cours d’un face-àface quotidien à la fin duquel les
auditeurs reprendront la parole
pendant un bon quart d’heure.
Vous en aviez assez de ne
parler que de télévision,
un sujet « pas sérieux »,
comme vous le dites souvent ?
Ça fait deux ans que je rappelle à la direction d’Europe 1 que
je suis journaliste de formation :
sur la Cinq, je faisais des reportages, du terrain, je présentais des
flashs. C’est vraiment ce métier
que j’ai au fond de moi. La télé est
une super-matière, mais j’avais envie d’aller plus loin en m’attaquant à l’infor mation pure et
dure, en parlant avec les auditeurs
et en animant des débats. D’une
certaine façon, je l’ai déjà beaucoup fait cette année dans Le journal de la télé, où on a souvent parlé
de politique et de sujets de société.
J’avais amorcé le virage que je
prends cette année, à l’initiative
de Jean-Pierre Elkabbach.
Jean-Marc
Morandini
dans les
studios
d’Europe 1.
DR
Emanuele Scorcelletti/Gamma
« Nous devons créer
un ton à part »
Pour vous, c’est l’occasion de
gagner en respectabilité…
Ce n’est pas mon moteur. Je
souhaite surtout faire une tranche efficace, qui fonctionne et
réponde aux attentes des auditeurs. Sur RTL, reprendre une
tranche est une chose plus aisée
que sur Europe 1 actuellement,
où le mot d’ordre est à la reconquête et à l’innovation. Il va falloir se battre et aller chercher
les auditeurs, c’est le défi que
n o u s a l l o n s r e l eve r ave c l a
rédaction.
Vous avez la pression ?
Je sais qu’on m’attend au
tournant. Il s’agit d’une vraie remise en question, personnelle et
professionnelle. J’ai envie de
m’intéresser au quotidien des
gens, aux sujets qui les touchent,
et de prendre de la distance avec
la superficialité de la télévision
pour élargir mes interviews.
Quel objectif d’audience vous
a-t-on fixé?
Aucun. Mais j’aimerais qu’on
dépasse très vite les 2 millions
d’auditeurs. Le journal de la télé
en réunissait 1,3 million, ça n’a
donc rien d’irréaliste. Nous devons créer un ton à part, avec une
tranche plus rythmée qu’un rendez-vous comme Les auditeurs ont
la parole, sur RTL, qui est une libre antenne d’une heure et demie
en continu. Nous serons aussi différents de ce que fait Bourdin sur
RMC, car sur Europe 1 ce sont les
journalistes qui apportent des infos avant que les auditeurs réagissent. Le grand direct n’a pas l’ambition d’être un défouloir.
Interview
Jonathan Bouchet-Petersen
Pradel, Bonnaud, Duquesne et Durand
■
Rien n’est encore signé, mais il se murmure de plus en plus fort
dans les couloirs d’Europe 1 que Jacques Pradel va prendre en
main la tranche 7-11 h de la station, totalement réaménagée à la rentrée.
Benoît Duquesne, actuellement aux manettes de Complément d’enquête
sur France 2, ferait quant à lui son arrivée Rue François-Ier au poste de
directeur de la rédaction, sans pour autant abandonner la présentation
de son émission de télévision. Même schéma pour Guillaume Durand,
qui fait son retour à Europe 1 aux commandes de la session d’info
18-20 h. Viré de France Inter cet été, c’est aussi sur Europe que le virevoltant Frédéric Bonnaud a retrouvé un micro, Jean-Pierre Elkabbach
lui ayant confié une chronique culturelle. En attendant mieux ?
KIOSQUE
ON VOUS L’AURA DIT
■ Bien sûr en pleine forme.
La diffusion du premier magazine gratuit de prévention,
disponible dans toutes les
(bonnes) salles d’attente des
médecins généralistes, va
être portée de 100.000 à 300.000 exemplaires dès le mois de septembre. Bien sûr,
qui s’adresse autant aux médecins qu’à
leurs patients, est dirigé par Jacques
Draussin, médaillé de l’Académie nationale de médecine. Au sommaire du numéro de septembre, un entretien avec le
président de l’Unicef en France, un dossier sur la vaccination ou encore un sujet
sur les cantines d’aujourd’hui.
■ Cœur océan 2 a la cote. La fiction estivale pour adolescents
de France 2 continue son parcours sans faute. La deuxième saison réunit jusqu’à 800.000 téléspectateurs le matin dans KD2A,
avec 20 % de part de marché. Un carton chez les jeunes, mais
pas seulement. Même succès pour Foudre, autre saga d’ados
diffusée cet été par la Deux. La première saison, qui s’est achevée cette semaine, a rassemblé plus de 685.000 téléspectateurs
en moyenne, soit 18,6 % de part d’audience (37,5 % chez les
15-24 ans, 21 % chez les ménagères de moins de 50 ans).
■ Début de la Prophétie. France 2 diffuse mardi à 20 h 50 les
deux premiers épisodes de sa très ésotérique saga de rentrée,
La prophétie d’Avignon. Louise Monot, Guillaume Cramoisan,
Marthe Keller ou Bruno Madinier tiendront les premiers rôles
de cette fiction dont l’héroïne est capable de prévoir le destin
du monde. Pour les huit épisodes de 52 minutes, la production a
disposé de 8 millions d’euros de budget.
Télévision
Rentrée. Arrivée de Roland Magdane et retour de Popstars
M6 s’attaque aux débuts de soirée
9.55 Auto Moto. 10.55 Téléfoot. 12.05
Attention à la marche ! 12.50 Cocktail de filles. 13.00 Journal. 13.20
F1. Grand Prix de Turquie. 16.15
Der nier recours. 17.05 New York
Unité spéciale. 17.55 Secret story.
18.50 Sept à huit. 20.00 Journal.
Roland Magdane sur le plateau
d’Etes-vous plus fort qu’un élève de 10 ans ?
Eric Robert
Elle n’est plus la petite chaîne qui
monte, mais M6 continue de voir son
audience augmenter. La troisième chaîne
française – et, de plus en plus souvent, la
deuxième le soir – est même la seule « historique » dont l’audience ait progressé la
saison dernière. Ses « prime » ont ainsi gagné 100.000 téléspectateurs en un an et les
secondes parties de soirée 200.000. A
20 ans, M6 semble avoir franchi un palier.
Ses tarifs publicitaires se rapprochent
d’ailleurs de ceux de TF1 : au premier semestre, ils ont augmenté de 3,8 % en
moyenne, ce qui réduit l’écart avec ceux
de la première chaîne à seulement 7 %. Un
signe de maturité qui ne trompe pas.
La saison passée, M6 avait choisi de
mettre le paquet sur ses « prime », atteignant des records historiques avec l’excellente série Prison break (5,8 millions de téléspectateurs en moyenne), dont la
deuxième saison sera à l’antenne le 13 septembre. Autre gros carton de l’année reconduit sans surprise, le speed dating du
terroir, L’amour est dans le pré, a régulièrement rassemblé plus de 4 millions de personnes, pour une part d’audience avoisinant les 20 % (et flirtant avec les 30 % chez
la précieuse ménagère de moins de 50 ans).
Au rayon des succès, le poids lourd Nouvelle star a également été au rendez-vous
avec 4,5 millions de téléspectateurs en
moyenne, à peine moins bien que lors de
l’édition précédente (4,6 millions). Largement de quoi avoir droit à une sixième saison, avec un jury remanié. Marianne James et Dove Attia ne seront pas de l’aventure (on parle de Lio, Liane Foly, Philippe
Manœuvre ou Sinclair pour les remplacer). André Manoukian et Manu Katché
devraient, eux, remettre le couvert.
Le pari du « prime time » gagné, et fort
du succès de créations maison comme
D & Co (environ 20 % de PDA le dimanche
à 18 h 50) mais aussi de l’ensemble de ses
magazines d’information, la chaîne dirigée
par Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin a fait de ses débuts de soirée sa priorité
absolue. Un préalable nécessaire au lancement d’un journal à 20 heures ? Cet attribut traditionnel des grandes généralistes
fait l’objet de moult réflexions, mais il ne
devrait pas voir le jour à court terme.
Un zapping international
d’images extravagantes
En « access », face à Plus belle la vie,
qui garantit chaque soir à France 3 des audiences toujours plus belles (+ 600.000 téléspectateurs en un an), et à l’heure des JT
de TF1 et France 2, M6 a décidé de parier
sur un jeu pour dynamiser cette case stratégique qui constitue une de ses faiblesses.
Chaque jour à partir du 3 septembre, la
chaîne va diffuser Etes-vous plus fort qu’un
élève de 10 ans ?, une adaptation d’un programme américain (Are you smarter than
a fifth grader ?) avec le revenant Roland
Magdane aux manettes. A vocation résolument familiale, le principe de ce programme produit par une filiale d’Endemol
(à qui on doit A prendre ou à laisser ou la
nouvelle Roue de la fortune sur TF1) : un
candidat, aidé par des enfants, doit répon-
8.30 Les chemins de la foi. 12.05
France 2 Foot. 13.00 Journal. 13.25
France 2 Foot. 14.00 Les grands moments d’humour. 16.00 Le miroir de
l’eau. 17.50 Stade 2. 18.55 La part du
lion. 19.50 Le meilleur de Florence
Foresti. 20.00 Journal.
20.55
20.50
Tenue correcte exigée ***
Le retour de la momie **
dre à des questions tirées de manuels scolaires couvrant les programmes du CP au
CM2. Un quiz moins simple qu’il y paraît,
avec un jackpot à 100.000 €.
Plus tôt dans la jour née, Laurent
Boyer présentera chaque jour (à 17 h 10)
100 journées qui ont bouleversé la vie des
stars, en droite ligne du Jour J dont il
avait la charge l’an passé. Même changement dans la continuité pour la matinale
de la chaîne, dont Pierre Mathieu garde
les rênes pour un zapping international
d’images extravagantes. De quoi avaler
son café de travers.
A propos de la tranche 19-20 h, M6 fait
preuve en revanche de la plus extrême discrétion. Question d’enjeu. La chaîne devrait en dire plus à ce sujet demain, lors
d’un déjeuner avec quelques journalistes.
On sait déjà que, pour sa première diffusion, Popstars nouvelle version n’occupera
pas cette case, M6 ayant été, l’an passé,
échaudée par les mauvais scores (pas
même 10 % de part d’audience) de la quotidienne Nouvelle star. Le jury de ce rendezvous, ressorti des cartons de M6 après qua-
12.00 Le 12/13. 12.50 Athlétisme.
Championnats du monde. 15.40 Cyclisme sur piste. Championnats de
France. 16.10 Elie Kakou, la famille
avant tout. 18.00 Questions pour un super champion. 18.50 Le 19/20. 20.05
Tout le sport. 20.20 Hanouna Plage.
20.50
Maigret
tre années d’absence, sera composé
d’Ophélie Winter, qui a retrouvé la foi, de
la chorégraphe Mia Frye, de Sébastien
Farran, manager historique de NTM, et
du producteur Benjamin Chulvanij. Premier « prime » le 14 septembre.
Marc-Olivier Fogiel aura, lui, déjà fait
son retour sur M6 le mardi en deuxième
partie de soirée, pour une deuxième saison de son « talk » en direct T’empêches
tout le monde de dormir. François Hollande et Michel Sardou sont notamment
invités à ouvrir le bal le 4 septembre: ambiance assurée. L’an passé, un million de
fidèles étaient au rendez-vous, ils devront
apprendre cette année à oublier la discrète
Anne-Elisabeth Lemoine qui, cet été, a
quitté la société de Fogiel pour rejoindre
Canal+ et l’équipe de L’édition spéciale de
Samuel Etienne (tous les jours à 12 h 40).
Elle est remplacée à la lecture des SMS par
le comique Fabrice Eboué, tandis que
Pierre Menès, pilier de 100 % foot, viendra
tenir une chronique de temps à autre. La
lunaire Armelle sera aussi de l’aventure.
Parmi les autres arrivées possibles
sur l’antenne, le nom de Laurence Boccolini a beaucoup circulé depuis son départ
de TF1 cet été, apparemment sans fondement. Celui d’Alexia Laroche-Joubert, actuelle patronne d’Endemol France, a également été évoqué mais, pour l’heure, rien
n’est signé et la productrice travaille pour
TF1 sur la prochaine saison de « sa » Star
Academy. Rien d’impossible pourtant, car
aujourd’hui M6 a (presque) tout d’une
grande. Même le football: pour 50 millions
d’euros chacun, elle a partagé avec TF1 les
droits de l’Euro 2008. Un joli coup. Pour la
prochaine Coupe du monde de rugby, la
stratégie adoptée par la chaîne est, en revanche, inverse. Faute de droits, M6 renoue avec sa tradition de contre-programmation. Le 7 septembre, les sexy Desperate
housewives auront fort à faire face au
match d’ouverture France-Argentine. Une
opposition de styles.
Jonathan Bouchet-Petersen
12.50 L’Effet papillon. Best of. 13.50
L’intégrale du Zapping. 14.20 Brother & Brother. 14.25 La Grande
course. 14.55 South Park. 15.45
Rugby. Pays de Galles/France. 17.40
Galápagos. 18.30 Le secret des templiers. 19.55 Ça cartoon.
21.00
Lyon/Saint-Etienne
/33
L’héroïne d’Ally
McBeal revient dans
Brothers & Sisters
Calista
Flockhart.
Mario Perez
26 août 2007
On l’avait quittée avocate, on la retrouve jour naliste politique. Héroïne
d’Ally McBeal, Calista Flockhart fait son
retour sur le petit écran mardi, au générique de Brothers & Sisters. Deux fois nominée aux derniers Emmy Awards, cette
production d’ABC Studios réalisée par
Jon Robin Baitz s’écarte de la comédie judiciaire, qui a fait le succès de l’actrice,
pour flirter avec un genre plus dramatique, dans la veine de l’excellent Six feet
under (le côté morbide en moins).
Calista Flockhart incarne Kitty Walker, aînée d’une famille de cinq enfants,
qui entretient des rapports tendus avec
une mère autoritaire, sur fond de valeurs
morales rigides et de multiples secrets de
famille. L’histoire se déroule dans l’Amérique post 11-Septembre, embourbée dans
le conflit irakien. Tous les clichés ne sont
pas évités, mais l’ensemble est plutôt plaisant. Lancée outre-Atlantique à la rentrée
2006, Brothers & Sisters a tout de suite
trouvé son public (12 millions de téléspectateurs par épisode) et convaincu la critique. Un seul regret, B & S n’a pas séduit
les grandes chaînes françaises (France 3 a
abandonné l’idée) et devra pour l’instant
se contenter d’une diffusion sur Foxlife.
Nicolas Duchemin
Brothers & Sisters, mardi, 20h45, Foxlife.
WWW. Retrouvez sur lejdd.fr l’interview d’Aïda Touihri, présentatrice de 66 Minutes (aujourd’hui à
17 h 45, sur M6) et récente recrue
de France Info.
14.25 Fourchette et sac à dos. 15.30
L’aventurière. 16.35 Le destin de
Lady Di. 17.30 Graffiti 90 : France 1,
Chirac 0 (1996-1997). 19.00 La truite,
de Schubert. 19.45 Arte info. 20.00
Karambolage. 20.15 Gerhard Richter et le vitrail de Cologne.
20.45
La fièvre du samedi soir ***
12.20 Sue Thomas, l’œil du FBI. 13.15
Mysterious ways. 15.05 Caméra café.
15.25 William et Harry: les princes du
peuple. 16.40 Diana : les der niers
jours. 17.45 66 Minutes fait le tour de
l’actualité. 18.55 D & CO. 19.50
Six’/Météo. 20.10 E = M6. 20.40 Sport
20.50
Zone interdite
Brendan Fraser
Jean Yanne et Daniel Prévost
Bruno Crémer et Vanessa Larré
Karim Benzema (Lyon)
Karen Lynn Gorney et John Travolta
Les milliardaires en vacances
Film américain de Stephen Sommers (2001).
Le sujet. Trois mille ans avant
J.-C. Le Roi Scorpion a levé une gigantesque armée pour conquérir
l’Egypte. Mais ses légions sont
vaincues aux portes de Thèbes et
repoussées dans le désert, où toutes périssent. Le souverain offre
alors son âme au dieu Anubis…
Avec Brendan Fraser, Rachel
Weisz, John Hannah.
Opinion JDD. Des effets spéciaux
pharaoniques et des scènes de batailles et de combats impeccables, il
ne manque à ce film de Stephen
Sommers qu’un scénario un peu
moins tortueux.
Film français de Philippe Lioret
(1997).
Le sujet. Panique à l’hôtel Charles-VII, où se déroule le World
Business Forum. S’y croisent en
pleine hystérie : un directeur mafieux, son curieux personnel, une
pute de luxe qui n’a pas été payée,
une femme mariée deux fois, son
mari, son ex…
Avec Jacques Gamblin, Elsa
Zylberstein, Zabou Breitman.
Opinion JDD. Un vaudeville social plein de tendresse, magnifiquement porté par le trio Gamblin-Zylberstein-Breitman. Effets
comiques et ironie savamment
maîtrisée s’y mêlent avec brio.
Téléfilm français de Franck Apprederis (2004).
Maig ret et la demoiselle de
compa gnie. A Caen, où il est
chargé de réorganiser la brigade
mobile, le commissaire Maigret
reçoit la visite de Cécile Ledru,
une femme de 28 ans qui vient de
perdre celle qui l’avait accueillie
après la mort de ses parents et à
qui elle doit tout. Agée de 68 ans,
cette bienfaitrice nommée Joséphine Croizier, de Bayeux, est décédée lors de la visite à Caen de
son neveu Philippe Deligeard.
Cécile est convaincue que
Mme Croizier a été assassinée
par Deligeard.
Fo o t b a l l . Championnat de
France Ligue 1, 5e journée en direct du stade de Gerland.
Film américain de John Badham
(1977).
Le sujet. Tony est le roi du 2001,
dancing où il se retrouve avec toute
sa bande. Annette est amoureuse
de lui mais il n’a d’yeux que pour
la belle Stéphanie. D’origine italienne, Tony est sous l’autorité de
sa famille, qui ne cesse de le comparer à son frère devenu prêtre.
Avec John Travolta, Karen Lynn
Gorney, Barry Miller.
Opinion JDD. A n’en pas douter,
le film le plus emblématique des années disco, servi par une bande originale tubesque des Bee Gees et la
virtuosité d’un John Travolta au
sommet de ses déhanchés.
Magazine présenté par Mélissa
Theuriau.
Thème : Ils ont fait fortune, comment passent-ils leurs vacances?
Christian Audigier, 48 ans, a
réalisé son rêve américain.
Christian a fait fortune aux EtatsUnis en créant une marque de vêtements. Denise Rich, ex-épouse du
milliardaire américain Marc
Rich. Cette figure de la jet-set fait
un périple de New York à Marrakech. Le Français Max Azria,
l’une des grandes réussites du
monde de la mode. Ce propriétaire d’un groupe de 17 marques a
prévu une croisière en yacht entre
St-Tropez et la côte amalfitaine.
23.10 Passager 57 **. Film américain de Kevin Hooks (1992), avec
Wesley Snipes.
0.40 L’actualité du cinéma.
22.35 Trois hommes à abattre ***.
Film français de Jacques Deray
(1980), avec Alain Delon.
0.10 Journal de la nuit.
22.50 Soir 3.
23.10 Strip-tease. Le mariage de Cendrillon.
0.15 L’assassin habite au 21***.
Film français de H.-G. Clouzot (1942).
22.40 La révolution disco. Documentaire américain (2005).
23.50 España baila. Documentaire
espagnol (2007).
22.55 Enquête exclusive. Jet-set,
corruption et argent sale, la face cachée de Marbella.
0.05 Perry Mason.
1.50 Turbo.
C’est l’un des plus chauds derbys
de l’Hexagone. Avec deux défaites
en trois matchs, l’OL a pour l’instant du mal à être à la hauteur de
son statut. A Gerland, les hommes
d’Alain Perrin seront confrontés à
un vrai test, sans Ben Arfa, Coupet, Fred, Cris et Müller, tous à l’infirmerie. Wiltord est, lui, parti
pour Rennes. A Saint-Etienne, on
sait que l’occasion est belle de s’imposer pour la première fois à Lyon
depuis quinze ans, mais on se méfie d’un possible réveil du fauve.
22.55 L’équipe du dimanche.
0.15 How I met your mother.
1.00 The Office.
SÉLECTION CÂBLE, SATELLITE ET TNT
Cinéma
20.45 Le patient anglais ***
d’Anthony Minghella (1996), avec Juliette
Binoche. TMC
20.45 Rien que du bonheur *
de Denis Parent (2003), avec Bruno Solo.
NT1
20.45 Le distrait ***
de et avec Pierre Richard (1970), avec Bernard Blier. Ciné cinéma famiz
20.45 L’enlèvement **
de Pieter Jan Brugge (2004), avec Robert
Redford. Ciné cinéma premier
20.45 Quatre étranges cavaliers ***
d’Allan Dwan (1954), avec John Payne.
Ciné cinéma classic
20.45 Etat de siège ***
de Costa-Gavras (1973), avec Yves Montand. Ciné cinéma culte
20.45 Loin de la foule déchaînée **
de John Schlesinger (1967), avec Julie
Christie. TCM
20.45 Blade : Trinity **
de David S. Goyer (2004), avec Jessica
Biel. Ciné cinéma frisson
20.50 Le couturier de ces dames *
de Jean Boyer (1956), avec Fer nandel.
TV Breizh
22.10 La vie rêvée des anges ***
d’Erick Zonca (1998), avec Elodie Bou-
chez. Paris Première
22.10 Des nouvelles du bon Dieu ***
de Didier Le Pêcheur (1995), avec Marie
Trintignant. France 4
Documents
20.45 Dans l’arène avec les lions.
National geographic channel
22.35 Trauma, chronique des urgences. Discovery channel
Musique
18.45 Clips. Spécial Avril Lavigne. Fun
TV
20.45 Ballet. Les ballets Trockadero.
Mezzo
Séries
20.50 Cadfael. Les ailes du corbeau.
Paris Première
23.25 Les Sopranos. Jimmy
Sport
17.00 Football Premier League. Manchester United/Tottenham. Sport +
18.00 Football Ligue 1. PSG/Lille.
Canal + sport
News international/Sipa
Top Photo/Roger Viollet
Martin Cleaver/AP/Sipa
Stewart Mark/camera Press/Gamma
26 août 2007
En 1993 au Zimbabwe. En 1987, la reine et la princesse à Londres. Le 7 septembre 1997, lors des funérailles, le duc d’Edimbourg, les princes William, Harry et Charles entourent Earl Spencer. Et le couple royal.
Commémoration. Dix ans après la disparition de la princesse, la Couronne sort renforcée
Comment Diana a sauvé la reine
tion ragaillardie et (quasiment) au top des
sondages qui s’apprête à rendre (discrètement) hommage à Diana. Surprenant ? Pas
vraiment.
« Le fonctionnement des monarchies
n’obéit à aucune forme de raison ou de logique, mais à des notions d’ordre plus instinctif comme les sentiments, le sens de l’Histoire, l’imagination et l’intuition d’une certaine mystique », écrit le journaliste Jeremy
Paxman dans son dernier livre, On Royalty.
Plusieurs spécialistes avancent ainsi aujourd’hui une lecture des événements de 1997
bien différente de celle proposée par le met-
La Couronne investit
avec succès dans l’e-commerce
Camera Press/Gamma
teur en scène Stephen Frears dans son film
The Queen. Dans la colère et les cris des Britanniques traumatisés par le décès inattendu
et brutal de la star des princesses, ne fallaitil pas voir simplement des appels au secours
en direction d’Elisabeth II ? En un peu plus
d’un demi-siècle de règne, celle-ci n’a-t-elle
pas toujours été cette figure éternellement
rassurante et stable vers laquelle ses compatriotes se tournent comme un seul homme
dans les périodes de crise ? Début 2006, année
du 80e anniversaire de la reine, seuls 19 % de
ses sujets se prononcent en faveur de l’instauration d’une république, soit 1 % de plus
qu’en 1969. Vainqueur des récentes élections
législatives en Ecosse, le parti SNP promet
Eliot Press
Paris, 31 août 1997. Un accident de voiture sous le tunnel de l’Alma fige à tout
jamais la légende de Diana, princesse du peuple. Il précipite du même coup Elisabeth II,
chef du Commonwealth et défenseur de la
foi, dans un abîme de confusion et de tourments qui, croit-on alors, menace d’entraîner
la monarchie dans la tombe. Soucieuse de
protéger ses petits-fils William et Harry de la
curiosité du public et de la presse, Sa Majesté
reste sourde aux appels de la population qui
réclame son retour à Londres et refuse, pendant plusieurs jours, d’interrompre ses vacances au château écossais de Balmoral. Profitant du choc émotionnel et du désordre politico-médiatique provoqués par la disparition
de l’ex-épouse du prince Charles, les tabloïds
excitent la vindicte de leurs lecteurs : ils stigmatisent la froideur et la rigidité d’un clan
royal apparemment incapable de comprendre
leur angoisse et leur chagrin. Blessée par le
silence de la souveraine, l’opinion va même
jusqu’à se prononcer majoritairement pour
son abdication ! « Lilibet », qui pensait n’occuper le trône que par la grâce de Dieu, se découvre une cote de (non)-popularité. En cet
été horribilis, la voilà, non plus reine d’Angleterre, mais reine des Anglais.
De son vivant, la princesse de Galles
avait réveillé l’intérêt des Britanniques pour
leur Couronne. Morte, elle réveille l’intérêt
de la royauté pour ses sujets. May God – et
une bonne dose de relations publiques – save
the queen… Soutenus par le Premier ministre Tony Blair, les conseillers des Windsor
engagent l’institution sur la voie des réformes et la famille dans une politique accélérée de modernisation et d’humanisation de
son image. Un groupe d’experts est chargé de
repenser les apparitions officielles de la souveraine en fonction de la qualité de leur impact sur l’opinion. Toujours prête à payer de
sa personne lorsque le salut de « la firme »
l’exige, la glorieuse héritière de Guillaume le
Conquérant s’en va prendre le thé chez des
particuliers – choisis avec soin pour leur
côté middle class – et s’encanailler dans un
McDonald’s.
Palais et résidences privées s’ouvrent au
tourisme de masse, le fameux « enclos » royal
de l’hippodrome d’Ascot aux roturiers, et les
régiments affectés à la protection du monarque, aux femmes et aux personnes de couleur. Après avoir effectué sa perestroïka sur
internet (www.royal.gov.uk), la Couronne investit avec succès dans l’e-commerce – porteclés en plastique doré, caramels mous et savonnettes estampillées Buckingham. Des informations habilement distillées à intervalles réguliers dans les journaux brossent le
portrait de Sa Majesté accro à Deal or no
deal, l’équivalent du jeu télévisé A prendre
ou à laisser, ainsi qu’à Pop idol, la Nouvelle
star sauce british. Résultat ? Dix ans après
son fameux septembre noir, c’est une institu-
William, 25 ans et Harry, 22ans, ont
organisé un concert à sa mémoire au stade
de Wembley, le 1er juillet.
déjà de mener son pays à l’indépendance tout
en garantissant à Sa Majesté le titre de reine
des « Scots ». Qu’on le veuille ou non, la
Grande-Bretagne demeure une communauté
soudée par cette idéologie puissante qu’est la
royauté.
La princesse de Galles, on a tendance à
l’oublier, était une monarchiste convaincue.
En serrant dans ses bras des malades du sida
et des enfants en fin de vie, elle a permis à la
Couronne de renouer avec les gestes qui
avaient autrefois fait son prestige et son mystère – au XVII e siècle, on attribuait encore
aux souverains de France et d’Angleterre le
pouvoir de guérir les scrofuleux par le toucher. Ses mains tendues aux sans-abri, aux
prostituées ou encore aux personnes âgées
démunies ont mis en évidence le caractère
par trop politiquement correct de l’action caritative de sa belle-famille. Sa disparition n’a
pas précipité la fin des Windsor mais une remise en question fondamentale et salutaire
de leur relation à la société. « Nous devons tirer les leçons qui s’imposent », aurait admis
Elisabeth peu après le drame de l’Alma.
Depuis, le prince Charles a accueilli de
jeunes malades du cancer dans son QG londonien de Clarence House. Edward, son frère cadet, a convolé en justes noces avec la fille d’un
marchand de pneus. On parle enfin d’instaurer l’égalité des droits entre hommes et femmes dans les modalités d’accession au trône.
Pour la première fois cette année, les formulaires d’admission aux garden-parties de
Buckingham ont reconnu le même statut aux
concubins et aux couples mariés. Une pièce
du palais a également été mise à disposition
d’une employée de confession musulmane
afin qu’elle puisse s’y retirer pour prier pendant toute la durée du ramadan. Diana aurait
sûrement trouvé tout ça épatant.
Last but not least… Le fait que le mythe
de la reine des cœurs ait été écorné à plusieurs reprises par des biographes soucieux
d’insister sur la personnalité souvent complexe et difficile de lady Spencer (une icône,
mais pas forcément une sainte) a, par ricochet, contribué à redorer le blason de son ex.
Désor mais en règle avec sa conscience,
mummy et l’Eglise anglicane, le prince de
Galles, que l’on a cru un temps perdu pour la
cause, regagne peu à peu l’estime et la considération de ses futurs sujets. La sympathie
manifeste des médias pour Camilla, sa nouvelle épouse, témoigne par ailleurs de l’oubli
qui commence à s’installer dans l’opinion.
Le royal show est un feuilleton dans lequel
une héroïne finit toujours par chasser l’autre. Il était écrit qu’avec son sourire imparfait et ses bibis ultravoyants, la duchesse de
Cornouailles était celle qui aiderait le clan à
tourner la page Diana pour de bon.
Isabelle Rivère
Coauteur de Lady D., Robert Laffont, 324
p., 19 €.
Londres
A l’heure où la Grande-Bretagne se prépare à commémorer les dix ans de la mort de
Lady Di, ses deux fils, William, 25 ans, et
Harry, 22 ans, occupent fermement le devant
de la scène royale. Ce sont eux qui ont organisé, à Wembley, le concert anniversaire du
1er juillet en l’honneur de leur mère, invitant
pour l’occasion Duran Duran, Elton John ou
Rod Stewart. Eux encore qui ont choisi de
convier les deux filles de Mohamed Al-Fayed
lors de la cérémonie anniversaire prévue
vendredi à la chapelle des Gardes, à Londres.
Le geste était plutôt inattendu car le père de
Dodi, tenant de la thèse du complot, continue
de crier haut et fort à la responsabilité de
Buckingham dans l’accident mortel sous le
pont de l’Alma.
Mais les deux princes ne sont pas seulement les gardiens de la mémoire maternelle.
Plus glamour que Charles et Camilla, plus accessibles que la reine, William et Harry ont
très naturellement pris le relais de Diana à la
une des tabloïds. « Ils sont les personnages les
plus intéressants de la famille royale, ils fournissent la petite touche de glamour dont les
Windsor ont tant besoin », précise Ingrid Seward, rédactrice en chef du magazine Majesty.
Eddie Keogh/Rex Featu/Rex/Sipa
Correspondance
Le prince William et Kate Middleton
à Twickenham, en février dernier.
« Ils sont l’avenir des Windsor, ajoute
Dickie Arbiter, un ancien secrétaire de
Buckingham reconverti en expert de la famille royale. Après tout, William sera sans
doute un jour roi. Il est normal que les médias s’intéressent à lui. » Aussi la presse britannique s’attarde-t-elle sur la relation – en
dents de scie – de William avec Kate Middleton, qualifiant au passage la jeune femme de
nouvelle Diana. Aussi jette-t-elle un regard
amusé sur son cadet. Plus turbulent, le jeune
homme a successivement été sur pris en
train de fumer un joint, déguisé en soldat
nazi de l’Afrikakorps lors d’une soirée costumée, ou occupé à flirter avec une serveuse.
Mais plus qu’à la une des journaux, c’est
sur le terrain caritatif que les princes ont
décidé de reprendre le flambeau de leur
mère. Après un voyage de deux mois dans un
orphelinat du Lesotho, Harry a décidé d’implanter une ONG dans ce pays ravagé par le
sida. Son aîné, quant à lui, est devenu en
2005 le parrain de Centrepoint, une association d’aide aux sans-abri. Tous deux, à travers le Fonds Diana, soutiennent les causes
charitables auxquelles travaillait leur mère.
« Les graines que Diana a plantées quand ils
étaient de petits garçons ont germé, a déclaré au Time Christopher Andersen, auteur
d’Après Diana : William, Harry, Charles et la
maison royale des Windsor. Ils incarnent son
triomphe sur toute la famille royale. »
Car, comme elle, les princes tentent, à
leur tour, de mener une vie normale et moderne. « Avec Diana, les garçons ont découvert le centre-ville, les hamburgers, le shopping », assure Dickie Arbiter. Fidèles à leur
éducation, les deux jeunes hommes continuent aujourd’hui de faire leur shopping
eux-mêmes ou de s’opposer fermement à ce
qu’on les appelle « sir ». Secouant, à l’image
de leur mère, les conventions d’une royauté
vieille de dix siècles.
Karine Le Loët
Photo Lord Snowdon, 1997
William et Harry ont repris son flambeau
La princesse Diana dans une robe signée Victor Edelstein qu’elle a
portée le soir où elle a dansé avec John Travolta à la Maison-Blanche.