Le Livre Blanc des Métropoles Méditerranéennes
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Le Livre Blanc des Métropoles Méditerranéennes
Octobre 2004 Page 1 Interreg III es la iniciativa comunitaria del Fondo Europeo de Desarrollo Regional en favor de la cooperación entre regiones de la Unión Europea durante el período 20002006. El objetivo consiste en aumentar la cohesión económica y social en la Unión Europea fomentando la cooperación transfronteriza, transnacional e interregional, así como el desarrollo equilibrado del territorio. Interreg III è un iniziativa comunitaria del Fondo europeo di sviluppo regionale ( FESR ) per la cooperazione tra regioni dell'Unione europea per il periodo 2000-2006. L'obiettivo è di rafforzare la coesione economica e sociale nell'Unione europea promuovendo da un lato la cooperazione transfrontaliera, transnazionale e interregionale e dall'altro lato lo sviluppo equilibrato del territorio. Interreg III est l'initiative communautaire du Fonds européen de développement régional (FEDER) en faveur de la coopération entre régions de l'Union européenne pour la période 2000-2006. L'objectif est de renforcer la cohésion économique et sociale dans l'Union européenne en promouvant la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale ainsi que le développement équilibré du territoire. Partenaires du projet SÉVILLE Sevilla Global Agencia Urbana de Promoción Económica del Ayuntamiento de Sevilla Isaac Newton s/n. Pabellon de Italia. Isla de la Cartuja. 41092 SEVILLA www.sevillaglobal.es MALAGA Ayuntamiento de Málaga Servicio de Programas Europeos Avenida de Cervantes 4 29016 Málaga www.ayto-malaga.es BARCELONE Ajuntament de Barcelona Direccio de Relationes Internacional Plaça de Sant Jaume 1 08002-Barcelone www.bcn.es Aula Barcelona-Fundació CIDOB Calle Elisabets, 12 - 08001 Barcelone www.aulabcn.com MARSEILLE Mairie de Marseille Secrétariat Général Immeuble CMCI - 2, rue Henri Barbusse 13233 Marseille Cedex 20 www.mairie-marseille.fr GRAND LYON Communauté Urbaine de Lyon Direction Générale des Services 20, rue du Lac 69003 LYON www.grandlyon.org GÊNES Ville de Gênes-Osservatorio Civis Via Mascherona, 19 16123 Genova www.comune.genova.it www.civis.commune.genova.it INSTITUT DE LA MÉDITERRANÉE (coordination technique) 58 Bld Charles Livon 13007- Marseille www.ins-med.org/C2M/ Aula Barcelona Fundació CIDOB Malaga Le système métropolitain méditerranéen 19:20 LIVRE BLANC 22/09/04 Conception et réalisation : Acatus-Media / Illustration de couverture : M. Barnavon COUV (prop.1) LIVRE BLANC Le système métropolitain méditerranéen Vers la création d’une zone d’intégration mondiale en Méditerranée Institut de la Méditerranée Octobre 2004 SOMMAIRE 21/09/04 10:13 Page 1 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Vers la création d’une zone d’intégration mondiale en Méditerranée LIVRE BLANC SOMMAIRE 21/09/04 10:13 Page 2 SOMMAIRE LE SYSTEME METROPOLITAIN MEDITERRANEEN Vers la création d’une zone d’intégration mondiale en Méditerranée LE PROJET COOPÉRATION MÉTROPOLES MÉDITERRANÉE (C2M) P. 7 Origine du projet p. 7 - Les objectifs généraux du projet p. 7 - Les objectifs spécifiques du projet p. 8 Une méthode de travail dynamisante p. 8 - Une organisation structurée p. 9 - Un déroulement conforme aux objectifs p. 9 - Présentation du document p. 10 1• DE LA HIÉRARCHIE DES VILLES AU POLYCENTRISME EUROPÉEN P. 13 Une unité méditerranéenne rompue par l’histoire p. 13 - Une reconstruction des réseaux sur des bases nationales p. 13 - La lente réémergence des réseaux transnationaux de ville en Méditerranée p. 14 - Une hiérarchie mondiale des villes remise en question p.15 - Des réseaux stimulés par la concurrence p. 16 Le polycentrisme au cœur d’une nouvelle vision du territoire européen p. 17 2• ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DU SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN P. 19 Un espace Méditerranée occidentale hétérogène et fragmenté p. 19 - Des déséquilibres dans la transformation des territoires à l’échelle du bassin p. 20 - La problématque des transports p. 21 - Des potentialités au travers de son système métropolitain p. 21 - Des coopérations encore embryonnaires p. 22 - Un contexte particulièrement propice au renforcement du système métropolitain méditerranéen p. 24 3• DES DYNAMIQUES MÉTROPOLITAINES CONTRASTÉES P. 29 Démographie p. 29 - L’économie p. 33 - Qualification, innovation p. 39 - Attractivité et positionnement international des villes partenaires p. 41 4• DES PROCESSUS DE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE EN ÉMERGENCE P. 45 La gouvernance et le territoire métropolitain p. 45 - Gérer la réalité territoriale de la métropole p. 46 Séville et Malaga : une coopération émergente p. 49 - Un produit de la gouvernance : les plans stratégiques p. 50 - Les précurseurs : Lyon et Barcelone p. 50 - Les premiers plans stratégiques de Séville, Malaga, Marseille et Gênes p. 51 - La gouvernance et la projection internationale des métropoles p. 54 Une image renouvelée p. 54 - Changer l’image et la concrétiser : les grands projets urbains p. 55 - Les autres projets significatifs p. 59 - Les politiques culturelles : un outil au service de la gouvernance métropolitaine p. 61 5• L’INNOVATION COMME PRIORITÉ DE LA STRATÉGIE DES MÉTROPOLES MÉDITERRANÉENNES P. 67 Une géographie de la connaissance en pleine mutation p. 67 - Des stratégies urbaines pro-actives mais encore insuffisantes en faveur de l’innovation p. 71 - En conclusion : changer d’échelle et faire évoluer la gouvernance métropolitaine dans le domaine de l’innovation p. 75 6• LE SYSTÈME DE TRANSPORT DANS L’ESPACE MEDOCC P. 77 Un système de transport peu performant p. 77 - Des logiques de développement des infrastructures qui restent “ nordistes” p. 77 - Un trafic en forte hausse tous modes confondus p. 78 - Un partage modal problématique p.78 - Vers une saturation progressive des axes de transport p. 79 - De grands projets ferroviaires Est-Ouest p. 79 - Un espace aéroportuaire intermédiaire en Europe p. 80 - Une coopération aéroportuaire indispensable au renforcement de l’espace p. 81 7• CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES P. 83 Les principaux résultats et acquis du projet C2M p. 83 - Une connaissance renouvelée du système métropolitain méditerranéen p. 84 - Un système urbain exceptionnel aux potentialités insuffisamment valorisées p. 85 - La politique européenne au cœur du renouveau de l’arc latin p. 85 - Un système urbain au cœur des nouveaux flux de la mondialisation p.86 - Des stratégies convergentes p. 87 - L’émergence d’un modèle de métropole méditerranéenne p. 88 - Une concurrence qui stimule la coopération p. 89 Un large consensus sur les faiblesses du système métropolitain méditerranéen p. 90 - Perspectives de coopération entre les métropoles méditerranéennes p. 92 SOMMAIRE 21/09/04 10:13 Page 3 LES PROJETS PILOTES P. 95 PROJET PILOTE SEVILLE Creating competitive business places in the Medocc Region 1• INTRODUCTION AND OBJECTIVE OF PILOT PROJECT 2• METHODOLOGIY AND DESCRIPTION OF PHASES 3• WORK PHASES 4• URBAN PROFILES OF MEDOC AND ITS CITIES 5• LEARNING FROM CASES STUDIES 6• COMPETITIVE BUSINESS PLACES IN MEDOC : CONCLUSIONS AND SUGGESTIONS P. 97 PROJET PILOTE MALAGA IntegraciÓn de puerto y ciudad (La rénovation de l’interface ville-port) 1• CARACTERÍSTICAS GENERALES DEL PROYECTO 2• IMPORTANCIA DEL ESPACIO MEDOC 3• COMPARACIÓN DE LAS ESTRATEGIAS PUERTO-CIUDAD EN LAS METRÓPOLIS SOCIAS 4• PERSPECTIVAS DE COOPERACIÓN 5• CONCLUSIONES: CUESTIONES COMUNES EN LA INTEGRACIÓN PUERTO-CIUDAD PROJET PILOTE BARCELONE La technopolisation 1• TECHNOPOLISATION : UN PARI POUR L’AVENIR DES VILLES DE L’ESPACE MEDOC 2• PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE DE TRAVAIL PILOTÉE PAR LA VILLE DE BARCELONE 3• UN DIAGNOSTIC COMPARATIF DE LA TECHNOPOLISATION DANS L’ESPACE MEDOC 4• PERSPECTIVES POUR AMÉLIORER LA COMPÉTITIVITÉ ET LA DIFFÉRENCIATION DE L’ESPACE MEDOC : DÉFINIR UN MODÈLE DE TECHNOPOLISATION POUR L’EUROPE DU SUD 5• ANNEXES PROJET PILOTE MARSEILLE La grande accessibilité 1• LES GRANDES TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT SPATIAL 2• L’OFFRE ACTUELLE DE TRANSPORT DANS L’ARC LATIN 3• ESTIMATION DE LA DEMANDE 4• LES GRANDS PROJETS FERROVIAIRES EST-OUEST 5• INCIDENCE DE CES PROJETS POUR LES VILLES C2M P. 99 P. 100 P. 101 P. 102 P. 122 P. 130 P. 135 P. 137 P. 137 P. 138 P. 150 P. 150 P. 155 P. 157 P. 160 P. 164 P. 181 P. 188 P. 205 DANS L’ESPACE MEDOC PROJET PILOTE GRAND LYON Les stratégies aéroportuaires 1• INTRODUCTION 2• AÉROPORTS ET MÉTROPOLISATION DANS L’ESPACE MEDOC 3• DES ENJEUX AÉROPORTUAIRES À DIFFÉRENTS NIVEAUX POUR LES MÉTROPOLES C2M 4• RENFORCER LA PLACE DES POUVOIRS RÉGIONAUX ET LOCAUX EN MATIÈRE AÉROPORTUAIRE POUR DÉVELOPPER LA COMPÉTITIVITÉ DE L’ESPACE MEDOC ? 5• RENFORCER LA COOPÉRATION ET ENGAGER DES COLLABORATIONS ENTRE LES MÉTROPOLES C2M 6• ANNEXES PROJET PILOTE GÊNES Cultura e conoscenza come fattori di localizzazione e di crescita economica (La culture et la connaissance comme facteurs de localisation et de croissance économique) 0• SINTESI E RISULTATI 1• CULTURA E CONOSCENZA COME FATTORI DI LOCALIZZAZIONE E DI CRESCITA SOCIO-ECONOMICA 2• CULTURA : VISIONI E STRATEGIE A CONFRONTO 3• RETE C2M E STRATEGIE DI COOPERAZIONE P. 207 P. 212 P. 214 P. 222 P. 233 P. 237 P. 239 P. 240 P. 250 P. 252 P. 254 P. 255 P. 263 P. 265 P. 267 P. 274 P. 283 SOMMAIRE 21/09/04 10:13 Page 4 SOMMAIRE 23/09/04 11:44 Page 5 SYNTHÈSE DES TRAVAUX par Jean-Claude Tourret Délégué Général Institut de la Méditerranée et Angélique Pelleau Chargée d’Etudes Institut de la Méditerranée PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 7 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LE PROJET COOPÉRATION MÉTROPOLES MÉDITERRANÉENNES ORIGINE DU PROJET Le projet C2M trouve son origine dans la signature, en 1998, par les maires de Barcelone, de Lyon, de Gênes et de Marseille, d’une Charte d’Alliance par laquelle ils s’engageaient à renforcer leurs liens et leurs échanges sur toute une série de questions touchant à la cohésion et à la compétitivité du bassin méditerranéen. Après plusieurs expériences de coopération réussies dans des domaines touchant à la gestion urbaine, ces quatre villes ont souhaité aller plus loin et s’engager sur des projets à caractère stratégique visant au renforcement de l’armature urbaine en Méditerranée. Elles ont donc cherché, dans un premier temps, à ouvrir leur réseau à d’autres grandes villes du bassin méditerranéen qui partageraient ce même objectif. Les villes de Séville et de Malaga qui ont été alors contactées ont donné leur accord pour participer à ce nouveau projet et s’engager dans une démarche commune. Les villes du réseau ont pris, ensuite, la décision de présenter un projet au financement du programme Interreg IIIB-Medocc1 . La ville de Marseille a été choisie comme chef de file pour préparer et présenter ce projet au Comité de Programmation d’Interreg qui l’a accepté en décembre 2002. LES OBJECTIFS GÉNÉRAUX DU PROJET Le programme Interreg IIIB est une initiative communautaire du Fonds européen de développement régional (FEDER) en faveur de la coopération entre régions de l'Union Européenne. L’objectif principal de ce programme est que les frontières ne soient pas un obstacle au développement équilibré et à l’intégration du territoire européen. Il vise, pour cela, à renforcer la cohésion économique et sociale dans l'Union européenne en promouvant la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale ainsi que le développement équilibré du territoire. Les objectifs généraux du projet C2M s’inscrivent donc dans cette perspective. • Le premier objectif du projet est de contribuer à la réduction des inégalités territoriales en Europe. En cherchant à renforcer l’armature urbaine de l’espace Medocc, le projet répond, en effet, à la persistance d’écarts de compétitivité importants entre la partie centrale et les périphéries de l’Union et notamment la Méditerranée, constat maintes fois développé dans 1 Méditerranée occidentale 7 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 8 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN les travaux de la Commission Européenne et que les politiques structurelles n’ont que partiellement résolu. • Le second objectif est de créer, par des coopérations renforcées entre les métropoles de l’espace Medocc, les conditions d’un renforcement de la cohésion et de la compétitivité de ce territoire. La répartition spatiale des villes et des métropoles sur cet espace constitue, en effet, une richesse. Mais même si la plupart des grandes villes et métropoles du territoire disposent de pôles d’excellence de renommée européenne et parfois mondiale (universités, centres de recherche, activités économiques,…) le niveau d’intégration de leurs systèmes économiques et les coopérations sont encore réduits. Un des facteurs de compétitivité du territoire Medocc réside, donc, dans la capacité des acteurs à passer d’une situation où chacun mène son jeu de façon indépendante à une situation où ils envisagent une stratégie organisée, coordonnée, notamment en ce qui concerne les services supérieurs et les fonctions métropolitaines. • Le troisième objectif est de participer à un développement spatial polycentrique et équilibré dans l’Union Européenne prôné par le schéma de développement de l’espace communautaire (SDEC). Le polycentrisme européen renvoie, en effet, à la vision d’un réseau urbain dont l’objectif principal serait de valoriser les agglomérations disposant d’un poids démographique et d’un potentiel économique suffisants pour interagir directement avec les grands centres de décision européens et mondiaux. Le modèle polycentrique constitue donc un enjeu de taille pour la mise en valeur des atouts de la Méditerranée et pour un développement plus équilibré de cet espace et du territoire européen. LES OBJECTIFS SPÉCIFIQUES DU PROJET Les villes partenaires ont fait le choix, dans ce projet, de se mobiliser sur des objectifs ambitieux. • Le premier objectif était de favoriser l’échange d’expérience entre collectivités partenaires sur les stratégies, les politiques et les outils mis en place sur les grandes fonctions économiques de métropoles afin de contribuer à une meilleure convergence des politiques conduites et participer à la réduction de la fragmentation et l’hétérogénéité de l’espace. • Le deuxième objectif visait, pour les collectivités partenaires, à approfondir et à partager leurs analyses sur les forces et les faiblesses du système métropolitain en Méditerranée au regard des autres grandes régions européennes dans un contexte de mondialisation croissante de la production et des échanges. • Le troisième objectif, et finalement le plus important de ce projet, était la mise en place et l’amorçage sur plusieurs projets pilotes d’une plate-forme pérenne de coopération entre les grandes métropoles de l’espace Medocc. UNE MÉTHODE DE TRAVAIL DYNAMISANTE Sur le plan de la méthode de travail, il s’est agi de : • mettre en place un cadre d'échanges et de débats enrichi d'informations sur les stratégies, les politiques et les outils mis en œuvre dans chacune des métropoles partenaires sur les fonctions supérieures de métropolisation, • instaurer une dynamique de travail et de dialogue entre les responsables opérationnels des métropoles partenaires, • adopter, lors d'une conférence finale, une déclaration commune et un Livre Blanc sur le 8 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 9 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN système métropolitain en Méditerranée et de décider de la mise en place d’une plate-forme pérenne de coopération dotée d’un programme de travail entre les métropoles du bassin. UNE ORGANISATION STRUCTURÉE Du fait de la relative complexité du projet, de la multiplicité des thèmes abordés et du nombre d’intervenants, une organisation structurée a été mise en place pour satisfaire aux critères de responsabilité, d’autorité, de transparence et d’efficacité exigés pour un projet de cette importance. COMITÉ DE PILOTAGE Un Comité de pilotage composé des représentants des collectivités partenaires a été mis en place, qui s’est réuni huit fois au cours du projet pour définir la stratégie d’ensemble, préciser les objectifs, valider les résultats intermédiaires et finaux et assurer le suivi administratif et financier du projet. Un règlement interne a été préparé à cet effet par le chef de file et adopté par les partenaires, qui a défini l’organisation et les modes de fonctionnement du partenariat au plan technique, administratif et financier. COORDINATION TECHNIQUE La coordination technique du projet a été confiée à l’Institut de la Méditerranée qui a préparé la fiche projet, défini les objectifs et la méthode de travail, assuré la programmation des différentes activités, l’animation d’ensemble et le suivi scientifique des travaux. L’Institut a également défini le cahier des charges des différentes études qui ont été lancées au cours du projet et rédigé le « Livre Blanc » sur le système métropolitain méditerranéen présenté lors de la conférence finale. GROUPES DE TRAVAIL PROJET Des groupes de travail projets ont été organisés pour la réalisation des projets pilotes. Composés de représentants des villes partenaires et d’experts, ces groupes se sont réunis à plusieurs reprises pour échanger et dégager des stratégies et des moyens d’action communs sur les différentes thématiques retenues par les partenaires. La réalisation des études et l’animation de ces groupes ont été confiées par chacune des villes partenaires à des organismes extérieurs (consultants ou universitaires) qui ont également préparé une contribution spécifique à la réalisation du Livre Blanc. UN DÉROULEMENT CONFORME AUX OBJECTIFS Les travaux, lancés le 1er janvier 2003, se sont déroulés sur une période de 18 mois selon un programme de travail découpé en quatre phases : • Une première phase de mobilisation et de mise en place du réseau, • Une deuxième phase de recherche et de mise en évidence des meilleures pratiques sur les grandes fonctions de métropolisation, • Une troisième phase de réalisation de six projets pilotes sur des thèmes qui ont été retenus à l’issue de la deuxième phase, • Une quatrième phase de validation et de dissémination des résultats. La période de plus forte mobilisation du réseau a été celle correspondant à la réalisation de projets pilotes. Chacun de ces projets a été animé par l’une des villes partenaires qui a donc pris la responsabilité de sa mise en œuvre et de la coordination du travail entre les membres du réseau. 9 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 10 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Au cours de la conférence finale, qui s’est tenue le 30 septembre et le 1er octobre 2004 à Marseille, les partenaires ont présenté le Livre Blanc sur le système métropolitain méditerranéen reprenant les principaux résultats du projet, et sont convenus de poursuivre et d’approfondir le travail qui s’est engagé en pérennisant cette plate-forme de coopération. Au total, le projet a mobilisé plus d’une centaine de personnes, responsables des collectivités partenaires, représentants des principales agences urbaines, experts et représentants de la société civile, qui ont participé à la vingtaine de réunions de travail et séminaires qui ont été organisés dans les différentes villes partenaires. Plusieurs dizaines de contributions ont été préparées au cours du projet sur les différents thèmes retenus par les partenaires qui ont été consignées sur un cd-rom rassemblant l’ensemble des contributions et des résultats du projet. Un site internet (http://www.ins-med.org/C2M) a été mis en place et remis à jour tout au long du projet par l’Institut de la Méditerranée pour assurer les liaisons entre les partenaires et assurer la plus grande fluidité de l’information entre les différents membres du réseau. PRÉSENTATION DU DOCUMENT Le Livre Blanc comprend sept parties. La première présente les différents concepts associés à la notion de réseau de villes et leur pertinence au regard du système des métropoles méditerranéennes. L’application à l’espace méditerranéen d’un modèle d’un développement polycentrique prôné au niveau européen par le SDEC y est présentée comme une opportunité pour la consolidation de l’espace méditerranéen et comme enjeu pour la coopération interrégionale. La deuxième partie présente un état des lieux du système métropolitain méditerranéen au travers d’une analyse détaillée des principaux points forts/points faibles de l’espace, des handicaps liés à la périphéricité des différentes aires urbaines et également des opportunités que laisse apparaître leur position au cœur des nouveaux flux de la mondialisation. La troisième partie décrit, en les comparant, les dynamiques métropolitaines qui sont à l’œuvre dans chacune des villes partenaires. Les trois parties suivantes sont consacrées aux trois domaines qui ressortent des différentes analyses comme prioritaires pour le renforcement de l’armature urbaine en Méditerranée et sa constitution en zone économique d’intégration mondiale, à savoir : la gouvernance métropolitaine, la compétitivité des territoires et le système de transport. La quatrième partie fait donc le point sur les difficultés liées à la gouvernance métropolitaine au travers d’une analyse détaillée des systèmes politico-administratifs qui sont en vigueur dans les différents pays et des moyens mis en œuvre par les villes pour mobiliser l’ensemble des acteurs intervenant sur leurs territoires. La cinquième partie traite des problèmes de compétitivité des territoires urbains méditerranéens par une analyse comparée du processus d’innovation en relation avec les mécanismes de développement économique. La sixième partie présente à l’horizon 2010 et 2020 les perspectives du système de transport au sein de l’espace Medocc et les conséquences sur la cohésion et la compétitivité de l’espace. 10 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 11 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN La septième partie, enfin, présente les résultats du projet, les acquis d’une coopération qui s’est amorcée au travers de ce projet et les perspectives de développement de cette coopération. Ce rapport principal est suivi d’une présentation synthétique des résultats des six projets pilotes, respectivement : • La réhabilitation de l’interface Ville-port (coordonné par Malaga) • Le marketing urbain international (coordonné par Séville) • La technopolisation (coordonné par Barcelone) • Le système aéroportuaire du sud de l’Europe (coordonné par Lyon) • La grande accessibilité dans l’espace Medocc (coordonné par Marseille) • La culture et la connaissance comme facteurs de compétitivité urbaine (coordonné par Gênes) 11 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 12 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 13 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN 1 DE UNE LA HIÉRARCHIE DES VILLES AU POLYCENTRISME EUROPÉEN UNITÉ MÉDITERRANÉENNE ROMPUE PAR L’HISTOIRE Les premiers réseaux se sont développés à l’intérieur de l’espace méditerranéen selon un schéma « braudélien » : une ville par relais de poste et un réseau de ports séparés par une journée de mer. À l’est du bassin méditerranéen, on a donné le nom « d’échelles du Levant » au chapelet de cités marchandes par lesquelles les voyageurs d'Europe accédaient à l'Orient. De Constantinople à Alexandrie, en passant par Smyrne, Adana ou Beyrouth, ces villes ont longtemps été des lieux de brassage où se côtoyaient langues, coutumes et croyances. Des univers précaires que l'Histoire avait lentement façonnés, avant de les démolir. Un nouveau type de structuration de l’espace, à la fois continental et maritime, a émergé au Moyen Âge, à partir principalement de l’Italie et du nord de l’Europe, qui a permis d’élargir à l’ensemble du continent l’espace de la production et des échanges. Les grandes villes portuaires de Méditerranée (principalement Venise et Gênes) ont dominé la sphère des échanges au sud de l’Europe et dans ses relations avec l’Orient avant que la chute de Constantinople et la découverte du Nouveau Monde ne leur porte un coup fatal. Ce phénomène n’a pas touché que la Méditerranée. Ainsi, dans le même temps, au nord de l’Europe, la ligne hanséatique qui a compté plus de 80 villes comptoirs dominait l'axe commercial Mer du Nord-Mer Baltique. D’autres associations ont également existé entre les villes du nord de la France et des Pays-Bas. Cette structure originale d’une Méditerranée articulée autour du fait urbain et de sa mise en réseau sera évincée par le Traité de Westphalie en 1648 qui entérine la notion d'Etat Nation. L'Europe devient un ensemble d'Etats disposant de frontières précises et reconnues par les autres, et sur lesquels le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Leurs modes d’organisation spécifient le fonctionnement institutionnel de chaque société y compris dans la configuration de leur système urbain. Le fait urbain sera, à partir de là, soumis au fait national. Les alliances historiques entre villes européennes vont alors être soumises aux vicissitudes de l’histoire. Au sud de l’Europe, l’unité de la Méditerranée s’est brisée. Les relations séculaires qu’entretenaient les différentes villes qui bordent le bassin se sont progressivement effacées devant les stratégies des Etats. Une structuration nord-sud de l’espace méditerranéen s’est amorcée qui perdure encore aujourd’hui. UNE RECONSTRUCTION DES RÉSEAUX SUR DES BASES NATIONALES A partir de la Renaissance, les réseaux de ville se sont alors rebâtis sur des bases nationales. Tout d’abord selon un modèle de centre-périphérie réunissant, autour d’une aire urbaine importante, des villes de taille moyenne. 13 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 14 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Puis, une deuxième génération de réseaux urbains a vu le jour au XIXème siècle à un moment où la croissance économique imposait, dans chacun des pays européens, une structuration de l’espace intermédiaire entre le niveau national et le niveau urbain. Ils représentent encore aujourd’hui l’essentiel des réseaux de villes constitués au niveau européen. De fait, les principaux réseaux urbains en Europe fonctionnent encore sur une base qui est très largement nationale. « D’une façon générale et pour l’ensemble de l’espace européen, le poids des frontières nationales demeure important. En moyenne, toutes choses égales quant à la taille des villes et à la distance qui les sépare, les échanges aériens internationaux sont sept fois moins importants que les échanges intra-nationaux ; les échanges ferroviaires internationaux le sont eux, en moyenne, dix fois. »1 Le manque de perméabilité des frontières est particulièrement patent en Méditerranée. Ainsi, « les flux entre l’Espagne et l’Italie sont vingt fois plus faibles que ne le laisserait supposer la règle gravitaire basée sur la comparaison des structures productives. Les principales métropoles du bassin méditerranéen conservent une forte cohérence d’organisation et des interdépendances à l’échelon national » : Séville et Barcelone sont largement interdépendantes avec Madrid et Marseille, Lyon avec Paris, Gênes avec Milan et Naples avec Rome. LA LENTE RÉÉMERGENCE MÉDITERRANÉE DES RÉSEAUX TRANSNATIONAUX DE VILLE EN Cette structuration de l’espace méditerranéen sur une base principalement nationale est néanmoins en train d’évoluer. La construction européenne et la mondialisation de l’économie semblent, en effet, donner un nouvel élan aux réseaux transnationaux de villes. Une triple sollicitation est, ici, à l’œuvre. La première est que les villes concentrent, en Europe comme ailleurs dans le monde, une part de plus en plus importante de la richesse et du pouvoir. Contrairement à une idée reçue, les flux économiques, loin de se diriger vers les régions ou les pays où la main-d’œuvre est la moins chère, se concentrent plutôt sur les pays les plus riches et, à l’intérieur de ces pays, vers les grands pôles urbains. Métropolisation et mondialisation semblent aller de pair. La dimension spatiale, longtemps retranchée du répertoire économique au profit des mécanismes généraux, redevient une « catégorie active ». Le jeu réciproque des villes représente un élément essentiel de la dynamique économique des nations. Comme l’a montré Pierre Veltz2 : « La géographie, n’est pas le résultat secondaire de processus économiques et sociaux spatiaux dans leur principe sinon évidemment dans leurs formes concrètes. Elle est une composante active et cruciale de la dynamique mondiale. La métropolisation, en particulier, n’est pas seulement la forme qui habille les grands processus économiques. Elle en est largement la substance même ». La seconde tient à la montée en charge progressive des institutions européennes sur les questions urbaines. La transnationalisation des politiques urbaines a été influencé, voire encouragée, par la politique européenne qui a vu là un moyen de promouvoir des modes de gouvernance prônés par l’Europe, comme la décentralisation des politiques publiques ou la promotion du rôle de la société civile dans les processus de décision. Les réseaux transnationaux de villes sont ainsi perçus comme de puissants vecteurs d’intégration territoriale en Europe. Ces réseaux qui relient les collectivités territoriales et, avec elles, les 1 Nadine Cattan, et Alii, Le système des villes européennes, Anthropos - 1999 2 Pierre Veltz, L’économie d’archipel, PUF 14 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 15 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN entreprises, les communautés, les centres de recherche, les chambres de commerce, les ports et aéroports, la société civile, etc, constituent, en effet, des fondations nouvelles pour la construction européenne. Ils servent également de multiplicateurs d'opinions en familiarisant le public avec l'Union et en montrant les politiques communes en action. La troisième sollicitation et peut-être la plus importante ici découle de ce que les progrès socio-économiques et techniques se diffusent plus rapidement au sein de systèmes de villes homogènes et bien interconnectés qu’au sein de villes « insulaires ». Les réseaux de villes sont, en effet, et c’est certainement là l’un de leurs apports essentiels, au cœur de la diffusion des innovations, qu’elles soient techniques ou sociales. UNE HIÉRARCHIE MONDIALE DES VILLES REMISE EN QUESTION De nombreux travaux ont mis l’accent sur une représentation hiérarchique du système des villes dans le monde. Ce modèle épouse en fait une vision hiérarchique des systèmes de production qui serait progressivement imposé par les firmes multinationales aux territoires qui accueillent leurs activités. Cette vision, qui a connu son apogée dans les années 80, est basée sur un fonctionnement orienté vers l’abaissement des coûts ; la hiérarchie des fonctions dans l’entreprise qui en découlait trouvait sa traduction sur le terrain par une claire séparation des fonctions. Au sommet de ce modèle, les métropoles qui contrôlent la sphère financière ; en bas, les villes spécialisées dans les fabrications à bas coût. Toutefois cette vision qui marginalise le rôle des systèmes urbains périphériques, comme le système urbain méditerranéen, est de plus en plus considérée comme réductrice et progressivement remplacée dans une vision polycentrique du territoire européen. Le modèle hiérarchique et sa traduction spatiale correspondent, d’une part, de moins en moins à la réalité des modes de fonctionnement des entreprises. Il ne s’agit pas ici de contester ce modèle ni d’en prédire la disparition dans la mesure où il continue à rendre compte d’une réalité soutenue par un important appareil statistique. Mais il souffre, d’une part, de magnifiques contre-exemples. L’économie la plus puissante en Europe, à savoir l’économie allemande, n’est pas organisée territorialement selon un modèle hiérarchique. Les Etats-Unis avec quatre grandes zones d’intégration mondiales (voir plus loin) n’obéit également que très imparfaitement à ce modèle. L’Italie est également un système territorial faiblement hiérarchisé. En France et en Espagne, l’hypertrophie de la ville capitale qui, dans les deux cas, concentre près de la moitié de la richesse nationale, traduit plus un ordre politique transposé dans le domaine économique qu’une organisation spontanée des territoires. Mais surtout, les modes de fonctionnement de la sphère productive ont profondément changé. D’une part, les grandes firmes perdent des emplois au profit des petites et moyennes entreprises qui, de ce fait, jouent un rôle de plus en plus structurant sur le territoire. D’autre part, il s’agit moins de produire au moindre coût que de produire mieux, de favoriser la qualité, de s’adapter à la demande en réduisant les temps d’accès au marché, de se différencier par les effets de gammes, par l’innovation, par la tarification. Ces évolutions remettent en cause l’organisation même des systèmes de production et leurs modes de coordination territoriale. La pluralité des objectifs poursuivis complexifie les organisations et leurs modes de fonctionnement. La performance des organisations passe désormais par l’optimisation des processus internes et externes, par la dynamisation des compétences et les techniques. Le rôle du coût des ressources est relativisé au profit des 15 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 16 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN relations entre acteurs. La productivité dépend de la capacité à gérer des interactions faiblement formalisées. Elle devient relationnelle. Ces évolutions favorisent bien évidemment la concentration spatiale des activités et accroissent le rôle des villes comme lieu d’expression de cette nouvelle productivité où le rôle de l’informel devient prépondérant. Dans le même temps, le modèle spatial hiérarchique se transforme. Mais l’important est que cette concentration est de moins en moins hiérarchisée dans la mesure où les organisations de type vertical laisse la place à des modes d’organisation plus horizontaux. La hiérarchie entre systèmes de villes s’estompe. De ce fait, des espaces métropolitains suffisamment denses pour permettre des effets de masse critique, en terme de marché du travail notamment, et disposant de réseaux de coopération et externes suffisamment structurés, peuvent constituer des foyers de développement dynamiques offrant à leurs habitants un niveau de vie comparable à celui des régions les plus développées dans le monde. Et leur mise en réseau au sein d’un même espace peut donner corps à l’émergence d’un macro-territoire capable d’interagir avec les autres grandes zones d’intégration mondiale. La hiérarchie des systèmes urbains s’efface donc au profit d’une organisation spatiale mettant en relation, sur des bases équilibrées, des espaces économiques et humains intégrés sur grande échelle et disposant d’une palette complète de fonctionnalités leur permettant d’interagir entre eux. DES RÉSEAUX STIMULÉS PAR LA CONCURRENCE Une autre difficulté souvent citée dans la constitution des réseaux, particulièrement pour des villes géographiquement proches les unes des autres, est la concurrence naturelle à laquelle elles se livrent et qui limiterait leur capacité de coopération. La logique des réseaux est, en effet, complexe. Plusieurs approches coexistent en réponse à des stratégies ou des intérêts divergents. Les réseaux dits spécialisés sont fondés sur un modèle classique de division du travail en fonction des ressources, de la position géographique, des savoir-faire locaux. Ces réseaux unissent généralement des villes moyennes. Les cas de spécialisation sont, en effet, de plus en plus rares parmi les villes de grande taille qui tendent à être plurifonctionnelles et diversifiées. D’autres réseaux plus circonstanciels unissent des villes autour d’un projet (de type grande infrastructure, par exemple) ou dans un objectif de défense d’intérêts communs réels ou supposés (dans un but de lobbying européen, par exemple) Mais les réseaux les plus représentatifs des formes les plus récentes de structuration de l’espace européen sont des réseaux régionaux (au sens européen) de villes fortement concurrentes qui offrent, sans différenciation apparente, une densité répartie de fonctions et de services de haut niveau et qui mettent en résonance ces compétences dans une organisation territoriale qui accroît la compétitivité de chacune de ses composantes sans que rien ne soit retiré aux éléments qui la composent. Ces villes s’associent non parce qu’elles sont « complémentaires » mais justement parce que concurrentes au sein d’un même espace pertinent qu’elles partagent. On retrouve au niveau des villes ce que l’on observe déjà au niveau des Etats leur niveau d’échange est d’autant plus important que 16 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 17 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN leurs structures de production sont proches. Les spécialisations ne sont plus interbranches, comme dans les réseaux spécialisés, mais intra-branche et souvent à des niveaux très fins d’activité. Et l’on sait que ces spécialisations intra-branche sont porteuses d’une diffusion du progrès technique. On constate, de fait, avec Roger Brunet1 que « les relations entre villes sont, de nos jours, et en Europe, beaucoup plus des relations entre semblables qu’entre différents. C’est un effet de la complexité : deux villes assez grandes et assez diversifiées se ressemblent, mais multiplient les occasions d’échange, de confrontation, de coopération. » S’ajoute à cela une vision « régionalisée » du monde progressivement imposée par la mondialisation. L’intégration des villes dans des ensembles régionaux résulte, en effet, de leur insertion dans les réseaux économiques majeurs. On constate, de façon empirique, les relations d’intense transaction qui animent des ensembles urbains importants situés à quelques centaines de kilomètres les uns des autres et qui semblent représenter un optimum en terme de structuration territoriale, tirant le bénéfice d’une proximité qui permet de bénéficier de relations interpersonnelles tout en disposant d’un territoire et d’une autonomie suffisants pour leur expansion. Ces espaces transcendent bien évidemment les frontières. La Datar2 parle à leur propos de « petites Europes » pour décrire ces ensembles régionaux qui agissent comme « centres trans-territoriaux » qui subdivisent le territoire européen en sous-espaces compétitifs au sens de la mondialisation. Cette forme de structuration de l’espace est au cœur de la vision polycentrique de l’Europe prônée par le SDEC qui remet également en cause un modèle que l’on croyait dominant de hiérarchisation des systèmes de villes. LE POLYCENTRISME AU CŒUR D’UNE NOUVELLE VISION DU TERRITOIRE EUROPÉEN Le concept de polycentrisme n’est pas nouveau. Il remonte aux années 30 lorsque s’est développé le concept de ville éclatée autour d’un centre concentrant toutes les activités dites supérieures de service, et d’une pluralité de centres secondaires liés entre eux par des moyens de transport urbains performants. Au cours des années 50 et 60, le concept s’est transformé dans une vision hiérarchique du système de villes, considéré comme plus apte à diffuser le développement économique des grands ensembles urbains vers des centres secondaires. À partir des années 70, la montée en charge des services à forte valeur ajoutée est venue modifier les modes de structuration urbaine. Le développement basé jusqu’alors sur des économies d’échelle a fait place à un développement basé sur des réseaux de compétences au sein d’un même ensemble ou sous ensemble régional, capable d’offrir une palette flexible de services à des investissements devenus de plus en plus mobiles. Le polycentrisme initialement circonscrit comme normatif d’une structure urbaine régionale, s’est étendu. Repris au niveau européen, son objectif est de valoriser, à l’échelle du continent, les agglomérations disposant d’un poids démographique et d’un potentiel économique suffisants pour interagir avec les grands centres de décision européens et mondiaux. Ce réseau urbain européen aurait comme objectif de devenir le « relais territorial » pour une croissance des zones périphériques de l’Europe. Le polycentrisme vise donc à favoriser les développements de plusieurs pôles compétitifs dans les périphéries 1 L’Europe des réseaux - Roger Brunet dans Réseaux urbains en Europe. 2 Délégation à l’aménagement du territoire - France. 17 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 18 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN européennes en complément de celui existant dans sa partie centrale. La libéralisation des échanges et la transition radicale des systèmes productifs liés au territoire (agriculture, industrie) vers des systèmes plus tournés vers l’immatérialité (services) ont entraîné un bouleversement profond dans la nature et la localisation des facteurs de compétitivité. Les quelques places fortes conjuguant à la fois savoir, fonctions économiques, fonctions logistiques et densité de population, ont été le terrain d’accueil privilégié pour des investissements privés devenus plus volatils. Les investissements privés ont le plus souvent suivi la même direction à l’heure où la croissance constituait le contenu fondamental du projet européen. Le SDEC prône la création et le développement de plusieurs zones dynamiques d’intégration dans l’économie mondiale qui sont un instrument important pour accélérer le développement économique et pour créer des emplois dans l’Union Européenne, en particulier dans les régions considérées actuellement comme structurellement faibles. Or, il n’existe, pour le moment en Europe et contrairement aux Etats-Unis, qu’une seule grande zone géographique d’intégration économique d’importance mondiale : le cœur de l’Union Européenne, délimitée par les métropoles de Londres, Paris, Milan, Munich et Hambourg, baptisée le polygone européen. Dans une Europe désormais à 25 membres, cette zone qui représente 14% du territoire, regroupe 32% des citoyens produisant 46,5% du PIB de l’Union. Cette zone assure des fonctions économiques et des services globaux performants, qui rendent possibles un niveau de revenus élevé et une infrastructure bien développée. De ce point de vue, la géographie de la structure économique de l’Union Européenne se distingue par exemple de celle des Etats-Unis, laquelle bénéficie de plusieurs zones d’intégration économique d’importance mondiale : Côte Ouest (Californie), Côte Est, Sud-Ouest (Texas), Middle West. Le renforcement de l’armature urbaine et métropolitaine autour du bassin méditerranéen est donc à la foi, une chance et une nécessité pour un développement équilibré de l’Union et une meilleure valorisation de son potentiel économique. Or, jusqu’à présent, les mesures politiques de développement spatial menées aussi bien au niveau des Etats qu’à celui de l’Europe, visaient essentiellement à améliorer le rattachement des espaces périphériques, comme l’espace méditerranéen, au « cœur » de l’Europe par le biais de nouvelles infrastructures. Cette politique doit évidemment être poursuivie mais elle est loin d’être suffisante. De nouvelles perspectives doivent être tracées. La création de plusieurs zones dynamiques d’intégration économique mondiale bien réparties sur le territoire de l’Union Européenne, constituées de régions métropolitaines interconnectées et d’un accès international facile, articulées autour de villes et de zones rurales de tailles différentes, devient, en effet, un élément crucial de son développement. C’est bien dans cette perspective que s’inscrit le projet C2M. 18 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 19 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN 2 ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DU SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN UN ESPACE MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE HÉTÉROGÈNE ET FRAGMENTÉ L’espace Méditerranée Occidentale (en abrégé Medocc) désigne réunit les régions NUTS II suivantes : • Espagne : six Autonomies régionales et les deux villes autonomes : Andalousie, Aragon, Catalogne, îles Baléares, Murcie, Valence, Ceuta et Melilla. • France : quatre Régions : Corse, Languedoc-Roussillon, Provence Alpes Côte d'Azur, Rhône-Alpes. • Italie : treize Régions : Basilicate, Calabre, Campanie, Emilie-Romagne, Latium, Ligurie, Lombardie, Ombrie, Piémont, Sardaigne, Sicile, Toscane, Val d'Aoste. • Portugal :une Région Autonome : Algarve • Royaume-Uni : une Région de Programme Economique : Gibraltar Ce territoire intègre donc : - des régions méditerranéennes, le long de l'arc littoral de l’Algarve à la Calabre et la Grèce ; - des territoires insulaires, Baléares, Corse, Sardaigne, Sicile ainsi que l’ensemble des îles petites et moyennes ; - des régions intérieures ayant vocation à servir d’interface entre les régions littorales et le reste du continent européen. Cet espace regroupe près de 84 millions d’habitants, dont environ 52% en Italie, 24% en Espagne, 15% en France, 8% en Grèce, moins de 1% au Portugal et à Gibraltar. Bien que constituant un espace de cohérence historique et culturel indéniable et un système d’interdépendance, le bassin méditerranéen est un espace hétérogène et fragmenté tant au niveau économique, institutionnel que géographique. L’espace Méditerranée occidentale rassemble des régions économiquement très prospères, comme celles du nord de l’Italie, de la Catalogne en Espagne et du Grand delta du Rhône en France. Ces régions sont au contact direct de régions moins favorisées à ce titre. Dans le contexte de l’Union Européenne, il a pour principale caractéristique d’accueillir à la fois la plupart des régions bénéficiaires des politiques de cohésion mais aussi certains pôles de développement tout à fait majeurs du sud de l’Europe qui peuvent constituer des 19 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 20 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN éléments forts pour le développement futur de ces territoires. Cohabitent également des régions encore fortement marquées par la dominante touristique et agricole et des régions qui, à l’inverse, se situent dans des dynamiques métropolitaines fortes essentiellement basées sur l’économie des services. De ces caractéristiques relativement disparates résultent des stratégies très différentes en matière de développement régional et de planification. Ces divergences sont amplifiées par la diversité des organisations politiques et administratives et l’exercice des compétences régionales dans chacun des pays. Même si la plupart des grandes villes et métropoles disposent de pôles d’excellence de renommée européenne et parfois mondiale (universités, centres de recherche, activités économiques, etc.), le niveau d’intégration de leurs systèmes économiques et les coopérations sont encore réduits. DES DÉSÉQUILIBRES DANS LA TRANSFORMATION DES TERRITOIRES À L’ÉCHELLE DU BASSIN Les régions qui bordent le bassin méditerranéen sont soumises aux mêmes mouvements de transformation de leur territoire, qu’il s’agisse des atteintes à l’environnement, de la métropolisation et de la littoralisation. LES RISQUES DE FRACTURE ÉCOLOGIQUE Plus que dans d’autres parties du monde, la protection de l’environnement revêt, en Méditerranée, un caractère très sensible car si le patrimoine naturel méditerranéen a offert de grandes potentialités aux activités humaines, celles-ci le mettent en péril aujourd’hui. Dans nombre de régions méditerranéennes, au sud comme au nord, le développement se fait par épuisement de la rente naturelle méditerranéenne. À terme, l’environnement peut y devenir une limite au développement économique, un véritable goulet d’étranglement. LA MÉTROPOLISATION Dès à présent, 274 millions des habitants des pays riverains sont des citadins. Les taux d’urbanisation (67% pour les pays de la rive nord et 62% pour ceux de la rive sud ) augmentent dans tous les pays. Ce processus d’urbanisation, même s’il concerne aussi de petites villes, est principalement la conséquence de l’explosion des principales métropoles dans la plupart des pays méditerranéens. Barcelone, Marseille, Gênes, Casablanca, Alger, Tunis, Le Caire sont des agglomérations millionnaires. L’évolution plutôt bien maîtrisée du processus de métropolisation des grandes villes du nord du bassin méditerranéen contraste avec l’explosion urbaine que l’on observe dans la plupart des pays du sud. Cette explosion est, à la fois récente et brutale. Elle est, de ce point de vue, très différente par ses rythmes, ses facteurs, ses répercussions spatiales et sociales, de la croissance des villes du Nord au cours de la période d’industrialisation. Cette hyper croissance des villes du Sud est un phénomène mondial qui est en train de bouleverser la hiérarchie mondiale des villes. Le déracinement de millions de ruraux envahissant les villes, se fixant de façon plus ou moins clandestine sur les marges de la cité, puis occupant des espaces centraux rapidement taudifiés aboutit à un gonflement. Ces évolutions rapides ont entraîné de graves déséquilibres (déficit de logements, désordre des constructions, gaspillage des terres agricoles, etc) dans un vaste mouvement de périurbanisation mal contrôlé. Au sein même des métropoles, les inégalités s’accroissent entre les quartiers et les centres et les ruptures économiques et sociales se multiplient. Le « mal-développement urbain » caractérise souvent les pays du sud de la Méditerranée. 20 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 21 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LA LITTORALISATION L’intensification des échanges entre pays des deux rives va accentuer le centre de polarisation que constitue la Méditerranée dont les rivages accueillent de plus en plus d’habitants venus des arrières-pays et la plupart des activités économiques. On observe des clivages nets littoral-intérieur accompagnés d’une métropolisation linéaire qui se développe sur des axes comme ceux de Barcelone-Valence-Séville ou de Marseille-NiceGênes. Ces mouvements se développent dans des milieux naturels particulièrement fragiles, terrestres et marins, particulièrement sensibles aux problèmes de déchets industriels et à ceux de la rareté des ressources naturelles de qualité (eau et air). Cette situation de pression continue sur les zones littorales se traduit par des conflits d’usage des sols, qui s’exercent le plus souvent au détriment des activités les moins compétitives et limitent les efforts de protection. Cela renforce la nécessité de s’appuyer sur les territoires en tant que base d’organisation du développement. LA PROBLÉMATIQUE DES TRANSPORTS En Méditerranée, le caractère montagneux des littoraux induit, au nord comme au sud, de multiples coupures avec des façades maritimes souvent mal reliées aux hinterlands. Cette situation a des conséquences importantes en matière de transport et de communication. Or, le système de transport et les réseaux télématiques constituent un élément pivot pour la réalisation effective d’une zone d’intégration mondiale en Méditerranée car c'est par eux que s'établissent les liens entre les territoires, les hommes et les entreprises. De fait, la Méditerranée prend, en matière d’organisation des transports la dimension d’une contrainte. Les coûts de transports nord-sud ou est-ouest y sont parmi les plus élevés au monde. Le sud de l'Europe ne valorise pas suffisamment sa façade maritime dans ses échanges avec le reste du monde. Les réseaux terrestres sont discontinus, peu cohérents et largement saturés, ce qui constitue un handicap par rapport à l’Europe du Nord qui est mieux équipée de ce point de vue. Les ports constituent un atout en matière de développement économique mais tirent le plus souvent insuffisamment parti des activités maritimes. Leurs hinterlands sont par ailleurs souvent sous-valorisés, en raison notamment d’infrastructures de transport de marchandises moins développées qu’en Europe du Nord. Cet espace ne dispose pas non plus d’un système organisé de voies d’eau comme celles qui jouent un rôle structurant dans les échanges de l’Europe Rhénane ou Danubienne. Le rôle que devrait jouer le ferroviaire s’en trouve accru mais on constate un retard notable en matière d’infrastructures dans ce domaine. Ceci entraîne un basculement sur le mode routier qui présente des inconvénients en matière environnementale d’autant plus importants que les réseaux sont concentrés dans des corridors du fait de la géographie fragmentée de l’espace. Au nord du bassin, la consolidation des réseaux de transports constitue donc un enjeu majeur. Cette consolidation implique en particulier le développement des liaisons Est-Ouest, à la fois transalpines, littorales, aériennes et maritimes. Cela implique le franchissement de barrières physiques alpines et pyrénéennes entre autres, sans négliger le nécessaire renforcement des communications entre corridors littoraux et les zones de l'intérieur beaucoup moins accessibles. DES POTENTIALITÉS AU TRAVERS DE SON SYSTÈME MÉTROPOLITAIN En regard de ces difficultés, l'espace de la Méditerranée occidentale possède des atouts indéniables et considérables, qui permettent de fonder une forte ambition en matière de 21 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 22 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN politique de développement spatial pour l'ensemble de l'arc sud européen : • Des pôles métropolitains importants et dynamiques, parmi lesquels émergent d'abord Milan mais aussi Barcelone, Lyon, Rome, Turin, Marseille, Naples, etc. Ces pôles sont souvent portuaires. • Des pôles d'excellence tertiaire modernes et dynamiques, s'appuyant tantôt sur des activités de négoce et de banque historiques, tantôt sur une tradition universitaire ancienne, parfois à partir des industries de l'accueil tourisme, culture, loisir, etc. • Des pôles manufacturiers modernes et compétitifs, parfois, comme en Italie, organisés en districts industriels. • Une tradition culturelle ancienne avec, d'une part, un patrimoine particulièrement riche et qui reste encore à valoriser en dehors des grands sites urbains spécialisés et, d'autre part, une culture vivante qui a su se prolonger avec des activités artistiques, universitaires, de recherche et plus généralement de création. • Un patrimoine naturel exceptionnel qui se trouve être le support d'une intense valorisation touristique mais qui est particulièrement fragile et devrait correspondre à des politiques d’aménagement du territoire privilégiant le développement durable. L'enjeu transversal principal de cet espace est donc la diffusion du développement des pôles de croissance méditerranéens à l'ensemble de l'arc sud-ouest européen. DES COOPÉRATIONS ENCORE EMBRYONNAIRES De très nombreuses initiatives, de très nombreux courants de réflexion communes, des réseaux plus ou moins formalisés existent entre les pays et les régions qui bordent le bassin méditerranéen. Jusqu’au milieu des années 1990, ces initiatives relevaient le plus souvent de la société civile ou des milieux académiques et n’influencaient que très marginalement l’action des Etats ou des collectivités locales. Les coopérations entre entités publiques nationales ou locales restaient limitées et cantonnées le plus souvent à des relations bilatérales. La plus grande focalisation de l’Europe sur la Méditerranée a toutefois conduit, à partir de 1995, à un développement rapide de la coopération au sein de cet espace : coopération entre entités européennes au travers du programme Interreg, coopérations avec le Sud au travers du partenariat euro-méditerranéen. Cette coopération reste néanmoins encore peu effective du fait, principalement, de l’absence d’une vision régionale transnationale de la part des Etats. LES COOPÉRATIONS INTERGOUVERNEMENTALES Au niveau des Etats, les questions transnationales touchant la Méditerranée sont traitées au sein de Commissions intergouvernementales permanentes ou fonctionnant sur des programmes ad hoc mis en place par les pays concernés. Ainsi, les programmes transnationaux de transport (ligne TGV Perpignan-Figueras ou le Lyon-Turin, par exemple) sont traités au sein de commissions intergouvernementales franco-italienne et francoespagnole. Les références aux schémas européens des transports ne sont pas toujours très claires au niveau de la programmation de ces infrastructures. Par ailleurs, les régions concernées dans la réalisation de ces infrastructures ne sont que marginalement consultées 22 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 23 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN même lorsqu’elles sont sollicitées financièrement pour leur réalisation. Certaines questions à caractère économique (la pêche, par exemple) ou touchant les questions d’environnement sont également évoquées au sein de ces Commissions. Hormis ces questions, on a plutôt assisté ces dernières années à un retrait des Etats sur les questions méditerranéennes. Aucune vision prospective commune ne vient, en particulier, encadrer les décisions qui, à différents niveaux de l’action publique sur l’ensemble du bassin, structurent le territoire. LES COOPÉRATIONS ENTRE LES INSTITUTIONS LOCALES Les coopérations entre collectivités territoriales en Méditerranée sont récentes et encore très dispersées. Les régions méditerranéennes membres de la CRPM1 se retrouvent au sein d’une Commission inter-méditerranéenne qui a, jusqu’ici, beaucoup plus fonctionné comme un instrument de dialogue que comme un véritable outil de coopération. Les provinces et départements se sont également regroupés dans une structure commune, mais qui reste peu active du fait de la très grande disparité de compétences entre les institutions de ce niveau au sein des pays méditerranéens. Le réseau des Eurocités2, dont font partie les partenaires du projet C2M, constitue un puissant lobby en faveur du renforcement du rôle des villes dans la politique européenne. Mais ce réseau n’a pas véritablement de dimension méditerranéenne. La Commission méditerranéenne, présidée depuis 2004 par la ville de Turin, a surtout œuvré au développement de la coopération avec les villes au sud du bassin (voir plus loin). Autre exemple, le réseau des Chambres de Commerce de Méditerranée (Ascame) est une structure de contact et de montage de projets qui regroupe les Chambres de Commerce et d’Industrie des pays qui bordent le bassin méditerranéen. Les thématiques y sont spécifiques à l’action des Chambres de Commerce. L’Association Internationale des Villes-Ports (AIVP) regroupe une série de villes partenaires qui ont en commun les ambitions et les problèmes liés au développement des places portuaires. Des coopérations techniques existent également entre les ports de Barcelone, de Marseille et de Gênes. Tous ces réseaux ont la particularité de disposer d’une base institutionnelle permanente. D’autres structures existent de nature plus informelle mais plus spécifiquement axées sur les questions méditerranéennes. Relèvent de cette typologie les accords anciens signés entre Barcelone, Lyon et Turin et, plus récemment, la Charte d’Alliance entre Barcelone, Lyon, Marseille et Gênes qui est à l’origine du projet C2M. Cette charte est la première initiative d’importance prise par les grandes métropoles du sud de l’Europe pour renforcer leur coopération et l’étendre à des éléments stratégiques relatifs à la structuration de leur espace. LES COOPÉRATIONS NORD-SUD La coopération entre les villes du sud de l’Europe et les villes des pays du sud de la Méditerranée est ancienne au travers de ce que l’on appelle la coopération décentralisée. Elle s’inscrit dans la stratégie internationale des villes européennes qui, sans privilégier totalement leurs relations avec les villes du Sud, leur donne un poids particulier du fait de 1 Conférence de Régions Périphériques Maritimes 2 Les Eurocités constituent un réseau d’une centaine de métropoles européennes qui a pour objectif de défendre les intérêts des agglomérations urbaines auprès des institutions de l’Union Européenne et de faciliter les échanges d’informations et d’expériences. 23 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 24 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN leur proximité géographique, culturelle et humaine. Devant l’échec des programmes MED, elles ont pour la plupart engagé des programmes de coopération bilatérale sur leurs propres fonds ou à travers des programmes nationaux, ne permettant pas la promotion d’une coopération réellement multilatérale qui reste la véritable valeur ajoutée de l’Union. La communication politique reste un ressort majeur pour ces coopérations dont l’effet de levier réel est incertain. Une démarche récente mérite ici d’être signalée : celle de la Commission méditerranéenne des Eurocités qui a lancé en 2000, à l’initiative de la ville de Bordeaux, un programme de coopération entre les villes de l’Union Européenne et celles des rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Ce programme, baptisé « Pacte Euromed » a débouché sur quelques réalisations. La perspective des programmes dits de voisinage et l’ouverture faite au niveau communautaire pour des coopérations à court terme entre les instruments Interreg et Meda, laissent entrevoir une certaine relance d’une coopération institutionnelle multilatérale d’autant plus importante que cet apport, dans des contextes politiques parfois difficiles, s’avère essentiel au maintien d’un dialogue permanent entre les deux rives. UN CONTEXTE PARTICULIÈREMENT PROPICE AU RENFORCEMENT DU SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN En dépit des difficultés qui viennent d’être exposées, des retards apportés à la recherche d’une plus grande cohésion de l’espace méditerranéen, un contexte plus favorable se dessine à partir de trois évolutions majeures mises en évidence au cours du projet, à savoir : • Le rôle accru des politiques urbaines dans la politique européenne et la stratégie territoriale des Etats ; • Une réforme de la politique de cohésion de l’Union Européenne favorable à la coopération transnationale ; • Une position géostratégique redevenue favorable de la Méditerranée au cœur des nouveaux flux de la mondialisation. RÔLE ACCRU DES POLITIQUES URBAINES EN EUROPE Après avoir été longtemps soumises au pouvoir des Etats, les villes se sont retrouvées progressivement, depuis le démarrage de la construction européenne, sous la coupe des régions. Cette situation est en train d’évoluer du fait d’une mondialisation qui donne une importance grandissante à la territorialisation des politiques au sein des métropoles. La polarisation progressive des activités au sein des métropoles est une réalité. On parle à présent de région métropolitaine pour recoller réalité humain et réalité administrative. Le terme est couramment employé à Barcelone bien que l’intercommunalité ne soit pas à l’ordre du jour. On parle de plus en plus à Marseille de la Région Urbaine Marseille-Aix en Provence. Cette vision est, à présent, de plus en plus largement reprise par les Etats méditerranéens qui prennent progressivement conscience d’une plus grande focalisation de leur politique territoriale autour de leurs aires urbaines. On verra plus loin, dans le chapitre consacré à la gouvernance, les évolutions en cours dans ce domaine dans les trois pays et, en particulier, les politiques nationales d’incitation pour un renforcement des capacités métropolitaines. Au point que certains s’interrogent sur le fait de savoir si, à une vision de plus en plus régionalisée du territoire européen ne va pas succéder un « fédéralisme métropolitain », déjà implanté dans certains pays et qui pourrait devenir progressivement la forme privilégiée d’organisation du territoire. 24 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 25 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN UNE RÉFORME DE LA POLITIQUE DE COHÉSION DE L’UNION COOPÉRATION TRANSNATIONALE EUROPÉENNE FAVORABLE À LA La politique de cohésion est l’instrument communautaire qui doit permettre de remédier aux écarts de développement entre régions européennes, en favorisant leur convergence. La Commission européenne a, dans son troisième rapport sur la cohésion économique et sociale, Un nouveau partenariat pour la cohésion : convergence, compétitivité, coopération, livré ses propositions concernant le futur de cette politique pour la période 2007-2013. La politique suivie jusqu’ici va en être profondément modifiée et alignée sur la stratégie décidée à Lisbonne de « faire de l'Europe, d'ici 2010, l'économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde », stratégie qui a été élargie au sommet de Göteborg en mettant un nouvel accent sur la protection de l'environnement et la réalisation d'un modèle plus durable de développement Les coopérations transnationales entre collectivités territoriales (Interreg, Urban,…) qui relevaient jusqu’à présent de programmes expérimentaux dits « d’initiative communautaire » vont, du fait de leur relatif succès, être, à partir de 2007, inclus dans le « mainstream » des fonds structurels et devraient permettre de mobiliser davantage les Etats (cofinancement et projets structurants). En particulier, l’objectif 3 des nouveaux fonds structurels, dédié à la « coopération territoriale européenne », vise ainsi à « renforcer la coopération au niveau transfrontalier par des initiatives conjointes locales, au niveau transnational par des actions structurantes pour le territoire liées aux priorités de la Communauté, et par la mise en réseaux et l’échange d’expérience au niveau territorial approprié ». Cette décision des Etats s’accompagne d’un accroissement significatif des montants alloués à cette coopération qui devraient, selon les dernières estimations disponibles, passer de 4,5 à plus de 12 milliards d’euros sur la période 2007-2013. Les moyens mis à la disposition des régions et des métropoles pour conduire des projets de coopération au niveau transnational vont donc être significativement accrus. L’orientation de ce nouveau programme va également favoriser des projets de taille plus importante que ceux menés jusqu’ici et permettre ainsi de s’engager sur des réalisations plus importantes que par le passé. L’élargissement et la réforme de la politique de cohésion, par les changements qu’ils impliquent, sont donc une occasion à saisir pour la zone méditerranéenne de se penser en tant que zone, pour se resituer dans l’espace communautaire en mutation. S’ajoute à cela la montée en charge des programmes dits de « voisinage » entre l’Europe et les régions du sud du bassin qui vont donner un rôle accru aux collectivités méditerranéennes dans leurs relations avec les pays partenaires méditerranéens. UNE MÉDITERRANÉE AU CŒUR DES NOUVEAUX FLUX DE LA MONDIALISATION Contrairement à une idée reçue et comme nous le verrons plus loin, la façade méditerranéenne de l’Europe est animée par un flux d’échanges économiques qui se développent à un rythme très rapide particulièrement entre l’Espagne, la France et l’Italie. Mais si les flux restent encore essentiellement nationaux, les flux internationaux de marchandises entre ces trois pays se sont développés au cours des vingt dernières années à un rythme de l’ordre de 8 à 10% en volume par an, du fait de l’intégration européenne. Le rattrapage de l’économie espagnole étant en voie d’achèvement, il y a tout lieu de penser qu’un relais de croissance sera trouvé avec les pays nouvellement intégrés à l’Europe dans le cadre de la politique d’élargissement et, plus loin, avec l’Asie. 25 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 26 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LES OPPORTUNITÉS DE LA POLITIQUE D’ÉLARGISSEMENT Le 1er mai 2004, 10 nouveaux Etats ont fait leur entrée dans l’Union Européenne : Chypre, la République Tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie. Les négociations d’adhésion continuent avec la Bulgarie et la Roumanie et vont débuter avec la Croatie et peut-être avec la Turquie. La population et la surface géographique de l’Union, avec l’entrée de ces 10 nouveaux Etats membres ont augmenté ainsi d’environ 20%, alors qu’en valeur absolue, le PIB moyen de l’Union perdait environ 13%. La politique d’élargissement constitue bien évidemment une opportunité mais également un défi pour l’Union Européenne et les répercussions sur l’Europe du Sud, et particulièrement l’espace Méditerranée occidentale, paraissent encore incertains ou, tout au moins, contradictoires. Les éléments de concurrence sont évidents. On peut penser, très globalement, que les flux de commerce et de transport vont, dans un premier temps, se décaler vers l’Est, sans pouvoir toutefois déterminer si ce décalage s’opérera au détriment des régions méditerranéennes. En terme strictement économique, on peut également penser que la zone méditerranéenne risque de subir la concurrence des nouveaux entrants notamment au niveau des coûts de la main-d’œuvre – l’un des avantages de la Méditerranée était d’offrir une main d’œuvre relativement peu onéreuse – et au niveau industriel, puisque les nouveaux entrants et la zone méditerranéenne présentent une structure de production comparable. L’élargissement va focaliser sur les nouveaux pays entrants en Europe une large partie des aides attribuées jusqu’ici à la politique de cohésion et dont les pays du sud de l’Europe étaient les principaux récipiendaires. Cet élargissement entraîne donc une nécessaire adaptation des structures économiques à un marché unique plus vaste. Pour la Méditerranée plus particulièrement, cela constitue un défi à certains des facteurs de compétitivité globale de la zone. À l’inverse, l’entrée de dix nouveaux pays dans l’Union Européenne représente une formidable opportunité y compris, comme nous le verrons plus loin, pour les régions méditerranéennes de l’Europe, d’une envergure encore plus importante que ce que l’on a connu avec l’adhésion à l’Europe de l’Espagne et du Portugal, en 1986. Il faut rappeler ici que l’entrée de ces deux pays dans l’Union Européenne a entraîné un spectaculaire développement des échanges avec l’Europe en général et, au cours de la dernière décennie, avec la France et l’Italie. Il y a donc tout lieu de penser que l’élargissement se traduira par une nouvelle géographie des flux en Europe. La traduction en est déjà une dérive orientale des trafics européens qui intéresse toutes les composantes du système de déplacement. L’arrivée d’une population solvable se traduit par une consommation de biens et services avec ses mouvements de personnes et de marchandises. Enfin, l’inscription de plates-formes logistiques dans les lieux pivots à l’Est et l’Ouest (Hongrie notamment) qui permettent d’abaisser les coûts d’accès au marché a pour conséquence un doublement des mouvements de marchandises. Nous ne sommes qu’au début de ce phénomène et s’il intéresse actuellement plus particulièrement certains pays (Hongrie et Tchéquie) et certaines activités industrielles (automobile, agro-alimentaire), nul doute qu’il va s’amplifier quantitativement et spatialement. 26 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 27 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN UN DÉVELOPPEMENT SANS PRÉCÉDENT DES ÉCHANGES AVEC L’ASIE Plus actuel et plus connu est le cas de l’Asie qui, avec la Chine et l’Inde, connaît un développement sans précédent dans l’histoire. Or, une grande part des échanges entre l’Europe et ces pays transitent par la Méditerranée qui n’est, aujourd’hui, limitée que par la capacité et la performance de ses ports et de leur hinterland pour capter ces flux. La Chine arrive actuellement en deuxième place, en terme de trafic, avec les principaux ports méditerranéens et les volumes avec ce pays croissent à un rythme annuel d’environ 30 à 50% selon les ports. Dans quelques années, les trafics avec ce pays arriveront en première place des trafics internationaux des ports méditerranéens. LES PAYS DU SUD DE LA MÉDITERRANÉE Ce dynamisme, les régions au nord du bassin l’ont également espéré en provenance des pays de la rive sud dont la croissance aurait dû être dopée par le partenariat euroméditerranéen. Or, ces pays (Maghreb et Machrek) connaissent des taux de croissance certes plus élevés que ceux de l’Europe, de l’ordre de 4% par an en moyenne, mais qui sont insuffisants pour endiguer les multiples problèmes sociaux auxquels ils doivent faire face. Un doublement du potentiel de croissance serait nécessaire pour donner aux échanges avec les régions métropolitaines un dynamisme comparable à celui apporté par les échanges avec l’Asie. Cela passe par la résolution, dans les pays de la rive sud, d’un certain nombre de problèmes structurels qui freinent l’initiative et le développement économique et font obstacle à leur insertion dans l’économie-monde. 27 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 28 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 29 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN 3 DES DYNAMIQUES MÉTROPOLITAINES CONTRASTÉES DES DYNAMIQUES MÉTROPOLITAINES CONTRASTÉES Toutes les métropoles ont vécu, ces vingt dernières années, un processus de convergence très important de leur niveau de richesse et de niveau de vie avec les moyennes européennes. Ce processus est la conséquence d’une augmentation de la qualification de la main-d’œuvre, d’une diversification et d’une tertiarisation du tissu économique, de la mise en place de stratégies fortes d’internationalisation, de la féminisation de la population active et de l’arrivée de nouveaux flux migratoires. Ce chapitre décrit, de façon comparée, les différentes dynamiques à l’œuvre dans chacune des métropoles partenaires du projet, dans une approche synthétique autour de quatre critères : • La démographie, • L’économie, • L’innovation, la R&D et le niveau de qualification, • L’attractivité et le positionnement des métropoles C2M au niveau régional, national et international. Pour dresser cet état des lieux, un questionnaire a été élaboré et adressé aux partenaires, afin de compléter les informations statistiques disponibles au niveau européen (Eurostat). Ces dernières ne permettant pas de descendre sous le niveau Nuts III (province/département), le questionnaire a permis d’apprécier plus finement la situation de chaque métropole et les évolutions qui les caractérisent. DÉMOGRAPHIE L’attractivité du littoral méditerranéen n’a cessé de croître au cours des vingt dernières années. En Espagne, près de 60% des flux migratoires se sont portés sur sa façade méditerranéenne. En France, les trois régions côtières et la région voisine de Midi-Pyrénées ont totalisé prés de la moitié des gains migratoires régionaux. En dépit d’une situation moins favorable en Italie, le poids démographique relatif de l’espace Méditerranée occidentale s’est accru. De la même façon, toutes les métropoles partenaires (à l’exception de Gênes) vivent une croissance de leur population à l’échelle de l’aire urbaine, même si cette croissance est d’ampleur variable, entre elles d’abord, mais également par rapport aux dynamiques nationales. À titre d’exemple, l’aire urbaine marseillaise, sans être en situation de déclin démographique, croît beaucoup plus faiblement que les agglomérations françaises comparables. 29 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 30 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Les aires urbaines rassemblent toutes, à l’exception de Gênes et Malaga, plus d’un million d’habitants. Il est vrai que, sur le long terme, la croissance démographique de la Ligurie sera contrainte par l’étroitesse de son territoire : il est déjà le plus densément peuplé parmi les régions Medocc. Les régions urbaines de Barcelone et de Lyon comptent aujourd’hui, respectivement, 4,5 et 2,5 millions d’habitants, ce qui les place en tête des villes du réseau, en terme de masse critique. La Région Urbaine de Marseille compte plus de 1, 7 millions d’habitants, les aires métropolitaines de Séville et de Malaga comptabilisent respectivement 1,1 et 0,8 millions d’habitants. Gênes rassemble aujourd’hui plus de 630 000 habitants. Source : Eurostat Les trajectoires démographiques des villes partenaires ne sont pas identiques, bien que les tendances soient modérées pour toutes. Aux variations très versatiles de Malaga, Séville et Naples s’opposent des tendances plus stables et continues, à la hausse pour Barcelone, Lyon et Marseille, à la baisse à Gênes. Ces quatre derniers territoires bénéficient de ce fait d’une plus grande lisibilité des évolutions de population, ce qui facilite pour les villes la définition des politiques et des services publics adaptés aux besoins de la population. Source : Eurostat 30 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 31 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN UNE CONVERGENCE DES DYNAMIQUES DÉMOGRAPHIQUES L’ensemble des villes du réseau partage une autre caractéristique : la tendance forte au vieillissement de leur population. Certes, ce phénomène n’est que le reflet du processus général de vieillissement de la population en Europe, mais le problème se pose avec une acuité particulière sur l’espace Medocc. En effet, l’Espagne et l’Italie sont aujourd’hui les pays d’Europe où les taux de natalité sont les plus faibles. Les prévisions démographiques leur prédisent les premières places parmi les pays « les plus vieux du monde » à l’horizon de 4050 ans, du moins si les tendances actuelles ne s’infléchissent pas. Sans entrer dans les détails statistiques, la répartition de la population par classes d’âge démontre une convergence certaine des comportements démographiques, et un alignement désormais acquis des comportements au sein de l’espace. En revanche, quelques précisions s’imposent : les zones les plus périphériques (Andalousie et Campanie) de l’échantillon se distinguent par une répartition plus favorable au moins de 15 ans, contrairement à la Ligurie (où la part de plus de 65 est supérieure à la moyenne européenne et où la part de moins de 15 est largement inférieure à la moyenne européenne). Si les régions périphériques sont en situation de convergence à maints égards, avec un rattrapage important, cette convergence est plus lente, tant d’un point de vue économique que d’un point de vue démographique, que celle constatée dans les régions plus proches du polygone. Source : Eurostat Les enjeux pour les villes méditerranéennes sont importants : il s’agit de retenir et d’attirer des populations jeunes et de se préparer à affronter les questions que posent une population âgée importante, en terme de santé, d’autonomie, de services publics, de mobilité, etc, dans un contexte où le « caring » est de moins en moins pris en charge par les familles (en raison des activités professionnelles des femmes, de la mobilité des ménages, etc). Même si les villes ont le devoir de prendre en compte l’éventualité d’un vieillissement rapide de leur population et ses conséquences (en termes de diminution de la population active et de pression sur leur budget), de nombreux éléments peuvent venir contrebalancer cette tendance, parmi lesquels l’évolution des flux migratoires. L’augmentation des flux d’arrivée de nouvelles populations pourrait en effet limiter la chute du nombre d’actifs. DES DYNAMIQUES DÉMOGRAPHIQUES CONTRASTÉES ENTRE LES CENTRES ET LES PÉRIPHÉRIES Toutes les métropoles partenaires ont évoqué la diversité des dynamiques démographiques entre les villes centre et les périphéries, au bénéfice de ces dernières : vieillissement des centres villes et rajeunissement des couronnes urbaines. 31 PREMIERE_PARTIE 23/09/04 11:52 Page 32 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Non seulement la moyenne d’âge des villes centres s’élève, mais elles tendent à se dépeupler, là encore au profit des zones urbaines plus périphériques. Marseille est particulièrement concernée, bien que le phénomène semble aujourd’hui enrayé. Mais le processus se poursuit à Barcelone et à Séville, où la ville centre vieillit et perd de la population, alors que la région métropolitaine est en situation de croissance démographique forte. De la même façon, si, sur les 20 dernières années, Malaga Capitale fait partie des trois villes espagnoles dont la population a le plus augmenté depuis 1980 ; mais ce sont surtout les municipalités de l’aire métropolitaine, et non la ville centre, qui en bénéficient, en particulier depuis 1996. La seule ville à faire exception est Lyon : elle attire une population jeune, à la recherche d’opportunités intéressantes en termes d’emploi, d’activités culturelles et de loisirs, alors que les retraités, tendanciellement, quittent la zone urbaine. Le taux de migration positif et la nature des migrations confirment l’attractivité de Lyon et révèlent un dynamisme et un potentiel prometteurs. MIXITÉ, MIGRATION Le paysage Medocc est contrasté en termes de migration, tant du point de vue du volume que de la nature des mouvements migratoires. Les mouvements constatés sont le reflet des évolutions observées aux niveaux nationaux. Ainsi, la situation en France, État récepteur de longue date, n’est pas comparable à celle observée en Italie ou en Espagne, qui sont passés récemment d’un positionnement d’Etats émetteurs à celui d’Etats récepteurs. Les deux graphiques ci-dessous démontrent, pour l’Espagne et l’Italie, le changement qui s’est opéré dans les flux migratoires : depuis 1995, les arrivées liées à l’immigration ont augmentées de manière constante en Andalousie et en Catalogne. En revanche, si l’État italien, au niveau national, est, comme l’Espagne, devenu un capteur de flux migratoires plutôt qu’un émetteur, on constate que l’émigration reste importante en Campanie et en Ligurie (ce qui confirme les tendances générales de la démographie ligure), mais elle est de nature interrégionale. Aussi, le dynamisme économique des régions Medocc étant contrasté, les régions motrices sont celles qui captent le plus de flux migratoires, qu’ils soient nationaux ou extra-nationaux. Ainsi, une part de l’accroissement des flux d’immigration en Catalogne est due à des mouvements migratoires nationaux, prouvant que son attractivité s’exerce également au niveau national. Source : Eurostat 32 PREMIERE_PARTIE 23/09/04 11:52 Page 33 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Source : Eurostat Les migrations extra-nationales sont quant à elles de deux types. • Les flux sont en partie liés à l’attrait des « sun belt » des villes méditerranéennes. La ville de Malaga souligne ainsi son potentiel d’attraction d’étudiants (première ville espagnole pour les séjours linguistiques), de cadres et de personnels dirigeants. Il faut ici rappeler que l’Espagne dispose d’une grande capacité d’attraction des flux estudiantins, dans le cadre du programme Erasmus (selon les résultats des premières études livrées par l’Orate1 , Barcelone et Valence caracolent en tête des villes européennes). • L’immigration en provenance des nouveaux pays membres, et plus largement d’Europe centrale et orientale, est un phénomène récent mais indéniable, notamment en Italie et en Espagne. Elle tend même à concurrencer l’immigration d’origine maghrébine, pour les travaux agricoles, notamment dans le sud de l’Espagne. À ces flux s’ajoute une immigration spécifique à l’Espagne : 50% des immigrés viennent d’Amérique Latine. On constate les effets de l’augmentation du PIB dans ces régions, ce qui a stoppé les flux d’émigration et les a rendues plus attractives pour les nouveaux arrivants. Toutes les villes voient donc croître la population d’origine extra-nationale et extra-européenne. Marseille est sans conteste la ville la plus cosmopolite du panel des villes partenaires. Son histoire est profondément liée à l’accueil et l’intégration de population de tous les horizons. Marseille se trouve aujourd’hui, bien que revendiquant ce cosmopolitisme de longue date et une capacité d’intégration qui la distingue des autres villes françaises, face à une interrogation importante dans le contexte national actuel : la crainte d’un repli communautariste. Ces nouveaux flux ne sont pas en effet sans soulever des questions au niveau de la gestion urbaine (risque de marginalisation de certains quartiers et de communautarisme) et de l’intégration de ces nouvelles populations, en particulier en Espagne et en Italie, où le phénomène est récent. L’ÉCONOMIE LE NIVEAU DE VIE L’évolution du PIB dans l’espace Medocc traduit des processus de convergence importants et un rattrapage économique spectaculaire, notamment pour l’Espagne, dont le taux de 1 L’Observatoire Européen de l’Aménagenent du Territoire - Luxembourg, www.espon.lu 33 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 34 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN croissance annuel moyen est supérieur à celui de l’Union Européenne à 15. À l’exception du Rhône et de la Ligurie, l’ensemble des provinces et départements auxquels se rattachent les villes partenaires se situe sous le niveau du PIB européen moyen. Il faut cependant dépasser le constat statique pour considérer la dynamique d’évolution. Les provinces et départements en question ont vu une nette progression de leur PIB qui, si elle ne leur permet pas toujours de dépasser la moyenne européenne, les en rapproche considérablement, au point de renverser les idées reçues. En 2001, le PIB moyen des seize régions de l’espace Medocc était supérieur au PIB moyen de l’ensemble des régions françaises, italiennes et espagnoles1 . Ce tableau ne permet pas d’analyser de façon plus fine les disparités à l’échelon des agglomérations, mais les partenaires ont mis en évidence un point important : cette convergence ne se diffuse pas de façon égale sur l’ensemble du territoire métropolitain. Le risque de ségrégation spatiale et sociale est présent, ce qui est d’autant plus durement ressenti que les villes méditerranéennes semblaient jusqu’ici relativement épargnées par ces phénomènes. À titre d’exemple, à Marseille, le centre ville souffre du taux de chômage le plus important et du niveau de revenus le moins élevé de l’agglomération, à contre-courant des processus de gentrification observés dans la plupart des centres urbains européens. De même, Séville, malgré une augmentation spectaculaire du PIB, constate que 22% des ménages sévillans vivent dans la pauvreté2 (contre 19% pour la moyenne nationale), avec l’émergence de poches de pauvreté urbaines, qui cumulent chômage et faibles revenus. Quant au niveau des revenus moyens à Séville, il demeure, de manière générale, inférieur à la moyenne nationale. MOBILISATION DES ACTIFS ET CHÔMAGE Le Programme Opérationnel de l’espace Medocc souligne plusieurs points de faiblesse, concernant la mobilisation des actifs, parmi lesquels le maintien d’un taux de chômage élevé et une faible mobilisation des actifs potentiels. Concernant le taux de chômage, les dynamiques sont contrastées. 1 Troisième rapport sur la cohésion. 2 Plan estrategico de Sevilla - 2010. 34 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 35 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Le département du Rhône, la province Ligure, et, depuis peu, celle de Barcelone se situent sous la moyenne européenne. En revanche, si l’évolution est positive ces dernières années pour tous les autres territoires, les taux de chômage restent supérieurs à la moyenne européenne. Source : Eurostat Les informations fournies par les partenaires au niveau des villes (et non plus des provinces et des départements) confirment cet état des lieux. Mise à part Barcelone, les villes espagnoles partenaires déclarent des taux de chômage supérieurs à la moyenne des villes européennes. C’est le cas à Séville, où la baisse du chômage est moins rapide que dans les autres villes européennes. En effet, la population active s’est accrue et l’augmentation du taux d’occupation n’a pas été proportionnelle. En revanche, les municipalités de l’aire métropolitaine de Malaga ont des taux de chômage inférieurs à la moyenne provinciale, confirmant le poids et le dynamisme de l’aire métropolitaine. En ce qui concerne les Bouches-du-Rhône, le niveau NUTS III ne reflète pas la situation particulière de Marseille. Comme le souligne la réponse au questionnaire, si son tissu économique a été fortement recomposé sur ces 20 dernières années, un taux de chômage important persiste, ainsi qu’un faible taux d’activité et un déficit structurel de l’offre d’emplois (350 pour 1000 habitants, contre 421 à Lyon), malgré des coûts du travail inférieurs de 35% par rapport à Paris et de 7% par rapport à Lyon. Les taux de chômage sont d’ailleurs particulièrement élevés dans la ville centre, relativement à l’agglomération. De même, malgré des chiffres NUTS 3 inférieurs aux moyennes européennes, l’agglomération lyonnaise subit aujourd’hui les effets de la conjoncture internationale et de la faible demande. Les partenaires lyonnais considèrent également que ce ralentissement est aggravé par la structure sectorielle de leurs activités, caractérisée par la prépondérance du tertiaire. Ces constatations invitent à relativiser l’impact à moyen terme du grand événementiel sur l’emploi : il indique pour tous les territoires une augmentation du chômage entre 1990 et 1995, même pour ceux où se sont tenus de grands événements (la célébration de la découverte de l’Amérique par Colomb à Gênes, l’Expo 92 à Séville, les JO à Barcelone). Les emplois créés pour la préparation et le déroulement des grands événements sont dans une large majorité des emplois temporaires. En revanche, cela n’enlève rien aux effets bénéfiques d’une organisation réussie, en termes d’image et de gestion urbaine. 35 PREMIERE_PARTIE 23/09/04 11:56 Page 36 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN CARACTÉRISTIQUES DE LA MOBILISATION DES ACTIFS ET DU CHÔMAGE Le programme opérationnel constate une autre caractéristique de l’espace Medocc en ce qui concerne la mobilisation des actifs : la participation des femmes à la vie active y est plus faible que la moyenne européenne, mais ce constat est surtout valable dans les régions les plus périphériques. Ainsi, Séville et Malaga, dans leurs réponses au questionnaire, déplorent une participation des femmes à la vie active inférieure aux moyennes européennes, notamment en raison de la faiblesse des rémunérations offertes. Malaga précise que le taux d’inoccupation des femmes est important, à la fois dans l’absolu et relativement au taux de chômage des hommes. Les emplois occupés par les femmes sont en outre moins qualifiés. De plus, elles accèdent difficilement aux postes d’encadrement et de direction. A contrario, à Gênes, la reprise d’une dynamique positive du marché de l’emploi a avant tout bénéficié aux femmes. En ce qui concerne le chômage des jeunes, la situation est là encore contrastée. À Malaga, le taux de chômage est tendanciellement à la baisse depuis quelques années, au bénéfice des plus jeunes (les moins de 25 ans ne représentent que 15,1% de la population active inoccupée). En revanche, la remontée du chômage à Lyon touche plus particulièrement les 18-25 ans (et plus durement les moins diplômés), mais également les 55-60 ans. Ces catégories sont également les plus touchées à Marseille et mettent de plus en plus longtemps à retrouver un emploi. À Lyon, le chômage de longue durée touche 31% des femmes et des hommes de 25 à 50 ans. Source : Eurostat Source : Eurostat 36 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 37 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Les enjeux liés au chômage des jeunes sont partout importants. L’exemple de Gênes, où la moyenne d’âge dépasse 40 ans, est significatif. Malgré un taux de chômage inférieur à la moyenne européenne, le taux de chômage des moins de 25 ans y est particulièrement élevé. Le dynamisme économique de la ville ligure n’est pas suffisant pour garantir l’accès des jeunes à l’emploi. Ceci permet de mieux comprendre pourquoi le niveau d’émigration reste élevé relativement aux autres régions concernées. Les chiffres du chômage viennent donc nuancer le constat général de convergence au sein de l’espace Medocc ; ils révèlent des asymétries de dynamismes économiques évidentes. En revanche, comme les partenaires espagnols le soulignent, ces statistiques ne sont pas un reflet forcément exact de la situation réelle de l’emploi, du fait de l’importance, dans certaines régions de l’économie souterraine. Cette précaution est également valable pour la Campanie, où l’importance du secteur informel explique des taux de chômage particulièrement élevés, notamment de longue durée. Dans ces régions, le taux de chômage n’est pas forcément révélateur de la population active à la recherche d’un emploi. RÉPARTITION SECTORIELLE DE LA POPULATION ACTIVE Les statistiques disponibles laissent apparaître une forte prépondérance du secteur tertiaire dans la structure productive de l’ensemble des régions métropolitaines partenaires, même si certaines régions, qui sont par ailleurs les moteurs économiques de l’espace, bénéficient d’une base industrielle importante, comme la Catalogne et Rhône-Alpes. Lyon et Barcelone sont les plus avancées dans le processus de métropolisation car elles disposent de la structure économique la plus diversifiée et la moins spécialisée. Au point que Barcelone, qui a fait le choix d’une stratégie basée sur l’innovation et les services à haute valeur ajoutée, juge encore trop important le poids du secteur secondaire dans sa structure productive. En revanche, la région PACA est faiblement industrialisée. À Marseille, ce secteur est peu développé, à l’exception de l’agro-alimentaire. L’Andalousie ne voit pas l’industrie occuper une place importante dans la structure de l’emploi. En revanche, Séville et Malaga sont les seules villes partenaires qui disposent aujourd’hui de réserves foncières suffisantes pour accueillir de nouvelles activités industrielles (ce qui se produit à Séville, avec l’implantation de l’usine EADS). Source : Eurostat 37 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 38 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Source : Ereco (Aula Barcelona) Les services à forte valeur ajoutée sont globalement insuffisamment représentés dans l’espace Medocc. La tertiarisation du tissu productif qui s’est opérée dans les villes partenaires n’est pas forcément le signe d’une montée en gamme de la valeur ajoutée, que ces services soient marchands ou non. En effet, les services non marchands incluent les emplois dans les centres de recherche publics, qui sont plus importants quantitativement que les centres de recherche privée sur l’espace Medocc. Et une proportion élevée de services marchands ne garantit pas que soit générée une forte valeur ajoutée puisqu’ils regroupent également le commerce de détail, la logistique, le tourisme, etc. Les réponses des partenaires au questionnaire incitent d’ailleurs à cette prudence dans l’interprétation des chiffres, puisque quasiment tous évoquent l’importance des services traditionnels, lesquels reflétent souvent une spécialisation fonctionnelle de la ville. C’est notamment le cas à Malaga, où les services liés au tourisme ont une place de choix dans la structure productive. TOURISME Le tourisme représente une part importante de l’emploi dans les villes méditerranéennes, mais leurs orientations touristiques sont légèrement différentes. • Séville, Malaga et Barcelone ont une tradition touristique plus ancienne, avec une spécificité notable pour Barcelone et Séville : l’importance du tourisme d’affaire. Ces trois villes jouissent d’une bonne image, mais Malaga est victime du succès de la Costa Del Sol : son image est perçue comme moins culturelle (même si la situation évolue). En revanche, Barcelone a été classée en 2002 par Healy&Baker au rang de sixième ville européenne préférée pour les affaires et de première ville européenne pour la qualité de vie. Barcelone joue donc sur les deux registres et développe à la fois le tourisme d’affaire et de loisirs. • Lyon, Gênes et Marseille ont une vocation touristique plus récente, due pour la dernière à un important changement d’image, concomitant au développement du tourisme de courts séjours en milieu urbain. Lyon se caractérise par un tourisme d’affaires prédominant. Gênes éprouve encore des difficultés à fixer les touristes sur son territoire urbain. À l’exception de Marseille, où l’offre hôtelière et gastronomique est structurellement insuffisante, l’ensemble des villes offre les équipements suffisants, mais à un coût environnemental parfois très élevé. Le sur équipement du littoral à Malaga est tel qu’il pourrait devenir contre productif en termes d’attractivité. L’offre d’équipement à Lyon est en surcapacité, notamment le week-end. Il est vrai que sa vocation touristique est récente et a particulièrement bénéficié du classement du centre historique comme patrimoine mondial 38 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 39 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN de l’Unesco et de manifestations spectaculaires, comme la nuit des Lumières. Aux deux extrêmes du spectre, on trouve Malaga et Lyon, où la spécialisation pour l’une dans le tourisme de loisirs et pour l’autre dans le tourisme d’affaires, leur permet d’être extrêmement performantes dans leurs segments mais engendrent des coûts et des difficultés de diversification. LE TISSU D’ENTREPRISES Si les villes partenaires sont des capitales régionales, à l’exception de Malaga, elles ne sont pas des centres de décision économique : toutes déplorent le manque de sièges sociaux et de grandes entreprises (même si ce constat est à modérer pour Lyon et Barcelone). Le tissu économique des métropoles méditerranéennes est principalement composé de petites et moyennes entreprises. De même, toutes les villes regrettent l’insuffisance de leurs capacités exportatrices, tant quantitativement qu’en termes de marché. Pour expliquer cette situation, Malaga et Séville soulignent le manque d’appui financier et d’esprit d’entreprise, tandis que Barcelone déplore la taille insuffisante des entreprises, qui les empêchent de se positionner sur le marché mondial. Lyon a une capacité exportatrice certaine, mais rencontre des difficultés à exporter au-delà des frontières européennes. Quant à Gênes et Marseille, ces villes portuaires sont avant tout des lieux de transit, sans effet majeur d’entraînement sur la capacité d’exportation du tissu local. QUALIFICATION, INNOVATION QUALIFICATION : D’UNE STRATÉGIE DE RATTRAPAGE À UNE STRATÉGIE QUALITATIVE L’OFFRE DE FORMATION L’ensemble des villes partenaires présente une vaste gamme de formation d’un point de vue quantitatif : toutes disposent de centres universitaires importants. Il est vrai que certaines d’entre elles ont bénéficié de la décentralisation des universités et de fonds nationaux et communautaires, qui ont contribué à réduire leur retard en ce domaine. En revanche, le bilan est à nuancer au niveau qualitatif, et ce à plusieurs titres. En ce qui concerne la formation initiale, on constate une faible présence des formations de premier rang au niveau européen dans les villes partenaires, à l’exception de Lyon et de Barcelone, même si la situation est en évolution (Gênes doit accueillir l’Istituto Italiano di Technologia, c’est à dire le MIT italien), et une inadéquation de l’offre avec les besoins du marché du travail. Ainsi, à Séville, les relations entreprises / institutions de formation sont très ténues. Pour la formation continue, mise à part Lyon, les villes ne renseignent que très peu ce critère. Quand elles le font, à l’instar de Séville et Malaga, c’est pour regretter, d’une part, la faiblesse de l’offre, d’autre part, le manque de « culture » de la formation continue, peu présente dans les stratégies des entreprises et des salariés. NIVEAU DE QUALIFICATION DE LA POPULATION ACTIVE DANS LES VILLES PARTENAIRES La ville de Gênes n’a pas été en mesure de renseigner ce critère (les données issues du dernier recensement ne sont pas encore exploitées). En revanche, il est plus que probable que l’évolution positive constatée entre les deux précédents recensements se poursuive : les titulaires de la « laurea » universitaire sont en effet passés de 2,9% de la population totale à 6,2% et les titulaires d’autres diplômes secondaires et supérieurs représentaient 23,9% de la population, contre 10,2% en 1971. Barcelone estime devoir poursuivre ses efforts. En effet, si les diplômés représentent aujourd’hui 10,5% de la population active, cela s’avère encore insuffisant pour satisfaire les besoins en force de travail qualifiée. 39 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 40 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Séville, malgré une offre de formation qui ne cesse de croître, constate une faible qualification de la main-d’œuvre, surtout chez les plus âgés des actifs (43,5% de la population atteint seulement le niveau d’études primaires) et enregistre un retard dans certains domaines-clés pour son développement : la gestion d’entreprise, le commerce international et la connaissance des langues étrangères. Malaga, comme Séville, dispose d’une offre de formation initiale riche mais souffre d’un taux d’analphabétisme relativement important (même si celui-ci a fortement diminué). Marseille présente des résultats insuffisants, en particulier du point de vue qualitatif. Si le niveau de formation de la population est correct, relativement à la Région Provence-AlpesCôte d’Azur, il demeure faible relativement aux autres agglomérations françaises comparables. Cette faiblesse est plus importante dans le centre de la métropole qu’en périphérie, contrairement aux autres agglomérations. Par ailleurs, le système de formation ne semble pas adapté aux exigences de l’international et Marseille souffre d’un déficit en grandes écoles et formations prestigieuses : l’agglomération forme deux à trois fois moins d’ingénieurs que Lyon, Grenoble ou Toulouse. L’exemple de Lyon éclaircit les enjeux : malgré la diversité des formations (quatre universités, des établissements privés, des grandes écoles, des instituts spécialisés, etc) et le développement d’infrastructures adaptées aux études supérieures afin d’attirer de nombreux étudiants et d’offrir aux entreprises l’accès à une main-d’œuvre qualifiée, la ville n’est pas épargnée par le phénomène national d’expatriation des diplômés. Ceci démontre bien que, au-delà de l’existence nécessaire des institutions de formation, le défi est double : • L’adéquation entre les besoins du marché du travail et les connaissances acquises. Force est de constater que les stratégies des étudiants les conduisent à privilégier les formations théoriques et généralistes plutôt que des formations plus facilement valorisables sur le marché du travail. Source : Eurostat • La capacité à fixer et à attirer la population la plus qualifiée. Le nombre d’années études moyen ou le nombre d’étudiants ne préjuge en rien du niveau global de qualification de la main d’œuvre de la ville de formation. La mobilité de la main-d’œuvre exige des villes méditerranéennes une capacité à développer des stratégies de fixation de la population. 40 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 41 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LES SERVICES À HAUTE VALEUR AJOUTÉE ET LA R&D Si les villes partenaires ont entrepris des efforts considérables en matière de formation et de recherche universitaire, ces efforts n’ont que peu d’effets de levier et d’entraînement sur l’économie locale : le poids de la recherche publique est jugé parfois excessif par rapport à la part des initiatives privées (comme à Malaga, Séville et Marseille) et ces efforts ne garantissent pas la consolidation d’activités de services à haute valeur ajoutée. Source : Eurostat ATTRACTIVITÉ ET POSITIONNEMENT INTERNATIONAL DES VILLES PARTENAIRES POSITIONNEMENT RÉGIONAL ET NATIONAL Les villes partenaires ont des rôles spécifiques au sein des espaces de référence nationaux et régionaux, confirmés sans équivoque dans leurs réponses au questionnaire. On peut les classer en trois catégories : • Les villes structurantes pour le territoire national Seule Barcelone est en compétition avec une ville capitale, Madrid, disposant ainsi d’un rôle structurant pour le territoire national espagnol. Lyon occupe un positionnement similaire, à nuancer cependant, dans la mesure où l’armature urbaine française est dominée exclusivement par Paris, mais 10% du PIB national vient cependant de la Région Rhône-Alpes, deuxième région de France pour son poids économique, où Lyon fait figure de véritable moteur économique. • Les villes structurantes uniquement pour le territoire régional On retrouve dans cette catégorie Séville, Marseille et Gênes, qui ont un rôle moteur dans le développement économique du territoire régional, avec un positionnement singulier pour Gênes et Marseille. Gênes, très proche de Milan, bénéficie de sa puissance économique, mais peut difficilement jouer un rôle structurant au niveau national. Quant à Marseille, elle partage avec Nice le rôle de capitale économique de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. • Malaga apparaît comme un moteur à l’échelon infra-régional, l’aire métropolitaine jouant pleinement son rôle de capitale provinciale, administrative et économique. 41 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 42 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LA MOBILITÉ De leur positionnement en tant que pôles de développement dans le contexte régional, les partenaires du projet bénéficient d’une attractivité sans commune mesure pour les populations proches, puisqu’elles cumulent des fonctions administratives, économiques, culturelles, universitaire, etc. Ce rayonnement, signe de leur force d’entraînement, engendre des difficultés en terme de mobilité intra-métropolitaine et une congestion des infrastructures routières d’articulation avec les espaces périphériques. En effet, toutes les villes observent des relations et des mouvements pendulaires importants, en croissance constante, avec les municipalités alentour, ce d’autant plus que les dynamiques démographiques se réalisent au bénéfice des périphéries. Les infrastructures et l’offre de transport ne satisfont plus aujourd’hui à la mobilité croissante de la population métropolitaine. La situation est aggravée par l’usage privilégié des véhicules individuels pour les déplacements, favorisé par l’absence d’une alternative crédible. La congestion a donc un impact important sur la qualité de vie (elle augmente les temps de transport, les nuisances sonores et l’environnement. La situation est d’autant plus difficile à résoudre que les métropoles s’étendent largement au-delà des frontières administratives de la commune centre : la planification et le développement d’une politique de transport visant à favoriser une meilleure mobilité intramétropolitaine exige un processus de coopération intercommunal important. Si les villes de Lyon et de Barcelone ont réussi à mettre en œuvre une planification et une gestion intercommunale des déplacements métropolitains, la réflexion est encore balbutiante à Marseille, Séville et Malaga. C’est tout un système de mobilité à l’échelle de l’aire urbaine que les villes partenaires doivent concevoir, en développant la coopération intercommunale dans l’analyse des besoins, la définition des solutions et la mise en oeuvre des politiques qui doivent privilégier les déplacements intermodaux. La question de la mobilité intra-métropolitaine se pose également avec une acuité particulière dans les villes centres des métropoles partenaires. Les villes méditerranéennes, riches de leur histoire, ont des centres anciens, au patrimoine architectural exceptionnel, mais qui contraint leurs marges de manœuvre en termes de politiques de déplacements urbains, et ne permet pas les modes de déplacements basés sur le « tout voiture ». Si la ville de Lyon fait figure d’exemple car, outre le bénéfice de la restructuration haussmannienne, elle a su développer une politique de transports complète, la ville de Gênes doit faire face à des contraintes structurelles qui limitent ses marges de manœuvre, en raison de la présence du plus grand centre médiéval. À l’exception de Lyon et de Barcelone, l’ensemble des villes C2M souffre donc d’un retard d’équipement en matière de transports en commun et d’offres performantes de déplacements alternatifs aux véhicules individuels, à l’échelle de la métropole mais également dans la ville centre. Or, s’il est vrai que la grande accessibilité est une dimension essentielle des processus de métropolisation, la mobilité intra-métropolitaine et les stratégies pour la favoriser font partie des éléments qui contribuent à renforcer l’attractivité urbaine : l’héliotropisme et la promotion d’une certaine qualité de vie ne sauraient seuls suffire à la garantir. 42 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 43 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN FOIRE, CONGRÈS ET AUTRES ÉVÉNEMENTS ÉCONOMIQUES TRANSNATIONAUX L’organisation d’événements internationaux présente deux avantages dans les stratégies des métropoles : elle exprime la volonté d’internationalisation de la ville et peut accélérer le processus d’internationalisation. Ces événements exigent la mise à disposition d’infrastructures spécifiques, notamment d’accueil. Ils favorisent et accélèrent la mise à niveau des équipements, des modes de gestion urbaine et modifient les processus de gouvernance. Dans le domaine du grand événementiel économique, Barcelone est un cas particulier : c’est la seule ville partenaire qui se place dans une logique de concurrence directe avec une villecapitale : elle a parfaitement su utiliser l’opportunité des Jeux Olympiques devenir une métropole internationale. Le nombre de congrès et conventions (de 310 en 1990 à 1315 en 2001) ainsi que le nombre de foires internationales (de 31 en 1990 à 64 en 2001) attestent bien de ce positionnement privilégié. Quant à Lyon, la ville est victime de son succès : pourtant extrêmement bien dotée en termes d’équipements, la surface d’exposition et les espaces disponibles pour les grandes rencontres internationales ne suffisent plus à satisfaire une demande sans cesse croissante : la ville a donc lancé un projet d’envergure pour agrandir la Cité Internationale. Gênes et Séville ont su tirer avantage des grands événements (le G8 pour Gênes, l’Expo Universelle pour Séville) pour combler leur retard en termes d’équipements. Marseille et Malaga éprouvent les mêmes difficultés : elles n’ont pas bénéficié de ce type d’événement pour rattraper leur retard en terme d’infrastructures. Pour Malaga, le problème se pose moins en terme d’infrastructures (même si la spécialisation dans le tourisme de loisirs est une contrainte) que dans la capacité à gérer et organiser ce type d’événements. La ville a des difficultés à se positionner sur le tourisme d’affaires, là encore victime de son succès dans le tourisme de loisirs, qui absorbe les efforts d’investissements et les énergies. Marseille n’a jusqu’ici pas accueilli d’événements comparables aux Jeux Olympiques de Barcelone, à l’Expo 92 de Séville ou l’année de la culture à Gênes. Ce type d’événement international lui aurait pourtant permis de rattraper son retard dans les infrastructures nécessaires. Les conséquences sont lourdes : il lui est par exemple difficile de développer le tourisme d’affaires : ni l’hôtellerie ni l’offre gastronomique ne sont au niveau, tant qualitativement que quantitativement. 43 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 44 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 45 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN DES DES 4 PROCESSUS DE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE EN ÉMERGENCE PROCESSUS DE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE EN ÉMERGENCE Toutes les métropoles méditerranéennes sont engagées dans un programme de transformation de leur territoire qui interpelle l’action publique dans sa capacité à réunir et mobiliser les énergies de tous les acteurs du développement, autour d’une vision partagée sur l’avenir du territoire. Il était donc important, pour analyser les processus de gouvernance1 mis en œuvre dans les différentes villes partenaires du réseau C2M, de rendre compte de leur aptitude à créer des projets collectifs et de leur capacité à articuler des stratégies collectives en réponse aux défis de la métropolisation. L’objectif du projet était de mettre ici en évidence la capacité des villes à mettre en œuvre des processus de gouvernance, articulant identités, stratégies politiques, développement économique et structures sociales dans des combinaisons variées, sur deux dimensions : • Au sein même de la ville, il s’agit de projeter ensemble dans un avenir commun : c’est la capacité à organiser l’action collective, à construire des coalitions ou des partenariats orientés vers des buts spécifiques, en utilisant une grande variété d’outils, souvent cumulés : dispositifs de coopération intercommunale, partenariats publics-privés, plans stratégiques, … • Vis-à-vis de l’extérieur, c’est la capacité à se présenter en tant qu’acteur collectif. Cette dimension est intrinsèquement liée à la première et va au-delà de la politique d’image puisqu’elle s’appuie sur un ensemble combiné de politiques urbaines et de stratégies urbaines, comme les grands projets urbains, le grand évènementiel international, etc. LA GOUVERNANCE ET LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN L’ensemble des villes partenaires ont vécu un processus d’étalement urbain, même si les stratégies urbaines tendent à valoriser le modèle de la ville compacte. Ce phénomène a pris une telle ampleur que l’on voit apparaître de véritables conurbations, la ville ne cessant de s’étendre de proche en proche pour finalement absorber les villes moyennes voisines. Et si la conurbation n’est pas physique, elle est sans aucun doute fonctionnelle : l’aire d’influence des villes méditerranéennes ne cesse de s’étendre et renforce les interdépendances entre la ville et son contexte territorial immédiat. Les stratégies urbaines fondées sur la circonscription communale centre montrent donc très vite leurs limites : ce périmètre politique et administratif ne reflète pas la réalité urbaine 1 La gouvernance est un processus de coordination d’acteurs, de groupes sociaux, d’institutions, visant à atteindre des buts propres discutés et définis collectivement dans des environnements fragmentés incertains. Ce processus se distingue par sa “capacité à intégrer, à donner forme aux intérêts locaux, aux organisations, groupes sociaux et à les représenter à l’extérieur, à développer des stratégies plus ou moins unifiées, en relation avec le marché, l’Etat, les autres villes et les autres niveaux de gouvernement”. Il peut donc donner naissance à un nouvel acteur politique collectif. (Patrick Le Galès, Antoine Vion “Politique culturelle et gouvernance urbaine : l’exemple de Rennes”, Politiques et management public, vol. 16, n°1, mars 1998, p. 5.) 45 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 46 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN vécue, beaucoup plus vaste. La difficulté principale des villes méditerranéennes repose donc sur l’inadéquation entre le territoire pertinent, l’aire urbaine réelle et vécue, et la gestion de ce territoire. Dans chaque pays de l’espace Medocc, des stratégies de coopération entre les municipalités urbaines sont donc mises en œuvre afin de promouvoir une gestion plus efficace et plus rationnelle de la réalité métropolitaine. Au-delà de l’indispensable gestion mutualisée de services technique, comme les transports ou l’assainissement, ce sont les coopérations intercommunales stratégiques (planification urbaine, projection internationale, politique culturelle,…) qui permettent le passage d’une stratégie de gouvernement d’un territoire à une véritable gouvernance territoriale. GÉRER LA RÉALITÉ TERRITORIALE DE LA MÉTROPOLE BARCELONE ET LYON : DES STRATÉGIES À L’ÉCHELLE MÉTROPOLITAINE Au sein de l’espace Medocc, Barcelone et Lyon ont été parmi les premières villes à se lancer dans des processus de coopération intercommunale approfondis, non seulement du point de vue technique, mais aussi du point de vue stratégique, avec une montée en puissance progressive des compétences et missions confiées au niveau métropolitain. GRAND LYON Le Grand Lyon teste depuis 30 ans des processus de coopération renforcée1 : l’Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) a vécu toutes les étapes d’une coopération intercommunale aboutie. À sa création, la communauté avait pour mission principale de prendre en charge les services urbains, qui nécessitaient d’une part une intervention concertée, d’autre part, une mutualisation des moyens techniques, humains et financiers pour plus d’efficacité (eau, assainissement, traitement des déchets, voieries, parkings, transports urbains). À partir de 1983, les missions de Grand Lyon ont évolué pour se positionner sur le développement urbain : élaboration des plans d’urbanisme, du programme local d’habitat, prise en charge de l’action foncière, gestion des espaces publics, élaboration et mise en œuvre du plan de déplacement urbain, grands projets urbains, etc. Depuis 1995, Grand Lyon a encore approfondi ses missions, puisque le développement stratégique est désormais concerté à l’échelle de la métropole (développement économique, agenda 2020, plan stratégique, études prospectives et stratégies prospectives,…). La métropole a non seulement su approfondir ses compétences, mais également son rayonnement géographique. En association avec l’État, la Région, les départements, les structures intercommunales et communales, de l’aire urbaine2 et de la région urbaine3. Le Grand Lyon participe à des expériences de gouvernance métropolitaine en matière d’urbanisme et de transports. La gouvernance métropolitaine, quelle que soit l’échelle (maille étroite ou maille large), est donc une réussite pour Grand Lyon, tant du point de vue territorial que dans la globalisation des enjeux et leur appropriation par les acteurs. 1 Capitale de la région Rhône-Alpes, Grand Lyon regroupe, sur 50 000 hectares, 55 communes qui représentent 1,2 million d’habitants (dont 450 000 pour la ville de Lyon). Créée en 1969, la Communauté Urbaine de Lyon fait partie des premières structures de coopération intercommunale (avec Lille, Bordeaux, Strasbourg). Elle réunit 155 conseillés qui, avec les 4 400 agents, gèrent un budget de 1,2 milliards d’euros (provenant des impôts locaux 30%, des dotations de l’Etat 20%, d’emprunts 15 % et d’autres ressources 35% 2 Zone d’influence économique de la ville, qui s’identifie selon les critères suivants : un pôle urbain offrant au moins 5000 emplois,une couronne périurbaine regroupant toutes les communes alentour dont au moins 400 % de la population ayant un emploi travaillent dans l’ensemble de l’aire. L’aire urbaine de Lyon concerne 1, 7 millions d’habitants sur 1990 km2. 3 Qui réunit 2,6 millions d’habitants, 8280 km2, 678 communes et 11 aires urbaines. 46 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 47 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Mais l’exemple de Lyon démontre que ces processus ne se décrètent pas et sont le fruit d’un apprentissage sur le long terme,nécessaire pour permettre aux acteurs d’intérioriser le fait qu’ils ont certes des intérêts propres mais également un intérêt commun qui justifie la coopération. BARCELONE Barcelone dispose d’un Plan Général Métropolitain, qui, depuis 1976, associe 27 communes. Pour gérer la réalité de la métropole, 3 organismes métropolitains ont été créés : la Mancomunitat de Municipis1, l'Entitat del Transport2 (Organisme de Transport) et l'Entitat del Medi Ambient3 (Organisme de l'Environnement). Cependant, les organismes de coopération intercommunale n’ont pas des assises territoriales identiques : toutes les municipalités qui forment l’aire métropolitaine ne sont pas membres de toutes les entités métropolitaines, mais peuvent appartenir seulement à une ou deux structures4. Cette configuration se justifie par la vocation technique des enjeux, qui ne concernent pas avec la même acuité toutes les municipalités. En revanche, concernant la planification des grandes infrastructures, l’urbanisme et la fiscalité, le territoire reste un territoire fragmenté, sur lequel interviennent de multiples niveaux institutionnels. La principale difficulté rencontrée repose sur l’opposition de la province au financement direct des organismes métropolitains. Malgré les obstacles, des processus de gouvernance sont indéniablement à l’œuvre : l’aire métropolitaine porte une vision commune de son avenir, définie dans le plan stratégique (voir infra). MARSEILLE ET GÊNES : LA MONTÉE EN PUISSANCE DES STRUCTURES MÉTROPOLITAINES La situation à Gênes et Marseille pose la question du territoire métropolitain pertinent. En effet, à Marseille, la coopération intercommunale n’est pas la garantie d’une gestion territoriale en adéquation avec le territoire métropolitain réel. Par ailleurs, une adéquation quasi parfaite du territoire métropolitain et de la municipalité de Gênes n’exclut pas de gérer la métropole dans un contexte territorial plus large, en prenant en considération son aire d’influence. MARSEILLE La grande agglomération urbaine, qui associe Aix-en-Provence, l’Étang de Berre, Aubagne, La Ciotat et Marseille, constitue, une réalité quotidienne pour ses habitants. Pour autant, si la métropole marseillaise a connu d’importantes recompositions territoriales à travers l’émergence de groupements intercommunaux structurés5, ces intercommunalités 1 Ses fonctions sont à la fois des missions d’études (cartographie, prospective, publications) et des missions opérationnelles (l’entretien, le nettoyage, l’équipement des plages ; le logement en partenariat avec une société foncière et immobilière (Impsol) ; la réhabilitation des espaces publics, les interventions d’infrastructures et de voieries, la réalisation d’équipements et des actions d’urbanisme). 2 Cette structure présente l’originalité d’associer, outre les municipalités, des acteurs privés, puisque sur les 11 opérateurs du réseau de transport métropolitain, 9 sont des entreprises privées. 3 Ces services, techniques, prennent en charge les questions liées à la gestion de l’eau (approvisionnement, assainissement, évacuation et traitement des eaux usées) et des déchets (traitement, collecte), en assurant la coordination entre tous les services d’intervention compétents. L’entité agit également dans la prévention des inondations, réalise des analyses de l’air et de l’eau et, au titre de cette mission de vigilance, alerte les services compétents. Elle organise également des campagnes d’information, d’éducation, de sensibilisation à l’environnement et au développement durable. 4 Mancomunitat de Municipis : 24 municipalités, 2,9 millions d’habitants, Entitat del Transport : 18 municipalités, 2,8 millions d’habitants, Entitat del Medi Ambient : 32 municipalités, 2,9 millions d’habitants. 5 Notamment une communauté urbaine autour de la ville centre, créée en 2001 et une communauté d’agglomération autour du pays d’Aix. 47 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 48 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN ne sont pas encore à l’échelle du bassin de vie. L’aire marseillaise, certes identifiée récemment, demeure un territoire sans gouvernance unique1 qui doit pourtant faire face à deux grands défis : • Les problèmes d’aménagement « aux frontières » et les équipements communs (les déplacements inter-urbains, le développement urbain, la gestion des pollutions et des risques) ; • Les grandes stratégies de développement métropolitain (le positionnement stratégique, les grands équipements structurants, la cohésion sociale)2. Face à ces enjeux, initier des démarches cohérentes de « gouvernance séparée » est certes un premier pas, mais reste un processus limité. Pendant longtemps, sous l’effet du manque de cohésion institutionnelle, les préoccupations des acteurs locaux se sont tout d’abord portées, de manière privilégiée, sur la défense des intérêts de sous-ensembles territoriaux, dans un contexte qui a réduit l’horizon aux concurrences de voisinages3. La nouvelle mobilisation des esprits va permettre de concevoir des projets globaux pour sortir « par le haut » des difficultés partagées. Les trois établissements publics de coopération intercommunale les plus concernés4 ont ainsi récemment affirmé leur volonté « d’œuvrer ensemble afin de favoriser la constitution d’une identité partagée de ce territoire ». Ils ont affiché leur détermination à « construire ensemble un partenariat pour aborder les grands enjeux métropolitains qui leur sont communs ». GÊNES La ville de Gênes, où le territoire urbain correspond quasiment à l’entité politico-administrative, prend désormais en compte le territoire qui s’articule autour d’elle. La Région Ligure a identifié en 1991 la Ville Métropolitaine5 , qui recouvre 39 communes. La Città Metropolitana, centre focal de l’aire métropolitaine, doit réaliser une planification supracommunale du territoire efficace, promouvoir une plus grande complémentarité dans la programmation des infrastructures, des opportunités de développement économique, des services, pour parvenir à une expansion urbaine ordonnée, qui s’appuie sur les synergies et les complémentarités existantes.L’objectif est également de favoriser le développement en réseau. Pour atteindre cet objectif, la ville de Gênes a créé en 2002 la structure Area Vasta, qui était chargée, entre autres activités, de la coordination des diverses institutions publiques et acteurs privés intervenant sur les projets métropolitains, ainsi que du suivi des relations ville-port, en association avec la Région et la Province. 1 Les lois successives sur la décentralisation et la coopération intercommunales ont, au lieu de permettre à l’aire métropolitaine d’entrer dans un processus de gouvernance global, engendré une fragmentation plus grande du territoire, même si la situation s’améliore depuis 1999. 2 Territoires en devenir : Quelles perspectives pour l’Aire Métropolitaine Marseillaise, l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Marseille (2003). 3 Ibidem. 4 Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole, Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix, Communauté d’Agglomération Garlaban, Huveaune, Sainte-Baume. 5 Le texte unique d’ordonnancement des entités locales, 267/2000, à l’article 22, prévoit comme aires métropolitaines les communes de Turin, Milan, Venise, Gênes, Bologne, Florence, Rome, Bari, Naples, et les autres communes avec lesquelles elles ont des rapports d’étroite intégration territoriale pour les activités économiques, les services essentiels à la vie sociale, les relations culturelles et les caractéristiques territoriales. La commune principale et les communes qui sont étroitement intégrées dans son système peuvent se constituer en Città Metropolitana. 48 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 49 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN SÉVILLE ET MALAGA : UNE COOPÉRATION ÉMERGENTE Séville et Malaga sont au début d’un processus de coopération avec les municipalités qui forment l’aire métropolitaine. Cette coopération technique est le premier pas vers une coopération plus approfondie. SÉVILLE La ville est handicapée par l’absence de législation intégrée et de concertation sur les politiques urbaines, qui auraient pourtant permis de réguler toutes les fonctions de l’aire métropolitaine. Il faut cependant nuancer ce constat : la Ville de Séville et les municipalités qui forment avec elle une aire métropolitaine sont entrées dans un processus de coopération intercommunale pour répondre aux enjeux qui se posent en termes de mobilité, un consortium intermunicipal dans le domaine des transports étant désormais créé. MALAGA Malaga est certes une capitale administrative au niveau provincial, mais ne détient pas seule le rôle de capitale économique : les fonctions économiques sont partagées avec les autres municipalités (principalement dans le secteur du tourisme, avec les villes de Torremolinos, Bemalmadena ou Marbella, mais aussi pour le commerce). Or, chaque ville est en charge de l’élaboration de son propre plan municipal, et il n’y a pas de coordination sur les questions de base (gestion des eaux, assainissement, déchets urbains). En revanche, à Séville, le processus de gouvernance métropolitaine est en bonne voie puisqu’un consortium de transport métropolitain est en cours de création. Cependant, deux difficultés s’opposent à une prise en considération du tissu métropolitain réel. D’une part, les communes qui forment la métropole ne sont pas encore clairement identifiées. D’autre part, la division en Comarcas n’est pas retenue comme critère de distribution des fonds financiers par l’échelon provincial, ce qui rend le processus de coopération encore plus difficile. Si le problème de fond est bien celui de l’inadéquation entre les compétences et le territoire, les trajectoires des villes C2M démontrent qu’il n’existe pas d’échelle optimale de la coopération. On ne peut plaquer un modèle de gouvernance propre à un territoire sur un autre : chaque ville, chaque métropole doit faire preuve d’inventivité pour se créer un mode de gouvernance qui lui est propre, en adéquation avec son histoire et ses besoins. Deux facteurs peuvent accélérer la prise en compte de l’ensemble du territoire métropolitain : 1) Les politiques nationales d’incitation, comme en France et, plus récemment, en Italie.Tant que les échelons supérieurs aux villes, qu’ils soient nationaux ou infranationaux, ne reconnaissent pas la nécessité de gérer dans leur globalité les aires urbaines, les municipalités qui les composent auront les plus grandes difficultés à entrer dans des processus de coopération. En effet, sauf crises majeures ou événements exceptionnels, rien ne les incitent à modifier leurs habitudes de gestion, à se dessaisir d’une partie de leurs compétences au bénéfice d’une institution intercommunale ou supracommunale. 2) Les grands événements, les grands projets… qui obligent les différentes municipalités à s’unir pour mutualiser leurs forces et gérer ensemble les défis, comme à Barcelone. Un processus de gouvernance métropolitaine ne se décrète pas : il ne sera réel que si, au-delà des adaptations institutionnelles, les mentalités évoluent, pour favoriser une prise de conscience nouvelle du territoire et une culture de projet. En effet, l’intercommunalité ne 49 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 50 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN doit pas être vécue comme une contrainte légale ou un processus mécanique d’incitation financière : elle doit correspondre à une réelle aspiration des acteurs locaux, être porteuse d’un vrai projet, à la fois respectueux des autonomies constitutives du territoire, et approprié par la population. UN PRODUIT DE LA GOUVERNANCE : LES PLANS STRATÉGIQUES Les partenaires sont tous d’accord pour affirmer que les plans stratégiques, quelle que soit l’échelle territoriale à laquelle ils s’appliquent, sont un bon indicateur des processus de gouvernance, dans la mesure où ils visent à projeter la collectivité territoriale dans un avenir commun. Les plans stratégiques contribuent à ce que « les acteurs-villes élaborent des projets producteurs de sens, immédiat et futur, guidant les objectifs, les voies et les moyens qu’euxmêmes et les autres acteurs se donnent1». Ce processus de changement des modes de gouvernement a d’abord vu le jour en Europe dans les villes britanniques, conséquence d’une politique nationale spécifique visant à promouvoir la performance et la rationalisation comme critère de gestion urbaine, assortie d’une forte mise en concurrence des territoires urbains. Il n’y a pas eu de politiques similaires au sein des États qui bordent la Méditerranée, mais la prise de conscience est tout de même amorcée, preuve de la volonté des villes méditerranéennes à se définir un destin propre. LES PRÉCURSEURS : LYON ET BARCELONE Lyon et Barcelone sont parmi les premières villes européennes à avoir saisi l’enjeu et à avoir entrepris une planification stratégique à l’échelle métropolitaine. GRAND LYON : DU SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT À LA DÉMARCHE MILLÉNAIRE 3 Grand Lyon a été le moteur du plan stratégique (schéma de développement), « Lyon 2010, un projet d’agglomération pour une métropole européenne », adopté en 1990, qui intégre des aspects aussi complémentaires que l’ouverture internationale, les orientations d’aménagement et l’environnement. L’enjeu de la planification stratégique était clairement affiché par les leaders politiques : il s’agissait d’éviter que Lyon soit pénalisée par un manque d’intégration métropolitaine et des actions trop cloisonnées. Le Grand Lyon s’est engagé, depuis 1997, dans une démarche prospective et stratégique pour doter l’agglomération d’un projet de développement global et intégré, basée sur le dialogue avec la société civile. La démarche Millénaire 3 apparaît d’ores et déjà comme un outil au service du renouvellement de la gouvernance urbaine pour un meilleur fonctionnement de l’agglomération. Cette démarche a permis de faire évoluer Grand Lyon dans le processus de gouvernance urbaine : elle prend aujourd’hui en charge une fonction d’animation et de médiation à l’échelle lyonnaise. Millénaire 3 a aidé à développer la synergie entre trois fonctions : le débat public, la mise en réseau d’acteurs (afin de favoriser le décloisonnement) et les projets (faciliter leur émergence ou garantir la visibilité des projets existants). Le débat public est considéré comme nécessaire pour faire émerger la confiance, mais insuffisant pour la garder : seuls des initiatives et des projets concrets peuvent permettre d’entretenir la mobilisation des acteurs 1 Jean G. Padioleau, René Demesteere, « Les démarches stratégiques de planification des villes. Origines, exemples et questions », Les Annales de la Recherche Urbaine. 50 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 51 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN et de traduire concrètement les orientations définies. Parallèlement à Millénaire 3, et sur les mêmes principes, un « Plan d’actions pour une métropole technopolitaine », a été élaboré en 1998. Son objectif est de développer les synergies autour d’une connexion entreprises/création d’entreprises/recherche. En outre, un schéma de développement économique est en cours d’élaboration : il sera le point d’articulation entre le précédent Schéma Directeur de l’Agglomération Lyonnaise et Millénaire 3. BARCELONE : L’ACCÉLÉRATION DES JEUX OLYMPIQUES La ville a pris appui sur les Jeux Olympiques de 1992 pour se doter d’une véritable stratégie de développement. Le projet urbain comporte pour l’essentiel une programmation d’investissements spatiaux, qui traduit un redéploiement des activités urbaines, articulée à une stratégie de marketing urbain. Aujourd’hui, avec le forum Universel des Cultures (qui se déroule de mai à septembre 2004), Barcelone a conduit une opération urbaine d’envergure de 200 hectares, qui s’impose comme une stratégie de réhabilitation de la côte, mais aussi des anciens quartiers industriels situés en limite de la ville. Aujourd’hui, avec le forum Universel des Cultures (qui se déroule de mai à septembre 2004), Barcelone a conduit une opération urbaine d’envergure de 200 hectares, qui s’impose comme une stratégie de réhabilitation de la côte, mais aussi des anciens quartiers industriels situés en limite de la ville. Au-delà de la nature élaborée des procès de monitorage et de feed-back du plan stratégique1, la ville a su résoudre l’inadéquation entre ses frontières administratives, trop exiguës, et la réalité métropolitaine. La ville avait formé, avec les 27 communes de sa périphérie, une « corporation métropolitaine » qui, jusqu’en 1988, a porté le projet des Jeux Olympiques. Le partenariat s’étend également à tous les secteurs socio-économiques de la ville. Le plan stratégique était conçu, dès 1988, comme un agent provocateur de débats et générateur de consensus. L’association pour le Plan Stratégique a voulu prolonger la synergie liée à la préparation des Jeux Olympiques, qui ont permis de prendre conscience de l’utilité et de la nécessité d’une gouvernance territoriale et stratégique intercommunale, à l’échelle de l’aire métropolitaine2. Le Plan Stratégique Métropolitain a donc été officialisé en 2003, mettant à jour et renforçant les précédents plans. On voit bien, dans le cas de Barcelone, que les obstacles institutionnels à la coopération intercommunale en Espagne n’ont que peu de prise sur la volonté des acteurs métropolitains de travailler de concert, quand ils peuvent saisir l’opportunité d’un grand événement pour légitimer et renforcer les coopérations. Mais seule la prise de conscience de la nécessité d’une coopération renforcée dans le temps garantit la pérennité de l’action. LES PREMIERS PLANS STRATÉGIQUES DE SÉVILLE, MALAGA, MARSEILLE ET GÊNES SÉVILLE Le plan stratégique de Séville définit un modèle de ville à moyen et long terme, pour l’ensemble des thématiques urbaines (urbanisme, développement économique, culture,…). 1 La programmation en termes d’équipements, de nombres de logements, d’espaces publics, d’implantation économique fait l’objet d’un suivi qui se traduit par des rapports produits tous les deux ans. Ces rapports comportent une série d’indicateurs de superficies construites ou rénovées, de montants mobilisés, une grille relative aux équipements complétant ces données. Le suivi de pilotage constitue actuellement la base de révision du plan, dont l’ambition est d’élargir le spectre de l’action. 2 En 2003, le premier plan stratégique métropolitain a été approuvé et sera soumis, entre 2005 et 2007, à une procédure de révision. Il concerne les 36 communes de l’aire métropolitaine et s’appuie sur les trois premiers plans, réalisés par Barcelone. 51 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 52 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Le Plan Stratégique Séville 2010 définit une vision et un modèle de futur possible et souhaitable pour la ville, en identifiant les aires stratégiques d’intervention et en développant les projets structurants, considérés comme les clés du développement économique, social et culturel de la ville. Il intègre également le positionnement de la ville vis-à-vis des villes voisines, mais aussi dans un contexte territorial large, en lien avec les flux mondiaux. Comme à Barcelone, le plan n’a pas une vocation uniquement incantatoire, puisque des objectifs opérationnels y sont définis (révision du plan général d’aménagement urbain, construction du métro, etc). Il s’agit donc, au-delà de la valeur symbolique du plan stratégique, d’un véritable outil de gestion urbaine concertée et multipartenariale. MALAGA La ville de Malaga est certainement la ville partenaire qui fait office « d’aire fonctionnelle » la plus spécialisée. Sa forte vocation touristique se répercute dans le plan stratégique. Il traduit l’épreuve de réalisme à laquelle sont confrontées les villes méditerranéennes : il ne s’agit pas pour elles de devenir une copie des villes du nord de l’Europe mais, après un diagnostic réaliste et sans complaisance de leurs forces et faiblesses, de définir des axes et stratégies de développement pour le futur. Malaga reconnaît donc le rôle central du tourisme dans son développement, mais se refuse pour autant à n’être qu’une ville touristique, encore moins une ville de tourisme de masse. La ville entend protéger son patrimoine culturel artistique, architectural, environnemental, garant de sa compétitivité à long terme, même du point de vue touristique, en réinvestissant les ressources générées par le tourisme dans ces actions. Elle accorde ensuite une place centrale aux besoins de sa population qui ne doit pas vivre dans un espace formaté exclusivement pour répondre aux besoins de l’industrie touristique. Il s’agit d’agir sur la qualité des services publics, l’esprit d’entreprise et la modernisation des entreprises et des infrastructures d’appui à la création et au développement économique. Cette stratégie inclut une dimension « grands projets-grand événementiel », qui a caractérisé et caractérise, avec des asymétries temporelles, les autres villes méditerranéennes. Cette logique de grands projets est liée au grand évènementiel, la ville étant candidate au titre de Ville européenne de la culture en 2016. Cette candidature est à relier à plusieurs actions d’envergure : création de la ligne ferroviaire à grande vitesse, rénovation de l’interface ville-port, création d’infrastructures de loisirs de haute qualité. GÊNES Le plan « Gênes 2010 », présenté en 2002, offre une vision stratégique à moyen terme, mais celle-ci n’est pas le fruit d’une concertation intercommunale : il s’agit d’un plan communal, même si y ont été associées, entre autres, la Région, l’Université et les autorités portuaires. L’objectif est de répondre au morcellement et à la faiblesse de coordination entre les différentes interventions urbaines : chaque action, chaque projet doit s’inscrire dans une stratégie plus large, dans des synergies plus grandes et viser des objectifs partagés. Le plan est le fruit d’un processus initié en 1998, qui s’est déroulé en trois temps : • Une phase d’écoute (rencontres et conférences entre les institutionnels, les citoyens, le tiers secteurs, où chacun a pu formuler ses demandes et propositions) ; • Une conférence stratégique (présentation des résultats de la première phase et des propositions retenues par l’administration communale : cette conférence a été le plus grand processus d’association de tous les acteurs génois, socio-économiques, politiques, tiers secteurs, citoyens, autour d’un nouveau projet de développement à construire et partager) ; • L’élaboration et l’adoption du plan stratégique. Comme dans le cas de Barcelone, le grand événementiel (année de la culture, G8) a joué un 52 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 53 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN rôle, non pas dans l’union des communes, mais dans l’état d’esprit même qui préside à la gestion et au développement de la ville1. MARSEILLE À Marseille, les démarches de planification stratégique à l’échelle de l’agglomération ont certes émergé récemment, mais les dix dernières années ont vu la métropole marseillaise se saisir de nouveaux modes de planification. Elle a été également le moteur, dans les années 90, d’un fort renouvellement de l’approche du projet urbain, avec la conduite du projet Euroméditerranée, plus grand chantier de rénovation urbaine français, et dans une moindre mesure du Grand Projet de Ville intéressant les quartiers Nord de Marseille Le schéma de cohérence 2015, véritable projet de développement de la ville, a notamment permis à Marseille d’explorer le champ de la prospective territoriale et de confronter sa vision avec celle de différents acteurs territoriaux comme le port, la Chambre de Commerce et de l’Industrie ou Euroméditerranée. La première phase de conception, achevée au début de l'année 1997, fut suivie par une phase de concertation/consultation auprès des représentants de la population et d'acteurs, partenaires du développement urbain. Un certain nombre de convergences sur le fond des grands acteurs institutionnels de l’agglomération ont été établies, permettant ainsi de resituer la ville centre dans son espace métropolitain et de la positionner comme la véritable métropole du sud de la France. Par la suite, et alors qu’un nouveau paysage intercommunal émergeait dans l’agglomération, les démarches de planification stratégique se sont poursuivies à deux échelles : • A l’échelle des différentes intercommunalités, avec l’élaboration de diagnostics et de projets d’agglomération : ces démarches, qui s’inscrivent dans le nouveau cadre législatif national du développement territorial, sont élaborées avec l’appui des différents « conseils de développement » représentant la société civile. Elles se poursuivront dans le cadre de l’élaboration des Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT). • A l’échelle métropolitaine, différentes démarches ont été menées : la démarche « prospective métropolitaine », « l’ atlas des métropolitains » et la démarche d’ harmonisation (le « chapeau commun ») des projets d’agglomération et des SCOT des trois Établissements Publics Intercommunaux, les agences d’urbanisme jouant un rôle important dans ce processus. Le nouveau contrat métropolitain devrait encore renforcer les enjeux de planification stratégique à cette échelle. Néanmoins, l’impact de ces différents documents et démarches stratégiques reste à évaluer, non seulement à l’échelle métropolitaine ou la coopération entre territoires reste une œuvre de longue haleine, mais aussi à l’échelle des territoires eux-même ou l’apprentissage d’une culture de projets et d’un mode de gouvernance partenariale et ouvert sur la société civile est encore incertain. En conclusion, on constate que la convergence stratégique des métropoles C2M est forte : • Dans les processus, la méthodologie, la compréhension du rôle d’un plan stratégique, voire dans la temporalité (la plupart des plans stratégiques sont élaborés à l’horizon 2010) ; • Un retard d’allumage par rapport au nord de l’Europe (à l’exception de Lyon et de Barcelone), mais une véritable accélération dans les démarches ; riches de l’expérience des autres villes, mais avec leurs spécificités propres,les villes C2M engagent des processus accélérés, en lien avec le grand événementiel (Gênes, Séville, Barcelone, etc) ; 1 « Una nueva mentalità positiva che ha innestato un processo virtuoso », interview par Ricardo Prina de Bruno Gabrielli, assesseur à la qualité urbaine et aux politiques culturelles de Gênes, le 8 juin 2004. 53 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 54 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN • Les villes méditerranéennes rattrapent également leur retard dans la reconnaissance de la société civile. Elle fait désormais partie des acteurs qui contribuent à dégager une vision commune et à élaborer les plans stratégiques1 . • L’émergence de véritable processus de gouvernance : le territoire métropolitain fait l’objet d’un pilotage coordonné et non plus d’un gouvernement unilatéral et hiérarchique de la part des autorités publiques. • La capacité à construire un discours et à entrer dans un processus d’apprentissage. Les territoires communaux sont des lieux d’histoire et de mémoire, ce que ne sont pas encore les territoires métropolitains. Mais les processus de coopération intercommunale, les plans stratégiques, les grands projets, les événements internationaux concourent à sédimenter un processus d’apprentissage, de connaissance mutuelle, et à construire une vision partagée de l’avenir. Plus encore, ils permettent aux acteurs de construire des discours et des représentations. Plus ces discours et ces représentations sont stables et partagés dans le temps, plus ils sont une ressource et une force pour l’action collective. LA GOUVERNANCE ET LA PROJECTION INTERNATIONALE DES MÉTROPOLES La dimension externe de la gouvernance repose sur la « capacité à défendre une stratégie, une représentation collective unifiée à l’égard de l’État, de l’Union Européenne, des autres collectivités locales mais aussi des entreprises, des médias des institutions et des autres villes »2. Cette représentation collective unifiée peut s’exprimer, on l’a vu, dans la planification stratégique, mais trois des projets pilotes réalisés au cours du projet démontrent les multiples facettes de la dimension externe de la gouvernance : • La projection internationale et le marketing urbain (Séville) ; • Les grands projets urbains, plus spécifiquement la rénovation de l’interface Ville-Port, (Malaga) ; • Les politiques culturelles en lien avec le développement économique (Gênes). UNE IMAGE RENOUVELÉE Il y a peu de concepts dont les contours sont aussi mal définis que celui de l’image métropolitaine. L’image est d’abord internationale, souvent communiquée à l’occasion d’un événement de portée mondiale et constituée par l’ensemble des signes qui annoncent au monde la mutation. L’image est également interne et destinée à focaliser les énergies des habitants et des forces vives d’une ville sur des objectifs partagés. Pour les villes méditerranéennes, le défi était double. Comment rendre attractif les milieux urbains méditerranéens,sans tomber dans les clichés ? Comment jouer l’attractivité sans renier le passé par une stratégie de continuité sans repli, axée sur l’ouverture et l’innovation ? Le changement d’image est toujours un exercice difficile, dans un domaine où les perceptions sont facilement figées dans des clichés, mais toutes les métropoles du bassin méditerranéen sont en passe de réussir ce pari, souvent via un grand événement, qui entérine le changement. Nous avons évoqué, parlant des plans stratégiques, les Jeux 1 L’association de la société civile dans les villes méditerranéennes existe, mais, à la différence des villes nordiques, elle repose davantage sur les moyens de publicité et de communication que sur une véritable interaction avec la population, finalement peu associée au processus décisionnel. Les stratégies de publicité et de communication visent davantage à chercher une légitimation a posteriori qu’à susciter une véritable adhésion, et encore moins une véritable association. On tend à privilégier les intérêts plus organisés : en effet, qui dit gouvernance ne sous-entend pas que tous les acteurs soient associés. Les processus de gouvernance sont des processus situés dans le temps, dans l’espace et dans les réseaux sociaux existants : ils reflètent donc les rapports de force à un moment précis de l’histoire du territoire métropolitain. 2 Patrick Le Galès, Antoine Vion « Politique culturelle et gouvernance urbaine : l’exemple de Rennes », Politiques et management public, vol 16, n°1, mars 1998, p. 5 54 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 55 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Olympiques à Barcelone, l’Exposition Universelle de Séville, l’année de la culture en 2004 à Gênes : les villes signifient toutes, à un moment de leur trajectoire urbaine, leur appartenance aux flux internationaux, en se plaçant comme structure d’accueil de grands événements. Le projet pilote mené par Séville sur ce thème a permi de dégager un large consensus sur les principes d’actions qui doivent encadrer ce changemnt d’image : • La communication ne doit pas se faire sur des standards internationaux, mais sur les points de forces réels, reconnus de la ville (voir en ce sens les profils urbains du projet pilote de Séville, en annexe). Une ville qui offre une image d’elle-même conforme aux standards internationaux, au prix de distorsion de son image réelle, est une ville qui ne pourra, à moyen et long terme, garantir sa crédibilité en tant qu’acteur collectif et garder la confiance des investisseurs. • Les villes méditerranéennes sont convenues que l’héliotropisme et le tourisme seuls sont de nature à les valoriser sur le plan international mais ne peuvent constituer les bases solides d’une politique de communication et de marketing, pas plus que les garanties d’un développement économique important. En revanche, elles savent aussi que l’enjeu n’est pas de copier le modèle urbain nord-européen : il s’agit de valoriser et de vendre les villes méditerranéennes dans ce qui les rapproche des standards internationaux mais aussi dans ce qui les en différencie, en les plaçant sur une sorte de « niche » du marché urbain mondial. • Il existe une capacité des acteurs publics et privés à créer ensemble une identité commune, qui va bien au-delà de la politique d’image et qui doit être valorisée. Bien qu’elle en fasse partie, elle est plus large. La capacité à élaborer des plans stratégiques, à entrer dans des processus de gouvernance à l’échelle métropolitaine, à mettre en œuvre des grands projets font partie de la construction d’une identité collective. • Enfin, la perception de soi et l’image qu’on projette à l’extérieur sont au centre du concept de marketing urbain : on ne peut pas vendre un message préfabriqué, abstrait. Celui-ci doit « coller » au maximum avec l’image que les habitants ont d’eux-mêmes et de la réalité de la ville car sinon, le message aux investisseurs et aux habitants potentiels est brouillé. Mais ceci ne doit pas empêcher les villes méditerranéennes d’évoluer. Les villes sont des objets vivants : l’image d’une ville, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, peut changer. CHANGER L’IMAGE ET LA CONCRÉTISER : LES GRANDS PROJETS URBAINS Le changement d’image n’a de sens que s’il s’appuie sur des signes visibles et reconnus comme porteurs de changement. Ce signe est souvent architectural, annonciateur d’une rupture qu’il concrétise sur le territoire urbain. Les villes méditerranéennes ont su, pour marquer ce changement, lancer des grands programmes d’aménagement urbains ou de rénovation urbaine. Une nouvelle conception du « projet urbain » est à l’œuvre dans toutes les villes partenaires. Malgré des contextes locaux très variés sur le plan institutionnel, culturel et économique, se reproduit, de ville en ville, un « projet urbain » généralement articulé autour d’une grande opération emblématique ou événementielle (Jeux Olympiques de Barcelone, Exposition Universelle de Séville), et souvent intégrée dans un vaste programme de reconversion des zones industrielles et des ports dégradés (comme la requalification des friches industrielles de Naples, le programme de réhabilitation urbaine Euromed à Marseille ou la rénovation du centre médiéval de la ville de Gênes, avant Gênes 2004). LA RÉNOVATION DE L’INTERFACE VILLE-PORT1 La vocation portuaire des villes méditerranéennes est ancienne, intrinsèquement liée à leur histoire. Les espaces portuaires, dans leur conception moderne, naissent au XVIIe siècle, 1 Synthèse réalisée sur la base des conclusions du projet pilote de Malaga. 55 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 56 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN parallèlement à la révolution industrielle. Les changements d’échelle productive, la tertiarisation des centres, le déplacement vers les périphéries des activités industrielles, la restructuration des activités maritimes et l’apparition de navires à plus grande capacité ont conduit soit à la disparition progressive des activités portuaires traditionnelles, soit à leur déplacement dans un site extérieur à l’ancien cadre portuaire, pour gagner en espace de stockage et en tirant d’eau dans les bassins. Les espaces abandonnés par l’ancienne activité portuaire sont habituellement d’une superficie significative, et situés dans une zone stratégique de la ville, généralement proche du centre historique. Malgré cette proximité, ils s’insèrent d’une façon très particulière dans la ville : espace ouvert sur le monde, ils sont en général fermés pour les habitants et occultés à leur vue. Ils séparent, au moins partiellement, la ville de la mer : proche, elle demeure pourtant inaccessible aux habitants. La transformation de ces espaces portuaires, qui a fait l’objet du projet pilote conduit par Malaga1, suppose leur intégration dans la ville, en particulier aux centres historiques. Ces espaces revêtent une double valeur : d’une part, en raison des nouvelles possibilités fonctionnelles (loisirs, commerces, etc), d’autre part, comme espace public « d’équipement » du centre historique, habituellement très densément urbanisé dans les villes méditerranéennes. Cependant, ces espaces que se réapproprie la ville n’ont pas de vocation première univoque ; chaque ville a su trouver une harmonie et un équilibre entre les usages auxquels ces nouveaux espaces étaient destinés. Cette intégration ne doit pas être uniquement fonctionnelle, mais également physique : la rénovation de l’interface ville-port exige de revoir toutes les infrastructures de transports et de communication, afin de garantir la mobilité et l’accessibilité. MALAGA Les modalités de la rénovation de l’interface ville-port à Malaga ont été définies suite à un diagnostic qui a fait apparaître quatre points majeurs : • Paupérisation, vieillissement et dépeuplement du centre historique qui, bien que chargé d’une valeur symbolique, perd sa centralité fonctionnelle au bénéfice des périphéries (la ville vit une extension urbaine considérable, amorcée au cours des années 1960 et ininterrompue jusqu’à ce jour). • Malaga est placée sur un axe littoral important, en mesure de réunir les axes Est et Ouest de la conurbation de la Costa del Sol. Cet axe doit passer au plus proche de la zone portuaire. C’est donc toute une infrastructure qui doit être pensée avec l’ensemble du projet de rénovation de l’interface ville-port. • Le port de Malaga bénéficie d’un trafic de croisière important, qui pose la question des accès, à partir du port, à la ville mais aussi aux autres villes andalouses. • L’actuelle implantation du port de Malaga est un obstacle pour le développement de la ville mais, à ce stade de l’histoire de la ville, comme cela s’est déjà produit dans l’histoire, le port est aussi la solution aux problèmes qu’elle affronte. L’aménagement adéquat du port est donc une opportunité pour la ville, comme il s’en présente rarement dans l’histoire d’une cité. Les différentes fonctions urbaines de cet espace et les exigences imposées à chaque projet (dans une perspective de mise en cohérence avec les autres projets prévus sur l’espace, mais aussi avec l’ensemble de la ville), doivent être pensées de façon collective et sur le long terme. En raison de ses grandes ambitions, le projet doit faire l’objet d’un consensus et bénéficier d’un appui important des autorités municipales et portuaires. 1 Chaque ville portuaire maritime du projet a répondu aux questionnaires élaborés par la Ville de Malaga, complétés par des visites sur site des partenaires et de leurs experts. 56 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 57 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN En terme de connectivité, l’espace portuaire sera relié à l’axe littoral Est-Ouest mais également à l’axe Nord-Sud, qui permet la connexion à l’espace régional. L’espace portuaire doit également être relié à la gare, tant pour le fret que le trafic passagers, qu’ils soient usagers de la ligne à grande vitesse ou des lignes de trafic pendulaire sur la Costa del Sol. Il doit aussi se connecter avec le métro urbain, qui sera finalisé à brève échéance. Ce projet permet donc de répondre aux besoins de centralité et de connectivité à plusieurs échelles territoriales de la ville de Malaga, tout en lui garantissant d’améliorer ses fonctions métropolitaines, vers la qualité, à la fois pour les visiteurs, les touristes, les habitants, mais aussi vers la modernité, la culture, etc. Enfin, la rénovation du front de mer de Malaga permettra à la population de se réapproprier tout un espace urbain, et de retrouver la proximité de la mer. BARCELONE La réhabilitation de l’interface ville-port à Barcelone est un processus relativement ancien, qui s’est étalé dans le temps. Le port de Barcelone s’est adapté progressivement aux nouvelles conditions du trafic maritime. Le Port Vell, la partie la plus intérieure du port, a été progressivement abandonné par le trafic maritime traditionnel. La ville a pris la maîtrise du premier quai en 1981. L’ensemble du Port Vell a subi le même processus et un projet d’aménagement a été réalisé de 1988 à 1995, pour le convertir en espace susceptible d’accueillir des activités tertiaires, des hôtels, des commerces et des activités de loisirs. Ces opérations de grande ampleur ont bénéficié des Jeux Olympiques de 1992 : toutes les infrastructures ont été conçues pour être conformes aux choix d’aménagement du port. Pour réaliser ces opérations, la ville de Barcelone a réalisé deux plans stratégiques et un plan directeur, qui guidaient l’aménagement de l’espace intérieur du port et son futur élargissement vers le Sud. Elle a su bénéficier de l’appui financier des autres collectivités territoriales espagnoles et de l’Etat, à l’occasion des Jeux Olympiques, ce qui a accéléré le projet de reconversion des espaces portuaires. On retrouve le lien entre les plans stratégiques, les grands projets et l’événementiel international, qui a profondément modifié l’image de cette ville. MARSEILLE Le port de Marseille, à l’origine cantonné au Vieux Port, a évolué avec le trafic maritime : il s’est, dans un premier temps, déplacé au nord de la ville, avant de concentrer ses activités à Fos, hors de Marseille. Le port originel fait aujourd’hui partie du centre-ville, mais le port situé sur le littoral Nord de la ville demeure propriété du Port Autonome de Marseille et est toujours en activité, sans que les Marseillais puissent y avoir accès. L’opération d’intérêt national Euroméditerranée, entre autres espaces urbains, englobe le site portuaire. Cette opération qui associe l’État et les collectivités locales, vise à renouer les liens entre la ville et son espace portuaire, à lui offrir à nouveau un accès à la mer puisqu’elle agit sur le zonage suivant : • La zone Joliette (22 hectares), située sur la façade maritime, occupe une position stratégique, entre le port et le centre ville, avec une excellente accessibilité (connexion à la gare TGV, métro, autoroutes, parkings) et des réserves foncières importantes. Elle a permis de réhabiliter tout le quartier, en développant notamment l’immobilier de bureau haut de gamme ; • La zone Cité de la Méditerranée se développe sur 110 hectares, qui présentent la particularité d’être communs au programme Euroméditerranée et au Port Autonome de Marseille. Cet ensemble associera activités portuaires et fonctions urbaines : culture, 57 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 58 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN formation, sciences, loisirs, activités tertiaires et la nouvelle station maritime du port. Certains espaces ont été déclassés pour faire l’objet, une fois sorti du domaine public, d’une revalorisation et d’une reconversion. Cette opération, qui s’étend bien au-delà de la façade maritime, est le plus grand bouleversement urbain connu par Marseille ces dernières décennies, et aura, une fois achevé, un impact encore plus grand que celui, observable aujourd’hui, sur l’image et la perception des Marseillais de leur propre ville. Marseille, qui a beaucoup souffert du déclin du port après la décolonisation, retrouve, grâce à Euroméditerranée et aux politiques municipales développées en parallèle (comme la politique culturelle ou les relations internationales), une nouvelle vitalité. L’exemple de Marseille est intéressant à un autre titre. Les projets de rénovation de l’interface ville-port doivent souvent affronter les réticences des autorités portuaires à vendre ou céder une partie de leur patrimoine foncier, même non utilisée. Le trafic maritime étant très fluctuant et par essence peu prévisible, elles préfèrent disposer de réserves foncières. Le projet Cité de la Méditerranée offre une solution originale : la construction de terrasses sur pilotis au-dessus du domaine public évite le déclassement du port, puisque celui-ci est toujours en activité1, tout en garantissant l’accès des habitants au front de mer, valorisés par les commerces, les restaurants et les activités culturelles et de loisirs qui seront offertes sur les terrasses. GÊNES Le port de Gênes est l’un des piliers économique et industriel de la ville. Historiquement, il forme, avec Turin et Milan, l’un des triangles industriels les plus importants d’Europe. L’espace portuaire est donc fortement connecté avec l’intérieur de la péninsule. Depuis le début des années 1990, une portion de l’espace portuaire, le Porto Antico, directement connecté au centre ville, a fait l’objet de nombreuses opérations de réhabilitation, ce qui a notamment permis de requalifier l’offre immobilière de la ville (de bas niveau dans son ensemble dans le centre historique). L’opération, commencée par Renzo Piano en 1991, ne concernait qu’une petite partie de l’espace portuaire et coïncidait avec la célébration de la découverte des Amériques par Colomb en 1992. Le 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique a été l’opportunité pour la ville de créer de nouveaux équipements sur les espaces portuaires. Le Porto Antico lui a été cédé par l’État Italien pour un prix symbolique en 19952). Le succès de Porto Antico est largement dû à la très grande mixité de ces espaces. À la fois touristiques, résidentiels, culturels, commerciaux, ils accueillent également un port de plaisance, l’université d’économie et l’aquarium. Au-delà des nouvelles fonctionnalités que le Porto Antico offre à la ville, les constructions et structures réalisées sont devenus ses nouveaux symboles urbains, comme le groupe de mâts étoilés. En conclusion on peut dire que les villes méditerranéennes ont acquis la capacité à s’observer, à observer ailleurs les grands projets et stratégies urbaines, sans tomber dans l’écueil de la standardisation. On ne refait pas à Gênes ou à Barcelone des rénovations de l’interface ville port comme on les a faites à Baltimore, à Liverpool, etc. En revanche, quelle que soit la ville, ces projets de rénovation de l’interface ville-port changent leur image dans la mesure où ils offrent aux habitants et aux visiteurs une nouvelle dimension urbaine : le lien étroit qui unit les villes méditerranéennes à la mer. En outre, et il s’agit peut-être là davantage d’une spécificité méditerranéenne, ces nouveaux 1 Elle permettra même d’accroître la qualité des services offerts aux passagers, en particulier les croisiéristes. 2 La Mairie a ensuite créé une société : le Porto Antico de Genova SPA (composée à 51 % de la mairie, 39% de la CCI et des établissements commerciaux, 10 % des autorités portuaires), qui gère l’espace portuaire. 58 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 59 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN espaces sont le signe d’un saut dans la modernité : ils font souvent l’objet de réalisations architecturales audacieuses, modernes, tout en étant proches des centres anciens, et contribuent ainsi à renforcer cette image propre aux villes méditerranéennes : fortes de leur tradition, de leur culture, elles avancent dans l’avenir. LES AUTRES PROJETS URBAINS SIGNIFICATIFS La rénovation de l’interface ville-port n’a pas, seule, contribué à changer l’image des villes méditerranéennes : d’autres grands projets urbains, passés, présents ou à venir, participent au mouvement. Ces projets, qu’ils visent à réhabiliter un quartier en déclin, à reconvertir une friche industrielle ou à accueillir un événement international, ont à chaque fois changé l’image de la ville à l’extérieur, mais aussi les représentations des habitants. RÉHABILITATION DE LA CIUTAT VELLA, À BARCELONE : LA REDÉCOUVERTE D’UN CENTRE HISTORIQUE1 La zone de la Ciutat Vella a subi un déclin important qui s’est traduit par un phénomène d’exclusion sociale d’une ampleur considérable. La municipalité de Barcelone devait intervenir pour réhabiliter, sécuriser et développer cet espace. Elle s’est donc positionnée comme agent catalyseur des acteurs susceptibles d’intervenir sur l’espace. Le projet Ciutat Vella a créé un consensus sur les priorités suivantes : consolider le processus de décentralisation municipale, améliorer les conditions de vie par une action sociale cohérente, promouvoir la réhabilitation des logements, ouvrir de nouveaux espaces urbains, augmenter le nombre d’équipements publics à usage social et promouvoir la participation et la solidarité citoyenne. Le Plan d’Action Intégrée a été mis en œuvre sur la zone de réhabilitation intégrée de la Ciutat Vella (Area de Rehabilitacion Intedrada, créée en 1986), ce qui a permis de coordonner toutes les interventions des diverses administrations concernées. Ce projet est aujourd’hui un succès : la zone parvient à attirer des Barcelonais qui n’y résident pas puisque les activités commerciales, culturelles, de loisirs et de tourisme s’y sont développées. La population résidentielle a augmenté, grâce à la réhabilitation des logements et aux programmes immobiliers privés (ce qui aurait été impensable avant l’opération). Ce succès a été garanti par l’implication des acteurs institutionnels, sociaux et économiques, de façon coordonnée, mais aussi par une prise de conscience : Ciutat Vella n’était pas un isolat problématique mais le problème de la ville dans son ensemble et de tous les Barcelonais. LYON CONFLUENCE : DE LA FRICHE INDUSTRIELLE À LA NOUVELLE CENTRALITÉ La presqu'île de Perrache, longtemps dédiée à l'industrie et aux transports, fait aujourd’hui l’objet d’un projet de réhabilitation qui changera les usages futurs de la ville. Sur 150 hectares, c’est la création d’un nouveau centre ville qui est projetée, avec une forte valorisation du site fluvial. Ce nouveau centre devrait permettre d’attirer les emplois, les services, les institutions et les grands événements qui caractérisent les villes capitales. Outre la création d’un nouveau quartier emblématique, renouant avec le fleuve, ce site devrait permettre de développer une offre innovante et attractive de loisirs urbains. En fin d’opération, la presqu’île devrait compter 1 200 000 m2 de constructions, 25 000 habitants (contre 7 500 aujourd'hui), 22 000 emplois (contre 6 000 aujourd'hui) et deviendra à ce titre une nouvelle centralité pour l’agglomération lyonnaise. 1 Nous n’entrerons pas dans les détails d’un autre projet urbain d’envergure, en cours actuellement : le 22@, qui vise à convertir tout un quartier de la ville en cluster dédié à l’innovation (voir infra) 59 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 60 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN MARSEILLE, LA BELLE DE MAI : DE LA FRICHE INDUSTRIELLE AU PÔLE CULTUREL La Belle de Mai, qui fait partie des zones visées par le chantier de renouvellement urbain Euroméditerranée, est une expérience urbaine qui consiste à créer sur une friche industrielle un site d’économie culturelle. Installée depuis 1992 dans l’ancienne Manufacture des Tabacs de Marseille, la Friche de la Belle de Mai est un lieu de production artistique ouvert au public, où toutes les disciplines sont représentées, à la fois par la création, la diffusion, la production, mais aussi par la pratique « grand public » de la culture. La culture y est conçue en lien avec la préoccupation économique et le marché, comme le confirme la présence sur le site de l’Incubateur National Multimédia Belle de Mai. SÉVILLE : DE L’EXPO UNIVERSELLE À LA STRATÉGIE D’ INNOVATION : L’exposition Universelle de 1992 a contribué à donner à Séville une image de modernité, tout en comblant son retard en termes d’infrastructures et d’équipements urbains. L’identité culturelle de Séville en a été bouleversée, ou plutôt enrichie : fortement basée sur les traditions, elle est entrée dans la modernité. Grâce aux aménagements urbains et aux infrastructures de l’Expo, la ville a fait un bond de 10 ans dans le futur1, mais l’exposition a également permis de restaurer la plupart des édifices publics et privés du centre ville, d’améliorer la qualité et la beauté des espaces publics existants et d’en créer de nouveaux, de recréer les relations de la ville avec son fleuve grâce à la suppression de la voie ferrée qui le longeait. À l’échelle régionale, le réseau autoroutier andalou a été réalisé en un temps record, garantissant la connectivité de Séville avec son contexte régional. L’Expo’92 a eu un effet économique immédiat et, à plus long terme, les effets qualitatifs, bien que difficilement quantifiables, ont confirmé l’orientation de la ville vers les activités tertiaires et les nouvelles technologies, tout en développant son potentiel touristique et le secteur des loisirs. L’exposition achevée, les 215 hectares du site ont été divisés en cinq zones : parc technologique, parc thématique, secteurs hôteliers, secteur universitaire et activités économiques plus traditionnelles. Le parc technologique Tecnopolis Cartuja 93 a connu des difficultés de lancement2 qui sont aujourd’hui résolues. Un deuxième parc est en construction.Le parc thématique, après un départ difficile, connaît un regain d’activité depuis la création d’un parc d’attraction dont la fréquentation est en progression constante. Tous ces exemples démontrent une spécificité dans les stratégies des métropoles méditerranéennes : toutes s’appuient sur le grand événementiel, véritable « pompe d’amorçage » du changement : changement d’image, accès à la scène internationale, catalyseur de grands projets urbains et de transformations urbaines d’envergure, accélération des projets d’infrastructures, diversification et montée en gamme de l’offre touristique, etc Les grands événements ont également un impact sur les acteurs, certes moins visible, moins quantifiable, mais tout aussi fondamental. En effet, la nécessité de concentrer toutes les énergies disponibles sur un temps très court remet en cause la routine des modes de fonctionnement, et révèle immédiatement les dysfonctionnement éventuels dans la gestion de la métropole. Les solutions temporaires imaginées pour l’événement peuvent, dans certains cas, être institutionnalisées ensuite. Ce fut le cas à Barcelone, où les Jeux Olympiques ont révélé la nécessité et l’utilité d’une approche stratégique de développement non plus à l’échelle de la seule municipalité mais à celle de la région métropolitaine3. 1 Aéroport international, gare TGV qui la place à 2h15 de Madrid, périphérique autoroutier, ponts sur le Guadalquivir, réseau de télécommunications, World Trade Center, technopole, … 2 Ces difficultés étaient en partie liées au coût d’entretien des infrastructures et équipements : air conditionné, arrosage,… 3 L’impact des grand évènements sur le développement des métropoles, Métropolis 2002, Séoul , World Association of the Major Metropolises (2002). 60 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 61 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Par ailleurs, l’accueil d’un grand événement mondial, du moins quand l’organisation est réussie, suscite une large adhésion au sein de la population de la métropole : ces événements contribuent à cimenter la société. Et les effets à long terme de l’événement sont d’autant plus importants qu’il s’accompagne d’une vision politique claire et largement partagée de l’avenir de la métropole, et d’une stratégie pour la concrétiser. LES POLITIQUES CULTURELLES MÉTROPOLITAINE1 : UN OUTIL AU SERVICE DE LA GOUVERNANCE Outre les grands projets, qui concrétisent le changement d’image, la dimension externe de la gouvernance passe aussi par la culture. Les politiques culturelles sont même devenues, dans les villes européennes, l’un des éléments clés de la représentation, de la stratégie d’image, à l’égard des entreprises notamment, et des élites locales, nationales et européennes2. Les villes méditerranéennes ont suivi le mouvement. Leurs politiques culturelles ont donc été mobilisées dans une optique de développement économique et de concurrence entre agglomérations, en lien avec des logiques d’actions qui tendent à s’internationaliser (circulation des œuvres, localisation des professionnels et des artistes de renommée internationale, développement des événements culturels internationaux). Le projet pilote conduit par Gênes, sur les liens entre la culture et le développement économique des métropoles, a permis de mieux comprendre les trajectoires des villes partenaires du projet C2M dans ce domaine. GÊNES : L’OPPORTUNITÉ DE L’ANNÉE DE LA CULTURE La réflexion sur la culture a été stimulée à Gênes, au cours des récentes années, par l’acquisition du statut de ville européenne de la culture en 2004. Une nouvelle identité est née et s’est consolidée au cours de ce processus, celle d’une ville ouverte sur l’Europe et le monde, où il est possible de faire coexister harmonieusement des activités traditionnelles (commerciales, industrielles et portuaires), la haute technologie et les activités touristiques. Le projet de développement de la ville s’est alors appuyé sur les stratégies culturelles et la recherche scientifique. Les objectifs de Gênes 2004 étaient doubles : redéfinir l’identité culturelle de la ville et favoriser une perception positive et attractive de la ville deGênes, au niveau national et international, mais également pour ses habitants. Pour atteindre ces objectifs, et pérenniser les résultats au-delà de 2004, il était indispensable d’obtenir la participation et l’implication de tous les habitants et des institutions, et prêter une grande attention aux interventions (infra)structurelles, par définition destinées à durer. La programmation des événements était focalisée sur un triptyque : Gênes Ville des arts, Gênes Capitale de la Mer, Gênes Ville Contemporaine. En mai 2001, un protocole d’accord entre la commune de Gênes et le Ministère des Biens et Activités Culturelles a été signé. Il identifie les interventions retenues comme prioritaires. Toute la stratégie du programme d’interventions est basée sur le développement de l’offre culturelle, à travers l’amélioration de l’offre des musées et du patrimoine architectural (Palais des Rolli, immeubles du front de mer), ainsi que l’amélioration de la qualité de l’environnement urbain (amélioration des espaces publics, création de zones piétonnes). 1 Synthèse réalisée sur la base des conclusions du projet pilote de Gênes. 2 Patrick Le Galès, Antoine Vion « Politique culturelle et gouvernance urbaine : l’exemple de Rennes », Politiques et management public, vol 16, n°1, mars 1998, p. 7. 61 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 62 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN BARCELONE : LA CULTURE POUR RENFORCER UNE STRATÉGIE MÉTROPOLITAINE La ville catalane, à travers ses différentes politiques, pose la culture au cœur de son développement social et spacio-territorial. La culture et la connaissance devraient ouvrir la voie d’un modèle urbain plus soutenable et plus équitable1. La stratégie culturelle de Barcelone part de la mise en œuvre du Plan Stratégique de la ville, rédigé en 1999, mis à jour et renforcé plus récemment dans le Plan Stratégique Métropolitain de 2003, visant à renforcer la position stratégique de la ville comme lieu de culture. Elle prend pour point de départ la création de trois organismes chargés de la gestion des projets prévus sur le plan stratégique culturel de la ville : le Conseil Métropolitain des Arts et de la Culture, l’Observatoire pour l’Évaluation et la Prospective dans le Secteur Culturel et l’Agence Mixte pour le Soutien aux Industries Culturelles. Mais le principal moteur de la politique culturelle repose sur l’organisation, durant l’année 2004, du Forun Universel des Cultures, événement à vocation globale qui se fonde sur les axes de diversité culturelle, de la paix et du développement durable. Il s’agit d’un forum qui souhaite réunir une multitudes de populations afin d’échanger des opinions et d’exprimer des interrogations relatives à la culture, entendue ici comme une forme de citoyenneté et de gouvernance urbaine. Barcelone se pose comme objectif de développer et consolider une position de leader dans la production et l’industrie culturelle. Le développement des réseaux d’acteurs qui, à divers titres, opèrent dans les secteurs liés à la culture et à l’économie est l’une des facettes de cette stratégie. Pour stimuler les synergies, la stratégie culturelle prévoit l’implantation d’un système de soutien pour le transfert de la créativité des centres de formation aux centres de production, et l’organisation de foires et de rencontres pour favoriser les liens entre les acteurs de la culture et les entreprises culturelles de la ville. Les résultats concrets sont : la multiplication par deux du nombre d’emplois dans le secteur culturel, la multiplication de la part du secteur de la culture dans le PIB et enfin, l’adoption d’une politique de financement de la culture plus rationnelle2. S’ajoutent les stratégies « traditionnelles » qui visent à accroître l’affluence touristique liée à la culture, outre les initiatives pour attirer des investissements extérieurs, grâce aux potentialités de Barcelone comme territoire où se concentrent diverses expressions culturelles. Enfin, pour garantir l’appartenance de Barcelone à la communauté de la culture on line dans l’ère des technologies de l’information et de la société de la connaissance, la création d’un Digital Culture Space-Network est prévue, pour offrir un espace polyvalent, à la fois physique et virtuel, unissant l’Internet et les équipements culturels. MARSEILLE : LA CULTURE POUR L’IMAGE EXTÉRIEURE ET LA COHÉSION SOCIALE La Ville de Marseille reconnaît à la culture et à sa politique culturelle trois fonctions principales : garantir la cohésion sociale et promouvoir l’image de la ville, ce qui exige une politique forte de mise à niveau de l’offre culturelle. • Culture et cohésion sociale La culture est considérée comme le ferment essentiel de la cohésion sociale, par les opportunités d’échanges et d’ouverture entre les citoyens et le rôle qu’elle peut jouer pour lutter contre les phénomènes d’exclusion sociale. Elle est aussi perçue comme l’un des éléments qui garantit une plus grande qualité de vie pour les citoyens, les habitants 1 Pour garantir et accroître la cohésion sociale grâce à la culture, la ville envisage l’élaboration d’une Charte des Droits et des Devoirs Culturels des habitants, afin d’accroître la conscience culturelle et l’accès aux équipements culturels urbains. 2 Un système de réinvestissement de la part des revenus fiscaux issus des taxes sur les activités culturelles est prévu. Le Plan Stratégique de la ville prévoit en outre la création d’un fond (venture fund) pour financer les projets culturels innovants : étant donné le niveau élevé d’incertitudes sur les résultats (en raison des caractéristiques propres du secteur), les probabilités de rendre la production culturelle dynamique dépendent en grande partie de la disponibilité des capitaux. 62 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 63 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN potentiels et les touristes. Cette conception ne va pas à l’encontre du maintien et de la reconnaissance de la diversité culturelle, mais coexiste avec de telles exigences, à la lumière des traditions de Marseille, ville d’accueil de nombreuses communautés au cours des siècles, qui ont fait sa richesse et son dynamisme. La ville agit en stimulant l’implication des habitants. Elle planifie les futurs dans une optique d’accessibilité de tous à la culture sous toutes ses formes et appelle les usagers à participer au processus décisionnel. Le premier objectif de Marseille est de gérer le territoire de façon à réduire les écarts culturels entre le centre et les quartiers périphériques. • Mise à niveau de l’offre culturelle L’originalité de la stratégie municipale de Marseille repose sur la définition d’un calendrier de réalisation des objectifs en matière de politique culturelle. L’objectif central du Schéma Directeur Culturel est d’améliorer, qualitativement et quantitativement, l’offre culturelle, afin de placer Marseille au niveau des grandes métropoles, en privilégiant au départ un secteur culturel porteur et d’excellence sur la base duquel promouvoir l’image de la ville. La ville s’investit en outre dans la rénovation et la modernisation de ses propres équipements, dans le développement d’une stratégie de reconversion culturelle des friches industrielles, dans la restructuration du patrimoine culturel existant, dans la proposition de nouvelles structures artistiques et culturelles et dans l’accueil de nouveaux équipements culturels décentralisés. • Politique d’image et politique culturelle La politique d’image et la politique culturelle de la ville sont étroitement liées, en connexion avec la politique de relations internationales. Les actions visent principalement à consolider le rôle de Marseille comme « carrefour européen des cultures ». Les initiatives pour améliorer l’image de la ville sont nombreuses, allant de l’intensification de la communication aux actions qui donnent vie à des projets concrets, comme les grands chantiers de rénovation urbaine du programme Euroméditerranée. La ville prend ainsi acte de l’impact du processus culturel sur l’attractivité de la ville, par sa contribution à la construction de l’image extérieure et son influence sur les perceptions et comportements des habitants et des acteurs extérieurs. À son tour, le processus de développement économique rétroagit sur le processus culturel, à travers de nouveaux stimuli et un nouveau conditionnement des perceptions. La ville poursuit une stratégie de soutien et de promotion du milieu éditorial, en ce qui concerne la production littéraire (bourses d’écriture), et la diffusion (projet de création d’une ville du livre, organisation du salon du livre), avec l’objectif d’accroître l’accessibilité (un système de bibliobus s’ajoute aux bibliothèques de quartiers). Un accent particulier est également mis sur les arts et spectacles vivants (spectacles et théâtre de rue, soutien aux jeunes artistes), sur l’offre des musées et les musiques du monde. Les arts audiovisuels font également partie de l’image de la ville. La ville et le cinéma ont une histoire et une tradition communes qui remontent aux films muets. Le secteur est soutenu par des subventions, des événements de fréquence annuelle et des manifestations locales et internationales. Un Bureau du Cinéma a été créé et vise à promouvoir la ville comme un lieu de tournage idéal et à optimiser l’accueil des projets de tournage. LYON La culture est définie à Lyon comme un héritage, un ensemble patrimonial, historique, architectural et artistique, au centre de l’identité culturelle1. La vie culturelle y est animée par les réseaux de grandes institutions artistiques et culturelles, par la vivacité du milieu créatif et par les grands événements culturels de niveau international. 1 Le centre historique a été classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. 63 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 64 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Le processus culturel entraîne une plus grande attractivité de la ville, amplifiant ainsi son développement économique, grâce à la forte influence qu’il exerce sur les choix de localisation des entreprises, sur l’affluence touristique et sur la vitalité du monde entrepreneurial. Il semble, en outre, que les connotations culturelles jouent un rôle clé dans le développement cumulé de la ville, dans la mesure où ils conditionnent largement les choix de politiques urbaines. Les orientations principales de la stratégie culturelle se divisent en trois axes : • La création d’une scène artistique de niveau local, en soutenant la création et l’émergence de nouvelles formes artistiques. Les principales actions concernent le soutien des artistes à travers le développement de réseaux de lieux de création et de diffusion de toutes formes artistiques (théâtres, galeries d’art, auditoriums). La ville entreprend également le développement et la modernisation des institutions qui « font la culture »1 , mise en œuvre avant tout par la rationalisation et le renouveau des modes de gestion des institutions ellesmêmes mais aussi par le développement de partenariat avec l’Etat et les autres acteurs publics, et l’ouverture à des financements extérieurs. • Le développement culturel international et le niveau d’ouverture et de coopération internationale. Les principaux projets concernent des tournées à l’étranger pour les artistes locaux, l’accueil de manifestations internationales et d’événements de diffusion des traditions et des liens de la France avec d’autres pays. • La maximisation de l’accès de tous à la culture, qui vise aussi à accroître la demande de culture et la pratique d’activités culturelles des habitants de Lyon. Les actions dans ce domaine reposent principalement sur la promotion de tarifs spéciaux, le dialogue avec les nouveaux publics potentiels, l’amélioration des relations entre les citoyens et les institutions, et la promotion d’actions pour l’éducation artistique des enfants. Les ressources dédiées au développement de la politique culturelle représentent 20% des dépenses globales de la ville, une part considérable étant affectée au théâtre, à la musique et la danse (76% des ressources en 2003, dont 66% pour la seule musique classique). SÉVILLE Le lien culturel entre le passé, le présent et le futur est tenu en haute considération à Séville : l’image culturelle de la ville combine en effet les traditions, la mémoire de son histoire, les usages, les mœurs et coutumes de son peuple, avec l’innovation entrepreneuriale et technologique. Ceci contribue à l’affirmation d’une nouvelle définition de la ville et confère à la culture une valeur stratégique sur le long terme. Le concept de culture s’est amplifié jusqu’à inclure l’ensemble des activités, des productions, des services de caractère symbolique qui se réalisent dans les secteurs intellectuels, artistiques, sociaux, et qui rendent possibles le développement d’interactions entre les personnes et groupes sociaux présents sur le territoire. La culture exerce sa propre influence sur Séville de trois principales façons : • Comme un élément de projection et de communication de l’image de la ville, représentée par les équipements actuels d’infrastructures culturelles et par le prestige des événements et institutions liés à la créativité et la connaissance, mais également dans l’optique d’une augmentation des flux touristiques et de l’attractivité pour les investissements. L’objectif principal de Séville consiste à préserver et valoriser le patrimoine intangible (architectural, culture et tradition) de la ville, tout en diversifiant l’offre culturelle développement des congrès, séminaires et manifestations). Pour améliorer la connaissance de son image, communiquer et informer sur ses équipements et caractéristiques culturelles, la ville a prévu 1 Le financement de la culture en France est en grande partie dévolu au secteur public. La culture est un secteur largement subventionnée, aux différents niveaux de gouvernement (Etat, Régions, Villes). 64 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 65 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN la création d’une plateforme Internet dédiée à la culture. • Comme secteur économique à grand potentiel pour générer de la richesse et de l’emploi, valorisés ultérieurement par les importantes synergies qui s’opèrent avec les autres secteurs productifs de la ville. La part des activités culturelles s’élève à 7,70% du PIB et 6, 9% des emplois. Séville met l’accent sur la nécessité d’améliorer la compétitivité des entreprises et des acteurs du temps libre et de la culture, à travers la création de réseaux, en développant un système d’incitation qui stimule la réorganisation du secteur. • Comme un élément pour améliorer la qualité de vie des habitants et pour construire un modèle de ville et de société au seuil du troisième millénaire, caractérisés par la cohésion, la tolérance, l’intégration et la compétitivité. La qualification et les compétences des professionnels du secteur culturel sont développées à travers l’amélioration de l’offre de formation artistique, et la création de cours de formation conçus pour former des profils professionnels en fonction des demandes du marché. MALAGA La culture, perçue comme héritage patrimonial historique, architectural et artistique, est au centre de l’identité culturelle de Malaga et de sa spécialisation touristique. C’est sur la qualité de ce patrimoine et sur la richesse de ses traditions que Malaga définit une partie de ses orientations stratégiques. La culture et l’économie s’influencent réciproquement à travers les revenus générés par le tourisme, même si celui-ci est constitué en majorité de visiteurs « occasionnels », et dans une moindre mesure de touristes. En outre, Malaga est la première ville espagnole en ce qui concerne le tourisme linguistique, ce qui lui permet de se positionner sur un développement économique et social lié à l’industrie de la culture. La ville de Malaga base sa stratégie sur le développement du tourisme culturel, qui devrait compléter le tourisme balnéaire, attiré avant tout par la Costa del Sol. Malaga veut se présenter comme une capitale touristique et du temps libre, au niveau européen, en créant une offre basée sur l’attractivité du centre historique et portuaire, les activités artistiques et musicales, les équipements architecturaux urbains liés à la présence de places et de parcs, les événements liés à la tradition gastronomique, populaire et aux coutumes et l’offre de musées. Malaga souhaite également réduire le caractère saisonnier du tourisme, en donnant la priorité à la culture sur les arguments de marketing territorial liés au climat. Pour concrétiser cette stratégie, de multiples actions sont en cours ou en projet : construction de nouveaux hôtels, réhabilitation du centre historique pour développer son attractivité touristique culturelle, création d’itinéraires (des musées, de la gastronomie, et des autres traditions urbaines) et de rénovation de l’interface ville-port. L’amélioration de la mobilité urbaine et extra-urbaine, avec la future connexion avec la haute vitesse ferroviaire, vient compléter le dispositif. Le Musée Picasso, ouvert en 2004, pourrait avoir un impact comparable à celui du Musée Gugenheim à Bilbao et devrait devenir l’un des facteurs clés de mise en valeur la qualité du patrimoine culturelle et artistique de la métropole. La communication et la promotion de l’image de la ville sont donc étroitement liées à la politique culturelle, d’où la récente candidature de la ville au titre de ville européenne de la culture en 2016. Les conclusions du projet pilote de Gênes mettent bien en évidence les deux dimensions des politiques culturelles des villes C2M : une vocation externe, qui vise à en faire un élément d’attractivité et de développement socio-économique de la ville, mais aussi une dimension interne, tournée vers les habitants (accès à la culture, perception de la ville, cohésion sociale). Les villes partenaires se sont mises d’accord pour souligner que la gouvernance n’était pas 65 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 66 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN seulement le fruit de grands projets urbains, d’un grand événement international : elle relevait aussi de facteurs culturels. Cependant, leurs effets vertueux ne peuvent pleinement se développer que si les politiques culturelles sont intégrées aux outils de la gouvernance présentés précédemment. Ils dépendent en outre de la conception, partagée par les acteurs, de la culture. • Si, par culture, on entend l’ensemble des composantes et des équipements culturels et artistiques d’un territoire déterminé, la relation avec l’économie risque de se limiter aux bénéfices que retirent les citoyens du patrimoine artistique, et à une capacité amplifiée d’attraction touristique du territoire, ainsi qu’à un type déterminé d’activités économiques. • Si au contraire on prend en considération une vision plus large de la culture, qui inclut les valeurs sociales, la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes, les mœurs et usages, le savoir et le savoir faire diffus propres à la collectivité humaine présente sur le territoire, alors les interactions avec la sphère économique peuvent se réaliser à plusieurs niveaux. Dès lors, les points de contact entre la culture et l’économie peuvent configurer une relation d’influence réciproque. La deuxième perception ne limite plus le champ d’action du décideur politique aux stratégies purement culturelles : il inclut alors les stratégies de localisation des investissements et des activités entrepreneuriales. Par ces interactions, le patrimoine culturel de l’entreprise change et, avec lui, celui du territoire et de la communauté. Ce processus est la clé pour activer un cercle vertueux de croissance sociale et économique, basé sur les caractéristiques propres du territoire et de son tissu social. 66 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 67 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN L’INNOVATION L’INNOVATION UNE 5 COMME PRIORITÉ DE LA STRATÉGIE DES MÉTROPOLES COMME PRIORITÉ DE LA STRATÉGIE DES MÉTROPOLES MÉDITERRANÉENNES MÉDITERRANÉENNES GÉOGRAPHIE DE LA CONNAISSANCE EN PLEINE MUTATION Plusieurs facteurs concourent à la compétitivité d’un système urbain et à son rayonnement. Parmi ceux-ci, l’innovation est, sans conteste, l’un des éléments clés qui fonde la compétitivité d’un territoire en terme à la fois d’attractivité et de capacité de développement.Elle constitue, pour cette raison, un élément structurant pour le renouvellement du tissu économique, source de compétitivité, de création d'activité et d'emplois et de développement des pôles d'excellence. Une étude de la Commission européenne sur « les clés de la compétitivité des économies et entreprises européennes », a bien montré que la création nette d’emplois était entre 1995 et l’an 2000, concentrée dans les secteurs de la haute technologie et de l’enseignement supérieur à l’intérieur de l’Union Européenne. De même que de la dernière phase d’industrialisation a conduit à séparer les activités de production des activités dites de service, le « contenu » en connaissance est devenu aujourd’hui le segment discriminant entre les activités. Le degré de tertiarisation de l’économie est, pour cette raison, un critère qui a perdu de sa pertinence . Ce qui compte, à présent, c’est l’intensité en connaissance qui conduit à distinguer les activités dites à fort contenu en connaissance des activités basées sur un corps de connaissance plus banal. On parle donc à ce propos d’activités de tertiaire supérieur, plus exigeantes en terme de compétence que les activités traditionnelles comme le commerce ou les transports. On sait également que les services à fort contenu de connaissance sont ceux dont la contribution à la croissance du PIB est la plus forte. La priorité accordée à l’innovation a été réaffirmée en mars 2000 au sommet de Lisbonne, au cours duquel les chefs d’Etat ont assigné à l’Europe de devenir, d'ici à 2010, « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale ». Ils ont convenu que les investissements de recherche et de développement technologique dans l'Union Européenne doivent augmenter et s’approcher de 3% du PIB d'ici à 2010, contre 1,9% en 2000. Pour ce faire, la priorité est accordée à l’innovation et à l’esprit d’entreprise, notamment en établissant des liens étroits entre les Instituts de recherche et l’industrie, en améliorant les conditions favorables à la R&D, en améliorant l’accès aux financements et en encourageant la création de nouvelles entreprises. Toutes les études menées sur la géographie de l’innovation et de la compétitivité en Europe montrent une forte concentration des activités liées à la connaissance sur un nombre limité 67 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 68 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN de sites urbains dont l’essentiel est situé à l’intérieur du « polygone européen ». En 1999, tout juste huit régions de l’Union Européenne entraient pour plus du quart dans les dépenses totales de R&D de l’Union et trente y entraient pour environ la moitié. Comme on pouvait s’y attendre, il existe une concentration similaire pour les brevets — un indicateur, même s’il est partiel, du produit issu de l’innovation — avec la moitié de toutes les demandes concernant la haute technologie effectuées à l’Office des brevets de l’Union Européenne provenant tout juste de treize régions centrales. Il existe des disparités encore plus grandes entre régions pour les dépenses de R&D des entreprises, ce qui est peut-être plus pertinent pour évaluer la contribution potentielle de l’effort d’innovation à la compétitivité. Si les dépenses moyennes de R&D des entreprises se montaient à 1,7% du PIB en Allemagne, à 2,2% en Finlande et à 2,7% en Suède, le chiffre était inférieur au dixième de ces taux, avec moins de 0,2% du PIB régional, dans toutes les régions de Grèce et du Portugal en dehors de Lisbonne, de l’Attique et du Péloponnèse. Dans les régions d’Objectif 1 de l’Union Européenne prises globalement, les dépenses de R&D des entreprises s’élevaient à moins de 0,3% du PIB, soit un peu plus du cinquième du niveau moyen de l’Union (1,3%). UN NOUVEAU RÔLE POUR LES VILLES Les villes s’affirment de plus en plus comme des acteurs dynamiques en matière d’innovation et de liaison entre la recherche et le tissus économique local. Il est clair, en effet, que « les avantages comparatifs qui impulsent l’innovation et l’investissement sont autant une caractéristique régionale que nationale. Pour que les régions réussissent, elles doivent exploiter leur propre dosage d’actifs, de compétences et d’idées pour rivaliser sur un marché mondial et développer un potentiel inutilisé ». Les autorités locales occupent une position stratégique pour ce faire et, en particulier, pour établir des réseaux de coopération public-privé, qui importent pour un développement économique fondé sur le savoir et pour créer un climat propice à une innovation efficace adaptée aux besoins des PME locales. Elles sont bien placées pour coordonner les différents éléments (politiques et institutions) du système régional d’innovation, en partant de l’analyse des besoins de développement des firmes locales et des principaux obstacles qu’elles rencontrent, et en accroissant la prise de conscience de l’importance de l’innovation. Une politique nationale d’innovation pour les PME est ainsi difficile à mettre en œuvre en l’absence d’une relation étroite avec les autorités régionales et d’une connaissance détaillée des acteurs clés impliqués dans la R&D au sein de la région et de la base productive. Dans le même temps, les politiques régionales d’innovation doivent être coordonnées avec les principaux réseaux nationaux et internationaux de R&D, y compris les universités et les centres de recherche. Le rôle des institutions locales est donc important. Il ne suffit pas de disposer de ressources scientifiques et technologiques pour en tirer tous les potentiels d’innovation et de croissance. Il faut que ces connaissances circulent, qu’elles soient transmises, comprises, absorbées, appliquées, exploitées. Des formes de proximités doivent permettre de rapprocher les différents acteurs du territoire, de tisser des réseaux de relation plus ou moins formels, qui permettent de confronter et d’échanger des idées. Ces formes de proximité peuvent résulter de comportements informels et non - structurés. Mais de plus en plus, l’existence de tels réseaux relève de formes particulières d’urbanisation et de la façon dont les institutions locales favorisent et encouragent ces rapprochements entre les divers acteurs de l’innovation sur un territoire. Même à l’ère d’Internet, la proximité géographique reste le facteur le plus puissant pour favoriser les échanges intellectuels, commerciaux et financiers qui conditionnent fortement le processus d’innovation. 68 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 69 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN DES INDICATEURS IMPARFAITS Le projet pilote sur la technopolisation dirigé par Barcelone a mis en lumière le positionnement des métropoles de l’espace Medocc en terme d’innovation et de compétitivité. Toute mesure de la capacité d’innovation en relation avec le développement économique est, par essence, imparfaite. On a choisi de l’aborder à partir d’une batterie d’indicateurs disponibles au niveau NUTS II : indicateurs de richesse par habitant, de productivité (PIB sur population active), d’emploi dans les secteurs de haute technologie tels que définis au plan européen, de niveau de recherche et développement rapporté au PIB régional, du nombre de brevets par million d’habitants, du nombre de personnes disposant d’un diplôme de troisième cycle rapporté à la population des 25-64 ans, et enfin du taux d’emploi. Les résultats de chaque région ont été comparés à la moyenne européenne (Europe à 15). Le tableau ci-après qui synthétise les résultats montrent, d’une part, une situation très disparate entre les différentes régions de l’espace et, d’autre part, des écarts importants avec la moyenne européenne. La région Rhône-Alpes est la seule qui se positionne audessus de la moyenne européenne sur tous les indicateurs. L’analyse montre, à l’évidence, un large écart entre les performances observées au niveau de l’espace Medocc et la moyenne européenne. Les écarts avec les systèmes urbains compétitifs du centre de l’Europe (polygone) sont vraisemblablement encore plus importants. Indicateurs d’innovation des métropoles C2M Source Aula Barcelona LA PRODUCTION SCIENTIFIQUE Cette analyse globale de la capacité d’innovation en relation avec le développement et l’emploi a été complétée par une analyse détaillée de la production scientifique mesurée au niveau des différents systèmes urbains de l’espace. Une intéressante étude présentée par Barcelone au cours de son projet pilote permet de situer les métropoles de l’espace Medocc dans la production scientifique mondiale. 69 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 70 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Cette étude est basée sur des analyses bibliométriques à partir d’un indice des citations mesuré par l’Institute for Scientific Information. Productivité scientifique des grandes villes mondiales (nombre de publications recensées) Source ISI (Institute for Scientific Information) Les régions du sud de l’Europe connaissent, on le voit, un retard certain dans ce domaine. Les activités de R&D y sont largement inférieures à la moyenne européenne. Un autre résultat intéressant est que la position des villes n’est pas exactement corrélée avec leur taille ou leur rang dans l’échelle des métropoles mondiales. Des villes comme Boston, Baltimore, Philadelphie aux Etats-Unis ou Cambridge et Munich en Europe figurent dans les 25 premières villes mondiales tout en restant des villes de taille modeste. Toutefois, comme on pouvait s’y attendre, toutes les villes capitales sont fortes contributrices à la production mondiale de connaissance. Les résultats à l’intérieur des villes de l’espace Medocc sont plus contrastés. On notera en premier lieu la très grande disparité des résultats entre les différentes métropoles avec un rapport de un à dix entre la ville la mieux classée (Barcelone) et la moins bien classée (Malaga). Barcelone et Lyon se détachent assez nettement des autres villes. 70 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 71 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Marseille, Gênes, Naples et Valence se situant en position intermédiaire et les deux villes andalouses, Séville et Malaga, plus en arrière. On notera également que le classement des villes ne reprend pas le classement entre pays. Ainsi, Barcelone arrive en tête alors que l’Espagne a un taux de R&D rapporté au PIB plus faible que celui de la France. Les villes françaises et italiennes (Gênes et Naples) et françaises (Montpellier et Marseille) ont des performances comparables alors que l’ effort de recherche au niveau national en France est le double de l’Italie. La géographie de la connaissance n’est donc pas la même au niveau national et à celui de villes. L’étude note également qu’en terme d’évolution sur la période 1981-2001, une progression des villes de rang 2 & 3, dont font partie les métropoles partenaires du projet, caractérisent une certaine forme de déconcentration de la production scientifique mondiale. STRATÉGIES URBAINES PRO-ACTIVES MAIS ENCORE INSUFFISANTES EN FAVEUR DE L’INNOVATION DES DES STRATÉGIES EN MATIÈRE DE RECHERCHE LARGEMENT DÉPENDANTES DE LA POLITIQUE DES ETATS La politique à la fois nationale et territoriale des différents Etats méditerranéens dans le domaine de la recherche a, bien évidemment, un impact sur le potentiel d’innovation de chacune des villes étudiées ici. L’effort de R&D en Espagne a été en forte croissance ces vingt dernières années. Sur la période 1995-2000, le montant total des dépenses de R&D publique et privé s’est accru de près de 10% par an. La région de Madrid concentre près de 44% de l’effort national de recherche contre seulement 19% pour la Catalogne. La France figure, avec près de 2,6% de son PIB consacré à la recherche, dans le peloton de tête des pays européens. Le problème est la très forte concentration de l’effort public et privé en région parisienne. La région Ile-de-France qui ne représente que 20% de la population nationale, concentre 52% des dépenses intérieures de recherche et développement des entreprises et 54,2% des dépôts de brevets, c'est-à-dire plus que dans tout le reste du territoire. L’adaptation des structures publiques de recherche et une meilleure coordination avec la recherche privée figurent au premier rang des problèmes chroniques du système national de recherche. L’Italie, qui ne consacre que 1% de son PIB à la recherche, souffre, en revanche, d’un déficit chronique accentué par le manque évident de coordination et de visibilité. Cela n’a pas empêché l’Italie de se hisse, dans quelques domaines au tout premier rang européen. Toutes les analyses convergent pourtant pour souligner un contexte peu favorable à l’investissement tant privé que public pour l’innovation et la recherche. Le nouveau Plan National de la recherche vise à réduire le saupoudrage des crédits de recherche en désignant des centres d’excellence thématiques et géographiques sur lesquels seraient concentrés les efforts de la recherche publique. Pour ce faire, le Ministère de l’Education de l’Université et de la Recherche a procédé à une évaluation des secteurs de recherche les plus pertinents pour l’économie italienne. L’objectif final était de choisir d’ « alimenter » financièrement les clusters ayant une taille suffisante pour garantir une chance de succès. C’est ainsi, selon ces études prospectives, qu’un certain nombre de « clusters » ont été identifiés et labellisés comme « districts technologiques ». 71 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 72 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN DES STRATÉGIES ADAPTÉES AU POTENTIEL INDUSTRIEL DE CHAQUE VILLE Barcelone et Lyon, qui disposent d’un tissu diversifié de petites et moyennes entreprises, ont mis l’accent sur la modernisation des entreprises existantes pour faire notamment face aux risques de plus en plus pressant de délocalisation. Marseille et Gênes, dont la tradition industrielle était plutôt tournée vers le négoce, la logistique et l’industrie lourde, secteurs qui ont traversé de multiples phases de restructuration, ont une stratégie mixte visant à la fois au maintien des activités existantes mais également au développement d’activités nouvelles en capitalisant sur les potentiels de recherche existant. Naples connaît un développement similaire. Malaga et Séville qui n’avaient pas de tradition industrielle établie ont plutôt privilégié l’attraction ou la création d’activités à fort contenu technologique. Les stratégies par ville sont explicitées ci-après. GÊNES Les points forts traditionnels de la Ville de Gênes, principalement l’industrie lourde, ont servi de base pour une stratégie de type mid-tech axée sur des progrès incrémentaux à destination de l’industrie. La ville de Gênes a vocation à devenir, dans le Plan national pour la recherche, pôle national de robotique. Cette stratégie s’appuie en cela sur une longue tradition industrielle et en matière de recherche dans les industries de l’automation. Le Polo della robotica, qui constitue un point de contact entre le monde de la recherche et les entreprises, a pour mission de regrouper en réseau les compétences et les intérêts déjà présents sur le territoire. Gênes va également bénéficier d’un soutien de 1 milliard d’euros sur 10 ans pour la mise en place d’un Institut italien de technologie sur le modèle du MIT. Il s’agit là d’un projet majeur pour la région de Gênes et l’Italie dans son ensemble. Ce projet, poussé par l’actuel gouvernement, est, toutefois largement critiqué par le monde italien de la recherche dans la mesure où il risque de polariser sur un seul lieu des moyens importants, alors que l’ensemble des centres de recherche doit faire face à un manque chronique de moyens. MARSEILLE Longtemps marquée par les restructurations successives de son industrie, Marseille s’est engagée depuis une dizaine d’années vers une politique résolument orientée vers le développement des nouvelles technologies. Cette politique s’est appuyée sur sa position métropolitaine qui en fait le troisième pôle français dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche.La région urbaine compte près de 100 000 étudiants répartis entre trois universités et près de 4 000 chercheurs répartis au sein des établissements régionaux des grands centres de recherche français. Le principal handicap de la ville dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche est structurel et résulte de l’éclatement historique du potentiel universitaire entre Marseille et Aix-en-Provence qui réduit la visibilité de la métropole marseillaise. Les Ecoles d’Ingénieurs et de Commerce, longtemps mal classées au niveau national, sont actuellement en plein redressement. Trois spécialités semblent se dégager de cette stratégie : • Les télécommunications et le multimédia pour lesquels Marseille s’affirme au premier rang des métropoles méditerranéennes ; • Les sciences de la vie, avec le site de Luminy qui dispose d’un très large éventail de disciplines et avec l’appui de deuxième centre hospitalo-universitaire de France ; 72 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 73 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN • Les sciences énergétiques, enfin, avec la présence sur le site de Saint-Jérôme, du premier pôle français de mécanique énergétique. En dépit d’une très forte pression foncière, deux sites urbains sont dédiés aux activités de haute technologie. Le technopôle de Château Gombert fonctionne depuis 1989. Bien que légèrement excentré, ce site accueille sur 180 hectares plus de 120 entreprises représentant 3 000 emplois. Le pôle multimédia de la Belle de Mai abrite, quant à lui, sur d’anciennes friches industrielles, un hôtel d’entreprises du multimedia et de l’audiovisuel. L’implantation envisagée du projet Iter sur le site de Cadarache, pour lequel un accord de partenariat a été noué avec Barcelone, pourrait avoir un impact important sur le potentiel de recherche de la métropole marseillaise. LE GRAND LYON La région lyonnaise est certainement, au sein de l’espace Medocc, l’une des métropoles les mieux avancées en matière de politique d’innovation. L’agglomération lyonnaise bénéficie d’un effet de masse critique avec 110 000 étudiants, dont 11000 étrangers. L’agglomération compte également 54 établissements d’enseignement supérieur et 10 000 chercheurs dont près de 10% étrangers, répartis entre 450 laboratoires de recherche publique. Lyon, Métropole Innovante est la traduction de la volonté politique de la communauté urbaine de s’impliquer aux côtés du monde de l’enseignement et de la recherche pour le développement de l’agglomération. L’une des caractéristiques les plus intéressantes de cette politique est certainement la politique mise en œuvre de mise en relation des acteurs publics et privés par la création de nombreux interfaces formels et informels, physiques et virtuels, permettant aux idées de circuler efficacement, de se croiser et de se fertiliser. Plusieurs structures de concertation permettent, par exemple, d’impliquer directement les universitaires au développement de l’agglomération. Les établissements d’enseignement supérieur sont encouragés à coopérer en évitant les doublons et en développant leurs points forts dans un souci d’atteindre une masse critique sur les technologies clés pour le développement régional. La coopération entre les établissements de recherche et le tissu local d’entreprises bénéficie également de financements importants. La bonne gouvernance métropolitaine en matière d’innovation se mesure également à Lyon par la focalisation des ressources sur un nombre limité de cibles avec l’ambition d’en faire des pôles d’excellence au plan européen. • Pour les sciences de la vie, une spécialisation est recherchée sur le thème du cancer. • Pour les technologies de l’information, sont mis en lumière les loisirs numériques et l'économie de la connaissance. • Enfin, le pôle dédié à l’environnement repose sur la valorisation des multiples compétences industrielles et de la recherche dans ce domaine, l’appui à des projets structurants et la promotion de ces savoir-faire lors d’événements phares. BARCELONE Barcelone dispose, comme Marseille et Lyon, d’un potentiel important en matière d’innovation. La ville a, par ailleurs, clairement fait le choix, dans son plan stratégique, de se positionner 73 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 74 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN comme ville innovante et de se positionner fortement sur la création d’emplois à forte valeur ajoutée. Barcelone dispose de cinq universités publiques et de trois écoles de commerce parmi les plus prestigieuses en Espagne : IESE, ESADE et l’Université de Chicago. Entre 1991 et 1999, le nombre de diplômés de l’université a augmenté de près de 20%. Barcelone est également, avec 6500 étudiants étrangers, l’une des villes européennes qui accueille le plus d’étudiants du programme Erasmus. La ville dispose, avec près de 150 laboratoires de recherche et de centres de transfert technologique, d’un potentiel qui lui permet de prétendre à devenir un centre européen de recherche et de développement technologique. La stratégie de rapprochement entre ces différentes universités à conduit à la création de « clusters de la connaissance », comme par exemple le pool scientifique et technique formé par l’Université de Barcelone et l’Université polytechnique de Catalogne. Un autre exemple est celui de la formation à Ciutat Vella, entre l’Université de Barcelone et l’Université Pompeu Fabra. Le parc technologique Biomedical, situé sur le village olympique, constitue une référence européenne. Plusieurs centres de transfert technologique ont été créés pour assurer l’interface avec le tissu d’entreprises locales. On peut citer : la Fondation Bosch i Gimpera, sur le parc scientifique de Barcelone dans le cadre de l’université de Barcelone, le centre de transfert technologique et le centre Nexus, dans le cadre de l’université Polytechynique de Catalogne, et l’Office de recherche et de transfert technologique et la Fondation entreprises et sciences, dans le cadre de l’Université autonome de Catalogne. Mais le projet le plus emblématique de la stratégie de la ville est, sans conteste, le projet 22@ qui vise à requalifier sur des activités technologiques un espace de 200 hectares situé en plein centre ville, sur les anciennes fabriques du site de Poblenou. Ce site dédié aux activités innovantes accueillera des activités d‘enseignement, de recherche et de production dans des secteurs à fort contenu en innovation. Un objectif a été fixé de création de 100 à 130 000 emplois dédiés aux industries de la connaissance, soit 15% des emplois de la métropole barcelonaise. Les infrastructures dédiées à ce nouveau type d’industrie représentent un investissement de 160 millions d’euros. L’investissement immobilier, principalement financé par le secteur privé est estimé à 12 milliards d’euros correspondant à environ 4 millions de m2 construits. MALAGA Bien que l’activité de la ville soit principalement tournée vers le tourisme, Malaga mène également une politique très active de mise à niveau technologique de ses activités productives. Outre la faible part de l’industrie dans l’activité économique, Malaga souffre également d’un retard important dans les infrastructures liées à l’innovation, retard que la ville tente actuellement de combler. L’un des axes majeurs de la stratégie vise à la diffusion des technologies de l’information dans tous les secteurs d’activité publics et privés et, plus généralement, auprès de la population. Dans cette ligne, un effort particulier est fait pour attirer ou susciter la création d’activités dans le multimédia et l’audiovisuel. SÉVILLE Séville a dû, du fait de son excentricité par rapport aux grands courants commerciaux et techniques en Europe, développer une stratégie originale de développement et d’attraction 74 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 75 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN d’activités nouvelles dans le domaine des hautes technologies. La faible tradition industrielle de la ville ( 80% de l’activité est réalisée dans les services, principalement le tourisme) constituait un handicap qui ne pouvait être surmonté que par une approche plurisectorielle touchant l’ensemble des composantes du développement du processus innovatif et entrepreneurial. Parmi les facteurs d’attraction mis en avant par la ville, on notera : la proximité géographique et culturelle avec les pays d’Amérique latine et du Maghreb, l’offre foncière abondante et variée, la qualité de vie pour des cadres de haut niveau, la qualité de la main-d’œuvre auxquels s’ajoutent des incitations fiscales attractives. Lancée avec la requalification du parc de la Cartuja, siège de l’expo 1992 en parc technologique, cette stratégie a donné des résultats tout à fait impressionnants ; le parc scientifique de la Cartuja associe, sur une superficie construite de près de 500 000 M2, des instituts de recherche et de transfert technologique, des entreprises et des services associés. Le nombre d’emplois créés sur ce site dépasse les 10 000, principalement dans des activités que l’on qualifie de haute technologie. Le choix fait en 2003 de Séville comme lieu d’implantation d’une unité de montage de l’Airbus pourrait donner une impulsion supplémentaire à cette stratégie avec la mise en place d’un véritable « cluster aéronautique ». Baptisé Aeropolis, ce parc technologique accueillera la chaîne de montage du nouvel avion de transport militaire A400M destiné à équiper plusieurs armées européennes. La présence à Cadix d’une unité de montage de composants pour l’Airbus A380 gros-porteur va permettre l’implantation, sur un espace proche de toute une série d’activités opérant sur un front technologique étendu, en relation avec l’industrie aéronautique. L’effet structurant de cette chaîne de montage sera d’autant plus important que des impératifs techniques et logistiques vont obliger de très nombreux équipementiers à installer à proximité non seulement des activités de production mais également d’étude et d’ingénierie à fort contenu technologique. Les exemples de Toulouse et de Hambourg montrent également que les technologies aéronautiques ont une forte propension à se diffuser à d’autres secteurs donnant naissance progressivement à un tissu diversifié d’entreprises dans des domaines aussi variés que l’électronique, l’informatique, les nouveaux matériaux ou l’automation. EN CONCLUSION : CHANGER D’ÉCHELLE ET FAIRE ÉVOLUER LA GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE DANS LE DOMAINE DE L’INNOVATION Le projet a permis de constater que des stratégies convergentes étaient à l’œuvre dans les villes partenaires pour développer leurs capacités de ville innovante. Ces stratégies s’orientent principalement autour des trois axes suivants : • Combler, là où elles ont des compétences, un retard quelquefois important en matière d’infrastructures liées à l’innovation : R&D, transfert de technologie, parcs scientifiques et techniques, formation continue, infrastructures de communication et de télécommunication, centres de transfert de technologie, financement de l’innovation. • Favoriser la diffusion des nouvelles technologies de l’information dans tous les secteurs d’activité publics et privés et, plus généralement, auprès de la population. Toutes les villes étudiées mènent également sur ce point des politiques très actives. • Accueillir et accompagner les créateurs afin de favoriser le développement des jeunes entreprises en essayant d’offrir une réponse de qualité à tous les porteurs de projets aux 75 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 76 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN différents stades de l’accompagnement des projets depuis l’amont, l’idée d’entreprendre, jusqu’au développement de l’entreprise. En revanche, les plus grands écarts sont observés dans les modes de gouvernance urbaine appliqués au domaine de l’innovation, et tout particulièrement dans le processus de rapprochement entre les différents acteurs du territoire, le tissage de réseaux permettant la rencontre et la confrontation informelle des idées. Ces différences reflètent des écarts importants de perception chez les élites politiques du rôle élargi des institutions locales comme acteurs dynamiques de promotion d’un véritable système d’innovation dans leur ville. 76 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 77 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN 6 LE SYSTÈME LE SYSTÈME DE TRANSPORT DANS L’ESPACE DE TRANSPORT DANS L’ESPACE MEDOCC MEDOCC Une analyse détaillée du système de transport au sein de l’espace Medocc a été réalisée à l’occasion des projets pilotes de Marseille sur la grande accessibilité par voie terrestre et du Grand Lyon sur le système aéroportuaire du sud de l’Europe. On en reprendra seulement ici les éléments essentiels. UN SYSTÈME DE TRANSPORT PEU PERFORMANT La perspective de création, au sud de l’Europe, d’une zone d’intégration mondiale passe par la mise en place d’un système de transport performant et équilibré entre ses différentes composantes, permettant d’écouler efficacement les flux de personnes et de marchandises qui circulent au sein de cet espace. Or, en Méditerranée, le problème des transports prend, comme nous l’avons vu, la dimension d’une contrainte. Les chaînes montagneuses (Apennins, Alpes, Massif Central, Pyrénées) fractionnent l’espace et sont des freins importants à l’écoulement des flux. Les réseaux terrestres sont, en conséquence, discontinus, peu cohérents et largement saturés, ce qui constitue un handicap par rapport à l’Europe du Nord qui est mieux équipée de ce point de vue. Cet espace ne dispose pas non plus d’un système organisé de voies d’eau comme celles qui jouent un rôle structurant dans les échanges de l’Europe Rhénane ou Danubienne. Le rôle que devrait jouer le ferroviaire s’en trouve accru mais on constate, comme on le verra plus loin, un retard notable en matière d’infrastructures dans ce domaine. Ceci entraîne un basculement sur le mode routier qui présente des inconvénients en matière environnementale d’autant plus importants que les réseaux sont concentrés dans des corridors du fait de la géographie fragmentée de l’espace. La consolidation des réseaux de transports constitue donc un enjeu majeur pour la Méditerranée Occidentale. Cette consolidation implique en particulier le développement des liaisons Est-Ouest, à la fois transalpines, littorales, aériennes et maritimes. Cela implique le franchissement de barrières physiques alpines et pyrénéennes entre autres, sans négliger le nécessaire renforcement des communications entre corridors littoraux et les zones de l'intérieur beaucoup moins accessibles. DES LOGIQUES « NORDISTES » DE DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES QUI RESTENT Les mobilisations politiques et les grands investissements de transport ont toujours été prioritairement orientés vers le Nord de l’Europe expliquant ainsi un retard de plus en plus 77 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 78 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN criant du système de transport du sud de l’Europe. Les grands ports du Nord viennent capter une grande partie des trafics qui devraient géographiquement se reporter vers le Sud. Les programmes européens d’infrastructures ferroviaire et routière concernent prioritairement les grands corridors de développement du nord de l’Europe. Par voie de conséquence, l’absence, au sud de l’Europe, de pôle suffisamment puissant pour s’affirmer à l’échelle continentale conduit l’Europe centrale (Allemagne du sud, Suisse, Autriche,…) à ignorer la Méditerranée dans l’organisation de sa desserte. UN TRAFIC EN FORTE HAUSSE TOUS MODES CONFONDUS Comme nous l’avons vu plus haut, les échanges, et donc les trafics de personnes et de marchandises, au sein de l’espace Medocc sont appelés à se développer à un rythme rapide au cours des prochaines années sous l’effet combiné de l’intégration européenne (dont les effets sont loin d’être terminés), de l’élargissement de l’Europe à dix nouveaux pays membres et d’un fort dynamisme des économies asiatiques, dont une large part des échanges avec l’Europe transite par la Méditerranée. On peut également penser qu’à terme, les économies du sud de la Méditerranée apporteront leur contribution à cette dynamique qui place l’espace méditerranéen au cœur des nouveaux flux de la mondialisation. L’intégration européenne reste un vecteur important de développement des trafics terrestres. Mais, comme on l’a vu plus haut, la construction européenne n’a pas, loin s’en faut, éliminé les frontières qui restent encore aujourd’hui un obstacle important à des échanges qui, pour l’essentiel restent à un niveau national. On observe couramment que les frontières divisent les flux par dix, ce qui montre le chemin qui reste à parcourir pour arriver à une totale unification du marché intérieur et la pression qui en résultera sur le système de transport européen. Les flux de personnes, et de marchandises autour de l’arc méditerranéen, et particulièrement sur le corridor Barcelone, Lyon, Marseille, Turin et Gênes, sont, en conséquence, en pleine expansion. L’accroissement des trafics, tous modes confondus, est de l’ordre de10% par an soit un doublement tous les sept ans. Ce dynamisme des flux touche également les activités touristiques. Ainsi, l’activité de croisière en Méditerranée connaît un développement remarquable. Le nombre de croisiéristes est passé de 7,5 millions en 1997 à près de 11 millions en 2003, soit une croissance de 6% par an. UN PARTAGE MODAL PROBLÉMATIQUE Plus qu’un problème de capacité, le principal problème en Europe du Sud est le partage modal des transports dominé par la route qui est le principal frein à un meilleur écoulement des trafics. L’offre ferroviaire entre l’Italie et la France est, en effet, peu performante à la fois en termes de coût et de service. Il faut compter actuellement près de 8 heures pour effectuer le trajet entre Marseille et Milan. Le coût est également peu attractif au regard de l’avion. Dans les Alpes du Sud, la situation est particulièrement mauvaise : réseaux mal connectés, exploitation problématique côté italien (à l’exception du transport combiné qui est, lui, très performant), manque de liaison entre Modane et Menton. Par voie de conséquence, le trafic de marchandises par fer entre la France et l’Italie est environ sept fois moins élevé que par la route et il baisse régulièrement. Entre l’Espagne et la France, l’offre ferroviaire est également très insuffisante du fait, 78 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 79 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN notamment, de la différence d’écartement du réseau espagnol impliquant un transbordement aux gares frontalières (à l’exception des trains directs, comme les Talgo). Il faut actuellement au train plus de trois heures pour faire Barcelone/Perpignan et plus de 6 heures pour relier Barcelone à Marseille. Les flux de marchandises entre l’Espagne et la France sont, en conséquence, à plus de 85% acheminés par la route. Les liaisons routières entre ces deux pays ne sont performantes qu’aux deux extrémités du massif. Le passage en bord de mer qui relie Perpignan à Barcelone constitue l’axe privilégié de transit Est-Ouest. Cet axe, qui est encore loin de sa saturation, enregistre tout de même un taux de croissance du trafic d’environ 8% par an. Les passages aux points frontières, quant à eux, ne sont pas saturés à l’heure actuelle. Cependant, les trafics entre la frontière espagnole et française se développent à un rythme proche de 10% par an. VERS UNE SATURATION PROGRESSIVE DES AXES DE TRANSPORT Le rapport français d’audit sur les grands projets d’infrastructures de transport (rapport CGPC) de février 2003 confirme les risques de saturation routière sur l’arc méditerranéen entre Barcelone et Gênes à un horizon de quinze ans. Le couloir languedocien est particulièrement représentatif de cet état de fait. Mesuré entre Nîmes et Narbonne, cet axe compte jusqu’à 75 000 véhicules jour (alors que le seuil de gêne défini par la Direction des routes est fixé à 65 000 véhicules jour en moyenne journalière annuelle) et de plus de 41 000 véhicules jour jusqu’à la frontière espagnole. Les principaux goulets d’étranglement se manifesteront : • En Espagne, en périphérie de la région métropolitaine barcelonaise ; • En France, à la jonction des autoroutes A61 et A9 (Narbonne), sur l’A9 entre Nîmes et Montpellier et sur l’A8 à la hauteur d’Aix-en-Provence et de Nice ; • En Italie, sur l’autoroute côtière (principalement Savone-Gênes) et dans la région de Milan où le réseau routier est particulièrement saturé. Les points de saturation tendent également à se concentrer autour des principales agglomérations, là où se mêlent trafic local et trafic de transit. DE GRANDS PROJETS FERROVIAIRES EST-OUEST Les projets de nouvelles infrastructures : Lyon-Turin, TGV franco-espagnol, TGV Rhin-Rhône, LGV Provence-Alpes-Côtes d’Azur, Gênes-Milan, et leurs connexions, remodèleront (s’ils se réalisent) profondément le paysage de la grande vitesse en redessinant de manière durable la forme et le volume des échanges. Le Lyon-Turin constitue un maillon essentiel manquant sur l’ « Axe 5 » européen, qui va de Lisbonne à Kiev, sur lequel les trafics sont appelés à se développer très fortement suite à l’élargissement de l’Europe. Ce maillon est évidemment stratégique pour l’ensemble de l’espace Medocc, par la potentialité qu’il représente de transférer sur un mode ferroviaire une partie de la croissance du fret traditionnel ou d’acheminer les camions au moyen de l’Autoroute ferroviaire Tout aussi stratégique est l’achèvement de la ligne à grande vitesse Barcelone-MarseilleGênes, ce qui suppose que, du côté français, la LGV PACA soit considérée comme un maillon d’un segment transnational. La ligne ferroviaire nouvelle « Languedoc-Roussillon », dédiée à la fois au trafic de voyageurs 79 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 80 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN et de marchandises constitue, en terme d’impact, une solution qui devrait permettre d’attendre l’achèvement de la ligne à grande vitesse entre Perpignan et Montpellier, prévue au mieux en 2025. Concernant le tunnel de Montgenèvre, aucune étude n’a été engagée à ce jour par Réseau Ferré de France concernant ce projet. S’agissant d’un projet international, sa mise à l’étude devrait nécessairement faire l’objet d’un accord entre la France et l’Italie. À ce jour, les deux Etats n’ont pris aucune initiative en ce sens. Au total, l’ensemble des projets de ligne à grande vitesse examinés en Espagne, en France et en Italie, permettront d’améliorer significativement la « grande accessibilité » ferroviaire des métropoles de l’espace Medocc. Ainsi, aux alentours de 2030, Marseille pourrait se voir située, dans le meilleur des cas : • grâce à la LGV PACA : à environ 2h45 de Gênes et 3h30 de la métropole lombarde, sachant que le temps de trajet avec Gênes et Milan pourrait encore être réduit moyennant la prolongation de la LGV CA vers Vintimille1 ; • grâce à Lyon -Turin : à environ 3h de la capitale piémontaise – une offre de service devrait donc être recherchée en ce sens ; • avec la LGV Languedoc-Roussillon : à un peu moins de 3h de la métropole catalane (et à environ 3 heures de Toulouse), à condition toutefois que la section Montpellier-Perpignan soit effectivement réalisée, ce qui paraît aujourd’hui être une hypothèse optimiste (la date de 2030 étant le plus couramment avancée), sans quoi les durées de trajets seraient rallongées d’environ 45 minutes. Les dates annoncées pour un achèvement des liaisons Est-Ouest sont, on le voit, lointaines (2025 à 2030). Et l’expérience a montré que les reports d’échéance sont fréquents dans ce domaine. Dans l’intervalle, une saturation progressive des axes ferroviaires et routiers est à craindre qui constitue un handicap majeur pour l’intégration de cet espace. UN ESPACE AÉROPORTUAIRE INTERMÉDIAIRE EN EUROPE Le contexte aéroportuaire européen se caractérise avant tout par une concentration de l’activité localisée sur un nombre restreint d’aéroports situés au nord du continent européen. Les grands hubs du nord de l’Europe (tout comme les grands ports d’Anvers et de Rotterdam) structurent l’organisation du ciel européen. Sur les grandes lignes européennes et surtout transcontinentales, les aéroports de l’espace Medocc jouent principalement un rôle de feeder pour les hubs de Amsterdam-Schipol, Roissy–Charles de Gaulle, Londres-Heathrow, Francfort,… L’Europe méditerranéenne compte certes de grands aéroports localisés notamment dans les villes capitales (Madrid, Rome, Athènes) mais, comparativement, l’activité y apparaît plus diffuse. Au-delà, le maillage est plus distendu, composé d’aéroports de taille plus modeste. Alors que l’aéroport de Barcelone a une taille équivalente à celle des aéroports des capitales espagnoles, italiennes, les cinq autres aéroports peuvent être qualifiés d’aéroports intermédiaires. Dans le réseau des aéroports européens, Barcelone figure dans les aéroports de deuxième rang (après ceux de Londres, Paris, et au même niveau que Madrid et Rome), 1 Dans le cadre d’une ligne Nice-Vintimille en partie nouvelle dont l’essentiel serait en ponts et viaducs, le temps de parcours pour un train direct s’abaisserait à 18 ou 20 minutes environ contre 30 minutes actuellement, soit un gain d’une dizaine de minutes. Un tel projet mériterait donc une analyse coût-avantages approfondie. 80 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 81 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN trois aéroports (Malaga, Marseille et Lyon) sont au troisième rang alors que ceux de Gênes et de Séville se situent au quatrième rang. Les agglomérations ne disposent pas non plus d’une desserte identique sur le plan de la connexion ferroviaire. Seule la ville de Lyon dispose d’une interconnexion de son aéroport avec le train grande vitesse. Si cette articulation est encore peu optimisée, elle représente un atout non négligeable pour l’avenir. L’accessibilité des métropoles de l’espace Medocc entre elles est très variable : forte pour Barcelone, moyenne pour Lyon et Marseille, elle est réduite pour Gênes et Malaga. Lorsque ces aéroports ne sont pas reliés entre eux directement, certains sont plus éloignés que d’autres en temps. Ainsi, il faut entre trois et sept heures pour relier Gênes et Marseille, et Séville compte trois dessertes en provenance des autres métropoles de Medocc supérieures à quatre heures. Enfin, l’espace Medocc souffre d’une insuffisance de points d’entrée aéroportuaires intercontinentaux qui restent l’apanage des aéroports des villes capitales. Les trafics transcontinentaux à partir et vers ces villes sont pourtant importants. Mais seule une coordination poussée entre plates-formes aéroportuaires permettrait de faire évoluer les stratégies de « hub » des grandes compagnies aériennes qui favorisent la concentration des liaisons intercontinentales sur un nombre très limité d’aéroports. UNE COOPÉRATION AÉROPORTUAIRE INDISPENSABLE AU RENFORCEMENT DE L’ESPACE Alors que les différentes métropoles C2M peuvent apparaître comme concurrentes quant au développement de leur plate-forme aéroportuaire, la mise en œuvre d’un programme d’actions partenarial pourait au contraire leur permettre de renforcer collectivement leur position dans l’espace aérien européen, et ce suivant deux logiques : • Dans une logique de développement « endogène » : intensifier les rapports internes à l’espace MEDOC et donc intensifier les flux aériens entre les métropoles C2M en développant la connectivité de ces territoires ; • Dans une logique de développement « exogène » : renforcer la capacité d’attractivité aérienne de l’espace MEDOC pour attirer et capter des flux à l’échelle du continent européen et également à l’échelle transcontinentale. Le travail qui s’est organisé entre les partenaires au cours du projet a permis d’identifier les enjeux communs aux métropoles C2M en matière de gestion et de développement aéroportuaire. A ce titre, il apparaît clairement que le principal enjeu commun aux métropoles C2M renvoie à l’affirmation du rôle des pouvoirs régionaux et locaux dans la gestion et le développement aéroportuaire. Au-delà, un certain nombre de sujets émergent comme pouvant faire l’objet de coopérations, voire de collaborations plus approfondies, entre les différentes métropoles. Cette coopération a été initiée au cours du projet sur trois thèmes choisis pour leur importance et sur lesquels les villes disposent, à un degré ou à un autre, de compétences réelles : • L’insertion territoriale des plates-formes aéroportuaires, • L’optimisation des retombées économiques, • La gestion durable du développement aéroportuaire. Les résultats de ce travail sont décrits dans le rapport sur le projet pilote animé par le Grand Lyon. 81 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 82 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 83 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN LES CONCLUSIONS 7 ET 7 PERSPECTIVES CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES PRINCIPAUX RÉSULTATS ET ACQUIS DU PROJET C2M Au terme de ce projet, il était important de poser un regard critique sur les résultats et les acquis d’une coopération qui s’est déroulée sur presque dix-huit mois entre les principales métropoles du bassin méditerranéen, mobilisant plus d’une centaine de responsables publics, experts, chercheurs et représentants de la société civile qui ont travaillé à l’approfondissement des relations et de la coopération entre ces villes. Ce projet, rappelons-le, était une première. La Charte d’Alliance signée en 1998 entre les maires de Barcelone, Lyon, Marseille et Gênes avait fourni le cadre politique pour une coopération renforcée entre ces quatre métropoles. Le succès des projets de coopération menés depuis sur quelques thèmes spécifiques avaient démontré le bien-fondé d’une coopération en Méditerranée conduite sur une base multilatérale sans toutefois déboucher sur des réalisations d’importance. Mais c’est la première fois qu’une coopération de ce niveau, et sur des éléments stratégiques de développement, s’engageait entre les principales métropoles du bassin méditerranéen. Le projet C2M marque, de ce point de vue, et au regard des pratiques antérieures, une réelle avancée dans les relations entre collectivités publiques en Méditerranée qui ont démontré ici leur capacité à travailler ensemble sur des domaines réellement stratégiques et à inscrire leur action dans une vision spatiale élargie à l’ensemble du bassin méditerranéen. Les résultats du projet marquent également une forte convergence des stratégies métropolitaines en Méditerranée avec les grandes orientations de la politique communautaire et l’ambition de créer, au sud de l’Europe et autour des centres urbains, une grande zone d’intégration mondiale. Il valide également une vision polycentrique des territoires prônés par le SDEC visant à valoriser, à l’échelle de la Méditerranée occidentale, les agglomérations disposant d’un poids suffisant pour interagir avec les grands centres de décision européens et mondiaux. Les résultats peuvent s’évaluer à plusieurs niveaux. Le projet a permis, tout d’abord, d’avancer vers une meilleure connaissance partagée du système métropolitain méditerranéen. Il a, en particulier, confirmé le rôle croissant des villes dans la structuration de l’espace Medocc et le bien fondé d’une approche polycentrique. Il 83 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 84 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN a également montré l’émergence d’un modèle de métropole méditerranéenne différent des autres formes de métropolisation observées en Europe. Sur le plan du partage d’expérience, le projet a débouché sur un large consensus de diagnostic partagé sur les forces et les faiblesses du système métropolitain méditerranéen. Il a également montré de larges plages de convergence dans les stratégies conduites au niveau urbain. Sur un plan plus politique, enfin, le projet a effectivement permis de confirmer la volonté des partenaires de poursuivre la coopération qui s’est engagée en créant et en pérennisant une plate-forme de coopération qui devrait se poursuivre sur les objectifs retenus comme prioritaires par les partenaires. UNE LA CONNAISSANCE RENOUVELÉE DU SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN REDYNAMISATION PAR L’OUVERTURE AU MONDE Le premier sentiment qui domine quand on observe la dynamique des grandes métropoles du bassin méditerranéen est celui d’une renaissance. Fidèles à leur tradition de ville-port, elles s’étaient, à tour de rôle, enrichies, au fil des siècles des richesses matérielles, humaines et culturelles sans cesse élargies jusqu’à ses ultimes limites : la Méditerranée tout d’abord qu’elles ont tour à tour conquises, le « Nouveau Monde », ensuite, dont elles ont assuré le monopole du commerce avec l’Europe, l’Afrique et l’Asie, enfin, au temps de la colonisation. La mondialisation, pourtant inscrite dans leurs gènes, a pris, après un processus quelquefois douloureux de décolonisation, d’autres voies et a écorné une tradition séculaire fondée sur les échanges et les alliances. Une spirale de marginalisation s’est alors mise en place. Dans les années 80, un diagnostic pessimiste s’était exprimé quant à l’avenir des grandes villes méditerranéennes : baisse de la productivité, implosion des zones urbaines centrales, dégradation environnementale, marginalisation au regard des grands courants d’échanges européens et mondiaux, problèmes de sécurité publique, perte progressive d’identité, difficulté à maîtriser les mutations industrielles. Ce pessimisme n’est plus de mise et les prévisions qui l’accompagnaient ont été mises en échec. Le retour de ces villes sur l’échiquier européen et mondial est une réalité. Cette métamorphose est, certes, récente. Comparée à d’autres espaces périphériques européens, on peut dire qu’elle est intervenue plutôt tardivement. Elle n’en est pas moins réelle et l’ampleur du mouvement qui est lancé devrait permettre de combler rapidement le retard enregistré sur d’autres villes européennes. Ce renouveau n’a pas, non plus, été synchrone. Certaines villes ont plus tardé que d’autres à s’engager sur des politiques de renouvellement urbain et de redynamisation économique et peinent à rattraper leur retard. Mais les trajectoires restent convergentes. Cette renaissance s’est manifestée par une ouverture au monde qui a modifié le regard que ces villes avaient d’elles-mêmes en même temps qu’elle transformait celui des autres sur elles. Le prétexte de cette ouverture a été événementiel. Les premiers signes sont venus d’Espagne au moment où ce pays achevait son rattrapage sur les autres économies européennes au travers de deux événements qui ont marqué un tournant dans son 84 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 85 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN évolution : les Jeux Olympiques de Barcelone et l’Exposition Universelle de Séville. L’organisation du G8 à Lyon, Gênes et Naples, l’organisation de la Coupe du Monde de Football à Marseille et la future Coupe de l’America à Valence ont joué un rôle d’accélérateur d’un processus de redynamisation plus ancien mais qui ne s’était pas encore clairement manifesté sur la scène internationale. Le lancement du partenariat euro-méditerranéen en 1994, qui faisait suite à la perspective de paix au Moyen-Orient a également donné un nouvel élan à cette dynamique en focalisant l’attention sur le bassin méditerranéen. Progressivement, cette ouverture au monde leur a permis d’entrer dans les réseaux complexes, proches et lointains de la mondialisation. UN SYSTÈME URBAIN EXCEPTIONNEL AUX POTENTIALITÉS INSUFFISAMMENT VALORISÉES L’un des premiers apports du projet a été de confirmer le potentiel tout à fait exceptionnel du système urbain méditerranéen. Les travaux qui ont été menés ont ainsi mis en évidence les potentialités d’une répartition spatiale équilibrée des grands centres urbains au sein de cet espace qui est quasiment sans équivalence en Europe, avec une trame de pôles métropolitains importants et dynamiques situés à quelques centaines de kilomètres les uns des autres et qui, eux-mêmes, articulent un réseau de forte densité de villes moyennes. La configuration du système métropolitain méditerranéen est ici très proche du schéma spatial polycentrique préconisé par le SDEC et permet de fonder une forte ambition en matière de développement spatial pour l'ensemble de l'arc Sud européen. Cette potentialité apparaît, néanmoins, insuffisamment exploitée. En effet, même si la plupart des grandes villes et métropoles disposent de pôles d’excellence de renommée européenne et parfois mondiale (universités, centres de recherche, activités économiques,…) le niveau d’intégration de leurs systèmes économiques reste limité. L’un des facteurs de compétitivité de cet espace repose ainsi sur la capacité des acteurs à passer d’une situation où chacun mène son jeu de façon indépendante, ou quasi indépendante, à une situation où ils envisagent une stratégie organisée et coordonnée, notamment en ce qui concerne les services de niveau supérieur et les fonctions métropolitaines. Les ports, quant à eux, constituent un atout en matière de développement économique mais tirent le plus souvent insuffisamment parti des activités maritimes. Leurs hinterlands sont, par ailleurs, souvent sous-valorisés, en raison notamment d’infrastructures de transport de marchandises moins développées qu’en Europe du Nord. LA POLITIQUE EUROPÉENNE AU CŒUR DU RENOUVEAU DE L’ARC LATIN L’unité de la Méditerranée, brisée par l’histoire, est en train de renaître sous l’impact des politiques communautaires. Le démarrage de la construction européenne a marqué, après des décennies d’affrontement colonial, une politique de rapprochement entre l’Espagne, la France et l’Italie, pour redonner vie à cet espace dont la cohérence historique est, ainsi, redécouverte. Bien que n’ayant pas à proprement parler de compétence en matière d’aménagement du territoire, l’Europe s’est vue, très tôt, confier la tâche de réduire les disparités entre les différentes régions européennes. La volonté des Etats de promouvoir un développement équilibré et harmonieux de l’Union est devenu, au fil des ans, une nécessité d’autant plus impérieuse que la globalisation des marchés tendait à renforcer naturellement les écarts de compétitivité entre les territoires en avantageant ceux qui disposaient des 85 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 86 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN meilleures capacités d’adaptation au détriment des autres. Progressivement, les notions de compétitivité territoriale équilibrée et de cohésion territoriale se sont retrouvés au cœur des enjeux de l’Union. L’une des stratégies fortes de l’Europe a été de promouvoir le concept de macro-régions transcendant les limites des Etats et structurées autour des grands centres urbains, disposant d’un poids démographique et d’un potentiel économique suffisants pour interagir avec les grands centres de décisions européens et mondiaux. Le concept d’un arc latin regroupant, autour d’un grand Sud-Est français (Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côtes d’Azur) la façade nord-est de l’Espagne (Catalogne) et l’Italie du Nord (Lombardie, Pièmont et Ligurie) était donc relancée. Les programmes européens, dont le présent programme Interreg mis en place depuis, visent à renforcer la coopération entre ces territoires urbains où se concentre progressivement l’essentiel du potentiel économique des territoires. Et la future politique des fonds structurels devrait amplifier ce mouvement. UN SYSTÈME URBAIN AU CŒUR DES NOUVEAUX FLUX DE LA MONDIALISATION La stratégie des réseaux de villes se décline, en premier lieu, par rapport à leur positionnement géographique et leur intégration dans un axe majeur de développement. On a donc cherché au cours du projet à resituer le système urbain méditerranéen par rapport aux grands flux économiques qui animent l’espace européen et mondial. La bonne surprise, ici, a été que le caractère périphérique de l’espace méditerranéen, maintes fois décrit comme l’un des handicaps majeurs de cette zone, était en train de s’estomper. On l’a dit, la façade méditerranéenne de l’Europe est animée par un flux d’échanges économiques qui se développe à un rythme très rapide, de l’ordre de 8 à 10% par an du fait principalement de la poursuite de l’ intégration européenne. Cette intégration est loin d’être achevée, les flux à l’intérieur de l’Europe étant encore essentiellement des flux nationaux. Aux flux actuels viennent se surimposer d’autres composantes de la dynamique européenne et mondiale. La première est européenne et correspond à l’entrée de dix nouveaux pays membres au sein de l’Union Européenne, entrée qui va considérablement modifier le paysage des flux en Europe. On peut raisonnablement penser que l’arrivée d’une population solvable se traduira par une consommation de biens et de services et un mouvement de personnes (affaires, tourisme,etc) qui va intensifier les trafics de toutes les régions de l’Europe, et particulièrement du sud de l’Europe avec sa partie orientale. Le corridor Lisbonne-Kiev, baptisé « Axe 5 » de la politique européenne des transports, qui, au cœur des relations entre l’Europe du Sud et l’Europe orientale, et sur lequel se retrouvent les principales métropoles méditerranéennes, devrait connaître, de ce fait, un surcroît d’activité intéressant toutes les composantes de déplacement. La deuxième, beaucoup plus actuelle, est mondiale et correspond au positionnement privilégié de la Méditerranée dans les échanges entre l’Europe et l’Asie. Le développement sans précédent des pays asiatiques entraîne une croissance très rapide du volume des échanges avec l’Europe qui, pour l’essentiel, passent par une composante maritime qui traverse la Méditerranée. L’activité des ports méditerranéens avec ces pays n’est actuellement limitée que par leur capacité. La Chine est actuellement en deuxième place du trafic de conteneurs avec les principaux ports méditerranéens et les volumes avec ce pays croissent à un rythme de 30 à 50% par an. 86 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 87 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN La troisième composante est méditerranéenne avec la mise en place progressive de la zone de libre-échange entre l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée. La croissance économique dans ces pays, dont dépendent nos échanges avec eux, n’a certes pas été à la hauteur des attentes formulées en 1994, lors du lancement du partenariat euroméditerranéen. L’inadaptation des modes de gouvernance de ces pays aux nouvelles règles de la mondialisation et leur faible attractivité vis-à-vis des investissements internationaux en sont les causes principales. On peut, néanmoins espérer que l’ouverture de ces pays aux échanges finira par avoir un impact positif sur leur économie et forcera, à la longue, des évolutions structurelles qu’ils auraient dû anticiper. Enfin, les échanges de la Méditerranée avec le monde devraient également s’alimenter du développement des trafics avec l’Amérique du sud avec lesquels les ports et les villes espagnols ont toujours maintenu des liens particuliers (la moitié de l’immigration des villes espagnoles vient d’Amérique du Sud) et sur lesquels ils disposent d’avantages compétitifs. DES STRATÉGIES CONVERGENTES Le rôle d’une métropole est de conduire une stratégie qui valorise ses atouts et sa position géographique. Cette stratégie a pour objectif d’infléchir, par une action volontariste, une dynamique spontanée de son système urbain dans un sens qui l’adapte aux phases économiques et aux nouveaux modes de vie des sociétés. Le projet a permis, sur ce point, de valider de larges plages de convergence entre les stratégies urbaines conduites par les grandes métropoles méditerranéennes. DES STRATÉGIES RÉSOLUMENT MONDIALES La première convergence est géographique.Toutes les métropoles du bassin méditerranéen refusent de se laisser enfermer dans une stratégie à vocation régionale et se positionnent résolument dans une stratégie européenne et mondiale. De ce point de vue, la Méditerranée, aire d’influence naturelle pour toutes les métropoles du bassin méditerranéen, reste une priorité naturelle mais qui n’est ni première ni exclusive. DES STRATÉGIES DE MÉTROPOLE INNOVANTE À VALORISER Dans toute stratégie, l’important est moins ce que l’on doit faire ce que l’on veut être. Tout doit partir de la vision dans laquelle elle souhaite inscrire son devenir et qu’elle souhaite promouvoir et faire partager aux forces qui la composent. Cette vision doit venir du secteur public qui définit un cadre collectif de représentation et d’action permettant l’émergence de projets, la définition d’images crédibles de l’avenir, la convergence des anticipations devient le moteur central du dynamisme local1. Il faut, cependant, pour des grandes villes du bassin méditerranéen, relativiser le concept de spécialisation sectorielle ou fonctionnelle qui les conduirait à privilégier tel pan d’activité plutôt que tel autre. La spécialisation s’efface, en effet, avec la taille et une diversification générale des fonctions résulte du développement des transports et des échanges. Les options étaient, ici, multiples, certaines guidées par l’histoire, d’autres plus ou moins préconisées, voire dictées, par les Etats ou l’Europe. 1 Pierre Vetz, opus cité. 87 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 88 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN La spécialisation logistique dans laquelle on a souvent enfermé les grandes villes ports de la Méditerranée est actuellement relativisée. Pour importantes qu’elles soient, les activités logistiques ne sont pas, en effet, des activités à forte valeur ajoutée. Plus des trois quarts des employés dans ce secteur sont rémunérés à des salaires proches du salaire minimum. La concurrence avec les pays à faible coût de main-d’œuvre y est forte. A preuve, le déplacement vers l’est de l’Europe d’un grand nombre de plate-formes logistiques européennes. Pour des raisons similaires, le modèle de « ville touristique » ne correspond ni à l’histoire ni aux capacités réelles des métropoles méditerranéennes, même si pour certaines d’entres elles, cette composante mérite d’être mieux valorisée au travers par exemple d’un tourisme d’affaires (villes-foires, villes-congrès) ou des croisières. La concept de ville-siège est le modèle attractif correspondant au sommet de la hiérarchie fonctionnelle des villes qui place, en haut de la pyramide, les fonctions de commandement comme les sièges sociaux des grandes entreprises multinationales ou les places financières. Ce modèle n’est ni à la portée des métropoles méditerranéennes, ni ne correspond à une bonne valorisation de leur position géographique. Elles ont, à l’inverse, toutes fait le choix, même si celui-ci s’exprime différemment d’une ville à une autre, de devenir des « villes créatives et innovantes ». Cette stratégie est ambitieuse. Elle se fonde sur la diffusion d’un modèle d’économie basé sur la connaissance et le savoir, qui se réfère tout autant à l’exploitation d’actifs culturels locaux, matériels et immatériels qu’à un marché ouvert de l’information. Comme l’a exprimé au cours du projet l’un des hauts responsables d’une des villes partenaires, les métropoles méditerranéennes doivent être « l’illustration d’un certain art de vivre autour des nouvelles technologies, de la création, de la mode et du luxe ». L’ÉMERGENCE D’UN MODÈLE DE MÉTROPOLE MÉDITERRANÉENNE Le projet a mis en évidence l’émergence d’un modèle de métropole méditerranéenne différent des autres formes de métropolisation observées en Europe. Ce modèle est, tout d’abord, une réconciliation avec leur passé. L’héritage culturel et historique est perçu comme un avantage compétitif important. Fini le temps des ruptures, des mutations. Ces villes, dont certaines représentent les plus anciens établissements humains dans le monde, redécouvrent leur passé et jouent des valeurs héritées de l’histoire pour mettre en avant leur singularité et leur diversité et en tirer des avantages compétitifs. De là, un mode de renouvellement urbain qui, à l’opposé de la démarche tentaculaire des grandes métropoles mondiales par étalement et fragmentation, est axé sur la rénovation des centres historiques et la réappropriation au profit de ses habitants des espaces maritimes. Les transformations urbaines, et en particulier tous les projets de recomposition de l’espace urbano-portuaire, en sont le témoignage le plus éclatant. Partout, cette réhabilitation a été un puissant facteur de changement de l’image pour des villes souvent meurtries par les mutations de leurs bases économiques et sociales. Elle a été, par l’intensification de l’activité portuaire, un puissant moteur d’insertion dans l’économie monde. Secteur quasiment confidentiel il y a une vingtaine d’années, le secteur des croisières apporte une richesse nouvelle et permet de véhiculer une image rénovée. Mais l’un des apports essentiels a été d’affirmer leur caractère de métropole méditerranéenne, en évitant de reproduire le modèle du « waterfront » américain marqué 88 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 89 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN par la marchandisation de l’ espace portuaire. En Méditerranée, la rénovation de l’interface ville-port et la connexion avec le centre historique, ont été l’occasion d’affirmer l’identité de chaque ville en donnant les moyens à leurs habitants de se réapproprier ces lieux et de reconstruire un imaginaire parfois oublié. C’est également un modèle de ville multiculturelle unique en Europe, un modèle de société solidaire qui concilie diversité culturelle et cohésion sociale. Les métropoles méditerranéennes, au carrefour de plusieurs mondes, ont conservé un caractère résolument multiculturel qui les distingue d’autres systèmes métropolitains en Europe. Elles ont su préserver un équilibre délicat et souple pour maintenir leur caractère, leur culture et leur identité, tout en acceptant que d’autres groupes y vivent. Le rôle des diasporas (maghrébine ou arménienne à Marseille, latino-américaine à Barcelone, africaine et latino-américaine à Gênes ou Naples) devient déterminant dans le développement économique et social et leur ouverture au monde. C’est aussi un modèle d’urbanisme de ville compacte et dense par opposition au modèle de ville étalée et diluée et synonyme de coûts élevés en équipement, en énergie, en pollution et créatrice de ségrégation en tout genre. Symbolisé par les programmes de rénovation de l’interface ville-port, ce modèle, actuellement plébiscité au niveau européen, implique une volonté politique de mixité dans les usages des sols, de densification et de refus de l'éparpillement résidentiel. Elle implique également de donner un rôle clef aux transports publics pour relier les quartiers, permettre à toutes les catégories de se déplacer et constituer un lieu de rencontre et de mélange social et générationnel, en bref, de retrouver une convivialité propre aux métropoles méditerranéennes. C’est, enfin, un mode de vie agréable à vivre combinant un cadre naturel exceptionnel, un patrimoine culturel bien conservé et une articulation soignée entre les différents réseaux d’espace. UNE CONCURRENCE QUI STIMULE LA COOPÉRATION La concurrence entre les métropoles méditerranéennes est un phénomène historique qui a pris des formes diverses selon les époques mais qui s’est toujours manifesté avec acuité. Cette concurrence est naturelle pour des villes d’importance comparable dont l’influence s’exerce sur un même territoire. La volonté de chacune de ces villes de se positionner en « capitale du sud de l’Europe » ou en «capitale de l’Euro-méditerranée » est un exercice imposé qui correspond cependant beaucoup plus à un politique d’image qu’à une volonté délibérée de domination régionale qui, au demeurant, n’aurait guère de sens tant il est vrai que les villes et les régions qui savent tirer parti de leurs propres atouts et potentiels économiques ne le font pas aux dépens des autres. Ce qui est important et que le projet a permis de valider est que cette concurrence entre les villes méditerranéennes, loin de restreindre la coopération, la stimulait. La similitude de situation multiplie, en effet, les occasions d’échange entre les systèmes économiques et, plus généralement, la société civile. Elle est également, comme toute concurrence, bénéfique par la confrontation permanente qu’elle impose. Il faut, de ce point de vue, s’écarter des visions bureaucratiques qui prétendent réduire cette concurrence en assignant des « vocations » à des villes d’importance comparable. La coopération, notamment entre les entités publiques, relève d’une même logique. Elle trouve sa source dans la nécessaire solidarité autour des grands enjeux de l’espace. 89 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 90 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN UN LARGE CONSENSUS SUR LES FAIBLESSES DU SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN Le projet a permis de confirmer les progrès et les potentialités du système métropolitain méditerranéen. Il a permis également de dégager un consensus des partenaires sur les points faibles qui font obstacle à la création en Méditerranée d’une zone d’intégration mondiale. Ces points faibles concernent, pour l’essentiel : une compétitivité insuffisante des territoires, l’inadéquation du système de transport et une gouvernance inadaptée des systèmes urbains. UNE COMPÉTITIVITÉ INSUFFISANTE DES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS MÉDITERRANÉENS On l’a dit dans le corps du rapport, la capacité pour un système urbain de jouer un rôle structurant auprès de son territoire dépend en grande partie de sa compétitivité. Plus cette dernière est forte, plus sa capacité de diffusion, mais aussi sa capacité relationnelle avec d’autres systèmes urbains, sera forte et effective. Or, qu’il s’agisse de l’effort de R&D, de transfert de technologie, de création d’entreprises, de capital humain, d’infrastructures de communication et de télécommunication, tous les indicateurs de compétitivité des métropoles méditerranéennes comparés avec ceux des métropoles situées dans la partie centrale de l’Europe vont ici dans le même sens pour montrer, à la fois, une performance moyenne insuffisante et une très forte disparité des performances entre centres urbains. Mais au-delà des infrastructures, les plus grands écarts sont observés dans les modes de gouvernance urbaine appliqués au domaine de l’innovation, et tout particulièrement dans le processus de rapprochement entre les différents acteurs du territoire et le tissage de réseaux permettant la rencontre et la confrontation informelle des idées. Ces différences reflètent des écarts importants de perception chez les élites politiques du rôle élargi des institutions locales comme acteurs dynamiques de promotion d’un véritable système d’innovation dans leur ville. Il n’empêche que toutes les métropoles partenaires du projet ont pris conscience de leur retard en matière de compétitivité et ont fait le choix de conduire des stratégies résolument pro-actives pour développer leur potentiel d’innovation, en n’hésitant pas, dans certains cas, à sortir de leur cadre de compétence traditionnel pour mener à bien cette politique. Les stratégies varient cependant en fonction de la situation de chaque ville, et de leurs marges de manœuvre par rapport aux autres intervenants publics ou privés. UN SYSTÈME DE TRANSPORT INADAPTÉ La création, au sud de l’Europe, d’une zone d’intégration mondiale nécessite la mise en place rapide d’un système de transport performant même si, à elle seule, cette condition est insuffisante pour garantir un taux de croissance élevé. La politique européenne des transports reste aujourd’hui, relativement marginale quant à ses impacts sur le territoire méditerranéen. La plupart des grands projets qui concernent l’espace Medocc sont, en effet, décidés au niveau des Etats. Seule une évolution (au demeurant très improbable) de la compétence communautaire dans le domaine des grands réseaux, favorisant notamment le passage d’une logique de corridor à une politique 90 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 91 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN de liens et de réseau entre les principaux pôles européens, permettrait d’accélérer la programmation des infrastructures dans des espaces périphériques comme l’espace méditerranéen. Le projet a permis de vérifier que l’évolution tendancielle des trafics conduisait, compte tenu de leur concentration sur un nombre limité d’axes et de zones, à une situation de saturation des axes de transport qui relient les principales métropoles de l’espace. Il apparaît également qu’aucun véritable progrès n’est envisageable sans une modification radicale du partage modal permettant de limiter l’explosion du trafic routier dans l’espace Medocc au profit du rail et des autoroutes de la mer. La mise en place du Lyon-Turin représente, toutefois, pour l’espace Medocc, une opportunité exceptionnelle à la condition que : • d’une part, l’ensemble des acteurs concernés (Etats, régions, métropoles, entreprises ferroviaires, gérants d’infrastructure, chargeurs,…) se mobilisent pour son succès, • d’autre part, que la réglementation évolue dans un sens qui ne pénalise pas le transport par fer au profit de la route. Il est tout aussi indispensable, pour une bonne circulation des flux de personnes que la ligne grande vitesse Barcelone-Marseille-Lyon soit achevée dans les meilleurs délais possibles et que la nouvelle ligne grande vitesse Provence-Alpes-Côte d’Azur soit considérée comme une ligne internationale et qu’elle soit raccordée à la ligne Vintimille-Gênes actuellement en construction. Concernant les autoroutes de la mer, le projet a permis de constater l’extrême difficulté de mise en place de lignes de cabotage en Méditerranée sur des distance inférieures à 400 km, compte tenu de la réglementation des transports et d’un système de taxation largement favorable à la route, comme l’atteste le report annoncé de la mise en place de la ligne prévue entre Fos et Savone. Seule une évolution du cadre réglementaire et fiscal serait de nature à relancer des initiatives et permettrait de décongestionner le trafic routier et ferroviaire, notamment à la traversée des Alpes et des Pyrénées. UNE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE ÉMERGENTE En matière de gouvernance, des progrès importants ont été enregistrés dans la plupart des métropoles méditerranéennes, s’agissant du partenariat public-privé qui est présent dans la plupart des composantes du développement urbain et de la participation des citoyens aux plans de développement métropolitains. Trois points noirs subsistent : Le premier est le décalage observé entre le territoire réel, c’est-à-dire celui où les gens habitent et travaillent, et le territoire administratif, et ceci en dépit des structures de coopération intercommunales mises en place. Le second, qui découle, pour partie, du premier tient aux difficultés de coopération entre les villes et les autres échelons politiques territoriaux. La coopération région-métropole est souvent déficiente, voire conflictuelle. Par contre, lorsque cette coopération existe, on constate que les progrès sont beaucoup plus rapides qu’ailleurs. La troisième qui concerne les villes elles-mêmes est que la dimension de coopération au sein de l’espace Medocc est trop faiblement absente dans les stratégies internationales de ces villes. 91 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 92 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN PERSPECTIVES DE COOPÉRATION ENTRE LES MÉTROPOLES MÉDITERRANÉENNES CRÉATION D’UNE PLATE-FORME PÉRENNE DE COOPÉRATION EN MÉDITERRANÉE L’un des principaux objectifs de ce projet était, rappelons-le, de mettre en place et de pérenniser une plate-forme de coopération entre les grandes métropoles de l’espace Medocc visant à renforcer, par des actions communes, l’armature urbaine et métropolitaine du sud de l’Europe. Cet objectif est atteint. Les partenaires confirment, en effet, à l’issue de ce projet leur volonté de poursuivre et d’approfondir le travail qui s’est engagé en créant une plate-forme de coopération dont la perspective est de construire, au sud de l’Europe et autour des grands centres métropolitains, une zone géographique d’intégration économique d’importance mondiale. Cette plate-forme de coopération, qui s’inscrit dans le prolongement de la Charte d’Alliance signée entre Barcelone, Lyon, Marseille et Gênes, sera ouverte à court terme à d’autres métropoles de Medocc. Ici, l’objectif des partenaires est double : • d’une part, mettre en commun leurs expériences, leurs moyens d’analyse et leurs formes d’actions dans le but de développer, sur des projets concrets, des réponses coordonnées permettant d’évoluer, au sud de l’Europe, vers un système urbain polycentrique équilibré ; • d’autre part, promouvoir et porter ensemble auprès des instances nationales et européennes les projets et les politiques que les métropoles jugent prioritaires pour le renforcement de la cohésion et de la compétitivité de leur territoire. Trois domaines ressortent, dés à présent, comme prioritaires pour une intégration renforcée de l'armature urbaine au sein des grands espaces : la grande accessibilité, la compétitivité des territoires et la gouvernance métropolitaine. UNE STRATÉGIE DE COOPÉRATION ALIGNÉE SUR LES FUTURS INSTRUMENTS COMMUNAUTAIRES Les partenaires ont clairement exprimé leur volonté d’inscrire leur coopération dans un menu d’actions orienté autour des thèmes dégagés à Lisbonne (compétitivité du territoire européen) et Göteborg (durabilité). Ces thèmes sont structurants de la future politique des fonds structurels et en particulier, de l’objectif 3 de la future programmation consacrée à la coopération transnationale qui est appelé à se substituer, avec des moyens élargis, à partir de 2007, au programme d’initiative communautaire Interreg. Au-delà de l’opportunité financière, ce choix entérine la concordance constatée entre les priorités dégagées par les partenaires au cours du projet C2M pour un renforcement du système métropolitain méditerranéen et les objectifs de la politique européenne de renforcement de la cohésion territoriale des territoires. UNE FOCALISATION SUR DES PROJETS D’INNOVATION URBAINE Les partenaires du projet ont clairement retenu l’idée d’orienter leur coopération sur des projets d’innovation urbaine. Ce choix est justifié par le fait que la coopération sur des 92 PREMIERE_PARTIE 21/09/04 10:15 Page 93 LE SYSTÈME MÉTROPOLITAIN MÉDITERRANÉEN politiques ou des pratiques déjà diffusées et mises en œuvre dans les villes se limite le plus souvent à de l’échange d’expérience dont on connaît les limites. Le concept d’innovation urbaine doit être compris ici dans un sens très large et englober aussi bien de nouvelles pratiques de gestion des compétences urbaines, de service à la population, de conception et de gestion des infrastructures et de gouvernance urbaine. À court terme, la priorité sera accordée sur les projets qui visent à renforcer la compétitivité des territoires métropolitains. Trois domaines seront, ici, privilégiés : L’innovation, en relation avec le développement des petites et moyennes entreprises et la création d’emplois (transfert de technologie, formation continue, financement de l’innovation, infrastructures de communication et de télécommunication, gouvernance, urbanisme favorable aux milieux innovateurs). Les transports, et plus particulièrement la gestion des points de rencontre des flux urbains et interurbains où se posent le plus de problèmes (capacité des infrastructures, nuisances environnementales, conflits entre fonctions, etc). La gestion des risques urbains, en relation avec la compétitivité du territoire (gestion des risques technologiques, réhabilitation des sites et terrains contaminés, aide aux petites et moyennes entreprises pour la promotion de schémas de production durable,…). Les partenaires sont convenus, au cours de la conférence finale, de poursuivre leur coopération en l’inscrivant pour les années 2005 et 2006 dans le cadre de l’instrument communautaire Interreg. Il est également prévu d’ouvrir cette coopération à d’autres villes de l’espace Medocc. Cette période de deux années sera consacrée à l’identification et à la mise en œuvre de projets structurants dans les trois domaines précités, projets dont la réalisation pourra être poursuivie dans le cadre du futur Objectif 3 des fonds structurels. 93 pilot_seville 21/09/04 10:16 Page 95 LES PROJETS PILOTES SÉVILLE MALAGA BARCELONE MARSEILLE GRAND LYON GÊNES pilot_seville 21/09/04 10:16 Page 96 pilot_seville 21/09/04 10:16 Page 97 PROJET PILOTE SEVILLE CREATING COMPETITIVE BUSINESS PLACE IN THE MEDOCC REGION pilot_seville 21/09/04 10:16 Page 98 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 99 PROJET PILOTE SEVILLE 1• INTRODUCTION AND OBJECTIVE OF PILOT PROJECT The successful cities and regions are able not only to attract the “Creative Class” – people who do a wide variety of work in a wide variety of industries, such as arts/entertainment, aeronautics, architecture/real estate, computers, finance, biotechnology, etc. They have also been able to translate their underlying advantages into creative economic activities, new businesses and thus fostering regional growth. The challenge facing cities and regions is to identify the “niche” of economic activities that fits the local and regional qualities. Strategic spatial planning is deliberate search for these locational qualities that are related to local and regional cultures, despite general globalisation. The Mediterranean Occidental (MEDOC) region is one of the most dynamic and fastestgrowing areas, both in population and economic growth in the EU. The MEDOC region is clearly an emergent “Global Integration Zone”. However, MEDOC remains more a concept than a reality.This is evidenced by the lack of coherent infrastructural and economic connections amongst the cities in the MEDOC region. The C2M Initiative, led by the City of Marseille is an attempt to address this imbalance. Sevilla Global, the Urban Agency for Economic Promotion of the City of Seville is participating in the C2M Initiative and is leading the Pilot Project, “Creating Competitive Business Places in the MEDOC Region”. The objective of this Pilot Project is to review the urban strategies the major MEDOC cities are adopting in order to position themselves individually as cities and jointly as a region - as an attractive node for the global economy. This Pilot Project focuses on the projects and initiatives that will impact the physical form and urban quality of the metropolitan area of the six cities participating in the C2M Initiative (Barcelona, Genoa, Lyon, Malaga, Marseilles, and Seville). Sharing the findings of this study could help generate collaboration and co-operation opportunities among MEDOC cities. The two research questions: • What urban factors make the MEDOC cities attractive as a Business Places? • What urban initiatives or policies can MEDOC cities undertake to improve their attractiveness as a “Business Place”? 99 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 100 PROJET PILOTE SEVILLE 2• MÉTHODOLOGIY AND DESCRIPTION OF PHASES The study consists of two parts: URBAN PROFILES IN THE EMERGING POLYCENTRIC SYSTEM OF CITIES IN MEDOC International Context • Current European spatial planning concepts. • System of Cities in the MEDOC region. Basic Interpretative Cartography (for each participating city) • Delimitation of Metropolitan Area • Major Transport Infrastructure • Major Areas and Facilities for Economic Activities • Major Educational and Innovation Nodes • System of Natural Spaces Review of Strategic Plans • Review and Summary of Current Strategic Plans (if any) being developed by the city • Summary of “Business Place” Proposals in the Plan Participatory Diagnostic Questionnaire • Questionnaire comprising about 100 questions to be completed by 10 to 15 leaders in the business and academic community of each city • Because the respondents have a deep understanding of the city, based on personal experience and the positions they hold, their input is more than just simple information. Instead, they point to the perceptions held regarding the city’s strengths and weaknesses, and ultimately, the perceptions of possible strategic options for their city. • The objective of the Questionnaire is to identify the urban components of excellence, basic priorities and critical deficits of each city. Intermediate report: Comparative Urban Profiles and the Cluster of Excellence CASE STUDIES • Identify one strategic project in each city to be developed as a Case Study that could be of interest for the other MEDOC cities. • The different Case Studies chosen are those that can enhance the general vision of key strategies in MEDOC towards creating “Business Places”. Close coordination with other C2M Pilot Projects to ensure that there is no overlap. • The write-up of the Case Studies will identify the factors of success, and analyse its impact for the city image and economic attractiveness in relation to its urban profile. SITE VISITS: AT LEAST ONE SITE VISIT TO EACH CITY. SYNTHESIS: CREATING COMPETITIVE BUSINESS PLACES IN THE MEDOC REGION. 100 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 101 PROJET PILOTE SEVILLE 3• WORK PHASE 1: PHASES JULY – DECEMBER 2003 Data gathering and site visits to the six cities: • Lyon (July 2003) • Seville (September 2003) • Genoa (September 2003) • Barcelona (October 2003) • Marseille (November 2003) • Malaga (November 2003) Preparation of contextual studies and cartography. • Basic cartography was redrawn from maps purchased from bookstores or in some cases, generously provided by the collaborating institution in the participating city. Administration of the Participatory Diagnostic Questionnaire. • This was achieved through the respective collaborating institutions in the participating cities. Review and summary of Strategic Plans that are being developed in the six participating cities. • Strategic Plans of the cities were obtained, where available, via the institutional web sites, and in some cases, through the collaborating institutions in the participating cities, Preliminary list of Case Studies, arising from the Site Visits, interviews with collaborating institutions, internet research and Questionnaire. Intermediate Report and Seminar (January 2004) PHASE 2: JANUARY – JULY 2004 Analysis of the Participatory Diagnostic Questionnaire • Barcelona (14 questionnaires received) • Genoa (7 questionnaires received) • Lyon (6 questionnaires received) • Malaga (5 questionnaires received) • Marseille (6 questionnaires received) • Seville (12 questionnaires received) For each city, the responses were entered into an spreadsheet and the results were plotted on a graph depicting the levels of excellence (horizontal axis) and priority (vertical axis). Analysis and selection of Case Studies • Barcelona (22@BCN) • Genoa (Erzelli Technology Park and Tunnel under Port) • Lyon (Lyon Confluence) • Malaga (Recuperation of Historic Centre) • Marseille (Euromediterranee) • Seville (Cartuja 93 and Aerópolis) Synthesis and Final Report (July 2004). 101 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 102 PROJET PILOTE SEVILLE 4• URBAN MEDOC PROFILES OF MEDOC AND ITS CITIES REGION AS POSSIBLE “GLOBAL INTEGRATION ZONE” The only existing European zone of global importance is known as the "“Pentagon”". The"“Pentagon”", bounded by the cities of London, Paris, Milan, Munich and Hamburg, is the economic and productive heart of the EU. It contains just 20% of total EU territory and 40% of EU population, but generated generates 50% of EU GDP. In order to achieve the stated EU goals of reducing "territorial imbalances", new Global Integration Zones are envisioned. Reviewing the current conception of these future Global Integration Zones, from the point of view of the Iberian Peninsula, we can observe for example, the obvious lack of connection between Barcelona and Madrid, a city-pair with more daily shuttle flights between them than London-Paris.There is also a lack of connection between Barcelona and Valencia, a citypair that share many cultural and economic links. As already mentioned in the introduction, the Mediterranean Occidental (MEDOC) region is one of the EU's most dynamic and fastest-growing areas, especially in terms of population and economic growth. The MEDOC coast can be clearly observed on the nocturnal satellite photograph as an almost continuous line of lights. This image encapsulates best the potential of MEDOC as an emergent Global Integration Zone. (Traditional View of Future “Global Integration Zones) (Medium Sized Cities) SPATIAL OBSERVATIONS NETWORK OF OF THE “PENTAGON” AND MEDOC : MEDIUM-SIZED CITIES Of the 30 largest cities in the world, only two (London and Paris) are located in Europe. In general, the EU is characterised by a dense network of medium-sized cities. Many of these cities have maintained many of their traditions, idiosyncrasies over their history. Many of these cities also have historical, economic and cultural links with each other that date back centuries. On one hand, the medium size of the average European city can be a positive factor for urban management (as opposed to mega-cities). The effective management of the 102 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 103 PROJET PILOTE SEVILLE mediumsized city Pilot Project Seville: Creating Competitive Business Places in MEDOC 7 is one of the most important competitive advantages. On the other hand, medium-sized citieslack the critical mass necessary to create sustainable economic clusters. HUMAN AND INTELLECTUAL CAPITAL It is increasingly clear that in the new global economy, the "raw materials" are human and intellectual resources. Although the old physical advantages – land, access to source materials, factories etc – will continue to be important, the factors that will be increasingly decisive will be ideas and innovation. For these factors, we have to depend on the supply of people. In general, the EU population is both aging and declining. However, the cities in the MEDOC region are growing at a much faster rate than the “Pentagon”cities over the last 50 years.This is due to both immigration (from both within and without the EU) and natural increase (primarily due to higher birth rates of recent immigrants).Thus, in the medium term, MEDOC will have relatively more “replacement” human and intellectual capital than the EU “Pentagon”. The number of University students is also a good indicator of the availability of human capital. Many MEDOC cities are important university cities or towns, so there will be a steady flow of young talent into the MEDOC region. The challenge then is to have sufficient economic opportunities to retain the graduates within the region. Where MEDOC is doing less well is in Innovation. At the country level, of the three MEDOC countries, only France’s expenditure on R&D (2.20% of GDP in 2002) is above the EU average of 1.98%. Both Spain (0.96% in 2001) and Italy (1.07%) are less than 60% of the EU average, and appear far from meeting the EU target of 3.0% by 2010. In the C2M Pilot Project undertaken by the city of Barcelona, the innovation and technological gap between the “Pentagon” and MEDOC is demonstrated as a key issue for the future. Population Dynamics (DATAR 2002) / Research Networks (DATAR 2002) ECONOMIC CAPITAL The cities in the MEDOC region also compare less well the “Pentagon” cities in terms of economic vitality and leadership. Indicators such as the number of financial institutions, 103 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 104 PROJET PILOTE SEVILLE headquarters of large companies, and the GDP per capital suggest that MEDOC remains far behind the “Pentagon”. The 2004 World Competitiveness Yearbook prepared by IMD covered 60 countries and regions, including two from MEDOC – Catalonia (ranked 27th) and Rhone-Alpes (37th).Their rankings compare very favourably to the country rankings – France (30th), Spain (31st) and Italy (51st). Indeed, Catalonia was the 2nd ranked region after Bavaria (20th) and was ranked higher than Ile de France (32nd). Within MEDOC, Catalonia and Rhone-Alpes (centred on Barcelona and Lyon respectively) look likely to maintain their competitive edge. GDP per Capita 2002 / Financial Institutions (DATAR 2002) / Headquarters of Large Companies (DATAR 2002) TRANSPORT AND MOBILITY It can be argued that the almost peripheral condition of MEDOC is the result of the overall urban structure of the EU. MEDOC has both lower density and a lesser number of medium and large cities than the “Pentagon”. This means that there is less inter-connectivity among the MEDOC cities. There is an urgent need to improve accessibility and connections within the MEDOC and links with the rest of the EU. Seven of the ten largest EU airports are located in the “Pentagon” (London-Heathrow, London-Gatwick, Paris-CDG, Paris-Orly, Frankfurt, Amsterdam and Milan-Malpensa). The remaining three are located in MEDOC: Madrid, Rome and Barcelona. With the saturation of the northern EU airspace, there are opportunities for MEDOC to develop more air nodes, and to develop specific role such as “gateways” to Latin America or Africa. What the DATAR maps are unable to show is the lack of connectivity amongst the MEDOC cities by air and by High Speed Rail. Since MEDOC cities are fewer and further apart, it means that there are fewer possibilities of day trips possible. In the other C2M Pilot Projects undertaken by the cities of Lyon and Marseille, the current fragmented transport system among the MEDOC cities is clearly demonstrated. In relation to maritime transport, the MEDOC is characterised by its long coastline and historical maritime traditions. This should have given rise to possibilities for improving port infrastructure for a variety of activities. Yet, according to European Sea Ports Organisation(ESPO) statistics, only three MEDOC ports are ranked in the top 15 EU ports in 104 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 105 PROJET PILOTE SEVILLE 2002 Marseille (3rd), Genoa (10th) and Algeciras (14th). In terms of total tonnage, these three ports together make up less than a quarter of the capacity of Rotterdam, and Antwerp, the top two ports. Similarly, in 2002, MEDOC container ports such as Valencia (7th), Algeciras (9th), Genoa (10th), Barcelona (12th), Marseille (14th) and La Spezia (15th) process less than two-thirds of the TEU than the top two EU container ports (Rotterdam and Hamburg), both in the “Pentagon”. This is a reflection of the economic dominance of the ““Pentagon””, which in turn has resulted in better logistical infrastructure there. EU Cities Accessible within a day (DATAR 2002) / Air Traffic (DATAR 2002) LEISURE AND TOURISM Leisure and Tourism are among the most important and fastest-growing global economicsectors. France, Spain and Italy receive millions of tourists annually and are among the top five recipients of tourists in the world.With the attractive Mediterranean climate and cuisine and culture, these are sectors that one normally associate with the MEDOC region. To an extent, indicators such as the number of UNESCO Historical and Cultural Heritage Site or Museums suggest that this is the case. However, the situation is less clear if we look at data that show the number of Hotel Stays. MEDOC cities do not generate as much business travel. It is evident that MEDOC cities are behind the ““Pentagon”” cities in terms of International Fair and Congresses. However, both are possible areas for improvements that MEDOC cities such as Barcelona and Malaga are positioning themselves to take advantage of. Tourists and Cultural Sites (DATAR 2002) / Overnight Stays (DATAR 2002) 105 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 106 PROJET PILOTE SEVILLE TOWARDS A GLOBAL POSITIONNING OF THE MEDOC REGION The maps prepared for the 2002 DATAR study of 180 cities dramatically illustrate the striking difference between the MEDOC and “Pentagon” cities in terms of “specialisation”. There are more cities within the “Pentagon”, and they are also more specialised. Given the larger distances between the important urban nodes in the MEDOC region, the cities here are less specialised. For MEDOC to position itself as a “Global Integration Zone”, it will be necessary to develop greater protagonism economically. To distinguish itself form the “Pentagon”, one strategic possibility is for MEDOC cities and sub-regions to develop complementary functions with one another, resulting in a sturdy polycentric system of cities and regions. Level of Specialisation (DATAR 2002) URBAN PROFILE OF SEVILLE Population:709,975 inhabitants Surface Area: 141 Km2 Metropolitan Area: 22 municipalities, 1,084,430 inhabitants. Principle economic activities • Commerce, Light Industry. • Real Estate, Business Services • Tourism and Hotel. Industry is diversified with the following key sectors: • Graphic arts, paper and printing, light manufacturing. • Chemicals, Precision instruments, Food & Beverage, Tobacco and Wood • Electricity, Gas and Water. 106 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 107 PROJET PILOTE SEVILLE MAIN COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORLD CLASS ELEMENTS” • Historical and Cultural Tourism. • Quality of Life. • Facilities and Infrastructure for Economic Activities. • Exterior Image of the City. BASIC PRIORITIES IN SEVILLE • Collective Urban Project for the Future. • Capacity of the City to Compete Internationally. • Telecommunications Infrastructure. • External Image of the City. 107 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 108 PROJET PILOTE SEVILLE CRITICAL DEFICIT IN SEVILLE • R&D Activities and New Technology. • Public Transport options. • Public Housing options. URBAN FACTORS OF ATTRACTION AS A”BUSINESS PLACE” OF SEVILLE • Quality of Space and Life of a Medium-Sized City. • Geographic Location and Capital Status. • Facilities and Infrastructure for Economic Activities. 108 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 109 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN PROFILE OF MALAGA Population: 560,017 inhabitants. Surface Area: 385.50 Km2. Metropolitan Area: 750,000 inhabitants. Principle Economic Activities: • Mainly service. Tertiary activities. • Commerce and Hotels • Traditional fishing port • Cement, food, light manufacturing. MAIN COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORD CLASS ELEMENTS” • City and Museum of Pablo Picasso • Technological Park of Andalusia (Parque Tecnológico de Andalucía – PTA) • Climate and Light / Location on the Costa del Sol • Pablo Picasso International Airport • Attraction and Capacity for Tourism 109 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 110 PROJET PILOTE SEVILLE BASIC PRIORITIES IN MALAGA • Creation of an “Urban Port”. • Transport Infrastructure. • Universities and New Technologies. CRITICAL DEFICIT IN MALAGA • Surface Infrastructure and Urban Traffic. • Ecological aspects (use of clean technologies, environmental sustainability …). • Port-City relationship. 110 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 111 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN FACTORS OF ATTRACTION AS A”BUSINESS PLACE” OF MALAGA • Infrastructure for Economic Activities. • Infrastructure for Tourism Activities. • Parque Tecnológico de Andalucía (PTA). • Geographic Location and Waterfront. URBAN PROFILE OF BARCELONA Population: 1,508,805 inhabitants. Surface Area: 10.096 Ha. Metropolitan Area: 33 municipios, 2,972,870 inhabitants. Surface Area: 585,17 Km2, Principal Economic Activities: • Industry (Construction, Manufacturing, Textile,Publishing). • Business Services, Commerce. • Transport, Banking and Hotels. • Commercial Port. 111 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 112 PROJET PILOTE SEVILLE MAIN COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORD CLASS ELEMENTS” • Strategic Geographic Position. • Scale and Quality of Urban Spaces and Architecture. • Quality of Life / Quality of Place. • Capacity to generate and lead social and cultural projects. • International Image of a Dynamic and Open City. BASIC PRIORITIES IN BARCELONA • Telecommunications Infrastructure. • Transport Infrastructure (especially Airport and High Speed Rail). • Education and R&D activities. • Being Internationally Competitive. 112 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 113 PROJET PILOTE SEVILLE CRITICAL DEFICIT IN BARCELONA • Transport Infrastructure (Air, Rail and Road). • Housing options and accessibility. • Education and R&D activities. • Cleanliness of City. URBAN FACTORS OF ATTRACTION AS A”BUSINESS PLACE” OF BARCELONA • Geographic Location within Europe and MEDOC. • Universities and Intellectual Capital. • Combination of Mediterranean Lifestyle and Business Efficiency. • Economic Clusters linked to Design, Fashion and Art. • Urban and Natural Environment. 113 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 114 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN PROFILE OF MARSEILLE Population: 797, 491 habitantes Surface Area: 24.062 Ha Metropolitan Area: 18 municipalities; 1,400,000 inhabitantes, 564 sq.km Principal economic activities: • Commercial Port: Cruise Liners and Containers • Industry. • Services Sector Main industrial sectors: microelectronics, telecommunications, helicopter assembly, food, petrochemical platform, chemicals, textile, pharmaceuticals, multimedia. MAIN COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORD CLASS ELEMENTS” • Cultural Integration / Cosmopolitan City. • Geographic location, Harbour and Seafront and Natural Spaces. • Facilities for Urban Tourism, Events and Business. • Logistics, Aeronautics, Energy and Chemical Clusters. 114 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 115 PROJET PILOTE SEVILLE BASIC PRIORITIES IN MARSEILLE • Industries based on New Technologies. • R&D Activities. • Being Internationally Competitive. • Cleanliness/External Image of the City. CRITICAL DEFICIT IN MARSEILLE • Urban traffic, parking. • External image of the city. • R&D activities and New Technologies. • Economic infrastructure. 115 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 116 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN FACTORS OF ATTRACTION AS A”BUSINESS PLACE” OF MARSEILLE • Transport infrastructure and logistic capabilities (Port, Airport, TGV, Roads). • Geographic Location on Fast Growing Mediterranean (Sun Belt). • Creation of Business Centres and Technology Parks. • Quality of Life / Lower Cost of Living. • Educational level / Nearby Universities URBAN PROFILE OF LYON Population: 445,274 inhabitants. Surface Area: 4.787 Ha. Metropolitan Area: 55 municipalities; 1,600,000 inhabitants; 550sq.km. Principal Economic Sectors: • Banking, Commerce. • Industry. • Tertiary sector, business services Industry: biotech, pharmaceuticals, telecommunications, chemicals plastics, cars, logistics, transport, textiles and fashion. 116 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 117 PROJET PILOTE SEVILLE COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORD CLASS ELEMENTS” OF LYON • Historical and Cultural Patrimony (UNESCO, Dance Festival, Gastronomy). • Quality of Life and Cultural Facilities. • Certain Economic Sectors: Biotechnology, Medical Research, Fashion, Pharmaceuticals. • Place of city within networks and hubs. • Diverse and cosmopolitan city. BASIC PRIORITIES IN LYON • Attractiveness of the Urban Image of the City/Cleanliness • Collective Project for the City • Airport-City Connection 117 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 118 PROJET PILOTE SEVILLE CRITICAL DEFICIT IN LYON • Airport-City Connection • Urban Spaces in the City • Housing – Accessibility and Variety • New technologies: companies, science parks, education URBAN FACTORS OF ATTRACTION AS A”BUSINESS PLACE” OF LYON • Quality of Life of a Medium-Sized City. • Geographic Location. • Competitive sectors: Informatics and Logistics. • Universities / research. • Equilibrium between economy and quality of life. 118 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 119 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN PROFILE OF GENOA Population: 632,000 inhabitants. Surface Area: 257.39 sq.km Metropolitan Area: 67 municipalities; 903,000 inhabitants; 1,838 sq.km Principal economic activities • Industry (heavy industry, iron/stell, shipbuilding. • Services, tourism. • Commercial Port COMPONENTS OF EXCELLENCE AND “WORD CLASS ELEMENTS” OF GENOA • Cultural and Architectural Patrimony. • Port and Maritime Tradition. • Strategic Location on Mediterranean and Southern Europe. • Quality of Climate and Surroundings. • Strong local identity. • Gastronomy. 119 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 120 PROJET PILOTE SEVILLE BASIC PRIORITIES IN GENOA • Commercial Port. • Historical Centre. • Quality of Surrounding Landscape and Environmental Sustainability. • Quality of Education. • R&D Activities. • Transport and Logistical Infrastructure. CRITICAL DEFICIT IN GENOA • Capacity of City to generate Employment. • Science and Technology Parks, R&D activities. • Transport and Logistical Infrastructure. • Cooperation between municipalities. 120 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 121 PROJET PILOTE SEVILLE URBAN FACTORS THAT MAKE GENOA ATTRACTIVE AS A”BUSINESS PLACE” • Commercial and Tourist Port. • Strategic Geographic Location. • Enterprising Spirit of the Genoese. • Infrastructure for Economic Activities. 121 Strategic Location: Cartuja 93 is located close to the Historic Centre and has good transport connections, and makes good use of the urban legacy of the 1992 Universal Exposition. New Technologies and Education: Cartuja 93 ha become one of the major sources of employment in Seville, particularly in positions related to R&D and High Technology. Within Cartuja, there are university centres, and other training centres. These centres (public and private) prepare human resources for the companies installed in Cartuja 93, and there is a close relationship between the productive sector, research and training. 9. Tecnópolis. The Cartuja 93 Technology Park forms part of the new typology of spaces dedicated to innovation based on the excellent R&D activities and its infrastructure and facilities.The principal difference with the similar spaces in Spain is its loction within the city, next to the Historic Centre, and well connected to the Airport, the High Speed Rail, the River Port and the network of highways. After the initial years, the objective of Tecnópolis to become, through innovation, an economic space where companies, R&D centres, and universities can contribute to the modernization of the Andalusian economy and generate synergy, vision, training and the transfer of technology. The objective of the second phase, which has just started, once the land available ithe existing park as been fully taken u is the manage the rapid growth of building construction without changing the model of excellence of the park and the construction of rental units for Smal l and Medium Enterprises (PYMES) To encourage the creation of technology jobs. To be a new model for Technology Parks, a new economic space where companies, research centres and universities can be located,that will favour the modernization of Andalusia s will as favour the transfer of technology, research results and the training of human resources. Location: ISLA DE LA CARTUJA (Expo 1992 grounds) Phase 1: 1993 2003 THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” The Cartuja 93 comprises: 1. Monastery of Santa María de las Cuevas, currently the Instituto Andaluz del Patrimonio Histórico. 2. Puerta de Triana, formed by the Pabellón de la Navegación and the Omnimax Cinema; 3. Palenque, a space forcongresses, cultural events, etc; 4. Auditorium, for congresses, cultural events, etc; 5. Teatro Central, the first new exper mental theatre in Spain; 6. Isla Mágica, an urban theme park; 7. Alamillo Park, principle green lung in Seville with an area of 894.000 m2; 8. Sports Facilities, which occupy some 335,000 m2, including the Olympic Stadium of Seville. MEASURES TOWARDS : TECHNOPOLIS, CARTUJA 93 To give new use to the faculties of the 1992 Universal Expo. PROJECT City: SEVILLE CASES STUDIES DESCRIPTION FROM OBJECTIVES DATA 5• LEARNING 10:17 The universities and laboratories play and important role in Cartuja 93. Within Cartuja, we find the Escuela Superior de Ingenieros Industriales, the Escuela Superior de Ingenieros Aeronáuticos, the Facultad de las Ciencias de la Información, the Instituto de Bioquímica Vegetal y Fotosíntesis, the Instituto de Ciencias de los Materiales and the Instituto de Investigaciones Químicas, and possibly the Instituto de Investigaciones Biomédicas and the Centro Nacional de Partículas. In a study realised in 2002 about the over 200 companies within the Park, 82% of the economic activities were generated by High Technologies, while other Advanced Services generated another 13%. 21/09/04 In the first phase (1993-2003), Cartuja has become an important motor of the knowledge industry in Andalusia, and powers its "second revolution". With a built-up area of 500,000m2, it is nearly full capacity. Currently, it has over 200 companies and close to 10,000 workers who are highly qualified (75% with professional degrees) and young (1/3 are under 30). The companies in Cartuja 93 generates 1,200 million euros of business annually. Innovation and R&D is the basis of the dramatic changes in the global economy. They are the principle factor of co petitivity for companies, regions and countries. Both Cartuja 93 and Aeropolis are represented in the major nati nal and international associations of science and technol gy parks, are examples of the efforts realized by the city of Seville to position itself within the European economy, exploiting its potential - human, economic and physical. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED pilot_seville Page 122 PROJET PILOTE SEVILLE To complement the promotion of industries related to mobility and transport. To manage the sale of park space to a e r o n a u t i c companies and offer services to improve competitivity. Location: METROPOLITAN SEVILLE, near the Airport Surface Area: 500.000 m2. PROJECT The Park will have: 1. Business Incubator; 2. Business Centre; 3. Special "Observatory" to review latest trends in the sector; 4. Special training Centre; 5. Aeronautical Innovation and Technology Centre; 6. Hosts www.aeropoli.net 2. Aerópolis has modern facilities and infrastructure to meet the requirements (technical, design, fabrication, engineering, financial) of the sector, as well as meeting human resource requirements (sports and leisure facilities). Collaboration between Business and Academia: through the creation of research institutions that seek out commercial applications for research findings. Diversification of Economy: Aerópolis is an important step towards specialisation of the Andalusian economy, to diversify it and to improve its competitiveness among the European regions. The assembly of the new Airbus A-400M in Seville include aircraft delivery,so it is necessary to create a Delivery Centre where test flights and crew can be trained and where maintenance can be undertaken. The aeronautic industry has an enormous capacity to dynamite and mdernise the economic health of a region. Thus, it is impossible to overestimate the importance of the Aeropolis project for Seville (both city and province), alongside other regional projects linked to the aeronautic industry such the extension of the Airbus factory in Puerto Real, and the new installations of EADS-CASA in Puerto de Santa María. Given that the aeronautic sector will generate large volumes of sub-contracts, the project will give an important technological push not only for Metropolitan Seville, but also for Andalusia. With the creation of Aerópolis, Seville will be able to reduce a major deficit that has dogged the andalusian economy, i.e., lack of diversification, and has positioned itself on the vanguard of a growing economic sector. The province of Seville has traditionally been one of the centres of the aeronautic industry in Spain. Aerópolis will therefore give Seville and Andalusia a renewed role as the principle aeronautic centre of the country. The aeronautic industry has great "clustering" effect: it needs many different types of materials, uses technology from different sectors, and has a close relation between direct and indirect employment, generating for example four indirect jobs for every new one created. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED 10:17 1. Strategic location next to the Seville-San Pablo airport and the new EADS-CASA hangers where the new Airbus A-400M will be assembled. The site is also connected via de A-4 and future Se40 highways. MEASURES TOWARDS THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” Metropolitan Seville: Although located in a neighbouring municipality, the development of Aerópolis is closely tied to its location within Metropolitan Seville and proximity to the Seville Airport. The city also offers attractive housing, educational and leisure opportunities that helps in attracting companies and investments. : AEROPOLIS The Aerópolis (Parque Tecnológico Aeroespacial de Andalucía) was created to house the emerging aeronautical cluster to help it become more competitive at the european and international levels. It is support on two main advantages: DESCRIPTION CASES STUDIES 21/09/04 Potential built-Up Area: 250.000 m2. To drive the aeronautical sector in Andalusia by bringing together complementary industries in an area designed with the latest technologies. OBJECTIVES FROM Municipality: SAN JOSE DE LA RINCONADA DATA 5• LEARNING pilot_seville Page 123 PROJET PILOTE SEVILLE Malaga Cultural: The rehabilitation of the Historic Centre consolidates the cultural fabric of city. This helps the socio-economic development of the city as the Historic Centre is transformed into a point of commercial and touristic attraction. In addition, the Special Plan for the Remodelation of the Port will transmit an image of Malaga as a modern city attractive to innovative companies. Social Equilibrium and Infrastructure: Together with the Special Port Plan, the revitalisation of the Historic Centre will endow the city with important infrastructure and correct imbalances in different parts of the city, particularly the more marginal areas. New Role for the Old City: The Historic Centre regains its image and economic potential. Mobility and connections with the rest of the city are improved. Becomes tourist destination and commercial zone. Consolidates role as social and economic motor of the city. a. Recuperation of brownfields and creation of social services and facilities. b. Relieving congested areas and creation of open spaces. c. Upgrading of infrastructure and buildings in the Historic Centre. d. Draw up of Colour Plan of the Historic Centre and the concession of subsides for the rehabilitation of the facades. e. e. Boosting the economic network by giving incentives to the small enterprises. 736,520,800 € of direct subsidies in productive fabric 82,520,800 € worth of private investment. 122 new jobs and 764 consolidated jobs since 1996. Encourage the e c o n o m i c development of the zone. 1st Phase (1995 - 1999), 2nd Phase (2000- 2006) Geostrategic Location in Spain and in Europe, the excellent communications with the exterior (port, airport and soon the AVE), the cultural heritage of great potential, the operations already realised (recovery of the Historic Centre and deteriorated neighbourhoods) are excellent starting conditions for the 2nd Phase. To rehabilitate and revitalise the physical and e nv i ro n m e n t a l aspects of the Historic Centre. City: MALAGA Location: HISTORIC CENTRE. THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” MEASURES TOWARDS RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED MALAGA The rehabilitation of the Historic Centre supports the economic development of Malaga, and the measures to reform the centre contribute to the consolidation of the cultural fabric that encourages socio-economic development through culture and a positive exterior image of the city. 10:17 On the other hand, in the current Knowledge Economy, leisure has an increasingly important role. In Cultural Sector in Malaga, thanks to the improvements in cultural and leisure faculties and services, the rise in urban tourism, has to be capable to meet this growing market. 21/09/04 • achieve dynamism and vitality of the urban surroundings • achieve a high quality of life, one that meets the basic needs of residents and who can enjoy a lifetime of economic, social and cultural opportunities, and which encourages new ideas and people with new ideas. The revitalisation of the Historic Centre is an indispensable condition to achieve the objective of the Strategic Plan of Malaga: PROJECT :REHABILITATION OF THE HISTORIC CENTRE OF DESCRIPTION CASES STUDIES The 2nd Phase (2000-2006) continues the task begun in 1995 by the 1st Phase, and extends the area of intervention to include the areas surrounding the Historic Centre. The project continues with the action lines of the earlier phase: OBJECTIVES FROM DATA 5• LEARNING pilot_seville Page 124 PROJET PILOTE SEVILLE Recuperation of industrial district of Pole Noun, reserving land for different uses: industrial, residential, commercial and services. Affordability housing: Construction of about 4000 social housing units; Maintaining a rental housing stock. Transport Systems: New metro station, extension of metro lines that serve Pole Noun, new tramway, etc. Te l e c o m m u n i c a t i o n s I n f r a s t r u c t u r e : Underground cabling infrastructure for existing operators with space provision for future operators; antennas/wireless transmission network on each block. Cleanliness of City: Pneumatic system for garbage, collection system to encourage recycling, street cleaning The future of Barcelona as Business Place depends on its capacity to integrate new information and communication technologies, and to intensify tertiary sector activities. The modification of the Plan is manly directed towards promoting and developing these activities. There are instruments developed: 1. 22@BCN, the modification of the General Metropolitan Plan for the renovation of the Pole Noun area. The industrial lands formerly categorised as 22A are re-classified as 22@. Incentives are established for the transformation of the current activities and to attract new ones. 2. PEI, the Special Infrastructure Plan, forms the basis of the objectives of the modification of the General Metropolitan Plan. It is aimed at renewing the infrastructure systems in the area, paying attention to: a. Sustainability: reducing noise pollution, encouraging use of renewable energies, public transport and energy saving. b. Offering competitive services. Offering solutions to attract services that did not previously exist. c. Common, public spaces to an important support of the infrastrycture. Complete re urbanization of the area. Area: 198.26 Ha. 115 Blocks 800,000 m2 of housing, of which 25% are rental units 75,000 m2 of office space 145,000 m2 of facilities 100,000130,000 new jobs MEASURES TOWARDS THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” Adapt existing General Plan to stimulate and attract new e c o n o m y activities : 22@BCN City: BARCELONA Location: POLE NOUN PROJECT DESCRIPTION CASES STUDIES OBJECTIVES FROM DATA 5• LEARNING 10:17 So that new production centres can be well integrated into the area, advanced infrastructure systems, R&D and training are required. The Special Infrastructure Pan (PEI) will position the Pole Noun area to house these new centres. 21/09/04 The improvement of infrastructure systems and facilities, and environmental quality will convert the Pole Noun area into an attractive place for productive economic activities based on innovation and creativity. The modification of the Plan is aimed at promoting and developing activities related to new technologies. The Plan aims to strengthen Barcelona's Cluster of R&D, design, publishing, culture, multimedia etc. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED pilot_seville Page 125 PROJET PILOTE SEVILLE Budget: 450 million Euros. To restructure the urban landscape behind the port to accommodate offices and businesses etc. d. Improve quality of life in the districts. Towards "balances" districts (jobs, facilities, housing). a. Reinforce economic development and job creation. Consolidate the existing economy based on developing tertiary activities that support the maritime, port and other major industrial sectors. Encourage the diversification of activities in complementary economic sectors. Improve the b. Accentuate the projection of Metropolitan quality of life in Marseille with new cultural and education/training the districts. facilities. The zone to become an innovative space for new cultural and artistic activities that contribute to the dynamics of the economy and be the basis of a new economic sector. To attract c. Improve architectural and urban quality. The 10,000 new strategic includes measure to facilitate accessibility residents of the edges and public transport, as well as create to the zone. favourable conditions to accommodate major facilities by the public and private sectors. The district of La Joliette will become a new centre to live and work, with 180,000 m2 of office space, 1,000 new or reformed housing units, education, parking and hotel facilities. already 250 business are located here. The Arenc district and the former docks until St Jean with a surface area of 110 hectares and 2.7km of waterfront will be transformed into the Cité de la Méditerranée, a zone of business, leisure and culture, including the Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, the Centre de la Mer, Exposition Centre, Library and Regional Archives.The Esplanade of the Cathedral will also be reformed. Geostrategic Positioning: The complete development of Euroméditerranée will endow the Marseille with business, cultural and leisure facilities that could position the city as a reference point in the Mediterranean and within Europe. The project will permit the re-structuring of the inner Port area and its integration with the rest of the city. New Technologies & Multimedia: The district of Belle de Mai is being transformed into a space for patrimony, culture and multimedia through projects such as the Archives de Marseille, the Centre Interrégional de Restoration et de Conservation du Patrimoine, and the ’Incubateur national multimédia éducatif et culture. In addition, space is provided for audiovisual and multimedia companies. Housing:The Rue de la République will be rehabilitated and new tramway put in. More than 60,000 m2 of commercial space and 3,800 housing units will be reformed. Mobility & Transport: The historic Saint Charles railway station has been restored to accommodate the TGV trains. The spaces are being reconditioned to be a multimodal interchange. The surrounding areas are also being reconditioned, and will include hotels, offices and the first school of internet technologies in France. L Facilities and Infrastructure: Euroméditerranée recovers an important part of the city that has been suffering from lack of jobs and quality facilities. THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” MEASURES TOWARDS EUROMÉDITERRANÉE The Plan promotes the diversification of complementary activities such as new generators of jobs based on high technologies, R&D, communication and multi-media. Also, the development of tertiary support services for port and maritime activities, and other major economic sectors. Marseille will recover a strategic zone next to the Port and the centre of the city. Marseille is experiencing an important economic and social change, accompanied by urban developments, cultural transformation and the dynamisation of its districts within the project area. The construction of the tunnel along the cathedral will recover the waterfront for the city and improve intraregional connections between Marseille and its metropolitan area. Spaces previously occupied by viaducts will be recovered and re-used for new spaces and/or infrastructure for the city. Between 1995 and 2002, Marseille and its metropolitan area undertook a development strategy which has begun to bear its first results. Marseille has become an important services centre in Southern Europe and thousands of jobs have been created. The commercial and port functions of the city has been a constant throughout the history of Marseille. However, the crisis provoked by the industrial changes in the last fifty years has left the city unable to react until the 1990s. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED 10:17 Encourage urban and architectural quality in the new spaces and buildings. Given its strategic location in the city, the proximity and accessibility to the Port and airport, the recuperation of the zone is essential to achieve the economic objectives and the aim of creating new jobs. The programme is based on four areas of action to accelerate the development of the Metropolitan Marseille. : To reinforce economic development and job creation. To give culture and education / training new roles with important facilitates. PROJECT DESCRIPTION CASES STUDIES OBJECTIVES FROM 21/09/04 Location: La Joliette, L´Arenc, Belle de Mai, Saint Charles, Av de la Republique, Cité de la Méditerranée Surface Area: 311 Hectares City: Marseille DATA 5• LEARNING pilot_seville Page 126 PROJET PILOTE SEVILLE PROJECT Meeting Housing Needs: The Residential Programme includes the construction of different housing options for different income classes. Mobility and Connectivity: Special attention is given to develop public transport in the city, such as the extension of the tramway to integrate the Confluence with the rest of the city. The execution of the Confluence project will give reason for the construction of a new ring road, which will allow the conversion of the actual highway which runs along the banks of the Rhône river . Between 2005 and 2007, the projects to be completed are the Place des Archives, the extension of the tramway, the Place Nautique, the railway viaduct, leisure centre, and the Musée Confluence. The 1st Phase is expected to be completed in 2015. The Project envisions a new urban fabric that extends over the entire Confluence whose origins date to the founding of the ancient city, with the same density and mixture of uses as the historical centres in Europe, but with more green and open aeras. To create a new neighbourhood in the centre of the city to strengthen the influence of Greater Lyon internationally. To develop innovative and attractive urban spaces. To recover the old industrial and logistic zones of Perrache. Location: Southern half of the presquille, the peninsula formed by the rivers Asoné and Rhône and to the north by the Perrache railway station. Budget: 780 million Euros for the 1st Phase 16,000 New Jobs THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” MEASURES TOWARDS LYON CONFLUENCE From the Old Economy to the New: The Project contemplates the conversion of old industrial land and the reconversion of old industrial buildings to house tertiary service activities. : The project unifies the intervention zone through a system of green spaces that interlinked with the buildings, which will be of a similar height and density of the northern part of the Presquille. The first phase will comprise importance public facilities and will take place in area of about 41 hectares include the Place des Archives and the SW sector, as well as the musée Confluence and the Pont Pasteur. DESCRIPTION CASES STUDIES To endow Lyon with the means necessary to transform this area in the centre of the city so that it can provide jobs and services, with facilities and activities that characterise major capita cities. OBJECTIVES FROM City: LYON DATA 5• LEARNING To guarantee quality of the interventions, open architectural and urbanism competitions will be organised. 10:17 The project will allow the city the means to attract and locate in the very centre of the Metropolitan Area, new jobs, services, institutions, and to host large events. 21/09/04 Lyon Confluence and the other projects reinforce the economic and industrial fabric of the city, increase the high-tech companies, and provoke more the trips to the city (airport, TGV) and within the city (airport-city, tramways) The development strategy seeks to maintain an equilibrium of green spaces, cultural spaces, housing, companies and public transport. The location of the Lyon Confluence project permits the development of residential and cultural areas and the transformation of the Perrache areas into a competitive space. Parallel to the process of metropolisation, Lyon has, over the last decade undertaken projects to recover different parts of the city (La Part Dieu, Gerland, Perrache…) and as instruments to resolve distinct problems facing the city: territorial fragmentation, social cohesion, environmental management. These projects were also undertaken to open the City Centre and tocreate new centralities. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED pilot_seville Page 127 PROJET PILOTE SEVILLE Mixed use: Contemplates the mix of difference uses within the area: industrial, education, residential, commercial, cultural and sports. In addition to guaranteeing complete urban integration of the complex with the city, it will also avoid having large areas without use during long periods during the day. Image of the City: The architectural and urban quality has especial importance. For this reason, Renzo Piano has been commissioned, not only for quality design but also in order to have a greater international impact. Connectivity: Excellent connections with the airport and the port (the most important 0container port in the Mediterranean. Located in the western section o Metropolitan Area of Genoa, and designed by Renzo Piano, the Project (known as the Leonardo Project) proposed a "high tech city" that will not only provide productivespaces for companies, laboratories, institutions etc, but also housing and as well as cultural, commercial and sports facilities. One part of the available space is reserved for companies and research institutions working on the "technological frontiers": nono-technology, life sciences etc that will attract venture capitalists. High tech industries requires adaptable, flexible and synergetic spaces. In the design phase, the project proposes the construction of 12 towers of 100-165m, over a podium of a few storey and surrounded by a large park. In addition, 30,000sqm of solar panels are proposed, together with solar and wind energy sources. Convert Erzelli hill into a factory of ideas, intelligence, vibrancy, dynamism and culture. Budget: 500-600 million Euros Designed for 200 companies and 6000 new jobs . Education, R&D and Synergies: Part of the area will be reserved for educational uses, such as university faculties and research centres, which in turn will facilitate links between academia and the private sector. Capacity to Generate Employment: The area can accommodate more than 250 companies and create more than 10,000 new jobs. 30% for complementary uses. 10:17 After the economic and social crisis of the previous decades, Genoa seeks a new role in the global economy, and new ways towards political, economic and social development. The Port end the mercantile traffic continue to be one of the key pillars of the city's economy, but the city looks towards technology and cultural tourism as well. The development of the Erzelli Technology Park represents for Genoa and its Metropolitan Area, a significant opportunity for growth and industrial/economic regeneration. The new economic strategic vision for Genoa is a port,cultural and tourist city, oriented towards service, and with technology sectors such as electronic and informatics. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED 21/09/04 Space: 350,000 m2 of available space, 70% for technological use. Connection with City:The Erzelli technologypark is located within the Metropolitan Area of Genoa, and will therefore avoid the isolation the traditional science/tech parks located outside the city faces. THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” The Project comprises 350,000 sq.m of space, of which 70% will be dedicated to technology activities, R&D laboratories, training centres, business incubators etc. MEASURES TOWARDS ERZELLI TECHNOLOGIE PARK Transform the heavy industry sector in Genoa to lightindustry. : City: GENOA Location: Collina di Erzelli (to the west of the city, near the airport) Surface Area: 450,000 m2 PROJECT DESCRIPTION CASES STUDIES OBJECTIVES FROM DATA 5• LEARNING pilot_seville Page 128 PROJET PILOTE SEVILLE PROJECT Transport and Mobility: The tunnel is expected to reduce traffic by about 15% and improve the traffic circulation in the City Centre. Image of the City: The tunnel will permit the demolition of part of the elevated highway that currently is an eyesore along the waterfront, to recover the visual integrity of the historic waterfront. Connecting Two Components of Excellence: The demotion of the viaduct continues the process of transforming the Old Port, will allow the Old Port to be better integrated with the Historic Centre. 1. EXCAVATED TUNNEL: Two parallel tunnels to be excavated, each 720m long and 35m below the bay, with a capacity of 6000 vehicles per hour. A three-storey parking structure for 3000 cars and 60 buses is also proposed. 2. PRE-FABRICATED TUNNEL: Consisting of prefabricated modules placed on the bottom of the harbour. Eliminate the visual impact of the elevated highway between San Benigno and Piazza Cavour. 10,000 Jobs GENOA Renovation of urban infrastructure systems of the city, and to adapt them to the new technologies, designs and new requirements regarding visual impact. THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” MEASURES TOWARDS TUNNEL BELOW THE PORT OF Budget: 450 million Euros : Connectivity:The tunnel will greatly improve the connection between the port and the highway network, as well as between different parts of the port, and with the Exhibition Centre. DESCRIPTION CASES STUDIES Resolve the access to the Old Port currently via the elevated highway. A underwater tunnel is proposed that will transverse under the harbour and permit a rapid connection between the port and the highway. There are 2 design options: OBJECTIVES FROM City: GENOA Reduce traffic that cross the Historic Centre of the Location: city. PORT ANTICO DATA 5• LEARNING 21/09/04 The Old Port of Genoa has been losing its relevance over the last decades. Since 1992, however, it has been slowly been transformed as a multifunctional zone of services and leisure. Currently, studies are being undertaken to redesign the Waterfront of Genoa. The project of the tunnel will contribute to the integration of the Old Port with the Historical Centre, and will strengthen the port-city of Genoa and its positioning within MEDOC and internationally. The Port of Genoa can increase its productivity and maintain its position within the Mediterranean. The connections between the Exhibition Centre with the airport, port and highways will improve Genoa's attraction as a city for expositions. RESULTS ACTUAL AND ANTICIPATIVED pilot_seville 10:17 Page 129 PROJET PILOTE SEVILLE pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 130 PROJET PILOTE SEVILLE 6• COMPETITIVE BUSINESS PLACES IN MEDOC: CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS EMPHASISE “QUALITY OF PLACE” The MEDOC cities, by virtue of the mild Mediterranean climate and way of life, and the relatively lower costs, already enjoy a high quality of life. This has been the basis of the region’s attractiveness for the tourism sector and as the EU’s “Florida” for the retirees. For MEDOC to be a competitive “Business Place”, it must first be realized that jobs alone cannot attract talent. The regions that successfully attract and retain the “Creative Class” must offer both a range of job opportunities and a desirable “Quality of Place.” These are places that not only have “Quality of Life” but also “Quality of Place”. “Quality of Place” is concerned with the variety and quality of the urban amenities and natural spaces that are available and is the key to the attraction and retention of intellectual resources that are needed to support the range of high-technology and creative industries. This group seeks out authentic places of fusion, innovation and creativity where they can live, work, play and learn. In the borderless EU context, these intellectual resources are increasingly mobile. This new “Creative Class” seeks out places that are diverse, tolerant and have a critical mass of like-minded professionals. For MEDOC to move towards a “Quality of Place” strategy does not mean starting from zero. The region already has many existing place-based advantages: authentic historical centres, an active coastline, a variety of economic facilities, as well an open attitude towards diversity. Thus, projects such as the recuperation of Malaga’s Historic Centre and Barcelona’s 22@BCN are important in (re)creating quality urban spaces towards successfully attracting and retaining talent. However, it must not be forgotten the natural environment is also an important part of the “Quality of Place” and efforts are being made to recover waterfront areas (Lyon Confluence, Barcelona’s Forum) and give them new value for new activities. FOSTERING METROPOLITAIN AND REGIONAL COMPLEMENTARIES Metropolitan regions around the world have a growing importance as engines of growth. Within the EU, regions such as Bavaria, Catalonia are already ranked more competitive than their respective countries. Local authorities have jurisdiction only over their municipal limits. It is only at the metropolitan scale that issues such as business development, education, tourism, environmental sustainability and transport infrastructure be resolved in a coherent way. As MEDOC seeks to define itself as a future Global Integration Zone, its cities need to develop greater complementaries with one another. Instead of duplicating all facilities and infrastructure, and competing head-to-head with one another, such facilities could be jointly developed or considered as a metropolitan resource. Projects such as the Parque Tecnológico y Aeronáutico de Andalucía (Aerópolis), which is actually located in the municipality of Rinconada next to the Seville airport, but capitalising on the established “brand” of Seville, is an example of metropolitan collaboration and marketing that should be encouraged as it can be “win-win” situations. 130 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 131 PROJET PILOTE SEVILLE The emerging sub-system of airports in Catalonia (Barcelona, Gerona and Reus-Tarragona) with Gerona and Rues-Tarragona meeting the requirements of “Low Cost” airlines is another example of regional cooperation. Another example could be the economic relations between Genoa and Milan (one of the axes of the ““Pentagon””), or the role of Malaga as the de facto “capital” of the Costa del Sol. Within MEDOC, there is clear that there are both similarities as well as important local and regional difference amongst the cities in the three countries. What is clear is that this richness, far from being a hindrance, should be fostered and that territorial coherence can develop through complementarities. For example, given their proximity, Genoa and Lyon can play the role as “hinge points” with the ““Pentagon””. Meanwhile, Marseille and Malaga could be “connectors” with North Africa, and Seville and Malaga with Latin America; etc. THE “CLUSTER OF EXCELLENCE” AS BASIS FOR STRATEGIC PROJECTS The “Cluster of Excellence” is the selective and inter-related set of urban “Components of Excellence” within the city that are, or have the potential to be, the basis of the city’s competitive advantage and the key to its success.These are the elements in the city that are especially attractive or successful from the social, economic or environmental point of view, particularly those that impact the physical form of the city and the structure of the metropolitan city region. In some cities, the “Cluster of Excellence” is already a tangible reality. In other cases, some components of the Cluster exist only as ideas or have yet to be invented.Then there are also cities where there exists recognisably exceptional opportunities that will make possible the development of a unique (or a renewed) “Cluster of Excellence” capable of generating competitive advantages, within its particular geo-political context, towards specific objectives (economic, social and/or environmental). Cities do not have unlimited resources, and they must choose between focussing exclusively on solving existing urban deficits or to reinforce its “Cluster of Excellence”. A carefully designed Strategic Project, based upon its urban components of excellence, will position it to better meet its objectives as well as resolve some of the deficits. For example, the revitalization of Malaga’s Historic Centre was based upon its “World Class” elements such as its location in the centre of the Costa del Sol, its architectural heritage and tourism potential, its claim as Pablo Picasso’s birthplace, and the port-city connection. The recovery of urban street and squares for the pedestrian and outdoor activities has recreated an urban heart for Malaga and strengthened its role as de facto economic and cultural capital for the Costa del Sol area.What are still lacking are the physical connections between the different components of excellence (e.g. Historic Centre, University, Parque Tecnológico de Andalucía etc), which the proposed metro line will help resolve. In the case of 22@BCN, the project is based upon Barcelona’s most important urban factors of competitive advantage: the scale and quality of urban spaces, the combination of Mediterranean lifestyle and business efficiency, and its urban economic sectors linked to design, fashion and art.The regeneration of a hitherto industrial-working class area of Poble Nou, Barcelona is positioning itself to attract the “Creative Class” it needs to maintain its competitive edge. 131 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 132 PROJET PILOTE SEVILLE IMPROVING MOBILITY AND INTERCONNECTIVITY The free movement of people and goods within its territory is a basic aim of the European Commission. The other aims of territorial, social and economic cohesion are contingent upon this free movement. To be one of the Global Integration Zones within the EU, it is absolutely that MEDOC improve both mobility and connectivity not only amongst its cities, and also with other Global Integration Zones. As evidenced by the C2M Pilot Projects of Lyon and Marseille, there is a severe lack of interconnectivity among the six cities participating in the project. The strong transport connections that the six cities, (perhaps Barcelona to a lesser extent), have is with their respective national capitals. This is a clear reflection of the current status of MEDOC: more wishful thinking than reality. However, since greater mobility of people and goods will likely induce greater demand and generate more economic activities, improving the different modal options (air, high-speed rail, roads, and even high-speed ferries) must be explored and infrastructure that are required and are appropriate (airports, rail stations, toll highways, ferry terminals, etc) should be put into place. A coherent transport strategy for MEDOC covering the major cities should be undertaken. This would be a blueprint for the public sector to intelligently allocating resources towards joint infrastructural projects. Shared with the private sector, it could stimulate private sector interest for example, in setting up new airlines or new bus/air routes. One thing is clear: unless there is a reasonable connectivity (road, rail or air) within MEDOC, it will not become a Global Integration Zone. CREATING OPEN NETWORKS AMONG MEDOC CITIES Innovation and creativity are fostered in open, tolerant societies that do not impede the free flow of ideas, intellectual or financial capital. Social and economic networks should also be accessible. In order to favour/foster a MEDOC identity, different networks should be created. Already, by coming together and participating in the C2M initiative, the MEDOC cities have taken the important first step towards creating a MEDOC network of cities. The objective of these networks is to encourage cities to share of experiences and to learn for one another. Indeed, one of the greatest competitive advantages for cities is the ability to learn from others. The networks could be “soft”, that is, more for the interchange of experiences and sharing of knowledge; while others could be “hard”, that is, collaboration for specific purposes of influencing regional policy or to develop an actual project. Understandably, many similar networks already exist. However, the suggested networks need to be specifically oriented towards MEDOC cities, otherwise the focus and effectiveness would be lost. For example, Malaga’s Parque Tecnológico de Andalucía (PTA) can lead a network of MEDOC Technology Parks; Marseille Port Authority could head the network of MEDOC Port Cities; the University of Barcelona can lead the network of MEDOC universities, etc. Other networks that specifically strengthen the attractiveness of the region as “Business Places” can also be created. These include networks of chambers of commerce, tourism offices etc. to promote intra-MEDOC activities or to promote MEDOC as tourist or business destination jointly. 132 pilot_seville 21/09/04 10:17 Page 133 PROJET PILOTE SEVILLE “MARKETING MEDOC” In his book,“Marketing Places Europe”, Philip Kotler emphasised that places, like products or services need to be marketed in a sophisticated way. Indeed, many communities and regions are competing with each other to create greater local prosperity. As individual cities or as regions, they are undertaking “city marketing”.With the EU now comprising 25 countries, the competition is expected to become more intense. In order to raise external consciousness of the MEDOC Global Integration Zone, it will be necessary to “market MEDOC”. The Tourism Offices and Chambers of Commerce can work together to produce promotional materials or prepare publicity strategies that cover the cities in MEDOC. They could also actively market/promote the MEDOC cities to one another. In this way, greater knowledge and collaboration could arise, which would induce greater connectivity and mobility . 133 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 135 PROJET PILOTE MALAGA LA RÉNOVATION DE L’INTERFACE VILLE-PORT INTEGRACIÓN DE PUERTO Y CIUDAD(1) (1) Traduction en français disponible sur CD-Rom pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 136 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 137 PROJET PILOTE MALAGA 1• CARACTERÍSTICAS GENERALES DEL PROYECTO El proyecto piloto que hemos estado desarrollando con las ciudades de Málaga, Barcelona, Marsella, Génova y Nápoles, forma parte de un programa más amplio de cooperación de metrópolis mediterráneas que abreviadamente hemos llamado C2M, incluido en la Iniciativa Comunitaria Interreg III B. LAS CARACTERÍSTICAS PRINCIPALES DE C2M HAN SIDO: • El fomento de la cooperación y el intercambio de experiencias entre territorios de ámbito mediterráneo, con el objetivo de reforzar su competitividad económica y social. • El desarrollo espacial policéntrico y equilibrado de los territorios de la Unión Europea, y concretamente los situados en el espacio Medoc mediterráneo. • El desarrollo de proyectos pilotos con ejemplos concretos de cooperación liderados por ciudades socias, que en el caso de Málaga tenia como objetivo la integración del frente marítimo en la ciudad, y más específicamente la relación puerto-centro histórico. En este sentido la importancia para Málaga del proyecto piloto residía principalmente en el aprovechamiento y capitalización de las experiencias realizadas en las ciudades socias que llevaban una ventaja temporal e histórica en la reorganización de sus espacios portuarios. Para aquellas ciudades socias que tenían en marcha avanzados procesos de integración puerto-ciudad, como Barcelona o Génova en mayor medida que Marsella este trabajo suponía una oportunidad de revisar estrategias comunes en la integración de los viejos espacios portuarios o de franjas costeras. El proyecto piloto también suponía la el conocimiento de sistemas de gestión comunes para llevar acabo la integración de los dos espacios habitualmente separados por muros o vallas, y que aunque vecinos operaban de forma no solo autónoma, sino a menudo antagónica. La integración física de ambos espacios ha posibilitado nuevas posibilidades económicas de desarrollo local, así como el fomento de la participación de entidades tanto públicas como privadas. 2• IMPORTANCIA DEL ESPACIO MEDOC La nueva relación entre espacios portuarios y ciudad que se viene produciendo desde los primeros años ochenta ha supuesto nuevas estrategias de desarrollo de los principales centros metropolitanos del Mediterráneo. Este hecho común de nuestras ciudades puede vincularse perfectamente con lo señalado por la Comisión Europea como objetivo de Interreg, es decir la necesidad de promover estrategias de desarrollo territorial coherentes y concordantes a nivel local y regional como a nivel de los grandes metrópolis, teniendo en cuenta el papel del gran impulso económico que desempeñan El proyecto piloto de las experiencias de integración puerto-ciudad tiene la vocación señalada en el programa de fomentar el desarrollo de la cooperación al nivel de grandes conjuntos urbanos metropolitanos para obtener partido de un patrimonio económico de 137 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 138 PROJET PILOTE MALAGA primer orden donde el potencial es insuficientemente explotado en razón que falta labores de ensamblaje y de coordinación de las funciones de servicios principales. El espacio mediterráneo que ocupa C2M, un arco entre Málaga y Nápoles, coincide parcialmente con uno de los ejes principales de desarrollo económico de Europa, el arco mediterráneo que en las últimas décadas ha tenido un posicionamiento importante desde el punto de vista económico, frente a la clásica dorsal de desarrollo europeo entre la Lombardia y Londres. Al mismo tiempo, el desarrollo de una región como el MEDOC supone potenciar los vínculos con el norte de África y con los pases emergentes que tienen fuertes vínculos económicos con Francia, España e Italia. 3• COMPARACIÓN DE LAS ESTRATEGIAS PUERTO-CIUDAD EN LAS METRÓPOLIS SOCIAS La reciente preocupación por la recuperación de los centros históricos, iniciada en algunas ciudades en los años setenta, parte de la percepción de que el crecimiento urbano producido desde el siglo XIX y acelerado en los últimos cuarenta años no puede ser indefinido, y que junto a la ampliación más moderada de la ciudad nueva, había que volver la mirada a la vieja ciudad medieval preexistente. De hecho el centro histórico de una ciudad no es solamente el área de mayor antigüedad, sino que se configura como un espacio cargado de valores polivalentes y con una función simbólica que representa la imagen de la ciudad. El emplazamiento físico como barrio más antiguo ha posibilitado durante años que centralizara las funciones comerciales, financieras, culturales y de ocio, al tiempo que sustentaba el contenido histórico y monumental de la ciudad. Estas características hacían coincidir el centro físico e histórico de la ciudad con el área de centralidad económica y social, concepto que en los últimos años se ha ido modificando gradualmente al ampliarse esta función hacia nuevas áreas situadas en los ensanches o en los espacios periféricos de nueva creación (centros multifuncionales con vivienda, centro comercial y de ocio). Las transformaciones producidas en la ciudad histórica desde los años cincuenta que han producido su degradación morfológica, funcional y social han supuesto básicamente cuatro tipos de procesos: 1. Un brusco cambio demográfico, ya que la población del centro ha ido disminuyendo paulatinamente (la ciudad crecía hacia el exterior) al tiempo que envejecía al no producirse renovación generacional. En los últimos años comienzan a instalarse en las zonas más degradadas de la ciudad antigua población inmigrante que ocupa las “únicas” viviendas disponibles de la ciudad. 2. Obsolescencia de la edificación. El escaso, por no decir nulo, mantenimiento de una gran parte de los edificios ha producido una condiciones precarias de habitabilidad. En muchos casos la antigua legislación de arrendamientos urbanos afectaba negativamente el mantenimiento de la edificación, fomentando la renovación en los espacios o recorridos 138 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 139 PROJET PILOTE MALAGA más céntricos, donde en los años setenta y ochenta se sustituyen edificios de viviendas en semiruina por oficinas, en lo que se ha conocido como terciarización. 3. Degradación social. La carencia de vivienda en buenas condiciones, expulso a la población que disponía de condiciones económicas para irse a la periferia de la ciudad, dejando en el centro antiguo a la población residual con escasos recursos económicos. 4. Declive económico. En énfasis en el crecimiento urbano de la ciudad nueva produce una escasa actividad inversora publica en infraestructuras. La degradación física del centro y la disminución de población se ve acompañada por el progresivo cierre o traslado de comercios tradicionales, al tiempo que en los recorridos centrales se produce una fuerte competencia por la obtención de suelo, consecuencia de la progresiva terciarización por parte de instituciones financieras, oficinas, y en los últimos tiempos comercios en régimen de franquicia. Málaga es un buen ejemplo dónde el centro histórico era la referencia emblemática de la ciudad y dónde en las últimas cinco décadas ha ido perdiendo progresivamente el protagonismo como núcleo ordenador y estructuraste del territorio. A partir de 1960 el modelo económico de Málaga se orienta casi en exclusiva hacia el binomio servicios turísticos-construcción, lo que conlleva una gran expansión de la ciudad, duplicando su población en 20 años (1960: 250.000 habitantes, 1980: 503.000 habitantes, 2004: 547.000 habitantes). El rápido crecimiento de la oferta de servicios turísticos que con el tiempo se conocería como Costa del Sol, atrae a una población originaria de labores agrícolas deseosa de aumentar su escaso nivel de rentas. Físicamente se asienta en espacios centrales de infravivienda y en la periferia de la ciudad, que crece de forma masiva y desordenada, con grandes problemas de desurbanización y degradación del medio ambiente. La fuerte dependencia de elementos exógenos para el desarrollo económico de la zona, como es el turismo, actúan de forma dual sobre la organización y el crecimiento urbano. Por una parte, posibilita la mejora del nivel de renta de la población y de empleo estable. Por otra, el modelo de desarrollo expansivo empleado deja de lado el entorno ambiental, que con el tiempo se va a convertir en un lastre para la ciudad actual. El considerable crecimiento de la metrópoli se realiza hacia el exterior de la misma, quedando el centro histórico marginado en el proceso de transformación de la ciudad. Este área constituida por el espacio comprendido en la antigua muralla árabe Nazarí, y los barrios populares adyacentes ha permanecido prácticamente inalterado en su estructura morfológica hasta los años noventa. Contrariamente a la tendencia de rápido crecimiento de población que se ha producido en la ciudad, el centro histórico ha ido perdido población de forma continuada hasta 2000, cuando empezaron a sentirse las actuaciones de rehabilitación iniciadas en 1994. En el ámbito del PEPRI, la población ha pasado de 30.478 habitantes en 1975 a 25.681 en 1981, a 20.840 habitantes en 1999, su momento más bajo, y a 21.816 en 2002. En el ámbito más restringido de la antigua ciudad amurallada, el centro histórico, ha pasado de 8.968 habitantes en 1981 a 5.213 habitantes en 1999, limite de decrecimiento de la 139 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 140 PROJET PILOTE MALAGA población, y a 5.425 habitantes en 2002, lo que supone un crecimiento de población entorno al 1% anual, después de llegar a 1999 con decrecimientos anuales del 3,5 %. En la misma medida que la ciudad crecía en población, el centro histórico lo hacia en sentido negativo. Esta disparidad de tendencias se refleja igualmente en la composición de la población, joven en el conjunto de la ciudad y envejecida en el centro histórico. Así, al intervalo de edad de 0 a 18 años pertenece el 22% de la población de Málaga, y el 17% ( en 1995 el 12%) del centro histórico. Igualmente la población mayor de 65 años supone en la ciudad el 15%, y en el centro histórico el 27% ( el 34% en 1995). En 1994, las características de habitabilidad del Centro indicaban una población envejecida, poco móvil y habituada a unas relaciones sociales de vecindad especifica, donde predominan los ancianos, los solteros y los viudos de edad madura de ambos sexos, de un nivel económico bajo. Era poco habitual encontrarse con familias jóvenes con hijos. A lo largo de los últimos 10 años la tendencia de perdida de población se ha modificado, al igual que los componentes de edad, que aún siendo diferentes del resto de la ciudad, no tienen los niveles extremos de 1995. La mayor parte de la estructura física del centro histórico databa de cerca de un siglo, y no ha sido renovada desde antes de los años sesenta, con lo que desde entonces entro en una larga fase de degradación física, ambiental y social que condujo a la situación de partida en 1994, donde con la excepción de los itinerarios centrales de actividad comercial y de servicios que mantenían una cierta calidad de vida, el resto de la zona manifestaba unos indicadores claramente negativos respecto a otros espacios de Málaga, principalmente en calidad de la vivienda, nivel de equipamientos sociales y zonas verdes, deterioro medioambiental, obsolescencia comercial, inmigración, mendicidad y altas tasas de desempleo. En este sentido el proceso de marginación y aislamiento del centro histórico como pieza urbana de la ciudad, provoco no solo la perdida de población y el deterioro físico de sus calles y plazas, sino el abandono de sus capacidades funcionales como área central de la ciudad. Hasta los años setenta, existía una identidad entre centro histórico y área central de la ciudad, en su referente comercial, de servicios, recreativa y turística. La aparición de nuevos espacios urbanos con fuertes usos comerciales y de servicios, motivo la paulatina perdida de identidad y protagonismo del centro como núcleo ordenador de la ciudad. La situación estratégica de Málaga en relación a la conurbación de la Costa del Sol, plantea de forma obligatoria a la existencia de un eje litoral importante, capaz de conectar las zonas Este y Oeste de esta conurbación, que plantea el intercambio poblacional de un conjunto próximo a los dos millones de habitantes. Este eje litoral que conecta los espacios costeros del Litoral Este y del Litoral Oeste, tienen que pasar necesariamente por el espacio portuario de Málaga, afectándolo en la forma que mejor proceda, lo que está pendiente de estudio detallado, pero cuya existencia no se discute, sino la mejor adecuación de este elemento infraestructural a este espacio urbano. De esta perspectiva la actual implantación del Puerto de Málaga es un obstáculo para el desarrollo de esta ciudad, y es este el momento que, como en otros momentos de la historia de la ciudad, el espacio portuario debe aportar a la ciudad la solución a sus problemas, y no crear nuevos problemas que perjudiquen este desarrollo como se ha provocado con las ordenaciones propuestas en el Plan Especial del Puerto de Málaga, en tramitación. 140 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 141 PROJET PILOTE MALAGA En este sentido, se plantea como un hecho absolutamente necesario, que el actual espacio del Puerto de Málaga, adyacente al centro-histórico de esta ciudad, se ponga a disposición de su mejor desarrollo, pues esto es algo que a largo plazo beneficiará a Málaga, y al Puerto de Málaga como se ha demostrado a lo largo de su historia y por ello deben tenerse en cuenta muchas consideraciones que vamos a proponer en el presente informe, que no es consecuencia de la improvisación, sino de un meditado debate con personas implicadas de forma diferenciada, pero complementaria en el desarrollo de esta ciudad. Es por esto por lo que pensamos, que la adecuada ordenación del espacio portuario de Málaga, es una oportunidad, que se presenta cada mucho tiempo, que la ciudad debe aprovechar de la mejor posible, para potenciar las perspectivas de tipo funcional, que se han de desarrollar en esta ciudad a corto y medio plazo, lo que se debe situar en los Muelles 4 y 5 según denominaciones del Plan Especial del Puerto de Málaga. En este sentido, y siguiendo la nomenclatura de los distintos muelles de este plan especial, pensamos que las distintas funciones urbanas a acoger por el espacio portuario, responden a las exigencias que les plantea la ciudad en cada uno de ellos, y en consecuencia, de las relaciones que le impone su propio entorno, lo que expondremos a continuación de forma detallada para su mejor entendimiento. En este sentido, es importante estudiar la accesibilidad al nuevo dique del Puerto de Málaga destinado a cruceros, lo que es una actividad de gran interés turístico, que debe resolver los distintos accesos a la ciudad y a las salidas de esta ciudad hacia otras ciudades, lo que se debe resolver a través del propio espacio portuario o fuera de él, pero en todo caso, debe ser analizado y resuelto, teniendo en cuenta, que en el Suelo creado entre el Antiguo Dique de Levante y el Nuevo Dique, igualmente de Levante, puede ser objeto de desarrollo y que este comportará también unos flujos de tráficos, que pueden no ser despreciables. El Muelle 1 o del Paseo de la Farola es un espacio complementario del barrio de la Malagueta, y debe ser destinado a potenciar la oferta de restauración que ofrece este barrio, especializándose en algo que es peculiar de esta ciudad y su entorno, razón por la que debería desarrollar una “carihuela”o ”pedregalejo”de calidad, reforzada por una arquitectura bien diseñada y ejecutada de forma que constituya un referente de esta ciudad, y por ello, que se constituya en un punto de atracción turística respecto de toda la Costa del Sol, lo que implica una gestión intencionada e inteligente, que no necesite de “locomotora” comercial alguna como está demostrado en los referentes indicados, sino una buena dotación de aparcamientos por razones obvias. La ejecución de este muelle debe detenerse en el punto situado a la altura de la Calle VélezMálaga y dejarse libre el resto de este espacio hasta la Plaza de Torrijos, creando un espacio público sin edificación alguna. El Muelle 2 o del Paseo de los Curas, debe ser solución a las exigencias del tráfico del eje litoral y consolidarse el resto como una prolongación del Parque de Málaga, como lugar de estancia del espacio adyacente del centro histórico, y en especial del eje de Calle Alcazabilla, para convertirse en un lugar de descanso y relajación del turismo que accederá a este megamuseo y para los habitantes del centro histórico de la ciudad al conectarse este espacio con el eje de la calle Larios. 141 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 142 PROJET PILOTE MALAGA Estos espacios alcanzarán su mayor valor espacial y perceptivo cuando se convierta el actual Puerto de Málaga, la dársena flanqueada por los Muelles 1 y 2, en Puerto Deportivo de grandes Yates, lo que posibilita su calidad, para convertirse en una oferta turística única en el frente mediterráneo, no sólo español, sino en relación al europeo y africano, pues es una oferta, en la forma que se puede plantear en Málaga, difícilmente se puede plantear en otro lugar de este espacio geográfico. La consolidación de estos espacios exigen la existencia de una importante dotación de aparcamientos, que, en principio, pensamos que puede ser satisfecha a nivel de sótano, tres o cuatro plantas, en la Plaza de Torrijos, donde también se hace concurrir el Metro de la ciudad y, en consecuencia, se plantea un intercambiador de transportes, que se ha de hacer compatible con la demanda indicada de aparcamientos, que debe ser importante en relación al espacio portuario y a la ciudad por las razones indicadas. Es un problema de difícil solución o al menos de exigible sensibilidad, el dar solución y respuesta urbanística y arquitectónica a todas las interrelaciones que se plantean para la interconexión del espacio portuario, de los Muelles 1 y 2 con el centro histórico de la ciudad y en especial con el eje de Calle Larios, pues es una aspiración de necesaria satisfacción, la conexión del centro urbano con el puerto en la forma que resulte más adecuada. Siguiendo el borde del espacio portuario, hemos de abordar la solución del Muelle 4 o Muelle de Heredia, que además de ser también soporte del tráfico del eje litoral, es el espacio, donde se requiere concentrar más funciones urbanas, pues solo en este espacio se puede prever el desarrollo de un Centro Cívico y Comercial, donde se implanten edificaciones capaces de albergar la función de capitalidad que la ciudad de Málaga requiere, para dar respuesta los servicios turísticos, económicos y financieros que la conurbación de la Costa del Sol pueda plantear, de forma que si estos son importantes, que indudablemente lo son y lo serán de mayor importancia a corto y medio plazo, en relación a las que se pueda cuestionar la función que cumple la dársena comercial de este muelle de esta ciudad, pues puede aportar un espacio a Málaga de incalculable valor, que puede ser el salto realmente cualitativo que de la ciudad hacia el mar en el siglo XXI, y que es difícilmente repetible, de forma que permita trasladar esta función a su frente exterior mar adentro o desplazarla a lugares próximos como es el Puerto de Algeciras o Motril, que están potenciando su componente comercial e industrial, frente al Puerto de Málaga, que debe fomentar la actividad turística, para consolidar su posicionamiento como capital del turismo del arco mediterráneo, en relación a otras ciudades europeas y, a medio plazo, en relación a las que se pueda desarrollar en el litoral del Magreb. Este planteamiento es fuerte y tiene difícil presentación sino es avalado de forma convencida por la ciudad y así lo entienden las autoridades portuarias, pues en ningún caso debe abrirse un enfrentamiento que nos lleve a la irresolución de los problemas y romper cualquier planteamiento de colaboración, necesario para desarrollar una propuesta de la ambición de la que se propone, que sea determinante para que la ciudad de Málaga se sitúe en la geografía de las ciudades europeas y entre las principales del mediterráneo. Y por último y en relación al espacio portuario, el desarrollo del Muelle 5 o Pº Marítimo A. Machado (antiguo Barrio de El Bulto) es también de vital importancia para trasladar las actuaciones en la modernidad de la ciudad de Málaga, implantando en ello elementos arquitectónicos culturales principalmente, como puede ser el Auditórium, el Palacio de la Opera, la Ciudad de la Ciencia, etc... todo un equipamiento turístico de características 142 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 143 PROJET PILOTE MALAGA culturales, que puede tener en este espacio una implantación idónea, que apoyado en el eje litoral, posibilite sus accesos de forma idónea, una vez resuelto este eje, y dotando este espacio de los aparcamientos exigibles. La solución del Eje Litoral a costa de los actuales espacios fronterizos del Puerto de Málaga, resuelve los tráficos Este-Oeste, pero no podemos olvidarnos, que este Tráfico es complementario del necesario acceso Norte-Sur, que necesariamente a de desarrollar sobre el actual Río Guadalmedina, cuyo entronque se produce igualmente en el actual espacio portuario, con lo que éste queda interconectado con un espacio regional que posibilita su mejor desarrollo incluso más allá de lo recogido en este informe, ya que, en este caso, su accesibilidad es importante. Además este espacio portuario debe estar conectado con la estación ferroviaria, no solo para mercancías, sino también como punto de destino de pasajeros, de personas provenientes del tren AVE o de trenes correderas de la Costa del Sol, o interconectar con la futura red de Metro de la ciudad, cuya ejecución previsiblemente se llevará a efecto a corto plazo, con lo que este espacio portuario estará perfectamente interconectado con su entorno próximo y resuelto de forma bastante adecuada, capaza de dar respuesta a demandas importantes en este orden de cosas. Por todo ello, pensamos que el nuevo Puerto de Málaga, o lo que es igual, el espacio modificado del actual Puerto de Málaga, es el necesario espacio de centralidad urbana de la ciudad de Málaga y de la conurbación a cuya capitalidad aspira por las razones de accesibilidad expuestas y las funciones, que en el mismo pueden implantarse. Desde el inicio de la integración del Port Vell a la ciudad de Barcelona con la transformación del Moll de la Fusta para usos ciudadanos (1.981), se ha procurado que no haya ningún tipo de barreras de separación entre el puerto y el Centro Histórico. De todas formas hay que mencionar algunas excepciones. La Autoridad Portuaria dispone de un vial rodado propio e independiente en el mismo Moll de la Fusta para su uso exclusivo. Algunas actividades que se realizan en el Port Vell se siguen haciendo mediante acceso restringido únicamente para los usuarios de las mismas: Clubes marítimos y de natación de uso privado, accesos al muelle de Pescadores y acceso controlado a las estaciones marítimas de tráfico de pasajeros. En cambio, a medida que el puerto adquiere su carácter más estrictamente comercial, los accesos se van haciendo cada vez más estrictos y controlados. La celebración de los Juegos Olímpicos del año 1992 supuso un gran éxito para Barcelona porque supuso el reconocimiento mundial de la ciudad, y porque permitió una rápida reorganización interior de la misma (puesta en funcionamiento de las Rondas, apertura de la ciudad al mar, instalaciones deportivas, etc.). En la actualidad los retos que tiene planteados Barcelona y su entorno metropolitano son: Ampliación del aeropuerto (construcción de la tercera pista, nueva terminal y la ciudad aeroportuaria) para pasar de 20 millones de pasajeros actuales a los 40 millones previstos en el futuro. Duplicación de la superficie del puerto y remodelación urbana condicionada a la llegada del tren de alta velocidad (Sagrera) y a la celebración del Forum de las Culturas el 2004. (Frente marítimo y río Besòs). 143 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 144 PROJET PILOTE MALAGA El planeamiento del que se dispone es el siguiente: Planeamiento urbanístico. Plan General Metropolitano vigente desde 1976 y que abarca 27 municipios incluido el de Barcelona. Planeamiento Estratégico. En el año 2002 se han iniciado los trabajos de elaboración del primer Plan Estratégico Metropolitano tomando como referencia la experiencia de los tres anteriores llevados a cabo en la ciudad de Barcelona (1990, 1994 y 1999). El puerto de Barcelona se ha adaptado progresivamente a las nuevas condiciones del tráfico marítimo. El Port Vell la parte más interior del puerto, la de menor calado y la que dispone de menores superficies tanto de agua como de muelles se ha ido abandonando progresivamente para el tráfico marítimo convencional desde 1981. En esa fecha es cuando la ciudad recupera para uso ciudadano el primer muelle del puerto, el Moll de le Fusta. Lo mismo sucede con todo el conjunto del Port Vell que sufre una remodelación entre 1988 y 1995 para convertir sus instalaciones portuarias en espacios dedicados a los usos terciarios, hoteleros, comerciales y de ocio. La prueba de ello, es que en la actualidad es visitado por 18 millones de personas anuales. En cuanto al puerto comercial propiamente dicho hay que resaltar la apertura de la nueva bocana y la construcción del puente levadizo “Porta d’Europa” necesario para que la construcción de la nueva bocana no dejara la parte más alejada del dique exterior aislada de tierra firme. Para llevar a cabo estas innovaciones el puerto de Barcelona se ha dotado de dos Planes Estratégicos 1998 – 2010 y 2003 – 2015 (este último recientemente aprobado el pasado 31 de Octubre de 2003) y un Plan Director que guía la ordenación del espacio interior del puerto y su futuro crecimiento hacia el sur. Las inversiones previstas por el Plan Director situadas en el horizonte 2010 se evalúan entorno a los 2.000 millones de €. En los años ochenta Ciutat Vella había experimentado un profundo deterioro desde un punto de vista físico y social, siendo una de las zonas de Barcelona donde el problema de exclusión social ha sido más grave. Los problemas de delincuencia y de tráfico de drogas han contribuido a que el área haya sido cada vez menos frecuentada por los barceloneses, de lo que ha resultado un declive de los establecimientos comerciales de la zona, al mismo tiempo que se ha producido un éxodo de los grupos sociales de ingresos medios a distritos en mejores condiciones. Con estas características, Ciutat Vella se ha convertido en un problema para la ciudad, y como tal ha sido afrontado por la Administración Municipal, la cual ha actuado como catalizador de los diferentes agentes que debían intervenir en el área, logrando el consenso ciudadano necesario para poner en marcha acciones urgentes, prolongadas y convincentes. El proyecto Ciutat Vella proponía en su programa las siguientes prioridades y objetivos generales: • Consolidar el proceso de descentralización municipal, logrando una administración más ágil, eficiente y útil para los ciudadanos del distrito. • Mejorar las condiciones de vida en el distrito y combatir la desigualdad social, haciendo frente prioritariamente a las bolsas de pobreza. • Frenar la degradación de las viviendas y fomentar la rehabilitación abriendo nuevos espacios urbanos e incrementando el número de equipamientos públicos para su uso social en el distrito. • Fomentar la participación y la solidaridad ciudadana con el objetivo de mejorar las condiciones de vida del distrito. 144 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 145 PROJET PILOTE MALAGA El ambicioso plan de regeneración para todo el distrito municipal presentado aquí se designa con las siglas PAI (Plan de Acción Integral) y se creó cuando el Ayuntamiento de Barcelona decidió armonizar los diferentes Planes Especiales de Reforma Interior (PERI) para la transformación del Centro Histórico de la ciudad que se habían aprobado desde la entrada en vigor del Plan General Metropolitano en 1976. La Corporación Municipal era consciente de que si se aplicaba una política parcial y segmentada, estaría condenada al fracaso. Por esta razón, en 1986 decidió designar Ciutat Vella como Área de Rehabiliacio Integrada (ARI), una medida que permitió a todas las administraciones, con posibilidad de intervención en el distrito, coordinar proyectos y esfuerzos en áreas tan diversas como: • Urbanismo y vivienda pública • Promoción de la rehabilitación privada • Aparcamientos e infraestructuras • Movilidad en el interior de la ciudad • Equipamientos y bienestar social • Seguridad ciudadana • Promoción cultural, urbana y económica La institución impulsora del proyecto ha sido el Ayuntamiento y la descentralización municipal en distritos llevada a cabo en Barcelona en los años ochenta ha favorecido la consecución de las actuaciones, ya que ha permitido actuar al distrito Ciutat Vella como catalizador y coordinador de la operación. Entre los resultados a destacar están: • Las acciones llevadas a cabo en viviendas, en espacios urbanos y equipamientos públicos han influido directamente en la calidad de vida de los habitantes del distrito. Por otra parte, es significativo que se haya introducido un proceso de renovación de edificios y habitantes, pero garantizando la permanencia de la población residente en las diferentes áreas. • Aumento del número de viviendas renovadas por los propietarios, que da como resultado un cambio en la tendencia previa de éxodo de la población de ingresos medios. • Han surgido promociones privadas de viviendas y actividades, algo impensable hace unos años. • Se ha incrementado el uso público de Ciutat VeIla, ocio, comercio, turismo y servicios, por parte de los habitantes del resto de la ciudad. • La seguridad en la zona ha aumentado considerablemente hasta normalizarse en niveles equiparables al resto de la ciudad. La sostenibilidad de este proyecto está garantizada por el elevado nivel de cooperación alcanzado por parte de un gran número de agentes públicos, sociales y económicos, y por la aceptación colectiva de que Ciutat VeIla es un problema de la ciudad que es necesario afrontarlo como tal para superarlo. Además, la iniciativa cuenta con el apoyo de una Comisión Gestora que aglutina a diversas instituciones y asociaciones de vecinos, y con un documento: el Plan de Actuación Integral, que garantizan la continuidad del proyecto. 145 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 146 PROJET PILOTE MALAGA El proceso de rehabilitación llevado a cabo en Ciutat Vella constituye una operación de gran envergadura, de concepción integral, en la que intervienen diferentes agentes que actúan sobre varias secciones temáticas. La actuación ha sido pionera en España, tanto en lo que respecta a la forma de gestión adoptada como a la forma decisiva en que se ha llevado a cabo la realización del proyecto. En Marsella La conexión entre el puerto y el centro histórico ha estado asegurada desde el siglo XIX por las calles de República, Mazenod-Shuman y el Quai de la Joliette, barrios realizados con la ocasión de la creación de un nuevo puerto de comercio, los cuales son semejantes a las grandes operaciones llevadas a cabo por el Barón Hausman en Paris. Hoy en día el grueso de las actividades portuarias industriales y de mercancías han sido desplazadas a la ciudad de Fos, la parte portuaria correspondiente ha perdido la proximidad geográfica original pero permanece muy bien conectada a la ciudad. La parte del puerto que es la más próxima al centro de la ciudad ( Norte ) está parcialmente concernida por la operación Euro-Mediterránea. La zona de la Joliette (22 hectáreas ): Situada en la fachada marítima, ocupa un posicionamiento estratégico entre el puerto y el centro de la ciudad, beneficiada por accesibilidad garantizada por las infraestructuras diversas ( enlaces con el aeropuerto, estación TGV, 3 autopistas, transportes en común ) y de reservas fundamentales importantes. La zona Ciudad del Mediterráneo: se desarrolla sobre 110 hectáreas comunes en el Puerto Autónomo de Marsella y el Euro-Mediterráneo. Se fundó en base al principio de la mezcla urbano-portuaria, tanto en términos de desarrollo como de urbanismo (mezcla de lugares: espacio portuario propiamente dicho, Fort Saint Jean, mezcla de equipaciones –públicas y privados- mezcla de relaciones). El conjunto asociará las actividades culturales, de formación, científicas, lúdicas y terciarias con las equipaciones del puerto, de dónde la nueva estación marítima. En lo que concierne a esta parte “urbana” del puerto, no se ha hablado propiamente de barreras físicas entre el puerto y el centro (la autopista litoral tendrá mayor altura). Excepto la zona más próxima al centro histórico, directamente afectada por la operación Euro-Mediterránea (luego zona desclasificada: esta zona es hoy en día salida de Dominio Público Marítimo), no es posible para la población acceder libremente al puerto. Esto está reservado a los pasajeros y profesionales. Aunque la escala del puerto comercial de Marsella no es comparable en ningún sentido a la de Málaga, si hay provechosas experiencias en la recuperación tanto del puerto antiguo, como de la línea costera más próxima a la ciudad que tiene claras semejanzas no solo con Málaga, sino con las otras ciudades estudiadas. La magnitud de las inversiones que realiza la administración central francesa en primer lugar, y la propia ciudad de Marsella en segundo nivel son evidentes. Durante 2002 el puerto invirtió 57,8 millones de euros en mejoras portuarias. Marsella ciudad, en el proyecto Euroméditerranée 12 millones de euros. 146 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 147 PROJET PILOTE MALAGA La relación del puerto de Marsella con la ciudad, y concretamente con su centro histórico se asemeja a las relaciones existentes en Barcelona y Génova en la disposición de una pequeña parte del antiguo espacio portuario para servicios ciudadanos. Se trata de una pequeña parte en relación a la superficie total del puerto, pero con una extensión suficiente para la ciudad, ya se trata del espacio que era frontera entre el puerto y la ciudad. Estos espacios recuperados para la ciudad habían sido en el pasado los puertos originales de las citadas poblaciones, cuyo calado era normalmente reducido para las necesidades portuarias actuales, al tiempo que las remodelaciones urbanas contemporáneas necesitaban de esos espacios portuarios que el paso del tiempo y las nuevas infraestructuras portuarias habían dejado obsoletos. En el caso de Marsella el puerto mantiene dos áreas distanciadas casi por 50 kilómetros, en un espacio conjunto que lo convierte en uno de los principales puertos del Mediterráneo y de Europa, con 75 kilómetros de perímetro portuario. Junto a la ciudad se localiza la primera parte del puerto, la zona este, incluido el puerto antiguo incrustado totalmente en la ciudad. El puerto antiguo, reconvertido hace ya años, esta destinado a amarres de barcos de recreo, deportivos y turísticos, estando ocupado su perímetro rectangular por edificaciones residenciales, usos hosteleros y recreativos. Al norte del puerto antiguo junto al barrio de Panier se sitúa el puerto comercial de la zona este, cuya parte más urbana la que comprende las áreas de Joliette, Saint Charles y Belle-deMai, es centro de las remodelaciones puerto-ciudad en la operación denominada Euroméditerranée. En la actualidad la zona costera comprendida entre Panier y Joliette es donde más avanzados se encuentran los trabajos de recuperación de la antigua fachada marítima de usos portuarios, donde los antiguos almacenes de primera línea portuaria han sido reconvertidos en edificios de oficinas, que comparte espacio con nuevos edificios terciarios y comerciales, y más al norte con construcciones residenciales. De manera similar a Génova el frente litoral de esta zona esta recorrido por una carretera elevada que se pretende soterrar en el proyecto Euroméditerranée. En los muelles de la zona en reconversión, dominados por la imagen neoclásica de la Mayor, se sitúan los espacios destinados al transporte de aproximadamente 1.945.000 pasajeros, y unos 350.000 cruceristas. La zona Oeste del puerto, denominada Fos, ocupa prácticamente el 80% delas 10.000 hectáreas del puerto de Marsella, siendo la principal zona comercial e industrial. No tiene una relación física con la ciudad de Marsella a diferencia de la zona este, aunque se encuentra situada en su ámbito metropolitano. El puerto autónomo de Marsella (PAM), como principal puerto francés tiene una estrategia de desarrollo claramente marcada por tres conceptos: 1) atender el trafico mediterráneo, 2) ser conexión y puerta de entrada del norte de África, y 3) formar parte de la globalización portuaria en un mundo competitivo, donde la oferta de servicios profesional es prioritaria. 147 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 148 PROJET PILOTE MALAGA La repercusión económica del PAM es notable, dando trabajo directo a 1.500 personas, e indirecto a 40.000, de los cuales 18.000 son empleos industriales y 22.000 empleos comerciales y de servicios. El puerto de Marsella facturo en 2002,145 millones de euros dando servicio a 52 agentes marítimos, 15 organizaciones profesionales y 12 sociedades armadoras. La principal actividad del puerto tiene relación con la descarga de petróleo e hidrocarburos que superaron en 2003 los 105 millones de toneladas. Sin embargo su especialidad prioritaria es facilitar la movilidad de la carga y descarga, para lo que tiene establecidas 250 conexiones ferroviarias regulares con el resto de Francia y la Unión Europea mediante servicios Med Express que establecen salidas de la terminales en días y horas fijas. La ciudad de Génova tenía a finales del 2000 una población de 632.000 habitantes, 4.000 menos que el año anterior, manteniendo un proceso de pérdida de población que se inició a partir de 1965, cuando tenía una población de 848.000 habitantes. La pérdida de población se compensa a nivel metropolitano, donde los municipios que la componen, a nivel territorial, no jurídico, suman una población de aproximadamente 1.200.000 habitantes. La actividad socioeconómica de la ciudad gira entorno a la actividad industrial y comercial del puerto más importante del Mediterráneo italiano. Junto con Torino y Milán configura históricamente uno de los triángulos industriales más importantes de Europa, siendo a la vez puerto de salida de la producción industrial. En este sentido el gran espacio portuario de que dispone Génova tiene fuertes conexiones con el interior de la península por vía férrea y carretera, saturadas estas últimas muy a menudo. Por ello podemos hablar de un puerto clásico comercial, vinculado a zonas industriales, similar en cuanto a características a Barcelona, y claramente diferenciado de un puerto como Algeciras que funciona más bien como centro intercambiador de containers, sin una vinculación externa con el territorio circundante. En 2001 el puerto de Génova movió 1.526.526 containers (con medias de crecimiento anual mayores del 10%), 2.338.258 pasajeros, y 570.000 cruceristas. La configuración topográfica de Génova, muy montañosa, similar a la Málaga Este, ha producido una ciudad lineal organizada a lo largo de la costa, con una grado de urbanización y edificación ciertamente denso. Ello produce que las comunicaciones entre las diferentes partes de la ciudad no sean cómodas, resolviendo parcialmente el problema con una importante red de túneles y viales a diversos niveles que raramente se ven hoy en ciudades europeas, entre las que destaca la vía marítima que recorre la ciudad de levante a poniente, junto al borde costero a una altura de 8 metros con cuatro carriles. El viejo centro histórico de Génova, es una excelente recopilación de estilos arquitectónicos, con predominio del gótico y el barroco, así como de edificios pintados o estucados, algo muy característico de la Liguria. Hasta el inicio de la recuperación del Puerto por la Ciudad, el Centro estaba aquejado de la misma problemática que otras ciudades europeas, con una población mayor que no se renovaba, y con un alto nivel de viviendas en malas condiciones. En este sentido es evidente que las reformas llevadas a cabo desde 1992 en el “Puerto Antiguo”han mejorado la habitabilidad del Centro Histórico, siendo hoy en día un lugar muy demandado para vivir. 148 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 149 PROJET PILOTE MALAGA Es importante señalar la escala de lo que supone la integración del puerto de Génova en la ciudad. La operación iniciada en 1991 por Renzo Piano y que continua en la actualidad se circunscribe a una pequeña parte de todo el ámbito portuario, no mayor del 5-8% de la superficie total del puerto. Esta superficie supone una parte del puerto antiguo, anterior al siglo XIX con forma semicircular conectado directamente con el centro histórico. El resto del puerto, orientado principalmente hacia poniente, ocupa una línea de unos 18 Km., constituyéndose en el frente marítimo de la ciudad. Con motivo de la conmemoración de 1992 y el viaje de Colón a América, la ciudad quiso aprovechar el quinientos aniversario del viaje del genovés, para hacer unos equipamientos en el espacio del puerto antiguo en espacios cedidos en ese momento por la autoridad portuaria. Así nace el proyecto inicial de Renzo Piano, limitado al principio a unos edificios comerciales y recreativos, al acuario, autentico polo de atracción del nuevo puerto, y a unas estructuras como el grupo de mástiles estrellados que se han constituido acertadamente en el símbolo del puerto de Génova. Desde 1991 hasta la actualidad, se ha ido ampliando el número de intervenciones en el puerto de Génova, cumpliendo en la medida de las posibilidades financieras el esquema trazado en el planeamiento original del puerto. El planeamiento está dirigido y aprobado por el Ayuntamiento de Génova, que es al mismo tiempo el propietario de los terrenos del denominado “Puerto Antico”, ya que con posterioridad a las actuaciones de 1992, el estado italiano cedió a cambio de un precio simbólico, estos terrenos al Ayuntamiento en 1995. Posteriormente el Ayuntamiento constituyó una sociedad, “Porto Antico de Génova SpA”, (51% Ayuntamiento, 10% Autoridad Portuaria, 39% Cámara de Comercio y entidades empresariales) que con 23 empleados gestiona este espacio portuario. La citada sociedad tiene arrendados los diferentes espacios o construcciones por periodos de tiempo renovables, siendo la encargada de realizar las nuevas incorporaciones de edificios lúdicos o equipamientos como los que ahora se están produciendo. Se trata de una empresa de gestión, que compatibiliza, actividades muy rentables como el acuario (1.500.000 visitas / año) con otras que no lo son tanto, como la ciudad de los niños. Igualmente establece convenios con la Universidad para edificar la nueva Facultad de Economía, que lleva funcionando dos años. Posiblemente el éxito del Puerto Antiguo de Génova, sea la combinación de los múltiples usos que soporta, lúdicos, comerciales, restauración, enseñanza universitaria, administración pública, oficinas de entidades privadas relevantes como Kodak, hotelero e incluso residencial en apartamentos vinculados a los amarres de barcos deportivos, cuya imagen es continua en esta parte del puerto. El diseño de los espacios es también importante, diáfano en las partes dedicadas al paseo en la parte donde se iniciaron las actividades en 1992, y más denso de edificaciones en las nuevas zonas, las más cercanas a la ciudad consolidada. Algunas construcciones de primera línea, como el acuario pueden parecer de volumen excesivo, cuando semienterradas podían haber pasado más desapercibidas, aunque su diseño lineal, perpendicular al puerto, imite un muelle de carga. A la autoridad portuaria, la cesión de una pequeña parte de su espacio, no le debió suponer una gran pérdida, ya que la actividad comercial en esa zona estaba limitada por el escaso 149 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 150 PROJET PILOTE MALAGA calado. Al contrario, el éxito del puerto antiguo ha dado un mayor nombre al puerto de Génova, lo que supone una actividad complementaria. Por su parte, el puerto comercial ha realizado en estos años su planeamiento de expansión y modernización de las instalaciones portuarias, así como de las nuevas infraestructuras de transporte, viario y ferroviario, que deben complementar la actividad comercial e industrial del puerto. 4• PERSPECTIVAS DE COOPERACIÓN El proyecto piloto que hemos desarrollado bajo la denominación ”integración puerto y ciudad” tiene multiplicidad de agentes implicados, por lo que no se trata de un estudio sencillo, sino muy complicado. Por cada ciudad, los agentes implicados son los municipios, dentro de sus organizaciones diversos departamentos, así como la autoridad portuaria. Por lo tanto no se trata de un solo contacto por ciudad que pudiese formar parte de una futura red de colaboración, ya que los responsables municipales solo tienen una parte de la información disponible y a veces la colaboración de la autoridad portuaria no es todo lo útil que cabría esperar. Por otra parte, las escalas de las actuaciones portuarias y ciudadanas son muy diferentes en cada una de las ciudades estudiadas, lo que puede limitar los objetos concretos de la posible colaboración. Sin embargo, los aspectos positivos, el denominador común del proyecto ha superado con creces las dificultades encontradas. En ese sentido, y partiendo del presente documento y de la conferencia sobre el proyecto piloto que se realizo en Málaga el 20 y 21 de noviembre de 2003, podría formalizarse una red de colaboración entre la ciudades, que lógicamente debería plasmarse en su caso a través de un convenio en el que se implicasen los alcaldes, y a su vez nombrasen los representantes estables en la red. 5• CONCLUSIONES: CUESTIONES COMUNES EN LA INTEGRACIÓN PUERTO-CIUDAD De las experiencias de recuperación de los antiguos espacios portuarios y su nueva vinculación a la ciudad podemos de acuerdo con Han Meyer establecer tres tipos de estrategias, no excesivamente diferenciadas entre si, pero que localizan el peso de las actuaciones de manera distinta. La primera estrategia es la desarrollar nuevos programas urbanos en los antiguos y obsoletos litorales costeros. El peso de las actuaciones recae en establecer nuevas funciones y usos para estas zonas, actividades relacionadas con el comercio y la recreación/diversión. El caso de Baltimore sirvió como uno de los primeros ejemplos. Durante los años ochenta una cantidad considerable de edificaciones con nuevas atracciones fueron construidas en la zona interior del puerto de Baltimore. Pero después de 20 años fue muy difícil mantener la atracción de esta zona para el gran público. Sin nuevas inversiones, ni esfuerzos para la integración del puerto con el resto de la ciudad, existe un gran peligro de marginalización del litoral. 150 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 151 PROJET PILOTE MALAGA Posiblemente el planteamiento de recuperación del waterfront de Baltimore se basaba por una parte en una segregación funcional de los espacios, y en la composición formal arquitectónica por otra, dejando de lado el diseño conjunto de los espacios públicos puertociudad. Un ejemplo más evidente de la falta de coordinación a través del planeamiento de los espacios públicos son los Docklands de Londres. El proceso de recuperación portuaria de esta zona estaba muy vinculado al desarrollo tradicional británico de propiedades (real estates como las denomina Meyer) como enclaves autónomos, con la ausencia general de un plan coordinado de ciudad. En algunos casos, dieciséis años después de comenzar las actuaciones de los Docklands, hubo que realizar remodelaciones que corrigieran los errores de coordinación de planeamiento urbano, entre los que se puede destacar la construcción de una nueva conexión subterránea entre la ciudad y el espacio aislado de Canary Wharf. Una segunda estrategia, muy diferente de la primera, consiste en la integración de diversos usos y funciones junto al diseño del espacio público como una actuación coherente. El ejemplo de Barcelona es importante porque la recuperación del puerto y del litoral de Barcelona ha sido combinado con intervenciones en el sistema viario para crear una nueva orientación de la ciudad en relación con el litoral. En el nuevo enfoque de la ciudad todo tipo de usos se pueden incorporar a la vida urbana, evitando una excesiva especialización de usos. En ese sentido la complejidad de funciones se resalta como una característica importante de cohesión urbana. La estructura viaria fue correctamente resuelta mediante la construcción del Paseo Marítimo de la Barceloneta, al que siguió la realización del Paseo de Colón, con la reconversión del Moll de la Fusta en un área de uso ciudadano. Rótterdam es otro buen ejemplo de este tipo de estrategia. Durante el siglo XX el río funciono como una barrera física, partiendo la ciudad en dos áreas. Durante la transformación de los años ochenta y noventa el paisaje urbano del río se convirtió en una zona central que conecto la zona norte con el sur. Un boulevard nuevo con el puente de “Erasmus” forman el centro físico de esta conexión. El planeamiento general de la ciudad se altero radicalmente con la implantación del nuevo boulevard. El nuevo puente, así como los muelles y las plazas orientados hacia el río además de los parques son parte de un nuevo diseño integral en el espacio publico. La tercera estrategia combina el espacio publico con la actividad comercial del puerto, integrando elementos atractivos desde el punto de vista de la rentabilidad. El planeamiento urbanístico no es el hilo conductor de las actuaciones, aunque tampoco esta ausente, característica por otra parte habitual en la ciudades norteamericanas. Las representaciones de parque ferial que combinan rememoraciones históricas con despliegues de arquitectura colosal son ciertamente atractivos para un tipo de población acostumbrada a la sociedad-espectáculo. No se tratan de modelos de tipo europeo, ya que uno de los mejores ejemplos es Seattle donde la planificación de la ciudad, el desarrollo del puerto, la naturaleza y los intereses de la economía pesquera son combinados en una sola política urbana. Por una parte las actividades portuarias son dominantes, pero son integradas en una estructura del paisaje urbano. Un silo, el mayor de Estados Unidos, esta situado en un parque urbano, donde los habitantes pasean frecuentemente. Al otro lado de la ciudad podemos observar una combinación de instalaciones urbanas y actividades portuarias. 151 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 152 PROJET PILOTE MALAGA Otro ejemplo es HongKong, situación única donde el centro histórico del siglo XIX se desarrollo a lo largo de la profunda bahía Victoria Bay. En esta situación, donde no hay razones para trasladar los muelles dado que la profundidad de la bahía permite actividades portuarias modernas, la ciudad y el puerto son forzados a mantener una relación físicamente cercana. Esto no tiene que ser necesariamente una desventaja como opina Han Meyer, sino todo lo contrario: ha resultado en una impresionante “skyline” con actividades portuarias siempre presentes en la vida urbana. La recuperación de los antiguos centros históricos parcialmente abandonados en sus espacios más deprimidos, destinados a un uso terciario en sus ámbitos más comerciales se inicio en Europa a finales de la década de los sesenta del siglo pasado, aunque todavía sea un objetivo prioritario del planeamiento de las ciudades, más aún en España que llego con un retraso de 10-15 años a estos procesos urbanísticos. Paralelamente en principio y luego de forma más integrada, a finales del siglo XX se fueron iniciando las remodelaciones de los espacios portuarios que la sociedad postindustrial había ido dejando obsoletos desde el punto de vista funcional y económico. Los ejemplos que hemos trabajado principalmente son los de las ciudades socias del proyecto Málaga, Barcelona, Génova, Marsella, Nápoles, pero también hemos conocido las experiencias de ciudades con puerto de río socias de C2M como Sevilla o Lyón, o las experiencias de otras poblaciones como Liverpool, Londres, Dunkerque, Hamburgo, Ámsterdam, Rótterdam, Bilbao, Santander o Valencia en Europa, o las Americanas de Baltimore, San Francisco, Buenos Aires o Valparaíso. Todas estas ciudades con sus diferencias, principalmente en los modos de gestión, tienen elementos comunes en la integración de sus fachadas marítimas o waterfronts que dan sentido a este trabajo. 1. Los espacios portuarios en su configuración moderna racionalista nacen en el siglo XVII y en paralelo a la revolución industrial se constituyen como elementos básicos de infraestructura en el intercambio de mercaderías hasta bien entrado el siglo XX. Los cambios de escala productivos que lleva consigo la sociedad industrial de finales del siglo XX, la preponderancia de la actividad terciaria en las ciudades y el desplazamiento de la actividad productiva hacia la periferia de las metrópolis, así como la reestructuración del comercio marítimo y la llegada de naves de mayor cabotaje van haciendo necesario en unos casos la progresiva desaparición de la actividad portuaria tradicional, y su desplazamiento en otros casos hacia el exterior del antiguo ámbito portuario para ganar mayor espacio de carga, y hacia el mar para tener mayor profundidad donde fondear grandes naves. Los espacios abandonados por la antigua actividad portuaria son habitualmente de una superficie significativa y suelen estar situados en una zona estratégica de la ciudad, normalmente colindantes a los viejos centros históricos, aunque en la memoria colectiva de la ciudad estuviesen considerados como algo desconocido, oculto tras una valla a manera de frontera inviolable. La eliminación de la “valla”como elemento físico supuso en muchos casos el descubrimiento por los ciudadanos de espacios desconocidos, aunque vecinos, y sobre todo la sensación de llegar al mar en las ciudades cuyo frente marítimo estaba ocupado en su totalidad por la actividad portuaria-ferroviaria. Esa sensación de “redescubrimiento del agua” que cita Rinio 152 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 153 PROJET PILOTE MALAGA Bruttomesso, agua a “menudo maltratada, siempre ignorada”es menor en ciudades abiertas como Málaga, pero muy cierta en Barcelona, Génova o Marsella. 2. La transformación de los espacios portuarios obsoletos suponen su integración en la ciudad, básicamente en los Centros Históricos que fueron su espalda como nuevos espacios públicos con un doble valor. Uno en si mismo como espacio autónomo de nuevas posibilidades funcionales recreativas, de ocio o empresariales. El otro valor viene dado por servir como espacio público “de equipamiento” al Centro Histórico, barrio habitualmente densificado y necesitado de espacios abiertos y equipamientos comunitarios. Sin que exista una razón empírica, se tiende a pensar que los espacios portuarios integrados en la ciudad se destinan a usos principalmente recreativos o lúdicos, cuando en realidad no es así, ni siquiera debe serlo. La yuxtaposición de usos y funciones aumenta la complejidad del espacio urbano, característica habitual de la ciudad mediterránea. En el Port Vell de Barcelona, junto a los bares y restaurantes se encuentra el centro comercial Maremagnum, y enfrente un edificio de congresos y reuniones. En Génova, junto a los espacios de ocio y el acuario se encuentra la Facultad de Economía que llena de estudiantes y de actividad ciudadana esa zona del puerto. En Puerto Madero, Buenos Aires, la vivienda tiene una incidencia particular en la recuperación del gran espacio portuario de la Plata. En este sentido los usos que soportan los nuevos espacios públicos pueden ser múltiples, incluyendo la actividad residencial como una de las que más contribuyen a la revitalización de un área degradada. 3. La recuperación de los espacios portuarios como “espacios públicos” supone una labor de planeamiento urbanístico muy próximo al proyecto arquitectónico, que debe medir de forma cautelosa los parámetros de edificación y volumen, dando siempre prioridad a los espacios diáfanos y abiertos, esencia de la recuperación ciudadana de un territorio nuevo. Los ejemplos de ciudades conocidas mantienen por lo general este equilibrio entre el espacio abierto y la edificación cerrada. Esta experiencia sirvió para que el Plan Especial del Puerto de Málaga disminuyese de forma considerable la superficie construida que inicialmente se proyectaba sobre los muelles 1 y 2, y que era desmedida en la escala del puerto. Las nuevas intervenciones arquitectónicas plantean a su vez una nueva forma de hacer ciudad, posiblemente ya no siguiendo el modelo de la clásica manzana cerrada de los Centros Históricos y de los Ensanches, si no estableciendo otros modelos de ordenación más abiertos como hemos conocido en la Villa Olímpica de Barcelona en su ocupación de la franja marítima o más recientemente en su extensión hacia la zona conocida como el Forum de la Culturas, junto al Besos. Las intervenciones urbanísticas que lleva consigo la recuperación del frente marítimo obligara posiblemente a reorganizar la estructura viaria y de comunicaciones de la ciudad, como lo hemos visto en Barcelona, y esperamos ver el desarrollo del proyecto de desmantelamiento de las pasarelas aéreas en Génova y Marsella. La ampliación física del conjunto Fachada Marítima-Ciudad, y más concretamente PuertoCentro Histórico, reforzara la centralidad de esa zona respecto al área metropolitana, tanto desde el punto de vista físico, como económico, por lo que la necesidad de facilitar la movilidad y la accesibilidad se convertirá en una cuestión prioritaria de las comunicaciones e infraestructuras urbanas. 153 pilot malaga 21/09/04 10:19 Page 154 PROJET PILOTE MALAGA 4. Las nuevas intervenciones plantean la necesidad de alejarnos de dos aspectos negativos que también habitualmente encontramos en los waterfronts. Por una parte la estandarización de las actuaciones, que llevan aparejados paquetes de actuaciones normalmente procedentes de otra experiencia portuaria que posiblemente no tenga mucho que ver con la nuestra, o lo que es peor que este estandarizada por modelos de explotación económica, que es el segundo aspecto negativo comentado. La recuperación del frente marítimo y su integración en la ciudad no debe realizarse únicamente desde presupuestos de rendimiento económico, si no que este debe ser compatible con el primer objetivo que es la recuperación del espacio público. 5. Los instrumentos establecidos en la legislación vigente, los Planes de Utilización de los Espacios Portuarios (PUEP) y los Planes Especiales (PE) se han mostrado como en el caso de Barcelona muy útiles para la ordenación de los espacios portuarios, tanto de aquellos que se incorporan a la ciudad, como de aquellos otros que se destinan a reformar o ampliar la actividad comercial tradicional del puerto. La tramitación del planeamiento portuario en España ha sido muy lento, ya que no siempre se ha logrado la imprescindible colaboración y acuerdo entre las partes implicadas, principalmente autoridad portuaria y administración local. En otros casos se han realizado con carácter previo al planeamiento portuario planes directores que proyectan las opciones estructurales y estratégicas del trafico marítimo a un horizonte mínimo de veinte años. La experiencia de los PUEP y los PE desarrollados hasta 2004 aconseja, además de la coordinación institucional, adoptar propuestas flexibles, tanto en el ámbito estrictamente portuario, como en la remodelación de la parte del puerto obsoleto como espacio público. La excesiva meticulosidad de las propuestas y las rigideces de las actuaciones previstas se han mostrado a menudo contrarias a los intereses finalmente llevados a cabo. 154 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 155 PROJET PILOTE BARCELONE LA TECHNOPOLISATION(1) Antoni Olivera Albert Broggi Melissa Chazerand Aula Barcelona Fundacio CIDOB (1) Le texte original en espagnol est disponible sur CD-Rom pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 156 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 157 PROJET PILOTE BARCELONE INTRODUCTION Le présent document expose les conclusions finales du projet-pilote “Technopolisation”, conduit par la ville de Barcelone depuis janvier 2003. Ce n’est pas un hasard si Barcelone a choisit cette thématique de travail. En effet, l’importance du secteur productif à Barcelone et son poids par rapport à la Catalogne ou à l’Espagne lui ont jusqu’alors permis d’occuper une place stratégique dans la sphère économique et internationale. Par ailleurs, dans un contexte de mutations profondes de l’univers urbain et productif, la valorisation et le développement soutenu de la nouvelle économie sont l’un des leviers essentiels sur lequel mise la métropole barcelonaise pour conforter son positionnement de “ville de la connaissance”. Thématique transversale qui affecte de nombreux aspects de la vie quotidienne, la Technopolisation ne peut être appréhendée de manière sectorielle, et oblige à considérer des thèmes aussi divers comme la promotion économique, les politiques de pénétration des TIC dans la société ou dans les entreprises et les administrations, l’éducation primaire, secondaire et universitaire, etc. En outre, le caractère transversal du terme empêche un traitement fermé aux seuls aspects technologiques. La qualité de vie, le développement durable ou la structure urbaine concernent également la Technopolisation. Afin de partager une vision et une compréhension commune de la problématique, il semblait tout d’abord nécessaire d’élucider le concept de Technopolisation dans le contexte métropolitain et méditerranéen. La présentation de la démarche de travail mise en œuvre au cours du projet-pilote, qui s’appuie sur une collaboration solide de l’ensemble des partenaires dans le cadre d’échanges et de séminaires de travail, fait l’objet d’une deuxième partie. Les différentes contributions des différents participants permettent par la suite d’élaborer un diagnostic afin de comparer la situation des villes partenaires face au processus de Technopolisation, que ce soit à l’échelle régionale ou municipale. Il s’agit enfin d’identifier des pistes de coopération et de collaboration afin de poursuivre la dynamique initiée dans le cadre du projet C2M. 1• TECHNOPOLISATION : UN PARI POUR L’AVENIR DES VILLES DE L’ESPACE MEDOC TECHNOPOLISATION ET DÉVELOPPEMENT MÉTROPOLITAIN La ville est le lieu par excellence de l’innovation. Le fait urbain constitue en effet dans l’histoire de l’humanité un processus d’innovation sociale transcendantal. Avec l’apparition des corps de métiers et la formation des premières villes, l’homme a pu assoire les bases de la relation entre urbanisation et production. L’histoire des villes reflète en grande partie l’évolution de cette relation. Une relation qui, depuis le siècle dernier, subit les changements les plus importants. L’apparition des usines comme unités de production a en effet profondément modifié, non seulement le système économique et social, mais aussi l’espace urbain. Dans les grands lignes, en simplifiant un processus beaucoup plus complexe, la concentration productive au sein des villes s’éloigne dans un premier temps des noyaux 157 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 158 PROJET PILOTE BARCELONE centraux vers la périphérie, étendant plus tard sa localisation à des zones plus larges. L’application des technologies à la mobilité marque par ailleurs un nouveau point d’inflexion. Dans un premier temps, avec l’apparition du chemin du fer, et ensuite de manière beaucoup plus étendue avec l’usage massif des véhicules particuliers, le rayonnement des zones d’influence des villes augmente considérablement, donnant naissance aux aires ou régions métropolitaines. L’accessibilité et la connexion avec les autres métropoles deviennent alors des éléments importants de concurrence. Durant la seconde moitié du siècle dernier, apparaissent les espaces monofonctionnels: polygones industriels, campus universitaires ou centres commerciaux, implantés de manière indépendante les uns des autres afin de favoriser les économies d’échelle et l’apparition de masse critique. A partir des campus universitaires, se sont créés, en premier lieu aux Etats-Unis, les parcs scientifiques, espaces consacrés majoritairement à la recherche. La révolution des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) est liée à ces nouveaux espaces spécialisés. Le développement des TIC est en effet issus de grands projets financés par le budget de la Défense des Etats-Unis, mais aussi des travaux menés au sein de garages mythiques où furent créés Apple ou Microsoft. D’une certaine manière, il s’agissait de la socialisation de la recherche : l'électronique et les TIC permettaient à des esprits innovateurs d’expérimenter dans des lieux totalement imprévisibles. A l’intersection de ces deux tendances, la région de Silicon Valley s’est, depuis les années 1970, imposée comme le leader en matière d’innovation dans le domaine de la microélectronique, et plus tard dans celui des TIC. Dès lors, la Silicon Valley représente l’un des principaux systèmes innovateurs de référence du 20ème siècle et du début du 21ème siècle. Cependant, le modèle de la Silicon Valley, tant de fois imité dans les pays de toutes les latitudes, semble dépassé, ou plutôt complété, principalement en Europe, par des nouveaux modèles beaucoup plus cohérents avec la continuité urbaine. Les villes européennes (et de nombreuses villes américaines) ont subit, durant les dernières décennies du siècle dernier, une crise profonde, en partie liée aux processus suivants : • accentuation du phénomène de l’urban sprawl ou urbanisation extensive, qui se traduit par une colonisation chaque fois plus importante du territoire situé à la périphérie des villes, • abandon des centres urbains, • augmentation de la mobilité obligée, • dégradation d’anciennes zones industrielles urbaines, • crise économique, liée à la désindustrialisation et à la délocalisation des investissements, • concurrence progressive entres les villes. Afin de corriger les processus négatifs en cours dans les villes, la réflexion conduite autours des TIC converge en Europe avec de nombreux travaux menés dans le champ urbain. Le caractère transversal du secteur informationnel facilite son insertion et son interaction avec d’autres activités éminemment urbaines. En effet, même si les TIC favorisent à priori la délocalisation et le travail à distance, les théories sur la disparition progressive de la ville ne semblent pas être vérifiées, les TIC se révèlent être un phénomène nettement lié au monde urbain. Les TIC sont une source de richesse et d’innovation pour les villes, au moins pour ces quatre motifs : 158 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 159 PROJET PILOTE BARCELONE • C’est un secteur économique parfaitement compatible avec les usages urbains (habitat, commerce ou équipements). • Les entreprises du secteur des TIC et du new media, et de manière générale de création de contenus ou d’outils pour Internet, présentent un fort potentiel de croissance, et induisent des investissements élevés en R&D. • L’interaction des TIC avec les secteurs locaux permet la modernisation des secteurs productifs traditionnels. • Les TIC sont la base de la société de la connaissance, dans laquelle tous les agents qui interviennent dans le jeu urbain redéfinissent leur rôle, occasionnant un processus d’innovation sociale ouvert à tous. Ces caractéristiques, associées aux réflexions urbaines qui rompent avec les modèles monofonctionnels des décennies antérieures, pour promouvoir un tissu urbain riche, compact et complexe, ont permis de définir des modèles d'implantation des activités technologiques et d'innovation dans des zones centrales urbaines, le secteur productif réinvestissant le centre-ville. La société de l’information doit aider a redéfinir les aires métropolitaines comme des aires polynucléaires, sous l’influence de centres urbains qui concentrent les fonctions supérieures métropolitaines : la rencontre physique et l’échange formel et informel, assurés par des connections numériques particulièrement performantes, mais aussi par un réseau urbain de transport en commun très développé qui marginalise de plus en plus le transport privé, et enfin par des liaisons fortes avec le reste des territoires, à l’échelle locale comme à l’échelle mondiale (gares TGV, aéroports). Dans ce contexte, la Technopolisation apparaît comme un axe d’action transversal, qui affecte l’ensemble des aspects des aires métropolitaines. La Technopolisation est un défi et une opportunité pour les villes. La société de l’information doit donner des réponses à plusieurs des problèmes qui se posent aujourd’hui dans les villes et dans leurs aires d’influence. Mais ce doit être une Technopolisation qui s’attaque à tous les défis levés, qui démocratise les avantages des TIC, et qui permette aux agents formant le tissu urbain complexe de se redéfinir et de trouver leur place dans la ville de la connaissance. Dans son livre intitulé E-topía, W. Mitchell avance quelques pistes de définition du nouveau modèle urbain. Un des objectifs de la Technopolisation devrait être celui de permettre à chaque ville de se définir dans le champ des TIC, tout en préservant ses spécificités locales, ce que Mitchell appelle le nouveau genius loci romano. Il est donc possible de définir la Technopolisation comme le processus par lequel chaque ville se redéfinie dans la société de l’information, en intégrant ses particularités et ses problématiques propres. LES DÉFIS DE LA TECHNOPOLISATION AU SEIN DE L’ARC MÉDITERRANÉEN La région Méditerranéenne occupe une position périphérique dans le contexte européen. Elle reste en dehors d’une hiérarchie économique centrée autours des nœuds urbains de Londres, Paris, Milan, Munich ou Hambourg, qui fonctionnent comme des connecteurs du système financier et productif local et national avec le reste du monde. Ce polygone est le seul espace d’intégration économique d’importance mondiale de l’Europe. Il concentre des 159 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 160 PROJET PILOTE BARCELONE fonctions globales de haute qualité qui fournissent un niveau de revenus élevés et une infrastructure bien développée. La zone regroupant l’ensemble villes C2M ne répond pas au même type de fonctionnement, même si trois des six villes partenaires appartiennent à deux pays du G8, lesquels rassemblent des villes situées au sommet de la hiérarchie économique et urbaine européenne. Il s’agit d’une région où l’industrialisation et la tertiarisation postérieure ne se sont pas développées avec la même intensité que dans le nord de l’Europe, ce qui a provoqué des déficits structurels importants (en terme d’infrastructures, d’innovation dans le secteur productif et universitaire, de formation ou encore de culture d’entreprise…). Cependant, la région méditerranéenne présente un certain nombre d’atouts et de potentialités qu’il convient de valoriser en vue de constituer une véritable zone méridionale d’intégration économique d’importance mondiale. C’est en effet un territoire avec une forte identité qui rassemble des agglomérations disposant d’un poids démographique et d’un potentiel économique leur permettant d’intéragir avec les centres décisionnels européens et mondiaux, et qui bénéficie d’une situation stratégique en terme d’innovation, ou encore d’une certaine qualité de vie. Le pari de la Technopolisation au sein de l’espace Medoc ne doit pas se focaliser sur l’objectif de « rattrapage » vis à vis des villes de hiérarchie supérieure. La Technopolisation dans les territoires méditerranéens présente l’opportunité de consolider un modèle urbain propre, qui repose sur un renouvellement du secteur productif, mais aussi de l’ensemble du système d’acteurs urbains. S’appuyant sur un processus d’innovation productive et sociale, le défi de la Technopolisation dans l'espace MEDOC repose sur la mise en oeuvre d’un modèle compétitif qui intègre la société de la connaissance, le développement durable et la qualité de vie comme axes de développement, tout en conservant l’essence méditerranéenne. 2• PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE DE TRAVAIL PILOTÉE PAR LA VILLE DE BARCELONE L´ÉLABORATION D’UNE RÉFLEXION SUR LE THÈME DE LA TECHNOPOLISATION DANS LES MÉTROPOLES DU SUD DE L’EUROPE : LE FRUIT D’UNE DÉMARCHE PARTICIPATIVE Conformément à l’organisation du projet Interreg IIIB-C2M, la Ville de Barcelone est le pilote des travaux conduits sur le thème de la Technopolisation. Afin d’appréhender l'ensemble des réflexions concernant le thème de la Technopolisation, la démarche de travail proposée aux partenaires s’est voulue la plus participative possible. Le projet visait en effet à : • développer une vision et une compréhension commune de la problématique de la Technopolisation à l’échelle du système métropolitain intégré entre les villes partenaires, • identifier dans le cadre d’un diagnostic comparatif les enjeux en commun et les bonnes pratiques pouvant être valorisées au sein du réseau des métropoles C2M, • définir des pistes de coopération et de collaboration en vue de concrétiser le consensus global sur ce que signifie la Technopolisation et permettre aux métropoles C2M de poursuivre la dynamique initiée dans le cadre du projet. 160 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 161 PROJET PILOTE BARCELONE Conformément aux objectifs du projet-pilote précédemment définis, la démarche a été organisée suivant les étapes suivantes : • réaliser une enquête qualitative et quantitative sur le thème de la Technopolisation auprès des métropoles partenaires à l’aide de deux questionnaires, • échanger des informations sur la problématique d’étude dans le cadre d’entretiens et de réunions de travail, • organiser quatre séminaires de travail autours de thèmes liés à la Technopolisation. La rédaction du présent rapport conclusif du projet-pilote Technopolisation s’est nourrit de l’ensemble des réflexions conduites tout au long du projet. Les conclusions ici présentées sont donc le fruit d’une collaboration active de l’ensemble des villes partenaires et des acteurs locaux sollicités. UNE ENQUÊTE QUANTITATIVE TECHNOPOLISATION AU SEIN DES UN ET QUALITATIVE MÉTROPOLES C2M SUR LE THÈME DE LA QUESTIONNAIRE QUANTITATIF Cette première enquête menée auprès des six métropoles C2M visait à réaliser un diagnostic comparatif du processus de Technopolisation au sein de l’espace Medoc. Afin de procéder à un examen des degrés de convergence et de différenciation entre les villes partenaire, il leur était demandé, dans le cadre d’un questionnaire, de fournir une série d’indicateurs statistiques relatifs à la société de l’information et à la nouvelle économie et d’évaluer les points forts et les points faibles des métropoles par rapport à la thématique étudiée. Les thèmes principaux appréhendés par cette enquête sont les suivants : • structure métropolitaine, • capital humain, • universités et centres d’investigation, • structure productive, • dynamisme économique, • innovation technologique et capacité créative, • pénétration de la société de l’information, • initiatives de développement technologique. Les informations ainsi collectées ont permis de confronter les différentes métropoles quant à leur environnement technologique, créatif et innovateur. Il s’est cependant révélé difficile d’établir des comparaisons très détaillées étant donné la trop grande hétérogénéité des données quantitatives disponibles, ceci pour deux raisons principales : • les indicateurs statistiques dans le champ des TIC ne sont pas encore fiables et harmonisés entre les pays, • les échelles de territoires de référence ne sont pas toujours uniformes. UN QUESTIONNAIRE QUALITATIF Cette enquête qualitative vise à compléter les données objectives recueillies dans le cadre du premier questionnaire par des opinions, des impressions sur la signification et 161 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 162 PROJET PILOTE BARCELONE l’importance stratégique de la Technopolisation dans les villes de l’espace Medoc. L’objectif est de définir un modèle de Technopolisation Méditerranéen reposant sur l’identification d’objectifs, de stratégies et de politiques tout en tenant compte du contexte territorial et historique singulier de l’espace méditerranéen concerné. Le questionnaire diffusé aux six villes partenaires, regroupe trois types d’exercice : • évaluer le niveau de qualité et le niveau stratégique des mêmes indicateurs déjà appréhendés lors du premier questionnaire pour chaque ville C2M, • mesurer le niveau d’incidence des conditions et des activités urbaines sur les éléments qui intègrent les processus d’innovation et de création (matrice technopolisation), • établir une priorité entre quatre grands groupes de politiques de développement technologique (formation/université, gestion de la demande en technologie et innovation, gestion de l’offre en technologie et innovation, infrastructures et initiatives urbaines), et évaluer la participation actuellement effective du secteur privé, du secteur public, et des institutions civiles vis-à-vis des mêmes groupes de politiques (matrice des initiatives et politiques de développement technologique). DES ENTRETIENS ET RÉUNIONS DE TRAVAIL Afin de nourir continuellement le débat sur la Technopolisation et la métropolisation, la ville de Barcelone a maintenu de nombreux contacts avec des personnes ou des institutions ressources , sollicitées en raison de leurs connaissances approfondies et/ou de la conduite d’actions concrètes dans les domaines liés, d’une manière ou d’une autre, au processus étudié (nouvelles technologies, innovation, promotion entreprenariale, gestion du capital risque, etc). Il en est résulté au niveau local, la création d’un tissu d’institutions et de spécialistes de divers domaines, du secteur public ou privé, qui ont contribué au déroulement du projetpilote en apportant leurs visions, leurs idées et leurs expériences. Les différentes réunions de travail tenues avec ces mêmes acteurs ont été l’occasion d’échanger des informations afin de développer une vision intégratrice des différents aspects en relation avec la Technopolisation. L’information fournie a facilité l’élaboration de divers documents, mais elle a aussi permis de solliciter la participation active d’experts ou d’institutions lors des séminaires conduits dans le cadre du projet C2M. Par ailleurs, les acteurs représentants des villes partenaires, qui ont répondu aux questionnaires et/ou sont intervenus lors des séminaires, ont initié la formation d’un réseau d’experts et d’institutions au niveau international sur la thématique Technopolisation. DES SÉMINAIRES INTERNATIONAUX DE TRAVAIL UNE RÉFLEXION PRÉALABLE SUR LE THÈME DE LA TECHNOPOLISATION LE RÔLE DE L’UNIVERSITÉ DANS LA TECHNOPOLISATION – 24 JANVIER 2003 Dans le cadre de la réflexion sur la Technopolisation, il semblait important de s’intéresser aux universités en tant qu’institutions non plus fermées sur elles-mêmes, mais ouvertes à leur environnement territorial, économique et culturel. Le séminaire intitulé « Universitat i entorn » , qui a eu lieu à Barcelone le 24 janvier 2003, avait pour objectif de réaliser un diagnostic de la situation actuelle de l’Université et de définir des stratégies qui permettent 162 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 163 PROJET PILOTE BARCELONE une meilleure coordination avec les acteurs du territoires, les entreprises ou les agents sociaux, en prenant notamment exemple sur les expériences significatives de Finlande et de Cambridge. VILLES ET MONDIALISATION – 26 MARS 2003 Le séminaire intitulé « Nuevas dimensiones de la globalización y el papel de las ciudades » qui a eu lieu à Barcelone le 26 mars 2003, avait pour objectif d’analyser le renforcement du pouvoir des villes dans le contexte de la mondialisation. Il s’agissait premièrement d’évaluer les effets de la mondialisation sur le processus de développement urbain, pour ensuite considérer la place des nouvelles dimensions urbaines, et notamment des régions urbaines, au sein du système urbain européen. Il était par ailleurs question de s’interroger sur l’existence d’un réseau urbain global capable de gérer la complexité et les changements en cours. Il semblait enfin important de se demander si les mutations profondes qui affectent l’environnement urbain actuel exigent la définition d’un nouveau paradigme urbain. UN APPROFONDISSEMENT DU THÈME AVEC LES VILLES PARTENAIRES DU PROJET C2M METROPOLÍS / TECNOPÓLIS DE L’ARC MÉDITERRANÉEN I – 15 ET 16 DÉCEMBRE 2003 L’objectif de cette rencontre était d’étudier les politiques de soutien à l’innovation, au développement technologique et à la création de capital humain dans le contexte de la mondialisation et du processus transitoire vers la société de l’information. Dans un premier temps, il s’agissait de resituer la problématique générale du projet-pilote. Dans un second temps, les villes partenaires étaient appelées à présenter des projets ou des expériences liés aux activités de R&D&I et aux politiques urbaines capables d’encourager la création d’activités et d’entreprises innovantes. Il était enfin question d’analyser dans quelle mesure l’arc méditerranéen constitue un véritable axe européen et de présenter la méthodologie employée pour réaliser un diagnostic sur le thème de la Technopolisation dans les différentes villes partenaires. METROPOLÍS / TECNOPÓLIS DE L’ARC MÉDITERRANÉEN II – 18 ET 19 MAI 2004 Ce séminaire présentait un double objectif. Il s’agissait tout d’abord d’analyser l’évolution et les politiques des métropoles partenaires en ce qui concerne l’innovation, le développement technologique et le capital humain. La deuxième finalité consistait à étudier le passage de politiques urbaines sectorielles à des politiques urbaines intégrées, adaptées au nouveau modèle de « ville de la connaissance ». Dans un premier temps, était effectuée une présentation comparative de la situation des différentes villes du réseau, sur la base du questionnaire quantitatif Technopolizacion. Dans un second temps, il était proposé de débattre sur l’état de la question, en relation avec les principaux éléments qui configurent le nouveau modèle urbain / technologique / productif : pénétration des TIC et développement de l’innovation, capital humain et universités, transformation productive et nouvelles activités entreprenariales, nouvelles politiques urbaines. Enfin, la troisième partie était consacrée à l’analyse, à partir de ces mêmes éléments, de la pertinence de l’Arc Méditerranéen et de sa viabilité comme axe européen. 163 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 164 PROJET PILOTE BARCELONE 3• UN DIAGNOSTIC COMPARATIF DE LA DANS L’ESPACE MEDOC LES TECHNOPOLISATION PRINCIPAUX INDICATEURS DE LA TECHNOPOLISATION DANS L’ESPACE UNE COMPARAISON AU NIVEAU RÉGIONAL MEDOC : Comme il a été indiqué dans des paragraphes précédents, l'intégration des technologies numériques, qui a engendré la transformation vers la Société de l’Information, est un processus qui ne peut être étudié de manière isolée. Il constitue plutôt un vecteur transversal étroitement lié aux dynamiques économiques et sociales, qui se développent naturellement en milieu urbain. Par conséquent, à l’heure de réaliser un diagnostic comparatif des processus de Technopolisation dans l’espace Medoc, il semble pertinent de considérer les aires urbaines fonctionnelles. Cependant, le questionnaire quantitatif réalisé dans les six villes du réseau C2M révèle la difficulté de réaliser des comparaisons précises au niveau urbain, en raison, d'une part, de la grande hétérogénéité des variables, et d'autre part, des différentes échelles de territoire de référence. C’est pourquoi, afin d’amorcer le diagnostic comparatif des processus de Technopolisation dans les villes partenaires, il semble pertinent de recourir à des bases de données contenant des informations homogènes aussi désagrégées que possible au niveau territorial. Dans cette logique comparative, ont été pris en considération les indicateurs statistiques disponibles au niveau régional (Eurostat, Ereco, European Innovation Scoreboard, etc.). S’il est vrai aujourd’hui que tout le monde s’accorde sur le fait que les aires urbaines fonctionnelles coïncident principalement avec les aires métropolitaines, elles ont tendance à dépasser ces limites pour étendre leur aire d’influence à la région, établissant ainsi le concept de ville-région. Par ailleurs, malgré le fait que certaines des régions analysées comportent plus d’une unité urbaine fonctionnelle d’importance, comme c’est le cas en P.A.C.A. ou en Andalousie, le poids de la capitale métropolitaine dans sa région est toujours suffisamment important pour que l’échelle régionale soit représentative des villes étudiées. Les régions analysées sont celles d’Andalousie (Séville et Malaga), de Catalogne (Barcelone), de P.A.C.A. (Marseille), de Rhône-Alpes (Lyon) et de Ligurie (Gênes). Ont été par ailleurs considérés, en tant que base de référence, les valeurs moyennes de Finlande et d’Irlande, dont la taille est similaire aux régions étudiées, ainsi que celles des trois pays concernés par le projet (France, Italie, Espagne), et enfin les valeurs moyennes des régions C2M et de l’Europe des quinze. Les variables considérées se réfèrent à des valeurs absolues, mais dans la majorité des cas, en fonction du type et de la disponibilité de données, sont également examinés les taux de croissance. Le diagnostic qui suit repose sur cinq groupes de données, tous liés, de manière directe ou indirecte, au processus de Technopolisation : • des données structurelles qui comprennent des variables démographique (population et densité), des variables liées à l’urbanisation (population métropolitaine, population urbaine par rapport au total régional), et des variables économiques (PIB, taux d’emplois), 164 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 165 PROJET PILOTE BARCELONE • la structure productive et le niveau de productivité des grands secteurs de l’économie, • l’investissement en R&D et le nombre de brevets enregistrés, • les indicateurs de la nouvelle économie (secteurs spécialisés et brevets de haute technologie) • les indicateurs du capital humain (formation de troisième cycle et formation continue). Ces données ont permis de réaliser trois types d’approches comparatives au niveau régional. POSITIONNEMENT DES RÉGIONS C2M PAR RAPPORT À LA MOYENNE EU-15 Une première appréciation consiste à comparer les régions étudiées avec la moyenne européenne, aussi bien par rapport aux indicateurs structurels (population, urbanisation, taux de chômage, PIB par habitant, structure productive et productivité totale), que par rapport aux indicateurs spécifiques à l’innovation (emploi dans le secteur industriel et tertiaire de haute technologie, dépense totale en R&D, brevet et formation de troisième cycle). • Il s’agit de régions présentant de hauts niveaux de population (entre 4,5 et 7,5 millions d’habitants) et des densités moyennes, à l’exception de la Ligurie (1,6 millions d’habitants et forte densité)1 . • Du point de vue de l’urbanisation, la Catalogne et la Ligurie se démarquent nettement en ce qui concerne l’importance régionale de l’aire urbaine et des nœuds urbains de plus de 50.000 habitants. • Concernant le taux d’emploi, les régions de Rhône-Alpes et de Catalogne sont au niveau de la moyenne européenne alors que les autres régions présentent des taux inférieurs. • Au sujet du PIB par habitant, les régions françaises et italiennes révèlent des valeurs similaires à la moyenne européenne alors que les régions espagnoles sont en-dessous. • Au niveau de la structure productive par grands secteurs, les cinq régions C2M présentent des caractéristiques diverses. Ainsi, l’Andalousie montre des pourcentages relativement élevés dans les secteurs de l’agriculture et de la construction, la Catalogne et la région Rhône-Alpes dans l’industrie et l’énergie, la région P.A.C.A dans les services en général, et enfin la Ligurie en matière de services marchands2. • En ce qui concerne le niveau de productivité totale, les régions françaises et italiennes sont au-dessus de la moyenne européenne alors que les régions espagnoles sont en-dessous3. • Les valeurs des taux de croissance démographique des régions C2M sont en-dessous de la moyenne européenne, et la Ligurie présente même un taux négatif. • Concernant le PIB par habitant, l’Andalousie présente un taux de croissance supérieur à la moyenne européenne, les taux des autres régions restant inférieurs mais très proches de la moyenne européenne4 . • L’augmentation de la productivité de ces mêmes régions est autour de la moyenne européenne5 . • L’analyse des indicateurs relatifs à l’innovation des régions C2M révèle la situation particulière de Rhône-Alpes et de Catalogne qui sont au-dessus de la moyenne européenne en matière de formation de troisième cycle et d’emploi dans l’industrie haute technologie. 1 Cf Annexes, cuadro n°1 2 Cf Annexes, cuadro n°2 3 Cf Annexes, cuadro n°8 4 Cf Annexes, cuadro n°9 5 Cf Annexes, cuadro n°9 165 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 166 PROJET PILOTE BARCELONE En ce qui concerne les autres indicateurs, l’ensemble des régions présente des valeurs inférieurs mais proches de la moyenne européenne, à l’exception des brevets pour lesquels les valeurs sont très en-dessous (hormis Rhône-Alpes)1. • La situation concernant l’innovation aurait tendance à s’équilibrer dans la mesure où les taux de croissance des régions C2M sont toujours au-dessus de la moyenne européenne, même si, comme c’est le cas en Andalousie, les niveaux de départ sont très bas. Les seules exceptions concernent les régions de P.A.C.A et de Ligurie en terme de formation de troisième cycle, et la région P.A.CA. en matière de dépense en R&D, dont les taux de croissance sont en dessous de la moyenne européenne2. POSITIONNEMENT DE CHAQUE RÉGION EUROPÉENNE C2M PAR RAPPORT À LA MOYENNE C2M ET À LA MOYENNE Cette seconde approche consiste à analyser séparément chacune des régions C2M par rapport à la moyenne C2M et à la moyenne européenne. • L’Andalousie présente des niveaux d’indicateurs inférieurs à toutes les moyennes de référence, et tout particulièrement en ce qui concerne les brevets, les dépenses en R&D et l’emploi dans le secteur des services et de l’industrie de haute technologie. Seule la formation de troisième cycle révèle une valeur très proche de la moyenne européenne. Cette situation est compensée par des taux de croissance toujours supérieurs à la moyenne européenne, à l’exception de la croissance démographique et de la productivité3. • La Catalogne montre des valeurs égales ou supérieures à la moyenne européenne en ce qui concerne la formation de troisième cycle et l’emploi dans l’industrie de haute technologie, alors que les brevets, les dépenses en R&D, et dans une moindre mesure, l’emploi dans les services de haute technologie, présentent des valeurs très inférieures à la moyenne. Quant aux taux de croissance des mêmes indicateurs, ils sont tous égaux ou supérieurs aux taux européens, tout particulièrement en matière de R&D et de formation de troisième cycle4 , à l’exception de la dynamique démographique. • La région P.A.CA. présente une situation très semblable mais un peu inférieure à la situation européenne, à l’exception de l’emploi dans l’industrie de haute technologie, très en dessous de la moyenne européenne, et de la productivité totale qui est au-dessus. Les taux de croissance sont inférieurs aux taux moyens européens, tout particulièrement en matière de formation de troisième cycle5 , ce qui induit des difficultés de « rattrapage ». • La région Rhône-Alpes présente des valeurs situées au-dessus des moyennes européennes, en particulier en ce qui concerne les brevets, la formation de troisième cycle ou les dépenses en R&D. Par ailleurs, les taux de croissance sont similaires, même si légèrement inférieures aux taux européens, à l’exception de la formation de troisième cycle dont le taux est très supérieur6. • Enfin, la Ligurie présente des valeurs inférieures mais proches de la moyenne européenne, excepté dans le cas des dépenses en R&D, des brevets ou de la formation de troisième cycle, dont les niveaux sont nettement plus faibles. La croissance est faible concernant le nombre de brevets, et même négative pour la formation de troisième cycle7. 1 Cf Annexes, cuadro n°8 2 Cf Annexes, cuadro n°9 3 Cf Annexes, cuadro n°10 et 11 4 Cf Annexes, cuadro n°12 et 13 5 Cf Annexes, cuadro n°14 et 15 6 Cf Annexes, cuadro n°16 et n°17 7 Cf Annexes, cuadro n°18 et n°19 166 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 167 PROJET PILOTE BARCELONE POSITIONNEMENT DE L’ESPACE DE RÉFÉRENCE C2M PAR RAPPORT À LA MOYENNE EUROPÉENNE ET AUX RÉGIONS Les régions C2M révèlent des valeurs distinctes, aussi bien sur le plan structurel que sur celui de l’innovation. Cependant, il semble intéressant de comparer la moyenne de ce qui pourrait être dénommé la macro-région C2M, avec la moyenne européenne, et les cas d’Irlande et de Finlande, dont les valeurs et les taux de croissance des mêmes indicateurs constituent des références significatives, et dont la taille est semblable à celle des régions analysées. • Concernant le PIB par habitant, la productivité totale ou le taux d’emploi, il est possible de constater que l’espace C2M est proche du niveau européen, même si légèrement inférieur. Les taux de croissance de ces mêmes variables sont également inférieurs à la moyenne européenne, et bien évidemment aux deux pays de référence, ce qui induit des difficultés à court terme pour surmonter la situation actuelle. En outre, le problème le plus significatif de la macro-région C2M est lié au faible taux de croissance démographique, qui constitue un indicateur significatif de stagnation tendancielle1. • La structure productive est très semblable à la moyenne européenne même si le poids de l’agriculture et de la construction est plus important. Il est par ailleurs certain que les différences les plus importantes avec l’Irlande et la Finlande proviennent du poids majeur des services et du poids mineur de l’industrie dans les régions C2M2. • En ce qui concerne les indicateurs se référant aux nouvelles activités économiques, le nombre de brevets de haute technologie ou les pourcentages d’emploi dans les secteurs de haute technologie sont toujours inférieurs à la moyenne européenne, et très en dessous du cas irlandais, surtout en matière de brevets3. • Enfin, les indicateurs de l’innovation sont très en dessous des valeurs finlandaises et légèrement inférieures à la moyenne européenne, à l’exception de la formation continue qui est très inférieure, et de la formation de troisième cycle qui coïncide pratiquement avec la moyenne4. Cependant, les taux de croissance de ces mêmes variables pour l’espace C2M, bien qu’ils soient inférieurs aux références irlandaises et finlandaises, dépassent la moyenne européenne, et dépassent même les deux pays cités dans le cas des dépenses universitaires en R&D5. LE PROCESSUS DE TECHNOPOLISATION DANS LES MÉTROPOLES PARTENAIRES Le diagnostic qui suit a été réalisé grâce aux contributions des villes partenaires dans le cadre de leur réponse au premier questionnaire et du séminaire de décembre 2004 au cours duquel elles ont présenté un cas pratique de Technopolisation expérimenté sur leur territoire. Il s’agit d’identifier les points de convergence et de différentiation par rapport au processus de technopolisation dans les différentes métropoles. STRUCTURE URBAINE DES MÉTROPOLES C2M Il est ici question de situer territorialement les villes partenaires du projet C2M.Tout d’abord, il convient de rappeler que les stratégies d’implantation des secteurs technologiques publics ou privés sont différentes en fonction de la taille des villes. Par ailleurs, les villes représentent les concentrations de richesse, de population et de travail les plus importantes 1 Cf Annexes, cuadro n°20 2 Cf Annexes, cuadro n°21 3 Cf Annexes, cuadro n°24 4 Cf Annexes, cuadro n°25 5 Cf Annexes, cuadro n°26 167 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 168 PROJET PILOTE BARCELONE jusqu’à aujourd’hui constituées, dont dépendent, non seulement le territoire strictement municipal, mais aussi des zones géographiques plus amples dont le futur est en grande partie tributaire des villes centres. C’est pourquoi il est important de connaître les caractéristiques propres des villes C2M, et tout particulièrement celles qui permettent de dessiner une stratégie différentielle. En ce qui concerne la taille urbaine et l’importance de la population, toutes les villes étudiées se situent dans le même ordre de grandeur. La ville centre est comprise dans un intervalle entre 100 et 500 km2, et l’aire métropolitaine entre 600 et 1.200 km2, à l’exception de Lyon, dont la ville centre s’étend sur 48 km2 et l’aire métropolitaine (Grand Lyon) sur 487 km2. La population n’atteint pas le million d’habitants dans la ville centre (à l’exception de Barcelone), et le dépasse dans l’aire métropolitaine (très largement dans le cas de Barcelone). Il s’agit donc de grandes villes, parmi les plus importantes agglomérations de la rive nord méditerranéenne. Les graphiques suivants présentent les superficies des différentes villes centres et de leurs aires métropolitaines, ainsi que leur population et leur densité. Source : questionnaire quantitatif Technopolisation Cependant, les données collectées ne peuvent refléter la variété des situations qui se présentent. Par exemple, dans le cas de Barcelone, l’unité fonctionnelle, plus ample que l’aire métropolitaine à proprement parler, embrasse toute la région métropolitaine d’une 168 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 169 PROJET PILOTE BARCELONE superficie de 3.200 km2. Il en est de même pour Lyon, qui comprend une région urbaine fonctionnelle qui dépasse le cadre des 55 communes comprises dans le Grand Lyon. Les villes actuelles ont été façonnées dans le temps par des dynamiques administratives, économiques et géographiques. Sans avoir l’ambition d’analyser en profondeur ces dynamiques urbaines dans chacune des villes partenaires, il semble important d’indiquer quelques données significatives. Cinq des six villes partenaires du projet, à l’exception de Malaga, sont des capitales régionales, ce qui leur donne un caractère de centre administratif distinctif, tant au niveau du volume que de la qualité des fonctions urbaines. A l’exception de Lyon et de Séville, les quatre autres villes sont côtières. Ceci se traduit en termes économiques, par l’importance de l’activité portuaire (Gênes, Marseille et Barcelone principalement), et de l’activité touristique. L’expansion métropolitaine de Malaga suit une ligne droite le long de la côte, qui détermine le modèle urbain et économique de la ville. Les aires métropolitaines sont toutes polycentriques (à des degrés divers) : elles comprennent différents centres fonctionnels et la ville centre rassemble les fonctions économiques, culturelles et administratives de premier ordre. La différenciation se réalise grâce à la complémentarité qui existe entre les différents centres. Il est en effet possible d’observer de manière générale une certaine spécialisation fonctionnelle des centres secondaires qui vient compléter les fonctions de plus grande valeur ajoutée concentrées dans la municipalité centrale. Gênes montre cependant une mauvaise évolution différentielle du centre et de sa périphérie, affaiblissant la compréhension de l’ensemble métropolitain. L’amélioration de l’agglomération centrale qui a lieu ces dernières années n’a pas engendré une plus grande intégration de la périphérie qui n’est toujours pas considérée comme une une aire urbaine active. Selon le questionnaire, les infrastructures de transport sont déficientes et « les relations historiques et spatiales de l’agglomération centrale avec le territoire alentours sont coupées ». Aux dynamiques de différenciation, il faut ajouter d’autres points communs à toutes les villes. Il s’agit de tendances uniformes qui ont plus ou moins modelé la ville ces dernières décennies. Au modèle expansif d’urbanisation1, toujours intense dans les villes dont l’activité repose sur le tourisme, se substitue peu à peu un processus de redynamisation du centreville (refaire la ville sur la ville). Enfin, il semble important de considérer l’aspect qui fait référence à l’intégration administrative des territoires. La coïncidence entre les limites réelles et les limites administratives diffère dans les six cas. Il existe en outre des degrés divers de coopération entres les communes de l’aire métropolitaine. Les villes de Marseille et de Malaga mènent aujourd’hui une réflexion afin de définir le niveau de gestion et de planification territoriale le plus cohérent. Barcelone comprend déjà des entités qui travaillent au niveau de l’aire métropolitaine. La question du maillage administratif, de la gouvernance et de l’intégration de différentes échelles de territoires est exprimée comme une nécessité, notamment en 1 A titre d’exemple, en moins de quarante ans, la surface consommée par l’urbanisation de Lyon a augmenté de 140% et la tâche urbaine de 137%, alors que la population ne progressait que de 60%. 169 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 170 PROJET PILOTE BARCELONE matière de prestation de services (transports, gestion des déchets, tourisme…), mais aussi pour une planification stratégique plus cohérente et efficiente du territoire. SYSTÈME UNIVERSITAIRE En ce qui concerne la formation universitaire, les tendances observées sont les suivantes : • une population universitaire entre 10 et 20% de la population totale, qui tend à croître, • une faiblesse relative dans le champ des études technologiques et scientifiques, à l’exception des domaines de la santé pour Malaga, Barcelone, Marseille et Lyon, des sciences pures à Marseille, et des TIC à Lyon, Gênes et Barcelone, • un part inférieur à 1% de doctorants dans la population active pour les villes espagnoles1. Concernant la relation du système universitaire avec son territoire urbain, il convient de retenir les aspects suivants : • Relation ville-université : au processus général de localisation des centres universitaires dans les villes centres, il convient d’ajouter les particularités suivantes. Malaga complète ses installations centrales urbaines par certains sites de moindre importance au sein du Parc Technologique d’Andalousie. Marseille répartie les centres universitaires entre les deux grandes villes de la région urbaine, à savoir Marseille et Aix-en-Provence. Barcelone concentre une grande partie de l’offre universitaire dans le nord de la ville, même si elle présente des universités dans le centre. Par ailleurs, elle dispose d’universités comprises dans l’aire métropolitaine, regroupant un Campus et de petits centres situés dans les aires centrales de certaines villes. Séville concentre les installations dans l’agglomération centrale. Lyon, qui indique que la fragmentation territoriale des centres universitaires est l’un des points faibles de l’agglomération, s’appuie sur le programme “Lyon Métropole Innovante” afin d’améliorer la relation entre le monde universitaire et la métropole au niveau urbain, économique et social. • Spécialisation universitaire : la spécialisation universitaire est différente selon les villes et le nombre d’universités présentes. Sans se référer à un critère uniformisé qui permet de comparer le degré de spécialisation, il est néanmoins possible de faire ressortir les observations suivantes. Malaga présente une certaine spécialisation dans les domaines des sciences de la santé, de l’éducation, de l’information et de la gestion des entreprises du secteur touristique (troisième cycle). Marseille est spécialisée dans les domaines de la santé, des sciences pures (mathématiques et physique) et du droit, mais souffre de l’absence cruelle de formation haut de gamme reconnue (grandes écoles et écoles d’ingénieurs). Séville ne met pas en avant de spécialisation concrète mais attire l’attention sur l’absence d’une culture de formation continue (masters et diplômes de spécialisation). Gênes repose sur une Université plus particulièrement spécialisée en maitère d’ingénierie, de TIC, d’économie, de logistique, de paysagisme ou d’environnement. Enfin, Barcelone et Lyon sont deux grandes villes universitaires qui couvrent le plus grand nombre de branches de spécialisation. Barcelone tire une grande partie de son prestige universitaire grâce aux études dans le champ de la technologie, des sciences de la santé et des sciences humaines en général, et grâce à l’offre importante en études de troisième cycle. • Mécanismes de relation entre l’université, les entreprises et l’administration : il existe une 1 Pas de données disponibles pour les autres villes enquêtées 170 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 171 PROJET PILOTE BARCELONE grande variété de mécanismes selon les villes et les universités. Malaga et Gênes profitent des synergies respectives du Parc Technologique d’Andalousie et du Parc Scientifique et Technologique de Ligurie pour encourager les deux types d’interface. Malaga s’appuie par ailleurs sur des programmes spécifiques avec les différentes administrations, principalement locales et autonomes. Malaga signale cependant que le manque d’offre en postes qualifiés induit une migration des diplômés universitaires dans d’autres villes. L’Université de Marseille base sa relation avec l’administration sur des programmes importants financés par des fonds nationaux, mais dispose également de programmes concrets avec les entreprises et les clusters locaux. Séville a créé des unités spécifiques pour traiter ce type de relations. A Barcelone, malgré l’existence de programmes communs, chaque université définie en général des accords propres avec les entreprises et l’administration. A Lyon, les filiales de valorisation de la recherche des universités font l’interface avec les entreprises. Par ailleurs, depuis 1999, la Communauté urbaine du Grand Lyon mène une politique destinée à rapprocher le monde scientifique du monde économique et de l’administration locale. Menée conjointement avec les acteurs locaux, dont le Pôle Universitaire de Lyon1, cette politique a été initiée par le « Plan Technopole » (1999 – 2002). Elle se poursuit aujourd’hui avec le plan « Lyon, métropole innovante » (2003-2006). Par ailleurs, Lyon souligne le rôle important que jouent les évènements et séminaires entre entreprises et université (Carrefours de la Fondation Rhône-Alpes, Rencontres régionales de la Recherche…). SECTEUR PRODUCTIF, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT De manière générale, la structure productive évolue suivant la même tendance dans les différentes villes partenaires : elle présente un secteur tertiaire croissant et majoritaire (dans la plupart des cas, le pourcentage est supérieur à 80%), une activité agricole marginale, un secteur de la construction qui connaît quelques légères variations dans le temps et dans l’espace, et un secteur industriel relativement stable malgré une légère baisse de l’activité. Il est cependant possible de noter les particularités suivantes : • Un poids important des services liés à l’administration dans toutes les villes avec un pourcentage autour des 30% (à l’exception de Malaga qui n’est pas capitale de région). • Les services avancés représentent en moyenne 15% de l’occupation et sont généralement concentrés dans les municipalités centrales. • L’activité industrielle est plus concentrée en périphérie. • La province de Malaga, avec 5,5% de sa population active dédiée à l’agriculture, présente un poids relativement important dans ce secteur vis-à-vis des autres villes C2M. Cette donnée, ajoutée à la part importante de la population active dans le secteur de la construction (19,23% en 2003), exprime la singularité de cette ville andalouse. • La province de Barcelone conserve encore aujourd’hui une industrie forte (27,75%), même si la tendance est à la baisse. 1 Groupement d’intéret public qui fédère des établissements d’enseignement et de recherche du Grand Lyon pour développer des projets d’intérêt commun 171 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 172 PROJET PILOTE BARCELONE Source : questionnaire quantitatif Technopolisation En ce qui concerne la taille des entreprises, le pourcentage des petites unités est dans tous les cas supérieur à 90% du total des entreprises. Il conviendrait de compléter cette information, qui exprime a priori une nette prédominance des P.M.E en Europe (la moyenne européenne en 1998 est de 93,1% d’entreprises de moins de 10 employés), par le pourcentage d’occupation selon les rangs de taille, étant donné que les grandes entreprises concentrent un pourcentage élevé d’occupation. La ville de Lyon a procuré ces données, et les résultats sont flagrants : seulement 2% des entreprises sont supérieures à 100 salariés, mais concentrent 49% de la population active. Même si les données sont légèrement différentes selon les territoires, ce fort contraste peut être extrapolé au reste des villes C2M. Le pourcentage d’échec entreprenarial se situe autour de 10-12%, un indice inférieur à celui des Etats-Unis. Ce fait, loin d’être comparativement favorable à l’Europe, montre la différence culturelle qui existe entre les deux puissances économiques. Le rythme de création des entreprises aux Etats-Unis est beaucoup plus important qu’en Europe, et la disparition d’une entreprise n’est pas considérée, dans le cas américain, comme une faiblesse mais comme une expérience acquise. Quant aux aides à la création et à l’accompagnement des entreprises, il semble exister de nombreux programmes d’aides, locaux ou nationaux, qui cependant n’ont pas vraiment d’orientation claire, et engagent des procédure excessivement bureaucratiques. Par ailleurs, dans la plupart des villes, il est possible de noter un manque de lisibilité pour le petit entrepreneur local concernant les aides établies, qu’elles apportent un soutien à l’économie, aux infrastructures, ou en terme de recherche et développement. Toutes les villes étudiées font part d’initiatives liées à la promotion entreprenariale, qui sont aussi bien localisée dans la ville centre que dans l’aire métropolitaine. A titre d’exemple, Malaga s’appuie fortement sur le Parc Technologique d’Andalousie, Séville sur son Parc Technologique Cartuja 93, Barcelone fait référence au Parc Scientifique et au district 22@, et Marseille au site de la Belle de Mai et aux Zones Franches Urbaines. Lyon concentre les initiatives de promotion au sein du programme de coordination autour de l’entreprenariat, dénommé « Lyon, Ville de l’Entreprenariat ». Il est possible de définir deux types d’initiatives. Les premières, qui sont liées à des centres technologiques et/ou universitaires, sont habituellement situées en périphérie de la municipalité. Les secondes, qui sont liées à des projets de réhabilitation urbaine, se situent 172 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 173 PROJET PILOTE BARCELONE dans des espaces beaucoup plus centraux, et peuvent ou non compter sur la participation d’universités ou de centres de recherche publique. Certaines de ces zones révèlent des évolutions très positives quant à certains indicateurs comme la qualification de l’emploi ou la spécialisation entreprenariale. Toutes les villes étudiées ont crée des organismes de soutien à la création d’entreprises (ProMalaga, Sevilla Global, Barcelona Activa, Marseille Innovation et Crealys à Lyon…). Il faut par ailleurs noter que les Chambre de Commerce françaises continuent d’être beaucoup plus actives en terme de promotion entreprenariale et de soutien à l’entrepreneur que les Chambres de Commerce espagnoles. Les entreprises créées à travers les programmes de promotion entreprenariale sont généralement de petite taille. Dans le cas de Lyon par exemple, 76% des entreprises créées n’ont pas de salariés. Cette donnée peut signaler une faible capacité des nouveaux entrepreneurs à former de grandes équipes de travail, et à bénéficier d’un accompagnement adapté. L’internationalisation des entreprises présente différents degrés d’intégration selon les villes partenaires, mais il n’est jamais question de politiques expressément tournées vers les phénomènes récents de délocalisation et de mondialisation. Pour réaliser une étude des secteurs avancés, il convient d’abord de les définir concrètement : il s’agit des secteurs où le composant technologique ou la connaissance sont déterminants pour le développement de l’activité. De l’analyse du questionnaire, il est possible de mettre en avant les observations suivantes : • Marseille est spécialisée dans le secteur de la microélectronique. Il s’agit d’un secteur presque exclusivement privé, et fortement créateur d’emplois (doublement des emplois en 7 ans). Marseille signale par ailleurs l’importance des services aux entreprises, mais il n’est pas toujours question de services avancés, mais le plus souvent d’activité de faible valeur ajoutée. • Malaga ne souligne pas l’importance d’un secteur avancé particulier. Malgré la présence d’entreprises avancées, il s’agit de secteurs encore peu consolidés, et généralement liés au Parc Technologique d’Andalousie. De même qu’à Séville, il convient de noter le poids important du secteur public en la matière. Par ailleurs, les services liés au tourisme sont probablement ceux qui sont les plus spécialisés. • A Séville, la situation est semblable à celle de Malaga, bien que certains secteurs y soient mieux développés. La ville bénéficie également d’une importante participation publique dans certains secteurs, ce qui facilite la concentration entreprenariale, dont l’exemple parlant est celui du secteur aéronautique. La taille plus importante de la ville et sa position de capitale induisent une plus grande présence de services aux entreprises dont certains peuvent être qualifiés d’avancés. • A Barcelone, l’évolution des secteurs industriels traditionnels a engendré l’apparition de secteurs avancés. Leur forte présence est également très liée aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Il existe par ailleurs un soutien public important pour encourager le développement de certains secteurs considérés comme stratégiques (biomédecine, TIC, multimédia, aéronautique). Cependant, le retard en matière d’infrastructures TIC peut freiner la présence de services avancés. 173 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 174 PROJET PILOTE BARCELONE • Lyon a identifié quatre grands secteurs comme stratégiques : les biotechnologies, le secteur numérique, l’environnement et la mode-création. Ces secteurs intègrent des activités R&D&I et de formation. • En ce qui concerne les secteurs stratégiques, toutes les villes identifient comme prioritaires des activités généralement liées aux TIC et aux nouveaux secteurs productifs, même s’il subsiste des différences importantes entre les villes dans la définition des priorités. Ainsi, alors que Marseille parle de production, de recherche et d’infrastructures, Barcelone préfère mettre l’accent sur les activités liées à la connaissance. Concernant le champ de la &D&I, il ressort que toutes les villes partenaires concentrent de manière importante les activités de recherche publique. Ainsi, Lyon et Marseille sont les principaux pôles scientifiques de France après Paris, tout comme l’est Barcelone pour l’Espagne, après Madrid. Malaga et Séville, de leur côté, sont les principaux pôles scientifiques d’Andalousie. Les dépenses en R&D révèlent les déficits substantiels par rapport à la moyenne européenne. Les dépenses en R&D représentent 0,60% du PIB en Andalousie, 1,27% en Catalogne et 1,03% en Espagne, et la moyenne européenne est de 2%. L’évolution des dernières années indique une légère tendance à l’élévation, mais avec un taux de croissance très lent. En ce qui concerne le nombre de brevets enregistrés pour mille habitants, les indicateurs montrent également des valeurs nettement inférieures à la moyenne européenne (56 publications pour mille habitants à Barcelone, 25 à Malaga, 22,1 en moyenne espagnole, et 152 en moyenne européenne). Il en est de même pour les publications scientifiques. Cette situation engendre un phénomène de fuite des cerveaux : les étudiants qui se sont formés dans la ville-région partent ensuite travailler à l’étranger, en grande partie parce que le tissu local n’est pas capable d’absorber cette offre spécialisée. SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION Il convient tout d’abord de préciser que cette partie du questionnaire a été très peu complétée par les différentes villes enquêtées, et ne permet donc pas de disposer d’une masse importante d’information. Cependant, la majorité des experts consultés à l’occasion du deuxième questionnaire qualitatif s’accordent pour considérer comme stratégique la pénétration de la société de l’information, aussi bien dans la sphère publique que privée. La pénétration d’Internet dans le champ privé si situe entre 15 et 35% (pour les villes qui ont répondu), avec une tendance à la hausse. Concernant les entreprises, plus de la moitié ont développé une page Web, mais elle fait le plus souvent office de vitrine. Les entreprises qui utilisent le commerce électronique ou qui travaillent en réseaux sont beaucoup moins nombreuses. Il est de même du côté de la demande : seuls 14% des usagers d’Internet ont utilisé des paiements en ligne en 2002 en Catalogne. Les infrastructures sont généralement encore déficitaires. En Espagne, l’ADSL est venu solutionner de manière temporelle les problèmes dus à la lente expansion du câble fibre optique. 174 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 175 PROJET PILOTE BARCELONE En Catalogne, à la différence de l’Andalousie1, ont été réalisés des Plan directeurs de télécommunications, au niveau municipal ou régional, dont l’objectif est d’ordonnancer le déploiement des infrastructures et d’étudier les mécanismes locaux pour promouvoir la société de l’information dans le domaine public et privé. L’étude, réalisée par l’European Institute for Comparative Urban Research (EURICUR), et intitulée Information and Communication Technology as Potencial Catalyst for Sustainable Urban Development, affirme que les TIC peuvent apporter deux types de richesse dans les aires urbaines : la première est le produit de la modernisation des secteurs productifs traditionnels, la seconde est l’apparition des entreprises du secteur des TIC et du new media, ou de création de contenus et d’outils pour Internet. Il s’agit d’un secteur qui présente un potentiel élevé de croissance et qui peut procurer du travail à des personnes de différents degrés de qualification. Des rares données obtenues par le biais du questionnaire, il est possible de déduire que les deux types de déploiement des TIC se sont manifestés de manière différente selon les villes, mais sans attendre les niveaux espérés. La petite entreprise éprouve toujours des difficultés à s’adapter aux changements technologiques, tout comme les ménages qui ne semblent pas encore prêts à changer rapidement leurs habitudes. INITIATIVES ET POLITIQUES EN TERME DE TECHNOPOLISATOIN Dans le tableau ci-dessous, sont référencés les principales expériences citées en matière de développement des technologies, pour chacune des villes partenaires : Lyon 7 technopôles où se côtoient et collaborent entreprises, centres universitaires et laboratoires : • Gerland (biotechnologies et technologies innovantes) • Pôle économique Ouest du Grand Lyon (vocation essentiellement tertiaire) • La Doua (pôles scientifique d’enseignement et de recherche) • Vaux-en-Velin (urbanisme, construction et architecture) • Pôle santé Rockefeller (santé et technologies médicales) • Lyon Centre (sciences humaines et sociales) • Porte des Alpes (haute technologie) Institutions de diffusion technologique : filiales de valorisation de la recherche des universités et grandes écoles : Insavalor (INSA Lyon), EZUS (Lyon 1), CLI (Ecole Centrale de Lyon), ATLAS (écoles d'ingénieurs CPE)… • Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (CRITT) Rhône-Alpes • Agence Nationale pour la Valorisation de la Recherche (ANVAR) Incubateurs : • Crealys (incubateur régional d’entreprises) • Programme Immobilité dédié aux entreprises innovantes (Grand Lyon) Cluster : • Un pôle d’excellence en sciences médicales et biotechnologies 1 Seules les réponses de Malaga, Séville et Barcelone au questionnaire permettent de disposer d’informations à ce sujet 175 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 176 PROJET PILOTE BARCELONE Gênes Marseille Malaga 176 Initiative TIC locale : • Plan Lyon Métropole Innovante • Programme Lyonnais pour la Société de l'Information (PLSI) pour démocratiser l’usage des TIC • Programme d’accès au haut-débit sur l’ensemble des communes du Grand Lyon • Parco Scientifico e Tecnologico della Liguria-PSTL • Distrito de Electronica y Tecnologia Avanzada-DIXET • DIOGENE • Pollo della Robotica Parcs scientifiques et technologiques : • Pôle aéronautique (entreprises et laboratoire de recherche aéronautique et spatiales) • Technopole de Marseille Chateâu-Gombert (école d’ingénieurs, centres universitaires et laboratoires de recherche, entreprises de haute technologie) • Parc Scientifique et Technologique de Marseille-Luminy (recherche médicale) • Europôle Méditerranée de l’Arbois : technopole environnement Institutions de diffusion technologique : • Cellules de valorisation de la recherche des universités • Centre Relais Innovation MedIN • Réseau de développement technologique PACA Méditerranée Technologies • Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (CRITT) en Chimie • Centre Européen d’Entreprises et d’Innovation (CEEI Provence) • Novesim-Formesim • Agence Nationale pour la Valorisation de la Recherche (ANVAR) Incubateurs et pépinières d’entreprises : • Incubateur PACA Ouest Impulse (incubateur interuniversitaire AixMarseille) • Association Marseille Innovation (pépinière d’entreprises technologiques) • Incubateur Multimédia de la Belle de Mai • Incubateur du Grand Luminy (biotechnologies) • Créatif (groupe ESIM) Clusters : • Pôle Microélectronique du Rousset (cluster privé autour de l’industrie microélectronique) • Pôle multimédia de la Belle de Mai • Pôle aéronautique (industrie aéronautique et spatiale et laboratoire de recherche) Parcs scientifiques et technologiques : • Parque Tecnológico de Andalucía-PTA (innovation, entreprises et organismes R&D) • 7 « Tecnoparques » liés aux secteurs locaux en Andalousie (dont le Technoparc industriel de Malaga) Institutions de diffusion technologique : • Oficina de Transferencia de Resultados de la Investigación-OTRI pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 177 PROJET PILOTE BARCELONE Seville Barcelone (Universidad de Malaga) • Centro de Enlace del Sur en Europa-CSEAND • Red Andaluza de Innovación y Tecnología-RAITEC • 10 Centros de Innovación y de Tecnología (CIT) en Andalousie • Confederación de Empresarios de Málaga Incubateurs : • Bic Euronova (centro europeo de empresas e innovación-CEEI) • Centro Incubador de Empresas (CIE) • Centro Andaluza de Emprendedores (CADE) • Spin-off (Universidad de Malaga) Clusters : • Centro Andaluz de Innovación y Tecnología de la Información y Comunicación-CITIC • Cluster de las Nuevas Tecnologías • Cluster Inmobiliario Parc scientifique et technologique : • Cartuja 93 (entreprises et organismes du secteur des hautes technologies) • Parque tecnológico Aeroespacial d’Andalousie Institutions de diffusion technologique : • Oficina de Transferencia Tecnológica des universités 10 parcs scientifiques et technologiques : • Campus Científic i Tecnològic (Univesitat Autonoma de Barcelona, entreprises technologiques) • Parc de Recerca Biomèdica de Barcelona (Universitat Pompeu Fabra, biomédecine) • Parc Científic de Barcelona (Universitat de Barcelona, biomédecine) • Parc del Coneixement Flor de Maig • Parc d’Inovació Tecnològica i Empresarial La Salle (Universitat Ramon Llul) • Parc Mediterrani de la Tecnologia (Universitat Politècnica) • Parc Tecnològic de Barcelona (Universitat Politècnica) • Parc Tecnològic del Vallès (entreprises technologiques) • Parc de salut • Tecnocampus Clusters : • Biocampus (Univesitat Autonoma de Barcelona) Initiative TIC locale : • 22@bcn (entreprises haute technologie implantées dans le quartier Poblenou) • Parc digital • III Pla de recerca 2001-2004 • Plan de innovación de Cataluña 2001-2004 Source : questionnaire quantitatif Technopolisation Les principales variables dans la conception et le dessin des parques technologiques sont les suivantes : • La relation avec l’environnement urbain : nombre des expériences mentionnées se situent en dehors du noeud urbain central, parce qu’elles suivent le modèle des polygones industriels ou qu’elles sont liées aux campus universitaires édifiés en dehors du centre urbain. D’autres expériences se sont développées dans la zone centrale de la métropole, et 177 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 178 PROJET PILOTE BARCELONE sont généralement liées au développement en parallèle d’universités ou d’initiatives relativement récentes mises en oeuvre pour régénérer le centre ville (exemple de la Friche Belle de Mai à Marseille). • La relation avec les secteurs productifs locaux : concernant cet axe de développement, les initiatives privées rencontrent toujours un écho chez les agents d’entreprises locales parce qu’ils en font la promotion. Les initiatives publiques ont une meilleure relation avec le territoire si elles comptent sur l’Université comme partenaire. Cependant, certaines des expériences listées ci-dessus montrent une très faible relation avec l’environnement productif local. Les zones dédiées à l’innovation situées dans la ville centre sont encore très minoritaires, mais semblent répondre pleinement aux objectifs de la Technopolisation urbaine. Les expériences qui répondent le plus à ce modèle de développement sont celles de la Belle de Mai et des Zones Franches Urbaines à Marseille, du district 22@ à Barcelone ou de Cartuja 93 à Séville. Au travers de son programme « universita i rinnovo urbano », Gênes met en œuvre un effort de réhabilitation des zones centrales détériorées, à savoir sa façade maritime et son centre historique. L’une des interventions principales repose sur l’insertion dans le tissu urbain central d’antennes universitaires, source de richesse économique et sociale et vectrices de connaissance. Le programme n’est cependant pas explicite quant au lien entre ces nouvelles installations universitaires et le secteur économique local Les initiatives des Zones Franches Urbaines de Marseille et de Lyon sont intéressantes dans le sens où elles sont pensées comme des initiatives de revalorisation urbaine sur des territoires délimités, qui reposent sur l’implantation d’entreprises grâce à des mesures d’exonération fiscale. Marseille relève une augmentation des emplois qualifiés dans ce type de périmètre. Le district 22@, qui s’étend sur un ancien quartier industriel de Barcelone dit le Poblenou, est le projet emblématique de la ville concernant la promotion d’entreprises de haute technologie. S’il s’agit d’une opération de rénovation urbaine de la zone Est de la ville, il semble certain que l’opération 22@ va permettre d’absorber une bonne partie de la demande tertiaire de la ville, mais également des activités avancées et des centres de recherche publique et privée. C’est un modèle de développement urbain qui fait coexister l’habitat, l’activité productive et l’activité de formation et de recherche. De grandes entreprises et des centres universitaires sont déjà installés dans le quartier. Cependant, le projet n’est pas mis en relation avec le reste des initiatives métropolitaines et révèle un manque d’implication et de participation financière de la part des autres niveaux administratifs (communauté autonome et Etat). Le Parc Technologique d’Andalousie (PTA) a centré ses efforts sur l’objectif de modernisation du secteur productif. La présence du PTA a non seulement engendré l’augmentation des emplois qualifiés, mais elle a aussi incité de nombreuses entreprises à intégrer les TIC dans leur gestion quotidienne. Subsiste le problème du rattachement sur le plan physique et mental du PTA à la ville et à l’aire métropolitaine. Le Technopole de Château-Gombert repose sur un modèle de développement d’un espace vierge au départ où se côtoient les centres universitaires et les entreprises technologiques. Cette initiative avait pour objectif d’encourager la relation entre le monde universitaire et le 178 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 179 PROJET PILOTE BARCELONE monde privé, de développer les sciences et les technologies dans la ville, de créer un environnement d’étude et de recherche attractif, et de créer un nouveau quartier qui réunit toutes les fonctions urbaines. Cependant, le fait d’être édifié sur un espace totalement vierge induit un retard des liens sociaux et culturels. D’autres initiatives de développement technologique à Marseille, insérées dans le tissu urbain central, sont mieux reliées aux différentes fonctions urbaines, comme c’est le cas pour l’expérience de la Friche de la Belle de Mai, pôle multimédia édifié dans une ancienne fabrique marseillaise. Le parc scientifique et technologique de Cartuja 93 représente un modèle intermédiaire. Situé sur une partie des anciens terrains de l’Exposition Universelle de 1992, le parc tente d’intégrer la ville par l’assimilation de l’ensemble des usages urbains, ce qui sera clairement exprimé dans le prochain Plan Général de Séville, actuellement en phase d’élaboration. Ce parc a fortement contribué au renouvellement de l’activité économique de la ville et de l’aire métropolitaine grâce à l’apparition d’entreprises et de services de haute technologie. Le plan “Lyon Métropole Innovante” a pour objectif prioritaire d’apporter une réponse coordonnée aux problèmes d’aménagement auxquels sont confrontés les sites technologiques pour mieux les intégrer à l’ensemble métropolitain. Il s’agit d’un programme pluriannuel d’intervention, décliné à l’échelle métropolitaine, qui repose sur un partenariat avec les acteurs locaux de l’enseignement et de la recherche. Ces derniers ont définit deux enjeux prioritaires : • une politique coordonnée d’aménagement des sites universitaires, • un accompagnement des projets de développement via les pôles d’excellence et les sites technopolitains. Ainsi, il n’existe pas de modèle générique qui explique la relation fonctionnelle entre les initiatives en matière d’innovation des entreprises et territoire Il convient mieux de parler de règles générales qui déterminent la qualité de cette relation (en terme d’infrastructures de transport, de qualité de vie…). Il semble par ailleurs primordial d’interroger ces initiatives pour savoir si elles prétendent créer des dynamiques endogènes (qui comptent sur la participation des citoyens), ou simplement faciliter les dynamiques déjà portées par le secteur d’activité prépondérant. Il paraît de toute manière évident que la tendance actuelle est de mêler les dynamiques entreprenariales aux dynamiques sociales ou citoyennes. CONCLUSIONS DE L’ANALYSE La comparaison établie à partir des questionnaires reçus permet d’esquisser quelques conclusions sur le processus de Technopolisation, sa signification et les différents types de développement dont il relève dans les villes étudiées. La Technopolisation correspond à un effort de la ville ou de l’aire métropolitaine pour bénéficier d’un puissant secteur productif de pointe, qu’il soit le fruit de l’implantation de secteurs ex novo, ou de l’évolution des secteurs traditionnels déjà présents dans l’aire urbaine. Par ailleurs, le processus de Technopolisation dépend tout particulièrement des efforts réalisés en matière de formation des ressources humaines spécialisées (université, formation professionnelle et formation continue), ou de R&D&I de la part des entreprises et des institutions publiques. 179 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 180 PROJET PILOTE BARCELONE La Technopolisation se caractérise également comme étant un effort conscient de la part des villes. En effet, même si les entreprises et les consommateurs sont plus en moins entrés dans la société de l’information et se sont habitués aux nouvelles technologies, la Technopolisation correspond à une réflexion qui s’appuie sur les progrès technologiques afin de créer des entreprises de secteurs de pointe, ou de moderniser l’administration publique et sa relation avec le citoyen. Un autre caractéristique de ce processus est la matérialisation territoriale : les villes tentent de concrétiser leurs efforts en matière de Technopolisation sur des espaces concrets destinés à servir d’exemples et d’éléments de diffusion du modèle. Malgré ces points communs, il convient d’ajouter que chaque ville a opté pour des formes distinctes de développement territorial en matière de Technopolisation. Les différences existantes concernant le type d’implantation du processus sont le fruit de la tradition historique des villes (spécialisations, traditions, culture, institutions…), et de leur positionnement dans l’environnement immédiat et dans le contexte générale national et européen. Le processus de Technopolisation apparaît donc toujours comme singulier dans le sens où il est le fruit de multiples approches et de situations de départ différentes selon les villes et leurs potentialités. Le tableau ci-dessous regroupe une synthèse des potentialités de chaque ville en matière de Technopolisation : Barcelone Gênes Lyon Malaga 180 • Bonne situation de départ et positionnement stratégique • 22@, une expérience de Technopolisation dans le centre urbain • Présence consolidée de secteurs productifs avancés • Encourager la coordination entre les différentes stratégies municipales au sein de la région métropolitaine • Structure métropolitaine peu intégrée • Initiative intéressante de revitalisation du centre par l’installation d’antennes universitaires • Présence consolidée de secteurs productifs avancés • Favoriser le développement des services avancés dans le centre urbain • Excellente position de départ (système productif, universitaire et de recherche) • Instrument efficace d’intégration métropolitaine (Communauté Urbaine du Grand Lyon) • Présence consolidée de secteurs productifs avancés et de pôles d’excellence • Lyon Métropole Innovante, un plan qui recouvre les divers aspects de la Technopolisation • Peu d’initiatives en matière de Technopolisation reliées au centre urbain • Politiques publiques actives • Brèche numérique • Danger de monoculture touristique • Secteur privé réfractaire • Encourager l’urbanisation du PTA • Favoriser une meilleure intégration des politiques stratégiques et de gestions des entités de l’aire métropolitaine pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 181 PROJET PILOTE BARCELONE Marseille Séville • Situation privilégiée sur certains secteurs productifs avancés • Services centraux de faible valeur ajoutée • Un Technopole bien développé regroupant des entreprises, des centres de recherche et des services urbains • Des initiatives TIC liées à des opérations de réhabilitation urbaine • Approfondir l’intégration administrative de la métropole • Dessiner des politiques de planification territoriale qui bloque le phénomène de dispersion urbaine • Encourager l’extension des TIC du secteur public au secteur privé • Profiter du dynamisme de grands secteurs publics comme l’aéronautique • Intégrer le parc Cartuja 93 dans la trame urbaine 4• PERSPECTIVES POUR AMÉLIORER LA COMPÉTITIVITÉ ET LA DIFFÉRENCIATION DE L’ESPACE MEDOC : DÉFINIR UN MODÈLE DE TECHNOPOLISATION POUR L’EUROPE DU SUD Il est ici question de définir la Technopolisation comme une stratégie d’avenir pour l’espace Medoc. Sont analysés les éléments qui sont communs à l’ensemble de l’aire et sont proposés un certain nombre d’axes forts d’intervention. CONCLUSIONS DU DEUXIÈME QUESTIONNAIRE SUR LA TECHNOPOLISATION Cette partie expose les conclusions du deuxième questionnaire sur la Technopolisation dont l’objectif était de définir des priorités selon le point de vue des experts des différentes villes C2M. L’exploitation des résultats du questionnaire permet en effet de dégager les préférences politiques aujourd’hui effectives et les actions prioritaires à conduire en terme de Technopolisation. SITUATION ACTUELLE - IMPORTANCE DE LA TECHNOPOLISATION DANS LES VILLES C2M Le graphique suivant présente les ponctuations moyennes (sur 10) de chaque indicateur considéré. Les Conditions Urbaines et Infrastructures sont considérées comme relativement stratégiques avec un indice de 7,6 su 10. La situation actuelle de la taille de la ville et de la qualité urbaine apparaît satisfaisante. Il convient par ailleurs de noter la coïncidence qui existe entre la situation actuelle et la situation stratégique quant à la taille urbaine : la taille des villes partenaires est globalement appréciée comme adéquate pour appliquer des politiques stratégiques dans le champ de la Technopolisation. De manière générale, dans le 181 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 182 PROJET PILOTE BARCELONE cadre de cette thématique, la différence entre la situation actuelle et l’importance stratégique des indicateurs n’est pas significative. Néanmoins, l’accessibilité interne et externe se présente comme un axe d’action prioritaire. Concernant le Capital Humain, son importance stratégique est ponctuée par un 8 sur 10. La différence entre la situation actuelle et la situation stratégique est deux points, ce qui n’est pas l’une des plus élevées. Concernant les Centres de Formation et de Recherche, il convient de noter la bonne situation actuelle des universités qui peut cependant être améliorée, et la différence de trois points entre la situation actuelle et l’importance stratégique de la formation professionnelle. Il semble donc que la formation professionnelle et universitaire doit occuper une place prioritaire dans la définition de politiques et d’actions concrètes visant à améliorer le potentiel « connaissance » des villes. La situation initiale de la Structure Productive est assez faible avec une note moyenne de 5,3, l’indice faisant référence aux sièges des grandes entreprises étant le plus mal noté. Cet aspect, associé à la faiblesse des cluster ou des services liés aux TIC, engendre une différence de trois points entre la situation actuelle et la valorisation stratégique. Le Dynamisme Economique obtient les pires résultats en terme de situation actuelle. Par ailleurs, sa valorisation stratégique est très élevée, ce qui crée une différence moyenne de 3,3 points. La mauvaise ponctuation concernant le capital risque révèle les difficultés de diffusion de ce type de mécanisme financier dans toutes les villes partenaire, et la création d’entreprises est l’élément le plus valorisé sur le plan stratégique. Concernant l’Innovation Technologique et la Capacité Créative, il faut noter la mauvaise situation actuelle de l’activité scientifique (publications et brevets), qui présente une différence de 4 points par rapport à son importance stratégique. Il est également possible d’observer des écarts importants entre le niveau de qualité et le niveau stratégique en terme de dépenses R&D publiques et privées et de services liées à la connaissance (éducation, recherche…). Seule la situation des sociétés de conseils est jugée comme étant de bonne qualité. La Pénétration de la Société de l’Information est la plus valorisées du point de vue stratégique, obtenant une note de 9. Ce thème présente l’écart moyen le plus élevé entre la situation actuelle et l’importance stratégique, qui est de 3,7 points. Les différences sont notables, aussi bien sur le plan de la sphère publique que celui de la sphère privée. MATRICE TECHNOPOLISATION La matrice Technopolisation permet de croiser la situation actuelle des villes avec une série de six indicateurs concernant les processus d’innovation et de création. Le graphique suivant révèle la valeur moyenne des résultats obtenus dans cette matrice. Trois aspects de la ville ont le plus d’incidence sur l’ensemble des processus considérés. Il s’agit du capital humain, de la structure productive et de l’innovation et de la créativité. Viennent ensuite la pénétration de la société de l’information et le dynamisme économique, les conditions urbaines apparaissant de manière générale comme les moins déterminantes. 182 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 183 PROJET PILOTE BARCELONE Il est possible d’observer que l’accès à l’information dépend principalement du capital humain, de la structure productive, de l’innovation et de la créativité, et de la pénétration de la société de l’information. L’interaction entre les réseaux est plus tributaire de la structure productive et de la pénétration de la société de l’information (réseaux virtuels), alors que la production de connaissance est liée en grande partie au capital humain et à l’innovation et à la créativité. La génération d’innovation dépend plus particulièrement du capital humain et de l’innovation et de la créativité. La capacité de transformer des idées en projets concrets est liée au capital humain, à la structure productive et à l’innovation et à la créativité. Enfin, la capacité de diffusion n’est pas jugée comme un processus très important vis à vis de la Technopolisation étant donné que les conditions urbaines sont considérées comme celles qui ont le moins d’incidence. MATRICE DES INITIATIVES ET POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE Il s’agit dans cette matrice d’identifier les priorités en matière d’initiatives et de politiques de développement technologique, et d’évaluer comment elles devraient être réparties entre le secteur public ou privé et la société civile. Le tableau suivant présente une synthèse des résultats obtenus. Le facteur considéré comme le plus important en terme de politiques de développement technologique est celui de l'essor du marché des technologies et de l’innovation, qui consiste à activer les mécanismes de marché du côté de l’offre et de la demande technologique. Si une plus grande participation est accordée au secteur public dans le cadre de ces politiques, le pourcentage est bien réparti entre les trois agents considérés. Les infrastructures et initiatives urbaines ainsi que la formation universitaire occupent la seconde place. Dans les deux cas, la contribution publique est considérée comme majoritaire, avec des pourcentages supérieurs à 50% du total. 183 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 184 PROJET PILOTE BARCELONE La gestion de la demande en terme de technologie et d’innovation est considérée comme la moins prioritaire à l’heure de dessiner des politiques publiques pour favoriser la Technopolisation. AFFIRMER LE PROCESSUS DE TECHNOPOLISATION COMME STRATÉGIE DÉVELOPPEMENT ET DE MEILLEURE ARTICULATION DE L’ESPACE MEDOC DE Facteur d'attractivité du territoire, l'innovation est un élément structurant pour le renouvellement du tissu économique, source de compétitivité, de création d'activité et d'emplois et de développement des pôles d'excellence. Les sociétés les plus intégrées dans la mondialisation accompagnent la transition vers la société de l’information. Cette transition se fait pas vagues successives ; elle est plus ou moins rapide selon les conditions initiales établies sur chaque partie de la planète. Les caractéristiques de l’Europe du nord sont différentes de celle de l’Europe méditerranéenne, et jouent donc des rôles distincts dans la définition du modèle de la société de l’information. L’actuelle révolution du système économique et social ne repose pas sur des modèles préétablis mais tente au contraire d’intégrer les données du futur au modèle antérieur de la société industrielle. Cependant, certaines caractéristiques du modèle de développement des technologies de l’information et de la communication sont diamétralement opposées à celles du modèle de la société industrielle. Il semble intéressant de les étudier, étant donnée qu’elles peuvent être la base de la compréhension du potentiel de la Technopolisation dans la région méditerranéenne occidentale. La société industrielle, et les technologies qui la supportent, se sont basées sur les économies d’échelle et sur l’uniformisation des matières premières et des produits de consommation comme facteur de compétitivité. C’est pourquoi les courants mondialistes, tels qu’ils sont perçus aujourd’hui, tendent à développer des modèles de sociétés uniformes. Toutefois, la société de l’information, et les TIC qui la confortent, non seulement permettent, mais plaident pour la différenciation. En évoquant la connaissance aujourd’hui, il convient de distinguer la connaissance globale ou universelle, facilement communicable, et la connaissance locale, qui ne peut se transcrire, et qui est formée de l’ensemble des pratiques culturelles et des « manières de voir » locales. De fait, l’une des stratégies récentes des entreprises multinationales est l’adaptation des produits aux marchés locaux, parce qu’elles reconnaissent aujourd’hui que les produits de 184 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 185 PROJET PILOTE BARCELONE masse commencent à chuter au détriment d’autres produits plus adaptés aux contextes locaux ou au propre consommateur individuel. La spécialisation flexible est l’un termes le plus utilisé dans la description des moyens de production de la société de l’information. Le rôle de la Technopolisation doit donc être celui d’apporter de la création depuis les villes méditerranéennes, et celui de traduire l’environnement différentiel de l’Europe méditerranéenne dans le cadre d’un modèle de développement propre de la société de l’information, qui compte sur la participation de tous les agents publics et privés. Ce modèle contient un double objectif. En premier lieu, il s’agit de convaincre les gestionnaires publics et la société dans son ensemble de la possibilité et de la nécessité d’une différentiation locale comme point de départ de la société de l’information. En second lieu, il est question d’asseoir les bases pour développer un modèle différentiel de la Technopolisation dans les villes de l’espace Medoc, en partant de leurs caractéristiques propres. Ce modèle doit être fortement stratégique, dans le sens où il doit avoir la capacité de s’élever à des préoccupations détachées des considérations établies au jour le jour ou en fonction des cycles politiques. Par ailleurs, les concepts de développement durable, de gouvernance, de l’information et de la connaissance, des réseaux de nouvelles technologies, de l’innovation sociale, publique et privée doivent être centraux dans la définition et l’élaboration de ce modèle. Une des conséquences de la nouvelle approche proposée est la reconnaissance de l’importance du territoire, comme support physique du contexte local, mais aussi socle de l’identité, et espace qu’il convient d’articuler du point de vue des infrastructures, ou de l’organisation. Cette dernière considération renforce le rôle des villes dans la définition da la société de l’information parce qu’elles constituent le centre du territoire local et global, qu’elles sont l’expression de la complexité de l’organisation humaine, et qu’elles sont source d’information et de connaissance. Ce sont en effet dans les villes que se décide l’avenir du monde, et où « se gagnera ou se perdra la bataille pour le développement durable », comme le signalait le secrétaire général au Sommet de la Terre de Rio en 1992. Maintenant reste à savoir comme articuler l’espace Medoc en se basant sur ces premières observations. Il convient tout d’abord de situer cet espace dans une Europe qui tend toujours plus à devenir l’Europe des villes. Le système européen des villes a en effet connut un développement important au cours de la dernière décennie, mais dans le même temps, la concurrence entre les villes a augmenté. Au cours du premier séminaire réalisé dans le cadre du projet C2M, Michael Parkinson affirmait que le capitalisme global convertissant les villes européennes en espaces insignifiants, l’articulation de l’espace Medoc face à la Technopolisation doit se baser sur le lien entre les territoires locaux, dont le centre est occupé par les villes, prises dans les grands courants de la mondialisation. Mais convertir ainsi une région européenne n’est pas si insignifiant face aux grands courants du capitalisme global, dans le sens où ce nouveau modèle ne suit pas les principes de la logique marchande, et se protège même de ses effets 185 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 186 PROJET PILOTE BARCELONE préjudiciables. La Technopolisation doit engendrer une croissance différente basée sur l’interprétation locale de la société de l’information. Le projet C2M dans le champ de la Technopolisation doit être ambitieux et avancer pas à pas. Pour cela, il est en premier lieu nécessaire de définir un espace qui permette un contact intense (en terme d’infrastructures, d’usages et de culture publique et privée), et s’appuie sur un niveau de gestion intermédiaire qui soit à la fois efficace et proche des citoyens, habitués à un gouvernement à plusieurs niveaux dans les villes européennes. Il doit s’agir d’un niveau administratif situé en dessous de l’Etat, lequel doit céder des compétences sur les aspects d’intérêt commun de la macro-région C2M. L’espace Medoc peut ainsi constituer un contrepoids face aux régions d’économie plus riche de l’Union Européenne, et proposer un modèle alternatif qui compense les effets négatifs des courants de mondialisation. PISTES D’ACTIONS OPÉRATIONNELLES Suite aux conclusions exposées dans les parties antérieures, les actions suivantes sont proposées pour consolider le processus de Technopolisation dans l’espace Medoc, en différenciant les initiatives communes des initiatives définies pour chaque ville. INITIATIVES COMMUNES SUR L’ESPACE C2M • Contribuer à la création de partenariats durable entre les gestionnaires des différentes villes • S’engager dans une vision prospective pour rendre lisible et attractif le potentiel innovateur et créatif de l’Europe du sud et réaliser un schéma d’orientation recherche et innovation pour l’ensemble de l’espace Medoc • Réaliser conjointement des études qui comptent sur la participation et l’échange de connaissance entre les experts locaux, et publier des rapports d’activité ou d’indicateurs pour un suivi régulier du processus de Technopolisation. • Mener des réflexions communes sur les aspects considérés par les partenaires comme déterminants pour consolider le processus de Technopolisation : formation universitaire et professionnelle, dynamisme économique, mutation de la structure productive, pénétration de la société de l’information, accessibilité et infrastructures urbaines… • Faire émerger de nouveaux thèmes à la réflexion sur la Technopolisation : développement durable, gouvernance... • Animer un espace commun de recherche. • Promouvoir les relations entreprenariales entre les villes et créer des groupes de travail et de réflexion dans le domaine de l’innovation et de la créativité. • Améliorer l’intégration de la rive sud de la Méditerranée comme pièce constitutive de l’espace Medoc, pour y introduire la Technopolisation comme outil de développement, en tenant compte de situations de départ différentes. INITIATIVES POUR CHAQUE VILLE PARTENAIRE • Conduire une réflexion stratégique et intégrée du développement concernant les projets liés à la Technopolisation. • Considérer les aires métropolitaines comme une dimension territoriale et stratégique cohérente pour inciter le développement des mécanismes d’intégration politique et de gestion. 186 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 187 PROJET PILOTE BARCELONE • Coordonner plus activement l’ensemble du système d’acteurs impliqué dans le processus pour initier ou renforcer les réseaux et développer des dispositifs de gouvernance avec les acteurs de l’innovation et de la recherche. • Rechercher une meilleur synergie entre la recherche publique et privée par l’échange d’informations : matériel d’étude, méthodologies, financement, participation de l’université… • Favoriser l’apparition de nouvelles entreprises en stimulant les mécanismes de soutien à la création des entreprises et promouvoir les secteurs d’excellence. • Définir des mesures de soutien à la pénétration des TIC dans les secteurs publics et privés. • Impulser un modèle de formation professionnelle plus flexible et adapté aux nécessités des marchés locaux, et encourager l’innovation dans les différents modèles de formation continue. • Mettre l’accent sur les infrastructures de communication et les infrastructures numériques pour définir un modèle de ville en réseau polycentrique. • Assurer un développement qualitatif de l’environnement urbain. 187 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 5• ANNEXES 188 Page 188 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 189 PROJET PILOTE BARCELONE 189 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 190 Page 190 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 191 PROJET PILOTE BARCELONE 191 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 192 Page 192 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 193 PROJET PILOTE BARCELONE 193 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 194 Page 194 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 195 PROJET PILOTE BARCELONE 195 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 196 Page 196 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 197 PROJET PILOTE BARCELONE 197 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 198 Page 198 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 199 PROJET PILOTE BARCELONE 199 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 200 Page 200 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 201 PROJET PILOTE BARCELONE 201 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 202 Page 202 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 Page 203 PROJET PILOTE BARCELONE 203 pilot Barcelone 21/09/04 11:19 PROJET PILOTE BARCELONE 204 Page 204 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 205 PROJET PILOTE MARSEILLE LA GRANDE ACCESSIBILITÉ CRET-LOG pilot mars 21/09/04 10:23 Page 206 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 207 PROJET PILOTE MARSEILLE Le Sud–Est de la France constitue un carrefour majeur de voies de communications. Par sa position géographique il se trouve être à la croisée d’itinéraires dont l’importance est déterminante dans la construction des axes de transport du futur. Ainsi, sur le seul plan ferroviaire, deux corridors sont appelés à jouer un rôle assez stratégique dans le développement des échanges : • le « corridor 5 » Lisbonne – Madrid – Barcelone – Lyon – Turin – Milan – Budapest – Kiev, • le corridor des deux mers Rotterdam – Milan - Gênes. Par ailleurs dans le cadre des échanges entre la France, l’Italie et la péninsule ibérique ces deux corridors présentent la particularité de disposer - ou d’avoir en projet - des lignes ouvertes à la grande vitesse sur une partie significative de leur parcours. Afin de présenter cette capacité actuelle et future d'articulation des flux, nous procéderons, après avoir retracé les grandes tendances du dévelopement spatial de l’espace MEDOC et précisé l’offre et la demande de transport dans l’arc latin, à la présentation de ces différents projets qui participent, par leur rôle et leur importance, à l’efficience globale du réseau européen de transports rapides. Nous examinerons ensuite comment les métropoles constitutives du réseau C2M pourront tirer concrètement parti de la réalisation de ces nouvelles infrastructures. 1• LES GRANDES TENDANCES DU DEVELOPPEMENT SPATIAL DANS L’ESPACE MEDOC Les échanges sont appelés à évoluer fortement ces prochaines années sous contraintes politiques (construction européenne, ouverture à l’Est,...), économiques (concentrations industrielles, mondialisation,...), démographiques (phénomènes migratoires, vieillissement de la population,...), techniques (nouveaux produits, performance des communications,...), sociétales (accroissement du temps libre, recherche de qualité de vie,...). Le mouvement est en cours, porté par des dynamiques qui peuvent s’analyser à diverses échelles territoriales. LES AU DYNAMIQUES EXTERNES NIVEAU MONDIAL DES IMPLANTATIONS ET ORGANISATIONS VOLATILES La globalisation économique avive la compétition mondiale avec pour conséquences des délocalisations de plus en plus nombreuses vers les pays présentant l’avantage d’un « moins disant social ». Ce mouvement intéresse le Sud-Est asiatique mais aussi l’Irlande, la GrandeBretagne et maintenant la Pologne, la Tchéquie, la Hongrie, La Slovénie… Ces deux derniers pays étant directement situés dans l’axe du corridor 5 Kiev-Lisbonne. Les régions de la Méditerranée Occidentale, directement en contact avec la nouvelle « économie Monde » par la Méditerranée devraient tirer bénéfice de cette situation dans la mesure où ses ports (Barcelone, Marseille, Gênes) pourront s’inscrire au rang de « gateway » significatifs en Europe (démarche en cours). 207 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 208 PROJET PILOTE MARSEILLE LE DÉVELOPPEMENT ET L’INDUSTRIALISATION DU TOURISME Les progrès économiques et sociaux, l’augmentation de l’espérance de vie, sous-tendent activement le déploiement des voyages. La proportion de ceux qui franchissent annuellement le seuil minimal de mobilité vacancière se renforce constamment. Plus de 560 millions de personnes sont déjà insérées dans le mouvement touristique international, nombre sans doute appelé à doubler dans les prochaines années. L’activité croisière est entrée quant à elle dans l’ère de l’industrie. A l’interface du transport et du tourisme, la croisière est l’une des filières les plus dynamiques de ces secteurs. En 1997, on estimait à 7,5 millions le nombre des passagers ayant effectué des périples en mer de plus de 48 heures à bord d’unités de croisière - la Méditerranée représentant environ 16 % de l’offre mondiale. Ils sont aujourd’hui (en 2003) 10,5 millions, soit une croissance de 40% en 6 ans ; Marseille1 étant particulièrement concerné par cette dynamique. Si le climat, les richesses historiques, les paysages sont un des facteurs déterminants pour le développement du tourisme en Méditerranée, l’accessibilité est aussi un élément clé. Toutefois le risque existe d’une « sursaturation » de certains espaces (côte d’Azur) posant notamment la question de la cohabitation des activités sur ces mêmes espaces. La multiplication obligée des échanges avec le Sud de la Méditerranée. Deux constats montrent l’intérêt de la prise en considération des rives Sud du bassin méditerranéen : d’une part l’Union Européenne absorbe les 3/4 des exportations de ces pays et réalise plus des 2/3 de ses importations; d’autre part les projections démographiques laissent apparaître à l’horizon 2015 une population d’environ 110 millions d’habitants pour les 5 pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Les économies du Maghreb devraient rester (hormis l’hypothèse d’un « déchirement » de la rive sud) fortement orientées vers l’Europe, d’où une croissance importante des flux de marchandises et de personnes entre les deux rives de la Méditerranée. AU NIVEAU EUROPÉEN DES MOBILITÉS SPATIALES PROFITABLES AU SUD Face aux pays du Nord de l’Europe (la « banane bleue ») confrontés à des problèmes de congestion territoriale, les régions méditerranéennes - fortes de leur avantages comparatifs en matière de disponibilité foncière (excepté sur certains espaces littoraux) et de qualité de vie sont appelées à être de plus en plus sollicitées en termes d’implantation d’activités, de localisation résidentielle et donc de transport. Les taux de croissance démographiques des régions sud de l’Europe par rapport à celles du nord (environ 1% de plus sur les vingt dernières années, dû avant tout à l’héliotropisme), les échanges économiques (les relations péninsule Ibérique - Italie sont au premier rang de la dynamique continentale), traduisent cette « dérive Sud » que tout appelle à se renforcer dans les années à venir. La Méditerranée Occidentale est logiquement amenée à se positionner comme un lieu de distribution des flux entre les métropoles historiques du Nord et l’Europe du Sud en devenir. 1 Le nombre des croisiéristes s’est élevé à 357 000 en 2003 contre 258 000 en 2002 (alors qu’il n’était que d’une vingtaine de mille en 1994) affichant ainsi en 2003 le plus fort taux de progression européen. 208 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 209 PROJET PILOTE MARSEILLE DES LOGIQUES DE DÉVELOPPEMENT QUI RESTENT « NORDISTES » Les mobilisations politiques, les grands investissements, sont toujours orientées vers le Nord (parmi les grands projets retenus par la Commission la grande majorité intéressent l’Europe septentrionale). Ainsi, les ports du Nord viennent capter une grande partie des trafics qui devraient géographiquement se reporter vers le Sud. L’absence de pôle suffisamment puissant pour s’affirmer à l’échelle continentale, l’incapacité à proposer une offre de transport performante (coût, volume, régularité), conduit l’Europe Centrale (Sud de l’Allemagne, Suisse, Autriche,...) à ignorer la Méditerranée dans l’organisation de sa desserte. Une grande partie des flux maritimes qui passent au large du littoral de la Méditerranée Occidentale pourraient s’arrêter si l’accessibilité aux grands ports (Barcelone, Marseille, Gênes) était renforcée, ce qui stimulerait les activités économiques de la façade méditerranéenne. L’OUVERTURE À L’EST Les changements politiques qui ont profondément bouleversé l'économie des pays de l'ex bloc sociétique conduisent aujourd'hui à une nouveau payasage des flux. La traduction en est une dérive orientale des trafics qui intéresse toutes les composantes du système de déplacements : • l'arrivée d'une population solvable se traduit par une consommation de biens et services avec les mouvements de personnes (tourisme, affaires,...) et de marchandises (approvisionnements croisés) qui s'y rattachent ; • le transfert de certaines activités de production qui cherchent à tirer profit des moindres coûts de main d'oeuvre, ce qui a pour consequence un double mouvement de merchandises (entrée / sortie des unites industrielles) ; • l'inscription de plates-formes logistiques dans des lieux pivots entre l'Est et l'Ouest (Hongrie notamment) qui permettent d'abaisser les coûts de mise en marché (jusqu'à 30 % pour les operations de stockage, preparation de commande, conditionnement, ...) de produits qui ensuite reviennent vers les grands pays consommateurs. Nous ne sommes qu'au début de ce phénomène et s'il intéresse à l'heure actuelle plus particulièrement certains pays (Hongrie, Tchéquie) et certains secteurs d'activité (automobile, agro-alimentaire), nul doute qu'il va s'amplifier quantitativement et spatialement. Le passage de l'union économique européenne à 25 membres va renforcer considérablement cette dynamique. La conséquence en est : • Un besoin d'infrastructures (tous modes) • Une nécessité pour les pays de l'espace Medoc de s'articuler aux grands axes structurants qui se mettent ainsi en place. LA CONCURRENCE EUROPÉENNE DES SITE Les grandes villes européennes inscrivent aujourd’hui leurs actions dans un véritable système de valorisation des sites de manière à se procurer les moyens d’attirer les investissements de grandes entreprises créateurs d’emplois, directs ou induits. Nous nous trouvons donc dans un système de concurrence entre des villes demandeurs de capitaux productifs face à une offre essentiellement issue de grandes entreprises multinationales. Les métropoles deviennent ainsi des entités « entrepreneuriales » auteur de projets et de stratégies économiques. Cette nouvelle conception de l’action économique de la part des décideurs locaux renforce l’image de la ville comme acteur principal du nouvel espace européen. En acquérant un 209 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 210 PROJET PILOTE MARSEILLE « esprit d’entreprise », elle se situe dans de nouvelles logiques d’action et devient le lieu de gestion des « espaces en dur », c’est-à-dire des nœuds à vocation transnationale où se construit l’histoire à venir de l’Europe. Cependant cette « concurrence européenne des sites » peut très rapidement générer des surenchères au niveau des équipements collectifs que maîtrisent les villes (cf. la multiplication des plates-formes logistiques). Elle peut aussi déboucher sur des conflits et contestations dans la réalisation des grands projets d’infrastructure de transport d’origine étatique (cf. le cas de la ligne nouvelle du TGV Med). La logique marchande à laquelle est soumise la politique urbaine risque à terme de produire des effets contraires aux objectifs de la politique d’aménagement européenne – sur le plan de la cohérence territoriale - si elle n’est pas suffisamment maîtrisée, d’où l’importance des coopérations de type C2M. LES UN DYNAMIQUES INTERNES AUX RÉGIONS DE L’ESPACE MEDOC FORT DÉVELOPPEMENT DES ÉCHANGES L’Union économique, financière, administrative entre les pays européens conduit à une multiplication des échanges. La France, du fait de sa situation géographique, supporte des trafics toujours plus importants et l’intégration des régions de l’Arc Latin se traduit par des taux de croissance très élevés pour les flux Est-Ouest. Ainsi, le nombre de véhicules observé à la frontière italienne (Vintimille) a progressé depuis 1980 de 7% l’an en moyenne pour les véhicules légers et de 11 % pour les poids lourds. Ceci impose une coopération avec les régions voisines (Ligurie, Piémont Catalogne…) pour répondre aux attentes des utilisateurs. UNE DYNAMIQUE INTERNE QUI SE RECOMPOSE CONDUISANT À TOUJOURS PLUS DE DÉPLACEMENTS Constitué d’un archipel de zo-nes d’ac-ti-vi-tés et de zones résidentielles fortement interconnectées, lui même au centre d’un vaste mouvement de « métropolisation » de la façade méditerranéenne (de Gênes à Barcelone), le territoire littoral de ces régions s’est consi-dé-ra-ble-ment modifié de-puis 30 ans. Concernant par exemple la région PACA, il est à noter que 70% de la population se trouve sur le littoral et que les transports sont organisés autour de deux axes majeurs : la vallée du Rhône et l’axe Marseille-Nice. L’axe de la Durance constitue aujourd’hui un axe secondaire, mais il est le seul ou subsiste de réelles réserves spatiales. Globalement la problématique est complexe car elle doit traiter de l’E/O et du N/S. L’accroissement de la mobilité correspondant à l’extension de l’échelle du territoire de la vie quotidienne est devenu au fil des ans un des problèmes majeurs des grandes aires métropolitaines des régions de la Méditerranée Occidentale. UN PARTAGE MODAL PROBLÉMATIQUE Actuellement en Europe, le transport routier de voyageurs représente globalement - urbain et interurbain confondu - 80% de part de marché, tandis que l’aérien, avec 5%, s’apprête à 210 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 211 PROJET PILOTE MARSEILLE dépasser le chemin de fer qui plafonne à 6% (cf. Livre Blanc sur les transports en Europe de septembre 2001). • En France, la part de la voiture dans les déplacements quotidiens motorisés a augmenté d’environ 10 % ces dernières années. • En Italie, la prééminence de la VP est encore plus marquée puisqu'elle elle atteint 92% du nombre de passagers-km, toute catégorie de transport confondue - urbain et interurbain (cf. Conto nazionale dei trasporti, 1999). En matière de transports de marchandises, l’hégémonie de la route ne fait que se renforcer d’années en années, au niveau européen comme au niveau national. Les chiffres qui suivent le montrent amplement. Au niveau européen, la route représente désormais 44 % du transport de marchandises contre 41 % pour la navigation à courte distance, 8 % au rail et 4 % pour les voies navigables (cf. Livre Blanc sur les transports en Europe, 2001). Si on ne considère que les seuls transports terrestres, cela représente 69% pour la route, 14% pour le fer et 7% pour le fluvial. • En France, la part de marché du transport routier a crû, en 20 ans, de près de 18% atteignant environ 83% des t.km (modes terrestres). Le chemin de fer ayant perdu environ 15 points de part de marché, la voie d'eau quant à elle ne représentant plus que 2% des parts de marché en transports terrestres. • Quant à l'Italie, on enregistre des chiffres qui sont comparables avec ceux de la France (hors cabotage maritime et oléoducs1 ) : 85% pour la route, 14% pour le fer, 0,07% pour le fluvial et 0,01% pour le transport aérien (cf. Conto nazionale dei trasporti, 1999). EVOLUTION PRÉVISIBLE L’évolution du trafic devrait s'infléchir au cours des prochaines années dans un sens plus favorable aux transports collectifs, principalement en ce qui concerne le fer et l'aérien pour le trafic interurbain (notamment du fait du développement du TGV et de l'apparition de nouveaux avions gros-porteurs). Concernant la route, le trafic pourrait connaître un certain ralentissement compte tenu de la progressive stabilisation du taux d'équipement en automobile des ménages ainsi que du vieillissement général de la population, mais ceci suppose une stabilisation des taux de mobilité. Or, selon le Livre Blanc sur les transports en Europe, la mobilité pour les personnes, est passée de 17 kilomètres par jour en 1970 à 35 kilomètres en 1998 et rien ne laisse présager un ralentissement – même avec le développement d’internet ! Aussi, la route devrait encore connaître, dans le prolongement des tendances passées, la progression la plus élevée en valeur absolue. Le trafic de marchandises pour sa part augmente de l'ordre de 4% l’an, ce qui pourrait conduire aux alentours de 2005 à un trafic total de l'ordre de 300 milliards de kilomètres pour une hypothèse de croissance faible, et de 350 milliards de t.km aux t.km de 2015. Même dans l'hypothèse d'un redressement du rail et de la voie d'eau grâce à un développement des infrastructures, la part de la route sera toujours prépondérante. Elle pourrait atteindre les 1 En Italie le cabotage maritime représente près de 19% du trafic intérieur de marchandises. 211 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 212 PROJET PILOTE MARSEILLE 200 milliards de t.km en 2005 et près de 250 milliards de t.km en 2015. On conçoit aisément qu’un tel rythme de croissance du trafic “poids lourds” ne puisse se prolonger encore longtemps sans poser de redoutables problèmes, tant en terme de financement des infrastructures, qu' en termes de congestion des réseaux ou de nuisances pour les riverains. Au niveau européen, le Livre Blanc constate que « si aucune mesure d’envergure n’est prise d’ici 2010 dans l’Union des quinze pour utiliser plus rationnellement les avantages de chaque mode de transport, l’augmentation du seul trafic de poids lourds atteindrait près de 50 % par rapport à son niveau de 1998. Cela signifie que les régions et les grands axes de transit, déjà fortement encombrés, devront subir une pression encore accrue du trafic ». Une telle évolution ne peut que laisser perplexe quant aux conséquenses prévisibles en matière de sécurité et d'environnement mais aussi sur la gestion des flux et la « paralysie » des systèmes productifs. La productivité des investissements publics, le refus des populations riveraines de voir arriver de nouvelles infrastructures, la préservation de l’environnement nécessitent une autre organisation des systèmes de transport. 2• L’OFFRE ACTUELLE DE TRANSPORT DANS L’ARC LATIN La région Méditerranée Occidentale - Alpes Latines est physiquement fractionnée par des chaînes montagneuses (Appenins, Alpes, Massif Central, Pyrénées) qui sont autant de freins à l’écoulement des flux. L’OFFRE LA TRANS-FRONTALIÈRE FRANCE-ITALIE ROUTE Les traversées alpines entre la France et l'Italie sont soumises à une topographie difficile. Hormis le passage en "bord de mer" qui relie Nice à San Remo, toutes les liaisons passent par des cols (Alpes du sud) avec tout ce que cela comporte comme difficultés (géométrie délicate, problèmes hivernaux...) ou par des tunnels (Alpes du nord), impliquant des péages élevés et des risques d’accidents (catastrophe du Tunnel du Mont-Blanc et plus récemment du Saint Gothard). LE FER L’offre ferroviaire diurne actuelle n’est pas attrayante en terme de temps de parcours ; il faut compter actuellement plus de 8 heures pour effectuer le trajet Marseille-Milan en train (environ 5h15 en voiture). Elle est en outre peu concurrentielle en termes de coût par rapport à l’aérien (des prix très attractifs étant proposés sur certains vols). Dans les Alpes du sud, la situation est particulièrement mauvaise : réseaux mal connectés, exploitation problématique côté italien (seul le transport combiné est performant), manque de liaison entre Modane et Menton hormis la voie Nice-Breil-Cunéo par Tende qui ne peut être intégrée véritablement dans un système de transport efficace (actuellement il n’existe qu’un A/R par jour entre Nice et Turin, le temps de trajet étant de 3h20 (dans le sens TurinNice) et de 3h58 dans le sens inverse). 212 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 213 PROJET PILOTE MARSEILLE L’ AÉRIEN On enregistre actuellement plus de 260 liaisons régulières quotidiennes entre la France et l'Italie. La croissance de l'offre de vol quotidien s'est élevée de +14% entre 1998 et 1999. 127 « survols » connectent la péninsule Ibérique à l'Italie. Concernant les déplacements entre le sud de la France et l’Italie, l’implantation du « hub » d’Air France à Lyon s’est traduit par une croissance du trafic entre Lyon et Milan. Cette offre s’est vue compléter par des relations entre Lyon et Turin, Lyon – Venise, Clermont-FerrandMilan, etc. S’agissant des aéroports du littoral (Nice, Marseille, Montpellier…), le nombre de relations s'est considérablement développé ces dernières années, notamment au départ de Nice (hub d'Air Littoral) et à destination de Milan, Rome,Venise... mais s’est réduite au départ de Marseille : suppression du Marseille-Rome, du Marseille-Barcelone (aujourd’hui rétabli). Signalons enfin qu’aujourd’hui le secteur du transport aérien a une très forte « volatilité » du fait des aléas du marché et que par conséquent il est très difficile d’envisager des prévisions de desserte à moyen - long terme. Les grands couloirs de circulation alpins L’OFFRE TRANS-FRONTALIÈRE FRANCE-ESPAGNE Celle-ci, tant au niveau de la route que du fer, concerne avant tout les passages littoraux. Les Pyrénées plus encore que les Alpes restent encore une barrière physique entre nos deux pays. 213 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 214 PROJET PILOTE MARSEILLE LA ROUTE Les liaisons trans-pyrénéennes ne sont performantes (autoroutes) qu’aux deux extrémités du massif. Les liaisons centrales passent, comme dans les Alpes, par des cols difficiles. C’est le passage en "bord de mer" qui relie Perpignan à Barcelone qui constitue l’axe privilégié de transit Est-Ouest. LE FER L’offre ferroviaire est très peu performante du fait notamment de la différence d’écartement des voies du réseau espagnol impliquant le transbordement des voyageurs aux gares frontalières, sauf pour les trains directs comme les Talgo (ce qui conduit néanmoins à une perte de plus de 30'). Il faut actuellement en train près de 3 heures (moins de 2 heures de voiture) pour faire Barcelone – Perpignan et plus de 6h30 pour faire Marseille – Barcelone (un peu moins de 5 heures en voiture). Concernant le fret ferroviaire, l’obstacle majeur que constitue la différence d’écartement des réseaux entraîne une obligation d’opérations techniques qui grèvent la productivité du fer (transbordement ou changement d’essieux). Cette rupture technique a induit le développement de l’intermodalité aux frontières - l’usage du rail est favorisé au Nord (globalement plus efficace) et celui de la route au Sud. Ainsi, de grands chantiers de transport combiné se sont développés en zone frontalière : Perpignan et le Boulou (chantier privé) coté méditerranée, Hendaye et Irun côté atlantique. Le transfert modal a donc créé une véritable dynamique logistique frontalière avec une forte dynamisation des activités du côté français autour des agglomérations de Bayonne et surtout de Perpignan (valorisé par le fruits et légumes). En résumé, l’offre de transport sur l’arc méditerranéen notamment du point de vue ferroviaire, n’apparaît pas aujourd’hui à la mesure des enjeux de demain. 3• ESTIMATION ESTIMATION DE LA DEMANDE DE LA DEMANDE « VOYAGEURS » Les données sur le trafic des voyageurs à travers l'arc alpin ou pyrénéen sont disparates. Elles donnent une image relativement exacte des flux, mais on ne connaît que rarement les origines et destination. Le rapport Brossier de 1998 indiquait d'ailleurs que « aucune source ne permet d’accéder à des résultats qui indiquent une chronique longue des trafics voyageurs ». LES RELATIONS FRANCE-ITALIE En 2001, le CETE de Lyon a réalisé une étude sur le sujet1 . Les principaux résultats de cette étude peuvent être résumés de la manière suivante : LA ROUTE Si le passage par Vintimille connaît une forte croissance régulière du trafic VL (actuellement 214 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 215 PROJET PILOTE MARSEILLE en moyenne 16000 véhicules par jour), les trafics VL au Fréjus et au Mont Blanc sont beaucoup plus faibles (3300 au Mont Blanc avant la fermeture du tunnel, 1700 au Fréjus) et croissent lentement. La différence s’explique principalement par le contexte géographique : • Le Mont Blanc et le Mont-Cenis ont toujours constitué des barrières géographiques et si les tunnels ont fluidifié les échanges, les péages élevés limitent les déplacements courte distance entre des vallées à faible poids démographique. • La liaison Nice-Menton-Vintimille se caractérise au contraire par une continuité géographique alliant des poids de population importants et un péage autoroutier faible (2€). Ainsi, 9.4 millions de véhicules particuliers transitent par an au droit des 5 principaux postes frontières, ce qui représente entre 30.000 et 57.000 déplacements quotidiens entre nos deux pays selon que l’on estime le nombre moyen de voyageurs par véhicule entre 1,5 et 2,2. L'axe littoral demeure le premier point de passage : 2/3 par XXMiglia. La rareté des points de passage, leur caractère "obligé"… participent à « l'étranglement » des dessertes frontalières. Evolution du trafic VL aux tunnels du Mont Blanc et de Fréjus et sur l'Autoroute de Vintimille de 1983 à 1999 Source : Sociétés autoroutières, traitement CETE LE FER Le trafic ferroviaire entre la France et l'Italie est à l'image de l'offre : peu performant. Il est environ 7 fois moins élevé que la route : environ 2,5 millions de voyageurs par (450.000 entre PACA et l’Italie) et il baisse régulièrement depuis 15 ans. L’AÉRIEN Les liaisons France Italie approchent aujourd’hui les 5 millions de passagers, mais seule la liaison Paris Charles-de-Gaulle (CDG) - Milan connaît un trafic millionnaire, lié à la taille des villes et à l’organisation en « hub » du transport aérien. On soulignera que l’utilisation de l’avion suppose l’existence d’aéroports dans des zones suffisamment peuplées pour générer un trafic (minimum de 20.000 pax/an) rendant la liaison attractive pour des 1 Cf.“Synthèse des flux alpins”, CETE Lyon, M. Breyton et B. Hiron, mai 2001. 215 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 216 PROJET PILOTE MARSEILLE opérateurs, ce qui explique l’écart constaté sur le graphique suivant entre les liaisons sur Paris et sur la Province. Les ouvertures récentes de relations (Air France sur Paris-Pise en mars 2001, British-Airways sur Nice-Rome en avril de la même année) témoignent cependant de la vitalité du marché franco-italien, nonobstant la crise que traverse actuellement le secteur. Evolution du trafic aérien entre Paris, Lyon, Marseille et Milan, Turin de 1986 à 1999 Source : DGAC, traitement CETE En résumé, la route est le mode privilégié de déplacement entre les deux pays : 60% de part de marché. La part de l’aérien est deux fois plus élevée que celle du fer. LES RELATIONS FRANCE-ESPAGNE Les chiffres figurants ici émanent de l’Observatoire des Transports Pyrénéens (OTP). LA ROUTE Les principaux points de passages routiers franco-espagnol sont situés sur les axes littoraux. Ainsi, 70.000 VL franchissent quotidiennement la frontière, (1/3 par les routes internes au massif pyrénéen, 1/3 par les autoroutes littorales, 1/3 par les autres routes côtières, ce qui correspond à environ 50 millions de voyageurs/an (hypothèse 2 passager/véhicule), dont 1/3 de résidents espagnols. On a enregistré au niveau de Boulou sur l’A9 environ 5,7 millions de véhicules en 2001. Ces flux connaissent par ailleurs une forte croissance comme en témoigne le graphique suivant. Ceux-ci ont presque doublé en 15 ans sur l’A9. LE FER À l’image d’une offre très peu performante, seulement 2,2 millions de voyageurs franchissent la frontière en train selon l’OTP. On ne connait pas les origines destinations, les voyageurs pouvant provenir de France comme d'autres pays, être des frontaliers ou des touristes. 216 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 217 PROJET PILOTE MARSEILLE L’AÉRIEN Le trafic aérien entre la France et l’Espagne représente plus de 4 millions de voyageurs an. Il faut souligner l’importance des flux avec les zones insulaires (Baléares, Canaries) qui à eux seuls concernent plus de 50% du trafic des pays de la Communauté européenne avec l’Espagne. Le trafic Espagne - Italie représente quant à lui environ 3,4 millions de pax / an. Au total, le fer égale environ 4% des flux de voyageurs à la frontière franco-espagnole, l’aérien 8% et la route 88%, sachant que ce dernier chiffre regroupe tous les voyageurs (ceux qui sont venus de France ,d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne). ESTIMATION DE LA DEMANDE « MARCHANDISES » L'Espagne et l'Italie sont les deux principaux pays qui génèrent un flux de transit pour la région PACA. Ils représentent (provenance et/ou destination environ 88 % du total). Le partage est le suivant (valeurs estimées en 2004) : Espagne : 35 millions de Tonnes Italie : 19 millions de Tonnes Nota : ces valeurs incluent le trafic qui passe par la vallée du Rhône pour rejoindre les pays du Nord de l'Europe. Il est aussi à noter la faiblesse du fer qui ne représente que 1 % du total dans sa partie littorale. LES TRAFICS AUX POINTS FRONTIÈRES ALPINS Les trafics aux différents passages alpins sont établis sur la base de l'enquête 1999 (année de l'accident du Mont Blanc). Répartition de l'ensemble des PL (transit - échange) par passages alpins en 1999 En ce qui concerne Vintimille il est à noter qu’il y a un partage équilibré entre le transit (51% du total) et l’échange (PACA et autres régions françaises). Un regard plus large permet de situer les points frontières français sur l'ensemble des passages alpins. 217 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 218 PROJET PILOTE MARSEILLE Passages aux points frontières (Italie) Source : Office fédéral helvétique (Alpinfo) LES TRAFICS AUX POINTS FRONTIÈRES PYRÉNÉENS La très grande majorité des flux qui intéressent la région (échanges avec la péninsule ibérique et transit en provenance d'Italie) passe par le Perthus (86 % contre 14 % à Biriatou). Si on observe le passage au Perthus de façon plus approfondie, on note un partage équilibré entre transit et échanges. LE POIDS DES ÉCHANGES AVEC LES RÉGIONS TRANSFRONTALIÈRES L’examen de la répartition régionale des échanges montrent que les flux impliquant PACA, tant avec l’Italie que l’Espagne, concernent quasi-exclusivement les zones proches des frontières. • Pour l’Espagne, l’Espagne Est (Catalogne et Valence) est la principale O/D (68 % du tonnage à l’aller, 60 % au retour) suivie par l’Espagne Nord-Est (Pays Basque, Navarre, Aragon, La Rioja) avec 12 % des échanges totaux avec l’Espagne. • Pour l’Italie, que l’on raisonne en termes de PL ou tonnage, le flux d’échanges entre PACA et l’Italie (3,3 MT et 368.753 PL) concerne entre 75 et 80 % les 3 régions les plus septentrionales. Il y a une nette prédominance de l’Italie du Nord-Ouest : Piémont, Ligurie et Val d’Aoste (part de 50 % en PL et 35 % en tonnage), suivie de la Lombardie (20 % en PL, 25 % en tonnes) puis de l’Emilie-Romagne (10 % en PL, 15 % en tonnage). 218 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 219 PROJET PILOTE MARSEILLE LA PART DU FER DANS LES ÉCHANGES TRANSFRONTALIERS L’étude qui vient d’être réalisée pour le compte de RFF dans le cadre de la préparation du débat public relatif à la LGV PACA montre que le transport ferroviaire assure actuellement de l’ordre de 10 millions de tonnes par les deux points de transit de Modane et de Vintimille. • De 9 à 9,5 millions de tonnes transitent par Modane. Ces trafics intéressent la GrandeBretagne, la Belgique, la partie nord de la France, la Région Rhône-Alpes. Moins de 10 % de ces tonnages concernent le sud de la France ; le trafic entre la péninsule ibérique et l’Italie en représentant une part infime. • A Vintimille, le trafic ferroviaire annuel est de l’ordre de 900 000 tonnes. Il était encore de 1,5 millions de tonnes en 1992. • Au global pour les 2 points frontières la part du trafic Espagne – Italie ne dépasse pas 1% des échanges (72 000 tonnes en 2001 alors que les tonnages étaient de 520 000 tonnes en 1992 et de 200 000 tonnes en 1999). • La part de trafic ferroviaire qui transite encore par le point frontière de Vintimille provient essentiellement des régions situées au sud de la France (PACA, Languedoc – Roussillon, Aquitaine et Midi – Pyrénées). Par ailleurs concernant les relations avec l’Espagne, on peut noter qu’il circule par an 3 à 4 millions de tonnes de marchandises par le fer, à comparer aux 80 millions de tonnes par la route entre les deux pays (toute destination confondue). Ainsi, la part du fer est inférieure à 5% des trafics terrestres, ce qui veut dire qu’avec un taux de croissance annuel des trafics de 5 ou 6%, la route gagne chaque année autant que ce qui se transporte par fer. VERS LA UNE SATURATION DES AXES DE TRANSPORT ROUTE Selon le rapport d’audit sur les grands projets d’infrastructures de transport (rapport CGPC) de février 2003, les conditions actuelles sont dans l’ensemble satisfaisantes, sous réserve de problèmes de congestion aux abords des grandes agglomérations. Contrairement à certains pays voisins à forte densité (Allemagne, Benelux, Grande-Bretagne ou Italie du Nord) qui connaissent des niveaux de congestion très élevés, l’insuffisance de capacité des réseaux d’infrastructure n’est aujourd’hui observée en France et encore plus en Espagne, que sur un nombre limité d’axes, de zones et de périodes. Globalement les points à forte concentration des flux sont : les liaisons radiales vers Paris (l’Ile de France concentre 80 % des problèmes d’encombrements nationaux), les deux grands axes nord-sud BelgiqueParis-Bordeaux-Espagne et Allemagne-Lyon-Marseille, l’arc méditerranéen, de Barcelone à Gênes. Ces couloirs d'échanges, qui assurent une forte part des mouvements internationaux (tourisme compris) desservent simultanément les grandes métropoles. Le couloir languedocien est particulièrement représentatif de cet état de fait. L’axe méditerranéen compte jusqu’à 75 000 véhicules/jour entre Nîmes et Narbonne (sachant que le seuil de forte gêne défini par la Direction des Routes est fixé à 65.000 véhicules / jour en moyenne journalière annuelle) et plus de 41 000 v/j en moyenne au-delà de Narbonne jusqu’à Perpignan. La proximité d’agglomérations telles que Nîmes, Montpellier et Béziers induit un trafic de type périurbain, difficilement dissociable du trafic de transit. Ce trafic a progressé de 10 % par an en moyenne sur les vingt dernières années. La circulation des poids lourds représente environ 20 % du trafic. 219 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 220 PROJET PILOTE MARSEILLE Trafic routier 1999 en Languedoc-Roussillon (Taux Moyen Journalier Annuel Source : Atlas Transpyrénéen Nous retiendrons comme points "durs" du couloir méditerranéen : • En Espagne: la région métropolitaine barcelonaise, • En France: la jonction des autoroutes A61 et A9 (Narbonne), sur l’A9 entre Nîmes et Montpellier (où le seuil des 100.000 véhicules/jour est franchi en été), sur l’A8 notamment à la hauteur d’Aix-en-Provence et de Nice où l’on enregistre près de 140.000 véh/j sur l’A8 à la hauteur de Cagnes sur mer (TMJA 2000). • En Italie : l’autoroute côtière (principalement Savone / Gênes) et dans la région de Milan ou le réseau autoroutier est particulièrement saturé. Les projections à l'horizon 2020 indiquent que le volume de congestion actuellement recensé sur les autoroutes de la vallée du Rhône (A7) du couloir languedocien (A9) et de l’A8 devrait quadrupler à l’horizon 2020. Ainsi, le temps de parcours moyen routier entre Marseille et Nice pourrait passer de 2 heures actuellement à près de 2h40 en 2020. Les passages aux points frontières quant à eux, ne sont pas encore saturés à l’heure actuelle. Cependant, si l’on se réfère aux données rapportées par l’OTP, le trafic de marchandises à la frontière franco-espagnole a été multiplié par deux au cours des 10 dernières années. Une projection de ce que représente la capacité restante des infrastructures actuelles, associée à un même rythme de croissance, montre que ces infrastructures seront saturées aux alentours de 2020. Les périodes de congestion ne se limiteraient donc plus dans le couloir méditerranéen à des encombrements ponctuels, mais à l’instar des grandes agglomérations, elles concerneraient également un certain nombre d’heures de semaines ordinaires. 220 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 221 PROJET PILOTE MARSEILLE LE FER La question de la saturation du réseau ferroviaire se pose principalement en France, en Languedoc-Roussillon et à terme dans la région PACA. La position géographique du Languedoc-Roussillon en fait en effet un carrefour des échanges Est-Ouest et Nord Sud, ce qui lui confère un rôle stratégique pour les échanges internationaux, nationaux et interrégionaux. Source : RFF Or, avec la mise en service de la LGV Méditerranée, l’artère ferroviaire languedocienne cumule tous les trafics (TGV, TRN, TER, fret). C’est pourquoi, il est prévu de construire « La ligne nouvelle Languedoc-Roussillon », dédiée à la fois à la circulation des voyageurs et des marchandises, qui doit répondre à une double nécessité : • le développement de la grande vitesse en Europe, • le Réseau Trans-européen de Fret Ferroviaire (dans le cadre de la ligne dite « Magistrale ECO FRET », qui vise à développer le trafic de transit sur le grand axe d’échange européen Benelux/Grande Bretagne/Allemagne à destination de l’Espagne et de l’Italie). 221 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 222 PROJET PILOTE MARSEILLE 4• LES GRANDS PROJETS FERROVIAIRES EST-OUEST Les projets de nouvelles infrastructures : Lyon-Turin, TGV franco-espagnol, TGV Rhin-Rhône, LGV PACA, Gênes-Milan, Montgenèvre… et leurs connexions remodèleront (s'ils se réalisent) profondément le paysage de la grande vitesse en redessinant de manière durable la forme et le volume des échanges. Nous tenterons ici de définir ce que pourrait être dans un horizon de 20 à 30 ans cette nouvelle carte ferroviaire de l’arc méditerranéen et le niveau de performances envisageable. LES LA GRANDS PROJETS DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE LIAISON FERROVIAIRE TRANSALPINE LYON-TURIN Le projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin est appelé à constituer un des maillons manquants du corridor péninsule ibérique / Ukraine en desservant au passage les pays récemment intégrés à l’union européenne. Cette liaison est avant tout destinée à contenir le trafic routier à son niveau actuel dans les Alpes du Nord françaises. Elle doit permettre de transférer au profit du mode ferroviaire une partie de la croissance du fret conventionnel ou d’acheminer les camions au moyen de l’Autoroute Ferroviaire. Elle a également pour but de développer la grande vitesse ferroviaire pour les voyageurs au niveau européen, national et régional. Lyon-Turin positionnera ainsi la région lyonnaise à 1h45 de Turin et moins de 2 h 30 de Milan (compte tenu des projets italiens). Source : RFF Outre sa mixité, cette liaison présente la particularité d’échapper aux contraintes liées au passage en altitude. Rappelons que la ligne classique culmine à près de 1300 mètres et que le nouveau tunnel qui constituera le point haut de l’ensemble ne dépassera pas 700 mètres (altitude observée dans la zone de St Jean de Maurienne). Ce point est important à souligner car il est déterminant dans l’établissement des conditions de transport du fret. Une altitude basse permet des charges importantes et donc des coûts particulièrement attractifs. Cet ouvrage d’un montant de 12,5 milliards d’euros fera l’objet d’un financement de l’Union européenne à hauteur de 20%. Sa mise en service est prévue entre 2015 et 2018. 222 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 223 PROJET PILOTE MARSEILLE LE TUNNEL DE MONTGENÈVRE L’idée d’un tunnel ferroviaire au Montgenèvre date d’environ un siècle. Dès 1904, PLM a présenté un projet de tunnel (concrétisation abandonnée du fait de la première guerre mondiale). Dans les années 80, le SETUMONT (syndicat d’études de tunnels sous le Montgenèvre) a été créé pour promouvoir un tunnel routier. Ce syndicat (regroupant des collectivités françaises / italiennes et des chambres consulaires) est aujourd’hui promoteur d’une solution ferroviaire. Une étude a été commanditée par le ministère de l’équipement (l’OEST) en 1985. Ses conclusions restent fort prudentes quant à son intérêt et à sa rentabilité. Le Conseil Régional PACA a pour sa part fait réaliser une étude sur le sujet en 2000 (confiée aux bureaux d’études Sodeteg et Géode). L’objectif principal pour le SETUMONT est de résoudre le problème d’accessibilité des Hautes - Alpes en améliorant l’accès vers l’Italie et vers le nord de la France en raccordant Briançon au réseau utilisé par les TGV, à Oulx, en Italie. La solution proposée est une liaison ferroviaire (avec tunnel) d’environ 30 km entre Oulx et Briançon.Cette opération permettrait d’envisager des liaisons directes et rapides (Paris-Briançon : 3H45, Turin-Briançon : 1H10 à 1H50 selon le nombre d'arrêts en Italie) et raccorderait le département alpin à Lyon qui est un point nodal important des dessertes TGV (correspondances vers Nantes, Rennes, Lille, Bruxelles,…). Par ailleurs le projet est considéré, comme une alternative pour le transport de marchandises a travers les alpes. L’étude sous maîtrise d’ouvrage du Conseil régional et réalisée par Géode/Sodeteg en 1999 évalue le trafic potentiel en 2020 au Montgenèvre à 2 millions de tonnes. Deux arguments sont avancés en faveur du trafic de marchandises sous le Montgenèvre : la saturation des voies existantes, et la performance de cet itinéraire, plus court qu'un passage par Modane pour les trafics intéressants le sud de la France. Les coûts varient suivant les solutions envisagées de 600 M€ à 1.300M€. Ces coûts ne correspondent qu’à la création de l'infrastructure. Il convient d’y ajouter les infrastructures liées aux services qui seraient mis en œuvre : gares voyageurs, plate-forme(s) de ferroutage(s), réaménagement partiel ou total de la ligne Marseille/Briançon… Ils se situent suivants les options envisagées entre 130 M€ (aménagement de la ligne entre Briançon et la plate-forme de ferroutage) et 500 M€ (aménagement complet de la ligne Marseille/Briançon). Actuellement, aucune étude n’a été engagée par RFF concernant ce projet. S’agissant d’un projet international, sa mise à l’étude devrait nécessairement faire l’objet d’un accord entre la France et l’Italie. À ce jour, les deux Etats n’ont pris aucune initiative en ce sens. Une CIG sur les transports dans les Alpes du Sud a récemment été créée. C’est probablement dans ce cadre que cette étude pourrait être conduite. LA LIGNE À GRANDE VITESSE PROVENCE - ALPES - CÔTE D'AZUR De nouvelles études ont été engagées par RFF à l’issue du CIAT de décembre 1998 sachant que cette liaison avait été mentionnée en 2002 dans les « schémas de services » et que le CIAT de décembre 2003 a inscrit sur la « carte des infrastructures à long terme ». En revanche, celle-ci ne figure pas dans les 14 projets prioritaires du RTE-T Il s’agit, selon les propositions de RFF de positionner notamment la région PACA au cœur de l’Arc Méditerranéen (Barcelone-Marseille-Gênes) grâce à de meilleures liaisons vers l’Italie et l’Espagne. 223 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 224 PROJET PILOTE MARSEILLE Plus précisément, les objectifs affichés par RFF consistent en : • l’amélioration de l’accessibilité du Var et de la Côte d’Azur vers Paris et le nord-est de la France (avec la LGV Rhin–Rhône) ; • l’inscription de la région PACA dans le réseau européen de la grande vitesse notamment au cœur de l’arc méditerranéen (Barcelone-Marseille-Gênes); • la facilitation des déplacements à l’intérieur de la région en offrant de meilleures alternatives ferroviaires à l'emploi de routes de plus en plus encombrées. La LGV PACA devrait permettre de relier selon les différents scénarios envisagés1 : • Paris à Nice en 3h35 - 4h35 (au lieu de 5h33 actuellement), • Marseille à Nice en 1h05 – 1h55 (au lieu de 2h22 actuellement) • Marseille à Gênes en 3h15 – 4h05 (au lieu de 6h14 actuellement) compte tenu des améliorations de desserte en Italie et avec 4 arrêts intérmédiaires. Le coût du projet est évalué à l'issue des études techniques provisoires (avril 2004) entre 3,8 milliard et 6,1 milliard d’euros (conditions économiques 2004) selon le scénario de desserte retenu. Les études sont en cours afin de préciser l’opportunité d’une LGV vers Toulon et la Côte d’Azur et de comparer les itinéraires. Le comité technique évalue actuellement un certain nombre d’hypothèses de tracé selon trois grands scénarios dans le cadre de la préparation du débat public. L’échéance du projet peut être envisagée à l’horizon 2020, sachant qu’il faut au moins 15 ans entre l’organisation du débat public et la mise en service. NICE – BREIL – CUNEO –TURIN Ligne de montagne à voie unique, elle est constituée de deux branches dans sa partie sud : Nice-Breil et Vintimille-Breil. La ligne Nice - Breil a une vocation essentiellement périurbaine, régionale et touristique. Elle est utilisée par la FS pour le transit voyageur entre l’ouest de la Ligurie et le Piémont. Côté français, son utilisation vers Cunéo et Turin est assurée par deux circulations quotidiennes aux performances médiocres (3h58 pour un trajet Nice-Turin) ce qui ne la rend pas suffisamment performante pour en faire un itinéraire privilégié à destination du Piémont (l’absence de service direct depuis Nice vers Turin via Tende fait qu’il est plus performant de transiter par Gênes). La fréquentation entre Nice-Cunéo et Turin est de l’ordre d’une centaine de voyageurs par jour par sens (la part de marché est estimée à environ 5%). 1 Nous reprenons ici les temps de trajets présentés par RFF dans le dossier de saisine de la CNDP d’avril 2004. 224 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 225 PROJET PILOTE MARSEILLE Des études ont été conduites pour envisager les améliorations à apporter aux liaisons NiceCunéo et Nice-Turin. Ainsi l’étude effectuée par Systra en 1998 montre que les temps de trajet Nice-Turin pourraient être ramenés à 3 heures environ grâce à l’utilisation d’un matériel pendulaire. Par ailleurs l’étude effectuée par l’ADAM en 2002 sur “le potentiel voyageurs de la ligne ferroviaire Nice – Breil – Cuneo – Turin” montre que l’on pourrait atteindre le même temps de trajet (environ 3 heures) sans modifications techniques et avec le matériel existant grâce la suppression des arrêts intérmédiaires. D’autres scénarios plus ambitieux sont également évoqués dans l’étude de l’ADAM impliquant des améliorations de voies (renouvellement des voies et ballast dans les courbes) et un nouveau matériel (type X 72500 pendulaire). Ils permettraient un gain de temps d’environ 3/4 d’heures par rapport à l’existant, ramenant la liaison Nice-Turin aux alentours de 2h30 ; cela sans modification de l’infrastructure côté italien. Le coût de ce projet a été estimé entre 15 et 33 millions d’euros (hors matériel roulant), suivant qu’il y ait ou non électrification de la ligne. Enfin, il faut mentionner le projet porté par le GIR maralpin d’une nouvelle percée ferroviaire sous le Mercantour. Apparu lors de l’étude du tunnel routier sous la Lombarde, ce “contreprojet” ne semble pas encore inscrit sur l’agenda politique dans les Alpes-Maritimes, la priorité étant aujourd’hui donnée à la LGV-CA. LA LIGNE NOUVELLE « PERPIGNAN-FIGUERAS » Le projet Perpignan–Figueras s’inscrit dans le cadre plus large de création d'une liaison par ligne à grande vitesse entre Madrid et Montpellier. Les prévisions de trafic voyageurs et fret indiquent que la réalisation du projet Perpignan - Barcelone devrait déboucher sur un accroissement de 1,1 millions de voyageurs et de 1,5 millions de tonnes de marchandises dès la mise en service. Cette ligne nouvelle aura pour vocation : • de relier Perpignan et Barcelone en 0h50 (à terme) contre 2h45 actuellement ; • d’améliorer les liaisons fret pour pallier à l’accroissement du trafic ; • d’éviter la saturation du réseau autoroutier languedocien. Le projet consiste en la réalisation d’environ 45 km de ligne nouvelle, dont 8,2 km en tunnel (bi-tube) de sous le massif des Albrès, dont 7,3 km en France. Signalons que sur la base des études qui ont été conduites en vue de la concession du tunnel et qui font aujourd’hui l’objet d’études complémentaires de la part du concessionnaire, la desserte des relations suivantes avait été primitivement envisagée : 3 AR sur Paris 1 AR sur Toulouse 2 AR sur Marseille 1 AR sur Genève 1 AR sur Lyon 2 AR sur Bruxelles Le coût du projet Figueras – Perpignan est estimé, aux conditions économiques actuelles à 850 millions d’euros. La mise en concession a été attribuée à EuroFerro, regroupement formé du français Effiage et des espagnols ACS et Dragados. Les études d’avant-projet sont en cours. La réalisation de la LGV Perpignan/Barcelone est prévue à l'horizon 2008. 225 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 226 PROJET PILOTE MARSEILLE LA LIGNE NOUVELLE “LANGUEDOC-ROUSSILLON” La région Languedoc-Roussillon occupe une position géographique qui lui confère un rôle essentiel pour les échanges internationaux (Méditerranée et Europe du Nord) et interrégionaux. La ligne actuelle cumule tous les trafics: TGV, TRN, TER, fret et pose des problèmes d'exploitation avec une densité de circulation de trains problématiques et incompatible avec une politique de croissance des flux ferroviaires. Dès lors, l'idée de construire une ligne nouvelle mixte s'est imposée ; projet qui a reçu une forte impulsion en mars 2000, avec un ensemble de décisions ministérielles visant à décongestionner l'axe ferroviaire Languedocien. La ligne nouvelle Languedoc-Roussillon, dédiée à la fois à la circulation des voyageurs et des marchandises, répond à une double nécessité : • développement de la grande vitesse en Europe en direction de la péninsule ibérique, mais aussi du Grand Sud-Ouest (Bordeaux, Toulouse). • ouverture du Réseau Trans-européen de Fret Ferroviaire; l’idée étant ici d'augmenter les capacités et faire circuler plus de trains. Ainsi, le contournement de Nîmes - Montpellier permettra de délester la ligne de son trafic fret (lequel basculera alors sur la ligne nouvelle). Le projet de ligne nouvelle Languedoc-Roussillon se décompose en 3 sous-projets : • la ligne nouvelle Perpignan - Le Perthus qui correspond à la partie française de la LGV Perpignan-Figueras, plus le projet dit "des installations terminales de Perpignan ". • le contournement de Nîmes et Montpellier et la modernisation de la ligne entre Montpellier et Perpignan à horizon 2010. • la création d’une ligne nouvelle mixte entre Montpellier et Perpignan à échéance plus lointaine. La liaison Perpignan / Montpellier fera l’objet d’un programme complémentaire de travaux et d’amélioration de performance (création d’Installations Permanentes de Contre – Sens / IPCS) qui amélioreront les conditions d’exploitation mais n'apporteront pas un surcroît de possibilités en matière de circulations. Après modernisation, les vitesses – limites autorisées se situeraient en moyenne à 140 km/h entre Perpignan et Narbonne et à 160 km/h entre Narbonne et Montpellier. Sur ces bases, le tronçon Perpignan – Montpellier ne devrait pas être saturé avant 2025 ou 2030, horizon à partir duquel la réalisation d’une ligne nouvelle à grande vitesse entre Perpignan et Montpellier pourrait être envisagée. Source : RFF 226 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 227 PROJET PILOTE MARSEILLE L’ensemble des investissements représente une somme de près de 4 Milliards d'euros sur une quinzaine d'années (y compris la partie française Perpignan-Figueras). L'ouverture de la LGV Perpignan - Le Perthus est prévue pour 2008 ; le contournement de Nîmes et Montpellier devant être achevé en 2010. Par contre le projet de LGV Montpellier–Perpignan semble ne pas être à envisager avant 2025-2030 LES GRANDS PROJETS EN ITALIE L’Italie, à partir de 1990, a développé un important programme de lignes nouvelles, en complément de la “diretissima” Rome-Florence construite dans les années 70. Les principes retenus placent Milan au cœur du réseau à grande vitesse italien. Il importe donc pour Marseille de ne pas se trouver isolé de ce pôle essentiel de développement. Le réseau à grande vitesse actuellement projeté en Italie s’étend sur environ 1100 km le long des principaux axes de transport. Il a approximativement la forme d’un T majuscule, avec : • une liaison allant de la frontière française à la frontière slovène, via Turin et Venise • une liaison nord-sud reliant Milan à Naples via Bologne, Florence et Rome, • ainsi qu’une troisième ligne reliant Milan à Gênes. C’est Italferr qui a la responsabilité des études et de la construction des lignes à grande vitesse. Actuellement : • 644 km de LGV sont en construction, dont 630 km entre Turin, Milan et Naples et 14 km en construction entre Padoue et Mestre. • 270 km de lignes nouvelles sont à l’étude entre Milan et Padoue et entre Gênes et la vallée • 250 km de ligne sont en rénovation sur le “diretissima” Rome-Florence de façon à porter la vitesse maxi à 300 km/h. Par ailleurs, un projet est à l’étude pour relier la Calabre à la Sicile, Naples à Bari et une ligne nouvelle est projetée entre Messine et Palerme. Coûts et délais de réalisation du réseau à grande vitesse italien 1. La ligne à grande vitesse Torino-Milano-Napoli Tracés/nœud (fin de travaux) TORINO-MILANO Millions d’euro Echéance prévue 6.878 2005 (To-No) 2008 (No-Mi) NODO DI TORINO MILANO-BOLOGNA NODO DI MILANO NODO DI BOLOGNA BOLOGNA-FIRENZE NODO DI FIRENZE FIRENZE-ROMA NODO DI ROMA ROMA-NAPOLI NODO DI NAPOLI 129 6.159 73 1.105 4.700 1.211 351 568 5.153 374 2007 2007 (1ere phase) 2007 2007 (1ere phase) 2004 (1ere phase) 2004 (sauf tracé terminal) 2005 (1ere phase) 227 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 228 PROJET PILOTE MARSEILLE 2. Les lignes Milano-Verona-Padova et Milano-Genova (Terzo Valico) Tracé MILANO-VERONA VERONA-PADOVA MILANO-GENOVA (Terzo Valico) Millions d’euro 4.720 2.630 4.200 La carte ci-dessous résume l’état d’avancement des différents projets. Nous y indiquons les dates prévues de mise en service, ainsi que les durées de trajet. Les projets de LGV en Italie : temps de trajet et échéances prévues 228 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 229 PROJET PILOTE MARSEILLE En complément de la construction de son réseau à grande vitesse, l’Italie s’est également engagée dans la mise à niveau et la modernisation de son réseau de lignes principales. Les principaux projets concernent en Italie du nord les lignes de : • Milan-Gênes • Gênes -Vintimille • Bologne-Verone-Brenner • Verone-Udine-Tarvisio • Turin-Milan-Venise • ligne Nord Tyrrhenniene (Rome- Gênes) • Milan-Rome • Bologne-Padoue-Venise • Parme-La Spezia • ligne principale Adriatique Les travaux incluent suivant les cas : • le doublement des voies, • l’ électrification de lignes ou de sections, • la réhabilitation de lignes pour le trafic régional et local, • l’adoption de nouvelles technologies. Nous mentionnerons plus particulièrement les projets intéressant directement les relations avec la France, à savoir : GÊNES - VINTIMILLE Ligne à voie unique, la ligne Gênes Vintimille risquait de connaître d’importants problèmes de capacité si des travaux n’avaient été entrepris comme le montre les données suivantes : Tableau n° 11 : Trafic (train/jour) sur le corridor Ventimiglia-Roma Le projet de doublement de la voie est actuellement pratiquement réalisé de bout en bout, à l’exception d’un tronçon de 70 km entre San Lorenzo et Finale Ligure. La moitié environ de ce dernier tronçon est en cours de réalisation. 229 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 230 PROJET PILOTE MARSEILLE La réalisation du projet dans sa totalité est prévue à horizon 2010. Permettant une vitesse maximum de 200 km/h, le trajet Gênes - Vintimille pourra être alors effectué en 1 heure environ. Il est à noter que le réaménagement de cette ligne n’a pas été conçu pour l’acheminement de trains lourds, ceux-ci étant limités à des convois de 500 mètres et d 1600 tonnes. LIGNE NORD TYRRHENIENNE (ROME - GÊNES) Le reste du corridor nord tyrrhénien risque par contre de connaître, en regard du graphique précédent, certaines difficultés entre 2005 et 2010, particulièrement entre Gênes / La Spezia et entre Pise / Livourne. 230 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 231 PROJET PILOTE MARSEILLE LES GRANDS PROJETS EN ESPAGNE Durant la décennie 80, l’administration de l’équipement espagnol a décidé de donner une nouvelle impulsion aux chemins de fer. En 1981 a été ainsi approuvé le Plan de Transport Ferroviaire prévoyant de grands investissements en matière de services de banlieue ainsi que la réalisation de la ligne à grande vitesse Madrid-Séville inaugurée en 1992. L’actuel programme de “Alta Velocidad “ espagnol (AVE) 2000-2007 prévoit quant à lui la construction de cinq grands corridors ferroviaires à grande vitesse : • Corridor Nord-Nord-ouest • Corridor de “l’Extremadura” • Corridor Andalou • Corridor “Madrid-Levante y Mediterráneo” • Corridor Nord-Nord-est Cet ambitieux programme a notamment pour objectifs : • de réduire de moitié les temps de parcours actuels entre les grandes métropoles - toutes les capitales régionales devant se trouver située à moins de 4 heures de Madrid et à moins de 6h30 de Barcelone. • d’augmenter la part du fer dans la demande globale de transport pour arriver à 30% de part de marché sur ces les grandes liaisons intérieures. Les temps de trajet actuels se réduiront ainsi de façon spectaculaire. Pour cela, il est nécessaire de rénover environ 60% du réseau qui ne permet pas une vitesse supérieure à 140 km/h. Toutes les lignes nouvelles du programme de « Alta velocidad » répondent aux caractéristiques de la grande vitesse telles qu’elles ont été définies par l’Union européenne. Temps de trajets prévus depuis Barcelone vers quelques grandes villes espagnoles au terme du programme AVE Zaragoza 1h. 10 Burgos 3 h. 40 Pamplona 2h. 10 Sevilla 4 h. 40 Valencia 2 h. 20 Córdoba 4 h. 05 Madrid 2 h. 25 Málaga 4 h. 40 Toledo 2 h. 50 Granada 4 h. 55 Alicante 3 h. 20 Bilbao 4 h. 35 Valladolid 3 h. 20 San Sebastián 4 h. 40 Murcia 3 h. 30 Badajoz 4 h. 30 Il faut ajouter à cet ensemble de projets les améliorations sur le réseau conventionnel qui concernent, outre la suppression de passages à niveaux, l’amélioration des accès portuaires, notamment ceux des ports de Barcelone, Valence et Algesiras (en adéquation avec le projet de réseau transeuropéen de fret ferroviaire), ainsi que des améliorations de lignes (rénovation, électrification, aménagement de sécurité). Ces dernières n’ont que peu d’incidences pour les relations transeuropéennes. Signalons simplement les aménagements effectués sur la ligne Barcelone-Puigcerdá. 231 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 232 PROJET PILOTE MARSEILLE L’AVE “MADRID-SARRAGOSSE-BARCELONE-FRONTIÈRE FRANÇAISE” C’est le projet qui intéresse en priorité le réseau C2M. En effet, la construction de cette ligne de 855 km permettra l’intégration de l’Espagne au réseau européen à grande vitesse (circulation de trains à des vitesses supérieures à 300 km/h). Sur ce corridor, c’est le tronçon reliant Barcelone à la frontière française qui est pour l’instant le moins avancé. La ligne nouvelle Madrid–Barcelone est en effet opérationnelle jusqu’à Lérida. Carte n°9 : Etat d’avancement du réseau à grande vitesse espagnol (AVE) Source : Ministère de fromento Le tronçon Madrid-Lleida long de 446 km permet des vitesses maxi de 350 km/h. partant de la station de Madrid-Atocha, elle passe par Guadalarara, Catalayud et Sarragosse pour se terminer à proximité de Lleida. Il existe par ailleurs un projet d’interconnexion entre la ligne Madrid-Séville et la ligne Barcelonne-Séville qui permettra à terme d’effectuer la liaison Barcelone-Séville sans passer par Madrid. A noter que le nouveau gouvernement espagnol risque de remettre en cause le tracé jusqu’à Barcelone, car il envisage de desservir l’Aéroport de Barcelone ce qui avait été exclu par le gouvernement précédent. L’objectif reste une mise en service de cette ligne en 2006 (objectif de date qui semble optimiste). A terme, toutes les capitales de provinces seraient desservies : Lerida, Tarragone, Barcelone (gare principale de Sants et Segrega la nouvelle gare), Gérone et Figueras. En ce qui concerne le fret, la seule ligne qui serait ouverte au trafic fret au gabarit européen concerne la section Tarragone – Barcelone – Perpignan. • Tarragone en raison d’un complexe chimique important avec la présence de Sociétés comme Bayer et BASF (échanges importants avec la France et l’Allemagne. • Barcelone, du fait de la présence d’industries lourdes et d'un port qui connaît un développement important (rival de Marseille). 232 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 233 PROJET PILOTE MARSEILLE Il n’est pas envisagé aujourd'hui d’ouvrir la ligne au trafic fret depuis Madrid. LA LIGNE À GRANDE VITESSE MADRID-LISBONNE Ce projet correspondant au terme ouest du corridor 5 et dont les travaux devraient débuter entre Mérida et Badajoz à la frontière avec le Portugal devrait à terme situer Lisbonne à environ 2 heures 30 de Madrid et 5 heures de Barcelone. En dehors de Madrid-Lisbonne, il faut mentionner le projet en association avec le Gouvernement Autonome de la Galice d’un corridor à écartement UIC, reliant Porto à Vigo et à La Corogne, avec un accès au port de Leixões et de Vigo, au nord, et à celui de Sines, au sud. Il s’agit d’une ligne prévue pour des vitesses de 220/250 km/h ou à grande vitesse (350 km/h). Son tracé est encore en discussion, ainsi que son usage, à savoir si elle sera réservée aux voyageurs ou si elle pourra être utilisée pour certains types de fret sélectif. Il est prévu la connexion de cette ligne à grande vitesse à l’aéroport de Sá Carneiro (Porto), ainsi qu’au futur aéroport de l’OTA (au nord de Lisbonne) et à la Diagonale Continentale Lisbonne-Madrid-Barcelone. 5• INCIDENCE DE CES PROJETS POUR LES VILLES C2M Nous examinerons ici le bénéfice que les métropoles du réseau C2M pourront retirer des différents projets ferroviaires engagés ou en devenir sur l’Arc Sud-européen. UN GAIN IMPORTANT D’ACCESSIBILITÉ L’approche adoptée ici consiste à comparer les temps de trajets entre les principales villes du réseau à l’horizon 2020-2030, en supposant que l’ensemble des projets examinés soit effectivement réalisé. LA GRANDE ACCESSIBILITÉ FERROVIAIRE Comme on peut le constater sur les cartes suivantes, l’ensemble des projets de LGV examinés, tant en France qu’en Italie ou en Espagne, permettront d’améliorer significativement la « grande accessibilité ferroviaire » des métropoles C2M au sein de l’espace MEDOC. 233 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 234 PROJET PILOTE MARSEILLE L’EXEMPLE DE MARSEILLE Aux alentours de 2020, Marseille pourrait se voir située dans le meilleur des cas : • grâce à la LGV CA : à environ 2h45 de Gênes et 3h30 de la métropole lombarde, sachant que le temps de trajet avec Gênes et Milan pourrait encore être réduit moyennant la prolongation de la LGV CA vers Vintimille1 ; • grâce à Lyon -Turin : à environ 3h de la capitale piémontaise - une offre de service devrait donc être recherchée en ce sens; • avec la LGV LR : à un peu moins de 3h de la métropole Catalane (et à environ 3 heures de Toulouse), à condition toutefois que la section Montpellier-Perpignan soit effectivement réalisée, ce qui paraît aujourd’hui être une hypothèse optimiste (la date de 2030 étant le plus couramment avancée), sans quoi les durées de trajets seraient rallongées d’environ 45 minutes. Ces projets donneront donc à Marseille, notamment du fait de sa situation centrale au sein de l’arc méditerranéen, d’incontestables opportunités en termes de développement en tant qu’espace porteur de synergies entre et avec les deux grands pôles de développement de l’arc sud que sont Barcelone et Milan, principales forces motrices de la dynamique de l’arc méditerranéen. Rappelons que l’ensemble des quatre grandes métropoles (Barcelone, Gênes,Turin et Milan) totalise 10 millions d’habitants (21 millions d’habitants pour les régions) et que ce sont avec ces métropoles que Marseille et les Bouches du Rhône entretient le plus de relations à l’international, notamment en ce qui concerne son pôle chimique. Les autres grandes villes italiennes (Venise, Bologne, Rome…) sont toutes situées à plus de 4 heures de train de Marseille (concurrence de l'aérien). Il ne faut toutefois pas négliger les possibilité offertes par le fer sur des liaisons comme Marseille-Bologne ou Marseille-Venise qui peuvent s’avérer intéressantes par rapport à des trajets aérien en correspondance via Milan, mais surtout par rapport à la voiture particulière qui reste le mode principal de déplacement depuis les Bouches du Rhône vers les villes du nord de l’Italie. Reste la question des fréquences (en plus du coût pour l’usager) qu’il faut envisager lorsque l’on compare les qualités de services offertes par différents modes de transport. Sans pouvoir encore se prononcer sur les niveaux de services envisagés depuis Marseille sur ces différentes liaisons, on peut souligner le fait que les deux itinéraires LGV PACA et Lyon-Turin présentent l’opportunité de pouvoir (au terme de l’échéance des deux projets) compléter leur offre, notamment sur Turin et Milan. Ceci dit, si l’on compare les temps de parcours, avec et sans le tronçon MontpellierPerpignan, (horizon encore incertain), l’on constate que ce “maillon manquant” du “corridor 5” obère fortement les performances du réseau à grande vitesse en direction de l’Espagne. Ceci est d’autant plus regrettable qu’à performance réduites, l’offre se trouve réduite. Ainsi, comme nous l’avons signalé, seulement 2 A/R jour avec Marseille ont été envisagés depuis Barcelone lors des études conduites en vue de la concession de la ligne Perpignan-Figueras. 1 Dans le cadre d’une ligne Nice-Vintimille en partie nouvelle dont l’essentiel serait en ponts et viaducs, le temps de parcours pour un train direct s’abaisserait à 18 ou 20 minutes environ contre 30 minutes actuellement, soit un gain d’une dizaine de minutes. Un tel projet mériterait donc une analyse coût-avantages approfondie. 234 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 235 PROJET PILOTE MARSEILLE Dans la perspective d’une réalisation complète de la LGV-LR, Marseille se situerait à environ 2h 55 de Barcelone (sans arrêts intermédiaires) et à un peu plus de 5 heures de Madrid et Valencia, principales cités espagnoles avec lesquelles Marseille entretient le plus de relations. En l’absence de ce tronçon les temps de parcours seront augmenté de 45 mn ce qui laissera Marseille à presque 4 heures de Barcelone. REMARQUES DE MÉTHODE : • Nous retenons le temps minimun de 65 mn présenté par RFF pour le trajet Marseille-Nice (tracé moyen-pays avec arrêt de la ligne nouvelle entre Antibes et Cagnes), sachant que celui-ci peut être amené à varier dans une fourchette de + 30 mn suivant les différentes hypothèses de tracés présentées. • Nous nous plaçons dans l’hypothèse de trains directs, sans arrêts intermédiaires (excepté à Nice). Il y aura donc lieu, suivants les scénarios de desserte envisagés, de rajouter à ces temps de parcours la durée des arrêts intermédiaires ainsi que celle des éventuelles correspondances (à Madrid, Barcelone ou Milan) pour les relations avec des villes comme Malaga, Alicante, Valence, Florence, Bologne… ces dernières ne justifiant certainement pas de trafics suffisant pour envisager des liaisons directes sur la totalité de l’arc. Si l’on tient compte des arrêts intermédiaires le temps de trajet peut se trouver notablement augmenté. Ainsi, dans l’étude d’opportunité PACA, le temps de trajet Marseille-Gênes est annoncé à 3 h15 avec 4 arrêts intermédiaires. • Ces temps de parcours s’entendent sans prolongation de la LGV PACA entre Nice et Vintimille qui pour l’instant n’a fait l’objet d’aucune décision ni déclaration d’intention entre les deux pays. La distance ferroviaire entre Nice et Vintimille est de 33 km. Pour les TGV appelés à y circuler, la vitesse maximale autorisée est de 90 km/h et tombe même à 80 km/h entre Menton et Vintimille. Pour une circulation directe le temps de parcours à considérer sur l’infrastructure existante est donc d’environ 30 minutes. DES POSSIBILITÉS NOUVELLES POUR LE FRET Le développement des échanges entre la péninsule ibérique le sud de la France d’une part et l’Italie du nord et l’ouverture vers l’est en direction des nouveaux pays européens d’autre part vont créer les conditions nécessaires à un développement très important des échanges. Ces échanges s’effectuent actuellement en très grande partie par voie autoroutière conduisant, en certains points, à d’épineux problèmes de saturation et à la nécessité de dégager des capacités nouvelles supplémentaires. Le mode routier absorbe en effet l’essentiel de ces échanges et il paraîtrait pour le moins judicieux d’utiliser ces nouvelle infrastructure pour se donner les moyens d’assurer dans de bonnes conditions ces nouveaux trafics. Dans l’offre ferroviaire fret, les prix sont d’autant plus attractifs que les possibilités de chargement sont élevées. La charge offerte est une donnée fondamentale de l’offre de prix. Aussi, la question des déclivités est capitale car elle influe sur les possibilités de chargement. Par ailleurs, le choix des itinéraires de fret sera toujours fait par les entreprises ferroviaires en faveur de l’itinéraire le plus efficace. C'est le couple performances / coûts pour les diverses possibilités (à savoir, notamment pour le transit Espagne-Italie, entre un passage Vallée du Rhône + Lyon Turin et une solution via la LGV PACA ou via le tunnel ferroviaire du Montgenèvre) qui déterminera l'usage. 235 pilot mars 21/09/04 10:23 Page 236 PROJET PILOTE MARSEILLE Il parait donc opportun d’examiner, pour chaque itinéraire, les potentialités qui seraient offertes selon les performances offertes qui nous ont été communiquées par le gérant de l’infrastructure. Notons que la charge des trains est d’autant plus importante que la vitesse des trains est plus faible. Cependant il ne faut pas perdre de vue non plus que l’utilisation d’une ligne à grande vitesse suppose d’atteindre des vitesses limites minimales de l’ordre de 100 km/h si l’on ne veut pas trop obérer la capacité globale de l’infrastructure. Tout est alors question de compromis entre la puissance offerte (puissance nominale des machines et nombre), la vitesse – limite recherchée et la charge offerte. Les données ci – après concernent des trains de 750 mètres pour des machines d’une puissance de 6 MW. ITINERAIRES Rampes Maximales Charge Brute offerte Vitesse Limite avec 2 locomotives LYON - TURIN 12mm/m 1300t 1600t 1150t 1600t 1040t 1600t 1100t** 108 km/h 96 km/h 71 km/h Actuel via 30mm/m MODANE MONTGENEVRE 25 mm/m VINTIMILLE Vitesse Limite avec 3 locomotives* 70 km/h 80 km/h 80 km/h * avec une machine de pousse ** avec 1 machine, la longueur des trains est de 480 mètres entre Gênes et Vintimille L’examen du tableau ci – dessus montre bien l’intérêt pour un itinéraire via Lyon – Turin. Le différentiel des charges offertes n’est pas neutre et impacte directement les prix de revient. L’itinéraire via Montgenèvre présente des performances plus modestes ce qui ne manquera pas d’affecter les prix de revient de l’Autoroute ferroviaire à moins de la subventionner très largement. Il est aussi à noter que les capacités de circulation restent limitées sauf à recalibrer totalement la ligne depuis Marseille. LES ENSEIGNEMENTS QUE L’ON PEUT TIRER DE L’EXPÉRIENCE DES VILLES C2M Toutes les villes C2M mettent en avant l’importance stratégique du développement des liaisons ferroviaires à grande vitesse, mais c’est dans la zone centrale du corridor 5 (de Barcelone à Gênes-Milan) que se situent les principaux enjeux en termes de « grande accessibilité ». La place particulière de Séville et Malaga, trop excentrées pour articuler les flux continentaux (mais lieu d’articulation avec le Maghreb) fait que ces villes sont avant tout préoccupées par leurs liaisons avec Madrid, ainsi qu’avec la côte atlantique. Par ailleurs, c’est en périphérie des agglomérations - à l’articulation des flux urbains et interurbains - que se pose les principaux problèmes de congestion (pour la route mais aussi pour le fer). Aussi, toutes les villes C2M ont comme objectif affiché le transfert modal : de l’automobile vers les TC et du camion vers le fer (où le bateau)).Tous les projets vont dans ce sens : métro, TCSP, aménagements des nœuds ferroviaires (à Barcelone, Gênes)... 236 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 237 PROJET PILOTE GRAND LYON LES STRATÉGIES AÉROPORTUAIRES pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 238 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 239 PROJET PILOTE GRAND LYON 1• INTRODUCTION POURQUOI ABORDER LA QUESTION PROGRAMME INTERREG C2M ? AÉROPORTUAIRE DANS LE CADRE DU C’est une tautologie d’affirmer que la question aéroportuaire est aujourd’hui au cœur de la problématique de métropolisation. Le transport aérien participe en effet pleinement à l’internationalisation des échanges (flux de biens et de marchandises, activités économiques, développement du tourisme), s’inscrit et influe la dynamique de polarisation des territoires autour des principaux centres urbains et est devenu un des enjeux du renforcement de la compétition pour l’attractivité et le développement économique. La forte connectivité aérienne de Paris, Londres ou Francfort leur a permis de devenir des nœuds des réseaux qui structurent de plus en plus l’économie mondiale et européenne. Au regard des objectifs du programme de Coopération des Métropoles Méditerranéennes qui vise notamment à créer, par des coopérations renforcées entre les métropoles de l’espace MEDOC, les conditions d’un renforcement de la compétitivité de ce territoire, il apparaît donc essentiel de se pencher sur le thème aéroportuaire. PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE DE TRAVAIL PILOTÉE PAR LE GRAND LYON Conformément à l’organisation du projet Interreg C2M définie par les partenaires, le Grand Lyon est le pilote des travaux conduits sur ce thème de l’aéroportuaire. Cette position est loin d’être fortuite au regard de la stratégie déployée par la métropole lyonnaise en matière de développement aéroportuaire. La métropole lyonnaise s’est en effet engagée dans une stratégie de développement économique et international au sein de laquelle l’aéroport Lyon Saint-Exupéry occupe une place importante. La valorisation et le développement de Lyon Saint-Exupéry est en effet un des leviers essentiels sur lequel mise la métropole lyonnaise pour concrétiser son aspiration à conforter son positionnement de « Porte d’Europe ». Le présent document recueille et synthétise l’ensemble des travaux conduits sous l’égide du Grand Lyon depuis janvier 2003 sur le thème de l’aéroportuaire. La démarche de travail, proposée aux partenaires par le Grand Lyon, s’est voulue la plus participative possible. Conformément à la philosophie et aux objectifs du projet, elle a été organisée suivant les étapes suivantes : • Partager une culture et une vision communes de la problématique aéroportuaire pour les métropoles européennes de l’espace MEDOC ; • Identifier les enjeux à travailler en commun et les bonnes pratiques ainsi que les retours d’expériences pouvant être valorisés au sein du réseau des métropoles C2M ; • Identifier les pistes de coopération et de collaboration pouvant permettre aux métropoles C2M de poursuivre la dynamique initiée dans le cadre du projet. Les conclusions présentées dans ce document sont le fruit de cette démarche et d’une collaboration qui s’est matérialisée par des séminaires de travail et des échanges qui ont permis à chacune des métropoles de participer activement à la présente production. 239 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 240 PROJET PILOTE GRAND LYON LA PROBLÉMATIQUE AÉROPORTUAIRE POUR LES MÉTROPOLES C2M Au-delà des contenus liés au cadrage de la problématique des relations entre les infrastructures aéroportuaires et les dynamiques métropolitaines, le cœur du chapitre portera sur les enjeux du développement des coopérations et des collaborations entre les métropoles C2M sur le thème aéroportuaire. Il s’agira, notamment en abordant les questions des modes de gestion aéroportuaire et des marges de manœuvre laissées par les pouvoirs centraux aux collectivités locales pour intégrer la dimension aéroportuaire dans leurs stratégies de développement, de mettre en perspective la situation actuelle de l’espace MEDOC en matière aéroportuaire vis à vis du modèle polycentrique préconisé pour ce territoire. Le présent rapport s’attache dans ce sens à montrer que le renforcement de la capacité des métropoles C2M à mieux maîtriser le développement de leur plate-forme aéroportuaire est un des facteurs essentiels pour le développement des coopérations entre les métropoles de l’arc méditerranéen et donc plus globalement pour la compétitivité de l’espace MEDOC. 2• AÉROPORTS ET MÉTROPOLISATION DANS L’ESPACE MEDOC LA PLACE DE LA PROBLÉMATIQUE AÉROPORTUAIRE DANS LE DÉVELOPPEMENT MÉTROPOLITAIN L’AÉROPORT, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT MÉTROPOLITAIN L’internationalisation de la production et des échanges s’appuie sur des réseaux d’acteurs qui se structurent à une échelle mondiale, autour de métropoles qui cherchent à s’imposer en tant que nœud de réseaux multiples. L’accès au statut de ville internationale, objectif croissant des politiques urbaines passe alors par l’insertion de la métropole dans les réseaux d’acteurs. L’un des facteurs clés de succès pour les métropoles réside dans la qualité de leur accessibilité internationale, critère reconnu comme déterminant par l’ensemble des experts qui travaillent sur le développement métropolitain. Dans une économie dématérialisée, où la production de services prend le pas sur celle des marchandises, c’est la circulation des hommes qui crée la richesse plutôt que le transport des marchandises, qui, à des exceptions près comme la messagerie, s’est banalisé suite à la diminution des coûts de transport. Une métropole de rang international doit donc pouvoir proposer un « maillage global », c’est-à-dire une accessibilité à l’ensemble des métropoles qui « comptent » en Europe et dans le monde. A ce titre, la fonction aéroportuaire est devenue un facteur essentiel de la métropolisation et corrélativement un attribut de la métropole internationale (ou en voie d’internationalisation). Par la même, l’aéroport n’est désormais plus à considérer comme une simple infrastructure de transport et de gestion des flux de personnes et de biens, mais comme un instrument de développement des métropoles : pour la métropole, le « nœud aéroportuaire constitue [de plus en plus] un branchement essentiel sur la mondialisation ainsi que dans les réseaux territoriaux européens »1. 1 Aéroports et dynamiques des territoires, rapport et recherche du PREDIT 1996-2000 240 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 241 PROJET PILOTE GRAND LYON A l’échelle de l’espace européen, les enjeux de développement et d’aménagement du territoire liés à la problématique aéroportuaire sont donc importants. Elle s’inscrit en effet dans la problématique plus générale de l’organisation cohérente et performante des réseaux de transports européens et présente un certain nombre de spécificités. UN PAYSAGE AÉRIEN EN PLEINE ÉVOLUTION Le paysage aérien européen est en forte évolution. 25 ans après la déréglementation, le ciel européen est en cours de « libéralisation », avec la recherche par la Commission Européenne d’un « accord de ciel ouvert » avec les Etats-Unis1 . UN MARCHÉ DE MASSE MAIS DONT LA CROISSANCE SE RALENTIT L’industrie du transport aérien évolue sur un marché de masse : l’avion s’est démocratisé. Il y a 50 ans, le transport aérien comptait 20 millions de passagers, aujourd’hui 2 milliards. En permanence, près de 200 000 personnes voyagent dans les airs. En quelques années, le transport aérien est passé d’un transport élitiste à un véritable transport de masse : • Les touristes et les voyageurs occasionnels représentent 60% des voyageurs ; • Les voyageurs affaires environ 40% des passagers mais 60% des revenus. Les marchés sont en croissance mais le rythme se ralentit. Le taux de croissance annuel est passé de 13% dans les années 60 à 9% dans les années 70 et 6% dans les années 80 et 90. Pour la décennie 2000, les transporteurs anticipaient avant le 11 septembre une croissance annuelle de près de 5% an. Cette croissance a été plus forte en Europe et en Asie (ce dernier continent devrait prendre une part prépondérante du marché mondial) qu’aux Etats-Unis (qui reste cependant le premier marché avec une part de marché de 40% des déplacements aériens). Au delà de l’effet du 11 septembre, qui s’est traduit par un fort ralentissement du secteur, les déterminants de la demande de transport demeurent : croissance économique, internationalisation des échanges… Cependant, de nombreux facteurs d’incertitude demeurent tenant au contexte international, au prix du pétrole… L’industrie du transport aérien va donc devoir s’adapter et vivre avec une croissance plus lente, dans un contexte de plus en plus concurrentiel. UNE STRUCTURE INDUSTRIELLE PARTICULIÈRE, UN PROCESSUS DE CONSOLIDATION EN COURS L’industrie est fragmentée. On compte plus de 200 opérateurs en Europe (sur un marché plus petit que les USA) et près de 150 aux Etats-Unis. Cette structure est le résultat de l’histoire : chaque compagnie étant un emblème de la souveraineté nationale. C’est une industrie qui est soumise à un effet de ciseaux entre d’une part la recherche d’une taille critique pour rester présente sur un marché global (présence rendue nécessaire par les exigences des clients) et une faible rentabilité, qui ne lui permet pas d’effectuer en propre les investissements nécessaires pour suivre la croissance du secteur. Le transport aérien a des coûts fixes élevés, dus à la conjugaison entre un fort taux de main d’œuvre caractéristique d’une activité de services et une intensité capitalistique élevée liée au prix des avions. Les taux de marge sont faibles entre 1 et 3%. 1 Cet accord global remplacerait les accords bilatéraux existants entre les différents pays européens et les Etats Unis. Nimporte quel transporteur communautaire pourrait alors proposer un vol vers les Etats Unis à partir de nimporte quel aéroport de l’Union. 241 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 242 PROJET PILOTE GRAND LYON Le processus de consolidation de l’industrie est rendu nécessaire pour permettre aux compagnies de suivre la croissance du marché. Cette consolidation s’est opérée par plusieurs procédés : • La mise en œuvre d’alliances commerciales entre les principales compagnies européennes et américaines (les majors). On estime que les 4 principales alliances1 assurent 70% du trafic aérien mondial. Ces alliances permettent aux transporteurs d’atteindre une taille critique, de proposer un réseau mondial et cadencé (permettant d’aller partout) avec un seul programme de fidélisation pour les clients ; • La mise en place de programme de fidélisation, des techniques de yield management, qui permettent de calculer en temps réel les meilleurs prix ainsi que le développement de systèmes d’information et de réservation ; • La réorganisation de leur réseau avec le développement des principales compagnies sur des hubs aéroportuaires. Ils visent à remplacer les liaisons directes par une multitude de liaisons à partir d’un seul aéroport, le hub, qui sert de point de redistribution vers d’autres destinations. Les hubs permettent de démultiplier les offres en combinant les vols courts et moyens courriers avec les vols internationaux. Chaque compagnie européenne a développé son hub : British Airways sur Heathrow, KLM à Schiphol, Lufthansa à Francfort, Air France à Paris, et Ibéria à Madrid ; • Cette stratégie de hub se produit dans un contexte de congestion des aéroports : on estime ainsi à 150 le nombre des aéroports saturés dans le monde, la majorité des aéroports européens étant concernée. En Angleterre et en Allemagne, les problèmes de capacité de la plate-forme nationale ont conduit à créer un second hub, localisé dans une région économique majeure : Manchester et Munich. Jusqu’à présent, ce processus de consolidation ne s’était pas réalisé à travers des participations capitalistiques. La fusion récente entre Air France et KLM constitue, de ce point de vue, une évolution significative et devrait sans aucun doute contribuer à accélérer cette dynamique. Dès l’annonce de cette fusion, plusieurs possibilités de rapprochement entre d’autres majors européennes ont en effet été évoquées (entre British Airways et Ibéria notamment). DE “NOUVEAUX ENTRANTS” : LES LOW COSTS Ces nouveaux entrants sont les compagnies à bas coût, qui, en peu de temps, ont conquis des parts de marché significatives, en proposant des tarifs très bas. Leur succès repose sur un modèle économique original : un produit minimaliste à bas prix, des gains de productivité maximaux et une recherche de réduction des coûts (flotte homogène, service minimal à bord, réservation directe, personnel limité et polyvalent…). Ce segment de marché est le plus dynamique : leur part de marché dans les vols intra européens est anticipée à 20% en 2010 contre 7 à 8 % actuellement. Aux Etats-Unis, les low costs transportent près d’un passager sur quatre. SouthWest, principale compagnie low costs, est devenue la 4ème compagnie américaine, la seule à réaliser des profits en 2001, année noire pour le transport aérien. Aujourd’hui, le trafic low cost se diversifie en termes de segments de clientèles. Principalement positionné sur le transport loisir, les compagnies tentent aujourd’hui de pénétrer le tourisme d’affaires. Ainsi, les low costs font en effet aujourd’hui partie des options adoptées par les grandes entreprises pour réduire les coûts de déplacements de 1 One World, Star Alliances, Wings, Sky Team 242 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 243 PROJET PILOTE GRAND LYON leur personnel. Cette tendance reste tout de même à relativiser, les aéroports desservis et les tranches horaires n’étant pas forcément en adéquation avec les exigences du trafic affaires. De plus, les low costs ne sont pas encore sur le marché des vols intercontinentaux. En synthèse, la libéralisation du marché européen devrait accentuer la consolidation du marché avec : • Le développement de quelques majors (3/4) en Europe, se positionnant sur leurs hubs, avec des alliances intercontinentales ; • Des compagnies régionales acheminant les moyens courriers sur les hubs des « majors » ; • Le développement des low costs, tant sur le tourisme que sur les affaires. Dans un contexte de congestion, les aéroports à potentiel devront se positionner pour anticiper favorablement ces mutations et faire bénéficier ainsi leur territoire des effets leviers qu’ils sont susceptibles de jouer en matière de développement économique et international, ce qui suppose une montée en puissance des pouvoirs métropolitains sur cette problématique. LES STRATÉGIES AÉROPORTUAIRES DES MÉTROPOLES UNE COMPÉTITION ENTRE MÉTROPOLES POUR DÉVELOPPER LEUR AÉROPORT ET AMÉLIORER LEUR ACCESSIBILITÉ INTERNATIONALE Les principales métropoles européennes investissent dans leur aéroport comme le montrent les exemples suivants. Ces investissements sont motivés par la volonté des métropoles de positionner favorablement leur aéroport au regard : • D’une part, de la saturation croissante des aéroports principaux : il faut donc créer de la capacité pour retrouver des marges de manœuvre vis-à-vis des compagnies ; • D’autre part, des stratégies de positionnement métropolitain, visant à renforcer la qualité de leur accessibilité internationale ; • Et enfin, de la stratégie retenue par les compagnies de développer des hubs ou des liaisons point à point (notamment sur des aéroports secondaires) dans le cas des low costs. Les quelques exemples suivants montrent l’ampleur de cette compétition : • A Stuttgart, le Land du Bade Wurtenberg et Stuttgart City investissent dans un nouveau terminal 3, avec en perspective une ouverture au printemps 2004. Les perspectives de trafic autorisées par cet investissement sont de 10 millions de passagers (7 en 2002) ; • A Manchester, le City Council et les 9 autorités locales de Manchester vont développer un projet intermodal, intégrant les trains et les bus avec des perspectives de trafic de 31 M de passagers en 2011 contre 18 en 2002 ; • A Birmingham, les partenaires que sont le Seven West Midlands (49%), Aer Rianta (24%), Macquarie Airports Group (24%) District, ont en option le développement d’une nouvelle piste sur l’aéroport ; • A Milan, une 3ème piste est en projet sur le terminal 3 de Malpensa, avec pour perspective 30 millions de passagers en 2008 contre 17 millions en 2002 ; • A Düsseldorf, la City de Düsseldorf et ses partenaires (Hochtief AirPort GmbH et Aer Rianta ont pour projet l’expansion des terminaux B et C, perspectives 19 millions de passagers (contre 15 en 01). Dans le cas des métropoles C2M, on constate également des investissements importants de la part des collectivités pour développer la capacité de leur plate-forme aéroportuaire. Nous y reviendrons par la suite en nous penchant sur le contexte aéroportuaire dans l’espace MEDOC. 243 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 244 PROJET PILOTE GRAND LYON TYPOLOGIE DES STRATÉGIES AÉROPORTUAIRES Au regard du contexte particulièrement mouvant et incertain de l’économie du transport aérien dont nous avons rappelé synthétiquement les caractéristiques, mettre en place une stratégie aéroportuaire pertinente constitue une problématique forte pour les gestionnaires des plates-formes et pour l’ensemble des parties prenantes, au premier rang desquelles on trouve les collectivités régionales et locales. Du point de vue de l’aéroport, l’enjeu stratégique est celui du développement du trafic. Au regard des exigences liées aux différents types de trafic (affaires, low costs, fret et charters), la matrice suivante permet de décrire les positionnements marchés possibles d’un aéroport souhaitant développer son trafic, au regard de deux éléments structurants pour son attractivité : les coûts et la fréquence des vols. Matrice des positionnements marchés possibles d’un aéroport au regard des exigences de coût et de fréquence des vols L’aéroport métropolitain par excellence est en capacité à couvrir ces différents champs. Qui plus est, dans un contexte de mondialisation de l’économie, il doit être en capacité à développer sa portée. Ce qui nous amène à proposer également le référentiel suivant pour positionner de manière globale et générique les aéroports métropolitains (les aéroports 244 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 245 PROJET PILOTE GRAND LYON cités le sont à titre d’illustration). En somme, les grandes options stratégiques qui s’offrent à un aéroport pour développer son trafic sont : • Chercher à atteindre une taille critique sur l’ensemble des segments de trafic pour affirmer sa position de « hub » au sein du réseau des lignes aériennes internationales Pour atteindre cette ambition, les facteurs clés de succès généralement présentés sont les suivants : • Développer une offre de services performante pour attirer les compagnies aériennes (et ainsi développer sa connectivité et étendre son portefeuille de destinations) et les activités en lien avec le transport aérien (maintenance, réparation, cargo et fret) ; • Se développer sur l’ensemble des segments de clientèle, ce qui suppose une approche différenciée suivant les marchés en termes de niveaux de services ; • Se positionner sur le fret, notamment parce que ce trafic est financièrement plus rentable et fait l’objet de contrats de plus longue durée. • Renforcer sa position d’aéroport de destination en se développant sur les trafics liés au tourisme, aux affaires ou au fret • Atteindre cet objectif revient à se positionner spécifiquement sur un segment du marché pour développer le trafic qui lui est lié. Cela passe notamment par la mise en œuvre de partenariats avec les compagnies concernées (charters, majors pour les vols affaires, etc.). Mettre en place une stratégie performante pour atteindre ces objectifs implique des moyens importants. Il paraît donc aujourd’hui essentiel que les autorités de gestion aéroportuaire et les pouvoirs locaux coopèrent pour coordonner leurs actions et ainsi optimiser les investissements consentis. Nous reviendrons sur ces différents points dans la partie du présent document consacrée aux enjeux aéroportuaires des métropoles C2M. LE CONTEXTE AÉROPORTUAIRE DANS L’ESPACE PRÉSENTATION MEDOC DES DIFFÉRENTS CONTEXTES AÉROPORTUAIRES DES MÉTROPOLES C2M Synthèse et mise en perspective des fiches de présentation des contextes aéroportuaires disponibles en annexes du présent document. DES PROFILS AÉROPORTUAIRES TRÈS DIVERSIFIÉS ENTRE LES MÉTROPOLES C2M Les six métropoles méditerranéennes ont des profils aéroportuaires relativement diversifiés. Ainsi, chaque aéroport a sa propre identité, qui s’ancre dans un contexte territorial et historique toujours singulier. Cette identité peut se définir à partir d’un certain nombre d’indicateurs quantitatifs (nombre de passagers, nombre de dessertes assurées, etc.) et se caractérise aussi qualitativement par une stratégie de développement portée par les acteurs du territoire concerné. Ainsi, si l’on peut dresser une typologie des six aéroports C2M, celleci va se transformer selon l’indicateur retenu. Les six aéroports ont ainsi des « poids » différents, des positionnements diversifiés selon le nombre de passagers, la zone de chalandise concernée, etc. Dans cette dialectique territoire/aéroport, le dynamisme démographique et économique de la zone influence la vocation et le positionnement de l’aéroport. Les six agglomérations ne s’inscrivent pas dans des territoires de taille forcement équivalente. L’aéroport de Barcelone rayonne sur un territoire qui compte jusqu’à 6 millions d’individus 245 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 246 PROJET PILOTE GRAND LYON alors que les zones de chalandise des aéroports de Séville, Lyon et Marseille sont de 3 à 4 millions d’habitants. L’économie marseillaise repose en partie sur son activité portuaire (1er port français et 3ème port européen) ; l’économie lyonnaise s’appuie sur des secteurs forts et diversifiés (recherche, chimie et services). Avec un million d’habitants, les aéroports de Gênes et Malaga s’inscrivent de fait dans des territoires démographiques plus réduits. En nombre de passagers, les six aéroports présentent des situations beaucoup plus contrastées. Le rapport est de 1 à 20. L’aéroport de Barcelone ressort nettement comme l’aéroport drainant le plus grand nombre de passagers (plus de 20 millions en 2002) alors que les aéroports de Séville et de Gênes n’enregistrent respectivement que 2,3 et 1 millions de passagers, en 2002. Entre ces deux extrêmes, Malaga est le second aéroport de la zone à recevoir le plus grand nombre de passagers (11,5 millions) et les deux aéroports français, Lyon et Marseille, se situent sensiblement au même niveau avec un nombre de voyageurs oscillant entre 5 et 6 millions. Ces indicateurs sont à mettre directement en perspective au nombre de dessertes assurées. Dans un moindre rapport (rapport de 1 à 8), la typologie est sensiblement la même, à l’exception de l’aéroport de Malaga. En effet, il s’agit de l’aéroport qui compte le plus grand nombre de dessertes avec 120 destinations assurées de façon permanente, par 29 compagnies dont 4 low costs, alors que Barcelone en totalise 87, que se partagent 30 compagnies, dont 5 low costs. Lyon et Marseille se situent là encore dans une position intermédiaire, avec respectivement 71 et 70 destinations, et les deux aéroports de Séville et de Gênes assurent 16 et 14 dessertes, avec un nombre de compagnies plus réduit (8 et 7). Le trafic international représente plus de la moitié du trafic pour Lyon, Barcelone, et plus des trois-quarts pour l’aéroport de Malaga. Cela confirme la place de l’aéroport de Malaga comme la porte d’entrée touristique du sud de l’Espagne (Costa del Sol). Il s’agit davantage d’un trafic « généraliste » pour Lyon et Barcelone qui bénéficie à la fois d’un rayonnement culturel et patrimonial fort mais aussi de la présence de secteurs économiques denses et dynamiques. En synthèse : les chiffres-clés des différents aéroports C2M Nombre de passagers Nombre de destinations 21,3 87 1,04 14 5,8 71 6 0,9 4 4,9 6 56 (40% UE) 246 6 39 (UE ND) Lyon Nombre de majors 52 (UE ND) Gênes Zone de chalandise (% dont trafic UE) (Millions en 2003) Barcelone Part trafic international pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 247 PROJET PILOTE GRAND LYON Malaga 11,5 120 79 (75,8% UE) Marseille 5,5 70 2,27 16 4 3,2 5 4,04 3 35 (UE ND) Séville 1,37 17 (UE ND) TYPOLOGIE DES CONTEXTES AÉROPORTUAIRES C2M Les différentes variables présentées précédemment permettent de caractériser les aéroports dans leur territoire et de déterminer la ou les fonctions qu’ils exercent par rapport au développement de chacune de ces métropoles : • Des aéroports généralistes qui sont à la fois support au développement économique et touristique et avec un trafic international important. Dans cette catégorie, rentrent les aéroports de Barcelone et de Lyon. L’aéroport de Marseille peut aussi figurer dans cette catégorie mais il diffère des deux aéroports précédents de par sa portée, qui est majoritairement nationale. Les clientèles arrivant à Lyon et Barcelone sont en grande partie internationales ; • Des aéroports qui sont d’abord une infrastructure au service du développement touristique de leur territoire : il s’agit avant tout de l’aéroport de Malaga, qui réunit à la fois les plus grands nombres de destinations (120 dessertes), et de part de trafic international (79%), et de passagers, après Barcelone (11,5 millions). L’agglomération de Malaga apparaît ainsi comme la ville porte d’entrée touristique de l’Espagne du sud, territoire très attractif et apprécié, notamment des populations âgées du nord de l’Europe ; • Des aéroports au service de leur économie locale : et qui correspondent aux aéroports de Séville et de Gênes. Le nombre de passagers est nettement inférieur de ceux décrient précédemment, la clientèle est avant tout une clientèle nationale et une clientèle d’affaires. L’activité portuaire de Gênes et l’activité aéronautique pour Séville constituent les deux secteurs économiques notamment desservis par les aéroports. Le schéma suivant illustre cette typologie des différents aéroports C2M au regard de leur portée et de leur positionnement principal en termes de marché : 247 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 248 PROJET PILOTE GRAND LYON POSITIONNEMENT DES AÉROPORTS C2M DANS LE CONTEXTE AÉROPORTUAIRE EUROPÉEN UN ESPACE AÉROPORTUAIRE INTERMÉDIAIRE DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN Le trafic des passagers en 2001 Comme l’illustre la carte précédente, le contexte aéroportuaire européen se caractérise avant tout par une concentration de l’activité localisée sur un nombre restreint d’aéroports situés au nord de l’espace européen. Les grands hubs du nord de l’Europe (tout comme les grands ports de Anvers et Rotterdam) structurent l’organisation du ciel européen. Sur les grandes lignes européennes et surtout transcontinentales, les aéroports des métropoles C2M jouent ainsi principalement le rôle de « feeder » pour les hubs de Amsterdam-Schiphol, Roissy- Charles de Gaulle, Londres-Heathrow, Frankfort, etc. L’Europe méditerranéenne compte certes de grands aéroports, localisés notamment dans les villes capitales (Madrid, Rome, Athènes...) mais comparativement, l’activité y apparaît plus diffuse. Le maillage est plus distendu, composé d’aéroports de taille plus modeste. Alors que l’aéroport de Barcelone a une taille équivalente aux aéroports des capitales espagnole et italienne notamment, les cinq autres aéroports peuvent être qualifiés 248 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 249 PROJET PILOTE GRAND LYON d’aéroports intermédiaires. Ainsi dans le réseau des aéroports européens, un aéroport, celui de Barcelone, figure parmi les aéroports de second rang (après ceux de Londres, Paris et au même niveau que Madrid et Rome), trois aéroports (Malaga, Marseille, Lyon) sont de troisième rang, tandis que les aéroports de Séville et Gênes sont de quatrième voire de cinquième rang. Les agglomérations ne disposent pas non plus d’une desserte identique sur le plan ferroviaire. Trois des agglomérations bénéficient d’une connexion à grande vitesse (Lyon, Marseille et Séville) qui leur permettent d’être reliées rapidement à leurs capitales nationales correspondantes, entre deux et trois heures selon les cas. Seule l’agglomération lyonnaise peut prétendre à une interconnexion de son aéroport avec le train à grande vitesse. Si cette articulation est encore peu optimisée, elle représente un atout non négligeable pour l’avenir. D’ici 2009, Barcelone sera également desservie par TGV, ce qui viendra renforcer son accessibilité. UNE INTERCONNEXION AÉRIENNE TRÈS DISPARATE ENTRE LES MÉTROPOLES C2M Les six agglomérations ne sont pas accessibles entre elles de la même façon. Certaines sont plus accessibles que d’autres, comme l’illustre le tableau ci-dessous. Ainsi, en termes d’accessibilité, trois types d’agglomérations se distinguent : • Une accessibilité forte : avec trois agglomérations directement accessibles, Barcelone et Lyon sont les deux agglomérations reliées directement avec la moitié des agglomérations C2M. Barcelone est accessible et dessert directement Lyon, Séville et Malaga, et pour Lyon, il s’agit de Barcelone, Malaga (en période estivale uniquement) et Marseille ; • Une accessibilité réduite : inversement, Gênes n’est desservie directement par aucune des cinq agglomérations C2M ; • Une accessibilité moyenne : les agglomérations de Marseille et Séville comptent seulement une agglomération avec laquelle elles sont reliées directement, respectivement avec Lyon et Barcelone. Malaga est dans le même cas (une liaison directe avec Barcelone), sauf en période estivale pendant laquelle une liaison avec Lyon est mise en place. Néanmoins, les temps d’accès diffèrent. En effet, l’accessibilité de certaines de ces agglomérations se réduit encore au regard des temps d’accès. En effet, si ces aéroports ne sont pas reliés entre eux directement, certains sont plus éloignés que d’autres en temps. Ainsi, il faut entre 3 et 7 heures pour relier Gênes. Marseille et Séville comptent trois dessertes supérieures à 4 heures. 249 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 250 PROJET PILOTE GRAND LYON Le déficit de relation le plus important se situe entre Gênes et Séville où il faut compter près de 10 heures pour relier les deux agglomérations. DES AÉROPORTS RELATIVEMENT BIEN SITUÉS VIS-À-VIS DES AGGLOMÉRATIONS QU’ILS DESSERVENT Le poids relatif des aéroports permet justement qu’ils soient localisés à proximité des centres urbains et bien reliés à eux. La connexion est en effet globalement bien assurée au centre des villes avec l’existence de transports en commun relativement performants (bus ou train). Quelle que soit l’agglomération concernée, il faut au maximum 30 minutes pour relier le centre. Néanmoins, dans un contexte de saturation routière pour la plupart des agglomérations, les connexions assurées par bus peuvent devenir moins performantes si elles ne sont pas doublées d’une desserte ferroviaire. Barcelone et Malaga disposent ainsi des deux modes. La réalisation d’une liaison ferrée (Léa-Leslys) entre le centre d’affaires de Lyon et l’aéroport de Saint-Exupéry devrait voir le jour en 2006. Distance au centre ville Barcelone 12 km Gênes Temps d’accès Type de connexion 6 km 23 mn 40 mn 30 mn Train Bus Bus Lyon 25 km 30 mn Malaga 8 km 30 mn Bus Tramway (à venir) Train et Bus Marseille 26 km 35 mn Bus Séville 10 km 25 mn Bus 3• DES ENJEUX AÉROPORTUAIRES À DIFFÉRENTS NIVEAUX POUR LES MÉTROPOLES C2M TYPOLOGIE GÉNÉRALE DES ENJEUX AÉROPORTUAIRES POUR LES MÉTROPOLES La corrélation entre l’attractivité, le rayonnement et le trafic aérien est une caractéristique forte de la dynamique de métropolisation déjà rappelée en introduction au présent document. Historiquement conçu sur le modèle des aéroports militaires, les aéroports civils ne peuvent toutefois plus aujourd’hui se développer sans prendre en compte le territoire dans lequel ils s’insèrent. En effet, du point de vue du territoire, le développement des flux de trafic gérés par une plate-forme aéroportuaire ne peut constituer une fin en soi. Pour le territoire, l’enjeu stratégique se situe avant tout au niveau des retombées sociales et économiques que peut permettre de générer l’infrastructure aéroportuaire, ainsi qu’au niveau de la gestion des « externalités négatives » liées au développement aéroportuaire (nuisances, pollutions, etc.). 250 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 251 PROJET PILOTE GRAND LYON Dans ce sens, et pour éviter que la question aéroportuaire ne s’apparente à la quadrature de cercle, 3 niveaux d’enjeux doivent être considérés par les parties prenantes du territoire métropolitain : • L’insertion territoriale des plates-formes aéroportuaires ; • L’optimisation des retombées économique ; • La gestion durable du développement aéroportuaire. POSITIONNEMENT DES ENJEUX AÉROPORTUAIRES DES MÉTROPOLES C2M Le travail réalisé par les métropoles C2M dans le cadre du groupe aéroportuaire a permis d’initier une coopération sur la base d’échanges de « bonnes pratiques » et plus globalement de « retours d’expérience » sur des sujets en lien avec ces différents niveaux d’enjeux. Les paragraphes suivants présentent de manière synthétique les différents sujets traités dans ce cadre. Cette partie se fonde sur les fiches de présentation de « bonnes pratiques » renseignées par les partenaires. L’ensemble de ces fiches est consultable en annexes du présent document. L’INSERTION TERRITORIALE DES PLATES-FORMES AÉROPORTUAIRES La question de l’insertion territoriale des plates-formes aéroportuaires renvoie directement aux rôles et à la place qu’occupent les collectivités territoriales dans les stratégies de développement et de gestion aéroportuaire. Sur cette question, les métropoles C2M ont partagé leur expérience en évoquant les sujets suivants : • Gênes : la politique de Aeoporto di Genova SpA en lien avec le développement local (emplois et formation, valorisation de l’offre ligurienne en matière de tourisme et de congrès…) ; • Séville : dans le cadre d’une stratégie régionale, le développement de la connectivité de l’aéroport avec le centre-ville de Séville (métro) et les villes de Huelva et Cordoue (ferroviaire) ; • Malaga : l’intégration de la thématique aéroportuaire dans les politiques de planification, notamment pour assurer la connexion des modes de transport ; • Lyon : le projet de liaison rapide en transport en commun entre Lyon et l’aéroport SaintExupéry et l’intégration forte de la thématique aéroportuaire dans la stratégie de développement économique de la métropole. LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET INTERNATIONAL • Malaga : la réalisation d’études sur l’impact socio-économique de l’aéroport pour l’élaboration d’un plan stratégique sur la création et le développement d’entreprises en lien avec l’activité aéroportuaire. • Séville : le projet de création du Parc Technologique Aérospatial d’Andalousie en lien avec l’installation du 3ème site européen d’EADS pour la production du nouvel avion militaire de transport A-400M. 251 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 252 PROJET PILOTE GRAND LYON • Barcelone : la politique de développement du fret aérien autour du groupement d’intérêt économique Barcelone Airport Cargo dont la mission est de développer les activités logistiques liées au fret et de promouvoir l’aéroport auprès de la filière. • Lyon : la mise en place d’un Club des Entrepreneurs pour LYS (lobbying, expression des besoins des entreprises, information/communication). LA GESTION DURABLE DU DÉVELOPPEMENT AÉROPORTUAIRE • Marseille : élaboration d’une charte environnementale et création d’une commission consultative de l’Environnement avec un comité permanent. • Malaga : élaboration de systèmes de gestion environnementale, promotion de bonnes pratiques environnementales dans le domaine aéroportuaire. SYNTHÈSE : ENJEUX SPÉCIFIQUES C2M DANS L’ESPACE MEDOC ET ENJEUX COMMUNS POUR LES MÉTROPOLES Ce travail d’échanges sur les bonnes pratiques a permis d’identifier les enjeux spécifiques et les enjeux communs aux métropoles C2M en matière de gestion et de développement aéroportuaire. A ce titre, il apparaît clairement que le principal enjeu commun aux métropoles C2M renvoie à l’affirmation du rôle des pouvoirs régionaux et locaux dans la gestion et le développement aéroportuaire. Qui plus est, un certain nombre de sujets émergent comme pouvant faire l’objet de coopérations voire de collaborations plus approfondies entre les différentes métropoles. Nous noterons à ce titre principalement la question de l’interconnexion de l’aéroport avec la ville-centre ou avec le réseau de transport ferroviaire. 4• RENFORCER LA PLACE DES POUVOIRS RÉGIONAUX ET LOCAUX EN MATIÈRE AÉROPORTUAIRE POUR DÉVELOPPER LA COMPÉTITIVITÉ DE L’ESPACE MEDOC ? LA QUESTION CENTRALE DES MODES DE GESTION Poser la question de la place des pouvoirs régionaux et locaux en matière aéroportuaire renvoie directement à la question des modes de gestion des équipements aéroportuaires. TYPOLOGIE DES MODES DE GESTION DES AÉROPORTS C2M Les différences sont importantes entre les modes de gestion des différents aéroports des métropoles C2M. D’un côté, nous avons les aéroports espagnols de Séville, Malaga et Barcelone dont la gestion est assurée de manière centralisée par l’AENA (établissement public national de gestion des aéroports espagnols). Les autorités métropolitaines espagnoles disposent donc 252 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 253 PROJET PILOTE GRAND LYON de faibles marges de manœuvre en matière de politique aéroportuaire. De l’autre côté, nous avons l’aéroport italien de Gênes géré par Aeroporto de Genova SpA, une société de droit privée qui rassemble l’Autorité portuaire de Gênes (60%), la Chambre de Commerce de Gênes (25%) et la société des Aéroports de Rome (15%). Enfin, les aéroports de Lyon et Marseille sont eux gérés par les chambres de commerce et d’industrie des deux villes respectives. Il est toutefois essentiel de noter que pour l’ensemble des métropoles C2M, l’Etat reste présent dans la gestion de l’aéroport, ne serait-ce que par qu’il demeure le propriétaire du foncier sur lequel sont implantés les équipements. LES ÉVOLUTIONS PROBABLES EN MATIÈRE DE GESTION AÉROPORTUAIRE Aujourd’hui, comme pour toutes les autres grands équipements (et notamment les ports) se pose la question de l’évolution des modes de gestion des aéroports. Cette évolution paraît pouvoir suivre trois orientations possibles, qui ne s’opposent pas forcément l’une avec l’autre puisqu’elles peuvent parfois être concomitantes : • Une évolution vers le modèle entièrement privé tel qu’on peut le rencontrer dans les pays anglo-saxons et notamment le Royaume-Uni ? • Une évolution vers un modèle privilégiant l’économie mixte par le biais du développement des partenariats entre le public et le privé ? • Une évolution vers davantage de participation des autorités régionales et locales dans la gestion des aéroports ? Cette troisième voie se concrétise actuellement en France avec la loi du 23 février 2004 qui instaure les « communautés aéroportuaires ». AFFIRMER LE RÔLE DES COLLECTIVITÉS RÉGIONALES ET LOCALES EN MATIÈRE DE GESTION AÉROPORTUAIRE Sur cette question des modes de gestion et plus précisément de la place des collectivités régionales et locales en matière de gestion et développement aéroportuaire, il apparaît que les métropoles C2M souhaitent pouvoir affirmer davantage leur rôle en tant qu’acteur du développement des plates-formes aéroportuaires situées sur leur territoire. L’affirmation du rôle des collectivités régionales et locales en matière de gestion et développement aéroportuaire pourrait prendre des formes diverses, notamment au regard des contextes nationaux et du rôle actuel que jouent les pouvoirs métropolitains (municipalités, intercommunalités, etc.) auprès des aéroports C2M. L’affirmation de ce rôle apparaît pour les métropoles C2M comme une des conditions permettant d’instaurer une véritable dynamique propice au développement du modèle polycentrique au niveau de l’espace MEDOC. En effet, sans la capacité de participer activement à la maîtrise de l’évolution de leur plateforme aéroportuaire, il est illusoire de penser pouvoir renforcer l’intégration des systèmes économiques de l’espace MEDOC face à une organisation du ciel européen largement déséquilibrée en faveur du nord de l’Europe qui concentre les grands hubs aériens et face à 253 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 254 PROJET PILOTE GRAND LYON une culture d’Etat encore largement centralisatrice, privilégiant l’aéroport de la capitale et la compagnie nationale comme emblème de souveraineté. Aujourd’hui, l’élargissement à l’est de l’espace communautaire constitue une opportunité pour l’affirmation des aéroports C2M qui peuvent prétendre à une fonction de hub européen (sur l’axe 5 Barcelone-Kiev). Il serait à ce titre dommageable de constater dans quelques années que ce sont les hubs du Nord de l’Europe qui ont capté seuls les flux générés par le développement en cours de ces pays de l’Union, alors même que face aux problèmes de congestion aéroportuaire, certains aéroports C2M affichent des réserves de capacité relativement importantes. C’est dans cette optique que les métropoles C2M souhaitent poursuivre leur coopération sur le thème de l’aéroportuaire et même l’approfondir en mettant en place des actions collaboratives leur permettant de déployer des projets communs. 5• RENFORCER LA COOPÉRATION ET ENGAGER DES COLLABORATIONS ENTRE LES MÉTROPOLES C2M Le renforcement des coopérations entre les métropoles C2M sur le thème de l’aéroportuaire doit leur permettre d’affirmer leur rôle d’acteur sur ce sujet et ainsi de contribuer à un meilleur maillage des systèmes socio-économiques et à une plus grande cohérence des stratégies mises en œuvre sur ce thème au niveau de l’espace MEDOC. Alors que les différentes métropoles C2M peuvent apparaître comme concurrentes l’une l’autre quant au développement de leur plate-forme aéroportuaire, la mise en œuvre d’un programme d’actions partenarial doit au contraire leur permettre de renforcer collectivement leur position dans l’espace aérien européen, et ce suivant deux logiques : • Dans une logique de développement « endogène » : intensifier les rapports internes à l’espace MEDOC et donc intensifier les flux aériens entre les métropoles C2M en développant la connectivité de ces territoires ; • Dans une logique de développement « exogène » : renforcer la capacité d’attractivité aérienne de l’espace MEDOC pour attirer et capter des flux à l’échelle du continent européen et également à l’échelle transcontinentale. Dans cette optique, les pistes de coopération et de collaboration que désirent mettre en œuvre les métropoles C2M pour poursuivre la dynamique engagée sur les deux dernières années sont les suivantes : ORIENTATIONS POUR UN PLAN D’ACTION EN MATIÈRE DE COOPÉRATION En matière de coopération, il apparaît aujourd’hui essentiel pour les métropoles C2M d’amplifier la dynamique engagée à travers la mise en commun des connaissances et le partage d’expériences sur le thème aéroportuaire et les différents enjeux identifiés entre les métropoles à ce propos afin de renforcer le niveau de compétences des technostructures et de leurs élus sur ce sujet. Les métropoles C2M ont en effet constaté ensemble ce déficit de compétences en matière de transport aérien qui aujourd’hui constitue un handicap pour affirmer leur rôle sur ce sujet. 254 pilot gd-lyon 21/09/04 10:25 Page 255 PROJET PILOTE GRAND LYON Il conviendrait donc de structurer et animer une base de connaissances permettant à chacune des métropoles de monter en compétences sur le thème aéroportuaire pour renforcer leur positionnement en tant qu’acteurs clés du processus de développement aéroportuaire. Cette base de connaissances pourrait s’organiser sur la base des enjeux aéroportuaires sur lesquels les métropoles C2M doivent faire porter leur attention au regard de leur situation actuelle respective. Dans ce cadre, un des premiers chantiers opérationnels évoqués par les partenaires pourrait être la réalisation d’une étude sur les mobilités et les réseaux socio-économiques entre les métropoles C2M afin de préciser l’état actuel de la demande et de l’offre de transport aérien au sein de l’espace MEDOC. L’organisation d’un événement du type « Forum Méditerranéen des Transports aériens » pourrait permettre de faire un bilan annuel des travaux réalisés et de présenter l’état d’avancement de la montée en compétences des métropoles sur cette question. ORIENTATIONS POUR UN PLAN D’ACTION EN MATIÈRE DE COLLABORATION Afin de garantir l’efficacité et l’efficience du partenariat en matière d’actions collaboratives, il semble opportun aux métropoles C2M de se concentrer principalement sur la question du trafic « de masse » correspondant avant tout aux flux touristiques. C’est en effet sur ce type de trafic que les marges de manœuvre des métropoles semblent aujourd’hui les plus importantes et les plus à même d’avoir un impact significatif en termes de renforcement du maillage des systèmes socio-économiques au sein de l’espace MEDOC. Dans ce cadre, les actions collaboratives envisageables viseraient à interfacer voire à coordonner le marketing touristique des métropoles C2M et pourraient consister en : • La mise en place de packages touristiques entre les métropoles permettant aux habitants des différentes villes de bénéficier d’avantages particuliers pour leurs séjours touristiques dans les différentes villes du programme C2M (logique « pass C2M ») ; • La mise en place de liens entre les sites Internet des aéroports des différents villes voire les sites Internet touristiques des métropoles C2M ; • La mise en place de programmes culturels et événementiels communs (du type exposition itinérante entre les métropoles C2M). 6• ANNEXES Ensemble des documents produits : • Fiches de présentation des aéroports. • Fiches de présentation des « bonnes pratiques ». 255 256 Problèmes environnementaux Congestion autoroutière aux accès de • Nombre de la ville, déficit ferroportuaire et manque destinations desservies : de sillons commerciales aériens 87 Risques • Nombre de "major" Erosion et déforestation présentes : 6 Economie diversifiée et performante Attractivité touristique et rayonnement culturel - Port et aéroport international - Identité forte Opportunités Dynamique d’innovation et image associée (design) Faiblesses 10:25 Forces 21/09/04 • Part du trafic international : 52,2 % AEROPORT DE BARCELONE Créé Propriété Géré en 1916 de l’Etat par l’AENA Chiffres clés La situation et la L’infrastructure et L’offre sur le trafic connectivité les équipements aérienne • 12 km du centre-ville • 2 pistes (3ème en • 30 compagnies • 21,3 M de pax en 2002 • Connexion par train (23 construction) régulières • Répartition du trafic : min.) et bus (40 min.) • Un terminal satellite • 6 Major : Iberia, - National : 47,8 % • Projet de station (en construction) Lufthansa, Air France, - EU : % intermodale • 70 places de British Airways, - International : 52,2 % • Liaison aérienne stationnement avion Alitalia,KLM • Répartition clientèle : Madrid en 1h (en projet : 168 places) • 5 Low Costs : EasyJet, - Affaire : 47 % • Liaison Madrid en • 1 business center Virgin Express, BasiqAir, - Tourisme : 53 % TGV en construction • Projet de "Ciudad BMIBaby, Air Berlin • 3 autres aéroports Aeroporturia" : • 87 destinations desservies • Fret : 128 000 T en 2002 en Catalogne (Girone, 300 ha zone d’activités • 8 liaisons Reus et Sabadell) intercontinentales Positionnement de l’aéroport Indicateurs Présentation de l’aire métropolitaine par rapport aux aéroports C2M métropolitains • Principaux pôles : Barcelone, Tarragone • Zone de chalandise • Population : 5,2 M potentiel : 6 M hab. • Part de la population nationale : 13,1% • Evol. Annuelle de la population (1985-1999) : -0,05% • Volume de trafic : • PIB/habitant (UE15 = 100) : 98 21,3 M pax • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 6,85% INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 256 PROJET PILOTE GRAND LYON Faiblesses Problèmes socio-économiques en centre-ville - Concurrence Montpellier et Nice • Nombre de destinations desservies : 70 • Part du trafic international : 35 % • Volume de trafic : 5,5 M pax • Zone de chalandise potentiel : 3,2 M hab. Opportunités Risques • Nombre de "major" Nouvelle liaison TGV - Administration Difficultés liaisons vers le sud présentes : 5 communautaire en développement - positionnement à trouver : Grand sud-est, Arc méditerranéen, porte vers l’Afrique… Projets redynamisation centre-ville Forces 1er port français et 3ème européen - liens historiques Afrique du Nord - Aéroport et TGV - secteur de la recherche • Principaux pôles : Marseille, Toulon, Avignon, Aix en Provence • Population : 3,2 M • Part de la population nationale : 5,5% • Evol. Annuelle de la population (1985-1999) : 0,75% • PIB/habitant (UE15 = 100) : 90 • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 4,02% Indicateurs métropolitains Positionnement de l’aéroport par rapport aux aéroports C2M • 5,5 M de pax en 2002 • Répartition du trafic : - National : 65 % - International : 35 % • Fret : 40554 T en 2002 Géré par la CCI Chiffres clés sur le trafic 10:25 Présentation de l’aire métropolitaine L’infrastructure et les équipements • 2 pistes • 1 aérogare dédié low cost en projet • Parking auto de 6200 places • Hôtels et Centre d’affaires • Zone de fret importante (fret express, périssables) Créé Propriété en 1936 de l’Etat L’offre aérienne • 27 compagnies régulières • 5 Major : Air France, Alitalia, British Airways, Iberia, Lufthansa • 3 Low Costs : Easy Jet, Helvetic.com, Thomsonfly.com • 70 destinations desservies 21/09/04 La situation et la connectivité • 26 km du centre-ville (35 min.) • Connexion centre-ville par bus • Desserte gare TGV d’Aix en projet • Liaison Paris par aérien (navettes) • Liaison Paris par TGV depuis le centre-ville AEROPORT DE MARSEILLE-PROVENCE INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 257 PROJET PILOTE GRAND LYON 257 258 Faiblesses • Part du trafic international : 17% • Volume de trafic : 2,27 M pax • Zone de chalandise potentiel : 4,04 M Indicateurs métropolitains • 2,27 M de pax en 2002 • Répartition du trafic : - National : 83 % - International: 17 % • Fret : 5000 T en 2002 Positionnement de l’aéroport par rapport aux aéroports C2M • 7 compagnies régulières • 3 Major : Iberia, Air France, British Airways • Pas de Low Cost • 16 destinations desservies • Nombre de destinations desservies : 16 Opportunités Risques Attractivité et rayonnement de Séville Concurrence d’autres destinations • Nombre de "major" - Connexion avec le Portugal (Algarve) touristique présentes : 3 - Compétitivité des produits andalous entamé par les problèmes de transport Problèmes environnementaux Double positionnement touristique : culture et soleil et plage - Port d’Algeciras Système de transport Forces • Principaux pôles : Séville, Cadiz, Cordoue, Huelva • Population : 4,04 M • Part de la population nationale : 10,3% • Evol. annuelle de la population (1985-1999) : 0,56% • PIB/habitant (UE15=100) : 56 • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 5,45% Présentation de l’aire métropolitaine • 1 piste • Parking auto de 2 000 places • Espace restauration + salle VIP Géré par l’AENA Chiffres clés sur le trafic 10:25 • 10 km du centre-ville (25 min.) • Connexion centre ville par bus • Liaison Madrid par aérien (45 min) • Liaison Madrid centreville par TGV (2h30) L’infrastructure et les équipements Créé Propriété en 1940 de l’Etat L’offre aérienne 21/09/04 La situation et la connectivité AEROPORT DE SEVILLE INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 258 PROJET PILOTE GRAND LYON • Volume de trafic (pax) : 5,8 M Forces • Part du trafic Faiblesses EU et international : Certains secteurs en forte Economie diversifiée avec certaines 56 % restructuration (Loire) – Taille moyenne bases fortes (recherche, chimie, services) par rapport aux concurrents directs - réseau de villes • Nombre de destinations desservies : 71 Opportunités Risques TGV Méditerranée – Liaison Lyon-Turin Perte de pouvoir de décision (transfert • Nombre de "major" présentes : 6 – Classement UNESCO de Lyon – de sièges sociaux) Réserves foncières sur l’aéroport • Principaux pôles : Lyon, Grenoble, St Etienne, Annecy, Chambéry • Population : 4,9 M • Part de la population nationale : 8,4% • Evol. Annuelle de la population (1985-1999) : 0,72% • PIB/habitant (UE15 = 100) : 103 • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 4,51% • Zone de chalandise potentiel : 4,9 M Positionnement de l’aéroport par rapport aux aéroports C2M Indicateurs métropolitains 10:25 Présentation de l’aire métropolitaine • 5,8 M de pax en 2002 • 32 compagnies • Répartition du trafic : régulières - National : 44 % • 6 Major : Iberia, KLM, - International : 16 % Lufthansa, Air France, (dont EU : 40 %) British Airways, Alitalia, • Répartition clientèle : • 2 Low Costs : EasyJet, - Affaire : 65% SnowFlake - Tourisme : 35% • 71 destinations • Fret : 126 000 T en 2002 desservies (dont 28 000 fret avionné) • 2 pistes • Parking auto de 9 200 places • 96 places de stationnement avion (dont 16 en passerelles télescopiques) • 2 hôtels et 1 centre d’affaires • 25 km du centre-ville (30 min.) • Connexion par bus (par train en construction) • Liaison Paris par aérien (1h) et par TGV en direct de l’aéroport (2h) Géré par la CCI Chiffres clés sur le trafic L’infrastructure et les équipements Créé Propriété en 1975 de l’Etat L’offre aérienne 21/09/04 La situation et la connectivité AEROPORT DE LYON ST EXUPERY INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 259 PROJET PILOTE GRAND LYON 259 260 Problèmes environnementaux Dépendance touristique forte Tourisme - attractivité résidentielle pôle d’innovation industriel de Malaga • Part du trafic international : 79% • Volume de trafic : 11,5 M pax • Zone de chalandise potentiel : 1,37 M hab Indicateurs métropolitains • Nombre de destinations desservies : 120 Opportunités Risques Concurrence forte d’autres destinations • Nombre de "major" Un modèle de développement "Floride" (haute qualité touristiques et touristiques par le prix présentes : 3 services, résidents retraités à hauts revenus) Faiblesses Forces • Principal pôle : Malaga • Population : 1,37 M • Part de la population nationale : 3,2% • Evol. Annuelle de la population (1985-1999) : 0,97% • PIB/habitant (UE15 = 100) : 57 • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 5,16% Présentation de l’aire métropolitaine • 11,5 M de pax en 2003 • Répartition du trafic : - National : 22,6% - EU : 75,8% - International : 1,6% • Répartition clientèle : - Affaire : 20% - Tourisme : 80% • Fret : 6.836 T en 2003 Positionnement de l’aéroport par rapport aux aéroports C2M • 29 compagnies présentes • Major : Iberia, Air France, Lufthansa, British Airways • 4 Low Costs : EasyJet, Go Fly, MyTravel, Air Berlin •120 destinations desservies Géré par l’AENA Chiffres clés sur le trafic 10:25 • 8 km du centre-ville • 1 piste (30 min.) • 38 places de • Connexion centre-ville stationnement par train et bus commercial et 40 • Liaison Madrid par pour l’aviation aérien en 1h. et train générale en 4h30. • Parking auto de 1 200 places • Espace restauration et services L’infrastructure et les équipements Créé Propriété en 1919 de l’Etat L’offre aérienne 21/09/04 La situation et la connectivité AEROPORT DE MALAGA INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 260 PROJET PILOTE GRAND LYON Faiblesses Saturation routière - Faiblesse du ferroviaire - crise industrielle Risques Contraintes physiques du site - temps de reconversion industrielle - perte de commandement économique Forces Infrastructure et activités tertiaires liées au port - foires et manifestations internationales - Tourisme Opportunités Patrimoine et paysage - université Position maritime - Reconversion du milieu vers des activités high-tech • Principaux pôles : Gênes • Population : 0,9 M • Part de la population nationale : 1,6% • Evol. Annuelle de la population (1985-1999) : - 0,79% • PIB/habitant (UE15 = 100) : 107 • Evol. annuelle PIB/habitant (1985-1999) : 4,55% • Nombre de "major" présentes : 3 • Nombre de destinations desservies : 14 • Part du trafic international : 39 % • Volume de trafic (pax) : 1,04 M pax • Zone de chalandise potentiel : 0,9 M hab. Indicateurs métropolitains Positionnement de l’aéroport par rapport aux aéroports C2M • 1,04 M de pax en 2002 • Répartition du trafic : - National : 61 % - International : 39 % • Répartition clientèle : - Affaire : 65 % - Tourisme : 35 % • Fret : 1 439 T en 2002 Aeroporto de Genova SpA Chiffres clés sur le trafic 10:25 Présentation de l’aire métropolitaine • 6 km du centre-ville • 1 piste • 8 compagnies (30 min.) • 24 places de régulières • Connexion centre-ville stationnement avions • 4 Major : Alitalia, par bus (+ 9 wide bodies) Air France, Lufthansa, • Liaison Rome • Hôtels et salon VIP British Airways par aérien en 1h. • 2 Low Costs : Ryanair, Dolomiti • 14 destinations desservies (8 vols directs) L’infrastructure et les équipements Créé Propriété en 1962 de l’Etat L’offre aérienne 21/09/04 La situation et la connectivité AEROPORT DE GÊNES INTERREG COOPÉRATION DES MÉTROPOLES Interconnexion des plates-formes aéroportuaires pilot gd-lyon Page 261 PROJET PILOTE GRAND LYON 261 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 263 PROJET PILOTE GÊNES LA CULTURE ET LA CONNAISSANCE COMME FACTEURS DE LOCALISATION ET DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE CULTURA E CONOSCENZA COME FATTORI DI LOCALIZZAZIONE E DI CRESCITA ECONOMICA(1) (1) Traduction française disponible sur CD-Rom pilot genova 21/09/04 10:26 Page 265 PROJET PILOTE GÊNES 0• SINTESI E RISULTATI Il progetto pilota “Cultura e conoscenza come fattori di localizzazione e di crescita socioeconomica”ha l’obiettivo di comprendere le complesse relazioni fra il capitale culturale di un territorio e il suo progresso socioeconomico, permettendo così di definire e attuare strategie urbane basate sulla cultura. Nell’economia postindustriale il progresso socioeconomico delle città è fortemente influenzato da elementi immateriali basati sulla cultura e la conoscenza. D’altra parte, la globalizzazione implica la crescente competizione fra territori, basata sulla loro capacità di attrarre attività e insediamenti dall’esterno. Per questi motivi, i fattori culturali diventano leve strategiche dello sviluppo, attraverso la capacità di un territorio, e della comunità in esso insediata, di apprendere, diffondere ed esportare il sapere e l’innovazione. Queste premesse definiscono il percorso logico del progetto: individuare e analizzare i processi attraverso i quali gli elementi immateriali basati sulla cultura e la conoscenza influenzano il progresso socio-economico delle città e dei sistemi territoriali, in modo da poter definire la dotazione di strutture culturali e immateriali rilevanti, e adottare di conseguenza gli strumenti politici più idonei (policies) in relazione agli obiettivi politici (politics) posti dalla comunità territoriale. Con questo percorso si è inteso anche tentare di colmare una storica distanza fra le analisi urbane tendenti a delineare il nesso di causalità fra fattori di localizzazione e struttura economica, da un lato, e le politiche urbane volte al rafforzamento o alla promozione dei fattori di crescita, dall’altro. Il ruolo della cultura nell’azione sociale è fortemente connesso all’accezione antropologica della cultura, che include “la conoscenza, le credenze, l’arte, la moralità, il diritto, il costume e qualsiasi altra capacità acquisita dall’uomo come membro di una società” (Tylor 1871). L’approccio culturale rivoluziona i modelli teorici dello sviluppo sociale ed economico, introducendovi un filtro interpretativo e decisionale. Del resto, la correlazione fra cultura e sviluppo è fortemente mutata nel corso della storia. Se in era premoderna prevale la preoccupazione morale intorno alla distribuzione di una ricchezza che non cresce nel tempo, con la rivoluzione industriale il passaggio dalla logica della rendita a quella del profitto genera le “sindromi culturali” dell’efficienza – che permette la produzione e accumulazione di ricchezza – e della fiducia sociale, che riduce i costi di transazione. L’efficienza, che per Weber discende dalla morale protestante, in cui il successo è ricercato come segnale di salvezza, soddisfa spinte anche irrazionali all’eccellenza e all’istinto creativo attraverso l’innovazione (Schumpeter 1934). Tutto ciò genera in campo politico la spinta liberista del laissez faire e della libertà “negativa” (libertà “da”). Negli ultimi vent’anni, l’approccio culturale allo sviluppo si cala nella dimensione “glocal” (globale-locale) sottolineando che la natura e la qualità delle relazioni sociali fra gli individui sono cruciali per lo sviluppo economico del territorio: lo spirito civico, la disponibilità alla cooperazione, il saper fare diffuso fra i membri della comunità costituiscono la condizione culturale elementare per la crescita economica, e possono identificarsi come “capitale culturale”della comunità. Nel contempo, proprio l’approccio culturale allo sviluppo fa nascere preoccupazioni “postmaterialiste” sulla distribuzione dello sviluppo nello spazio e sulla sua sostenibilità nel tempo. La “sindrome culturale” dell’equità e quella in parte correlata dell’edonismo (qualità della vita, ricerca del bello, rispetto della natura e dell’“altro”, curiosità e creatività) delineano la nuova dimensione della libertà: la libertà “positiva” (libertà “di”). 265 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 266 PROJET PILOTE GÊNES In questo modo, l’approccio culturale allo sviluppo si cala nella competizione fra territori, e influenza la profonda evoluzione nel tempo della localizzazione delle attività umane. Con la “perdita di peso”e la terziarizzazione dell’economia, bassi costi di lavoro e spazio prevalgono per attrarre attività economiche mature, ma le attività più ricche e avanzate sono attratte dalle caratteristiche storico-culturali della comunità insediata sul territorio (la capacità imprenditoriale e il saper fare diffuso), dai fattori istituzionali e normativi (inclusi il livello di burocrazia e l’efficacia della pianificazione territoriale), dalle “condizioni al contorno” attraverso i quali il territorio crea vantaggi per imprese e famiglie, e aventi per lo più natura cumulativa (come le “economie di urbanizzazione” dovute alla presenza di servizi e strutture “rari”: aeroporti, università, centri di ricerca, etc., consentiti solo dalla concentrazione di una forte domanda potenziale). Ciascun territorio viene a differenziarsi dagli altri per la propria dotazione di fattori di attrazione e per il proprio “capitale culturale”. La scelta insediativa di famiglie e imprese è sempre mediata dalla percezione delle caratteristiche del territorio e della comunità, che attiva un processo di fiducia e di “simpatia” culturale fra il territorio e l’attore sociale ed economico, processo largamente sostitutivo dell’informazione analitica. Ne scaturisce l’importanza dell’identità culturale e delle politiche di comunicazione tese a promuoverla e valorizzarla (community marketing). Queste considerazioni delineano l’importanza di una politica urbana basata sulla valorizzazione del capitale culturale e sul suo accrescimento. Una politica che si snoda attraverso tre passaggi: la definizione dei fini e giudizi di valori (politics); l’analisi dei processi (dynamics); le strategie e l’azione normativa (policies). Queste ultime si compongono a loro volta di tre azioni: la definizione delle esigenze (di dotazione e di processo); la definizione degli strumenti; la comunicazione e rappresentazione. Il progetto ha ricostruito queste fasi per l’insieme delle città aderenti alla rete C2M, partendo dai valori largamente (ancorché non pienamente) condivisi sull’idea di cultura, sulle relazioni fra cultura ed economia, sulle strategie culturali. Ha confrontato analiticamente piani, progetti, azioni, risorse e modalità di finanziamento. Ha tentato, infine, di valorizzare i possibili effetti di complementarietà o di sinergia, in una parola i possibili effetti di rete di una strategia culturale comune condotta al livello dell’insieme delle città C2M. Nella logica di una cooperazione fra le città C2M e della creazione di una “rete”strategica per la cultura fra i partner del progetto, le prospettive di valorizzazione e di incremento del capitale culturale appaiono incardinate su due principali strategie e altrettante modalità o tipologie di azioni. Le strategie riguardano, rispettivamente, la promozione e il consolidamento del capitale culturale, da un lato, e la promozione (all’interno e all’esterno, della città e della rete) della propria identità culturale, dall’altro. Le due differenti tipologie di azione riguardano rispettivamente: • l’imitazione di buone pratiche adottate inizialmente, per iniziativa spontanea o a titolo di progetto pilota, da una città della rete; il beneficio totale essendo, in questo caso, la somma dei benefici dei singoli partner, essendo assenti veri e propri effetti di rete; • la messa a sistema di dotazioni culturali presenti in ciascuna città e/o la creazione di meccanismi di reciprocità nella loro fruizione; laddove le iniziative, in quanto attuate in tutte o in diverse città generano un beneficio addizionale altrimenti assente (economie di rete). 266 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 267 PROJET PILOTE GÊNES Ciò ha condotto a proporre, a conclusione del progetto, le seguenti sei “iniziative di cooperazione” (in parentesi, è indicato se si tratta di una strategia di promozione e consolidamento del capitale culturale, CC, ovvero di promozione dell’identità culturale, IC; ed è indicato se si tratta di una buona pratica, BP, o di una strategia di rete, SR): 1• Georeferenziazione dei capitali culturali (IC, BP); 2• Cooperazione universitaria strategica (CC, SR); 3• Rete di biblioteche e mediateche (CC, SR); 4• Rete turistico-storico-architettonica (CC, SR); 5• Rete mediatica della cultura (IC, SR); 6• Cooperazione strategica in ambito tecnologico – produttivo (CC, SR). Le schede poste alla fine del capitolo ne sintetizzano gli obiettivi, i contenuti, i risultati attesi. 1• CULTURA E CONOSCENZA COME FATTORI DI LOCALIZZAZIONE E DI CRESCITA SOCIO-ECONOMICA Il capitolo affronta il tema concettualmente centrale del progetto pilota, cioè la capacità del capitale culturale di una comunità insediata su un territorio di influenzare il livello di sviluppo socio-economico del territorio e della comunità. Vengono trattati sia il tema della relazione fra cultura e sviluppo, sia quello dell’evoluzione dei fattori di localizzazione delle attività umane nella società postindustriale e nell’economia globale. IL PROGETTO PILOTA FONDAMENTI Il progetto pilota sviluppato dalla città di Genova affronta il tema della cultura e conoscenza come fattori di localizzazione e di crescita socio-economica. Nell’economia postindustriale e globale, gli elementi “immateriali” basati sulla cultura e sulla conoscenza hanno un ruolo sempre più importante nell’influenzare e determinare il progresso socio-economico delle città e dei sistemi territoriali. Per queste ragioni tali elementi possono diventare l’oggetto stesso di vere e proprie politiche di sviluppo. A causa della crescente competizione tra sistemi economici territoriali, nell’analizzare i processi di sviluppo urbano, sempre maggiore attenzione viene posta verso la capacità che gli stessi sistemi territoriali hanno nell’attrarre attività e insediamenti dall’esterno. A tal fine i fattori di localizzazione degli investimenti e le “condizioni al contorno” di tali scelte localizzative rivestono un ruolo crescente nello studio delle dinamiche di sviluppo di un determinato territorio nel tempo. Quello che emerge dall’analisi di questi processi di crescita è che le scelte di localizzazione delle imprese e delle famiglie sono sempre più indipendenti le une dalle altre; spesso, anzi, si è capovolto il nesso di causalità che vedeva le famiglie insediarsi proprio là dove c’era la presenza di un affermato sistema produttivo, talché sono le imprese (e soprattutto quelle a più alto valore aggiunto, normalmente meno vincolate ad altri fattori di localizzazione) a scegliere di insediarsi proprio nei luoghi maggiormente idonei all’insediamento umano. Il capitale fisso collettivo e le economie esterne sono considerati elementi sempre più importanti e influenti nel determinare le scelte localizzative d’impresa, così come i fattori di localizzazione di tipo “cumulativo”, grazie ai quali si hanno maggiori vantaggi a collocarsi proprio là dove l’insediamento economico e umano è già quantitativamente e qualitativamente più avanzato. 267 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 268 PROJET PILOTE GÊNES In questo contesto, i fattori culturali diventano strutturanti della crescita quando i fattori di localizzazione umana e produttiva e i fattori strutturanti dello sviluppo socioeconomico sono riconducibili alla capacità del sistema territoriale di apprendere, diffondere ed “esportare” il sapere e l’innovazione (di tutti i tipi). Il che dipende fortemente dalle connotazioni culturali del sistema. OBIETTIVI Il progetto pilota si propone di ricostruire i processi (dynamics) attraverso i quali gli elementi immateriali basati sulla cultura e la conoscenza influenzano il progresso socio-economico delle città e dei sistemi territoriali, in modo da poter definire e adottare gli strumenti più idonei (policies) in relazione agli obiettivi politici (politics) posti dalla comunità territoriale a questo riguardo. In primo luogo, dunque, si è cercato di individuare e circoscrivere le relazioni fra connotazioni culturali e fattori di crescita cumulativa del sistema socioeconomico per riuscire a comprendere l’influenza della cultura sulle scelte localizzative e sulla crescita e sullo sviluppo economico del territorio. Per questo, si sono analizzati i processi attraverso i quali cultura e conoscenza influenzano la sfera socio-economica e i processi di scelta localizzativa e crescita territoriale, al fine di valutare, grazie all’elaborazione di metodologie analitiche e griglie di indicatori, la dotazione di elementi culturali infrastrutturali e immateriali a livello di area metropolitana e di rete di aree. Intento del progetto è stato inoltre quello di individuare obiettivi e strumenti politici per ricavare indicazioni utili per governare, a livello strategico e a livello infrastrutturale, i processi di crescita economica di un territorio e della comunità che gli appartiene. È stato infine predisposto un sistema informativo (georiferimento) di comunicazione, rivolto agli attori urbani e city user attuali e potenziali, in merito alle azioni politiche condotte a livello infrastrutturale e strategico, nonché un sistema di monitoraggio sull’efficacia delle politiche adottate. Gli obiettivi perseguiti da questo progetto collegano quindi due temi tra loro complementari: i fattori di localizzazione dell’economia e della società – intesi come gli elementi che orientano i comportamenti localizzativi delle imprese e delle famiglie e conseguentemente attraggono e localizzano i benefici dello sviluppo – da un lato, e le politiche urbane e territoriali, volte al consolidamento e alla promozione dei fattori di localizzazione di un sistema economico territoriale, dall’altro lato. 268 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 269 PROJET PILOTE GÊNES Grazie a questa duplice lettura, il progetto tenta di colmare la distanza “storica” fra le analisi urbane/metropolitane e l’azione politica, approfondendo da un lato i processi socioeconomici che determinano gli orientamenti localizzativi e dall’altro le dinamiche di government/governance urbana. CULTURA CULTURA E CONOSCENZA NELL’AZIONE SOCIALE E SOCIETÀ La cultura nel senso umanistico o classico del termine è associata all’idea di progresso almeno a partire dal Rinascimento e dall’Illuminismo, e viene intesa come un raffinamento dei costumi e un miglioramento delle istituzioni sociali. È ad Edward Burnett Tylor, che si deve la prima definizione antropologica del concetto di cultura: “La cultura, […], è quell’insieme complesso che include la conoscenza, le credenze, l’arte, la moralità, il diritto, il costume e qualsiasi altra capacità acquisita dall’uomo come membro di una società” (1871). Da questa definizione descrittiva, che influenzerà per circa mezzo secolo il pensiero antropologico e sociologico, si possono enucleare alcune componenti che ci saranno utili nel seguito dell’analisi. La cultura è: • Ciò che gli individui pensano (la religione, la morale, il diritto, tutti i complessi di norme e di credenze esplicite, elaborate in maniera più o meno formalizzata a livello teorico; • Ciò che fanno (i costumi e le abitudini acquisite dall’essere umano per il fatto di vivere entro una data comunità); • I materiali che producono (gli artefatti, i manufatti del lavoro umano che comprendono sia gli oggetti di culto, quelli artistici e quelli di uso quotidiano, una sorta di “cultura materiale”. La cultura è dunque “appresa”, in quanto è il frutto di un complesso processo di apprendimento sociale di un individuo o di un gruppo. È rappresentata dalla totalità dell’ambiente sociale e fisico che è opera dell’uomo: vi rientrano quindi non solo rappresentazioni mentali, modelli di comportamento, manufatti esterni all’individuo, regole abitudinarie, ma anche istituzioni, come la famiglia, l’organizzazione politica e il sistema economico (Sciolla 2002). Il carattere totalizzante della cultura implica l’idea di organicità del patrimonio culturale di un popolo e quindi favorisce il concetto che ogni cultura possegga una propria unità e coerenza. Infine, la cultura è “condivisa”: si ritiene cioè che per essere definito culturale un fenomeno debba essere condiviso da un gruppo. La cultura, cioè, viene verificata dalla comunità. Un fatto culturale è tale solo se vissuto non in maniera individuale. Essa fornisce all’attore sociale la motivazione e il senso dell’azione attraverso i valori, le norme, le idee che gli individui apprendono ed interiorizzano durante il processo di socializzazione. Negli anni si sono susseguite numerose definizioni di cultura fino ad arrivare a quella universalmente riconosciuta e stabilita dall’UNESCO (1982) come “insieme dei tratti distintivi, spirituali e materiali, intellettivi e affettivi, che caratterizzano una società o un gruppo sociale. Comprende, oltre alle arti e alle lettere, i modi di vita, i diritti fondamentali dell’essere umano, i sistemi di valori, le tradizioni e le credenze”. Da queste definizioni si evince come il rapporto tra società è cultura non sia evidentemente unidirezionale. Oltre a essere influenzata, la cultura influisce in profondità sull’agire sociale sia sotto forma di valori interiorizzati individualmente, sia sotto forma di norme e modelli culturali radicati all’interno di un gruppo. Da un punto di vista economico, con l’approccio culturale la cornice dei modelli teorici di sviluppo viene aggiornata. Cambia la natura delle variabili considerate: non più solo prezzi e quantità, variabili oggettive e misurabili con facilità. Le variabili culturali non sono entità oggettive esterne al soggetto ma elementi immateriali e soggettivi quali le credenze, le abitudini, i valori, le norme sociali. A differenza 269 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 270 PROJET PILOTE GÊNES dei modelli precedenti, nel modello culturale fa la sua comparsa “il soggetto”, con la sua psicologia, le sue motivazioni, i comportamenti espressi e quelli inespressi. Il modello si arricchisce di diversi punti di equilibrio e cresce la complessità. La caratteristica principale del modello economico culturale è l’assunzione secondo cui l’attore economico, sia esso un’impresa, un consumatore, un lavoratore dipendente o autonomo, percepisce la situazione (i prezzi, le tecniche, le istituzioni) attraverso il proprio sistema di valori, la propria cultura (concetto utilizzato a buon titolo anche per le imprese e gli altri soggetti economici complessi); fissa i propri obiettivi in base alla propria scala di valori e cerca di raggiungerli prendendo le proprie decisioni. In questo sistema di ragionamento, la cultura rappresenta un filtro decisionale che cambia nel tempo ed assume un ruolo rilevante nelle scelte dei soggetti. Una volta prese le decisioni, queste diventano comportamenti, i quali possono a loro volta contribuire a riprodurre o modificare la situazione di partenza (modello interazionista e non determinista). In questo sistema di ragionamento la cultura è un filtro decisionale che cambia nel tempo ed assume un ruolo rilevante nelle scelte dei soggetti. CULTURA E SVILUPPO ECONOMICO La correlazione fra cultura ed economia è fortemente mutata nel corso della storia. Nelle ere pre-moderne e pre-industriali prevalgono le preoccupazioni morali intorno alla distribuzione di una ricchezza che non cresce o cresce molto lentamente nel tempo. La sindrome culturale del “bene limitato” favorisce allora comportamenti predatori e di caccia alla rendita (privatizzazione delle ricchezze), cui si contrappongono, da parte degli esclusi, il comunitarismo ristretto e il fatalismo (la consolazione offerta dalle religioni) (Foster, 1962). In questo periodo il valore predominante nella cultura politico-economica è la coercizione. Nell’era moderna e soprattutto con la rivoluzione industriale l’attenzione si concentra invece sui nuovi mezzi per accrescere la ricchezza. Si affermano le sindromi culturali dell’efficienza individuale, che spinge alla produzione e accumulazione di ricchezza, e della fiducia allargata (dall’ambito familiare a quello sociale), che riduce i costi di transazione. Si affermano i valori dell’indipendenza, della responsabilità, mentre si passa dalla strategia della rendita a quella del profitto. La “sindrome dell’efficienza” è anche irrazionale, come dimostrazione di eccellenza e capacità, soddisfazione dell’istinto creativo (McClelland 1961). Il profitto è inteso come valore strumentale verso altri valori terminali quali la voglia di potere, l’indipendenza, il gusto per la competizione, la gioia di creare (Schumpeter 1934). Ed è in questo contesto che va collocato il fondamentale contributo di Max Weber – “padre fondatore” dell’approccio culturale alla teoria dello sviluppo economico – che in The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism (1904) sottolinea la spinta all’efficienza derivante dalla morale protestante (l’impegno a fare al meglio il proprio dovere, la ricerca del successo come segnale di salvezza). Nella società occidentale, la riforma protestante contribuisce a cambiare una visione del mondo in cui l’accumulazione economica era socialmente sanzionata e l’imprenditorialità scoraggiata, fornendo una nuova lettura culturale della crescita economica. Non a caso, nei primi centocinquant’anni della rivoluzione industriale lo sviluppo economico ha avuto luogo prevalentemente nelle regioni protestanti d’Europa e del Nuovo Mondo. I valori predominanti nella cultura politico-economica diventano quelli del laissez faire di matrice liberista, la c.d.“libertà negativa” o libertà “da”. Nella seconda metà del secolo XX la relazione fra cultura e sviluppo economico appare per qualche tempo un po’ in ombra. Le “teorie della dipendenza” degli anni ’60 e ’70 pongono l’accento su vincoli strutturali esterni che condannerebbero molti sistemi economici al sottosviluppo permanente. Le rivoluzioni localizzative e i miracoli economici degli anni ’80 si incaricano di smentirle, dando voce alle teorie della convergenza. 270 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 271 PROJET PILOTE GÊNES Ma negli anni ’90 si assiste ad un vero e proprio revival dell’approccio culturale allo sviluppo economico; in particolare, le relazioni sociali tra individui vengono considerate importanti e fondamentali per lo sviluppo economico di un territorio. Putnam (1993) pone l’accento sulla dotazione di capitale sociale e sulla presenza di un forte spirito civico (civicness), definito come tessuto di regole, norme e valori radicati nel tessuto sociale che favoriscono la cooperazione sociale e la generazione di un sentimento di fiducia condiviso. Anche per Fukuyama (1995) la fiducia – intesa come disponibilità alla cooperazione, e fondata nel tessuto associativo e parte della tradizione culturale dei vari paesi – è la condizione culturale elementare per la crescita economica. Il sentimento di fiducia interno di una comunità incide sulla sua capacità di accettare ed implementare strategie specifiche per lo sviluppo. Altri autori sottolineano maggiormente l’importanza delle motivazioni individuali come elementi che contribuiscono allo sviluppo economico di un territorio. Inglehart (1997) sottolinea come la spinta all’efficienza e la propensione al risparmio e all’investimento siano elementi importanti per determinare lo sviluppo economico di un territorio e della comunità in esso insediata. Nell’era postindustriale si affermano tuttavia anche preoccupazioni postmaterialiste sulla distribuzione dello sviluppo e sulla sua sostenibilità. Ad agire sui processi economici sono prevalentemente le sindromi culturali dell’equità e dell’edonismo. I comportamenti possono in conseguenza tendere alla qualità della vita, alla ricerca del bello, all’altruismo, al rispetto della natura, alla curiosità e creatività. I valori predominanti della cultura politica diventano l’individualismo e la c.d.“libertà positiva” o libertà “di”. Come si vede, la correlazione fra cultura e sviluppo economico è fortemente cambiata nel tempo. Da una correlazione fortemente negativa in era pre-industriale si è passati ad una correlazione fortemente positiva con la rivoluzione industriale (con l’importante specificazione che la ricerca del profitto è funzionale allo sviluppo solo in un contesto di efficienza, indipendenza, fiducia allargata e responsabilità). Mentre appare incerta nell’era postindustriale, poiché i valori del postmaterialismo non sono misurabili attraverso la “lente culturale” dello sviluppo quantitativo. LOCALIZZAZIONE CULTURA E CRESCITA E SCELTE INSEDIATIVE La caratteristica principale della lettura culturale dello sviluppo è l’assunto secondo cui l’attore economico, sia esso un’impresa, un consumatore, un lavoratore dipendente o autonomo, percepisce il contesto (i prezzi, le tecniche, le istituzioni) attraverso il proprio sistema di valori e la propria cultura; fissa i propri obiettivi in base alla propria scala di valori e cerca di raggiungerli prendendo le proprie decisioni. In questo sistema di ragionamento, la cultura rappresenta un filtro decisionale che cambia nel tempo ed assume un ruolo rilevante nelle scelte dei soggetti. Nell’analizzare il ruolo della cultura nell’influenzare le scelte di localizzazione e la crescita sociale ed economica, va quindi innanzitutto considerato che il concetto di crescita è già “qualitativamente” mediato da una visione culturale, che agisce come una lente attraverso cui i soggetti osservano la realtà e interagiscono con essa. Alla luce delle differenti impostazioni culturali, e dei conseguentemente diversi sistemi di valori, cambia l’importanza della relazione tra la crescita in termini quantitativi e la crescita qualitativa di un determinato contesto sociale e territoriale; tuttavia, è fuor di dubbio che la crescita, almeno in senso quantitativo, e la ricchezza materiale siano legate alla localizzazione delle attività economiche e alla retribuzione dei fattori materiali ed immateriali impiegati nei processi produttivi di beni e servizi. 271 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 272 PROJET PILOTE GÊNES LA LOCALIZZAZIONE DELLE ATTIVITÀ La localizzazione delle attività economiche ha subito nel tempo una profonda evoluzione. La “perdita di peso” di molti processi produttivi, e la crescente terziarizzazione dell’economia hanno progressivamente ridotto l’importanza dell’obiettivo di ridurre i costi del trasporto di materie prime e prodotti. Oggi, i bassi costi del lavoro e dello spazio sono divenuti i fattori di localizzazione principali per produzioni standardizzate e mature, mentre per le attività a maggiore valore aggiunto sono cruciali i fattori storico-culturali che determinano il contesto socioeconomico del territorio (la capacità imprenditoriale e il saper fare diffuso, le competenze, il learning by doing e learning by learning); i fattori istituzionali-normativi (la legislazione sul lavoro e sull’ambiente, la fiscalità, la legislazione finanziaria e creditizia, il livello di burocrazia e l’efficacia della pianificazione territoriale); i fattori legati alle economie esterne locali, dovuti alla concentrazione territoriale di imprese dello stesso settore (le “economie di scala dell’industria”, come la presenza di servizi o manodopera specializzati) o alla concentrazione territoriale di famiglie e di imprese di molti settori (le “economie di urbanizzazione” dovute alla presenza di servizi e strutture “rari”, come aeroporti, università, centri di ricerca, etc., consentiti solo dalla concentrazione di una forte domanda potenziale). CULTURA CULTURA, E CONOSCENZA NELLA LOCALIZZAZIONE E NELLA CRESCITA VALORI, ASPETTATIVE Ciascun sistema territoriale si distingue dagli altri in funzione dei fattori di localizzazione di cui è dotato, ed in funzione della natura e qualità delle relazioni e quindi del tipo di conoscenze e competenze cui è in grado di dar luogo. Le caratteristiche della cultura di una comunità, insediata su un territorio, incidono sulle decisioni di localizzazione e di investimento, e quindi sull’allocazione delle risorse. Le dotazioni di capitale umano e capitale sociale diventano per un territorio, per una comunità, leve di attrazione strategiche. Esiste sempre, infatti, da parte di un soggetto economico, individuo o impresa, una valutazione di compatibilità delle proprie aspettative, dei propri obiettivi, del proprio sistema di valori con quello del territorio preso in esame per una nuova localizzazione. Ne consegue che la conoscenza puntuale degli elementi qualificanti di un sistema culturale, il confronto con le determinanti di successo di altri sistemi culturali insediati su territori e su realtà diverse, possono aiutare i decisori a migliorare le condizioni di offerta e il mix valoriale che si può offrire ai potenziali nuovi “insediandi”. Con le necessarie cautele è possibile dire che la cultura incide in questo senso sul “marketing mix” di un area territoriale esattamente come incide sul marketing mix di un prodotto. L’IDENTITÀ CULTURALE: CULTURA PERCEPITA E LOCALIZZAZIONI L’importanza della percezione delle caratteristiche di un territorio, una città, una comunità, come elemento che ne sostituisce la conoscenza oggettiva, cresce mano a mano che tale conoscenza è meno agevolmente misurabile, e mano a mano che si riduce la rilevanza fisica e materiale delle caratteristiche da conoscere. Del tutto naturale, dunque, che la percezione diventi cruciale laddove l’informazione oggettiva è di fatto impossibile, come per quanto riguarda le risorse culturali di una comunità. La percezione di tale dotazione da parte della comunità stessa e soprattutto dall’esterno di essa si avvicina molto ad un concetto di identità culturale. La percezione stessa attiva del resto un meccanismo del tutto simile alla fiducia nell’abbreviare o sostituire il processo di conoscenza oggettiva della comunità territoriale. La fiducia diventa l’elemento qualificante: 272 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 273 PROJET PILOTE GÊNES la fiducia in un luogo deriva dall’immagine del luogo stesso, definita come l’insieme di credenze, idee, impressioni, informazioni più o meno mediate che il pubblico ha del luogo. L’immagine del luogo, in questo caso, non è altro che il riflesso del sistema culturale, ciò che viene percepito dall’“esterno” di un insieme di tradizioni, storia, valori, capacità relazionali e sistemi di conoscenza. È anche evidente come la creazione della “fiducia in un luogo” presso le imprese, sia un processo complesso. La scelta fondamentale delle imprese verso l’offerta territoriale è quella relativa alla localizzazione delle proprie strutture produttive su quel territorio: è una decisone scarsamente reversibile (almeno nel medio periodo). La percezione di un determinato sistema di valori, di una certa cultura, la presenza di forti componenti di capitale sociale e umano, hanno il fondamentale compito di “rassicurare” il soggetto verso la scelta di localizzazione. Esiste di conseguenza una valutazione di compatibilità da parte del soggetto tra il suo sistema culturale e quello del territorio in esame. Il bilancio di questa valutazione dovrà essere positivo: la scelta di localizzarsi in un determinato luogo dovrebbe rendere il sistema culturale del soggetto più ricco e dinamico perché stimolato da quello esterno della comunità. IL CAPITALE CULTURALE DELLE COMUNITÀ TERRITORIALI Per riuscire a definire il capitale culturale di una determinata comunità territoriale le azioni da intraprendere sono principalmente legate all’individuazione endogena delle dotazioni culturali strutturanti per la crescita, alla relativa misurazione, e infine all’analisi delle possibili relazioni fra dotazione culturale e crescita. Le politiche a sostegno di tali azioni sono l’individuazione degli obiettivi della comunità e degli strumenti di policy (government e governance). Occorrono infine azioni di comunicazione volte a diffondere la consapevolezza interna e la rappresentazione esterna dell’identità culturale di un territorio, per costituire un possibile ambito di applicazione di un “marketing di comunità” incentrato sui fattori di localizzazione legati alla cultura e alla conoscenza. Nell’ambito delle politiche per la cultura e la conoscenza si possono individuare azioni normative quali le politiche urbane, di tipo infrastrutturale e strategico, per le dotazioni culturali; il conseguente aumento e sviluppo del capitale culturale di un territorio e della collettività ivi insediata contribuiscono a consolidarne e migliorarne la consapevolezza e l’identità culturale. D’altro canto sono necessarie anche azioni positive, volte ad individuare le dotazioni culturali rilevanti, misurare la dotazione di capitale culturale e analizzare la relazione tra dotazione e crescita socioeconomica. Quest’ultima tipologia di azioni è importante e fondamentale al fine di decidere quali e quante azioni normative intraprendere in modo tale da riuscire a correggere e migliorare il capitale culturale di un luogo. OBIETTIVI E STRUMENTI DELLA POLITICA CULTURALE TERRITORIALE Il processo descritto pone le premesse per la definizione di una politica urbana basata sulla valorizzazione del capitale culturale, da un lato, e sulla creazione dei presupposti per un suo accrescimento nel tempo, dall’altro. Dal punto di vista logico, esso consta fondamentalmente di tre “gruppi” di operazioni: • definizione dei fini e giudizi di valori (politics); • analisi dei processi (dynamics); • strategie e azione normativa (policies). Dal punto di vista dell’azione pubblica, le prime due azioni sono propedeutiche alla terza, la 273 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 274 PROJET PILOTE GÊNES Sintesi della politica culturale urbana quale, basandosi sugli obiettivi e le strategie precedentemente definite, si compone a sua volta di tre azioni: • la definizione delle esigenze (di dotazione e di processo); • la definizione degli strumenti (contenuti e processi); • la comunicazione e rappresentazione. Queste azioni possono costituire l’ideale ambito di applicazione di un “community marketing” incentrato sui fattori di localizzazione legati alla cultura e alla conoscenza. Esso può richiedere misure sia di azione pubblica diretta (government) sugli elementi del sistema culturale, sia di coordinamento e incentivazione di comportamenti e decisioni privati e/o decentrati (governance). 2• CULTURA: VISIONI E STRATEGIE A CONFRONTO Attraverso una lettura trasversale dei temi affrontati in ordine ai concetti di cultura e capitale culturale, soprattutto in merito alle strategie perseguite in ciascuna delle città C2M, è possibile ottenere un quadro sistemico della visione e delle prospettive culturali per quanto riguarda l’area del Mediterraneo Occidentale. I temi trattati rimandano alle differenze ed analogie in merito all’idea di cultura nelle sei città, alle diverse opinioni sulla relazione esistente o potenziale tra cultura ed economia, e alle strategie di base che si estrinsecano nei piani e progetti perseguiti a livello di singola area e alle azioni previste per il raggiungimento degli obiettivi. Il confronto permette di desumere i caratteri di analogia e quelli di contrasto delle singole città che appartengono al Mediterraneo Occidentale. È in tal modo possibile valutare l’esistenza dei presupposti per la creazione o lo sviluppo di un contesto culturale comune, e le potenzialità di un unico sistema euro-mediterraneo della cultura. L’IDEA DI CULTURA Il primo passo indispensabile per comprendere le strategie e le politiche culturali delle città C2M è quello di ricostruire e confrontare le diverse chiavi di lettura della cultura proprie di ciascuna città. Da esse discendono le diverse interpretazioni dei fenomeni e dei processi culturali e di conseguenza le decisioni e i piani strategici attuabili o attuati da ciascuna città. 274 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 275 PROJET PILOTE GÊNES Ciò è stato possibile sia attraverso questionari diffusi presso le istituzioni rilevanti delle sei città C2M, nei quali i temi affrontati in questa e nelle successive due sezioni di questo paragrafo hanno formato oggetto di indagine, sia attraverso gli specifici contributi forniti dalle città partner a questo progetto pilota, e vertenti in particolar modo sui temi affrontati nelle sezioni 3 e 4 del paragrafo. L’accezione di cultura, per sua natura caratterizzata da ambiguità concettuali e di significato (cfr. § 1), varia a seconda di numerosi fattori, da quelli storici a quelli socioeconomici, dalla tradizione intellettuale ed ideologica alla vocazione artistica, dalle strategie di sviluppo territoriale alla situazione politica e amministrativa contingente e all’eredità di quella passata. Dal § 1 scaturiscono tuttavia alcuni possibili tratti comuni dell’“idea di cultura”: la cultura come insieme delle dotazioni culturali proprie di un determinato territorio e della comunità insediata su di esso, come cristallizzazione del patrimonio e del retaggio delle attività intellettuali, scientifiche, letterarie ed estetiche, influenzata dal carattere e dalle risorse dell’ambiente naturale, dalle conoscenze tecnologiche, dai metodi di organizzazione e associazione sociale, dalle credenze e le idee di un intera società. O ancora: la cultura come l'insieme dei tratti distintivi, spirituali e materiali, intellettivi e affettivi, che si estrinsecano nelle arti e nelle lettere, nei modi di vita, nei diritti fondamentali dell'essere umano, nei sistemi di valori, nel grado di civiltà, nelle tradizioni e nelle credenze che caratterizzano una società o un gruppo umano e sociale e non soltanto una élite intellettuale. L’analisi dell’idea di cultura nelle realtà territoriali delle città partner evidenzia che tutte hanno sostanzialmente accolto la concezione di cultura nell’ampio senso antropologico e sociale sopra illustrato. L’idea di cultura appare cioè sufficientemente “condivisa” nell’area C2M, come era tutto sommato logico aspettarsi in un contesto di territori caratterizzati da un’evoluzione storica, politica, religiosa ed economica non tropo differente. Il “respiro” di questa idea di cultura è evidente ad esempio nella lettura offerta da Marsiglia, per la quale la cultura è rappresentata da un lato dalla dotazione culturale materiale presente sul territorio (musei, librerie, biblioteche, teatri, cinema), mentre dall’altro lato essa è il fermento essenziale della coesione sociale, rappresentata dalle opportunità di scambio e di apertura tra i cittadini e dalla limitazione dell’esclusione sociale, che va ulteriormente valorizzata anche nell’ottica di un miglioramento della qualità della vita per i cittadini e gli altri potenziali ed effettivi utenti della città, come ad esempio i turisti. Ciò non va a discapito della conservazione e del riconoscimento delle diversità culturali, ma coesiste con tali esigenze, alla luce della tradizione di Marsiglia come città di accoglienza di numerose comunità nel corso dei secoli e dei conseguenti cambiamenti e delle evoluzioni che hanno caratterizzato e caratterizzano gli aspetti culturali e sociali. Il legame culturale tra passato, presente e futuro è tenuto in grande considerazione anche da Siviglia: l’immagine culturale della città combina infatti l’aspetto legato alle tradizioni, alla memoria storica legata agli usi e ai costumi del suo popolo con l’innovazione imprenditoriale e tecnologica; ciò contribuisce all’affermazione di una nuova definizione di città, rivolta sia ai cittadini sia ai turisti e visitatori attuali e potenziali. La cultura ha un valore strategico in un’ottica di lungo periodo per la formazione, il tempo libero, la ricerca, la tecnologia, la produzione e il commercio, e viene intesa come un modo di vivere proprio della società sivigliana, come patrimonio, come creazione artistica, letteraria, audiovisiva. Il concetto di cultura si amplia fino a ricomprendere l’insieme delle attività, dei prodotti e dei servizi di carattere simbolico che si realizzano nei settori intellettuali artistici sociali e creativi, che rendono possibile lo sviluppo delle interazioni e la conoscenza reciproca di persone e gruppi sociali presenti sul territorio. Questa concezione di cultura, che Edward Burnett Tylor per primo definì antropologica, in quanto fondata sulla conoscenza, le credenze, l’arte, la moralità, il diritto, il costume e le 275 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 276 PROJET PILOTE GÊNES capacità diffuse proprie dell’uomo come membro di una società, trova riscontro concreto nel concetto e nell’immagine scelte da Barcellona: la città catalana, attraverso politiche culturali incentrate sui valori, la creatività, la coesistenza e la vocazione civica, pone la cultura al cuore del proprio sviluppo sociale e fisico-territoriale. La cultura e la conoscenza aprono la strada a modelli urbani più sostenibili e rappresentano il presupposto per il coesistere di uguaglianze e diversità culturali, ponendo le basi per lo sviluppo di una città dotata di una personalità propria e pervasa di energia creativa, in contrasto con l’idea di città chiusa e limitata territorialmente e ideologicamente. Un’idea di cultura come “eredità”, insieme del patrimonio storico, architettonico ed artistico sedimentato nel territorio è invece maggiormente enfatizzata dalle identità culturali di Malaga e di Lione. Per la prima città, la cultura è intesa infatti principalmente come fruizione, sia da parte della cittadinanza, sia da parte dei turisti e dei visitatori, del patrimonio artistico presente sul territorio, inteso da un lato come l’insieme della dotazione storicomonumentale del territorio cittadino, dall’altro come offerta artistica rappresentata da esposizioni, musei e centri d’arte. L’idea di cultura della città di Lione (il cui centro storico è world heritage dell’Unesco) è invece rappresentata e rispecchiata soprattutto nella rete di grandi istituzioni artistiche e culturali, dalla vivacità del panorama creativo, e dai grandi eventi culturali di livello internazionale. L’accezione forse più ampia dell’idea di cultura è quella indicata da Genova, dove la riflessione sulla cultura è stata stimolata negli anni recenti dal suo status di Capitale Europea della Cultura 2004. L’idea di cultura comprende infatti i temi della solidarietà, della scienza e della ricerca, della tecnologia, della formazione e del lavoro che questa città ha espresso ed esprime. Si è consolidata una nuova identità, quella di una città aperta all’Europa e al mondo, in cui vivere e investire, in cui possano coesistere armonicamente le attività produttive tradizionali industriali e portuali, il commercio, l’alta tecnologia e le attività legate al turismo e all’arte, nella consapevolezza che proprio nell’elaborazione culturale e nella ricerca scientifica si può radicare il progetto di sviluppo della città. LE RELAZIONI FRA CULTURA ED ECONOMIA Proprio quest’ultima, ampia accezione, testé evocata, suggerisce che fra cultura ed economia possano esistere diversi livelli di relazione, a seconda della visione e della concezione di cultura e del contesto sociale e dello scenario economico presente in un determinato momento e in un determinato luogo. Se infatti per cultura si intende l’insieme delle componenti e delle dotazioni artistiche e culturali di un determinato territorio, la relazione con l’economia rischia di limitarsi alla fruizione delle componenti del patrimonio artistico da parte dei cittadini e ad una maggiore attrattività del territorio nei confronti di turisti e visitatori e a un determinato tipo di attività economiche. Se invece si accetta una visione più ampia, che comprenda i valori sociali, la conoscenza, le credenze, l’arte, la moralità, il diritto, il costume e il sapere e il saper fare diffusi propri di una collettività presente su un territorio, allora le interazioni con la sfera economica possono attuarsi a molteplici livelli e i punti di contatto tra cultura ed economia possono configurare una relazione di influenza reciproca. Il campo di azione di un decisore politico diventa così molto più ampio e diversificato, e le strategie culturali configurano una relazione di tipo potenzialmente bidirezionale con le decisioni di localizzazione di investimenti e attività imprenditoriali da parte del soggetto economico; quest’ultimo valuta la compatibilità tra il proprio sistema culturale e quello di un territorio da un’angolatura articolata, che contempla non solo l’insieme di dotazioni, ma anche il complesso di relazioni. L'impresa non definisce così la propria ubicazione in una logica di adattamento passivo alle condizioni economiche e strutturali del luogo, ma in funzione delle opportunità di una 276 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 277 PROJET PILOTE GÊNES gestione attiva delle relazioni con i soggetti presenti nell'area, ponendo le basi per la creazione di capitale sociale, per il miglioramento delle competenze del tessuto umano e per la crescita della conoscenza dell'impresa stessa. Attraverso questo tipo di interazioni cambia il patrimonio culturale dell’impresa, e con esso quello del territorio e della comunità; questo processo rappresenta il punto di partenza per l’attivazione di un circolo virtuoso di attrattività dell'ambiente esterno e di crescita sociale ed economica, di un processo cumulativo in grado, almeno teoricamente, di autoalimentarsi. La città di Lione interpreta questi concetti in modo esemplare: il processo culturale trascina infatti l’attrattività della città e con essa il livello di sviluppo, grazie alla forte influenza esercitata sulle scelte di localizzazione delle imprese, sull’afflusso turistico e sulla vitalità del mondo imprenditoriale. Inoltre, sembra che le connotazioni culturali svolgano un ruolo chiave nello sviluppo cumulativo della città, in quanto ne condizionano largamente le scelte legate alle politiche di urbanizzazione. L’attrattività del territorio nei confronti di potenziali nuove imprese insediande rappresenta anche per Siviglia il legame più marcato tra cultura ed economia: tra gli obiettivi della politica culturale della città spagnola spicca infatti il potenziamento come distretto imprenditoriale della cultura. Le principali strategie e le azioni attraverso cui perseguire questo obiettivo sono lo sviluppo di un modello di concentrazione di imprese, che renda possibile la cooperazione tra imprese e professionisti, e la realizzazione di sinergie all’interno dello stesso settore della cultura e con gli altri settori produttivi, con particolare riferimento a quello del turismo. È importante sottolineare come il peso delle attività culturali sull’economia di Siviglia sia piuttosto rilevante, essendo quantificabile nell’ordine del 7.70% del PIL della città e del 6.9% dell’occupazione totale cittadina. In questo contesto, Siviglia pone l’accento sulla necessità di migliorare la competitività delle imprese e degli attori che fanno capo al settore del tempo libero e della cultura, attraverso la realizzazione di una rete tra tali soggetti che tenga conto delle prospettive di sviluppo del settore di medio e lungo periodo. Il concetto di rete tra soggetti che a vario titolo afferiscono ai settori legati alla cultura e all’economia è presente anche nell’ideologia di Barcellona: il legame tra cultura ed economia si estrinseca infatti principalmente nella connessione costante tra mondo universitario, imprese e attività creative. La strategia culturale legata alla visione di Barcellona come fabbrica di contenuti culturali prevede l’implementazione di un sistema di supporto per il trasferimento della creatività dai centri di formazione ai centri di produzione e una maggiore attenzione nei confronti della formazione di studenti e creativi emergenti, destinati ad essere maggiormente indirizzati verso il mondo imprenditoriale. Barcellona si pone come obiettivo quello di sviluppare e consolidare una posizione di leadership nella produzione e nell’industria culturale. Tra i risultati attesi di queste strategie, spiccano il raddoppio del numero di persone impiegate nel settore culturale, la moltiplicazione della percentuale del PIL dedicata al settore della cultura e infine l’adozione di un più razionale finanziamento della cultura, per il quale è previsto un sistema di reinvestimento di parte degli introiti derivanti dalla tassazione dei proventi culturali. Non mancano inoltre le “tradizionali” strategie per aumentare l’affluenza di turisti motivati da stimoli culturali, oltre ad iniziative volte ad attrarre investimenti dall’esterno, grazie alle potenzialità di Barcellona come spazio in cui si concentrano espressioni culturali diverse, e spinte all’attrazione di turisti motivati da stimoli culturali. Quest’ultimo aspetto è particolarmente sentito dalla città di Malaga, per la quale la cultura e l’economia si influenzano sostanzialmente attraverso gli introiti derivanti dal turismo, anche se rappresentato in maggioranza da “visitatori” occasionali e in minore misura da turisti, e dalla fruizione della dotazione culturale da parte dei cittadini. Inoltre, Malaga è al primo posto tra le città spagnole per quanto riguarda il turismo legato all’apprendimento 277 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 278 PROJET PILOTE GÊNES della lingua spagnola. Per la città questo rappresenta un importante punto di partenza per uno sviluppo economico e sociale legato all’industria della cultura. Per la città di Genova, il processo culturale e lo sviluppo economico vanno in parallelo; in particolare, si riscontrano interazioni a vari livelli, tra i settori culturali, artistici, produttivi e sociali, e in termini di formazione di risorse umane idonee, maggiore attrattività per il turismo e per gli insediamenti produttivi. I valori, le norme, le tradizioni e le credenze influiscono in vario modo sulla capacità della comunità di reagire agli stimoli esterni e sulle potenzialità di un territorio: in particolare, condizionano i soggetti nelle fasi di investimento e consumo, determinando quindi la propensione ad investire, il modo di produrre, la predisposizione all’innovazione, i bisogni e le preferenze dei consumatori, ma soprattutto rappresentano una risorsa economica per il territorio. Fattori quali l’apertura verso il nuovo, la tutela del patrimonio artistico e architettonico e il grado di maturazione sociale, capaci di rendere un territorio e una comunità unici e difficilmente riproducibili, sono considerati strategici ai fini dell’individuazione dell’identità culturale genovese e delle relative ripercussioni sull’attrattività della città rispetto alle scelte di localizzazione degli attori economici. Anche per Marsiglia, il processo culturale ha un forte impatto sull’attrattività generale della città, ma ciò si esplica soprattutto nel contributo dato per la costruzione dell’immagine esteriore della città e nell’influenza della percezione e del comportamento della cittadinanza e dei soggetti esterni. A sua volta, il processo di sviluppo retroagisce sul processo culturale attraverso nuovi stimoli e un nuovo condizionamento della percezione. Per Marsiglia la relazione tra cultura ed economia si estrinseca sostanzialmente in due aspetti principali: il primo concerne i propositi legati all’aumento della coesione sociale e al miglioramento della qualità della vita cittadina, mentre il secondo riguarda gli investimenti volti allo sviluppo e alla crescita dell’industria culturale “tradizionale”, legata da un lato alle dotazioni museali, teatrali e formative, dall’altro all’impegno volto a conferire maggiore dinamicità all’economia della cultura attraverso l’organizzazione o il sostegno di manifestazioni quali ad esempio il Salone del Libro, i festival e le biennali legati a diverse tematiche, o la commande publique à artistes. Iniziative che hanno come ulteriore obiettivo quello di aumentare il turismo culturale e il relativo indotto. LE STRATEGIE CULTURALI Dall’“idea di cultura” (§ 2.1) e dalle potenzialità offerte dalla cultura in termini di sviluppo socioeconomico del territorio e della comunità (§ 2.2) discendono gli indirizzi strategici volti al raggiungimento di obiettivi di medio e lungo periodo che configurano l’ideale punto di arrivo della politica culturale di una città. Dopo il riconoscimento dell’identità e del capitale culturale di una comunità e la determinazione dell’incidenza dei processi culturali sullo sviluppo socio-economico, il processo di definizione e accrescimento del capitale culturale di un territorio e di una comunità passa infatti necessariamente per l’individuazione delle politiche urbane basate sulla valorizzazione del capitale culturale e sulla creazione dei presupposti per un suo arricchimento nel tempo. Il fatto che l’identità culturale e il capitale culturale siano diversi nei diversi contesti spaziali e temporali di riferimento, poiché in larga parte determinati endogenamente, postula che non vi sia un’unica metodologia ottima, adattabile a qualunque realtà territoriale e sociale, per la scelta e la realizzazione delle strategie e degli strumenti di sviluppo culturale; piuttosto, le specificità locali comportano la coesistenza di un ventaglio di possibili pratiche da applicarsi in modo differente per ogni singolo contesto, anche se è presumibile che le città C2M, oggetto di questo studio, presentino una serie di punti in comune in ragione delle affinità storiche e culturali e della vicinanza geografica. 278 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 279 PROJET PILOTE GÊNES Due sono i fondamentali obiettivi di Genova 2004 e due le linee strategiche per raggiungerli: ridefinire l’identità culturale, come città a più vocazioni – dove convivono porto, industria, attività turistiche e culturali – e dare di Genova una percezione positiva e attrattiva, a livello nazionale, internazionale e, non ultimo, cittadino. Per riuscire nell’intento è stato ed è indispensabile cercare la partecipazione e il coinvolgimento di tutti i cittadini e le istituzioni per fare in modo che i risultati ottenuti durino oltre il 2004. Sviluppare questo concetto significa, in primo luogo, porre grande attenzione agli interventi (infra)strutturali, per definizione destinati a durare nel tempo: sia a quelli interessanti direttamente le strutture culturali, sia a quelli che ne permettono indirettamente una valorizzazione. In questa prospettiva, nel maggio 2001 è stato stipulato un protocollo d’intesa tra il Comune di Genova e il Ministero per i Beni e le Attività Culturali, dove sono stati individuati alcuni interventi ritenuti prioritari. La strategia complessiva di questo programma di interventi si basa sul potenziamento dell’offerta culturale attraverso il miglioramento del sistema museale e del patrimonio architettonico e sull’innalzamento della qualità dell’ambiente urbano attraverso il miglioramento della fruizione della città in tutte le sue componenti. La strategia culturale di Barcellona parte dalla messa in opera del Piano Strategico della città, redatto nel 1999 e aggiornato e rafforzato più recentemente nel Piano Strategico Metropolitano del 2003, volti a rafforzare la posizione strategica della città come luogo di cultura. Il piano strategico ha come obiettivo quello di aumentare l’importanza della cultura in relazione allo sviluppo della città, intesa non solo nei suoi confini amministrativi, ma anche attraverso il coinvolgimento delle municipalità circostanti. L’originalità della strategia municipale di Marsiglia sta nella definizione di un calendario di realizzazione degli obiettivi in materia di politica culturale. L’obiettivo cruciale dello schema direttivo culturale è il miglioramento dell’offerta e della vita culturale, che metta Marsiglia al livello delle grandi metropoli, attraverso la scelta di un settore culturale portante e di eccellenza sul quale promuovere l’immagine della città. La municipalità ha pertanto adottato una strategia forte, agendo a vari livelli e in molteplici ambiti settoriali (l’editoria, le arti figurative e grafiche, cinema a audiovisivi, teatro, musica, la danza), anche attraverso il coinvolgimento dei cittadini, da un lato in quanto utenti dei futuri sviluppi della pianificazione del territorio all’insegna della maggiore accessibilità alla cultura sotto tutte le sue forme, dall’altro lato perché chiamati a partecipare alle decisioni. Il primo obiettivo di Marsiglia è quello di gestire il territorio in modo tale da ridurre il divario culturale tra il centro ed i quartieri periferici, attraverso accessibilità delle dotazioni culturali, e la creazione di poli di eccellenza artistica. La città si impegna inoltre a rinnovare e modernizzare le proprie dotazioni, a perseguire una strategia di riconversione culturale delle aree industriali dismesse, a ristrutturare il patrimonio culturale esistente, a proporre nuove strutture di tipo artistico-culturale e ad accogliere in città nuove dotazioni prima decentrate. I principali obiettivi della strategia culturale di Lione sono la creazione di una scena artistica attiva e la crescita del desiderio e della domanda di cultura, espressa soprattutto dagli abitanti della città. In particolare, si intende sostenere la creazione e la nascita di nuove forme artistiche, attraverso la cooperazione internazionale e lo sviluppo e la modernizzazione delle modalità di gestione delle istituzioni che “fanno” cultura. La cultura esercita la propria influenza sulla città di Siviglia in tre modi principali: 1• come elemento di proiezione e comunicazione dell’immagine della città, rappresentata dalle dotazioni attuali di infrastrutture culturali e al prestigio degli eventi e delle manifestazioni e istituzioni legate alla creatività e alla conoscenza, anche nell’ottica dell’incremento dei flussi turistici e dell’attrazione degli investimenti; 2• come settore economico, con un grande potenziale per generare ricchezza e impiego, ulteriormente valorizzato dalle importanti sinergie che si generano con gli altri settori produttivi della città; 279 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 280 PROJET PILOTE GÊNES 3• come elemento per migliorare la qualità della vita dei cittadini e per costruire un modello di città e di società all’insegna della coesione, della tolleranza, dell’integrazione, della competitività alle soglie del nuovo millennio. La città di Malaga basa la propria strategia sullo sviluppo turistico-culturale che dovrebbe auspicabilmente affiancarsi al turismo maggiormente legato ai divertimenti offerti dalla costa spagnola. Malaga intende presentarsi come una capitale turistica e di tempo libero a livello europeo, creando un’offerta basata sulle attrattività della zona del centro storico e portuale, sulle attività artistiche e musicali, sulla dotazione architettonica urbana legata alla presenza di parchi e piazze, sugli eventi legati alle tradizioni gastronomiche, popolari e di costume. PIANI, PROGETTI E AZIONI La strategia culturale rappresenta l’inquadramento e l’indirizzo teorico e di medio-lungo periodo dal quale discendono i piani, i progetti e le azioni concrete volte al raggiungimento degli obiettivi prefissati. Queste ultime possono riguardare tanto la definizione delle caratteristiche culturali che costituiscono un fattore strutturante della comunità e del suo livello di sviluppo, quanto la valorizzazione delle dotazioni culturali materiali e immateriali che caratterizzano il territorio, quanto ancora l’ampliamento della visione e della politica culturale verso nuove prospettive e scenari strategici, che contribuiscano a consolidare un particolare elemento distintivo proprio del territorio o della comunità o a creare nuovi ambiti di conoscenza e competenza diffusa. Naturalmente, per il raggiungimento degli obiettivi si rende necessaria la disponibilità di finanziamenti da dedicare alla messa in opera delle strategie. L’obiettivo principale di Siviglia, che consiste nel preservare e valorizzare il patrimonio intangibile della città, viene perseguito attraverso azioni finalizzate alla diversificazione dell’offerta culturale, alla promozione di congressi, seminari e manifestazioni e a mettere in luce le caratteristiche tipiche e peculiari della tradizione artistica,architettonica e legata agli usi e ai costumi della città. La crescita del sistema imprenditoriale di Siviglia legato al settore culturale viene invece perseguita grazie allo sviluppo di un programma di azioni che aumentino la cooperazione tra imprese e professionisti del settore culturale della città, al disegno di un sistema di incentivi che stimolino la regolarizzazione delle attività e del lavoro sommerso del settore, e al potenziamento delle interrelazioni tra cultura e turismo. La qualificazione e le competenze dei professionisti del settore culturale vengono invece promosse attraverso il miglioramento dell’offerta formativa legata ai settori dell’arte, e la creazione di corsi di formazione pensati per formare profili professionali in linea con le richieste del mercato. Infine, per la divulgazione a livello virtuale delle dotazioni e delle caratteristiche culturali urbane e per migliorare la comunicazione dell’immagine della città nei confronti dei soggetti potenzialmente interessati, è prevista la realizzazione di una piattaforma on-line della cultura di Siviglia e la collocazione sul territorio di punti fisici di informazione. La comunicazione e la promozione dell’immagine cittadina è obiettivo strategico anche per lo sviluppo culturale di Malaga: rientra certamente in questa ottica la proposta della città a Capitale Europea della Cultura per il 2016; è stata infatti creata la commissione incaricata di redigere il progetto per la candidatura. Vi sono naturalmente altre azioni, volte ad esempio a diminuire il carattere stagionale della domanda di turismo, attraverso una sua ridefinizione in senso maggiormente legato agli asset culturali e meno dipendente dalle favorevoli condizioni climatiche. Collegati a questa azione, vi sono inoltre il progetto di costruzione di nuovi alberghi, il recupero del centro storico come nucleo turistico culturale attraverso la creazione di diversi itinerari dedicati rispettivamente ai musei, alla gastronomia, e alle altre tradizioni cittadine, e infine l’impegno per l’integrazione tra porto e città. È inoltre 280 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 281 PROJET PILOTE GÊNES importante menzionare le azioni volte al miglioramento della mobilità, sia urbana sia extraurbana, con la futura connessione alla rete ferroviaria ad alta velocità. Il finanziamento della cultura spetta in Francia in gran parte al settore pubblico. La cultura è infatti un settore ampiamente sovvenzionato a diversi livelli di governo (Stato, Regioni, Comuni). Tuttavia, le strategie più recenti si orientano verso i partenariati, favorendo i finanziamenti misti tra differenti soggetti pubblici e privati. Si può trovare conferma di questo orientamento osservando la politica finanziaria di Lione, in cui i progetti culturali sono in realtà sostenuti e finanziati attraverso un’azione di complementarietà dei diversi attori pubblici (Stato, Regioni, Dipartimenti, Comuni). Il budget per gli interventi culturali della città è stimato in circa 33.3 milioni di euro, a cui vanno aggiunti il capitale di funzionamento generale delle istituzioni e gli oneri per il personale (circa 100 milioni di euro). Le risorse dedicate allo sviluppo delle politiche culturali rappresentano il 20% delle spese globali della città; una parte considerevole delle risorse disponibili riguarda i settori del teatro, della musica e della danza (nel budget 2003 a tali settori sono state dedicate il 76% delle risorse di cui 66% assorbite dalla sola musica classica). Gli orientamenti principali della strategia culturale si dividono in tre assi, quali la creazione di una scena artistica a livello locale, lo sviluppo culturale internazionale, e infine la massimizzazione dell’accessibilità della cultura per tutti. Il primo obiettivo strategico riguarda la creazione e l’emergere di nuove forme artistiche: le azioni principali riguardano il sostegno degli artisti, attraverso lo sviluppo di reti di luoghi di creazione e diffusione delle diverse forme artistiche (teatri, gallerie d’arte, auditorium), la modernizzazione delle istituzioni, attuata soprattutto attraverso la razionalizzazione e il rinnovo delle modalità di gestione delle istituzioni stesse ma anche attraverso lo sviluppo di partenariati con lo Stato e con altri attori pubblici, e l’apertura a finanziamenti dall’esterno. Per quanto concerne invece sviluppo culturale internazionale e il grado di apertura e cooperazione internazionale, i progetti principali riguardano tournée all’estero per gli artisti locali, e l’accoglienza di manifestazioni internazionali e di eventi volti alla divulgazione delle tradizioni e dei legami della Francia con gli altri paesi. Le azioni che invece rispondono all’obiettivo di aumentare da un lato l’accessibilità, dall’altro il desiderio e le pratiche culturali degli abitanti di Lione, sono principalmente la promozione di tariffe speciali, il dialogo con potenziali nuovi pubblici, il miglioramento dei rapporti tra cittadini e istituzioni, e la promozione di azioni per l’educazione artistica dell’infanzia. Anche la politica culturale di Marsiglia trova nell’accessibilità nei confronti dei cittadini e della promozione dell’immagine della città all’esterno la sua principale ispirazione. La politica d’immagine e la politica culturale della città sono strettamente legate tra loro ed in connessione con la politica di relazioni internazionali messa in atto dalla municipalità. Le azioni sono principalmente volte a consolidare il ruolo di Marsiglia come “crocevia euromediterraneo delle culture”. Le iniziative per migliorare l’immagine della città sono numerose, dall’intensificazione della comunicazione alle azioni che danno vita a progetti concreti, come i grandi cantieri di rinnovo urbano relativi al programma “Euro-Méditerranée. Marsiglia intende promuovere la propria immagine sulla base della sua vocazione cosmopolita, della “mediterraneità”, dello scambio e dell’integrazione tra culture, fonte di rinnovamento, d’innovazione e di dinamismo culturale e sociale. Le azioni perseguite dalla città di Marsiglia sono principalmente legate ai diversi aspetti tradizionali della cultura, per costruire un paesaggio culturale volto al miglioramento della qualità della vita dei suoi abitanti. Ad esempio, per quanto riguarda l’istruzione, le azioni più significative sono legate alla lotta all’analfabetismo, alla ricerca di sinergie tra tutti gli attori a vario titolo legati all’industria e al commercio editoriale, al tentativo di stimolare la popolazione cittadina, soprattutto i giovani, alla lettura. 281 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 282 PROJET PILOTE GÊNES Per quanto riguarda invece i singoli settori che a vario titolo afferiscono alla cultura di intrattenimento, la città persegue una strategia di sostegno e promozione in ambito editoriale, per quanto riguarda la produzione letteraria (“borse di scrittura”) e la relativa diffusione (progetto di creazione di una “città del libro”, organizzazione del salone del Libro) con l’obiettivo ultimo di aumentare l’accessibilità (un “bibliobus”si aggiunge alle biblioteche di quartiere). Per questo settore il budget previsto per il 2004 ammonta a 2.881.200€. Viene inoltre posto particolare accento sulle arti e sulle rappresentazioni effettuate dal vivo (spettacoli teatrali e di strada, attrazione e sostegno di giovani artisti), sull’offerta museale e sulla musica proveniente da tutto il mondo. La musica in particolare è vista come una combinazione tra la tradizione e la modernità, e per il suo sviluppo vengono predisposti spazi professionali dedicati alla composizione e alla diffusione grazie anche alla predisposizione di un ingente budget dedicato dell’ammontare di 16.450.000€. Per quanto riguarda la danza, l’azione principale è quella di proporre dei luoghi dedicati, dove le diverse compagnie possano prepararsi e trovare spazio per le proprie esibizioni; il budget per il settore della danza ammonta per il 2004 a 3.500.000€. Analogo discorso vale per il settore del teatro e della recitazione (cui sono destinati finanziamenti per 10.150.000€), per il quale Marsiglia intende estendere l’offerta di strutture teatrali dal punto di vista quantitativo e sostenere le compagnie di recitazione esistenti e di nuova costituzione, anche attraverso la formazione e la valorizzazione delle pratiche amatoriali. Anche le arti audiovisive fanno parte del settore portante dell’immagine culturale della città: il cinema e la città di Marsiglia hanno una storia e una tradizione comuni che risalgono ai tempi dei film muti, e il settore è sostenuto attraverso aiuti finanziari (il budget è di 750.000€), eventi con cadenza annuale e manifestazioni locali ed internazionali. A questo proposito va sottolineata l’importanza della creazione di un “Bureau du Cinéma” volto a promuovere la città come set ideale per le riprese cinematografiche, anche attraverso l’ottimizzazione delle condizioni di accoglienza. Barcellona prende in certa misura le distanze dalle strategie viste sin qui, per sottolineare l’importanza dell’innovazione, della creatività e delle relazioni tra l’arte e la cultura e lo scenario economico. Nel piano strategico della città di Barcellona è prevista la creazione di un Fondo (Venture Fund) per finanziare progetti culturali innovativi, dato l’alto livello di incertezza sui risultati attesi che caratterizza il settore; le probabilità di rendere la produzione culturale maggiormente dinamica dipendono infatti fortemente dalla disponibilità di capitali. La strategia culturale di Barcellona parte dalla creazione di tre organismi incaricati della gestione dei progetti previsti dal piano strategico culturale della città. Si tratta del Metropolitan Council of Arts and Culture of Barcelona, del Observatory for Evaluation and Prospecting of the cultural sector of the Metropolies e del Combined Agency of Support for the Cultural Industries. L’obiettivo di dare supporto al trasferimento di creatività dai centri di formazione ai centri di produzione è perseguito attraverso l’organizzazione di fiere e incontri per collegare i protagonisti della cultura con le imprese culturali della città. Nell’ottica di aumentare la coesione sociale attraverso la cultura, si prevede di redigere una carta dei diritti e doveri culturali dei cittadini per aumentare la loro consapevolezza e l’accessibilità alle dotazioni culturali della città. Infine, per includere Barcellona nel circuito della cultura digitale nell’era dell’information technology e della knowledge society, è prevista la creazione del Digital Culture Space-Network, ossia uno spazio polivalente, sia fisico che virtuale, che funge da elemento di connessione tra Internet e le dotazioni culturali della città. Il percorso strategico per la crescita culturale della città di Genova, finanziato da un budget il cui importo complessivo ammonta a circa 200 milioni di euro, si orienta verso più direzioni, dalla valorizzazione delle ricchezze artistiche e architettoniche, alla sistemazione dell’assetto urbano nel suo insieme, per rendere la città più vivibile e accogliente. La programmazione 282 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 283 PROJET PILOTE GÊNES degli eventi è focalizzata su tre filoni: Genova Città d’Arte; Genova Capitale del Mare; Genova Città Contemporanea. Il rilevante patrimonio artistico della città è stato valorizzato attraverso interventi che hanno interessato principalmente le strutture museali esistenti, ma anche edifici di pregevole qualità architettonica, tra cui i palazzi detti dei Rolli, e la splendida palazzata del fronte-mare. Altre opere hanno interessato l’area del Porto Antico, il cui recupero era iniziato nel 1992 con il progetto di Renzo Piano, ma anche piazze e assi viari, con la pedonalizzazione di vaste aree del centro cittadino. 3• RETE C2M E STRATEGIE DI COOPERAZIONE Il paragrafo affronta il tema delle prospettive di ’incremento del capitale culturale delle sei città C2M, segnatamente nell’ottica della cooperazione fra le aree e della creazione di un sistema a rete tra i partner del progetto. Vengono identificate due principali tipologie di azioni, la prima delle quali (azione 3.2.1) prevede l’imitazione di una buona pratica adottata nella città incaricata del progetto pilota, la seconda (azioni 3.2.2 - 3.2.6) riguarda l’adozione di strumenti e la realizzazione di strategie a rete, attuabile attraverso la condivisione delle dotazioni culturali presenti nelle singole città o lo sviluppo di nuove capacità e competenze o di azioni mirate. Ciascuna delle azioni è presentata attraverso una scheda riassuntiva degli obiettivi, dei contenuti, delle fasi e dei tempi/costi previsti per la sua implementazione. Sono infine presentate le principali aspettative derivanti dalle azioni descritte nel § 3.2, con particolare riferimento all’incremento del capitale culturale e agli effetti sullo sviluppo socioeconomico di ciascuna area. LA CULTURA COME RISORSA SOCIALE Uno dei principali risultati di questo progetto è quello di mettere in luce la forte correlazione fra l’incremento del capitale culturale delle comunità urbane e il loro sviluppo socioeconomico. Con la conseguenza che le politiche culturali delle città entrano a far parte a pieno titolo delle loro strategie di crescita. Ciò vale evidentemente anche per le sei città partner del progetto, le quali d’altra parte, come è nella filosofia e nella ragion d’essere dell’intero progetto C2M, intendono attivare forti sinergie e complementarietà, e conseguire importanti benefici attraverso la cooperazione e la messa in opera di strategie “a rete”. Ne consegue l’opportunità di individuare ambiti di cooperazione anche nell’ambito delle strategie culturali, a maggior ragione dopo che il confronto fra le visioni e interpretazioni, fra le strategie e fra le linee d’azione delle città partner (§ 2) ha evidenziato forti elementi comuni e un’idea fortemente condivisa dello sviluppo socioeconomico e del suo legame con la cultura. Inoltre, poiché il tipo di progresso legato alla cultura e alla conoscenza è fortemente collegato alle capacità di apprendimento e di innovazione, ove sono normalmente presenti forti “esternalità di rete” (cioè benefici che crescono più che proporzionalmente rispetto alla frequenza o all’intensità del fenomeno che li genera), è quanto meno probabile che ai vantaggi di scala tipici della concentrazione territoriale (e quindi dei fenomeni urbani e metropolitani in quanto tali: le economie di urbanizzazione di cui si è detto al § 1) si sommino effetti di rete generati dalla cooperazione delle metropoli mediterranee C2M. In questa logica, è possibile identificare due principali tipologie di azioni: • la condivisione e replica di “buone pratiche” applicate da una delle città partner; nella fattispecie, una buona pratica adottata e portata a compimento nella città incaricata del 283 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 284 PROJET PILOTE GÊNES progetto pilota, il georiferimento delle dotazioni culturali infrastrutturali e immateriali, suscettibile di applicazione nelle altre città partner; il beneficio totale è in questo caso la somma dei benefici dei singoli partner, essendo assenti veri e propri effetti di rete; • l’adozione vere e proprie strategie di rete attraverso iniziative condotte contemporaneamente in tutte o almeno alcune delle città partner, che in quanto attuate in tutte o in diverse città genera un beneficio addizionale altrimenti assente; è il caso del perseguimento di strategie comuni sulla comunicazione e il marketing territoriale, o lo scambio o ancora la messa in comune di “dotazioni culturali”. Per comprendere la portata e le implicazioni derivanti dall’implementazione delle diverse azioni, ed essere così in grado di valutarne convenienza e condizioni di applicabilità, è altresì necessario analizzare nel dettaglio gli obiettivi, i contenuti, la successione delle diverse fasi e i tempi e costi previsti per la relativa implementazione; queste informazioni vengono riportate nelle schede che costituiscono il § 3.2. Esse costituiscono prime ipotesi di cooperazione strategica fra le città partner C2M nel settore delle politiche culturali, e sono suscettibili di implementazione con tempi e costi relativamente contenuti, dei quali le schede offrono una prima e approssimativa quantificazione. Dopo l’esame particolareggiato e circostanziato delle diverse azioni comuni, è utile anche stabilire le principali aspettative in merito ai risultati di tali strategie di cooperazione, con particolare riferimento all’incremento del capitale culturale e agli effetti sullo sviluppo socioeconomico di ciascuna area. LE INIZIATIVE DI COOPERAZIONE Le iniziative di cooperazione sono dunque di due tipi: • l’imitazione di buone pratiche inizialmente attuate da una città partner (scheda 1); • l’attivazione di iniziative di rete coinvolgenti contemporaneamente tutte o un certo numero di città partner (schede 2-6). Le schede che seguono rappresentano un primo tentativo di individuare iniziative di cooperazione fra le città C2M nel campo delle strategie culturali. Esse riguardano rispettivamente: 1• La georeferenziazione del capitale culturale; 2• La cooperazione universitaria strategica; 3• La rete di biblioteche e mediateche; 4• La rete turistico-storico-architettonica; 5• La rete mediatica della cultura; 6• La cooperazione strategica in ambito tecnologico – produttivo. 284 pilot genova 21/09/04 10:26 Page 285 PROJET PILOTE GÊNES Georeferenziazione del patrimonio culturale Obiettivi Contenuti Metodologia – soggetti coinvolti • costruzione di una mappa dei fenomeni e delle attività culturali; • gestione contestuale dei dati e della localizzazione; • connessione di attività compiute da soggetti diversi negli stessi ambiti; • supporto alla decisione. • strumento permanente di monitoraggio sull'intero novero delle attività compiute o coordinate dalle amministrazioni metropolitane; • attività consuntive e monitoraggio delle attività dell'ente; • convergenza di diverse banche dati pubbliche e associative; Orientamenti: • cooperazione tra uffici operativi (decisori, progettisti, gestori di attività culturali) ed uffici di staff/struttura (anagrafe, toponomastica, patrimonio); • ricorso a strumenti Open Source accanto a (e in sinergia con) gli strumenti tradizionali dell’amministrazione. Tecniche: • connessione tra database gestionali e ubicazione (toponomastica, catasto) • georiferimento elementare con coordinate geografiche • rilievi di sito Cooperazioni attivate: • comunità di sviluppo di MapServer (Università del Minnesota); Frank Warmerdam per le librerie OGR/GDAL; • Genova 2004 S.p.A. (società del Comune di Genova per la gestione delle attività relative a Genova 2004 Capitale europea della Cultura). Fasi: Contenuto Ambiti di cooperazione 1 Indagine ricognitiva Definizione di obiettivi comuni fra i soggetti Governance esterna; governance esterna. Azioni intra/interorganizzative 2 Analisi dei dati Analisi preliminare dei dati, definizione entità archiviate Definizione di metodi operativi comuni 3 Integrazione sistemistica Attività sistemistiche per l'accesso ai database Produzione/implementazione di strumenti comuni di accesso alle banche dati 4 Analisi applicativa Analisi delle esigenze di settore e verifiche sulla disponibilità dei dati Convergenza nelle modalità di gestione dei database pubblici 5 Integrazione informativa Attività di integrazione dei database Produzione/implementazione di strumenti comuni di integrazione documentale e informativa 6 Integrazione applicativa Interfacce di immissione (rif. numero civico, immissione coordinate geografiche) Produzione/implementazione di strumenti comuni di georiferimento 7 Comunicazione realizzazione interfaccia di presentazione Conclusioni Attività di monitoraggio pubblico; Coinvolgimento dei decisori politici Un sistema per gestire contestualmente dati e localizzazioni delle attività consente di ottenere una immagine complessiva e agevolmente comunicabile dei fenomeni, consentendo di identificare e monitorare gli esiti di: • politiche aggregate, in grado di garantire vantaggi a tutta la popolazione; • politiche specifiche, rivolte spesso a localizzazioni precise. L’estensione di esperienze settoriali, come quella compiuta sugli spazi della cultura da Civis, o quella compiuta del Sistema di informazione geografica industriale (S.I.G.I.) della Regione metropolitana di Barcellona, rappresenta una opportunità significativa per tutte le città riunite dal progetto. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 286 PROJET PILOTE GÊNES La cooperazione universitaria strategica Obiettivi Favorire gli scambi culturali fra le città partner attraverso un forte aumento della mobilità di studenti universitari, ricercatori e docenti fra le città della rete C2M; Creare rapporti di cooperazione sistematica tra unità di ricerca delle diverse università volti anche ad una maggiore finalizzazione di alcune attività di ricerca rispetto agli obiettivi strategici C2M; Creare rapporti stabili e durevoli fra le classi dirigenti delle città partner. Contenuti Creazione di una rete permanente di cooperazione fra le università delle città partner finalizzata a: • scambi di studenti in programmi di mobilità di lunga durata; • scambi di ricercatori e di docenti; • individuazione di aree comuni di ricerca e di iniziative di formazione; • partecipazione congiunta a progetti di ricerca europei e internazionali. Metodologia – soggetti coinvolti Implementazione di (almeno) 30 convenzioni bilaterali Socrates/Erasmus per la mobilità di studenti e docenti Iniziative per il mutuo riconoscimento dei titoli di studio e per lo svolgimento di corsi di studio in cotutela da parte di due o più sedi partner Sviluppo congiunto di iniziative di e-learning Creazione di un gruppo di lavoro per il confronto fra le offerte formative e l’attività di ricerca; individuazione delle aree di eccellenza di ciascun ateneo Piano di comunicazione comune per l’intera rete universitaria, rivolto anche all’attrazione di studenti da altri paesi, specialmente provenienti dall’area mediterranea. Fasi: Contenuto Ambiti di cooperazione 1 Indagine ricognitiva Analisi delle esistenti strutture e offerte didattiche delle città coinvolte Scambio reciproco di informazioni 2 Erasmus dedicato Realizzazione di convenzioni tra le università delle città partner Accordi tra uffici relazioni internazionali delle diverse università 3 Iniziative didattiche Condivisione di contenuti e supporti didattici, modalità d’esame comuni Accordi e incontri tra professori delle diverse università 4 Iniziative di ricerca Indirizzi di ricerca progettati congiuntamente Cooperazione ricercatori, coinvolgimento imprese Conclusioni Lo scambio sistematico di studenti è uno strumento potenzialmente fortissimo per creare coesione personale e professionale fra gli abitanti delle città partner (in un’università di media grandezza riceve circa 500-1000 studenti Erasmus all’anno: se metà di questa mobilità viene indirizzata in ambito C2M, entro 20 anni la maggioranza dei vertici imprenditoriali e amministrativi di ciascuna città partner avrà effettuato un soggiorno lungo in un’altra delle città partner). In ogni caso, le iniziative didattiche e di ricerca in comune rafforzano la coesione e creano le premesse per cooperazioni più ampie che coinvolgono anche e soprattutto i rispettivi tessuti imprenditoriali e i rispettivi ambiti istituzionali e di governo. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 287 PROJET PILOTE GÊNES La rete di biblioteche e mediateche Obiettivi Favorire gli scambi culturali fra le città partner attraverso la progressiva integrazione dei Sistemi Bibliotecari delle città della rete C2M; Creare rapporti di cooperazione sistematica tra le biblioteche delle città partner volti anche ad una maggiore finalizzazione di alcune attività rispetto agli obiettivi strategici C2M. Contenuti Creazione di una rete permanente di cooperazione fra le biblioteche delle città partner finalizzata a: • realizzare un catalogo unificato contenente le registrazioni bibliografiche provenienti dalle diverse biblioteche; • realizzare una mediateca on-line con documenti provenienti dalle diverse biblioteche; Metodologia – soggetti coinvolti • individuare modalità di prestito e di scambio comuni fra le diverse biblioteche; • partecipare a progetti di ricerca europei e internazionali. Implementazione di convenzioni fra le biblioteche delle città partner. Creazione di un gruppo di lavoro per il confronto fra le offerte delle diverse biblioteche ed individuazione dei punti di forza di ciascuna di queste. Sviluppo congiunto di iniziative di tipo multimediale. Piano di comunicazione comune per l’intero Sistema Bibliotecario della rete C2M, rivolto anche all’attrazione di studiosi di altri paesi. Fasi: Contenuto Ambiti di cooperazione 1 Indagine ricognitiva Analisi delle strutture esistenti e delle offerte delle città coinvolte Scambio reciproco di informazioni 2 Attivazione relazioni Realizzazione di convenzioni tra le biblioteche delle città partner Accordi tra biblioteche delle diverse città 3 Condivisione Condivisione di contenuti, Accordi e incontri operativi tra direttori e supporti tecnici, e modalità di funzionari delle diverse biblioteche prestito e/o di scambio 4 Comunicazione Comunicazione dei risultati e Coinvolgimento gli uffici di Pubbliche promozione comuni Relazioni delle diverse città Conclusioni Lo scambio sistematico di informazioni è uno strumento potenzialmente fortissimo per creare coesione fra le città partner. Inoltre, le iniziative in comune rafforzano la coesione e creano le premesse per cooperazioni più ampie che coinvolgono anche i rispettivi ambiti istituzionali e di governo. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 288 PROJET PILOTE GÊNES La rete turistico-storico-architettonica Obiettivi Favorire la cooperazione tra le agenzie di promozione delle città partner in modo da condividere informazioni ed avviare il confronto su strategie di promozione comune, condividendo buone pratiche di promozione turistica e di marketing urbano. Contenuti Creazione di una rete permanente di cooperazione fra le agenzie di promozione delle città della rete C2M finalizzata a: • individuare possibili “prodotti” C2M per azioni di promozione turistica e di marketing territoriale comuni; • costruire e promuovere “pacchetti” turistici nell’ambito della rete C2M; • costruire e promuovere iniziative di marketing territoriale complementari. Metodologia – soggetti coinvolti Implementazione di accordi di cooperazione tra le agenzie di promozione delle città partner. Creazione di un gruppo di lavoro per il confronto fra l’offerta delle diverse città ed individuazione dei punti di forza di ciascuna di queste. Piano di comunicazione integrato nell’ambito della rete C2M. Fasi: Contenuto Ambiti di cooperazione 1 Indagine ricognitiva Analisi delle strutture esistenti e delle offerte delle città coinvolte Scambio reciproco di informazioni 2 Attivazione relazioni Realizzazione di accordi di cooperazione tra le agenzie di promozione delle città partner Accordi tra agenzie di promozione delle diverse città 3 Condivisione Condivisione di contenuti e metodologie Accordi operativi tra le agenzie di promozione delle diverse città 4 Comunicazione Comunicazione integrata Conclusioni Accordi tra agenzie di promozione delle diverse città La cooperazione e le iniziative in comune rafforzano la rete delle città C2M offrendo a tutte possibili occasioni di sviluppo e di crescita. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 289 PROJET PILOTE GÊNES La rete mediatica della cultura Obiettivi Favorire la cooperazione tra le testate (tele)giornalistiche locali delle sei città partner in modo da condividere le informazioni e avviare il confronto sulle strategie e le policy culturali delle diverse comunità territoriali. Stimolare ed approfondire la conoscenza reciproca delle sei città per avviare visite e nuovi possibili legami. Agevolare la conoscenza e condivisione di buone prassi di gestione e promozione in ambito culturale. Contenuti Scambi sistematici di servizi e inchieste fra le testate locali delle città partner, in modo da favorire, senza costi addizionali, la conoscenza reciproca delle città partner da parte dei cittadini delle altre città e da promuovere nel tempo, attraverso indagini, forum, monitoraggio delle iniziative culturali, politiche ed economiche, un ampio dibattito e un forte coinvolgimento dell’opinione pubblica sulle politiche culturali dei partner. Metodologia – soggetti coinvolti Dopo una conoscenza reciproca delle testate interessate, generiche e specialistiche (fase 1), le stesse procedono ad un’inchiesta approfondita sulla propria città (fase 2) destinata ad essere pubblicata sulle testate delle altre città (fase 3), in una logica di scambio reciproco che permette a ciascuna testata di dedicare la pagina culturale, per un certo periodo, alla conoscenza delle altre città. Si possono costituire campioni di indagine e fori, formati dai soli giornalisti ovvero con il coinvolgimento di cittadini, cui somministrare una serie di questionari qualitativi d’indagine sulla città d’origine e sulle altre città; al fine di approntare un patrimonio informativo sulla percezione e l’efficacia delle practices intraprese dalle singole città, da condividere con cittadini e amministratori. Fasi: Descrizione Ambiti di cooperazione 1 Contatti Contatto tra le diverse testate giornalistiche Relazione tra i responsabili delle testate 2 Inchieste sulle città Realizzazione della rassegna sulla propria città da parte di ciascuna testata 3 Scambio dei servizi Scambio degli articoli, traduzione, e successiva pubblicazione in una o più puntate 4 Formazione campioni d’indagine Individuazione di giornalisti specializzati con cui iniziare il processo d’indagine 5 Condivisione Analisi dei risultati. Definizione di una strategia di comunicazione condivisa Relazione tra i responsabili delle testate Scambio dei risultati tra le diverse testate locali 6 Comunicazione Fase di comunicazione dei risultati Conclusioni I media agiscono sulla formazione dell’immagine di un luogo e influenzano il processo di formazione della fiducia nei soggetti economici. Con le inchieste sulle città partner i lettori acuiscono conoscenze della cultura e della società dell’intera regione C2M ricevendone stimoli per visite e approfondimenti. L’indagine campionaria può poi fornire sia materiale di comunicazione sia una base dati sulla percezione delle policy delle singole città e della rete da parte dei cittadini. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 290 PROJET PILOTE GÊNES Collaborazione in ambito tecnologico – produttivo Obiettivi Contenuti Metodologia – soggetti coinvolti Traguardare l'esperienza della Tecnopoli, proposta da Barcellona, evidenzia il tema dello sviluppo basato sulla conoscenza, elemento che è parte di quella cultura della città che la ricerca ha evidenziato come fertile terreno di collaborazione. Nello specifico si intende: • attivare un processo di integrazione europea delle esperienze di ricerca e di innovazione tecnologica-produttiva; • potenziare il knowledge based development attraverso l’interconnessione delle reti di sviluppo locale. • Interconnessione e pubblicizzazione delle risorse prodotte attraverso: - database delle aziende spin-off (Istituto nazionale di fisica della materia del CNR di Genova): http://www.spin-off.it, - supporto alla creazione d’impresa da parte dell’Università Politecnica di Barcellona attraverso il programma Innova: http://pinnova.upc.es/ - iniziativa GREC per la documentazione dell’attività di ricerca da parte dell’Università di Barcellona: https://webgrec.ub.edu/. • Integrazione e potenziamento delle iniziative legate ai parchi scientifici e tecnologici e agli incubatori d’impresa, superando le attuali modalità di intervento delle amministrazioni locali; • Attivazione di interscambi, sia nell'ambito universitario che in quelli della promozione e della cooperazione tecnologica Approccio multisettoriale basato su: • esperienze di interscambio destinate agli studenti e ai ricercatori (Erasmus, Leonardo) • esperienze di promozione condotte dai parchi scientifici e tecnologici e dagli incubatori tecnologici urbani; • esperienze di accompagnamento e di costituzione di aziende Spin Off da parte di strutture universitarie e della ricerca • Iniziative di documentazione/disseminazione delle attività di ricerca. Si prevede in particolare l’attivazione di nuove forme di rapporto delle amministrazioni locali con le associazioni di imprese Spin Off e con le Università di origine. Fasi: Contenuto Ambiti di cooperazione 1 Indagine preliminare Definizione di obiettivi comuni fra le istituzioni coinvolte; Forme organizzative, accesso a finanziamenti, rapporti con le aziende 2 Attivazione degli attori e promozione Rapporti di cooperazione fra le Attivazione delle associazioni d’impresa e delle reti di finanziamento diverse organizzazioni 3 Indagine tecnica Analisi dei dati e valutazioni tecniche delle quattro esperienze citate Interconnessione delle banche dati; strumenti di accesso unificati 4 Analisi applicativa e prime implementazioni Costruzione di una interfaccia unificata alla consultazione dei dati sulla ricerca e sulle imprese Spin Off Integrazione delle strutture della ricerca e della produzione; strumenti tecnici e metodi di archiviazione. 5 Cooperazione Attività di integrazione dei database, scambi tra aziende e istituzioni Ipotesi e progetti di intervento anche in riferimento al VI programma quadro 6 Comunicazione Presentazione delle esperienze di accompagnamento e interscambio Coinvolgimento dei decisori politici; orientamento consensuale dello sviluppo urbano Conclusioni La convergenza di queste esperienze e l'accensione di fasi di collaborazione può garantire una qualità sostenuta del processo di sviluppo. I terreni della individuati dall’iniziativa si prestano alla costruzione di reti di cooperazione più ampia, a partire da una base di scambi con finalità para-economiche. pilot genova 21/09/04 10:26 Page 291 PROJET PILOTE GÊNES BIBLIOGRAFIA Foster G. M., 1962, “Traditional Cultures and the Impact of Technological Change”, Harper & Brothers, New York Fukuyama F., 1995, “Trust: the Social Virtues and the Creation of Prosperity”, Free Press, New York, trad. it. Fiducia, Rizzoli, Milano, 1996 Inglehart R., 1997, “Modernization and Postmodernization: Cultural, Economic and Political Change in 43 Societies”, Princeton University Press, Princeton McClelland D. C., 1961, “The achieving society”, Van Nostrand, Princeton, N.J. Putnam R., 1993, “La tradizione civica nelle regioni italiane”, Mondadori, Milano Schumpeter J., 1934, “The Theory of Economic Development: An Inquiry into Profit, Capital, Credit, Interest, and the Business Cycle”, London, Oxford, New York, Oxford University Press Sciolla L., 2002, “Sociologia dei processi culturali”, Il Mulino, Bologna Tylor E. B., 1871, “Primitive Culture”, Murray, London Weber M., 1904, “L’etica protestante e lo spirito del capitalismo”, Sansoni 1965, Firenze Octobre 2004 Page 1 Interreg III es la iniciativa comunitaria del Fondo Europeo de Desarrollo Regional en favor de la cooperación entre regiones de la Unión Europea durante el período 20002006. El objetivo consiste en aumentar la cohesión económica y social en la Unión Europea fomentando la cooperación transfronteriza, transnacional e interregional, así como el desarrollo equilibrado del territorio. Interreg III è un iniziativa comunitaria del Fondo europeo di sviluppo regionale ( FESR ) per la cooperazione tra regioni dell'Unione europea per il periodo 2000-2006. L'obiettivo è di rafforzare la coesione economica e sociale nell'Unione europea promuovendo da un lato la cooperazione transfrontaliera, transnazionale e interregionale e dall'altro lato lo sviluppo equilibrato del territorio. Interreg III est l'initiative communautaire du Fonds européen de développement régional (FEDER) en faveur de la coopération entre régions de l'Union européenne pour la période 2000-2006. L'objectif est de renforcer la cohésion économique et sociale dans l'Union européenne en promouvant la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale ainsi que le développement équilibré du territoire. Partenaires du projet SÉVILLE Sevilla Global Agencia Urbana de Promoción Económica del Ayuntamiento de Sevilla Isaac Newton s/n. Pabellon de Italia. Isla de la Cartuja. 41092 SEVILLA www.sevillaglobal.es MALAGA Ayuntamiento de Málaga Servicio de Programas Europeos Avenida de Cervantes 4 29016 Málaga www.ayto-malaga.es BARCELONE Ajuntament de Barcelona Direccio de Relationes Internacional Plaça de Sant Jaume 1 08002-Barcelone www.bcn.es Aula Barcelona-Fundació CIDOB Calle Elisabets, 12 - 08001 Barcelone www.aulabcn.com MARSEILLE Mairie de Marseille Secrétariat Général Immeuble CMCI - 2, rue Henri Barbusse 13233 Marseille Cedex 20 www.mairie-marseille.fr GRAND LYON Communauté Urbaine de Lyon Direction Générale des Services 20, rue du Lac 69003 LYON www.grandlyon.org GÊNES Ville de Gênes-Osservatorio Civis Via Mascherona, 19 16123 Genova www.comune.genova.it www.civis.commune.genova.it INSTITUT DE LA MÉDITERRANÉE (coordination technique) 58 Bld Charles Livon 13007- Marseille www.ins-med.org/C2M/ Aula Barcelona Fundació CIDOB Malaga Le système métropolitain méditerranéen 19:20 LIVRE BLANC 22/09/04 Conception et réalisation : Acatus-Media / Illustration de couverture : M. Barnavon COUV (prop.1) LIVRE BLANC Le système métropolitain méditerranéen Vers la création d’une zone d’intégration mondiale en Méditerranée Institut de la Méditerranée Octobre 2004