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N° 43 octobre 2003 TERRE D'ESPOIR l L’Assemblée Générale de Terre d’Espoir l Landerneau - Local vêtements l Morlaix : collecte de papiers - Morlaix prend son indépendance (Bénarès) INDE l Remerciements de Terre d’Espoir l Terre d’Espoir à COLVA (GOA - INDE) - Janine et J. L. GAIDDON Local vêtements Landerneau Bretagne (29) GOA … Arrivée à Colva le 17/11/2002 - Marion … 40 kilos de vêtements - Michel CASSET … Souvenirs de Colva Des bénévoles sur le terrain Dons des parrains - Hilda MOAL … Un matin à Bénarès … L’école de couture l Extraits de vies : photos TERRE D'ESPOIR - Mairie de BERRIEN - 29690 - Tél / Fax : 02.98.99.02.87 Coordonnées bancaires : Crédit Mutuel de Bretagne Gouesnou Banque : 15589 - Guichet : 29768 - Compte : 00329181940 CLE RIB : 63 L’Assemblée Générale de TERRE D’ESPOIR L'Assemblée Générale de Terre d'Espoir s'est tenue le 14 juin 2003 à Berrien. Après le bilan moral et financier, Madame Hilda Moal, Monsieur Michel Casset et Monsieur Gaiddon ont fait un compte rendu de leur action en Inde. 15.360 Euros ont été octroyés cette année aux différents parrainages en Inde. Le bureau de l'an passé a été reconduit dans ses fonctions : Président : M. J. L. GAIDDON Vice-Présidente : Mme Christelle ROPARS Trésorière : Mme Viviane GENTRIC Secrétaire : Melle Aurélie ALLIARD M. Gaël LABAT M. Jean-Pierre Labat Mme Marie-Thérèse Guiader Mme Janine Gaiddon Le mot du Président Chers parrains et bénévoles de Terre d'Espoir, Depuis deux saisons notre action à Goa est plus difficile. Le gouvernement de Goa est actuellement le BJP ( gouvernement Hindouiste intégriste) La France aidant à l'armement de l'état Pakistanais (construction de sous-marins), état Musulman ennemi du BJP au pouvoir en Inde, les associations humanitaires Françaises sont plutôt mal perçues. Selon les propos d'un officiel du gouvernement de Goa, il serait préférable d'envoyer l'argent à une association Indienne sur place qui se chargerait de la répartition. La chanson on la connaît !… Même l'association Jan Ugahi avec laquelle nous collaborons à Goa ne nous a jamais proposé de nous remplacer. C'est Terre d'Espoir qui leur a ouvert les portes de l'accès aux enfants de Colva. Cette association connaît les moyens, en autres financiers, que nous déployons sur place. Elle subirait des pressions de la part des officiels et de la police pour détourner l'argent que nous aurions attribué aux enfants. Notre chance, jusqu'à ce jour, a été le soutien de notre action par la population locale. Pour la prochaine Assemblée Générale Je comprends que tout le monde ne puisse pas assister à l'Assemblée Générale, mais afin que le Conseil d'Administration continue à refléter l'ensemble de Terre d'Espoir et prenne des décisions qui vous ressemblent et nous ressemblent, sans risquer qu'une poignée de gens ayant des vues différentes ne puisse agir contre notre volonté et nos intérêts, avec la prochaine convocation à notre Assemblée Générale, un pouvoir vous sera adressé et si vous ne pouvez vous joindre à nous, je vous demanderai de nous le renvoyer signé. Je vous remercie d'avance. Le président, Jean-Louis GAIDDON p. 2 TERRE D’ESPOIR LANDERNEAU Les nouvelles du local à vêtements de Landerneau Suite à l'incendie qui a ravagé le lo cal qui était mis à sa disposition par la ville de Landerneau, les bénévoles de Terre d'Espoir ont refusé de baisser les bras. Pendant qu'Eliane, la responsable, et son époux multipliaient les démarches auprès de la municipalité pour tenter de trouver une solution permettant de maintenir le “Vestiaire” à Kergréis, les bénévoles de l'association ne sont pas restés les bras croisés. Le linge, qui arrivait de partout, était stocké pour l'essentiel chez Eliane, causant un réel encombrement. Les bénévoles s'y sont plusieurs fois retrouvés pour effectuer un premier tri et tenter de trouver une solution pour répondre aux demandes qui leur étaient faites par les habitués de l'ancien vestiaire. La solution a été trouvée grâce à Monsieur SANQUER, directeur de l'école Saint Nicolas à Kergréis, qui a pallié l'absence de décision de la municipalité en mettant à la disposition de Terre d'Espoir l'ancienne cantine de l'école. A charge pour l'association d'y effectuer les travaux permettant l'accueil du public. Le coût des travaux s'élève à 1.200 Euros ; la municipalité vient de nous accorder une subvention de 1.064,88 Euros, nous l’en remercions. Grâce à tous les bénévoles et à leurs époux, les travaux ont été vite achevés. Il a fallu abattre les cloisons, changer une partie du plancher et du revêtement de sol, peindre les murs et le plafond, installer des w.c, bref tout a été remis à neuf. Le “vestiaire” de Kergréis est ouvert depuis le 23 avril 2003 ; nous l'avons signalé dans la presse, mais c'est surtout par le bouche à oreille que la plupart des personnes l'ont appris. Nous avons constaté que le besoin est grand et que de plus en plus de personnes y viennent. Le local se trouve en haut du parking de la galerie marchande, derrière l'école Saint Nicolas. Le vestiaire est ouvert le mercredi et le vendredi de 14 heures à 16 heures 30. Venez nous voir ! Chacun doit se sentir à l'aise, il n'est pas nécessaire d'acheter, vous serez les bienvenus ! Comme avant, nous acceptons vêtements, chaussures, vaisselle, linge de maison, dons etc... Les gens nous demandent de tout, en état si possible, par Terre d'Espoir remercie Le Collectif Landernéen pour les droits de l'homme et la solidarité q u i a a c co r d é u n e a i d e exceptionnelle de 800 Euros à l'association pour son action en Inde. L'Association des Professions de Santé de Landerneau, qui, au cours de son Assemblée Générale, nous a remis un chèque de 1.000 Euros pour soutenir nos actions. Merci pour ces aides généreuses et bienvenues en ces temps difficiles. Nous remercions aussi très chaleureusement Pour nous contacter vous pouvez téléphoner à : Madame Lemoine et Monsieur Moign Pharmaciens à Landerneau Marie-Thérèse GUIADER Tél : 02.98.21.49.25 Monsieur Raynaud et Madame Humbert Pharmaciens à Sizun Eliane HASCOET Tél : 02.98.85.07.61 pour le matériel qui nous a permis encore cette année de soigner de nombreux enfants et adultes. Annick COULOIGNER Pour toute l'équipe de bénévoles du vestiaire de Landerneau TERRE D’ESPOIR MORLAIX Les membres du local à papier de Morlaix ont décidé de prendre leur indépendance, ceci malgré les réserves soulevées lors de l'Assemblée Générale de Terre d'Espoir. Leur nouvelle association est parue au Journal Officiel sous le nom de Terre d'Espoir Morlaix. p. 3 TERRE D’ESPOIR A COLVA- GOA année 2002 - 2003 Comme chaque année nous avons retrouvé les enfants et Muni le 17 novembre 2002. Le 18 à 7 heures nous avions une centaine d'enfants au bhadgi pao (ragoût de légumes accompagné d'un pain et d'un thé au lait sucré). Le 19 ils étaient déjà 132 et le nombre n'a jamais diminué au cours des jours et mois suivants. Dès les premiers jours, comme d'habitude, nous avions beaucoup de malades que nous avons fait soigner par ordre de priorité, car c'est environ une dizaine par jour que nous devons amener chez le médecin, beaucoup de problèmes infectieux aggravés par la malnutrition. De 7 h à 9 heures le "dispensaire en plein air " fonctionne bien. Les bobos de toutes sortes sont extrêmement nombreux et le matériel fourni par les pharmaciens nous est très précieux. Terre d'Espoir scolarise une cinquantaine d'écoliers, mais seulement 20 à 25 fréquentent l'école très régulièrement et bénéficient du repas de midi et d'uniformes. Mais tous ont reçu le matériel scolaire (cahiers, crayons, livres etc...) ainsi q'un cartable. Six de nos écoliers ont changé d'école, ayant terminé les 7 années de scolarité à l'école gouvernementale. Ils sont donc passés dans une école privée où il leur reste 3 ans à faire pour avoir l'équivalent du BEPC (Brevet des Collèges) chez nous. Cela leur permet déjà, s'ils ne peuvent continuer après, d'avoir peut-être un poste dans l'administration. Ceux ci ont beaucoup progressé en anglais grâce à Michel CASSET qui leur donne tous les jours pendant son séjour à Colva un soutien scolaire en anglais et leur a aussi fourni à chacun dictionnaire et atlas. L'école en plein air de 15 heures à 17 heures continue. Les deux institutrices, Rekka et Ch a b ira , de l' asso cia t io n indienne Jan Ugahi, prennent en charge les enfants qui travaillent et ne sont pas scolarisés, et donnent un soutien scolaire aux écoliers. Tout le matériel nécessaire au fonctionnement de cette "école en plein air" est fourni par Terre d'Espoir. Depuis quelques années les enfants ont pris l'habitude de nous confier l'argent gagné par leurs "petits boulots". Vers 18 heures ils viennent avec leur petit pécule et nous notons sur un carnet, une page pour chacun, les rentrées et les sorties (comme à la banque). Ils appellent ça la "becari bank" ce qui veut dire banque des mendiants ou des pauvres. Tout ceci afin d'éviter que dans la nuit un plus grand ne vienne leur faire les poches et les délester d e leu r a rg en t g ag n é si durement. De plus le seul coffrefort qu'ils puissent trouver dans la journée est le sable de la hutte bien souvent visité. Cet argent ne sert pas à acheter des bonbons mais à se nourrir pendant la saison des pluies quand il n'y a plus de travail. Marion Comme chaque année, Marion, notre amie Allemande, est revenue à Colva, charriant depuis l'Allemagne dans un énorme sac de golf, 40 kilos de vêtements pour les enfants. Ceux qui voyagent savent la difficulté qu'il y a à transporter un bagage de 40 kilos. p. 4 --------------------------- Christina : le retour --------------------------Après le déjeuner des écoliers, nous rentrions à notre appartement. Christina nous attendait, un bébé d'une semaine dans les bras. Elle venait de mettre au monde son quatrième enfant et elle vivait dans la rue avec le bébé, Natacha, Valerio et Benzi. Elle venait nous demander de la reloger. Avec un si petit bébé il était difficile de la laisser dans la rue. Terre d'Espoir a donc loué une petite maison (9 m2) pour loger toute la famille, au moins jusqu'à ce que le bébé grandisse un peu et qu'elle puisse retrouver du travail. Natacha, 8 ans, que nous avions réussi à envoyer à l'école les années passées, travaillait à cette période dans les rizières et était la seule à faire rentrer un peu d'argent à la maison. Seule force possible de travail, elle portait à 8 ans la charge complète de la famille. --------------------------------------------Francisco Environ un mois après notre arrivée à Colva, Michael est rentré de l'école complètement catastrophé. Il était accompagné de son frère Francisco qui venait de lui annoncer qu'il était gravement malade. Le médecin venait, au vu des résultats de laboratoire, de lui confirmer qu'il avait une hépatite B aiguë très grave et que s'il ne se soignait pas il ne lui restait environ que quatre mois à vivre. Pour lui c'était un arrêt définitif, car si les visites en milieu hospitalier sont gratuites, tous les traitements sont payants et avec 700 roupies (14 Euros) de salaire par mois, il était pour lui impossible et inimaginable de se soigner. Nous lui avons immédiatement fait arrêter son travail (il est apprenti boulanger) et pris rendez-vous à l'hôpital. Après quatre visites à l'hôpital il n'y avait toujours aucun traitement de mis en route. Il s'est soudain mis à vomir du sang. Par l'intermédiaire du docteur Umesh qui soigne nos enfants, nous l'avons fait hospitaliser d'urgence dans une clinique privée. Michael devait rester près de lui pour pouvoir aller chercher les médicaments à l'extérieur de la clinique dans les pharmacies de la ville ; il devait aussi lui porter ses repas. Dans les cliniques privées vous devez payer les visites du médecin, les soins infirmiers, les analyses de laboratoire, les médicaments, la chambre et la nourriture. Francisco est resté quinze jours à la clinique. Il a pu sortir quand les analyses se sont améliorées. Sa convalescence s'est passée à la maison. Quinze jours avant notre départ, les résultats des analyses étaient négatifs et le médecin lui permettait de reprendre progressivement son travail. Le coût total du traitement et de l'entretien des deux frères a été de 40.000 roupies (800 Euros), mais qu'est-ce en comparaison de la vie d'un garçon de 15 ans ! Au moment de l'hospitalisation de Francisco, c'était la période des examens de fin d'année à l'école. Michael devait rester à la clinique avec son frère et n'a donc pas eu la possibilité de les passer. Nous avions réussi à négocier avec les institutrices son passage en 8ème classe bien q'il n'ait pas passé ses examens. Mais quand il a compris que son frère était tiré d'affaire, il a soudain réalisé que si nous n'avions pas été là, Francisco serait certainement mort et il a décidé de quitter l'école et de chercher du travail. Nous avons essayé, ainsi que les institutrices, de l'en dissuader, mais il a persisté dans sa décision. Basu Basu est un petit garçon de 8 ans qui travaille déjà dans un restaurant. Il vit sur le toit d'un hôtel désaffecté avec ses deux petites sœurs Deama et Durgama et ses parents. Il est venu un matin nous montrer une vilaine plaie qu'il avait à la fesse. Après une visite chez le dermatologue et une biopsie, il s'est avéré qu il s'agissait d'un “lupus” nécessitant un traitement de longue durée. Terre d'Espoir a fourni les médicaments qu'il doit prendre matin et soir sans interruption. Nous espérons qu'il les aura bien pris pendant toute notre absence, car en février la plaie était guérie et il se portait déjà beaucoup mieux. Basha Début 2001, Basha, dont nous avons déjà parlé dans l'avant-dernier bulletin, a commencé des soins chez un orthodontiste, pour une malformation importante de la mâchoire. Après deux ans de traitement tout va parfaitement bien et comme vous allez le constater sur la photo, il est devenu un magnifique garçon. Quand nous avons quitté l'Inde en mars 2003 il lui restait environ six mois de traitement. p. 5 Shamon Shamon a 9 ans et est déjà un garçon très sérieux. Malheureusement, il ne va pas à l'école car il travaille beaucoup. Il a une multitude d'employeurs (qui ne paient pas toujours !) dont le cuisinier qui prépare le bhadgi pao des enfants. Tous les matins, dès 6 h 30, il est au travail, mettant en place les tables. De 7 h à 9 h il sert le thé, le pain et le ragoût de légumes aux enfants. Ensuite il débarrasse tout et fait le balayage devant et dans les boutiques avant leur ouverture puis il charrie l'eau pour les restaurants, fait de nombreuses courses et porte les paquets pour divers magasins. Malgré cela, quand il n'est pas trop fatigué, il va quelquefois à l'école en plein air et à la couture avec Hilda ! Sa journée se termine vers 20 ou 21 h. Sumita Sumita, 8 ans, a trois sœurs et un frère. Ils sont tous scolarisés car les deux parents travaillent. La mère est femme de ménage dans un hôtel, le père est tailleur de pierres, et tous deux sont très soucieux de l'éducation de leurs cinq enfants. Quand elle était petite, elle est tombée dans le feu qui sert à faire la cuisine, elle a eu la tête et la main brûlée. La cicatrice de la brûlure à la tête peut être cachée par les cheveux mais il ne lui reste plus que le pouce à la main brûlée. Michel CASSET Souvenirs de Colva Dans le dernier bulletin, j'ai essayé de vous raconter la vie à Colva avec Janine et Jean-Louis, les 130 enfants et les amis. Dans ce petit port de pêche ou s'est développé un certain tourisme, c'est une ambiance familiale où les enfants sont omniprésents où que vous alliez, à la plage ou faire des courses, et même lorsqu'ils effectuent des petits travaux, ils se déplacent pour venir vous dire bonjour. J'ai omis de vous décrire une scène qui se passe le soir quand nous nous retrouvons, résidents et amis de passage, pour l'apéritif chez Mama qui tient un restaurant sur la place de Colva et est devenu notre point de rencontre. Pendant que nous bavardons, des jeunes comme des vieux, s'approchent discrètement de Janine, tenant à la main des roupies. Sans un mot Janine sort de son sac un calepin, trouve le nom de l'intéressé, annonce le montant des sommes déjà versées et le nouveau solde avec les gains de la journée. Les dépôts sont très variables, 10, 20, 50 roupies, quelquefois plus ( 50 roupies = 1 Euro ). Ces pauvres gens n'ont pas de domicile et dorment pour la plupart sur la plage où les vols sont monnaie courante. Grâce à ce système, de novembre à mars, ils ont la possibilité de mettre leurs économies en sécurité et de retirer les quelques roupies dont ils ont besoin dans l'immédiat. N'oublions pas que la banquière prend la responsabilité de dizaines de milliers de roupies pendant des mois. Si Janine sait soigner les enfants, elle sait aussi se transformer en caisse d'épargne, comme quoi l'aide aux pauvres n'a pas de limites. Je ne cesserai pas de répéter à tous ceux qui nous aident, dont les amis du Rotary Club de Landerneau, qu'une partie de l'argent que nous obtenons de la vente de vêtements et de papiers, est consacrée aux enfants de Colva. Grâce au dévouement de Janine et Jean-Louis, toutes ces sommes, sans exception, vont aux pauvres. J'ai appris pour mon bonheur ce qu'est le bénévolat. M. C p. 6 Hilda MOAL Un matin à Bénarès... Etirée le long du Gange à la courbe - majestueuse, Bénarès, ou Varanasi - - la “Lumière”) (également nommée Kashi, est la capitale religieuse du pays, selon les croyances hindoues, la plus ancienne et l’une des sept villes sacrées de l’Inde. “Aimer l’Inde”... Larousse Peu à peu la nuit laisse sa place au jour. De loin, on entend le son de cloche et de trompette du temple hindou. Je me promène vers Dasashwamedh Ghat. Le soleil se lève et jette sa bande dorée sur le Gange. Le Brahmane fait sa puja face au fleuve pour honorer ses dieux. Des barques avec des pèlerins et des touristes glissent silencieusement sur l'eau, entourées des couronnes de fleurs et des chandelles. Les premiers pèlerins prennent déjà leur bain de purification. Ils s'immergent tout le corps dans l'eau, ensuite ils frottent leurs dents avec un bâtonnet de neem. Les Sadhous, qui ont dormi sur les marches du Ghat, se réveillent et se prosternent face au fleuve saint. Les dohbis ont déjà mis une partie de leur linge à sécher au soleil. Debout, dans l'eau jusqu'aux genoux, ils frappent inlassablement le linge sur une pierre, dix fois, vingt fois... Les petites filles ont préparé les coupelles de fleurs pour les touristes. Un Brahmane, sous son parasol, prêche la bonne nouvelle à des femmes et des hommes très recueillis. Les vaches ont repris leur éternel va-et-vient d'un Ghat à l'autre. Ma promenade m'amène au Lati Ghat, au Ghat crématorium où sont brûlés tous les jours 200 - 300 corps. Des hommes ramassent les dernières cendres de la veille. Les premiers corps arrivent. La famille - c'est-à-dire les hommes, car les femmes n'ont pas le droit d'assister aux funérailles emmènent le défunt sur une civière en bambou et le trempent dans le Gange. Le corps est couvert d'une couverture rouge et dorée pour les femmes et blanche pour les hommes et les enfants. Ensuite, les hommes vont se raser les cheveux et se couper les moustaches. En revenant, ils achètent le bois et préparent le bûcher auquel on ajoute la poudre d'encens. Plus la famille est riche, plus le bûcher est grand et en général en bois de santal. Pour les moins riches, le bois est plus ordinaire, et pour les pauvres, c'est une crémation au fuel. Tout est prêt pour mettre la civière sur le bois. Le fils aîné, ou quelqu'un proche de la famille, va allumer des brindilles au feu éternel et fait cinq fois le tour du bûcher qui s'embrase. Lexique Brahmane Membre de la première des castes, la caste sacerdotale. Sa mission est l'étude des écritures sacrées, la transmission de la connaissance Ghat Escaliers sur les rives d'une rivière, qui permettent d'accéder à l'eau Sadhou Ascète, moine errant Puja Adoration Dobhis Laveurs de linge professionnels Neemtree Arbre médicinal Il est 7 heures. Toutes les activités de la journée ont repris. Le soleil est de plus en plus haut, et le Gange enveloppé d'un voile bleu transparent suit son cours comme depuis des milliers d'années. Bénarès est vraiment la plus étrange et fascinante ville de l'Inde. H. M. p. 7 L’école de couture d’HILDA 03/01 Nous sommes arrivés à Bombay samedi matin. Ma valise manque ! Attendre les derniers bagages, faire la déclaration de perte, chercher un tampon (très important en Inde) et l'avion pour GOA est parti. Nous en avons un autre à midi. 04/01 Les enfants veulent tout de suite commencer la couture. Nous partons donc l'après-midi à Margao chercher le nécessaire : 3 ou 4 différents tissus pour qu'ils puissent choisir, du fil et des a i g u il l e s . Ch e z C a r o , l e marchand de tissus, 1 m de coton coûte 25 à 30 roupies, soit environ 60 cents d'Euros. Comme d'habitude nous faisons des cours un après-midi à Colva, le jour suivant à Betalbatim et ainsi de suite. 10/01 Tout est sur les "rails". Les filles sont très appliquées. Cette année il y a seulement 2 garçons, Moka, le sourd-muet, et Shamon. Ce garçon est toujours actif ; il balaie devant les magasins, aide à servir le "bhadgj pao", met les chaises et les tables dans les restaurants, transporte des cruches d'eau, et trouve encore le temps pour venir à la couture, et toujours de bonne humeur. Il est vraiment admirable. 20/01 Halima a eu l'idée de faire une robe. J'essaie de la dissuader mais en vain. Si Halima a quelque chose dans la tête, elle le fait ! Et sa copine Fatima veut bien sûr faire la même chose. Je ne suis pas satisfaite du résultat, mais elles sont très fières avec leurs robes et sont félicitées par tout le monde pour leur travail. 26/01 Deux petites nouvelles se sont jointes à nous, deux soeurs : Dearma et Dugarma. Avec leur famille, elles habitent tout près, sur le toit d'un hôtel désaffecté. Elles sont très mignonnes, mais la petite a besoin de beaucoup d'aide. Quelle joie quand elle a fini son petit sac ! En principe, nous ne refusons personne. Mais quand elles sont trop petites, nous leur conseillons de venir l'année prochaine. 01/02 Retour à Betalbatim. Quelle différence entre les deux groupes ! A Colva, ça crie, ça tape, ça pleure... A Betalbatim, les enfants sont beaucoup plus calmes. Le contexte familial est différent. Sumita, la plus jeune de l'année passée, est revenue avec sa soeur Laxmi et avec 4 autres petits frères et soeurs. A l'âge où n o s e n f an t s com m en ce n t l'école, elle doit s'occuper de la famille comme une mère. Sa mère travaille dans un restaurant sur la plage. Souvent, l'aînée des filles est la bonne de la mère, et plus tard, de la belle-mère. Pour nous, la condition de la fille et de la femme Indiennes est dure à accepter et souvent démoralisante. Heureusement, il y a des cas plus encourageants. Shabana, qui vendait des fruits sur la plage, a pu commencer l'école cette année. Je suis très contente pour cette fille si travailleuse. Avec les autres écoliers, elle va au soutien scolaire l'après-midi pour faire ses devoirs, et après, elle vient à la couture avec sa cousine. Sa soeur aînée suit aussi des cours d'alphabétisation. L'autre jour, nous avons rencontré leur mère ; elle nous a dit qu'elle était très heureuse que ses enfants puissent aller à l'école. 15/02 Jodi et Laxmi n'ont pas cette chance. Tôt le matin, avec un sac sur l'épaule, elles accompagnent leur mère pour fouiller les poubelles et trouver des bouteilles en plastique, des boîtes de conserve et d'autres matériels recyclables à vendre pour quelques roupies. On peut facilement imaginer l'effet désastreux sur leur santé. 27/02 La dernière semaine. Le groupe diminue. Plusieurs filles ont terminé leur travail. Selima a commencé sa quatrième jupe. Comme elle travaille très vite, elle va finir avec les autres. 02/03 J'ai du mal à quitter les enfants. Ils so nt si att ach ants et souriants, on peut leur faire plaisir avec très peu de chose. Au revoir, à l'année prochaine ! Hilda MOAL p. 8
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Extrait d’article par Richard Cannavo