Mercredi - Bérengère Krief : She`s not a Barbie girl,Mardi
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Mercredi - Bérengère Krief : She`s not a Barbie girl,Mardi
Mercredi - Bérengère Krief : She's not a Barbie girl Bérengère Krief c’est Marla le « plan cul » de la série courte de Canal + réalisée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio (1). Blondinette et charmante, la demoiselle et actrice cache bien son jeu. Sous son adorable minois ce cache une sauvageonne dévergondée mais pas écervelée avec une voix grave inattendue. Cette Lyonnaise a la tchatche, du charme et un talent incontestable pour le show BREF, une show girl est née. Bérengère la douce s’inscrit dans la lignée de Florence Foresti cash voire même trash mais toujours drôle. Elle attaque avec force verve, les techniques de dragues, les Parisien(ne)s, les programmes TV au 1er rang desquels « L’Amour est dans le Pré », l’émission de relooking de Cristina Cordula et « Belle toute nue ». Un peps de folie et beaucoup d’humour un peu potache, gossip et caustique mais parfaitement girly. Si son premier spectacle seule en scène s’appelait « Ma mère, mon chat et Docteur House », celui-ci nommé plus sobrement « One Woman show » aurait tout aussi bien pu s’appeler « Les mecs, ma télé et Natascha Kampusch ». Un humour décapant, des vannes qui s’enchaînent à un rythme soutenu avec une liberté et une modernité de ton ainsi que de thèmes. En ce moment le show c’est au Point Virgule qu’elle le fait : Texte de : Bérengère Krief et Grégoire Dey Mise en scène : Grégoire Dey Collaboration artistique : Nicolas Vital Point Virgule 7 rue Sainte Croix de la Bretonnerie 75004 Paris Mardi - Loheem L’OM au Camp des Loges ? Ah non pardon Loheem à la Loge ! (Paris 11, Métro Charonne) Un concert comme on en redemande. Milamarina pour débuter. La harpe électrique à l’honneur. Du beat. De la douceur. Le public est séduit. Le public est surpris. Mission réussie. Puis Loheem entre en scène. Julie au chant, Antoine à la guitare. Les chansons s’enchaînent et nous enchantent. Les mélodies se mêlent. Les accords nous prennent au corps. Et la voix nous laisse pantois. Une voix pure, sans barrière, sans obstacle. Un savoureux mélange d’anglais et de français. Juste ce qu’il faut de chacune des deux langues pour nous dépayser, mais pas trop. Pour nous perdre, et nous reprendre. Acoustique, électrique. Tous les plaisirs sont là. Et cerise sur la gâteau. Sublimation, Nirvana. Hommage à Kurt, ça ne s’invente pas ! Stay away ! Et on entraperçoit de nouveaux possibles. La guitare rock. La voix qui porte. Mais les lumières s’allument déjà. Loheem Facebook : https://www.facebook.com/loheem Site Web : http://www.loheem.com/ Myspace : http://www.myspace.com/loheem Noomiz : http://www.noomiz.com/loheem Lundi - Martha Marcy May Marlene Quatre prénoms pour une seule femme, c’est lourd à porter. Derrière chacun de ses prénoms se cache une histoire. Une vie même. L’éblouissante Elizabeth Olsen a été, est et sera chacune de ces femmes. (NDLR : oui oui, Olsen, les soeurs Olsen, ce sont ses grandes soeurs). « S’enfuir d’une secte. Retrouver sa famille. Se reconstruire. » Le schéma du film semble simple. Mais c’est sans compter sur le traumatisme vécu. Et progressivement, un nouveau cheminement nous apparaît. Limpide certes, hélas sans dénouement possible. « Quitter sa famille. Retrouver ceux que le sang nous fait appeler famille. S’enfoncer. Se disloquer. Perdre pied. » Perdre pied. Perdre tous ses repères. Vivre le mal. Vivre avec le mal. Revivre le mal. Et finalement céder. Lâcher prise. Sean Durkin (Two Gates of Sleep, Afteschool, Mary Last Seen, …) nous fait plonger dans la terreur (en apnée bien sûr, n’espérez pas respirer pendant ce film !) Et pour contraster au mieux avec cette terreur, quoi de plus efficace qu’une nature rayonnante ? L’innocence des décors champêtres. Le calme des étendues d’eau. Et pourtant, malgré ces magnifiques images, le jeu d’acteur saisissant d’E. Olsen, personne à la sortie de la salle n’ose prononcer le désormais facebookien « J’aime ! », tant ce film éprouve le spectateur, tant il lui demande, tant il exige de lui. Réalisé par : Sean Durkin Avec : Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sarah Paulson Bande annonce (VOST) : Week-end - Once Once de beauté subtile et authentique, ce film irlandais est une merveille. A voir autant qu’à écouter. L’histoire est simple. A Dublin, un musicien de rue se lie d’amitié avec une jeune tchèque, pianiste et chanteuse comme lui. Il répare des aspirateurs dans la petite boutique de son père et compose des chansons inspirées d’une rupture douloureuse. Elle est mariée à un homme absent et collectionne les petits boulots pour élever sa fille. Si elle ne cède pas à ses avances, c’est ensemble qu’ils apprendront à se surpasser en enregistrant des chansons capables de changer le cours de leurs vies. Tourné en deux semaines seulement avec des chanteurs professionnels comme acteurs principaux (Glen Hansard et Markéta Irglová), ce film de John Carney ressemble parfois à un documentaire. Un choix délibéré du réalisateur qui pense « qu’un morceau de musique de deux minutes peut s’avérer tout aussi puissant qu’une conversation d’une journée ». Evident sans jamais être attendu, délicat en tout point, ce film simple est un bijou. Once, réalisé par John Carney avec Glen Hansard et Markéta Irglová. Prix du public au festival de Sundance. Sortie en 2007. Once Jeudi - Exhibitions Cela a commencé avec les grandes explorations, l’Amérique de Colomb en tête. L’Autre alors découvert devient un curieux phénomène. Il répugne, effraie, amuse, provoque pitié, excitation… Alors on le montre dans des grandes foires aux bestiaux humains que l’on nomment Expositions Universelles. La dernière a eue lieue en 1958. L’arrivée du cinéma et le besoin de montrer que le « sauvage », grâce à la colonisation, est désormais civilisé, auront raison de ce mode de divertissement. En 2012, on se balade dans les couloirs sombres de cette histoire encore trop tue, à travers les femmes à barbes, siamois, nains et peuples exotiques d’ici et d’ailleurs, de nulle part surtout quand le public réclame plus d’exotisme, on invente. Et dans ce cabinet de curiosités qui légitime la version officielle des grandes ambitions coloniales de l’époque, on se sent mal à l’aise. Parce qu’en 2012, on se rend dans cette exposition d’expositions universelles qui, certes, a le mérite de frapper les consciences mais qui est aussi la preuve que la page est loin d’être tournée. Que l’inconscient collectif n’est pas guéri. Que le malaise est toujours là. Exhibitions, l’invention du sauvage, au musé du Quai Branly, jusqu’au 3 juin 2012. Mercredi - Fantastic Nobody : Bonjour veaux, vaches, cochons.... Le groupe Fantastic Nobody, formé en 2010, est composé de super héros incognitos avec des noms d’animaux : Bunny à la basse, Fish pour le chant et Birdy à la batterie. Let’s dance! Leur son animal est métissé et très rythmique. On ressent sauvagement des influences rock mais aussi de pop et de disco avec une touche d’électro (clavier), apportée par Mel Fish la clubbeuse. Mélanie Fish c’est une frenchy, plasticienne, qui chante en français mais pas comme une vache espagnole. Elle est comme un poisson dans l’univers du lapin et du petit oiseau qui avaient fondé le groupe Asyl (1) en 1995. Les 3 fantastiques aiment à imposer leur rythme efficace, leur univers frais et azimuté et le flow de leurs mots sur des images. Breath est ainsi une des chansons qui figure sur la B.O de «Tout ce qui brille»(2). Très aboutie et planante cette chanson est de celle qui vous trotte en tête et vous ravigote. alt : Noomiz Sex toy a quant à elle été composée dans le but de rythmer le générique d’un reportage signé par Canal+ au sujet de la masturbation féminine : «Les Branleuses» (3). Sa légèreté et son super gimmick nous font ronronner de plaisir. alt : Noomiz En 2012, Fantastic Nobody signera la totalité de la Bande Originale du film « Nous York » (4). Des extraits musicaux sont attendus et de pied ferme pour le mois d’ avril. Un petit groupe, par le nombre de protagonistes mais un grand groupe pour la carrière qu’on leur souhaite de faire dans la jungle du star system, une fois qu’ils auront gagné un peu en maturité. Notes : (1) Asyl : Groupe de rock français formé en 1995 à La Rochelle composé de Nicolas Freidline, de son frère Benjamin (aujourd’hui membres de Fantastic Nobody), d’Antoine de Saint- Antoine et de Mathieu Lescop. (2) « Tout ce qui brille » Comédie française réalisée par Géraldine Nakache, Hervé Mimran avec Leïla Bekhti, Géraldine Nakache et Audrey Lamy (2010). (3) « Les Branleuses » Documentaire diffusé le 06/07/2011 par la chaîne cryptée Canal+ et réalisé par Frédérique Barraja (photographe). (4) « Nous York » Comédie française réalisée par Géraldine Nakache et Hervé Mimran dont la sortie sur grand écran est annoncée pour le 7 novembre 2012. Ce film réuni à nouveau Leïla Bekhti et Géraldine Nakache. (5) La Laitière et le Pot au lait, Fable de La Fontaine : « Adieu veaux, vaches, cochons, couvées » signifie perdre ses illusions. Lundi - Drive : J'te dépose ? Dans la salle et à l’écran, la course poursuite a démarré. Spectateur bien attaché. Prêt à recevoir une claque visuelle. Pas besoin d’attendre très longtemps, les premières images donnent le ton. Une réalisation à couper le souffle, une photo à rendre jaloux un Jean-Pierre Jeunet. Et un Ryan Gosling en cascadeur pilote, épatant. A l’image de sa voiture. Un extérieur lustré, polissé. Mais qui cache bien son jeu, et peut se montrer hargneux, haineux, violent. « A real hero » en somme … Dépêchez-vous d’aller prendre votre claque sur un grand écran, il sera bientôt trop tard, et vous devrez vous rabattre sur un morne écran de télévision … A noter toutefois la petite faiblesse au niveau de la synchro son … (n’est-ce pas Ben ?) Week-end - Et que le vaste monde poursuive sa course folle... Le 7 août 1974, un funambule tire un câble entre les Twin Towers et offre à New York ébahie le spectacle de sa traversée. Au même moment un moine qui consacre sa vie à améliorer celles des prostituées du Bronx trouve la mort dans un accident de voiture. A ses côtés Jazzlyn, l’une d’entre elles laisse derrière elle deux petites filles. Elle tapinait depuis sa plus tendre enfance entre sa mère et les cuillères d’héro… Ces petites vies encastrées les unes dans les autres offrent au lecteur un somptueux panel d’odeurs et de couleurs new-yorkaises. Odeur de l’argent, odeur de la crasse, vue vertigineuse. Cet assemblage de petits destins est à l’image de la ville qui les abrite. Grandiose. Le titre de ce roman emprunté au poème d’Alfred Lord Tennyson, Locksley Hall : « Et que le vaste monde poursuive sa course folle vers d’infinis changements… » donne le ton. S’en suit un grand roman. Tout était fabuleux, y compris les décentes et la déprime […] Je n’ai pas peur de le dire : les taxis se battaient pour moi. Mais la vie nocturne me vidait, la me jaunissait les dents, j’avais le regard voilé. Parfois mes yeux avaient pratiquement la couleur de mes cheveux. Une drôle de sensation ça, quand la vie vous quitte par le cuir chevelu. Un drôle de fourmillement. Colum McCann, Et que le vaste monde poursuive sa course folle Editions Belfond, 2009, 20€90 Jeudi - Barbie K.O Battre sa femme, un devoir conjugal L’artiste et collectionneuse d’images Céline Delas, a conçu une série de tableaux collages sur le thème : « Barbie au tapis », décidant que les héroïnes Betty Page, symbole de la libération sexuelle et Wonderwoman auraient enfin la victoire sur Barbie, femme objet imposée par la société. C’est la représentation de la femme qui est ici dénoncée, à travers le détournement de l’imagerie la concernant. Des toiles dans lesquelles elle évoque avec force les violences faites aux femmes, le sexisme, les tâches ménagères, l’enfermement religieux… » on me dit souvent qu’il y a une certaine violence dans mes toiles, ça ne m’est pas apparu. Il y a par contre des revendications et des choses à dire, ça oui! » kiss me Exposition à la librairie Violette and Co, Paris 11ème, jusqu’au 4 mars. Entrée libre. Mercredi - Boulbar - Highway to... America C’est dans la salle du Réservoir que se tient la soirée «We are The Lions». C’est dans cette cale de bateau baroque délattée aménagée de bric et de broc et de miroirs au lustre d’antan, que nous avons voyagé avec Bertrand Boulbar. Cet artiste français, auteur, compositeur et interprète a entrepris un road trip entre New York et San Francisco : 8000 kilomètres… pas loin de 5000 miles sur l’asphalte. Armé de sa guitare de son harmonica et d’une carte, il prend les routes secondaires, il roule sa bosse à la recherche d’une autre Amérique. Il livre son carnet de voyage psychédélique et émouvant : ses rencontres, ses émotions, ses insomnies, les paysages. Un texte poétique et percutant posé d’une voix sourde et grave qui nous conduit « passager sans bagage » en terre comanche. Pour parachever cette invitation au voyage sur la scène du Réservoir, Bertrand Boulbar était accompagné d’un dessinateur, bricoleur, scrabooker, Vincent Gravé qui nous entraîne dans le rêve un peu plus encore. Le 27 Février sortira son 3ème album « Motor Hotel » consacré à cette errance américaine de motels en stations services, minostalgique d’une Amérique 60’s, mi-contemplatif face aux grands espaces qui inspirèrent Kerouac et Ginsberg. Quand Iggy Pop (de « American Dream ») et Gerald de Palmas se rencontre Into the wild (2) ça donne ça : Burnsville – Trailer de l’album Motor Hotel -… par roymusic « Burnsivlle, 500 habitants et pas grand chose à faire, à part se marier, Avec son ami d’enfance, Il suffira d’une danse, Au bal de Sunshine Vallee » Roy Music vous dit quelque chose c’est peut-être parce que la talentueuse rockeuse Mademoiselle K qui voulait tant aller « Jouer dehors » et l’empereur de « La tristitude » Oldelaf, viennent de la même maison… Prochain concerts : Jeudi 8 mars 2012 – Les Trois Baudets (Paris – 75) – 20h00 Samedi 28 avril 2012 – Casino (Dax – 40) – 20h00 Vous avez demandé la Police, ne quittez pas... Dans la série « The Wire » (en français « Sur écoute »), c’est la police criminelle de Baltimore que vous aurez au bout du fil. Mais quel que soit l’objet de votre appel, ça n’est pas vraiment vous que veulent entendre les inspecteurs Jim McNulty (Dominic West) et Lester Freamon (Clarke Peters). Eux, c’est les anti-héros des vrais des durs, ils font leur numéro pour pincer les « méchants » de Baltimore et combinent des talents tels que mauvaise foi, alcoolisme et infidélité. Leur tour favori est la mise sur écoute. Sauf qu’il ne suffit pas de coller son oreille au biniou pour ouïr tous les mauvais coups fomentés par les trafiquants et mécréants de diverses espèces. Les écoutes c’est bien sur des machines avec des diodes lumineuses de partout, des numéros qui s’affichent, des chronos qui tournent, des statistiques informatiques et surtout de la paperasse administrative, mais ça n’est pas que ça sinon on serait tenter de raccrocher. Emmenés par l’arbitraire et abusif Major Rawls (John Doman) et le charismatique lieutenant Cedric Daniels (Lance Reddick), les agents de la crim’ brisés par une hiérarchie « the chain of command » pas très flexible usent leurs semelles sur le terrain. Le terrain de leurs enquêtes c’est les cités « The project » (Saison 1), les docks du port (Saison 2), les meetings politiques (Saison 3), les lycées (Saison 4) et les locaux de l’édition du journal local (Saison 5). Le fil rouge reste cette équipe attachante de bras cassés qui se planquent, traquent, patrouillent et fricotent avec des crapules. Et quelles crapules !! Le personnage ambivalent d’Omar Little (Michael K. Williams) et le musculeux Stringer Bell (Idris Elba) sont fascinants. Leur proximité troublante et la complexité de l’histoire rend parfois ces leaders de délinquants plus attachants que la Police. Sans en révéler trop, cette scène issue de la saison finale est parfaitement révélatrice de l’ambiance de The Wire : The Wire a été créée par David Simon et co-écrite avec Ed Burns diffusée sur HBO à partir de 2002. La série préférée de Barack Obama (Las Vegas Sun) est avant tout une véritable fresque sociale. Le message est clair : « The Wire » est aussi une approche sociologique de la vie urbaine et des inégalités. A regarder en VOST de préférence car l’argot des cités et celui de la marée chaussée sont croustillants ! Lundi - La guerre amoureuse « Une rencontre finlandaise ». Le dernier roman de Jean-Marie Rouart, de l’Académie Française, publié début 2011, commence par cette citation de Nietzsche : « L’amour dont la guerre est le moyen et dont la haine mortelle des sexes est la base ». Dans ces quelques mots, tout est dit de la suite. Cette guerre est sans doute la seule que toutes et tous recherchent, à laquelle tous se livrent à corps et à coeurs perdus. Et à la lecture des pages de l’académicien, on en vient à penser que la seule issue est la défaite. Pour chacun des camps. Drôle de guerre s’il en est. Celle à laquelle il nous est donné d’assister dans ce roman, s’est déclarée en Finlande. Une rencontre, qui s’est très vite muée en certitude. En passion. En déchirements. France. Finlande. Mariage. Séparation. Adultère. Fidélité. L’être désiré, l’être aimé, se transforme en tyran. Le narrateur en subit les conséquences. Sado-masochisme, mensonges, jalousie, délaissement. Toute l’éventail de la torture sentimentale lui devient familier, bien malgré lui. Et naturellement, personne n’en ressort indemne. Qui du bourreau ? Qui de la victime ? Bien malin saurait y apporter une réponse. La guerre amoureuse. Histoire d’une vie. Auteur : Jean-Marie Rouart Editeur : Gallimard Date de parution : janvier 2011 ISBN : 2070131041 Week-end - De cendres et de papier Dans un pays en guerre, deux fossoyeurs sont chargés de brûler les morts. Avec les cadavres, ce sont les paumes de leurs mains qui s’échauffent, leurs cheveux qui grésillent, les illusions du nettoyage qui s’envolent un fumée. Une femme, laissée pour morte, se relève et se joint à eux. Elle se met à travailler à leurs côtés mais à sa manière. Les morts, elle les recoiffe, leur caresse les joues, déplie leurs membres et leur parle. D’ailleurs, elle ne parle qu’à eux. Cette pièce de théâtre de Laurent Gaudé, publiée dans la collection « Papier » d’Actes Sud, est une grotesque tragédie qui donne à lire l’indicible. Le savon, la chaux, la fumée pour dire la douleur, l’horreur et le néant. Inspiré par le témoignage d’une réfugiée kosovare, Laurent Gaudé prouve ici que les tragédies du 21e siècle n’ont rien à envier aux drames antiques. J’ai longé des routes, Traversé des terres que je ne connaissais pas. J’ai fait saigner mes pieds. J’ai erré longtemps jusqu’à atteindre, un jour, le haut de la colline. Je me suis arrêtée. A mes pieds, Sur des kilomètres, à perte de vue, se tenait un campement. Un amas immense de tentes et d’abris. Une ville entière d’enfants pieds nus et de réfugiés. Je suis restée là, à les contempler. J’ai embrassé du regard cette foule qui se tenait serrée. Et je suis descendue, lentement, au milieu des miens. Cendres sur les mains Laurent Gaudé Actes Sud-Papiers 42 pages, 7,50 e Vendredi Quel est le rapport entre un toutou bien dressé et un journaliste militant ? Les toutous et les journalistes peuvent au sens de Paul Nizan être des « chiens de garde » (1). Si le premier a le mérite de défendre votre humble demeure, le second peut défendre la république et la liberté de penser, d’écrire et de faire savoir. Or, en ces temps de campagne électorale n’est-il pas nécessaire de se replonger dans ces notions d’indépendance, objectivité et pluralisme!? Serge Halimi a écrit Les nouveaux chiens de garde en 1997 aux Editions Liber – Raisons d’Agir après la crise de 95. Le livre fait écho au pamphlet de Nizan Les chiens de garde. Le propos était évidemment actualisé puisqu’en lieu et place des philosophes gardiens de l’ordre établi on retrouvait ici les journalistes, éditorialistes… Une réflexion bien étayée sur la force des médias en tant que « contre-pouvoir ». Le postulat partisan étant le suivant « Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur. » L’ambiance est donc posée, le texte est vindicatif et certains passages sont écrits au vitriol. On y apprend par exemple que Christine Ockrent (cible privilégiée de ce « jeux de massacre ») fait des « ménages » c’est à dire des interventions payantes, rémunérées par des entreprises du CAC40 pour y évoquer des sujets de société. Ce qui implique une parfaite partialité lors du vote des lois et ce n’est que le début de la longue liste des connivences et népotismes entre politiques et journalistes. A défaut d’être modéré et de taper aussi sur les politiques « du moment », ça fait réfléchir! L’ouvrage date de 1997 : pourquoi diable en parler aujourd’hui ? Et bien parce qu’Halimi s’est adjoint les services de Pierre Rimbert, Renaud Lambert, Gilles Balbastre, Yannick Kergoat pour scénariser un film basé sur son livre. Le film « Les nouveaux chiens de garde » est sorti le 11 Janvier 2012 et est diffusé dans des salles d’art et d’essai (2). Il est rythmé par une alternance d’analyses et d’archives, à la manière d' »Inside Job »(3). Serge Halimi décrit son film ainsi : « on a fait le choix d’un film de combat, qui ne prétend pas chercher la nuance en toute chose. » (1) Paul Nizan essai/pamphlet : Les chiens de garde 1932. (2) Projections (3) Inside Job, film de Charles H. Ferguson (2010), oscar du meilleur documentaire en 2011. Jeudi - Jeux de mains... Nocturne ce jeudi! Pour les insomniaques qui sont passés à côté de ces 2 minutes de folie. Look rétro-kitch, 80′, ou métal, le couple de danseurs irlandais Suzanne Cleary et Peter Harding up and overit a décidé de ne bouger… qu’avec les mains. Le résultat? Une série de vidéos étonnantes et drôles. La plus réussie, sans hésitation, leur version de la chanson We No Speak Americano (Yolanda Be Cool & D Cup) http://www.youtube.com/watch?v=iANRO3I30nM
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