Brésil: La faim et la malnutrition causent la mort d`enfants indigènes
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Brésil: La faim et la malnutrition causent la mort d`enfants indigènes
Hotline FIAN International Secretariat P.O. Box 10 22 43 D-69012 Heidelberg Tel: + 49 .6221 653 0030 Fax: + 49 .6221 830 545 email: [email protected] http: www.fian.org 0506HBRA mai 2005 Brésil: La faim et la malnutrition causent la mort d’enfants indigènes dans le Mato Grosso La faim ne cesse de tuer des enfants indigènes de la nation Guaraní-Kaiowá dans le Mato Grosso do Sul. Durant les deux premiers mois de cette année, on a enregistré six morts d’enfants victimes de sous-alimentation dans la réserve indigène de Dourados. Cinq enfants sont aussi morts de faim dans le hameau de Amambai, commune de Amambai. On estime à 17 le nombre d’enfants de moins de cinq ans morts de sous-alimentation dans les hameaux indigènes du Mato Grosso do Sul. Cette situation est due au manque de terre, suite aux vols de terres des peuples indigènes et à la destruction de leurs territoires traditionnels, et à la politique de restriction qui empêche la liberté de mouvement des indigènes. Les forêts où les indigènes allaient chasser ont été détruites par des compagnies forestières et par les tracteurs des grands propriétaires. L’échec du gouvernement brésilien à protéger les ressources naturelles des peuples indigènes dans le Mato Grosso do Sul constitue une violation grave des droits humains et est à l’origine de la mort des 17 enfants indigènes. Il est très important de faire pression sur le président Lula pour qu’il prenne des mesures urgentes pour résoudre le problème de la faim dans les villages indigènes. Veuillez écrire au Président Lula avec copie au Ministre Rapporteur du Tribunal Supérieur de Justice Arnaldo Esteves Lima. Veuillez aussi informer le Centre de Défense des Droits Humains Mafaldo de Souza. Contexte Dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, la population Guaraní-Kaiowá compte environ 27.500 personnes. Traditionnellement, ces communautés indigènes s’organisaient en groupes qui parcouraient un territoire très vaste. La terre où vit ce peuple est appelée par eux Tekoha , ce qui signifie “le lieu où nous réalisons notre manière d’être’’. Les Guaraní-Kaiowá déambulaient sur leur territoire à la recherche du meilleur endroit où reproduire leur organisation sociale mais aussi pour résoudre +pacifiquement les conflits entre les groupes indigènes. La situation des Guaraní-Kaiowá a commencé à se détériorer au début des années 1970, quand le soja a été introduit dans le Mato Grosso do Sul et a contribué à réduire la superficie des terres indigènes . Avec la mécanisation des terres, plus aucun espace n’a été inoccupé. Entre 1915 y 1928, certains territoires indigènes avaient déjà été délimités et leur taille réduite, mais jusqu’aux années 70 il restait encore des zones refuge pour les indigènes. Les Guaraní-Kaiowá parcouraient les terres de grandes propriétés et les lisières des forêts pour y chasser et y cueillir des médicaments. Dans les années 80, leur espace s’est encore trouvé réduit et la mécanisation des terres s’est accrue, ce qui ne permet même plus aux Guarani d’offrir leur force de travail dans les plantations. La taille réduite de leur territoire ne permet plus aux Guaranis de changer de lieu de vie comme auparavant. Cela permettait pourtant de soulager des tensions. Aujourd’hui que leur espace est très limité, les Guaraní-Kaiowá s’adonnent à la boisson, à la violence et aux drogues. Puisqu’ils n’ont plus de perspectives, l’alcoolisme augmente et depuis les années 90, les suicides aussi. La situation des terres indigènes Kaiowá Guaraní est parmi les pires du Brésil. Sur 45 Territoires indigènes reconnus, 16 n’ont aucune protection, pour 14 les démarches administratives ne sont pas terminées et seulement 15 sont régularisés. Il s’agit là de toutes petites superficies herbeuses, complètement déboisées. Ces terres indigènes couvrent environ 100 mille hectares mais les indigènes n’en possèdent effectivement qu’environ 20%. Le reste est occupé par des fermes d’élevage ou par des plantations de soja. Les suicides de même que les récents cas de faim et de sous-alimentation qui ont déjà causé la mort d’au moins 6 enfants indigènes de Dourados cette année sont en lien direct avec la taille réduite des terres occupées par les Guaraní-Kaiowá. Afin de résoudre ce problème, les institutions publiques distribuent de la nourriture. Mais les colis de nourriture distribués ne sont pas suffisants et ne respectent pas les habitudes alimentaires du peuple Guarani. Les Guaraní-Kaiowá veulent pouvoir produire à nouveau leur propre nourriture. Il faut pour cela que certaines conditions soient remplies. Pour pouvoir recommencer à planter, ils doivent récupérer leurs terres et pour cela ils ont besoin du soutien du gouvernement. Les terres doivent être enregistrées et ceux qui les ont envahies doivent partir. Le mandat de FIAN L’Etat brésilien est Etat partie au Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), de la Convention Américaine sur les Droits Humains, du Protocole de San Salvador et de la Convention 169 de l’OIT. Il a donc l’obligation de respecter, protéger et garantir le droit à se nourrir des peuples indigènes. Le manque de terres est le résultat de la violation de la part de l’Etat brésilien de son obligation de protéger la propriété des terres des peuples indigènes Guaraní-Kaiowá dans le Mato Grosso do Sul, ce qui est la cause principale de la mort des enfants. Selon le Pacte, l’Etat brésilien a l’obligation de faciliter, avant tout, l’accessibilité des aliments afin que les enfants ne meurent pas de faim et de garantir des aliments culturellement adéquats . Fin de l’action: 18 juillet 2005 Adresses Presidente do Brasil Luiz Inácio Lula da Silva Palácio do Planalto Praça dos 3 Poderes Cep: 70.150-900 – Brasília/DF BRESIL E-mail: [email protected] Fax: 0055-61-4112222 Copie Ministro Relator do Superior Tribunal de Justiça Arnaldo Esteves Lima SAFS – Quadra 06 – Lote 01 – Trecho III, Cep: 70.095-900 – Brasília BRESIL E-mail: [email protected] Fax: 0055-61-319-6322 Traduction de la lettre proposée Monsieur le Président, La situation des peuples indigènes brésiliens me préoccupe beaucoup, en particulier celle des Guarani-Kaiowá de l’Etat du Mato Grosso do Sul. Durant les deux premiers mois de cette année, six personnes sont mortes de sous-alimentation dans la réserve indigène de Dourados. Cinq autres enfants sont morts de faim dans le hameau Amambai, commune de Amambai. On estime que, durant les deux premiers mois de cette année, ce sont 17 enfants de moins de 5 ans qui sont morts de sous-alimentation dans les villages indigènes du Mato Grosso do Sul. Cette situation trouve son origine dans le manque de terres, conséquence du vol et de la destruction des territoires traditionnels des peuples indigènes, et de la politique de restriction qui empêche la liberté de mouvement de indigènes. Il y a eu un processus de violence à l’encontre des personnes et des modes de vie des populations indigènes. Les forêts où ils allaient chasser ont été détruites par les compagnies forestières et par les tracteurs des grands propriétaires. C’est là que les indigènes pouvaient cueillir des aliments comme des fruits ou du miel et trouver la matière première pour construire leurs maisons et leurs ustensiles. A côté de ces victimes de la faim, on calcule qu’au Mato Grosso do Sul la sous-alimentation frappe au moins 600 enfants de différents villages. Dans la région de Amambia, 180 enfants souffrent de graves problèmes d’insuffisance alimentaire. Dans les communes de Japorã et Eldorado, près de 220 enfants ont des problèmes pour se nourrir. Dans la région de Grande Dourados aussi, 200 enfants sont dans le même cas. Je me permets de vous écrire, Monsieur le Président, parce que le Brésil est Etat partie au Pacte International des Droits Humains des Nations Unies, de la Convention Américaine sur les Droits Humains, du Protocole de San Salvador et de la Convention 169 de l’OIT. Il a donc l’obligation, au titre du droit international, de protéger et respecter le droit à la terre, le droit à l’alimentation et en particulier le droit à la vie des familles indigènes. Etant donné la situation de faim, de sous-alimentation et même de mort, et étant donné les obligations de l’Etat brésilien, je vous demande avec respect de bien vouloir prendre les mesures qui suivent afin de respecter les obligations constitutionnelles de l’Etat brésilien : • Régularisation et retrait urgent des personnes qui ne sont pas indigènes des territoires indigènes suivants : Nhande Ru Marangatu (commune de Antônio João), Lima Campo (à Ponta Porã), Taquara (Juti), Ivycatu (Japorã), Guyraroka (Caarapó), Kokueí (Ponta Porã) et Sucuriy (Maracajú). Outre la régularisation des terres, il faut prendre les mesures nécessaires pour que les personnes qui les ont envahies les quittent. La moitié des 29 zones en voie de régularisation sont confrontées à une stagnation des procédures à cause d’une mesure judiciaire. Il faut donc une révision des limites des petites zones délimitées par le SPI au début du siècle passé. • Mesures pour que les indigènes puissent recommencer à planter, à produire des aliments et pour qu’ils puissent réhabiliter les terres abîmées des anciens villages. Ces terres ont été cultivées sans relâche faute d’autres espaces à cultiver. • Distribution de nourriture compatible avec les habitudes alimentaires des peuples Guaranis, et fourniture d’eau propre et potable aux villages. • Programmation à moyen et court terme de mesures de réhabilitation des zones détruites, pour que les peuples GuaraníKaiowá puissent retrouver leur mode de vie et leur façon d’être. Merci de me tenir informé des mesures que vous prendrez. Sincères salutations. Presidente da República Luiz Inácio Lula da Silva Palácio do Planalto o 3 . Andar - Praça dos Três Poderes 70150-900 - Brasília - DF – Brasil Fax: 0055 61 411 2222 E-mail: [email protected] Excelentíssimo Presidente, Estou muito preocupado com a situação dos povos indígenas brasileiros e em especial dos GuaraniKaiowá do estado do Mato Grosso do Sul. Nos dois primeiros meses deste ano, foram registradas seis mortes por desnutrição na reserva indígena de Dourados. Além disso, mais cinco crianças morreram vítimas da FOME na aldeia Amambai, no município de Amambai. Estima-se nos dois primeiros meses deste ano, 17 crianças com menos de 5 anos morreram por falta de alimentos nas aldeias indígenas do Mato Grosso do Sul. Na raiz desta situação está na falta de terra, que é conseqüência do roubo e da destruição dos territórios tradicionais dos povos indígenas e da política de confinamento, causando a perda de liberdade dos indígenas. Houve um processo de violência contra as pessoas e contra as formas de vida das populações indígenas Guarani-Kaiowá. As matas, onde podiam caçar, foram destruídas pelos madeireiros e pelos tratores dos fazendeiros. Era lá que podiam coletar alimentos como as frutas, o mel e a matéria-prima para fazerem suas casas e o utensílio. Além dessas mortes causadas pela fome, estima-se que no Mato Grosso do Sul a desnutrição afeta pelo menos 600 crianças indígenas nas aldeias. Na região de Amambai há 180 crianças com problemas severos decorrentes da insuficiência na alimentação. Em Japorã e Eldorado existem pelo menos 220 crianças com problemas nutricionais. Na região da Grande Dourados são outras 200 crianças. Tomo a liberdade de escrever a Vossa Excelência, pois o Brasil é Estado Parte de Pactos Internacionais de Direitos Humanos da Organização das Nações Unidas (ONU) de la Convenção Americana sobre Derechos Humanos, do Protocolo de San Salvador y do Convênio 169 da OIT, e, desta forma, assumiu compromissos no âmbito do direito internacional de proteger e respeitar os direitos à terra, à alimentação e em especial à vida das famílias indígenas. Em razão da situação de fome, desnutrição, inclusive de morte, e dos compromissos do Estado brasileiro, solicito respeitosamente que Vossa Excelência que adotem as seguintes medidas, cumprindo assim suas obrigações constitucionais: • • • • Regularização e retirada urgente dos não índios das seguintes terras indígenas: Nhande Ru Marangatu (município de Antônio João), Lima Campo (em Ponta Porã), Taquara (Juti), Ivycatu (Japorã), Guyraroka (Caarapó), Kokueí (Ponta Porã) e Sucuriy (Maracajú). Além da homologação, tornar essas terras livres de invasores. Das 29 terras que estão em processo de regularização, metade está com processos paralisados mediante alguma medida judicial. Revisão dos limites das pequenas áreas demarcadas pelo SPI no início do século passado. Condições para os indígenas voltarem a fazer suas roças, a produzir alimentos e para recuperar as terras enfraquecidas das aldeias antigas. Estas terras têm sido utilizadas sem descanso por causa da falta de outros espaços cultiváveis. Ação de distribuição de alimentos que sejam compatíveis com os hábitos alimentares da cultura dos povos Guaranis. Água limpa e potável nas aldeias. Programação, a médio e longo prazo, de recuperação ambiental das áreas devastadas, na perspectiva de recompor as condições básicas do modo de ser e de viver dos povos GuaraniKaiowá Por favor, mantenha-me informado das medidas que forem tomadas. Respeitosamente Cc. Ministro Relator do Superior Tribunal de Justiça Arnaldo Esteves Lima
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