La Pologne, une démocratie populaire

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La Pologne, une démocratie populaire
La Pologne,
une démocratie
populaire
(1947-1989)
Dossier réalisé pour préparer un échange scolaire entre les élèves de Terminale du
Lycée Français de Varsovie et du Lycée Français de Prague.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
Une chronologie de la Pologne (1947-1989)
I. 1947-1956 : l’installation du socialisme soviétique en Pologne, ou la fermeture du
rideau de fer
A- 1947-1948 : vers le Parti unique
19.I.1947 - Elections à la Diète. Par la fraude et la terreur, les communistes obtiennent une large
majorité. Elimination de l’opposition anticommuniste ; le chef du Parti paysan polonais (PSL),
Stanisław Mikołaczyk doit fuir et un nouveau Parti paysan unifié est créé (ZSL).
1947-1949 – Plan triennal de reconstruction ; élimination des propriétaires fonciers et nationalisation de
la grande et moyenne industrie (les coopératives et les petites entreprises privées sont tolérées).
3.IX.1947 - Les Britanniques prennent la décision de dissoudre les Forces armées polonaises de l’Ouest.
19.VIII.1947 - Le premier numéro de la revue mensuelle « Kultura » paraît à Rome. C’est l’un des
périodiques polonais d'émigration les plus importants. Les numéros suivants sont publiés à Paris.
25-27.IX.1947 – En Silésie, à Szklarska-Poręba, les partis communistes d’Europe créent le Kominform.
Jdanov y prononce son célèbre discours en réponse à la doctrine Truman et au Plan Marshall.
12.XI.1948 - L'évêque Stefan Wyszyński est élu Primat de Pologne. Plus tard, on le surnommera
« Primat du millénaire ».
21-25.XII.1948 - Congrès de fusion du parti ouvrier polonais POP (PPR), communiste, avec le parti
socialiste polonais PSP (PPS). Formation d'un parti communiste homogène, le Parti ouvrier unifié
polonais POUP (PZPR). Bolesław Bierut, président du Comité Central du Parti.
B- 1949-1954 : le stalinisme en Pologne
1949 - Le maréchal Konstanty Rokossowski envoyé par Moscou pour commander l’Armée polonaise.
1950-1955 – Plan sexennal : anéantissement progressif de la production et du commerce privés,
liquidation des lois du marché, investissements dans de gigantesques fonderies, dans la sidérurgie et
l’armement (notamment pour servir à la guerre de Corée), collectivisation forcée des terres.
1950-1953 – Purges au sein des derniers membres de l’Armée de l’Intérieur (AK), revenus
courageusement en Pologne. Procès des généraux : Spychalski, Tatar, Mossor et Kirchmayer.
XI.1950 – Changement de la monnaie pour libérer des investissements ; cela dépouille les gens des 2/3
de leurs économies.
2.VIII.1951 - Arrestation de Władysław Gomułka, numéro 2 du POUP, dans le cadre de la lutte contre
les « penchants vers la droite nationaliste » au sein du POUP.
1952 – Czesław Miłosz, dans un essai publié à Paris, dénonce la « pensée captive », paranoïa collective.
22.VII.1952 – Adoption de la Constitution qui fait de la Pologne une démocratie populaire, la
République populaire de Pologne (PRL).
15.X.1952 - La première station de la télévision polonaise commence à émettre.
26.XI.1953 - Arrestation du cardinal Stefan Wyszyński, Primat de Pologne.
C- 1954-1956 : le début du dégel partiel et la crise de 1956
1954 - Emissions radios du colonel Józef Swiatło (Radio Europe Libre) : "Dans les coulisses du parti et
des services de sécurité".
VII.1954 – Visite de Chou-En-Laï à Varsovie.
1955 – Premières réhabilitations.
11-14.V.1955 – Signature à Varsovie du Pacte militaire entre pays communistes.
VI.1955 – Visite de Nehru à Varsovie.
III.1956 – Mort de Bierut.
28-29.VI.1956 – Les manifestations ouvrières à Poznań, inorganisées, spontanées, sont réprimées dans
le sang par l'armée. Plus de 50 personnes sont tuées.
19-24.X.1956 – « Octobre polonais » : visite de Khrouchtchev, fin du « stalinisme », Władysław
Gomułka devient premier secrétaire du POUP.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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II – Établir un socialisme « à la polonaise », 1956-1976
A- L’espoir Gomułka, 1956-1959
A partir de 1956 – Développement de la création artistique : musique, théâtre, littérature ; école
polonaise de cinéma. Tentative de réforme du système pour entrer sur la « voie polonaise du
socialisme ». Le cardinal Wyszyński et de nombreux soldats de l’AK sont libérés.
11-16.I.1957 – Visite de Chou-En-Laï à Varsovie.
31.VII.1959 - Le ministère du Commerce Intérieur proclame le lundi « jour sans viande ».
B- « La période de la petite stabilisation » (Tadeusz Różewicz), 1960-1970
VIII.1961 - Ier Festival International de la Chanson à Sopot.
A partir de 1962 – Abandon des réformes ; luttes de fractions au sein du POUP.
14.III.1964 – Lettre de 34 intellectuels et scientifiques aux autorités ; J. Kuroń et K. Modzelewski sont
condamnés en VII.1965, avec Hass et Badowski, à 3 ans et demi de prison.
18.XI.1965 – La lettre des évêques polonais aux évêques allemands, « Nous pardonnons et demandons
pardon », marque un tournant.
3.V.1966 - Cérémonies religieuses du Millenium à Jasna Góra (célébration du millénaire du baptême
de la Pologne) ; la visite du pape Paul VI est interdite par les autorités.
1967 – Le général de Gaulle en visite à Varsovie.
19.VI.1967 - Le discours de Władysław Gomułka lance une campagne antisémite. Des centaines de
juifs et de réformateurs sont démis de leurs fonctions au sein du gouvernement, du parti, de l’université
et des journaux ; un grand nombre d’entre eux quitte le pays pour l’Ouest ou Israël.
30.I.1968 - Le spectacle « Les Aïeux » d'Adam Mickiewicz, mise en scène par Kazimierz Dejmek au
Théâtre National à Varsovie, est interdit.
8-22.III.1968 - Les grèves des étudiants sont sévèrement réprimées par le gouvernement et des purges
ont lieu dans tous les milieux de l’éducation.
VIII.1968 - Les troupes polonaises participent à l'intervention militaire du Pacte de Varsovie en
Tchécoslovaquie (Printemps de Prague) en fournissant un contingent estimé à 45 000 hommes.
7.XII.1970 – Accord Pologne-RFA : reconnaissance de la frontière Oder-Neisse. Pour sa part, la RFA
reçoit l’assurance que les résidents polonais qui réclament la nationalité allemande (estimés à plusieurs
dizaines de milliers) obtiendront l’autorisation d’émigrer. Willy Brandt se recueille devant le Mémorial
des victimes du ghetto de Varsovie.
14-19.XII.1970 – A la suite d’une forte augmentation des prix, des grèves ouvrières éclatent en
Poméranie (Gdańsk, Szczecin, Elbląg). Plus de 40 personnes périssent dans les combats contre l’armée
qui durent plusieurs jours. Władysław Gomułka est écarté du pouvoir et remplacé à partir du 20.XII par
Edward Gierek, premier ouvrier authentique placé à la tête du Parti.
C- « La seconde Pologne » (Edward Gierek), 1971-1976
1971-1973 –Timides réformes économiques ; Gierek souhaite noyer les tensions dans la consommation.
31.V.1972 – Visite du président américain Richard Nixon.
V.1972 – Annonce du programme du POUP : « construire une nouvelle Pologne ».
2-6.X.1972 – Visite de Gierek en France.
X.1974 – Gierek reçu par Ford à la Maison-Blanche.
1975 – Projet de modification de la Constitution pour faire de la Pologne un « Etat socialiste » en y
insérant « l’inaltérable amitié avec l’URSS » et le rôle dirigeant du POUP dans l’Etat ; résistance des
intellectuels et de l’Eglise.
1975 – Visite du président américain Gerald Ford.
II.1976 – Approbation des changements dans la Constitution, révisés à la baisse.
25.VI.1976 – Le prix des denrées alimentaires augmente ; les émeutes de Radom, Płock et Ursus
(banlieue de Varsovie) sont réprimées bestialement par la milice.
13.VIII.1976 - Les difficultés économiques s'aggravent. Le gouvernement introduit des tickets de
rationnement pour le sucre.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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III Révolte de la société, répression, et chute du pouvoir communiste : 1976-1989
A- Le réveil de la société polonaise, 1976-1981 (François Fetjö : « Solidarność ou le miracle
interrompu »)
1) les prémisses d’un grand mouvement de contestation
23.IX.1976 - Fondation du Comité de Défense des Ouvriers (KOR), organisation d'opposition
regroupant des intellectuels (Kuroń, Michnik) et des syndicalistes créée pour obtenir la libération des
ouvriers emprisonnés pendant les émeutes de juin.
1977 - Visite du président américain Jimmy Carter.
6.I.1977 – Transformation du KOR en Comité d’Auto-Défense Sociale.
16.X.1978 - Le cardinal Karol Wojtyła est élu Pape, il prend le nom de Jean-Paul II.
2-10.VI.1979 – Première visite du Pape en Pologne.
II.1980 – Crise économique en Pologne.
2) Les évènements de l’été 1980 et leur suite
1.VII.1980 -Annonce de la hausse du prix de la viande, qui va jouer un rôle de détonateur. Le 10, la
grève générale est décrétée à Lublin ; en quelques semaines, les arrêts de travail paralysent tout le pays.
Les chantiers navals de Gdańsk deviennent le siège du Comité de grève interentreprises (MKS).
17.VIII.1980 - Le gouvernement est contraint d’ouvrir des négociations avec Solidarność, dans une
atmosphère de tension vive et de menace d’une intervention du Pacte de Varsovie.
30.VIII.1980 - Le gouvernement se résigne à la signature d'un accord avec les ouvriers (30.VIII à
Szczecin, 31.VIII à Gdańsk).
5-6.IX.1980 – Chute de Gierek. Stanisław Kania devient Premier Secrétaire du POUP.
24.IX.1980 – Reconnaissance officielle du Syndicat Indépendant Solidarité (Solidarność). Cette
atteinte au monopole du Parti dans la "représentation" de la classe ouvrière constitue une entorse sans
précédent aux dogmes du marxisme-léninisme.
1980 - Czeslaw Miłosz, poète et critique littéraire émigré, obtient le prix Nobel de littérature.
XII.1980 – Menace d’une intervention soviétique en Pologne.
15.I.1981 – Wałęsa est reçu en audience publique par le Pape, à Rome.
II.1981 – Le général Wojciech Jaruzelski devient Premier ministre.
III.1981 – Evénements de Bydgoszcz ; grève générale.
VII.1981 – IX Congrès extraordinaire du POUP. Echec des réformateurs du Parti.
X.1981 - Jaruzelski devient premier secrétaire du comité central du POUP.
12-13.XII.1981 – Dans la nuit, Jaruzelski crée le Conseil militaire de salut national (WRON) et décrète
l'Etat de siège (Stan oblężenia) et la loi martiale (Stan wojenny). Plus de 5 000 personnes sont
officiellement arrêtés durant la première semaine (dont Wałęsa). L'Etat de siège sera allégé en XII.1982
mais durera jusqu'au 22.VII.1983.
B- Le retour de la chape de plomb et l’échec de la force, 1982-1987.
16-23.VI.1983 – Deuxième voyage du Pape en Pologne.
5.X.1983 - Lech Wałęsa obtient le prix Nobel de la paix.
19.X.1984 - Le père Jerzy Popiełuszko, proche de Solidarność, est enlevé et assassiné par trois officiers
du service de sécurité. Ses funérailles, qui prennent la forme d’une manifestation, démontrent la force
de Solidarność clandestine.
4.XII.1985 - François Mitterrand est le premier chef d’Etat occidental à recevoir le général Jaruzelski.
1.VII.1986 – Visite de Gorbatchev à Varsovie.
IX.1986 – Amnistie des détenus politiques.
8-13.VI.1987 – Troisième visite du Pape en Pologne.
27.IX.1987 – George Bush rencontre Wałęsa à Gdańsk.
29.XI.1987 – Lors d’un référendum organisé par le gouvernement, moins de 50% des inscrits
approuvent la « réforme de l’Etat et de l’économie ».
9.XII.1987 – Wałęsa est invité à Paris, avec Andreï Sakharov, par François Mitterrand
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C- La Pologne, pionnière de la chute du rideau de fer, 1988-1989
1) une proposition inattendue
1.I.1988 – La Pologne cesse de brouiller les émissions de Radio-Europe libre.
11.VII.1988 – Visite de Gorbatchev en Pologne.
VIII-IX.1988 – Début de contacts non officiels entre le gouvernement et l’opposition ; dialogue des
deux parties à Magdalenka, petit domaine boisé près de Varsovie.
4.XI.1988 – Margaret Thatcher rencontre Wałęsa à Gdańsk.
6.II.1989 - Le POUP décide officiellement d'entreprendre des négociations avec l'opposition
démocratique. Début de la Table ronde (Okrągły stół).
5.IV.1989 – Accords de la Table ronde ; élections sous conditions à la Diète et libres au Sénat.
8.V.1989 – Première édition libre d’un journal d’opposition en Pologne (Gazeta Wyborcza).
4.VI.1989 – Premières élections législatives libres. Solidarność emporte 90 % des sièges du Sénat ainsi
que 160 des 161 des sièges qu’on lui a permis de briguer à la Diète.
2) « la révolution lasse » (François Fetjö)
9.VII.1989 – Visite de George Bush à Wałęsa et à Jaruzelski.
VII.1989 – Jaruzelski devient Président de la République.
12.IX.1989 – Formation du gouvernement de Tadeusz Mazowiecki, premier chef non communiste en
Europe de l’Est.
12.X.1989 – Le gouvernement se donne pour objectif le « passage sans délai à l’économie de marché »,
au 1er janvier 1990 (convertibilité du złoty...). Cette thérapie de choc jouera un grand rôle dans la
désaffection populaire rapide.
29.XII.1989 : la Diète abolit le monopole du Parti Communiste inscrit dans la Constitution, et proclame
la République de Pologne, débarrassée du qualificatif de « populaire ». L’aigle couronné redevient
l’emblème de la nation.
30.I.1990 – Dissolution du POUP.
25.XI et 9.XII.1990 – Après la démission de Jaruzelski (18.IX), Wałęsa est élu Président de la
République.
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Diaporama sur
la Pologne communiste
(1947-1989)
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Projet d’échange des élèves de Terminale de Varsovie en Histoire
Les programmes des Terminales ont en commun de traiter la Guerre froide et la force d’attraction (ou
de répulsion) du modèle soviétique (dans les démocraties populaires). Il paraît donc très intéressant de
travailler sur
« La Pologne, une démocratie populaire (1947-1989) ».
La démarche de recherche, d’analyse et de présentation orale se base sur plusieurs principes :
- des groupes de travail : 10 groupes de 4 élèves environ. Ces groupes doivent si possible comporter
au moins un élève polonais afin de faciliter la récolte d’informations en langue nationale.
- des sujets d’étude : chaque groupe choisit un sujet d’étude
Sujets d’étude
Nom des élèves
Germaine DE BAZELAIRE, Bastien LANTERI,
1. Les liens entre Varsovie et Moscou
Nicolas ETORRE, Adel DJEBBAR
Ania ANUSZEWSKA, Kamila KORNACKA,
2. Idéologie et affiches de propagande
Nicole SOSZYNSKA
Annelise BOINOT, Hortense DE ROQUEFEUIL,
3. Vivre dans la crainte
Joanna KEDZIOR, Marie CAVAREC
Julian WIECZORKIEWICZ, Ephrem HOMMERIL,
4. Poznań, 1956
Nassim KABOUCHE, Martin ZIELINSKI
Stanislas PIASECKI, Philippe OTWINOWSKI,
5. Jean-Paul II et la Pologne
Michel PAGEAU
Julien BALUKA, Maximilien NOWAKOWSKI,
6. Solidarność et les grèves de 1980
Matthieu DREVILLON, Romain DETHOMAS
Jan KOPEC, Jan MATULEWICZ,
7. Accords de Gdańsk et Etat de siège
Jan UFNAL
Annette BORAKS, Magali KASPERCZAK,
8. Rôle de l’Eglise polonaise
Nina BUDZILO, Stanislas JEGLINSKI
Ariette D’OLIVEIRA, Roderick SKOWRONEK,
9. Vivre dans la pénurie
Roman LAFOND, Jérôme JOMBART
Jeannette PILAT, Matthieu LEON,
10. Table ronde et fin du communisme
Alexander PIWOWARSKI, Max HERBST
- le diaporama figure dans le CD-ROM fourni à chaque groupe. Ce CD-ROM se compose de plusieurs
fichiers : « Histoire » avec des informations relatives à l’histoire de la PRL (Pologne communiste) ;
« Textes » avec des documents source écrits de la période ; « Présentation » qui est le diaporama
Power Point avec des photographies, affiches et caricatures de la période.
- chaque groupe doit rendre une disquette (ou un CD) avec environ une page (Word) d’analyse du
diaporama.
- la démarche doit consister pour chacun à relire rapidement l’histoire générale de la période (fichier
« Histoire ») et à construire une présentation du diaporama pour éclairer le thème sélectionné puis à en
faire une analyse précise.
Si des connaissances supplémentaires sont nécessaires, les élèves peuvent se référer aux principaux
sites en polonais sur la période (feuille jointe).
- chaque groupe choisit un élève qui présente l’analyse aux élèves de Prague. Cette présentation se fait
au vidéo-projecteur et dure environ 5 à 10 minutes. Le professeur d’histoire se charge d’amener le
diaporama.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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1. Les liens
étroits entre
Varsovie et
Moscou
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Staline et Bierut,
vers 1952
Bierut célébré par
la jeunesse
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K. Rokossowski, à gauche en maréchal de l’URSS,
à droite en maréchal de la Pologne (1949)
L’URSS célébrée
par la jeunesse
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Gomułka, 24 octobre 1956 : « l’Octobre polonais »
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Soldats polo nais en Tchécoslo vaquie, août 1968
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Gierek, Khrouchtchev et Gomułka en ju ille t 1959
8
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Brejnev, Gomułka et Jaruzelski en 1969
Brejnev,
Jaruzelski
et Gierek
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Brejnev et Gierek
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Gorbatchev et Jaruzelski, Varsovie, juillet 1986
Jaruzelski à Moscou avec Honecker
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Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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1. Les liens entre Varsovie et Moscou
4. Staline et Bierut
Cette affiche représentant Staline et Bierut a été faite peu de temps avant la mort de Staline (5 mars 1953). Sur cette affiche, nous
pouvons lire en polonais : « przyjazn polsko-radziecka to pokoj niezawisloc. Szczesliwe jutro naszej ojczyzny » ce qui veut
dire : « L’amitié polono-soviétique c’est la paix, la simplicité, un lendemain heureux pour notre patrie ». Cette affiche montre la présence
des Soviétiques en Pologne. Non seulement par l’entremêlement du drapeau polonais et du drapeau soviétique qui flottent au-dessus
des deux hommes mais aussi par la présence du « palais de la culture » en arrière plan qui fut édifié par les Soviétiques en Pologne, et
qui est encore présent aujourd’hui en plein cœur de la ville. Ce type d’édifice est très présent en Russie, notamment à Moscou. Cette
affiche a été créée durant la période dite « stalinienne » durant laquelle la langue polonaise fut grandement marquée par le russe.
5. Bierut et l’endoctrinement des jeunes
Sur cette affiche, où nous voyons défiler des jeunes filles, nous pouvons apercevoir plusieurs banderoles à l’effigie de Boleslaw Bierut.
D’abord sur la banderole accrochée à la façade du bâtiment nous pouvons lire : « Walczcie o rozkwit gospodarki i kultury narodowej o
wzmocnie potegi ojczyzny o ultrwalenie pokoju » soit en français : « luttez pour le développement de l’économie et de la culture nationale
pour un renforcement du pouvoir, de la patrie pour le maintien de la paix ». Puis sur la banderole portée par les jeunes filles, nous
pouvons lire : « Kochamy Towarzysza Bieruta chcemy zyc tak pieknie jak on » soit en français : « Nous aimons le camarade Bierut, nous
voulons vivre d’une manière aussi belle que lui ». Les jeunes Polonaises sont enthousiastes face à la politique de Bierut.
6. L'URSS, le défenseur de la paix et l'ami des enfants
Une petite fille joue avec un cube marqué de la lettre S qui formait le mot ZSRR (URSS, en polonais Zwiazek Socjalistyczny Republik
Radzieckich). La fillette est souriante, elle a l'air d'être heureuse d'apprendre ce mot. En effet cette affiche de propagande reprend le
schéma d'un enfant apprenant les mots en jouant avec des cubes sur lesquels sont gravées des lettres. L'URSS est donc montrée
comme le gardien de l'éducation et de l'épanouissement de la jeunesse et comme le lieu d'une enfance heureuse car source de savoir et
d'intérêt. Le slogan « Défenseur de la paix et ami des enfants » implique également la liberté de conscience et l’éducation de la société.
Le tissu rouge dans les cheveux de la fille (tissu dont le rouge tranche avec le personnage en noir et blanc de la fillette) est une référence
au communisme et souligne l'appartenance de ces enfants éduqués et heureux au système soviétique, à l'image d'un uniforme. Ainsi la
propagande communiste présente en Pologne le système communiste comme une bonne voie pour les générations du futur et qui met
un appui tout particulier sur l'éducation et en général montre un bonheur de la jeunesse éduquée par le système soviétique.
7. Le maréchal Rokossowski
Le maréchal russe Konstantyn Rokossowski fut envoyé par Moscou pour commander l’armée polonaise.
8. Gomulka
Cette photo représente Gomulka face à la foule qui lui chante « sto lat » soit « joyeux anniversaire » en français. C’était en automne 1956,
devant le palais de la culture. De 1943 à 1948, Wladyslaw Gomulka occupa le poste de secrétaire général du parti ouvrier polonais
(PZPR). Il fut emprisonné en 1951 par le parti stalinien ce qui prouve que la Pologne était sous la domination soviétique.
9. Gomulka, Khrouchtchev et Gierek
10. Troupes polonaises en Tchécoslovaquie
Cette photographie présente des chars polonais sur une route de Tchécoslovaquie. En effet, la Pologne prend une part active dans
l'invasion de la Tchécoslovaquie le 20 août 1968 sous la direction du pacte de Varsovie. Ceci explique la présence des forces militaires
polonaises sur le territoire voisin tchécoslovaque. Les deux camions photographiés sont de part et d'autre d'un carrefour et une voiture
civile passe entre les deux. Cette photo montre que le territoire n’est apparemment pas en grand désordre (la voiture se faufile
tranquillement entre les chars, l’atmosphère de combat est loin). Cette image nous laisse douter du véritable but de l'envoi des soldats
polonais sur l'ordre de Moscou.
11. Gomulka, Brejnev et Jaruzelski
12. Gierek, Jaruzelski, Brejnev
Sur cette photo, sont réunis Gierek, Brejnev et Jaruzelski. Edward Gierek succéda à Gomulka qui perdit le pouvoir en 1970 après les
grèves qui eurent lieu à Gdansk. Brejnev, lui, est le premier secrétaire du parti communiste soviétique et Jaruzelski est l’un des futurs
successeurs de Gierek. De plus par la présence de l’aigle sur la façade nous pouvons affirmer que cette rencontre a eu lieu en Pologne.
Cette rencontre montre que les dirigeants polonais sont fortement influencés par les dirigeants communistes venus de Moscou.
13. Gierek et Brejnev
Cette photo montre E. Gierek et L. Brejnev dans un moment d’échange de sentiments fraternels. Toutefois la présence de Leonid
Brejnev marque bien la présence soviétique en Pologne. Cette photo a pour but de mettre en avant la bonne entente des Soviétiques et
des Polonais.
14. Jaruzelski et Honecker à Moscou
Cette image présente deux chefs d'Etat de l'Europe de l'Est à une conférence à Moscou. En effet le secrétaire du parti communiste
polonais Jaruzelski est assis à côté de Honecker le chef d'Etat est-allemand. Cette photographie nous montre le brassage entre les pays
appartenant au bloc soviétique tel qu'il a été fixé lors de l'élaboration du Pacte de Varsovie. Une entente bilatérale avec la RDA permet à
Jaruzelski de se rapprocher de cette dernière et ainsi à la Pologne de s'élever à un "rang supérieur" ou du moins plus signifiant, d'Etat du
bloc communiste.
15. Jaruzelski et Gorbatchev en 1988
Cette image présente Jaruzelski et Gorbatchev, dirigeant russe dans la dernière phase du communisme soviétique (fin des années 1980).
C'est un ici un rapprochement important entre le pouvoir polonais et le pouvoir soviétique. Gorbatchev permet à la Pologne de prendre
une part plus importante dans les décisions collectives des communistes. L'entente et les accords polono-soviétiques sont mis en relief et
font ainsi de la Pologne le "petit frère" de la Russie en Europe.
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2. Idéologie et
affiche de
propagande
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Le POUP et
l’édification du
socialisme,
novembre 1962
Affiche célébrant
Staline
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Une vision des
Etats-Unis
Attaque contre
Radio Free Europe
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Contre la propriété
privée
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Ouvriers et paysans,
1er mai
Le travailleur
modèle
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Les magasins
d’Etat
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La jeunesse au
travail
La pla nificatio n
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Merci aux femmes
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Le combat contre
l’alcoolisme
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10
2. Idéologie et affiches de propagande
Durant toute la période communiste, la Pologne était une marionnette aux mains des Soviétiques. Elle était submergée par la
propagande stalinienne, sous forme d’affiches et d’autres médias. Ces affiches prônaient le système communiste et incitaient à la
participation active dans la réalisation du projet marxiste. Les affiches visaient surtout la classe ouvrière, qui était la plus nombreuse et la
plus maniable.
17. « L’étendard de Staline dans des mains fortes et sûres »
Cette affiche montre aux gens que le communisme a un futur brillant en Pologne. Les fortes et bonnes mains sont celles du prolétariat
qui travaillera de toutes ses forces pour son règne, promis par l’idéologie marxiste. Staline symbolise ici le système communiste, qui sera
éternel.
18. « Nous sommes avec le parti – nous construisons le socialisme / Vè congrès du PZPR- parti unifié des ouvriers polonais. »
A l’occasion du Vè congrès du PZPR, le parti prône l’union des travailleurs, qui est la base politico-idéologique du système et du pays.
19. « Ici Radio Libre Europe. / Sôt est celui qui écoute avec une mine si réjouie. A qui profite-t-il ? A l’ennemi mortel. »
Cette affiche montre que le régime communiste se servait d’affiches de propagande afin de se protéger de l’influence de l’Europe
capitaliste. En traitant ainsi l’Occident, le communisme essaie de convaincre „l’homme de la rue” que tout Occidental est en réalité un
descendant direct du nazisme que l’URSS a battu si glorieusement. Et pour cela la radio se situe dans la bouche d’un soldat hitlérien, qui
représente le reste de l’Europe.
20. « Bureau de vote / au secours / aux USA les noirs ont le droit de parole. »
Le parti critique la discrimination raciale aux Etats Unis, où les noirs ont le droit de crier „au secours” en fuyant devant des policiers qui
les matraquent. Ainsi le parti dénonce les USA, ennemis de l’URSS et du communisme.
21. « Nous ne rendrons pas la terre aux grands propriétaires / nous ne donnerons ni les usines ni les mines aux capitalistes »
Les hommes de l’affiche qui se tiennent par les mains montrent que l’union fait la force. Le texte signifie qu’il doit y avoir une égalité dans
la répartition des richesses agricoles et industrielles. Et donc que les prolétaires ne doivent pas se laisser diriger par les capitalistes et
doivent se battre pour un futur „riche” et „prospère”. Cela signifie aussi que ce qui reste du capitalisme en Pologne doit être éliminé.
22. « En avant – battons nous pour le plan de 6 ans. »
Le régime incite à la réalisation de la production planifiée pour 6 ans, c’est-à-dire développer le secteur industriel et agricole, afin de
produire plus pour le besoins de la population. Chacun doit faire l’effort pour augmenter la production.
23. « 1er mai : Vive le pacte des ouvriers et des paysans. »
A l’occasion de la fête du 1er mai, le parti célèbre le prolétariat et les paysans dont l’union fait la force d’un pays socialiste.
24. « Qu’as TU fais pour la réalisation du plan ? »
Cette affiche qui s’inspire des affiches du temps de la révolution d’octobre 1917 en URSS, montre que le parti vise l’individu („TU”) pour
mieux le manipuler, et l’inciter à une participation plus active à la réalisation du plan.
25. « Jeunesse - en avant pour une campagne socialiste heureuse. »
Bourrage de crâne de la jeunesse, pour la convaincre qu’un futur heureux est un futur communiste. „Jeunes filles, montez sur les
tracteurs” - c’est ce que cette affiche semble suggérer.
26. « 8/3/1953 : Nous saluons les femmes qui travaillent pour la paix et l’épanouissement de la patrie. »
Cette affiche montre l‘émancipation de la femme en tant que force ouvrière. Le prolétariat s’unit pour la reconstruction du pays et les
femmes y auront un grand rôle à jouer.
27. « Nous servons aimablement et rapidement le prolétariat. »
Cette affiche illustre la discrimination de la population non-active par le parti communiste. Selon lui seuls les prolétaires méritent un
traitement „normal” dans les magasins. Cette affiche ne reflète pas toutefois la réalité, car tout le monde dans les magasins était obligé
d’attendre dans les queues et subir un traitement parfois humiliant de la part du personnel. Cette affiche servait uniquement à persuader
les gens que le travail fait le mérite et qu’il y aurait pour lui une récompense. Le parti voulait ainsi faire remonter sa popularité...
28. « Abandonne l’alcool / viens construire avec nous un avenir heureux. »
Le socialisme n’a pas su éliminer le fléau de l’alcoolisme. Mais il cherche à s’en débarrasser, car il empêche l’épanouissement du
socialisme et l’avenir heureux des prolétaires.
Ainsi, on voit que les affiches touchaient chaque domaine de la vie quotidienne, et ne pouvaient pas passer inaperçu. Ces affiches
promettaient un avenir heureux pour ceux qui auraient travaillé pour l’épanouissement et l’expansion du communisme.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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3. Vivre dans
la crainte
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Le cercle de la déla tion chez les communistes
Les purges contre
l’Armée de
l’Intérieur
Le danger des
espions
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Doryphores
américains vs.
pommes de terre
polonaises
Sois vigilant
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Campagnes
antisémites de
1967-1968
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L’Etat de siège, 13 décembre 1981
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Match de football Varsovie-Tbilissi, printemps 1982
Qui veut tuer
Solidarité ?
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Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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3. Vivre dans la crainte :
Après la guerre, le poids des socialistes et des communistes monte en flèche au sein du gouvernement polonais. En 1947, lors des
élections législatives, les deux partis l’emportent avec 85% des voix. Le communisme s’installe peu à peu dans le pays. Puis en
décembre, les socialistes et les communistes fusionnent pour former un parti unique dominé par les communistes staliniens. Ils dirigent
donc le pays en réduisant fortement les libertés et en appliquant des politiques très rigides dans le travail et même dans la vie de tous les
jours (censure, interdictions de grèves, arrestations...). Il ne faut surtout pas aller à l’encontre du parti : la crainte est donc de plus en plus
présente au sein de la société (peur d’être dénoncé, d’être espionné...)
30.
31.
Il s’agit d’un dessin représentant le cercle de délation des communistes polonais. Tout le monde est la cible de tout le monde et tout le
monde peu se faire dénoncer (un officier polonais vise un civil qui vise une autre personne...). Ce cercle de délation montre qu’au sein du
parti, ce n’était pas la confiance qui régnait mais au contraire, chacun pouvait être dénoncé, tué, pris pour cible. Il n’y avait pas de
confiance mais que de la méfiance des gens les uns par rapport aux autres ce qui renforçait ce sentiment de crainte au sein même des
communistes.
32.
Il s’agit d’une affiche où sont représentés un travailleur et un homme s’apparentant à un espion puisqu’il est écrit « garde le secret
professionnel car l’esprit veut te le prendre ». Cela fait référence à ce que l’on appelait « l’espionnage industriel ». Les communistes
avaient peur que l’ennemi capitaliste vienne espionner l’industrie afin d’obtenir des informations concernant la production de biens,
l’économie et les différents projets. Il régnait la crainte d’être espionné et de se voir voler ses idées ; ainsi il fallait que les Polonais soient,
une fois de plus, méfiant les uns par rapport aux autres.
33.
Ici, c’est une affiche représentant un homme dans la pénombre. Il est écrit « soit vigilant face à l’ennemi du peuple ». Ceci montre que
sous le communisme, il était interdit de soutenir autre chose que le parti lui même. Ainsi, il fallait que chacun se méfie des opposants du
parti d’où l’homme qui tend un oeil et une oreille attentive afin d’épier les moindres personnes pouvant aller contre les communistes : le
sentiment de crainte est toujours très présent.
34.
Ce document est un dessin représentant des doryphores attaquant des pommes de terre. Ce dessin fait référence à la situation d’aprèsguerre pendant laquelle les Américains approvisionnaient la Pologne dans le cadre d’une aide humanitaire. C’est à ce moment là que les
Américains ont été accusés par le gouvernement polonais d’avoir introduit des doryphores rongeurs de pommes de terre pour détruire
les récoltes. Cette situation montre que le parti était toujours à l’affût de la moindre action pouvant aller contre lui. Sans cesse des
accusations étaient lancées renforçant le sentiment de crainte d’être pris pour un opposant du parti.
35.
36.
Il s’agit d’une affiche où est inscrit « Notre cause » en italien, où sont également représentés des hommes symbolisant différents pays
sous la domination soviétique. Tous s’acharnent avec des poignards, sur la Pologne et son syndicat : Solidarnosc. En effet, Solidarité est
un syndicat fondé en 1980 qui revendique les droits des travailleurs et va totalement à l’encontre du bloc soviétique. L’affiche montre
donc que sous le communisme les syndicats étaient prohibés (les pays communistes cherchent à tuer le syndicat polonais). Avec
l’interdiction des syndicats, la population, les travailleurs ne pouvaient pas faire entendre leurs idées et chaque manifestation d’idées
allant contre le parti était fortement réprimée d’où la crainte d’exprimer ses idées.
37.
38.
Ce document est une photo représentant un rassemblement de supporters venant assister à un match Pologne/URSS dans les années
1980. Les tribunes sont pleines mais on s’aperçoit qu’il y a plus de militaires que de civils.
Vivre sous le communisme en Pologne était synonyme de crainte. Les libertés étaient restreintes voire quasiment inexistantes. Il était
difficile de vivre sereinement : sans cesse régnait la crainte d’être arrêté, d’être dénoncé... Il était également impossible de communiquer
ses idées ; d’ailleurs l’unique syndicat Solidarnosc fut grandement controversé car il allait trop à l’encontre du communisme et de ses
idées. La population polonaise a donc été fortement marquée par cette politique de terreur où le mot d’ordre était la crainte et où il fallait
se méfier de tout, même de son entourage...
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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4. Poznań, 1956
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Manifestation à Poznań, 28 ju in 1956
Manifestation à Poznań, 27 ju in 1956
Manifestation à
Poznań,
27 juin 1956
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Manifestation à Poznań, 28 ju in 1956
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Manifestation à Poznań, 28 ju in 1956
Manifestation
à Poznań,
28 juin 1956
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Intervention des chars à Poznań, 28 juin 1956
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Intervention des chars à Poznań, 28 juin 1956
Intervention
des chars à
Poznań,
28 juin 1956
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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4. Poznań, 1956
Joseph Staline est mort en 1953, « un vent de liberté souffla sur l’Europe ». Trois ans plus tard Nikita Khrouchtchev dénonce les crimes
staliniens lors du 20ème sommet du parti communiste à Moscou en juin 1956. Ce discours choqua l’opinion publique. Lors de ce sommet
le président de la PRL, Bierut, meurt. En Pologne certains « libéraux » y ont vu une chance pour la prise du pouvoir. Leur objectif fut de
libérer la Pologne de l’influence soviétique. Ils désiraient en effet établir un Etat fonctionnant selon le modèle semblable à celui de la
Yougoslavie du maréchal Tito. Cependant les communistes au pouvoir voulaient rester sous l’influence de la « centrale ».
En octobre 1956 dans l’usine de locomotive portant le nom de Joseph Staline à Poznan, les salaires des ouvriers diminuèrent largement.
Un mécontentement se fit sentir et se transforma en grève. Les dirigeants de la ville n’ayant jamais fait face à une telle situation, ne
surent pas comment réagir et prirent la fuite.
Furieux, les ouvriers envahirent les rues de la ville (40). Face à cette situation, les étudiants ainsi que la population locale rejoignirent les
ouvriers dans leur mouvement contestataire. Les slogans ouvriers se transformèrent rapidement en slogan de liberté. Equipés de
drapeaux et de pancartes (40, 41, 42, 43) traversèrent les rues en revendiquant la liberté de la Pologne et le retrait des troupes
soviétiques.
La foule étant libre de tout contrôle prit le commissariat principal ainsi que la prison (44). Elle trouva des armes dans ces bâtiments. Une
fois armés, les manifestants se dirigèrent vers le bureau des services secrets (45). Les combats éclatèrent. Le régime fit appel à l’armée
sans grande hésitation. Le deuxième corps armé de l’armée polonaise pénétra dans la cité révoltée (46, 47, 48). Les manifestants ne
pouvant combattre les véhicules blindés (Tanks T-34) avec des armes à feu légères ne purent résister. Il y eut plus de 50 victimes
auxquelles s’ajoutèrent un nombre considérable de blessés.
De nos jours on parle de provocation communiste. En effet le régime avait planifié les événements à l’avance, les salaires furent
diminués volontairement pour inciter les ouvriers à manifester. Il s’est avéré que des hommes du régime agitaient la foule. De plus,les
troupes blindées furent transférées dans les alentours de la ville peu avant les événements. Ne peut-on pas se demander pourquoi la
ville choisie fut Poznan ? De plus quel était le motif des communistes ?
Lors des événements la ville de Poznan accueillait un forum commercial international ; l’objectif fut de montrer à l’opinion internationale
que toute émeute anti-soviétique serait écrasée.
Les événements de Poznan sont considérés comme la première insurrection anti-communiste en Pologne. Nous pouvons également
penser à la crise hongroise de Budapest en 1956.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Jean-Paul II et Wyszyński, Varsovie, 2 juin 1979
Jean-Paul II à Varsovie, 2 juin 1979
5. Jean-Paul II et
la Pologne
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Jean-Paul II en Pologne, juin 1979
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Jean-Paul II en Pologne, juin 1979
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Jean-Paul II et Wałęsa à Rome, 15 janvier 1981
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Jean-Paul II à Jasna Góra, juin 1983
Faux timbre de
Jean-Paul II,
1983
Jean-Paul II
en Pologne,
juin 1983
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Jean-Paul II en Pologne, juin 1987
Jean-Paul II
et Jaruzelski,
juin 1983
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
Jean-Paul II
et Jaruzelski,
juin 1987
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5. Jean-Paul II et la Pologne
En octobre 1978, a lieu l’élection pontificale du cardinal Wojtyla, qui prend alors le nom de Jean Paul II. Cet événement renforce le
rôle de l’Eglise en Pologne, sur laquelle s’appuie de plus en plus la nation polonaise en vue de se séparer de l’Etat. C’est en effet en
Pologne que s’identifie le mieux le divorce entre l’Etat et la nation, suite aux dysfonctionnements touchant toutes les démocraties
populaires, engendrant une perte de vitalité ainsi qu’une non-satisfaction des besoins élémentaires. Le renforcement de la société civile,
pour ces raisons également, est reflétée par une régression de l’athéisme. Quel est donc le rôle du Pape à travers ses voyages
successifs dans une Pologne qui va de plus en plus vers l’indépendance ?
Le premier voyage du Pape qui a lieu en juin 1979, rassemble des foules considérables. Pour la nation polonaise, le fait qu’un
personnage si respecté dans les relations internationales, d’une si grande force diplomatique et morale, soit l’un de leurs compatriotes,
est sans doute une raison de fierté, mais aussi un symbole autour duquel peuvent s’unir les opposants au pouvoir. La rencontre du Pape
avec Wyszynski lui permet de guider l’Eglise. En étant très respecté et suivi par l’église catholique polonaise le Pape l’aide à combattre le
communisme. Son voyage et ses discours montrent qu’il tient à ce que les Polonais puissent vivre en liberté. Wyszynski, personnage
important de l’Eglise, luttant contre le communisme, sait pendant cette période, grâce aux visites du Pape quel chemin il doit
entreprendre et possède plus de courage pour combattre pour la liberté.
La construction du podium pour le Pape le 2 juin 1979 devant l’hôtel Europejski et la présence d’une foule de gens montre la volonté
des Polonais de voir ce personnage connu et respecté. En Pologne malgré la présence du communisme, les gens sont majoritairement
croyants. L’apparition du Pape est pour eux un moment très important qui permet à ces personnes de garder l’espoir en sachant qu’un tel
personnage les soutient.
Le fait qu’il accueille à bras ouverts Lech Walesa à Rome en 1981, nous informe sur sa prise de position diplomatique, et renforce
donc en Pologne la volonté de s’aider de l’autorité morale du Pape, comme un repoussoir vers l’indépendance. Cette rencontre avec le
Pape renforce chez Lech Walesa l’idée qu’il faut combattre pour la liberté, que ce qu’il fait est bien et qu’il doit continuer jusqu’à ce qu’il
réussisse.
Au cours de son deuxième voyage en Pologne, en 1983, le Pape est allé à Jasna Gora, le lieu de pèlerinage le plus connu en
Pologne. On peut voir l’enthousiasme énorme de la foule. Un prêtre doit aider la milice à calmer les gens. La présence de cette police
communiste semble créér une certaine atmosphère de tension.
Lors de son deuxième voyage, la présence d’affiches de Solidarnosc faisant figurer le Pape, en disent long sur l’espoir qu’ont les
polonais dans l’Eglise, la figure de son dirigeant et le pouvoir qu’il a pour influencer l’opinion publique internationale. Le regard de
l’homme sur la photo donne l’impression d’un espoir et d’une joie de pouvoir rencontrer et voir le Pape. On assiste à une identification
entre la Pologne libre et le Pape.
Le Pape devient une figure emblématique de l’émancipation de la nation polonaise, ce que l’on voit par exemple avec l’apparition de
timbres à son effigie. Il est le symbole de la liberté tant voulue par l’opposition, du courage, de l’espoir.
Plus tard, en 1986, lors de sa troisième visite, le Pape embrasse le sol en montrant son authenticité et une attitude de respect et
d’amour envers les gens, envers la Pologne qui lui permet de gagner la confiance de nombreuses personnes. Son arrivée est donc
source d’espoir et de nouvelle force aidant les Polonais à combattre le communisme et pouvoir enfin vivre en liberté.
La troisième visite du Pape en Pologne et sa présence avec le chef d’Etat Jaruzelski, montre l’influence qu’a le Pape dans le domaine
de la politique, ou du moins nous montre que sa présence est non négligeable, et que son opinion doit être prise en compte. On voit que
Jaruzelski, tout en étant communiste, rencontre le Pape. Cela montre l’importance que possède ce personnage religieux.
Les voyages du Pape en Pologne ont eu une grande influence sur les gens et sur les événements qui ont lieu au cours de l’époque
communiste. Ce personnage respecté, connu et important était la source d’espoir, de joie, un guide qui a pu aider les gens à vivre et
combattre pour la liberté. Son importance lui a permis de réaliser ses voyages malgré le régime communiste qui était contre l’Eglise. Il
pouvait rencontrer l’opposition et le chef des communistes. Ces rencontres et ces voyages en Pologne ont certainement joué un rôle
important dans la libération de la Pologne du communisme.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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6. Solidarność et
les grèves de 1980
61
Grève aux chantiers Lénine de Gdańsk, août 1980
Wałęsa à la tribune, août 1980
A. Walentynowicz et
Wałęsa, licenciés
en août 1980 pour
syndicalisme
62
Grève aux chantiers Lénine de Gdańsk, août 1980
63
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Ouvriers de Varsovie en grève, 1980
Monument aux
victimes de 1970,
Gdynia,
décembre 1980
65
66
Meeting à Varsovie avec B. Geremek, 1981
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1er anniversair e des grèves de Gdańsk, août 1981
Une du Time,
1981
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6. Solidarność et les grèves de 1980
Le 1er juillet 1980, le gouvernement polonais annonce l’augmentation du prix de la viande. Celle-ci augmente alors que le niveau de vie
des ouvriers, lui, ne cesse de baisser. Fortement contestée, cette décision provoqua de vives protestations et une première grève
générale à Lublin. Si celle-ci fut vite contrôlée par le PC polonais, les ouvriers comprirent que la seule façon de contester cette hausse
était de paralyser la vie économique du pays.
62.
Sur cette photo apparaît déjà l’idée de départ de Solidarnosc (qui était au départ appelé le MKS, comité de grève inter-entreprise dont le
siège se situera à Gdansk, le cœur de la grève), la solidarité des ouvriers entre eux. Walentynowicz, une ouvrière est licenciée pour
syndicalisme ; cet événement va précipiter les grèves d’août 1980 à Gdansk. On voit déjà apparaître la future incarnation de ce
mouvement : Lech Walesa
63.
Lech Walesa, un électricien de 37 ans, ancien ouvrier au chantier naval s’affirme comme étant le leader charismatique du mouvement
Solidarnosc et de la grève. Ici, on l’aperçoit lors d’un discours à la tribune. Cet ouvrier s’est notamment illustré comme on l’aperçoit ici par
sa capacité à soulever les foules. (La grève est amorcée).
64.
Ouvriers des chantiers navals de différentes villes bordant la Baltique (par exemple, ceux de Gdansk) se mettent donc en grève en
bloquant l’entrée du chantier naval et donc toute l’activité. « Nous avec le peuple, le peuple avec nous, les ouvriers du chantier naval ne
se rendront pas ». L’idée de grève « populaire » apparaît ici. Ceci montre la solidarité entre le peuple et les grévistes. Les grèves
apparaissent donc comme un mouvement collectif fort de ses ambitions.
65.
On a ici une photo prise dans le chantier naval. L’Eglise catholique soutient les grèves de 1980. Les messes étaient données dans
l’enceinte du chantier naval, ici on aperçoit deux grévistes en train de se confesser devant une majeure partie des grévistes. On
remarque aussi le peuple aux portes du chantier naval, ce qui démontre encore le soutien du peuple polonais envers les grévistes (en
haut à gauche de la photo, « Merci pour le bon travail »). De nombreux ouvriers ont rejoint le mouvement de grève après cet épisode.
66.
On aperçoit que le mouvement est toujours celui des ouvriers (casques d’ouvriers dans le défilé). Néanmoins, c’est tout le peuple qui est
présent ici. Solidarnosc, plus qu’un syndicat se veut le mouvement de la révolte de tout le peuple polonais, en témoigne l’aigle, emblème
de la Pologne, sur le drapeau.
67.
Les ouvriers sont ici devant le Monument aux morts. Comme on l’a rappelé en introduction, une grève avait déjà éclaté en 1970, et elle
avait été réprimée dans le sang (les autorités avaient tiré sur des ouvriers désarmés). Cela ajoute encore au courage de ces ouvriers
grévistes. On voit que ce mouvement ne s’arrêtera que lorsque le gouvernement aura cédé, malgré la hantise de décembre 1970, les
ouvriers paraissent prêts à sacrifier leurs vies pour cette cause.
68.
1981 : Apres les grèves (qui n’ont duré que pendant le mois d’août), le mouvement de Solidarité gagne la capitale et s’intellectualise
(avec des personnages comme Geremek au premier plan).
69.
On revient à Walesa, ici à la Une du Time, ce qui démontre toute l’importance de cet homme, d’ailleurs récompensé d’un Prix Nobel de la
paix en 1983. Un homme qui symbolise l’espoir pour les ouvriers (en blanc) et un nouveau danger pour le communisme. On note
d’ailleurs le choix des couleurs, le blanc en opposition au rouge fait penser à l’armée blanche, comme si Walesa et son mouvement
représentait le nouveau danger pour l’URSS. Cette Une du Time prouve également à quel point le mouvement était bien vu par le bloc
occidental.
70.
1 an après sa création officielle 10 000 000 de Polonais ont adhéré à Solidarnosc. Cela montre bien l’ampleur qu’a pris ce mouvement,
qui regroupa donc dans un premier temps les ouvriers mais également, par la suite, les intellectuels. Ce mouvement donc très populaire
et très bien organisé a été le guide de la grève de 1980 et a grandement contribué au succès de celle-ci, qui fut l’une des premières en
Europe de l’Est à connaître un tel succès
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Accords de Gdańsk, 31 août 1980
Enregistrement de Solidarność, 24 septe mbre 1980
7. Accords de
Gdańsk et
Etat de siège
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72
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Varsovie et l’Etat de siège, 13 décembre 1981
Jaruzelski annonce la loi martiale (TV française)
Jaruzelski annonce
la loi martiale,
13 décembre 1981
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Varsovie et l’Etat de siège, 16 décembre 1981
Varsovie et
l’Etat de siège,
décembre 1981
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Le combat continue pour la « lib erté »
Apocalypse now
à Varsovie,
décembre 1981
78
79
Affiche de L’homme de fer, de Wajda (1981)
Affiche de
L’homme de fer,
de Wajda (1981)
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3è anniversaire des grèves de Gdańsk, août 1983
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3è anniversaire des grèves de Gdańsk, août 1983
Affiche de
L’homme de fer,
de Wajda (1981)
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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7. Accords de Gdańsk et Etat de siège
72.
Les grèves de 1980 ont forcé le gouvernement à négocier avec les manifestants. La foule ovationne vivement Lech Wałęsa, qui vient de
signer les accords de Gdansk du 31 août 1980, entre le gouvernement et le premier syndicat indépendant du pouvoir communiste
d’Europe de l’Est. Dans sa main droite, le fameux stylo (reçu d’ailleurs du Pape) avec lequel ont été signés les accords par le fondateur
de Solidarność.
73.
Varsovie, 24 septembre 1980. Des représentants de Solidarité portent sur leurs bras Lech Wałęsa, peu après l’enregistrement officiel du
syndicat, qui a été permis par le traité de Gdansk. Aussi, a-t-il été reconnu comme légal par le régime communiste polonais. A sa gauche,
on voit Tadeusz Mazowiecki qui, 9 ans plus tard deviendra premier ministre d’un gouvernement de Solidarité issu des premières
élections libres en Pologne.
74.
L’homme fort du pouvoir communiste polonais, le général Wojciech Jaruzelski, annonce le 13 décembre 1981 dans un discours diffusé à
la télévision et à la radio l’imposition de la loi martiale. Elle a été mise en place pour lutter contre les structures syndicales et empêcher la
démocratisation. Ce coup de force contre la démocratie a entraîné l’arrestation de milliers d’opposants au régime.
75.
Ce discours fut même diffusé dans les stations de télévision occidentales, ce qui montre son importance majeure.
76.
13 décembre 1981, Varsovie : les policiers bloquent le passage dans la rue Mokotowska, probablement pour empêcher l’accès au siège
du Parlement. Depuis, les Polonais sont habitués à voir les forces armées dans les rues.
77.
Varsovie, rue Krakowskie Przedmieście : lors de l’Etat de siège, les véhicules militaires ont été les seuls à circuler dans les rues des
villes polonaises (les Polonais n’ont pratiquement eu aucune possibilité d’acheter de l’essence et ont été souvent amenés à utiliser des
moyens misérables pour le transport, comme on le voit sur cette photographie).
78.
79.
La célèbre photo prise par Christopher Niedenthal juste après la proclamation de l’Etat de siège : un char de l’armée polonaise devant le
cinéma « Moscou » à Varsovie ; juste avant, le cinéma passait le film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.
80.
« 13.XI.81 – est morte tragiquement la LIBERTE – le peuple croît à la résurrection » : de nombreuses affiches et tracts contre le régime
apparaissaient constamment dans les rues des villes polonaises. Ici, le tract indique que l’indépendance est morte le 13 décembre 1981,
date de la proclamation de l’Etat de siège. Bien que les dirigeants de l’opposition soient internés, Solidarité continue sa lutte.
81-82-83.
Trois affiches du célèbre film du réalisateur polonais Andrzej Wajda, l’Homme de fer (en polonais Czlowiek z żelaza). L’écriture du titre
du film sur la première affiche fait référence aux caractères du logo de Solidarność. La réalisation du film et sa diffusion mondiale
montrent que les succès passés et leurs répercussions restent dans l’esprit des Polonais.
84-85.
D’innombrables manifestations contre le pouvoir communiste ont déferlé à travers tout le pays. Elles étaient toujours violemment
dispersées par les policiers à l’aide de la matraque, du gaz lacrymogène, et des canons à eau. L’Etat de siège a été alors un échec car
les dissidents ont conservé leur unité et leur force dont témoignent ces photos.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Lettre du Pape au cardinal Wyszyński, août 1980
8. Le rôle de
l’Eglise
polonaise
Grève et messe
dans une usin e
à Żyrardów,
août 1980
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Disparitio n de Popiełuszko, début octobre 1984
Faux timbre du
cardin al Wyszyński,
1983
Wałęsa et le
Père Popiełu szko
89
Découverte du corps de Popiełuszko, fin octobre 1984
90
Le cercueil de Popiełuszko, fin octobre 1984
92
L’hommage de Solidarność à Popiełuszko
91
L’hommage de Solidarność à Popiełuszko
93
94
Les funérailles de Popiełu szko à Varsovie
Pèlerinage de
Solidarność à
Częstochowa,
novembre 1986
95
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
96
97
22
8. Le rôle de l'Eglise polonaise
La religion a toujours tenu une grande place dans la société polonaise. Durant la période communiste, l'Eglise a joué l'un des rôles
principaux dans la résistance face à ce régime. De plus, en 1978, l'archevêque de Cracovie Karol Wojtyla devient Pape, sous le nom de
Jean-Paul II permettant un espoir de liberté au peuple polonais. L'Eglise était le symbole même d'une' quête de la liberté face au régime
imposé par l'Union Soviétique, puisqu’elle se ralliait la plupart du temps aux différentes actions menées contre celui-ci. La Pologne
connaît de nombreux religieux qui se battaient pour l'indépendance, non seulement Jean-Paul II mais celui qui est resté gravé dans les
mémoires de tous, le père Jerzy Popieluszko. La période qui va nous intéresser sera donc les années 1980, en raison des différentes
grèves dans le pays et de la crise économique.
Le 17 août 1980, le gouvernement est contraint d'ouvrir des négociations avec Solidarité (Solidarnosc), dans une atmosphère de
tension vive et de menace d'une intervention du Pacte de Varsovie.
Le premier document est une lettre du Pape Jean-Paul II adressé au Cardinal de la ville de Lublin Stefan Wyszynski, cardinal qui a
été arrêté en 1956 pour s'être opposé au régime ; il écrit qu'il suit de tout cœur le peuple polonais qui essaie d'obtenir certains droits lors
de multiples grèves et qu'il prie pour eux. Il espère que cette situation va bientôt finir ; cependant, il est vrai que toutefois, il faut se battre
pour le pays et que les Polonais doivent savoir que le Pape les soutient. Le fait que le Pape soit d'origine polonaise, aide les gens à se
battre puisqu'ils ont le soutien de quelqu'un représentant la Pologne mais aussi détenteur d'un grand pouvoir. De par cette lettre, l'ordre
religieux polonais comprend qu'il est lui aussi, soutenu face à ces actions.
Lors de la grève au chantier naval de Gdansk, les travailleurs ont décidé de s'enfermer dans le chantier. Il y avait donc une grille de
fer à l'entrée qui empêchait toutes intrusions. Cette grève est marquée par Solidarité (Solidarnosc), mais aussi par le soutien des gens
qui priaient face à la grille décorée de fleurs en signe de soutien et par une icône de Marie. (88). Encore une fois, la religion se manifeste
lors de moments forts comme cette grève, où quelques prêtres s'étaient joints au« blocus» et avaient passé tout comme les travailleurs
des semaines entières enfermés jusqu'à ce que le gouvernement se résigne à la signature d'un accord avec les ouvriers le 31 août.
Les liens entre Solidarité (Solidarnosc) et l'ordre religieux sont très grands. Tous deux ont le même combat. Sur le troisième
document, nous pouvons voir Lech Walesa (président de Solidarnosc) et le Père Jerzy Popieluszko. En 1981, des milliers de prêtres
participent maintenant ouvertement dans le combat pour la liberté, le plus fameux d'entre eux était Popieluszko. Cette photo montre deux
« grands» de la résistance.
Le 19 octobre 1984, le père Jerzy Popieluszko est enlevé. 'Ce document (91) nous montre à quel point ce personnage religieux est
important pour les résistants puisque l'affichage d'un panneau face à une église montrant le soutien des gens pour retrouver le père, est
une action de Solidatité (Solidarnosc). Sur ce panneau, le père Popieluszko est considéré comme un ami de la patrie et des réunions
sont organisées pour le retrouver.
Dans l'article de journal (92), il est annoncé que Popieluszko a été retrouvé dans la Vistule par la milice, le 30 Octobre 1984. Le père
s'est fait enlever et assassiner par trois officiers de la sécurité. La mort de Popieszulko est aussi celle d'un des « grands» de la lutte pour
la patrie. Ses funérailles prennent la forme de manifestations dans tout le pays. Le mouvement Solidarité a montré la force de sa
clandestinité par la marche silencieuse en la mémoire du père dans chaque ville (94-95-96)
Le 12 Septembre 1989, le peuple polonais touche à son but avec la formation du gouvernement de Tadeusz Mazowiecki, qui est le
premier chef non communiste en Europe de l'Est. L'Eglise a joué un rôle essentiel durant la période communiste. En effet, grâce à l'union
de Solidarité (Solidamosc) et de l'ordre religieux, la Pologne a réussi à atteindre son objectif, c'est-à-dire la liberté. L'Eglise était le
symbole de l'espoir et elle soutenait très fortement les résistants tout au long du régime ; tout d'abord elle soutenait secrètement puis par
la suite ouvertement avec des personnes comme Popieluszko ou Wyszynski. En ce qui concerne tous les pays de l'Est souhaitant se
libérer du socialisme soviétique, un homme comme Jean-Paul II s'est battu jusqu'à la chute de l'URSS.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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9. Vivre dans
la pénurie
98
Magasin vide dans les années 1980
Caricature de la pénurie
99
File d’attente pour du pain
File d’attente pour du sucre
100
101
File d’attente pour le bus
Le papier
toilette,
un luxe
102
103
104
Un carnet mensuel de coupons de viande en 1986
Un carnet
mensuel de
fournitu res,
1982
Une carte
d’essence
annuelle
105
106
107
Manifestation
contre la pénurie,
Cracovie, août 1981
108
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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9. Vivre dans la pénurie.
Les documents proposés dans cette neuvième section illustrent un des aspects les plus durs de la vie des citoyens de la
République Populaire de Pologne, à savoir une pénurie se faisant ressentir par tous.
La première photographie en couleur présente une situation quotidienne de la vie des Polonais dans les années 1980, mais aussi
auparavant, à savoir des magasins alimentaires comme cette boucherie, vides de marchandises. La distribution des marchandises par
l’Etat était en ce temps médiocre, voire quasi inexistante ou mal organisée. De plus, les livraisons étaient très irrégulières du fait d’une
mauvaise organisation des répartitions des produits alimentaires.
La seconde image est une caricature de Krauze, présentant un boucher dans son magasin vide avec une livraison
impressionnante : « Nouveauté ! Diapos de viande ! Grand choix ! ». Nous voyons très bien que l’humour noir rend compte des difficultés
d’une société ayant des difficultés à se procurer de la viande, devenue presque un mythe. Comble du comble : la propagande affirmait
que la viande était mauvaise pour la santé et que les Polonais devaient être heureux d’en manger plus que les Etats-Unis d’Amérique !
Le contrôle du sucre par l’Etat est un des thèmes majeurs de la troisième image. En effet, après la production de blé et de pomme
de terre, le plus grand secteur de l’agriculture polonaise est la production de betterave à sucre. Ce manque était donc indépendant des
contraintes de production ou de distribution. Ce sucre était en partie envoyé en URSS comme acquittement de la dette en énergie (gaz,
pétrole) ou comme aide au « Grand Frère Soviétique » dans le cadre de la CAEM. Une seconde partie, pillée, finissait dans le cercle du
marché noir.
Le problème de production est cependant la cause des files d’attentes devant les magasins de pain. En effet, le blé était produit
dans des fermes d’Etat, les PGR (Panstwowe Gospodarstwo Rolne), après la collectivisation superficielle des terres dès le début des
années 1950 (freinée toutefois par Bierut et Gomulka). Ceci n’encourageait pas les ouvriers agraires à produire puisqu’ils n’étaient pas
les bénéficiaires directs de leur travail. La production était trop lente par rapport à la consommation ce qui explique cette situation de
pénurie.
Les pénuries de matières énergétiques comme l’essence ou le pétrole étaient également visibles dans paysage économique
polonais, d’où une réduction du nombre d’autobus en circulation, expliquant ces files d’attentes pour emprunter les transports en
commun, sur la cinquième photographie. En effet, avec un refroidissement des relations polono-soviétiques lors de différentes crises
(comme en 1956 avec la déstalinisation que certains pays ont saisi comme occasion pour manifester leur liberté ou bien comme au
début des années 1980, où l’Etat de guerre a été mis en place afin d’éviter une invasion soviétique), on a assisté à un gel de
l’approvisionnement de la Pologne en pétrole, venant des réserves soviétiques de Sibérie.
Le système socialiste étant sensé axer le développement de son économie sur l’industrie lourde, il tend à ignorer le confort des
citoyens, permis par le secteur de l’industrie légère (textile, biens d’équipement,…). Ainsi le document 104 illustre les difficultés de la
population à se procurer des articles de première nécessité. Il semble même que les mannequins soient en extase devant cette collection
de produits de la plus haute technologie ! Lorsque l’occasion d’acheter de tels produits se présentait, les magasins étaient tout de suite
pris d’assaut et les stocks disparaissaient en très peu de temps.
D’où la nécessité de la mise en place de ticket de rationnement dès le mois de décembre 1980 (à l’approche des fêtes de Noël) et
leur généralisation dès 1982 comme nous le montre le document 105. Les tickets étaient nominaux et mensuels et permettaient l’achat
de la portion indiquée, portion qui était décroissante comme ici pour la viande. L’argent n’importait alors plus : pauvre ou riche, une
famille n’avait droit qu’à la quantité indiquée afin d’assurer une répartition équitable d’un bien rare. Les familles les plus aisées avaient
alors recours au marché noir.
La nourriture n’était pas la seule touchée puisque le rationnement concernait également les produits ménagers qui étaient
distribués en quantité limitée (document 106) mais aussi les hydrocarbures aux particuliers (document 107). Ce phénomène possède en
effet une cause venant se rajouter à la faible productivité. Le premier Secrétaire du Parti en 1980 (avant la prise du pouvoir par le général
Jaruzelski) avait massivement emprunté de l’argent à l’ouest capitaliste (notamment à la France avec laquelle il avait des attaches
fortes). Cet endettement nécessitait un remboursement et c’est pourquoi le rationnement fut mis en place, afin de pallier à une
dilapidation trop rapide des réserves en l’absence de fonds pour un développement des structures de l’alimentaire.
La situation difficile des Polonais a entraîné des soulèvements orchestrés par le syndicat Solidarité comme nous le montre la
photographie en noir et blanc d’une manifestation contre la faim en juillet 1981. Les affiches brandies par les opposants symbolisent
l’absence de la nourriture (et par extension des biens de consommation) des tables polonaises mais aussi de leur mentalité dans la
mesures où ces biens sont devenus des idées impalbables, que l’on ne peut que se représenter grâce à un papier. On évoque
également une certaine hypocrisie du pouvoir dont l’organe de la censure a rejeté le projet d’affiche : il refuse d’admettre les conditions
malsaines dans lesquelles vivent les Polonais en ces temps.
Dès 1980, la vie des citoyens se résumait à des files d’attente interminables, une obsession d’une nourriture absente et d’un
manque de biens de consommations (vêtements, produits nettoyants …). Des manifestations de grande envergure orchestrées par le
syndicat Solidarité éclatèrent en opposition à la politique des dirigeants et conduisirent progressivement jusqu’à une Table ronde,
symbole de la chute du communisme en Pologne.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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10. Table Ronde et
chute du
communisme
109
1er mai 1988, défilé des étu diants à Varsovie
Négocia tions entre gouvernement
et opposition, février 1989
Wałęsa reçoit le
prix Nobel,
5 octobre 1983
110
21è anniversaire des révoltes étudiantes de 1968,
mars 1989, Varsovie
111
21è anniversaire des révoltes étudiantes de 1968,
mars 1989, Varsovie
113
112
Emeutes à Cracovie lors de la Table ronde, avril 1989
114
115
1er mai 1989, défilé des étu diants à Varsovie
1er numéro de
Gazeta Wyborcza,
8 mai 1989
116
Affiche pour les élections du 4 ju in 1989
117
Meeting devant le Palais de la Culture, juin 1989
119
Affiche pour les
élections de
juin 1989
118
Mazowiecki devie nt Premier ministre, septembre 1989
120
121
Premières élections,
novembre 1990
122
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10. Table ronde et chute du communisme
110.
Ce document se présente comme une affiche visant à promouvoir le chef de Solidarność, Lech walesa. Est utilisé le fait que ce dirigeant
a obtenu le prix Nobel de la paix le 5 octobre 1983 pour avoir réussi a mener une opposition qui s’est traduite par la voie pacifique conformément au principe de non-violence prôné par le mouvement Solidarité. Le symbole V est une allusion à la victoire de ce syndicat.
Le régime lui avait interdit de se rendre à la remise des prix à Oslo ; c’est sa femme qui s’y rend et prononce son discours. On peut voir
par là l’importance de Solidarnosc au niveau international et l’espoir de liberté qu’il porte.
111.
Cette photographie a été prise le 1er mai 1988, et illustre le défilé des étudiants à Varsovie. Figurent sur cette image des slogans NZS
(organisation indépendante des étudiants) et KPN (Confédération de la Pologne indépendante.) C’est la première manifestation
d’étudiants importante depuis 20 ans.
112.
Plantu caricature les négociations de la Table Ronde du 6 février 1989. Au point de vue politique la Table ronde est un accord entre les
dirigeants communistes personnifiés par Jaruzelski (caractérisé par ses lunettes) et les forces d’opposition représentées par Walesa (et
sa moustache) soutenu par les ouvriers et l’Eglise. L’auteur place les acteurs de l’opposition en position forte face au parti et fait allusion
aux élections quasi libres et, enfin, à l’écroulement du régime.
113.
Ce document montre la commémoration de mars 1989 du 21ieme anniversaire des évènements de 1968, où avait eu lieu une forte
répression de la manifestation étudiante à Varsovie suite à l’interdiction de la pièce de Mickiewicz : les Aïeux. On peut noter qu’après 20
ans de « silence » les étudiants manifestent 2 années consécutives, cela rend compte de la montée de l’opposition. On voit encore les
sigles caractérisant les étudiants NZS et SGPis sigle de l’école de commerce.
114.
Une autre image illustrant les manifestations du 21ieme anniversaire. La photo a été prise près de la vielle ville (Krakowskie
Przedmiescie). Remarquons que les autorités ont réagi en envoyant la police, mais contrairement aux interventions précédentes, il n’y a
pas d’effusion de sang, les policiers sont protégés par des boucliers et plus par des chars. Les manifestations se passent dans le calme.
115.
On peut remarquer ici, que l’opposition, quelques semaines plus tard (avril) semble plus sure d’elle et est passée des manifestations à
l’émeute afin de donner plus de poids à Solidarnosc durant les négociations de la Table ronde. Il est notable que l’emploi de la force est
toujours modéré et que la répression se limite à des jets d’eau.
116.
Cette photographie a été prise en mai 1989, après les négociations de la Table ronde. On peut s’apercevoir que la victoire de
Solidarnosc a fédéré toute l’opposition, en effet, les étudiants ont adopté le sigle de Solidarnosc en plus du leur. Le défilé, à la base
formé par les étudiants, est suivi par toutes les générations (enfants, adultes..). La fréquence des manifestations est croissante et
proportionnelle aux victoires de l’opposition. En effet, montrer son opposition au régime est de moins en moins dangereux.
117.
Il s’agit de la Une du premier numéro du journal d’opposition et donc indépendant légalement autorisé, la Gazette électorale du 8 mai
1989. Le journal a été créé sur l'accord de la « table ronde » mais est édité et rédigé sous la responsabilité de Solidarnosc. Figurent la
phrase « pas de liberté sans Solidarnosc » et un article rapportant une discussion entre le primat de Pologne et Lech Walesa sur la
nécessité de gagner les élections, cela montre une fois de plus l’influence de l’Eglise sur Solidarnosc.
118.
Il s’agit d’une affiche pour les élections de 1989 qui sont les premières élections partiellement libres depuis 1946. Partiellement car elles
permettent seulement le choix aux citoyens de 100 représentants au parlement (460 places réservées au Parti Communiste) et le choix
pour la totalité des représentants du Sénat. Ces élections sont la résultante des accords de la « Table ronde ». L’affiche est inspirée d’un
western américain et représente l’opposition de Solidarnosc au PC.
119.
Apres s’être appuyé sur le rêve américain, Solidarnosc insiste sur le futur de ses électeurs et de leurs enfants. La phrase indique : « pour
qu’ils soient fiers de nous demain, votez le 4 mai. »
120.
Ce document montre la banalisation des manifestations ; ici on voit un petit groupe de manifestants qui expriment leur opposition à un
ministère qui veut remplacer une statue de l’insurrection de Varsovie par une statue communiste. Cela montre que l’opposition gagne
tous les niveaux et intervient de plus en plus souvent.
121.
Mazowiecki devient le premier chef de gouvernement non communiste. On voit le soutien de Walesa et donc de Solidarnosc, ainsi que
de l’Eglise, représentée ici par Jankowski. De plus on aperçoit en arrière plan le drapeau de AK – Armia Krajowa, l’armée polonaise
d’avant l’époque du communisme.
122.
Cette photo clôt bien la période de « démocratie populaire » en Pologne. On voit Lech Walesa votant à la première élection présidentielle
libre, qui le sacrera président.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Recueil de textes sur
la Pologne communiste
(1947-1989)
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L’arrivée au pouvoir des communistes en Pologne
« Devant une telle parodie de démocratie, j'allais trouver Gomułka1 dans son bureau et lui déclarai
que je porterais la question immédiatement devant le peuple si les choses ne changeaient pas
immédiatement.
- N'allez pas trop loin avec le peuple, hurla-t-il dans un accès de rage. Le peuple est déjà contre
nous. Tout le monde est fou ! Faites attention à ce que vous faites, sinon vous aurez, vous et lui, à le
regretter un de ces jours. [...]
- Vous ne pourrez pas nous tuer tous, Gomułka, lui répliquai-je, vous ne pourrez pas tuer un peuple
entier, ni étouffer sa volonté d'indépendance. Vous savez que vous ne pouvez pas l'emporter. Les
Polonais sont anticommunistes par nature. Tout ce qui est possible, c'est qu’à la longue, vous puissiez
peut-être les amener à vos façons de penser, si ces façons de penser comportent une bienveillance au
moins élémentaire. Mais, par Dieu, vous ne ferez jamais entrer le communisme en nous par la force.
Il bondit de sa chaise et se précipita dans ma direction, tenant son revolver pointé sur moi à
l'intérieur de sa poche. Je restais assis tranquillement, car il n'y avait véritablement rien d'autre à faire,
tandis qu’il s'arrêtait près de moi, secoué de crispations nerveuses et incapable de prononcer un mot
tant la rage l'étouffait. [...]
- Nous aurons le peuple, jura-t-il, nous vous aurons aussi. »
S. Mikołlajczyk [1901-1966]. Le Viol de la Pologne, un modèle d'agression soviétique, Plon, 1949.
1. Secrétaire général du parti communiste.
Le Pacte de Varsovie (11-14 mai 1955)
a. Communiqué publié à l'issue de la première journée de la Conférence de Varsovie (11 mai 1955)
Le 11 mai 1955, à 10 heures du matin, la Conférence des Etats européens, pour la garantie de la
paix et de la sécurité en Europe, s'est ouverte à Varsovie, au siège du Conseil des Ministres, dans le
Faubourg de Cracovie.
Participent à la conférence : les délégations de la République populaire d'Albanie, de la République
démocratique allemande, de la République populaire de Bulgarie, de la République populaire hongroise,
de la République populaire de Pologne, de la République populaire roumaine, de la République
tchécoslovaque, de l'Union des Républiques socialistes soviétiques. Un représentant de la République
populaire chinoise participe également à la conférence en tant qu'observateur.
M. Jozef Cyrankiewicz, Président du Conseil des Ministres de la République populaire de Pologne
et chef de la délégation polonaise, a ouvert la conférence en prononçant l'allocution de bienvenue et a
présidé la première séance de la conférence.
Après avoir adopté son règlement, la conférence s'est mise au travail. Le chef de la délégation de
l'U.R.S.S. Président du Conseil des Ministres de l'U.R.S.S., le maréchal Boulganine, le chef de la
délégation tchécoslovaque, M. W. Siroky, Président du Conseil de la République tchécoslovaque, et M.
Jozef Cyrankiewicz, chef de la délégation polonaise, ont fait des déclarations.
La séance de l'après-midi a été présidée par M. Gheorghiu Dej, chef de la délégation roumaine,
premier ministre de la République populaire roumaine. Au cours de cette séance, ont parlé au nom de
leur gouvernement : M. Otto Grotewohl, chef de la délégation de la République démocratique
allemande, Président du Conseil, ainsi que M. Andras Hegedüs, chef de la délégation hongroise et
Président du Conseil des Ministres.
La prochaine séance aura lieu le 12 mai.
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b. Communiqué publié à l'issue de la deuxième journée de la Conférence de Varsovie (12 mai 1955)
Le 12 mai, s'est tenue la troisième séance de la Conférence de Varsovie des Etats européens pour la
garantie de la paix et de la sécurité en Europe. Elle a été présidée par le chef de la délégation hongroise,
M. Andras Hegedüs, Président du Conseil des Ministres de la République populaire de Hongrie. Au
cours de cette séance, M. Mehmet Shehu, Président du Conseil des Ministres de la République
populaire d'Albanie et chef de la délégation albanaise, M. Gheorghiu Dej, Président du Conseil des
Ministres de la République populaire roumaine et chef de la délégation, ainsi que M. V. Tchervenkov,
Président du Conseil des Ministres de la République populaire de Bulgarie et chef de la délégation, ont
fait des déclarations.
Au nom de la République populaire chinoise, le général Peng Teh Huai, Vice-Président du Conseil,
ministre de la Défense nationale, qui assiste à la conférence en tant qu'observateur, a également fait une
déclaration.
Le 12 mai, s'est également tenue une séance à huis-clos de la conférence, au cours de laquelle le
général d'armée A. J. Antonov a parlé des questions liées à la constitution des forces communes armées.
Au cours de l'après-midi, les commissions désignées par la conférence ont tenu séance.
La prochaine séance aura lieu le 13 mai.
c. Communiqué sur la troisième journée de la Conférence de Varsovie (13 mai 1955)
La Conférence de Varsovie des Etats européens pour la garantie de la paix et de la sécurité en
Europe a tenu sa quatrième séance, le 13 mai, sous la présidence du maréchal Boulganine, Président du
Conseil des Ministres de l'U.R.S.S., chef de la délégation.
Au cours de la séance, ont été examinés tous les articles du traité d'amitié, de coopération et d'aide
mutuelle entre la République populaire d'Albanie, la République démocratique allemande, la
République populaire de Bulgarie, la République populaire de Hongrie, la République populaire de
Pologne, la République populaire roumaine, la République tchécoslovaque et l'Union des Républiques
socialistes soviétiques.
Toutes les délégations des pays représentés à la Conférence ont déclaré qu'elles acceptaient le texte
du traité.
Il a été décidé que la signature du traité aurait lieu le 14 mai, au siège du Conseil d'Etat de la
République populaire de Pologne.
Au cours de la séance, a été adoptée une décision relative à la création d'un commandement
commun des forces armées des signataires du traité.
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d. Communiqué sur la formation du commandement unifié des forces armées des Etats signataires du
Traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle (Varsovie, 14 mai 1955)
Conformément au Traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle, conclu entre la
République populaire d'Albanie, la République populaire de Bulgarie, la République populaire
hongroise, la République démocratique allemande, la République populaire polonaise, la République
populaire roumaine, l'Union des Républiques socialistes soviétiques et la République tchécoslovaque,
les Etats signataires du traité ont pris la décision de créer un commandement unifié des forces armées.
Cette décision prévoit que les questions générales ayant trait à la consolidation de la capacité de
défense et à l'organisation des forces armées unifiées des Etats signataires du traité devront être
examinées par un comité consultatif politique habilité à prendre les décisions appropriées.
Le maréchal de l'Union soviétique I.S. Koniev est nommé au poste de commandant en chef des
forces armées unifiées désignées par les Etats signataires du traité.
Les ministres de la Défense ou d'autres chefs militaires des Etats signataires du traité sont nommés
adjoints du commandant en chef des forces armées unifiées ; ils sont chargés du commandement des
forces armées de chaque Etat signataire du traité mises à la disposition des forces armées unifiées.
La question de la participation de la République démocratique allemande aux mesures concernant
les forces armées du commandement unifié sera examinée plus tard.
Un état-major des forces armées des Etats signataires du traité sera créé auprès du commandant en
chef des forces armées unifiées ; les représentants des états-majors généraux des Etats signataires du
traité en feront partie.
Le siège de l'état-major est la ville de Moscou. La répartition des forces armées unifiées sur le
territoire des Etats signataires du traité sera réalisée en conformité avec les besoins de la défense
mutuelle par accord entre ces Etats.
Discours de Gomułka* après les émeutes de Poznań (20 octobre 1956)
« Les causes de la tragédie de Poznań et du profond mécontentement de la classe ouvrière se
trouvent chez nous, dans la direction du Parti, au gouvernement. Le feu couvait depuis plusieurs années.
Le plan sexennal économique [. . .] prôné comme étant une nouvelle étape d'un accroissement
important du niveau de vie, a trompé les espoirs de larges masses de travailleurs. La jonglerie des
chiffres qui faisait état d'une augmentation de 27 % des salaires réels n'a pas réussi. Cela n'a fait
qu'irriter davantage les gens [...].Sous ce système, on brisait les caractères et les consciences humaines,
on piétinait les gens, on crachait sur leur honneur. La calomnie, le mensonge et la fausseté, et même
des provocations servaient d'instrument pour exercer le pouvoir. Des faits tragiques se sont produits,
des gens innocents ont été envoyés à la mort. De nombreux autres innocents ont été emprisonnés, et
quelquefois même pendant de nombreuses années. Il y eut parmi eux des communistes. Maintes
personnes ont été soumises à des tortures bestiales. On avait semé la peur, la démoralisation.
Nous en avons fini avec ce système ou sommes sur le point d'en finir une fois pour toutes. Il faut
substituer à tous ces mauvais éléments de notre modèle de socialisme de nouveaux éléments [...].Il faut
perfectionner le modèle à l'aide de meilleurs exemples existants et y apporter nos propres constructions
perfectionnées.
Ce qui est invariable dans le socialisme se réduit à la suppression de l'exploitation de l'homme par
l'homme. Les voies qui mènent à ce but peuvent être et sont multiples. […] Le modèle du socialisme
[...] peut être du genre créé en Union soviétique, il peut être formé à la manière que nous observons en
Yougoslavie, et il peut être encore différent. […]
Nous ne permettrons à personne de tirer profit du processus de démocratisation au détriment du
socialisme. À la tête du processus de démocratisation se place notre Parti. »
Extrait du discours de Gomułka devant le Comité central du POUP, 20 octobre 1956.
* Exclu du Parti en 1949, Gomułka a été réhabilité en août 1956. Il redevient premier secrétaire du Parti le 21 octobre.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Discours de Gomułka, 21 octobre 1956.
En octobre 1956, des manifestations éclatent en Pologne. Les dirigeants staliniens doivent céder la
place à Gomułka. Dirigeant communiste polonais, écarté du pouvoir par ordre de Staline en 1948 et
emprisonné, Gomułka a été libéré en 1956 ; il redevient Premier secrétaire du Parti ouvrier unifié
(parti communiste polonais).
Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS cessa d'être l'unique pays édifiant le socialisme. Sur
l'arène mondiale sont apparus la Chine populaire et plusieurs pays de démocratie populaire, dont la
Pologne, qui se sont engagés dans la voie de l'édification du socialisme. Devant les partis ouvriers de
ces pays, et, par conséquent, devant notre Parti, se sont posés des problèmes qui, auparavant,
n'existaient pas en pratique. Font partie de ces problèmes des questions telles que la voie menant au
socialisme dans des conditions propres à chaque pays, ce qui, dans une certaine mesure, se projette sur
la formation d'un modèle de socialisme et sur les rapports mutuels entre Partis et États, entre les Partis
et les gouvernements des pays du camp du socialisme [.. .].
Ces rapports devraient se cristalliser sur la base d'une solidarité ouvrière internationale [...]. Dans
le cadre de tels rapports, chaque pays devrait posséder une pleine indépendance et une pleine
autonomie, et les droits de chaque peuple à se gouverner souverainement dans un pays indépendant
devraient être totalement et mutuellement respectés [...].
Un intellectuel contre le régime
« Qu'est que le socialisme ?
Nous vous dirons ce qu'est le socialisme. Mais d'abord nous devons vous dire ce que n'est pas le
socialisme. C'est une question sur laquelle, autrefois, nous avions une idée bien différente de celle que
nous avons aujourd'hui.
Bien, donc le socialisme n'est pas :
Une société dans laquelle celui qui n'a pas commis un crime reste chez lui, en attendant la police.
Une société dans laquelle c'est un crime d'être le frère, la sœur, le fils ou la femme d'un criminel.
Une société dans laquelle quelqu'un est malheureux parce qu'il dit ce qu'il pense et quelqu'un d’autre
heureux parce qu'il dit ce qu'il ne pense pas. Une société où quelqu'un est mieux parce qu'il ne pense
pas du tout. [...]
Un État où quiconque chante les louanges des dirigeants est dans une meilleure situation.
Un État où l'on peut être condamné sans jugement. [...]
Une société où dix personnes vivent dans une seule pièce [...] .
Un État qui ne permet pas les voyages à l'étranger.
Un État qui a plus d'espions que de nourrices, et plus de gens en prison que dans les hôpitaux [...].
Un État qui produit d'excellents avions à réaction et de mauvaises chaussures. [...]
Une nation qui est opprimée par une autre nation. [...]
Un État où une partie de la population reçoit des salaires quarante fois plus élevés que ceux des autres.
[...]
Un État dans lequel les résultats des élections parlementaires peuvent toujours être prédits. [...]
Voilà la première partie. Mais maintenant, attention, nous allons vous dire ce qu'est le socialisme. Bien :
le socialisme est une bonne chose.»
Leszek Kolakowski*, poème en prose destiné à l'hebdomadaire polonais
Pro statu mais censuré, publié dans La Vérité le 15 mars 1957.
* : Kolakowski est un philosophe marxiste contestataire qui dénonce la dégénérescence du système communiste.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
32
Gomułka, Intervention au IXe Plenum du Comité central du POUP
publié dans Trybuna Ludu, 17 mai 1957.
« Il faut souligner que notre parti s'oppose aux grèves, qu’il ne peut ni les organiser, ni les soutenir.
Mais nous ne voulons pas recourir à des moyens administratifs lorsque les ouvriers abandonnent leur
travail [...]. Sans priver les ouvriers du droit de grève, nous devons leur dire : la grève ne conduit pas au
mieux-être, elle n'augmente pas, au contraire, elle diminue la ration de pain dans le pays. Aussi est-il
préférable de ne pas la faire.»
Tableau de la dépendance de la Pologne à l'égard de l'U. R. S. S. pour ses
sources essentielles de matières premières (dépendance en pourcentage
pour 1967) :
pétrole
100 %
minerai de manganèse
88 %
aluminium
87 %
minerai de fer
85 %
cuivre
64 %
produits pétroliers
63 %
coton
57 %
bois
57 %
produits laminés
51 %
céréales
51 %
(Source : Ambassade de France à Varsovie, décembre 1970).
Le chancelier Brandt à Varsovie (1970)
Le 7 décembre 1970, Willy Brandt est à Varsovie pour la signature du traité germano-polonais. Il se
rend d'abord au monument du soldat inconnu, où près de deux mille Polonais sont rassemblés et
écoutent en silence le Deutschland über alles. Quelques instants plus tard, le programme de la visite
officielle le conduit au monument élevé à la mémoire des victimes du ghetto de Varsovie. À pas lents,
très droit, le Chancelier allemand s'approche, dépose une gerbe de fleurs, se recule pour se recueillir
quelques instants et soudain s'agenouille sur les marches, dans un geste d'humilité qui surprend toute
l'assistance. Rien ne trouble le silence lorsque Willy Brandt, les yeux pleins de armes, se relève et se
dirige vers sa voiture. Sans un cri, les Polonais qui sont là saluent son départ à grands coups de chapeau.
Le Monde, 8 mai 1974.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
33
L'action ouvrière clandestine en Pologne dans les années 1970
Souvenirs d'Alina Pienskowska, infirmière aux chantiers navals de Gdańsk.
Notre première rencontre avec Lech Wałęsa eut lieu en 1978 lors d'une réunion de la rédaction de
L'Ouvrier du littoral. Nous étions traqués par les gens de la Sécurité. Nos réunions étaient repérées.
Malgré tout, nous nous sentions bien dans notre peau.
Lech était un nouveau, mais il n'a pas loupé son entrée. Il venait tout juste de rentrer de congés et il
s'est bien amusé à nous raconter comment il avait apporté le journal au poste de la milice « pour que les
gars aient de la lecture ». Ça s'était passé dans un bled, et personne ne l'avait arrêté ni même flanqué à
la porte. Ils s'étaient bornés à refuser le dialogue.
Lech était un élément très précieux pour la diffusion de notre matériel. La plupart de ceux qui
distribuaient les tracts ou les bulletins devant l'église ou les chantiers étaient des hommes. Les gens qui
n'avaient pu recevoir leur ration de lecture sur le pont qui fait face aux chantiers venaient jusque chez
moi au dispensaire, telle était toute notre action subversive
In Lech WALESA, Un chemin d'espoir, Fayard, 1987.
« Ces gens qui redressaient la tête ! »
Vint ensuite l'année 1980 et la grande grève au chantier naval. Sa grille de fer fut couverte des fleurs de
ce bouleversement sans effusion de sang. Pendant près d'un mois, ce fut la grande fête des drapeaux, la
fête du redressement progressif des têtes. Je suis resté avec les ouvriers en grève à l'intérieur du
chantier. Durant des jours et des semaines, j'ai observé quelque chose qui rappelait une expérience
mystique - voilà qu'une foule terne et surmenée se transformait en hommes. Je n'oublierai jamais
l'image de tous ces gens qui redressaient la tête. Ils le faisaient avec un tel effort que l'on pouvait
presque entendre le craquement des vertèbres.
Antoni Pawlak, écrivain polonais, Fleurs de Gdansk.
Extraits de Pologne, Autrement, 1995.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
34
Les principales revendications des travailleurs de Gdańsk
1. Le droit de fonder des syndicats libres, indépendants du Parti et des employeurs, sur la base de la
convention de l'Organisation internationale du travail relative à la liberté syndicale, ratifiée par la
République populaire de Pologne.
2. Le droit de grève.
3. Le respect de liberté d'expression et de publication.
4. Le rétablissement dans leurs droits des ouvriers licenciés en 1970 et 1976, ainsi que des étudiants
arbitrairement exclus de l'Université, la libération des prisonniers politiques et l'arrêt de la répression
pour délit d'opinion.
5. L'annonce dans tous les médias officiels de la création et des revendications du Comité de grève
inter-entreprises.
6. Le paiement des jours de grève.
7. Le relèvement des salaires mensuels de 2000 zlotys en compensation de la hausse des prix.
8. La retraite après 35 années de travail.
9. La suppression des PEWEX (magasins où des produits occidentaux sont vendus contre des devises
uniquement).
10. L'abolition des privilèges de l'appareil du Parti et des organes de sécurité.
11. La reconnaissance du principe de l'avancement selon des critères de compétence et non
d'appartenance au Parti.
« Programme en 21 points » du Comité de grève inter-entreprises, août 1980.
Cité dans P. Buhler, Histoire de la Pologne communiste, Karthala, 1997.
Les accords de Gdańsk (31 août 1980)
« L'activité des syndicats en Pologne populaire n'a pas répondu aux espoirs et aux aspirations des
travailleurs ; on estime qu'il serait utile de créer des syndicats nouveaux autogérés qui seraient une
représentation authentique de la classe laborieuse [...].
Les nouveaux syndicats défendront les intérêts sociaux et matériels des ouvriers et n'ont pas
l'intention de jouer un rôle de parti politique. Ils se fondent sur le principe de la propriété sociale des
moyens de production, base du système socialiste existant en Pologne ; ils reconnaissent que le POUP
(Parti ouvrier unifié) joue un rôle dirigeant dans l'État et [ils] ne s'opposent pas au système existant des
alliances internationales [...]. Le droit de grève sera garanti dans la nouvelle loi sur les syndicats...
L'utilisation des mass média par les associations religieuses dans le domaine de leurs activités
religieuses sera réalisée par la voie des accords entre les institutions de l'État et les associations
religieuses, tant en ce qui concerne les problèmes de contenu que l'organisation. Le gouvernement
assurera la transmission par la radio de la messe dominicale dans le cadre d'un accord particulier avec
l'épiscopat.
L'activité de la radio et de la télévision ainsi que de la presse et des maisons d'édition doit servir à
l'expression des diverses pensées, points de vue et opinions. Elle devrait être soumise au contrôle social.
»
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
35
Jean-Paul II écrit à Brejnev en décembre 1980.
"A son excellence, M Leonid Brejnev Président du Soviet suprême de l'Union des Républiques
socialistes soviétiques (1)
Je me fais l'expression de l'inquiétude de l'Europe et de l'ensemble du monde à propos de la
tension engendrée par les événements intérieurs survenus en Pologne au cours de ces derniers mois. La
Pologne est un des pays signataires des accords d'Helsinki. Cette nation fut, en septembre 1939, la
première victime d'une agression à l'origine de la terrible période de l'Occupation, qui durerait jusqu'en
1945. Pendant toute la seconde Guerre mondiale, les Polonais restèrent aux côtés des Alliés, se battant
sur chacun des fronts de la bataille, et la rage destructrice de ce conflit coûta à la Pologne la perte de
près de six millions de ses fils, soit un cinquième de sa population.
Ayant donc à l'esprit les divers motifs graves de préoccupation engendrés par la tension
concernant la situation actuelle en Pologne, je vous demande de faire tout ce qui est en votre pouvoir
afin que disparaisse ce qui constitue, selon l'opinion générale, les causes de cette préoccupation. Cela
est indispensable à la détente en Europe et dans le monde. Un tel résultat ne peut être obtenu me
semble-t-il qu'en demeurant fidèle aux principes solennels des accords de Helsinki, qui définissent les
critères régulant les relations entre les Etats. Et notamment en respectant les droits relatifs à la
souveraineté, ainsi que le principe de non-intervention dans les affaires intérieures de chacun des Etats
participants. Les événements qui se sont déroulés en Pologne ces derniers mois ont été provoqués par la
nécessité inéluctable d'une reconstruction économique du pays, qui exige, en même temps, une
reconstruction morale fondée sur l'engagement conscient, dans la solidarité, de toutes les forces de la
société.
Je suis sûr que vous ferez tout votre possible pour dissiper la tension actuelle, afin que l'opinion
publique soit rassurée au sujet d'un problème aussi délicat et urgent.
J'espère vivement que vous serez assez aimable pour accueillir et examiner avec attention ce que
j'ai cru de mon devoir de vous exposer, en considérant que je ne suis inspiré que par les intérêts de la
paix et de la compréhension entre les peuples.
JOHANNES PAULUS PP.II
Le Vatican
16 décembre 1980"
(1) Lettre écrite en français, sur un papier crème frappé des armes personnelles de Jean Paul II,
publiée dans "La vie" en 1998
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
36
Discours télévisé de Jaruzelski pour annoncer l’Etat de siège (nuit du 12
au 13 décembre 1981).
"Le pays est au bord de l'abîme (...) les structures de l'Etat cessent de fonctionner, de nouveaux coups
sont portés chaque jour à une économie moribonde (...) une atmosphère de haine (...) blesse nos
traditions de tolérance (...), des appels sont lancés à en découdre avec les "rouges", avec ceux qui ont
une opinion différente. Les cas de terreur, de menaces et de lynchage moral se multiplient, de même
que les cas de violence directe. Une vague de crimes audacieux, d'attaques et de cambriolages déferle
sur le pays. Les immenses fortunes des requis de l'économie parallèle s'accroissent (...). La catastrophe
nationale n'est plus une question de jours, mais d'heures".
Puis, après avoir évoqué la chance perdue par "Solidarité" de l'entente nationale et brandi la menace
d'une conflagration nationale lors de la manifestation prévue à Varsovie le 17 décembre, Jaruzelski
annonce qu'un "Comité Militaire de Salut National" (WRON) a été formé et que le Conseil d'Etat a
proclamé à minuit la loi martiale sur l'ensemble du pays. Mais, ajoute-t-il, "nous ne visons pas un coup
d'Etat militaire, une dictature militaire (...), aucun des problèmes de la Pologne ne peut être résolu à
long terme par la force (...), le WRON sera dissous une fois que les conditions normales de
fonctionnement des institutions seront rétablies". Et le général d'annoncer les premières mesures de la
loi martiale : la création de commissaires militaires plénipotentiaires dans l'administration et les
entreprises importantes, l'internement préventif des "personnes qui constituent une menace pour l'Etat".
Et, pour bien montrer qu'"il n'y aura pas de retour aux errements d'avant août 1980", l'internement
frappe également quelques dizaines de "personnes qui portent une responsabilité personnelle dans la
crise de l'Etat", c'est-à-dire Gierek et ses fidèles. Pour faire bonne mesure, Jaruzelski annonce
également la mise en place de procédures d'exception contre la grande criminalité, la révocation de
fonctionnaires coupables d'abus et une amnistie pour certains délits politiques.
Le Parti est pratiquement ignoré dans l'allocution, mais le socialisme est porté au pinacle : il est
"irréversible", il sera "purgé pour l'éternité (...) des déformations et des altérations". Le projet d'entente
nationale sera poursuivi, notamment avec "le courant sain, ouvrier précisément, de ‘Solidarité’", de
même que la réforme économique. Puis, pour appuyer les accents lourdement patriotiques de son
allocution, le général la conclut par un solennel "la Pologne n'est pas morte", les premiers mots de
l'hymne national, par lequel s'achève l'apparition.
Cité dans Pierre BUHLER, Histoire de la Pologne communiste : autopsie d'une imposture, Editions
Karthala, Paris, 1997
Le coup de force du général Jaruzelski*, le 13 décembre 1981
En une nuit, pratiquement toutes les arrestations prévues ont été opérées.
En une nuit, l'appareil de Solidarité a été détruit et tous ces autres hommes, intellectuels, journalistes,
ouvriers écoutés de leurs ateliers se sont retrouvés en prison. En cinq jours, la résistance des grandes
usines a été brisée. En trois semaines, les dernières grandes « poches» ont été réduites [...].
On a tout simplement arrêté, et il suffit de dire cela, des hommes - tenons-nous en au chiffre officiel :
cinq mille cinquante-cinq - dont le seul tort était d'avoir voulu, sans jamais violer une loi pourtant imposée, sans jamais avoir recouru à une quelconque forme de violence, en ayant si peu préparé la
subversion et la prise du pouvoir qu'ils se sont tous laissé cueillir comme des enfants, des hommes donc
qui n'avaient jamais que réclamé ouvertement, dans des réunions toujours ouvertes, sans jamais se
cacher de quoi que ce soit, plus de liberté. [...]
L'ordre règne, mais cet ordre se résume à la destruction de Solidarité.
Le Monde, 1er janvier 1982.
*: Ministre de la Défense, chef du gouvernement (à partir de février 1981) et premier secrétaire du POUP - Parti ouvrier
unifié polonais, Parti communiste - à partir d'octobre 1981.
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A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
37
La crise polonaise au Parlement européen
Le Parlement européen a adopté jeudi soir, par 180 voix pour, 2 contre et 4 abstentions une
résolution « condamnant » les mesures prises à Varsovie […], demandant l'abrogation de l'état
d'urgence et la mise en liberté immédiate des personnes arrêtées [...]. Plusieurs orateurs ont souligné la
responsabilité de l’Union soviétique, le fait qu’il ne s’agissait en apparence que d’un conflit entre
Polonais. « La répression émane de l’armée et de la police polonaise, mais cela n’est pas moins grave »,
a observé M. Pelikan (socialiste italien), ancien directeur de la télévision tchécoslovaque, qui, comme il
l’a rappelé, « a vécu lui aussi, en 1968, la fin d’un grand espoir socialiste ».
La plupart des orateurs, critiquant l’attitude des Gouvernements de la Communauté ont estimé
qu'une prudence excessive, sous prétexte de non-ingérence, était malvenue, et en tous cas dépassée […].
C'est au contraire parce qu' « ils ne veulent rien faire qui puisse aggraver les risques de guerre civile
et d'intervention étrangère, dont ils ne veulent pas », que les communistes français sont défavorables à
l'initiative du Parlement. M. Martin, leur porte-parole, [...] déplore l'état d'exception, les arrestations et
les internements, mais il dénonce ensuite « le tapage indécent et cynique » de ceux qui ont soutenu ou
s'accommodent des dictatures chilienne et turque et dont l'espoir, en fait, « est que le sang coule en
Pologne ». M. Ephrémédis (PC, Grec) va plus loin. Il est lui aussi préoccupé par les événements mais
estime que « la responsabilité en incombe à l’aile extrême de Solidarité1. »
Philippe LEMAÎTRE, «Le Parlement européen condamne les mesures prises à Varsovie ",
Le Monde, 19 décembre 1981.
1. Syndicat polonais dissident.
La situation en 1988
Ainsi, sept années après le coup d'État du général Jaruzelski, la Pologne ressemble de plus en plus à
un pays en état d'anomie, invertébré, où l'on ne peut vivre sans avoir recours au système D. La
dégradation des services (jusqu'aux transports en commun plus chers, plus rares et de piètre qualité)
s'ajoute aux revenus insuffisants et à la pénurie de nombreux biens. Tel est le premier et plus lourd
échec de l'homme du 13 décembre 1981.
Un bouleversement semble s'être amorcé, il y a un peu plus d'un an, dans les profondeurs de la
société polonaise. Il se caractérise par un mécontentement grandissant de la jeunesse ouvrière et
étudiante, par un effondrement de la confiance à l'égard du pouvoir, et par un sentiment net que toute
perspective est bouchée pour une majorité de la population. Ce pessimisme généralisé a eu des effets
contradictoires : regain de l'émigration et repli sur soi, certes, mais aussi apparition d'un nouvel esprit
revendicatif dans les entreprises et les universités.
J.- Y. Potel1, Le Monde diplomatique, octobre 1988.
1 : Jean-Yves Potel a écrit plusieurs ouvrages sur la fin du communisme
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38
Le combat de Lech Wałęsa pour la libération de la Pologne
Employé des chantiers navals de Gdańsk et porte-parole des ouvriers en grèves Lech Wałęsa est l'un des
fondateurs en 1980 du syndicat libre Solidarność (« Solidarité ») dont il devient le président en 1981. Il
symbolise la résistance des Polonais contre le gouvernement communiste.
Pour l'instant, nous en sommes encore à combattre ce que les communistes appellent les « séquelles
du stalinisme ». C'est-à-dire le monopole d'un parti unique, le contrôle de l'économie par la
nomenklatura et l'existence d'une classe privilégiée qui n'obéit à aucune des lois. J'appelle ça le
stalinisme. Et il faut en finir avec un tel exercice du pouvoir. […]
Aujourd'hui les problèmes de tous les pays de l'Est sont pratiquement identiques. Crise
économique, crise de confiance, recherche d'un nouveau consensus. Chaque pays a son propre remède.
En Pologne, c'est Solidarność, mais aussi l'Église catholique, qui n'a jamais été aussi puissante, et
l'agriculture privée, actuellement protégée par le pouvoir car elle seule produit encore en dépit de la
crise. En URSS, le remède est la perestroïka, et la situation est très différente, car l'initiative des
réformes a été prise par le Parti. […]
Le malheur de Solidarność était d'avoir été une belle fleur solitaire qui a poussé trop tôt en hiver.
Aujourd'hui, je vois clairement que Solidarność, dans la situation internationale de 1981, n'avait aucun
avenir, que rien ne pouvait la sauver. Mais Solidarność a gagné sa bataille malgré tout. Les autorités
polonaises ont compris que Solidarność n'est pas seulement un syndicat, pas seulement un mouvement,
mais des réformes.
Interview recueillie par le correspondant de Libération à Varsovie, 8 décembre 1988.
La Une du premier journal d'opposition légalement autorisé
Chers lecteurs,
Voilà, après 40 ans, on a en Pologne et peut-être dans tout le bloc communiste le premier
hebdomadaire normal et indépendant. On entend par « normal » le journal qui essaie avant tout
d'informer, vite, objectivement, séparant le commentaire de l'information. [...]
Le journal a été créé sur l'accord de la « table ronde » mais on l'édite et rédige sous notre
responsabilité. On se sent lié à Solidarność mais on veut présenter des opinions de toute la société
indépendante.
L'équipe de rédaction.
Pas de liberté sans Solidarność
On a écrit ce slogan sur nos drapeaux et on y est resté fidèle pendant les 7 ans de notre activité
clandestine. La vertu de l'endurance est récompensée [...].
Il s'est passé à peine un mois après la signature de l'accord conclu à la « table ronde » et déjà on n'a
pas seulement un syndicat mais aussi un programme électoral, des candidats pour l'Assemblée et le
Sénat et enfin la Gazette électorale, le premier journal indépendant entre l'Elbe et le Pacifique et ça
restera. [...]
On a les élections devant nous où pour la première fois on pourra choisir les candidats qu'on veut.
Les gens demandent: qu'est-ce qui suit ? Qu'est-ce qu'il y aura dans 4 ans ? Pour une autre vie
meilleure, on doit gagner les élections1.
Lech Wałęsa.
Extraits du 1er numéro de la Gazeta wyborcza,(« Gazette électorale ») du 8 mai 1989.
1. L'opposition remporte 99 % des sièges du nouveau Sénat et la quasi-totalité des 35 % des sièges renouvelés à l'Assemblée.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
39
La reconnaissance de Solidarność le 24 septembre 1980.
« C'est le jour de l'enregistrement officiel de Solidarité. La Pologne est encore communiste. Et
l'existence d'un premier syndicat indépendant est à l'époque quelque chose d'aberrant. Chacun pressent
que c'est un germe qui peut faire éclater le communisme. Mais personne n'en dit mot. Pourtant on sait.
Moi, je sais. Il y a foule. Elle me bouscule, et me hisse sur des épaules. Je suis heureux. C'est un
moment clé, une étape qui rendra possible tout le reste : la perestroïka, la réunification de l'Allemagne,
le départ des troupes soviétiques d'Europe de l’Est. »
Lech Wałęsa, entretien avec Annick Cojean, Le Monde, 22 août 1997.
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
40
GLOSSAIRE DES SIGLES POLONAIS
A..K.: Armia Krajowa
A..L. : Armia Ludowa
B.H.P. : Bezpieczenstwo i Higiena Pracy
C.B.K.P.: Centralne Biuro Kommunistow Polskich
C.K.Z.Z. : Centralna Komisja Zwiazkow Zawodowych
C.R.Z.Z. : Centralna Rada Zwiazkow Zawodowych
C.U.P. : Centralny Urzad Planowania
C.Z.S. : Centralny Zwiazek Spolek
D.iP.: Doswiadczenie i Przyszlosc
F.J.N.: Front Jednosci Narodowej
F.S.O. : Fabryka Samochodow Osobowych
G.L.: Gwardia Ludowa
G.U.K.P.P.iW. : Glowny Urzad Kontroli Prasy,
Przedstawien i Widowisk
G.U.S. : Glowny Urzad Statystik
K.B.W. : Korpus Bezpieczenstwa Wewnetrznego
K.G.B. : Komitet Gosoudarstvennoï Bezopasnosti
K.I.K. : Klub Inteligencji Katolickiej
K.K.P.: Krajowa Komisja Porozumiewawcza
K.K.W.: Krajowa Komisja Wykonawcza
K.O.K.: Komitet Obrony Kraju
K.O.N. : Konwent Organizacji Niepodleglosciowych
K.O.P.C.iO.: Komitet Obrony Praw Czlowieka i
Obywatela
K.O.R. : Komitet Obrony Robotnikow
K.O.S. : Krakowska Oficyna Studencka
K.P.I.K. : Klub Postepowej Inteligencji Katolickiej
K.P.N. : Konfederacja Polski Niepodleglej
K.P.P. : Komunistyczna Partia Polska
K.P.R.P. : Komunistyczna Partia Robotnicza Polska
K.R.N. : Krajowa Rada Narodowa
K.R.S.-W.S.N. : Kluby RzeczyPospolitej SamorzadnejWolnosc-SprawiedliwoscNiepodleglosc
K.S.Ch.: Komitet Samoobrony Chlopskiej
K.S.N.: Kongres Solidarnosci Narodu
K.S.N.: Kluby Sluzby Niepodleglosci
K.S.S. : Komitet Samoobrony Spolecznej
K.U.L. :Katolycki Uniwersytet Lubelski
K.W.C. : Kierownictwo Walki Cywilnej
M.K.S. : Miedzyzakladowy Komitet Strajkowy
M.K.Z.N.S.Z.Z.: Miedzyzakladowy Komitet Zalozycielski
Niezaleznych Samorzadowych
Zwiazkow Zawodowych
M.O. : Milicja Obywatelska
N.I.K.: Najwysza Izba Kontroli.
N.K.V.D. : Narodnyi Kommissariat Vnoutrennych Del
N.O.W. : Niezalezna Oficyna Wydawnicza
N.O.W.: Narodowa Organizacja Wojskowa
N.S.Z. : Narodowe Sily Zbrojne
N.Z.S.: Niezalezny Zwiazek Studentow
N.Z.W. : Narodowy Zwiazek Wojskowy
O.B.O.S.: Osrodek Badania Opinii Spolecznej
O.H.: Organizacja Harcerzy
O.K.P.: Obywatelski Klub Parlamentarny
O.N.R. : Oboz Narodowo-Radykalny
O.P.W. : Oboz Polski Walczacej
O.R.M.O. : Ochotnicza Rezerwa Milicji Obywatelskiej
P.A.L. : Polska Armia Ludowa
P.A.N. : Polska Akademia Nauk
P.A.P.: Polska Agencja Prasowa
P.G.R. : Panstwowe Gospodarstwo Rolnicze
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P.K.W.N.: Polski Komitet Wyzwolenia Narodowego
P.P.N.: Polskie Porozumienie Niepodleglosciowe
P.P.R. : Polska Partia Robotnicza
P.P.S. : Polska Partia Socjalistyczna
P.R.O.N.: Patriotyczny Ruch Odrodzenia Narodowego
P.S.L. : Polskie Stronnictwo Ludowe
P.Z.P.R. : Polska Zjednoczona Partia Robotnicza
R.J.N. : Rada Jednosci Narodowej
R.M.P. : Ruch Mlodej Polski
R.O.P.C.iO. : Ruch Obrony Praw Czlowieka i Obywatela
R.P.P.S. : Robotnicza Partia Polskich Socjalistow
R.P.Z. : Rada Pomocy Zydom
R.W.E. : Radio Wolna Europa
R.Z.M. : Rewolucyjny Zwiazek Mlodziezy
S.A.L.T. : Strategic Arms Limitation Treaty
S.B. : Sluzba Bezpieczenstwa
S.D. : Stronnictwo Demokratyczne
S.D.K.P.: SocjalDemokracja Krolestwa Polski
S.D.K.P.i L. : SocjalDemokracja Krolestwa Polski i Litwy
S.D.P.: Stowarzyszenie Dziennikarzy Polskich
S.D.R.P. : Socjal-Demokracja RzeczyPospolitej Polskiej
S.G.P.i S. : Szkola Glowna Planowania i Statystiki
S.K.R.:Spoldzielnia Kolek Rolniczych
S.K.S. : Studencki Komitet Solidarnosci
S.L. : Stronnictwo Ludowe
S.N. : Stronnictwo Narodowe
S.P. : Stronnictwo Pracy
S.Z.P.: Sluzba Zwyciestwu Polski
T.G.O.: Terenowe Grupy Operacyjne
T.K.K.: Tymczasowa Komisja Koordynacyjna
T.K.N. : Towarzystwo Kursow Naukowych
T.P.P.R.: Towarzystwo Pryjazni Polsko-Radzieckiej
T.R.J.N. : Tymczasowy Rzad Jednosci Narodowej
T.R.R.P. : Tymczasowy Rzad RzeczyPospolitej Polskiej
U.B.P. : Urzad Bezpieczenstwa Publicznego
W.i N. : Wolnosc i Niepodleglosc
W.O.G.: Wielka Organizacja Gospodarcza.
W.P. : Wojsko Polskie
W.R.N. : Wolnosc-Rownosc-Niepodleglosc
W.R.O.N.: Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego
W.W. : Wojska Wewnetrzne
Z.B.O.W.iD. : Zwiazek Bojownikow za Wolnosc i
Demokracje
Z.H.P. : Zwiazek Harcerzy Polskich
Z.I.S.Po. : Zaklady Imienia Stalina w Poznaniu
Z.K.W.Z.Z. : Zalozycielski Komitet Wolnego Zwiazku
Zawodowego
Z.L.P. : Zwiazek Literatow Polskich
Z.M.D. : Zwiazek Mlodych Demokratow
Z.M.P. : Zwiazek Mlodziezy Polskiej
Z.M.S. : Zwiazek Mlodziezy Socjalistycznej
Z.M.W. : Zwiazek Mlodziezy Wiejskiej
Z.O.B. : Zydowska Organizacja Bojowa
Z.O.M.O.: Zmechanizowane Oddzialy Milicji
Obywatelskiej
Z.P.P.: Zwiazek Patriotow Polskich
Z.P.R. : Zwiazek Polskich Robotnikow
Z.R.M. : Zwiazek Mlodziezy Robotniczej
Z.S.Chl.: Zwiazek Samopomocy Chlopskiej
Z.S.L. : Zjednoczone Stronnictwo Ludowe
Z.S.M.P.: Zwiazek Socjalistycznej Modziezy Polskiej.
Z.W.Z.: Zwiazek Walki Zbrojne
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Rappel : Modèle soviétique et démocraties populaires dans les programmes de TL-ES et TS
« HISTOIRE - CLASSE DE TERMINALE S
Le monde contemporain (II)
I - Les relations internationales depuis 1945 (12h)
1 - La guerre froide (1947-1991)
On analyse les caractéristiques majeures de la guerre froide et on réfléchit à sa périodisation. On intègre dans cette
étude la présentation des modèles soviétique et américain.
L’étude des modèles américain et soviétique inclut la présentation de leur force d’attraction, de leur diffusion et de
leur mobilisation dans le cadre de la confrontation entre les deux Grands. »
« HISTOIRE - CLASSE TERMINALE DES SÉRIES L ET ES
Le monde, l’Europe, la France de 1945 à nos jours
II - L’Europe de 1945 à nos jours
2 - Le temps des démocraties populaires (1948-1989)
L’étude de la mise en place de l’ordre stalinien permet de montrer la dépendance de ces pays envers l’URSS. Les
révoltes des années 1950 et les stratégies réformistes font apparaître une différenciation marquée entre les pays. L’entrée en
jeu progressive des sociétés civiles est mise en valeur pour rendre compte de la disparition des démocraties populaires.
Lorsque s’achève la guerre, les victoires de l’Armée rouge ont constitué un glacis dans lequel l’autorité de l’URSS
s’exerce sans contre-pouvoirs effectifs : il correspond à la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la
Tchécoslovaquie.
Ces entités sont diverses en ce qui concerne leur organisation socio-économique, leur paysage religieux, le rapport
historique qu’elles entretiennent avec la Russie/URSS, l’espoir mis dans le communisme et leur expérience du pluralisme
politique. Nonobstant ces contrastes, un système aussi uniforme que possible s’y impose en quelques années, conjuguant
élimination de fait du pluralisme au profit des communistes et soumission à Moscou (acquise dans les pays du glacis entre
1945 et 1948), terrorisme visant à déstructurer les identités nationales, évolution vers le socialisme d’État. Le qualificatif de
démocraties populaires est utilisé (1947) pour désigner ce nouveau type de régime, appelé au dépassement de la démocratie
« bourgeoise» et à l’édification du socialisme.
La mort de Staline et le cours nouveau introduit par ses successeurs permettent de mesurer le rejet de ce modèle imposé
de l’extérieur, rejet déjà manifesté par la résistance yougoslave à la soviétisation. Un équilibre se cherche. Si toute remise en
cause jugée dangereuse est passible d’une répression qui s’abat sur les dirigeants et la société (l’Octobre hongrois), les partis
communistes nationaux acquièrent une marge réelle. En témoignent la gestion ouverte de la crise polonaise de 1956, le
positionnement diplomatique roumain et plus généralement le réformisme à l’œuvre à partir des années 1950, lui-même
indissociable des mutations sociales (accroissement des effectifs ouvriers, essor d’une intelligentsia technicienne et forte
augmentation des diplômés). La tentative de refondation du socialisme tchécoslovaque (1963-1968) montre qu’une alliance
est possible entre les groupes sociaux dynamiques et la fraction modernisatrice du Parti, pour réformer sans nier les acquis
du régime ; mais le «printemps de Prague» marque les bornes de la réforme et celles de la souveraineté.
À partir de la seconde moitié des années 1970, les dysfonctionnements s’accroissent et touchent même les démocraties
populaires les mieux placées en matière socio-économique (RDA). L’ouverture des économies puis l’augmentation du prix
des hydrocarbures induisent une dette extérieure et une dépendance énergétique insurmontables. La force mobilisatrice du
marxisme-léninisme et la conviction qu’il est possible d’améliorer les choses se sont érodées : un fossé se creuse entre le
consensus apparent et le détachement réel.
Tout ceci se traduit, de manière inégale selon les pays, par la non-satisfaction de besoins élémentaires, une perte de
vitalité, une autonomisation accrue de la société civile, que reflètent, inégalement là encore, la montée de la dissidence et la
régression de l’athéisme. C’est en Pologne que s’identifie le mieux le divorce entre l’État et la nation, adossée à l’Église et
au patriotisme, eux-mêmes renforcés par l’élection pontificale du cardinal Wojtyla en 1978. L’état d’urgence imposé dans
ce pays fin 1981 confirme que le régime ne survit que par l’usage de la force et, en dernier ressort, la menace d’une
intervention soviétique. Là comme ailleurs, l’évolution de la politique extérieure soviétique sous Mikhaïl Gorbatchev
introduit donc un paramètre décisif. Les régimes de démocratie populaire disparaissent en six mois en 1989, y compris en
Bulgarie, RDA et Roumanie, où le pouvoir signifiait pourtant qu’il ne voulait rien lâcher.
« Société civile »
Cette expression est employée aujourd’hui par opposition au monde des professionnels de la politique. Dans le contexte
de ce thème d’étude, elle désigne l’ensemble des structures sociales indépendantes de l’État, tout en entretenant avec lui des
rapports inévitables. Soumise à une volonté de désagrégation pendant la période de mise en place des démocraties
populaires et très contrôlée durant les années qui suivent, la société civile reprend une marge d’autonomie à partir des
décennies 1960 et surtout 1970. Familles, communautés rurales, cercles religieux et intellectuels, associations
professionnelles, groupes défendant l’application de la « troisième corbeille» des accords d’Helsinki, ensembles théâtraux et
musicaux, entreprises parallèles, réunions de savants ou de militants écologistes, etc., offrent des espaces de mise à distance,
de débat, parfois de contestation. »
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
Sites internet :
En français :
http://coursenligne.sciences-po.fr/pierre_buhler/histoire_pologne.htm
http://www.sciences-sociales.ens.fr/hss2002/societe-pouvoir/chronologie/Pologne.html
www.beskid.com
http://solidarnosc.free.fr/index.htm
En polonais :
http://polskaludowa.com/
http://republika.pl/printo/warszawa/
http://www.ilw.org.pl
http://michal_ulman.webpark.pl/
http://www.komunizm.px.pl/komunizm.htm
http://komunizm.w.interia.pl
http://www.socland.prv.pl/
http://www.gomulka.terramail.pl/index2.htm
http://www.pap.com.pl/wystawa/takabyla.html
http://www.city.poznan.pl/czerwiec56/
http://www.geocities.com/wojciech_jaruzelski/
http://www.nowe-panstwo.pl/np_50_2001/50_temat_tygodnia.htm
Echange avec les élèves du Lycée Français de Prague. 10 décembre 2004.
A. Léonard, professeur d’histoire-géographie au Lycée Français de Varsovie
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Bibliographie :
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Czeslaw MILOSZ, Une autre Europe (1964), Gallimard, Paris, 1980.
Czeslaw MILOSZ, La prise du pouvoir, Gallimard, Paris, 1980.
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Jean-Yves POTEL, Scènes de grève en Pologne, Paris, Stock, 1981, 290 p..
Patrick MICHEL, L'Eglise de la Pologne et l'avenir de la nation, Le Centurion, Paris, 1981.
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1982. (Collection Actes et mémoires du peuple).
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POTEL), Paris, Presses univ. de France, 1982.
Jean-François MARTOS, La contre-révolution polonaise, par ceux qui l'ont faite, Editions Champ Libre,
Paris, 1983.
André FONTAINE, Histoire de la guerre froide, Seuil, collection "Points"; tome II, Paris, 1983.
Jan NOWAK, Courrier de Varsovie, Gallimard, Paris, 1983
Adam MICHNIK, Penser la Pologne, Morale et politique de la résistance, La Découverte / Maspero,
Paris, 1983.
Tadeusz WYRWA, La résistance polonaise et la politique en Europe, France-Empire, Paris, 1983
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Norman DAVIES, Histoire de la Pologne, Fayard, 1985.
Oni : des staliniens polonais s'expliquent, (entretiens réunis par Teresa TORANSKA), Paris,
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Lech WALESA, Un chemin d'espoir, Fayard, Paris, 1987.
Czeslaw MILOSZ, La pensée captive, (1953), Paris, Folio Gallimard, 1988.
Patrick MICHEL, La société retrouvée, Fayard, Paris, 1988.
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Pierre BUHLER, Histoire de la Pologne communiste : autopsie d'une imposture, Editions Karthala,
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Teresa WYSOKINSKA, Alain van CRUGTEN, La Pologne au XXe siècle, Editions Complexe, 2001.
Michał TYMOWSKI, Une histoire de la Pologne, Noir sur blanc, 2003
Daniel BEAUVOIS, Pologne : Histoire, société, culture, La Martinière, 2004, 512 p.
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Centre Est, Coll. « Nouvelle Clio », Presses universitaires de France, 2004, CXVI + 997 p.
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