Les demandeurs de logement social en Poitou

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Les demandeurs de logement social en Poitou
JUIN 2012
Observatoire régional de la demande et
des attributions
Les demandeurs de logement
social en Poitou-Charentes
la demande et des attributions
En Poitou-Charentes, les modalités d’enregistrement de la demande de logement social ont connu en
2011 et 2012, des évolutions visant à faciliter les démarches des demandeurs (fichiers partagés, site
internet de demande en ligne, etc.). A l’heure où les bailleurs sociaux continuent de s’adresser à un
public large (63,2% des picto-charentais étaient éligibles au logement social en 2009), les ménages
effectuant une demande sont-ils à l’image de la population générale ? Ce document vise à analyser
les caractéristiques des demandeurs au regard des caractéristiques de la population.
Des demandeurs
majoritairement en activité *
Sur l’ensemble de la région, une majorité de
demandeurs de logement social (56 %) se déclare en
activité. Globalement, le logement social continue donc
d’attirer les ménages actifs.
Les demandeurs « en activité » sont nettement surreprésentés dans la Vienne (69 %), département
caractérisé par un taux d’emploi moyen (63,3 %) mais
un taux de chômage (8,2 %) inférieur au taux régional.
En Deux-Sèvres, la situation est contrastée. Dans ce
département, où le taux de chômage est le plus faible
(6,9 %) et le taux d’emploi le plus élevé (67,6 %) de la
région, le nord observe une sur-représentation des
demandeurs « en activité », le sud une surreprésentation des demandeurs « sans activité ».
En Charente, le niveau de demandeurs « sans activité »
est proche du niveau régional, même si la part des
chômeurs dans la demande est élevée.
La Charente-Maritime se démarque des autres
départements : les demandeurs de logements sociaux
« sans activité » prédominent dans la demande
(52,3 %), en particulier les « inactifs autres que
retraités, chômeurs et étudiants ». Cette situation peut
s’expliquer par le taux de chômage élevé (10 %) et le
taux d’emploi relativement faible (61,4 %) dans ce
département.
*Un demandeur est dit ‘’en activité’’ lorsqu’il déclare être Artisan,
Commerçant, Chef d'entreprise, salarié en CDD, salarié en CDI,
titulaire de la fonction publique ou apprenti ; par opposition, un
demandeur est dit ‘’sans activité’’ lorsqu’il déclare être Chômeur,
Retraité, Etudiant ou sans activité professionnelle.
MISE EN PERSPECTIVE
L’emploi est au même titre que le logement, un facteur
d’intégration dans la société. Aussi les organismes Hlm
sont particulièrement attentifs à cet indicateur, la
diversité des profils de demandeurs étant un préalable
indispensable au maintien de la mixité sociale.
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Observatoire régional de la
demande et des attributions
Des profils familiaux distincts
En Poitou-Charentes, les personnes seules (42,1 %) et
les
familles
monoparentales
(26,1 %)
sont
prédominantes dans la demande. Le parc social est
globalement moins attractif pour les couples avec ou
sans enfant(s).
Composition des ménages
familles monoparentales
couples avec enfant(s)
couples sans enfant
personnes seules
en %
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
ménages-demandeurs
ensemble des ménages
(source : ORDA, 2011)
(source : insee, RP 2008)
Dans la Vienne, l’importance des personnes seules est
une caractéristique commune à la population et à la
demande. La même situation s’observe dans les DeuxSèvres pour les couples sans enfant.
En revanche, en Charente-Maritime, les familles
monoparentales sont nettement sur-représentées
parmi les demandeurs, tout en ne l’étant que très
modérément dans l’ensemble des ménages. En
Charente, c’est la forte proportion de couples avec
enfant(s) qui est propre à la demande départementale.
Si les personnes seules sont nombreuses dans la
demande portant sur les EPCI (établissement public de
coopération intercommunale) urbaines, elles n’y sont
pas en sur-représentation. Ce sont dans des EPCI
rurales (CC du Mellois, du sud de la Gâtine ou du
Civraisien), où leur nombre est plus restreint (inférieur
à 100), qu’elles pèsent le plus dans la demande.
La part de familles monoparentales dans la demande
est sur-représentée dans les zones périurbaines
(périphérie de Poitiers et de La Rochelle) voire rurales
(nord des Deux-Sèvres et Charente-Maritime
intérieure). Cette caractéristique concerne une grande
partie des EPCI de Charente-Maritime. Néanmoins, si
cette forte part correspond à un nombre important de
demandeurs sur les CC du Pays de Santon, du canton
de St-Jean d’Angély ou la CA Royan Atlantique, elle
porte sur un nombre beaucoup plus limité sur les CC
du Canton d’Aulnay-de-Saintonge ou du Pays Buriaud.
La composition familiale des demandeurs de logement
social sur les Communautés d’agglomération (excepté
celle de Royan) ne révèle pas de spécificités.
Des ménages
à faibles ressources
En 2011, en Poitou-Charentes, 77,2 % des
demandeurs disposaient d’un niveau de ressources
inférieur à 60 % du plafond PLUS. Cette situation
concerne plus des ¾ de la population des demandeurs
dans chacun des départements. La Charente est celui
où les demandeurs à faibles ressources pèsent le
plus : 80 % d’entre eux ont un niveau de ressources
inférieur à 60% du PLUS ; en Charente-Maritime, ils
représentent 76 % de la demande.
Les ressources des demandeurs sont évaluées en fonction des
plafonds Hlm. Le plafond « classique » du logement social (nommé
« PLUS ») correspond pour une personne seule à 1798€ par mois et
pour une famille avec deux enfants à 3 486€ par mois.
A noter : les données disponibles à ce jour en matière de revenus
des ménages, n’ont pas permis de constituer une analyse
comparative fiable entre les ménages demandeurs et la population
des EPCI de la région.
MISE EN PERSPECTIVE
La structure familiale des demandeurs de logement social a considérablement évolué ces dernières décennies. Elle suit de
manière accentuée l’évolution globale de la population. En Poitou-Charentes, la taille moyenne des ménages est passée de
2,8 personnes en 1982, à 2,2 en 2010, et devrait atteindre 2 personnes en 2040 (source INSEE).
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demande et des attributions
Une pyramide des âges inversée
Les moins de 30 ans représentent 25 % des
demandeurs (les moins de 40 ans près de 50 %) alors
que plus de 55 % des ménages de la région sont âgés
de plus 50 ans.
Âges des ménages
65 ans ou +
50-64 ans
40-49 ans
30-39 ans
inf.à 30 ans
en %
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
ménages-demandeurs
ensemble des ménages
(source : ORDA, 2011)
(source : insee, RP 2008)
Dans la Vienne, marquée par la jeunesse de sa
population, près d’un tiers des demandeurs a moins de
30 ans (32 %). En Charente-Maritime, département
caractérisé par une population âgée, ce sont les 50-64
ans qui sont sur-représentés dans la demande (24 %),
alors que les plus de 65 ans sont eux, caractéristiques de
la demande enregistrée dans les Deux-Sèvres (11 %). La
Charente quant à elle n’affiche pas de spécificité
départementale au regard de l’âge des demandeurs.
L’importance des moins de 30 ans dans la demande
s’observe particulièrement sur Grand Poitiers et les EPCI
alentours. Sur Grand Poitiers, cette situation se traduit à
la fois par l’importance du nombre et du poids des
moins de 30 ans dans la demande. Dans les EPCI
alentours, leur poids reste important mais leur effectif
est plus faible. Les pôles du nord Deux-Sèvres ou de
Cognac sont également caractérisés par la présence de
jeunes demandeurs (sans commune mesure toutefois
avec Grand Poitiers).
Les demandeurs âgés de 50 à 64 ans sont représentatifs
de la demande d’EPCI de la Charente-Maritime
intérieure mais également de la CA Royan Atlantique. Ils
caractérisent aussi le sud-ouest de la Vienne même si
leur nombre y reste très faible (inférieur à 15).
Les plus de 65 ans sont eux plus présents dans la
demande en zones rurales, comme le nord et le sud de
la Vienne. Ils sont également caractéristiques de la
Gâtine et du sud Deux-Sèvres dans des EPCI où la
demande reste toutefois faible, exceptée sur celui de
Parthenay.
Les caractéristiques des demandeurs étudiées sont celles de la
personne de référence du ménage-demandeur d’un logement
social. Les données concernant l’ensemble des ménages sont les
données Insee, issues du recensement de population 2008.
MISE EN PERSPECTIVE
Alors que la population de Poitou-Charentes vieillit, le
parc Hlm est particulièrement attractif pour les
populations jeunes. Cela confirme l’importance du rôle
du parc social comme première étape dans le parcours
résidentiel.
Si les demandeurs sont globalement plus jeunes que la
moyenne, ce sont aussi en majorité des personnes
seules (avec ou sans enfant(s) à charge) et qui
disposent généralement de faibles ressources.
Ces constats sont à relier au phénomène de
desserrement des ménages mais peuvent aussi
s’expliquer par la difficulté pour un foyer ne disposant
que d’un seul revenu d’assumer un loyer dans le parc
privé. Un couple dont les deux personnes sont en
situation d’emploi aura davantage la capacité
d’assumer un loyer libre, voire dans la plupart des
marchés de la région, d’accéder à la propriété.
Ces éléments liés à l’évolution du « public demandeur »
doivent être mis au regard de la nature du parc social
existant conçu initialement (dans les années 1960/70)
pour des profils familiaux. Cette dimension est
aujourd’hui prise en compte par les bailleurs sociaux
dans la conception des programmes neufs qui
comptent aujourd’hui en moyenne deux tiers de T2 et
T3 pour un tiers de T4. Les T1 et T5 et plus représentent
une production plus marginale.
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Observatoire régional de la
demande et des attributions
Synthèse générale
Cette synthèse repose sur le croisement d’un ensemble d’indicateurs caractérisant les demandeurs (âge, activité,
composition des ménages, statut d’occupation du logement actuel) et portant sur le parc de logement social (taux de
logement sociaux et pression). Elle permet de mettre en évidence les caractéristiques dominantes de chacun des EPCI
par rapport à l’ensemble des EPCI de la région.
Caractéristiques dominantes des EPCI
Une sur-représentation de ‘’couples avec
enfants’’, de ‘’familles monoparentales’’ et
de ‘’locataires du parc privé’’ dans les
demandeurs
et, pour un sous-ensemble d’EPCI, une surreprésentation du rapport nombre de
demandes sur nombre de logements sociaux
Une sur-représentation de demandeurs
‘’sans activité autres que chômeur, retraité
ou étudiant’’, de demandeurs de ‘’50 à 64
ans’’ et de ‘’locataires du parc privé’’
et pour un sous-ensemble d’EPCI, de
‘’personnes seules’’
Une sur-représentation de demandeurs ‘’en
activité’’, de demandeurs de ‘’moins de 30
ans’’, de ‘’couples sans enfant’’
Une sur-représentation de ‘’locataires du
parc public’’ et selon les EPCI : de
demandeurs
‘’en
activité’’
et/ou
‘’d’étudiants’’ et/ou de ‘’couples avec
enfants’’ et/ou du ‘’Taux de logement social’’
Une sur-représentation de ‘’personnes
seules’’, de ‘’retraités’’ et de demandeurs de
’’65 ans et plus’’
Une sur-représentation de ‘’personnes
seules’’, de ‘’retraités’’, de ‘’demandeurs de
65 ans et plus’’ ou, pour la moitié des EPCI,
au moins un de ces 3 critères
et une sous-représentation du rapport
nombre de demandes sur nombre de
logements sociaux.
Données non représentatives
A RETENIR
Une spécificité urbaine liée au volume du parc
Les communautés d’agglomération se distinguent
logiquement des autres EPCI par une dominante de
demandeurs actuellement locataires du parc public et un taux
de logement social élevé.
Une particularité en Charente-Maritime liée à des
phénomènes de tension
La Charente-Maritime présente deux profils d’EPCI cependant
reliés par l’importance des demandeurs « actuellement logés
dans le parc privé ».
Une vaste zone rurale en détente
Cette zone qui couvre l’extrémité nord et le sud de la Vienne,
le nord-est de la Charente et le centre des Deux-Sèvres, est
caractérisée par la présence de demandeurs «âgés de plus de
65 ans», «retraités», «seuls» ; la détente du marché locatif
social complète ces caractéristiques pour la majeure partie
des EPCI qui compose cette zone.
La réalisation de ces travaux s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’AROSH Poitou-Charentes, l’AFIPADE et l’IAAT PoitouCharentes autour de l’Observatoire Régional de la Demande et des Attributions (ORDA). L’analyse présentée repose sur les données
statistiques non nominatives issues des fichiers partagés de la demande de logement social, transmises par l’AFIPADE.
© IAAT Poitou-Charentes – AROSH Poitou-Charentes 2012