International Review of Employment
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International Review of Employment Janvier 2005 La revue de référence sur les questions de l’emploi dans le monde Australie : le point de vue du gouvernement Amsterdam capitale du conseil sur les transactions Le rêve européen Le vieillissement de la population active dans le secteur informatique Le point de vue des entreprises : Electrolux France L’appel de Dubaï Une réserve de talents cachée Un tour du monde des salutations A la sauce mexicaine Publié en français, allemand, anglais et espagnol par Vedior Contributeurs M. le ministre Andrews Ian Anson Daniel Cappelletti Alain de Kermadec Juan Manuel García de León del Paso Allan et Barbara Pease Dr Kerry Platman Jeremy Rifkin Edward Twaite ABONNEMENT L’International Review of Employment (Revue Internationale de l’Emploi) de la société Vedior est un guide indispensable pour les gestionnaires et les professionnels de la direction des ressources humaines, en tant qu’elle approche dans leur internationalité les thèmes de l’emploi et du recrutement. La revue donne régulièrement la parole aux meilleurs commentateurs du monde industriel, à l’analyse comparative des actions nationales concernant l’emploi et à l’examen de questions d’actualité. L’abonnement à l’International Review of Employment pour une durée d’un an coûte 100 euros. Il permet de recevoir chaque année deux éditions complètes de la revue, publiée tous les six mois, ainsi que deux suppléments analytiques. La revue est également disponible en anglais, en allemand et en espagnol. Si vous souhaitez tenir à jour votre connaissance des tendances internationales de l’emploi, envoyez-nous un eurochèque libellé en euros d’un montant de 100 euros, à l’ordre de ‘WBC’, à l’adresse suivante: ISSN 1363-9331 © Vedior Tous droits de reproduction réservés Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, copiée, conservée dans un système de recherche documentaire ou diffusée sans autorisation écrite ou par violation des dispositions de la Copyright, Designs and Patents Act 1988 (loi britannique sur le copyright, les plans et les brevets de 1988) Rédactrice en chef: Sarah Woodward Gestion de la rédaction: Jeanine Werner Traducteur: Thomas Giraud. International Review of Employment 15 Bow Road London E3 2AD Publié par: Vedior Tripolis Building 200, Burgerweeshuispad 201, 1076 GR Amsterdam, the Netherlands Pour toute question relative aux modalités d’abonnement, pour commander d’anciens numéros, commenter un des articles ou apporter votre contribution écrite aux futures publications, veuillez téléphoner à WBC au: Tél : +44 1727 842999 Fax : +44 1727 842841 +44 20 8980 6466 or, alternatively e-mail at: [email protected] Les vues des personnes ayant collaboré à cette édition ne sont pas nécessairement celles des éditeurs. Des efforts ont été rigoureusement entrepris pour garantir la précision des informations fournies. Cependant, principalement en raison du fait que des données ne peuvent pas toujours être vérifiées, il est possible que quelques erreurs ou omissions se soient glissées dans cette édition.Vedior ne peut être tenu responsable de telles erreurs ou omissions. Les informations fournies par Vedior ne doivent être utilisées que comme des auxiliaires de décision, non comme la seule base sur laquelle prendre une décision. PRÉSENTATION DE LA REVUE Zach Miles, directeur général de Vedior NV Bienvenue à la première édition en 2005 de l’International Review of Employment. En tant que président-directeur général du leader mondial du recrutement d’intérimaires qualifiés et de cadres intérimaires, j’attends avec impatience une nouvelle année qui s’annonce pleine de bonnes choses et je vous présente à tous mes meilleurs vœux pour 2005. Ce mois-ci, nous nous penchons sur un thème qui nous intéresse tous : le vieillissement. Kevin Andrews, député et ministre australien de l’Emploi et des Relations professionnelles, aborde cette question, ainsi que d’autres de la sphère de l’emploi, telles qu’elles se présentent dans ce qu’on considère généralement comme un pays « jeune ». Kerry Platman, de la Cambridge University, continue sur ce même thème en s’intéressant aux travailleurs âgés de la nouvelle économie et, en particulier, du secteur informatique, tandis que Ian Anson nous parle du potentiel inexploité que représente la main-d’œuvre des personnes handicapées et âgées. Jeremy Rifkin, président de la Foundation for Economic Trends de Washington, met l’idée du «rêve américain» sens dessus dessous tout en mettant en avant le concept de «rêve européen». Son article, où il présente les modes de vie et de travail européens comme un phénomène nouveau, est très stimulant pour la pensée. Nous sommes toujours reconnaissants à nos clients de bien vouloir nous parler de gestion des ressources humaines depuis leur perspective : Alain de Kermadec, de chez Electrolux France, nous fait part d’un point de vue particulièrement intéressant. Par ailleurs, Juan Manuel García de León del Paso nous révèle quels sont les problèmes qui se posent dans la sphère de l’emploi au Mexique. Bienvenue à Top Personnel au sein du groupe Vedior. Daniel Cappelletti nous fait comprendre les problèmes que pose la création d’un nouveau bureau KPMG, spécialisé dans le conseil en stratégies et les transactions, à Amsterdam, tandis qu’Edward Twaite, de chez Beresford Blake Thomas, attend beaucoup de son départ pour Dubaï, une ville en plein essor. Enfin, Allan et Barbara Pease, auteurs de best-sellers sur le sujet du body language, examinent la difficile question de la bonne façon de maîtriser le langage de son corps et, notamment, la bonne façon de saluer dans différents pays. C’est avec grand plaisir que je remercie les auteurs des articles composant ce numéro et je vous envoie à tous mes salutations. Au moment où nous imprimions la revue se sont produits les tragiques événements qui ont secoué l’Asie du Sud-Est. Nos pensées les plus sincères vont à toutes les personnes touchées par cette catastrophe. SOMMAIRE 2 AUSTRALIE : LE POINT DE VUE DU GOUVERNEMENT M. le ministre Andrews 6 9 13 15 17 AMSTERDAM CAPITALE DU CONSEIL SUR LES TRANSACTIONS Daniel Cappelletti LE REVE EUROPEEN Jeremy Rifkin 19 LE POINT DE VUE DES ENTREPRISES : ELECTROLUX FRANCE Alain de Kermadec LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ACTIVE DANS LE SECTEUR INFORMATIQUE Dr Kerry Platman 21 L’APPEL DE DUBAI Edward Twaite UNE RESERVE DE TALENTS CACHEE Ian Anson 23 UN TOUR DU MONDE DES SALUTATIONS Allan et Barbara Pease A LA SAUCE MEXICAINE Juan Manuel García de León del Paso 1 AUSTRALIE : LE POINT DE VUE DU GOUVERNEMENT M. le ministre Andrews M. le député Kevin Andrews a été nommé ministre de l’Emploi et des Relations professionnelles en octobre 2003. Ancien avocat, Kevin Andrews est entré au parlement fédéral en 1991 comme élu de Menzies (banlieue est de Melbourne). Il a été réélu à la Chambre des députés en 1993, 1996, 1998 et 2001. M. Andrews a entamé sa vie active comme juriste, après l’obtention d’une licence de droit à la Melbourne University et d’une maîtrise de droit à la Monash University. Il a été chargé de recherches au Law Institute de l’Etat de Victoria , puis coordinateur pour la formation juridique continue. M. Andrews a été l’adjoint de Sir James Gobbo à la cour suprême de l’Etat de Victoria pendant deux ans avant d’intégrer le barreau victorien en 1985. Il est l’auteur de divers livres et articles, dont Changing Australia (1998), et a été membre d’un certain nombre de comités du parlement fédéral. Il a présidé les comités pour les affaires constitutionnelles et juridiques de la Chambre des représentants de 1996 à 2001. 0,475 0,75 0,70 0,65 0,400 0,375 0,60 0,350 0,325 0,300 1856 1875 1894 1913 1932 1951 Source : Australian Government Productivity Commission 2 0,55 1970 1989 0,50 2008 2027 2046 TAUX D’ACTIVITÉ 0,450 2003–04 RAPPORT NOMBRE D’ACTIFS / POPULATION TOTALE 0,80 0,425 R. Ces dernières années, le gouvernement australien a entrepris différentes actions visant à traiter le problème du vieillissement de la population active, dont une action de sensibilisation des entreprises et des responsables de gestion des ressources humaines. Une de ces mesures a consisté à faire voter la loi sur la discrimination liée à l’âge, qui vise à décourager les discriminations directe et indirecte dans le domaine de l’emploi. Une autre mesure concerne la sensibilisation des entreprises quant à l’impact qu’aura sur elles le vieillissement de la population active. Les entreprises australiennes commencent à déplorer une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et le gouvernement australien essaie de leur faire prendre conscience de la grande réserve de talents que constituent les travailleurs âgés. Aux futurs retraités, l’Etat australien offre un dispositif de bonification de la retraite, qui permet aux personnes travaillant au-delà de l’âge de la retraite (65 ans en Australie) de toucher un revenu fixe supplémentaire. EVOLUTION DE L’OFFRE DE MAIN-D’ŒUVRE EN AUSTRALIE 0,500 Q. Au vu du vieillissement de la population australienne, envisagez-vous de prendre des mesures incitant les entreprises à employer des personnes âgées et, si oui, lesquelles ? Comme dans tous les pays de l’OCDE, le vieillissement démographique confronte les politiciens australiens à de nombreux défis et à de nombreuses chances. Mais le gouvernement australien n’est pas disposé à offrir des récompenses aux entreprises qui emploieraient des personnes âgées. Ceci dit, avant les dernières élections fédérales, le gouvernement a fait campagne en faveur d’avantages fiscaux pour les salariés de 55 ans ou plus les incitant à rester en activité, une disposition qui coûterait plus d’un milliard de dollars. Les Australiens jouissent de l’espérance de vie la plus longue au monde, derrière les Japonais. Au fur et à mesure que de plus en plus d’Australiens comprendront que l’épargne va devoir assurer des revenus aux gens pour de nombreuses années, souvent des décennies, après la retraite, ils seront plus nombreux à changer leur approche concernant le départ à la retraite anticipé et la retraite en général. Les Australiens réalisent de plus en plus que la retraite anticipée n’est pas quelque chose de désirable, même si la prise de conscience n’est pas encore totale. Début 2004, le ministre des Finances a annoncé une série de mesures, dans le domaine des retraites, visant à aider l’Australie à mieux gérer son vieillissement démographique. Parmi elles, il y avait la suppression de la condition qui obligeait à avoir travaillé tant d’heures, tant d’années, avant de pouvoir verser des cotisations de retraite avant 65 ans ; la simplification des règles à satisfaire pour ceux qui veulent cotiser après 65 ans ; une plus grande flexibilité dans la façon de financer les retraites et de les reverser aux bénéficiaires ; des modifications concernant l’imposition des revenus d’investissements. Aux futurs retraités, l’Etat australien offre un dispositif de bonification de la retraite, qui permet aux personnes travaillant au-delà Australie : le point de vue du gouvernement – suite de l’âge de la retraite (65 ans en Australie) de toucher un revenu fixe supplémentaire. Ce dispositif est de plus en plus populaire. Quand les entreprises auront besoin de travailleurs qualifiés et fiables, elles prendront vite conscience de la valeur des travailleurs âgés EVOLUTION DU POURCENTAGE DES 65 ANS OU PLUS PAR RAPPORT À LA POPULATION TOTALE: 1922-2051 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 MOYENNE HISTORIQUE 1922-2000 0 -0,1 -0,2 1922 1932 1942 1952 1962 1972 1982 1992 2002 2012 2022 2032 2042 Source : Australian Government Productivity Commission Q. Certains travailleurs âgés d’Australie se plaignent d’être souvent victimes de discrimination, malgré l’existence d’une législation anti-discriminatoire.Trouvez-vous ces plaintes justifiées et, si oui, que projetez-vous de faire pour combattre cette discrimination ? R. Il ne fait pas de doute que la discrimination liée à l’âge existe, dans les petites, les moyennes et les grandes entreprises, dans les secteurs privé et public. L’Australie dispose de lois anti-discriminatoires et des plans d’action sont mis en œuvre dans le but d’éduquer les employeurs au sujet du vieillissement démographique. Mais c’est la loi de l’offre et de la demande qui sera le meilleur éducateur. Quand les entreprises auront besoin de travailleurs qualifiés et fiables, elles prendront vite conscience de la valeur des travailleurs âgés. Elles recruteront et retiendront donc un plus grand nombre de travailleurs âgés, à mesure qu’elles prendront des dispositions adaptées à ce type d’actifs. à partir du 1er juillet 2005, le gouvernement de coalition sera majoritaire dans les deux chambres du parlement : nous espérons donc que les nouvelles lois seront bientôt en vigueur Q. On semble désirer en Australie une réforme des lois sur le licenciement abusif. Etes-vous d’accord avec cette analyse et que pensez-vous d’une éventuelle réforme de la loi dans ce domaine ? R. Je suis très favorable à une réforme de la législation sur le licenciement abusif en ce qui concerne les petites entreprises. A vrai dire, le gouvernement actuel a vu son projet de réforme de ces lois rejeté plus de quarante fois par le sénat australien. Mais, à partir du 1er juillet 2005, le gouvernement de coalition sera majoritaire dans les deux chambres du parlement : nous espérons donc que les nouvelles lois seront bientôt en vigueur. Nous espérons aussi qu’elles vont générer des dizaines de milliers d’emplois au sein des petites entreprises et compléter au moment opportun nos réformes pour une meilleure santé de l’emploi. Q. On est en train de mener en Nouvelles-Galles du Sud (NGS) une expérience, le « Secure Employment Test Case », qui vise, en partie, à limiter les formes flexibles de travail et l’usage de travailleurs temporaires. Il s’agit clairement d’une question qu’il revient à cet Etat de trancher, mais les conséquences peuvent se faire sentir à un niveau national, et le gouvernement fédéral a déjà déclaré que, de manière générale, il souhaitait une plus grande flexibilité du marché. Cette expérience vous inquiète-t-elle, étant donné votre soutien à une plus grande flexibilité sur le marché australien de l’emploi ? R. Dans le système des NGS — notre système des relations professionnelles est fédéral — les domaines dans lesquels des 3 Australie : le point de vue du gouvernement – suite LE TAUX D’ACTIVITÉ VARIE AVEC L’ÂGE ET LE NIVEAU D’ÉTUDES (CHEZ LES HOMMES EN 2001) 100 90 70 60 50 40 30 TAUX D’ACTIVITÉ (%) 80 20 10 0 25 30 35 40 45 50 55 AGE 60 65 70 75 80 LICENCE OU MIEUX ETUDES SUPÉRIEURES PAS D’ÉTUDES SUPÉRIEURES Source : Australian Government Productivity Commission réglementations peuvent être décidées par l’Etat concernant le salaire minimum et d’autres conditions d’emploi sont plus nombreux. La loi fédérale sur les relations professionnelles n’admet pas tous ces domaines, mais admet seulement ceux énumérés à la section 89A. On ne peut prendre des dispositions réglementaires sur les conditions d’emploi dans aucun autre domaine. L’expérience des NGS favorise ceux qui, au niveau de cet Etat, veulent limiter le recours aux entreprises de placement. Le gouvernement australien a une approche différente. Nous pensons que les accords collectifs sur l’emploi doivent être définis au sein de chaque entreprise. Des réglementations et autres accords collectifs n’ont pas à limiter des choses comme l’utilisation d’accords sur l’embauche de personnel. La cour suprême d’Australie a récemment jugé, dans l’affaire Electrolux, que les accords collectifs entre un employeur et ses salariés contenant des dispositions non pertinentes n’étaient pas conformes à la loi. Le gouvernement a également simplifié les réglementations du travail au titre de la loi sur les relations professionnelles. De plus, les entreprises de placement apportent une contribution productive et flexible à l’économie nationale, et des restrictions concernant l’emploi de main-d’œuvre qui sortiraient des domaines pertinents ne sont pas souhaitables. Q. On estime qu’environ 170.000 travailleurs qualifiés vont prendre leur retraite au cours des cinq prochaines années, pour être remplacés par environ 40.000 nouveaux arrivants. Pouvez-vous nous dire quelles mesures vous comptez prendre pour lutter contre cette diminution et, en particulier, quelles mesures visant à augmenter le nombre de jeunes en formation ? LE TAUX D’ACTIVITÉ VARIE AVEC L’ÂGE ET LE NIVEAU D’ÉTUDES (CHEZ LES FEMMES EN 2001) 100 90 70 60 50 40 30 20 TAUX D’ACTIVITÉ (%) 80 R. D’après mes informations, la diminution du nombre d’individus qualifiés devrait être bien moindre que ce qu’on dit, de même que l’impact qu’on lui prête sur le PIB. Il y a chaque année 20 à 25.000 jeunes qui achèvent leur formation via le circuit traditionnel. L’afflux de nouveaux arrivants sur une période de cinq ans devrait s’approcher des 80.000 et non de 40.000. De plus, les estimations ne tiennent pas compte de l’immigration de travailleurs qualifiés, ni de la capacité des entreprises à améliorer leur productivité et à changer leurs formes de travail pour s’adapter aux pénuries éventuelles. Il est encourageant de noter que le nombre des formations achevées entre le début de l’année 2004 et le mois de juin a été de 12% plus élevé que le nombre de l’an passé ; une hausse du nombre de nouveaux entrants permettra de satisfaire les futurs besoins en termes de maind’œuvre qualifiée. 10 0 25 30 35 40 45 50 55 AGE 60 LICENCE OU MIEUX ETUDES SUPÉRIEURES PAS D’ÉTUDES SUPÉRIEURES Source : Australian Government Productivity Commission 4 65 70 75 80 Nous pensons que les accords collectifs sur l’emploi doivent être définis au sein de chaque entreprise Australie : le point de vue du gouvernement – suite EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LE CHÔMAGE, LE TAUX D’EMPLOIS À TEMPS PARTIEL ET LA MOYENNE D’HEURES DE TRAVAIL 5,8 CHUTE DU TAUX DE CHÔMAGE 5,4 Taux de chômage hors vieillissement 5,2 5,0 Effet du vieillissement Taux de chômage réel TAUX DE CHÔMAGE 5,6 4,8 4,6 2004 2012 2020 2028 2036 2044 33,6 Taux réel d’emplois à temps partiel 32,8 Effet du vieillissement 32,0 31,2 Taux d’emplois à temps partiel avec la pyramide des âges 2003-04 30,4 29,6 28,8 MOYENNE DES HEURES DE TRAVAIL PAR SEMAINE 34,4 TRAVAIL À TEMPS PARTIEL 28,0 2004 2012 2020 2028 2036 2044 33,4 33,2 33,0 Moyenne des heures de travail par semaine avec la pyramide des âges 2003-04 32,8 Effet du vieillissement 32,6 Moyenne réelle des heures de travail par semaine 2004 2012 2020 MOYENNE DES HEURES DE TRAVAIL PAR SEMAINE 33,6 CHUTE DU NOMBRE D’HEURES DE TRAVAIL Cela ne signifie pas que le gouvernement n’ait pas l’intention de traiter les pénuries de main-d’œuvre dans les différents domaines de compétences concernés, notamment via le renforcement du système de formation dans toute l’Australie et en permettant à une plus grande diversité de gens d’accéder à des programmes de formation - quel que soit leur âge. Il est également vital de parvenir à une plus grande flexibilité de l’emploi via une réformes des relations professionnelles. Enfin, nous voulons développer les compétences au moyen de notre système éducatif, en valorisant le statut des qualifications professionnelles de sorte qu’elles aient la même valeur que les diplômes universitaires au yeux des jeunes, des parents et des éducateurs. Ces dernières décennies, les politiciens ont dissuadé les jeunes de se lancer dans des études professionnelles et leur ont inculqué un préjugé favorable aux études universitaires. Pour remédier à cela, nous voulons même réintroduire les établissements techniques. Q. Dans un autre article de ce numéro de la International Review of Employment, nous abordons le thème de l’importation de main-d’œuvre vers l’Europe et le Moyen-Orient destinée à pallier la pénurie que connaissent des secteurs d’activité tels que le bâtiment et les soins de santé. Or, l’Australie est un grand pourvoyeur de ce type de travailleurs. N’est-ce pas là une source d’inquiétude étant donné vos pénuries de main-d’œuvre qualifiée ? R. Cela nous inquiète, bien sûr, mais l’émigration n’est aucunement un problème national chez nous, alors que c’en est un en Nouvelle-Zélande par exemple. Il est traditionnel pour les Australiens de partir travailler à l’étranger puis de revenir intégrer leur population active d’origine. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour l’économie australienne, puisque les compétences acquises ailleurs finissent par être utilisées en Australie. Il y a un certain nombre de raisons qui expliquent l’émergence, en Australie, de pénuries de maind’œuvre qualifiée — dont beaucoup sont liées à des décisions politiques prises il y a dix à vingt ans. Le gouvernement australien les combat au moyen de toute une série d’approches de court, moyen et long termes. L’immigration, l’enseignement, les programmes de formation, les bourses d’études, l’accès d’une plus grande diversité de gens à la vie active, ainsi que les mesures fiscales et les systèmes de versement de retraites, ont tous un rôle important à jouer. 32,4 2028 2036 2044 Source : Australian Government Productivity Commission 5 LE REVE EUROPEEN Jeremy Rifkin Jeremy Rifkin est le fondateur et président de la Foundation for Economic Trends (www.foet.org), une fondation basée à Washington qui étudie l’impact économique, social et cultural de l’application de nouvelles technologies au sein de l’économie mondiale. Diplômé de la Wharton School de la University of Pennsylvania et de la Fletcher School of Law and Diplomacy de la Tufts University, il est l’auteur de dix-sept livres, dont le best-seller The End of Work (1995), consacré au lien entre le transfert de technologies, les restructurations et l’avenir de l’emploi ; The Age of Access (2000), consacré à l’impact de l’e-commerce ; et The Hydrogen Economy (2002), un ouvrage traduit dans plus de vingt langues. Dans le cadre du programme de la Wharton School destiné aux cadres d’entreprise, il fait cours à des directeurs généraux et autres cadres supérieurs sur les grandes tendances du domaine de la science et sur l’impact des technologies sur l’économie mondiale, la société et l’environnement. Son dernier livre, The European Dream, How Europe’s Vision of the Future is Quietly Eclipsing the American Dream (Tarcher/ Penguin), sera bientôt disponible en allemand, espagnol, français et italien. L’adhésion au rêve américain n’est donc plus aussi forte qu’avant. Une récente enquête montre que seuls 51% des Américains y croient encore, tandis qu’un tiers n’y croit plus du tout. 6 Q. Quelles sont les grandes différences entre le « rêve américain » et ce que vous définissez comme le « rêve européen » ? R. Le rêve américain (le droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur) n’est pas seulement inscrit au cœur de la constitution américaine ; il constitue le ciment social qui apporte au pays une certaine cohésion depuis plus de deux cents ans. Le rêve américain implique la vision d’un pays où rien n’est facile mais célèbre aussi l’idée que c’est un pays où tout est possible. L’accent est mis sur la réussite individuelle. Si vous êtes déterminé et que vous travaillez dur, vous réussirez, et sans doute de votre vivant — ou alors vos enfants récolteront les fruits de vos efforts. Je pense que ce rêve, qui fait de l’individu le maître de son destin et valorise l’accumulation personnelle de richesses, est moins présent qu’avant. Pourquoi ? Parce qu’il s’éloigne de plus en plus de la portée de ceux qui ont le plus besoin d’y croire. Et cela fait près de quarante ans que cela dure, que l’écart se creuse entre les riches et les pauvres. Jusque dans les années 60, la société américaine était la plus égalitariste du monde, avec une classe moyenne dominante ; mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Une enquête sur la distribution des richesses dans le monde - un critère clef pour juger si un pays réalise ou non ses promesses de prospérité - plaçait récemment les Etats-Unis au 24è rang mondial. Seuls le Mexique et la Russie étaient moins bien classés, tandis que les dix-huit pays européens les plus développés affichaient tous un score plus faible en termes d’inégalité des revenus. L’adhésion au rêve américain n’est donc plus aussi forte qu’avant. Une récente enquête montre que seuls 51% des Américains y croient encore, tandis qu’un tiers n’y croit plus du tout. D’autres le trouvent trop limité et trop démodé pour s’accorder avec leurs besoins personnels dans un environnement de plus en plus mondialisé. Et même si près de la moitié des personnes interrogées rejetaient l’idéal américain, nous avons du mal à lui trouver un remplaçant. Le rêve européen représente une aspiration à la fois nouvelle et contraire.Tandis que les citoyens américains avaient les yeux rivés sur leur élection présidentielle, les chefs des vingt-cinq Etats membres de l’Union européenne approuvaient à Rome la nouvelle constitution européenne. A l’avenir, cette entité politique transnationale pourrait bien fournir un nouveau modèle de coopération et de progrès et remplacer le modèle américain, fondé sur l’individualisme et l’Etatnation, comme garant d’une marche vers le bonheur et la prospérité. Q. En quoi donc le modèle européen diffère-t-il de celui des Etats-Unis ? R. Les priorités ne sont pas les mêmes. Le rêve américain met l’accent sur l’individu. D’un point de vue historique, c’est d’ailleurs d’Europe qu’est venue la construction théorique combinant la valorisation protestante du travail et les principes des Lumières célébrant un progrès matériel fondé sur le capitalisme, l’Etat-nation et les apports de la science et des techniques. L’Amérique a repris ces idées pour les figer dans le temps, ce qui fait aujourd’hui de nous le pays le plus calviniste/protestant du monde et le plus attaché au progrès individuel. En Amérique, la réussite et l’indépendance individuelles fondées sur la thésaurisation et l’acquisition de biens matériels constituent une valeur centrale ; et, si nous avons pu nous y référer, c’est parce que nous nous trouvions au bord d’un monde inexploré et que nous pouvions passer à autre chose une fois épuisées les ressources de la zone déjà conquise. En Europe, les choses sont différentes. Il n’y a pas de nouveaux espaces à conquérir et on ne peut pas se concentrer sur la croissance économique sans se soucier des conséquences dans d’autres Le rêve européen – suite Le rêve européen valorise donc bien plus l’idée d’un bonheur accessible au sein d’une communauté et l’idée d’un développement durable Mais le rapport vie professionnelle / vie privée n’est qu’un des domaines où l’on voit des différences, parmi d’autres. Pour les Américains, l’essentiel est d’être indépendant, de « devenir quelqu’un » en tant qu’individu - ce qui explique pourquoi la figure du « cow-boy solitaire » reste si populaire. domaines. Le rêve européen valorise donc bien plus l’idée d’un bonheur accessible au sein d’une communauté et l’idée d’un développement durable. C’est pour cette raison que l’Europe mène le combat écologique mondial et a embrassé le Protocole de Kyoto, et aussi que les Européens sont prêts à payer bien plus d’impôts pour financer l’énergie que ne le sont les Américains. Ainsi, tandis que, aux USA, l’accent est mis sur la propriété individuelle et les droits civils, dont le droit de posséder une arme à feu, on valorise plus, en Europe, les droits sociaux, les allocations de santé et autres prestations sociales, ainsi que les droits de l’homme. Pour anticiper l’avenir, je vois le rêve européen, avec sa mise en avant de l’intégration, de la diversité culturelle, du développement durable et de l’interdépendance, comme la tentative la plus convaincante visant à créer une nouvelle conscience mondiale, un modèle que d’autres pays, en Asie ou en Amérique latine, seraient plus prêts à adopter que le vacillant rêve américain. Q. Quels sont les impacts respectifs, en Amérique et en Europe, de ces deux conceptions de la réussite ou du bonheur sur la manière de combiner vie professionnelle et vie privée ? R. Les Etats-Unis sont très attachés à la valorisation protestante du travail. Nous voyons dans l’oisiveté un signe de paresse et d’immoralité, à la suite de Calvin qui pensait que l’oisiveté était l’instrument du diable. En Europe, on essaie plus de concilier le travail et les loisirs. Si les principes du taylorisme sont appliqués au sein des entreprises d’Europe, ce n’est pas le cas dans la vie privée de la plupart des Européens. Aux USA, on considère qu’ « on vit pour travailler » ; en Europe, on estime qu’ « on travaille pour vivre ». Le rêve européen saisit la valeur des loisirs, voire de l’oisiveté. La plupart des Américains pense que le bonheur n’est pas quelque chose qui nous arrive, mais une fin vers laquelle il faut constamment œuvrer. La majorité des Européens ne voient pas les choses de cette façon. Ils sont moins pressés de réussir dans la vie. Cela se reflète dans la grande différence qu’il y a entre les nombres de jours de vacances qu’on prend de part et d’autre de l’Atlantique. En Amérique, la norme est de deux semaines par an. Dans la plupart des pays d’Europe, un minimum de quatre semaines est obligatoire et, si on ajoute à ce chiffre les jours fériés, on s’aperçoit que les Européens ont en moyenne dix semaines et demie de vacances de plus que les Américains. Mais le rapport vie professionnelle / vie privée n’est qu’un des domaines où l’on voit des différences, parmi d’autres. Pour les Américains, l’essentiel est d’être indépendant, de « devenir quelqu’un » en tant qu’individu - ce qui explique pourquoi la figure du « cow-boy solitaire » reste si populaire. En Europe, on est plus sensible à l’interdépendance, à la qualité de la vie en général, et il n’existe pas un tel fossé entre les riches et les pauvres. Et, même si les USA continuent de faire venir des émigrés, l’accent est mis ici sur l’assimilation de ceux-ci : on essaie de leur faire adopter le rêve américain, tandis que, en Europe, on chercher à bâtir une société plus authentiquement multiculturelle. Donc, oui, je vois une différence fondamentale entre les conceptions respectives qu’on se fait en Europe et en Amérique du rapport entre vie professionnelle et vie privée. Il y a bien sûr des variations d’un pays européen à un autre, et la Grande-Bretagne et la Suisse ont sans doute une approche intermédiaire. Q. Dans ce cas, le rêve européen peut-il susciter la création d’autant de richesses que le modèle américain ? R. Oui, mais de manière différente. L’Union européenne représente aujourd’hui le plus grand marché intérieur du monde et 7 Le rêve européen – suite L’Union européenne représente aujourd’hui le plus grand marché intérieur du monde et rivalise avec les Etats-Unis en termes de PIB. Le rêve européen est lié à un esprit communautaire et concerne une amélioration de la qualité de la vie plutôt que, comme chez les Américains, la poursuite obsessionnelle de la croissance économique et du succès individuel. 8 rivalise avec les Etats-Unis en termes de PIB. C’est la première puissance exportatrice du monde. On compte maintenant plus d’entreprises européennes que d’américaines dans la liste des Global Fortune 500, qui énumère les entreprises les plus importantes du monde. Parmi les vingt premières banques commerciales du monde, quatorze ont leur siège en Europe et, dans des secteurs clef comme l’aéronautique, l’industrie chimique, le bâtiment et les assurances, ce sont des entreprises européennes qui mènent le jeu. Il y a bien sûr des eurosceptiques pour souligner que l’Union européenne ne parvient pas à rattraper les Etats-Unis d’un point de vue économique et que le chômage y reste élevé, en grande partie à cause du manque de flexibilité sur le marché du travail et des coûts de protection sociale qui s’ensuivent. Ils soutiennent que l’Europe devrait prendre exemple sur les USA et ses marchés non réglementés, et prendre les mesures qu’impose la croissance économique. Je pense quant à moi que la supériorité économique américaine est plus illusoire que réelle, qu’elle se fonde sur un endettement sans précédent et que l’emploi comme l’épargne personnelle sont en chute libre. Enfin, les investisseurs sont généralement d’accord pour dire que le dollar va continuer à perdre de sa valeur par rapport à l’euro. Cela ne signifie pas que l’Europe n’éprouve pas de difficultés. On reproche souvent à la Commission européenne de manquer de souplesse et de ne pas prêter attention aux besoins des citoyens européens qu’elle est censée servir. Le rêve d’une Europe multiculturelle est sérieusement remis en cause par une immigration continue. L’antisémitisme se développe, comme les discriminations contre les musulmans et autres minorités. Les Européens n’assistent pas tous à la réalisation de leur rêve d’unité, d’un espace où les problèmes sont réglés pas la coopération et la négociation plutôt que par la solution traditionnelle du conflit entre Etats-nations. Mais là n’est pas la question. Le plus important, c’est que l’Europe ait formulé un nouveau projet d’avenir et qu’il s’agisse d’un modèle qui puisse mieux s’adapter à d’autres pays ou régions que le rêve américain et son côté « on se débrouille tout seul ». Ce modèle se fonde sur une conception différente de ce qu’être une superpuissance mondiale veut dire, avec un accent mis sur la coopération économique et l’entraide plutôt que sur la seule force militaire. Le rêve européen est lié à un esprit communautaire et concerne une amélioration de la qualité de la vie plutôt que, comme chez les Américains, la poursuite obsessionnelle de la croissance économique et du succès individuel. Ces deux rêves s’appuient sur l’idéal de la liberté individuelle ; mais on ne voit pas cette liberté de la même façon de part et d’autre de l’Atlantique. Pour les Américains, elle est associée aux idées d’indépendance et de richesse matérielle personnelle ; en Europe, elle est plus liée aux idées de qualité de vie et de bien-être de toute une communauté. Une nouvelle génération d’Européens est en train de forger un idéal à la fois accessible et radicalement différent de la vision qu’ont les Américains d’une vie réussie. Il s’agit certes d’une expérience, mais une expérience qui vaut la peine d’être menée. Jeremy Rifkin s’est entretenu avec Jonathan Gregson, consultant pour la rédaction du magazine FIRST. LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ACTIVE DANS LE SECTEUR INFORMATIQUE Dr Kerry Platman Kerry Platman est spécialisée dans les pratiques manageriales et les politiques visant à gérer le vieillissement de la population active. Elle fait actuellement partie d’une équipe de recherche internationale, réunissant universitaires et partenaires du monde de l’entreprise, qui étudie le vieillissement des actifs du secteur informatique aux Pays-Bas, au RoyaumeUni, en Allemagne, en Australie, aux Etats-Unis et au Canada. Dr. Platman est chercheuse à la University of Cambridge et membre du CIRCA (Cambridge Interdisciplinary Research Centre on Ageing). Le CIRCA est un réseau de chercheurs menant des études novatrices sur le phénomène du vieillissement démographique. Elle anime des rencontres et fait des conférences sur l’ impact pour les entreprises du vieillissement de la population active auprès de cadres supérieurs et de responsables en ressources humaines des secteurs privé et public. Elle est l’auteur de nombreuses publications et rapports sur des questions liées au vieillissement de la population active, parus dans la presse universitaire et non universitaire. Elle s’intéresse plus particulièrement aux législations contre la discrimination liée à l’âge, aux différentes formes de départ à la retraite et aux formes de travail après la retraite. Les responsables RH se trouvent face à un défi inédit. La population active est vieillissante dans tous les pays développés, non seulement dans des pays européens comme le Royaume-Uni, les PaysBas et l’Allemagne, mais aussi en Amérique du Nord, en Australie et au Japon. Les gouvernements de ces pays ont compris la nécessité d’allonger la durée de la vie active pour alléger le poids des retraites et combler les pénuries de main-d’œuvre. Mais les spécialistes RH vont devoir de plus en plus œuvrer à changer les mentalités pour que les entreprises puissent tirer profit de ces changements. Ce qui va impliquer de nouvelles approches en matière de recrutement, de rétention et de mise à la retraite de salariés. Nous examinerons, dans cet article, les inconvénients et les avantages de cette transformation fondamentale de la population active en nous intéressant à un projet pionnier visant à définir à un niveau international un certain nombre de bonnes pratiques. ‘Workforce Ageing in the New Economy’ (le projet WANE) regroupe des équipes d’universitaires, des organismes professionnels et des entreprises partenaires d’Amérique du Nord, d’Australie et d’Europe. Les résultats initiaux de ce projet de recherche montrent que les pays développés ont encore beaucoup de chemin à faire s’ils veulent pouvoir mettre au point des mécanismes efficaces permettant de gérer les changements d’orientation professionnelle et les départs à la retraite chez les salariés très qualifiés. Les pays industrialisés connaissent un vieillissement spectaculaire de leurs populations respectives, conséquence de l’allongement de la vie et de la chute des taux de natalité. Même si le moment précis de cette transition démographique varie d’un pays à l’autre, les politiciens, caisses de retraite et autres architectes de systèmes de protection sociale sont maintenant tous d’accord pour dire que de nouvelles mesures doivent être prises pour allonger la durée de la vie active. Les approches volontaristes, comme la subvention étatique ou la mise au point de codes de conduite informels, ont échoué à faire augmenter sensiblement le taux d’emploi des plus de cinquante ans, augmentation dont les pays développés ont pourtant besoin en raison du vieillissement démographique. Il a résulté de tout ceci des objectifs plus élevés en matière d’emploi, pour les gouvernements comme pour les entreprises, et des cadres législatifs plus stricts. Au sein de l’Union européenne, la Directive sur l’emploi en Europe force les Etats membres à voter d’ici 2006 de nouvelles lois interdisant la discrimination liée à l’âge sur leur marché du travail. Les gouvernements européens sont également incités à élever le taux de participation des moins jeunes au sein de la population active par les objectifs définis en termes d’emploi aux sommets de Barcelone et de Stockholm. Les grandes multinationales commencent à comprendre les implications du vieillissement de la population active et à mettre progressivement en œuvre toute une série de mesures. De nombreux cadres ont conscience qu’il est de moins en moins réaliste de suivre des stratégies de recrutement supposant l’existence d’une réserve abondante de jeunes gens ayant la vingtaine ou la trentaine. Ils sont aussi conscients des effets négatifs que peuvent causer des procès pour discrimination liée à l’âge, tant en termes d’indemnités que de mauvaise publicité. Des entreprises comme le groupe pétrolier BP ou le groupe bancaire ANZ sont en train de repousser leur âge de départ obligatoire à la retraite pour que leurs salariés puissent travailler au-delà de l’âge traditionnel de la retraite s’ils le souhaitent. Ces entreprises ont déjà pris conscience de la nécessité d’utiliser les compétences de leurs salariés les plus âgés. Un grand nombre de leurs travailleurs ont acquis un « savoir-faire » indispensable, en termes de connaissance des clients, de mise en œuvre d’idées pratiques, de capacité à forger des relations de travail et d’application des technologies. Les âges de départ à la retraite fixes, qui forcent les salariés les plus âgés à quitter leur emploi quels que soient leur aptitude, leur enthousiasme et leurs compétences, sont de plus en plus considérés comme inappropriés dans le contexte actuel. Les entreprises qui sont capables de profiter de l’expertise, de la sagesse et de l’expérience que de nombreux actifs, parmi les moins jeunes, peuvent leur apporter sont perçues comme mieux placées pour faire face aux exigences de leurs clients. Mais, à côté de ces justifications, il y a de nombreux problèmes à régler. Allonger la durée de la vie active est loin d’être chose facile, en raison des restructurations économiques qui ont eu lieu dans plusieurs secteurs d’activité et en raison de la « culture » du départ à la retraite anticipé qui imprègne de nombreux métiers et de nombreux secteurs. Plus pressante encore est l’obligation qu’ont les secteurs d’activité qui ont besoin de compétences informatiques poussées d’élaborer de nouvelles façons de former leurs salariés et d’investir dans la formation, étant donné la vitesse à laquelle les technologies évoluent. Les entreprises voient parfois leurs salariés les moins jeunes comme manquant de souplesse, peu productifs et peu créatifs. Elles les considèrent parfois comme plus chers, plus difficiles à former et moins enclins au changement. On peut aussi avoir des inquiétudes devant le risque du handicap, les problèmes que posent pour les personnes âgées les réaménagements sur le lieu de travail, et la difficulté qu’il y aurait à motiver des salariés approchant l’âge de la retraite. En outre, les secteurs d’activité mondialisés ont la possibilité de s’approvisionner sur les marchés du travail de différents pays, ce qui leur permet parfois de puiser à une réserve de main-d’œuvre jeune et bon marché. Cette pratique leur permet peut-être de répondre à leurs besoins à court terme en matière de recrutement, mais cela ne résout 9 Le vieillissement de la population active dans le secteur informatique – suite Par exemple, les emplois qualifiés ont augmenté dans le domaine informatique de 142% en Australie entre 1993 et 2003, et de 134% en Allemagne (97% aux Pays-Bas) entre 1995 et 2002. POURCENTAGE D’INFORMATICIENS SELON LA TRANCHE D’ÂGE EN ALLEMAGNE, AUX PAYS-BAS ET AU ROYAUME-UNI (2002) 50 45 40 30 25 20 15 10 5 0 15–24 25–34 35–44 TRANCHES D’ÂGE ALLEMAGNE PAYS-BAS ROYAUME-UNI Source : D’après Eurostat 10 45–54 55–64 POURCENTAGE 35 pas le problème plus fondamental de la formation des salariés tout au long de leur carrière. ‘Workforce Ageing in the New Economy’ a pour objet l’examen de ces problèmes cruciaux. La question centrale guidant les six équipes nationales de recherche concernées par cette étude est de comprendre comment des secteurs d’activité mondialisés pourraient rester compétitifs tout en profitant des compétences d’une population active vieillissante. L’étude est financée par un des plus prestigieux sponsors d’études universitaires d’Amérique du Nord, le Social Sciences and Humanities Research Council of Canada. Dirigé par le docteur Julie McMullin, de la University of Western Ontario, le projet mobilise plusieurs douzaines d’universitaires spécialisés dans la démographie, les questions liées aux retraites, la gestion des ressources humaines et les formes flexibles de travail. Ces équipes, basées aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis et en Australie, concentrent leur attention sur un secteur précis, ayant particulièrement besoin de compétences dans le domaine des technologies de pointe, l’informatique. Les progrès réalisés en matière de langages de programmation, de technologies numériques et d’interopérabilité entre différents systèmes et produits sont en train de changer la façon de travailler des informaticiens. Des actifs formés il y a seulement cinq ans voient aujourd’hui leurs compétences perdre de la valeur sur le marché. WANE est un projet très novateur dans sa conception. Dans le cadre de celui-ci, des partenariats ont en effet été forgés dans six pays avec des organismes et des entreprises du secteur informatique, et plusieurs rapports sur ses travaux ont été publiés. Dans le cadre de la phase un du projet, les chercheurs ont essayé et essaient de prendre la mesure du secteur. Les premiers résultats montrent que les entreprises de ces pays ont du mal à attirer et retenir des informaticiens très qualifiés et plus âgés. Les équipes de recherche ont constaté que le nombre d’emplois nécessitant de grandes compétences en informatique augmentait fortement dans les six pays étudiés. Par exemple, les emplois qualifiés ont augmenté dans le domaine informatique de 142% en Australie entre 1993 et 2003, et de 134% en Allemagne (97% aux Pays-Bas) entre 1995 et 2002. Cette forte croissance s’est produite malgré la récession du secteur informatique. Mais la mondialisation n’a pas eu que des effets positifs pour les spécialistes d’informatique : on observe une tendance au transfert d’emplois informatiques vers des pays moins développés tels que l’Inde et la Chine, où les frais de maind’œuvre sont moindres. Parmi les moins jeunes en particulier, les informaticiens ont peur que des milliers d’emplois supplémentaires disparaissent ainsi à l’heure où les grandes entreprises continuent de délocaliser des emplois à l’étranger pour réduire leurs coûts et maximiser leurs profits. A la veille de l’an 2000, les entreprises ont dû examiner et modifier leurs applications informatiques et ainsi revaloriser les informaticiens plus âgés possédant des compétences de programmeur traditionnelles. Par ailleurs, les grandes entreprises du secteur informatique insistent de plus en plus sur la nécessité de prendre des mesures en faveur d’une formation continue des informaticiens de tous âges, vu la vitesse à laquelle les technologies changent et la brièveté du cycle de programmation informatique. Ceci dit, la plupart des informaticiens restent des jeunes. L’écrasante majorité a moins de 45 ans : 82% au Royaume-Uni, 79% aux Pays-Bas et 77% en Allemagne, en 2002. On retrouve ces tendances en Amérique du Nord et en Le vieillissement de la population active dans le secteur informatique – suite POURCENTAGES D’INFORMATICIENS À TEMPS PLEIN ET PARTIEL EN ALLEMAGNE, AUX PAYS-BAS ET AU ROYAUME-UNI (2002) 100 90 80 60 50 40 POURCENTAGE 70 30 20 10 0 ALLEMAGNE PAYS-BAS ROYAUME-UNI TEMPS PLEIN TEMPS PARTIEL Source : D’après Eurostat Les formes de travail non traditionnelles se développent de plus en plus dans de nombreux pays développés. Australie. L’âge moyen des informaticiens canadiens est, par exemple, de 36 ans, contre une moyenne de 39 ans tous métiers confondus. Mais la population des informaticiens, bien que jeune, est vieillissante. Cette évolution démographique a été particulièrement frappante au Royaume-Uni, où la proportion des informaticiens de 45 ans ou plus a augmenté de 7% en huit ans. En 2003, 21% des informaticiens en activité avaient 45 ans ou plus, contre près de 14% en 1995. Il s’agit là d’un résultat surprenant, étant donné les inquiétudes exprimées dans les médias professionnels au sujet du chômage et du sous-emploi chez des informaticiens vieillissants. Malgré ces transformations, rares sont les informaticiens qui continuent à travailler après 55 ans. Des trois pays européens étudiés, l’Allemagne était en 2002 celui qui avait la plus forte proportion d’informaticiens ayant entre 55 et 64 ans. Mais ils ne représentaient qu’un actif sur 20 (5,4%). Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les informaticiens ayant entre 55 et 64 ans étaient encore moins nombreux (3,2% et 3,7% respectivement) en 2002. La situation est similaire dans les autres pays concernés par l’étude. En Australie, environ 6% des informaticiens avaient 55 ans ou plus en 2001. Aux Etats-Unis, une étude concernant la population des informaticiens montrait en 1997 que 5% des analystes et techniciens systèmes et 4% des programmeurs avaient 55 ans ou plus. Au Canada, le recensement de la population active montrait en 2001 que seuls 3% des informaticiens avaient entre 55 et 64 ans. Un autre fait marquant quand on observe la population des informaticiens concerne le déséquilibre entre les sexes. Cette population reste largement masculine, malgré les efforts des décideurs et des organismes professionnels visant à faire venir des femmes dans le secteur informatique. Le nombre de femmes travaillant dans le secteur est peu élevé et l’a été tout au long de la décennie passée, dans chacun des pays étudiés. En 2002, les informaticiens de sexe masculin étaient quatre fois plus nombreux que leurs homologues féminins au Royaume-Uni et en Allemagne - sept fois plus nombreux aux Pays-Bas. Les informaticiennes avaient tendance, dans les trois pays européens étudiés, à se concentrer sur la tranche d’âge des 25-44 ans. La faible représentation des femmes parmi les informaticiens est aussi observé sur les autres marchés de l’emploi étudiés dans le cadre de WANE. En Australie, seuls 22% des informaticiens étaient des femmes en 2001. Aux Etats-Unis, la même année, 27% des analystes et techniciens systèmes et 27% des programmeurs étaient des femmes. Au Canada, les femmes représentaient en 2003 environ 25% des actifs répartis parmi les 21 métiers informatiques définis par le recensement de la population active. Les formes de travail non traditionnelles se développent de plus en plus dans de nombreux pays développés. Les emplois à plein temps, même si on continue à en voir au sein des entreprises, ne sont plus aujourd’hui qu’un type d’emplois parmi un nombre croissant d’autres variétés, telles que le travail à temps partiel, les contrats de courte durée et le travail indépendant. Les progrès des nouvelles technologies, en particulier celles permettant l’échange rapide d’informations, ont facilité cette évolution. Dans le cadre de nos recherches, nous avons essayé de savoir dans quelle mesure les formes de travail non traditionnelles faisaient partie de la vie des informaticiens. Nous avons été surpris de découvrir que les emplois à temps partiel étaient relativement peu nombreux dans le secteur informatique. Les informaticiens travaillant moins de 35 heures par semaine sont relativement rares dans les trois pays d’Europe étudiés, alors que, au sein de nombreuses autres professions, ils sont nombreux à le faire. 11 Le vieillissement de la population active dans le secteur informatique – suite Le vieillissement de la population active conduit les entreprises à complètement repenser la façon dont elles doivent gérer leur personnel. PROPORTION DES INFORMATICIENS PAR RAPPORT AU NOMBRE TOTAL D’ACTIFS SELON LA TRANCHE D’ÂGE AU ROYAUME-UNI (1995 ET 2002) 60 40 30 20 10 0 15–24 1995 2003 Source : D’après Eurostat 12 25–34 35–44 45+ POURCENTAGE 50 Au Royaume-Uni et en Allemagne, par exemple, respectivement 95% et 91% des informaticiens travaillent à temps plein. Ces taux élevés contrastent fortement avec ce qu’on voit quand on observe la population des actifs dans son ensemble. Même aux Pays-Bas, où le taux d’informaticiens employés à temps plein est inférieur à ceux des autres pays, ce pourcentage (84%) est de loin supérieur à celui observé au niveau de la population des actifs dans son ensemble (58%). Que faire dans ces conditions ? Les chercheurs essaieront, au cours de la phase deux du projet, de décrire, évaluer et concevoir des bonnes pratiques concernant les entreprises du secteur informatique. Le vieillissement de la population active conduit les entreprises à complètement repenser la façon dont elles doivent gérer leur personnel. Les grandes entreprises cherchent de plus en plus à retenir leurs salariés très qualifiés et expérimentés en leur proposant différents choix de carrière et des formes de travail adaptées à leur âge. Mais, parallèlement, la mondialisation du marché du travail affecte radicalement les lieux et les modes de l’approvisionnement en maind’œuvre qualifiée. C’est particulièrement visible dans le secteur informatique, où les entreprises privées et publiques sous-traitent des missions au profit de régions à faibles coûts de main-d’œuvre, qu’elles soient situées dans leur pays ou dans un pays en voie de développement. La tendance à la sous-traitance et à la délocalisation vers l’étranger a conduit à l’exportation de plusieurs milliers d’emplois vers des pays émergents comme l’Inde et la Chine. Les entreprises ont également la possibilité, pour combler leurs besoins en main-d’œuvre qualifiée, de faire venir de l’étranger des jeunes diplômés. La facilité avec laquelle de nombreux employeurs d’informaticiens peuvent sous-traiter à l’étranger, ou importer de la main-d’œuvre qualifiée, fait qu’on néglige parfois d’investir dans la formation continue. Les entreprises qui adoptent des solutions faciles pour régler leurs problèmes de recrutement ont pourtant tendance à ne pas savoir attirer ou retenir des salariés qualifiés et expérimentés, connaissant bien leur entreprise et prêts à faire profiter de l’expertise acquise lors de missions précédentes dans le cadre de nouveaux projets. De nombreux emplois sont, dans le secteur informatique, à plein temps, ce qui pose problème aux femmes qui veulent revenir dans la vie active, aux travailleurs ayant des personnes à charge ou à ceux qui veulent partir progressivement à la retraite. Mais les multinationales prennent de plus en plus conscience des risques qu’elles encourent à laisser partir prématurément leurs salariés les plus âgés et les plus expérimentés. C’est pourquoi elles mettent au point des programmes innovants permettant à leurs salariés d’avoir accès à des promotions, de mettre en partage leurs connaissances et de choisir des formes souples de travail, programmes destinés à permettre à ces entreprises d’atteindre leurs objectifs en termes de recrutement pour demain comme pour aujourd’hui.Tout le défi pour des secteurs comme l’informatique consiste à mettre en place des programmes de formation qui refaçonnent et retiennent les individus qualifiés pour les encourager à prolonger leur vie active. UNE RESERVE DE TALENTS CACHEE Ian Anson Ian Anson travaille au sein du groupe Vedior (Holdings) comme consultant pour le eBusiness et l’information. Il a intégré Speakman Tanner Menzies, une entreprise de Vedior, en 1993, puis Vedior Holdings en janvier 2001. Ian a occupé une grande diversité de fonctions au cours de sa carrière, surtout dans l’électronique, l’informatique, la défense nationale, le placement de personnel, les soins de santé et le secteur public. Il est également titulaire d’un diplôme d’enseignement aux adultes. Il aime à « rapprocher » les entreprises et la technologie. Ian vit à Adelaide, en Australie. Marié à Margaret, il a deux enfants et 3 petites-filles. Selon l’OCDE, les handicapés représentent environ 10% de la population en âge de travailler, tandis que, en général, seuls 30-40% d’entre eux travaillent. Depuis qu’on a récemment pris conscience de la menace d’une pénurie (peut-être durable) de main-d’œuvre qualifiée en Europe et en Australasie, on considère les actifs handicapés et âgés comme une réserve de talents cachée. A la suite de la proclamation, par les Nations unies, de 1981 « Année internationale des Personnes handicapées », les entreprises et les Etats ont compris la nécessité de permettre aux handicapés d’accéder au marché de l’emploi traditionnel. On a considérablement investi dans des programmes de formation professionnelle, si bien que, dans les pays développés, les personnes handicapées sont souvent très qualifiés mais sous-employées. L’ONU a proclamé 1999 « Année internationale des Personnes âgées », ce qui a permis de mettre de même en lumière la réserve croissante mais inutilisée de travailleurs âgés en bonne santé, compétents, mais sans emploi. Il reste maintenant à demander aux recruteurs et aux employeurs : que pouvons-nous faire pour améliorer le pourcentage d’actifs parmi les handicapés et les personnes âgées ? De nombreux Etats ont adopté une approche à multiples facettes, consistant notamment à permettre aux handicapés l’accès physique à un certain nombre de lieux, à leur fournir certains services et installations, à voter des lois anti-discriminatoires et à mettre en place des tribunaux chargés de traiter les accusations de discrimination, à apporter un soutien public aux handicapés et à financer des programmes d’insertion et de formation professionnelles. En ce qui concerne les actifs âgés, de nombreux pays ont supprimé l’âge obligatoire de départ à la retraite et ont mis à disposition de ceux qui souhaitaient travailler plus longtemps des subventions et des programmes de recyclage. Cette approche de la carotte et du bâton a eu des effets positifs, mais, dans de nombreux pays, le pourcentage d’actifs parmi les handicapés reste très peu satisfaisant. Selon l’OCDE, les handicapés représentent environ 10% de la population en âge de travailler, tandis que, en général, seuls 30-40% d’entre eux travaillent. Le taux de chômage parmi les handicapés est généralement deux à trois fois plus élevé qu’au sein de la population active dans son ensemble. De même, une fois mises à l’écart, les personnes âgées ont beaucoup de mal à, ou ne peuvent pas, retrouver un emploi. Le gouvernement fédéral australien s’est récemment penché sur l’impact d’une éventuelle pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Selon les termes d’un organisme patronal, le Australian Employers’ Network on Disability, « Les entreprises australiennes n’ont pas le niveau de confiance, les compétences et les connaissances requis pour parvenir à employer des personnes handicapées sans aide extérieure. A l’heure où la population active continue à vieillir et où la pénurie de main-d’œuvre qualifiée affecte les entreprises, il faut trouver de nouveaux moyens de puiser aux réserves inexploitées de travailleurs potentiels - les personnes handicapées et âgées. Le gouvernement a noté que les handicaps étaient plus fréquents quand l’âge était plus avancé. De fait, environ un tiers des personnes de 55 ans ont un handicap. Il est donc logique de mettre d’abord en place les conditions permettant aux handicapés de travailler : ce faisant, on aura répondu aussi aux besoins des actifs âgés ». 13 Une reserve de talents cachee – suite De plus, il existe, au sein de nombreuses professions, une forte pénurie de maind’œuvre : par exemple chez les enseignants ou les infirmières. En décembre 2002, on remarquait dans une publication sectorielle américaine, Staffing Industry Report, que « plusieurs entreprises de placement considéraient les personnes handicapées comme la maind’œuvre rentable de demain et cherchaient à en recruter . . . » 14 Mais la Commission sur la productivité en Australie a observé que, même si la loi de 1992 sur la discrimination liée au handicap avait réussi à améliorer les choses dans de nombreux domaines, le pourcentage d’actifs parmi les handicapés n’avait pas beaucoup augmenté. Selon les propres termes d’un des responsables, « c’est là quelque chose de très frustrant ». Il milite maintenant en faveur d’une enquête publique. La Commission européenne est aussi très inquiète devant le faible pourcentage d’actifs parmi les personnes de 55 ans ou plus dans un certain nombre de pays de l’Union européenne. Elle encourage les Etats membres à atteindre d’ici 2010 un taux de participation de 50% chez les 55-64 ans. Malgré l’existence dans de nombreux pays de lois antidiscriminatoires très strictes, les statistiques montrent que les employeurs ont des préjugés contre les travailleurs handicapés et âgés. Même si ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup d’entreprises, surtout des multinationales, font preuve d’un sens éthique et d’une capacité à employer une grande diversité de gens, allant parfois plus loin que ce que la législation prévoit. De plus, il existe, au sein de nombreuses professions, une forte pénurie de main-d’œuvre : par exemple chez les enseignants ou les infirmières. Dans ces cas-là, les employeurs sont plus que disposés à embaucher des personnes handicapées ou âgées, et les entreprises de placement de personnel tirent pleinement profit de cette situation. Enfin, quand on a en vue un poste de management temporaire, on recherche plutôt quelqu’un d’expérimenté. Mais les chiffres montrent qu’il reste beaucoup à faire. Il est clair que le secteur du placement et du recrutement a un rôle important à jouer en l’occurrence. En décembre 2002, on remarquait dans une publication sectorielle américaine, “Staffing Industry Report”, que « plusieurs entreprises de placement considéraient les personnes handicapées comme la main-d’œuvre rentable de demain et cherchaient à en recruter... Les entreprises de placement ne font cependant pas toutes des efforts pour employer des personnes handicapées : certaines ont peur que le fait d’employer des handicapés accroisse leur niveau de responsabilité en cas de sinistre ou leur fasse perdre des clients. Mais les experts pensent que les entreprises de ce secteur s’intéresseront de plus en plus aux travailleurs handicapés une fois qu’elles auront compris à quel point est grande cette réserve de travailleurs potentiels. Selon le National Center on Workforce and Disability, environ 70% des 10 à 20 millions d’Américains ayant un handicap sont sans emploi et, parmi ceux-ci, les deux tiers cherchent un travail. » Nous autres, les entreprises du secteur du placement et des ressources humaines, nous devons toutes réagir, non seulement en plaçant un plus grand nombre de personnes handicapées et âgées, mais aussi en nous interrogeant sur notre propre culture d’entreprise et notre degré d’implication. Si notre culture interne est aussi ouverte que nous l’espérons, nous ne manquerons pas, je pense, de profiter, ainsi que nos clients, de la confiance, des compétences et du savoir que nous aurons exercés dans l’emploi et le placement de personnes handicapées et âgées. Notre premier pas doit consister à chercher à savoir le nombre de personnes handicapées et âgées que nous employons nous-mêmes déjà. A LA SAUCE MEXICAINE Juan Manuel García de León del Paso Juan Manuel García de León del Paso est le directeur financier de Top Personnel, une entreprise de placement de personnel mexicaine, qui fait maintenant partie du groupe Vedior. Il est diplômé en gestion des ressources humaines et en finance par le Mexico City Campus, ainsi que diplômé en gestion des coûts par la University of California de Berkeley. Il a occupé, entre autres, les fonctions de responsable des investisseurs privés pour l’Amérique latine chez Shearson Lehmann, et de directeur général de Factor Invest SA de CV, qui fait maintenant partie de HSBC. Le gouvernement n’encourage ni ne décourage le développement du marché du travail temporaire. Tout ce qu’ils veulent, c’est que les gens trouvent du travail au sein de l’économie officielle. Cela fait longtemps qu’il y a des multinationales du placement au Mexique (près de 60 ans), mais jusqu’à récemment elles se contentaient presque exclusivement de placer des travailleurs dans le secteur industriel. Au cours de la dernière décennie, la demande s’est étendue de plus en plus au secteur des services, en particulier des services financiers. Nous avons aussi assisté à un boom des centres d’appels, bien que la barrière de la langue avec les Etats-Unis ait limité ce développement et qu’on ait délocalisé certains centres en Amérique du Sud, en particulier en Argentine, pour faire des économies. Le marché du travail temporaire continue d’être, au Mexique, largement déréglementé. Et les syndicats locaux ne sont pas aussi puissants qu’en Argentine ou au Brésil par exemple. En plus, malgré les déclarations de bonnes intentions, il n’y a pas d’allocations chômage distribués par l’Etat ; c’est la famille qui garantit une certaine sécurité sociale dans ce domaine. Le gouvernement n’encourage ni ne décourage le développement du marché du travail temporaire.Tout ce qu’ils veulent, c’est que les gens trouvent du travail au sein de l’économie officielle. Nous faisons beaucoup d’efforts pour bien traiter nos travailleurs temporaires et faire qu’ils se sentent reconnus. Par exemple, alors que beaucoup d’entreprises concurrentes demandent à leurs travailleurs de venir toucher leur paie à l’agence, nous, nous la leur amenons chez le client. Bien sûr, c’est aussi une pratique qui nous offre des avantages : cela nous permet de garder un contact régulier avec nos clients et de voir nos travailleurs dans leur cadre de travail, de les regarder droit dans les yeux, si on peut dire. Nous pensons que, en améliorant leur sentiment d’appartenance à notre entreprise, nous différencions vraiment nos services. C’est en partie dû au fait que de nombreux travailleurs temporaires ne perçoivent pas les prestations auxquelles ils ont droit, surtout dans les petites entreprises de placement, mal structurées. Mais les comportements sont en train de changer, du côté des clients comme des travailleurs. Nous observons que, surtout chez les jeunes (et le Mexique est un pays très jeune, avec une moyenne d’âge de 23 ans), on apprécie de plus en plus le fait de pouvoir changer d’emploi et de diversifier ainsi son expérience professionnelle. De même, les clients aiment chez ces travailleurs la richesse de leur expérience. Et les placements ne sont pas nécessairement de courte durée : beaucoup de nos contrats vont jusqu’à dix ou douze mois. Nombreux sont ceux qui se sentent plus rassurés lorsqu’ils ont la possibilité de passer d’un emploi à un autre ; ils se sentent plus vulnérables lorsqu’ils viennent de passer cinq ans au sein de la même entreprise. 15 A la sauce mexicaine – suite TAUX D’ACTIVITÉ (%) PARMI LES 15-64 ANS 90 60 45 30 POURCENTAGE 75 15 0 1990 1991 2000 2001 2002 2003 MEXIQUE (1) USA (2) Notes: (1) 1990 correspond à 1991 (2) 16-64 ans Source : OCDE C’est vrai que le niveau de qualifications est ici un grand problème. Même si l’offre dépasse largement la demande en ce moment, puisqu’il y a bien plus de jeunes diplômés sortis de l’université que d’emplois disponibles, nous sommes quand même obligés de travailler très dur pour trouver les individus qui conviennent à nos placements. On a de plus en plus tendance, chez les entreprises de placement ou chez les clients (ou chez les deux), à former les travailleurs. Bien sûr l’attrait des Etats-Unis est grand : les travailleurs mexicains exilés de l’autre côté de la frontière envoient chaque année dans leur pays 13 milliards de dollars américains. Mais la grande majorité d’entre eux travaillent dans l’illégalité et, pour la plupart, dans le bâtiment et l’agriculture. Pour les individus qualifiés qui ne veulent pas suivre la route de l’illégalité, il y a très peu d’emplois aux U.S.A. Il est bien sûr dans l’intérêt des Etats-Unis de voir au Mexique une économie stable, avec, notamment, un chômage peu élevé.Toute la région de l’ALENA se prépare à faire face à de futurs concurrents comme l’Union européenne, ou comme l’Inde et la Chine, qui jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale. L’économie mexicaine est très dépendante du marché américain, qui est en train de reprendre des forces, quoique lentement. Nous sommes très optimistes quant au futur du Mexique et, en particulier, du secteur local du placement. TAUX D’ACTIVITÉ (2003) HOMMES ET FEMMES (%) 90 60 45 30 15 0 15–24 ANS 25–54 ANS MEXIQUE USA* * Première tranche d’âge correspond aux 16-24 ans Source : OCDE 16 55–64 ANS POURCENTAGE 75 L’économie mexicaine est très dépendante du marché américain, qui est en train de reprendre des forces, quoique lentement. AMSTERDAM CAPITALE DU CONSEIL SUR LES TRANSACTIONS Daniel Cappelletti Daniel Cappelletti dirige la division de KPMG s’occupant de transactions : Strategic, Commercial and Intelligence ou SCI. Il vient d’arriver en Hollande pour diriger à partir d’Amsterdam le développement de cette activité dans toute l’Europe. SCI est le premier organisme mondial de conseil s’occupant de transactions pour le compte de fonds d’actions privés et autres entreprises. Il compte 250 consultants en stratégies, basés en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Daniel a acquis une grande expérience du conseil après 14 ans de travail au sein de petits cabinets et de grandes multinationales. Daniel s’occupe de transactions depuis dix ans et travaille pour des clients répartis dans toute l’Europe, mais plus particulièrement en France et en Allemagne. Daniel est particulièrement bien placé pour parler des défis qu’il faut relever quand on opère dans un environnement international, étant lui-même un citoyen italien ayant fait ses études en Afrique, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni (à Winchester et Oxford) et en France (à HEC). Daniel est enfin un expert de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle puisqu’il est le père de quatre filles. Une grosse transaction (3 à 4 milliard d’euros) devrait bientôt concerner un grossiste du domaine des appareils électriques, et il est possible qu’un opérateur téléphonique espagnol soit racheté par des fonds privés pour 11 milliards d’euros, ce qui représenterait, je crois, la plus importante transaction avec financement extérieur de tous les temps ! Q. Qu’est-ce qui a poussé KPMG à décider d’établir à Amsterdam sa SCI ? R. Nos conseils portent essentiellement sur l’aspects commercial des transactions et notre activité est donc alimenté par les transactions qui se négocient. Dans notre secteur d’activité, il est difficile de forger des larges équipes de consultants d’un seul coup ; le nombre de transactions à traiter au même moment est fluctuant ; et il faut du temps pour attirer les meilleurs talents, ce qui est bien sûr notre objectif. Nous avons donc décidé de constituer des équipes suffisantes d’un seul mouvement en établissant à Amsterdam une équipe centrale et, dans chaque pays, des équipes commerciales et des équipes de mise en œuvre. Cela nous permet de mettre en œuvre le grand savoir-faire acquis par KPMG de la même façon dans toute l’Europe et, bien sûr, les équipes de chaque pays peuvent faire appel aux talents basés à Amsterdam quand ils le jugent nécessaire. Amsterdam est une ville intéressante, avec sa culture cosmopolite et son positionnement géographique central, ainsi que ses dispositions fiscales attrayantes et la qualité de vie qu’elle propose. Q. Les équipes des différents pays auront-elles à s’occuper de transactions concernant divers secteurs d’activité ? R. Oui, mais nous pensons qu’il est très important d’avoir, relativement à chaque secteur d’activité, la même approche dans toute l’Europe. Les transactions dont nous parlons représentent des montants de plus en plus élevés en Europe continentale ; prenez par exemple le cas récent du rachat pour 4,2 milliards d’euros de SEAT, l’éditeur des pages jaunes italiennes. Une grosse transaction (3 à 4 milliard d’euros) devrait bientôt concerner un grossiste du domaine des appareils électriques, et il est possible qu’un opérateur téléphonique espagnol soit racheté par des fonds privés pour 11 milliards d’euros, ce qui représenterait, je crois, la plus importante transaction avec financement extérieur de tous les temps ! Nous sommes conscients que notre capacité à apporter à nos clients (qui sont eux-mêmes très compétents) de la valeur ajoutée sur ces transactions repose fondamentalement sur notre capacité à faire profiter d’une très bonne connaissance du secteur concerné, et cela ne peut se construire qu’à l’échelle européenne. Nous avons déjà des spécialistes de l’industrie chimique, de l’automobile et des télécommunications, et nous mettons en place des équipes spécialisées dans les services financiers. Q.Vous établir à Amsterdam vous a-t-il permis de recruter plus facilement ? R. Les individus que nous cherchons à embaucher sont très qualifiés et très demandés. Nous recrutons beaucoup de gens venant d’autres cabinets de conseil en stratégies, et l’argent ne suffit pas à les attirer. Je m’aperçois que nombre des personnes auxquelles nous parlons en ont assez de travailler à Londres d’un point de vue purement pratique : on mentionne fréquemment les difficultés qu’il y a à circuler dans la ville, par exemple. Amsterdam est peut-être une ville moins animée que Londres, mais la vie y est certainement plus facile, surtout si, comme moi, vous avez de jeunes enfants. En une demi-heure de voiture, vous êtes à la mer ou à la campagne, alors qu’il vous faut deux heures quand vous habitez à Londres. Et on peut profiter ici d’une très grande diversité de manifestations culturelles à deux pas de chez soi. Mais, si Amsterdam est une ville plaisante, le recrutement est un exercice difficile puisque nous visons les mêmes individus que de nombreuses autres bonnes entreprises. Q. On ne peut sans doute pas recruter des individus aussi impliqués en faisant simplement valoir les avantages d’Amsterdam et la possibilité de combiner vie professionnelle et vie privée ... R. Bien sûr que non, et il nous faut quand même travailler dur, surtout quand nous sommes au milieu d’une transaction. De mon point de vue personnel, ce qui m’a attiré, c’est la perspective de construire une vaste organisation, ce qui demande beaucoup de travail. 17 Amsterdam capitale du conseil sur les transactions – suite Je remarque aussi que l’esprit d’équipe et le degré d’implication exigé sont des arguments très vendeurs. Les associés de haut rang sont très attachés à notre business plan : aussi est-il vital que nous atteignions les objectifs qu’il fixe ! Q. Quel type d’individus la division SCI attire-t-elle donc ? Mais il ne suffit pas de parler plusieurs langues ; nous avons aussi besoin d’individus qui n’ont pas de mal à travailler dans un environnement européen, d’un point de vue culturel et psychologique. R. En général, nos recrues ont déjà une grande expérience du secteur. Il faut qu’elles parlent couramment au moins une langue européenne en plus de leur langue maternelle, et beaucoup sont plurilingues. Les réunions se font peut-être de plus en plus en anglais, surtout aux Pays-Bas et en Suisse, mais ce n’est pas toujours le cas. Il reste important de comprendre l’allemand quand on participe à des réunions en Allemagne ; en France, il est très important de parler la langue ; en Italie, c’est absolument vital. Mais il ne suffit pas de parler plusieurs langues ; nous avons aussi besoin d’individus qui n’ont pas de mal à travailler dans un environnement européen, d’un point de vue culturel et psychologique. Enfin, les qualités d’analyse sont essentielles. Les individus talentueux ne manquent pas, mais il est difficile d’attirer de bons candidats et, notamment, malheureusement, des femmes. Q. Comment faites-vous pour recruter ces individus ? Aux Pays-Bas par exemple, KPMG commence d’habitude par proposer des contrats à durée déterminée : cela s’explique par les très courtes périodes d’essai autorisées par le droit hollandais. 18 R. Il est vital de recourir à de bons chasseurs de tête, implantés internationalement et spécialisés dans notre secteur. Le bouche-à-oreille est aussi très important. Dans ce domaine, on ne peut pas lancer une campagne publicitaire internationale. Les individus que nous recherchons ne sont pas nombreux et sont donc très demandés sur un marché très mondialisé. Les obligations en matière contractuelle et juridique peuvent aussi être compliquées. Aux Pays-Bas par exemple, KPMG commence d’habitude par proposer des contrats à durée déterminée : cela s’explique par les très courtes périodes d’essai autorisées par le droit hollandais. Mais nous proposons à terme des contrats à durée indéterminée : on ne peut bien sûr pas toujours attirer des gens avec des contrats à durée déterminée. En France, la semaine des 35 heures nous pose des problèmes étant donné la nature de notre activité, marquée par des périodes de travail intense. D’après notre expérience, le niveau local des salaires a baissé en termes relatifs en raison de cette loi, ce qui est dommage pour les personnes concernées. Q. Quels sont les défis qui doivent être relevés en termes de management en raison de la nature internationale de votre activité ? R. Il est vital d’être régulièrement en contact avec nos salariés. Dans nos différents pays d’implantation, nos salariés sont généralement des commerciaux que nous motivons beaucoup, tandis que, au centre d’Amsterdam, nous réalisons une grande partie du travail d’analyse. Parce que nous sommes très occupés ici, nous courons parfois le risque de ne plus savoir ce que font les autres et de perdre ainsi notre dynamique. Je m’astreins donc à parler à chacun de nos salariés au moins une fois par semaine. Ce qui est crucial, c’est que nous fassions vraiment équipe, surtout quand de grosses transactions sont en jeu et qu’il faut faire face à une concurrence bien organisée : c’est à ce moment qu’il nous faut utiliser notre taille en tant qu’organisation européenne et notre connaissance du secteur concerné. LE POINT DE VUE DES ENTREPRISES : ELECTROLUX FRANCE Alain de Kermadec Alain Huon de Kermadec travaille depuis 1994 chez Electrolux, le constructeur international d’électroménager, d’équipements commerciaux et industriels et de produits d’extérieur. Il est vice-président des ressources humaines pour la France depuis 1994 ; en 2003, il a aussi été nommé directeur général de Electrolux Home Products France, une entreprise de plus de 1.100 salariés. De 2000 à 2003, il avait occupé les fonctions de directeur des projets de ressources humaines européens, coordonnant ainsi les projets RH européens, harmonisant systèmes et procédures et négociant divers contrats au niveau européen. Né en Allemagne, M. de Kermadec a obtenu, après son diplôme de droit, un MBA délivré par l’INSEAD. Avant d’intégrer Electrolux, il travaillait chez Rhône Poulenc. Résidant à Paris, il est membre de l’ Association française des juristes d’entreprise et du Cercle Montesquieu. Le fait que la France est le seul pays de l’Union européenne où cette loi est en vigueur a été à l’origine de commentaires négatifs, surtout dans les médias anglosaxons. « Notre but, chez Electrolux, c’est de mener nos politiques RH de telle manière que les accords et stratégies internationaux l’emportent sur toute approche locale. Personnellement, par exemple, je suis coordinateur des politiques RH au niveau de la France, mais je sers aussi d’intermédiaire entre notre siège de Stockholm et notre centre administratif de Senlis, près de Paris. Nous opérons essentiellement sur les trois grands secteurs qui composent notre activité (biens de consommation durable, équipements commerciaux et industriels d’intérieur et d’extérieur), de sorte que, outre une approche géographique, nous avons une approche sectorielle. Notre groupe est international et nous sommes bien sûr confrontés à différentes réglementations dans les différents pays où nous opérons. En France, l’événement le plus important de ces dernières années a sans doute été l’introduction des 35 heures. Du point de vue de l’aspect production, il s’agit d’une vrai bénédiction pour nous puisque cela nous permet d’annualiser le temps de travail de chacun de nos salariés d’usine. Avant le vote de cette loi, nous devions faire face à des périodes d’intense activité productive suivies de périodes plus calmes : nous pouvons désormais gérer notre personnel sur l’année en tenant compte des pics d’activité saisonniers et des périodes creuses. Sur le plan administratif, la loi a d’abord causé quelques complications, mais elle offre aussi de nombreux avantages. De manière générale, nous nous sommes aperçus que la semaine des 35 heures aidait nos salariés à travailler plus efficacement tout en gérant mieux leur temps, en même temps qu’elle les rendait plus heureux. Le principal inconvénient de la loi reste l’effet indirect qu’elle a eu sur les salaires. Nous souhaiterions pourtant voir une application des 35 heures dans toute l’Europe. Le fait que la France est le seul pays de l’Union européenne où cette loi est en vigueur a été à l’origine de commentaires négatifs, surtout dans les médias anglo-saxons. De temps à autre, je vois que certains soutiennent l’idée que la France est un pays où on n’aime pas travailler. Mais notre expérience chez Electrolux montre le contraire : nos salariés sont extrêmement performants. Bien sûr, une autre façon pour nous de gérer le caractère fluctuant de notre production consiste à employer des travailleurs temporaires. Nous recrutons de manière locale pour nos dix sites, dont sept usines de production et entrepôts en France, et chacun d’eux utilise deux entreprises de placement de personnel, dont une à titre prioritaire. Cette décision est prise annuellement au niveau du site, ce qui donne une certaine liberté aux directions locales. Mais nous avons aussi une politique internationale de fournisseurs préférentiels. Nous avons pour règle de ne travailler qu’avec de grandes entreprises de placement, des entreprises qui connaissent bien le marché et, surtout, qui respectent la loi à la lettre. 19 Le point de vue des entreprises : Electrolux France – suite En France, le travail temporaire s’est implanté depuis longtemps tandis que, par exemple, en Italie, il s’agit d’un phénomène relativement récent. 20 Cette normalisation de nos fournisseurs préférentiels est une chose relativement nouvelle. Quand je suis arrivé aux ressources humaines il y a environ dix ans, nous avions une vingtaine de fournisseurs de travailleurs temporaires en France ; j’ai réduit ce nombre à trois. Nous avons depuis fait la même chose dans toute l’Europe. Nous négocions à deux niveaux, un niveau international, où les achats se font de manière centrale, et un niveau local où sont gérés les besoins saisonniers et décidés les types de salariés à employer. En général, nous ne nous heurtons pas à de graves pénuries de maind’œuvre qualifiée en France, même s’il y a toujours des carences non comblées : à l’heure actuelle, par exemple, nous avons des difficultés à trouver des conducteurs de chariots élévateurs qualifiés. Il y a, en France, des règles très strictes et très précises concernant l’utilisation de travailleurs temporaires : pourtant, au sein du groupe, la France est l’un des principaux utilisateurs de personnel temporaire. C’est que, en France, le travail temporaire s’est implanté depuis longtemps tandis que, par exemple, en Italie, il s’agit d’un phénomène relativement récent. En Allemagne, la loi ne date elle aussi que de quelques années, même si le marché de l’emploi y est maintenant beaucoup plus flexible. Ce qui pose des problèmes, c’est le fait que les droits des travailleurs varient beaucoup d’un pays d’Europe à un autre. Nous espérons qu’il y aura en Europe un mouvement progressif d’harmonisation dans ce domaine. En attendant, nous avons nos propres politiques internes en la matière. Nous veillons toujours à ce que nos travailleurs temporaires jouissent des mêmes droits que nos salariés permanents. Nous leur faisons toujours suivre une formation à leurs débuts chez nous, pour les intégrer dans notre groupe. C’est une des raisons pour lesquelles les différents syndicats locaux ont toujours accepté notre utilisation de personnel temporaire. Ils ont compris que nous avions besoin d’une main-d’œuvre flexible, et j’espère qu’ils considèrent notre façon de gérer ce problème comme intelligente. Dans l’ensemble, nous sommes un groupe très proche de nos salariés ; nous savons très bien qu’une gestion active des talents humains (à tous les niveaux) est une condition à remplir pour continuer à assurer notre succès. L’APPEL DE DUBAÏ Edward Twaite Edward Twaite is the Operations Director Middle East of Beresford Blake Thomas and has eight years experience working in international recruitment. A graduate from university in London with a Modern Languages and International Business degree who speaks fluent French and reasonable Spanish, it was always destined that Edward would end up working in an international capacity. The move to Dubai for Beresford Blake Thomas is a relatively new one; we established our office here some two years ago. We have always had an international division based out of London and there are subsidiary offices in Australia, New Zealand, South Africa, Canada, India and Ireland. Given both its geographic position and the rapid nature of expansion here, Dubai was an obvious next step. Educated in Switzerland and the UK, Edward has worked in mainland Europe, South East Asia including Hong Kong, Malaysia and Singapore and most recently in the Middle East. After joining BBT in 1996 in the capacity of Consultant to the International Division, he is well versed in recruiting Civil Engineering and Construction staff world-wide. He played an integral part in setting up BBT’s offices in Dublin, Cork and Dubai. The United Arab Emirates offers an ideal hub for the recruitment industry. Not only is it easy for us to reach across the Middle East from a base here, but also out into Central and Eastern Europe. Dubai is immensely popular amongst Russians, for example, as both a holiday location and for those looking for investment opportunities. Moscow is only a few hours flying time away and many highly trained Russians are now investigating the possibility of working here some of the year.The climate in the winter months is certainly more attractive. Moving permanently to Dubai in January, he looks forward to the fresh challenge of developing a successful International sales team throughout the Middle East and world-wide. Le travail temporaire est illégal à Dubaï, si bien que nous plaçons les gens dans des postes à contrat, généralement pour un à deux ans. It is true that in the current climate of political instability some people do express concerns about working in the Middle East.That generally lasts until they actually come to Dubai and see the cranes and the buildings going up — as well as the lifestyle.The scale of construction is quite simply phenomenal at the moment. Until very recently the majority of recruitment agencies working here were generalists, whereas we are niche market specialists operating in construction and healthcare.Temporary employment is illegal in Dubai so we are placing individuals on contracts, generally of one to two years duration. Many of those we have placed here have extended their contracts — it is very rare for someone only to stay one year. Of course, the people we are placing are very much in demand the world over.There is always a shortage of good Construction Managers and Quantity Surveyors, especially those with high rise experience. And here in Dubai almost all the new buildings are high rise, which is defined as over twenty-five floors.The foundations have already been put in for the tallest building in the world, the Burj Arab.Then there are The Palm and The World, islands built out into the sea, which are already under construction. As an engineer it is a very exciting place to work.The projects are on a massive scale — entire cities are being built within cities. And where else could you be involved in the world’s first underwater hotel or the first downtown ski slope in the desert? It is true that the nature of employment in Dubai has changed. Overall financial packages, which include living costs, cars and so forth, have declined, and in general these days salaries are in line with those in the UK — except of course they are tax free. We do tend to recruit individuals who already have experience of working abroad; they may wish to come out of a harsher working environment such as Saudi Arabia into the more westernised conditions of Dubai. Certainly the work-life balance is especially important for those with young families, for whom Dubai is a very attractive place to live.The hours worked can be long (building here goes on around the clock) but the opportunities for quality leisure time, whether it be the beach, golf or dune driving, are right on the doorstep. And it is a very safe environment. Such factors appeal especially to the younger engineers, who remain hard to find. 21 L’appel de Dubaï – suite Les entreprises qui s’installent au centre de Dubaï sont obligées d’être associées avec un partenaire local et de partager avec lui les bénéfices. Beresford Blake Thomas is based out of Dubai’s Internet City, a free zone, which means we are not subject to the legal restrictions on companies operating out of the city centre.Those setting up in central Dubai are required by law to have a 50% local partner, who shares in the profits. We operate entirely independently, which many of our clients perceive as an advantage. On the construction front we work largely with multi-nationals, companies such as Al Naboodah, Laing O’Rourke, Dutco Balfour Beatty, the Australian firm Multiplex and Atkins, Halcrow and Hyder. Meanwhile in healthcare we are largely recruiting nurses, especially for Saudi Arabia and Dubai. The employment market here is very international. One of the challenges many of our placements tell us they enjoy is managing a highly ethnically diverse workforce.This does however bring its own issues; on-site health and safety standards, for example, can be very different from those in the UK. It can prove to be a bit of a cultural shock for those coming here straight out of the UK job market. Presentation and communication skills are also vital, another area which some engineers need to get up to speed on. We rely to a great extent on word of mouth but given the international nature of recruiting here, the web plays a vital part in our strategy. It is integral to our advertising. We do find ourselves inundated by CVs, particularly from Indian nationals keen to work here. It is a big job in itself simply sifting through them. And we are not just recruiting for here - we have a Dubai based global consultant whose job it is to recruit individuals currently working in the Middle East into positions elsewhere in the world, whether that be Canada, the UK or Australia. So far, in our experience it is easier to find professionals from the healthcare sector to move “back” than those from the technical sector. For construction engineers in particular these are very exciting times to be in Dubai. Nous sommes inondés de CV, souvent envoyés par des Indiens, très désireux de venir travailler ici. 22 UN TOUR DU MONDE DES SALUTATIONS Allan et Barbara Pease Allan et Barbara Pease interviennent régulièrement dans des émissions de télévision du monde entier et leur huit best-sellers (dont le dernier, Body Language, a paru au Royaume-Uni chez Orion Books) ont été traduits dans 48 langues. Allan Pease, à travers ses allocutions, ouvrages, vidéos, cassettes audio, apparitions télévisées et conseils concernant la maîtrise de son image personnelle, est consulté par une grande variété de personnes, qu’il s’agisse de Premiers ministres, de rock stars, d’altesses royales ou de cadres d’entreprise. La série qu’il a animée, « Body Language », a été suivie à la télévision ou en vidéo par plus de 100 millions d’individus dans le monde et le travail qu’il a fait en collaboration avec Barbara a fourni la matière de six émissions scientifiques de la BBC. Barbara Pease est la directrice générale de Pease International, une entreprise qui propose cassettes vidéos, programmes de formation et séminaires aux entreprises et aux Etats du monde entier. Quand ils ne sont pas en voyage, ils résident dans le Queensland, en Australie, ou à Royal Leamington Spa, au Royaume-Uni. La poignée de main dominante La poignée de main soumise Q. Quel importance cela a-t-il de maîtriser le langage de son corps dans un environnement professionnel ? R. C’est absolument crucial. Il est prouvé qu’un individu reçoit entre 60 et 80% de messages non oraux, via l’apparence et le comportement, lors d’une première rencontre, face à face. Même si ces messages peuvent être ambigus : par exemple, quelqu’un qui serait assis bras et jambes croisés pourrait être perçu comme menaçant, mais il peut tout aussi bien être quelqu’un de froid. Q. Les chances de se tromper sur le sens de ces messages augmentent-elles quand on va à l’étranger ? R. Sans aucun doute. Prenons par exemple la poignée de main. Elle trouve son origine dans l’antiquité romaine et elle reste généralement, lorsqu’on rencontre quelqu’un en Amérique ou en Europe, la solution la plus « sûre », surtout lors d’une première rencontre. Mais il y a différentes façons de serrer une main. Au Royaume-Uni, on se secoue la main entre cinq et sept fois, tandis que, aux U.S.A., c’est plutôt entre sept et dix fois. En Allemagne, on s’agite la main en général deux ou trois fois avant de la lâcher. Cela tient en partie au fait que, lorsque les Allemands arrivent à leur travail le matin, ils serrent d’habitude la main à tous leurs collègues. Quand on se rencontre au petit-déjeuner ou au dîner à la table d’un restaurant d’hôtel, mieux vaut plutôt se saluer de la tête : c’est plus commode que de se lever dans ce type d’environnement. Mais il est très important, en Allemagne, de saluer ainsi, dans les formes, même les collègues qu’on connaît bien. On appelle cela la « révérence raccourcie ». Enfin, il ne faut jamais quitter une réunion sans avoir serré la main de tout le monde : sinon, on en déduit que la réunion n’a abouti à rien. Les Japonais sont bien sûr les maîtres de la révérence. Chez eux, on ne se serre pas la main. Dans certains centres commerciaux, on trouve même des machines servant à former le personnel à la bonne façon d’incliner la tête, selon le bon angle, devant les clients. C’est là quelque chose de très important. Une des raisons pour lesquelles le Japonais commencent par échanger des cartes de visite, lors d’une première rencontre, tient au besoin de pouvoir mesurer le statut de son vis-à-vis par rapport au sien et, donc, le degré d’inclinaison approprié. La carte de visite doit être blanche et les caractères en noir et en relief ; et si l’on veut mettre en avant le caractère international de ses fonctions, il faut que la carte soit en anglais au verso. Il faut la présenter des deux mains tout en penchant la tête. On ne doit jamais, jamais, la ranger dans sa poche arrière, mais au niveau du haut du corps ou dans son sac à main (dans l’idéal, vous aurez un porte-cartes de visite). Et, bien sûr, vous devez échanger vos cartes. Q. Qu’en est-il de la bise ? La poignée de main d’égal à égal R. C’est un problème qui peut être épineux. Il y a d’abord la question du nombre de bises qu’on est censé faire. En général, les Arabes et les Belges en font trois, les Français et les Anglais deux ; en Australie, une bise unique sur la joue est la norme. Ensuite, il y a le problème du côté où il faut faire la première bise. En général, c’est fonction du côté duquel on se serre la main : là où on serre la main 23 Un tour du monde des salutations – suite Toutes les études montrent que l’apparence extérieure et la manière dont on présente sont les principaux facteurs qui incitent un intervieweur à apprécier, ou non, un candidat à l’embauche et qui déterminent à quel point, à son avis, ce candidat est capable de bien faire le travail proposé. droite de son vis-à-vis avec sa main droite, il faut faire la première bise sur la joue droite - ce qui peut poser problème aux gauchers. Dans beaucoup de sociétés, il est coutumier pour les hommes comme pour les femmes de faire la bise, ce qui peut mettre mal à l’aise les noninitiés. Si vous avez peur de mal faire, le mieux est, pour les deux sexes, de faire, la main tendue, trois ou quatre pas vers la personne que vous rencontrez pour la première fois. Comme cela, les choses sont claires. Q.Vous avez abordé la question du sexe.Y a-t-il différentes règles à suivre, en termes de maîtrise du langage du corps, selon les sexes ? R. Non, au contraire. Dans le monde de l’entreprise, quel que soit le pays, il convient de traiter les deux sexes de la même façon. Quand on est un gentleman à cheval sur les traditions ou d’un certain âge, on aura peut-être tendance à se lever à l’entrée d’une femme dans la salle où se tient une réunion, mais les femmes de la jeune génération pourront aussi y voir un manque de respect, au lieu du compliment qu’on veut ainsi leur faire. Il en va de même pour la bise : là où vous ne faites pas la bise à un homme, ne la faites pas à une femme. Q.Vous avez parlé d’apparence extérieure au début de l’entretien. En quoi est-ce là quelque chose d’important ? Dans les centres d’appels, on demande maintenant aux gens de répondre debout au téléphone parce que, lorsqu’on parle en marchant, on a tendance à être plus expressif. R. C’est particulièrement important lors d’une première rencontre, qu’on aille à sa banque pour un prêt ou à un entretien d’embauche. Une fois que vous avez fait votre trou sur votre lieu de travail, vous pouvez parfois vous laisser un peu aller. Mais ce n’est pas toujours le cas : les “dress down Fridays” (vendredis décontractés) ont été abandonnés quand on a compris qu’ils bouleversaient les rapports hiérarchiques.Toutes les études montrent que l’apparence extérieure et la manière dont on présente sont les principaux facteurs qui incitent un intervieweur à apprécier, ou non, un candidat à l’embauche et qui déterminent à quel point, à son avis, ce candidat est capable de bien faire le travail proposé. Q. Pourtant, avec les nouvelles technologies, nous communiquons de plus en plus sous des formes qui n’impliquent pas le face-à-face. Comment ces évolutions affectent-elles le monde du travail ? R. Il suffit d’observer l’essor de la vidéoconférence et des vidéophones pour pouvoir répondre à cette question. Mais tout dépend de l’impact qu’a votre apparence sur la façon dont vous vous sentez dans votre peau. En ce qui nous concerne, nous avons remarqué que nous faisions, à la radio, un meilleur interview après une bonne douche chaude et avec une tenue soignée. Dans les centres d’appels, on demande maintenant aux gens de répondre debout au téléphone parce que, lorsqu’on parle en marchant, on a tendance à être plus expressif. Aux U.S.A., il existe maintenant un logiciel qui vous permet d’envoyer des messages vous représentant en train de parler et avec une apparence soignée — alors que vous pouvez en fait être chez vous en robe de chambre. L’image qu’on donne de soi sera toujours quelque chose d’important ; idem pour le langage du corps. Allan et Barbara Pease se sont entretenus avec Sarah Woodward, directrice de l’International Review of Employment. 24 VEDIOR Vedior NVVedior N.V. est une multinationale du placement proposant du personnel flexible ainsi que d'autres services de placement. L'entreprise est implantée dans 37 pays d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Océanie, d'Afrique du Sud, d'Amérique du Sud et d'Asie.Vedior est le numéro trois mondial du placement et le numéro un du placement spécialisé du point de vue des ventes. Vedior est cotée à la bourse paneuropéenne Euronext.Vedior opère à la fois dans le secteur traditionnel du placement de personnel administratif et d'industrie légère, ainsi que dans le secteur spécialisé. Le placement de services traditionnels est assuré principalement par les marques Vedior et Select tandis que, dans des domaines spécifiques exigeant du personnel qualifié, comme l'informatique, les soins de santé, la comptabilité, l'ingénierie et l'éducation, le placement est assuré par différentes marques spécialisées. En 2003, le placement specialisé a représenté 31% des ventes de l'entreprise et 51% de ses bénéfices d'exploitation, soit une proportion de ventes de services spécialisés supérieure à celle de toute autre multinationale de placement proposant des services complets. Le placement spécialisé génère des marges supérieures et offre un meilleur potentiel de croissance par rapport au placement traditionnel. La variété de ses services et le nombre de pays que l'entreprise couvre font de Vedior un partenaire de choix pour un vaste éventail d'employeurs, qui leur propose une gamme étendue de services de placement leur permettant d'améliorer leur flexibilité, leur productivité et la qualité de leur production. Vedior considère que la multiplicité de ses marques ainsi que sa structure décentralisée lui garantit une meilleure réponse aux besoins de ses clients, son offre variée lui permettant de s'adapter aux différences culturelles et législatives séparant ses marchés d'implantation. Outre le placement de travailleurs temporaires et à missions, l'entreprise assure des services de placement permanent, de sous-traitance, d'outplacement, de formation. Elle peut aussi détacher les salariés d'un fournisseur chez un client de celui-ci. Voir au dos la liste des entreprises Vedior du monde entier. ISSN 1363-9331 © Vedior Tours droits reproduction réservés. Rédactrice en chef : Sarah Woodward Gestion de la rédaction : Jeanine Werner Traducteur :Thomas Giraud Publié par:Vedior,Tripolis Building 200, Burgerweeshuispad 201, 1076 GR Amsterdam,The Netherlands www.vedior.com Les vues des personnes ayant collaboré à cette édition ne sont pas nécessairement celles des éditeurs. Bureaux de Vedior Afrique du Sud Beresford Blake Thomas +27 11 881 5443 Allemagne Abraxas Advita Pflegedienst Expectra Ideo Personaldienstleistungen ISU Vedior Personaldienstleistungen +49 +49 +49 +49 +49 +49 Andorra Select Andorra +376 80 78 90 Argentine Select Executive Career Planning SESA Select Argentina Telerecursos +54 11 4328 2533 +54 341 441 05100 +54 341 441 05100 Australle Abraxas Technologies Beresford Blake Thomas Global Managed Services Hill McGlynn & Associates Hughes-Castell Interim Jarrah Consulting JD Recruitment Law Personnel Legal Eagles Recruitment Link Recruitment Sapphire Technologies Select Appointments Select Care Personnel Select Education Select Industrial Select Professional Select Teleresources Tanner Menzies The Publicity Agency The Rock Resourcing Group Twin Hills Nurses Agency +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 +61 2 3 2 3 7 2 2 2 2 7 3 2 2 3 2 2 2 2 8 2 2 3 9222 9606 8235 9526 3100 9223 8298 9233 9233 3100 9608 8235 8258 9499 8258 8258 8258 8258 8461 8258 8235 9499 Belgique ATOLL Interim Expectra Horeca Management MAS Sapphire Technologies Vedior Interim +32 +32 +32 +32 +32 +32 2 3 3 2 3 2 555 201 248 711 203 555 Brésil RH Internacional Telerecursos +55 21 2509 6323 +55 11 3016 8300 Canada ATS Reliance Technical Group Beresford Blake Thomas Sapphire Technologies Telereliance +1 +1 +1 +1 Chili Best Select +562 672 0646 Chine Hughes-Castell +852 2520 1168 Eire Beresford Blake Thomas Select Appointments +353 1 678 9288 +353 1 6313 9002 Emirats Arabes Units Beresford Blake Thomas Ma Foi +97 14 390 0375 +97 1 4390 3150 Espagne Expectra Technology Human Solutions Selectpro Select Recursos Humanos Serlab Servicios De Formacion Telerecursos Call Centre Staffing Vedior Laborman Vedior Management Holding Vedior Servicios De Outsourcing Vexter Outsourcing +34 +34 +34 +34 +34 +34 +34 +34 +34 +34 Etats-Unis Accolo Accountants Inc. 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