La chèvre wallonne : elle doit (encore) s`imposer pour (mieux) exister !
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La chèvre wallonne : elle doit (encore) s`imposer pour (mieux) exister !
La chèvre wallonne : elle doit (encore) s’imposer pour (mieux) exister ! Si la chèvre est encore trop souvent taxée de "vache du pauvre" par de nombreux agriculteurs, la production de lait de chèvre, en Wallonie, est aujourd’hui tout autant une réalité qu’une réelle spéculation agricole. Elle a ses atouts, ses faiblesses mais aussi, et surtout, son potentiel de développement... --La production caprine locale, en perpétuelle croissance dans un monde d’éleveurs en perpétuelle décroissance, peut être fière de ses producteurs et des produits qu’elle propose ! Production atypique dans un monde agricole souvent traditionnel, l’élevage caprin wallon est riche de particularités que le grand public doit absolument découvrir. La chèvre wallonne, la marginale du monde agricole S’il est certain que la Belgique n’est pas la France, il est tout aussi certain que l’élevage de chèvre n’est pas une tradition ancrée dans notre région telle qu’elle l’est dans le Centre et le Sud français. Face à un monde agricole resté largement traditionnaliste, et puisque la chèvre n’était pas très présente en Wallonie du temps de nos grands-parents, il n’est donc pas étonnant que la production de lait de chèvre soit une des productions agricoles wallonnes les plus déficitaires. De fait, alors que le Wallon produit plus de lait de vache qu’il n’en consomme, et à peu près autant de viande de bœuf qu’il n'est capable de manger, il ne produit que… approximativement 11% du lait de chèvre qu’il met dans son écuelle ! La différence est saisissante. L’offre n’est donc pas en adéquation avec la demande, et c'est vraiment peu de chose de le dire ! Cette marginalité de la spéculation caprine ne se limite pas à son seul - ridiculement faible niveau de production ; elle concerne également la vision que peut en avoir le monde agricole, à savoir trop souvent celle d’une production "non professionnelle", reposant entre les mains de producteurs "non sérieux". Dans un monde agricole encore axé, avant tout, sur la transmission familiale, ces a priori - qui n’ont évidemment rien de fondé - n’aident pas à orienter les jeunes candidats agruculteurs vers la production de lait de chèvre… La boucle est donc bouclée : il y a peu de lait de chèvre wallon parce que peu de Wallons sont, à la fois, à même d’être producteurs agricoles et intéressés par la chèvre… Les mentalités en évolution, sont pourtant confrontées aux atouts qu’offre la production caprine. Celles-ci font donc tout doucement changer les choses... Un fameux retard à rattraper ! Si la production de lait de chèvre en Wallonie reste bien trop faible, elle n’en est pas moins en constante évolution depuis au moins dix ans. Quels sont ces atouts ? La spéculation est accessible aux personnes non issues du milieu agricole, l'animal est de petite taille et plus à la portée de la femme aujourd’hui aussi désireuse d’être à la tête de l’exploitation, les investissements sont réduits par rapport au bovin laitier, etc. Ou, tout simplement, la conscience du besoin de produire plus de lait de chèvre local donne-t-elle bon espoir quant au maintien - voire quant à l’accélération - de la progression de ce secteur en Wallonie. Bien 1 évidemment, chacun sait que se lancer dans une production agricole aujourd’hui, quelle que soit la spéculation concernée, n’est pas une chose facile. Au-delà des problèmes classiquement rencontrés d’accessibilité et de prix du foncier, ou d’importance de l’investissement de départ, la chèvre, en tant que "petit animal", demande également beaucoup de temps de travail. Sur le plan des volumes produits localement, dire que la Belgique produit seulement 11% du lait de chèvre qu’elle consomme revient à dire que la Wallonie produit un litre et demi de lait de chèvre par habitant quand la France en produit 9,5 ou les Pays-Bas 11,5 ! Pour donner plu de repères, il faut environ huit litres de lait pour fabriquer un kilo de bûchettes de chèvre et, bien que le fromage de chèvre ne soit pas non plus une réelle tradition pour le consommateur belge, on peut considérer que, dans les vingt-et-un kilos de fromage qu’il consomme annuellement, environ cinq cents gramme à un kilo seulement sont du fromage de chèvre. On comprendra donc vite que la Wallonie a un fameux retard de production à rattraper, mais également que les grands enjeux de la production de lait de chèvre ne se jouent pas sur notre territoire. Le secteur caprin wallon : un nain entre deux géants Si la Grèce est le pays européen qui détient le plus de chèvres, c’est au niveau des Pays-Bas, de l’Espagne et surtout de la France - premier producteur de lait de chèvre en termes de volumes collectés - que l’industrie laitière caprine va s’approvisionner. Tout comme le lait de vache qui est actuellement en pleine crise, le prix du lait de chèvre est complètement régulé par le marché, mais un marché bien différent… De fait, au niveau européen, le lait de chèvre est en pleine "sortie de crise". En effet, quelques années de politique de bas prix du lait, couplées à une constante augmentation du coût de production de ce même lait, avaient conduit à une hécatombe parmi les troupeaux caprins fournissant les laiteries. La chute de la production de lait de chèvre en Europe fut telle que les industriels fixant les prix ont dû assumer le revers de médaille de leur propre politique : en 2013, le stade de la pénurie était atteint et les étals des supermarchés n’ont pu être approvisionnés en suffisance en bûchettes et autres fromages de chèvre... Cette situation a permis d’obtenir des hausses de prix successives, en 2014 et en 2015, dans différents niveaux de négociations - que ce soit au niveau de la grande surface ou au niveau des transformateurs - et d'arriver finalement aujourd’hui à une revaloriser correcte du lait de chèvre. En Wallonie, le prix du lait de chèvre se situe usuellement entre celui du lait français et celui du lait hollandais. A ce jour, l’éleveur de chèvres wallon qui vend son lait a donc "presque" le sourire car il le vendra aux alentours de 0,70 à 0,75 euros du litre - et dix centimes supplémentaires pour le lait bio -, soit environ trente centimes de plus qu’il y a encore six ou sept ans ! Notons aussi que le prix du lait de chèvre doit, pour bien faire, être plus élevé que celui du lait de vache, son coût de production étant plus élevé. Une agriculture à taille humaine... mais pas forcément bio ! Mais le producteur caprin wallon est, le plus souvent, complètement indifférent à la conjoncture et au prix du lait puisqu’il est avant tout "producteur - transformateur", soit un producteur agricole qui fabrique également son fromage et qui, le plus souvent, va jusqu’à la vente directe via les marchés, les magasins à la ferme, etc. Certains passent également, pour tout ou en partie, par des revendeurs mais, malgré cette étape, c’est très majoritairement en circuits courts que ces fromages fermiers sont commercialisés. Cet attrait de l’éleveur pour la transformation fromagère semble typique de l’éleveur caprin, la transformation fromagère étant proportionnellement largement moins présente chez l’éleveur bovin. Mais l’éleveur fromager caprin est, bien souvent, non initialement issu du monde agricole… Précisons 2 également que, le plus souvent, ces fromages fermiers sont des fromages au lait cru. Avec la qualité gustative spécifique qui les accompagne. C’est ainsi que - selon les estimations du Collège des producteurs -, on peut acheter, en Wallonie, des fromages de chèvre fermiers issus d’une soixantaine d’élevages. Ces élevages sont typiquement des élevages de petite taille, comptant d’une petite dizaine de chèvres pour le plus petit à quelques deux cent cinquante pour le plus gros. Et on en compte seulement onze en bio ; même si les éleveurs de chèvres sont souvent "bio dans l’âme", leur exploitation ne l’est pas forcément. De fait, l’obligation de pâturage à laquelle les chèvres ne se prêtent pas facilement, la grande sensibilité de l'animal aux verminoses contractées à l’extérieur, l’impression de l’éleveur que les chèvres apprécient le confort de leur étable ou encore la vente directe à des clients qui connaissent l’éleveur et ont confiance dans ses pratiques, etc., sont autant de facteurs qui ont souvent raison de la volonté de l’éleveur de passer à la certification biologique. Et la production laitière ? A côté des producteurs - transformateurs caprins, la Wallonie compte également quelques éleveurs caprins qui livrent leur lait. Ils sont aujourd’hui une dizaine. Typiquement, ces élevages se caractérisent par des cheptels de taille beaucoup plus conséquente, allant de cent cinquante chèvres pour le plus petit à plus de deux mille pour le plus gros, qui fait cependant exception en Wallonie, l’élevage en "seconde position" ne dépassant pas le millier de têtes. Quoi qu’il en soit, par rapport aux exploitations du même type aux Pays-Bas qui dépassent très fréquemment les mille têtes, les élevages caprins laitiers wallons restent "à taille humaine", avec une main-d’œuvre essentiellement familiale. Ils sont loin du modèle industriel. S'ils ne sont qu’une dizaine en Wallonie, ils n’en sont pas moins fournisseurs d’une bonne partie du volume de lait de chèvre wallon, à savoir environ 75 % du lait produit. Parmi cette dizaine d’élevages laitiers, un seul est bio. Il n’y a donc pas une seule façon de "faire de la chèvre". Qui plus est, la spéculation caprine est une activité qui s’envisage souvent bien au-delà d’un atelier de diversification à la ferme. De fait, si quelques éleveurs de chèvres sont effectivement avant tout des éleveurs de bovins laitiers, une majorité des éleveurs caprins vivent exclusivement de la chèvre. 3
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