Mission Madagascar 2010

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Mission Madagascar 2010
TABLEAUX NUMÉRIQUES
INTERACTIFS
ET ÉDUCATION POUR TOUS
Madagascar – Mayotte
Guy Ménant
Du 29 septembre au 8 novembre 2010
Cette mission d’un peu plus d’un mois a été réalisée par le REPTA en partenariat avec la
DIENA (Délégation interministérielle à l’éducation numérique en Afrique). Elle a permis de
poser les bases de l’opération Sankoré à Madagascar, et d’intégrer ce nouveau pays dans le
réseau du REPTA. A Mayotte, collectivité française d’Outre Mer, un appui de proximité pour
les actions à Madagascar a pu être trouvé ; la mise en place d’une antenne Océan Indien du
REPTA paraît tout à fait envisageable, avec notamment le recrutement local de nouveaux
membres de l’AREPTA qui pourraient intervenir facilement et à moindre coût, en
complément de ceux de métropole.
Plusieurs actions sont en effet susceptibles de se concrétiser rapidement, et nécessiteront à
brève échéance l’implication de nombreux membres de nos associations :
- l’équipement en TNI et l’accompagnement d’une première vague d’une soixantaine de
structures éducatives « classes Sankoré » et « centres de formation Sankoré » à
Madagascar, principalement en éducation non formelle sur des actions
d’alphabétisation, mais aussi des centres de formation professionnelle et quelques
écoles primaires ;
- la recherche et la sélection de ressources numériques existantes en réponse aux
besoins exprimés par les éducateurs et enseignants malgaches ;
- la conception de ressources numériques interactives par les « coopératives Sankoré »
de Madagascar et de Mayotte, à partir des supports imprimés existants ;
- la mise en place de « jumelages Sankoré » entre écoles ou établissements scolaires de
Mayotte et Madagascar ;
- l’appui à des projets globaux d’équipement de centres de formation
professionnelle à Madagascar, dans différentes filières mais notamment en tourisme
et hôtellerie.
Sur ces deux derniers points, le REPTA a un rôle spécifique à jouer pour sensibiliser les
collectivités territoriales, les entreprises et mobiliser les associations de son réseau.
Nous devons aussi nous investir sans tarder sur la sélection de ressources numériques pour
répondre aux besoins exprimés. Un appel en ce sens sera prochainement diffusé dans le
réseau, et mis en ligne dès que ces besoins seront connus avec précision : le REPTA
Madagascar y travaille actuellement.
Toutes les bonnes volontés, suggestions et informations seront bienvenues, n’hésitez pas à
nous contacter en écrivant à :
[email protected] et [email protected]
1- Madagascar du 29 septembre au 29 octobre
Le REPTA projetait depuis longtemps d’étendre son action à Madagascar. En 2008, plusieurs
collectivités territoriales engagées dans des actions de coopération à Madagascar s’étaient
réunies à l’initiative du REPTA pour poser les bases d’une mutualisation. Encore avant, dès
2006 le REPTA avait pris contact avec des acteurs du « programme conjoint pour la
promotion de l’éducation de base pour tous les enfants malgaches ».
Ce programme qui a bénéficié au début des années 2000 du soutien du PNUD (Programme
des Nations Unies pour le Développement) a permis la mise en place dans tout le pays de
méthodes d’alphabétisation et de réinsertion scolaire :
- AFI-D, « Alphabétisation Fonctionnelle Intensive pour le Développement », conçue
pour conduire en 4 à 5 mois des adultes analphabètes à un niveau de fin du primaire,
- Ambohitsoratra, adaptation en malgache de certains aspects de la méthode « Planète
des alphas », et destinée aux enfants et adolescents pour un apprentissage de la lecture
en 2 à 3 mois,
- ASAMA, Asa Sekoly Avotra Malagasy ou Action Scolaire d'Appoint pour Malgaches
Adolescents), qui prend le relais pour mener en 10 mois ces jeunes au niveau du CEPE
(examen de fin du primaire) et au concours d’entrée en 6ème.
(télécharger la fiche technique ASAMA)
Une proportion significative de ces jeunes réussit l’examen, et certains continuent
correctement leurs études au collège. L’expérience acquise à Madagascar peut constituer un
apport précieux pour le réseau du REPTA, en termes de supports pédagogiques et de
pratiques validés sur le terrain. Réciproquement, les matériels et supports numériques
expérimentés en Afrique sub-saharienne par le REPTA peuvent avoir dans ce contexte une
valeur ajoutée nette et rapide. Une mutualisation fructueuse pourrait se faire avec par exemple
les alphabétiseurs des classes de la seconde chance du REPTA Niger.
La DIENA a été contactée en 2010 par l’AADEM (« Association d’Aide au développement
de l’enfance à Madagascar » - Fondation Alain Duménil). L’association souhaitait s’impliquer
dans la mise en place de l’opération Sankoré à Madagascar. Deux membres du bureau de
l’AADEM ont participé au séminaire organisé par le REPTA et financé par la DIENA en
septembre 2010 : Mme Hary RAZAFINIMPIASA et M. Angelo ANDRIAMAHEFA. Tous
deux sont très impliqués dans les actions d’alphabétisation : c’est à leur demande, et à celle de
M. Amoïss ASSOUMANI, Vice-Président de l’AADEM en France que la mission REPTA a
été rapidement mise en place. C’est sur eux qu’a reposé l’organisation des principaux aspects
de la mission. Ce sont eux également qui ont immédiatement pris le relais en mettant en place
un REPTA Madagascar, dont ils ont déjà animé plusieurs réunions fondatrices. C’est le
REPTA Madagascar qui dorénavant impulse sur place la coordination et la mutualisation,
avec l’aide du REPTA France.
Le REPTA Madagascar se constituera en
« coopérative Sankoré » pour la production de
ressources numériques interactives, à partir des
supports imprimés réalisés pour les classes
ASAMA par l’association FFF Malagasy
Mahomby (intégrée au REPTA Madagascar).
Une mission d’un mois à Madagascar a donc été réalisée, du 29 septembre au 29
octobre.
Ses objectifs étaient :
- de faire connaître le REPTA, ses champs et modalités d’action,
- de présenter l’opération Sankoré de la DIENA, avec ses différents volets,
- de montrer les atouts des supports numériques et des tableaux numériques interactifs,
- d’identifier des partenaires impliqués dans l’éducation non formelle et dans la formation
professionnelle susceptibles de tirer profit rapidement des équipements, des ressources et des
services du programme Sankoré,
- de construire avec les responsables institutionnels et associatifs les bases d’un réseau de
formateurs de formateurs, et une carte de centres de formation répartis dans le pays,
- de trouver des appuis de proximité parmi les experts des Alliances Françaises, des
établissements scolaires français de l’AEFE, et auprès de France Volontaires,
- de repérer les ressources pédagogiques couramment utilisées et pouvant servir de fond pour
la réalisation de supports interactifs immédiatement exploitables,
- de rechercher auprès des représentants locaux des collectivités territoriales françaises des
soutiens à court et moyen terme dans le cadre de leurs actions de coopération décentralisées.
Des contacts directs ont été pris, qui ont permis d’avancer sur tous ces points.
Côté français, le REPTA remercie tout particulièrement M. Philippe Georgeais, Conseiller de
Coopération et d’Action Culturelle, son adjointe Mme Véronique de Rohan-Chabot, et leurs
collaborateurs du SCAC qui ont apporté dès les premiers jours des informations précieuses
sur le contexte et les actions en cours, notamment celles menées en coopération décentralisée
par les collectivités territoriales françaises.
Le Consul de France à Diego Suarez, M. Jean-Michel Manent, s’est également montré attentif
à nos projets et a fourni de précieux contacts.
Le proviseur du lycée français de Tananarive, M. Joël Lust, ses adjoints et plusieurs de ses
professeurs, la proviseure du lycée français de Diégo Suarez ont montré l’existence dans leurs
établissements d’un potentiel sur lequel il sera possible de compter.
Côté malgache, le REPTA et l’opération Sankoré de la DIENA ont été très favorablement
accueillis par Madame la Secrétaire d’Etat à l’enseignement technique et à la formation
professionnelle (SEETFP) et ses collaborateurs, ainsi que par Mme la Directrice de
l’éducation préscolaire et de l’alphabétisation.
M. le directeur de l’institut national de formation pédagogique (INFP), MM les directeurs
régionaux de l’éducation nationale (DREN) de Diego Suarez et Tamatave et leurs
collaborateurs ont été sensibles aux atouts du projet, et des solutions concrètes pour la mise en
place de centres de formation Sankoré ont été envisagées.
Je remercie tout particulièrement pour son appui constant M. Zakaria Robison, adjoint au
directeur de l’INFor, structure chargée au SEETFP de l’innovation, de la production de
ressources et de la formation des personnels. C’est dans la salle de formation de l’INFor
qu’ont eu lieu en début de mission :
- une demi journée de sensibilisation de responsables institutionnels et associatifs,
- deux sessions de deux jours destinées aux futurs formateurs, qui ont permis une prise
de contact directe avec un TNI, un logiciel de pilotage, la conception de modules
interactifs, et une sélection de ressources numériques.
Ces trois sessions ont été réalisées sur un TNI SMART portatif et sur le logiciel Notebook.
Dans les jours qui ont suivi, l’association AADEM a installé dans la salle de l’INFor son TNI
EPSON, qui a été utilisé lors des réunions du REPTA Madagascar.
Le TNI portatif SMART, plus simple à installer, a été utilisé pour des démonstrations
itinérantes lors des trois semaines suivantes, au cours desquelles de nombreuses structures
d’éducation non formelle, des centres de formation professionnelle, quelques écoles et des
centres de formation d’enseignants ont été visités à Tananarive (Antananarivo), Diégo
Suarez (Antsiranana) et Tamatave (Toamasina). Complétée après la mission par un travail
de terrain très actif du REPTA Madagascar, et notamment la PACA (Plateforme des
Associations Chargées d’ASAMA), en relation du côté de l’institution avec la DEPA et le
SEETFP, une liste d’une soixantaine de structures a été établie. Elle est actuellement à
l’étude pour validation définitive. Une demande d’équipement en kits Sankoré a été faite sur
cette base à la DIENA. Le choix des modèles de TNI devra être guidé par le contexte (nature
du local, usage fixe ou itinérant).
Dès que les premiers matériels seront en route, une mission de formation et
d’accompagnement sera organisée par le REPTA, financée par la DIENA dans le cadre de la
convention de partenariat entre les deux structures. La date de la mission n’est pas encore
précisée, mais elle pourrait se situer courant mars 2011.
L’école d’Andavakoera
Andavakoera est un village à flanc de montagne au dessus de la ville de Ramena, près de
Diégo Suarez à la pointe nord de Madagascar.
Une association de la Drôme qui intervient dans l’Education au Développement Durable, les
Amis de CIRCEE, a conçu et réalisé un projet global pour ce village. La première action a
été la construction d’une école avec et par les villageois. Deux instituteurs y enseignent, avec
le soutien de la circonscription scolaire (Ministère de l’Education Nationale), de l’association
nationale des parents (FRAM) et des Amis de CIRCEE.
L’électrification du village est à l’étude avec Electriciens Sans Frontières. L’école
d’Andavakoera, ainsi que quelques autres de la circonscription scolaire de Diégo 2 pourront
tester l’usage d’un TNI et des ressources interactives dans le cadre de l’opération Sankoré et
du partenariat avec le REPTA, avec l’accord et l’appui du chef de la circonscription. Une
démonstration du matériel et de ses fonctionnalités a été réalisée devant plusieurs enseignants
et responsables de la commune de Ramena.
Pour obtenir des précisions sur l’action des Amis de CIRCEE à Andavakoera, voir le site de
l’association :
http://www.amisdecircee.fr/Projet-de-solidarite.html
L’enseignement technique et professionnel
L’équipement matériel des Centres de Formation Professionnelle est souvent très pauvre. Les
supports numériques y seraient très utiles, mais il est impératif d’apporter simultanément le
minimum nécessaire pour un enseignement concret, s’appuyant sur les outils utilisés dans la
profession.
L’opération Sankoré doit donc y être intégrée dans des projets plus globaux d’équipement,
à concevoir en partenariat avec des établissements homologues français, avec le soutien
d’entreprises de la filière et de collectivités territoriales dans le cadre d’actions de coopération
décentralisée. Le secteur tourisme hôtellerie pourrait être envisagé assez rapidement, en
prenant contact avec des établissements de formation de France.
Les actions de coopération décentralisée à Madagascar
Plusieurs collectivités françaises, régions, départements et communes sont engagées dans des
actions de coopération décentralisée avec des collectivités de Madagascar. Le SCAC en tient
une cartographie détaillée : le REPTA prendra contact avec chacune de ces collectivités pour
étudier leur éventuelle implication dans des actions de soutien à l’éducation pour tous et/ou
des jumelages Sankoré entre établissements scolaires. En relation avec l’Agence Mondiale
de Solidarité Numérique, qui assure pour la DIENA la mise en place des jumelages Sankoré,
l’implication de France Volontaires est en cours ; les responsables des sections de
Madagascar et de La Réunion ont été rencontrés à Tananarive, et un partenariat pourra être
organisé.
Certaines collectivités françaises disposent de correspondants permanents à Madagascar.
C’est notamment le cas de la Région Ile-de-France, représentée par le Directeur de l’Institut
des Métiers de la Ville à Tananarive. Lors de notre entrevue la possibilité d’un soutien à la
mise en place d’écoles Sankoré et à la modernisation de centres de formation professionnelle
a été évoquée : il conviendrait à présent d’approfondir ce premier échange.
Le correspondant de la Région de La Réunion a également été rencontré. Un contact a aussi
été pris, sur les conseils de la correspondante du GREF à Tamatave, avec le correspondant de
la Région Nord-Pas-de-Calais.
La collectivité de Mayotte est engagée dans des actions de coopération avec la région Boeny
(Majunga), et le Vice-Rectorat de Mayotte apporte un soutien à des actions sur ce secteur et
dans la région Diana (Diégo Suarez et Nosy Be).
2- Mayotte du 29 octobre au 8 novembre
En prolongement de la mission à Madagascar, le séjour à Mayotte avait plusieurs objectifs :
- rechercher auprès de M. le Vice-Recteur un appui de proximité pour les formations de
formateurs qui seront organisées à Madagascar ;
- explorer les possibilités d’actions éducatives de coopération décentralisées entre la
collectivité territoriale française de Mayotte et la région de Madagascar où elle est
engagée ;
- poser les bases de jumelages Sankoré entre des établissements scolaires de Mayotte et
de Madagascar, sous l’autorité du Vice-Recteur et avec le soutien du Conseil Général.
L’action Sankoré et les projets présentés par le REPTA ont reçu un accueil très favorable de
M. le Vice-Recteur, puis de M. le Président du Conseil Général. Deux actions concrètes sont
d’ores et déjà envisagées :
- la mise en place de jumelages entre établissements scolaires, notamment avec le lycée
hôtelier de Mayotte ;
- la réalisation d’une version numérique interactive de l’adaptation pour Madagascar de
la méthode de lecture « Azad et Laura », éditée par le Centre de Documentation
Pédagogique de Mayotte ; la constitution au sein du CDP d’une « coopérative
Sankoré » est en cours d’étude.
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