lettre-reponse de maître diomande mamadou aux collectif d`avocat
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lettre-reponse de maître diomande mamadou aux collectif d`avocat
MAÎTRE DIOMANDE MAMADOU RÉPONDS AUX COLLECTIFS DES AVOCATS DE GBAGBO. Le président Laurent Gbagbo arrêté à sa résidence le 11 avril 2001 par les forces coalisées Licorne/L'ONUCI/FRCI. Chers Confrères, C'est avec étonnement que je prends connaissance de votre lettre adressée au « Président démocratiquement élu de Côte d'Ivoire par les Ivoiriens puis reconnu par la Communauté internationale éprise de Démocratie », son Excellence Alassane Dramane OUATTARA ... Au nom d'un collectif de prestigieux confrères, vous demandez au Président OUATTARA de vous délivrer à vousmême ainsi que, vraisemblablement, à chacun des membres de votre collectif, un permis de visite pour voir vos clients. Bien sûr, il va sans dire que c'est à bon droit que Monsieur GBAGBO, son épouse et tous leurs collaborateurs doivent bénéficier de toutes les conditions propices à leur assurer un procès juste et équitable dans le strict et total respect de tous les droits de la Défense. Soyez assurés mes chers confrères, que les Ivoiriens, dans leur ensemble, entendent y veiller scrupuleusement, à commencer par le Président OUATTARA et tous ceux qui, comme moi, ont toujours été des opposants déclarés, déterminés, résolus et sans concession, à la politique de Laurent GBAGBO, politique menée 10 longues années durant, au détriment de tous les intérêts de notre pays et de nos braves populations. Mais dites-moi: en quelle qualité juridique un Président de la République délivrerait-il à des avocats, un « permis de visite » ? En vertu de quelle règle de Droit national Ivoirien ou de Droit international, serait-ce de la compétence d'un Président de la République de délivrer ce « permis de visite » ? Le Président OUATTARA est-il, en Côte d'Ivoire, l'autorité judiciaire compétente à délivrer un tel document ? En France où vous-même Maître COLLARD et bon nombre des membres de votre collectif exercez vos talents d'avocats, quelle est la règle de procédure pénale qui donne compétence au Président de la république de délivrer un « permis de visite » à des avocats? Bien sûr qu'il n'en existe aucune! Soyons sérieux, voyons ! Si votre lettre au Président OUATTARA n'a pour but que de calmer quelque peu l'impatience de vos clients ou leur donner le sentiment que vous êtes à l'œuvre, je n'en ferai aucun commentaire ... Mais si vous l'avez écrite avec un tant soit peu de conviction de l'avocat visant un aboutissement heureux de la cause de ses clients, je vous prie de noter qu'en Côte d'Ivoire, nous entendons désormais rompre avec les « pratiques ubuesques des pseudo-refondateurs » et entrer définitivement de plain pied dans « l'ère du Droit, du respect des lois et du respect de la séparation des pouvoirs » ! En effet, si ce type de procédé où l'Exécutif se substituait allègrement au Judiciaire pour délivrer tel ou tel document voire « orienter » le cours d'un procès, avait largement cours sous l'ère GBAGBO, il va bien falloir que les uns et les autres admettent que c'est précisément de cette Côte d'Ivoire-là, faite de toutes les confusions de genres, que nous ne voulons plus ! La nouvelle Côte d'Ivoire que nous avons voulue en votant massivement pour le changement, c'est précisément celle dans laquelle le Pouvoir Judiciaire pourra travailler sereinement sans interférence intempestive du Pouvoir Exécutif. Nous en avons si longtemps rêvé, nous n'avons aucune intention de nous en laisser distraire par qui que ce soit! A la Côte d'Ivoire « grise et sulfureuse » de l'ère GBAGBO nous avons désormais substitué une Côte d'Ivoire de clarté et de respect des lois. Une nouvelle Côte d'Ivoire dans laquelle même ceux qui ont régulièrement réprimé dans le sang de leurs compatriotes, femmes, hommes et enfants, les moindres marches pacifiques, auront droit à un procès juste et équitable. C'est de cette Côte d'Ivoire-là que nous sommes fiers, cette Côte d'Ivoire riche de ses diversités ethniques et religieuses où nous pourrons vivre ensemble, réconciliés entre nous, réconciliés avec nous-mêmes, réconciliés avec notre identité de « peuple multiple » pour prendre avec dignité notre place dans le concert des Nations. Pour conclure, sans prétention aucune de vous donner des leçons de Droit ou de Procédure, il m'apparaît évident qu'en l'état actuel de la situation de vos clients, la seule chose que vous auriez pu légitimement demander au Président OUATTARA, c'était de désigner rapidement l'autorité judiciaire - nationale ou internationale - en charge du dossier de vos clients afin que vous puissiez adresser à celle-ci, votre demande de permis de visite. A défaut, il va de soi que le Président démocratiquement élu de Côte d'Ivoire par les Ivoiriens puis reconnu par la Communauté Internationale éprise de « Démocratie », son Excellence Alassane Dramane OUATTARA ne peut, en l'état, qu'opposer à votre correspondance, au mieux une légitime fin de non recevoir, au pire un tout aussi légitime silence de désintérêt ... Pour ma part, je note simplement qu'en entamant les stratégies de défense de vos clients par ce genre d'errements techniques qui, devant n'importe quelle juridiction, vous expose directement à une imparable « exception d'incompétence », les débats entre vous et nous promettent d'être très intéressants à maints égards … Bien con-fraternellement. Maître DIOMANDE Mamadou, Avocat (France)
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