chroniques lycéennes # 11 - Les chroniques lycéennes

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chroniques lycéennes # 11 - Les chroniques lycéennes
Prix Charles Cros Lycéen de la nouvelle chanson francophone
chroniques lycéennes # 11
critiques en herbe
rencontres, reportages, critiques
www.chroniqueslyceennes.fr
édito
Faire découvrir aux lycéens la jeune
chanson francophone dans ses formes
les plus diversifiées, les inciter à écouter,
à analyser, à exprimer leurs opinions,
leurs émotions : pour la onzième édition
des Chroniques lycéennes, cette volonté
anime plus que jamais le CRDP de PoitouCharentes/CDDP de la Charente-Maritime
et l’Académie Charles Cros.
Le principe du programme n’a pas changé :
des lycéens, un peu partout en France
et à l’étranger, mais aussi pour la première
fois cette année de jeunes détenus
scolarisés, rédigent des chroniques,
des analyses-critiques de chanson,
à partir d’un CD comprenant 20 titres
récents d’artistes francophones.
La cinquantaine de chroniques
sélectionnées et publiées dans ce
supplément par l’hebdomadaire
Les Inrockuptibles sont autant d’occasions
de constater la pertinence des points
de vue, la créativité et la curiosité des élèves.
Des témoignages émaillent cet ensemble,
ils rendent compte de l’importance
du travail engagé sur l’année scolaire et
du plaisir partagé autour de cette opération.
Soulignons aussi cette année le partenariat
de Curiosphere.tv, la webtv éducative
de France Télévisions avec la création
d’un minisite consacré au programme :
www.curiosphere.tv/musique-chroniqueslyceennes (accessible dès le 21 juin).
Merci à tous les participants – artistes,
enseignants, lycéens et à tous ceux qui
concourent aux côtés du CDDP de la
Charente-Maritime et de l’Académie Charles
Cros au succès des Chroniques lycéennes
– le Scéren-CNDP, Les Inrockuptibles,
la Fédération des festivals de chanson
francophone (FFCF), les Francofolies
et tout le réseau de partenaires,
de lieux de programmation, de festivals
en France et à l’étranger.
Académie Charles Cros,
CRDP de Poitou-Charentes et
Les Inrockuptibles
Plus d’infos et de chroniques sur le site
www.chroniqueslyceennes.fr
“on est des
amoureuses”
Avant d’assister au concert du groupe Brigitte,
deux classes de lycéens ont pu interroger
les artistes sur leur vie, leurs goûts, les difficultés
du métier. Tout le monde s’est prêté au jeu
de l’interview.
par Johanna Seban photo Pierre Le Bruchec
II les inrockuptibles chroniques lycéennes
Poitiers, avril 2012.
Brigitte en concert au
Confort Moderne
l y a quelques semaines,
elles remportaient la Victoire de la
musique révélation scène de
l’année. Début avril, on retrouvait
les deux musiciennes de Brigitte sur la
scène du Confort Moderne à Poitiers,
dans le cadre d’une longue tournée qui
les voit écumer les salles de France
depuis la sortie de leur excellent
premier album Et vous, tu m’aimes ?
Le concert a beau ne démarrer
que peu avant 22 h le soir même, le duo
investit la grande salle du bar dès 15 h.
C’est là que se sont donné rendezvous deux classes, venues du lycée
des Métiers Jean-François-Cail
de Chef-Boutonne et du lycée Aliénor-
I
d’Aquitaine de Poitiers. De ce dernier,
les élèves sont essentiellement issus
d’une classe de première littéraire :
les filles sont plus nombreuses que
les garçons dans le public. Ça tombe
bien car Brigitte réunit deux filles :
Sylvie et Aurélie. Les deux jeunes
femmes s’installent sur l’estrade
qu’on leur a réservée, face à un public
au départ bien silencieux. D’abord
timides, les élèves finissent par briser
le silence. On se lève, très sagement,
on se présente, très courtoisement,
puis on pose sa question. La première :
“J’aurais aimé savoir quelles étaient
vos influences.” Et Aurélie de répondre,
avec l’aisance de celle qui a souvent
chroniques lycéennes les inrockuptibles III
dû expliquer son bagage artistique.
“On a eu envie de mélanger toutes nos
influences pour ne pas être placées dans
un courant. Cela va du jazz fifties au rock
des années 70, de la musique africaine
à la musique classique ou au hip-hop des
années 80.” Ce à quoi Sylvie ajoute une
série de sources cinématographiques :
Jacques Demy, Sergio Leone…
“On se voyait bien en demoiselles de
Rochefort, toutes les deux.”
A ces références, les élèves restent
plutôt indifférents. Bientôt l’un d’entre
eux tente d’y voir plus clair. “Qu’est-ce
que vous écoutez aujourd’hui ?” La liste
des béguins actuels de Brigitte est
Brigitte face aux élèves
des lycées Jean-FrançoisCail de Chef-Boutonne
et Aliénor-d’Aquitaine de
Poitiers dans la grande
salle du bar du Confort Moderne
longue et éclectique : les Beach Boys,
Barbara, les musiques de film, Philippe
Katerine, Brigitte Fontaine, Electric
Guest ou Pantera se côtoient dans la
discothèque du groupe. Plus détendus,
les élèves osent bientôt des questions
plus personnelles. Ils interrogent
le duo sur son choix d’évoquer souvent
l’amour et le combat sur l’album.
“Qu’est-ce qui fait tourner le monde ?”,
répond Aurélie en souriant.
“Nous, on est des amoureuses.
C’est un thème récurrent mais les
histoires sont différentes à chaque fois.
Quant au thème du combat, c’est parce
qu’on ne vit pas dans un monde
de Bisounours… Mais c’est toujours
écrit avec le sourire, toujours en
évitant le pathos. Même si l’on évoque
des sujets graves, comme la stérilité,
le suicide. Parce que quand tu vas
à un enterrement, il y a toujours un
moment où tu ris.”
“c’est écrit avec le sourire,
même si l’on évoque
des sujets graves, comme
la stérilité, le suicide”
Une fois terminées les questions
sur l’album, les élèves s’interrogent
sur le mode de vie qu’impose une
carrière de musicienne professionnelle.
Dans la cour du Confort Moderne,
ils ont aperçu l’énorme bus qui fait
office de maison au groupe le temps de
la tournée : on y dort toutes les nuits,
en route pour la destination suivante.
Plus concrètement, les lycéens
se demandent comment il est possible,
dans ces conditions, de concilier vie
professionnelle et vie amoureuse.
Verdict : “On vit dans un tourbus, on fait
cinq concerts par semaine ! Pour la vie
IV les inrockuptibles chroniques lycéennes
personnelle, c’est la merde ! (rires).
Mais comme beaucoup de femmes
qui travaillent, on s’organise. Il y a des
caissières qui sont derrière leur caisse
au moment où les enfants sortent
de l’école… Nous, on est chez nous
les dimanches et lundis.”
Bientôt, le groupe doit interrompre
la conversation pour aller répéter pour
le concert du soir. Les élèves, qui se
verront ensuite offrir une visite guidée
des différents espaces du Confort
Moderne, ont le temps d’une dernière
question. Ils demandent aux jeunes
femmes ce qu’a changé pour elles le
fait d’avoir une Victoire de la musique.
“Maintenant il y a un truc doré sur la
cheminée du salon qui prend la poussière,
sourient-elles. En vrai, c’est comme
avoir une mention au bac. Si tu as le bac,
ça ne change pas grand-chose. C’est
juste un petit plus.” N’écoutez pas, les
enfants, d’autant que pour beaucoup,
il y a bac blanc le lendemain.
Brigitte
Oh la la
3ème Bureau
Céline Rojek
Gaillon
Oh la la, Brigitte te fait valser, bouger,
chanter ! Des musiques rythmées, du son
rétro pop, avec des paroles sensuelles.
Elles ont tout pour réussir, le sourire et
le sens du rythme. Fan d’Abba et de
Marilyn Monroe, le groupe s’est inspiré
de ces deux phénomènes, a rajouté sa sauce
et mélangé le tout pour nous donner un
univers frivole, drôle, fou et amusant.
Ces deux femmes hors du commun,
la brune et la blonde, se sont bien trouvées.
Amoureuses des années 70, Aurélie
Maggiori et Sylvie Hoarau font très attention
à leur image, mais ne suivent pas la mode
à la lettre. Elles trouvent de nouveaux
vêtements dans des boutiques vintage.
Leur duo de pétroleuses rend hommage aux
Brigitte qui ont plus ou moins fait scandale
et qui ont un côté rétro. La chanson
française change, elle se développe
et s’améliore. Brigitte en est la preuve. Ces
deux petits bouts de femme seront, pourquoi
pas, bientôt, un groupe connu. Comme
diraient les filles, “Et vous, tu m’aimes ?”
Nicolas Lejay
Nantes
Lycée Guist’hau
Brigitte, une brune et une blonde, deux
mamans hippies, aussi décalées que
culottées qui vont enfin vous réconcilier avec
la pop française. Une ligne de basse affûtée,
une mélodie harmonieuse et quelques
percussions rythment le tout. La musique de
Brigitte baigne dans le rétro des années 70.
Fêtardes, à la limite du kitsch tout en restant
chic et sexy, elles dégagent une sensualité
dégoulinante et un groove à l’image de leur
amour pour le hip-hop.
Ces deux féministes, fans de Marilyn
Monroe, qui ne mâchent pas leurs mots,
réussissent leur pari : nous faire danser
et Oh la la que la difficulté est grande de
ne pas bouger les hanches sur une chanson
aux sonorités disco, véritable appel à
la danse, au rapprochement et à l’amour.
L’amour est d’ailleurs le sujet prépondérant
du premier album de ces deux femmes
décidément bien extravagantes.
Oubliez les Bardot, les Fontaine, toutes
ces Brigitte que l’on finirait par confondre…
Aujourd’hui, il y a Brigitte et seulement
Brigitte, c’est simple, sans prise de tête
et ça sonne tout autant.
Mark Maggiori
Lycée André-Malraux
Eva Gresset
Morteau
SEP Edgar-Faure
Je me promenais dans les rues de ma ville,
le temps était vraiment déprimant, les gens
autour de moi l’étaient tout autant, le trafic
était bouché, j’étais donc contrainte
de rentrer à pied. Bref une journée bien
pourri(t)e parmi tant d’autres, quand, tout
à coup, une p… de musique à l’influence pop
pleine de couleurs m’a redonné le sourire ;
pas mal pour un début non ? Ensuite il s’est
passé un truc de malade, devinez quoi ?
Quand les Brigitte ont commencé à chanter,
ma démarche s’est modifiée pour donner
quelque chose de carrément étrange,
comme si mes jambes étaient envoûtées
par la musique en toute indépendance
de ma volonté ! D’un coup elles se sont
mises à avancer au rythme de la chanson,
un pas à gauche, un pas en arrière, un pas
en avant, stop, pas à droite… une vraie
chorégraphie, je ne pouvais plus m’arrêter :
“ça fait boum je craque !” Et en moins de
temps qu’il ne fallait pour le dire, je
marchais à la manière d’un Funky Cops !
Les nuages se sont dégagés pour laisser
filtrer le soleil, qui m’est apparu comme une
boule à facettes luisante et attirante, j’aurais
pu croiser Kool & The Gang au coin de la rue
je n’aurais pas été surprise, c’était é-norme !
Je ne traînais plus des pieds, j’avais
LA démarche, LE truc cool, imaginez,
ressentez la funk vous envahir petit à petit…
Pour nous (mes jambes et moi), ça a été
une vraie révélation, Oh la la et plus
j’avançais, et plus les gens se retournaient
sur mon passage, peut-être parce que j’étais
chroniques lycéennes les inrockuptibles V
la seule personne à avoir le sourire,
ou parce qu’ils me trouvaient sûrement
très originale, ça je ne saurai jamais !
On est tellement transporté par la musique
et les paroles sensuelles de Brigitte que rien
ne peut nous démotiver, comme elles le
disent si bien “Tous ces beats qui cognent, je
perds la tête et je m’en moque !” Bref, j’étais
invincible ! Cette musique est destinée à
tous ; à son écoute, les gens mous
deviendront speed, les intellos sortiront la
tête de leurs bouquins, les prépubères se
sentiront envahis par un élan d’assurance et
craqueront sur les paroles explicitement
sensuelles, vieux et vieilles se lèveront de
leurs fauteuils, bref, tous se retrouveront
pour danser la funk sur la place publique !
Tout semblait vraiment me réussir, quand
tout à coup, mon iPod décida que c’était le
moment pour lui aussi de se relaxer, et
rendit l’âme ! Violent retour à la réalité,
j’étais redevenue blasée !
le meilleur des autres
Si les paroles ne sont pas toujours des plus
fines, elles s’affirment, s’agitent telles des
marionnettes entre les pinces des deux
femmes, dansent avec exubérance et ironie
sur des planches aux odeurs rétro, vintage,
et hippies.
Deux artistes qui construisent un
personnage, qui marient leur talent et leur
voix à l’instar d’un Simon & Garfunkel, pour
produire une femme croqueuse d’hommes
ou une femme fidèle et jalouse, à travers
des titres exquis.
Myriam Mineiro, Valence, lycée Loubet
Lisa Portelli
Le Régal
Wagram Music
Jessica Gonzalez Echevarria et
Laure Mondet
Saintes
Lycée Notre-Dame-de-Recouvrance
Goûtez l’univers tranquille d’une jeune
artiste qui mène la barque de ses 24 ans :
Lisa Portelli. Dans son album plutôt tourné
vers le rock figure Le Régal, une
gourmandise amoureuse. On est alors
transporté dans l’ivresse de deux amants.
Après un début syncopé et très rock,
on est surpris d’entrer subitement dans
un monde plus feutré où domine
la sensualité du texte chargé d’érotisme.
On peut être emballé par la voix suave
de la belle Lisa, mais elle pourrait avoir
un petit côté monotone car ses rimes
sont endormeuses… Pour les images,
elle emprunte à Rimbaud son bateau ivre,
et à Baudelaire son côté charnel.
A travers la chanson, la narratrice dévoile
son intimité en nous la laissant entrevoir
comme par le trou d’une serrure.
Son univers nous berce doucement vers
une addiction de l’autre, l’ambiguïté
de ses mots nous donne la liberté
d’imaginer quelques extravagances et de
nous laisser aller. Elle est comme affamée
et avide de sensations. Chaque fin de vers
dans le refrain paraît couler comme du miel
et on se fond dans la mélodie qui colle
à la peau : on se régale !
Marine Bouvet
Roissy-en-Brie
Lycée Charles-le-Chauve
Avec un tel titre, ce morceau de Lisa Portelli
se devait d’être bon. Il ne déçoit pas : c’est
un véritable délice ! Cette artiste énergique
et dynamique, à la voix délicieuse et
envoûtante, a commencé la guitare très
jeune puis, bien décidée à se faire connaître
dans le monde de la musique, elle participe
à de nombreux concerts, sortant
régulièrement quelques titres pour aboutir
en 2011 à l’album Le Régal. A travers le
morceau phare de ce nouveau menu
lui-même intitulé Le Régal, les saveurs rock
s’échappent. Dès les premières secondes,
les rythmes d’une batterie énergique nous
plongent dans une ambiance relevée
et finement mijotée par une ligne de basse
et de guitare électrique épicée. A cette
savoureuse alchimie s’ajoute le chant
énergique, frais et sensuel de Lisa Portelli,
VI les inrockuptibles chroniques lycéennes
dont on se délecte à chaque moment. Il nous
entraîne tout au long de ce rock swingué,
irrigué d’une poésie chantée. Sa plume
recherche toujours les mots justes, et
assaisonne subtilement les vers qui
évoquent les amours compliquées et les
métaphores maritimes qui régalent nos
papilles littéraires. Les couplets nous
accrochent et nous mettent l’eau à la bouche
jusqu’à l’arrivée du refrain, soutenu, relevé
voire enlevé ! Ainsi, on ressent à l’intérieur
de ce délicieux menu, quelque peu prévisible
mais toujours exquis, les influences de
Dominique A, que l’artiste revendique, et de
la pop anglaise, le tout nous rappelant les
timbres doux et sucrés de Vanessa Paradis.
Un titre à dévorer sans plus attendre.
le meilleur des autres
Lisa parvient à utiliser sa voix tel un
instrument, au même titre que sa guitare ;
Peu d’arrangements, mais cela donne
au total un aspect assez sec et brut.
Même s’il n’est pas l’équivalent d’un trois
étoiles au guide Michelin, Le Régal peut
se réclamer de certaines des meilleures
tables musicales. Lisa, naturelle et
talentueuse, nous i nvite à nous asseoir
à sa table pour savourer un vrai régal !
Lucie Laval, Toulouse, lycée des Arènes
Manivette
Moussu T E Lei
Jovents
L’Horloge
Les Editions du Gabian
Mehdi
Mulhouse
Unité locale d’enseignement, maison d’arrêt de Mulhouse
Les plus anciens se souviennent sans doute
du groupe Massilia Sound System dont
le leader Tatou est à l’origine du projet
Moussu T E Lei Jovents, groupe basé entre
Marseille, La Ciotat et Recife au Brésil.
Ce nouveau groupe s’inspire du Marseille
des années 1920-1930, symbole de toutes
les libertés musicales. Ce désir de liberté
se retrouve dans l’album Putan de cançon
(putain de titre !!!) sorti en 2010 et dont est
extraite la chanson L’Horloge. Ce morceau,
(comme tous les autres de l’album),
emmené par l’accent marseillais du
chanteur à la tchatche communicative,
est vraiment agréable à écouter et à faire
écouter. La musique rappelle le meilleur de
Manu Chao (mélange de rythmes sudaméricains et de riffs de guitare empruntés
au rock). Cet alliage réussi produit un
véritable envoûtement qui donne envie de
l’écouter encore et encore. Le sample
(morceau de musique mis en boucle dans la
chanson), amplifie le thème du temps qui
passe et on est pris dans la spirale ! Le texte,
entêtante ritournelle, est construit autour de
l’antithèse superflue de nos existences
– “On perd notre temps à s’enfuir/On perd
notre temps à ramer/On perd notre temps à
courir/Pour être en tête a l’arrivée” –et nous
invite à revenir à des valeurs essentielles :
rire, aimer, écrire…
Le refrain comporte des paroles en occitan,
ce qui lui donne une forte identité culturelle.
Quand on l’écoute, on part en vacances.
A notre époque, on n’a plus le temps de rien,
prendre son temps est le plus grand
des luxes… A la fin des 3 mn 54, on est
convaincu qu’il faut arrêter l’horloge
et profiter de la vie. Quand on est privé
de liberté, c’est notre vœu le plus cher !
August Hijlkema
Toulouse
Lycée des Arènes
L’horloge tourne pour Moussu T E Lei
Jovents, le groupe qui a su se réapproprier
la musique marseillaise traditionnelle.
Les paroles évoquent en rythme la société
dans laquelle nous vivons et le temps qui
passe, passe et repasse, comme gaspillé
et dont personne ne profite réellement.
Grâce à une utilisation accrue du banjo,
nos artistes Tatou, Blu, Deli-k et
Jamilson Da Silva ont réussi un brassage
des peuples au cœur d’un morceau
plein de culture occitane, entre tradition
et modernité, entre local et international.
Leur mix musical est le reflet du folklore
portuaire propice à une société
multiculturelle qui passe par les bars
du port phocéen. On ne prend plus le temps
d’attendre : déjà depuis 2004, le groupe
basé à La Ciotat (à l’est de Marseille)
s’inspire des musiques noires des
année 1930 et utilise un rythme rapide
dans un style blues, jazz et une pointe
de musique occitane. Le titre incarne
une véritable ouverture sur le monde
qui nous laisse là, à réfléchir sur
les valeurs universelles. Le temps passe
mais l’on ne sait pas en profiter,
c’est le temps qu’on gaspille “pour
être en tête à l’arrivée”. Alors on se noie
dans une suractivité pragmatique pour
oublier qu’on ne sait plus rêver et exister.
Nous pouvons tous nous reconnaître
à travers cet indéfini “on” en quête du
bonheur pour quelques secondes.
Ronsard nous l’avait déjà dit : “N’attendez
à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses
de la vie” dans une place secrète avant que
l’horloge ne s’arrête.
le meilleur des autres
Oui, cette musique nous fait comprendre
que le bonheur de vivre est la chose la plus
importante au monde, ce que le rythme
effréné de notre vie moderne contredit par
ailleurs chaque jour !
Julia Pontdemé, Mirepoix, lycée de Mirepoix
chroniques lycéennes les inrockuptibles VII
Iaross
T’avances
Baptiste Guarry Petit
Tulle
Lycée Edmond-Perrier
La passion, l’émotion, la violence de l’effort,
ce sont tous ces élans qui, du lyrisme à la
fureur, viennent mener de morceau en
morceau l’album concept Ventre, véritable
démonstration de l’appétit de vivre du
Montpelliérain Iaross. Groupe parti en 2008
du projet solo du violoncelliste, guitariste et
chanteur Nicolas Iarossi, mais bientôt élargi
par l’arrivée du percussionniste Germain
Lebot et du guitariste-claviériste Colin
Vincent, ce trio parvient à faire rejaillir les
ressentis les plus profonds, ceux qui nous
viennent droit des tripes, à travers un travail
instrumental plein de métissages, allant
des envols passionnés du violoncelle
aux rythmiques tribales et exotiques, doublé
des déclamations haletantes de Iarossi.
Mais quand vient le temps d’exprimer
l’intensité de l’effort, toute la violence qui
anime et contraint l’homme dans sa marche
frénétique, c’est Vincent qui nous emporte
avec ses riffs dopés jusqu’à l’overdrive,
lançant la cadence saccadée de T’avances.
Libérant le cri intérieur, celui que l’on ravale
sans cesse, il mène sa course folle, avec
à son côté Nicolas, scandant à travers
l’effort toute la grandeur de notre
progression implacable, si intense. Malgré
les coups, “avec le sourire en face et le poitrail
ouvert”, nous avançons, et c’est un
violoncelle lancinant qui vient nous rappeler,
avec une certaine amertume, la misère de
notre condition. Pourtant, nous repartons,
encore et sans cesse, accompagné par cet
hymne à l’acharnement.
Lucie Heim
Besançon
Lycée Louis-Pergaud
T’avances, une chanson qui vient du Ventre,
album du jeune groupe montpelliérain
Iaross, nous offre un texte à la fois
émouvant, sensible et puissant. Bercée par
la mélodie du violoncelle, la voix grave de
Nicolas Iarossi nous plonge dans la violence
de la vie, le spleen, la souffrance. La guitare
électrique de Colin Vincent ajoute de la force
à cette chanson en créant une mélodie forte
et rapide, quasi obsessionnelle, comme la
batterie et les percussions de Germain Lebot
qui rappellent les détonations d’un champ de
bataille. Les paroles sont répétitives, comme
pour marteler les coups au corps et à l’âme,
comme pour affirmer la noirceur de la vie.
Ce texte engagé dénonce une société
conditionnée qui ne réfléchit plus, qui ne se
pose plus de questions. Titre à la fois rock et
poétique, T’avances sort véritablement des
tripes d’un artiste tourmenté et talentueux.
A écouter de toute urgence !
Joshua Maraval
Orvault
Lycée Nicolas-Appert
Iaross, c’est un voyage au plus proche de
notre société. Une vision différente des
ténèbres du cœur humain transmise par une
voix appuyée par un violoncelle, le tout
rythmé par des percussions. La voix de
Nicolas Iarossi, souvent rauque, parfois rock,
est superbe. Captivante, presque hypnotique,
comme une caresse qui nous prend aux
tripes. Son violoncelle, lui, reprend, attaque,
rétorque et enfin relâche son étreinte qui
nous tient en haleine pour le plus grand
plaisir. Germain Lebot emploie ses
percussions pour nous dévoiler le paysage
ainsi qu’une facette onirique de la musique.
Sous leur travail talentueux se dessine une
mélodie qui nous emporte dans un monde en
effondrement. Dans ce monde, elle avance,
et on la suit dans un enfer féerique où la
mort se mêle à la lumière. Sans se laisser
réfréner par ces obstacles, quelque chose
d’autre avance, alors on l’accompagne. Ce
faisant, c’est une véritable fresque de la vie
que le groupe nous dévoile, derrière le nom :
T’avances. Même s’ils ne se sont croisés
qu’en 2009, ils parviennent à ne faire qu’un à
travers la musique. La critique du monde
actuel, qui oublie nombre de personnes
défavorisées, est bien présente. T’avances
s’annonce comme une bouffée d’espoir
et de courage : à écouter absolument !
le meilleur des autres
Issu de l’album Ventre, ce morceau, bien que
peu joyeux, réjouit tout de même par son
intensité musicale et les paroles, quoique
rébarbatives, retranscrivent bien la situation
actuelle en France : on souffre, mais on
avance… L’envie de s’en sortir, de survivre,
malgré les difficultés, domine toujours.
François Parisot, La Rochelle, lycée Hôtelier
Balabagui
Les passants
A/C Balabagui
Alix Jolivet
Nevers
Lycée Jules-Renard
Trio talentueux encore trop méconnu,
Balabagui mérite pourtant toutes les
attentions. Olivier, Claude et Benoît nous
offrent ici un titre mélodieux et bourré de
charme, autant par ses paroles simples et
efficaces que par son instru tranquille et
paisible. Il en faut peu pour être heureux, et
ici, deux guitares, un balafon et quelques
percus suffisent à nous faire rêver.
Les Passants est un délice pour les oreilles
et n’en finit pas de nous surprendre. Bercé
par les influences de Tryo et Sinsemilia, ce
petit groupe suisse s’en sort vraiment bien.
Les Passants est à la fois une envie de rêver
et d’échapper à toute cette foule, et l’on peut
dire que le résultat est franchement réussi.
Avis aux amateurs, régalez-vous !
Naïs Favre Faurre
La Rochelle
Lycée René-Josué-Valin
2010. Une aventure commence. Le groupe
Balabagui sort son album En passant.
Mélange de chanson française et de
musique semblant venir d’ailleurs, hors
des sentiers battus, entre jazz et musique
du monde. Sur ce merveilleux album,
Les Passants est de loin l’un des plus
beaux morceaux.
Cette musique qui, au premier abord, nous
laisse indifférents, se caractérise par son
originalité : un balafon, instrument peu
ordinaire dans la chanson française, vient
rythmer la chanson et deux guitares
(électrique et classique) l’accompagnent tout
au long de cette douce mélodie. Au début,
Benoît Meylan, de sa voix paisible, fait vibrer
VIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
la musique en nous exposant la vie
habituelle des gens, ceux qui se pressent
dans le métro, dans la rue… Puis il parle
de cette foule qui nous submerge,
de la monotonie de la vie, à travers
la mélodie lente et les paroles répétitives.
Mais cette chanson peut aussi nous faire
rêver car on entrevoit l’espoir de se
démarquer, de quitter ce rituel monotone
en partant loin d’ici . Alors, peu à peu,
la mélancolie nous envoûte et nous
transporte sur une terre inconnue, distante
de toute habitude. Avez-vous déjà ressenti
un tel bonheur ?
Edward McKenzie, Momme Rickmers
et Mac Nelson
Genève
Ecole internationale de Genève
Un trio, venu d’un pays froid, qui ne manque
pas de chaleur et de chocolat. Mais de quel
pays parle-t-on ? De Séchry en Suisse bien
sûr ! Mesdames et messieurs, voici voilà
le trio de Balabagui ! Les membres Benoît
Meylan, Claude Luisier et Olivier Gumy
jouent une musique onirique et la chanson
Les Passants parle des rêves… Avec
seulement deux guitares et un balafon, cette
chanson est simple et simplement géniale.
La mélodie est tranquille et a un bon rythme.
En 2011, le trio a gagné le prix Vote du public
du festival Voix de fête, à Genève ; ils étaient
également invités par de nombreuses
stations radio. En 2010, ils ont sillonné
la Suisse pour leurs concerts : Genève,
Lausanne, Lutry. Vous avez de la chance, ils
vont revenir en 2012 ! Quelle bonne nouvelle !
Prendre le temps de respirer, de se laisser
flotter ici et ailleurs, ça vous prend au cœur.
Le son du balafon, apaisant, et celui de
la guitare rythmique donnent un air un brin
africain et l’absence de percussions crée
une sensation de tranquillité. La mélodie
est langoureuse comme les vagues qui
viennent caresser la plage, tout est joyeux et
paisible. Ils ont beaucoup de talent, ils sont
exceptionnels ! C’est de la MUSIQUE, de la
vraie ! Vive Balabagui !
le meilleur des autres
Le texte de la chanson Les Passants joue
beaucoup sur les sonorités des mots. La
superposition des deux voix donne un effet
de profondeur et une dimension presque
mélancolique. (…) Mais l’ensemble reste
très sage, très gentil, et ne se démarque
pas de la variété pop diffusée.
Samuel Delhommeau, Clermont-Ferrand, lycée Jeanne-d’Arc
Simon Vanrie
Eté 67
Passer la frontière
Team for Action/TV/Strictly Confidential
Claire Lepoutre
La Rochelle
Lycée Léonce-Vieljeux
Alors, prêts à partir ? Comment, vous n’avez
pas encore bouclé votre valise ?! Ne vous
inquiétez pas, accrochez vos oreilles et
la musique fera le reste. En effet, Passer
la frontière emporte loin du rivage. Un petit
rythme balançant, une voix vibrato touchante
à souhait, et vous voilà marchant au côté
d’Eté 67, au-delà des impasses de
l’existence. Accompagné de son harmonica,
fidèle ami de voyage, le chanteur évoque
une rupture qui le fait souffrir. Bien qu’il
raconte sa détresse avec l’air indifférent
d’un baroudeur averti, on comprend
cependant qu’elle est bien réelle.
Reconvertis en nomade, il vous faudra
combattre “les démons qui (nous)
gouvernent” et admettre qu’il faut “croire en
l’avenir”, même si l’errance semble être
la seule issue possible. Offrant un final
ébouriffant, les instruments finiront alors
par vous ramener sur la berge plein
d’espérance – à notre plus grande
surprise –, déposant des petits grains
de gaieté au fond de vos poches.
En somme, Passer la frontière est une jolie
petite chanson émouvante, qui mérite bien
de faire le détour. Amateurs d’évasions,
soyez au rendez-vous !
Julie Mourier
Romans-sur-Isère
Lycée Horticole
Après leur succès en 2006, Eté 67 revient
avec son deuxième album, Passer la
frontière, semi-acoustique aux accents
folk-rock americana. Après quelques années
d’absence et de silence, le groupe Eté 67
réapparaît sur les ondes avec un nouvel
opus, d’un nouveau registre, cette fois-ci
plus personnel. En effet, le chanteur
décidera de parler de ses émotions, de son
ressenti sur la vie, de son passage entre
deux frontières : l’adolescence et la vie
adulte. Les paroles simples de la chanson
Passer la frontière donnent de la légèreté
au texte. La détresse, le côté poétique font
naître une belle histoire. On perçoit dans
cette chanson une certaine dichotomie :
l’artiste pose un texte fondé sur le champ
lexical de la tristesse, du remords,
du ressenti et de la nostalgie sur
une mélodie joyeuse, entraînante.
chroniques lycéennes les inrockuptibles IX
Stella Noiret
Neuvio
Lycée Henri-Queuille
Passer la frontière du groupe Eté 67 rappelle
les vacances. Son rythme tranquille comme
l’eau qui coule détend et nous plonge dans
nos souvenirs. Elle nous entraîne dans
des rêveries vers le Grand Ouest américain,
l’harmonica et la guitare sèche font songer
au cow-boy solitaire des plaines. La mélodie
douce et rythmée nous montre un paysage
de nature, de vastes espaces. Les paroles,
une histoire d’amour improbable qui pousse
un jeune homme à partir loin pour oublier,
m’ont touchée car beaucoup de relations
amoureuses sont impossibles, et quand
la tristesse s’abat sur nous, on aimerait
pouvoir tout plaquer et s’en aller loin, passer
la frontière et voyager à travers le monde…
le meilleur des autres
Avec sa mélodie ensorcelante de country
et jazz, le groupe Eté 67 “passe la frontière”
pour décrire les sentiments d’un amour
écrasé. (…) Enrichir la vie avec de l’amour et
savourer le bonheur, la source de la vie,
plutôt que se noyer dans la douleur.
Alexander Holmskär, Didrik Prohorenko, Jonna Oukili,
Haninge (Suède), Lycée Fredrika-Bremer
Claude Gassian
Daphné
Où va Lila Jane ?
Polydor/Universal
Maureen Chéreau
Nantes
Lycée La Colinière
Daphné s’offre une virée en gondole à
travers les canaux de Venise. Pour ensuite
naviguer sur le Grand Canal et débarquer
sous le pont du Rialto. Elle penche sa tête en
arrière et devine un brin de ciel bleu qui
traverse un joli laurier-rose. Daphné est
partie, elle rêve à présent : un long voyage
prend place. Après le chemin de l’Emeraude
et celui du Carmin, Bleu Venise peut en être
la fin. Premières notes, premières émotions.
Lila est là. Dans un rythme paisible où
les guitares s’imposent. Les cordes
indiquent la route pour Venise. Bleu azur,
“herbes folles”, là “où la beauté nous console”.
Un soleil qui inonde, une pluie qui sèche.
Daphné sait faire rêver. Sa voix aiguë
est une magnifique découverte : la voie
sûre pour Lila. Un court chemin, ce qu’elle
ignore. Cette lumière intense qu’elle
aperçoit à l’horizon semble s’éloigner.
Daphné ne peut donc que la faire valser
à travers plaine et fraîcheur. “Lila Jane”
nous dit Daphné, mais Lila reste à penser.
Une question reste présente : “Mais où va
Lila Jane ?” Ecoutez… et vous le saurez !
Sarah Julhe
Toulouse
Lycée des Arènes
“La musique est un autre moyen de
locomotion”, et elle a bien raison ! Dans son
troisième album, Bleu Venise, Daphné nous
fait voyager, non pas dans la ville immergée,
mais vers son univers doux et lyrique.
Nous avions déjà traversé le sable
et la brume, volé dans les airs sur le dos
d’un oiseau dans les albums précédents
L’Emeraude et Carmin. Ici, nous
embarquons à bord d’un bateau sur des
fleuves inconnus (peut être vers l’est
X les inrockuptibles chroniques lycéennes
d’Eden ?). Partir… Dans le monde où nous
vivons, ceci est plus qu’une simple envie,
nous avons besoin de nous évader.
Comme le personnage de Lila dans son
single, nous partons à la recherche d’un
paysage idyllique sur un chemin incertain,
guidés par sa voix cristalline. Elle écrit
elle-même ses textes mais elle n’est pas
seule pour autant : Larry Klein a fait
les arrangements. L’ajout des cordes
ne fait qu’approfondir le travail sur
l’émotion de Daphné, toujours dans la même
direction, et si l’on ne sait pas où va Lila
Jane, on peut être sûr que Daphné poursuit
son chemin de gloire.
le meilleur des autres
Le rythme de ce titre, ainsi que ses paroles,
nous entraînent dans un monde paisible
et merveilleux. L’orchestration pop et les
instruments classiques laissent bien
deviner la rêveuse personnalité de notre
chanteuse…
Sandra Mernier, Reims, lycée Libergier
Philippe Lebruman
Jérôme Van Den Hole (avec Camille)
Debout
Sony ATV Music Publishing/Kléa Music
Livia Jouan
Toulouse
Lycée des Arènes
Marre de la routine, du train-train de tous
les matins ? Révoltez-vous aux côtés du duo
pimpant de Camille et Jérôme Van Den Hole,
les deux gamins qui clament leur ras-le-bol
sur un ton provocateur assez juvénile.
Avec deux voix qui s’accordent sur un piano
omniprésent, la chanson pop nous balance
et nous entraîne dans une désobéissance
au réveille-matin. Mais Jérôme n’est pas
un endormi, le trentenaire malicieux
formé au chant lyrique nous livre un premier
album plein d’humour et de cynisme.
Etre debout, ce n’est pas rentrer dans
le moule des aspirations de tout le monde
mais être à l’écoute de soi et savoir s’affirmer
contre toutes les sollicitations de la société.
Alors, rassurez-vous, votre heure viendra !
Audrey Gombert
Toulouse
Lycée des Arènes
Réveil difficile ? Laissez-vous donc entraîner
par ce duo enjoué qui vous incite à danser !
Jérôme Van Den Hole nous fait découvrir un
univers jovial, relatant le quotidien avec
légèreté, dans lequel la talentueuse Camille
apporte son légendaire petit grain de folie,
tout en féminité. Jérôme est un jeune
trentenaire qui, au cours de son premier
album éponyme, se dévoile à travers des
jeux de mots dont lui seul a le secret.
Il affirme ainsi sa fierté, revendique une forte
personnalité et se révèle être un homme
à part entière, unique en son genre et allant
à contre-courant de la société. Ce chanteur
de formation classique se livre ainsi sur
une mélodie pleine de gaieté, apportant un
véritable vent de fraîcheur à la chanson
française. Si, comme Jérôme Van Den Hole,
vous haïssez ce fameux réveil qui sonne
toujours trop fort et trop tôt, si vous non plus
ne voyez la nécessité de vous lever le matin
alors que la fatalité de la vie nous rattrapera
tous un jour ou l’autre mais que, comme lui,
vous ne tenez plus en place à l’écoute de
cette chanson, que vous commencez à
tapoter du pied, que vous esquissez un petit
déhanché et hochez la tête sur ce morceau,
alors debout ! Debout, dansez, que vous
soyez jeunes ou vieux, joyeux ou tristes, et
entrez dans l’univers merveilleux des songes.
Benjamin Caceres
Mirepoix
Lycée de Mirepoix
Un coup de boost au réveil ! Jérome Van Den
Hole débarque sur la scène musicale avec
une musique qui a du peps et qui renouvelle
la chanson française. Issue de son album
éponyme, la chanson Debout est interprétée
chroniques lycéennes les inrockuptibles XI
de façon bondissante avec Camille.
Cela pourrait bien devenir un remède pour
les lève-tard : rien de tel qu’un instrumental
dynamique, du piano et des percussions
efficaces, des voix musclées et des textes
drôles pour sauter du lit ! Les paroles
humoristiques aux liaisons osées et
ingénieuses peuvent amuser ou choquer la
France qui se lève tôt… Pourtant il y a bien
plus qu’une provocation dans la chanson,
c’est un appel à se lever, se redresser,
à résister pour tous. Ce refrain qui claque,
qui pénètre en vous comme une décharge
électrique exprime un ras-le-bol. Je vous
confie mon coup de cœur pour cette phrase
qui résume tout : “Quelquefois désobéir à son
réveille-matin, c’est la façon la plus sûre d’être
debout” ! Ce beau paradoxe est un clin d’œil
à tous les paresseux grands travailleurs, à
tous ceux qui doivent livrer une bataille
épique chaque matin !
le meilleur des autres
C’est en sortant de sa nuit, au réveil des
utopies populaires, que Jérôme Van Den Hole
nous conte son désir de désobéir. Dans sa
chanson Debout, il scande avec l’énergique
Camille un hymne à l’anticonformisme
pendant que des notes syncopées de piano
se répètent, à l’instar des Scissors Sisters.
Lucile Chevalier, Nantes, lycée La Collinière
Le chanteur-slameur rémois a convaincu son
public en donnant une prestation riche en
diversité, dans l’échange et la bonne humeur.
par Soumia Igharben, Marie Cinqueux-Rosens, Marine Linarès,
Marie Dumora et Naomi Dejours, lycée Pape-Clément, Pessac
a direction de la
Culture de la ville de
Pessac a accompagné
tout au long de l’année
les projets du lycée PapeClément à Pessac et, grâce
au soutien du rectorat et du
Conseil régional d’Aquitaine,
ceux des lycées des Graves
à Gradignan et Jean-Moulin
à Langon. Les élèves
de ces établissements
ont ainsi bénéficié de
plusieurs interventions de
professionnels et, cerise sur
le gâteau, d’une rencontre
avec l’artiste Barcella,
suivie d’un concert au Galet.
Compte-rendu de la
rencontre avec Barcella au
lycée Pape-Clément à Pessac.
L
Lundi 19 mars, notre
rencontre avec Barcella a
été très surprenante. Nous
le connaissions déjà grâce
à la sélection Charles Cros
et à notre participation aux
Chroniques lycéennes, avec
le titre Saperl’Hip Hop. Mais
la chanson n’avait pas attiré
notre attention. Nous étions
loin de nous douter que
nous allions assister à un tel
concert. Installés dans la
salle, plus heureux de rater
des cours que d’assister à un
concert, nous nous sommes
tous demandé à quel genre
de spectacle nous allions
assister. La douce léthargie
de ce début d’après-midi
plus propice à la sieste qu’à
la fête a laissé place à
une ambiance plus sympa,
accentuée par des effets
de lumière surprenants.
Des parapluies lumineux
qui semblaient flotter
dans l’air donnaient à la salle
un aspect fantaisiste voire
fantastique.
Les musiciens ont fait leur
entrée. Afin de nous mettre
dans le bain, ils ont chanté
une première chanson.
Barcella s’est ensuite
présenté. Une fois sur scène,
cet artiste qui, il y a encore
quelques jours, nous était
Thierry Créteur
les cours
c’est ici,
le Barcella
totalement inconnu,
commençait à nous
intéresser et nous avions
envie de le suivre dans son
monde si singulier. Il a mêlé
différentes inspirations,
du cynisme bienveillant
à la confidence mi-intime,
mi-drolatique. Il est comme
un comédien sur la scène
et modifie son corps et sa
voix, implique ses musiciens
et fait rire le public
qu’il prend en photo avec
son smartphone.
Barcella nous a séduits
car il ne se contente pas de
chanter ses chansons dans
une ambiance monotone,
il anime la scène. Ses
chansons plus originales
les unes que les autres ont
su éveiller notre attention,
mêlant humour et tendresse,
poésie et touche de slam.
En une heure, Barcella nous
a dévoilé son monde, nous
faisant voyager à travers son
enfance et ses souvenirs.
XII les inrockuptibles chroniques lycéennes
Conquis par sa prestation,
nous sommes restés une
heure de plus avec lui.
Nous voulions en savoir plus
sur ses textes si insolites
et excentriques, sur ses
chansons rythmées et
recherchées. Nous avons
discuté sur sa vie, ses
inspirations. Il a détaillé
sa vie d’intermittent du
spectacle, sa formation
à l’IUFM pour devenir
professeur d’EPS et son
choix de la musique.
On a appris que sa mère
est professeur de français
et qu’elle est fière de voir
comment son fils joue avec
la langue avec ce talent
si particulier qui rappelle
celui des troubadours.
Vers 16 h 30, Barcella
a repris le cours de sa vie
et nous notre cours
d’histoire ! Nous lui
souhaitons une belle et
longue carrière, en espérant
le revoir dans d’autres
concerts.
2 questions à… Barcella
Comment définissez-vous votre style ?
Barcella – C’est de la chanson à textes,
c’est-à-dire qui met le texte, dans un
premier temps, vraiment en avant.
Après, les influences musicales sont
très variées. Ça renvoie plus à une idée
politique de mon projet : c’est le souci
d’une ouverture universelle. Avec mes
musiciens, on passe par le hip-hop, par
l’accordéon-chant, le jazz, un peu de
swing, sans oublier de mettre le texte
en avant, systématiquement.
Vous évoquez dans votre chanson
Saperl’Hip Hop votre passion pour
la langue française. Avez-vous hérité
ce goût de votre mère, prof de lettres ?
C’est principalement parce que
ma mère m’a éduqué à la littérature
que je me suis mis à aimer les lettres.
Après, en travaillant tous les jours au
niveau de l’écriture, il y a quelque chose
de très introspectif qui m’aide à me
comprendre moi-même. Mettre des
mots sur mes expériences, mes doutes,
mes joies, mes émotions me permet
déjà de les comprendre, parfois de les
dépasser et de rencontrer la sensibilité
des gens, de confronter ma sensibilité
à celle des autres.
Célène Theillaumas et Margot Peaudecerf Savigny-leTemple, lycée Pierre-Mendès-France transcription Marie
Ranieri propos recueillis le 8 mars au Café de la Danse à Paris
Barcella
Saperl’Hip Hop
Ulysse Productions/L’Autre Distribution
Mallory Duhamel
Nantes
Lycée Guist’hau
Avec la crise on voyage quand ? Barcella,
un billet à bas prix ! Pour un retour à la verve
française. Les poètes d’antan vont enfin
cesser de se retourner dans leur tombe.
La langue française se meurt-elle ?
Non, elle change et ses défenseurs actuels
nous épatent avec des jeux de mots
à faire blondir Larousse.
Ce troubadour des temps modernes atterrit
en 2012 et mélange les styles : slam,
hip-hop, jazz… donnant grâce à la poésie.
Tendez l’oreille pour attraper au vol
les mélodies pleines de vie de Barcella.
Cette brise aérienne de la clarinette
soufflant nord-nord-ouest peut rendre fou.
Les cuivres de cet univers musical battent
la mesure en cadence, qui entraîne nos
corps dans une danse sans nom. Et quelle
délivrance lorsque l’on entend cette voix
chaleureuse. Il sait éveiller le lyrisme qui
nous anime et faire vibrer de nouveau nos
cœurs d’enfant. Dans un argot de cette
époque et d’une autre, Barcella défend sa
personnalité : imaginaire débridé par
des textes entraînants et drôles.
Mais attention, l’aventure auditive peut
être semée d’embûches. Les aventuriers
de toutes générations trouveront dans
ce texte un bon moyen de s’évader.
Un crash ? Barcella Airline offre une sécurité
irréprochable et des pilotes talentueux.
Mais si vraiment un doute vous traverse
l’esprit, n’hésitez pas à acheter une boîte
noire (appellation internationale pour dire
CD) pour avoir l’historique de ce voyage !
Pierre Dréan
Ploërmel
Lycée La Mennais
Evidemment, lorsque l’on me remet
un CD garni de “chansons pour lycéens”,
je me méfie. Ma chaîne hi-fi va-t-elle
le supporter ? Le lecteur avale prudemment
le CD. Première piste... Une image,
une seule : Les Triplettes de Belleville.
Saperl’Hip Hop est une chanson en noir
et blanc, de cette époque disparue
et regrettée des années 1930, avec son
accordéon enchanteur qui se contorsionne
et lance au chanteur des plate-formes
musicales, sur lesquelles Barcella prend
son élan avant de lancer à son tour des
mots qui flottent un instant dans les
oreilles avant d’imprégner le cerveau.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIII
La mélodie se rapproche des valses d’antan,
tourbillonnante et sautillante, et la voix, aux
sonorités incontestablement hip-hop, prend
parfois des accents de jadis. Ses paroles
sont simples, entraînantes, et très loin des
suites de mots balancées dans le rap
d’aujourd’hui. Les phrases contiennent un
sujet, un verbe, un complément, ainsi que
quelques subtilités qui font sourire. Résultat,
on se surprend à reprendre le refrain et à
dodeliner de la tête, et lorsque la chanson se
termine, on la relance. Je n’ai soudainement
plus du tout envie d’écouter la suite du CD.
Mais c’est mon devoir de lycéen. Je pense
aux soldats qui meurent au combat, aux
professeurs qui lisent des centaines de
textes chaque soir, aux innocents qui
pleurent dans leur cellule et j’appuie sur
play. Barcella ne fait pas de la variété
française, il fait de la musique…
le meilleur des autres
Barcella nous fait explorer les mots
de la chanson française, nous laisse errer
dans son flow qui nous balance. Quelle
virée ! Il sait manier les sons sans “bols de
rimes à deux balles”, jouer avec les mots
comme un clown avec ses balles. Il nous
met en garde contre “les clones en manque
de style”. N’hésitez pas, prenez un billet !
Théo Fredon, Surgères, lycée du Pays-d’Aunis
côtoient, permet à la nouvelle étoile du rock
de briller. Sans grande fatigue, tout en
prenant son temps, sans grande fatigue tout
en restant décadent ; Melissmell a su suivre
le bon vent. Vent que l’on sent, vent que l’on
entend. Nous menant tout directement à la
pyramide du succès que Melissmell n’a pas
encore fini de gravir et ça, pour un bon bout
de temps, au premier plan.
Wendy Marechaux
Perpignan
Yann Orhan
Lycée Léon-Blum
Melissmell
Sens ma fatigue
Discograph
Estelle Chevalier Daï
Longchamp
Lycée de la céramique Henry-Moisand
Peu de texte mais riche en émotions, Sens
ma fatigue dénonce une société hyper-active,
qui va trop vite au goût de Mélanie Coulet, la
chanteuse du groupe. Sans pour autant être
explicite, Melissmell laisse entendre
qu’aujourd’hui nous ne prenons plus le
temps de vivre posément : eh oui, la fatigue
nous pèse ! En s’adressant à un interlocuteur
inconnu, la chanteuse demande à ce que l’on
s’intéresse à elle sans faire de simagrées.
Mélanie joue sur les homophones et les
anaphores pour insister sur sa lassitude
récurrente. Grâce à ces sonorités répétitives,
le texte reste imprimé dans notre mémoire
et l’on se surprend à fredonner cet air.
Melissmell est un groupe français qui s’est
formé en avril 2007 : il associe dans ses
chansons des textes à la fois poétiques et
révoltés, le tout sur des rythmes rock.
Mélanie Coulet crée un sublime contraste
entre la musique lancinante et sa voix
rauque et poussée, qui nous ouvre les porte
de son univers. Un véritable méli-mélo de
sonorités ! On ne peut écouter Melissmell
sans se rappeler, avec nostalgie, les
mélodies de Noir Désir.
Matthieu Bertorello
Toulouse
Lycée des Arènes
Mené par la puissante Mélanie Coulet,
le groupe Melissmell entre avec fracas sur
le devant de la scène musicale française.
Reflétant une société où la jeunesse peine
à se faire entendre – et dont les maux/mots
ne sont pas toujours compris – le groupe
entremêlant rage, militantisme mais aussi
grande diversité instrumentale, parvient à
affirmer tout haut ce que tout le monde
pense tout bas. C’est après un premier ep
intitulé Fleur 2πR que leur premier album
Ecoute s’il pleut a vu le jour. Défendu par le
très engagé Sens ma fatigue, premier single
de l’album, dévoilant une société qui appelle
à la liberté et au besoin de s’assumer,
le premier opus tient toute ses promesses.
Par sa voix écorchée, parfois même fébrile,
mais dont la puissance est assurée, Mélanie
Coulet apporte une touche décadente
à Melissmell, rendant la palette musicale
du groupe véritablement unique. Sans faire
de signe indécent, “Sans souvenir du récent”,
ce groupe réinterprète un nouveau monde.
Ainsi, dans le magnifique Aux Armes,
il dénonce la disparition des valeurs comme
l’égalité ou la fraternité. A l’heure où
beaucoup tentent avec peine de chanter le
“vrai” monde, Melissmell, par sa simplicité
et ses convictions, remplit avec brio
le challenge. Ce mélange musical, où textes
poétiques, violoncelle et mélodies rock se
XIV les inrockuptibles chroniques lycéennes
Melissmell est un groupe français, crée
en 2007, mêlant des textes poétiques et
révoltés à des mélodies rock. Le nom du
groupe est surprenant : Melissmell est le
surnom de la chanteuse du groupe, en
référence à son prénom Mélanie. Mais il
évoque aussi la chanson Smells Like Teen
Spirit de Nirvana, la mélisse et la technique
vocale du mélisme. Tout un programme !
Les chansons de ce groupe de rock alternatif
traitent des problèmes de notre société :
exclusions, injustices, futilité de l’existence,
environnement, crise économique… Leur
single Sens ma fatigue est extrait de l’album
Ecoute s’il pleut, sorti en 2011. Il explique
l’envie de certaines personnes qui rêvent
d’une vie plus palpitante avec plus
d’émotions et qui essaient de donner
un sens à leur vie. Le timbre de voix de la
chanteuse provoque des émotions, elle nous
donne envie de sortir de notre coin et de
profiter de tous les instants avant d’être
fatigué de la vie.
Ses chansons sont caractérisées par une
rage et un militantisme comme Noir Désir
ou encore Mano Solo. Sa musique et ses
textes abrupts la rapprochent de Nirvana,
Léo Ferré et Jacques Brel. Sa voix puissante,
et écorchée, évoque Janis Joplin.
Un CD plein d’émotion qui va affoler vos
sens, à découvrir rapidement !
le meilleur des autres
Entre rock alternatif et chanson française,
poésie et mélancolie, la voix cassée
de Mélanie Coulet crie des vérités et nous
transporte dans un univers où Brel et Janis
Joplin se seraient rencontrés. La chanson
Sens ma fatigue illustre des petits moments
de notre vie avec des paroles pleine
de vérité et un rythme mettant en valeur
la voix de Melissmell.
Marion Naulin, Neuvic, lycée Henri-Queuille
LVP
Les Vieilles Pies
Utopie
Claire Boyadjis
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
Alors ce serait ça la vie ? Une existence
monotone, où l’on ne “s’ennuie pourtant
point”, à défaut de “s’affairer sans fin” ; une
belle image, mais qui ne fait pas vibrer ?
Songer à un autre horizon serait peut-être
une idée ? “Une utopie m’attend, une
de celles qui/font croire en chaque instant à la
beauté de la vie”, nous répondent en chœur
Les Vieilles Pies. Une voix rauque, pour de
douces paroles porteuses d’espoir, tout droit
sorties d’une imagination débridée…
Cette voix, c’est celle de Gabriel Saglio,
chanteur du groupe ; accompagnée
de quelques gouttes de guitare d’une douce
mélancolie, elle bercera les temps perdus
où se rêve la fantaisie d’une vie meilleure.
La plume de Saglio n’est pas avare
de critiques sur la société actuelle,
qu’il décrit comme “un brouhaha”, où la
place pour “l’émoi et l’oreille tendue”
n’a plus lieu d’exister.
D’influences diverses, cette balade musicale
véritablement humaniste est empreinte
d’une musicalité jazzy et de poésie
à la Paul Eluard. La symbiose de la musique
de ce groupe atypique avec les notes
valsantes du Quatuor Elyss, formé de
violons, alto et violoncelle, est littéralement
enivrante. Utopie est le véritable succès
de l’album Une vie formidable, sorti en 2010,
dans le prolongement de leur précédent
album, Samedi soir. A notre portée, un texte,
ou devrais-je dire une plaine infinie, assortie
d’une musique entraînante tel un étalon
fougueux. Alors profitons-en pour nous
évader vers de nouveaux horizons !
Juliette Coste
Tulle
Lycée Edmond-Perrier
Un accordéon, une guitare. Une voix
qui arrive et qui chamboule tout. Issues
d’un métissage entre Mano Solo et La Rue
Kétanou, Les Vieilles Pies sont une belle
surprise ! Entre chanson française et reggae,
ils nous invitent à un grand bal populaire.
Après des débuts rennais en 2003,
et notamment les premières parties
d’Olivia Ruiz, Hubert-Félix Thiéfaine ou
encore Matmatah, les six musiciens
poursuivent leurs aventures à Toulouse.
Dans cette ville en 2009, 15 000 personnes
leur font confiance lors de la Fête de la
musique et c’est dans cette ambiance qu’ils
enregistrent leur troisième album Une vie
formidable en 2010. Avec un titre emprunté
à Jacques Brel, ce nouvel opus est chargé
de références : les clins d’œil à Rimbaud
et Eluard sont nombreux.
Et cette invitation permanente aux petits
bonheurs, avec Utopie, en dit long sur leur
volonté de profiter de l’instant présent tout
en se disant que le meilleur reste à venir.
Il y a cette mélodie qui sert parfaitement
le texte et qui révèle sa grandeur où le mot
d’ordre est de ne “rien rater, rien”.
La batterie, le violon et la contrebasse
se joignent à cette ambiance festive
qui aboutit à un bel hommage à la chanson
chroniques lycéennes les inrockuptibles XV
française où le rêve est encore permis.
Fermez les yeux et laissez-vous transporter.
Vous sentez le soleil sur votre peau ? Ce sont
Les Vieilles Pies qui passent au-dessus
de vous. Il ne reste plus qu’à leur souhaiter
un long vol…
Laura Guihard
Nevers
Lycée Jules-Renard
Utopie est un morceau du groupe
Les Vieilles Pies extrait de leur troisième
album Une vie formidable. Six musiciens
qui arrivent parfaitement à s’accorder
dans un style jazzy, guinguette populaire…
Son texte poétique et sa mélodie attachante
donnent à ce morceau une teneur
mélancolique, ténébreuse… De plus, la voix
unique du chanteur Gabriel Saglio envoie
une émotion intense qui nous transperce
le cœur et nous fait vibrer de l’intérieur.
Ce titre nous fait tout simplement voyager,
rêver à cette utopie qui nous attend
et qui nous fait croire à la beauté de la vie.
Attendons le prochain extrait pour
confirmer cette magie…
le meilleur des autres
La musique est un voyage à elle seule,
parce que ces artistes de différentes
origines mélangent leurs cultures.
Ils nous font découvrir des paysages variés.
Avec sa belle voix cassée, tel Mano Solo,
Gabriel Saglio ne nous laisse pas
insensibles.
Marie Voisin, La Rochelle, lycée René-Josué-Valin
P. Wetzel
Les Ogres
De Barback
Le Daron
Irfan, le label
Gillian Lamoitte
Wormhout
Lycée professionnel de l’Yser
Hop hop hop, ne vous fiez pas à leur allure
déjantée car l’apparence ne fait pas la voix !
Les Ogres De Barback est un groupe qu’on
ne peut qu’apprécier. C’est presque énervant.
Des gens tellement sympathiques et simples
qui ne se prennent pas la tête, qui passent
d’un instrument à un autre avec une aisance
insultante pour tous musiciens amateurs et
qui arrivent encore à nous pondre des
chansons qui nous touchent ! On va finir par
les détester tellement ils sont parfaits !
Leur différence ? Ils préfèrent exprimer leurs
sentiments dans une chanson qui bouge
plutôt que de nous endormir et, par là même,
endormir nos consciences. Que veulent-ils ?
Exprimer leur colère comme leur père,
pourtant peu recommandable, leur a appris
à le faire en chantant pour une société plus
solidaire. Ils ne sont pas méchants pour
deux sous, ces ogres là, c’est tout le
contraire. Inspirés par Brassens, Ferré,
Perret, la culture tzigane ou encore les
Béruriers Noirs, Les Ogres De Barback sont
les héritiers de la chanson française
réaliste. Le Daron est un titre entraînant,
au rythme d’orgues de Barbarie qui auraient
avalé tout cru un groupe de rock. Alors,
laissez tomber Renaud et mettez-vous aux
Ogres De Barback.
Maeva Clair
Mirepoix
Lycée de Mirepoix
Mathilde, Sam, Fred et Alice ou Les Ogres
De Barback, forment un quatuor de frères et
sœurs originaires d’Ariège. Musiciens d’un
groupe nomade et atypique, ils enchaînent
les albums depuis 1994. Le dernier, en 2011,
raconte Comment je suis devenu voyageur.
Par leur maîtrise parfaite de plusieurs
instruments, ils nous offrent un musique
ska-rock aux influences tzigane et musette,
accompagnée de textes engagés aux divers
thèmes comme l’amour des peuples, la
mélancolie, les femmes ou encore la famille.
Le Daron, justement, évoque la vie d’un père
de famille fortement imparfait et victime
du “toxiboom” des années hippies, ses coups
de gueule et son intransigeance. Son histoire
est contée sur un rythme violent, un ton
ironique, une énergie incroyable. La mélodie
entraînante et joyeuse s’oppose aux paroles
XVI les inrockuptibles chroniques lycéennes
touchantes mais tout cela réussit à s’incarner
dans la voix rocailleuse et fabuleuse de Fred
qui sait si bien “chanter sa colère” !
Killian Zirkov
Saint-Jean-de-Braye
Lycée Jacques-Monod
A table, Les Ogres De Barback vous croquent
à pleines dents ! Tiré du nouvel album
Comment je suis devenu voyageur, Le Daron
est une chanson sur un papa bidon qui n’a
jamais été là pour son fiston. Une enfance
marquée par l’absence et l’attitude médiocre
d’un homme égoïste et lâche vis-à-vis de
son fils. Ce père de mauvaise foi qui glorifie
tous ses défauts fait pourtant l’objet de
l’attention de son rejeton, qui tourne cela en
dérision. Sur fond de rock musette, cette
histoire malheureuse est chantée avec
humour et provoque le sourire. Inutile de
résister, laissez-vous dévorer par les Ogres !
le meilleur des autres
Entre vivacité et fraîcheur musicale, cette
famille de chanteurs/musiciens montre
son envie de voyage et de nouveauté.
Alors, en route !
Nathan Picaud et Vincent Raybois, Niort, lycée de la
Venise-Verte
Presque Oui
L’Autobus
Association Presque Oui/Sostenuto/Absilone
Rémi Audrain
Nantes
Lycée Carcouët
Hervé Leteuner
Partir sur la route, quitter la vie routinière,
ennuyeuse… Eh bien, pourquoi pas ?
Du moins, c’est ce que tente de faire
Thibaud Defever qui nous donne
une nouvelle déclinaison du “road again”
par l’intermédiaire de L’Autobus. Et on
le comprend… Dans un monde qu’il compare
à un “trou”, il exprime sa fatigue du quotidien
avec ses “surplaces” qui ont transformé
sa vie en “rafiot”. Nous sentons qu’il n’en
peut plus et qu’il a besoin de s’envoler
avant de “prendre la poussière”. Il irait même
jusqu’à se “strapontiner” dans la soute,
tant son besoin de liberté est grand.
En tout cas, ce n’est pas lui qui nous
attendra… au contraire, il nous “laisse
à nos us” sans aucune hésitation !
Préparez vos affaires, le temps file,
et embarquez avec Thibaud Defever dans
son autobus. Laissez-vous porter par
ses métaphores, souvent comiques, qui
réchauffent l’atmosphère et vous redonnent
le sourire et la joie de vivre ! Tous à vos
sièges, bouclez vos ceintures et en route !
Djena Sekat et Christophe Ruggia
Pessac
Lycée Pape-Clément
Claire Chubilleau
La Rochelle
le meilleur des autres
Cette chanson extraite de leur troisième
album Ma bande originale est une véritable
métaphore : l’autobus représente la vie avec
ses arrêts, ses rencontres, ses surprises
mais qui suit inéluctablement sa route.
Chloé Cassin et Sophie Rodriguez-Sardeing, Toulouse,
lycée des Arènes
Alexander Popelier
Lycée Léonce-Vieljeux
Entrez dans l’univers de Presque Oui, et vous
aurez la garantie de ne pas vous sentir à
l’étroit ! Après une savoureuse recette
d’amour avec Les Perroquets du Périgord,
L’Autobus est une échappée chaleureuse et
joyeuse. Voyage dans un univers musical
automobile, L’Autobus est à la frontière entre
ciel et terre. Musique parfumée de saveurs
étrangères et épicées, accompagnée de
paroles exquises à croquer à pleines dents.
Cet hymne au voyage, guidé par des rimes
libres, nous ouvre de nouveaux horizons
musicaux. Le désir d’évasion et de nouveaux
paysages qui rythment cette romance nous
donne l’envie de partir vers un monde sans
fausse note ! Bref, un conseil : trouvez une
place pour vos fesses dans un autobus et
savourez pendant deux minutes quarantesix une croisière routière ensorcelante !
Le texte, de facture poétique, transmet
un message très émouvant. Il se veut
à la fois une description de la cruelle misère
qui étrangle le Congo et les conditions
déshumanisantes dans lesquelles vivent
les étrangers en Occident. Cette chanson
est un cri de guerre. La parole est franche,
le regard ne se détourne pas de la réalité,
même si elle n’est pas toujours facile.
La musique, mélange de rythmes passionnés
où l’on sent les influences africaines, se
marie à merveille avec un texte en français
d’une rare qualité. Le grain de voix de ce
jeune artiste porte de riches mélodies avec
une grande sensibilité. Jeune artiste engagé,
Baloji est tout simplement époustouflant !
Baloji
Tout ceci ne vous
rendra pas le Congo
Katuba/Crammed Discs
Louise Lepetit
Valence
Baloji, c’est l’histoire d’un homme de 33 ans
aussi connu sous le nom de Mc Balo,
rappeur belge d’origine congolaise. Son
genre musical oscille entre le rap et la soul,
en passant par le jazz et le hip-hop. Issu de
son premier album solo intitulé Hotel Impala
sorti en 2008, Tout ceci ne vous rendra pas le
Congo est une œuvre qui nous met une
claque et nous oblige à garder les yeux
ouverts sur la situation du Congo. Il exprime
à sa façon, par le biais de ses sentiments,
à quel point les problèmes de son pays
d’origine le touchent. Il donne le fond de sa
pensée, en criant sa douleur, nous laissant
ainsi entrer dans son intimité. Sortie tout
droit du cœur, cette chanson nous fait
prendre conscience des problèmes d’un
pays qu’on ne connaît pas et dont on parle
peu. Sur un rythme musical vif avec des
sons africains, latino-américains, du djembé
au saxophone, la diversité des instruments
étonne. Baloji pousse un véritable coup
de gueule où il nous montre son attachement
à son pays natal. Une musique
autobiographique et engagée.
Lycée Loubet
Baloji est un jeune rappeur belge d’origine
congolaise qui nous fait découvrir son
nouveau titre, Tout ceci ne vous rendra pas le
Congo. Les pieds en Belgique mais la tête en
Afrique, Baloji aborde à travers sa chanson
des thèmes qui lui sont chers, il chante sans
mélodramatiser une part pourtant sanglante
de l’histoire congolaise.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XVII
le meilleur des autres
Sa mélodie, rythmée par un tempo
afro-soul combine à la fois un univers
musical entraînant et dansant et une
musique dont Baloji se sert comme support
et porte-étendard de son message.
Alexandre Cherel, Rennes, lycée Victor-et-Hélène-Basch
Gabrielle Sykes
Cyril Mokaïesh
Mon Epoque
AZ
Clémence Déchamps
Reims
Lycée Jean-Jaurès
Quand Cyril pleure son époque… Rares sont
ceux qui, parmi le grand public, ont entendu
parler de ce Français de26 ans, Cyril
Mokaïesh. Pourtant, depuis 2007, il a prêté
sa plume et sa voix au groupe Mokaïesh :
quatre garçons, amoureux de la langue
française, épris de vérité et de liberté et qui
ont choisi pour exprimer leur révolte la
musique rock, façon Noir Désir. En 2010,
Cyril se lance dans une carrière solo. “Mon
Epoque”, un des titres de son dernier album
Du rouge et des passions, résonne à la
manière d’une chanson engagée qui critique
la société moderne et de consommation ; on
apprécie ces textes qui s’inscrivent dans la
tradition de Brel, Ferré, ou Saez. Comme l’a
si bien dit Didier Varrod, chroniqueur
musical de France Inter, “ces chansons font
souffler un vent de révolte et de passion dans
la chanson française”. Mon Epoque est un
texte travaillé : Cyril sait manier l’ironie,
jouer avec les mots et cultiver une vraie
poésie pour transmettre ses sentiments.
En outre, une riche mélodie porte les
paroles : une musique rock, héritage du
groupe Mokaïesh. A la guitare, Cyril s’appuie
sur un orchestre symphonique qui enfle ou
murmure au fil de la chanson, épouse les
contrastes entre les couplets, pour, enfin,
jaillir en feu d’artifice ; tous les instruments
nous entraînent, crescendo, dans l’univers
intime de Cyril et nous font partager
sa vision du monde. Ce jeune talent dénonce
avec force et sans détours les travers
de notre société sans pour autant exciter
ni haine ni violence... C’est ce qu’on aime
chez cet interprète, qui, en moins de trois
minutes, nous charme et nous réveille.
Souhaitons à Cyril de conserver sincérité,
poésie et lucidité qui manquent parfois
cruellement dans le monde de la chanson
d’aujourd’hui.
Léo Guibert
Toulouse
Lycée des Arènes
Mon Epoque de Cyril Mokaïesh est un dur
retour à la réalité/Du monde qui est le nôtre,
fait d’illusions trop peu critiquées/
Durant cette avalanche d’octosyllabes
lâchés avec justesse/Violence et vérité
nous font l’effet d’une baffe, bien loin d’une
caresse/Cyril critique avec force voix les
problèmes d’une société de consommation/
Rien ne lui échappe, aucune de ses
aberrations/Mokaïesh, dès le premier
couplet, commence à dénoncer/
Cette société qui ne vit que par et pour
le paraître : terrible vérité/Il joue
habilement sur les mots : ici, le mascara/
Est judicieusement comparé au noir que l’on
broie/Ensuite, Cyril s’attaque à cet univers
où l’argent est prédominant/
Il dénonce furieusement que le compte
en banque est déterminant/
Les paroles de Cyril s’attaquent à ce monde
matérialiste/Par l’anaphore “Mon Epoque”,
sur l’actualité du problème, il insiste/
Cyril Mokaïesh est donc un chanteur
engagé aux paroles enragées/
Il s’implique pour changer cette société
qu’il ne peut supporter/En chantant des
paroles criantes de vérité/Sur une musique
rythmée bien loin du rock avant pratiqué/
Il en devient le roi du contraste/
dont la portée des paroles est vaste/
Mokaïesh, par sa chanson Mon Epoque/
Pour changer notre époque, nous donne
l’électrochoc.
le meilleur des autres
On sent qu’il est marqué par la chanson
à textes, par Brel pour le souffle inspiré
et par Ferré pour la révolte brûlante
mais il réussit à tracer sa propre voie(x!)
grâce à une écriture moderne, insurgée
et poétique. Avec des paroles fortes et
sans détour, il évoque notre époque qui
“broie du noir”, oppressée par une société
consumériste omniprésente et qui profite,
s’enrichit sur le dos des pauvres gens.
Laura Lavertu, Mirepoix, lycée de Mirepoix
XVIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
Jimmy Hunt
Annabelle
Grosse Boîte
Capucine Blaise, Mona Devaux
Lemonnier, Flora Seguin Duplaix
Montpellier
Lycée Joffre
Mais qui est Annabelle ? Une jolie fille dont
notre chanteur est follement amoureux ?
Une femme qui a gardé son âme d’enfant ?
Ou une petite fille qui ne grandira jamais ?
Cette Annabelle qui parle à l’envers, qui
s’est cogné la tête, et qui possède de
magnifiques yeux verts. Cette jeune fille
qu’on a du mal à cerner, mais qu’on aimerait
connaître. L’ambiance cotonneuse de la
chanson nous fait valser dans un autre
univers, un monde farfelu, étrange et
surréaliste. Un joli mélange de folk et de
pop : on se croirait dans un rocking-chair,
lors d’une soirée d’été. Une soirée où l’on
n’a qu’une envie : se détendre. Jimmy Hunt,
un chanteur, un compositeur, un homme
qui nous embrouille mais qui nous donne à
entendre son amour loufoque pour cette
mystérieuse Annabelle. Depuis 2004, avec
sa bande d’amis, sûrement aussi dérangée
que lui, il compose, chante, et se fait plaisir.
Samuel Delhommeau
Clermont-Ferrand
Lycée Jeanne-d’Arc
La chanson dans son ensemble est très
originale, autant par le texte que par son
aspect un peu “déjanté”. Elle se détache
complètement des textes habituels
de la variété française par la voix très
particulière du chanteur qui est paisible
et langoureuse avec un accent marqué…
et aussi par l’accompagnement instrumental
répétitif, construit sur un ostinato à quatre
temps et quatre accords. On remarque
une accélération à la fin qui surprend
l’auditeur. Je n’aime pas particulièrement
l’atmosphère de cette chanson mais
j’admire le fait qu’elle se démarque autant
par son originalité.
L
Jalouse
Tôt ou Tard
Camille Petit
Château-Thierry
Lycée La Fontaine
Se cachant sous le pseudonyme de “L”,
Raphaële Lannadère est une jeune auteur/
compositeur/interprète d’origine française.
Son premier album, Initiale, est
particulièrement prometteur. Déjà
récompensée par le prix Félix-Leclerc
de la chanson en 2011, cette jeune
chanteuse à la voix délicate et mélodieuse
nous transporte dans un univers qui nous
semble éloigné et imaginaire et pourtant
bien familier. Un univers où la poésie domine
et où l’amour n’est dit qu’à demi-mot.
Jalouse possède un rythme entêtant mis en
valeur par un texte poétique qu’L déclame
de sa voix douce et de sa sonorité un peu
traînante. C’est justement ce contraste entre
le rythme rapide et entraînant de la musique
et la voix toujours douce, voire paresseuse
d’L qui donne à cette musique un petit
quelque chose supplémentaire. Un petit
quelque chose qui fait rêver, et dont
les paroles qui parlent secrètement d’amour
ne font qu’accentuer cette impression.
Jalouse est une chanson qui, pour finir, est
joliment écrite et dont le rythme continue de
trotter dans la tête de ceux qui l’écoutent.
Marion Brisac et Claire Spada
Saverne
Lycée Leclerc
Jalousie, nom féminin : sentiment d’envie
à l’égard de quelqu’un qui possède ce que
l’on n’a pas ou ce que l’on voudrait avoir.
Sentiment souvent accompagné d’hostilité
et de dépit. La chanteuse Raphaële
Lannadère, plus connue sous le pseudonyme
de L, connaît bien ce sentiment. Sa chanson
Jalouse est tirée de son premier album
Initiale sorti en 2011. De sa voix à part,
à la fois rauque et douce, cette jeune femme
de 31 ans nous fait entrer de plain-pied dans
l’émotion, renouant avec la tradition de la
chanson française à la fois profonde et
poétique. Elle raconte l’histoire d’un amour
non partagé, un amour impossible. Elle
observe, vibre, souffre, fantasme et fait de
nous ses confidents. Nommée aux victoires
de la musique 2012 dans la catégorie
“Groupe ou artiste révélation du public”,
elle n’a pas été récompensée, mais nous
sommes prêtes à parier que cette initiale
“L”, que la chanteuse dit “empreinte de
féminité”, n’a pas fini de faire parler d’elle.
Oriane Dumontier et Léa Risser
Gradignan
Lycée des Graves
L et Jalouse ! D’un battement de cils,
L fait rimer jalousie avec poésie, pour nous
parler d’amour. De sa voix douce et légère
se dégage une puissante pensée exprimée
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIX
sans retenue, et des rêves incompris. Ses
paroles riches en émotions ont permis à la
chanteuse d’être remarquée par des auteurs
compositeurs francais tels Matthieu Chédid
et Brigitte Fontaine. Sa musique envoûtante
s’inspire, entre autres, de ses collaborations
avec de nombreux artistes comme Julien
Lefèvre ou David Babin, dit Babx, compagnon
de longue date. Dans Jalouse, L partage
ses sentiments de solitude, d’errance,
ainsi que ses pensées les plus profondes.
Une chanson tirée d’un premier album,
Initiale, où Raphaële Lannadère, de son vrai
nom, exprime avec force ses sensations
qui nous font nous sentir proches d’elle.
Avec un style bien défini, par des textes
clairs, et néanmoins très imagés, L signe
le renouveau de la chanson française.
le meilleur des autres
Tout en pudeur et humilité, elle nous mène
dans son monde peu commun telle une
vague qui emporte tout sur son passage.
Elle délave sa musique, lui donne un côté de
folie et l’accompagne de toute son élégance
et sa délicatesse. Une artiste hors du
commun, unique en son genre qui contient
une grande force intérieure et beaucoup de
puissance qu’elle exprime avec volupté et
souplesse. L est un tout harmonieux à
l’avenir prometteur. Un grand merci et un
immense respect pour cette jeune interprète
qui fait déjà partie des plus grands.
Eloïse Bruneteau, Poitiers, lycée du Bois-d’Amour
Lionel Porte
“ils se sont
pris au jeu,
l’impact
pédagogique
a été assez
phénoménal”
chroniques à l’écrou
Pendant plusieurs semaines, des jeunes prisonniers mineurs se sont transformés
en chroniqueurs. Ou comment valoriser des ados qui ont du mal à se créer un avenir.
u quartier des mineurs de
la maison d’arrêt de Mulhouse,
sont incarcérés des jeunes
qui ont l’âge d’être au lycée.
Certains sont là pour un ou deux mois,
d’autres pour un, deux, voire trois ans
ou plus. Beaucoup sont déscolarisés et
plus ou moins fâchés avec l’école.
Qui dit incarcération, dit frustrations…
Ce qui leur manque le plus selon leurs
dires (à part leur famille, bien-sûr !),
c’est la cigarette pour certains et la
musique pour tous. La musique qu’ils
aiment écouter, c’est le rap, le rap qui
parle de leur cité, de leurs difficultés,
de leur mal de vivre, de leur vécu.
Quand je leur ai fait écouter le CD
des Chroniques lycéennes, la première
réaction a été le rejet : “Vous n’êtes
pas sérieuse !”, “C’est quoi cette musique
de ouf ?”… Ils ont tout de même
joué le jeu et choisi une chanson qui
les interpellait un tant soit peu.
Plusieurs ont opté pour Saperl’Hip Hop
de Barcella qui s’approchait le plus
A
de ce qu’ils avaient l’habitude d’écouter.
Mon collègue qui enseigne le français
aux détenus majeurs est venu m’épauler
pour la rédaction des chroniques.
Nous avons dû faire face à beaucoup
de réticences : “Ces paroles sont nulles,
elles ne veulent rien dire !”, “Il est connu,
ce chanteur ?”, “Qui écoute ça ?..” Mon
collègue a su trouver dans une chanson
choisie quelques paroles qui pouvaient
les concerner… et la mayonnaise a pris.
Petit à petit, ils sont entrés dans
les textes. Leur esprit critique s’est
réveillé et s’est avéré constructif.
Ils se sont lancés dans la lecture des
documents mis à leur disposition
concernant les biographies des auteurscompositeurs. Ils se sont approprié
le vocabulaire d’une chronique d’une
manière assez spectaculaire.
Ils se sont pris au jeu, rédigeant très
sérieusement leur critique. “Au début,
on croit que les paroles sont nulles,
et quand on les lit bien, on s’aperçoit
XX les inrockuptibles chroniques lycéennes
qu’elles sont bien !” Ils ont voulu réécouter
les chansons choisies. Pour la prof
que je suis, je trouve que l’impact
pédagogique a été assez phénoménal :
écoute, lecture, recherche, vocabulaire,
grammaire et conjugaison, rédaction,
tout y est passé.
Cet excellent projet a permis à
des jeunes de découvrir une musique
qu’ils ne connaissaient pas. Il leur
a également permis d’avoir une image
positive d’eux-mêmes car ils se sont
rendu compte qu’ils étaient capables
de rédiger une chronique comme des
lycéens. D’ailleurs, chaque jour suivant
ce travail, ils s’enquéraient de savoir
si j’avais bien envoyé les chroniques
au magazine (qu’ils ont découvert
par la même occasion). Je leur ai tout
de même promis de faire suivre leur
suggestion d’étendre les Chroniques
lycéennes au rap.
Cette expérience a été plus que
positive et est à renouveler bien sûr.
Michèle Schweiss, professeure
Pep’s
Madiba
AZ
Hélène Canovas et
Sandrine Bagavathsingh
Nogent-sur-Oise
Lycée Marie-Curie
Petit éloge à un homme qui deviendra grand.
Florian Peppuy, aka Pep’s, connu pour
sa chanson Liberta (2001), rend hommage
à Nelson Mandela avec Madiba, paru dans
Equilibre sauvage en 2011. Cette chanson
engagée raconte l’histoire de Mandela,
huitième président de la république
d’Afrique du Sud, qui a reçu en 1993 le prix
Nobel de la paix. Pep’s nous fait redécouvrir,
encore, son talent dans une mélodie douce,
émouvante et nostalgique dans laquelle sa
signature est toujours présente. Sa structure
est recherchée : anaphore, métaphore,
rimes embrassées, et j’en passe ! On
retrouve cette mixité des langues, comme
dans Liberta, un mélange anglais-français
rappelant deux langues parlées en Afrique
du Sud. “S’il y a un homme c’est toi/But what
have you done guys ?” Pep’s nous empoigne
le cœur en chantant, déclenchant un raz
de marée, un tourbillon de sentiments.
Ces accords récurrents et les percussions
rappellent la vie et sa perpétuelle rengaine.
A cela s’ajoute, cassant le quotidien,
l’innocence du piano. Vers la fin du morceau,
un grondement sourd apparaît, nous serre
le cœur et nous fait tourner la tête :
le violoncelle. Cette chanson douce et
poignante est un plaisir pur et raffiné.
A coup sûr, Pep’s deviendra grand !
Charlotte Provost
Rennes
Lycée Victor-et-Hélène-Basch
Pep’s, la voix de la liberté. Dès la première
écoute, on reconnaît cette voix râpeuse,
cette voix qui nous emmène ailleurs. Celle
de Pep’s, le chanteur qui nous a fait voyager
jusqu’à l’autre bout du monde avec son hit
Liberta. Sorti en février 2012, son nouvel
album s’intitule Equilibre sauvage. D’après
Pep’s, ce nouveau disque, écrit sur les
routes de ses voyages, a pour but de “faire
transparaître à travers les mots les émotions“.
La chanson qui nous fait le plus vibrer
est sans aucun doute Madiba. Pourquoi ce
titre ? Pour rendre hommage à l’homme qui,
dans son clan en Afrique du Sud, s’appelle
Nelson Madiba Mandela. Cet avocat qui
a participé à la lutte non violente contre
l’apartheid et qui est devenu président de “la
nation de l’arc-en-ciel”. Cet homme, le seul,
le vrai – d’après les paroles de la chanson –
qui a donné tout son être afin de lutter
contre la ségrégation raciale. Pep’s a choisi
d’écrire ce texte profond en mélangeant le
français et l’anglais. Etait-ce un moyen
d’appuyer les propos de Nelson Mandela ?
De montrer que les genres peuvent se
mélanger, que cela soit au niveau des mots
ou de la couleur de peau ? En écoutant la
mélodie, les quelques arpèges de guitare, la
voix calme et posée de Florian Peppuy, on
ressent la douleur. Une douleur sourde dans
les couplets, aiguë dans le refrain. Les mots
tranchants nous font frémir et la mélodie
en background nous donne une sensation
de sérénité. Pep’s raconte Nelson Mandela,
sa personnalité, ses motivations, son
courage, sa force, tout ce qui a fait de cette
personne remarquable, un homme.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXI
Marion Duthuel
Aurillac
Lycée Emile-Duclaux
Pep’s (alias Florian Peppuy) revient avec un
nouvel album, Equilibre sauvage, dont est
extrait Madiba, un fabuleux récit de la vie de
Nelson Mandela. Un hommage à celui qu’on
appelle aussi Madiba. Avec une mélodie
lente mais rythmée, Pep’s et sa guitare
réussissent à nous plonger dans un profond
respect pour Madiba dès les premières
notes. La mélodie souligne ses paroles et
impose le silence en nous faisant
comprendre l’intensité émotionnelle de la
vie de Nelson Mandela. Les paroles sont
intenses et fortes en émotions : “A toi qui
donnes pardon après torture”, “Coupant la soif
de sang, donnant l’espoir au temps”.
Elles nous content la vie de Nelson Mandela,
d’une voix claire et distinguée dont la
tonalité se marie merveilleusement bien
avec la mélodie. Le contraste entre le chant
rapide et la mélodie lente et douce finit par
majestueusement s’accorder pour le refrain
ainsi que la dernière phrase des couplets :
“S’il y a un homme, c’est toi”. Florian Peppuy,
une étoile montante à l’avenir prometteur,
nous fait vivre son admiration pour Nelson
Mandela avec une grande sensibilité.
le meilleur des autres
Au rythme doux de sa guitare, Pep’s nous
transporte de la guerre à la paix, de la
souffrance à l’espoir, de l’emprisonnement
à la liberté, de la défaite à la victoire.
A vos écouteurs, pour un hymne à la liberté !
Isabelle Gonthier, Tanamakoa, lycée français de Tamatave
(Madagascar)
Archimède
L’Intrus
Label Jive/Epic
Anne Le Gal
Ploërmel
Direction salle 11. Je pars m’enfermer
pour une heure et demie au labo. Derrière
sa paillasse, tout sourire, le prof nous attend
et claironne : au programme de ce matin,
la poussée d’Archimède. Sourires blasés,
mines interrogatives : poussée d’Archimède ?
Rien de très réjouissant. Je me prends à
rêvasser en regardant par la fenêtre.
Archimède ? Mais c’est aussi le nom du
groupe et le titre du premier album des
frères Boisnard, qui sont un peu les frères
Gallagher de la chanson française. Je me
plonge dans une atmosphère pop and rock.
D’entrée, la musique, dynamique et
tonitruante, plante l’ambiance de ce nouvel
opus, L’Intrus. Un texte judicieux servi
par la voix éraillée du chanteur où l’ironie et
l’humour se mêlent pour renforcer la dérision
de la situation. Je redécouvre alors la vie de
cet adolescent à l’âme de poète, incompris
dans sa propre famille de beaufs ! Lui ne
rêve que de poésie à la Edgar Poe, d’art à la
Picasso, quand sa famille ne pense que
tuning, body-building ou joints de culasse…
Seul, à contre-courant, il livre son combat
contre la bêtise ambiante. Impossible
d’oublier cette musique au tempo endiablé
et son refrain “j’suis l’intrus, l’intello du
sérail”. Un cocktail qui permet de retrouver
la bonne humeur et donne au rock français
un air de jeunesse. Archimède ne renierait
sûrement pas une telle création et lui
donnerait volontiers un coup de pouce !
Anne-Lise Gorieux
Rennes
Lycée Victor-et-Hélène-Basch
A la théorie, Archimède préfère la pratique.
Les nouveau-nés du rock, c’est bien eux ! Un
nom de scène qui ne passe pas inaperçu, un
look des plus rafraîchissants, qu’on pourrait
presque assimiler aux Beatles, et une entrée
pour le moins fracassante dans le rock
français : c’est Archimède, pas de doute !
Des paroles ironiques et un son de guitare,
voilà ce qui fait tout le charme de ce groupe.
Après une première sélection aux Victoires
de la musique en 2010, les deux frères
cartonnent avec leur chanson qui a fait le
buzz sur internet, Le Bonheur, et avec un clip
loin d’être artisanal, puisqu’il a été réalisé
par Sony, avec qui le groupe a déjà signé il y
a quelques mois. Sony va alors les montrer
au grand public et leur donner l’opportunité
de sortir un album intitulé Trafalgar, d’une
dizaine de chansons. Parmi elles, L’Intrus,
avec une intro rythmée, une intrigue
claquante et une façon toujours aussi
amusante de faire rimer les mots, nous
donne l’envie d’aller acheter l’album en
vitesse ! Des vannes bien senties, de la
Fabrice Deme
ssence
Lycée La Mennais
dérision et un sens affiné de l’observation :
toutes les qualités sont réunies pour faire
de cette chanson un remède à la grisaille du
temps. Le scénario ? Un Kévin pas comme
les autres, mal dans sa peau à cause d’une
famille pas très cultivée. Archimède lance
encore une déconnade engagée qui sonne
comme un écho. Seul petit bémol :
un manque d’innovation, une impression
de répétition des autres chansons. Mais
le public est toujours là, fidèle à un groupe
très prometteur qui marquera sûrement
la chanson française.
Fanny Pruvost
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
Eurêka ! Ça serait pas plutôt Archimède ?
Ce groupe français, est formé à l’origine par
les deux frères Frédéric et Nicolas Boisnard,
de Laval, en 2004. Ils ont été nominés aux
Victoires de la musique de 2012 dans la
catégorie Album rock de l’année. Nous
avons la chance d’entendre leur titre L’Intrus,
dans lequel on retrouve à la batterie Tess
(David Tessier), Cord’ (Thomas Cordé) à la
basse, Guillaume Payen à la guitare ainsi
que Fred qui fait aussi les chœurs dans les
refrains. Quelques frappes de mains
apportent un certain peps à la mélodie.
Tirée de leur deuxième album Trafalgar,
XXII les inrockuptibles chroniques lycéennes
sorti en septembre, cette chanson est dans
leur style habituel. Dans ces paroles, écrites
par le chanteur, l’humour est de mise !
En effet, Nico joue à Kévin, l’intello né dans
une famille fan de body-building et
de tuning. Lors d’une interview accordée
au journal Libération, les deux frères disent
se sentir comme “Dutronc de Liverpool”,
leurs inspirations étant des deux côtés
de la Manche : Jacques Dutronc, Nino Ferrer,
Paul McCartney… Pas étonnant que leur
musique fasse penser à la pop anglaise, tout
en gardant ce côté frenchy que l’on adore.
Ils sont en tournée à travers la France,
vous pourrez retrouver ce savant mélange
lors d’un de leurs concerts. Ça pétille,
c’est entraînant, ça donne le sourire,
on écouterait cet album en boucle !
le meilleur des autres
Dans le marasme musical et intellectuel
de la musique pop et plus particulièrement
du rock français depuis quelque temps,
le groupe Archimède tire son épingle du jeu.
Rythme et structure simpliste, style
“gochau-bobo” pseudo rock, ce groupe
possède tous les atouts pour briller dans le
hit-parade actuel.
Neïla Baba Ali Turqui, Alice Bessard, Amine Drame,
Camille Labouesse, Myriam Laichaoui, Alexandre Tetrel,
Lyon, lycée Debordes
Nevchehirlian
misère des travailleurs et des exclus. Le
texte est sublimé par la force de la musique
qui nous entraîne dans un pas de danse
rythmé, où l’on voudrait ne plus s’arrêter…
Dans cette chanson, Frédéric Nevchehirlian
mêle sa voix à celle du poète, avec un talent
et une sincérité qui nous vont droit au cœur.
Deux grands artistes – que l’on découvre
pour l’un, et redécouvre pour l’autre –
qui se donnent la réplique pour nous
interpeller… Une belle leçon d’humanité !
Frédéric Nevchehirlian est un artiste vrai,
qui ne triche pas.
Marche ou crève
Internexterne
Classe de 2S1
La Rochelle
Lycée des métiers Pierre-Doriole
Frédéric Nevchehirlian, ancien professeur
de lettres et artiste confirmé, est un
chanteur “poète-performeur” de la scène
française qui, dans son deuxième album
intitulé Le soleil brille – pour tout le monde ?,
met en musique des textes inédits de
Jacques Prévert que lui a confiés la
petite-fille du poète. Très vite repéré au
festival des Francofolies de La Rochelle, une
carrière prometteuse s’ouvre dès lors à lui…
Le premier essai pour sa chanson Marche
ou crève est un succès ; dans cette poésie
décapante, Frédéric Nevchehirlian nous fait
découvrir un Prévert méconnu du grand
public : un homme engagé, révolté, qui
dénonce la pauvreté des ouvriers, leur dure
condition de vie et leur désespoir mêlés…
C’est un texte à deux voix, puisque
Nevchehirlian se fait l’écho du poète et crie à
l’injustice… La musique met en valeur les
paroles magnifiques de Prévert, qui se sert
de son art pour dénoncer la misère des
ouvriers… La voix du chanteur nous envoûte,
le refrain nous prend, le texte évoque
un thème encore terriblement actuel :
la grève, seul moyen d’expression
du mécontentement des travailleurs,
qui est devenue aujourd’hui un droit mais
qui souvent a été réprimée…
Marche ou crève est aussi un formidable
chant d’espoir, un appel à la solidarité et à
l’engagement… La voix de Frédéric
Nevchehirlian, le texte, le refrain martelant
et dur ne nous laissent pas indifférents :
chacun se sent interpellé. Loin d’être
un donneur de leçon, l’artiste fait appel à
notre part d’humanité. Marche ou crève,
scandé par Nevchehirlian, nous donne envie
de croire en un monde meilleur, nous dit
qu’il ne faut pas perdre espoir, nous parle
de réconciliation et de désobéissance.
Cette chanson forte est le résultat
d’un mélange d’intelligence et de talent
Cette année, cinq artistes de la sélection sont
soutenus par le Chantier des Francos : Lisa Portelli,
L, Eté 67, Frédéric Nevchehirlian et Jérôme Van Den
Hole. Le Chantier des Francos propose depuis 1998,
tout au long de l’année à La Rochelle, des ateliers et
des résidences de travail accompagnés par des
professionnels permettant d’optimiser et d’affiner
le projet artistique d’un point de vue scénique.
Gaëlle Robert
Moulins-Neuvy
Lycée agricole du Bourbonnais
de deux artistes qui unissent leurs voix
dans ce monde de brutes pour nous toucher
au cœur et à l’âme…
Sandra Couto et Océane Meunier
La Rochelle
Lycée des métiers Pierre-Doriole
Frédéric Nevchehirlian, auteur-slameur
marseillais, a un univers et un style musical
bien à lui. Dans son deuxième album, intitulé
Le soleil brille – pour tout le monde ?, il met en
musique des poèmes inédits de Jacques
Prévert que la petite-fille de ce dernier lui a
confiés… Frédéric Nevchehirlian se retrouve
dans les textes de Prévert : comme lui,
c’est un homme engagé, révolté…
A travers ses poésies, il défend les ouvriers.
Dans la chanson Marche ou crève, il parle
de la révolte des travailleurs, de la pauvreté,
de la grève réprimée, et de la dure condition
des ouvriers qui n’ont pas d’autres choix
pour se faire entendre… Son message est de
ne pas perdre espoir, de continuer à vivre et
de ne rien lâcher. Il en appelle à la solidarité,
à la conscience des hommes, en refusant de
tirer sur ses frères… Les paroles de Prévert
sont touchantes, fortes, intenses, et parlent
d’un thème encore terriblement actuel : la
CHRONIQUES LYCÉENNES
Le pilotage des Chroniques lycéennes – Prix Charles Cros lycéen
de la nouvelle chanson francophone est assuré par le CRDP
de Poitou-Charentes/CDDP de la Charente-Maritime et l’Académie
Charles Cros, avec le concours des Inrockuptibles, des Francofolies,
de la FFCF, du Rectorat de Poitiers, de la DRAC Poitou-Charentes
et le précieux soutien du SCEREN/CNDP.
Contacts CDDP17, Céline Langevin, tél. 05 46 00 34 60,
[email protected]
Académie Charles Cros, Alain Fantapié, [email protected]
POUR LES INROCKUPTIBLES
Chef de projet Laurent Girardot Coordination éditoriale Johanna
Seban Rédaction Johanna Seban Directeur adjoint de la
rédaction JD Beauvallet Edition François Rousseau, Sylvain Bohy,
Olivier Mialet, Lætitia Rolland Iconographie Maria Bojikian, Valérie
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXIII
Dans ce disque des Chroniques lycéennes,
je suis restée accrochée à une chanson,
Marche ou crève de Nevchehirlian. Ce texte
fut écrit par Jacques Prévert. Le précurseur
du slam en France a décidé de donner une
deuxième jeunesse aux chansons qui
accompagnaient les sketches et les pièces
contestataires d’agit-prop qu’écrivait Prévert
dans les années 30 pour la troupe de théâtre
Octobre. La chanson est composée de quatre
couplets, de vers très courts scandés sur
un rythme qui blesse. Elle nous ramène à
notre société actuelle avec ses problèmes et
à l’obligation qui nous est faite de suivre un
mouvement que rien n’arrête et qui n’attend
personne. La musique arrachée et la voix du
chanteur déchirent chaque mot et entraînent
dans cette vie faite de courants d’air,
de sang, de maladies, de guerres lointaines
mais pourtant si proches. Notre condition,
notre mode de vie sont remis en question.
A travers ce texte et cette interprétation,
on retrouve le mal-être qui règne dans notre
monde depuis trop longtemps.
C’est une nouvelle ère, un nouvel air.
le meilleur des autres
Toute cette luminosité musicale donne
du mouvement à la chanson militante et
engagée. La musique s’articule avec le texte
sans le couvrir. Alors, écoutez cet hymne
à l’insoumission marqué par l’actualité.
Ambre Poumaroux, Vaux-le-Pénil, lycée Simone-Signoret
Perraudin, Aurélie Derhee Directeur de création Laurent Barbarant
Direction artistique Pascal Arvieu Maquette Nathalie Coulon
Directrice du développement Caroline Cesbron
Fabrication Virgile Dalier, Gilles Courtois Impression,
gravure, façonnage Roto Aisne SN
LES INROCKUPTIBLES est édité par la société Les Editions
Indépendantes, société anonyme au capital de 3 579 352,38 €,
24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, RCS Paris B 428 787 188 000 21
Directeur de la publication David Kessler
Actionnaire principal, Président Matthieu Pigasse
Fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski
© Les Inrockuptibles 2012. Tous droits de reproduction réservés.
Supplément au n° 860 du 23 mai 2012. Ne peut être vendu séparément.
En couverture : des élèves du lycée Aliénor-d’Aquitaine
de Poitiers, avec Brigitte. Photo Pierre Le Bruchec.