chroniques lycéennes # 11 - Les chroniques lycéennes
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chroniques lycéennes # 11 - Les chroniques lycéennes
Prix Charles Cros Lycéen de la nouvelle chanson francophone chroniques lycéennes # 11 critiques en herbe rencontres, reportages, critiques www.chroniqueslyceennes.fr édito Faire découvrir aux lycéens la jeune chanson francophone dans ses formes les plus diversifiées, les inciter à écouter, à analyser, à exprimer leurs opinions, leurs émotions : pour la onzième édition des Chroniques lycéennes, cette volonté anime plus que jamais le CRDP de PoitouCharentes/CDDP de la Charente-Maritime et l’Académie Charles Cros. Le principe du programme n’a pas changé : des lycéens, un peu partout en France et à l’étranger, mais aussi pour la première fois cette année de jeunes détenus scolarisés, rédigent des chroniques, des analyses-critiques de chanson, à partir d’un CD comprenant 20 titres récents d’artistes francophones. La cinquantaine de chroniques sélectionnées et publiées dans ce supplément par l’hebdomadaire Les Inrockuptibles sont autant d’occasions de constater la pertinence des points de vue, la créativité et la curiosité des élèves. Des témoignages émaillent cet ensemble, ils rendent compte de l’importance du travail engagé sur l’année scolaire et du plaisir partagé autour de cette opération. Soulignons aussi cette année le partenariat de Curiosphere.tv, la webtv éducative de France Télévisions avec la création d’un minisite consacré au programme : www.curiosphere.tv/musique-chroniqueslyceennes (accessible dès le 21 juin). Merci à tous les participants – artistes, enseignants, lycéens et à tous ceux qui concourent aux côtés du CDDP de la Charente-Maritime et de l’Académie Charles Cros au succès des Chroniques lycéennes – le Scéren-CNDP, Les Inrockuptibles, la Fédération des festivals de chanson francophone (FFCF), les Francofolies et tout le réseau de partenaires, de lieux de programmation, de festivals en France et à l’étranger. Académie Charles Cros, CRDP de Poitou-Charentes et Les Inrockuptibles Plus d’infos et de chroniques sur le site www.chroniqueslyceennes.fr “on est des amoureuses” Avant d’assister au concert du groupe Brigitte, deux classes de lycéens ont pu interroger les artistes sur leur vie, leurs goûts, les difficultés du métier. Tout le monde s’est prêté au jeu de l’interview. par Johanna Seban photo Pierre Le Bruchec II les inrockuptibles chroniques lycéennes Poitiers, avril 2012. Brigitte en concert au Confort Moderne l y a quelques semaines, elles remportaient la Victoire de la musique révélation scène de l’année. Début avril, on retrouvait les deux musiciennes de Brigitte sur la scène du Confort Moderne à Poitiers, dans le cadre d’une longue tournée qui les voit écumer les salles de France depuis la sortie de leur excellent premier album Et vous, tu m’aimes ? Le concert a beau ne démarrer que peu avant 22 h le soir même, le duo investit la grande salle du bar dès 15 h. C’est là que se sont donné rendezvous deux classes, venues du lycée des Métiers Jean-François-Cail de Chef-Boutonne et du lycée Aliénor- I d’Aquitaine de Poitiers. De ce dernier, les élèves sont essentiellement issus d’une classe de première littéraire : les filles sont plus nombreuses que les garçons dans le public. Ça tombe bien car Brigitte réunit deux filles : Sylvie et Aurélie. Les deux jeunes femmes s’installent sur l’estrade qu’on leur a réservée, face à un public au départ bien silencieux. D’abord timides, les élèves finissent par briser le silence. On se lève, très sagement, on se présente, très courtoisement, puis on pose sa question. La première : “J’aurais aimé savoir quelles étaient vos influences.” Et Aurélie de répondre, avec l’aisance de celle qui a souvent chroniques lycéennes les inrockuptibles III dû expliquer son bagage artistique. “On a eu envie de mélanger toutes nos influences pour ne pas être placées dans un courant. Cela va du jazz fifties au rock des années 70, de la musique africaine à la musique classique ou au hip-hop des années 80.” Ce à quoi Sylvie ajoute une série de sources cinématographiques : Jacques Demy, Sergio Leone… “On se voyait bien en demoiselles de Rochefort, toutes les deux.” A ces références, les élèves restent plutôt indifférents. Bientôt l’un d’entre eux tente d’y voir plus clair. “Qu’est-ce que vous écoutez aujourd’hui ?” La liste des béguins actuels de Brigitte est Brigitte face aux élèves des lycées Jean-FrançoisCail de Chef-Boutonne et Aliénor-d’Aquitaine de Poitiers dans la grande salle du bar du Confort Moderne longue et éclectique : les Beach Boys, Barbara, les musiques de film, Philippe Katerine, Brigitte Fontaine, Electric Guest ou Pantera se côtoient dans la discothèque du groupe. Plus détendus, les élèves osent bientôt des questions plus personnelles. Ils interrogent le duo sur son choix d’évoquer souvent l’amour et le combat sur l’album. “Qu’est-ce qui fait tourner le monde ?”, répond Aurélie en souriant. “Nous, on est des amoureuses. C’est un thème récurrent mais les histoires sont différentes à chaque fois. Quant au thème du combat, c’est parce qu’on ne vit pas dans un monde de Bisounours… Mais c’est toujours écrit avec le sourire, toujours en évitant le pathos. Même si l’on évoque des sujets graves, comme la stérilité, le suicide. Parce que quand tu vas à un enterrement, il y a toujours un moment où tu ris.” “c’est écrit avec le sourire, même si l’on évoque des sujets graves, comme la stérilité, le suicide” Une fois terminées les questions sur l’album, les élèves s’interrogent sur le mode de vie qu’impose une carrière de musicienne professionnelle. Dans la cour du Confort Moderne, ils ont aperçu l’énorme bus qui fait office de maison au groupe le temps de la tournée : on y dort toutes les nuits, en route pour la destination suivante. Plus concrètement, les lycéens se demandent comment il est possible, dans ces conditions, de concilier vie professionnelle et vie amoureuse. Verdict : “On vit dans un tourbus, on fait cinq concerts par semaine ! Pour la vie IV les inrockuptibles chroniques lycéennes personnelle, c’est la merde ! (rires). Mais comme beaucoup de femmes qui travaillent, on s’organise. Il y a des caissières qui sont derrière leur caisse au moment où les enfants sortent de l’école… Nous, on est chez nous les dimanches et lundis.” Bientôt, le groupe doit interrompre la conversation pour aller répéter pour le concert du soir. Les élèves, qui se verront ensuite offrir une visite guidée des différents espaces du Confort Moderne, ont le temps d’une dernière question. Ils demandent aux jeunes femmes ce qu’a changé pour elles le fait d’avoir une Victoire de la musique. “Maintenant il y a un truc doré sur la cheminée du salon qui prend la poussière, sourient-elles. En vrai, c’est comme avoir une mention au bac. Si tu as le bac, ça ne change pas grand-chose. C’est juste un petit plus.” N’écoutez pas, les enfants, d’autant que pour beaucoup, il y a bac blanc le lendemain. Brigitte Oh la la 3ème Bureau Céline Rojek Gaillon Oh la la, Brigitte te fait valser, bouger, chanter ! Des musiques rythmées, du son rétro pop, avec des paroles sensuelles. Elles ont tout pour réussir, le sourire et le sens du rythme. Fan d’Abba et de Marilyn Monroe, le groupe s’est inspiré de ces deux phénomènes, a rajouté sa sauce et mélangé le tout pour nous donner un univers frivole, drôle, fou et amusant. Ces deux femmes hors du commun, la brune et la blonde, se sont bien trouvées. Amoureuses des années 70, Aurélie Maggiori et Sylvie Hoarau font très attention à leur image, mais ne suivent pas la mode à la lettre. Elles trouvent de nouveaux vêtements dans des boutiques vintage. Leur duo de pétroleuses rend hommage aux Brigitte qui ont plus ou moins fait scandale et qui ont un côté rétro. La chanson française change, elle se développe et s’améliore. Brigitte en est la preuve. Ces deux petits bouts de femme seront, pourquoi pas, bientôt, un groupe connu. Comme diraient les filles, “Et vous, tu m’aimes ?” Nicolas Lejay Nantes Lycée Guist’hau Brigitte, une brune et une blonde, deux mamans hippies, aussi décalées que culottées qui vont enfin vous réconcilier avec la pop française. Une ligne de basse affûtée, une mélodie harmonieuse et quelques percussions rythment le tout. La musique de Brigitte baigne dans le rétro des années 70. Fêtardes, à la limite du kitsch tout en restant chic et sexy, elles dégagent une sensualité dégoulinante et un groove à l’image de leur amour pour le hip-hop. Ces deux féministes, fans de Marilyn Monroe, qui ne mâchent pas leurs mots, réussissent leur pari : nous faire danser et Oh la la que la difficulté est grande de ne pas bouger les hanches sur une chanson aux sonorités disco, véritable appel à la danse, au rapprochement et à l’amour. L’amour est d’ailleurs le sujet prépondérant du premier album de ces deux femmes décidément bien extravagantes. Oubliez les Bardot, les Fontaine, toutes ces Brigitte que l’on finirait par confondre… Aujourd’hui, il y a Brigitte et seulement Brigitte, c’est simple, sans prise de tête et ça sonne tout autant. Mark Maggiori Lycée André-Malraux Eva Gresset Morteau SEP Edgar-Faure Je me promenais dans les rues de ma ville, le temps était vraiment déprimant, les gens autour de moi l’étaient tout autant, le trafic était bouché, j’étais donc contrainte de rentrer à pied. Bref une journée bien pourri(t)e parmi tant d’autres, quand, tout à coup, une p… de musique à l’influence pop pleine de couleurs m’a redonné le sourire ; pas mal pour un début non ? Ensuite il s’est passé un truc de malade, devinez quoi ? Quand les Brigitte ont commencé à chanter, ma démarche s’est modifiée pour donner quelque chose de carrément étrange, comme si mes jambes étaient envoûtées par la musique en toute indépendance de ma volonté ! D’un coup elles se sont mises à avancer au rythme de la chanson, un pas à gauche, un pas en arrière, un pas en avant, stop, pas à droite… une vraie chorégraphie, je ne pouvais plus m’arrêter : “ça fait boum je craque !” Et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, je marchais à la manière d’un Funky Cops ! Les nuages se sont dégagés pour laisser filtrer le soleil, qui m’est apparu comme une boule à facettes luisante et attirante, j’aurais pu croiser Kool & The Gang au coin de la rue je n’aurais pas été surprise, c’était é-norme ! Je ne traînais plus des pieds, j’avais LA démarche, LE truc cool, imaginez, ressentez la funk vous envahir petit à petit… Pour nous (mes jambes et moi), ça a été une vraie révélation, Oh la la et plus j’avançais, et plus les gens se retournaient sur mon passage, peut-être parce que j’étais chroniques lycéennes les inrockuptibles V la seule personne à avoir le sourire, ou parce qu’ils me trouvaient sûrement très originale, ça je ne saurai jamais ! On est tellement transporté par la musique et les paroles sensuelles de Brigitte que rien ne peut nous démotiver, comme elles le disent si bien “Tous ces beats qui cognent, je perds la tête et je m’en moque !” Bref, j’étais invincible ! Cette musique est destinée à tous ; à son écoute, les gens mous deviendront speed, les intellos sortiront la tête de leurs bouquins, les prépubères se sentiront envahis par un élan d’assurance et craqueront sur les paroles explicitement sensuelles, vieux et vieilles se lèveront de leurs fauteuils, bref, tous se retrouveront pour danser la funk sur la place publique ! Tout semblait vraiment me réussir, quand tout à coup, mon iPod décida que c’était le moment pour lui aussi de se relaxer, et rendit l’âme ! Violent retour à la réalité, j’étais redevenue blasée ! le meilleur des autres Si les paroles ne sont pas toujours des plus fines, elles s’affirment, s’agitent telles des marionnettes entre les pinces des deux femmes, dansent avec exubérance et ironie sur des planches aux odeurs rétro, vintage, et hippies. Deux artistes qui construisent un personnage, qui marient leur talent et leur voix à l’instar d’un Simon & Garfunkel, pour produire une femme croqueuse d’hommes ou une femme fidèle et jalouse, à travers des titres exquis. Myriam Mineiro, Valence, lycée Loubet Lisa Portelli Le Régal Wagram Music Jessica Gonzalez Echevarria et Laure Mondet Saintes Lycée Notre-Dame-de-Recouvrance Goûtez l’univers tranquille d’une jeune artiste qui mène la barque de ses 24 ans : Lisa Portelli. Dans son album plutôt tourné vers le rock figure Le Régal, une gourmandise amoureuse. On est alors transporté dans l’ivresse de deux amants. Après un début syncopé et très rock, on est surpris d’entrer subitement dans un monde plus feutré où domine la sensualité du texte chargé d’érotisme. On peut être emballé par la voix suave de la belle Lisa, mais elle pourrait avoir un petit côté monotone car ses rimes sont endormeuses… Pour les images, elle emprunte à Rimbaud son bateau ivre, et à Baudelaire son côté charnel. A travers la chanson, la narratrice dévoile son intimité en nous la laissant entrevoir comme par le trou d’une serrure. Son univers nous berce doucement vers une addiction de l’autre, l’ambiguïté de ses mots nous donne la liberté d’imaginer quelques extravagances et de nous laisser aller. Elle est comme affamée et avide de sensations. Chaque fin de vers dans le refrain paraît couler comme du miel et on se fond dans la mélodie qui colle à la peau : on se régale ! Marine Bouvet Roissy-en-Brie Lycée Charles-le-Chauve Avec un tel titre, ce morceau de Lisa Portelli se devait d’être bon. Il ne déçoit pas : c’est un véritable délice ! Cette artiste énergique et dynamique, à la voix délicieuse et envoûtante, a commencé la guitare très jeune puis, bien décidée à se faire connaître dans le monde de la musique, elle participe à de nombreux concerts, sortant régulièrement quelques titres pour aboutir en 2011 à l’album Le Régal. A travers le morceau phare de ce nouveau menu lui-même intitulé Le Régal, les saveurs rock s’échappent. Dès les premières secondes, les rythmes d’une batterie énergique nous plongent dans une ambiance relevée et finement mijotée par une ligne de basse et de guitare électrique épicée. A cette savoureuse alchimie s’ajoute le chant énergique, frais et sensuel de Lisa Portelli, VI les inrockuptibles chroniques lycéennes dont on se délecte à chaque moment. Il nous entraîne tout au long de ce rock swingué, irrigué d’une poésie chantée. Sa plume recherche toujours les mots justes, et assaisonne subtilement les vers qui évoquent les amours compliquées et les métaphores maritimes qui régalent nos papilles littéraires. Les couplets nous accrochent et nous mettent l’eau à la bouche jusqu’à l’arrivée du refrain, soutenu, relevé voire enlevé ! Ainsi, on ressent à l’intérieur de ce délicieux menu, quelque peu prévisible mais toujours exquis, les influences de Dominique A, que l’artiste revendique, et de la pop anglaise, le tout nous rappelant les timbres doux et sucrés de Vanessa Paradis. Un titre à dévorer sans plus attendre. le meilleur des autres Lisa parvient à utiliser sa voix tel un instrument, au même titre que sa guitare ; Peu d’arrangements, mais cela donne au total un aspect assez sec et brut. Même s’il n’est pas l’équivalent d’un trois étoiles au guide Michelin, Le Régal peut se réclamer de certaines des meilleures tables musicales. Lisa, naturelle et talentueuse, nous i nvite à nous asseoir à sa table pour savourer un vrai régal ! Lucie Laval, Toulouse, lycée des Arènes Manivette Moussu T E Lei Jovents L’Horloge Les Editions du Gabian Mehdi Mulhouse Unité locale d’enseignement, maison d’arrêt de Mulhouse Les plus anciens se souviennent sans doute du groupe Massilia Sound System dont le leader Tatou est à l’origine du projet Moussu T E Lei Jovents, groupe basé entre Marseille, La Ciotat et Recife au Brésil. Ce nouveau groupe s’inspire du Marseille des années 1920-1930, symbole de toutes les libertés musicales. Ce désir de liberté se retrouve dans l’album Putan de cançon (putain de titre !!!) sorti en 2010 et dont est extraite la chanson L’Horloge. Ce morceau, (comme tous les autres de l’album), emmené par l’accent marseillais du chanteur à la tchatche communicative, est vraiment agréable à écouter et à faire écouter. La musique rappelle le meilleur de Manu Chao (mélange de rythmes sudaméricains et de riffs de guitare empruntés au rock). Cet alliage réussi produit un véritable envoûtement qui donne envie de l’écouter encore et encore. Le sample (morceau de musique mis en boucle dans la chanson), amplifie le thème du temps qui passe et on est pris dans la spirale ! Le texte, entêtante ritournelle, est construit autour de l’antithèse superflue de nos existences – “On perd notre temps à s’enfuir/On perd notre temps à ramer/On perd notre temps à courir/Pour être en tête a l’arrivée” –et nous invite à revenir à des valeurs essentielles : rire, aimer, écrire… Le refrain comporte des paroles en occitan, ce qui lui donne une forte identité culturelle. Quand on l’écoute, on part en vacances. A notre époque, on n’a plus le temps de rien, prendre son temps est le plus grand des luxes… A la fin des 3 mn 54, on est convaincu qu’il faut arrêter l’horloge et profiter de la vie. Quand on est privé de liberté, c’est notre vœu le plus cher ! August Hijlkema Toulouse Lycée des Arènes L’horloge tourne pour Moussu T E Lei Jovents, le groupe qui a su se réapproprier la musique marseillaise traditionnelle. Les paroles évoquent en rythme la société dans laquelle nous vivons et le temps qui passe, passe et repasse, comme gaspillé et dont personne ne profite réellement. Grâce à une utilisation accrue du banjo, nos artistes Tatou, Blu, Deli-k et Jamilson Da Silva ont réussi un brassage des peuples au cœur d’un morceau plein de culture occitane, entre tradition et modernité, entre local et international. Leur mix musical est le reflet du folklore portuaire propice à une société multiculturelle qui passe par les bars du port phocéen. On ne prend plus le temps d’attendre : déjà depuis 2004, le groupe basé à La Ciotat (à l’est de Marseille) s’inspire des musiques noires des année 1930 et utilise un rythme rapide dans un style blues, jazz et une pointe de musique occitane. Le titre incarne une véritable ouverture sur le monde qui nous laisse là, à réfléchir sur les valeurs universelles. Le temps passe mais l’on ne sait pas en profiter, c’est le temps qu’on gaspille “pour être en tête à l’arrivée”. Alors on se noie dans une suractivité pragmatique pour oublier qu’on ne sait plus rêver et exister. Nous pouvons tous nous reconnaître à travers cet indéfini “on” en quête du bonheur pour quelques secondes. Ronsard nous l’avait déjà dit : “N’attendez à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie” dans une place secrète avant que l’horloge ne s’arrête. le meilleur des autres Oui, cette musique nous fait comprendre que le bonheur de vivre est la chose la plus importante au monde, ce que le rythme effréné de notre vie moderne contredit par ailleurs chaque jour ! Julia Pontdemé, Mirepoix, lycée de Mirepoix chroniques lycéennes les inrockuptibles VII Iaross T’avances Baptiste Guarry Petit Tulle Lycée Edmond-Perrier La passion, l’émotion, la violence de l’effort, ce sont tous ces élans qui, du lyrisme à la fureur, viennent mener de morceau en morceau l’album concept Ventre, véritable démonstration de l’appétit de vivre du Montpelliérain Iaross. Groupe parti en 2008 du projet solo du violoncelliste, guitariste et chanteur Nicolas Iarossi, mais bientôt élargi par l’arrivée du percussionniste Germain Lebot et du guitariste-claviériste Colin Vincent, ce trio parvient à faire rejaillir les ressentis les plus profonds, ceux qui nous viennent droit des tripes, à travers un travail instrumental plein de métissages, allant des envols passionnés du violoncelle aux rythmiques tribales et exotiques, doublé des déclamations haletantes de Iarossi. Mais quand vient le temps d’exprimer l’intensité de l’effort, toute la violence qui anime et contraint l’homme dans sa marche frénétique, c’est Vincent qui nous emporte avec ses riffs dopés jusqu’à l’overdrive, lançant la cadence saccadée de T’avances. Libérant le cri intérieur, celui que l’on ravale sans cesse, il mène sa course folle, avec à son côté Nicolas, scandant à travers l’effort toute la grandeur de notre progression implacable, si intense. Malgré les coups, “avec le sourire en face et le poitrail ouvert”, nous avançons, et c’est un violoncelle lancinant qui vient nous rappeler, avec une certaine amertume, la misère de notre condition. Pourtant, nous repartons, encore et sans cesse, accompagné par cet hymne à l’acharnement. Lucie Heim Besançon Lycée Louis-Pergaud T’avances, une chanson qui vient du Ventre, album du jeune groupe montpelliérain Iaross, nous offre un texte à la fois émouvant, sensible et puissant. Bercée par la mélodie du violoncelle, la voix grave de Nicolas Iarossi nous plonge dans la violence de la vie, le spleen, la souffrance. La guitare électrique de Colin Vincent ajoute de la force à cette chanson en créant une mélodie forte et rapide, quasi obsessionnelle, comme la batterie et les percussions de Germain Lebot qui rappellent les détonations d’un champ de bataille. Les paroles sont répétitives, comme pour marteler les coups au corps et à l’âme, comme pour affirmer la noirceur de la vie. Ce texte engagé dénonce une société conditionnée qui ne réfléchit plus, qui ne se pose plus de questions. Titre à la fois rock et poétique, T’avances sort véritablement des tripes d’un artiste tourmenté et talentueux. A écouter de toute urgence ! Joshua Maraval Orvault Lycée Nicolas-Appert Iaross, c’est un voyage au plus proche de notre société. Une vision différente des ténèbres du cœur humain transmise par une voix appuyée par un violoncelle, le tout rythmé par des percussions. La voix de Nicolas Iarossi, souvent rauque, parfois rock, est superbe. Captivante, presque hypnotique, comme une caresse qui nous prend aux tripes. Son violoncelle, lui, reprend, attaque, rétorque et enfin relâche son étreinte qui nous tient en haleine pour le plus grand plaisir. Germain Lebot emploie ses percussions pour nous dévoiler le paysage ainsi qu’une facette onirique de la musique. Sous leur travail talentueux se dessine une mélodie qui nous emporte dans un monde en effondrement. Dans ce monde, elle avance, et on la suit dans un enfer féerique où la mort se mêle à la lumière. Sans se laisser réfréner par ces obstacles, quelque chose d’autre avance, alors on l’accompagne. Ce faisant, c’est une véritable fresque de la vie que le groupe nous dévoile, derrière le nom : T’avances. Même s’ils ne se sont croisés qu’en 2009, ils parviennent à ne faire qu’un à travers la musique. La critique du monde actuel, qui oublie nombre de personnes défavorisées, est bien présente. T’avances s’annonce comme une bouffée d’espoir et de courage : à écouter absolument ! le meilleur des autres Issu de l’album Ventre, ce morceau, bien que peu joyeux, réjouit tout de même par son intensité musicale et les paroles, quoique rébarbatives, retranscrivent bien la situation actuelle en France : on souffre, mais on avance… L’envie de s’en sortir, de survivre, malgré les difficultés, domine toujours. François Parisot, La Rochelle, lycée Hôtelier Balabagui Les passants A/C Balabagui Alix Jolivet Nevers Lycée Jules-Renard Trio talentueux encore trop méconnu, Balabagui mérite pourtant toutes les attentions. Olivier, Claude et Benoît nous offrent ici un titre mélodieux et bourré de charme, autant par ses paroles simples et efficaces que par son instru tranquille et paisible. Il en faut peu pour être heureux, et ici, deux guitares, un balafon et quelques percus suffisent à nous faire rêver. Les Passants est un délice pour les oreilles et n’en finit pas de nous surprendre. Bercé par les influences de Tryo et Sinsemilia, ce petit groupe suisse s’en sort vraiment bien. Les Passants est à la fois une envie de rêver et d’échapper à toute cette foule, et l’on peut dire que le résultat est franchement réussi. Avis aux amateurs, régalez-vous ! Naïs Favre Faurre La Rochelle Lycée René-Josué-Valin 2010. Une aventure commence. Le groupe Balabagui sort son album En passant. Mélange de chanson française et de musique semblant venir d’ailleurs, hors des sentiers battus, entre jazz et musique du monde. Sur ce merveilleux album, Les Passants est de loin l’un des plus beaux morceaux. Cette musique qui, au premier abord, nous laisse indifférents, se caractérise par son originalité : un balafon, instrument peu ordinaire dans la chanson française, vient rythmer la chanson et deux guitares (électrique et classique) l’accompagnent tout au long de cette douce mélodie. Au début, Benoît Meylan, de sa voix paisible, fait vibrer VIII les inrockuptibles chroniques lycéennes la musique en nous exposant la vie habituelle des gens, ceux qui se pressent dans le métro, dans la rue… Puis il parle de cette foule qui nous submerge, de la monotonie de la vie, à travers la mélodie lente et les paroles répétitives. Mais cette chanson peut aussi nous faire rêver car on entrevoit l’espoir de se démarquer, de quitter ce rituel monotone en partant loin d’ici . Alors, peu à peu, la mélancolie nous envoûte et nous transporte sur une terre inconnue, distante de toute habitude. Avez-vous déjà ressenti un tel bonheur ? Edward McKenzie, Momme Rickmers et Mac Nelson Genève Ecole internationale de Genève Un trio, venu d’un pays froid, qui ne manque pas de chaleur et de chocolat. Mais de quel pays parle-t-on ? De Séchry en Suisse bien sûr ! Mesdames et messieurs, voici voilà le trio de Balabagui ! Les membres Benoît Meylan, Claude Luisier et Olivier Gumy jouent une musique onirique et la chanson Les Passants parle des rêves… Avec seulement deux guitares et un balafon, cette chanson est simple et simplement géniale. La mélodie est tranquille et a un bon rythme. En 2011, le trio a gagné le prix Vote du public du festival Voix de fête, à Genève ; ils étaient également invités par de nombreuses stations radio. En 2010, ils ont sillonné la Suisse pour leurs concerts : Genève, Lausanne, Lutry. Vous avez de la chance, ils vont revenir en 2012 ! Quelle bonne nouvelle ! Prendre le temps de respirer, de se laisser flotter ici et ailleurs, ça vous prend au cœur. Le son du balafon, apaisant, et celui de la guitare rythmique donnent un air un brin africain et l’absence de percussions crée une sensation de tranquillité. La mélodie est langoureuse comme les vagues qui viennent caresser la plage, tout est joyeux et paisible. Ils ont beaucoup de talent, ils sont exceptionnels ! C’est de la MUSIQUE, de la vraie ! Vive Balabagui ! le meilleur des autres Le texte de la chanson Les Passants joue beaucoup sur les sonorités des mots. La superposition des deux voix donne un effet de profondeur et une dimension presque mélancolique. (…) Mais l’ensemble reste très sage, très gentil, et ne se démarque pas de la variété pop diffusée. Samuel Delhommeau, Clermont-Ferrand, lycée Jeanne-d’Arc Simon Vanrie Eté 67 Passer la frontière Team for Action/TV/Strictly Confidential Claire Lepoutre La Rochelle Lycée Léonce-Vieljeux Alors, prêts à partir ? Comment, vous n’avez pas encore bouclé votre valise ?! Ne vous inquiétez pas, accrochez vos oreilles et la musique fera le reste. En effet, Passer la frontière emporte loin du rivage. Un petit rythme balançant, une voix vibrato touchante à souhait, et vous voilà marchant au côté d’Eté 67, au-delà des impasses de l’existence. Accompagné de son harmonica, fidèle ami de voyage, le chanteur évoque une rupture qui le fait souffrir. Bien qu’il raconte sa détresse avec l’air indifférent d’un baroudeur averti, on comprend cependant qu’elle est bien réelle. Reconvertis en nomade, il vous faudra combattre “les démons qui (nous) gouvernent” et admettre qu’il faut “croire en l’avenir”, même si l’errance semble être la seule issue possible. Offrant un final ébouriffant, les instruments finiront alors par vous ramener sur la berge plein d’espérance – à notre plus grande surprise –, déposant des petits grains de gaieté au fond de vos poches. En somme, Passer la frontière est une jolie petite chanson émouvante, qui mérite bien de faire le détour. Amateurs d’évasions, soyez au rendez-vous ! Julie Mourier Romans-sur-Isère Lycée Horticole Après leur succès en 2006, Eté 67 revient avec son deuxième album, Passer la frontière, semi-acoustique aux accents folk-rock americana. Après quelques années d’absence et de silence, le groupe Eté 67 réapparaît sur les ondes avec un nouvel opus, d’un nouveau registre, cette fois-ci plus personnel. En effet, le chanteur décidera de parler de ses émotions, de son ressenti sur la vie, de son passage entre deux frontières : l’adolescence et la vie adulte. Les paroles simples de la chanson Passer la frontière donnent de la légèreté au texte. La détresse, le côté poétique font naître une belle histoire. On perçoit dans cette chanson une certaine dichotomie : l’artiste pose un texte fondé sur le champ lexical de la tristesse, du remords, du ressenti et de la nostalgie sur une mélodie joyeuse, entraînante. chroniques lycéennes les inrockuptibles IX Stella Noiret Neuvio Lycée Henri-Queuille Passer la frontière du groupe Eté 67 rappelle les vacances. Son rythme tranquille comme l’eau qui coule détend et nous plonge dans nos souvenirs. Elle nous entraîne dans des rêveries vers le Grand Ouest américain, l’harmonica et la guitare sèche font songer au cow-boy solitaire des plaines. La mélodie douce et rythmée nous montre un paysage de nature, de vastes espaces. Les paroles, une histoire d’amour improbable qui pousse un jeune homme à partir loin pour oublier, m’ont touchée car beaucoup de relations amoureuses sont impossibles, et quand la tristesse s’abat sur nous, on aimerait pouvoir tout plaquer et s’en aller loin, passer la frontière et voyager à travers le monde… le meilleur des autres Avec sa mélodie ensorcelante de country et jazz, le groupe Eté 67 “passe la frontière” pour décrire les sentiments d’un amour écrasé. (…) Enrichir la vie avec de l’amour et savourer le bonheur, la source de la vie, plutôt que se noyer dans la douleur. Alexander Holmskär, Didrik Prohorenko, Jonna Oukili, Haninge (Suède), Lycée Fredrika-Bremer Claude Gassian Daphné Où va Lila Jane ? Polydor/Universal Maureen Chéreau Nantes Lycée La Colinière Daphné s’offre une virée en gondole à travers les canaux de Venise. Pour ensuite naviguer sur le Grand Canal et débarquer sous le pont du Rialto. Elle penche sa tête en arrière et devine un brin de ciel bleu qui traverse un joli laurier-rose. Daphné est partie, elle rêve à présent : un long voyage prend place. Après le chemin de l’Emeraude et celui du Carmin, Bleu Venise peut en être la fin. Premières notes, premières émotions. Lila est là. Dans un rythme paisible où les guitares s’imposent. Les cordes indiquent la route pour Venise. Bleu azur, “herbes folles”, là “où la beauté nous console”. Un soleil qui inonde, une pluie qui sèche. Daphné sait faire rêver. Sa voix aiguë est une magnifique découverte : la voie sûre pour Lila. Un court chemin, ce qu’elle ignore. Cette lumière intense qu’elle aperçoit à l’horizon semble s’éloigner. Daphné ne peut donc que la faire valser à travers plaine et fraîcheur. “Lila Jane” nous dit Daphné, mais Lila reste à penser. Une question reste présente : “Mais où va Lila Jane ?” Ecoutez… et vous le saurez ! Sarah Julhe Toulouse Lycée des Arènes “La musique est un autre moyen de locomotion”, et elle a bien raison ! Dans son troisième album, Bleu Venise, Daphné nous fait voyager, non pas dans la ville immergée, mais vers son univers doux et lyrique. Nous avions déjà traversé le sable et la brume, volé dans les airs sur le dos d’un oiseau dans les albums précédents L’Emeraude et Carmin. Ici, nous embarquons à bord d’un bateau sur des fleuves inconnus (peut être vers l’est X les inrockuptibles chroniques lycéennes d’Eden ?). Partir… Dans le monde où nous vivons, ceci est plus qu’une simple envie, nous avons besoin de nous évader. Comme le personnage de Lila dans son single, nous partons à la recherche d’un paysage idyllique sur un chemin incertain, guidés par sa voix cristalline. Elle écrit elle-même ses textes mais elle n’est pas seule pour autant : Larry Klein a fait les arrangements. L’ajout des cordes ne fait qu’approfondir le travail sur l’émotion de Daphné, toujours dans la même direction, et si l’on ne sait pas où va Lila Jane, on peut être sûr que Daphné poursuit son chemin de gloire. le meilleur des autres Le rythme de ce titre, ainsi que ses paroles, nous entraînent dans un monde paisible et merveilleux. L’orchestration pop et les instruments classiques laissent bien deviner la rêveuse personnalité de notre chanteuse… Sandra Mernier, Reims, lycée Libergier Philippe Lebruman Jérôme Van Den Hole (avec Camille) Debout Sony ATV Music Publishing/Kléa Music Livia Jouan Toulouse Lycée des Arènes Marre de la routine, du train-train de tous les matins ? Révoltez-vous aux côtés du duo pimpant de Camille et Jérôme Van Den Hole, les deux gamins qui clament leur ras-le-bol sur un ton provocateur assez juvénile. Avec deux voix qui s’accordent sur un piano omniprésent, la chanson pop nous balance et nous entraîne dans une désobéissance au réveille-matin. Mais Jérôme n’est pas un endormi, le trentenaire malicieux formé au chant lyrique nous livre un premier album plein d’humour et de cynisme. Etre debout, ce n’est pas rentrer dans le moule des aspirations de tout le monde mais être à l’écoute de soi et savoir s’affirmer contre toutes les sollicitations de la société. Alors, rassurez-vous, votre heure viendra ! Audrey Gombert Toulouse Lycée des Arènes Réveil difficile ? Laissez-vous donc entraîner par ce duo enjoué qui vous incite à danser ! Jérôme Van Den Hole nous fait découvrir un univers jovial, relatant le quotidien avec légèreté, dans lequel la talentueuse Camille apporte son légendaire petit grain de folie, tout en féminité. Jérôme est un jeune trentenaire qui, au cours de son premier album éponyme, se dévoile à travers des jeux de mots dont lui seul a le secret. Il affirme ainsi sa fierté, revendique une forte personnalité et se révèle être un homme à part entière, unique en son genre et allant à contre-courant de la société. Ce chanteur de formation classique se livre ainsi sur une mélodie pleine de gaieté, apportant un véritable vent de fraîcheur à la chanson française. Si, comme Jérôme Van Den Hole, vous haïssez ce fameux réveil qui sonne toujours trop fort et trop tôt, si vous non plus ne voyez la nécessité de vous lever le matin alors que la fatalité de la vie nous rattrapera tous un jour ou l’autre mais que, comme lui, vous ne tenez plus en place à l’écoute de cette chanson, que vous commencez à tapoter du pied, que vous esquissez un petit déhanché et hochez la tête sur ce morceau, alors debout ! Debout, dansez, que vous soyez jeunes ou vieux, joyeux ou tristes, et entrez dans l’univers merveilleux des songes. Benjamin Caceres Mirepoix Lycée de Mirepoix Un coup de boost au réveil ! Jérome Van Den Hole débarque sur la scène musicale avec une musique qui a du peps et qui renouvelle la chanson française. Issue de son album éponyme, la chanson Debout est interprétée chroniques lycéennes les inrockuptibles XI de façon bondissante avec Camille. Cela pourrait bien devenir un remède pour les lève-tard : rien de tel qu’un instrumental dynamique, du piano et des percussions efficaces, des voix musclées et des textes drôles pour sauter du lit ! Les paroles humoristiques aux liaisons osées et ingénieuses peuvent amuser ou choquer la France qui se lève tôt… Pourtant il y a bien plus qu’une provocation dans la chanson, c’est un appel à se lever, se redresser, à résister pour tous. Ce refrain qui claque, qui pénètre en vous comme une décharge électrique exprime un ras-le-bol. Je vous confie mon coup de cœur pour cette phrase qui résume tout : “Quelquefois désobéir à son réveille-matin, c’est la façon la plus sûre d’être debout” ! Ce beau paradoxe est un clin d’œil à tous les paresseux grands travailleurs, à tous ceux qui doivent livrer une bataille épique chaque matin ! le meilleur des autres C’est en sortant de sa nuit, au réveil des utopies populaires, que Jérôme Van Den Hole nous conte son désir de désobéir. Dans sa chanson Debout, il scande avec l’énergique Camille un hymne à l’anticonformisme pendant que des notes syncopées de piano se répètent, à l’instar des Scissors Sisters. Lucile Chevalier, Nantes, lycée La Collinière Le chanteur-slameur rémois a convaincu son public en donnant une prestation riche en diversité, dans l’échange et la bonne humeur. par Soumia Igharben, Marie Cinqueux-Rosens, Marine Linarès, Marie Dumora et Naomi Dejours, lycée Pape-Clément, Pessac a direction de la Culture de la ville de Pessac a accompagné tout au long de l’année les projets du lycée PapeClément à Pessac et, grâce au soutien du rectorat et du Conseil régional d’Aquitaine, ceux des lycées des Graves à Gradignan et Jean-Moulin à Langon. Les élèves de ces établissements ont ainsi bénéficié de plusieurs interventions de professionnels et, cerise sur le gâteau, d’une rencontre avec l’artiste Barcella, suivie d’un concert au Galet. Compte-rendu de la rencontre avec Barcella au lycée Pape-Clément à Pessac. L Lundi 19 mars, notre rencontre avec Barcella a été très surprenante. Nous le connaissions déjà grâce à la sélection Charles Cros et à notre participation aux Chroniques lycéennes, avec le titre Saperl’Hip Hop. Mais la chanson n’avait pas attiré notre attention. Nous étions loin de nous douter que nous allions assister à un tel concert. Installés dans la salle, plus heureux de rater des cours que d’assister à un concert, nous nous sommes tous demandé à quel genre de spectacle nous allions assister. La douce léthargie de ce début d’après-midi plus propice à la sieste qu’à la fête a laissé place à une ambiance plus sympa, accentuée par des effets de lumière surprenants. Des parapluies lumineux qui semblaient flotter dans l’air donnaient à la salle un aspect fantaisiste voire fantastique. Les musiciens ont fait leur entrée. Afin de nous mettre dans le bain, ils ont chanté une première chanson. Barcella s’est ensuite présenté. Une fois sur scène, cet artiste qui, il y a encore quelques jours, nous était Thierry Créteur les cours c’est ici, le Barcella totalement inconnu, commençait à nous intéresser et nous avions envie de le suivre dans son monde si singulier. Il a mêlé différentes inspirations, du cynisme bienveillant à la confidence mi-intime, mi-drolatique. Il est comme un comédien sur la scène et modifie son corps et sa voix, implique ses musiciens et fait rire le public qu’il prend en photo avec son smartphone. Barcella nous a séduits car il ne se contente pas de chanter ses chansons dans une ambiance monotone, il anime la scène. Ses chansons plus originales les unes que les autres ont su éveiller notre attention, mêlant humour et tendresse, poésie et touche de slam. En une heure, Barcella nous a dévoilé son monde, nous faisant voyager à travers son enfance et ses souvenirs. XII les inrockuptibles chroniques lycéennes Conquis par sa prestation, nous sommes restés une heure de plus avec lui. Nous voulions en savoir plus sur ses textes si insolites et excentriques, sur ses chansons rythmées et recherchées. Nous avons discuté sur sa vie, ses inspirations. Il a détaillé sa vie d’intermittent du spectacle, sa formation à l’IUFM pour devenir professeur d’EPS et son choix de la musique. On a appris que sa mère est professeur de français et qu’elle est fière de voir comment son fils joue avec la langue avec ce talent si particulier qui rappelle celui des troubadours. Vers 16 h 30, Barcella a repris le cours de sa vie et nous notre cours d’histoire ! Nous lui souhaitons une belle et longue carrière, en espérant le revoir dans d’autres concerts. 2 questions à… Barcella Comment définissez-vous votre style ? Barcella – C’est de la chanson à textes, c’est-à-dire qui met le texte, dans un premier temps, vraiment en avant. Après, les influences musicales sont très variées. Ça renvoie plus à une idée politique de mon projet : c’est le souci d’une ouverture universelle. Avec mes musiciens, on passe par le hip-hop, par l’accordéon-chant, le jazz, un peu de swing, sans oublier de mettre le texte en avant, systématiquement. Vous évoquez dans votre chanson Saperl’Hip Hop votre passion pour la langue française. Avez-vous hérité ce goût de votre mère, prof de lettres ? C’est principalement parce que ma mère m’a éduqué à la littérature que je me suis mis à aimer les lettres. Après, en travaillant tous les jours au niveau de l’écriture, il y a quelque chose de très introspectif qui m’aide à me comprendre moi-même. Mettre des mots sur mes expériences, mes doutes, mes joies, mes émotions me permet déjà de les comprendre, parfois de les dépasser et de rencontrer la sensibilité des gens, de confronter ma sensibilité à celle des autres. Célène Theillaumas et Margot Peaudecerf Savigny-leTemple, lycée Pierre-Mendès-France transcription Marie Ranieri propos recueillis le 8 mars au Café de la Danse à Paris Barcella Saperl’Hip Hop Ulysse Productions/L’Autre Distribution Mallory Duhamel Nantes Lycée Guist’hau Avec la crise on voyage quand ? Barcella, un billet à bas prix ! Pour un retour à la verve française. Les poètes d’antan vont enfin cesser de se retourner dans leur tombe. La langue française se meurt-elle ? Non, elle change et ses défenseurs actuels nous épatent avec des jeux de mots à faire blondir Larousse. Ce troubadour des temps modernes atterrit en 2012 et mélange les styles : slam, hip-hop, jazz… donnant grâce à la poésie. Tendez l’oreille pour attraper au vol les mélodies pleines de vie de Barcella. Cette brise aérienne de la clarinette soufflant nord-nord-ouest peut rendre fou. Les cuivres de cet univers musical battent la mesure en cadence, qui entraîne nos corps dans une danse sans nom. Et quelle délivrance lorsque l’on entend cette voix chaleureuse. Il sait éveiller le lyrisme qui nous anime et faire vibrer de nouveau nos cœurs d’enfant. Dans un argot de cette époque et d’une autre, Barcella défend sa personnalité : imaginaire débridé par des textes entraînants et drôles. Mais attention, l’aventure auditive peut être semée d’embûches. Les aventuriers de toutes générations trouveront dans ce texte un bon moyen de s’évader. Un crash ? Barcella Airline offre une sécurité irréprochable et des pilotes talentueux. Mais si vraiment un doute vous traverse l’esprit, n’hésitez pas à acheter une boîte noire (appellation internationale pour dire CD) pour avoir l’historique de ce voyage ! Pierre Dréan Ploërmel Lycée La Mennais Evidemment, lorsque l’on me remet un CD garni de “chansons pour lycéens”, je me méfie. Ma chaîne hi-fi va-t-elle le supporter ? Le lecteur avale prudemment le CD. Première piste... Une image, une seule : Les Triplettes de Belleville. Saperl’Hip Hop est une chanson en noir et blanc, de cette époque disparue et regrettée des années 1930, avec son accordéon enchanteur qui se contorsionne et lance au chanteur des plate-formes musicales, sur lesquelles Barcella prend son élan avant de lancer à son tour des mots qui flottent un instant dans les oreilles avant d’imprégner le cerveau. chroniques lycéennes les inrockuptibles XIII La mélodie se rapproche des valses d’antan, tourbillonnante et sautillante, et la voix, aux sonorités incontestablement hip-hop, prend parfois des accents de jadis. Ses paroles sont simples, entraînantes, et très loin des suites de mots balancées dans le rap d’aujourd’hui. Les phrases contiennent un sujet, un verbe, un complément, ainsi que quelques subtilités qui font sourire. Résultat, on se surprend à reprendre le refrain et à dodeliner de la tête, et lorsque la chanson se termine, on la relance. Je n’ai soudainement plus du tout envie d’écouter la suite du CD. Mais c’est mon devoir de lycéen. Je pense aux soldats qui meurent au combat, aux professeurs qui lisent des centaines de textes chaque soir, aux innocents qui pleurent dans leur cellule et j’appuie sur play. Barcella ne fait pas de la variété française, il fait de la musique… le meilleur des autres Barcella nous fait explorer les mots de la chanson française, nous laisse errer dans son flow qui nous balance. Quelle virée ! Il sait manier les sons sans “bols de rimes à deux balles”, jouer avec les mots comme un clown avec ses balles. Il nous met en garde contre “les clones en manque de style”. N’hésitez pas, prenez un billet ! Théo Fredon, Surgères, lycée du Pays-d’Aunis côtoient, permet à la nouvelle étoile du rock de briller. Sans grande fatigue, tout en prenant son temps, sans grande fatigue tout en restant décadent ; Melissmell a su suivre le bon vent. Vent que l’on sent, vent que l’on entend. Nous menant tout directement à la pyramide du succès que Melissmell n’a pas encore fini de gravir et ça, pour un bon bout de temps, au premier plan. Wendy Marechaux Perpignan Yann Orhan Lycée Léon-Blum Melissmell Sens ma fatigue Discograph Estelle Chevalier Daï Longchamp Lycée de la céramique Henry-Moisand Peu de texte mais riche en émotions, Sens ma fatigue dénonce une société hyper-active, qui va trop vite au goût de Mélanie Coulet, la chanteuse du groupe. Sans pour autant être explicite, Melissmell laisse entendre qu’aujourd’hui nous ne prenons plus le temps de vivre posément : eh oui, la fatigue nous pèse ! En s’adressant à un interlocuteur inconnu, la chanteuse demande à ce que l’on s’intéresse à elle sans faire de simagrées. Mélanie joue sur les homophones et les anaphores pour insister sur sa lassitude récurrente. Grâce à ces sonorités répétitives, le texte reste imprimé dans notre mémoire et l’on se surprend à fredonner cet air. Melissmell est un groupe français qui s’est formé en avril 2007 : il associe dans ses chansons des textes à la fois poétiques et révoltés, le tout sur des rythmes rock. Mélanie Coulet crée un sublime contraste entre la musique lancinante et sa voix rauque et poussée, qui nous ouvre les porte de son univers. Un véritable méli-mélo de sonorités ! On ne peut écouter Melissmell sans se rappeler, avec nostalgie, les mélodies de Noir Désir. Matthieu Bertorello Toulouse Lycée des Arènes Mené par la puissante Mélanie Coulet, le groupe Melissmell entre avec fracas sur le devant de la scène musicale française. Reflétant une société où la jeunesse peine à se faire entendre – et dont les maux/mots ne sont pas toujours compris – le groupe entremêlant rage, militantisme mais aussi grande diversité instrumentale, parvient à affirmer tout haut ce que tout le monde pense tout bas. C’est après un premier ep intitulé Fleur 2πR que leur premier album Ecoute s’il pleut a vu le jour. Défendu par le très engagé Sens ma fatigue, premier single de l’album, dévoilant une société qui appelle à la liberté et au besoin de s’assumer, le premier opus tient toute ses promesses. Par sa voix écorchée, parfois même fébrile, mais dont la puissance est assurée, Mélanie Coulet apporte une touche décadente à Melissmell, rendant la palette musicale du groupe véritablement unique. Sans faire de signe indécent, “Sans souvenir du récent”, ce groupe réinterprète un nouveau monde. Ainsi, dans le magnifique Aux Armes, il dénonce la disparition des valeurs comme l’égalité ou la fraternité. A l’heure où beaucoup tentent avec peine de chanter le “vrai” monde, Melissmell, par sa simplicité et ses convictions, remplit avec brio le challenge. Ce mélange musical, où textes poétiques, violoncelle et mélodies rock se XIV les inrockuptibles chroniques lycéennes Melissmell est un groupe français, crée en 2007, mêlant des textes poétiques et révoltés à des mélodies rock. Le nom du groupe est surprenant : Melissmell est le surnom de la chanteuse du groupe, en référence à son prénom Mélanie. Mais il évoque aussi la chanson Smells Like Teen Spirit de Nirvana, la mélisse et la technique vocale du mélisme. Tout un programme ! Les chansons de ce groupe de rock alternatif traitent des problèmes de notre société : exclusions, injustices, futilité de l’existence, environnement, crise économique… Leur single Sens ma fatigue est extrait de l’album Ecoute s’il pleut, sorti en 2011. Il explique l’envie de certaines personnes qui rêvent d’une vie plus palpitante avec plus d’émotions et qui essaient de donner un sens à leur vie. Le timbre de voix de la chanteuse provoque des émotions, elle nous donne envie de sortir de notre coin et de profiter de tous les instants avant d’être fatigué de la vie. Ses chansons sont caractérisées par une rage et un militantisme comme Noir Désir ou encore Mano Solo. Sa musique et ses textes abrupts la rapprochent de Nirvana, Léo Ferré et Jacques Brel. Sa voix puissante, et écorchée, évoque Janis Joplin. Un CD plein d’émotion qui va affoler vos sens, à découvrir rapidement ! le meilleur des autres Entre rock alternatif et chanson française, poésie et mélancolie, la voix cassée de Mélanie Coulet crie des vérités et nous transporte dans un univers où Brel et Janis Joplin se seraient rencontrés. La chanson Sens ma fatigue illustre des petits moments de notre vie avec des paroles pleine de vérité et un rythme mettant en valeur la voix de Melissmell. Marion Naulin, Neuvic, lycée Henri-Queuille LVP Les Vieilles Pies Utopie Claire Boyadjis Vaux-le-Pénil Lycée Simone-Signoret Alors ce serait ça la vie ? Une existence monotone, où l’on ne “s’ennuie pourtant point”, à défaut de “s’affairer sans fin” ; une belle image, mais qui ne fait pas vibrer ? Songer à un autre horizon serait peut-être une idée ? “Une utopie m’attend, une de celles qui/font croire en chaque instant à la beauté de la vie”, nous répondent en chœur Les Vieilles Pies. Une voix rauque, pour de douces paroles porteuses d’espoir, tout droit sorties d’une imagination débridée… Cette voix, c’est celle de Gabriel Saglio, chanteur du groupe ; accompagnée de quelques gouttes de guitare d’une douce mélancolie, elle bercera les temps perdus où se rêve la fantaisie d’une vie meilleure. La plume de Saglio n’est pas avare de critiques sur la société actuelle, qu’il décrit comme “un brouhaha”, où la place pour “l’émoi et l’oreille tendue” n’a plus lieu d’exister. D’influences diverses, cette balade musicale véritablement humaniste est empreinte d’une musicalité jazzy et de poésie à la Paul Eluard. La symbiose de la musique de ce groupe atypique avec les notes valsantes du Quatuor Elyss, formé de violons, alto et violoncelle, est littéralement enivrante. Utopie est le véritable succès de l’album Une vie formidable, sorti en 2010, dans le prolongement de leur précédent album, Samedi soir. A notre portée, un texte, ou devrais-je dire une plaine infinie, assortie d’une musique entraînante tel un étalon fougueux. Alors profitons-en pour nous évader vers de nouveaux horizons ! Juliette Coste Tulle Lycée Edmond-Perrier Un accordéon, une guitare. Une voix qui arrive et qui chamboule tout. Issues d’un métissage entre Mano Solo et La Rue Kétanou, Les Vieilles Pies sont une belle surprise ! Entre chanson française et reggae, ils nous invitent à un grand bal populaire. Après des débuts rennais en 2003, et notamment les premières parties d’Olivia Ruiz, Hubert-Félix Thiéfaine ou encore Matmatah, les six musiciens poursuivent leurs aventures à Toulouse. Dans cette ville en 2009, 15 000 personnes leur font confiance lors de la Fête de la musique et c’est dans cette ambiance qu’ils enregistrent leur troisième album Une vie formidable en 2010. Avec un titre emprunté à Jacques Brel, ce nouvel opus est chargé de références : les clins d’œil à Rimbaud et Eluard sont nombreux. Et cette invitation permanente aux petits bonheurs, avec Utopie, en dit long sur leur volonté de profiter de l’instant présent tout en se disant que le meilleur reste à venir. Il y a cette mélodie qui sert parfaitement le texte et qui révèle sa grandeur où le mot d’ordre est de ne “rien rater, rien”. La batterie, le violon et la contrebasse se joignent à cette ambiance festive qui aboutit à un bel hommage à la chanson chroniques lycéennes les inrockuptibles XV française où le rêve est encore permis. Fermez les yeux et laissez-vous transporter. Vous sentez le soleil sur votre peau ? Ce sont Les Vieilles Pies qui passent au-dessus de vous. Il ne reste plus qu’à leur souhaiter un long vol… Laura Guihard Nevers Lycée Jules-Renard Utopie est un morceau du groupe Les Vieilles Pies extrait de leur troisième album Une vie formidable. Six musiciens qui arrivent parfaitement à s’accorder dans un style jazzy, guinguette populaire… Son texte poétique et sa mélodie attachante donnent à ce morceau une teneur mélancolique, ténébreuse… De plus, la voix unique du chanteur Gabriel Saglio envoie une émotion intense qui nous transperce le cœur et nous fait vibrer de l’intérieur. Ce titre nous fait tout simplement voyager, rêver à cette utopie qui nous attend et qui nous fait croire à la beauté de la vie. Attendons le prochain extrait pour confirmer cette magie… le meilleur des autres La musique est un voyage à elle seule, parce que ces artistes de différentes origines mélangent leurs cultures. Ils nous font découvrir des paysages variés. Avec sa belle voix cassée, tel Mano Solo, Gabriel Saglio ne nous laisse pas insensibles. Marie Voisin, La Rochelle, lycée René-Josué-Valin P. Wetzel Les Ogres De Barback Le Daron Irfan, le label Gillian Lamoitte Wormhout Lycée professionnel de l’Yser Hop hop hop, ne vous fiez pas à leur allure déjantée car l’apparence ne fait pas la voix ! Les Ogres De Barback est un groupe qu’on ne peut qu’apprécier. C’est presque énervant. Des gens tellement sympathiques et simples qui ne se prennent pas la tête, qui passent d’un instrument à un autre avec une aisance insultante pour tous musiciens amateurs et qui arrivent encore à nous pondre des chansons qui nous touchent ! On va finir par les détester tellement ils sont parfaits ! Leur différence ? Ils préfèrent exprimer leurs sentiments dans une chanson qui bouge plutôt que de nous endormir et, par là même, endormir nos consciences. Que veulent-ils ? Exprimer leur colère comme leur père, pourtant peu recommandable, leur a appris à le faire en chantant pour une société plus solidaire. Ils ne sont pas méchants pour deux sous, ces ogres là, c’est tout le contraire. Inspirés par Brassens, Ferré, Perret, la culture tzigane ou encore les Béruriers Noirs, Les Ogres De Barback sont les héritiers de la chanson française réaliste. Le Daron est un titre entraînant, au rythme d’orgues de Barbarie qui auraient avalé tout cru un groupe de rock. Alors, laissez tomber Renaud et mettez-vous aux Ogres De Barback. Maeva Clair Mirepoix Lycée de Mirepoix Mathilde, Sam, Fred et Alice ou Les Ogres De Barback, forment un quatuor de frères et sœurs originaires d’Ariège. Musiciens d’un groupe nomade et atypique, ils enchaînent les albums depuis 1994. Le dernier, en 2011, raconte Comment je suis devenu voyageur. Par leur maîtrise parfaite de plusieurs instruments, ils nous offrent un musique ska-rock aux influences tzigane et musette, accompagnée de textes engagés aux divers thèmes comme l’amour des peuples, la mélancolie, les femmes ou encore la famille. Le Daron, justement, évoque la vie d’un père de famille fortement imparfait et victime du “toxiboom” des années hippies, ses coups de gueule et son intransigeance. Son histoire est contée sur un rythme violent, un ton ironique, une énergie incroyable. La mélodie entraînante et joyeuse s’oppose aux paroles XVI les inrockuptibles chroniques lycéennes touchantes mais tout cela réussit à s’incarner dans la voix rocailleuse et fabuleuse de Fred qui sait si bien “chanter sa colère” ! Killian Zirkov Saint-Jean-de-Braye Lycée Jacques-Monod A table, Les Ogres De Barback vous croquent à pleines dents ! Tiré du nouvel album Comment je suis devenu voyageur, Le Daron est une chanson sur un papa bidon qui n’a jamais été là pour son fiston. Une enfance marquée par l’absence et l’attitude médiocre d’un homme égoïste et lâche vis-à-vis de son fils. Ce père de mauvaise foi qui glorifie tous ses défauts fait pourtant l’objet de l’attention de son rejeton, qui tourne cela en dérision. Sur fond de rock musette, cette histoire malheureuse est chantée avec humour et provoque le sourire. Inutile de résister, laissez-vous dévorer par les Ogres ! le meilleur des autres Entre vivacité et fraîcheur musicale, cette famille de chanteurs/musiciens montre son envie de voyage et de nouveauté. Alors, en route ! Nathan Picaud et Vincent Raybois, Niort, lycée de la Venise-Verte Presque Oui L’Autobus Association Presque Oui/Sostenuto/Absilone Rémi Audrain Nantes Lycée Carcouët Hervé Leteuner Partir sur la route, quitter la vie routinière, ennuyeuse… Eh bien, pourquoi pas ? Du moins, c’est ce que tente de faire Thibaud Defever qui nous donne une nouvelle déclinaison du “road again” par l’intermédiaire de L’Autobus. Et on le comprend… Dans un monde qu’il compare à un “trou”, il exprime sa fatigue du quotidien avec ses “surplaces” qui ont transformé sa vie en “rafiot”. Nous sentons qu’il n’en peut plus et qu’il a besoin de s’envoler avant de “prendre la poussière”. Il irait même jusqu’à se “strapontiner” dans la soute, tant son besoin de liberté est grand. En tout cas, ce n’est pas lui qui nous attendra… au contraire, il nous “laisse à nos us” sans aucune hésitation ! Préparez vos affaires, le temps file, et embarquez avec Thibaud Defever dans son autobus. Laissez-vous porter par ses métaphores, souvent comiques, qui réchauffent l’atmosphère et vous redonnent le sourire et la joie de vivre ! Tous à vos sièges, bouclez vos ceintures et en route ! Djena Sekat et Christophe Ruggia Pessac Lycée Pape-Clément Claire Chubilleau La Rochelle le meilleur des autres Cette chanson extraite de leur troisième album Ma bande originale est une véritable métaphore : l’autobus représente la vie avec ses arrêts, ses rencontres, ses surprises mais qui suit inéluctablement sa route. Chloé Cassin et Sophie Rodriguez-Sardeing, Toulouse, lycée des Arènes Alexander Popelier Lycée Léonce-Vieljeux Entrez dans l’univers de Presque Oui, et vous aurez la garantie de ne pas vous sentir à l’étroit ! Après une savoureuse recette d’amour avec Les Perroquets du Périgord, L’Autobus est une échappée chaleureuse et joyeuse. Voyage dans un univers musical automobile, L’Autobus est à la frontière entre ciel et terre. Musique parfumée de saveurs étrangères et épicées, accompagnée de paroles exquises à croquer à pleines dents. Cet hymne au voyage, guidé par des rimes libres, nous ouvre de nouveaux horizons musicaux. Le désir d’évasion et de nouveaux paysages qui rythment cette romance nous donne l’envie de partir vers un monde sans fausse note ! Bref, un conseil : trouvez une place pour vos fesses dans un autobus et savourez pendant deux minutes quarantesix une croisière routière ensorcelante ! Le texte, de facture poétique, transmet un message très émouvant. Il se veut à la fois une description de la cruelle misère qui étrangle le Congo et les conditions déshumanisantes dans lesquelles vivent les étrangers en Occident. Cette chanson est un cri de guerre. La parole est franche, le regard ne se détourne pas de la réalité, même si elle n’est pas toujours facile. La musique, mélange de rythmes passionnés où l’on sent les influences africaines, se marie à merveille avec un texte en français d’une rare qualité. Le grain de voix de ce jeune artiste porte de riches mélodies avec une grande sensibilité. Jeune artiste engagé, Baloji est tout simplement époustouflant ! Baloji Tout ceci ne vous rendra pas le Congo Katuba/Crammed Discs Louise Lepetit Valence Baloji, c’est l’histoire d’un homme de 33 ans aussi connu sous le nom de Mc Balo, rappeur belge d’origine congolaise. Son genre musical oscille entre le rap et la soul, en passant par le jazz et le hip-hop. Issu de son premier album solo intitulé Hotel Impala sorti en 2008, Tout ceci ne vous rendra pas le Congo est une œuvre qui nous met une claque et nous oblige à garder les yeux ouverts sur la situation du Congo. Il exprime à sa façon, par le biais de ses sentiments, à quel point les problèmes de son pays d’origine le touchent. Il donne le fond de sa pensée, en criant sa douleur, nous laissant ainsi entrer dans son intimité. Sortie tout droit du cœur, cette chanson nous fait prendre conscience des problèmes d’un pays qu’on ne connaît pas et dont on parle peu. Sur un rythme musical vif avec des sons africains, latino-américains, du djembé au saxophone, la diversité des instruments étonne. Baloji pousse un véritable coup de gueule où il nous montre son attachement à son pays natal. Une musique autobiographique et engagée. Lycée Loubet Baloji est un jeune rappeur belge d’origine congolaise qui nous fait découvrir son nouveau titre, Tout ceci ne vous rendra pas le Congo. Les pieds en Belgique mais la tête en Afrique, Baloji aborde à travers sa chanson des thèmes qui lui sont chers, il chante sans mélodramatiser une part pourtant sanglante de l’histoire congolaise. chroniques lycéennes les inrockuptibles XVII le meilleur des autres Sa mélodie, rythmée par un tempo afro-soul combine à la fois un univers musical entraînant et dansant et une musique dont Baloji se sert comme support et porte-étendard de son message. Alexandre Cherel, Rennes, lycée Victor-et-Hélène-Basch Gabrielle Sykes Cyril Mokaïesh Mon Epoque AZ Clémence Déchamps Reims Lycée Jean-Jaurès Quand Cyril pleure son époque… Rares sont ceux qui, parmi le grand public, ont entendu parler de ce Français de26 ans, Cyril Mokaïesh. Pourtant, depuis 2007, il a prêté sa plume et sa voix au groupe Mokaïesh : quatre garçons, amoureux de la langue française, épris de vérité et de liberté et qui ont choisi pour exprimer leur révolte la musique rock, façon Noir Désir. En 2010, Cyril se lance dans une carrière solo. “Mon Epoque”, un des titres de son dernier album Du rouge et des passions, résonne à la manière d’une chanson engagée qui critique la société moderne et de consommation ; on apprécie ces textes qui s’inscrivent dans la tradition de Brel, Ferré, ou Saez. Comme l’a si bien dit Didier Varrod, chroniqueur musical de France Inter, “ces chansons font souffler un vent de révolte et de passion dans la chanson française”. Mon Epoque est un texte travaillé : Cyril sait manier l’ironie, jouer avec les mots et cultiver une vraie poésie pour transmettre ses sentiments. En outre, une riche mélodie porte les paroles : une musique rock, héritage du groupe Mokaïesh. A la guitare, Cyril s’appuie sur un orchestre symphonique qui enfle ou murmure au fil de la chanson, épouse les contrastes entre les couplets, pour, enfin, jaillir en feu d’artifice ; tous les instruments nous entraînent, crescendo, dans l’univers intime de Cyril et nous font partager sa vision du monde. Ce jeune talent dénonce avec force et sans détours les travers de notre société sans pour autant exciter ni haine ni violence... C’est ce qu’on aime chez cet interprète, qui, en moins de trois minutes, nous charme et nous réveille. Souhaitons à Cyril de conserver sincérité, poésie et lucidité qui manquent parfois cruellement dans le monde de la chanson d’aujourd’hui. Léo Guibert Toulouse Lycée des Arènes Mon Epoque de Cyril Mokaïesh est un dur retour à la réalité/Du monde qui est le nôtre, fait d’illusions trop peu critiquées/ Durant cette avalanche d’octosyllabes lâchés avec justesse/Violence et vérité nous font l’effet d’une baffe, bien loin d’une caresse/Cyril critique avec force voix les problèmes d’une société de consommation/ Rien ne lui échappe, aucune de ses aberrations/Mokaïesh, dès le premier couplet, commence à dénoncer/ Cette société qui ne vit que par et pour le paraître : terrible vérité/Il joue habilement sur les mots : ici, le mascara/ Est judicieusement comparé au noir que l’on broie/Ensuite, Cyril s’attaque à cet univers où l’argent est prédominant/ Il dénonce furieusement que le compte en banque est déterminant/ Les paroles de Cyril s’attaquent à ce monde matérialiste/Par l’anaphore “Mon Epoque”, sur l’actualité du problème, il insiste/ Cyril Mokaïesh est donc un chanteur engagé aux paroles enragées/ Il s’implique pour changer cette société qu’il ne peut supporter/En chantant des paroles criantes de vérité/Sur une musique rythmée bien loin du rock avant pratiqué/ Il en devient le roi du contraste/ dont la portée des paroles est vaste/ Mokaïesh, par sa chanson Mon Epoque/ Pour changer notre époque, nous donne l’électrochoc. le meilleur des autres On sent qu’il est marqué par la chanson à textes, par Brel pour le souffle inspiré et par Ferré pour la révolte brûlante mais il réussit à tracer sa propre voie(x!) grâce à une écriture moderne, insurgée et poétique. Avec des paroles fortes et sans détour, il évoque notre époque qui “broie du noir”, oppressée par une société consumériste omniprésente et qui profite, s’enrichit sur le dos des pauvres gens. Laura Lavertu, Mirepoix, lycée de Mirepoix XVIII les inrockuptibles chroniques lycéennes Jimmy Hunt Annabelle Grosse Boîte Capucine Blaise, Mona Devaux Lemonnier, Flora Seguin Duplaix Montpellier Lycée Joffre Mais qui est Annabelle ? Une jolie fille dont notre chanteur est follement amoureux ? Une femme qui a gardé son âme d’enfant ? Ou une petite fille qui ne grandira jamais ? Cette Annabelle qui parle à l’envers, qui s’est cogné la tête, et qui possède de magnifiques yeux verts. Cette jeune fille qu’on a du mal à cerner, mais qu’on aimerait connaître. L’ambiance cotonneuse de la chanson nous fait valser dans un autre univers, un monde farfelu, étrange et surréaliste. Un joli mélange de folk et de pop : on se croirait dans un rocking-chair, lors d’une soirée d’été. Une soirée où l’on n’a qu’une envie : se détendre. Jimmy Hunt, un chanteur, un compositeur, un homme qui nous embrouille mais qui nous donne à entendre son amour loufoque pour cette mystérieuse Annabelle. Depuis 2004, avec sa bande d’amis, sûrement aussi dérangée que lui, il compose, chante, et se fait plaisir. Samuel Delhommeau Clermont-Ferrand Lycée Jeanne-d’Arc La chanson dans son ensemble est très originale, autant par le texte que par son aspect un peu “déjanté”. Elle se détache complètement des textes habituels de la variété française par la voix très particulière du chanteur qui est paisible et langoureuse avec un accent marqué… et aussi par l’accompagnement instrumental répétitif, construit sur un ostinato à quatre temps et quatre accords. On remarque une accélération à la fin qui surprend l’auditeur. Je n’aime pas particulièrement l’atmosphère de cette chanson mais j’admire le fait qu’elle se démarque autant par son originalité. L Jalouse Tôt ou Tard Camille Petit Château-Thierry Lycée La Fontaine Se cachant sous le pseudonyme de “L”, Raphaële Lannadère est une jeune auteur/ compositeur/interprète d’origine française. Son premier album, Initiale, est particulièrement prometteur. Déjà récompensée par le prix Félix-Leclerc de la chanson en 2011, cette jeune chanteuse à la voix délicate et mélodieuse nous transporte dans un univers qui nous semble éloigné et imaginaire et pourtant bien familier. Un univers où la poésie domine et où l’amour n’est dit qu’à demi-mot. Jalouse possède un rythme entêtant mis en valeur par un texte poétique qu’L déclame de sa voix douce et de sa sonorité un peu traînante. C’est justement ce contraste entre le rythme rapide et entraînant de la musique et la voix toujours douce, voire paresseuse d’L qui donne à cette musique un petit quelque chose supplémentaire. Un petit quelque chose qui fait rêver, et dont les paroles qui parlent secrètement d’amour ne font qu’accentuer cette impression. Jalouse est une chanson qui, pour finir, est joliment écrite et dont le rythme continue de trotter dans la tête de ceux qui l’écoutent. Marion Brisac et Claire Spada Saverne Lycée Leclerc Jalousie, nom féminin : sentiment d’envie à l’égard de quelqu’un qui possède ce que l’on n’a pas ou ce que l’on voudrait avoir. Sentiment souvent accompagné d’hostilité et de dépit. La chanteuse Raphaële Lannadère, plus connue sous le pseudonyme de L, connaît bien ce sentiment. Sa chanson Jalouse est tirée de son premier album Initiale sorti en 2011. De sa voix à part, à la fois rauque et douce, cette jeune femme de 31 ans nous fait entrer de plain-pied dans l’émotion, renouant avec la tradition de la chanson française à la fois profonde et poétique. Elle raconte l’histoire d’un amour non partagé, un amour impossible. Elle observe, vibre, souffre, fantasme et fait de nous ses confidents. Nommée aux victoires de la musique 2012 dans la catégorie “Groupe ou artiste révélation du public”, elle n’a pas été récompensée, mais nous sommes prêtes à parier que cette initiale “L”, que la chanteuse dit “empreinte de féminité”, n’a pas fini de faire parler d’elle. Oriane Dumontier et Léa Risser Gradignan Lycée des Graves L et Jalouse ! D’un battement de cils, L fait rimer jalousie avec poésie, pour nous parler d’amour. De sa voix douce et légère se dégage une puissante pensée exprimée chroniques lycéennes les inrockuptibles XIX sans retenue, et des rêves incompris. Ses paroles riches en émotions ont permis à la chanteuse d’être remarquée par des auteurs compositeurs francais tels Matthieu Chédid et Brigitte Fontaine. Sa musique envoûtante s’inspire, entre autres, de ses collaborations avec de nombreux artistes comme Julien Lefèvre ou David Babin, dit Babx, compagnon de longue date. Dans Jalouse, L partage ses sentiments de solitude, d’errance, ainsi que ses pensées les plus profondes. Une chanson tirée d’un premier album, Initiale, où Raphaële Lannadère, de son vrai nom, exprime avec force ses sensations qui nous font nous sentir proches d’elle. Avec un style bien défini, par des textes clairs, et néanmoins très imagés, L signe le renouveau de la chanson française. le meilleur des autres Tout en pudeur et humilité, elle nous mène dans son monde peu commun telle une vague qui emporte tout sur son passage. Elle délave sa musique, lui donne un côté de folie et l’accompagne de toute son élégance et sa délicatesse. Une artiste hors du commun, unique en son genre qui contient une grande force intérieure et beaucoup de puissance qu’elle exprime avec volupté et souplesse. L est un tout harmonieux à l’avenir prometteur. Un grand merci et un immense respect pour cette jeune interprète qui fait déjà partie des plus grands. Eloïse Bruneteau, Poitiers, lycée du Bois-d’Amour Lionel Porte “ils se sont pris au jeu, l’impact pédagogique a été assez phénoménal” chroniques à l’écrou Pendant plusieurs semaines, des jeunes prisonniers mineurs se sont transformés en chroniqueurs. Ou comment valoriser des ados qui ont du mal à se créer un avenir. u quartier des mineurs de la maison d’arrêt de Mulhouse, sont incarcérés des jeunes qui ont l’âge d’être au lycée. Certains sont là pour un ou deux mois, d’autres pour un, deux, voire trois ans ou plus. Beaucoup sont déscolarisés et plus ou moins fâchés avec l’école. Qui dit incarcération, dit frustrations… Ce qui leur manque le plus selon leurs dires (à part leur famille, bien-sûr !), c’est la cigarette pour certains et la musique pour tous. La musique qu’ils aiment écouter, c’est le rap, le rap qui parle de leur cité, de leurs difficultés, de leur mal de vivre, de leur vécu. Quand je leur ai fait écouter le CD des Chroniques lycéennes, la première réaction a été le rejet : “Vous n’êtes pas sérieuse !”, “C’est quoi cette musique de ouf ?”… Ils ont tout de même joué le jeu et choisi une chanson qui les interpellait un tant soit peu. Plusieurs ont opté pour Saperl’Hip Hop de Barcella qui s’approchait le plus A de ce qu’ils avaient l’habitude d’écouter. Mon collègue qui enseigne le français aux détenus majeurs est venu m’épauler pour la rédaction des chroniques. Nous avons dû faire face à beaucoup de réticences : “Ces paroles sont nulles, elles ne veulent rien dire !”, “Il est connu, ce chanteur ?”, “Qui écoute ça ?..” Mon collègue a su trouver dans une chanson choisie quelques paroles qui pouvaient les concerner… et la mayonnaise a pris. Petit à petit, ils sont entrés dans les textes. Leur esprit critique s’est réveillé et s’est avéré constructif. Ils se sont lancés dans la lecture des documents mis à leur disposition concernant les biographies des auteurscompositeurs. Ils se sont approprié le vocabulaire d’une chronique d’une manière assez spectaculaire. Ils se sont pris au jeu, rédigeant très sérieusement leur critique. “Au début, on croit que les paroles sont nulles, et quand on les lit bien, on s’aperçoit XX les inrockuptibles chroniques lycéennes qu’elles sont bien !” Ils ont voulu réécouter les chansons choisies. Pour la prof que je suis, je trouve que l’impact pédagogique a été assez phénoménal : écoute, lecture, recherche, vocabulaire, grammaire et conjugaison, rédaction, tout y est passé. Cet excellent projet a permis à des jeunes de découvrir une musique qu’ils ne connaissaient pas. Il leur a également permis d’avoir une image positive d’eux-mêmes car ils se sont rendu compte qu’ils étaient capables de rédiger une chronique comme des lycéens. D’ailleurs, chaque jour suivant ce travail, ils s’enquéraient de savoir si j’avais bien envoyé les chroniques au magazine (qu’ils ont découvert par la même occasion). Je leur ai tout de même promis de faire suivre leur suggestion d’étendre les Chroniques lycéennes au rap. Cette expérience a été plus que positive et est à renouveler bien sûr. Michèle Schweiss, professeure Pep’s Madiba AZ Hélène Canovas et Sandrine Bagavathsingh Nogent-sur-Oise Lycée Marie-Curie Petit éloge à un homme qui deviendra grand. Florian Peppuy, aka Pep’s, connu pour sa chanson Liberta (2001), rend hommage à Nelson Mandela avec Madiba, paru dans Equilibre sauvage en 2011. Cette chanson engagée raconte l’histoire de Mandela, huitième président de la république d’Afrique du Sud, qui a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix. Pep’s nous fait redécouvrir, encore, son talent dans une mélodie douce, émouvante et nostalgique dans laquelle sa signature est toujours présente. Sa structure est recherchée : anaphore, métaphore, rimes embrassées, et j’en passe ! On retrouve cette mixité des langues, comme dans Liberta, un mélange anglais-français rappelant deux langues parlées en Afrique du Sud. “S’il y a un homme c’est toi/But what have you done guys ?” Pep’s nous empoigne le cœur en chantant, déclenchant un raz de marée, un tourbillon de sentiments. Ces accords récurrents et les percussions rappellent la vie et sa perpétuelle rengaine. A cela s’ajoute, cassant le quotidien, l’innocence du piano. Vers la fin du morceau, un grondement sourd apparaît, nous serre le cœur et nous fait tourner la tête : le violoncelle. Cette chanson douce et poignante est un plaisir pur et raffiné. A coup sûr, Pep’s deviendra grand ! Charlotte Provost Rennes Lycée Victor-et-Hélène-Basch Pep’s, la voix de la liberté. Dès la première écoute, on reconnaît cette voix râpeuse, cette voix qui nous emmène ailleurs. Celle de Pep’s, le chanteur qui nous a fait voyager jusqu’à l’autre bout du monde avec son hit Liberta. Sorti en février 2012, son nouvel album s’intitule Equilibre sauvage. D’après Pep’s, ce nouveau disque, écrit sur les routes de ses voyages, a pour but de “faire transparaître à travers les mots les émotions“. La chanson qui nous fait le plus vibrer est sans aucun doute Madiba. Pourquoi ce titre ? Pour rendre hommage à l’homme qui, dans son clan en Afrique du Sud, s’appelle Nelson Madiba Mandela. Cet avocat qui a participé à la lutte non violente contre l’apartheid et qui est devenu président de “la nation de l’arc-en-ciel”. Cet homme, le seul, le vrai – d’après les paroles de la chanson – qui a donné tout son être afin de lutter contre la ségrégation raciale. Pep’s a choisi d’écrire ce texte profond en mélangeant le français et l’anglais. Etait-ce un moyen d’appuyer les propos de Nelson Mandela ? De montrer que les genres peuvent se mélanger, que cela soit au niveau des mots ou de la couleur de peau ? En écoutant la mélodie, les quelques arpèges de guitare, la voix calme et posée de Florian Peppuy, on ressent la douleur. Une douleur sourde dans les couplets, aiguë dans le refrain. Les mots tranchants nous font frémir et la mélodie en background nous donne une sensation de sérénité. Pep’s raconte Nelson Mandela, sa personnalité, ses motivations, son courage, sa force, tout ce qui a fait de cette personne remarquable, un homme. chroniques lycéennes les inrockuptibles XXI Marion Duthuel Aurillac Lycée Emile-Duclaux Pep’s (alias Florian Peppuy) revient avec un nouvel album, Equilibre sauvage, dont est extrait Madiba, un fabuleux récit de la vie de Nelson Mandela. Un hommage à celui qu’on appelle aussi Madiba. Avec une mélodie lente mais rythmée, Pep’s et sa guitare réussissent à nous plonger dans un profond respect pour Madiba dès les premières notes. La mélodie souligne ses paroles et impose le silence en nous faisant comprendre l’intensité émotionnelle de la vie de Nelson Mandela. Les paroles sont intenses et fortes en émotions : “A toi qui donnes pardon après torture”, “Coupant la soif de sang, donnant l’espoir au temps”. Elles nous content la vie de Nelson Mandela, d’une voix claire et distinguée dont la tonalité se marie merveilleusement bien avec la mélodie. Le contraste entre le chant rapide et la mélodie lente et douce finit par majestueusement s’accorder pour le refrain ainsi que la dernière phrase des couplets : “S’il y a un homme, c’est toi”. Florian Peppuy, une étoile montante à l’avenir prometteur, nous fait vivre son admiration pour Nelson Mandela avec une grande sensibilité. le meilleur des autres Au rythme doux de sa guitare, Pep’s nous transporte de la guerre à la paix, de la souffrance à l’espoir, de l’emprisonnement à la liberté, de la défaite à la victoire. A vos écouteurs, pour un hymne à la liberté ! Isabelle Gonthier, Tanamakoa, lycée français de Tamatave (Madagascar) Archimède L’Intrus Label Jive/Epic Anne Le Gal Ploërmel Direction salle 11. Je pars m’enfermer pour une heure et demie au labo. Derrière sa paillasse, tout sourire, le prof nous attend et claironne : au programme de ce matin, la poussée d’Archimède. Sourires blasés, mines interrogatives : poussée d’Archimède ? Rien de très réjouissant. Je me prends à rêvasser en regardant par la fenêtre. Archimède ? Mais c’est aussi le nom du groupe et le titre du premier album des frères Boisnard, qui sont un peu les frères Gallagher de la chanson française. Je me plonge dans une atmosphère pop and rock. D’entrée, la musique, dynamique et tonitruante, plante l’ambiance de ce nouvel opus, L’Intrus. Un texte judicieux servi par la voix éraillée du chanteur où l’ironie et l’humour se mêlent pour renforcer la dérision de la situation. Je redécouvre alors la vie de cet adolescent à l’âme de poète, incompris dans sa propre famille de beaufs ! Lui ne rêve que de poésie à la Edgar Poe, d’art à la Picasso, quand sa famille ne pense que tuning, body-building ou joints de culasse… Seul, à contre-courant, il livre son combat contre la bêtise ambiante. Impossible d’oublier cette musique au tempo endiablé et son refrain “j’suis l’intrus, l’intello du sérail”. Un cocktail qui permet de retrouver la bonne humeur et donne au rock français un air de jeunesse. Archimède ne renierait sûrement pas une telle création et lui donnerait volontiers un coup de pouce ! Anne-Lise Gorieux Rennes Lycée Victor-et-Hélène-Basch A la théorie, Archimède préfère la pratique. Les nouveau-nés du rock, c’est bien eux ! Un nom de scène qui ne passe pas inaperçu, un look des plus rafraîchissants, qu’on pourrait presque assimiler aux Beatles, et une entrée pour le moins fracassante dans le rock français : c’est Archimède, pas de doute ! Des paroles ironiques et un son de guitare, voilà ce qui fait tout le charme de ce groupe. Après une première sélection aux Victoires de la musique en 2010, les deux frères cartonnent avec leur chanson qui a fait le buzz sur internet, Le Bonheur, et avec un clip loin d’être artisanal, puisqu’il a été réalisé par Sony, avec qui le groupe a déjà signé il y a quelques mois. Sony va alors les montrer au grand public et leur donner l’opportunité de sortir un album intitulé Trafalgar, d’une dizaine de chansons. Parmi elles, L’Intrus, avec une intro rythmée, une intrigue claquante et une façon toujours aussi amusante de faire rimer les mots, nous donne l’envie d’aller acheter l’album en vitesse ! Des vannes bien senties, de la Fabrice Deme ssence Lycée La Mennais dérision et un sens affiné de l’observation : toutes les qualités sont réunies pour faire de cette chanson un remède à la grisaille du temps. Le scénario ? Un Kévin pas comme les autres, mal dans sa peau à cause d’une famille pas très cultivée. Archimède lance encore une déconnade engagée qui sonne comme un écho. Seul petit bémol : un manque d’innovation, une impression de répétition des autres chansons. Mais le public est toujours là, fidèle à un groupe très prometteur qui marquera sûrement la chanson française. Fanny Pruvost Vaux-le-Pénil Lycée Simone-Signoret Eurêka ! Ça serait pas plutôt Archimède ? Ce groupe français, est formé à l’origine par les deux frères Frédéric et Nicolas Boisnard, de Laval, en 2004. Ils ont été nominés aux Victoires de la musique de 2012 dans la catégorie Album rock de l’année. Nous avons la chance d’entendre leur titre L’Intrus, dans lequel on retrouve à la batterie Tess (David Tessier), Cord’ (Thomas Cordé) à la basse, Guillaume Payen à la guitare ainsi que Fred qui fait aussi les chœurs dans les refrains. Quelques frappes de mains apportent un certain peps à la mélodie. Tirée de leur deuxième album Trafalgar, XXII les inrockuptibles chroniques lycéennes sorti en septembre, cette chanson est dans leur style habituel. Dans ces paroles, écrites par le chanteur, l’humour est de mise ! En effet, Nico joue à Kévin, l’intello né dans une famille fan de body-building et de tuning. Lors d’une interview accordée au journal Libération, les deux frères disent se sentir comme “Dutronc de Liverpool”, leurs inspirations étant des deux côtés de la Manche : Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Paul McCartney… Pas étonnant que leur musique fasse penser à la pop anglaise, tout en gardant ce côté frenchy que l’on adore. Ils sont en tournée à travers la France, vous pourrez retrouver ce savant mélange lors d’un de leurs concerts. Ça pétille, c’est entraînant, ça donne le sourire, on écouterait cet album en boucle ! le meilleur des autres Dans le marasme musical et intellectuel de la musique pop et plus particulièrement du rock français depuis quelque temps, le groupe Archimède tire son épingle du jeu. Rythme et structure simpliste, style “gochau-bobo” pseudo rock, ce groupe possède tous les atouts pour briller dans le hit-parade actuel. Neïla Baba Ali Turqui, Alice Bessard, Amine Drame, Camille Labouesse, Myriam Laichaoui, Alexandre Tetrel, Lyon, lycée Debordes Nevchehirlian misère des travailleurs et des exclus. Le texte est sublimé par la force de la musique qui nous entraîne dans un pas de danse rythmé, où l’on voudrait ne plus s’arrêter… Dans cette chanson, Frédéric Nevchehirlian mêle sa voix à celle du poète, avec un talent et une sincérité qui nous vont droit au cœur. Deux grands artistes – que l’on découvre pour l’un, et redécouvre pour l’autre – qui se donnent la réplique pour nous interpeller… Une belle leçon d’humanité ! Frédéric Nevchehirlian est un artiste vrai, qui ne triche pas. Marche ou crève Internexterne Classe de 2S1 La Rochelle Lycée des métiers Pierre-Doriole Frédéric Nevchehirlian, ancien professeur de lettres et artiste confirmé, est un chanteur “poète-performeur” de la scène française qui, dans son deuxième album intitulé Le soleil brille – pour tout le monde ?, met en musique des textes inédits de Jacques Prévert que lui a confiés la petite-fille du poète. Très vite repéré au festival des Francofolies de La Rochelle, une carrière prometteuse s’ouvre dès lors à lui… Le premier essai pour sa chanson Marche ou crève est un succès ; dans cette poésie décapante, Frédéric Nevchehirlian nous fait découvrir un Prévert méconnu du grand public : un homme engagé, révolté, qui dénonce la pauvreté des ouvriers, leur dure condition de vie et leur désespoir mêlés… C’est un texte à deux voix, puisque Nevchehirlian se fait l’écho du poète et crie à l’injustice… La musique met en valeur les paroles magnifiques de Prévert, qui se sert de son art pour dénoncer la misère des ouvriers… La voix du chanteur nous envoûte, le refrain nous prend, le texte évoque un thème encore terriblement actuel : la grève, seul moyen d’expression du mécontentement des travailleurs, qui est devenue aujourd’hui un droit mais qui souvent a été réprimée… Marche ou crève est aussi un formidable chant d’espoir, un appel à la solidarité et à l’engagement… La voix de Frédéric Nevchehirlian, le texte, le refrain martelant et dur ne nous laissent pas indifférents : chacun se sent interpellé. Loin d’être un donneur de leçon, l’artiste fait appel à notre part d’humanité. Marche ou crève, scandé par Nevchehirlian, nous donne envie de croire en un monde meilleur, nous dit qu’il ne faut pas perdre espoir, nous parle de réconciliation et de désobéissance. Cette chanson forte est le résultat d’un mélange d’intelligence et de talent Cette année, cinq artistes de la sélection sont soutenus par le Chantier des Francos : Lisa Portelli, L, Eté 67, Frédéric Nevchehirlian et Jérôme Van Den Hole. Le Chantier des Francos propose depuis 1998, tout au long de l’année à La Rochelle, des ateliers et des résidences de travail accompagnés par des professionnels permettant d’optimiser et d’affiner le projet artistique d’un point de vue scénique. Gaëlle Robert Moulins-Neuvy Lycée agricole du Bourbonnais de deux artistes qui unissent leurs voix dans ce monde de brutes pour nous toucher au cœur et à l’âme… Sandra Couto et Océane Meunier La Rochelle Lycée des métiers Pierre-Doriole Frédéric Nevchehirlian, auteur-slameur marseillais, a un univers et un style musical bien à lui. Dans son deuxième album, intitulé Le soleil brille – pour tout le monde ?, il met en musique des poèmes inédits de Jacques Prévert que la petite-fille de ce dernier lui a confiés… Frédéric Nevchehirlian se retrouve dans les textes de Prévert : comme lui, c’est un homme engagé, révolté… A travers ses poésies, il défend les ouvriers. Dans la chanson Marche ou crève, il parle de la révolte des travailleurs, de la pauvreté, de la grève réprimée, et de la dure condition des ouvriers qui n’ont pas d’autres choix pour se faire entendre… Son message est de ne pas perdre espoir, de continuer à vivre et de ne rien lâcher. Il en appelle à la solidarité, à la conscience des hommes, en refusant de tirer sur ses frères… Les paroles de Prévert sont touchantes, fortes, intenses, et parlent d’un thème encore terriblement actuel : la CHRONIQUES LYCÉENNES Le pilotage des Chroniques lycéennes – Prix Charles Cros lycéen de la nouvelle chanson francophone est assuré par le CRDP de Poitou-Charentes/CDDP de la Charente-Maritime et l’Académie Charles Cros, avec le concours des Inrockuptibles, des Francofolies, de la FFCF, du Rectorat de Poitiers, de la DRAC Poitou-Charentes et le précieux soutien du SCEREN/CNDP. Contacts CDDP17, Céline Langevin, tél. 05 46 00 34 60, [email protected] Académie Charles Cros, Alain Fantapié, [email protected] POUR LES INROCKUPTIBLES Chef de projet Laurent Girardot Coordination éditoriale Johanna Seban Rédaction Johanna Seban Directeur adjoint de la rédaction JD Beauvallet Edition François Rousseau, Sylvain Bohy, Olivier Mialet, Lætitia Rolland Iconographie Maria Bojikian, Valérie chroniques lycéennes les inrockuptibles XXIII Dans ce disque des Chroniques lycéennes, je suis restée accrochée à une chanson, Marche ou crève de Nevchehirlian. Ce texte fut écrit par Jacques Prévert. Le précurseur du slam en France a décidé de donner une deuxième jeunesse aux chansons qui accompagnaient les sketches et les pièces contestataires d’agit-prop qu’écrivait Prévert dans les années 30 pour la troupe de théâtre Octobre. La chanson est composée de quatre couplets, de vers très courts scandés sur un rythme qui blesse. Elle nous ramène à notre société actuelle avec ses problèmes et à l’obligation qui nous est faite de suivre un mouvement que rien n’arrête et qui n’attend personne. La musique arrachée et la voix du chanteur déchirent chaque mot et entraînent dans cette vie faite de courants d’air, de sang, de maladies, de guerres lointaines mais pourtant si proches. Notre condition, notre mode de vie sont remis en question. A travers ce texte et cette interprétation, on retrouve le mal-être qui règne dans notre monde depuis trop longtemps. C’est une nouvelle ère, un nouvel air. le meilleur des autres Toute cette luminosité musicale donne du mouvement à la chanson militante et engagée. La musique s’articule avec le texte sans le couvrir. Alors, écoutez cet hymne à l’insoumission marqué par l’actualité. Ambre Poumaroux, Vaux-le-Pénil, lycée Simone-Signoret Perraudin, Aurélie Derhee Directeur de création Laurent Barbarant Direction artistique Pascal Arvieu Maquette Nathalie Coulon Directrice du développement Caroline Cesbron Fabrication Virgile Dalier, Gilles Courtois Impression, gravure, façonnage Roto Aisne SN LES INROCKUPTIBLES est édité par la société Les Editions Indépendantes, société anonyme au capital de 3 579 352,38 €, 24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, RCS Paris B 428 787 188 000 21 Directeur de la publication David Kessler Actionnaire principal, Président Matthieu Pigasse Fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski © Les Inrockuptibles 2012. Tous droits de reproduction réservés. Supplément au n° 860 du 23 mai 2012. Ne peut être vendu séparément. En couverture : des élèves du lycée Aliénor-d’Aquitaine de Poitiers, avec Brigitte. Photo Pierre Le Bruchec.