La diplomatie médio-byzantine (VII -XII s.). Bilans et perspectives de

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La diplomatie médio-byzantine (VII -XII s.). Bilans et perspectives de
La diplomatie médio-byzantine (VIIe-XIIe s.). Bilans et perspectives de recherche
Université Charles – Prague – Jeudi 28 avril 2016
Nicolas Drocourt – Université de Nantes
Documents et références bibliographiques
I. Une diplomatie rayonnante : l’arrivée simultanée d’ambassades d’origine diverse à
Constantinople
[1]. Le cas de Nasr ibn al-Azhar, en 860 :
« En cette année eut lieu le rachat des prisonniers en safar (27 avril-25 mai 860)… on y échangea
2367 personnes. On rapporte que Nasr ibn al Azhar, le partisan abbasside qui fut l’envoyé d’alMutawakkil auprès de l’empereur byzantin pour les négociations d’achat, fit le récit suivant :
« Quand je me rendis à Constantinople, je me présentai au palais du roi Michel [l’empereur
Michel III (842-867)], avec mon habit noir, mon sabre, mon poignard et mon bonnet (…) J’avais
avec moi les cadeaux, près de mille vessies de musc, des vêtements de soie, du safran en quantité,
et des choses curieuses et nouvelles. L’Empereur avait accordé une audience aux ambassadeurs
des Burgan et autres qui étaient arrivés auprès de lui. »
Source : Al-Tabari, Ta’rikh al-rusul wa’l-mulûk, traduit dans Alexandre A. VASILIEV, Byzance et les Arabes, t.
I : La dynastie d’Amorium, Bruxelles, 1935, p. 320-321.
[2]. Le cas de Liutprand de Crémone, en 949 :
« 4. (…) Le fait est que le jour des calendes d’août, quittant Pavie en suivant la vallée du
Heridanus [le Pô], j’arrivai à Venise en trois jours. J’y trouvai Salomon, un ambassadeur grec, un
koitonite eunuque, qui revenait d’Hispanie et de Saxe et qui désirait retourner à Constantinople,
accompagnant un envoyé de notre seigneur, alors roi et maintenant empereur [=Otton Ier], à
savoir Liutefredus, très riche marchand de Mayence, qui emportait avec lui de somptueux
cadeaux. Et puis, en quittant Venise le 8 des calendes de septembre, nous sommes arrivés à
Constantinople le 15 des calendes d’octobre.
5. Il y a à Constantinople, à côté du palais, une demeure admirablement grande et belle que les
Grecs (…) appellent Magnaura (…) [le palais et la salle de la Magnaure, lieu officiel de réception
des ambassades étrangères, au sein du Grand Palais]. C’est cette demeure que Constantin
[l’empereur Constantin VII] ordonna de préparer, à la fois pour les ambassadeurs d’Hispanie
(Hispanorum nuntii) qui étaient arrivés peu auparavant, et pour Liutefredus et moi-même (…) ».
Source : Liutprandi Cremonensis, Antapodosis, VI, 4-5, dans Liuprandi Cremonensis Opera omnia, éd. P.
Chiesa, Turnhout, 1988, p. 146-147.
[3]. Le cas de Liutprand de Crémone en 968 (Liutprand est alors ambassadeur d’Otton Ier)
.a) La présence d’un émissaire d’Abaldert au même moment : [Lors d’un dialogue avec
l’empereur Nicéphore Phokas, Liutprand explique à ce dernier que l’ex-roi d’Italie, Adalbert,
est devenu fidèle à Otton Ier. Le basileus lui rétorque :]
« – Mais, ce n’est pas ce que prétend le chevalier (miles) envoyé [ici] par Adalbert. »
Mention de ce même envoyé, plus bas, convoqué au Palais pour lui ordonner son retour vers
l’Italie :
« (…) Cependant il [le basileus] convoquait Grimizon, l’envoyé d’Adalbert (Adalberti nuntius) et lui
ordonnait de s’en retourner (…) »
Source : Liutprandi Cremonensis, Relatio de legatione constantinopolitanae, 6 et 29, dans Liuprandi
Cremonensis Opera omnia, éd. P. Chiesa, Turnhout, 1988, p. 190 et 199.
. b) Légats du pape Jean XIII
« Sans doute pour mettre le comble à mes malheurs, le jour de l’Assomption de la sainte mère de
Dieu la vierge Marie, arrivèrent, fâcheux augure pour moi, des envoyés du seigneur apostolique et
universel, le pape Jean (venerunt domni apostolici et universalis pape Iohannis nuntii); ils apportaient des
lettres où le Saint-Père priait « Nicéphore, empereur des Grecs », de nouer des liens de parenté et
de ferme amitié avec « son cher fils spirituel, Otton auguste, empereur des Romains (…) ».
Source : Ibid., 47, p. 207-208.
.c) Émissaires de Pierre de Bulgarie
. « (…) l’empereur m’ordonne, ainsi qu’à des ambassadeurs bulgares arrivés la veille, de le
retrouver à l’église des saints apôtres. Quand on eut braillé les cantiques et que la messe fut dite,
nous fîmes invités à dîner ; il me fit asseoir au bas côté de la table, qui est longue et étroite, après
un envoyé bulgare, tondu à la hongroise (…) et encore catéchumène ; évidente intention
injurieuse à votre égard, mon auguste maître [Liutprand s’adresse ici à Otton Ier].(…)
(…) je fis ce qu’ils m’avaient ordonné, jugeant indigne une table où l’envoyé des Bulgares avait le
pas, non sur moi, l’évêque Liutprand, mais sur votre ambassadeur. (…) ».
Source : Ibid., 19-20, p. 195-196.
Les traductions reposent sur celles d’E. POGNON, L'An mille. Œuvres de Liutprand, Raoul Glaber, Adémar de
Chabannes, Adalbéron, Hélgaud, Paris, 1947, p. 9, 14-15, 18-19 et 27.
[4]. Les ambassades, ambassadeurs et hôtes de marque étrangers mentionnés dans le De
Cerimoniis, livre II, chapitre 15, p. 570 et s., présents à Constantinople durant l’année 946
Par ordre chronologique de mention dans ce chapitre :
-
Les « ambassadeurs (pršsbeij) de l’émir des croyants venus de Tarse », p. 570 et s. (présents de
fin mai à début août)
-
L’émir d’Amida/ Emet, qualifié de « Daylamite » (toà Delem…kh), émissaire (¢pokrisi£rioj) de
l’émir Ibn Hamdân, p. 593-594 (reçu le dimanche 30 août, en présence des ambassadeurs
tarsiotes)
-
La princesse (¢rcÒntissa) russe Olga, p. 594-598 (dont il est décrit plusieurs réceptions le 9
septembre et le 18 octobre), avec sa suite, dont plusieurs émissaires, ou « chargés d’affaire » (C.
Zuckerman) représentants d’autres princes russes (oƒ tîn ¢rcÒntwn `Rws…aj ¢pokrisi£rioi)
-
Des ambassadeurs « espagnols » (oƒ ¢pÕ 'Ispan…an ™lqÒntej pršsbeij), p. 571 et p. 580 (dans
deux gloses intégrées à la description des Tarsiotes, le 31 mai, mais avec la date de leur réception :
le 24 octobre 946).
II. Une communauté de pratiques
II. 1. L’ambassadeur étranger confondu par le souverain à qui il rend visite (une
succession de salles de palais, de groupes de haut officier lui sont successivement présentés en
qui l’ambassadeur croit reconnaître le souverain, à tort – avant l’introduction face aux
véritable souverain). Références aux textes :
-
Notker Balbulus, Gesta Karoli Magni imperatoris, éd. H. F. Haefele, MGH, SsRG, N.S., XII,
Berlin, 1959, II, 6, p. 55-58 (ambassadeurs byzantins reçus par Charlemagne)
-
Chronicon Salernitanum, ed. U. Westerbergh, (Acta Universitatis Stockholmiensis, Studia Latina
Stockholmiensia, III), Stockholm, 1956, § 12, p. 18-19 (un envoyé franc accueilli à Salerne par le
dux des Bénéventains, Arichis).
-
Ibn Miskawaîh, al-Hatîb al-Bagdâdî, Sibt ibn al-Djauzî etc. rassemblés dans A. A. Vasiliev,
Byzance et les Arabes¸ t. II, 2ème partie: La dynastie macédonienne, extraits des sources traduites,
Bruxelles, 1950, p. 66 et s., 73 et s., 169 et s. ; voir aussi le récit très détaillé de Ibn az-Zubayr
(Kitâb at-tuhaf) dans M. HAMIDULLAH, “Nouveaux documents sur les rapports de l'Europe avec l'Orient
musulman au Moyen Âge”, Arabica, 10 (1960), p. 293-297 (réception d’une délégation byzantine à
Bagdad en 917)
II.2. La question de l’immunité diplomatique : entre ambassadeur maltraités et réalité
du respect d’un ius gentium
. [1] L’accueil d’émissaires bulgares par l’empereur Alexandre (913)
« L’archonte des Bulgares, Syméon, ayant envoyé des ambassadeurs pour demander si Alexandre
voulait la paix et s’il le tiendrait dans le même honneur que son frère qui avait régné avant lui
[l’empereur Léon VI qui paie jusqu’alors tribut aux Bulgares], Alexandre les renvoya
ignominieusement et tint contre Syméon des propos pleins d’enflure, de jactance et d’arrogance,
allant jusqu’à les menacer. Il croyait l’impressionner par là. Quand les ambassadeurs furent
revenus auprès de Syméon, celui-ci réagit sans retenue aux injures d’Alexandre, à ses
rodomontades et à ses menaces : il rompit la paix et décida de prendre les armes contre les
Romains ».
Source : Jean SKYLITZÈS, SÚnoyij ƒstoriîn, éd. I. Thurn, CFHB, 5, Berlin – New York, 1973, p. 195 ;
traduction française de Bernard Flusin, Empereurs de Constantinople, Paris, 2003, p. 165.
. [2] Venue d’émissaires turcs seldjoukides dans le camp byzantine, à la veille de la bataille de
Mantzikert (26 août 1071)
« Des messagers vinrent, de la part du sultan, annonçant qu’on allait faire la paix. L’empereur
[Romain IV] les reçut, s’entretint avec eux et leur accorda le statut habituel des ambassadeurs,
sans pourtant les accueillir avec bienveillance (`O de;; basileÝj ™dšxato me;n aÙtoÝj kaˆ
lÒgwn aÙto‹j kaˆ nÒmwn tîn presbutšrwn metšdwken, oÙ p£nu de;; toÚtouj
filanqrèpwj ™dšxetato ). Cependant, il finit par accepter et leur donna une croix, afin qu’ils
pussent, en la montrant, revenir sans dommage vers lui pour lui communiquer la mission qu’ils
auraient reçue du sultan (... kaˆ staurÕn aÙto‹j ™pidšdwken, †na tÍ ™pide…xei ¢blabe‹j
prÕj aÙtÕn Øpostršyoi, kom…zontej ¢ggel…aj ¤j ¥n ™k toà soult£nou pÚqointo). (…)
Or les messagers n’étaient pas encore arrivés ni même attendus que certains de ses intimes
conseillent à l’empereur d’abandonner l’idée de la paix, en fait mensongère et trompeuse bien
plutôt qu’utile en quoi que ce fût (…) Au contraire, les conseillers du sultan, quand les
ambassadeurs furent revenus auprès d’eux, discutaient de la paix et travaillaient de toutes leurs
forces à l’établir. Pourtant, l’empereur, sans le faire annoncer par héraut, fit sonner la trompette et
lança, d’une manière insensée le cri de guerre : quand les ennemis l’apprirent, ils en restèrent
stupéfaits ».
Source : Continuateur de Jean Skylitzès : `H sunšceia tÁj Cronograf…aj toà 'Io£nnou Skul…tsh, éd. E. Th.
TSOLAKES, Thessalonique, 1968, p. 147-148 ; traduction : A. Ducellier, Le miroir de l’Islam, Paris, 1971, p. 246.
. [3] Le supplice d’un légat du pape, en 1182, à Constantinople
« Raconter les atrocités que virent alors les Latins, le feu qui dévora leurs biens (et je passe sur les
pillages qu’ils subirent), les incendies en mer que déchaînait la pluie de feu lancée par les Romains
contre ceux qui tentaient de fuir sur leurs bateaux et tous les affrontements qui se produisirent
sur les plages et le long des routes, ce serait une entreprise bien difficile (…) Tomba aussi un
prêtre latin : je ne sais trop s’il était venu en ambassade de la vieille Rome ou de la Sicile, mais en
tout cas il était Romain ou Sicilien. Et bien plus, il tomba revêtu de tous les ornements sacrés
qu’il avait endossés pour se protéger des armes, en espérant que les méchants le respecteraient
(Kaˆ oÙc ¡plîj œpesen, ¢ll¦ met¦ tÁj par' ™ke…nJ ƒer©j Ólhj peribolÁj, ¿n Óplwn
prÒblhma perišqeto, e‡ pwj aÙtÕn a„dšsontai oƒ kako…). »
Source : Eustathios of Thessaloniki. The Capture of Thessaloniki, éd. et trad. angl. de J.R. Melville Jones,
Canberra, 1988, § 29, p. 34-35.
III. Du multilatéralisme dans les contacts diplomatiques
. [1] Une alliance entre les Bulgares de Syméon et les Fatimides contre les Byzantins (vers
924)
« Le chef des Bulgares, Syméon, qui avait remporté sur les Romains plusieurs victoires, en
avait eu l’esprit exalté au point de rêver devenir empereur des Romains. Il dépêcha donc à
Phatloum, dynaste des Africains [il s’agit du calife fatimide al-Mahdî (909-934)], une ambassade
pour l’engager à envoyer une flotte contre la Ville reine [Constantinople] tandis que lui-même
promettait de venir à travers la Thrace avec une forte armée. Une fois que les deux forces
auraient fait leur jonction, elles s’empareraient de la Ville reine en l’assiégeant par terre et par mer.
Ses richesses seraient partagées à égalité ; Syméon retournerait chez lui, laissant Phatloum à
Constantinople. Les Bulgares réussirent à passer en Afrique par mer sans se faire prendre, puis,
comme les propositions de Syméon avaient rencontré de l’intérêt, ils emmenèrent avec eux
certains Sarrasins de distinction afin de ratifier ce qui avait été décidé. Mais tandis qu’ils s’en
retournaient, ils tombèrent sur les Calabrais qui les envoyèrent à Byzance avec les Sarrasins.
L’empereur – c’était Romain l’Ancien [Romain Ier Lécapène (920-944)] – les vit, apprit
exactement les projets qu’ils avaient en commun et, comprenant que si cela venait à se réaliser il
aurait bien des soucis à se faire, il jugea qu’il lui fallait, par des libéralités et par bien des faits,
refroidir l’ardeur avec laquelle les Sarrasins se jetaient dans cette entreprise. Il fit donc mettre les
Bulgares au cachot et combla au contraire les Sarrasins de cadeaux opulents. De plus, il leur
confia pour leur maître des présents somptueux, les renvoya sans leur faire aucun mal et leur dit
d’exposer à leur seigneur que c’était ainsi que les empereurs des Romains savaient payer en retour
leurs ennemis. Il présenta aussi des excuses à propos du tribut annuel, disant que le retard ne
venait pas de ce qu’il l’avait différé ou remis à plus tard, mais qu’il était dû aux troubles qui, à
cette époque, agitaient la région. Les Sarrasins, de retour auprès de leur dynaste, racontèrent
comment l’empereur les avait traités et chantèrent les louanges de sa bienveillance à leur égard. Ils
remirent aussi à leur maître les présents qu’ils apportaient et Phatloum, ravi de tout ce qu’il
entendait, fit grâce aux Romains de la moitié des tributs qu’ils lui devaient et, sur les vingt-deux
mille pièces d’or, en supprima onze mille. Depuis lors, donc, et jusqu’à la proclamation de
Nicéphore [Nicéphore Phokas, empereur à partir de 963], c’était là ce qu’on donnait aux
Sarrasins. »
Source : Jean SKYLITZÈS, SÚnoyij ƒstoriîn, éd. I. Thurn, CFHB, 5, Berlin – New York, 1973, p. 264-265 ;
traduction française de Bernard Flusin, Jean Skylitzès, Empereurs de Constantinople, Paris, 2003, p. 222223.
. [2] Une lettre du pape Léon III à Charlemagne (novembre 813) : multiplicité des acteurs
diplomatiques et complexité des échanges derrière un contact bilatéral
«A
mon seigneur, très pieux et sérénissime, victorieux et triomphant, mon fils, qui aime Dieu
et notre Seigneur Jésus-Christ, Charles Auguste, de la part de Léon, serviteur des serviteurs de
Dieu. Au troisième jour des Ides de novembre, nous reçûmes une lettre de Grégoire, patrice de
Sicile : il s’agissait d’une réponse à la lettre de Votre Sérénité, lettre que nous lui avions envoyée
par l’intermédiaire d’un de nos messagers. A vous en revanche, pour une raison qui nous est
inconnue, il n’a pas envoyé de lettre qui vous soit nominalement adressée. En revanche, cette
lettre qu’il nous a fait parvenir et dont je vais vous parler, il nous a demandé de la lire et de la faire
parvenir à votre puissance impériale après l’avoir marquée de notre sceau. Toutefois, afin de vous
agréer, nous ne l’avons pas ouverte pour la lire, et nous ne savons donc pas ce qu’elle contient,
excepté les explications verbales qu’il nous a transmis par l’intermédiaire de notre messager.
L’affaire porte sur ces messagers sarrasins, avec lesquels le patrice en personne a conclu une
paix pour dix ans. Il disait en effet à ces messagers sarrasins : « Quelle sorte de paix voulez-vous
donc faire avec nous, alors que cela fait désormais quatre-vingt-cinq ans que vous avez conclu la
paix et qu’elle n’est pas respectée ? Bien plus, mon prédécesseur, le patrice Constantin, a conclu
une paix avec vous pour dix ans (…) mais vous n’avez même pas respecté cette paix. Mais à ce
jour, nous ne savons pas quel genre de paix conclure avec vous. » Et la réponse de ces messagers
sarrasins était la suivante : « Le père de cet Amiralmunin qui, semble-t-il, nous gouverne
actuellement, est mort, et celui-ci n’est encore qu’un enfant ; qui était esclave est devenu libre, et
qui était libre est devenu le maître » ; et ils pensaient qu’ils n’avaient nul souverain. Et voici que,
après s’être emparé de tout ce que son père possédait, il veut préserver avec fermeté et constance
ce que nous avons préparé, à savoir la paix. « Nous n’avons pris aucun engagement avec vous au
sujet des Espagnols, parce qu’ils ne sont pas sous la juridiction de notre royaume. Mais pour
autant que nous en sommes capables, nous nous confions la tâche, à nous-mêmes ainsi qu’à vous
autres, de les vaincre et de les combattre sur mer ; et si seuls, nous n’y parvenons pas, nous les
rejetterons des frontières chrétiennes en agissant de notre côté, et vous du vôtre ». Un accord fut
ensuite conclu entre eux, et une paix fut signée pour dix ans. Et il leur dépêcha le secrétaire
nommé Théopiste qui avait été envoyé vers eux, et il leur rendit un grand nombre de Sarrasins
parmi ceux qui avaient été capturés, afin qu’ils rendissent ces chrétiens, qu’ils avaient enlevés de
chez eux. (…) Le patrice Grégoire déclara à notre messager que l’empereur Michel [Michel Ier
Rhangabè (811-813)] s’était retiré dans un monastère avec sa femme et se fils. »
Source : Leonis III Papae epistolae, X, 7, in E. Dümmler et K. Hampe (éd.), Epistolae Karolini aevi III,
MGH, Ep. V, Berlin, 1895, p. 97-99 ; traduction P. Sénac, Charlemagne et Mahomet en Espagne (VIIIe-IXe s.),
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