Le stockage de carbone : un atout pour l`élevage bovin - CIV

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Le stockage de carbone : un atout pour l`élevage bovin - CIV
En partenariat avec le
Bilans de gaz à effet de serre solution
Le stockage de carbone :
un atout pour l’élevage bovin
L’Institut de l’ élevage a mis au point une méthode d’ évaluation des émissions
de gaz à effet de serre en élevage de ruminants, nommée Ruminair,
qui comptabilise aussi le stockage de carbone dans le sol des prairies
et des haies. Ce principe vient d’ être entériné par l’Ademe et les pouvoirs
publics. Le point avec Jean-Baptiste Dollé, ingénieur en charge du dossier.
Jean-Baptiste Dollé, spécialiste
des bilans de gaz à effet de
serre à l’Institut de l’Elevage
Comment mesuret-on les gaz à
effet de serre émis
dans un élevage ?
Quand on fait un « bilan carbone » d’une entreprise, on
ne mesure pas directement
les émissions de gaz à effet
de serre dans l’air car cela
nécessite des équipements
de mesure lourds à mettre en
oeuvre. On les évalue à l’aide
de facteurs d’émission issus de
la bibliographie internationale.
C’est identique pour la méthode
Ruminair qui recense les facteurs d’émission de chaque
poste rencontré en élevage (animaux, déjections, sols,..). Les
données techniques d’élevage
(nombre d’animaux, nombre
de jours en bâtiments, mode
d’alimentation, surfaces de
prairies, fertilisation, etc…)
sont ensuite combinées aux
facteurs d’émissions et permettent le calcul des émissions
globales d’un atelier d’élevage.
On sait par exemple qu’une
vache allaitante émet 77,6 kg
de méthane (CH4) par an. On
multiplie ensuite par le nombre
d’animaux.
Et le stockage de
carbone, comment
est-il calculé ?
Les prairies comme tous les
végétaux chlorophylliens
captent le C02 de l’air pour
fabriquer, par la photosynthèse,
leurs propres molécules à base
de carbone. Une partie de ce
carbone est stockée durablement dans le sol des prairies
Le point sur les émissions de gaz à effet de serre comptabilisées dans Ruminair
pour une exploitation d’élevage de ruminants
Pour en savoir plus : « Les ruminants et le réchauffement
climatique », Collection Essentiel de l’Institut de
l’Elevage, Février 2008
Institut de l’élevage
Le dioxyde de carbone (CO2) : il est lié à la consommation d’énergie directe dans la ferme (électricité et produits
pétroliers) et énergie indirecte (engrais, phytosanitaires et aliments du bétail)
Le méthane (CH4) : il se forme au cours de la digestion de la cellulose par les bactéries méthanogènes du rumen
et est émis principalement par éructation. Une autre partie est émise au stockage des déjections. Son pouvoir
réchauffant global sur 100 ans est 25 fois supérieur à celui du CO2, c’est pourquoi on dit qu’un 1 kg de méthane
émis est égal à 25 équivalent CO2. Cette équivalence
avec le CO2 permet d’additionner les différents gaz à
effet de serre dans les bilans.
Le protoxyde d’azote (N2O) : il est émis par
les déjections animales puis lors du processus de
nitrification/dénitrification de l’azote organique et
minéral apporté sur les prairies et cultures Son pouvoir
réchauffant global est de 310 équivalent CO2.
et des haies sous forme de
matière organique. En l’état
des connaissances actuelles,
on considère que les prairies
européennes stockent 500 kg
de carbone par hectare et par
an les 30 premières années puis
200 kg ensuite. Ces valeurs
de stockage doivent maintenant être affinées car on sait
qu’elles varient en fonction des
conditions climatiques et de
la nature du sol. La méthode
Ruminair présente la particularité de prendre en compte
ce stockage de carbone dans
le sol des prairies et dans les
haies et de compenser ainsi
les émissions provenant de
l’activité d’élevage. D’après les
premières estimations, ce stockage permettrait de compenser
environ 75 % des émissions de
méthane liées à la digestion de
l’herbe, soit en moyenne 30 %
de l’ensemble des émissions de
l’activité d’élevage. L’Ademe,
qui suit particulièrement les
avancées dans ce domaine,
considère que ce phénomène
de compensation doit être pris
en compte dans le cadre des
bilans réalisés en exploitation
d’élevage.