Huggy fait de la descente - estrem
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Huggy fait de la descente - estrem
Les bons tuyaux d'Huggy Comment aller plus vite en descente... une bonne question à laquelle se colle aujourd'hui notre ami Huggy. Tout d'abord une petite précision : Huggy a simplifié au maximum les explications physiques et les intermèdes mathématiques, il utilise des termes parfois impropres ou peu précis et néglige certains phénomènes sans forcément l'expliciter clairement... sachez bien qu'il est en conscient mais il a essayé de faire simple pour être compris du plus grand nombre. Comment aller plus vite Le descendeur, en roller comme en ski, prend de la vitesse à cause de la pente et est freiné par la résistance de l'air[1]. Nous avons donc : ➔ ce qui fait accélérer : la pente. Plus c'est pentu, plus on va vite[3]. ➔ ce qui fait freiner : la résistance de l'air. Cette résistance dépend de l'aérodynamisme du descendeur mais aussi de son poids. Quelques formules magiques et un peu trifouillage mathématique permettent de calculer la vitesse maximum que l'on peut attendre en descente[4]. Cette vitesse maximum dépend : ➔ du pourcentage de la pente : une pente quatre fois plus forte permettra d'aller deux fois plus vite, ➔ de l'aérodynamisme[5] du descendeur, ➔ du poids du descendeur : un descendeur quatre fois plus lourd pourra aller jusqu'à deux fois plus vite. Plusieurs solutions donc pour aller plus vite : ➔ trouver une pente à 25%, ➔ améliorer sa position de recherche de vitesse, ➔ faire une cure de Big Mac. La position de recherche de vitesse Des études en soufflerie permettent de déterminer la position de recherche de vitesse optimale, permettant d'atteindre la vitesse la plus élevée ([réf 1]). La meilleure posture correspond à une position où le dos est horizontal et arrondi, les épaules bombées et les bras dans le prolongement des jambes. L'important est qu'ils ne bouchent pas le pont entre les jambes. Une position de recherche de vitesse plus assise sur les talons permet un meilleur aérodynamisme mais elle est physiquement beaucoup plus difficile à tenir. La position de recherche de vitesse optimale La vitesse maximale Pour un même descendeur les variations de position peuvent entraîner une diminution de l'aérodynamisme de 10 à 20%, faisant chuter la vitesse maximum de 5 à 10%. Ci-dessous l'influence de la position sur la vitesse maximale (sur une pente à 8%)[6] : Photo 1 : très bonne position Photo 2 : tête relevée, bras en avant Photo 3 : relevé, bras en avant vitesse maximum : 98 km/h vitesse maximum : 87 km/h vitesse maximum : 60 km/h Photo 4 : relevé, bras écartés vitesse maximum : 56 km/h Sur une pente à 12% (pente maximum dans la descente de l'Alpe d'Huez), en adoptant une très bonne position (celle de la photo 1), un descendeur du gabarit de celui de la photo 1 pourrait atteindre une vitesse 119km/h. 119km/h : c'est extrêmement rapide. Quelques modifications simples permettent d'arriver à un résultat plus réaliste : ➔ aérodynamisme non optimal[7] (à plus de 100km/h il devient difficile de garder une position de recherche de vitesse parfaite) ➔ pente de 10% ( à titre de comparaison, l'Alpe d'Huez c'est en moyenne 7,7% sur 14,2km) Vitesse maximale théorique: 102,5km/h. A comparer aux 103km/h atteint il y a quelques années par un descendeur parisien dans cette même descente . L'influence du poids[8] Tous les descendeurs s'en sont aperçus : en ligne droite, plus on est lourd et plus on va vite... Avec la même position aérodynamique[9], sur une pente à 10%, un descendeur de 90kg pourra atteindre une vitesse de 102km/h alors qu'un descendeur de 60kg ne pourra atteindre lui qu'un vitesse de 84km/h. Vitesse maximale en fonction de la masse 140 Vitesse max en km/h 120 100 80 60 40 20 0 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 Masse en kg Cette influence du poids du descendeur est confirmée lors des tests en soufflerie[10]. Sur la photo ci-dessous la vitesse maximale pouvant être atteinte par le skieur de droite est 10% inférieure à celle pouvant être atteinte par le skieur de gauche. Cela signifie que sur la même pente, en partant à la même vitesse, si le skieur de gauche atteint un vitesse maximum de 100km/h, le skieur de droite n'arrivera pas à dépasser 90km/h. Atteindre sa vitesse maximale Dans une pente à 8%, avec une position aérodynamique moyenne, la vitesse maximum d'un descendeur de 60kg est proche de 80km/h. Or atteindre 80km/h en descente, ce n'est pas si courant. Là encore il y a une explication. La vitesse maximum calculée dans les paragraphes précédents est une vitesse limite, qui n'est pas atteinte instantanément. Il faut un certain temps avant d'atteindre cette vitesse de pointe. Pire encore, alors que l'accélération est assez rapide dans les premières secondes, elle l'est ensuite de moins en moins et plus on se rapproche de la vitesse maximum plus la vitesse est dure à gagner. Si notre descendeur de 60kg se lance dans une pente à 8% avec sa position assez moyenne : ➔ après une seconde il va être à 32% de sa vitesse maximum (soit 33km/h) ➔ après 2 secondes à 71% (56 km/h) ➔ après 3 secondes à 87% (69 km/h) ➔ après 4 secondes à 95% (75 km/h) ➔ après 5 secondes à 98% (77km/h) 90 80 Vitesse en km/h 70 60 50 40 30 20 10 0 0 2 4 6 8 10 12 temps en secondes On s'aperçoit là qu'il n'est pas forcément nécessaire de pousser trop fort au début de la descente vu qu'en se laissant aller on atteint déjà plus de 30km/h au bout d'une seconde. En revanche il faut plus de 3 secondes pour atteindre 90% de la vitesse maximum. En résumé, en se lançant à 30km/h du haut de la descente (à 8%) il faut plus de 2 secondes pour atteindre 90% de la vitesse maximale (soit 69km/h), Deux secondes de ligne droite dans une descente en 8% c'est long, c'est très long et ça explique qu'il soit assez difficile d'atteindre cette vitesse maximale. Les limites de l'aérodynamisme Comparons maintenant deux descendeurs du même poids[11], l'un dans une très bonne position de recherche de vitesse, l'autre en position de 'freinage' (relevé et bras écartés), toujours sur une pente à 8%. ➔ vitesse limite du descendeur en position de vitesse : 97km/h ➔ vitesse limite du descendeur en position de freinage : 56km/h Sans commentaires et tout le monde peut l'expérimenter : faire une descente sans se mettre en position aérodynamique fait perdre une vitesse considérable. Dernier comparatif[12] : un descendeur lourd, avec une très bonne position (le rouge), et un descendeur léger, avec une position très moyenne (le bleu), tous les deux lancés dans une pente à 8%, Le descendeur lourd (rouge) à un gabarit et une position semblable à la photo ci-dessous. Sa vitesse maximum est de 97km/h. Le descendeur léger (bleu) a lui un gabarit et une position semblable à la photo ci-dessous. Sa vitesse maximum est de 79km/h. Le schéma ci-dessous représente l'évolution de la vitesse des deux descendeur en fonction du temps. Après 4 secondes le skieur bleu est à 90% de sa vitesse maximum, le skieur rouge à 95% de la sienne. 120 Vitesse en km/h 100 80 60 40 20 0 0 2 4 6 8 10 12 temps en secondes Le descendeur bleu, plus léger et avec une position très moyenne, a une vitesse de pointe inférieure de 20km/h au patineur rouge mais il faut attendre trois secondes pour qu'il y ait vraiment une différence de vitesse significative entre eux. En pratique lorsqu'on se lance dans une descente, on ne part jamais d'une vitesse nulle. On pousse un peu en haut de la pente pour accélérer un minimum avant de se mettre en position de vitesse. Dans l'hypothèse où les deux descendeurs se lancent dans la descente en ayant déjà une vitesse de 30 km/h, le descendeur rouge sera à 60km/h une seconde après avoir arrêté de patiner alors que le bleu sera alors à 56km/h... La différence est faible. Au final tout cela permet de s'apercevoir qu'il est important d'avoir une bonne position de vitesse lorsque l'on cherche à atteindre des vitesses très importantes, mais qu'en compétition rechercher la position parfaite ne permet pas de gagner beaucoup de temps. Avoir un meilleur aérodynamisme n'est payant que sur des descente très rapides et très longues. Sur un tracé sinueux le gain de temps se fera sur la trajectoire et les freinages. Précisions physiques et mathématiques [1] On suppose que l'équation régissant le mouvement est M.a= M.g.sin− S.Cx.v 2 avec : 2 M = masse du descendeur a = accélération du descendeur g = accélération de la pesanteur α = angle de la descente avec l'horizontale ρ = masse volumique de l'air S = maître couple du descendeur. Le maître couple est la projection, suivant sa trajectoire et sur un perpendiculaire à cette trajectoire, de la surface du descendeur. Cx = coefficient de traînée v = vitesse du descendeur Écrite sous la forme a= g.sin− ➔ ➔ S.Cx 2 v cette équation laisse clairement apparaître : 2 M un facteur « d'accélération » : g.sin(α), dépendant de façon directement proportionnelle[3] du pourcentage de la pente, − S.Cx 2 v dépendant du carré de la vitesse[2], de un facteur « de freinage » : 2 M l' « aérodynamisme » S.Cx et de la masse M. [2] En toute rigueur le coefficient de traînée Cx dépend du nombre de Reynolds et du nombre de Mach, eux-même fonctions de la vitesse. [3] Le pourcentage de la pente n'est rien d'autre que la tangente de l'angle α que fait cette pente avec l'horizontale. Or pour de faibles valeurs d'α, α =sin(α)=tan(α). [4] L'équation [1] admet une solution analytique, la vitesse peut donc être explicitement exprimée 2.g.sin M . g S.Cx en fonction du temps t : v t = tanh t . S.Cx 2.sin M La limite lorsque t tend vers l'infini permet de déterminer la vitesse maximum pouvant être attente 2.g.sin M par le descendeur. v limite = S.Cx [5] Le terme « aérodynamisme du descendeur » désigne le facteur S.Cx, produit du maître couple et du coefficient de traînée. [6] Les valeurs numériques utilisées sont : g = 9,81 α = arctan(12/100) ρ = 1,204 coefficient S.Cx/M de respectivement1,77, 2,20, 4,70 et 5,30 [7] coefficient S.Cx/M égal à 2 [8] Influence de la masse du descendeur. Le terme poids est utilisé volontairement (bien que de façon impropre) en lieu et place du mot masse. [9] Coefficient S.Cx/M égal à 2 pour le descendeur de 90kg, à 3 pour le descendeur de 60kg, La variation de maître couple n'est pas prise en compte. [10] Coefficient S.Cx/M égal à 1,77 pour le skieur de gauche, à 2,15 pour le skieur de droite. [11] Coefficient S.Cx/M égal à 1,77 pour le descendeur en position de vitesse, à 5,3 pour le descendeur en position de freinage. [12] Coefficient S.Cx/M égal à 1,77 pour le descendeur rouge, à 2,69 pour le descendeur bleu. [réf 1] Images et mesures issues du document de la FFS « Ski alpin : effets aérodynamiques de la posture sur la performance » disponible sur : http://www.ffs.fr/pdf/dss/FFSdtninfo-biomeca-aeroposturealpin1.pdf estrem dounill http://www.estrem-dounill.org/
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