Une biographie de Marek HALTER
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Une biographie de Marek HALTER
Une biographie de Marek HALTER Age : 72 ans Fonction actuelle : peintre et romancier français Son parcours en quelques dates 27 janvier 1936 : naissance de Marek Halter à Varsovie, en Pologne 1941 : avec sa famille, il fuit le ghetto de Varsovie créé par les nazis et passe dans la partie polonaise occupée par l’armée rouge 1944 : lui et les siens sont envoyés à Kokand, en Ouzbékistan, où Marek Halter survit en chapardant 1946 : toute la famille retourne en Pologne 1950 : avec ses parents, il s’installe à Paris. Sans visa, Marek Halter est déclaré apatride les premières années 1951 : il se rend pour la première fois en Israël et travaille dans un kibboutz. Mais désirant devenir peintre, il revient en France et s’inscrit à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts 1955 : après avoir reçu le prix international de peinture de Deauville, il expose ses premières œuvres à Buenos-Aires, en Argentine 1967 : il fonde et préside le Comité international pour la paix négociée au Proche-Orient, et se trouve à l’origine des premières rencontres entre Israéliens et Palestiniens 1976 : il reçoit le prix Aujourd’hui pour son premier ouvrage, Le Fou et les Rois, publié chez Albin-Michel et traitant de la paix au Proche-Orient 1983 : son livre La Mémoire d’Abraham, paru chez Robert-Laffont, est un best-seller et remporte le prix du Livre Inter 1984 : il participe à la fondation de l’association SOS-Racisme 1991 : il fonde le collège universitaire français de Moscou, et un an plus tard, celui de Saint-Pétersbourg, avec Andreï Sakharov. Il est actuellement président des deux établissements 1994 : il réalise le film Tzedek, les Justes, consacré à ceux qui, en Europe, ont risqué leur vie pour sauver des juifs pendant l’Holocauste 2007 : Marek Halter publie son premier essai depuis dix ans, Je me suis réveillé en colère, chez Robert-Laffont, un ouvrage contant ses combats 2008 : il écrit la postface du « Journal de Rutka », chez Robert Laffont, intitulée « Les juifs et la Pologne » Source : Emission « C à dire » de France 5 du 22 novembre 2007. Conférence de Marek HALTER "La mémoire juive en Pologne : quel avenir ?", Ambassade de France, 19 janvier 2009. La mémoire juive en Pologne Aborder le thème des juifs en Pologne est délicat. Le sentiment qui domine chez les Polonais est celui d’une profonde injustice : comment peut-on oser les taxer d’antisémites alors que le pays a été la principale terre d’accueil des juifs et qu’il n’y a pas eu en Pologne de collaboration des institutions à la persécution puis à l’extermination des juifs ? Face à ce sujet sensible et aux attaques réciproques, ce sont les clichés et les raccourcis historiques qui dominent : un camp anti-polonais, formé notamment par des juifs américains et européens, reproche au pays les vagues antisémites des années 1930-1960, où les juifs servent de boucs émissaires pour justifier les humiliations successives du pays. Les Polonais se défendent en rappelant d’abord que pendant la guerre, si tous les juifs étaient des victimes, toutes les victimes n’étaient pas juives et que, si aider un juif était puni de mort immédiate, quelques dizaines de milliers de juifs furent sauvés par des Polonais, notamment par l’organisation Żegota (6 600 Justes polonais sont honorés par Israël). En fait, la Pologne commence à peine à sortir du refoulement, du refus de voir la différence et de l’affreuse « concurrence des victimes ». Depuis la découverte du pogrom de Kielce (4 juillet 1946) en 1996 et de Jedwabne (10 juillet 1941) en 2000, les historiens polonais mènent un courageux travail de fond et n’hésitent plus à éclairer les zones d’ombre de l’histoire nationale. Les offices de tourisme développent des circuits sur les « traces juives » et bientôt s’ouvrira à Varsovie un grand musée de l’histoire des Juifs de Pologne. Un exemple de l’évolution de la mémoire : le Chemin du Souvenir du Martyre et du Combat des juifs à Varsovie Le Chemin du souvenir serpente entre les rues Anielewicza et Stawki. Dès 1946, les autorités glorifient la résistance des juifs en construisant un petit monument des Révoltés du ghetto sur l’emplacement du premier affrontement armé entre combattants et nazis (voir la lettre « B » pour Bereishis en hébreu qui y figure et qui signifie Genèse). Le monument des Héros du ghetto, inauguré en 1948, est recouvert d’un revêtement en pierre de labradorite polie commandé en fait en 1942 par l’architecte A. Speer pour bâtir un monument à la victoire nazie. De chaque côté du monument se trouvent deux menorahs en bronze (pouvant être allumées pour des cérémonies spéciales) et deux blocs identiques en syénite (inaugurés en 1988) rappelant le soulèvement. Le monument est orné sur chaque face d’une sculpture de Nathan Rapoport, fondue à Paris chez Eugène Didier. Le bas-relief du mur côté est a pour titre « La marche vers l’extermination » et montre tous ceux qui ont perdu espoir. La sculpture en bronze du mur ouest est intitulée « Combat » et montre les jeunes révoltés dirigés par M. Anielewicz, commandant de la ŻOB, qui vont essayer de les sauver. C’est ici que le chancelier ouest-allemand s’est recueilli en 1970 ; du côté de la rue Lewartowskiego, un monument à W. Brandt édifié en 2000 commémore ce geste. À côté du monument des Héros, le Chêne de l’Espoir symbolise depuis 1988 la mémoire commune des juifs polonais et de ceux qui les ont aidés au péril de leur vie. Tout proche, le monument à Żegota, posé en 1995, commémore le Conseil polonais d’Aide aux Juifs, seule organisation de ce type à avoir été fondée et financée par un gouvernement en exil. Sur le square, se trouve une grande tente bleue abritant une exposition temporaire : c’est là que se construit le Musée d’histoire des Juifs polonais (www.jewishmuseum.org.pl). Le Chemin du Souvenir se poursuit le long de la rue L. Zamenhofa, marquée depuis 1988 de 15 blocs de syénite noire qui mélangent la forme d’un sarcophage antique et celle d’une pierre tombale (matseva). Ils honorent des événements et personnages marquants du ghetto : l’historien Emmanuel Ringenblum, le chef des révoltés Mordechai Anielewicz ou encore le pédagogue Janusz Korczak. Au milieu de la rue, a été inauguré en 1997 le monument à S. Zygielbojm, qui se compose d’un mur vitrifié et d’une « compression » et qui porte le testament de cet émissaire auprès du gouvernement polonais en exil à Londres, écrit avant son suicide en mai 1943 pour protester contre l’absence d’aide des alliés aux juifs en révolte. Un peu plus haut, sur le site de l’ancien bunker du QG de la ŻOB apparaît un monument tout aussi surprenant qu’émouvant : un tertre a été créé en 1946 pour témoigner non seulement de la présence d’un lieu de mémoire mais aussi pour matérialiser la hauteur des décombres du ghetto. Dans les rues avoisinantes, on remarquera de nombreuses maisons construites à un niveau similaire : dans l’urgence, les autorités communistes d’après-guerre, désemparées par l’ampleur des dégâts et des travaux de reconstruction, ont décidé d’ériger les nouveaux blocs d’immeubles directement sur les ruines du ghetto. Une grosse pierre commémorative a été déposée sur le monticule dans les années 1950 et un obélisque plus récent a été placé au pied du tertre. Ils nous rappellent l’existence de plusieurs centaines de bunkers comme celui-ci dans la ville et le sort tragique réservé à leurs occupants, qui ont préféré en général se suicider plutôt que de se rendre, et dont les corps reposent sous nos pieds. À noter le nombre élevé de femmes, dont témoignent les 51 noms ou prénoms de victimes dont nous avons gardé la trace. Le Chemin se termine sur la « place de transbordement » - Umschlagplatz en allemand, gare d’où à partir de juillet 1942, plus de 300 000 Juifs ont été déportés vers Treblinka. Le monument de l’Umschlagplatz en marbre blanc, érigé en 1988, rappelle par sa forme et ses éléments à la fois les wagons à bestiaux remplis de Juifs, une pierre tombale, un talith (châle de prière barré de noir) et l’espoir d’une renaissance (les arbres abattus revivent derrière le monument). À l’intérieur, les 448 prénoms (d’Abel à Żanna) symbolisent les 448 000 Juifs du ghetto, pour la plupart inconnus. Sur le mur latéral, on peut lire un verset du Livre de Job qui précise que la terre doit refuser de recouvrir le sang des victimes, afin que le cri de scandale et de révolte ne cesse pas d’être entendu. Source : A. LEONARD, Guide Vert Pologne, éd. Michelin, 2ème éd., à paraître. Conférence de Marek HALTER "La mémoire juive en Pologne : quel avenir ?", Ambassade de France, 19 janvier 2009.