kohlhaas - Ville de Saint
Transcription
kohlhaas - Ville de Saint
COMME IL VOUS PLAIRA et AGORA THEATER présentent KOHLHAAS Adaptation libre d'après Heinrich von Kleist, avec des poèmes de Erich Mühsam Mise en scène : Claus Overkamp Direction artistique : Kurt Pothen avec Roger Hilgers, Eno Krojanker, Annika Serong, Matthias Weiland, Marie-Joëlle Wolf Création Agora Theater, le théâtre de la Communauté germanophone de la Belgique en coproduction avec le Théâtre Marabu (Bonn-Allemagne), avec le soutien de : Via 2018 Maastricht – Kandidaat Culturele Hoofdstad van Europa 2018, du KULTURsekretariat NRW, de la ville de Bonn et du Land NRW. Création décembre 2011 à St-Vith (en allemand) / en août 2012 au Festival de Huy (en français) Drame effroyable, burlesque et musical sur le pouvoir, l'absolutisme et la résistance. Pour tous, à partir de 13 ans. DIFFUSION HORS BELGIQUE COMME IL VOUS PLAIRA Tel : 01 43 43 55 58 | www.civp.net Paul NEVO, administration : 06 62 15 55 58 | [email protected] Sophie LAGRANGE, direction artistique : 06 60 06 55 58 | [email protected] Une famille d'artistes voyage avec son théâtre ambulant à travers le pays. Ce sont des saltimbanques, musiciens et chanteurs ambulants qui s’installent sur les places publiques pour divertir les gens. Ils racontent des histoires à faire frémir, s’adressant directement au public, sur un ton simple, direct et effronté. Avec plein d'humour, de dérision et parfois de grotesque. Aujourd'hui, c’est Kohlhaas qu’ils vont jouer pour nous : l'histoire d’un marchand de chevaux qui possédait avec sa femme une ferme à Brandebourg et qui élevait ses cinq enfants dans l'amour du travail et de la loyauté et dans la crainte de Dieu. Jusqu'au jour où un petit incident a fait basculer sa vie et celle de beaucoup d'autres et où son sens de la justice a fait de lui un hors-la-loi et un meurtrier. Où cet homme, respectueux des lois et de l’ordre établi finira par déclencher une révolte sanguinaire et incontrôlée. Annika Serong, Roger Hilgers, Eno Krojanker Presse à la création en Belgique "Il y a des soirs où j'ai l'impression d'avoir fait le tour de la question en tant que spectateur. Il en est d'autres au contraire où j'ai le sentiment de tout redécouvrir. C'est ce qui m'est arrivé avec « A l'affiche : KOHLHAAS ». Construite sur un mode burlesque parfaitement maîtrisé, la pièce use de toutes les ficelles pour prendre ses distances avec une histoire lamentable : un prince qui abuse de son pouvoir pour mettre à mal l'univers d'un homme - Kohlhaas respectueux des lois et de l'ordre. Il finira par déclencher une révolte sanguinaire et incontrôlée. Tout est rythmé, rien n'est gratuit. La dérision et l'ironie voilent un propos pourtant omniprésent mais investi plutôt dans les signes qu'à travers les mots. Avec quelques scènes d'anthologie comme le massacre tennistique des marionnettes, la panne de courant, le sacrifice de l'épouse ou encore l'exécution finale. Du vrai théâtre où plaisir et intelligence font bon ménage." Emile Lansman | 29.12.2011 « Car outre l'histoire déjà plaisante qui parle de pouvoir, de despotisme et de résistance, la mise en scène est truffée d'idées originales qui s'enchainent pour former un tout inoubliable, sans qu'on sache vraiment comment on est passé d'une chose à l'autre. [...] « A l'affiche : KOHLHAAS » se joue des attentes du spectateur et les pousse à l'absurde : la pièce nous ramène à la substance de Kleist. C'est d'une qualité et d'une actualité intemporelle. » Ulrike Strauch, Bonner General-Anzeiger | 17.12.2011 « C'est le mélange explosif - un sérieux de pape allié à une drôlerie inouïe - avec lequel les acteurs procèdent du début à la fin qui confère à la mise en scène une aura qui fascine par l'aberration de la menace qui plane. On est amené à se poser la question de qui est dans son bon droit ou même de qui, au sens propre du terme, exécute la justice. La nouvelle de Kleist se voit ici transformée en un mélange déferlant et retentissant d'école gardienne et d'asile qui rappelle parfois de façon inquiétante le monde réel. » SCHNÜSS, das Bonner Stadtmagazin | Numéro 02/2012 « Un feu d'artifice d'idées pleines d'imagination, bien trouvées et parfaitement transposées, qui ne laisse ni aux acteurs ni aux spectateurs ne serait-ce même qu'une seconde de répit jusqu'à la fin. [...] Une pièce sublime, où le sous-titre « Un spectacle burlesque sur fond de pouvoir, de despotisme et de résistance » est plus que justifié. [...] » Helmuth Hilgers, Grenz-Echo | 10.12.2011 « La coproduction entre le théâtre Marabu de Bonn et le théâtre Agora de St Vith, unis par un lien étroit depuis de longues années, évolue de l'apparemment simple théâtre de foire vers une pantalonnade aberrante sur le thème du despotisme et de la résistance. Le décor d'envergure de Céline Leuchter et la musique insolite de Gerd Oly sont un plaisir en soi dans ce spectacle très réussi « A l'affiche : KOHLHAAS ». Le metteur en scène Claus Overkamp prolonge ainsi d'une manière artistique personnelle le style du fondateur de la troupe Agora Marcel Cremer, décédé en 2009. » Kultur - das Magazin der Theatergemeinde Bonn | Numéro 02/2012 Presse tournée en France KOHLHAAS Adaptation libre d’après Heinrich Von Kleist, avec des poèmes d’Erich MUHSAM Mise en scène : Claus OVERKAMP Création AGORA THEATER au TARMAC 75020 PARIS L’histoire de Kohlhaas, ce riche marchand de chevaux qui à la suite d’une injustice, lève une armée de serfs et de mercenaires contre l’état de Saxe est absolument édifiante. Elle se déroule dans un XVI siècle sans foi ni loi sous le règne du Prince de Saxe et l’influence d’un certain Luther. Le sentiment d’injustice peut aussi bien couler dans les veines d’un bourgeois que d’un paysan ou un prolétaire. Sa réminiscence est universelle et les créatures qui ont combattu pour la justice sont devenus des héros mythiques, qui fouettent l’imaginaire et l’inconscient collectif en s’adressant à la conscience de tout homme, de tout individu. Edifiant mais possible qu’un homme armé de sa seule conviction fasse trembler le pouvoir en place. Dans ce combat, il y laissera la vie comme Jeanne d’Arc, Spartacus, Che Guevara et bien d’autres, mais il aura su cristalliser les efforts et la flamme de ceux qui n’ont pas eu la parole, qui luttent au quotidien pour faire valoir leurs droits, au bas de l’échelle. Car peut bien valoir la parole d’un individu isolé face au pouvoir en place. Et voilà qu’une troupe de théâtre belge, l’AGORA THEATER s’empare de cette histoire fabuleuse adaptée d’une nouvelle historique de KLEIST, une figure littéraire allemande, incontournable. Toute histoire doit pouvoir être racontée pensent les comédiens. En l’occurrence, ils ne disposent que de leurs hardes d’acteurs ambulants, de tours de cirque, d’instruments de musique, hétéroclites, d’un théâtre de marionnettes. Mais ils sont en communication permanente avec le public ; comme dans une foire ou un théâtre de rue, ils recrachent l’histoire de Kohlhaas avec la même énergie que des cracheurs de feu. Et l’on assiste à une chevauchée onirique incroyable où les acteurs prenant à bras le corps un drame historique lui offrent toute la démesure de leur imagination faite de bric et de broc qui a toute la fraicheur, l’innocence de l’enfance. Vraiment ahurissante, cette description de la guerre où l’on voit un tennisman alias Kohlhaas, frapper du revers une multitude de marionnettes. Dans ce jeu de massacre jubilatoire, les enfants sont invités à jeter des boules de papiers mâchés sur la tronche des comédiens fardés et marionnettisés. Le décor fait apparaitre à la fois d’un côté l’orchestre, de l’autre la loge des artistes et au centre le rideau rouge à glissières d’un théâtre de guignol. Le metteur en scène semble refuser les frontières. C’est l’imagination qui prime, celle des corps, qui libèrent une énergie si naturelle, que les clowneries et les jeux de masques, toujours dans le champ de l’histoire, n’empêchent pas d’ouïr les accents de gravité du personnage de Kohlhaas et son message de liberté. Après avoir mimé et porté à la dérision, au burlesque, les situations de guerre et d’impostures, les artistes conteurs et griots enfoirés donnent leurs voix à Kohlhaas, comme à un homme de notre temps. De l’audace, toujours de l’audace avec le public, c’est la gageure de l’AGORA THEATER qui réussit à faire sourire à la fois les enfants et les adultes. Comment ne pas tirer le chapeau à cette compagnie, pour sa version complétement décoiffante du drame de KOHLHAAS, fraiche et revigorante, époustouflante ! Paris, le 8 Mai 2014 Evelyne Trân sur Théâtre au vent Dans un festival marqué par la lutte des intermittents, deux spectacles du Off qui compteront : « Kohlhass », par l’Agora Theater, et « L’acteur loup », sur des textes d’André Benedetto, père fondateur du Off, mis en scène par Michel Bruzat. Comment lutter au mieux contre la convention Unedic restreignant les droits des intermittents ? Faut-il opter pour la grève ou choisir d’autres modes d’action ? Telles sont les questions qui reviennent au quotidien chez les artistes au cours de ce festival d’Avignon, pris dans l’engrenage des conséquences des décisions prises conjointement par la Medef, la CFDT, et un gouvernement que l’on n’attendait pas à pareil rendez-vous. Le samedi 12 a vu nombre de spectacles du In annulés, après une manifestation dans le centre ville et un vote majoritaire, témoignant toutefois de la division inévitable. Certaines scènes du Off ont également tiré le rideau, mais en nombre très restreints tant les compagnies qui se produisent à Avignon jouent leur peau sur ces quelques jours décisifs. Mais à chaque fois, les artistes prennent soin de faire connaître aux spectateurs les raisons d’une colère largement partagée. A preuve la présentation de « Kohlhaas », adapté du « Marchand de chevaux » de Heinrich von Kleist, par ailleurs auteur du « Prince de Hombourg », déprogrammé dans le In ce soir-là. Avant comme après le spectacle, les artistes se sont associés au mouvement en annonçant que la recette du jour irait dans la caisse de solidarité avec les grévistes. Il ne pouvait en être autrement de la part de cette superbe troupe belge interprétant à sa manière (déjantée au possible) une pièce qui est un hymne à la révolte, à l’éthique et au respect des engagements pris. Voici peu, le cinéaste Arnaud des Pallières s’est inspiré de ce classique de la littérature allemande avec le film « Michael Kohlhaas », du nom de ce marchand de chevaux du Brandebourg, plutôt calme et paisible, transformé en Spartacus du jour où le seigneur des lieux, von Trotka, lui opposa son arbitraire pour une malheureuse histoire de chevaux volés par ses serviteurs au pauvre Kohlhaas. Pour retrouver son bien et (surtout) son droit, ce dernier fomentera une révolte d’où il sortira avec son honneur mais sans tête A priori on est dans le fondamental, mais il en faudrait davantage pour impressionner la bande des cinq qui composent l’Agora Theater. Son truc, c’est le détournement, le burlesque, le coq à l’âne, l’humour, l’imagination, la provocation, la poésie et l’émotion. Avec trois bouts de ficelle, ils sont capables de transformer une salle grande comme une cabine téléphonique en une annexe de château fort. On passe du rire aux larmes, de l’émotion au gag, de la réflexion à la pochade. C’est Marx Brothers contre le seigneur de Saxe, ou Charlot dans les temps anciens. Bref,« Kohlhass » restera comme l’un des temps forts du Off 2014 et leur solidarité affichée, une fois le spectacle terminé, n’en avait que plus de poids. « Kohlhaas » Jusqu’au 9 mai 14 au Tarmac, en tournée ensuite Mikhaël Kohlhaas, le roman de Heinrich von Kleist, retrace la révolte d’un marchand de chevaux, au XVIème siècle, contre l’arbitraire d’une société encore féodale. Sujet brandebourgeois, il veut se rendre en Saxe pour vendre ses chevaux. Arrêté au passage sur les terres du Junker Von Tronka, qui exige de lui un nouveau laissez-passer qu’il n’a pas, il doit laisser en gage deux de ses plus beaux chevaux. Il découvrira qu’il s’est fait berner et ne trouvera à son retour que deux pauvres haridelles, que l’on a utilisés jusqu’à épuisement comme chevaux de trait. Cherchant à obtenir réparation auprès de la justice, Kohlhaas sera sans cesse débouté, y compris auprès du Prince de Saxe, son adversaire bénéficiant de hautes relations. Il perdra dans cette quête sa fortune et sa femme tuée en tentant d’intercéder. Il se transforme alors en archange vengeur et entraîne derrière lui dans la révolte des villages entiers, obligeant le Prince à chercher une solution. Ce sera l’amnistie pour les révoltés, la chute de la famille Tronka, mais la condamnation à mort de Kohlhaas. Comme Kleist ne veut pas finir sur l’image de cet homme enchaîné et condamné, il a imaginé un retournement qui permet à Kohlhaas, face à la mort, d’affirmer sa liberté face au Prince. Le Théâtre Agora de Saint Vith (Belgique) et le Théâtre Marabu de Bonn ont adapté ce roman en « drame effroyable, burlesque et musical sur le pouvoir, l’absolutisme et la résistance pour tous à partir de 15 ans » ainsi qu’ils l’annoncent, dans une ambiance de théâtre de foire. Les spectateurs sont accueillis par des musiciens et des bateleurs qui vont leur raconter l’histoire. On a des extraits du texte de Kleist et la conclusion revient au poète anarchiste Eric Müsahm. Mais c’est une vision parodique et burlesque qui l’emporte sur la tragédie. Les acteurs incarnent tous les personnages et sont interchangeables, ils jouent de la musique, chantent, dansent et maintiennent un rythme endiablé. Il y a des trouvailles de mise en scène. Lancés du sommet d’un castellet dressé sur scène pleuvent des marionnettes, figurant les gardes de Tronka, que terrasse Kohlhaas tel un joueur de tennis frappant sur toutes les balles. Ce même castellet devient lanterne magique, où l’on voit le château de Tronka s’enflammer ou encore les Seigneurs tout-puissants discuter de la stratégie à adopter pour faire face à la révolte. Le messager qui porte les requêtes de Kohlhaas, se déplace sur un monocycle affublé d’ailes d’ange et ses requêtes finissent invariablement dans une broyeuse. Il se transforme en immense archange blanc à l’apogée de la révolte du héros. Il y a même un jeu de massacre et un faux incident technique. La mise en scène de Claus Overkamp cherche à tenir l’équilibre entre la gravité du propos politique et le désir de le rendre accessible aux jeunes, vivant et provocateur par une bonne dose de dérision et d’ironie. Il n’y réussit pas toujours parfaitement, mais le résultat est enlevé, insolite et stimulant. Micheline Rousselet Jeudi 8 mai à 14h30, vendredi 9 mai à 20h Tarmac 159 avenue Gambetta, 75020 Paris Réservations ([partenariat Réduc'snes->2644] tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 64 80 60 Le 13 mai à 20h30 et le 14 mai à 10h Salle de Davignac à Tulle Du 5 juillet au 27 juillet à 18h à L’Entrepôt Festival Avignon off ! ! !"#$%&'()(*+","--.( !"#$%& #'($%)*'%& %+& ,')-."$%& )'(& $%& /0'10-(2& .%& )/%.+".$%& )%("& '3& (%34%5610')& -3.03+0'(3"#$%&4'&7%)+-1"$&4891-:303&.%+&;+;&+"3+&/"(&)"&/(;.-)-03&*'%&/"(&$"&/$'("$-+;&4%& )"&70(,%<&=%)&"(+-)+%)&;/"+"3+)&"#0(4%3+&"1%.&7-3%))%&$%&4(",%&/"(+-.'$->(%,%3+&1-0$%3+& 4%& ?-.@"A$& B0@$@"")& (;.%,,%3+& "4"/+;& "'& .-3;,"& 48"-$$%'()<& C%& /'#$-.& 3%& )8D& +(0,/%& /")&%+&$%)&E%'3%)&F&/"(+-(&4%&GH&"3)&)03+&."/+-1;)&/"(&$"&+(":;4-%&:(0+%)*'%&*'-&)%&E0'%3+& )0')&$%'()&D%'I&J&& C8@-)+0-(%& /"))-033"3+%& *'%& 1"& 30')& .03+%(& .%++%& .0,/":3-%& 4%& +@;K+(%& -+-3;("3+& %)+& .%$$%& 4%& ?-.@"%$& B0@$@"")2& -))'%& 48'3& (0,"3& @-)+0(-*'%& 4%& B$%-)+<& B0@$@"")& %)+& '3& ,"(.@"34&4%&.@%1"'I&*'-&,>3%&'3%&1-%&/"-)-#$%&"1%.&)"&7%,,%&%+&)%)&%37"3+)&4"3)&'3%& 7%(,%&4%&L("34%#0'(:<&M"&1-%&#").'$%&$%&E0'(&0N&-$&%)+&1-.+-,%&48'3%&%).(0*'%(-%&4%&$"& /"(+&4'&)%-:3%'(&O03&P(03Q"<&=%$'-6.-&"#')%&4%&)03&/0'10-(&%+&70(.%&$%&,"(.@"34&F&/"D%(& '3& -,/R+& 4%& S& .@%1"'I& /0'(& /0'10-(& /"))%(& )'(& )%)& +%((%)2& $'-& 077("3+& +0'+%70-)& 4%& (;.'/;(%(& $%)& #T+%)& F& )03& (%+0'(<& ?"-)& B0@$@"")& (%+(0'1%& $%)& .@%1"'I& 4"3)& '3& ;+"+& /-+0D"#$%2&,"$+("-+;)&%+&"77"-#$-)<&C%&,"(.@"34&38"'("&"$0()&4%&.%))%&4%&(;.$",%(&E')+-.%& /0'(& $%& /(;E'4-.%& )'#-2& ,%++"3+& $%)& -3)+-+'+-03)& )"3)& 4%))')64%))0')& %+& %3.@"U3"3+& $%)& /(0.;4'(%)& "4,-3-)+("+-1%)2& %3& 1"-3<& V3& 4;)%)/0-(& 4%& ."')%& -$& ,%+& %3& #("3$%& '3%& (;10$'+-03&)"3)&/(;.;4%3+&*'-&4;.@"-3%("&$%)&/"))-03)&%+&7%("&.0'$%(&$%&)"3:&4%&+0'+&'3& /"D)<&& C8-3.(0D"#$%& 4%)+-3& 4%& B0@$@"))& %)+& -.-& (%)+-+';& 4"3)& '3& )/%.+".$%& -3:;3-%'I& %+& 7%)+-7& ,"$:(;&$"&30-(.%'(&4%&$8@-)+0-(%<&C8-,":-3"+-03&70'(,-$$"3+%&4%&.%++%&.0,/":3-%&/%(,%+& "'&/'#$-.&4%&/(%34(%&)%)&4-)+"3.%)&"1%.&+0'+%&$"&1-0$%3.%&4%&.%++%&;/0/;%2&+0'+&%3&;+"3+& )"-)-& /"(& -3)+"3+)& /"(& $"& 70(.%& %)+@;+-*'%& 4%)& /(0/0)-+-03)<& ="(& 4%)& /(0/0)-+-03)& -$)& %3& 703+2& F& 70-)032& -$& 3%& )%& 4;(0'$%& /")& '3& -3)+"3+& )"3)& *'%& $803& 3%& )0-+& )'(/(-)2& %3+("U3;2& %77("D;2& $%)& .0,;4-%3)& 3%& )0')& $"-))"3+& "'.'3& (;/-+<& W$)& (;'))-))%3+& $%& /"(-& 48;*'-$-#(%(& +0+"$%,%3+& $%& )/%.+".$%2& -3+(04'-)"3+& E'4-.-%')%,%3+& $%& .$0X3& $F& 0N& $"& #('+"$-+;& 4%)& @0,,%)&4%1-%3+&-3)0'+%3"#$%<&Y"("40I"$%,%3+&$8@-)+0-(%&4%&B0@$@"")&.03+-3'%&4%&30')& @"3+%(2&-,/0)"3+&"'&)/%.+"+%'(&$"&*'%)+-03&4%&$"&$;:-+-,-+;&4%&)03&:%)+%<&Y0'(&S&.@%1"'I& .%& )03+& 4%)& ,-$$-%()& 4%& ,0(+)& *'8-$& "& /(010*';2& %+& )8-$& "& ,-)& F& ,"$& '3%& ;1-4%3+%& .0(('/+-03&-3)+"$$;%&03&/%'+&)%&4%,"34%(&)-&.%&38%)+&/")&+(0/&.@%(&/"D;<&9(+-)+%)&/$'(-6 4-).-/$-3"-(%)&$%)&.0,;4-%3)&/"))%3+&$%'(&+%,/)&F&30')&:(':%(2&/(%3"3+&'3&,"$-3&/$"-)-(&F& )8",')%(&4'&+(-)+%&)0(+&4%&$%'(&@;(0)<&=@%1"'I&,-3-"+'(%)2&?03)-%'(&C0D"$&"'I&,%,#(%)& ;$")+-*'%)&%+&"'+(%)&"1"$%'()&4%&7%'&)03+&"'+"3+&48-$$')-03)&*'8-$)&7%(03+&"//"("U+(%&/0'(& 4033%(& .0(/)& F& $%'(& 7"#$%& :(0+%)*'%<& C%& 4;.0(& .03+(-#'%& ",/$%,%3+& F& $"& ,":-%& 4%& $"& /->.%<& Z;.0'/;& %3& +(0-)& /$"3)& 4-)+-3.+)& -$& 4;$-,-+%& .$"-(%,%3+& $%)& 4-77;(%3+)& %)/".%)& 4%& E%'&,"-)&$-#>(%&"'&7'(&%+&F&,%)'(%&)%)&30,#(%')%)&)'(/(-)%)<&[3&.034%3);&)'(/(%3"3+& 48-4;%)&+0'+%)&/$')&70$$%)&%+&);4'-)"3+%)&$%)&'3%)&*'%&$%)&"'+(%)&703+&4%&.%&)/%.+".$%&'3%& (;'))-+%& -3.03+%)+"#$%& )'(& $"& 70(,%<& L-%3& *'%& $803& /"))%& F& .R+;& 4%& .%(+"-3%)& ;,0+-03)& /$')&/(07034%)&#");%)&)'(&$"&70(.%&4'&4(",%&4%&B0@$@"")&03&3%&/%'+&*'8T+(%&);4'-+)&/"(& $8%3)%,#$%2&+0+"$%,%3+&;/0')+0'7$;)&/"(&$%&+("1"-$&-3.(0D"#$%,%3+&(-.@%&4%&)%)&"(+-)+%)& @0()630(,%)<&& 9'4(%D&\%"3&]&,"-&S^G_&& @++/`aaXXX<+@%"+(%)<.0,a"(+-.$%)a+@%"+(%6"6$"77-.@%6Q0@$@"")ab)+@")@<cQ934deW<4/'7& Un drame effroyable et burlesque sur le pouvoir et la résistance. Vous avez peut-être vu le film « Kohlhaas », en 2013 ? Il s’agit bien de la même histoire, d’après une nouvelle de von Kleist. Cette fois, elle nous est contée par une troupe de saltimbanques qui passe de village en village avec son théâtre ambulant. Ce soir, à l’affiche donc, « Kohlhaas ». Ce marchand de chevaux, marié et père de famille, est un jour racketté par le nouveau prince. Ses requêtes en justice étant rejetées, il va la rendre lui-même, à la tête d’une armée de paysans. La révolte sera sanguinaire. Les comédiens, dont le visage blanc et les joues rouges ne laissent aucun doute sur leur mode burlesque, sont aussi musiciens, chanteurs, marionnettistes. Quelle maîtrise et quel pouvoir de suggestion ! On tremble, on se met en colère, on rit, on a peur… ils nous font vibrer (et participer !) par des scènes d’une cruauté inouïe, avec les modestes moyens d’un théâtre de foire. La mise en scène qui réserve bien des surprises, comme les comédiens de l’Agora Theater, sont fantastiques. On en sort tout esbaudi… Anne Camboulives – juillet 14 « Kohlhaas » à Tulle, en Belgique et au Festival off d’Avignon. Heinrich von Kleist écrit juste après la Période du Premier romantisme (Frühromantik) allemand, qui fut le moment le plus radical de ce mouvement littéraire. S’agissant d’un dépressif chronique qui se suicide avec sa bien aimée, on comprend qu’il puisse voir la mort comme un moyen d’accéder à un bien supérieur. Son épitaphe, tirée du Prince de Hombourg, - « Nun, o Unsterblichkeit, bist du ganz mein (Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi) » - peut servir de clef pour lire son roman Michael Kohlhaas. Si la mort vue comme moyen pour accéder à la justice est une notion certes présente dans l’adaptation – A l’affiche : Kohlhaas – qu’en fait (en français) la compagnie germanophone belge Agora, cette dernière est plutôt centrée sur les notions d’abus de pouvoir et de révolte. On le comprend facilement, cette interprétation étant destinée à un public à partir du collège. Du coup, on se trouve face à un style léger, burlesque, clownesque, musical, ayant recours aussi bien à la marionnette (dans un moment correspondant tout à fait à l’expression « être la marionnette de quelqu’un »), qu’aux ombres chinoises, et qui ne recule pas devant quelques scènes de prestidigitation. Cela ne signifie pas que la pièce soit en permanence légère : le viol et la mort de la femme du marchand de chevaux font frémir, même si on est très loin du mime. Ce style de jeu est là pour contrebalancer un message aussi réaliste qu’explicite sur l’absence de loyauté des personnes qui ont le pouvoir et sur la sauvagerie de ceux qui se sont senti trop longtemps floués à partir du moment où ils basculent du respect des lois vers le soulèvement contre ceux qui les font tout en les transgressant. Le travail de la compagnie Agora est spécifique en ceci qu’il se fait non pas devant mais avec le public (une scène de jeu de massacre est là pour en témoigner), pour éveiller les consciences à la politique sans s’inféoder à un parti. Surtout, il n’y a pas de limite aux surprises qu’il ménage au spectateur ! Enfin, le rythme de la pièce est trépidant et sans faiblesse. On est dans un théâtre au sens premier du terme : à la fois un divertissement et une contestation, les deux étant traités avec un égal souci de qualité. Pierre FRANCOIS - mai 14 En 1980, Marcel Cremer fonde l’Agora Théâtre, à Saint-Vith, en Belgique. Il va complètement renouveler le théâtre dit « jeune public ». « …Ce théâtre pour enfants qui dit qu’il faut être mignon, sucré, praliné et doux. Ce qui nous intéresse c’est la vie, le monde. Il est faux de croire que les enfants ne s’inquiètent pas des questions qui touchent les adultes ». Il disait aussi : « Si quelqu’un va au théâtre dans l’espoir d’y retrouver du connu ou du ruminé, il lui manque la condition la plus importante : la faim du nouveau, de l’inconnu, de l’étrange. Certains auteurs et acteurs préfèrent vendre aux enfants des filets panés. Personnellement je préfère leur présenter du poisson et leur expliquer comment on enlève les arêtes ». Marcel Cremer a disparu en 2009 mais sa troupe continue et poursuit sa démarche. Leur dernière création est « Kohlhaas ». La pièce, tirée d’une nouvelle de Heinrich von Kleist, nous raconte « la tragique histoire au XVIème siècle d’un maquignon devenu rebelle et meurtrier par amour des siens et de ses chevaux, du droit et des libertés,… un spectacle burlesque sur fond de pouvoir, de despotisme et de résistance ». Une histoire dure et violente, voilà pour le fond. Avec un beau texte clair, précis, rigoureux. Une histoire qui pourrait ressembler à mille autres déjà vues sur le sujet. Voilà, au théâtre il y a aussi la forme. Et c’est elle qui imprime sa marque, qui fait qu’on peut redécouvrir un texte qu’on connaissait, une œuvre déjà vue maintes fois. Ici l’histoire est racontée par des comédiens, une famille d’artistes de tréteaux, et c’est leur vie que nous partageons. On les voit s’installer, on est dans leur loge lorsqu’ils se changent. On partage leurs problèmes, personnels ou professionnels. Et on assiste aussi à la représentation de Kohlhaas, le spectacle qu’ils ont mis à l’affiche. C’est imaginatif, inventif, audacieux en même temps que totalement maîtrisé, truffé de trouvailles drôles ou impressionnantes, un feu d’artifice de scènes d’anthologie, de numéros de cirque, de musique, de théâtre, de marionnettes ; c’est mené à cent à l’heure, ça fait participer le public, c’est dramatique et joyeux, amusant et intelligent, comique et sérieux. On rit, on tremble, on est ému – superbe idée d’avoir ajouté des poèmes de Eric Mühsam, magnifiques - . DU VRAI SPECTACLE. Les séances ont essentiellement un public scolaire et sont suivies de discussions entre les comédiens et le public. Toute une réflexion intéressante en perspective à poursuivre ensuite avec leurs enseignants. Ou avec les parents qui désireraient emmener leur progéniture. Sans oublier un indispensable travail en amont pour pouvoir pleinement apprécier ce « drame effroyable, burlesque et musical sur le pouvoir, l’absolutisme et la résistance ». A partir de 15 ans. Nicole Bourbon – mai 14 Sur scène, au fond du plateau un rideau rouge, une piste de cirque, de chaque côté des tréteaux. Les saltimbanques à l’aide de silhouettes et d’un théâtre d’ombres, de marionnettes, de musique, nous content à leur manière la douloureuse histoire d’un homme bon et honnête que le destin va cruellement frapper. Sous les rires, les pitreries, on devine la douleur, l’ignominie, la bêtise. On ne lui rend pas justice, on le méprise, on se moque de lui, sa chère épouse n’en survivra pas. Kohlhaas va devenir justicier, loup parmi les loups. Face à tant de haine comment réagir, doit-on faire justice soi-même ? Et pourtant la magie du théâtre de foire opère à merveille, c’est drôle, burlesque, c’est déjanté et surdimensionné et on y croit. Une compagnie à suivre sans modération ! Anne Delaleu – juillet 14 Le Marchand de chevaux, Michael Kohlhaas roman de Heinrich von Kleist, 1805 (Flammarion) Un simple marchand de chevaux aux prises avec l’arbitraire de la société féodale. Ignoré de son vivant, Kleist conquit, après sa mort tragique à 34 ans, une audience considérable. Ses œuvres, denses, succinctes, se composent de quelques tragédies et nouvelles. Aux circonvolutions de Goethe, il préféra une prose rapide, sans détails superflus, digne de l’homme d’action et de l’officier prussien qu’il avait été. Dans Michael Kohlhaas, court roman historique situé au XVIe siècle, il retrace la lutte inouïe d’un marchand de chevaux contre les institutions de ce temps. Kohlhaas, héros à la limite de la folie, combat pour la Justice et menace, en quelques semaines, l’équilibre politique et social de l’Electorat de Saxe tout entier. Sujet brandebourgeois - la future Prusse – Michel Kohlhaas se rend en Saxe pour vendre quelques uns de ses plus beaux chevaux. Arrêté à quelques verstes de la frontière entre les deux États par les barrières d’une forteresse, on exige de lui le paiement de droits de douane. Kohlhaas, qui a déjà franchi maintes fois la frontière, n’a jamais eu à payer quoi que ce soit pour cela. Le ton monte rapidement avec les serviteurs du Seigneur von Tronka, propriétaire de forteresse : le Seigneur lui-même finit par intervenir et confirme au marchand l’existence de ces nouvelles lois. Dans le doute, l’édiction d’une nouvelle ordonnance n’étant pas à exclure, Kohlhaas laisse en otage deux de ses plus beaux chevaux à l’intendant du château. A Dresde, les services du Prince lui confirment que von Tronka n’avait aucun droit pour lui réclamer une taxe et que les chevaux, laissés en gage, lui reviennent sans contrepartie. Revenu au château, armé de cette réponse, il exige la restitution de ses animaux. Or, ceux-ci ont été maltraités par les serviteurs de von Tronka : en quelques semaines, les superbes étalons, usés par les travaux de ferme, mal nourris, sont devenus deux haridelles décharnées. Kohlhaas exige la remise sur pied des animaux, qu’on lui refuse. Le marchand entame alors des procédures auprès de la cour de Dresde. Les von Tronka, très influents, opposent au souci de justice de Kohlhaas la toute la puissance de leurs relations. Débouté plusieurs fois, de manière totalement inique, par les magistrats puis les ministres du Prince, tous affiliés aux Tronka, présents aux plus hauts sommets de l’État saxon, sa femme tuée par les gardes du roi, Kohlhaas se métamorphose subitement. De simple bourgeois légaliste, convaincu de son bon droit, il devient un justicier implacable. Il vend tous ses biens pour recruter quelques mercenaires et attaque de nuit la forteresse des Tronka. Le Seigneur lui échappe mais le château est rasé, les serviteurs exterminés. Pourchassant sans relâche von Tronka, Kohlhaas remporte plusieurs succès inattendus contre les forces de l’Etat. Métamorphosé en archange vengeur, il joue sur les tensions sociales entre la noblesse et le peuple, arme des paysans et se proclame justicier de Dieu. L’État s’en vient rapidement à trembler sur ses bases. Pour le neutraliser, le Prince lui envoie Martin Luther. Le prédicateur apaise Kohlhaas et lui transmet une promesse du Prince : l’amnistie contre l’assurance d’un procès équitable. Kohlhaas, sur la foi de cette garantie, rend les armes – peut-être un peu vite... Car les Tronka finissent par obtenir son arrestation. Les arguties juridiques échangées entre le Prince de Saxe, celui du Brandebourg et l’Empereur à son sujet débouchent finalement sur un procès rapide, et sur sa condamnation. L’idée de Justice dont se faisait fort Kohlhaas paraît alors vaincue, non par la loi, mais par la puissance brute et effective des Tronka. Sa vengeance démesurée n’a-t-elle servi à rien? Mais les Tronka ont gagné en apparence seulement : certes, Kohlhaas est condamné mais en réalité, cette victoire signe la fin de leur règne. Le Prince permet la condamnation de Kohlhaas mais il démet les Tronka de leurs hautes fonctions. Ceux-ci se sont en effet décrédibilisés : ils ont été vaincus militairement à plusieurs reprises par un simple bourgeois et quelques paysans ; ils ont mis en danger l’Etat pour deux chevaux, par une obstination coupable à défendre une cause stupide. Et dans l’ordre féodal, cette défaite honteuse ne peut se racheter par une victoire juridique. Ils ont perdu leur statut. Leur fonction de défenseurs du Prince n’est plus tenable. Récit tragique, Michel Kohlhaas s’achève sur un superbe retournement de situation, en une astuce romanesque un peu grossière : Kohlhaas a reçu d’une bohémienne un papier sur lequel est inscrit l’avenir du Prince-Electeur de Saxe. Extrêmement superstitieux, celui-ci tente par tous les moyens de récupérer ce document. Le jour de son exécution, Kohlhaas se voit proposer un marché : il sera grâcié s’il livre le précieux parchemin. Victime de l’arbitraire d’une société clanique, dans laquelle l’homme seul, violent ou pacifique, n’a aucune chance de voir ses droits reconnus par le pouvoir, Kohlhaas peut par un ultime retournement du destin sauver sa tête. En défaisant les Tronka, même s’il le paie de sa vie, il détruit la position de cette famille au sein de l’État saxon. Voilà déjà une première vengeance. Le Prince, qui a tout fait pour le condamner est en position de faiblesse : son avenir est dans les mains d’un homme qui, pour venger le vol de deux chevaux, a mis un pays entier à feu et à sang. Roger Hilgers, Matthias Weiland, Eno Krojanker Au jeu de la puissance brute, l’homme enchaîné et condamné paraît bien faible face au pouvoir institutionnel princier. Mais en réalité, il garde, dans cette situation pénible toute sa liberté : il peut se sauver, mais il peut également nuire gravement au Prince. Kleist insère dans l’acte final de la tragédie un ingrédient inattendu. Dans les deux cas, Kohlhaas serait vengé! S’il livre le secret, il sortira libre de cette affaire et les Tronka auront perdu tout crédit politique ; s’il ne le livre pas, il brisera les espoirs superstitieux du Prince en lui démontrant qu’un simple individu peut tout face au pouvoir, à condition de ne pas tenir à sa vie. Kohlhaas préfère avaler le papier, après l’avoir lu. Exécuté, il sort paradoxalement vainqueur, par sa mort, de son combat justicier. Kleist affirme la toute puissance de la liberté humaine face à la conjonction de l’injustice, du pouvoir arbitraire et du destin. Kohlhaas aurait pu céder, renoncer, opter pour l’apaisement. Il se fait archange vengeur, détruit la position de force des Tronka et brise le superstitieux Prince Electeur en le frustrant de la maîtrise de sa destinée. L’ordre paraît maintenu, mais au fond, il est brisé par l’idée de Justice portée par Kohlhaas.. Le marchand est exécuté mais ses adversaires ont péri. L’ordre inique finit puni et la cause du marchand a triomphé – même s’il l’a payé de sa vie. De ce roman touffu d’Heinrich von Kleist, classique de la littérature allemande, parcouru d’une tension extrême et authentiquement révolutionnaire, le cinéaste français Armaud des Pallières a tiré le film, Kohlhaas. Son héros légaliste et insoumis est interprété par le comédien danois Mads Mikkelsen, ex-ennemi de James Bond dans le film Casino Royal. Ce film a été présenté au Festival de Cannes en 2013. « C'est un grand film. Mais cela ne suffit pas, loin de là, à en expliquer le succès. Sa sélection au Festival de Cannes ? Il en est revenu bredouille. Des thèmes séduisants - révolte, héroïsme, guerre, justice - sont au menu de cette histoire qui raconte comment, au XVIe siècle, un marchand de chevaux dans les Cévennes est victime d'une injustice, le poussant à se venger ». Le Monde « D’une beauté austère, d’une vraie noblesse cinématographique, le film a de quoi séduire. Arnaud des Pallières s’inscrit dans la tradition du cinéma d’auteur qui aime le dépouillement. Il plante solidement sa caméra dans la France rurale du XVIème siècle, du côté des Cévennes. La nature et quelques vieilles pierres suffisent pour faire vivre cette reconstitution, qui s’intéresse surtout aux visages, aux attitudes, aux mots… Arnaud des Pallières dit avoir été bouleversé par le texte de Kleist, qu’il découvrit très jeune… ». Telerama Eno Krojanker, Matthias Weiland La voix des exécutés Vous salue de ma tombe, oh vous mes meurtriers ! Je ne vous en veux pas de m'avoir condamné. Tout un chacun travaille à défendre le droit Qu'il estime être juste dans le monde d'ici-bas. De vos aïeux chéris, vous croyez l'enseignement. Le maître est le maître, le valet… un manant ! Etre maître est pour vous un honneur naturel, Un privilège acquis pour des temps éternels. Moi, je me suis placé du côté des plus faibles. J'ai harangué le peuple afin qu'il se soulève, Qu'il clame haut et fort ce nouveau paramètre : Nous ne sommes pas valets, et vous n'êtes pas nos maîtres ! De votre noble clan, j'ai froissé la fierté. Il me faut me soumettre, mon plan a échoué. Mais je suis fier de moi car en le réveillant J'ai ôté au bon peuple sa soumission d'enfant. Je vous ai offensés. Vous vous êtes vengés. Nous sommes, vous et moi, pleinement persuadés De servir la bonne cause, celle qui de nous fera Les héros de demain quand chacun comprendra. Que mon sang sacrifié au nom de la justice Puisse à jamais servir notre cause salutrice. On verra qui du peuple ou des grands de ce monde Aura le plus de poids à l'ultime décompte. Erich Mühsam Extrait de "Brennende Erde", Poésie d'un combattant, mars 1919 Note d’intentions du metteur en scène, Claus Overkamp : Au départ d’une nouvelle production, nous nous posons la question : « Quelles sont nos préoccupations? Que se passe-t-il dans le monde actuellement ? Cette lutte de Kohlhaas pour la justice a retenu notre attention. En lisant le roman de Kleist, nous avons été frappés par l’actualité du propos et les questions qu'il soulève. Comment réagir face aux injustices d'aujourd'hui? Par quels moyens sont autorisés? Dans l’œuvre de Kleist, ce n'est pas le Michael Kohlhaas historique qui nous a intéressé, mais le Michael Kohlhaas en nous-mêmes que nous assimilons au sens de la justice profondément ancré dans chaque être humain. Dans notre mise en scène, le personnage de Kohlhaas prend forme dans l'esprit des spectateurs de deux façons : d'une part comme utopie - la justice et la loi doivent être équivalentes pour tous les êtres humains - et d'autre part comme expérience - notre monde est loin de la réalisation de cette utopie. En quelque sorte, Michael Kohlhaas est cette contradiction « qui se rebelle » à l'intérieur de chacun d’entre nous. La méthode de travail d'Agora Theater, basée sur l’autobiographie, a mis un focus sur certains moments du roman, qui sont en relation avec des expériences de nos propres vies. Les poèmes d'Erich Mühsam nous ont aidés à renforcer le monde intérieur des sentiments et des pensées de Kohlhaas. Le choix de l’univers du théâtre de foire provient d'une part des improvisations scéniques proches de cet univers lors des répétitions. D'autre part, cet univers est pour nous la réponse à la question: quelle perspective de narration permettrait le mieux de raconter cette folie de violence, qui provoque d'autres violences, d’une manière à la fois cruelle et pleine d'humour? Les grandes lignes de la démarche artistique d’Agora Theater : Avant tout, nous recherchons le dialogue avec le spectateur. Les pièces du Théâtre Agora veulent donner au spectateur la force de modeler activement le monde et de le transformer. Les mises en scène signées Agora font la synthèse de différents arts traités sur un pied d’égalité, ou considérés comme complémentaires. L’expérience théâtrale s’adresse à la fois à l’émotion, au sentiment et à la raison. Elle est perçue par l’ensemble des sens. L’art est la conscience de la société. L’art est le reflet de la réalité, tout en modifiant le point de vue et en agissant sur cette réalité. Nous nous engageons pour que le théâtre trouve sa place dans le quotidien des gens et pour qu’il soit accessible à toutes les couches sociales. L’art est liberté. Libre de revendications, d’attentes et de contraintes de toute nature. Le théâtre est liberté. Cette liberté, nous la défendons. Lorsque nous créons, nous nous permettons toutes les libertés et bravons tous les interdits. Nous travaillons selon la méthode du théâtre autobiographique développée par Marcel Cremer. Cette méthode place la biographie au commencement de chaque genèse d’une pièce. Il s’agit d’histoires qui touchent à la question centrale animant la pièce en gestation. Celles-ci en constituent les fondements. Nous prenons notre temps. Nous travaillons sciemment dans la lenteur et la concentration, afin de permettre un débat intense et chargé de plaisir autour d’un sujet. Nous vérifions à chaque fois si le spectacle et notre théâtre est en relation avec le monde que nous connaissons. Annika Serong, Roger Hilgers, Marie-Joëlle Wolf „La plus grande richesse d’un acteur, voire de tout être humain, c’est sa biographie, son trésor d’expérience, son histoire. [...] Chaque acteur, chaque être humain possède en lui des milliers d’histoires qui peuvent donner lieu à une pièce de théâtre. Toutes les histoires que connaît l’humanité se retrouvent dans un seul individu. De Hamlet à Faust, en passant par Méphisto, Iphigénie, Mère Courage, la Pucelle d‘Orléans, tous les personnages de la littérature mondiale se retrouvent en chacun de nous. Je dois m’efforcer de découvrir ces personnages en moi. La découverte du personnage est la première, la communication de cette découverte au spectateur est la deuxième partie du processus. “ Marcel Cremer. « Le spectateur invisible » Extrait de la pièce « Kohlhaas » «Je vendrai la ferme et les terres. Mes propriétés, après tout, ne sont pas toute ma vie. Il existe aujourd'hui une raison... une raison supérieure... à côté de laquelle ma petite vie bourgeoise... ma petite vie de père de famille ... d'honnête homme respectueux des règles et des lois... est secondaire et indigne. Dois-je renoncer à ma lutte ? Dois-je plutôt me rendre au château de Tronkenburg en baissant la tête, supplier qu'on me rende les chevaux dans leur état minable, sauter en selle et revenir ici ? Lisbeth, est-ce cela que je dois faire ? Non, je ne peux pas. Je ne peux pas ! Je ne veux pas vivre dans un pays où mon bon droit n'est pas respecté et protégé. Plutôt être un chien qu'un homme si je dois être traité à coups de pieds ! Lisbeth, ma femme, si tu estimes que justice doit m'être rendue, accorde-moi la liberté nécessaire d'agir pour me procurer cette justice.» Matthias Weiland, Roger Hilgers, Eno Krojanker Festivals - Festival Noël au Théâtre, Bruxelles (B) - KUSS - kuck ! schaul ! spiel – 17 Hesssische Kinder und Jugentheaterwoche in Marburg (D) - Open Ohr Festival, Mayence (D) - Festival Westwind 2012 – 28ème Rencontres de théâtre jeune public de Rhénanie-du-NordWestphalie à Paderborn (D) - Rencontres Théâtre Jeune Public à Huy 2012 (B) - Unidram 2012, Postdam (D) - Spierlarten 2012, Rhénanie-du-Nord-Westphalie (D) - Festival Favoriten 2012, Dortmund (D) - Augenblick Mal ! 2013, Festival national de théâtre pour jeune public, Berlin (D) - Theaterszene Europa 2013, Studiobühne Köln (D) - Fringe Festival, Recklinghausen 2013 (D) - NRW Theatertreffen 2013, Bielefeld (D) - Spleen Graz, 2014 (A) - Festival Ourcéanie – Villeneuve-les-Maguelone – 2014 (F) - Festival d’Avignon Off – Juillet 14 Prix - Prix de la Culture aux Rencontres Théâtre Jeune Public 2012 à Huy (B) - Coup de cœur de la presse aux Rencontres Théâtre Jeune Public à Huy (B) - Prix principaux au Festival Westwind 2012 – 28ème Rencontres de théâtre jeune public de Rhénanie-du-Nord (D) - Marburger Kinder und Jugendtheatrepreis 2012 (D) Matthias Weiland Agora, un théâtre Agora : Place publique et marché dans les anciennes villes grecques ; à Athènes, l’agora était le centre de la vie publique et politique (Dictionnaire Quillet). AGORA est un théâtre. Ses racines et son port d’attache se trouvent à St Vith, une ville de l'est de la Belgique dans une région frontalière entre l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Au cours des siècles, les habitants de ce territoire ont dû changer plusieurs fois leurs identités, politique et étatique. Les habitants y parlent l'allemand, troisième langue officielle en Belgique mais minoritaire à côté du français (parlé par les Wallons) et du néerlandais (parlé par les Flamands). La compagnie vit et travaille sur cette terre chargée d’Histoire, qui a survécu à de nombreux conflits historiques C’est en 1980 que Marcel Crémer a fondé à St Vith, AGORA, le Théâtre de la Communauté germanophone de la Belgique. Germaniste, néerlandiste et pédagogue de théâtre, auteur de pièces de théâtre, acteur jusqu’en 1986 et metteur en scène, il a présenté depuis cette date plus de 32 créations, d’après ses propres écrits ou inspirées d’œuvres littéraires. Il a dirigé plus de 150 workshops en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Hongrie, en Autriche, en France et au Brésil. De manière constante et avec un succès continu, Agora oriente ses créations vers un travail théâtral engagé, à travers ses nombreuses productions que la compagnie présente à travers toute l’Europe et participe aussi à de nombreux festivals de renommée internationale : en Belgique, en Allemagne, en France, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Hongrie, en Pologne, en République Tchèque, en Slovaquie, en Lituanie, au Brésil, au Pays de Galles, en Bosnie, en Croatie, en Espagne, en Irlande, en Angleterre, en Italie…. Tous les ans en octobre, la compagnie Agora organise le Festival de Théâtre de St Vith dont Marcel Crémer a été le directeur artistique jusqu’à son décès, en décembre 2009. Aux Rencontres de Huy (Belgique), la compagnie Agora a reçu en 2000 le coup de foudre de la presse, et le prix du jury avec Le Petit prince écarlate, en 2003 la mention spéciale du jury pour l’originalité avec Le Nid flottant et en 2005 le Prix de La Ministre de la Culture avec Les Croisés, en 2006 le prix de la Ministre de la Culture, Fadila Laanan et le coup de Foudre de la Presse avec Le Cheval de bleu. Deux ennemis inséparables a obtenu le Prix du ministre de l'Enseignement secondaire et le « coup de cœur » de la presse aux Rencontres de Huy (Belgique) en août 2008. Pour Le Roi sans royaume (texte : Marcel Cremer, co-mise en scène : Marcel Cremer et Fatma Girretz), spectacle créé en mai 2010, en co-production avec le Théâtre de Villeneuve lès Maguelone, Scène conventionnée pour les Jeunes Publics en Languedoc-Roussillon, Agora Theater a reçu le Prix de la Ministre de la culture et le Coup de Foudre de la Presse au Festival de Huy en août 2010, ainsi que le Prix de la Critique du Théâtre de la Communauté française de Belgique, dans la catégorie “Spectacles Jeune Public” en novembre 2011. Depuis 2010, Kurt Pothen est le nouveau directeur artistique d’Agora Theater, chargé de préserver l’héritage de la méthode de travail autobiographique de Marcel Cremer et d’emprunter de nouveaux chemins. La compagnie tourne beaucoup en Belgique, en France et en Allemagne avec une création récente : Bagatelle, un spectacle mis en scène par Kurt Pothen, d’après un texte de Jakob Mendel et Gitte Kath, avec le comédien Roland Schumacher. KOHLHAAS est un projet théâtral qui a été réalisé dans le cadre de « VIA2018 / Maastricht et l’Eurégio Meuse-Rhin », candidate au titre de Capitale européenne de la culture 2018 Une co-production du Théâtre AGORA et du Theater Marabu (Bonn) avec le soutien de KULTURsekretariat NRW, la ville Bonn und du Land NRW. Le Théâtre de la Communauté germanophone de Belgique Am Stellwerk 2 B- 4780 St. Vith [email protected] Tél.: +32 (0)80 226 161 www.agora-theater.net
Documents pareils
D`après Heinrich von Kleist Une troupe de théâtre ambulant
avec des poèmes d’Erich Mühsam
Mise en scène :
Claus Overkamp
Direction artistique :
Kurt Pothen