Roberto Zucco
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Roberto Zucco
textes et documents Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès (édition de minuit) mise en scène Pauline Bureau *Théâtre de la Tempête Cartoucherie Théâtre de la Tempête 6 mai - 6 juin Route du Champs de Manoeuvre 75012 Paris *location 01 43 28 36 36 *administration 01 43 74 94 07 *fax 01 43 74 14 51 *[email protected] *www.la.tempete.fr Contact groupes et collectivités Anne Delaunay : 01 43 28 36 36 du 6 mai au 6 juin 2010 le mardi,mercredi,vendredi et samedi à 20h30 à 20 h30 jeudi 19 h30 dimanche 16h Rencontre-débat mardi 11 mai 2010 après la représentation, avec l’équipe artistique. Théâtre de la Tempête Cartoucherie Route du Champ-de-Manœuvre 75012 Paris - réservation 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne et documentation : www.la-tempete.fr - groupes et collectivités : Anne Delaunay 01 43 28 36 36 [email protected] Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès(édition de Minuit) mise en scène Pauline Bureau —avec Yann Burlot Mikaël Chirinian Nicolas Chupin Sonia Floire Régis Laroche Marie-Christine Letort Géraldine Martineau Marie Nicolle Aurore Paris Jean-Claude Sachot Catherine Vinatier Alexandre Zeff Note d’intention Enfant, je croyais que quand je mourrais, le monde disparaîtrait en même temps que moi. Un jour, j’ai compris que non. Roberto Zucco va mourir, il le sait, il le sent. Il a l’instinct de la mort. La sienne et celle des autres. Quinze tableaux comme les stations d’un chemin de croix. Quinze fois l’envie d’emmener le monde avec lui dans la tombe. Une montée vers le soleil pour Zucco, une descente aux enfers pour la gamine. A moins que ce ne soit l’inverse. Chaque chose est son contraire dans cette histoire. Une mère est étranglée dans un baiser, une gamine violée apprend à aimer, un frère vend celle qu’il adorait et une soeur meurt d’avoir peur d’aimer. Personne ne sort indemne après l’avoir croisé. Il emporte une part de chacun avec lui, la vie de l’un, le pucelage de l’autre. La question de la morale ne se pose pas. Roberto Succo était un fait divers. Roberto Zucco est un mythe. Une trajectoire d’étoile filante. Qui nous éclaire avant de s’éteindre. Un agent secret qui «agit secrètement» sur ceux qu’il croise. Nous interroge sur nos pulsions, nos mécanismes. Nos images sombres et nos fantasmes inavouables. Nos désirs noirs et les forces complexes qui s’emmêlent en nous. Et c’est ce que j’ai envie de voir sur le plateau. Comment la douceur et la violence, l’amour et la destruction, la vie et la mort peuvent exister, ensemble. Parce que l’un ne va pas sans l’autre. Et que d’interroger ça, m’aide à l’accepter. Pauline Bureau Une Cavale Polar déconstruit, Roberto Zucco est l’histoire de la cavale d’un meurtrier. Comme dans tout bon polar, il y a une énigme, mais contrairement au polar habituel, on sait, dès le début, qui est le tueur, et la déclaration finale de Zucco, « Je suis le meurtrier de mon père, de ma mère, d’un inspecteur de police et d’un enfant. Je suis un tueur. », ne fait que reprendre ce qui a été donné à voir au spectateur. Et l’énigme s’épaissit ici en un mystère, celui du passage à l’acte : pourquoi Zucco tue-t-il ? C’est ce mystère, qui demeure, que Koltès donne à voir au spectateur. Peu avant, Koltès a traduit Conte d’hiver, et son texte s’étoffe de réminiscences shakespeariennes : Zucco apparaît aux gardiens comme le fantôme d’Hamlet, il proteste contre les mots qu’il « faut arrêter [d’] enseigner », la soeur est Ophélie… Mais le modèle s’inverse : si Hamlet est l’histoire de l’impossibilité mystérieuse de passer à l’acte, Roberto Zucco est pur passage à l’acte. Hamlet est un héros paradoxal, impuissant et dont l’impuissance reste mystérieuse, Roberto Zucco, double inversé, est un héros paradoxal, puissant mais dont la puissance qui se manifeste dans le passage à l’acte reste mystérieuse, parce qu’immotivée. Le spectateur n’a pas accès à ce qui pourrait être l’intériorité du personnage, qui échappe dès lors à toute psychologie. Il n’a accès qu’à des discours contradictoires, ceux des autres personnages, pures fonctions, sur Zucco et de Zucco sur lui-même : il est «une bête sauvage, un malade, un cinglé, un fou, un démon, un beau garçon, au regard si doux, un diable, un jeune à l’esprit bien clair, un agent secret, un ami, un tueur de flics, si doux, si gentil, un beau gosse, à l’air timide, un homme de la race de ceux qui donnent envie de pleurer rien qu’à les regarder, un drôle de type, un chien, un trouillard, qui ne laisse à personne le temps de l’aider, un garçon normal et raisonnable, transparent, un rhinocéros, quelqu’un qui se fout de la gueule de tout le monde, Goliath, Samson». Il n’est rien de cela et tout à la fois. Il est la somme des discours qui le prennent pour objet, sans qu’aucun d’entre eux ne soit vrai. Contrairement à la tragédie antique ou classique, tragédie de la parole dans laquelle les personnages restent statiques, englués dans un lieu qu’ils ne peuvent quitter, Roberto Zucco est une tragédie de l’action, entièrement dynamique. Rien n’est déjà accompli, tout a lieu sous les yeux du spectateur. « Trajectoire fulgurante », Roberto Zucco est le spectacle de l’errance d’un homme qui tue, et d’un homme qui meurt. La pièce fait du personnage un mythe, selon le voeu de Koltès, mais un mythe moderne, qui a perdu son schéma explicatif et dont le sens transparent ne se donne plus à la communauté. Tragédie moderne d’un écrivain mourant, la pièce dit quelque chose de l’impossibilité de rendre raison de la mort donnée et de la mort reçue, « petit déraillement » dont le sens se dérobe et que Koltès s’obstine à figurer. Benoîte Bureau Scénographie Quinze stations, les quinze étapes de Roberto Zucco. La scénographie devra rendre compte d’un trajet ascensionnel, celui d’un homme, qui à force de regarder les choses d’en bas devient meurtrier peut-être pour parvenir à les voir d’en haut. Ce mouvement ascendant s’appuiera sur un grand espace urbain structuré duquel émergera le terrain vague anarchique, lieu dans lequel se mêlent et se démêlent les rencontres et sentiments humains. Un espace élastique qui saurait faire passer d’un état d’oppression à un souffle libérateur. En somme, cela reviendrait à se sentir enfermé dans un espace ouvert. Les dédales du métro, la gare, le jardin public, le petit Chicago, sont des lieux qui sont des non-lieux, des lieux qui nous abritent et pourtant nous rendent vulnérables en nous jetant dans la gueule du loup. Les lumières blafardes et les néons aveuglants côtoieraient les ampoules féeriques de fêtes foraines ; de même le carrelage sanitaire, l’asphalte propre et les objets scintillant qui côtoieraient les résidus et déchets d’un terrain vague, ou encore l’eau salvatrice et rédemptrice qui pourtant peut nous emporter dans ses méandres, sont autant de pistes plastiques qui tendraient à faire naître le sublime dans l’horreur, paradoxe de l’homme qui détruit dans un excès d’amour. Emmanuelle Roy Bernard-Marie Koltès Bernard-Marie Koltès est né à Metz en 1948. Après avoir goûté au journalisme, il choisit définitivement d’écrire pour le théâtre après avoir vu à la Comédie de l’Est, Maria Casares dans Médéa, mise en scène par George Lavelli. Il entre à la section «régie» de l’école du nouveau Théâtre National de Strasbourg, où il passe quelques mois, puis fonde immédiatement le Théâtre du Quai, pour laquelle il écrit plusieurs pièces qu’il met en scène lui même. Pendant son séjour au Guatemala en 1978, il écrit deux nouvelles et entreprend Combat de Nègre et de chiens qu’il achèvera à Paris. La pièce sera créée à NewYork en 1981 au théâtre de la Mamma, dans une mise en scène de Françoise Kourilsky. La pièce est ensuite montée en Allemagne, puis en 1983 Patrice Chéreau la met en scène pour l’ouverture du Théâtre des Amandiers à Nanterre. Elle est ensuite montée à Bordeaux, en Allemagne Fédérale, Allemagne de l’Est, Autriche, Suisse, Yougoslavie, Danemark, Hollande, ltalie, Espagne, Finlande, Afrique du Sud,... C’est le début d’une collaboration qui se poursuit avec les pièces Quai Ouest (1985), Dans la solitude des champs de coton (1986) et Le retour au désert (1988). La dernière pièce de Bernard-Marie Koltès, Roberto Zucco, (1988), est créée à la Schaubühne de Berlin en 1990 par Peter Stein. Elle est jouée pour la première fois en France en 1991 au T.N.P. de Villeurbanne, puis au Théâtre de la Ville, dans une mise en scène de Bruno Boëglin. Malade depuis quelques années, son état de santé s’aggrave au cours de 1988. Il meurt le 15 avril 1989. Bibliographie Coco, théâtre 1988 (Ed. de Minuit, 2001) Combat de nègre et de chiens, théâtre 1979 (Ed. Stock Théâtre Ouvert, 1980) Dans la solitude des champs de coton, théâtre 1985 (Ed. de Minuit, 1986) Des voix sourdes, théâtre 1974 (Ed. de Minuit, 1998) L’Héritage, théâtre 1972 (Ed. de Minuit, 1998) La Fuite à cheval, très loin dans la ville, roman 1984 (Ed. de Minuit 1984) La nuit juste avant les forêts, théâtre 1977 (Ed. Stock Théâtre Ouvert,1980) Le comte d’hiver de William Shakespeare Le Jour des meurtres dans l’histoire de Hamlet, théâtre (Ed. de Minuit, 2006) Le Retour au désert, théâtre 1988 (Ed. de Minuit, 1988) Les Amertumes, théâtre 1970 (Ed. de Minuit, 1998) Lettres, Correspondance (Ed. de Minuit, 2009) Nickel Stuff Scénario (Ed. de Minuit, 2009) Procès ivre, théâtre 1972 (Ed. de Minuit, 2001) Prologue, roman 1991 (Ed. de Minuit, 1991) Quai Ouest, théâtre 1985 (Ed. de Minuit, 1985) Récits morts. Un rêve égaré, théâtre1973 (Ed. de Minuit, 2008) Roberto Zucco, théâtre 1988 (Ed. de Minuit, 1990) Sallinger, théâtre 1977 (Ed. de Minuit, 1995) Tabata, théâtre 1986 (Ed. de Minuit, 1990) Une part de ma vie. Entretiens, 1983-1989 (Ed. de Minuit, 1999)
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