Abstract “UNCONSCIOUS SOURCES”. MARK ROTHKO ET L`ART
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Abstract “UNCONSCIOUS SOURCES”. MARK ROTHKO ET L`ART
Abstract “UNCONSCIOUS SOURCES”. MARK ROTHKO ET L’ART ITALIEN Riccardo Venturi Au retour de son premier voyage en Europe, Mark Rothko (1903-1970), comme le dit son ami Robert Motherwell, était « a transformed man ». Toutefois une étude historique et critique sur les voyages de Rothko en Europe et en particulier en Italie reste encore à accomplir. En feuilletant la littérature critique, on ne trouve que des allusions qui restent à l’état d’ébauches : ce qu’on sait avec exactitude, c’est que Rothko se rendit en Italie trois fois - en 1950, en 1959 et en 1966 - pour une période qui oscille entre cinq semaines et trois mois. Si ses visites sont dictées par la curiosité de voir de plus près certains chef-d’œuvres de l’art - de l’Antiquité à la Renaissance - Rothko rencontre aussi des artistes contemporains avec qui il reste en contact. Dans The Artist’s reality - Philosophies on art (traduit par Flammarion en 2004, La réalité de l’artiste), manuscrit inachevé de Rothko, il y a une grande partie de noms liés à la peinture italienne du Trecento et de la Renaissance : de Giotto (le plus cité) à Léonard de Vinci, de Botticelli à Michel-Ange. Devant le Temple d’Héra (?) il s’exclama: « I have been painting Greek temples all my life without knowing it ». A Florence il visite en particulier la Bibliothèque Laurentienne de Michel-Ange : son entrée métaphysique, ses fenêtres noires et aveugles, l’espace du vestibule qui rend claustrophobe, suscitent en Rothko une forte impression. Elle sera une source d’inspiration ou une confirmation à posteriori de ses propres idées (la chronologie exacte reste à établir) pour les Seagram Murals. En 1966 il visite avec l’historien d’art Giulio Carlo Argan les fresques de Fra Angelico au couvent de Saint Marc. A ce propos Rothko parlera à John Hurt Fischer de « unconscious sources », une expression qui nécessitera sûrement une analyse attentive par rapport à l’histoire de l’art. Dans quel sens faut-il considérer une source inconsciente ? Quelle est son statut scientifique, sa capacité de se prêter à une narration historique ? Qu’est-ce que ça comporte dans le domaine de l’histoire de l’art et en particulier dans la pratique artistique de Rothko ? On est peut-être proche - c’est notre hypothèse - du concept de Nachleben, de survivance, que Aby Waburg élabora à propos de sources figuratives de la Renaissance italienne.