Les notes de cours en format Word converti en pdf
Transcription
Les notes de cours en format Word converti en pdf
Progiciels de gestion inétegrée Notes de cours Par Mohamed Louadi, PhD Institut Supérieur de Gestion de Tunis www.louadi.com / [email protected] © 2011 Tous droits réservés Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Le principe organisateur et fondamental de la révolution actuelle est aux antipodes de celui de la révolution industrielle. L’originalité de la première révolution, la révolution industrielle, était la séparation, c’està-dire, la division du travail en composantes infiniment répétitives pour faciliter la production en série. Le principe de la révolution actuelle, la révolution de l’information, est la réunification, c’est-à-dire, la mondialisation1, l’union économique des états, les partenariats, les concentrations, les réseaux, etc. Dans la nouvelle révolution, l’information et le savoir ont désormais remplacé le capital, le travail et les autres paramètres de l’ancienne économie. Certains économistes estiment même que l’information est la quatrième ressource à l’actif d’une entreprise, après le personnel, l’équipement et le capital. Ainsi, l’information est-elle devenue l’une des ressources essentielles de tout système soucieux d’être partie prenante de cette nouvelle révolution, que ce soit un pays, une économie ou une entreprise. Compte tenu du fait que l’information permet de mieux gérer les autres ressources (travail, équipement, capital), elle devient même plus importante qu’elles. I. Introduction A une époque où la plupart des entreprises tunisiennes envisagent de se restructurer en vue de devenir plus compétitives à l’échelle régionale ou même internationale, une meilleure gestion des ressources organisationnelles se fait de plus en plus pressante. De l’avis des experts, les systèmes de motivation, de rémunération et de gestion de l’une des ressources organisationnelles les plus importantes, à savoir les ressources humaines, doivent être impérativement réexaminés. L’on croit souvent volontiers que l’informatique seule permet des gains de productivité et de rentabilité quasi-magiques. Or souvent, une application maladroite de l’informatique, quoique bien intentionnée, peut aboutir au résultat contraire. Des erreurs de calcul dans des tableurs, par exemple, ont coûté des milliers, voire des millions de dollars à certaines entreprises américaines2. L’on a déjà vu des cas où l’introduction et l’utilisation irréfléchies de l’informatique avait causé la faillite d’entreprises3. L’informatique est neutre; elle ne garantit jamais de résultats miracles de par sa seule application. Et souvent l’informatique se réduit à l’automatisation de tâches et de procédures administratives déjà inefficaces, ce qui revient à accentuer une inefficacité ou une improductivité existante. L’informatique ne doit plus se limiter à l’automatisation directe de ce qui se faisait manuellement. Elle doit contribuer à la gestion de l’information; une denrée particulièrement difficile à se procurer dans notre pays. L’information, par définition, nous informe 1 La mondialisation, elle même, peut être comprise comme le résultat, entre autres, de l’usage globalisé des TIC, en particulier, dans les secteurs financiers, commerciaux et industriels. 2 Voir Galletta et al. (1993). 3 D’où le terme CAB, ou Computer-Aided Bankruptcy. 2 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée sur toutes les ressources, y compris les autres ressources organisationnelles. De ce fait elle devient encore plus importante. Ainsi, au lieu de se cantonner dans le rôle d’automatisation des procédures manuelles existantes sans révision du mode organisationnel ni étude préalable de l’existant, des besoins, des objectifs et des défis, l’informatique devrait être située dans le cadre du système d’information global (informatisé ou non) de l’entreprise. La gestion de l’information comme souci majeur a précédé l’informatique et les ordinateurs. Des systèmes d’information existaient bien avant l’avènement de l’informatique et des systèmes d’information informatisés, que certains malheureusement appellent encore tout simplement et sans discernement «systèmes d’information». Une entreprise peut fonctionner sans être informatisée et l’informatique seule n’est pas garante d’une meilleure gestion de l’information. Le défi est de savoir promouvoir l’ordinateur au rang des outils générateurs d’information et c’est là que se situe la différence entre automatisation et informatisation. II. La modélisation des entreprises A. Le modèle d’Anthony L'approche classique en matière de modélisation des entreprises s'appuie sur le modèle d'Anthony (Anthony, 1965). Ce modèle considère les trois niveaux suivants: • • • le niveau de la planification stratégique, le niveau du contrôle de gestion, le niveau de la gestion opérationnelle et transactionnelle. Type de travail Contenu informationnel Non mesurable De planification Abstrait Complexe Créatif Orienté vers le futur Politique Planification Budgets Objectifs Planification stratégique Contrôle de gestion Mesurable Doit être efficient Concret De contrôle Orienté vers l’immédiat Gestion opérationnelle Mesures Plans Revenus Coûts Profits Performance Services Biens Caractéristiques de l’information Externe Etendue large Ad hoc Imprévue Hypothétique Irrégulière Sommaire Prévisionnelle Qualitative Interne Détaillée Etendue limitée Pré-établie Planifiée Historique Répétitive Factuelle Quantitative Schéma de l’approche classique: La pyramide d’Anthony et l’information dans l’entreprise. 3 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 1. Le niveau de la planification stratégique Le processus de décision sur les objectifs de l'entreprise, leur changement éventuel, le besoin des ressources utilisées pour atteindre ces objectifs et sur les politiques d'acquisition, d'utilisation et d'organisation des ressources. A ce niveau, on trouve les dirigeants, le Conseil d’administration, les PDG, les DGA et les autres cadres supérieurs. 2. Le niveau de contrôle de gestion Le processus grâce auquel les managers s’assurent que dans la poursuite des objectifs de l’entreprise, les ressources sont obtenues et utilisées de façon efficace, rentable et optimale. A ce niveau, on trouve les superviseurs, les directeurs et les autres cadres moyens (ou intermédiaires). Ce sont aussi les utilisateurs les plus avides d’information: • • • • • 3. Le contrôle de gestion pour l’analyse des coûts, l’analyse de la rentabilité, l’élaboration budgétaire, les indicateurs de performance… La direction marketing pour le ciblage, le pilotage de gamme, les applications de géomarketing, de fidélisation clients… La direction commerciale pour le pilotage des réseaux (directs ou indirects), les prévisions des ventes, l’optimisation des territoires… Les ressources humaines pour la gestion des carrières, la gestion collective… La direction de la production pour l’analyse qualité, la prévision des stocks, la gestion des flux, la fiabilité industrielle… Le niveau de la gestion opérationnelle et transactionnelle Le processus par lequel les programmes arrêtés sont exécutés avec les ressources disponibles. Dans ce niveau, l’on trouve aussi bien les employés de bureau et les agents administratifs que les ouvriers. Ces trois processus sont ordonnés hiérarchiquement. 4 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Planification stratégique Contrôle de gestion Gestion opérationnelle et transactionnelle Au jour le jour Long-terme Court à moyen-terme Utilisant ce modèle, nous mettrons surtout l'accent sur: • • • les processus internes et inter-entreprises, l'automatisation des procédures, la satisfaction des besoins en informations des acteurs de l’entreprise qui différent significativement. B. L’entreprise vue comme un système Les analyses systémiques des firmes et de leur gestion partent toutes de l'hypothèse que les organisations peuvent être considérées comme des systèmes ouverts ayant des propriétés identiques à celles des systèmes vivants. En effet, à bien des égards, il est souvent plus utile de considérer l’entreprise comme une unité faisant partie d’un tout. On s’accorde généralement sur le fait que ce tout constitue l’environnement. Certains poussent l'analogie jusqu'à considérer qu'une entreprise est identique au corps humain. Ainsi pour Paterson, par exemple, «les membres d'une firme sont les cellules d'un corps» (Paterson, 1966) et pour Beer, «les services internes d'une entreprise correspondent à la circulation du sang et aux glandes endocrines, ses communications au système nerveux et son cerveau est le management» (Beer, 1959). Le principe de décomposition préconisé dans la théorie des systèmes peut être appliqué à l’entreprise par le biais du modèle d’Anthony, où toute l’entreprise constitue le système, où une première décomposition est appliquée en utilisant les niveaux de gestion et où une deuxième décomposition est appliquée au niveau des divisions fonctionnelles. 1. L’entreprise se décompose en sous-systèmes Il est par ailleurs utile de décomposer le système (qui, dans ce cas précis, est l’entreprise) en sous-systèmes. La décomposition la plus populaire est celle des trois niveaux de gestion offerts par le modèle d’Anthony. 5 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 2. Les niveaux de gestion, des sous-sous-systèmes Chacun des trois niveaux de gestion du modèle d’Anthony représente en fait les divisions fonctionnelles de l’entreprise. 1 L’entreprise considérée comme un système dans son niveau le plus abstrait. 2 Le premier niveau de décomposition d’Anthony: Les 3 niveaux de gestion. Chaque niveau est considéré comme un sous-système. 3 Le deuxième niveau de décomposition: Chacun des 3 niveaux est à son tour composé d’autres soussystèmes: les divisions fon ctionnelles. Le niveau stratégique de la fonction financière. Le niveau opérationnel (transactionnel) de la fonction marketing. Le niveau opérationnel (transactionnel) de la fonction financière. Chaque cellule, résultat de ces décompositions, peut être vue comme un système. Ainsi les parties distinctes du système qu’est l’entreprise pouvant être vues comme des systèmes, ces sous-systèmes de l'entreprise s'intègrent les uns aux autres. On trouve de ce fait: • Le sous-système Marketing: Dans ce sous-système on étudie les besoins des consommateurs en quantité et en qualité pour en informer le système de production. Ce système assure aussi la distribution des produits finis selon les lieux voulus et selon une date correspondant aux besoins du marché de consommation. • Le sous-système Production: Ce sous-système a pour but de produire les quantités et qualités voulues selon la date planifiée. Les produits peuvent être soit tangibles (biens) ou intangibles (services). • Le sous-système Finance et Comptabilité: Dans ce sous-système, il s'agit de trouver les ressources de financement du système entreprise; on doit utiliser ces fonds de façon à faire progresser l'entreprise. • Le sous-système GRH: Dans ce sous-système, on gère le personnel de toute l'entreprise. Ce système implique, entre autres, des activités de sélection, d'embauche, de formation, de rémunération, de surveillance, de motivation et de gestion de carrières. • etc. Tous ces systèmes renferment des sous-systèmes (leurs préoccupations stratégiques, de gestion et transactionnelles et opérationnelles). 6 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Tous ces systèmes sont des systèmes à part entière qui ne sauraient être isolés les uns des autres. Comme tous les systèmes s'intègrent les uns aux autres, il en est de même pour ces différentes composantes du système global qu'est l'entreprise. Dans cet ouvrage, chacun de ces systèmes peut être considéré comme un système d’information à part entière. III. L’informatisation des entreprises L’informatisation des entreprises, autrement dit le cycle d’appropriation de l’outil informatique par les entreprises n’est pas un processus rigoureux et scientifique. Au mieux, il peut être décrit à partir d’observations empiriques effectuées «après coup», comme cela avait été fait par Nolan dans les années 1970. Les observations de Nolan avaient été formulées à l’aide d’un modèle. Le modèle de Nolan a longtemps été populaire et a, à maintes reprises, donné lieu à des validations (ou des invalidations) aussi bien dans la théorie que dans la pratique (voir Benbasat et al., 1984; Drury, 1983; Goldstein et McCrick, 1981; King et Kraemer, 1983; Magal, 1989; Nolan, 1975; Strassmann, 1976). Un des modèles représentant les étapes par laquelle l’informatisation des entreprises passe est le modèle dit de Nolan. Le modèle de Nolan identifie six étapes de développement de l'informatique dans les entreprises. Accent mis sur les traitements (Automatisation) Accent mis sur les données (Informatisation) 1ère étape Initiation 2ème étape Contagion 3ème étape Contrôle 4ème étape 5ème étape 6ème étape Intégration Administration Maturité Ces six étapes sont (1) l’initiation (l’achat d’équipements informatiques et l’automatisation de certaines applications de gestion), (2) la contagion (le développement d'applications tous azimuts), (3) le contrôle (prolifération des mécanismes de contrôle), (4) l’intégration (orientation vers le service aux utilisateurs), (5) l’administration (management des ressources informationnelles) et (6) la maturité technologique. 7 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Ces différentes étapes sont telles que définies ci-après: A. L’étape de l’initiation Au début de son informatisation, une entreprise tend à investir, prudemment mais progressivement, dans les équipements informatiques et dans les applications qui touchent particulièrement les aspects financiers. Généralement, ce sont les applications comptables et financières, la facturation, la gestion de la paie, etc., qui sont introduites en premier. Pour Nolan, cette informatisation constitue l’étape de démarrage. Au cours de cette étape, il y a rarement une planification cohérente et peu ou pas de standardisation. Des micro-ordinateurs sont utilisés mais sans aucune centralisation. B. L’étape de la contagion Suite à l’automatisation des premiers temps, on pense à l’étendre aux autres fonctions de l’entreprise. La gestion de la production, la gestion de la paie et la gestion du stock, entre autres, prennent le pas sur les applications de l’étape précédente. En fait, c’est le commencement de la multiplication d’applications cloisonnées puisque le développement ou l’acquisition des applications n’est pas unifié et ce, même si celles-ci agissent sur le même stock de données. Ne s’inscrivant pas dans une démarche globale et intégrée, les investissements en acquisition ou en développement des applications sont accompagnés de coûts prohibitifs dus aux double-saisies et au cloisonnement des applications. Dans certaines grandes entreprises décentralisées, une même donnée peut être saisie des dizaines de fois; le résultat d’un système informatique est re-saisi dans un autre système informatique. Rapidement, cette situation débouche sur une crise liée aux incompatibilités et à l’augmentation des coûts. C. L’étape du contrôle La troisième étape est celle de la prise de conscience de l’existence de problèmes liés à un usage inadéquat de l’outil informatique et de la gestion des données. C’est l’étape où un contrôle et une régulation globaux sont instaurés pour gérer la croissance en appliquant des critères coût/efficacité. Dans cette étape de standardisation et de normalisation de l’informatique, on procède généralement au diagnostic de la situation. On reprend donc en main le contrôle des décisions en matière informatique en développant, par exemple, un schéma directeur informatique, ou, à tout le moins, un plan informatique. C’est à l’issue de cette étape que les préoccupations organisationnelles changent d’orientation. Les entreprises prennent conscience de l’importance de la ressource première qui a, jusque là, été reléguée au deuxième plan derrière les soucis d’automatisation des tâches et des procédés:l’information. 8 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée D’une situation où sévit une pléthore d’applications isolées et cloisonnées (étape de contrôle)... ... on évolue vers une situation où les différentes applications sont intégrées (étape de l’intégration). D. L’étape de l’intégration La quatrième étape est celle de l’intégration: les données communes aux applications sont intégrées dans des bases de données qui peuvent être à leur tour fédérées. Plusieurs solutions existent qui permettent une plus grande économie dans la gestion de l’information doublée d’une plus grande intégrité de l’information. Les applications sont réécrites et les interfaces entre les applications sont spécifiées et normalisées. 9 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée L’insistance organisationnelle sur: • • • • la qualité des données, la qualité, la pérennité et l’interopérabilité des applications, la performance et la limitation des coûts se fait plus pressante. C’est alors que les trois niveaux de gestion selon Anthony sont pris en considération et des attentes vis-à-vis de l’informatique se font plus spécifiques: 1. Le niveau de la planification stratégique Ce niveau concerne essentiellement les systèmes de prévision économique, de la planification en général, des plans stratégiques et opérationnels, de l’analyse des ventes et de la rentabilité, en somme, les tableaux de bord destinés à l’aide à la décision et à l’action. 2. Le niveau de contrôle de gestion C’est le niveau concerné par les achats, la gestion et l’évaluation des stocks, l’analyse marketing, en somme les systèmes d’information de gestion (SIG). 3. Le niveau de la gestion opérationnelle C’est le niveau concerné par les données de trésorerie, de la gestion des machines, de la gestion des comptes tiers, de la paie, du grand livre, de la gestion des titres, etc. E. L’étape de l’administration des données La cinquième et avant-dernière étape du modèle insiste sur le fait que le grand volume de données communes exige une gestion spécifique de leur définition, de leur intégrité et de leur cohérence. On laisse de nouveau une autonomie à l’utilisateur de ces données pour l’aide à la décision à condition de ne pas modifier la base de données commune. La notion de «propriété» de l’information apparaît mais l’utilisation de celle-ci devient partagée. De nouveaux soucis deviennent importants tels que ceux liés à la sécurité, aux sauvegardes et à l’établissement d’un dictionnaire commun de données. F. L’étape de la maturité La sixième et dernière étape concerne l’intégration des applications avec la base de données commune par la mise en place d’un réseau. La planification est bien établie. Les systèmes d’information informatisés sont ajustés à la structure et aux buts de l’entreprise. C’est aussi au cours de cette étape que les applications sont complètes. On réalise que l’informatique permet non seulement de faire les choses différemment mais aussi de faire des choses différentes. Pour les entre- 10 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée prises à vocation commerciale, l’informatique n’est plus un centre de coût mais un générateur de revenus et éventuellement de profits. Constatons qu’au cours des trois dernières étapes du modèle de Nolan, l’orientation devient axée sur l’information et sa gestion. Avec le volume croissant des informations qui double tous les trois ou quatre ans4, les entreprises apprennent peu à peu à se préoccuper davantage de l’information et du partage de l’information que de la technologie. La notion de système d’information informatisé prend le pas sur celle de l’informatique et, dans les cas de maturité élevée, on distingue prudemment entre système d’information informatisé et système d’information organisationnel. Accent mis sur les traitements (Automatisation) Accent mis sur les données (Informatisation) 1ère étape Initiation 2èm e étape Contagion 3ème étape Contrôle 4ème étape 5ème étape Intégration Administration 6èm e étape Maturité Le modèle de Nolan avec les deux ères de l’automatisation et de l’informatisation mises en relief. Le modèle de Nolan n’est en fait rien d’autre qu’une courbe d’apprentissage organisationnel qui évolue inéluctablement d’une étape à une autre. Aucune étape ne peut être contournée car l’expérience d’une étape est nécessaire à la suivante. Naturellement, la connaissance de ces étapes a une influence sur la planification des systèmes d’information, puisque c’est un modèle qui prend en compte le temps au-delà de celui du cycle traditionnel de conception, réalisation, mise en place et maintenance. Le passage d’une étape à une autre est inévitable et gagnerait à être étroitement géré par la direction de l’entreprise avec l’implication de la coordination (ou la direction) informatique. La grande majorité des entreprises tunisiennes est encore à l’étape de l’initiation, des schémas directeurs et des investissements informatiques. Quelques groupes d’entreprises commencent à ressentir le besoin de passer à l’étape d’un système d’information plus intégré qui se confondrait totalement avec le reste de l’entreprise. Loin seront les jours de la mécanisation et de l’automatisation de pro4 D’autres parlent de sept ans (Kelly, 1980; p. 104). 11 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée cédés préexistants. Il s’agira alors de définir les procédures de travail en fonction de l’informatique possible plutôt que le contraire. IV. Les systèmes d’information fonctionnels Comme leur nom l’indique, les systèmes d’information fonctionnels, dont un exemple d’architecture est donné ci-après, sont destinés à soutenir les principales fonctions de l’entreprise. Systèmes d’information de l’entreprise Production et exploitation ! Ingénierie assistée • Ingénierie assistée par ordinateur • Fabrication assistée par ordinateur (FAO) • Gestion des stocks • Planification des besoins matières • Automatisme industriel • Approvisionnement et réception Marketing ! Publicité et • Publicité et promotion • Gestion marketing • Études de marché • Gestion de produit • Prévisions de vente • Traitement des commandes • etc. • etc. Finance ! Budgétisation des • Budgétisation des investissements • Gestion de la trésorerie • Gestion du crédit Comptabilité ! Comptes • Analyse de la rémunération • Comptes clients • Répertoire des compétences des employés • Facturation • Budgétisation • Prévisions financières • Analyse de rentabilité • Grand livre • Analyse des besoins de financement • Comptabilité fiscale • etc. ! Analyse de la • Comptes fournisseurs • Comptabilité analytique • Gestion de portefeuille Gestion des ressources humaines • Paie • etc. • Analyse de la main d’œuvre • Gestion des dossiers du personnel • Prévisions des besoins en main d’œuvre • Analyse des besoins en formation et en perfectionnement • etc. Adapté de O’Brien (1995). Quoique ceci constitue une vue des systèmes devenant obsolète, il importe de la comprendre, avant de pouvoir comprendre la nécessité de la vue des systèmes d’information comme des outils non plus au service de fonctions, mais comme des outils au service d’une entreprise. Ce que nous verrons dans le contexte des ERP, des systèmes intégrés et des logiciels d’entreprise. Mais avant, explorons les systèmes du point de vue fonctionnel et dans l’ordre suivant: les systèmes d’information de la production, les systèmes d’information de mar12 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée keting, les systèmes d’information financiers, les systèmes d’information comptables et les systèmes d’information de GRH. A. Les systèmes d'information de la production Adoptant la structure hiérarchique inspirée d’Anthony, les systèmes d’information de production sont représentés ci-dessous en fonction des sous-systèmes qui les composent: Planification de la capacité de production Systèmes de planification stratégique Systèmes de planification tactique et opérationnelle Systèmes de production de rapports Options de processus Planification de la logistique Stratégie d’approvisionnement et d’appels d’offres Planification de la fabrication, de la distribution physique et de l’approvisionnement Plans de production Plans de main d’oeuvre Planification des besoins matières Planification de la distribution physique Plans d’entretien Normes de productivité Contrôle de la fabrication Échéancier de production Planification des besoins matières Planification des besoins en capacité de production Ingénierie Productivité de la main d’oeuvre Productivité des machines Entretien Contrôle des ateliers Contrôle de la qualité Contrôle du processus Plans d’achat, de contrats à long terme Plans d’approvisionnement fournisseurs Plans d’approvisionnement internes Contrôle de la distribution Contrôle des achats/ approvisionnement Qualité du servic e à la clientèle Rendement du service de livraison Rendement des trans porteurs Niveaux des stocks de produits finis et semi-finis Rendement des fournisseurs Prix d’achat/écart Disponibilité des matériaux Productivité de l’usine Budget et dépens es Robotique et machines à commande numérique Systèmes de traitement transactionnel Rapports d’usine Contrôle des matériaux Utilisation des machines Rapports de main d’oeuvre etc. Inspection Reprise du travail Contrôle de la qualité Spécifications spécialisées etc . Traitement des bons de travail Exécution des commandes Matières premières Inventaire des pièc es d’entretien Historique de la machine etc . État des stocks Besoins en produits finis etc. État des stocks Commandes en souffrance etc. Réception à l’entrepôt Historique du fournis seur Délai de réapprovisionnement Échéancier etc. Adapté de O’Brien (1995). Notons les niveaux des systèmes de planification, de contrôle et de traitement transactionnel. 13 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée B. Les systèmes d'information de marketing Les systèmes d’information de marketing quant à eux fournissent de l’information qui permet la planification et le contrôle des principales activités de marketing. Planification de marketing à long terme Planification de nouveaux produits/marchés Modèles stratégique de service à la clientèle Systèmes de planification stratégique Systèmes de planification tactique et opérationnelle Planification de marketing Plans des comptes majeurs Plans de promotion et de publicité Planification des produits Fixation des prix Prévisions de vente Plans des réseaux de distribution Planification des études de marché Systèmes de production de rapports Contrôle des ventes et du marketing Budgets et dépenses Part du marché Rentabilité produit/client Couverture et rendement de la force de vente Service à la clientèle Rendement de la distribution Systèmes de traitement transactionnel Entrée des commandes Commandes des clients Fonctionnement du bureau de vente etc. Analyse de la publicité et de la promotion Analyse des ventes et des tendances Facturation Rapports d’intervention Factures Remboursements etc. Fréquence des appels téléphoniques Activités des concurrents etc. Adapté de O’Brien (1995). 14 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée C. Les systèmes d'information financiers Les systèmes d’information financiers composés de sous-systèmes de planification financière, de production de rapports et de traitement transactionnel, soutiennent les décisions concernant le financement, l’allocation et le contrôle des fonds au sein d’une entreprise. Systèmes de planification stratégique Systèmes de planification tactique et opérationnelle Modèles financiers d’entreprise Comptabilité et mesures fiscales Planification financière Plans de la trésorerie Plans de budgétisation des investissements Plans des profits annuels Budgets de fonctionnement Plans de gestion fiscale Systèmes de production de rapports Contrôle financier États financiers Analyses de portefeuille Analyse de contribution aux profits/analyse des écarts État du budget des investissements Contrôle des projets Rapports de responsabilité États des provisions pour impôts Systèmes de traitement transactionnel Systèmes comptables Comptes fournisseurs Comptes clients Paie Comptabilité analytique Systèmes de trésorerie Gestion de l’encaisse Gestion des investissements Monnaie étrangère Comptabilisation des actifs fixes etc. Systèmes de fiscalité Exigences gouvernementales Comptabilisation fiscale Vérification par les organismes de réglementation etc. Grand livre Adapté de O’Brien (1995). 15 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée D. Les systèmes d'information comptables Les principaux systèmes d’information comptables sont des sous-systèmes de traitement transactionnel et des états financiers. Il est important de s’intéresser à la manière dont ils sont inter-reliés entre eux sur le plan des flux d’entrée et de sortie. STT des encaissements et des décaissements Traitement des commandes Facturation Comptes clients Encaissements Analyse des ventes Comptes fournisseurs Décaissements STT des ventes Grand livre États financiers SPR du grand livre Achats Livre de paie Contrôle des stocks Enregistrement du contrôle des présences STT des achats STT des salaires Adapté de O’Brien (1995). E. Les systèmes d’information de gestion des ressources humaines 1. Définitions Les systèmes d’information de gestion des ressources humaines (SI-GRH), quant à eux, soutiennent les aspects stratégiques, tactiques et opérationnels de l’utilisation des ressources humaines d’une entreprise. Un SI-GRH est un système qui assiste ses utilisateurs dans la planification, le contrôle, la coordination, l’administration, la gestion et le suivi des ressources humaines d’une entreprise. Le SI-GRH assiste les gestionnaires dans l’information, l’élaboration de politiques et la définition de procédures concernant: a) b) c) d) Le recrutement Les licenciements L’évaluation du personnel Les promotions et la gestion des carrières 16 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée e) f) g) h) i) Systèmes d’information stratégiques Systèmes d’information tactiques Les transferts et les mutations La gestion équitable des salaires La description des tâches, des responsabilités et des postes de travail La formation et les stages L’accréditation des compétences (savoirs et savoir-faire)5. Dotation • Planification de la main d’œuvre • Suivi de la main d’œuvre Formation et perfec- Evaluation du ren- Administration de la tionnement dement rémunération • Planification de la • Planification de • Coûts des contrats relève l’évaluation du ren• Prévisions des dement salaires • Suivi des avantages sociaux • Analyse des budgets • Efficacité de la formation • Analyse du roulement • Choix de carrière • Corrélation rende- • Efficacité de la ment/formation rémunération • Évaluation des coûts du roulement • Modèles de choix d’avantages sociaux • Absentéisme/rendement Systèmes d’information opérationnels • Recrutement • Entrevues structurées / évaluation • Évaluation des com- • Programmes • Égalité de la rémupétences d’évaluation assisnération tée par ordinateur • Planification de la main d’œuvre • Horaires de travail • Modèles de sélection 2. Remarque Du temps de nos ancêtres, un métier se transmettait de père en fils (ou de mère en fille). Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’une seule personne ait à pratiquer plusieurs métiers au cours d’une seule vie. En conséquence, les entreprises se meuvent vers un modèle où les ressources humaines se doivent d’être multi-compétence et multi-expertise. Ces nouvelles formes d’entreprises se voulant réactives, sont appelées à être flexibles et adaptables. Par conséquent, leurs ressources humaines sont tout autant appelées à détenir des habiletés et des compétences adaptables, intégrables et flexibles. Il s’ensuit que le SI-GRH du futur devrait se concentrer davantage sur l’immatériel et le savoir détenu par les ressources humaines. 5 Incluant les savoirs fondamentaux, les savoirs techniques, les aptitudes sociales, etc. 17 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Modes d’accès Exemples de fonctions Poste nomade Analyse et Simulations graphiques Requêtes et Editions Gestion des compétences Gestion des organisations Plan de succession Spécialistes RH Poste de travail graphique Application Client/Serveur Requêtes et Editions Internet / Intranet Workflow Poste nomade Internet / Intranet / Workflow Bornes interactives Serveur vocal Internet / Extranet Professionnels RH Paie Administration du personnel Requêtes et Editions Responsables opérationnels Evaluation des salariés Salaires, primes Absences Salariés Données individuelles Bourse d’emploi Formation Acteurs extérieurs Communication Recrutement Les fonctions et les modes d’accès du système HR-Access selon IBM. V. L’entreprise intégrée et les logiciels d’entreprise A. La modélisation des entreprises - Rappel 1. La décomposition systémique et ses conséquences Rappelons que le niveau transactionnel et opérationnel est le niveau qui comporte les activités primaires mais fondamentales de l’entreprise. C’est là que sont exécutées la plupart des transactions routinières et régulières avec l’environnement (commandes des clients, commandes aux fournisseurs, facturation des clients, livraisons, etc.). C’est également là que se déroulent les opérations internes qui sont déclenchées par les échanges (transactions) avec l’environnement. 2. Les transactions du niveau transactionnel et opérationnel Plusieurs échanges sont effectués entre l’entreprise et son environnement. C’est l’aspect frontal ou front-office de la gestion qui se déroule aux points de contact de l’entreprise avec l’extérieur. Certains de ces contacts ont lieu au niveau transactionnel6. 6 Il va sans dire que d’autres fronts sont ouverts ailleurs que dans le niveau transactionnel. 18 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Activités transactionnelles ou frontales (front-office) 3. Les opérations du niveau transactionnel et opérationnel Les transactions reçues de l’environnement (par exemple, les commandes) donnent suite à l’exécution de processus internes qui sont également appelés opérations de back-office. D’autres processus internes sont exécutés en préparation de transactions créées et émises par l’entreprise (par exemple, la préparation d’une facture ou d’un bon de livraison) à destination de son environnement. Activités opérationnelles (back-office) 4. La décomposition systémique et le niveau transactionnel et opérationnel Des flux de travail et d’information transversaux circulent à l’intérieur de l’entreprise, d’une unité à une autre et d’une fonction à une autre. Transactions entre les unités du niveau transactionnel et opérationnel 5. Les unités transactionnelles et opérationnelles vues comme des systèmes Si on considère chaque unité comme une entité autonome, il est possible de lui appliquer les mêmes arguments qu’au système tout entier. Il sera alors 19 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée possible de considérer, pour une unité donnée, que les autres unités constituent son environnement et que les échanges qu’elle effectue avec lui sont des échanges transactionnels. 6. Sommaire Ainsi donc se retrouve-t-on avec des unités ayant toutes des activités opérationnelles mais également des échanges transactionnels avec les unités environnantes. Chaque unité agit comme si elle était un système à part entière. Apparemment, chaque système est doté de son propre système d’information. On appelle l’ensemble de ces systèmes, apparemment séparés, les systèmes d’information fonctionnels, que nous avons déjà vus. De nombreux nouveaux systèmes d’information basés sur l’outil informatique sont arrivés à point nommé en réponse à plusieurs problèmes rencontrés par les entreprises qui, au fil des années, et suite à des efforts soutenus de développement de leur système d’information, ont évolué avec les contraintes imposées par la gestion moderne s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication. Ces problèmes ont tour à tour été identifiés au niveau non seulement des données et de leur gestion, mais également au niveau des applications, des ensembles de programmes et de procédures visant à soutenir une ou plusieurs fonctions de gestion. En ce qui concerne les données, ce sont les problèmes de redondance, d’intégrité, de sécurité et de droits d’accès qui ont été le plus observés. Alors que la solution du système global avait été considérée pendant un certain temps comme la solution idéale, les entreprises ont dû se rendre à l’évidence: il n’y a pas de système qui réponde à tous les besoins au niveau de toute l’entreprise. 20 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Si l’entreprise est réellement constituée de trois paliers de décision, il ne saurait être question d’avoir un seul système d’information, un système global, qui pourrait répondre aux attentes et besoins de tous, mais bien de plusieurs systèmes d’information avec, éventuellement, à leur base un système d’information intégré. Mais le meilleur système d’information informatisé ne peut donner que ce qu’il a. Et le pari des systèmes d’information organisationnels modernes est de savoir trouver la place de l’informatique et de l’ordinateur dans le système d’information déjà existant de toute entreprise, y compris dans le réseau de communication informel dont toutes les entreprises sont dotées depuis toujours. Une partie des problèmes des entreprises a pu être résolue grâce aux technologies de l’information et de la communication. Mais ces dernières posent de nouveaux défis. L’évolution de l’informatisation des entreprises a suivi un cheminement systémique mais a abouti à une conception de l’entreprise qui est cloisonnée et fragmentée, favorisant la redondance des données et des applications. La redondance des données en particulier n’a pas été sans défavoriser l’intégrité de l’information. En effet, si plusieurs unités gèrent la même information, il est inévitable qu’avec le temps, ces informations ne soient plus synchronisées et deviennent, de ce fait, différentes. L’évolution vers les systèmes intégrés s’est faite sur plusieurs décennies. • • • • Dans les années 1960, la gestion des inventaires était l'objet de l’Inventory control. Dans les années 1970, le MRP (Material Requirement Planning) s'efforçait de planifier les besoins en composants et matières premières. Dans les années 1980, le MRP II (Manufacturing Resource Planning) remontait vers la gestion de l'ensemble de la production et de la distribution. Au début des années 1990, le MRP II s'étendait aussi aux domaines de l'ingénierie, de la finance, des ressources humaines, etc.). Si l'ERP parachève le concept du MRP II, la différence est surtout d'ordre technologique: les logiciels de MRP étaient des systèmes «propriétaires» alors que l'ERP s'appuie sur une architecture client/serveur, des bases de données relationnelles et une programmation orientée objet. Suite à ces évolutions, les ERP (Enterprise Resource Planning) ou PGI (Progiciels de Gestion Intégrés) sont venus à point nommé pour répondre à certaines des inquiétudes des entreprises. B. Les systèmes ERP Un des problèmes des entreprises d’aujourd’hui est la gestion de la pléthore de données et Dans un système intégré, chaque donnée qui est saisie dans le système est d’abord vérifiée pour sa cohérence avec le reste des données de la base. 21 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Ainsi, par exemple, il devient certain, grâce à la saisie et la gestion uniques des données, que la marchandise qui est livrée a été facturée et vice-versa. Les avoirs, les retours de marchandises, les freintes7, les stocks négatifs et autres exceptions sont également gérés conformément aux paramètres introduits lors de l’installation du logiciel et qui tiennent compte de la spécificité de l’entreprise. Une information unique est plus fiable et permet donc une meilleure prise de décision puisqu’elle est dénuée d’ambiguïté. Les entreprises n’ont pas attendu les ERP pour parler d’intégration ou de systèmes intégrés. Le mot en lui-même est utilisé un peu évasivement par les éditeurs, qu’ils développent des logiciels d’ERP ou des systèmes intégrés, car, comme on s’en douterait, tout système intégré n’est pas nécessairement un ERP. Mais tous les logiciels d’ERP sont intégrés. Si les systèmes intégrés sont des fédérations de systèmes, les ERP sont des conglomérats de systèmes. La définition de «intégré» que Tomas a empruntée au CXP est telle que reproduite ci-après. Pour être «intégré», un progiciel doit: • • • • • 1. provenir d’un concepteur unique garantir l’unicité de l’information garantir la mise à jour, en temps réel, des informations et ce, dans tous les modules concernés fournir les outils nécessaires pour assurer la traçabilité des opérations de gestion couvrir entièrement soit une fonction de gestion, soit plusieurs de ces fonctions, soit la totalité du système d’information de l’entreprise. La notion du paramétrage Quoique standards, les logiciels d’ERP sont supposés fonctionner dans des environnements organisationnels différents par définition. Ils doivent néanmoins tenir compte des spécificités de chaque entreprise. Pour ce faire, une étape de paramétrage est nécessaire avant le déploiement du système et son utilisation effective par l’entreprise. Dans le paramétrage, il s’agit par ailleurs de mettre en place un langage commun aux différentes fonctions de l’entreprise pour la saisie, la diffusion et l’utilisation des informations (IUP, 2000). 2. Le marché des logiciels d’ERP a) Les principaux éditeurs de logiciels d’ERP Alors que traditionnellement le marché mondial des éditeurs ERP était représenté par les cinq majors, SAP, Oracle, PeopleSoft, Baan et JD Edwards, on 7 La freinte est la diminution de poids subie par des marchandises pendant la fabrication, le transport, le changement de température, etc. qui compliquent considérablement leur gestion informatisée. 22 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée dénombre aujourd’hui un bien plus grand nombre de «leaders» alors que plusieurs des majors ont soit fusionné soit été acquis. La prolifération des éditeurs ERP dont les prix sont relativement accessibles est due principalement au fait que les PME/PMI sont de plus en plus intéressées par ces solutions et que des ERP plus abordables sont de plus en plus disponibles sur le marché. Malgré la multitude des nouvelles offres, le marché européen, et particulièrement français, tend à se consolider et à se recentrer autour d’une poignée d’éditeurs majeurs qui représentent près de 80% de parts de marché. Ces majors réalisent ensemble une croissance des ventes de licences de 17,7%, soit une croissance près d’une fois et demie supérieure à celle du marché. On retrouve dans ce groupe, les leaders traditionnels auxquels s’ajoutent Intentia, SAGE, CEGID et Adonix. Rappelons que cette intégration signifie notamment que les données utiles sont stockées en un seul endroit; qu’il existe une seule base client pour les fonctions commerciales et de facturation garantissant l’absence d’incohérences et supprimant les redondances. Il n’empêche que certaines entreprises préfèrent intégrer une ou plusieurs fonctions par le biais d’un ou plusieurs modules plutôt que d’intégrer la totalité de leur système d’information. A ce propos, une étude effectuée en France, révèle que les modules les plus vendus sont ceux de la comptabilité et de la finance, suivis de ceux de la gestion commerciale. Comptabilité/Finance Gestion commerciale GPAO Ressources Humaines Autres 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% Pourcentage des licenses vendues Les modules intégrés les plus vendus en France en 1999 (Données: IDC France). 23 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 3. L’évolution du marché des logiciels d’ERP Vu leur popularité, la croissance du marché des logiciels d’ERP, évaluée en milliards de dollars américains est remarquable. Le graphique ci-dessous illustre cette croissance: Premières estimations (optimistes) 60 50 52 Deuxièmes estimations Dernières estimations 47,7 43,4 39,4 38 40 35,8 32,3 30 28 20 20 10 28,8 26,3 23 24,6 21,6 20 20,6 15 11 0 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 L’évolution du chiffre d’affaires global du marché des ERP. Après avoir été plus qu’optimistes sur l’évolution du chiffre d’affaires global des logiciels d’ERP (19982002, en grisé), les analystes de Advanced Manufacturing Research, Inc. ont dû ajuster leurs prévisions (en blanc). Etonnamment les ERP ont une croissance presque nulle entre 2001 et 2002 (AMR,1998 et AMR, 2003). D’autres estimations évaluent le marché global des ERP de 2005 à 32,7 milliards de dollars en précisant que plus de 50% des revenus sont générés par les frais de maintenance (voir Arendsen, 2006). Mais AMR Research, dans son dernier rapport (AMR, 2007) apporte de nouvelles estimations pour 2006-2011. Mais le fait le plus notable est la vague de fusions et d’acquisitions qui a marqué le secteur. On note (Bebin et al., non daté): • • • • • • • • L’acquisition de Movex par Lawson, L’acquisition, en 2003, de JD Edwards par PeopleSoft. OneWorld, le logiciel de JD Edwards sera renommé PeopleSoft Enterprise One L’acquisition, en 2004, de PeopleSoft par Oracle Corp., L’acquisition de Great Plains, par Microsoft Corp. Le nouveau logiciel sera renommé Microsoft Great Plains Business Solutions, L’acquisition de Trucos Axapta par Microsoft Corp. Le nouveau logiciel sera renommé Microsoft Dynamics AX, L’acquisition de Navision par Microsoft Corp. Le nouveau logiciel sera renommé Microsoft Dynamics NAV, L’acquisition de Baan par BPCS. Le logiciel Baan IV sera renommé SSA ERP LN, etc. 24 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 4. Les logiciels d’ERP et le logiciel libre Les logiciels d’ERP peuvent coûter cher. Désormais, des solutions relativement plus économiques mais souvent aussi performantes existent sous le label du logiciel libre. Rappelons que quoiqu’en anglais, le nom de cette catégorie de logiciel, soit free software, elle n’en est pas nécessairement plus gratuite que les autres catégories de logiciel (voir le chapitre III du premier tome de cet ouvrage). De même, les logiciels libres peuvent être acquis gratuitement ou contre payement, mais ils sont caractérisés par le fait que l’utilisateur soit encouragé à (1) faire des copies et distribuer le programme et à (2) le modifier à sa guise pour l’adapter à ses besoins. Les logiciels d’ERP sous le label du logiciel libre sont donc forcément plus économiques puisqu’il n’y pas de coût de licence. Le site http://www.entreprise-erp.com/les-principaux-erp.html énumère les logiciels d’ERP suivants: • • • • • • • • • Aria Compiere OpenSI ERP5 Fisterra OFBiz (Open for Business) PGI Suite Value Enterprise Tiny ERP Deux exemples d’interfaces d’ERP libres: ERP5 à gauche et OpenSI à droite. Une liste de certaines solutions est également fournie sur le même site que nous résumons ci-après: Nom Aria Editeur Principales fonctionnalités • Comptabilité • Gestion de l’inventaire • Gestion de la paye Nola 25 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Compiere Jorg Janke ERP5 Nexedi Fisterra Igalia OFBiz (Open For Business) David E. Jones et Andy Zeneski PGI Suite Taika Value Enterprise Emryn • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Gestion des ventes Gestion des catalogues Gestion des tarifs Suivi des commandes Gestion des achats Gestion du stock Gestion de la logistique Gestion comptable Gestion financière Gestion de la production Gestion financière CRM Chaîne logistique e-business Groupware Gestion des entrepôts Gestion du stock Gestion de la trésorerie Facturation Gestion clients Gestion des fournisseurs Gestion du stock Gestion des commandes Gestion de projet e-commerce Gestion financière Gestion des achats Gestion commerciale Gestion des ventes Gestion du stock Comptabilité Gestion de la production CRM Source: Journal du Net, http://www.journaldunet.com, tel que cité http://www.entreprise-erp.com/erp-open-source.html, consulté le 5 avril 2006. sur C. Les systèmes SCM La logistique est la gestion du stockage et de la circulation des biens et des informations qui leur sont reliées. Une bonne logistique a pour but de réduire les coûts, accélérer le flux des matières et des marchandises, améliorer la qualité du service à la clientèle et augmenter les profits. La gestion de la logistique concerne également la coordination de cette circulation à travers non seulement l’entreprise mais entre l’entreprise et ses clients, ses fournisseurs et ses autres partenaires. Une bonne gestion de la logistique est donc extrêmement complexe parce qu’elle implique la coordination entre les achats, le stockage et l’entreposage, la produc- 26 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée tion et la distribution. Un système qui maximise ces différents paramètres simultanément est particulièrement gratifiant. En permettant à l’entreprise d’ajouter de la valeur à ses processus internes, la gestion de la logistique peut la rendre sensiblement plus compétitive. Cette gestion ne se limite pas à la distribution des biens produits aux consommateurs mais couvre toute la chaîne de valeur. C’est pour cette raison qu’on parle désormais de gestion de la logistique globale (Supply Chain Management ou SCM). 1. Définition La gestion de la chaîne logistique globale permet de coordonner et d’optimiser les processus et les transactions intra et interentreprises. La gestion de la chaîne logistique donne une vision globale de l’activité de l’entreprise et aide à rationaliser l’allocation de ses ressources. La gestion de la chaîne logistique fait appel au e-business et aux technologies de l’Internet pour coordonner et optimiser les processus à l’échelle de l’entreprise étendue, des fournisseurs de ses fournisseurs aux clients de ses clients (IBM, 2001) (à voir plus loin). 2. Le SCM intégrateur Traditionnellement, la gestion des différentes fonctions logistiques était assurée par différents départements et sous différentes responsabilités. L’achat était assuré par le service approvisionnements à la lumière des prévisions établies par le marketing. Le transport des matières du fournisseur à l’usine était assuré soit par les fournisseurs eux-mêmes soit par le service approvisionnement de l’entreprise soit par des sous-traitants. La circulation et le stockage de la marchandise à l’intérieur de l’usine était la prérogative des magasiniers pour les magasins et le personnel de la production pour la chaîne de production. Le transport des produits finis était placé sous la responsabilité partagée des magasiniers, des livreurs et du commercial. Le lien naturel entre tous ces intervenants est incontestablement l’information. Souvent, un manque d’information, une information imparfaite ou un manque de coordination entre les différentes fonctions peuvent avoir des conséquences qui affectent toute l’entreprise. Ainsi, par exemple, il s’agit souvent d’acheter assez de matières premières pour assurer un stock capable de parer à une demande soudaine souvent imprévisible. S’ensuivent alors des coûts de stockage injustifiables en raison d’une demande prévue mais non réalisée. Alternativement, une gestion conservatrice des stocks (en raison de leurs coûts) peut avoir des conséquences au niveau des commandes imprévues et difficiles à honorer. Les conséquences sont des pertes découlant de ces 27 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée ventes non réalisées. Si la gestion des stocks et celle de la production sont deux volets d’une même discipline, les entreprises peuvent les maintenir séparément et gérer au mieux des conflits entre les objectifs de la production et ceux du commercial qui ne peut assurer ses ventes en situation d’indisponibilité. Depuis quelques décennies, la concurrence se développe de sorte qu’un client peut se permettre d’aller ailleurs, car grâce aux technologies de l’information, le cycle de production se raccourcit sans cesse et les entreprises soucieuses de rester (ou de devenir) compétitives sont contraintes de s’aligner plus souvent sur des paramètres définis et imposés par la concurrence, le marché, les partenaires sociaux, etc. Ces paramètres tiennent désormais compte de la capacité commerciale que de la capacité de production des entreprises. Ceci constitue un changement de paradigme pour les entreprises qui étaient quasiment assurées de vendre ce qu’elles produisaient. Avec ce nouveau paradigme, s’ajoutent des préoccupations de qualité de service à celles des coûts et de la productivité auxquelles les entreprises ont été habituées durant des décennies. 3. La différence entre les concepts de ERP et de SCM D’une certaine façon, ERP et SCM semblent couvrir les mêmes fonctions et promettre les mêmes résultats. En fait, un ERP intègre et englobe plusieurs fonctions. Tout en même temps il assure la cohésion informationnelle entre elles sans toutefois se spécialiser dans l’une ou dans l’autre. D’ailleurs, i2 Technologies, leader mondial dans le marché SCM, définit un SCM comme un système qui «tient compte des contraintes de la demande, de la capacité de production et des matières premières et ce, simultanément». C’est cette simultanéité qui distingue un SCM d’un ERP car un ERP considère ces paramètres (et d’autres) séparément et séquentiellement dans le temps et dans l’espace. Un SCM est de plus pourvu de capacités de simulation et de modélisation supérieures à celles de l’ERP. Finalement, parce qu’il est plus agile, un SCM peut répondre à une requête en un temps record (quelques minutes) alors qu’un ERP nécessiterait probablement des heures pour la même requête. 28 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Les modules de planification permettent à l’utilisateur de faire synchroniser les flux de produits avec les commandes et les besoins des clients (Source: QAD/Discovery). 4. L’évolution du marché du SCM En 2004, le marché des progiciels SCM a été estimé à 5,4 milliards de dollars par Arc Advisory Group (tel que cité par JDN, 2005b). Le secteur est évalué à 5,8 milliards de dollars pour 2005 et est prévu de valoir 7,2 milliards de dollars en 2008. Ces prévisions sont encore davantage en deça de ce que AMR et Sherry Co. avaient prévu en 1998 et 2000, peut est-ce dû au fait que le nombre d’éditeurs avait augmenté entre-temps rendant le secteur plus compétitif. Les éditeurs se sont en effet multipliés et le secteur s’est fragmenté. En part de marché, selon AMR Research, les principaux éditeurs sur le secteur du SCE sont SAP (avec 8% de parts de marché en 2003), Manhattan Associates (6%), IBS (4%), Oracle (4%), Swisslog (4%) et RedPrairie (3%). 29 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 20,0 18,6 15,0 13,6 12,6 11,4 10,0 9,2 8,5 5,0 5,7 5,6 2000 2001 7,6 6,4 3,9 2,6 0,0 1998 1999 2002 2003 2004 2005 2006 La percée du marché global du SCM. Alors que Advanced Manufacturing Research, Inc. (AMR), dans un communiqué datant du 31 mai 2002 a dû revoir à la baisse ses prévisions, notamment pour 2002 dont le chiffre a été rabaissé à 6,4 milliards, elle estime que le marché atteindra les 13,6 milliards de dollars en 2006. (Données: AMR, 1998 pour 1998-2001 (grisé), EDP Weekly’s IT Monitor, 1998, AMR, 2001 pour 2001-2006 (blanc) et Cherry Tree Co., janvier 2000). D. Les systèmes CRM Jusqu’aux années 1970, le marketing, avec sa notion de marketing mix, était davantage axé sur le produit ou le service, ses caractéristiques (emballage, prix, etc.) et sur les marchés qu’il pouvait desservir et sur le transactionnel. Peu à peu, le marketing, ou certaines de ses sous-branches, commençait à s’intéresser au client et au relationnel. Trois développements de taille expliquent cette transformation. Le premier découle de l’incompréhension du principe de Pareto; si 20% des clients contribuent 80% des revenus, qu’en est-il des profits? Est-ce que ceux qui achètent le plus sont ceux qui contribuent le plus à la marge?8 Le deuxième est la réalisation que la rétention de la clientèle existante est plus rentable que la conquête de nouveaux clients. En effet, des études ont montré que le recrutement d’un nouveau client peut coûter entre dix et vingt fois plus cher que la rétention d’un client existant et que la réduction des défections de 5% des clients existants génère une hausse des bénéfices de 25% à 85%9. Par ailleurs, si 8 C’est l’économiste et sociologue italien Vilfredo Pareto (1848-1923) qui, le premier, a constaté que 20% de la population concentrait 80% des revenus. Après lui, d’autres économistes ont vérifié que ce principe de répartition était valable dans d’autres domaines. En gestion, on considèrera que 20% des clients sont à l’origine de 80% des réclamations, coups de fil, plaintes et autres ennuis. Le même raisonnement vaut pour les salariés: 20% d’entre eux font 80% du travail mais 20% causent 80% des ennuis et ce ne sont pas les mêmes! 9 Voir Doche et al. (2003). Selon Kloostra (2000), il coûterait dix fois plus de gagner un nouveau client que d’en garder un ancien. Doche et al. (2003) multiplient ce coût par deux. 30 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée on parlait de «satisfaction du client» et du «client est roi», on parle désormais de «customer delight» et du «client empereur» voire du «client dictateur». Le troisième est la démocratisation de l’informatique et l’accès au PC du consommateur final. En effet, si la courbe de Nolan tient compte de l’évolution de l’informatique dans l’entreprise, une autre courbe devrait montrer les effets que l’informatisation des particuliers a eus sur cette même évolution. C’est le moteur essentiel, et souvent ignoré, qui a propulsé le développement de TIC telles que le CRM, le B2C, etc. Utilité du produit Prix Chiffre d’affaires X Revenu Quantité Profit Service Profit Risque Risque Organisation Coût Temps Coût Opérations/ Procédures Canaux de distribution Frustration Argent Du point de vue de l’entreprise, l’objectif étant de réaliser un profit, ce dernier est la différence entre le chiffre d’affaires réalisé et les coûts encourus. Du point de vue du client (individuel ou autre), le profit (ou l’épargne) est aussi la différence entre son revenu et son coût (ou dépense). Là s’arrête l’analogie entre l’entreprise et son client. Le défi d’un vrai CRM est de concilier les deux perspectives afin que l’expérience soit une situation qualifiée de win-win où les deux parties sortent gagnantes de l’opération de vente (graphiques inspirés de Paas et Kuijlen, 2001). Le résultat est que même les experts en technologie s’accordent pour affirmer que l’aspect organisationnel qui mérite le plus d’attention est la gestion de la clientèle et des relations avec la clientèle. En somme, l'émergence du CRM est le résultat de deux facteurs: le développement de la gestion orientée client et la généralisation du recours aux TIC par les entreprises. 1. Définitions Le CRM donne une nouvelle dimension au marketing moderne tout en étendant ses principes originels, tels que la perspective orientée produit. Défini simplement, le CRM s’inscrit dans une vision globale d’entreprise qui s’approprie une vue radicalement différente et totalement axée sur le client. Cette vue couvre non seulement les points de contact avec la clientèle mais aussi tout le cycle d’affaires. Elle suppose une meilleure et une plus grande communication entre l’entreprise et toutes ses parties et ses clients, car pour s’assurer que les clients sont satisfaits et fidélisés, il est préférable, sinon 31 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée impérieux, d’avoir une vue totalement tournée vers l’extérieur et de chercher à identifier les points de contact avec le client avec la même rigueur qu’on cherchait à localiser les goulots d’étranglement dans une chaîne de production. Contrairement à la gestion de la production par exemple, qui s’appuie sur des critères de performance quantifiables et axés sur les coûts et la productivité, la gestion de la clientèle est autrement plus sensible car ce sont les clients qui sont le but final de toute activité. De cette vision, découle souvent une orientation nouvelle en termes de flux et de systèmes d’information qui deviennent de ce fait plus qualitatifs que quantitatifs. Cette orientation ne doit pas être amenée par le CRM, bien au contraire, elle doit être supportée et agrémentée par le CRM. Quelque soit sa véritable nature, tous ne sont pas nécessairement d’accord sur la véritable définition à donner au CRM. Académiciens et praticiens diffèrent dans leurs points de vue, et même les académiciens entre eux s’affrontent sur le fait que le CRM est un outil, une technologie, une vision, etc.10 a) La définition des académiciens «CRM is an IT enhanced value process, which identifies, develops, integrates and focuses the various competencies of the firm to the voice of the customers in order to deliver long-term superior customer value, at a profit, to well identified existing and potential customer segments» (Plakoyiannaki et Tzokas, 2002; p. 229). Dans cette définition, le CRM est défini en fonction des technologies de l’information qui le supportent afin d’identifier, développer, intégrer et axer les compétences existantes de l’entreprise vers le client pour son bénéfice et celui de l’entreprise. b) La définition des praticiens Pour IBM, la gestion de la relation client met en œuvre des applications ebusiness qui aident à connaître et à anticiper les attentes des clients actuels et futurs. Le CRM offre une série d’avantages, à commencer par la rétention des clients et le développement des ventes. La gestion de la relation client met en œuvre les technologies de l’Internet pour valoriser la clientèle sur le long terme. L’objectif est de continuer à conquérir de nouveaux clients rentables tout en resserrant les relations avec les clients existants et d’optimiser durablement la valeur de ces relations. Le CRM permet de conduire à grande échelle des activités marketing personnalisées, et de traiter chaque client de façon individualisée (IBM, 2001). 10 Voir la discussion de Paas et Kuijlen (2001) à ce propos. 32 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée c) Une autre définition Défini simplement, le CRM s’inscrit dans une vision globale d’entreprise qui s’approprie une vue radicalement différente et totalement axée sur le client. Cette vue couvre non seulement les points de contact avec la clientèle mais aussi tout le cycle d’affaires. Elle suppose une meilleure et une plus grande communication entre l’entreprise et toutes ses parties et ses clients. De cette vision, découle souvent une orientation nouvelle en termes de flux et de systèmes d’information qui deviennent de ce fait plus qualitatifs que quantitatifs. Cette orientation ne doit pas être amenée par le CRM, bien au contraire, elle doit être supportée et agrémentée par le CRM. Le CRM en ligne (eCRM) i-Contact de France (www.entreprises.francetelecom.com/solutions/icontact/index.html). Télécom Défini simplement, le CRM s’inscrit dans une vision globale d’entreprise qui s’approprie une vue radicalement différente et totalement axée sur le client. Cette vue couvre non seulement les points de contact avec la clientèle mais aussi tout le cycle d’affaires. Elle suppose une meilleure et une plus grande communication entre l’entreprise et toutes ses parties et ses clients. De cette vision, découle souvent une orientation nouvelle en termes de flux et de systèmes d’information qui deviennent de ce fait plus qualitatifs que quantitatifs. Cette orientation ne doit pas être amenée par le CRM, bien au contraire, elle doit être supportée et agrémentée par le CRM. 33 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Le CRM, le datamining et Amazon […] l’essentiel de la valeur ajoutée procurée par un service tel qu’Amazon réside dans la personnalisation par la connaissance du client. Internet et le progrès des technologies de l’information ont rendu possible l’automatisation du conseil, celui que dispensait seul jusqu’alors le libraire de quartier qui connaissait si bien vos goûts. Cette capacité à proposer la bonne offre à la bonne personne au bon moment repose sur deux types de traitement de l’information. En premier lieu, il s’agit de la mémorisation des achats. Celle-ci s’effectue en fonction des auteurs mais aussi, ce qui est plus complexe, par centres d’intérêts. Grâce à la mémorisation des achats effectués, le système informatique constitue un profil de lecteur. Lorsqu’une nouveauté est éditée, les lecteurs susceptibles d’être intéressés, parce qu’ils ont le bon profil, sont sollicités par courrier électronique. Un lien hypertexte leur permettra alors d’accéder directement à la page du site web qui présente l’ouvrage et ils pourront passer la commande en ligne. En second lieu, le mécanisme plus sophistiqué du filtrage coopératif consiste à comparer des listes d’achats entre différents clients au sein d’une base de données pour faire des suggestions pertinentes. Un exemple concret permet de comprendre le mécanisme de ce dispositif. Si un client achète régulièrement des livres des écrivains de science-fiction William Gibson et Bruce Sterling, une comparaison avec la base de données où figurent tous les achats de tous les clients permettra de constater que, très souvent, les autres clients qui font l’acquisition des ouvrages de ces deux auteurs sont aussi des acheteurs des œuvres de Neal Stepheson. Le système va alors vous proposer automatiquement au premier client les ouvrages de ce troisième auteur. Le plus souvent le lecteur amateur du Neuromancien sera ravi de découvrir le Cryptonomicon. Ce système est d’autant plus efficace que la base de données des acheteurs est importante ce qui est le cas avec Amazon qui revendique à ce jour 28 millions de clients dans le monde entier. À force d’investissements et de pertes initiales, le cyber-libraire de Seattle a atteint la masse critique à partir de laquelle se met en place un effet réseau positif. Cet aspect permet également de comprendre pourquoi, selon certains défenseurs de la vie privée, Amazon est très réticent pour permettre à un ancien client d’obtenir la destruction des données qui le concernent. Extrait de Belleil (2002). 2. La différence entre CRM et eCRM On distinguera entre le CRM et le eCRM. Alors que nous avons défini le CRM plus haut, le eCRM est l’ensemble des techniques de gestion de la relation client dans lesquelles l’interface de contact est l’Internet. Dans le eCRM, on trouve principalement le e-mail marketing, les techniques et technologies de personnalisation et de rétention en ligne et les outils et les technologies de support à la clientèle sur l’Internet. 34 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée En somme, le eCRM permet de «surveiller» les interactions de l’internaute avec le site après avoir établi son profil, et d’alimenter ainsi l’entrepôt de données avec des informations liées à son comportement (Brown, 2001, White, 2000). 3. Le CRM – Un projet d’entreprise Le CRM est un projet organisationnel et informationnel. Les CRM sont une race de systèmes qui risquent de toucher toutes les ramifications de l’entreprise. Cela est d’autant plus vrai que chacune des parties impliquées (finances, production, marketing, etc.) a la fâcheuse habitude de croire que son département est le plus important de toute l’entreprise. En bout de ligne, non seulement chaque partie constituante de l’entreprise ne verra que son intérêt dans le système mais tendra à tirer la couverture de son coté. C’est la raison principale pour laquelle un projet CRM nécessite le parrainage de la haute direction, seule habilitée à avoir une vue globale des différentes fonctions de l’entreprise. Dans les années 1980-1990, l’informatisation était fragmentée et se concentrait séparément sur l’automatisation des forces de vente, du service à la clientèle et du service après vente, quand ils existent. Aujourd’hui, le CRM intègre les trois, sinon davantage. Par conséquent, chaque unité, chaque service et chaque département de l’entreprise devient concerné par la relation liant l’entreprise à ses clients. La chose parait simple et évidente, mais sur le terrain, il s’avère que cela constitue souvent un véritable changement de paradigme. Aujourd’hui, le CRM permet, entre autres, de contrôler la performance des ventes, de mesurer l’efficacité des campagnes marketing, de contrôler la qualité et la rapidité des services clients, etc. En attendant, le concept de CRM se développe et s’étend. On parle déjà de systèmes qui gèrent non seulement les relations avec la clientèle mais aussi les relations avec les fournisseurs et ce, simultanément, car pour beaucoup d’entreprises, notamment celles engagées dans des travaux de soustraitance, les fournisseurs sont aussi les clients. Cette extension se base sûrement sur le fait que clients et fournisseurs sont en définitive les deux cotés d’une même médaille. Ces systèmes ont même déjà un nom: CSRM (Customer and Supplier Relationship Management). 35 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 13% Moins d'une heure 15% Moins de 3 heures 8% Moins de 6 heures 52% Dans les 24 heures 11% Dans les 48 heures Plus de 48 heures 1% Pourcentages Le temps exigé par les clients pour obtenir une réponse à une question ou une réclamation par courrier électronique (Jupiter, avril 2003). ! ! Marketing ! ! ! CRM Campaign Management Campaign Management for e-mail Real-Time Insights for Real-Time Marketing Insights for e-Commerce Sales ! ! ! ! Sales Dialogs for Sales Insights for Direct Sales Real-Time for Sales Service ! ! ! ! ! ! ! Contact Center Customer Support E-mail Response Web Self-Service Dialogs for Services Insights for Contact Centers Real-Time for Services Des solutions de gestion de la relation avec la clientèle existent et sont désormais monnaie courante ailleurs dans le monde. Elles constituent généralement une des préoccupations des entreprises qui ont passé avec succès le cap de la mise en œuvre d’un ERP. Avec ces solutions, la relation avec le client est totalement transformée puisqu’elle est basée sur une vision des technologies qui facilitent non seulement les contacts mais également les échanges informationnels. Cette capacité de garder trace des contacts procure une autre dimension aux relations que peut entretenir une entreprise avec sa clientèle. Tout comme les ERP avant eux, les systèmes de CRM ont eu leur part de publicité et de médiatisation et tout comme les ERP, les systèmes de CRM 36 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée atteindront leur phase de révisionnisme, étape inévitable où les solutions sont évaluées à leur juste valeur en examinant leur évolution et surtout l’apport qu’ils ont eu pour les entreprises les ayant adopté. Ceci d’autant plus qu’on parle de taux d’échec d’implémentation de solutions CRM voisinant les 65%. Les auteurs du rapport affirment que la principale raison de ces échecs est l’intégration du progiciel avec l’existant de l’entreprise (Gartner Group, 2001). De plus, les solutions CRM constituent un des préalables d’une ouverture et une adoption du commerce électronique, qu’il soit B2B (Business-toBusiness), B2C (Business-to-Consumer), ou autre (à voir plus loin). Pour l’instant, le produit n’a pas encore atteint sa maturité et les entreprises tunisiennes sont peu à peu en train de considérer en acquérir, certaines l’ayant déjà fait, mais très peu ont la vision qui doit sous-tendre un CRM, car le CRM n’est pas une simple affaire de technologie et la technologie seule ne peut doter une entreprise d’une vision CRM si elle ne l’a pas déjà. En attendant, le CRM continue son ascension comme le suggèrent les graphiques suivants: 35 30,5 30 25 22,5 20 16,8 15 11,5 10 5 2,3 3,7 5,4 7,9 6,75 6,81 7,3 8,02 9,01 2001 2003 2004 10,43 0 1998 1999 2000 2002 2005 2006 La percée réelle et prévue du marché global du CRM, services et logiciels. Après avoir prévu que les CRM auraient un succès retentissant (barres grisées), les analystes ont révisé à la baisse la croissance réelle et les prévisions du chiffre d’affaires global des CRM (Données: Advanced Manufacturing Research, Inc., 1998 pour 1998-2003, Cahner In-Stat Group pour 2001-2005 et ARC Advisory Group pour 2001-2006). 4. Les différents types de CRM et les technologies de l’information de support correspondantes Le CRM est loin d’être un concept à facette unique, ne serait-ce qu’en raison du nombre de définitions et d’appellations et de définitions trouvées dans la littérature. Nous retiendrons de ces différentes définitions les plus courantes, à savoir les trois types de CRM: (1) le CRM opérationnel, (2) le CRM collaboratif et (3) le CRM analytique. Chacun de ces CRM étant supporté par un ensemble de technologies de l’information et de la communication approprié: 37 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Opérationnel • • • Collaboratif • • Analytique • • • • Type de CRM Une combinaison de technologies permettant de collecter toutes les informations issues des interactions des clients avec l’entreprise Représente l’interface directe de l’entreprise avec ses clients et vise l’amélioration des interactions avec le client. Amplifie le besoin de bâtir une culture orientée client et offrent une meilleure efficacité des services du marketing, des ventes et du client. Utilisé pour faciliter les interactions entre l’organisation et ses partenaires pour améliorer la communication et la coordination et permettre la rétention des clients. Oeuvre en vue d’établir des interactions qui peuvent prendre la forme d’enquêtes de satisfaction, de lettres de réclamation… Fait appel au CRM opérationnel et au CRM collaboratif afin de constituer des entrepôts de données qui rassemblent toutes les informations collectées sur les partenaires d’échanges. Analyse les données pour servir de base à la formation de profils clients, pour définir des segments de marché et pour développer des modèles prédictifs des comportements futurs des clients. Facilite la tâche des marketeurs dans le repérage des clients rentables et l’identification des clients non rentables Tente de trouver des tendances et des règles générales en extrapolant les données issues d’expériences passées pour essayer d’appréhender le futur. • • • • • • • • • • • • • • • • Principales technologies Bases de données client Téléphone Fax Centre d’appel Gestion électronique des documents Customer Support Services (CSS) Sales Force Automation Web Gestion automatisée des commandes etc. Workflow (voir plus loin dans l’ouvrage) Courrier électronique etc. Datawarehouse (voir plus loin dans l’ouvrage) Datamining (voir plus loin dans l’ouvrage) etc. Sources: Crosby et Johnson (2001) et m-triologix (2001). Tableau par Meriem Agrebi (2004). 38 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée 5. Le CRM n’est pas un phénomène nouveau En effet, depuis longtemps déjà, les collectes de données sur les clients avaient commencé dès qu’on avait commencé à disposer de moyens de traitement de l’information suffisamment puissants. Prenons l’exemple des cartes de crédit pour illustrer. Pour les grandes compagnies de cartes de crédit, les bases de données amassées à partir des achats des consommateurs contiennent des millions de noms et d’adresses. Grâce aux cartes de crédit, et plus tard, aux cartes de débit, le concept du marketing a évolué du marketing de masse au marketing de segment puis au marketing de précision. Les informations amassées sont devenues non seulement un moyen d’augmenter les parts de marché mais également un moyen de mieux connaître les goûts des consommateurs afin de développer de nouveaux produits et donc de nouveaux besoins. C’est d’ailleurs le prétexte avancé par les collecteurs et autres commerçants de l’information. C’est ainsi que General Motors, le célèbre constructeur d’automobiles, avait signé un partenariat avec MASTERCARD en 1992 pour disposer d’une banque de données de 12 millions de consommateurs. Dans cette banque de données ne figurent pas que des noms mais également les marques des voitures détenues actuellement et dans le passé, les dates d’achat, les dates critiques de changement de voiture et le moment «psychologique» de proposer une nouvelle voiture; un type de service à la clientèle jusque là inédit. Les listes de noms et d’adresses se revendent à prix d’or. Au début, l’organisme émetteur de la carte percevait ses revenus de trois sources différentes: • • • Du consommateur porteur de la carte (sous la forme de frais annuels entre autres) Des commerçants qui acceptent la carte comme mode de payement et Des consommateurs de l’information glanée sur le comportement des consommateurs porteurs de cartes. Cela changea lorsque AT&T introduisit, en 1990, sa carte de crédit (et d’appel) gratuite (sans frais annuels): la fameuse Universal Card. La décision d’AT&T avait ébranlé l’industrie, et surtout AMERICAN EXPRESS. AT&T Universal avait compris que l’enjeu était de fidéliser le consommateur car ce dernier, en n’utilisant que la carte d’AT&T, lui donnait l’exclusivité des informations sur lui et lui permettait donc de dresser un profil plus fidèle de ses faits et gestes. L’information étant plus fine et donc de qualité supérieure était revendue plus chère et AT&T pouvait se permettre de renoncer aux frais annuels puis de changer les règles du jeu dans l’industrie. 39 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Aujourd’hui la carte de crédit n’est plus qu’un moyen parmi plusieurs d’amasser des informations de toutes sortes sur tout ce qui bouge. Mais elle restera le principal instigateur d’une tendance qui ne peut que se généraliser et se développer encore davantage grâce à des technologies qui ont plus d’ubiquité. Grâce au datamining, le CRM a pris un nouveau visage. Wal-Mart, la grande chaîne de distribution américaine, avec 2000 points de vente transfère l’équivalent de 20 millions de transactions vers une base de données centralisée stockée dans un supercalculateur fonctionnant avec 483 processeurs (Hedberg, 1995). Aujourd’hui, ils peuvent savoir, en quelques secondes, qui et quand a acheté un bâtonnet pour oreilles. 6. Sommaire Avec les systèmes de CRM, la relation avec le client est totalement transformée puisqu’elle est basée sur une technologie qui facilite non seulement les contacts mais également les échanges informationnels. Cette capacité de garder trace des contacts procure une autre dimension aux relations que peut entretenir une entreprise avec sa clientèle. L’entreprise peut pousser ses analyses jusqu’à l’étude des comportements des clients tout au long de leur cycle d’acquisition et disposer ainsi d’informations lui permettant d’en améliorer le mécanisme. Ainsi présentés, les systèmes et logiciels CRM, constituent un des préalables d’une ouverture de l’entreprise vers l’extérieur et d’établir des échanges électroniques avec ses autres partenaires commerciaux. VI. L’entreprise étendue et le e-business Les concepts de l’ERP, du SCM et du CRM ayant été présentés, il convient à présent de définir l’entreprise étendue comme étant une entreprise qui a adapté son système d’information aux niveaux tant interne qu’externe. La circulation de l’information est fluide en son sein, c’est-à-dire entre ses différentes fonctions et processus, incluant ses filiales, ses commerciaux, ses sous-traitants, etc. Et la circulation de l’information s’étend aussi aux points frontaux et au delà, c’est-àdire jusqu’à ses clients, fournisseurs et autres partenaires. En anglais EAI signifie Enterprise Application Integration. En français, ceci pourrait se traduire par «intégration des applications d’entreprise». Les éditeurs d’EAI proposent des solutions pour instaurer des échanges et des interfaces entre des applications qui n’ont pas été conçues pour s’entendre. Dans la pratique l’abréviation «EAI» désigne autant une offre logicielle que les projets d’intégration d’applications. De plus en plus, on a tendance à parler de «projets EAI» pour désigner une intégration assez complexe, entre une nouvelle application (un CRM par exemple) et un existant informatique (JDNET, 2001a). 40 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée A. L’intégration des applications et des systèmes Une fois équipée du matériel, du logiciel et des outils applicatifs nécessaires, l’entreprise doit résoudre les problèmes d’intégration avec ses systèmes existants, avant de se lancer effectivement dans d’autres activités telles que, par exemple, une activité commerciale en ligne. Ce faisant, l’entreprise établit un pont entre ses systèmes de e-business et les applications légataires (legacy systems), aussi appelées «héritage». Commercial/ Marketing Commercial/ Marketing GRH Production 1 Financier Au départ, les applications fonctionnelles de l’entreprise sont indépendantes et mal intégrées. Commercial/ Marketing GRH GRH Production 2 Financier Des interfaces spécifiques, non nécessairement informatisées, sont ensuite créées entre les différents systèmes et applications. Production 3 Financier L’intégration réelle des applications et systèmes fonctionnels se fait grâce à ... CRM CRM ERP ERP ERP SCM 4 ... un ERP, un système de gestion intégrée 5 L’ERP est quant à lui intégré au CRM qui supporte les activités de marketing et commerciales 6 Et, éventuellement, à un système de logistique globale, c’est l’intégration interne de l’e-entreprise. L’intégration des systèmes internes de l’entreprise constitue un prélude au e-business et à l’entreprise étendue. Le SCM et le CRM sont des ouvertures vers l’extérieur. Le SCM connecte les deux extrémités de la chaîne de valeur et le flux informationnel de bout en bout, à savoir les commandes des clients et les achats chez les fournisseurs. Alors que l’ERP peut incorporer les fonctions de gestion de la production, du stock et des achats, le SCM s’y spécialise et couvre une complexité plus grande grâce à ses logiciels intégrés et spécialisés dans les maximisations et les prises de décisions multicritères. En ce sens, un SCM est le prolongement du module MRP (Material Requirement Planning) d’un ERP. Plus sophistiqué que ce dernier, il peut déterminer la capacité de production et le débit d’écoulement, l’optimum de la gestion de la logistique en fonction de données historiques sur la fluctuation de la demande. Rappelons que le SCM diffère des systèmes traditionnels tels que le MRP par ses capacités à interfacer avec l’extérieur grâce aux technologies de l’Intranet (pour les aspects internes à l’entreprise), de l’Extranet (pour les relations avec des partenaires privilégiés) et l’Internet (pour le commerce électronique tous azimuts). 41 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Le CRM, quant à lui, assure l’ouverture de l’entreprise sur les clients exclusivement. Un CRM assure en ce sens non seulement la gestion (réclamations, suivi, etc.) de la clientèle mais également la gestion des relations de l’entreprise avec ses clients futurs ou potentiels. B. Après l’ERP, CRM ou SCM? La logique de la réflexion de l’entreprise étendue veut qu’elle commence par passer le cap de l’ERP en intégrant les processus internes de ses fonctions. Passée l’étape d’intégration, l’entreprise peut, et peut-être doit, s’ouvrir sur le SCM et le CRM. Les avis différent quant à l’ordre de priorité de la mise en œuvre de l’un ou de l’autre mais rares sont les experts qui défendront la thèse de la simultanéité. Certains préconisent de commencer par le CRM, d’autres défendent la thèse adverse. Dans tous les cas de figure, le SCM est un prélude au commerce électronique dans sa version B2B. Et le CRM est un prélude au commerce électronique dans sa version B2C. Une entreprise ne deviendra pleinement étendue que lorsque sa connectivité avec ses divers partenaires est assurée et que le SCM et le CRM sont synchronisés avec le système dorsal qu’est l’ERP. L’entreprise ne pourra s’ouvrir au ecommerce que lorsqu’au moins une de ses deux ouvertures débouche sur l’Internet. 42 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Client Intranet Extranet Internet Fournisseur Client Client Fournisseur Intranet Extranet Internet L’entreprise CRM SCM Client Customer Relationship Management Supply Chain Management ERP Enterprise Resource Planning La chaîne de valeur Les différents éléments et acteurs du e-business. C. L’Enterprise Resource Planning de deuxième génération (X-ERP ou ERP II) Depuis quelques années, la notion de l’ERP semble avoir changé. Les CRM et les SCM semblent s’intégrer dans de nouvelles moutures d’ERP, les ERP dits de deuxième génération, appelés X-ERP (ou ERP II). Cette intégration semble prendre la forme d’une base de données unique, partagée à la fois par l’ERP qui la crée et le SCM et/ou le CRM. Le champ d’application des X-ERP ne se limite pas uniquement aux fonctions SCM et CRM. Il s’étend désormais à la Business Intelligence (le décisionnel) et au commerce électronique. Les X-ERP visent par conséquent une couverture plus large de l’entreprise et dépassent le simple champ transactionnel (en débordant sur le décisionnel) et ils dépassent les frontière de l’entreprise (par le biais du CRM, du SCM et du commerce électronique). L’intégration des fonctions de l’entreprise s’élargit donc à l’intégration pure et simple de toute l’entreprise. D. L’intégration et l’entreprise étendue L’intégration des applications consiste à mettre toutes les applications et systèmes d’une entreprise sous la même ombrelle. L’intégration constitue en quelque sorte une étape avancée et un prélude à l’entrée de l’entreprise dans la phase dite étendue. Conclusion Une entreprise ne se lance pas du jour au lendemain dans l’aventure du commerce électronique et du e-business. Vue de loin, l’entreprise passe par le stade «transactionnel» où ses opérations les plus courantes sont informatisées, au stade intégré puis au stade étendu. 43 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Ces étapes n’avaient pas été prévues par Nolan dans son fameux modèle. Mais d’autres modèles, dont un étendant celui de Nolan peuvent à présent être proposés qui essayent de suivre les étapes d’évolution des entreprises vers le e-business. Le modèle de Nolan, a longtemps servi, rappelons-le, d’outil de planification pour les entreprises qui pouvaient ainsi envisager les étapes futures de leur processus d’informatisation. Mais avec le développement des bases de données relationnelles et les percées réalisées en informatique, les entreprises qui sont arrivées à l’étape de maturation n’y voient plus une grande utilité. Une extension du modèle de Nolan était nécessaire. Cette extension tient compte des hypothèses de base du modèle de Nolan et des développements technologiques qui ont lieu depuis qu’il a été vulgarisé. Dans cette version, les entreprises qui s’approprient l’outil informatique évoluent selon un processus qui peut être décrit par les étapes suivantes: • • • • • • l’automatisation des traitements des transactions l’automatisation des fonctions classiques indépendantes telles que les ressources humaines, la gestion commerciale, etc. l’intégration des différentes fonctions de l’entreprise (ERP) l’unification du système d’information de l’entreprise qui ne différencie pas entre les fonctions de l’entreprise devenant ainsi un outil d’aide à la prise de décision la focalisation du système d’information sur le service client (CRM) l’ouverture de l’entreprise sur ses partenaires (clients, fournisseurs, etc.) devenant une entreprise communicante (e-commerce). Il s’agira, dans un effort concerté de mise à niveau des systèmes d’information des entreprises, d’accompagner l’entreprise tunisienne tout au long de ces phases pour lui permettre de devenir plus réactive, voire même proactive afin de faire face à la concurrence internationale à laquelle elle est confrontée. L’ère du PC (réseaux départementaux et clients-serveurs) . Productivité (individuelle et départementale) L’ère de l’ordinateur central (mainframe) L’ère des réseaux et des systèmes ouverts . Productivité . Réduction des coûts . Opérationnel 1960 1975 1980 . Intégration des processus de bout en bout . Inter- et intra-entreprises 1995 2010 Une représentation du modèle de Nolan lorsqu’il est étendu au vu des développements technologiques récents. 44 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Références Agrebi, M. (2004). NTIC et stratégie marketing – Les corrélats du CRM et du marketing relationnel, Mémoire de Mastère en Marketing, Institut Supérieur de Gestion, Université de Tunis, Tunis. Anthony, R.N. (1965). Planning and Control Systems: A Framework for Analysis. Cambridge, MA: Harvard University Press. Bebin, A., Bebin, H., Girardet, C., Mourrain, A., Sallieres, M. et Clairmont. C. (non daté). Progiciels de gestion pour les PME – Principaux ERP propriétaires et Open Source, Livre Blanc, http://www.hbconsultance.com/publications/Libre-blanc-ERP-V1.pdf, consulté le 16 octobre 2007. Beer, S. (1959). Cybernetics and Management, English Univ. Press. Brown, S. (2001). CRM, la gestion de la relation client. Editions Village Mondial, Paris/Pearson Education France. Burck, G. (1964). Management Will Never Be the Same Again, Fortune, août, pp. 125-126. Casino, G. (1999). NTIC: De quoi parle-t-on? Etude TICO: Technologies de l’Information et de la Communication dans les Organisations, Agence Nationale pour l’Amélioration du Travail, septembre. Chan, S. et al. (1994). EDI pour les gestionnaires et les auditeurs, 2ème Ed., Institut Canadien des Comptables Agréés, Toronto. Davis, T. (2003). Mesures et analyse du commerce électronique: Document d’orientation, CEEONU /CNUCED /UNESCO /UIT /OCDE /Eurostat: Atelier conjoint de statistique sur le suivi de la société de l’information: données, mesures et méthodes, Genève, 29 septembre, CES/SEM.52/5, pp. 1-16. Degos J.G. (1999). La Mésopotamie, berceau de la finance et de la comptabilité. Cahiers 1999-01, cref.montesquieu.u-bordeaux.fr/Nouveau Site/ARTICLES/Degos 1999.pdf Doche, F., Djorno, Y. et Douilly, N. (2003). Réinventer la relation client, Les Echos, www.lesechos.fr eBay (2004). Company Overview, eBay, http://pages.ebay.com/community/aboutebay/overview/management.html, consulté le 24 octobre 2004. Galletta, D.F. Abraham, D. El Louadi, M. Lekse, W. Pollalis, Y.A., et Sampler, J. (1993). An empirical study of spreadsheet error-finding performance. Accounting, Management and Information Technologies, Vol.3, No. 2, pp. 79-95. Gartner Group (2001). CRM Economics: Figuring Out the ROI on Customer Initiatives. Greenspan, R. (2003). License to Waste, CyberAtlas, 13 mars 2003, http://cyberatlas.internet.com/big_picture/applications/article/0,,1301_2109351,00.html, consulté le 12 janvier 2004. Hedberg, S.R. (1995). The Data Gold Rush - Smart Data Miners are Cashing in on Valuable Information Buried in Private and Public Data Sources, BYTE Magazine. IBM (2001). IBM et le e-commerce, www-5.ibm.com/e-business/fr/components/e-commerce/intro/, consulté le 14 février 2003. IDC (2002). La chaîne de la valeur sur le marché du commerce électronique en France: quelles solutions technologiques autour des plates-formes de eCommerce? Bilan et perspectives 20012006, International Data Corp. France, 30 mai. IUP (2000). Les ERP: Les clefs de la réussite, 4èmes Rencontres IUP/Entreprises,16 mars. JDNET (2001). L'EAI en sept questions, édition du 24 avril 2001, solutions.journaldunet.com 45 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Kloostra, B. (2000). Powering Up ERP, MIDRANGE Enterprise, Octobre, pp. 1-4. Latouche, S. (2000). La planète uniforme, Editions Climats, Castelnau-le-Lez. Lorentz, F. (1998). Commerce électronique une nouvelle donne pour les consommateurs, les entreprises, les citoyens et les pouvoirs publics, Rapport du groupe de travail présidé par M. Francis Lorentz, www.finances.gouv.fr/commerce_electronique/lorentz/forum.htm, consulté le 11 novembre 2001. May, P. (2000). The Business of eCommerce: From Corporate Strategy to Technology, Cambridge: Cambridge University Press. O’Brien, J.A. (1995). Introduction to Information Systems: An End User/Enterprise Perspective, Alternate Edition, Irwin. Paas, L. et Kuijlen, T. (2001). Towards a Général Définition of Customer Relationship Management, Journal of Database Marketing & Customer Strategy Management, septembre, Vol.9, No.1, pp. 51-60. Paterson, T.T. (1966). Management Theory. Business Publications, London, 1st Edition; Théorie du management. Traduction de l’anglais et préface de R. Caude. Gauthier-Villars, 1969. Patton, S. (2001). CIO Magazine, www.cio.com/research/ec/edit/b2cabc.html, consulté le 1er décembre 2001. Plakoyiannaki, E. et Tzokas, N. (2002). Journal of Database Marketing & Customer Strategy Management, mars, Vol. 9, No.3, pp. 228-237. PriceWaterhouseCoopers (1999). Electronic Business Outlook: A Guide to Seizing the Opportunities, Meeting the Challenges, and Implementing E-Business Solutions. PriceWaterhouseCoopers (2000). Electronic Business Outlook for the New Millennium. PriceWaterhouseCoopers (2001). E-essentials -The Technology that Drives the Change. Schatz, W. (1988). EDI: Putting the Muscle in Commerce and Industry, Datamation, Vol. 34, No. 6,pp. 56-64. Tomas, J.-L. (2000). ERP et progiciels intégrés, 2ème édition, Dunod, Paris. White, R.L. (2000). Executing an Integrated E-CRM Infrastructure. Call Center Solutions, Norwalk, Vol.18, No. 10, pp. 50-52. WinterGreen (2003). Application Integration (EAI) Market Opportunities, Strategies, and Forecasts, 2003 to 2008, WinterGreen Research, Inc., 1er juin 2003, 697 pages. www.marketresearch.com/publisher/739.html. 46 Mars 2011 Progiciels de gestion intégrée Table des matières I. Introduction ............................................................................................................................ 2 II. La modélisation des entreprises ........................................................................................... 3 A. B. Le modèle d’Anthony .......................................................................................................................3 L’entreprise vue comme un système ................................................................................................5 III. L’informatisation des entreprises ......................................................................................... 7 A. B. C. D. E. F. L’étape de l’initiation ........................................................................................................................8 L’étape de la contagion ....................................................................................................................8 L’étape du contrôle ..........................................................................................................................8 L’étape de l’intégration .....................................................................................................................9 L’étape de l’administration des données ......................................................................................... 10 L’étape de la maturité .................................................................................................................... 10 IV. Les systèmes d’information fonctionnels........................................................................... 12 A. B. C. D. E. Les systèmes d'information de la production................................................................................... 13 Les systèmes d'information de marketing ....................................................................................... 14 Les systèmes d'information financiers ............................................................................................ 15 Les systèmes d'information comptables.......................................................................................... 16 Les systèmes d’information de gestion des ressources humaines ................................................... 16 V. L’entreprise intégrée et les logiciels d’entreprise .............................................................. 18 A. B. C. D. La modélisation des entreprises - Rappel ....................................................................................... 18 Les systèmes ERP ........................................................................................................................ 21 Les systèmes SCM........................................................................................................................ 26 Les systèmes CRM........................................................................................................................ 30 VI. L’entreprise étendue et le e-business ................................................................................. 40 A. B. C. D. L’intégration des applications et des systèmes................................................................................ 41 Après l’ERP, CRM ou SCM? .......................................................................................................... 42 L’Enterprise Resource Planning de deuxième génération (X-ERP ou ERP II)................................... 43 L’intégration et l’entreprise étendue ................................................................................................ 43 Conclusion ................................................................................................................................. 43 Références ...........................................................................................45 Table des matières..............................................................................47 47 Mars 2011