Épreuve écrite de RÉSUMÉ DE TEXTE
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Épreuve écrite de RÉSUMÉ DE TEXTE
Banque Agro Veto. Session 2009 Rapport sur le concours B ENV Épreuve écrite de RÉSUMÉ DE TEXTE Concours B ENV Nombre de candidats 392 Moyenne Ecart-type 9,4 4,19 Note la plus basse 1 Note la plus haute 19 Le texte de Victor Hugo proposé cette année était un extrait du chapitre 4 du livre VII des Misérables. Il avait la caractéristique intéressante et paradoxale d’avoir une écriture visiblement disloquée, fragmentée en un grand nombre de paragraphes, mais une assise conceptuelle très cohérente et homogène que les candidats se devaient d’appréhender. Dès lors, faire l’économie d’une lecture réfléchie était exclu, prendre des décisions de découpage était requis. En effet, dans la densité et l’entrelacs des injonctions, des concessives et des métaphores se déployait une ligne démonstrative forte que les bonnes copies ont su manifester. Ont alors été saisies tant l’articulation entre action humaine, usage énergique de l’entendement, et destin, dont l’avancée peut apparaître comme recul, que l’alternance d’enthousiasme et de repli surmonté, entre invitation optimiste à accomplir les idéaux des Lumières et les objections sombres se référant d’abord à l’obscurantisme du Second Empire, puis à la décadence des empires. Certains candidats sont même allés jusqu’à traduire adéquatement la teneur argumentative de la métaphore finale d’une clarté qui résisterait à l’ombre. Par contre, oublieux du travail préalable de repérage des connecteurs logiques qui permettaient de délimiter des grands moments dans le texte ( par exemple, mais d’autres découpages, pourvus qu’ils manifestent une cohérence, étaient admissibles : « le passé, il est vrai » : première proposition concessive qui fait objection à l’injonction initiale d’avancer ; « Or, aucune mort » : réponse prophétique à l’objection ; « Qu’une société s’abîme au vent » : retour massif de l’objection par l’évocation du déclin des empires ; « Mais ténèbres là, clarté ici » : réponse décisive à l’objection par l’articulation du clair à l’obscur ), certains étudiants soit n’ont fait qu’un seul paragraphe, ce qui n’est pas admissible, soit sont allés à la ligne quasiment à chaque phrase, ce qui n’était pas non plus tolérable. Le jury tient également cette année à mettre en garde contre un double système de découpage (paragraphes et sauts de lignes) qui sera sanctionné à partir de la prochaine session. En un mot : il n’y a pas lieu de sauter des lignes dans un résumé, l’utilisation des paragraphes suffit à exprimer le découpage retenu. On le voit, le document proposé s’est avéré discriminant. L’éventail des notes est très ouvert, de 1 à 19 Après l’embellie de l’année dernière, le jury a été surpris de trouver des copies qui ignoraient jusqu’au règles du jeu les plus élémentaires de l’épreuve. Ainsi ont été très lourdement sanctionnées des propositions qui confondaient résumé et analyse (l’auteur dit que), qui n’entraient pas dans le format imposé (le nombre de mots utilisés pouvant dépasser les dix pour cent de tolérance, et même parfois vingt pour cent : a été rédigé cette année un résumé en 171 mots), qui modifiaient l’ordre d’apparition des paragraphes sans respecter la chronologie du texte initial, qui juxtaposaient des expressions entières du texte sans les reformuler, ou même qui projetaient dans le texte des problèmes sociaux actuels comme « l’aide aux minima sociaux », « les personnes diplômées ou non », de l’anticléricalisme, du militantisme anachronique…Certaines copies, non contentes de manifester une seule de ces anomalies, sont allées jusqu’à les cumuler. S’est avérée également frappante la mauvaise qualité syntaxique et orthographique d’un certain nombre de copies, qui a pesé lourdement sur leur évaluation. La pratique récurrente de l’écriture phonétique dans les messages SMS finit même par générer des formes jusqu’ici inédites. Un conditionnel ayant toutes les apparences d’un adjectif : « …les sociétés n’évolurées pas ». Une préposition ayant toutes les apparences d’un génitif : « d’en » en lieu et place de « dans ». Des confusions surprenantes ont été rencontrées. Par exemple « obsolète » pris pour « absurde », ou « obligence »(sic) à la place d’« obligation ». Certaines formulations ont même côtoyé l’absurde. « Il faut prendre exemple sur les sociétés où le modèle social a échoué ». « Ne cessons pas d’oublier les peuples pauvres ». « Le genre humain doit surmonter des obstacles afin de s’élever dans la société. » « Le choix qui s’impose est candélien (sic) :vivre ou mourir ». « Il faut réduire l’hardeur (sic) du travail (avec une magnifique étymologie fantaisiste d’ardeur, qui lui permet de changer de sens par la même occasion). « Nous nous servons des erreurs du passé pour les améliorer ». « Sauvegardons notre patrimoine de l’effroyable passé. » « …les sociétés détruites qui au fil du temps se sont défoulées sur les hommes. » Une vigilance authentique qui cherche le mot juste et l’idée exacte aurait pu, par simple relecture, s’aviser de telles étrangetés. C’est pourquoi nous terminerons ce compte rendu par la reproduction, confiante, d’une copie très bien notée qui manifeste que lorsqu’un peu de soin est apporté à la lecture, et sans recours à un lexique sophistiqué, la ligne directrice d’un texte peut se faire jour. « Nous continuons à le dire, tendre la main à ceux qui souffrent et à ceux qui sont dans l’ignorance, leur faire partager ce que nous connaissons, c’est notre premier devoir. Si la nature a créé le monde, la société doit savoir comment le préserver. Et la réflexion est nécessaire à cela. Un esprit qui ne sait pas raisonner est comme un corps auquel on ne donne pas de nourriture. La réflexion apportera la solution. Il ne faut pas en douter. Malgré le passé qui reprend de la vigueur et qui revient vers nous, nous devons y croire. Celui qui y croit ne peut pas reculer. Dire non à l’avenir, c’est arrêter de vivre. Et nous ne comptons pas accepter la mort de l’esprit. Oui, le futur existera. Oui, le bien-être naîtra. C’est inévitable. Il y a une force, émanant des hommes, qui conduit les événements à un état d’équilibre. Cette force trouve toutes les solutions, sans le moindre mal. Mais en attendant qu’elle y parvienne, il faut continuer à avancer. La société doit apporter la paix. La colère des hommes a déjà nui à la société et entraîné son effondrement dans différents peuples. Pourquoi ? Est-ce une fatalité ? Nous ne le savons pas. Mais devant cette obscurité, nous saisissons la lumière de notre société. Si nous apercevons un mal, nous y remédions. De cette façon, notre société vaincra sans mal. Le sondage de la civilisation nous invite à être optimiste car même si la société souffre, cela n’entraîne pas la mort de l’homme. Pourtant les perspectives ne sont pas encourageantes. Peut-on compter sur un avenir quand celui-ci oppose les égoïstes qui éprouvent de la haine envers ceux qui souffrent, aux misérables, qui éprouvent de la haine envers ceux qui possèdent ? Faut-il encore espérer ? Toutefois, y a-t-il un réel risque de ne pas voir arriver l’avenir ? » Résumé en 322 mots. Le jury remercie très chaleureusement les collègues qui préparent les candidats à cette épreuve de réflexion et de rigueur et salue la qualité générale du travail des étudiants, dont témoignent une bonne part des copies. Membres du jury 2009 : Ivan Jamois, Dominique Guillou, Véronique Bonnet (rapport).