INTERVIEW D`ISABELLE CLARKE ET DE DANIEL COSTELLE Une

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INTERVIEW D`ISABELLE CLARKE ET DE DANIEL COSTELLE Une
INTERVIEW D’ISABELLE CLARKE ET DE DANIEL COSTELLE
Une telle fusion artistique et personnelle, comment vous êtes-vous rencontrés ?
Daniel Costelle : C’est une fantastique rencontre il y a 25 ans sur un tournage, Isabelle était
chef opérateur, prodigieuse, elle ne sait pas filmer « laid ». J’étais stupéfait par son talent.
Puis, elle a découvert avec moi le documentaire d’archives.
Isabelle Clarke : J’étais au service de Daniel, j’ai d’abord travaillé sur la musique et
l’illustration sonore, puis quand j’étais enceinte de notre fille, je suis passée au montage.
Ils ne passent pratiquement jamais une heure l’un sans l’autre... Il dit d’elle « C’est une main
de fer dans un gant d’acier », elle dit de lui « 24 heures par jour avec Daniel, ce n’est pas
assez ».
Qu’est-ce qui fait justement votre force ?
DC : Quand nous travaillons ensemble, nous sommes un, nous avons une complémentarité
et une unité. Nous avons fait 50 films ensemble. On dialogue, on construit en images. On
essaie de s’épater, de se séduire, de se surprendre… .
IC : Nous sommes constamment dans l’énergie et l’invention jubilatoire.
Vous êtes les inventeurs du film « tout archives », une écriture que vous avez mise au
point uniquement à base d’archives d’époque, re-sonorisées et mises en couleurs avec un
texte explicatif, racontez-nous.
IC : La couleur donne de l’actualité aux images, ce sont nos pères, ce sont nos fils. Cela nous
rend très proche du destin de ces hommes et femmes. C’est un travail pédagogique, qui
s’attache à la précision du montage, à la qualité visuelle, il faut être concret, l’approche est
très humaine, c’est le point de vue des hommes qui nous intéresse. On sort du livre
d’histoire, on insuffle de la vie à ces images. .
DC : On essaie de donner des clés, on s’interroge sur les similitudes avec les situations
actuelles, mais on ne se substitue pas aux ouvrages…
Récolter les archives, les choisir, c’est un travail titanesque… Comment travaillez-vous ?
Pendant 3 ans, c’est 9h-21h tous les jours… On regarde les archives, on passe des jours
entiers à tout regarder, tout analyser, il faut avoir les moyens ! Nous avons la chance d’avoir
rencontré un producteur de génie au début des années 2000, Louis Vaudeville. Parfois les
images d’archives qui nous arrivent sont très moches, il faut analyser chaque image,
reconnaître les casques, les uniformes. Nous travaillons avec les mêmes personnes depuis 10
ans et nous faisons aussi appel à des historiens.
DC : On a voulu tout, tout ce qui existait, toutes les archives nationales en France, en
Allemagne, en Grande-Bretagne, en Serbie…
Quelle est votre plus belle découverte en images ? Votre plus grande émotion pour cette
série « Apocalypse » ?
DC et IC : Les images de la famille Ferrari ! C’est une telle découverte, des images amateurs
du quotidien pendant la guerre, on ne savait pas que cela existait. Une famille qui se filme
tout au long de la guerre, c’est magnifique !
Pour conclure, et selon leurs propres mots, les auteurs pensent qu’ils ont fait du bien à
l’Histoire et au documentaire, leurs scores d’audience supérieurs aux séries le révèlent.
D’ailleurs, Daniel Costelle se rappelle que Jean-Jacques Aillagon, en lui remettant la légion
d’honneur, a dit « Vous avez accru le patrimoine de la France ».