HENRI LABROUSTE ET SON TEMPS appel à communications

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HENRI LABROUSTE ET SON TEMPS appel à communications
c ollo q ue international , Paris , 2 2 et 2 3 no v embre 2 0 1 2
HENRI LABROUSTE ET SON TEMPS
appel à communications
LABROUSTE
(1801-1875)
Colloque organisé par l’Institut national d’Histoire de l’Art et la Bibliothèque
nationale de France, en partenariat avec la Cité de l’architecture et du patrimoine
et le Museum of Modern Art (MoMA) de New-York, à l’occasion de l’exposition
consacrée à Henri Labrouste (Paris, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, octobre
2012-janvier 2013 ; New York, MoMA, mars-juin 2013) et de la rénovation du
quadrilatère Richelieu de la Bibliothèque nationale de France.
Henri Labrouste est l’un des rares architectes du xixe siècle qui n’a jamais cessé d’être
admiré tant en France qu’à l’étranger. La rationalité des solutions qu’il mit en œuvre
pour répondre aux programmes complexes qui lui étaient confiés, la puissance de
ses projets et réalisations, l’étrange singularité de leurs ornements et l’importance
accordée au fer et à la fonte font de son œuvre un jalon essentiel dans l’évolution
de l’architecture. En 1928, Sigfried Giedion voyait en lui « la plus forte personnalité
qu’ait connue l’architecture à l’époque de l’essor industriel ». Labrouste devint ainsi une
figure incontournable de l’idéologie du mouvement moderne. Il fascina également les
tenants du post-modernisme.
Peu d’études générales lui ont pourtant été consacrées. À ce jour, l’ensemble de sa
carrière n’a fait l’objet que d’une thèse restée inédite (Renée Plouin, Henri Labrouste.
Sa vie, son œuvre. 1801-1875, Paris, Faculté des Lettres, 1966), de deux expositions
accompagnées de modestes catalogues (Labrouste. Architecte de la Bibliothèque
Nationale de 1854 à 1875, Paris, Bibliothèque nationale, 1953 ; et Henri Labrouste,
architecte 1801-1875, Paris, hôtel de Sully, 1976) et d’un colloque tenu à Venise en
1996 (Renzo Dubbini, dir., Henri Labrouste, 1801-1875, Milan, Electa, 2002).
Il importe toutefois de souligner les très influentes recherches et interprétations de
Neil Levine, formulés dans sa thèse (Architectural Reasoning in the Age of Positivism :
Henri Labrouste and the Néo-Grec Idea of the Bibliothèque Sainte-Geneviève, Yale
University, 1975), puis dans nombre d’essais, dont le premier parut dans le catalogue
de l’exposition The Architecture of the Ecole des Beaux-Arts (MoMA, 1975), publié
sous la direction d’Arthur Drexler en 1977.
On notera enfin le colloque organisé en 2001 pour célébrer le bicentenaire de la
naissance de l’architecte et le cent-cinquantième anniversaire de la mise en service
du nouveau bâtiment de la bibliothèque Sainte-Geneviève (Jean-Michel Leniaud, dir.,
Des palais pour les livres. Labrouste, Sainte-Geneviève et les bibliothèques, Paris,
Bibliothèque Sainte-Geneviève/Maisonneuve & Larose, 2002).
L’ambition du présent colloque est d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche
autour de la figure et de l’œuvre d’Henri Labrouste. Cinq thèmes seront explorés, qui
invitent à reconsidérer des aspects notoires de sa carrière (ses travaux en Italie, les
deux bibliothèques…) ou visent à défricher des sujets encore peu étudiés à ce jour
(sa réflexion sur les programmes complexes et sur une architecture au service de la
société, son implication dans les instances professionnelles, ses engagements dans
les débats architecturaux…).
ET
SON
TEMPS
Rencontre internationale et interdisciplinarité en seront les points forts. Sont ainsi
bienvenues les propositions émanant notamment d’historiens et d’historiens de l’art,
d’historiens des techniques, d’architectes, d’ingénieurs et d’archéologues.
T h é mati q ues du collo q ue
1. Labrouste et l’Italie : un regard singulier ?
Lauréat du Grand prix de Rome d’architecture, Henri Labrouste séjourne en Italie
de 1825 à 1830. Comme tous les pensionnaires de l’Académie de France à Rome,
il exécute une série d’envois annuels et, pour lui-même, de très nombreux relevés
de monuments anciens, notamment de vestiges étrusques. Son envoi de 4e année
(la restitution des temples de Paestum) a été qualifié plus tard par Viollet-le-Duc de
« révolution sur quelques feuilles de papier grand-aigle ».
Certains de ses dessins présentent des traits communs avec ceux de ses condisciples
à la villa Médicis (Duban, Duc, Vaudoyer, son frère Théodore Labrouste…), de leurs
prédécesseurs et de leurs successeurs, tant dans le choix des sites que par la nature
des relevés ou les modes de représentation graphique ; d’autres, au contraire,
dévoilent un tempérament singulier.
Les contributions s’attacheront à développer des analyses comparatives et à situer la
production de Labrouste dans une perspective plus large. Elles pourront également
étudier ses travaux au regard des développements de l’archéologie depuis la fin du
xviiie siècle. En effet, les relevés de Labrouste n’intéressent pas seulement l’histoire
de l’architecture : en fixant des états souvent altérés ou disparus de longue date,
ils constituent aussi une documentation susceptible de nourrir les travaux des
archéologues
2. Labrouste et les programmes : un engagement moral ?
Dès son séjour italien, Labrouste manifeste un intérêt prononcé pour les programmes
complexes : lazarets, chartreuses, abattoirs. Les premiers concours qu’il remporte
ensuite pour la construction d’un hospice cantonal des aliénés à Lausanne (1837) et
d’une prison à Alessandria (1840) lui valent ses premiers succès professionnels ; il
mène également des travaux d’agrandissement à la colonie agricole du Mesnil-SaintFirmin (1836, 1847) et reconstruit le séminaire de Rennes (1854-1874). Surtout, son
nom reste indissociablement lié au programme des grandes bibliothèques.
L’inclination de Labrouste pour l’architecture publique procède notamment de sa
sollicitude pour ses contemporains ; l’architecte, à ses yeux, peut contribuer à réformer
la société. Sa carrière est également jalonnée de projets d’églises, parfois seulement
ébauchés, qui témoignent de son intérêt encore méconnu pour l’architecture religieuse.
colloque international, Paris, 22 et 23 novembre 2012
appel à communications
HENRI
LABROUSTE
(1801-1875)
L’examen des programmes étudiés et des solutions mises en œuvre, ainsi que leur
confrontation avec des réalisations analogues, en France et à l’étranger, permettra de
mieux cerner la place des œuvres de Labrouste dans la production architecturale de
son temps. Les intervenants sont également invités à situer la pensée de Labrouste
dans les débats politiques, sociaux et philosophiques du xixe siècle.
3. Matière, lumière, ornements
Les solutions originales, tant pratiques qu’esthétiques, qu’il tira de l’utilisation du
métal dans ses deux bibliothèques, la franchise des partis retenus ont fait la gloire
de Labrouste. Soucieux de satisfaire au mieux les programmes qui lui étaient
confiés, l’architecte n’hésitait pas à recourir aux produits de l’industrie, qu’il combinait
rationnellement aux matériaux traditionnels. Mais ses réalisations se distinguaient
également par de subtiles études sur l’éclairage naturel ou artificiel (la bibliothèque
Sainte-Geneviève, ouverte le soir, était éclairée au gaz), témoignant de son goût
pour le clair-obscur et le cheminement de l’ombre à la pleine lumière. Quant à leurs
ornements, toujours subordonnés aux lignes de la construction, ils relevaient de ce
style « néo-grec » appelé à se propager dans le paysage parisien ; à ces motifs d’un
caractère très graphique et dont l’étrangeté déroutait les contemporains, répondaient
volontiers des sujets illusionnistes, tels les panneaux arborisés qu’Alexandre Desgoffe
– élève et collaborateur d’Ingres – peignit dans les deux bibliothèques.
Les contributions n’hésiteront pas à replacer le travail de Labrouste dans le
contexte des théories, de l’enseignement ou encore des pratiques architecturales et
techniques de son temps, en s’appuyant par exemple sur les recherches récentes
ou en cours portant sur l’ornement architectural en France et à l’étranger.
4. Labrouste et les instances professionnelles : un rôle déterminant ?
Quoiqu’il fût longtemps considéré comme un architecte indocile et marginalisé par
les autorités académiques, Henri Labrouste a exercé de nombreuses responsabilités
officielles. Il appartint à la commission des Monuments historiques, au conseil des
Bâtiments civils, siégea régulièrement au sein du jury du Salon et forma plusieurs
centaines d’élèves. À sa mort, en 1875, il était inspecteur général des Édifices
diocésains, président de la Société centrale des architectes et membre de l’Institut.
Les nombreux rapports qu’il rédigea au long de sa carrière, ainsi que les motifs
qu’il inventa pour donner sa vision synthétique de l’architecture (page de titre et
frontispice de la Revue générale de l’architecture et des travaux publics, en 1840 ;
jeton de présence de la Société centrale des Architectes, en 1846) illustrent les
positions de Labrouste dans les débats qui agitaient son temps.
Les contributions examineront plus avant son rôle dans les institutions et les instances
professionnelles et s’attacheront à mettre en lumière la pensée de l’architecte.
ET
SON
TEMPS
5. Labrouste, ses contemporains et sa postérité
Homme timide et discret, Labrouste fut d’abord admiré par certains de ses jeunes
confrères qui voyaient en lui l’apôtre d’une nouvelle architecture, avant d’être peu
à peu célébré par la plupart des architectes français et étrangers. En témoignent
la réception critique de ses réalisations et les influences qu’il exerça bien au-delà
du cercle de son atelier. Les noms de plusieurs de ses confrères lui sont souvent
associés : outre ses camarades de la villa Médicis (Duban, Duc et Léon Vaudoyer),
Visconti, Hittorff, Constant-Dufeux, Viollet-le-Duc, etc. Son emprise se perpétua
aussi auprès des générations suivantes, en France et au-delà des frontières (Baudot,
Sullivan, Berlage, Perret, etc.).
L’examen des relations qu’il entretenait avec ses anciens élèves et certains de ses
contemporains permet d’affiner son portrait. Quant à l’étude de sa postérité et de
son actualité aux xxe et xxie siècles, elle permet de caractériser la place éminente
que tient Labrouste dans l’histoire de l’architecture.
Organisateurs Corinne Bélier, Cité de l’Architecture et du Patrimoine (Paris), Barry Bergdoll,
MoMA (New York), Jean-Philippe Garric, INHA (Paris) et Marc Le Cœur, BnF (Paris)
Comité scientifique
Laurent Baridon, Université Lyon II, LARHRA-UMR 5190 (Lyon), Martin Bressani,
McGill University (Montréal), Marie-Hélène de la Mure, bibliothèque SainteGeneviève (Paris), Bertrand Lemoine, Académie d’Architecture (Paris), Neil Levine,
Harvard University (Cambridge, MA), Jean-Baptiste Minnaert, université François
Rabelais (Tours) et Alice Thomine, musée d’Orsay (Paris)
Les propositions de communications (titre, résumé d’une page maximum, bref CV),
en français ou en anglais, sont à adresser aux organisateurs à l’adresse suivante :
[email protected]
Les communications, présentées indifféremment en français ou en anglais,
n’excéderont pas vingt minutes. Il ne sera pas assuré de traduction.
Date limite de l’envoi des propositions
21 novembre.
Les résultats de la sélection seront communiqués aux auteurs avant la fin de l’année
colloque international, Paris, 22 et 23 novembre 2012
appel à communications
HENRI