Extraits d`une Interview de Magloire N`Dehi par un media Ivoirien

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Extraits d`une Interview de Magloire N`Dehi par un media Ivoirien
SPECULUM UNIVERSALIS
« Journal international de l’ONG CNRJ - International newspaper of NGO CNRJ
- Internationale Zeitung von der NGO CNRJ »
« Extraits d’une
Interview de
Magloire N’Dehi »
Par un média Ivoirien
ves, j’ai découvert que j’étais plus appelé à
esprit sur le militantisme associatif en géné-
quelque chose d’autre que la carrière type
ral. Et puis à l’université, je me suis engagé
de géographe. C’était le domaine de la for-
dans des associations universitaires. Cela
mation et du développement des compéten-
m’a permis avec des amis de mettre en
ces que j’appréciais. Au contact avec les
place GEOPLANET, l’une des associations
autres, je me suis rendu compte et j’ai été
des étudiants de Géographie de L’Université
encouragé à me réorienter vers une forma-
de Cocody et plus tard une ONG au sein
tion en ressources humaines. C’est ce que
de laquelle nous travaillions sur les ques-
j’ai fais et actuellement je suis entrain de
tions de société et de développement dura-
préparer mon mémoire de Master 2 en
ble. En un mot, tout est parti d’un engage-
GRH. Mon engagement associatif m’a aussi
ment bénévole à l’église et cela m’a poursui-
aidé en cela en me permettant de dévelop-
vi jusqu’à l’Université.
per des compétences et des qualités qui
sont recherchées sur le marché de l’emploi.
Pour vous c’est quoi l’entreprenariat
Lesquelles compétences et qualités m’ont
et comment vous le percevez ?
été d’un atout indéniable pour mon passage
Qui est Magloire N’DEHI ?
Magloire N’DEHI est un jeune ivoirien mili-
à France Volontaires (Ndlr, Institution Fran-
L’entreprenariat pour moi, c’est l’action ou
çaise de promotion du volontariat et d’en-
la capacité pour un individu de prendre des
cadrement des volontaires français en mis-
initiatives. C’est-à-dire, de partir d’un point
sion à l’étranger) et aussi pour mon actuel
A à un point B pour créer quelque chose ou
poste à la Fondation Friedrich Naumann en
pour donner de la valeur à une chose exis-
tant qu’assistant de programmes.
tante. Donc, c’est prendre des initiatives
pour créer une valeur ajoutée à quelque
vaille surtout sur les questions de droits de
chose qui existe déjà. Ça peut être au ni-
l’homme et de promotion de la jeunesse. A
veau économique ou dans tout autre domai-
cet effet, je suis past président (2011-2014)
ne de la vie. Par exemple, si des gens ont du
et actuel conseiller au Plaidoyer de l’associa-
mal à trouver de quoi à manger, en tant
tion Education pour une Société Durable
qu’entrepreneur, je vais créer une entrepri-
(ESD). Aussi Correspondant Officiel de la
se de vente de produits alimentaires ou de
représentation ivoirienne du Cercle Natio-
production en vue de répondre à leurs be-
nal de Réflexion sur la Jeunesse (CNRJ). Au
soins. Aussi, pour des problèmes de qualifi-
niveau professionnel, je suis Assistant de
cation, un individu va mettre en place des
programmes à la Fondation Friedrich Nau-
Vous êtes leader de jeunesse, dites
cabinets de formation pour répondre à ce
mann pour la Liberté
d’où est venu pour vous l’idée de pren-
besoin. C’est pareil dans le social ou politi-
dre de telle initiative ?
que. Entreprendre, c’est être capable d’apporter des réponses à des situations dans la
Pouvez-vous nous parler de votre parJe n’aime pas tellement cette expression
société. Cela dit, en fonction des besoins
‘’leader de jeunesse’’. Je préfère plutôt
qui se font sentir dans une société, apporter
Je suis un jeune ivoirien comme je l’ai dit
‘’militant associatif’’. Leader, cela suppose
des réponses concrètes, c’est cela l’entre-
tant tôt, issu d’une famille modeste. Je suis
que tu incarnes des valeurs, des principes
prenariat.
rentré à l’Université de Cocody (Ndlr au-
qui te permettent de diriger un groupe et
jourd’hui université Félix Houphouët Boi-
que les membres de ce groupe te considè-
gny) en 2008 en tant qu’étudiant orienté au
rent comme la référence, le repère à suivre
département de Géographie. Au cours de
pour atteindre un but. Je ne pense pas que
ma formation, j’ai eu l’opportunité de ren-
j’ai atteint ce niveau. Je suis un engagé des
contrer des gens, de me frotter à des per-
associations que je considère comme un
cours ?
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tant des organisations de jeunesse. Je tra-
sonnes qui m’ont permis de me découvrir,
outil de formation complémentaire pour les
de sonder mes capacités et de savoir ce que
jeunes et pour chaque citoyen. Comment je
je pouvais faire et comment je devais le
suis arrivé là ? Déjà, j’ai commencé très
faire. Ce qui m’a aussi permit de réorienter
jeune à l’église dans des mouvements d’en-
ma formation vers la Gestion des Ressour-
fants et de jeunes et après cela à continuer
ces Humaines. Parce qu’étant en Géogra-
au collège et au lycée avec les clubs scolai-
phie et dans mes activités et autres initiati-
res. J’étais engagé et cela a ouvert mon
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Depuis très jeune, c’est-à-dire votre
cie pas et à la longue le business peut pren-
voulais devenir sous préfet, mes amis ont ri.
première année à l’Université, vous
dre un coup parce que le client est tenté de
A la suite, ma mère m’a cousu un ensemble
avez pris des initiatives. Est-ce que ça
changer de fournisseur. Donc un moment
qu’on appelé dans le temps sous préfet. Ça
été facile ?
donné, nous n’avions plus assez de ressour-
m’a marqué cette image. C’est bien de rê-
ces nécessaires pour satisfaire notre clientè-
ver, de croire en avenir et t’agir en fonction.
Je ne sais pas si c’est parce que je suis issu
le par faute de soutien financier. Donc on
Vraiment, j’avais cette conviction. Je ne
d’une famille modeste et quasiment d’entre-
essayait de faire ce qu’on pouvait jusqu’à ce
savais pas comment cela allait se faire mais
preneurs que j’essaie de prendre aussi des
que la crise post-électorale survienne. Nous
je voulais y arriver. Au quotidien, il y a des
initiatives et faire des choses dans la société.
avons été obligés d’arrêter puisque chacun
choses que je faisais et j’avais compris par
Dans ma famille, il y a très peu de fonction-
s’est cherché comme on le dit le jargon.
expérience peut être à cause du milieu adul-
naires. Mon père et ma mère sont des en-
Aujourd’hui, chacun essaie de son coté de
te dans lequel j’avais vécu qu’une des choses
trepreneurs car ils gèrent leur propre busi-
faire un business.
la plus importante, c’est la formation. Si tu
veux réussir, l’un des moyens qui te per-
ness. Ils n’ont jamais travaillé dans la fonction publique. Peut-être que c’est l’une des
De l’étudiant en Géographie à un pos-
mettra d’y arriver, c’est la formation. Se
raisons de ma motivation à l’entrepreneu-
te d’assistant programme de la Fonda-
former au-delà même de l’école car l’école
riat.
tion Naumann que vous occupez ac-
n’est pas le seul endroit où l’on doit se for-
tuellement en passant par GEOPLA-
mer. Le fait même de rencontrer et d’é-
Mais en même temps, je ne dis pas que la
NET et l’ONG Education pour une
changer avec les aînés, de fréquenter des
fonction publique est une mauvaise chose.
Société Durable (ESD). Comment
associations, ce sont des cadres de forma-
J’ai vécu dans un environnement où j’ai dé-
expliquez-vous ce parcours ?
tions importants et complémentaires. Moi
très tôt, je me suis engagé dans des associa-
couvert l’entrepreneuriat très jeune déjà en
(Rires) J’avais un rêve et je pense que la
tions. Ça m’a permis de renforcer mes ca-
ves pour apporter des solutions à des pro-
seule chose que même le pauvre est capable
pacités. Deuxième chose, après la forma-
blèmes. Je trouve cela assez important par-
d’avoir sans moyen, c’est le rêve.
tion, il faut entreprendre. J’étais à l’universi-
ce que cela montre même le niveau de ci-
té mais à côté des études comme je dis tant
toyenneté et de responsabilité d’un Hom-
tôt, avec des amis, on faisait de petites cho-
me. C’est vrai qu’on peut avoir des parents
ses qui nous permettaient d’avoir des
aisés mais moi je n’en avais pas. Je ne dis pas
moyens substantiels pour pouvoir assurer le
que les miens sont très pauvres mais ils sont
quotidien comme acheter des bouquins.
assez modestes. Donc à l’université, je savais que mes parents pouvaient faire ce
Quand on arrive à un niveau de la vie, les
qu’ils pouvaient mais pour le reste, je devais
parents ne peuvent pas supporter à eux
moi-même inventer toutes les possibilités
seuls toutes nos charges. Moi, j’achetais des
pour avancer dans la vie de façon honnête
bouquins dans les rues. Quand je voyais des
et éthique. Avec des amis, c’est ce que nous
bouquins ou des magazines ludiques qui
avons fait à l’Université pour avoir les
m’intéressaient j’achetais souvent à 2000 F,
moyens de se prendre un peu en charge.
1000 F, parce que je voulais fortifier ce rêve
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famille où on essaie de prendre des initiati-
par des actions. C’est ce rêve que je voulais
fortifier qui m’a conduit sans l’avoir prévu, a
Nous avons mis en place un business. En
effet,
rencontrer monsieur Léon Rivière de la
nous partions dans un magasin à
Treichville pour payer des articles (biscuits,
Est-ce que le rêve seul suffit ?
Commission Nationale pour l’UNESCO qui
nous a initié à la gestion de projets et à
chewing-gum, papier mouchoir, etc…) au
découvrir la réalité du monde international.
prix de gros et ensuite on venait les reven-
Non. Justement je voulais en arriver. Pour
dre en demi-gros aux commerçants sur le
moi, ça commence d’abord par là. Rêver ne
campus. On ne leur demandait pas de payer
veut pas dire de penser aux choses irréalisa-
C’est aussi ce rêve qui m’a permit de ren-
au comptant. Ils payaient une avance et ils
bles. Personnellement, le rêve que j’avais
contrer un monsieur comme Ben Kacem. Je
nous reversaient le reste plus tard. Nous
c’est que je voulais réussir et je me suis dis
me rappelle encore quand j’étais encore en
étions cinq personnes. Il y avait beaucoup
que j’étais capable de le faire. Une anecdote.
formation à l’UNESCO, j’avais un ami qui
de commande car plusieurs vendeurs nous
Quand j’étais au collège, je voulais devenir
était venu une fois avec des prises en charge
sollicitaient. Mais en commerce, il y a un
Sous-préfet et un jour nous étions allé à une
qu’il nous distribuait gratuitement. Je me
principe qui est important : Quand tu reçois
retraite de prière, avant le repas, on avait
suis demandé pourquoi il distribuait gratui-
beaucoup de commandes que tu n’arrives
demandé que chacun de nous dise ce qu’il
tement alors que les prises en charge se
pas à satisfaire totalement, le client n’appré-
voulait être dans la vie. Quand j’ai dis que je
vendaient couramment.
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Alors, le lendemain, j’ai suivi l’indication sur
pas été fidèles dans ce qui est à autrui et si
Je ne sais pas si je suis capable de définir
l’une des prises en charge et j’ai trouvé
vous ne servez pas de bon cœur et honnê-
exactement le mot audace. J’entends par
tement autrui. J’ai donc continué de travail-
audace, la capacité et le pouvoir d’oser et
ler bien qu’il ne me payait pas toujours.
de rester persévérant quelque soit les situa-
et on me disait que l’école était en promo-
Jusqu’à ce qu’un jour, il me demandait :
tions qui se présentent en continuant la
tion. Après quelques temps d’échanges, il
« Mais Magloire, dis-moi quelle formation
marche. Ce n’est peut-être pas la bonne
m’a dit : je vais t’embaucher. J’étais en pre-
as-tu fais ? ». Et j’ai répondu que je faisais la
définition mais je dis qu’il faut oser faire des
mière ou deuxième année de Géographie.
Géographie. Il m’a regardé et a dit : « laisses
choses même quand on dit que c’est impos-
J’ai cru que c’était une embauche comme les
la Géographie et viens je vais te former ».
sible. Il faut toujours chercher et essayer de
autres mais il me dit en fait qu’il a des prises
Ainsi donc, j’ai commencé ma formation en
faire. Quand tu essayeras, des épreuves se
en charges que je dois distribuer et en fonc-
Ressources Humaines car selon lui, regar-
dresseront mais comment tu vas t’y prendre
tion des inscriptions, j’avais une commission.
dant mes faits et gestes, cette formation
pour ne pas rebrousser chemin ? Pour ma
J’ai trouvé ça très intéressant et j’ai accepté.
serait la mieux indiquée pour moi. C’est
part, je n’ai pas toujours été audacieux par-
Nous étions très nombreux au départ. Il y a
donc gratuitement que j’ai fais ma Licence
ce que par moment, les gens ont dit que ce
beaucoup qui n’ont
pas pu tenir parce
professionnelle en GRH alors que cette
n’était pas possible et j’ai souvent recu-
qu’on ne nous payait pas immédiatement or
formation coutait environ 1 à 1,5 millions
lé. En Côte d’Ivoire, on dit souvent que si
il fallait soi-même mettre les cachets sur des
de francs CFA. Monsieur Ben fait partie de
tu n’as pas de relation, tu ne peux pas t’en
milliers de fiches et distribuer après dans
ceux que Dieu a mit sur mon chemin pour
sortir. Moi, mes parents ne sont pas riches
tous les endroits possibles (dans les gares,
m’aider à comprendre le monde et à tracer
et je ne connais pas d’hommes politiques
les rues, les églises, les mairies, etc.). Je le
mon chemin. Et comme ça, j’ai commencé à
non plus qui pouvaient m’aider à réussir.
faisais en marge des cours et quand tu dis-
rencontrer progressivement des gens qui
Mais j’étais sûr que comme je voulais réus-
tribues 10 000 à 15 000 fiches, tu peux être
m’ont fait confiance et que j’essayais par la
sir, tous les moyens honnêtes et sincères
sûr d’avoir au moins 10 à 15 clients. On ne
Grâce de Dieu de ne pas décevoir. Donc
étaient bons pour pouvoir y arriver. C’est
me payait pas toujours mais le peu qu’il me
l’une des autres valeurs importantes, c’est la
ce que moi j’appelle audace. Mes parents
donnait par moment, c’était important pour
Foi en Dieu.
bien que modestes m’ont beaucoup aidé et
même certains amis, mais surtout les vrais,
moi. Ce qui m’emmène à dire pour mon
expérience avec Monsieur Ben Kacem, le
Je ne vous ai pas entendu citer l’auda-
ont été pour beaucoup dans ce que je suis
fondateur de cette grande école, que pour
ce parmi ces valeurs citées un peu plus
aujourd’hui. Je me rappelle que certains de
réussir, il faut pouvoir entretenir des va-
haut or ce mot est ressortir de façon
mes amis me donnaient de l’argent pour des
leurs.
récurrente à la dernière édition des
besoins. Ils étaient généreux et nous étions
Assises de la Jeunesse où vous étiez
solidaires mais parce que aussi nous som-
Je ne prétends pas que j’ai réussi mais par
vice président du comité scientifique
mes resté dignes et on se respectait énor-
la grâce de Dieu, je me dis que j’ai atteint un
comme étant un élément d’une gran-
mément.
certain niveau où je n’étais pas avant.
de importance dans le monde de l’en-
Quelles sont ces valeurs ?
trepreneuriat. Qu’est ce que l’audace
Dans la vie, il faut te dire et garder en tête
pour vous ?
qu’il y a des gens qui te font confiance, qui
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l’école en question. Quand je suis arrivé,
j’ai eu la chance de rencontrer le fondateur
sont autour de toi et si tu baisses les bras,
Je veux parler de valeurs éthiques et spiri-
eux aussi baisserons les leurs donc tu n’as
tuelles comme le courage, la persévérance,
pas le choix. Tu ne dois pas t’arrêter ni
la probité, l’honnêteté et le respect envers
reculer. Malgré ma situation modeste, j’ai
ceux qui nous entourent et ceux qui nous
réussi dans le cadre de nos activités à ren-
font confiance. Je l’ai dis un peu plus haut,
contrer des personnalités de la haute admi-
j’ai des amis avec qui j’ai commencé la dis-
nistration que jamais je ne pouvais imaginer
tribution des prises en charge qui ont trou-
comme des directeurs généraux, conseillers
vés cela difficile. Mais moi je le faisais. Cer-
du président de la république et des minis-
tains parmi nous ne recevaient pas toujours
tres et même le Président de l’Assemblée
l’argent qu’on nous avait promis et certains
Nationale et le Président de la République.
en ont fait des histoires. Moi je n’en faisais
Ils ne m’ont pas remis des enveloppes d’ar-
pas mais je continuais car il y avait une
gent, mais je crois que c’est un honneur
confiance réciproque entre ce monsieur et
pour ma modeste personne. Mes parents
moi. Il y a même un principe biblique dans
même se demandent souvent comment suis
Luc 16 verset 12 qui dit que vous ne rece-
-je arriver là ? Mais j’y croyais et je continue
vrez rien pour vous-mêmes si vous n'avez
d’y travailler.
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Mes amis m’ont aidé et beaucoup conti-
Je vous assure que c’est un grand défi et je
C’est ainsi que nous avons connu l’un des
nuent de m’accompagner. Ce qui me
peux vous dire que ce n’est pas toujours
initiateurs des Assises de la Jeunesse et qui a
convainc et de résumer la voie de la réussi-
facile. Mais, il faut pouvoir surmonter les
bien apprécié aussi le travail bénévole qu’on
te en 3 facteurs. Il y a d’abord le travail.
écarts d’éducation, les conceptions et les
faisait dans notre association. C’est comme
Souvent je travaille jusqu’à 2 heures, 3 heu-
cultures différentes.
ça en 2013 lors de la 3ème édition, j’ai été
res voire 4 heures du matin et je me réveil-
proposé comme président de la commission
lais à 6 heures pour faire les travaux de la
Vous avez participé très récemment
maison avant de partir pour mes activités et
aux Assises de la Jeunesse. Que pen-
revenir vers 21 heures voire plus tard sou-
sez-vous de cette initiative et quel
Alors, je voulais dire que les Assises de la
vent. Ensuite, la persévérance car souvent
bilan personnel faites-vous?
Jeunesse représente une bonne initiative
quand on travaille, le résultat ne vient pas
des journées de réflexions.
puisse que ce sont les jeunes eux-mêmes et
J’ai connu pour la première fois les Assises
non l’Etat de Côte d’Ivoire qui organise cela.
et maintenir la cadence et les efforts. Et
de la Jeunesse en 2011 lors de la 2ème édi-
Les jeunes eux-mêmes ont dit pourquoi ne
enfin le troisième facteur de réussite, c’est
tion. J’avais vu un spot à la télévision an-
pas organiser de façon périodique une ren-
Dieu. Car tu peux travailler et être persévé-
nonçant la cérémonie d’ouverture au palais
contre avec différentes associations de jeu-
rant mais il y a des circonstances, des réali-
de la culture. Je ne connaissais personne de
nesse afin de réfléchir et discuter sur des
tés que l’Homme ne maitrise pas et des
façon amicale dans le comité d’organisation
questions qui nous concernent ? Je pense
choses qu’on ne voit pas. Mais il y a quel-
mais je me suis dis qu’il fallait que moi aussi
que c’est une initiative à encourager. Mais
qu’un qui voit tout, qui est capable de créer
j’y aille pour prendre part. Quand je suis
en toute chose humaine, il y a des imper-
cette faveur, cette opportunité qui te per-
arrivé, il y avait du monde et je n’avais pas
fections.
mettra de rencontrer des gens qui vont
de place assise. J’ai écouté les discours et vu
t’aider à réussir. Donc avoir ces trois fac-
tout se qui se faisait. A la fin de la cérémo-
teurs, travail, persévérance et faveur divine
nie d’ouverture, les organisateurs ont an-
est important pour réussir.
noncé que des associations avaient été sélectionnées pour participer aux travaux de
La vie associative a été d’un apport
réflexions à Bingerville. Notre association
considérable dans votre vie. Quels
n’en faisait pas partie. J’étais donc un peu
conseils pouvez-vous donner à vos
malheureux et frustré car je me disais que
jeunes frères qui n’aiment pas partici-
ce qu’ils faisaient était assez important et
per à la vie associative ?
que nous devrions y prendre part. Je suis
La vie associative n’est pas peut être le mo-
rentré à la maison et nous avons continué
Cette 4è édition qui vient de se tenir au
nos activités.
palais des sports de Treichville, a créé un
dèle le plus parfait qui permet de réussir.
cadre de rencontre entre les jeunes, les
Mais je dis et je reste convaincu que la vie
décideurs publics et les entreprises pour
associative permet de construire une per-
voir les difficultés et problèmes des jeunes.
sonnalité et des valeurs en soi. Car dans
Comment les surmonter, et quelles sont les
l’engagement associatif, tu rencontres des
recommandations que nous faisons
gens que tu ne connais pas forcement avec
les surmonter? Et nous pensons que pro-
des éducations et des conceptions souvent
gressivement, les choses peuvent s’amélio-
différentes de la tienne. Vous vous retrou-
rer pour la jeunesse. Certes, il y a des cho-
vez dans un cadre, autour d’un projet où
ses à améliorer dans l’organisation mais
vous devez collaborer. Et là, vous êtes obli-
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automatiquement. Donc il faut persévérer
pour
pour ma part c’est une bonne initiative. Et je
gés de travailler ensemble sinon ça ne mar-
C’est en 2012 que nous avons rencontré de
retiens en tant que membre du comité d’or-
chera pas.
plus près le président du Comité d’organisa-
ganisation que rien n’est acquis d’avance et
tion, monsieur Touré Mamadou qui a été
rien n’est facile. Aussi, je retiens que quel-
Comment faire pour que toi, elle et moi qui
nommé après conseiller jeunesse et sports
que soit ce qui se passe, il faut toujours
ne nous connaissons pas, puissions nous
du Président de la République par l’entremi-
avancer jusqu’à ce que tu sois à un stade où
mettre ensemble afin de réussir ce projet ?
se de l’actuel Directeur Général des Ivoi-
il n’y a pas d’autres issues et que la seule
riens de l’Extérieur, monsieur Issiaka Kona-
option s’est de retourner. Par moment, j’ai
Comment avec des ressources insuffisantes
té qui aimait le travail qu’on faisait et nous
eu des regrets et j’ai été aussi déçu face aux
pour un projet, vous arriver à vous mettre
avait promis d’inviter le conseiller à l’une de
difficultés. Certains m’ont encouragé à aban-
les mains dans les mains de façon solidaire
nos activités d’autant que nous avons plu-
donner et d’autres m’ont motivé à conti-
pour atteindre vos objectifs ?
sieurs fois en vain essayé de le rencontrer.
nuer.
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Nous avons été confronté a beaucoup de
La première des choses, c’est rappeler
C’est en essayant que tu vas t’améliorer. Les
difficultés et nous n’avons pas céder au dé-
qu’entreprendre exige des compétences et
gens verront alors ta détermination, tes
couragement. Donc, nous avons essayé de
des aptitudes qui ne sont pas forcement
efforts et t’apporteront l’aide nécessaire.
faire ce que nous pouvons faire. Lors de ces
innées. Il est donc important de se former
Assises, j’ai compris qu’il y a des personnes
davantage et comme on le dit, la meilleure
La quatrième chose à retenir, c’est que tout
qu’on voit souvent à la télévision, des res-
façon de le faire, c’est d’apprendre en fai-
ne s’obtient pas ici et maintenant. Il faut
ponsables d’institutions qui ont aussi eu un
sant, en agissant. En une phrase, c’est l’ap-
prendre le temps de bien faire les choses.
parcours qui n’a pas toujours été facile sur
prentissage par l’action. Qu’ils prennent
Ne pas se presser en disant qu’il faut que j’ai
qui on peut porter de façon hâtive des juge-
alors des initiatives en osant commencer la
cela aujourd’hui sinon je ne fais rien. Je dis
ments qui ne sont pas toujours vrais. J’ai
première action.
non, il faut prendre le temps de construire
entendu un monsieur comme Ydo Yao qui
car tout ce qui est durable et beau se cons-
est aujourd’hui représentant de l’UNESCO
La deuxième chose, c’est leur demander de
truit dans le temps et avec abnégation. En-
en Côte d’Ivoire. J’ai entendu son histoire et
s’ouvrir aux autres et de discuter avec les
fin, la dernière chose fondamentale, c’est
personnellement ça m’a encouragé à dire
gens. Aujourd’hui, nous sommes dans un
qu’il faut mettre Dieu au cœur de tout ce
que beaucoup de choses sont possibles.
monde globalisé où la diversité est source
qu’on fait que ce soit dans la vie associative
de richesse. C’est bon de s’ouvrir avec sa-
ou au travail etc. Moi en tant que chrétien,
Il n’est pas issu d’une famille riche mais il
gesse et intelligence aux autres pour ap-
je crois que Jésus Christ est un facteur très
est aujourd’hui un fonctionnaire internatio-
prendre de leur expérience et partager leur
important. Et par la grâce de Dieu, je ne fais
nal. J’ai appris beaucoup de choses lors des
savoir. Dans le monde actuel, rien de dura-
rien sans prier car il y a cet autre aspect au-
Assises de la Jeunesse et j’ai compris que la
ble ne peut se faire seul. Il est mieux de
delà de la dimension humaine qu’on ne maî-
gestion des hommes et du grand nombre
quitter sa zone de confort en levant les
trise pas mais qui peut créer la différence. Il
n’est pas facile. Cela demande énormément
barrières pour prendre ce qui peut nous
faut donc croire en Dieu en continuant de
de maitrise de soi et d’amour pour les au-
être utile chez les autres.
travailler avec persévérance. Le meilleur
viendra absolument.
Troisièmement, il faut toujours essayer de
Quels conseils pouvez-vous donner à
faire. Essayer encore et toujours. Il n’y a
aux jeunes qui n’ont pas encore nour-
rien de honteux d’essayer encore et encore.
ris l’idée d’entreprendre ?
Pour moi, l’erreur est possible et fait partie
du quotidien de l’homme. Celui qui ne fait
Je ne peux prétendre pouvoir donner des
pas d’erreurs dans sa vie, c’est qu’il n’agit
conseils à mes amis jeunes. Ce sont juste
pas et ne vit plus. Quand on est tombé, il
des rappels que je veux faire car très sou-
faut se relever en tirant les bonnes leçons
vent on le sait déjà.
de la chute.
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