Mise en page 1 - Chambre d`Agriculture de l`Ariège

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Mise en page 1 - Chambre d`Agriculture de l`Ariège
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TERRES D’ARIÈGE - 9 OCTOBRE 2015
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TERRES D’ARIÈGE - 9 OCTOBRE 2015
CHAMBRE D’AGRICULTURE
CHAMBRE D’AGRICULTURE
TÉMOIGNAGES ➜ Contrat Emploi Formation Installation : un outil
incontournable en faveur de l’installation
Le CEFI (Contrat Emploi Formation
Installation) : comment ça marche ?
Fabien Lapeyre a débuté un CEFI dans l’objectif de s’associer au GAEC du Quié pour
remettre en route l’atelier de canards gras et développer un atelier de porcs plein air.
F
abien Lapeyre, 29 ans, a rejoint les Pyrénées ariégeoises depuis son plus jeune
âge. Passionné par le sport, il s'est orienté dans une filière sport étude biathlon
avant de se spécialiser en tant que couvreur ossature bois. A la suite, il a également
obtenu un CAP de couvreur avec les Compagnons du Devoir à Toulouse. Attaché à ce
territoire de la Haute-Ariège, il poursuit le sport en compétition, donne des cours de
ski nordique l'hiver et devient pompier volontaire en parallèle de son poste de salarié
qu'il exerce sur Toulouse. Après dix ans d'activité dont neuf ans en tant que chef
d'équipe, il décide de créer son entreprise pour évoluer professionnellement mais
surtout pour pouvoir exercer sur ce lieu qui lui est cher.
"J'ai toujours été intéressé par le métier d'agriculteur mais ce n'est pas facile
quand on n'a pas de foncier".
Ce projet a finalement été remis en question pour évoluer vers un projet agricole qui
était pour lui tout aussi important mais lui paraissait inaccessible. "Ami d'enfance
avec Jason Lacube, je participais régulièrement aux grands travaux de l'exploitation
familiale. Son père, Philippe Lacube, membre du GAEC du Quié à Verdun, m'a proposé
de devenir salarié ou de m'associer aux membres du GAEC. L'activité agricole m'a
toujours plu, c'est ce que j'aurais souhaité faire à la base, mais ce n'est pas facile quand
on n’a pas de foncier". Le jeune homme a tout de suite été séduit par cette proposition
d'association "cela me permettait de devenir chef d'entreprise. L'intérêt et l'implication
portés à la structure sont plus importants".
Pour mener à bien ce projet, Fabien Lapeyre a suivi la formation du BPREA, qui lui
a permis d'obtenir la capacité professionnelle dans le cadre des aides nationales à l'installation mais surtout de pouvoir commencer à travailler avec ses futurs associés à
raison d'environ 2,5 jours par semaine. A l'issue de la formation, Fabien Lapeyre, en
concertation avec les futurs associés a décidé de suivre un CEFI (Contrat Emploi Formation Installation). "Ce dispositif permet de continuer la phase de test avec une mise
en situation réelle et de préparer l'installation tout en ayant un statut. En terme d'indemnité, je bénéficie des droits Pôle emploi acquis par mes activités antérieures".
A la suite de ce CEFI, Fabien Lapeyre s'installera au sein du GAEC pour remplacer un
des associés, remettre en route l'activité canard gras et développer une nouvelle activité
de porcs Gascon plein air. "Le bâtiment et les équipements nécessaires pour le gavage
sont déjà existants avec une capacité de 200 places. Sur l'atelier porcs plein air, nous
avons tout à créer. Le CEFI nous permet justement d'affiner ce projet avant de déposer
le dossier d'installation". Les trois autres associés poursuivent l'activité bovin viande
avec un projet d'augmentation du cheptel. L'ensemble de la production est commercialisé
en vente directe par le biais du restaurant et de la boutique "LaMontana" aux Cabannes.
"J'intègre une société avec les reins solides, stable sur tous les niveaux. Les projets sont
nombreux, ce qui nous permet d'évoluer en fonction de nos aspirations. C'est justement
cette vision de chef d'entreprise qui m'intéresse à présent. Sans l'ensemble de ces dispositifs d’aides nationales à l'installation et d'accompagnement au projet, celui-ci
aurait été très difficile à mettre en oeuvre" conclut le jeune homme.
Au 1er janvier 2016, Christophe Conein reprend l’exploitation d’Alain Baby, en bovins viande
sur la commune de Dun.
A
ctuellement en fin de CEFI, Christophe Conein s'installera chef d'exploitation
dans moins de deux mois. Cet aboutissement de projet fait suite à un long
parcours d'acquisition de compétences et de recherches d'exploitations, bel et
bien nécessaires selon le jeune homme. Christophe Conein s'est orienté à l'âge de
15 ans vers un pré-apprentissage et a poursuivi ses études par l'obtention d'un CAP
et d'un BPREA, toujours par apprentissage. "A la sortie du cursus scolaire, j'avais le
projet de m'installer mais à 20 ans on n'est pas pris au sérieux et avec du recul on
manque de maturité. N'ayant pas d'exploitation pour m'installer, j'ai créé une société
dans le secteur automobile avec un associé". En parallèle de cette activité, Christophe
continue ses recherches et s'inscrit au Répertoire Départ Installation. Grâce à ce
dispositif, il envisagera une première reprise et un stage CEFI qui n'aboutiront pas et
il poursuivra son activité professionnelle en tant que salarié agricole.
En 2013, Christophe Conein prend contact avec Alain Baby par l'intermédiaire de la
Chambre d'agriculture, toujours grâce au Répertoire Départ Installation. Pendant près
d'un an, les deux parties ont multiplié les rendez-vous pour avancer dans ce projet de
transmission. "La mise en place du CEFI a finalisé ce projet. Nous avions défini au
préalable les conditions de reprise de l'exploitation. En tant que cédant, je laisse un
outil de travail familial sur trois générations. La mise en place d'une relation de
confiance est indispensable pour la réussite du projet. Avec dix ans d'expérience en
tant que salarié agricole, Christophe connaît très bien le métier, que ce soit sur la partie
élevage ou céréales" présente Alain Baby. Pendant un an, de novembre 2014 à novembre
2015, Christophe réalise son stage sur cette exploitation située sur la commune de
Dun, d'une superficie de 133 ha, avec un cheptel de bovins viande d'une trentaine de
mères et d'un atelier grandes cultures.
Le CEFI aura donc permis à Christophe et Alain de finaliser ce projet dans les
meilleures conditions.
Le futur installé et le cédant sont unanimes sur l'intérêt du CEFI qui va bien au-delà
de l'acquisition d'expérience. "Je suis très reconnaissant de l'intégration au sein du
territoire dont nous a fait bénéficier Alain, à moi même et à ma conjointe Caroline. Il
nous a présenté aux voisins, aux agriculteurs, il a pris contact avec les différents propriétaires pour le renouvellement des baux à mon nom, nous avons travaillé ensemble
sur le nouvel assolement, nous avons commencé à préparer les nouvelles orientations
de l'exploitation... Pendant cette période, nous avons également décidé de déménager,
de quitter la commune de Durfort pour nous installer sur place. Ma compagne développera un atelier boulangerie sur la ferme à partir des blés de force produits sur l'exploitation". Le CEFI aura donc permis à Christophe et Alain de finaliser ce projet dans
les meilleures conditions. "Il faut anticiper l'arrêt de l'activité au plus tôt, cinq ans dans
l'idéal. Quand on transmet une exploitation, on transmet bien plus qu'un outil économique" tient à préciser Alain Baby. D'ici seulement quelques semaines, le départ à la
retraite d'Alain et l'installation de Christophe seront officialisés. Grâce aux différentes
étapes réalisées, la pérennité de l'exploitation devrait être assurée. "Pendant ces deux
ans, ma vision du projet à évolué. Je connais à présent les possibilités de développement
de cette exploitation déjà performante. Il est important de ne pas précipiter les choses".
Grégoire Le Péculier a repris l’exploitation de Jacques Labaud sur le col de la Lauze, suite à
un CEFI réalisé quelques années auparavant.
A
la tête d'une exploitation ovine sur le col de la Lauze, ce jeune agriculteur hors
cadre familial s'est installé avec les aides nationales à l'installation en 2013. Il
possède, à ce jour, un cheptel de 240 mères tarasconnaises sur 70 ha de foncier
et transhume l'été sur l'estive du Fourcat. Les agneaux sont vendus autour de deux
mois en tant qu'agneaux légers. Dans son système, il limite au maximum les charges
et valorise au mieux la ressource existante par une gestion du pâturage très rigoureuse.
Grégoire Le Péculier est arrivé en Ariège avec sa conjointe en 2006. Rapidement, il se
lie d'amitié avec l'agriculteur voisin, Jacques Labaud, éleveur ovin "je lui ai donné
régulièrement des coups de main. Nous avons de ce fait envisagé une association et
pour cela nous avons réalisé un CEFI en 2008". L'installation intervient finalement en
2013, lors du départ à la retraite du cédant. "A cinq ans de la retraite, Jacques Labaud
ne souhaitait pas se lancer dans de nouvelles démarches administratives, nous avons
donc reporté ce projet". Pendant trois ans, Grégoire devient berger sur l'estive du
Fourcat et continue à travailler régulièrement avec Jacques, avec toujours comme
finalité la reprise de l'exploitation.
" Sans l'appui du cédant, je ne me serai jamais installé.
Il faut être présenté, intégré "
" Grâce au dispositif du CEFI et du travail réalisé en collaboration pendant plusieurs
années, j'ai pu m'installer et reprendre progressivement l'exploitation. Trois ans après
mon installation, je n'ai racheté que le troupeau au cédant. Le parc matériel est mis à
ma dispositon. Le matériel étant vieillissant, le cédant n'a pas souhaité le chiffrer. Avec
de bonnes connaissances en mécanique, ce matériel m'a été très utile au démarrage.
En 2016, je devrais racheter la bergerie". Au-délà des modalités financières, Grégoire
insiste sur la nécessité d'être accompagné par le cédant pour réussir une installation
dans ce territoire de montagne " sans l'appui du cédant, je ne me serais jamais installé.
Il faut être présenté, intégré. Je dispose de 70 hectares en fermage répartis en 400 parcelles et avec plus de 10 propriétaires. En travaillant avec Jacques, j'ai eu l'occasion
de rencontrer les propriétaires à plusieurs reprises".
Accompagnement technique, transmission de valeurs... ce lien avec le cédant semble
être un des éléments de réussite pour l'installation de ce jeune agriculteur. "A plus de
900 m d'altitude, la pose de clôture reste un travail difficile. Quand j'ai repris l'exploitation,
tout était clôturé. Au fur et à mesure de l'acquision de nouvelles parcelles, Jacques
réalisait systématiquement de nouvelles clôtures. Cela me permet aujourd'hui d'avoir
des parcs de petite taille, idéal dans la gestion du pâturage et du parasitisme. Nous
avons également la chance d'avoir une très bonne qualité de l'herbe et un regain très
important. Les animaux sortent tous les jours, les ressources sont très conséquentes.
Grâce à ce fonctionnement, nous limitons l'achat de foin à l'exterieur. Quant au matériel,
j'ai acheté uniquement un tracteur avec la DJA. Jacques a toujours été centré sur l’économie des charges. Quand j'ai repris l'exploitation, il m'a toujours mis ça dans la tête".
Après l'installation, les liens entre le cédant et le repreneur restent forts. Pour les fêtes
de Noël, Grégoire et sa famille partent pendant sept à dix jours en vacances, c'est alors
Jacques Labaud qui reprend les rênes de l'exploitation.
Ce dispositif permet à un jeune s’installant hors du cadre familial de faire un stage de
3 mois à 1 an sur l’exploitation qu’il va reprendre ou sur laquelle il va devenir associé.
Cette période permet de sécuriser le jeune dans son projet d’installation. Pendant ce
stage, le jeune a le statut de stagiaire de la formation professionnelle. Le porteur de
projet doit avoir moins de 40 ans, détenir un diplôme agricole de niveau IV minimum
(BPREA, Bac Pro...) et n'avoir aucun lien de parenté avec le maître de stage (jusqu'au
3 ème degré).
Pendant le stage, le jeune est rémunéré soit par le Conseil régional dans le cadre de la
rémunération des stagiaires de la formation professionnelle (de 401 à 708 € par
mois (selon le statut antérieur du candidat), soit par ses droits Assedic.
Pour le cédant, le CEFI permet d'accompagner un porteur de projet en lui faisant
profiter de son expérience, de s'assurer de la compétence de son repreneur, une
meilleure valorisation de son outil de travail, de mener progressivement sa cessation
d'activité. La mise en place d’un CEFI n’engage pas le cédant et le candidat à l’installation
sur une installation future, c’est une période d'essai.
Un accompagnement dans les différentes étapes du projet
Avant la mise en place du CEFI, le conseiller transmission, réalise un diagnostic pour
vérifier la faisabilité du projet de transmission ou d’association et fixer les objectifs
du stage. La Chambre d’agriculture se charge ensuite de déposer le dossier auprès du
Conseil régional et éventuellement obtenir l’accord de Pôle emploi si le financement
est assuré par les Assedic. Après validation en commission permanente,
le stage peut démarrer.
Un suivi est réalisé par les conseillers à travers cinq visites pédagogiques pendant
l’année. Au fur et à mesure, sont abordés la maîtrise des divers aspects de l'exploitation
(connaissance de l'ensemble du cycle de production, aspects techniques, gestion ,
commercialisation, administratif), l'intégration sur le territoire (lien avec agriculteurs,
propriétaires, AFP, GP, voisins, élus....), les aspects économiques (faisabilité) et
financiers (reprise, investissements, financement). Dans le cas de projets d’association,
un travail spécifique est réalisé sur le fonctionnement en interne (organisation du
travail, des responsabilités, circulation de l’information, prises de décisions, organisation
des présences et absences, rémunérations...). Le stage permet aussi de préparer plus
sereinement son dossier d’installation.
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Bruno Daviaud, conseiller
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