Nielsen 100% Insight !
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Nielsen 100% Insight ! N°19 - Juin 2012 LE POINT DE VUE DE... L'e-commerce, une arme à double tranchant Isabelle Kaiffer-Sivan, Directrice Consumer & Shopper Insights Michaël Watine, Client Business Partner ([email protected]) Made in France or not ? « Origine France Garantie », encore un nouveau label ! Mais pour quoi faire ? Au-delà du label en lui-même, graphique et visuel, dont l'avantage réside dans une différenciation en linéaire immédiate pour le shopper, quel est l'intérêt du « made in France » pour consommateurs et fabricants ? Pour les ménages, le « made in France » signifie des emplois locaux, de la qualité produit et moins de transport. Les marques utilisant cet argument peuvent donc créer de la familiarité et de la proximité, véhiculer une image de qualité, et, au final, jouer sur les trois piliers du développement durable : social, écologique et économique. S'ajoute également la réassurance des consommateurs face aux différentes crises alimentaires des dernières années. L'origine des ingrédients est plus importante à leurs yeux que le « transformé » en France… et les français sont de moins en moins dupes. Bien que l'alimentaire ne pèse aujourd'hui que 3% des ‘e-dépenses’ des français1, l'e-commerce interpelle déjà tous les acteurs de la distribution par l'ampleur de sa poussée. En effet, sa part de marché a été multipliée par deux en un an et dépasse désormais 1,5%2. Ce circuit inquiète aussi… car il apparaît peu compatible avec certains marchés qui reposent sur le trafic en magasin. Quels bouleversements peut-on anticiper pour demain, quand l'e-commerce aura séduit 25% des ménages3 ? Un potentiel incontestable Il suffit de prendre un peu de recul pour se re n d re c o m p t e d u p o t e n t i e l d e l'e-commerce alimentaire en France : 12% des foyers français y ont fait au moins un acte d'achat sur la dernière année, contre seulement 5% l'année précédente ; et ce taux de pénétration reste pour le moment nettement inférieur à celui du RoyaumeUni qui est de 26%4. Les distributeurs alimentaires ont bien saisi l'opportunité en se lançant dans une course effrénée au Click & Drive, le nombre de points de vente passant de 129 à 603 en un an5 ! Du côté des industriels, les contraintes en termes de traçabilité deviennent de plus en plus lourdes. S'approvisionner en France est donc un réel avantage car ceci s'avère moins risqué qu'importer des ingrédients venant du bout du monde… D'autant plus que la réputation des produits, voire des fabricants, peut être engagée très rapidement ! Le « made in France », label ou pas, peut donner aux produits un bonus à l'achat en linéaire, améliorer leur image de marque, accorder aux sociétés une certaine sérénité grâce à une sécurisation de leur approvisionnement, mais leur permet aussi de bénéficier d'avantages concurrentiels solides pour renforcer leur position. Étant bien entendu que le « made in France » ne doit pas être un leurre, ni un argument marketing pour faire passer une hausse de prix masquée… sous peine de sanction immédiate ! encore atypique avec une sousreprésentation de certains rayons. En effet, plusieurs freins à l'achat n'ont pas encore été levés : largeur d'offre, image prix, perception de la qualité du frais6… Concrètement, un e-shopper ne fait pas les mêmes paniers selon qu'il se rend sur un site web ou en magasin. Afin de mesurer l'enjeu, une étude a été menée pour observer les shoppers qui ont déjà franchi le cap : les « e-addicts », ces shoppers qui n'hésitent pas à se rendre sur le web tous les 15 jours pour y faire un plein de courses (67€ de panier moyen7). Certes, cette population ne pèse encore que 2% des foyers français mais leur comportement d'achat se révèle instructif pour déterminer ce que l'e-commerce va changer. « Plus j'utilise l'e-commerce, moins je vais en magasin » En parallèle, les pure players comme Amazon montrent des signes d'intérêt en référençant des produits de grande consommation sur certains univers tels que le bébé ou le soin beauté. Mais un circuit qui pose question S a i s i r l 'o p p o r t u n i t é e - c o m m e rc e nécessite une forte adaptation au e-shopper. Les premières études démontrent que la consommation y reste Prenant leurs habitudes en e-commerce, les e-addicts se rendent nettement moins en magasin au fil du temps : -13% de visites en supermarché et -20% en hypermarché8 ! Ils fréquentent toujours le magasin, mais l'e-commerce bouleverse clairement leur stratégie pour mener à bien leur mission des courses alimentaires ou plutôt leur corvée comme le déclarent 37% des français 9 ! Au global, leur consommation de PGC+FLS, tous circuits 1 Source : baromètre FEVAD, juin 2011 Source : Nielsen - Homescan, PGC+FLS, cumul annuel au 25/03/2012 3 Dans Nielsen 100% Insight ! n°14, lire ‘Le drive en pleine accélération...’ 5 Source : Nielsen - TradeDimensions, avril 2012 6 Source : Nielsen - PanelViews, décembre 2010 9 Source : Nielsen - Psychographic, décembre 2011 2, 4, 7, 8 confondus, ne varie pas de celle d'un shopper moyen mais la répartition web/magasin évolue considérablement. Se posent alors de nombreuses questions pour les catégories que l'on sait dépendantes du trafic en magasin. La saison de Noël 2011 a prouvé que les hypermarchés ayant un drive accolé ont moins bien fonctionné en non-alimentaire (hifi, électroménager…) que les autres ! Comment les distributeurs anglo-saxons appréhendent-ils les enjeux du e-commerce ? : le web désormais intégré dans la signature de l'enseigne « Être un distributeur d'exception en magasin et en ligne » : voici la nouvelle signature du groupe Tesco, qui place le web au cœur de sa stratégie de développement. Ceci se traduit par un investissement soutenu pour le développement de l'offre en ligne sur son marché domestique (Grande-Bretagne) et par le lancement de sites d'achat en ligne à l'international (République Tchèque, Pologne et Chine). Fréquenter l'e-commerce modifie les habitudes de consommation : le web comme outil de conquête… internationale ! En parallèle de son développement aux Etats-Unis (élargissement de l'offre en ligne, Pour des raisons d'expérience d'achat souplesse de retrait / livraison des commandes pour le client…), le leader mondial (utilisation des listes, temps de Walmart se distingue par le développement de son offre web dans des pays où l'enseigne n'est pas ou peu implantée physiquement. Entre autres, elle a pris une shopping, ...) ou de proposition produits position majoritaire sur le e-retailer Yihaodian en Chine. Une division « global (assortiment court, visibilité réduite, ...), e-commerce » a même été créée pour accélérer la mise en place de ce levier de la composition du panier en e-commerce conquête internationale ! se différencie nettement d'un panier en GMS classique. Cette différence est moins marquée pour l'e-addict mais reste tout de e-addicts par catégories – tous circuits O p p o r t u n i t é o u m e n a c e ? même très significative. En effet, il prend confondus – souligne les bouleversements Tout dépend de la catégorie ! progressivement ses habitudes et achète que l'e-commerce pourrait entraîner La menace apparaît élevée sur les d é s o r m a i s 8 0 % d e « s e s » à maturité : confiserie de poche catégories « d'exigence » (beauté, catégories au moins une -19%, adoucisseurs soft-drinks, apéritifs et digestifs En un an, les e-addicts fois en e-commerce textile -21%, bières traditionnels, ...) car elles réclament une ont réduit de 20% contre 54% l'année +12%11... A date, ces largeur d'offre peu compatible avec les 10 précédente . En outre, évolutions ne por- contraintes de rentabilité qu'ont les leurs visites l'e-addict ne compense tent que sur 2% distributeurs e-commerce. en hypermarché. pas en magasin de la population, La menace apparaît élevée sur les toutes les spécificités de sa consommation mais quel sera l'impact quand 25% catégories de « pure impulsion » en e-commerce. D'une année à l'autre, des foyers seront devenus accros à (confiserie de poche, chewing-gums, …) l'évolution de la consommation des l'e-commerce ? nécessitant une visibilité que le magasin e-commerce n'est pas encore capable de Évolution annuelle des achats en HM+SM+HD+e-commerce proposer avec autant d'efficacité que les pure players. Ces derniers ont développé Adoucisseurs textile -21% -3% une réelle expertise pour déclencher des Les e-addicts ont Produits de beauté adulte -19% achats d'impulsion en jouant sur la -3% augmenté de 22% -19% Confiserie de poche complémentarité des produits et l'analyse -3% leurs achats d'eau des historiques d'achats. -8% Chocolat en tablette 4% gazeuse contre 11% -5% La menace apparaît réduite sur les Apéritifs et digestifs traditionnels pour l'ensemble des 1% catégories « fonctionnelles » (entretien, -1% shoppers. Gels douche 0% hygiène, papier) si l'offre est suffisamment 5% Lessive 2% bien sélectionnée. Mais les références 5% Dentifrice e-addicts majeures ne sont pas encore systéma4% 7% Biscuits tiquement présentes sur les sites tous shoppers 2% d'e-commerce12. 9% Eaux plates 4% 12% Enfin, on détecte une opportunité de Bières 3% développement pour les catégories 22% Eaux gazeuses 11% « besoins et plaisirs quotidiens » (biscuits, eaux, jus de fruits,...), l'effet ‘liste Source : Nielsen - Homescan, PGC+FLS, volume annuel au 25/03/2012 de courses’ générant probablement une Source : étude Nielsen/Net-Veille, décembre 2010 Source : Nielsen - Homescan, PGC+FLS, cumul annuel consommation plus régulière du produit. au 25/03/2012 “ “ 10, 11 12 100% Insight ! Lidl pris au piège de sa stratégie ? Aurélie Barrois, Consultante Senior ([email protected]) Lidl, enseigne allemande, a ouvert son premier magasin en France en 1988. En quinze ans, elle est devenue la première enseigne de hard-discount sur notre territoire avec une part de marché de 5,3%1. Bien que la France représente toujours pour l'enseigne un grand terrain de jeu, cette belle dynamique semble s'essouffler… Lidl ne serait-il pas à un tournant ? Une inversion inattendue des c o n c u r r e n t s e n p e r m e t t a n t l a comparaison des prix. Sans compter que tendances les offres discount atteignant 50% se banalisent. Autant de leviers auxquels les shoppers français sont très réceptifs puisqu'ils sont à la recherche d'enseignes proposant des offres promotionnelles avantageuses 7. Lidl a poursuivi sa lancée en actionnant des Depuis trois ans, le contexte de crise dans leviers qui ne sont pas, à proprement lequel est plongé la France aurait dû être parler, dans son ADN et qui l'éloignent du favorable à la croissance du hard-discount. modèle de pur hard-discounter : Nous constatons, pourtant, que le hard- promotion virtuelle, publicité radio, ... L'heure du choix discount - qu'il Lidl a pris des risques en se frottant à la Image Prix de Lidl et Leclerc soit français ou GMS classique. Pourtant, les attentes des Parmi toutes les enseignes de distribution en France, laquelle offre, selon vous, allemand - ne consommateurs envers l'enseigne n'ont les prix les moins chers pour les produits alimentaires et d'hygiène ? parvient pas à pas changé et ne divergent pas des Fort élargissement de l'offre progresser marques fabricant chez Lidl enseignes hard-discounters concurrentes. de manière 2 Lidl se retrouve à un carrefour, il est encore 23% 23% organique . Lidl, temps pour l'enseigne de revenir à son 21% 21% 21% qui affichait 20% 20% positionnement de départ, notamment jusqu'alors une 17% quand on voit que le ‘pur’ hard-discount 16% forte croissance souffre moins. 14% et dynamisait le Deuxième possibilité : accélérer son circuit, voit ses 2007 2008 2009 2010 2011 mimétisme des hypermarchés et performances Source : Nielsen - Shopper Trends 2012, 3300 répondants supermarchés, et en actionner pleinement stagner sur les leviers clés : publicité TV, promotion, l'année 2012. L'enseigne perd même de la …qui déchaine les foudres de la 8 drives . Une stratégie qui contribuerait à part de marché sur les mois de février et grande distribution 3 faire de Lidl le premier choix de ses clients mars (-0,2 pts et -0,1 pts) . Ce recul de La réaction de ses concurrents a été très puisqu'aujourd'hui seulement 37% de son PDM repose sur une fuite des acheteurs : rapide : lancement de la marque chiffre d'affaires est réalisé en tant que l ' e n s e i g n e p e rd 1 6 0 0 0 0 f oye r s Carrefour Discount, multiplication des magasin principal ce qui place l'enseigne en 4 consommateurs sur le dernier trimestre . 9 Seul l'effet parc est bénéfique à la listes « prix bas » et apparition des queue de classement . croissance de l'enseigne. En effet, le comparateurs dans lesquels figurent Quel que soit son choix, Lidl ne devrait pas rythme d'ouvertures ne faiblit pas avec, en les enseignes de hard-discount. Dans renouer avec une croissance aussi forte que moyenne, 67 magasins par an depuis cette lutte pour remporter « la bataille par le passé. A moins que les enseignes du meilleur prix », Leclerc se distingue classiques ne puissent poursuivre quatre ans5. nettement et est désormais perçue longtemps cette spirale d'investissements Un choix stratégique risqué… comme l'enseigne proposant les prix dans le prix... Lidl, fort de son succès, est venu sur le les plus bas, brouillant ainsi le positerrain des enseignes de GMS classiques tionnement classique de Lidl. en référençant en masse les marques Dans ce climat d'agressivité fabricant. L'objectif était d'accroître le concurrentielle renforcée trafic en attirant les réfractaires de en France, et au-delà d'une Lidl compte 8 556 magasins en ? l'enseigne – assez nombreux à l'époque – simple réponse aux HD, Europe dont 1 616 en France, soit 13% en leur donnant ainsi des repères d'achat. les enseignes continuent du parc HM+SM+ HD. Outre un fort effet boost au début, il se d'actionner les leviers révèle que cette introduction des marques du mix. Elles investissent Près de la moitié des foyers français ? fabricant a placé Lidl en frontal de ses le média TV, utilisent fréquentent l'enseigne. En Allemagne, ils sont Source : panels Nielsen les mots et les codes 79% et en Grande-Bretagne 40%. Croissance mesurée à parc de magasins constant du HD. Le poids de la Source : Nielsen - Homescan, cumul annuel au 22/04/2012 promotion dans les Source :Nielsen - TradeDimensions ? Le budget annuel moyen d'un consommateur chez Source :Nielsen - Shopper Trends 2012 ventes passe de 13% Lidl est de 286 € (vs 791 € pour Leclerc). Leader Price a ouvert cinq drives en 2012 à 19% en 10 ans6, Source : Nielsen - Homescan, cumul annuel au 01/01/2012 Le saviez-vous ? 1,3,6 2 4 5 7 8 9 Repères : Jamais sans mon smartphone ! ([email protected]) Olivier Hullot, Directeur Consumer Research France La France compte aujourd'hui près de 20 millions de mobinautes et ce chiffre ne cesse de grimper1. Grâce aux smartphones, de nombreuses informations deviennent accessibles via Internet, au cœur même du parcours d'achat du shopper : 35% des mobinautes surfent sur leur mobile en magasin2! Afin de mieux anticiper ce que pourrait devenir le comportement du shopper « connecté » dans les années à venir, nous vous proposons un tour d'horizon des « smartphone shoppers » à travers le monde. Pour choisir mon magasin au dernier moment 20% 16% 13% 10% Grâce à son smartphone, le shopper dispose jusqu'au dernier moment de toutes les informations requises pour choisir le magasin dans lequel il fera ses achats. Outre les services de localisation, il peut également consulter les horaires d'ouverture ou les offres promotionnelles en cours… … des possesseurs de smartphone utilisent un service de localisation pour trouver leur magasin3. Pour m'informer en faisant mes courses Ce qui distingue le plus les smartphones des autres écrans (ordinateurs, tablettes), c'est la possibilité donnée à l'utilisateur de se renseigner au moment même de son achat en magasin ! La comparaison des prix n'a jamais été aussi facile avec les nombreuses applications dédiées comme ‘quiestlemoinscher’ qui a déjà été téléchargée plus de 550 000 fois4! 38% En cas de doute, le shopper peut également aisément prendre c o n n a i s s a n c e d e l ' a v i s d ' a u t re s consommateurs… En France, ils ne sont encore que 17% à lire les avis sur les produits sur leur smartphone mais, aux Etats-Unis, c'est une habitude pour un shopper sur trois3! 22% 21% 21% 21% 13% 15% 13% 14% … des possesseurs de smartphone comparent les prix « en ligne » pendant qu’ils font leurs courses en magasin3. 10% …des possesseurs de smartphone scannent un code-barres pour obtenir une information ou un prix3. Pour simplifier mon passage en caisse 24% 8% 9% … des possesseurs de smartphone cherchent et utilisent des bons de réduction dématérialisés3. Au moment de passer en caisse, les shoppers ont désormais l'opportunité de réduire la note grâce aux bons de réduction collectés sur leur smartphone. Encore peu usité en Europe5, un américain sur quatre y a déjà recours… 2% … des possesseurs de smartphone l’utilisent pour effectuer un règlement en magasin3. Une tendance à laquelle nos marchés n'échapperont sans doute pas : l'utilisation des smartphones comme mode de paiement… Nous n'en sommes encore qu'aux balbutiements mais, aux Etats-Unis, 25% des possesseurs de smartphone se disent intéressés par cette alternative à la carte bancaire3. 1 Source : Médiamétrie - TSM / MCI, décembre 2011 Source : Médiamétrie//NetRatings, baromètre FEVAD sur les comportements d'achat des internautes, juin 2011 avec leur téléphone principal durant les 30 derniers jours ; source : Nielsen - Smartphone Insight, enquête en ligne réalisée auprès de 1 000 personnes en avril 2012 4 Source : Leclerc 5 Le Royaume-Uni est le pays européen où ils sont les plus utilisés (13% des possesseurs de smartphone). 2 3 Vous souhaitez réagir à l'un de ces articles ou obtenir de plus amples informations sur leur contenu ou nos solutions ? 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