Consultation pharmaceutique pour les

Transcription

Consultation pharmaceutique pour les
Par Geneviève Tirman,
chargée d’enseignement,
Université Laval, B. Pharm.,
diplôme de 2e cycle en
pharmacie communautaire
Révision scientifique :
Frédéric Poitras, chargé d'enseignement,
Université Laval, B. Pharm.
Objectifs pédagogiques
✓ Décrire et systématiser les étapes de
la consultation pharmaceutique pour
les médicaments en vente libre.
✓ Énumérer les étapes de la collecte de
données.
✓ Savoir procéder à l’évaluation des symptômes et déterminer les signes et les
symptômes exigeant une consultation
médicale (« drapeaux rouges »).
✓ Connaître les éléments essentiels qui
font partie du conseil en automédication
Publié grâce à une subvention sans restrictions de
Consultation pharmaceutique
pour les médicaments en vente libre
Les médicaments en vente libre font partie intégrante de la pratique quotidienne
du pharmacien. La déréglementation
fait en sorte que les médicaments qui
étaient jusqu’ici prescrits se retrouvent
aujourd’hui en vente libre sur nos tablettes.
De plus, la population est majoritairement
sensibilisée au fait que le pharmacien
est un professionnel très disponible et
facilement accessible. Par conséquent, le
nombre de consultations qui résulte de ces
phénomènes augmente constamment.
Par ailleurs, l’intérêt de la population envers
l’automédication est clairement grandissant.
Nous avons affaire à une clientèle de plus en
plus informée et éduquée, qui désire se prendre
en main sachant toutes les contraintes d’accès
au système médical traditionnel. Il n’est pas
rare d’obtenir des demandes liées aux informations que les gens ont trouvées sur Internet ou
découvertes dans les publicités des divers
médias d’information. Les gens se tournent
donc de plus en plus vers leur pharmacien, un
intervenant de première ligne qui contribue
activement au système de santé québécois.
Par l’adoption du Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments
au Québec, la compétence du pharmacien en
Tableau I
Exemples de signes et de symptômes d’alarme pour lesquels
une consultation médicale est recommandée2,3,4
• Changement de l’état de conscience
• Convulsions
• Douleur à l’oreille ou écoulement
dans l’oreille chez un enfant
• Paralysie (visage, membres), difficulté
d’élocution
• Toux étouffée ou sifflante
(jappement « barking ») chez un enfant
• Vomissements importants
• Sécrétions colorées persistantes
avec douleur aux dents ou au visage
• Troubles de la vision, photophobie
• Signes d’infection ou d’inflammation
(pus, enflure, rougeur, etc.)
• Difficulté respiratoire
• Douleur à la poitrine
• Problème de déglutition
• Fièvre >38,5 oC ou 101,3 oF depuis
plus de 24 à 48 heures
• Mal de gorge important
• Toux persistante depuis plus
de 3 semaines
• Congestion nasale purulente et
persistante
• Céphalée importante, douleur cervicale
importante
• Irritabilité ou fatigue excessive
chez un enfant
Cette liste est non exhaustive.
• Douleur en urinant
• Augmentation de la fréquence des urines
• Sang dans les selles, dans l’urine
et/ou dans les vomissements
• Modification du comportement
• Douleur musculo-squelettique aiguë
• Coloration jaunâtre de la peau ou des
yeux
• Perte de poids importante
• Détérioration de l’appétit, signes
de déshydratation, surtout chez
une personne âgée
• Signes de déshydratation modérée à
sévère chez un enfant (fontanelle
antérieure déprimée, yeux enfoncés ou
cernés, absence de miction, diminution
ou absence de larmes, etc.)
matière de consultation sur les MVL est officiellement reconnue. Cela vient en contrepartie
avec toutes les responsabilités professionnelles
afférentes citées par le Code des professions
ainsi que par le Code de déontologie de l’Ordre
des pharmaciens du Québec (articles 33, 36 et
41)1. Le pharmacien doit donc obtenir tous les
renseignements pertinents afin de prendre une
décision clinique éclairée.
Cette prise de décision va bien au-delà de la
simple recommandation d’un produit. Lors de la
consultation pharmaceutique, le pharmacien
doit clarifier les symptômes décrits par le
patient afin de déterminer si son problème de
santé exige qu’il soit orienté vers un médecin ou
s’il peut être traité par un médicament en vente
libre. Il doit également obtenir toutes les données pertinentes liées à l’histoire pharmacothérapeutique du patient afin de prévenir ou de
détecter les interactions, les contre-indications
et les effets indésirables qui pourraient modifier
la sécurité de l’acte professionnel à mettre en
œuvre. Le pharmacien est donc entièrement
responsable de sa décision professionnelle en
présence d’un problème qu’il devra, de façon
autonome, prévenir ou régler.
Il devient alors important d’appliquer une
démarche structurée lors des entrevues-conseils en automédication. Savoir poser les bonnes questions afin d’obtenir des renseignements
complets en peu de temps est une aptitude
importante chez le pharmacien. Une approche
structurée permet de gérer efficacement son
temps et de ne pas passer à côté d’informations
essentielles comme les « drapeaux rouges ».
Les drapeaux rouges se définissent comme des
signes et des symptômes pour lesquels un client
doit rapidement consulter un médecin. Ce sont
des critères de référence médicale2,3. Notons
qu’il faut adapter la démar­che à chaque situation et selon le type de patient. Il faut donc
la personnaliser.
Les étapes de la consultation
pharmaceutique 5,6,7,8,9
L’Ordre des pharmaciens du Québec a défini six
grandes étapes afin que la consultation pharmaceutique en MVL soit réussie et optimale.
1.Préambule
2.Collecte d’information : évaluation des
symp­tômes et histoire pharmacothérapeutique
3.Prise de décision et recommandations
4.Communication de renseignements
5.Conclusion et suivi
6.Consignation des informations et interventions au dossier
L’idée d’uniformiser l’approche devient un
moyen d’assurer une évaluation du patient la
plus exacte possible, mais aussi d’assurer
la reproductibilité des interventions d’un pharmacien à l’autre. Ainsi, le patient pourra rece-
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1
voir la même qualité de soins, quel que soit le
pharmacien qu’il ira consulter.
Tableau III
Algorithme décisionnel d’une consultation pour des MVL.
1 - Préambule
Le préambule amorce la consultation en établissant une relation de confiance.
Exemple de phrases d’introduction : « Que puis-je faire pour vous aujourd’hui ? »
⦁ Se présenter et bien s’identifier comme
pharmacien.
⦁ Demander à qui est destiné le médicament :
« Est-ce pour vous ? Est-ce pour soulager
vos symptômes ? »
⦁ Demander si le patient a déjà consulté un
médecin ou un pharmacien à ce sujet ou
essayé un produit.
⦁ Expliquer le but de l’entrevue : « Je vais vous
poser quelques questions pour mieux vous
conseiller. »
⦁ Privilégier un endroit discret pour respecter
la confidentialité de l’entrevue.
Évaluation des
symptômes
Diriger vers
un médecin
Collecte de
données
Histoire
Prise
de décision
Diriger vers
un médecin
MVL
Rassurer
3- Prise de décision et
recommandations 2
Cette étape correspond à un « triage » puisque
le pharmacien doit, selon les informations qu’il
a recueillies, déterminer rapidement le niveau
d’urgence de la situation et établir un plan d’intervention approprié :
⦁ Diriger vers un médecin (si les nouvelles
informations obtenues l’exigent, par exemple, état de santé, grossesse, etc.).
⦁ Recommander un médicament en vente
libre et/ou des mesures non pharmacologiques.
⦁ Rassurer le patient en lui disant qu’aucun
traitement n’est nécessaire pour l’instant.
4 - Communication de renseignements (Conseils aux patients 5,7,12)
2 - Collecte d’information
La collecte d’information lors d’une consultation
pour un médicament en vente libre s’effectue
habituellement en deux parties :
prendre lorsque nous devons interagir avec un
prescripteur, aussi d’être plus évocateurs dans
la transmission du message.
A. Évaluation des symptômes
(méthode des 7 descripteurs)2,5,10
B. Histoire pharmacothérapeutique
(collecte de données)5,10,11
L’évaluation des symptômes est une étape
importante afin d’établir si le problème exposé
peut être autotraité ou non. Le pharmacien
devra savoir depuis quand les symptômes sont
présents, connaître la description de ceux-ci, les
circonstances d’apparition, les autres symptômes associés s’il y a lieu, etc. C’est donc à cette
étape que l’on détecte la présence de drapeaux
rouges.
La méthode des 7 descripteurs d’un problème médical est préconisée et s’avère habituellement très fiable pour évaluer les symptômes. Cependant, certains problèmes de santé
ne se manifestent pas toujours dans toutes les
dimensions. Cette méthode est celle qu’utilisent
les médecins lors de leurs consultations.
Exemples de phrases d’introduction : « Décrivezmoi vos symptômes… » (Voir tableau II)
Il est à noter qu’à la suite de l’évaluation des
symptômes, le pharmacien peut juger bon
d’adresser le patient au médecin, ce qui met fin
à la consultation pharmaceutique à cette
étape-ci. Cette description sémiologique permet
aussi de faciliter la transmission d’informations
sur un client en particulier lors d’une communication avec un médecin. En effet, l’utilisation
des descripteurs correspond, rappelons-le, au
même canal de transfert d’informations utilisé
dans le cadre de la pratique médicale. Il est
donc ainsi plus simple de bien se faire com-
La collecte de données est tout aussi importante
et fait habituellement suite à l’évaluation des
symptômes si le pharmacien a jugé, à cette
étape, que la situation présentée peut être traitée par un MVL.
⦁ Allergies
⦁ Habitudes de vie et autres caractéristiques : consommation de tabac, de café,
grossesse, allaitement, etc.
⦁ Âge, poids
⦁ Maladies chroniques
⦁ Médicaments sur ordonnance
⦁ Médicaments en vente libre (y compris produits naturels)
Parce que les médicaments en vente libre
peuvent interagir avec les médicaments sur
ordonnance, causer des effets indésirables ou
servir à traiter un effet indésirable causé par
un médicament prescrit, il est essentiel de
s’informer sur les MVL, y compris les produits
de santé naturels, que prend le patient.
Malheureusement, ce dernier détail est actuellement souvent oublié en pratique. Il est ainsi
utile de demander au patient le nom du médicament, la dose, la raison pour laquelle il le
prend, ainsi que la façon dont il le prend afin
d’avoir une représentation plus complète et
plus juste de sa pharmacothérapie, ce qui peut
parfois modifier l’approche et le type d’intervention préconisée.
Tableau II
Évaluation des symptômes (méthode des 7 descripteurs)2,5,10
2
nente et spécifique au problème dont il est
question. De plus, il importe que l’information
recueillie soit dûment inscrite au dossier pharmaceutique du patient pour qu’on puisse
éventuellement la consulter11.
Chronologie
Délai d’apparition
(Quand cela a-t-il commencé ?)
Durée des symptômes
Fréquence des symptômes
Sont-ils aigus ou chroniques ?
Localisation
L’endroit où les symptômes se manifestent
Qualité
Description des symptômes
Caractéristiques
À quoi ces symptômes se comparent-ils ?
Quantité
Intensité des symptômes
(légers, modérés, sévères,
coter sur une échelle de 1 à 10)
Circonstance d’apparition
Comment ?
À la suite de quoi ?
Aggravation ou atténuation
Qu’est-ce qui les aggrave ?
Qu’est-ce qui les soulage ?
Symptômes associés
Autres symptômes présents
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Plusieurs médicaments en vente libre sont
pris au besoin ou sur une base temporaire. Il est
intéressant de quantifier la prise le plus possible. Le fait de demander au patient combien de
fois par jour, par semaine ou par mois il
consomme le produit nous amène à mieux comprendre ses besoins. La fréquence d’achat peut
aussi aider à quantifier cette prise10.
Dans un contexte d’automédication, la collecte de données sert évidemment à compléter
le dossier pharmaceutique et doit être adaptée
selon le cas. Elle consiste à recueillir et à mettre
à jour l’information médicale du patient dans le
but d’entrer en relation avec lui, de déceler les
interactions médicamenteuses et alimentaires,
les effets indésirables ou les antécédents d’allergies11. La collecte de données permet aussi
de déterminer ses besoins en matière de conseils
par rapport à l’adhésion au traitement et d’évaluer ses besoins en information et en éducation
en lien avec la médication. Elle permet aussi
d’adapter nos recommandations en fonction de
ses habitudes, de ses croyances, de sa culture,
de son niveau de connaissance, etc.
La collecte de données doit nous permettre
d’obtenir des éléments autres que les données
purement démographiques et administratives.
Certains renseignements concernant les allergies et les intolérances médicamenteuses ou
le port de lentilles cornéennes peuvent être
demandés par l’assistant technique lors de
l’accueil si ce dernier a préalablement été bien
encadré quant aux informations à recueillir et
aux limites à les utiliser.
Le pharmacien dispose alors de plus de temps
pour obtenir et préciser ces données, et d’en
obtenir de nouvelles pour lui permettre de se
consacrer davantage aux activités cliniques.
Il est important de se rappeler qu’une mise à
jour périodique des données connues est
essentielle, car elles évoluent dans le temps.
Il est intéressant et pertinent d’obtenir aussi
certains résultats de laboratoire (mesures de
la tension artérielle, valeurs des glycémies,
calcul de la clairance à la créatinine, etc.) qui
peuvent nous orienter dans le choix d’un
médicament en vente libre11.
Les collectes de données peuvent s’effectuer
de différentes façons selon les cas (à l’aide du
formulaire de l’OPQ, par exemple, ou de tout autre
formulaire informatisé). Il est important d’établir
un bon climat d’échange afin que notre entretien
avec le patient ne s’éternise pas ou ne ressemble
pas à un interrogatoire. La consultation interactive devient alors un atout essentiel7.
L’information recueillie doit être la plus
complète possible, tout en demeurant perti-
Si le pharmacien juge qu’un médicament en
vente libre est approprié, il doit fournir toute
l’information nécessaire à l’usage optimal de
ce produit. Les explications doivent être courtes, spécifiques au problème et communiquées dans un vocabulaire adapté. Voici les
éléments nécessaires à transmettre au patient
afin qu’il se sente réellement responsable de
son traitement.
⦁ Nom du médicament
⦁ But de la médication (indication, bénéfices
du traitement)
⦁ Posologie : méthode optimale de la prise
du médicament et horaire d’administration
adapté à ses activités quotidiennes
⦁ Durée du traitement
⦁ Début d’action
⦁ Effets indésirables les plus susceptibles de
se produire, mesures à prendre afin de les
minimiser et de les gérer s’ils surviennent
⦁ Précautions
⦁ Interactions
⦁ Que faire si les symptômes s’aggravent ?
⦁ Mesures non pharmacologiques
⦁ Conditions et durée de conservation
du produit
⦁ Coût
⦁ Explication du code-médicament
Lors de la remise des conseils au patient, il
est souhaitable de privilégier l’échange interactif qui favorise un niveau d’écoute supérieur. La
méthode interactive devient alors un dialogue
entre le pharmacien et le patient plutôt qu’un
monologue. Cela facilite donc le développement
d’une relation de confiance et permet aussi de
déceler et de résoudre certains problèmes liés
au traitement et qui, autrement, passeraient
inaperçus. Ce type d’échange contribue également à responsabiliser davantage le patient
quant à son traitement7.
5. - Conclusion et suivi
(surveillance de la thérapie
médicamenteuse 9,13)
Cette dernière étape doit comprendre deux éléments essentiels au succès de la consultation
avec le patient :
⦁ résumer les points importants et le rassurer
au besoin;
⦁ s’assurer qu’il a bien compris (si pertinent).
Selon l’article 36 et 41 du nouveau Code de
déontologie, le pharmacien a maintenant
l’obligation d’effectuer la surveillance de la
thérapie médicamenteuse auprès de chaque
patient afin que ce dernier soit en mesure
illustrant l’importance d’une bonne évaluation des
symptômes afin de prendre une bonne décision clinique3,4.
Paul, 66 ans, est retraité du gouvernement. C’est un patient de longue date. Vous
connaissez bien le contenu de son dossier pharmaceutique. Il est fumeur. Il vous
consulte, car il ressent une douleur à l’estomac et à la poitrine. Elle lui « remonte dans la
gorge ». Il voudrait un antiacide efficace. Il est habituellement soulagé par les TumsMD,
mais ce n’est pas le cas cette fois-ci.
Quelles questions devez-vous lui poser afin de pouvoir prendre une décision
éclairée quant à vos recommandations ?
1
Préambule
Se présenter au patient et s’identifier comme pharmacien
Expliquer la nécessité de poser des questions précises (but)
Demander à qui le produit est destiné
Demander s’il y a eu consultation antérieure
Assurer la confidentialité
2
Collecte d'information (évaluation des symptômes)
Demander au patient de décrire les symptômes actuels.
L’interroger spécifiquement sur des symptômes d’alarme dits “drapeaux rouges” :
• Douleur irradiante (cou, bras, mâchoires)
• Serrement à la poitrine
• Essoufflement
• Douleur augmentée à l’effort
• Fatigue inexpliquée.
Ces symptômes sont le plus souvent liés à des problèmes cardiaques.
Aussi :
• Vomissements (avec ou sans sang)
• Sang dans les selles, selles noires (méléna)
• Difficulté ou douleur à avaler (dysphagie)
• Perte de poids inexpliquée
Ces symptômes sont le plus souvent liés à des problèmes digestifs
ou à un cancer.
L’interroger sur les autres symptômes présents
Déterminer à quel moment ces symptômes ont commencé
Suite à quoi ? À un événement en particulier ?
Qu’est-ce qui aggrave ou soulage les symptômes ?
Déterminer si le patient a déjà essayé un produit pour soulager ses symptômes
3
Prise de décision et recommandations
D’après les réponses obtenues, vous suspectez un malaise cardiaque puisque
ce patient présente un ou plusieurs des symptômes d’alarme suivants : douleur
irradiante (cou, bras, mâchoires), serrement à la poitrine, essoufflement, douleur
augmentée à l’effort.
« Je crains quelque chose de plus grave que le reflux »
Vous dirigez le patient vers l’urgence :
« Quelqu’un vous accompagne-t-il ? » (ambulance au besoin)
En ce qui concerne les médicaments de l’annexe II, l’inscription au dossier est obligatoire.
Concernant les médicaments de l’annexe III, le
jugement du pharmacien est requis par rapport
au respect de cette obligation1. Dans le doute, il
est préférable de toujours documenter.
De plus, iI est fortement suggéré de les
inclure dans le profil médicamenteux destiné à
être transmis à l’urgence, par exemple. Plusieurs
hospitalisations peuvent être causées par les
MVL et les produits naturels15,16.
Il est aussi recommandé de remplir la carte
personnalisée du code-médicament et de la
remettre au patient (lorsque pertinent), puis
d’inscrire les informations au dossier afin de
répondre aux obligations de l’annexe III.
La consignation des informations et des
interventions du pharmacien dans le dossier
comporte de nombreux avantages. Elle permet
principalement d’obtenir un profil médicamenteux complet pour être en mesure d’intervenir de
façon optimale auprès du patient. De plus, la
consignation de données permet de laisser des
traces à ses collègues pour qu’ils puissent assurer un suivi de qualité dans le cas d’un échec à la
première recommandation exécutée. La continuité
des soins est ainsi assurée et il y a donc possibilité de suivre plus facilement l’évolution de chaque patient entre les épisodes de soins. Le fait de
documenter dans le dossier permet enfin de respecter les lois et règlements sur la pharmacie.
Conclusion
La consultation pharmaceutique pour les MVL
demande beaucoup plus d’efforts, comparativement à la consultation avec des médicaments prescrits pour laquelle le médecin a
déjà établi le diagnostic, puisque le pharmacien est l’intervenant de première ligne. C’est
une responsabilité unique qu’il faut continuer
de bien assumer. ❱
Entrevue-conseil
Cet aide-mémoire permet de poser les bonnes questions afin
d’obtenir des renseignements complets dans un court laps de
temps pour régler le problème du patient.
Tableau II
Évaluation des symptômes
(méthode des 7 descripteurs)
Chronologie
Délai d’apparition
(Quand cela a-t-il commencé ?)
Durée des symptômes
Fréquence des symptômes
Sont-ils aigus ou chroniques ?
Localisation
L’endroit où les symptômes se manifestent
Qualité
Description des symptômes
Caractéristiques
À quoi ces symptômes se comparent-ils ?
Quantité
Intensité des symptômes
(légers, modérés, sévères,
coter sur une échelle de 1 à 10)
Circonstance d’apparition
Comment ?
À la suite de quoi ?
Aggravation ou atténuation Qu’est-ce qui les aggrave ?
Qu’est-ce qui les soulage ?
Symptômes associés
Autres symptômes présents
Vous inscrivez votre intervention dans le dossier
La démarche prend fin ici. Il n’est pas nécessaire de procéder à l’étape
de la collecte de données (histoire pharmaceutique) puisque vous connaissez
déjà bien le dossier de ce patient, qui est à jour, et compte tenu de
l’état d’urgence de la situation.
d’évaluer l’amélioration ou la détérioration de
son problème de santé.
jours si les symptômes sont toujours présents
ou s’aggravent.
Plusieurs étapes permettent de planifier une
surveillance de qualité. Il faut donc d’assurer
de les intégrer dans le plan de suivi.
6 - C onsignation des informations et
des interventions au dossier 1,11,14
Étapes pour planifier un suivi :
⦁ Encourager le patient à téléphoner en cas
de doute ou si un problème survient.
⦁ Pour les patients plus à risque, le pharmacien peut, avec leur accord, faire un suivi
après quelques jours par une relance téléphonique, par exemple.
⦁ Adresser le patient au médecin si les symptômes persistent ou s’aggravent.
Puisque le fait d’appeler chaque patient
un à un n’est pas réaliste, une façon convenable et efficace est de planifier un suivi lors de
l’étape de la remise des conseils. S’assurer ici
que le patient sait quoi faire si un effet indésirable survient ou si les symptômes perdurent ou s’aggravent. Par exemple, inviter le
patient à consulter un médecin dans les cinq
Selon l’article 41 du nouveau Code de déontologie, il est obligatoire de consigner au dossier toute information pertinente ainsi que
nos interventions lorsqu’elles requièrent un
suivi1.
Nous devrions retrouver les éléments suivants au dossier-patient :
⦁ raison de la consultation
⦁ description des symptômes
⦁ renseignements pertinents relatifs à l’histoire pharmaceutique (collecte de données),
lettre(s)-code
⦁ recommandations (interventions :
demande de consultation médicale,
MVL suggéré, résu­mé d’une conversation
avec un médecin, etc.)
⦁ éléments de suivi
(efficacité du traitement,
effets indésirables et adhésion)
⦁ nom du pharmacien en service et date.
Histoire pharmacothérapeutique (collecte de données)
⦁ Allergies
⦁ Habitudes de vie et données précises si pertinentes
(consommation de tabac, de café…, grossesse, allaitement, etc.)
⦁
⦁
⦁
⦁
Âge, poids
Maladies chroniques
Médicaments sur ordonnance
Médicaments en vente libre (y compris produits naturels)
Recommandations aux patients
Voici les éléments dont le patient devrait être informé par son
pharmacien lorsqu’il reçoit un conseil au sujet d’un médicament
en vente libre :
⦁ Nom du médicament et son indication
⦁ Comment le prendre (posologie, horaire de prise, durée de traitement etc.)
⦁ Ce à quoi il doit s’attendre (début d’action, effets indésirables,
précautions, etc.)
⦁ Comment minimiser les effets indésirables
⦁ Comment gérer les effets indésirables, s’ils surviennent
⦁ Quoi faire si les symptômes s’aggravent
⦁ Mesures non pharmacologiques
⦁ Condition et durée de conservation
⦁ Explication du code-médicament (si pertinent)
Cette fiche a été rédigée par Geneviève Tirman, B. Pharm., pour L’actualité pharmaceutique de d’août 2011. Reproduction autorisée.
Cas
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3
Questions de formation continue
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Gestion de la pratique
Bibliographie
Consultation pharmaceutique
pour les médicaments en vente libre
1. Code de déontologie du pharmacien, articles 33, 36 et 41. www.opq.org
1. Power
Xxxxxx B. Communicating with patients : Triage and assessment of the self-treating consumer.
2.
Dans : Patient Self-Care. Ottawa : CPHA, 2010: 26-30.
3. Jones R, Charlton J, Latinovic R, et coll. Alarm symptoms and identification of non-cancer diagnoses in primary care : Cohort study. BMJ 2009; 339: 3094.
4. Porter RS. Kaplan JL. Homeier BP. The Merck manual of patient symptoms 2008.
5. Comprendre et faire comprendre : le défi de l’an 2000. Guide pratique de la communication
pharmacien-patient. Ordre des pharmaciens du Québec, 1998.
www.opq.org/fr/normes_guides/guides.htm
6. Chevalier R, Mayer C, Villeneuve D. Le petit livre des soins pharmaceutiques : un cachet de
confiance.
7. Mayer C, Lalonde L, et coll. La communication pharmacien-patient en pharmacie communautaire, dans : Richard C, Lussier MT, et coll. La communication professionnelle en santé. ERPI
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8. Beardsley RS, Tindall WN, Kimberlin CL. Communication skills in pharmacy practice : A practical guide for students and practitioners. 5e ed. 2007.
9. Farrell B. Communicating with patients : Effective patient interactions. Dans : Patient SelfCare. Ottawa : CPHA, 2010: 9-16.
10. Jones RM. Health and medication history. Dans : Jones RM, Rospond RM. Patient assessment
in pharmacy practice. Baltimore : Lippincott Williams & Wilkins, 2003: 21-30.
11. Standards de pratique 2011. Ordre des pharmaciens du Québec. www.opq.org
12. Rantucci MJ. Pharmacists talking with patients : A guide to patient counselling. 2e ed.
Philadelphie. Lippincott Williams & Wilkins; 2007.
13. Lignes directrices de la surveillance de la thérapie médicamenteuse 2009. Ordre des pharmaciens du Québec. www.opq.org
14. Jones RM. Patient assessment and the pharmaceutical care process. Dans : Jones RM,
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Wilkins, 2003: 2-8.
15. Dart RC, Paul IM, Bond GR, et coll. Pediatric fatalities associate with over the counter
(nonprescription) cough and cold medications. Annals of emergency medicine 2009; 53(4):
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16. Payot I, Monette J, Béland F, et coll. Problèmes reliés à la pharmacothérapie comme cause
d’hospitalisation chez la personne âgée fragile. Revue Geriatr 2006; 31 (10): 785-94.
Question 6
Question 1
Concernant la surveillance de la thérapie
médicamenteuse, quel énoncé est faux ?
a) Le pharmacien peut demander à un
patient de lui téléphoner en cas de
doute ou si un problème survient.
b) Le pharmacien peut appeler un patient
quelques jours après avoir obtenu son
accord.
c) Il n’est pas obligatoire d’effectuer un
suivi auprès de chaque patient.
d) Le pharmacien peut planifier un suivi
lors de l’étape de la remise des conseils.
Adopter une démarche de consultation
structurée permet de gérer efficacement
son temps et de ne pas passer à côté d’informations essentielles comme les « drapeaux rouges ».
a) Vrai
b) Faux
Question 2
Concernant l’étape du préambule, lequel
des énoncés suivants est faux ?
a) Il est primordial de demander à qui est
destiné le médicament.
b) Il faut privilégier un endroit discret.
c) Il est rarement nécessaire d’expliquer le
but de l’entrevue.
d) Il est utile de savoir si le client a déjà
consulté pour ce problème.
Question 7
Concernant l’étape de la documentation
dans le dossier pharmaceutique (consignation), lequel des énoncés suivants est faux ?
a) Il est fortement suggéré d’inscrire les
MVL de l’annexe III dans le dossier
pharmaceutique.
b) L’inscription des médicaments classés à
l’annexe II est obligatoire.
c) Les interventions à inscrire au dossier
peuvent comprendre une demande de
consultation médicale, une suggestion
de MVL, le résumé d’une conversation
avec un médecin.
d) Les éléments de suivi à inscrire au dossier ne concernent que les effets indésirables.
Question 3
Quel élément suivant ne fait pas partie de
l’étape de l’évaluation des symptômes ? a) Les circonstances de leur apparition
b) La localisation de la douleur
c) Les allergies
d) L’intensité du symptôme
Question 4
Quel élément ne fait pas partie de l’étape
« prise de décision » (triage) ?
a) Diriger vers un médecin
b) Recommander un médicament en vente
libre
c) Rassurer le client
d) Aucun. Tous ces éléments font partie de
la prise de décision
Question 8
Quel élément ne fait pas partie de l’étape
de remise de conseils aux patients ?
a) Les effets indésirables les plus susceptibles de se produire.
b) Les précautions
c) L’horaire d’administration adapté aux
activités quotidiennes du patient.
d) Aucun. Ces éléments font tous partie de
la remise des conseils.
Question 5
Lors de l’évaluation des symptômes, la
chronologie comprend tous les éléments
suivants, sauf un :
a) La durée des symptômes
b) L’intensité des symptômes
c) La fréquence des symptômes
d) Quand les symptômes ont-ils commencé ?
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Date limite :
6 août 2012
Principale province émettrice du permis d’exercice :______________ Permis Nº :�����������������������
L’actualité phar­ma­ceu­ti­que,
Formation conti­nue
1200, avenue McGill College
Bureau 800
Montréal (Qc) H3B 4G7
Nom de la pharmacie :_ ____________________________________________________________________
Deuxième province émettrice du permis d’exercice :________________ Permis Nº :�����������������������
www.ProfessionSante.ca
Adresse (travail) :_________________________________________________________________________
Ville :___________________________________ Province:_ _______________Code postal :_______________
Télécopieur : (514) 843-2940
Année d’obtention du diplôme:_ __________ Tél. :_________________________ Téléc :____________________
Publié grâce à une subvention sans restrictions de
Courriel :_______________________________________________________________________________
Type de pratique :
□ Chaîne ou franchise
□ Pharmacie d’épicerie □ Établissement
□ Bannière
□ Indépendante
□ Grande surface
□ Autre (précisez) __________________________________
Coupon-réponse d’août 2011
Consultation pharmaceutique pour les médicaments en vente libre
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cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | août 2011 | www.ProfessionSante.ca
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Veuillez nous confirmer que ce contenu
vous a été utile en répondant aux questions suivantes :
1) Après avoir lu ce contenu, ­pensez-vous être
plus en mesure d’offrir des soins phar­ma­
ceutiques à vos patients dans ce domaine ?
□ Oui □ Non
2) Ce contenu vous est-il utile dans l’exercice
de votre profession ?
□ Oui
□ Non
3) Pourrez-vous mettre en pratique cette
information ?
□ Oui
□ Non
□ N.A.
4) Dans l’ensemble, êtes-vous ­satisfait(e) de
ce contenu ?
□ Très
□ Assez □ Pas du tout