FICHE PEDAGOGIQUE de CHEVAL Antoine Defoort et Julien Fournet
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FICHE PEDAGOGIQUE de CHEVAL Antoine Defoort et Julien Fournet
FICHE PEDAGOGIQUE de CHEVAL Antoine Defoort et Julien Fournet Niveaux concernés : collèges (3ème), lycées, enseignements d’exploration (arts du spectacle, image et son). AVANT LE SPECTACLE : La fable : Essayer de vouloir raconter ce dont parle ce spectacle est une gageure. Il n’y a ni fable, ni histoire à laquelle se raccrocher. De quoi s’agit-il exactement ? Deux hommes sur un plateau envahi d’objets totalement hétéroclites, un écran vidéo, une fausse conférence, des inventeurs fous qui expérimentent sur scène de drôles de choses ? Tout cela à la fois. Beaucoup d’humour et de jubilation en tout cas. Préparer les élèves à y assister implique justement de ne pas trop leur en dire mais plutôt de donner des pistes qui pourraient par la suite être explorées. Histoire des arts (collèges, enseignements d’exploration) : S’il s’agit bien de spectacle vivant, il vaudrait mieux parler avec les élèves de performance transdisciplinaire que de pièce de théâtre, leur en donner la définition et évoquer d’autres artistes qui utilisent ce moyen d’expression. La performance est bien un art éphémère, un risque immédiat que l’on propose à un public et qui se joue comme une expérience commune. Cheval, en ce sens, est de la performance poétique et visuelle. Historique de la notion de performance : Phénomène qui apparait plutôt dans les années 70. D’abord plutôt geste, théâtralisation d’une œuvre plastique (montrer des œuvres de Jackson Pollock - Etats Unis ou de Yves Klein - France). Peut-être que certains élèves auront vu la performance de Wajdi Mouawad à la fin de sa pièce Seuls en septembre 2011 au TEAT Champ Fleuri. Il s’agit toujours d’un événement spectaculaire, immédiat, qui veut s’écarter des conventions dramatiques. Aujourd’hui : Notre XXIème siècle semble favoriser ailleurs que dans les musées ou pour les plasticiens la notion de performance. Ce phénomène radical touche aussi la danse (peut être que l’on peut rappeler le spectacle de l’an dernier de Renaud Cojo Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust), ou le théâtre (rappeler la forte polémique du Festival d’Avignon en 2005, au moment où l’artiste Jan Fabre était invité, dans lequel on regrettait pour certains que les scènes théâtrales se fassent submerger justement par la performance au détriment du texte et des acteurs). Les élèves ne pourront qu’être intrigués par l’évocation d’artistes telles que Sophie Calle (exposée au dernier Festival d’Avignon autour de l’hommage à sa mère décédée) et ses scénarios à vivre ou Cindy Sherman aux Etats Unis qui efface elle aussi la frontière entre l’art et la vie (on peut dans ces cas-là parler de performances autobiographiques). Deux artistes adeptes de la performance et qui proposent un travail très proche de Cheval sont Philippe Quesne (voir le lien http://www.vivarium.net/index2.html) et Sophie Perez (voir sur daily motion son spectacle étonnant Oncle Gourdin au Théâtre du Rond-Point). Par conséquent s’interroger avec les élèves sur la performance c’est les sensibiliser aux formes artistiques les plus contemporaines. On peut se demander si elle n’accompagne pas notre époque qui valorise toujours l’immédiateté du temps au détriment du différé de la représentation. Cela peut être aussi créatif qu’affligeant quelquefois. S’agissant de Cheval, sous des dehors potaches et enfantins, il est nécessaire de souligner la complexité du dispositif. Programme de Français : L’écriture poétique à travers des mouvements artistiques du XXème siècle : le dadaïsme avec Max Ernst, le surréalisme et l’art du collage, de l’écriture automatique, l’Oulipo, le génie de la farce de Marcel Duchamp seront autant de pistes à travailler sur documents iconographiques. Roland Topor : Ce touche-à-tout dont l’humour noir a marqué la génération des années 70-80 semble appartenir à la même famille que les deux artistes de Cheval. L’émission belge Téléchat, le journal Hara Kiri, ses lithographies, le collège de Pataphysique pourront être évoqués en classe. L’équipe artistique : L’un, Antoine Defoort, est plasticien, très éloigné du théâtre ou de la danse ; l’autre, Julien Fournet, est plutôt scénographe et aime les installations artistiques : il se dit « diplômé en bricolage culturel ». Il a créé l’Amicale de Production (aller sur le site qui propose des vidéos de leurs créations) qui est une structure mixte installée entre Lille et Bruxelles. De leur rencontre est né un objet de spectacle non identifié, qui est source d’absurde et de tableaux visuels. Aucun des deux n’est comédien et n’interprète donc pas de rôle sur scène, il s’agit bien d’eux-mêmes face au public. Des bricoleurs qui montrent ce qu’ils savent faire, des idiots clownesques et fiers de l’être. Voici ce qu’ils nous disent de leur parti-pris artistique : « Laissez-moi vous donner une idée de la manière dont ce spectacle va se dérouler en faisant la liste des résolutions que j’ai prise pour sa conception : 1ère bonne résolution pour le spectacle : On traite du rebond, des bruits de la vie et d’autres trucs en restant dans une matérialité au mieux plastique, au pire spectaculaire. 2ème bonne résolution : Je m’amuse comme un fou à mettre au point un dispositif technique ambitieux. 3ème bonne réso. : J’arrête d’expliquer les choses sans arrêt comme un maniaque. 4ème B.R. : J’arrête de me faire emmerder par les dispositifs techniques à la con qui foirent tout le temps. 5ème : Ma posture sera idéalement une sorte d’iconoclastie jeanfoutre et néanmoins pertinente, tout en prenant garde à rester bienveillant, voire consensuel. 6ème bonne réso. : Je persévère un peu pour cette histoire de dispositif technique 7ème : Je vise aussi une certaine cohérence entre les différentes phases de réalisation, i.e. si on rigole (au sens large) le jour J, c’est qu’on aura rigolé (au sens large) avant. On s’est appliqué à concevoir ce spectacle comme un traité abstrait du ricochet au cours duquel on essaye de faire rebondir des objets mous (idées, concepts ou stratagèmes) sur des surfaces dures (écrans, guitares ou piano). » Le titre : Laissez les élèves donner des interprétations avant et après le spectacle. Et ensuite lisez leur la réponse des artistes aux mêmes : « Cheval nous apparaît être un bon titre d'abord parce que c'est un bon titre, et deuxièmement parce qu'on y retrouve cette dualité trivial/majestueux qu'on affectionne tant. En outre, c'est très pratique de pouvoir parler d'un spectacle comme d'une bête, de pouvoir le trouver fougueux, ou pénible, ou subtil, ou capricieux, ou bonne pâte. Pour donner un tour dramatique à l'ensemble, on a convoqué sans vergogne des morceaux de musique émouvants, mais pour dédramatiser un tant soit peu, on s'est attaché à les torturer, avec bienveillance toutefois, mais sans vergogne non plus. Bien sûr, on va sauter du coq à l’âne, c’est normal. » « J’ai lu Germinal et dans la préface Zola dit que ce mot claque comme un drapeau. C’est ce qu’on a voulu faire. » (interview lors du Festival d’Avignon 2012 sur Theatrevideo.net). APRES LE SPECTACLE : Si vous le souhaitez, il y a peut-être la possibilité d’échanger avec les artistes. N’oubliez pas non plus de laisser les élèves découvrir l’exposition de courtes pièces d’art vidéos dans le hall du théâtre qui accompagne le spectacle : elle propose le même humour décalé autour d’une campagne de publicité comparative entre un spectacle de danse contemporaine et un concert de rock, incarné par deux comédiens ! Un humour « candide et crétin ». Il sera possible de s’installer dans des fauteuils prévus à cet effet et de s’imprégner de cet univers décalé avant de découvrir le spectacle en lui-même. Cette proposition vidéo est une création de Halory Goerger co-fondateur de l’Amicale de Production avec Julien Fournet (voir équipe artistique). Exposition Bonjour Concert de Halory Goerger Fiche réalisée par Delphine Cazaux Professeur relais des TEAT Champ Fleuri | TEAT Plein Air auprès de la délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle. TEAT Champ Fleuri | TEAT Plein Air 0262 419 325 – www.theatreunion.re