Le boulanger Pascal Clément grandit les mains dans le

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Le boulanger Pascal Clément grandit les mains dans le
Economie vaudoise 9
24 heures | Lundi 22 juin 2015
Daillens
Le boulanger Pascal Clément
grandit les mains dans le pétrin
Avec 45 collaborateurs et 6 millions
de chiffre d’affaires,
le «petit» boulanger
de Daillens commence à compter
Sylvain Muller
Qualité et disponibilité. Depuis
1999, Pascal Clément applique ces
concepts à la lettre dans ses boulangeries en produisant tout luimême et en étendant ses plages
d’ouverture au maximum. Avec
succès: des trois employés de la
petite boulangerie de Daillens, il a
passé à cinq points de vente, 45
collaborateurs et 6 millions de
francs de chiffre d’affaires annuel.
«Pas mal, à coups de petits pains à
1 fr. 20, hein?» sourit-il.
Le patron n’a pourtant aucun
diplôme en marketing ou en ges-
tion d’entreprise. Son truc, c’est
les mains dans le pétrin et la
proximité, tant avec ses fournisseurs qu’avec sa clientèle.
D’ailleurs, son métier a toujours
été une vocation. Enfant, cet hyperactif se levait déjà aux aurores
pour préparer des cakes pour ses
copains de classe.
Ce fut donc une évidence de
débuter une formation dans le domaine. Et même deux: d’abord
boulanger-pâtissier chez Jean
Hohl à L’Isle, puis confiseur-glacier-chocolatier chez Roger Pittolaz à Lausanne.
Depuis, Pascal Clément met un
point d’honneur à tout fabriquer
lui-même. «Même les boules de
Berlin ou les donuts, qu’il serait
tellement plus simple d’acheter
ailleurs. Mais c’est une question
de principe. Seul un petit 10% des
boulangers peut se targuer d’en
faire autant», estime cet artisan
intronisé Chevalier du bon pain
en avril dernier.
«Je reçois
environ un
dossier par mois
de demande
de reprise de
commerce»
Pascal Clément
Fondateur de la Boulangerie
Pascal Clément Sàrl
Cette droiture explique sans
doute sa success story débutée en
1999. «Comme je suis né à Daillens
et que l’on avait gardé des contacts, des villageois m’ont appelé
pour me demander de reprendre
la boulangerie. Ma maman m’a dit
qu’elle s’occuperait de la comptabilité – elle le fait toujours
d’ailleurs – et on a commencé
avec trois jeunes filles pour la
vente.» Trois mois plus tard, le
jeune boulanger engageait.
Sa première extension a été la
reprise d’un tea-room à Cossonay,
qu’il n’a gardé que quatre ans. Mais
en 2006, il apprend que l’épicerie
de Cuarnens, où il a grandi et a été
président de la société de Jeunesse,
est à remettre. Il imagine alors un
concept qui va faire son succès.
«J’ai trouvé un gérant et lui ai laissé
toute liberté pour compléter son
assortiment avec les producteurs
locaux. Tout le monde est gagnant.
Ils achètent mon pain quand ils
nous livrent et nous font de la pub
puisqu’on vend leurs produits.»
93,5 heures par semaine
Outre l’origine locale des produits, pour contrer les stationsservice, Pascal Clément mise sur
les horaires d’ouverture. Et de citer en exemple sa base de
Daillens: «Sept jours sur sept et
93,5 heures par semaine. Les
clients y sont sensibles. J’ai vu une
petite annonce pour un appartement qui le mentionnait.»
En 2010, il reprend l’épicerie de
Bottens et un local à la gare de La
Sarraz. «Il n’intéressait personne.
Je me suis dit: «Il y a des pendulaires, on va leur proposer des salades
et des sandwiches». Résultat, les
32 m2 ont dégagé l’an passé un chiffre d’affaires de 1 million de francs.
Ajoutez à cela quelques coups
médiatiques, comme le pain de
14 kg emmené à la finale de la
Coupe Davis à Lyon en novembre
dernier et la renommée du boulanger se répand comme une traînée de poudre. «Je reçois un dossier par mois de demande de reprise de commerce. Mais là, nous
sommes à un seuil.»
Pascal Clément se met alors
parfois à rêver d’un projet de
construction. «Mais une chose est
sûre: quel que soit mon avenir, je
resterai au laboratoire. On a vu
trop d’entreprises péricliter quand
les patrons l’ont quitté.»
En restant proche du client, Challande nage à contre-courant
Les entreprises
et la société
Depuis 1950, grâce
à la PME nyonnaise,
les professionnels
de la construction
et de l’immobilier ont
leur supermarché local
VC1
Contrôle qualité
Elise
Guélat
Rion*
Qui craint
la hausse
des taux?
J
anet Yellen a rassuré les
marchés la semaine
dernière, laissant entendre que la Réserve
fédérale américaine
(Fed) serait patiente et mesurée
dans son processus de relèvement
des taux d’intérêt. Celui-ci ne devrait débuter que lorsque le marché du travail affichera des progrès supplémentaires et que l’objectif d’inflation de 2% semblera
réalisable.
Si l’embellie de l’emploi est
déjà bien visible, une reprise plus
nette de la consommation et de
l’investissement est encore attendue. Les statistiques publiées ces
dernières semaines sont toutefois
encourageantes, augurant une accélération de la croissance américaine au second semestre.
A l’approche du mouvement
de la Fed (au plus tôt en septembre), le marché des actions risque
d’être plus volatil. A six mois et
«Les banques
américaines ont
nettement amélioré
leur bilan et la
qualité de leurs
prêts, après 2008»
En collaboration
avec le
Plâtre, pierre, ciment, brique,
bois ou encore matériel de peinture et autre outillage de pointe…
A Nyon, grâce à Challande & Fils
SA, les professionnels de la construction disposent de leur supermarché local. Sur plus de
25 000 m 2 , la PME familiale
stocke une grande quantité de
matériel. «Notre stratégie a toujours été d’être très diversifiés, ce
qui nous permet d’encaisser le
coup plus facilement lorsque l’un
ou l’autre de nos départements se
porte moins bien», assure Christophe Challande.
Le représentant de la 3e génération, à la tête de la société éponyme depuis 1998, a logiquement
suivi cette voie. Après s’être lancé
en 2009 dans les sanitaires, l’entreprise inaugurait il y a un an et
demi son show-room dédié à la
cuisine. «En élargissant notre offre de la sorte, nous pouvons désormais proposer à nos clients
une gamme complète de prestations», explique le patron.
Redimensionnée en holding
depuis 1998, la société, qui emploie quelque 90 personnes sur
Nyon, boucle la boucle avec Challande Environnement SA, sa filiale de récupération des déchets
spécialisée dans le gros œuvre,
soit les restes de briques, de plâtre, de bois ou encore de plastiques. «Nous nous occupons seulement de leur transport, précise
Christophe Challande. Ensuite, ils
sont pris en partie en charge par
Sotridec, une société spécialisée
dans le tri et l’élimination des déchets industriels.» Derrière cette
entreprise se cache toutefois la
PME familiale, puisque cette der-
Perspective
des marchés
Sur plus de 25 000 m2, la PME familiale stocke à Nyon (et à Gland) plusieurs tonnes de matériaux divers. VANESSA CARDOSO
«Notre stratégie a
toujours été d’être
très diversifiés»
Christophe Challande
Directeur de
Challande
& Fils SA
nière l’avait fondée en 1995 avec
quatre autres partenaires locaux.
Si Challande Environnement a
officiellement été créée en 2005,
la PME nyonnaise est présente sur
ce marché depuis belle lurette
puisqu’elle avait acquis son premier camion multibennes en
1976. Aujourd’hui elle exploite
17 véhicules pour 600 à 700 bennes. A noter que, depuis
deux ans, l’activité de la filiale
«environnementale» du groupe a
vécu une forte croissance. Elle la
doit à la décision prise par la voirie locale de ne plus évacuer les
ordures des entreprises pour consacrer ses efforts sur celles des
ménages.
De quoi, du coup, compenser
la baisse d’activité survenue environ à la même époque au sein
des autres départements. Selon
son directeur, l’évolution du
marché immobilier depuis
deux ou trois ans ne leur est
effectivement pas favorable:
«Le ralentissement rencontré
dans la construction de nouvelles
PPE et de villas neuves nous pose
problème, puisque c’est dans
cette gamme de projets que nous
pouvons nous démarquer, explique Christophe Challande. Pour
les plus gros chantiers, les sociétés en charge des travaux ne cherchent qu’à optimiser leurs coûts
et font appel à de plus gros fournisseurs.»
A cela s’ajoutent certaines modes architecturales peu propices
aux affaires, comme le toit plat,
qui nuit aux ventes de tuiles, ou le
choix du béton, au détriment de
matériaux plus nobles (mais plus
chers).
La concentration progressive
rencontrée par la branche ne simplifie pas non plus la tâche pour
Challande & Fils SA. La société –
dont les revenus sont stabilisés
depuis quelques années autour
de 45 millions de francs – fait face
à une concurrence de plus en
plus nationale (voire internationale), à l’exemple de Gétaz-Miau-
ton SA, le leader romand tombé
dans le giron du groupe irlandais
CRH. Or la PME veut conserver la
proximité avec sa clientèle, à
l’origine du succès qui lui a permis de survivre aux diverses crises économiques survenues tout
au long de ses soixante-cinq ans
d’existence.
Reste que, pour maintenir des
prix attractifs et résister au tourisme d’achat en forte croissance,
la PME nyonnaise est aujourd’hui
contrainte de faire de plus grosses
commandes, ce qui inclut certains problèmes logistiques.
«Nous sommes à l’étroit à Nyon»,
affirme son directeur général.
Après huit ans de négociations
infructueuses avec les autorités
de la ville, Challande & Fils SA
s’est finalement rabattue sur la
cité voisine: Gland. Elle prévoit
également d’ouvrir à la fin de l’année un espace de présentation
(show-room) spécialisé dans la
cuisine à Lausanne.
Olivier Wurlod
plus, la tendance devrait néanmoins rester haussière, puisque le
processus de relèvement des taux
devrait être graduel et de plus faible ampleur que par le passé.
Parmi les actions, certains secteurs se comportent traditionnellement mieux en cas de hausse
des taux. Les valeurs financières,
qui verront leurs marges d’intérêt
augmenter, devraient se distinguer.
A noter que les banques américaines ont nettement amélioré
leur bilan et la qualité de leurs
prêts après la crise de 2008. Elles
devraient aussi bénéficier de la
croissance du crédit, qui s’est accélérée grâce à la reprise économique et au rétablissement du
marché immobilier. A contrario,
le secteur des services aux
consommateurs, qui englobe notamment le commerce de détail, a
tendance à contre-performer à
l’approche ou en période de
hausse des taux. Il conviendrait
aussi de privilégier les grandes capitalisations boursières au détriment des petites. Celles-ci sont
plus sensibles à la hausse du coût
du crédit à court terme, de même
qu’à une probable accélération
des pressions salariales.
*Analyste financière à la BCV
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