L`éjaculation précoce hier et aujourd`hui, théories, définitions

L’éjaculation précoce,
hier et aujourd’hui :
Théories, définitions
et controverses
Dr MH. Colson,
Directeur d’enseignement de sexologie
CRIR-AVS, Hôpital Ste Marguerite Marseille
Des faits, des
hypothèses, de
nombreuses
controverses et …
encore beaucoup trop
d’incertitudes
Les faits
Nature et culture
 Pour les anthropologues, l’éjaculation
précoce est un fait de nature.
 Le temps de coït est déterminé par la
Bouc
programmation de l’espèce
Lémur
Chimpanzé
Homme
Orang outan
3 sec.
< 10 sec
10 sec.
2 min.
10 min
Harrington, JE, (1975) Field observations of social behavior of Lemur fulvus in Lemur Biology. Tattersall, I., & Sussman, RW,
eds. Plenum Press. Harrington, 1975 / Tutin, C. E. G. & McGinnis, P. R. 1981. Chimpanzee reproduction in the wild. In C. E. Graham
ed. Reproductive biology of the great apes. New York: Academic Press. Tuttin, Mac Ginnis, 1981/ Hong, LK (1984). Survival of
the fastest: On the origin of premature ejaculation. The Journal of Sex Research, 20,109-122
De la nature… à la culture
Quelle est la durée idéale du rapport sexuel ?
V. Tagereau (1611) : « dresser, entrer, mouiller, sont les 3
conditions de la puissance virile »
Vincent Tagereau,
discours sur
l’impuissance de
l’homme et de la
femme. 1611
Kinsey, A. C. et
al Sexual behavior
in the human male.
Philadelphia,
1948:Saunders
A.C. Kinsey,et al,
Sexual behavior in
the human Female,
(Philadelphia, PA:
W.B. Saunders,
Denney NW, Field
JK, Quadagno D.,
Sex differences in
sexual needs and
desires, Arch Sex
Behav. 1984
Jun;13(3):233-45
Corty E. et al, J
sex Med 2008
May;5(5):1251-6)
 Du côté des hommes
 1948, Kinsey < 2’
 1984, Denney 5’
 Du côté des femmes
 1953, Kinsey 12’
 1984 Denney 30’
 Du côté des thérapeutes Nord américains (Corty et al,
2008)
 Entre 3’ et 7’
Quelle est la durée
moyenne d’une
pénétration ? (Patrick et al,
n=1587)
Patrick DL, Althof SE,
Pryor JL, Rosen R,
Rowland DL, Ho KF,
McNulty P, Rothman M,
Jamieson C. Premature
ejaculation: an
observational study of
men and their partners.
J Sex Med. 2005
May;2(3):358-67.
6
Le temps des hommes et … celui
des femmes
Chez les
hommes
 La majorité des hommes éjacule en
moyenne en 5’
 Si EP, éjaculation en 1’ en moyenne
 10% éjaculent avant la pénétration
 70% dans les 30’’ qui suivent la
pénétration
Du côté
des
 27% des femmes atteignent
femmes …
l’orgasme en moins d’une
minute de pénétration
 Mais … 66% ont besoin de > 12’
pour y arriver
Patrick et al, 2005 J Sex Med. 2005 May;2(3):358-67.
Fisher S. Female orgasm. New York, Basic, 1973
Un homme sur 3
ANNÉE
AUTEUR
PAYS
N=
ÂGE
INCIDENCE
1999
Laumann
USA
1410
18-59 ans
33%
27,500
< 40 ans
30%
2007
Porst et al
(PEPA)
26 pays
USA,
German,
Italy
12,133
18-70 ans
22.7%
2009
Brock et al
Canada
3,816
< 18 ans
16% - 24%
2009
Buvat et al
France
750
40-80 ans
16%
2010
Moreira et al
(GSSAB)
Corée
3,691
40-80 ans
33%
2012
Hyde et al
Australie
3,274
75-95 ns
15.4%
2004 Nicolosi (GSSAB)
Toutes les tranches d’âge sont
affectées par l’éjaculation précoce
Prévalence de
l’éjaculation
précoce selon
l’âge,
PEPA study
n=12.133 - 1870 ans, USA,
Allemagne,
Italie
Porst H, Montorsi F, Rosen RC, Gaynor L, Grupe S, Alexander J. The
Premature Ejaculation Prevalence and Attitudes (PEPA) survey:
prevalence, comorbidities, and professional help-seeking. Eur Urol.
2007 Mar;51(3):816-23;
Données récentes issues des
études épidémiologiques
•  si RS peu fréquentes (Palmieri,Imbimbo et al, 2012)
• Une incidence identique d’EP chez les sujets
– Homosexuels (Hirshfield et al, JSM 2010/ Schindel et al, JSM
2012)
– circoncis (Hosseini et al, JSM 2008)
• Une relation significative avec certains contextes
co-morbides
–
–
–
–
–
–
freins courts (Gallo et al, JSM 2010)
Diabète (Burke et al, J urol 2007/ Malavige et al, JSM 2013)
Affections endocriniennes (Corona et al, JSM 2010)
Énurésie (Gocke et al, JSM 2010)
Dysfonction érectile (McMahon, JSM 2008)
…
Répartition dans le monde
• plus fréquente dans certains pays ?
– Inde, Moyen orient
(Frewen et al, JSM 2007/ McMahon
et al, JSM 2004/Zargooshi et al, JSM 2009/ Richardson et al,
JSM 2005)
– Mais …
Laumann et al,
GSSAB, IJIR 2005
n= 13,618 / 29 pays
Un impact important
1- sur l’individu
Perelman M, et al.
Annual Meeting of
the International
Society for Sexual
and Impotence
Research; October
17-31, 2004; s,
Argentina.
Sotomayor M. J
Sex Med. 2005;2
Suppl 2: 110-4.
Rosen R, Althof
S. J Sex Med
2008;5:1296–307.
Rowland D, et al.
J Urol
2007;177:1065–
70.
Althof S et al.. J
Sex Med. 2006;3:
465-75
Symonds T et al.
J Sex Marital
Ther.
2003;29:361-370.
• Anxiété de performance et anticipation
de l’échec (Perelman et al, 2004)
• Importance des Troubles de l’humeur
– dépression / anxiété (Sotomayor et al, 2005/
Rosen et al, 2008)
• bien être personnel et qualité de vie
– Sentiment de détresse (Rowland et al, 2007/
Althof et al, 2006)
– Estime de soi et confiance en soi (Symonds et
al, 2003/ Rowland et al, 2007)
– Préoccupations, anticipation négative de la RS
et peur de perdre la partenaire (Hartmann et al,
2007)
Un impact important
2- sur les aptitudes relationnelles et le couple
• Aptitude relationnelle
(Patrick et al, 2005 /McMahon 2008)
– Capacité d’intimité diminuée
– Évitement sexuel (Difficultés à aller vers une nouvelle
partenaire)
• Conséquences sur l’entente et la complicité dans le
couple
– Diminution de la fréquence des rapports sexuels (Perelman et
al, 2004)
– Davantage de conflits de couple, de risques de mésentente
et de rupture (Mc Cabe et al, 1997/ Rosen et al, 2008)
• CCJ x 2 pour Symonds et al, 2003
– Haut niveau de détresse pour les 2 partenaires (Dean et al,
2005/ Barnes et al, 2005)
Limoncin E et al. Premature
Ejaculation Results in
Female Sexual Distress:
Standardization and
Validation of a New
Diagnostic Tool for Sexual
Distress, The FSDS-R-PE. ,
J Urol. 2012 Nov 6. pii:
S0022-5347(12)05472-9
Sentiment d’angoisse et de
détresse envers la sexualité
x 20 si partenaire avec EP
Limoncin et al, 2013 ( n=2109 femmes >18ans, (groupe
contrôle n=748) (OR 20, 95% CI 19 –21 / (p0.001).)
Éjaculation
précoce :
1 homme sur 3
est concerné,
1 femme sur 3
aussi
Hobbs K et al, Sexual
dysfunction in
partners of men with
premature ejaculation.
Int J Impot Res
2008;20:512–7.
Les
controverses
Une définition récente et controversée
• 1° définition en 1970 (Masters § Johnson)
– Est EP celui qui atteint l’orgasme avant sa partenaire
• Depuis, définition DSM III (1980), puis IV (1994 / 2000)
– Permanence
• Éjaculation survenant précocement de façon persistante ou récurrente
• Après une stimulation minime,
• Avant, ou peu après la pénétration
– Sentiment de détresse
• Ce problème entraine une souffrance marquée, ou des problèmes interpersonnels
– Non liée aux effets d’une substance
•
Définitions d’experts depuis 2007 (ISSM)
–
indication de la durée de pénétration (1’)
–
Notion de perception et de contrôle
• DSM V en prépa
– caractérisation du temps, (Perelman 2011)
Les
hypothèses
Les premiers travaux sexologiques
• trouble de l’apprentissage et
importance des 1° expériences
sexuelles (Master et Johnson,
1969/ Hélène Kaplan, 1984)
• Scripts sexuels pauvres,
manque d’habiletés sexuelles
(Barbach, 1984)
• manque de communication
(Purnine et Carey, 1997),
• Fréquence des RS (Althof et
al, 2006)
Premières hypothèses
• Hypothèses psychodynamiques
– Hostilité envers les femmes (K. Abraham, 1927)
• combinaisons de sentiments hostiles inconscients envers les femmes
(avilissement, privation de plaisir…)
– Narcissisme excessif et non résolu
• Égocentrisme et importance exagérée donnée à son pénis.
• Pas d’intérêt pour le plaisir de la femme
• hypothèses psychosomatiques
(B. Schapiro, 1943),
– un symptôme corporel qui exprime un conflit
psychologique
– Vulnérabilité d’organe
Les travaux sur l’anxiété
• approche psychodynamique
• conflit entre des pulsions contradictoires (hostilité,
culpabilité…)
• Vagin obscur et dangereux
• approche cognitivo-comportementale
– Une réponse phobique
– Une anxiété d’anticipation
• Actualité de l’association anxiété / EP et
travaux sur l’anxiété utilisant des échelles
validées
– corrélation significative et élevée entre anxiété et
EP (Kempeneers et al, 2013/ Byun et al 2012 …)
– Anxiété d’anticipation (Hartmann et al, 2005)
Les travaux plus récents mettent
l’accent sur le rôle de la sérotonine
• Travaux sur Anxiété, Timidité, phobies (Freitas
ferrari et al, 2011)
• Travaux sur l’impulsivité (Chanrion et al 2007, Soydan et
al 2013)
• Théories neurobiologiques
– Hypersensibilité tactile génitale (Rowland et al, 19972008)
– théories génétiques (Janssen et al, 2009)
– théorie neurobiologique dynamique (Waldinger 1997)
• Chez l’animal (Giuliano, 2007)
– ST impliquée dans le contrôle de l’éjaculation chez
rat
– Rôle inhibiteur de ST cérébrale sur comportement
sexuel
Les idées
reçues et les
fausses
croyances
PEPA Study, (n=12.133 - 18-70 ans, USA,
Allemagne, Italie)
Porst H, Montorsi F, Rosen RC, Gaynor L, Grupe S, Alexander J. The
Premature Ejaculation Prevalence and Attitudes (PEPA) survey:
prevalence, comorbidities, and professional help-seeking. Eur Urol.
2007 Mar;51(3):816-23;
22.3%
avec EP
• “Techniques” les + fréquemment utilisées :
• Essayer de penser à autre chose
• Augmenter la fréquence des RS
• Se masturber juste avant
Automédications les + répandues
• Usage d’alcool avant le rapport sexuel
• Usage illicite de drogues
• Achat de crèmes diverses
(mais seulement 24.9% les ont utilisées)
• Préparations à base de plantes hors prescription
9% ont
consulté
pour leur
problème
69%
57%
62%
41.2%
15.6%
73.1%
15%
• Dans 81.9% des cas, ils ont abordé directement le sujet avec
leur médecin
• 91.5% d’entre eux n’ont obtenu aucune proposition concrète de
traitement
La demande de
prise en charge
pour éjaculation
précoce est forte
Comment allons nous répondre à nos patients ?