assainir : un enjeu de sante publique

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assainir : un enjeu de sante publique
Le Magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015
Numéro 42
Editorial
L’INJUSTICE CLIMATIQUE
la Suède s’investissent pour acheter
le crédit carbone dans un marché volontaire, ce volontarisme ne suffit pas
à combler le gap des entreprises privées sur le continent qui se sont engagées avec enthousiasme dans la
lutte contre le changement climatique en adoptant la résilience et
l’adaptation aux changements. La
création d’unités de captage et de
traitement du biogaz en Afrique Centrale, est une manifestation d’un potentiel africain, pour passer à de
nouveaux modèles alternatifs.
Par Michel NGAPANOUN
u rang des enjeux fondamentaux pour la mise en œuvre du
droit international de l’environnement en général et du protocole
de Kyoto en particulier, figurent le
contrôle du respect des engagements des parties signataires et la
sanction en cas de non-respect de
ceux-ci. Contrairement aux autres
conventions internationales de protection de l’environnement, le protocole de Kyoto repose sur des outils
économiques, régis par « la main invisible » du marché plus que par la
puissance publique.
Cette observation tirée d’une étude
publiée par Sandrine Maljean-Dubois,
en 2007, directrice de recherche alors
au Cnrs (Centre national de la recherche scientifique), est plus que jamais d’actualité aujourd’hui. Surtout à
l’heure où le prix à la tonne du carbone s’effondre. Il faut ajouter à ce
constat, l'incapacité des pays du Nord
à respecter leur engagement visant à
alimenter le Fonds Carbone, et les
difficultés des porteurs privés de projets MDP, à viabiliser ces unités de
production. Bien que certains pays
comme la Norvège, le Danemark et
A
‘‘
En refusant de financer l’économie verte à
travers notamment le
marché carbone, en
dévaluant les prix de
la tonne, ils ont tourné
le dos aux préceptes
même du développement durable.
’’
Dès Durban, les pays africains avaient
annoncé la couleur en estimant qu’un
certain nombre de questions préalables devaient être résolues pour que
cette Conférence des Parties s’engage pour sauver la planète.
Il s’agissait de doubler les financements précoces en 2045, de s’accorder enfin sur une feuille de route qui
mobilise des financements nouveaux
et additionnels jusqu’à 100 milliards
de dollars par an, d’ici 2020, en s’engageant sur un reporting transparent.
La pratique veut qu’aujourd’hui,
chaque pays finalement s'enferme
dans des logiques égoïstes et qu’une
fois de plus, les pays africains en
paient le prix. C’est ce que l’alliance
panafricaine de lutte contre le réchauffement climatique a nommé « l’injustice climatique ».
Car en effet, au moment où on demande à tous de faire un effort, les
principaux artisans responsables de
ces dérèglements ne se sentent
guère concernés sur le prix à payer.
En refusant de financer l’économie
verte à travers notamment le marché carbone, en dévaluant les prix
de la tonne, ils ont tourné le dos
aux préceptes même du développement durable.
Mais il y a lieu de s’interroger comme
ce chercheur en sciences politiques
de l’environnement. Que signifie le
concept même de « justice climatique »
? Au vu de la situation actuelle des dégâts causés par le changement climatique, au vu des attitudes plus ou
moins timorées des Etats, qu’attendons-nous pour agir ?
Pour ce théoricien, trois logiques s’affrontent qui font piétiner les négociations lors des Conférences des Parties :
l’éthique environnementale. Où placet-on les priorités ? L’éthique des affaires. Qui a intérêt à quoi ? L’éthique
des relations internationales.
C’est sur ce tryptique que l’Afrique doit
reposer son plaidoyer afin de parvenir
à réparer ce qui doit être considéré
aujourd’hui comme relevant de l'ordre
de l'injustice climatique : les pays les
moins actifs dans le dérèglement sont
obligés de payer le prix le plus fort.
Bosangi
Une publication de Hysacam
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Directeur de publication
Michel NGAPANOUN
Rédacteur en chef
Garba AHMADOU
Secrétaire de rédaction
Innocent EBODE
Ont participé à ce numéro
Jean Célestin Edjangue, Florine
Nseumi Léa, Janvier Ngwanza
Owono, Serge Williams Fotso,
Eric Vincent Fomo, Innocent Ebodé
Direction artistique
Valentin OMBIBI
Marque Plus
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Impression : Print Industry
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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
3
Bosangi
Sommaire - Avril - Mai - Juin 2015
6-9
Actualités
6-7.
Cop 21, LE MAROC DESIGNE POUR DIRIGER LE
GROUPE AFRIQUE AUX NEGOCIATIONS
Par Janvier NGWANZA OWONO
8.
9.
Couverture N° 42
Hollande aux Philippines LES CONTOURS D’UNE
VISITE Par Jean-Célestin EDJANGUE
Pour sauver la planète BILL GATES PROPOSE
UN GOUVERNEMENT MONDIAL Par Innocent EBODE
10-22
Dossier
Assainir. Le terme peut paraitre simple mais la mise en place compliquée. Dans les villes africaines pourtant, il
y a urgence. Les inondations et les pandémies. Toutes ces eaux usées de la pauvreté doivent être évacuées.
Expurgées des milieux urbains. Mais comment ? Les populations sont-elles prêtes ? Quel est le coût humain
et financier des politiques d’assainissement au 21ième siècle sur le continent ? Une problématique pas aussi
simple qu’il n’y paraît.
L’objectif des programmes d’assainissement :« Contribuer de manière significative à l’amélioration de la santé
des populations et à la réduction de la pauvreté en milieu urbain à travers la réduction des effets des inondations qui perturbent les activités socioéconomiques de la ville et plus particulièrement, celles des quartiers précaires pauvres qui couvrent environ 62% de la superficie de la ville. »
11.
12.
Assainir: UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE Par Eric Vincent FOMO
Assainissement liquide DES LATRINES POUR TOUS
A DOUALA EFFET DE MODE OU NECESSITE ?
Par Florine NSEUMI Léa
13-14. 10,000 MODERN LATRINES SOON IN DOUALA
By Christopher JATOR
10
4
15-16. LA BANQUE MONDIALE ET SES PROJETS D’ASSAINISSEMENT : QUEL BILAN ? Par Janvier Ngwanza Owono
17.
Dakar, LE CASSE-TETE DE LA GESTION DES
EAUX USEES Par Innocent Ebodé
18.
Traitement des boues de vidange OUAGADOUGOU A
L’EPREUVE DES DECHETS LIQUIDES Par Florine NSEUMI Léa
19.
Rabat SUR LA ROUTE DES INONDATIONS Par F. NSEUMI Léa
20-21. LA FRANCE DU TOUT A L’EGOUT ET LA PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT Par Jean-Célestin EDJANGUE
22.
Déchets solides et pâteux L’EXEMPLE QUI VIENT
DE NEW YORK Par Eric Vincent FOMO
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
24-26
Evènement
24.
25
La journée Wangari Maathai a été instituée au
cours du 18è Sommet de l'Union africaine, tenu
du 28 au 30 septembre 2012, en Ethiopie. Les 54
Etats membres de l’UA ont tenu à rendre hommage au Pr. Wangari Maathai, écologiste kenyane décédée le 25 septembre 2011.
Kenya LANCEMENT DE LA PREMIERE CENTRALE
DE CAPTAGE DU BIOGAZ CONNECTEE AU RESE
AU ELECTRIQUE EN AFRIQUE Par Innocent EBODE
25.
Wangari Maathai UNE CELEBRATION EN DENTS
DE SCIE Par Eric Vincent FOMO
26-27. Journée internationale de la femme 20 ANS APRES
BEIJING, QUEL BILAN ? Par Florine NSEUMI Léa
28
Nouvelles d’ailleurs
28.
Dandora LE PLUS GROS DEPOTOIR D'AFRIQUE
Par Florine NSEUMI Léa
29
Regards
29.
Changements climatiques IL FAUT CHANGER LES PARADIGMES
Par Janvier Ngwanza Owono
30-31
Réflexions
30-31. Le financement du marché carbone UNE QUESTION
DE FONDS ? Par Jean-Célestin EDJANGUE
32
Portrait
32.
32
Robert MUGABE UN HOMME DE POIGNE
Par Eric Vincent FOMO
33
Robert MUGABE
Note de lecture
UN HOMME DE POIGNE
33.
Le président en exercice de l’Union africaine
et du Zimbabwe veut créer une Cour africaine
de justice internationale qui traitera toutes les
affaires criminelles de l’Afrique. Au nez et à la
barbe de la Cour pénale internationale.
LA FINANCE CARBONE ET LE CHANGEMENT
CLIMATIQUE Par Jean-Célestin EDJANGUE
34
Forum lecteurs
34.
J’apprécie également l’engagement de ses rédacteurs,
analyse avec zèle Par Valentin OMBIBI, Directeur Général Marque Plus
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5
Actualités
Cop 21
LE MAROC DESIGNE POUR DIRIGER LE GROUPE
AFRIQUE AUX NEGOCIATIONS
Depuis janvier, c’est le Maroc qui assure la présidence du Groupe Afrique aux Nations
Unies. Un mandat qui s’ouvre dans un contexte particulièrement riche en défis pour le
continent.
Janvier NGWANZA OWONO
2015 est en effet l’année du sommet sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à
Paris en fin d’année, et qui promet
à bien des égards, des avancées
sensibles sur la problématique de
la protection de l’environnement. Il
faut savoir à ce sujet que COP 21
avait été retenue par la conférence
de Durban (COP 17) en 2011,
comme le lieu de la mise en place
d’un accord global devant notamment fixer les engagements étatiques visant à lutter contre le
réchauffement climatique au-delà
de 2020.
Les regards sont donc aujourd’hui
tournés vers Rabah et sur les capacités de la diplomatie chérifienne
à fédérer ses pairs africains autour
6
d’une position commune lors des
négociations liées aux changements climatiques ; un exercice
vraisemblablement au niveau du
pays de Mohamed IV, tant la vocation environnementale de ce dernier est aujourd’hui manifeste,
notamment en matière de conversion progressive vers les énergies
renouvelables propres avec un objectif espéré de 42% en 2020.
Il faut savoir que le Maroc dispose
aujourd’hui du plus grand parc éolien d’Afrique à Tarfaya dans le
sud-ouest du pays, sur la côte atlantique. Le potentiel éolien du
Maroc étant effectivement considérable, le pays compte atteindre des
capacités de production de 2 GW
dès 2020. De même, le plus grand
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
complexe solaire du monde sera
construit à Ouarzazate avec une
capacité estimée à 500 MW. De
quoi contribuer significativement
aux objectifs solaires nationaux
fixés également à 2 GW à l’horizon
2020.
De toute évidence, la diplomatie
marocaine lors des négociations
avec les chancelleries africaines
pour une démarche unifiée à la
COP 21 pourrait être axée sur
un plaidoyer s’appuyant sur l’activisme diplomatique du roi Mohamed VI qui érige aujourd’hui
le Maroc comme le principal partenaire magrébin de l’Afrique
subsaharienne.
Ces prédispositions du Maroc à fédérer et à porter avec autorité les
Actualités
attentes de l’Afrique ne dissimulent pas pour autant certains facteurs qui affecteront sans nul
doute la mission des émissaires
de Rabah.
Tout d’abord, l’orientation énergétique du Royaume chérifien n’est
en rien vertueuse. Il faut savoir
que l’indépendance énergétique
du pays est durablement contestée par l’absence de ressources
pétrolières et gazières. Comment
alors entreprendre avec succès de
formuler des propositions contraignantes à des partenaires africains qui en sont richement
pourvus et dont les industries naissantes en dépendent ?
De plus, le Maroc vient d’autoriser
des compagnies internationales à
effectuer des forages d’exploration
des sables et schistes bitumineux
en mines à ciel ouvert (Tarfaya),
officiellement pour « évaluer plus
précisément les réserves du Maroc
en gaz de schiste ou résidus pétroliers ». Compte tenu des importantes réserves de schistes
(environs 50 milliards de barils de
réserves en schistes) du Maroc,
leur exploitation produirait des
émissions de gaz à effet de serre
équivalents à l’ensemble de la pollution émise par tous les pays africains, et ferait de ce pays, tout
simplement le premier pollueur du
continent. Autre goulot d’étranglement, le Maroc n’est pas membre
de l’Union africaine et les diplomates chérifiens auront bien du
mal à convaincre leurs homologues habitués à construire le
consensus à Addis-Abeba, siège
de l’organisation panafricaine.
Toutes ces considérations doivent
donc être prises en compte dans la
stratégie diplomatique de Rabah.
Une stratégie qui ne serait pas
axée sur la force de conviction
quant à l’urgence de la situation et
la nécessité d’actions concrètes,
mais qui reposerait davantage sur
la capacité à formuler et à inscrire
des exigences précises dans
l’agenda environnemental des
grandes puissances industrielles,
principaux pollueurs. Cela passe
par des capacités de mobilisation
sans précédents des pays africains
lors de COP 21. Les grandes puissances industrielles comme les
USA ou la Chine mobilisent géné-
ralement des délégations de plus
d’une centaine de membres qui
sont présents dans les différentes
instances
de
négociation
(G77+Chine, comité pour la transition technologique, du fonds vert,
etc.) avec pour ambition de défendre leur droit à polluer.
L’Afrique brille trop souvent en
effet, par des délégations faméliques constituées de membres
protocolaires qui font d’ailleurs et
surtout l’objet de pressions (dans
le cadre de l’aide au développement) pour un alignement derrières les positions des uns et des
autres. A titre d’exemple, les financements précoces pour le climat, qui doivent permettre de
financer les besoins les plus urgents des pays en développement contre le changement
climatique avant la mise en place
du fonds vert, n'ont pas pris la
forme escomptée. Une partie de
ces 29,2 milliards de dollars sur
trois ans a consisté en un recyclage de l'aide au développement et l'autre a pris la forme de
prêts conditionnels au lieu des
dons traditionnels.
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Actualités
Hollande aux Philippines
LES CONTOURS D’UNE VISITE
Le Président français, était
en visite les 26 et 27 février 2015 aux Philippines.
Une première pour un chef
d’état français depuis
1947, avec en toile de fond
la conférence sur le réchauffement climatique
prévue en décembre à
Paris, en France.
Jean-Célestin Edjanguè
es Philippines constituent un archipel de plus de 7 000 îles bénéficiant
d’un climat tropical tout au long de
l’année. Le relief accidenté de ces îles leur
confère une force de caractère exceptionnelle renforcée par de nombreuses influences culturelles. Cet ensemble de
caractéristiques font des Philippines un
pays original à plus d’un titre.
Car, même si les Philippins vivent à proximité du continent asiatique et même s’ils
descendent de populations malaises ou
chinoises, trois siècles de domination espagnole et 50 ans de protection américaine les ont rendus proches de
l’occident. Des villes du monde les plus
exposées aux catastrophes naturelles,
huit se trouvent aux Philippines, d’après
une recherche qui a aussi montré que
plus de la moitié des 100 villes les plus
exposées aux séisme, aux tempêtes et
aux autres catastrophes se trouvaient
dans quatre pays d’Asie.
L’étude publiée mercredi 25 février 2015,
par la compagnie d’analyse des risques
Verisk Maplecroft, s’attarde sur la menace posée par les tempêtes, les inondations, les séismes, les tsunamis, les
incendies, les volcans et les glissements
de terrain dans plus de 1300 villes. L’analyse indique que des 100 villes étant le plus
exposées aux catastrophes naturelles, 21
sont situées aux Philippines, 16 en Chine,
11 au Japon et 8 au Bangladesh.
On comprend alors les contours de la visite
du président François Hollande dans cet archipel, en février 2015, la France abritant à
la fin de l’année la conférence mondiale sur
le réchauffement climatique.
L
8
Enjeux environnementaux
Le président français François Hollande
est arrivé jeudi 26 février aux Philippines
pour une visite de 48 heures dominée par
les enjeux du réchauffement climatique,
à quelques mois de la conférence mondiale sur le climat que la France accueillera fin décembre à Paris. Le chef de
l'Etat français avait proclamé fin novembre sa volonté de «laisser une trace»
dans l'histoire en arrachant un «accord
historique sur le climat». Un accord qu’il
veut “universel et contraignant” à l'issue
de la conférence de Paris qui doit réunir
195 pays dans la capitale hexagonale.
Au premier jour de cette visite, un «Appel
de Manille» en faveur d'un accord à Paris
sera lancé par la voix de l'actrice Marion
Cotillard. Vendredi 27 février, François
Hollande a fait une brève escale sur l'île
de Guiuan, ravagée par le typhon Haiyan
en 2013. Chaque année, les Philippines,
un pays en plein développement, sont
balayées de juin à octobre par une vingtaine de violentes tempêtes et de typhons. Le plus grave, c’est que la
fréquence des intempéries ne baisse pas.
L'archipel des Philippines est l'un des
pays les plus touchés au monde par l'élévation des températures. D'une violence
inouïe, sans précédent dans les annales,
le super typhon Haiyan et ses vents soufflant à 230 km/h avaient fait plus de 7.350
morts le 8 novembre 2013, rasant villes
et villages.
Intérêts économique et politique
Au-delà des enjeux environnementaux,
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
cette visite d'Etat, explique-t-on à l'Elysée, s'inscrit dans une "politique asiatique
de la France en direction de ce type de
pays à fort potentiel de croissance et démographique" avant d'autres déplacements au Vietnam, en Corée du Sud ou
en Chine dans les prochains mois.
Les relations économiques, avec la signature d'accords dans des domaines
eux aussi "verts" (extension du métro de
Manille, énergies renouvelables, adduction et traitement de l'eau...), la lutte
contre le terrorisme ou les différends maritimes en mer de Chine seront ainsi au
menu des échanges aux côtés des questions climatiques.
Mais, pour de nombreux observateurs, la
première visite d’un président français
aux Philippines depuis 1947 relève aussi
d’une stratégie politique. Au moment où
le locataire de l’Elysée peine à décoller
dans les sondages, en dépit d’un léger
mieux immédiatement après les attentats
du 7 janvier contre Charlie Hebdo, il
compte non seulement remettre son costume de chef de la diplomatie hexagonale
pour prendre de la hauteur par rapport à
la politique intérieure. Mais surtout “réussir son Sommet sur le climat et passer
entre les gouttes”, pour reprendre l’expression de la présidente du Front national, Marine Le Pen.
Plus sérieusement, François Hollande
veut absolument éviter le syndrome de
Copenhague, qui a fait échouer la conférence mondiale sur le réchauffement climatique en 2009, dans la capitale
Danoise. Pour ce faire, il est obligé de
mouiller le maillot.
Actualités
Pour sauver la planète
BILL GATES PROPOSE UN GOUVERNEMENT MONDIAL
La proposition du milliardaire suggère qu’il y a une alternative à l’ONU. Cette dernière
est à ses yeux, à bout de souffle.
Innocent Ebodé
e fondateur de la firme
informatique Microsoft,
qui a cette année encore, été désigné première
fortune de la planète, a des
idées plein la tête. Selon lui,
pour endiguer efficacement
les menaces qui pèsent sur la
planète, il n’y a rien de mieux
qu’un gouvernement mondial.
«Le système des Nations
Unies a échoué. » L’homme le
plus riche du monde n’y va
pas avec le dos de la cuillère.
Si son point de vue est si tranché, c’est parce qu’il trouve
des limites à la manière dont
les questions liées à la protection de la nature sont managées par les Nations Unies. Il
fait référence à l’échec du
sommet de Copenhague sur
les changements climatiques.
Echec qu’il attribue à l’ONU :
« Vous pouvez en rire, mais
en vérité, c’était triste de
constater la façon dont la
conférence de Copenhague a
été gérée, que les personnes
qui se comportent comme le
système des Nations Unies
ont échoué. »
Pour Bill Gates, les missions
de l’ONU ne sont plus adaptées : « Regardez l’ONU !
Elle a été créée spécifiquement pour la sécurité dans le
monde. Nous sommes parés à
la guerre, car nous avons pris
toutes les précautions. Nous
avons l’OTAN, nous avons
des divisions, des jeeps, des
gens entrainés. Mais qu’en
est-il des épidémies? Avons-
L
nous autant de docteurs que
d’avions, de tentes, et concernant les scientifiques? Si une
telle chose qu’un gouvernement mondial existait, nous
serions mieux préparés. »
La parole de Bill Gates est
d’autant porteuse plus que
son militantisme multiforme
est connu, notamment en faveur des causes humanistes
et humanitaires comme la
lutte contre la pauvreté, la recherche médicale, la lutte
contre le réchauffement climatique.
En effet, Bill s’est affirmé ces
dix dernières années comme
un fervent défenseur de la planète en multipliant des initiatives
aussi
originales
qu’innovantes. La Fondation
Bill et Melinda Gates qu’il dirige avec son épouse, a in-
vesti des dizaines de millions
de dollars dans de nombreuses initiatives philanthropiques.
Il s’est notamment engagé
dans le financement de la recherche concernant les pandémies comme le Sida, la
tuberculose et le paludisme.
L’agriculteur est un secteur qui
intéresse également le milliardaire. La Fondation Bill et Melinda Gates a consacré 3
milliardaires de dollars au développement agricole en
Afrique.
Au total, la Fondation Bill et
Melinda Gates qui est associée à Warren Buffet, un autre
milliardaire américain, est
dotée d’un fonds de 40 milliards de dollars.
Mais en dépit de sa générosité, Bill Gates et ses associés
essuient de nombreuses critiques. En novembre 2014,
l’ONG Grain, après avoir analysé en détail les investissements de la Fondation, est
parvenue à la conclusion que
la clé de répartition est défavorable au pays les plus pauvres.
D’après,
«
5%
seulement des dépenses vont
directement au continent africain. La moitié des subventions vont à des organisations
internationales. Et la plus
grande partie des budgets
de recherche finance des laboratoires américains ». Ce
qui laisse penser que Bill
Gates aide plus les riches
que les pauvres.
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DOSSIER
Afrique
LE CASSE-TÊTE
DE L’ASSAINISSEMENT URBAIN
Assainir. Le terme peut paraitre simple mais la mise en place compliquée. Dans les villes africaines pourtant il
y a urgence. Les inondations et les pandémies. Toutes ces eaux usées de la pauvreté doivent être évacuées.
Expurgées des milieux urbains. Mais comment ? Les populations sont-elles prêtes ? Quel est le coût humain
et financier des politiques d’assainissement au 21ième siècle sur le continent ? Une problématique pas aussi
simple qu’il n’y paraît.
L’objectif des programmes d’assainissement :« Contribuer de manière significative à l’amélioration de la santé
des populations et à la réduction de la pauvreté en milieu urbain à travers la réduction des effets des inondations qui perturbent les activités socioéconomiques de la ville et plus particulièrement, celles des quartiers précaires pauvres qui couvrent environ 62% de la superficie de la ville. »
Dossier
ASSAINIR : UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE
L’assainissement en Afrique est l’un des parents pauvres des politiques gouvernementales. Or, c’est un objectif à atteindre pour garantir la santé et le bien-être des
populations.
Eric Vincent FOMO
Douala (Cameroun). Les déchets liquides constituent un casse-tête dans
cette ville. Dans les quartiers urbanisés
ou non, à l’exemple de Makepé, NewBell, Bonamoussadi, Bépanda, les déversements des eaux usées sur les
trottoirs ou dans les rigoles, sont légion.
Niamey, capitale du Niger. La situation
n’est pas aussi reluisante. Il ne fait pas
bon y vivre en saison pluvieuse. Les
quartiers dits résidentiels comme Plateau
ou Koira Kano, ainsi que les quartiers
Wadata dans le 3è arrondissement et
Bassora dans le 4è sont impraticables
après les pluies. La cause en est la montée du niveau du fleuve qui fait céder la
digue de protection, en l’absence de caniveaux et à une urbanisation non maîtrisée. Une situation qui est généralement
à l’origine des maladies hydriques (typhoïde, choléra, diarrhée, etc.) et décès
qui alourdissent les budgets des pays et
des ménages destinés aux infrastructures hospitalières.
D’après un rapport commun OMS/Unicef
publié le 13 mai 2013, et intitulé « Rapport 2013 sur les progrès en matière
d’assainissement et d’alimentation en
eau », quelque 2,4 milliards de personnes, soit un tiers de la population
mondiale, n’auront toujours pas accès à
des services d’assainissement améliorés
en 2015. Selon ce rapport, la cible de
l’Objectif no7 du Millénaire pour le développement relative à l’assainissement (à
savoir faire passer de 51% à 25% d’ici
2015 la proportion de personnes n’ayant
pas accès à des services d’assainissement de base), sera manquée de 8%.
Selon les statistiques de l'Agence intergouvernementale panafricaine, eau et
assainissement pour l'Afrique (EAA),
plus de 780 millions de personnes vivant
majoritairement dans les pays en voie de
développement et dont plus de 50 % en
Afrique subsaharienne, n'ont pas suffisamment accès à l’assainissement décent et à l’hygiène.
Bien que l’Assemblée Générale des Nations Unies ait décidé le 28 juillet 2010 de
reconnaître le droit à l’eau potable et l’assainissement comme un droit humain
fondamental, les objectifs fixés tardent à
prendre corps. La situation de l’Afrique
est d’autant plus préoccupante. La couverture en assainissement est inférieure
à 50% dans de nombreux pays au sud
du Sahara.
Enjeu de développement
durable
Toutes choses qui remettent au goût
du jour la problématique de l’assainissement, véritable enjeu de santé publique.
C’est
un
enjeu
de
développement durable. « L'eau et l'assainissement sont indispensables à la
santé publique. Je dis souvent qu'ils en
constituent la base, car lorsqu'on aura
garanti à tout un chacun, quelles que
soient ses conditions de vie, l'accès à
une eau salubre et à un assainissement
correct, la lutte contre un grand nombre
de maladies aura fait un bond énorme »,
indique le Dr. Lee Jong-wook, Directeur
Général de l'Organisation Mondiale de la
Santé. Des mesures durables doivent
être prises pour résoudre ce phénomène
qui a fait son nid dans la plupart des pays
africains. Il faut promouvoir l’initiative privée. C’est le cas notamment du projet de
restructuration des marchés des boues
de vidange initié dans les quartiers de Pikine et de Guédiawaye situés dans la
banlieue dakaroise (Sénégal), et qui ont
permis d’améliorer le cadre de vie des
populations concernées.
Ce projet pilote a été soutenu par la
Fondation Bill et Melinda Gates. Lors
de la tenue du 3è Forum de haut niveau sur l’eau et l’assainissement en
Afrique, en novembre 2013, à Abidjan
en Côte-d’Ivoire, le Secrétaire Exécutif (de l’époque) de l’Association Africaine de l’Eau (AAE), Idrissa
Doucouré, a invité les Etats africains à
recourir à d’autres types de financements afin de pouvoir disposer des
ressources nécessaires pour réaliser
des infrastructures de production et de
distribution d’eau potable, ainsi que
celles d’assainissement. « Il faudrait
maintenant chercher d’autres types de
financements dans le cadre du parte-
nariat public-privé qui peuvent apporter les capitaux massifs qu’il faut pour
investir en Afrique. Pour y arriver,
l’Afrique aura besoin au minimum de
45 milliards de dollars américains par
an pour pouvoir atteindre cet objectif
», a-t-il expliqué.
Des financements alternatifs
existent
Le partenariat avec les ONG est davantage de mise. C’est le cas des activités de curage des canaux menées
par l’ONG française Initiative développement dans les quartiers périphériques de Moundou au Tchad.
L’organisation a fourni des brouettes,
pelles et pioches aux habitants pour
effectuer ce nettoyage et pour agrandir
le réseau de canaux. Les habitants ont
été sensibilisés sur la nécessité d’évacuer les eaux stagnantes. Les comités
d’assainissement ont également été
réactivés dans deux quartiers périphériques de Moundou, Doumbeur 1 et
Doumbeur 2 et fonctionnent sur un
modèle de bénévolat. Les résolutions
prises lors du sommet inaugural de la
Coalition des Premières Dames
d’Afrique
pour
l’Assainissement
(CPDA), tenu le 30 mai 2014 à Ouagadougou, doivent être capitalisées.
Entre autres, la promotion et l’appropriation des meilleures pratiques en
matière d’hygiène pour toutes les
couches de la population dans les
pays membres de la coalition, l’appel lancé pour plus de ressources et
d’investissements pour l’assainissement, afin d’impulser des investissements
ou
financements
d’infrastructures d’assainissement
en Afrique, favoriser une meilleure
intégration des questions d’assainissement et d’hygiène dans l’agenda
des politiques des différentes institutions d’intégration et de développement Africaines. Et enfin, leur cri
d’appel vise à promouvoir l’appropriation des meilleures pratiques en
matière d’hygiène pour toutes les
couches de la population dans les
pays membres de la coalition.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
11
Dossier
A travers le projet CAMSAN, la ville de Douala veut mettre un terme à la défécation à
l’air libre.
Florine NSEUMI Léa
'accès à un assainissement
amélioré au Cameroun est d'environ 48% au niveau national, à
raison de 61% en milieu urbain et de
37% en milieu rural. Par ailleurs, l'Organisation Mondiale de la Santé
(Oms) estime que le manque d'eau,
d'assainissement et d'hygiène représente 13,4 % de la part des maladies
au Cameroun. Et les épidémies récentes de choléra dans diverses parties du pays ont été liées au manque
d'assainissement.
L
A l’origine de cette situation, la défécation en plein air qui malheureusement est devenue une pratique
banale et non plus honteuse dans la
capitale économique ; La cause en
est l’importance de sa population et la
défaillance de son système d’assainissement. La nécessité de doter Douala
de toilettes publiques se pose donc
avec acuité. L’absence des toilettes
publiques amène les populations en
majorité masculine à se mettre à l’aise
n’importe où. Ce phénomène est plus
récurrent dans les débits de boissons
et autres restaurants où les toilettes
sont inexistantes. Lorsqu’elles existent, elles ne sont pas gratuites. Il faut
débourser entre 100 FCFA et 200
FCFA: soit pour uriner soit pour déféquer. Et 500 FCFA pour ceux qui souhaiteraient prendre un bain. Dans les
agences de voyages, les toilettes publiques représentent un chapitre dans
12
le budget de l’entreprise comme les
morgues dans les hôpitaux. Très souvent pris de court et sans argent, un
regard autour de soi pour les pudiques, et l’on se soulage dans la nature. Certains endroits à l’instar du
carrefour Ndokotti sont devenus des
urinoirs publics.
Pour apporter des solutions à ce phénomène, et dans le cadre de l’aide au
développement, le Cameroun et la
Banque Mondiale ont signé en octobre 2011, deux principaux accords de
financement dont l’un concernait le
projet d'assainissement liquide.
Le Projet d'Assainissement Liquide
du Cameroun(CAMSAN) a pour but
de mieux planifier la gestion du secteur par une amélioration de l'offre
d'accès aux services d'assainissement dans les régions sélectionnées.
Le projet comporte une composante
urbaine dont la mise en œuvre est assurée par la Communauté Urbaine de
Douala (CUD), les deux autres (rurale
et institutionnelle) étant mises en
œuvre par le Ministère de l'Energie et
de l'Eau (MINEE).
Boues de vidange
La composante du projet d'assainissement liquide mise en œuvre à
Douala par la Communauté urbaine
s’efforce depuis 2014, à fournir des
latrines à 190 000 ménages et
construire des toilettes dans les
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
écoles primaires et secondaires pour
près de 80 000 élèves.
Les premiers bénéficiaires sont les
arrondissements de Douala 5e et
Douala 3e où 16 000 latrines ménagères
individuelles
vont
être
construites. Le projet CAMSAN va
également financer une assistance
technique pour la planification au niveau national et local ainsi que l'élaboration
de
plans
d'action
d'assainissement pour les villes sélectionnées dont Douala.
En plus de ces latrines qui seront
construites, il est également prévu la
construction de deux stations de traitements des boues de vidange. L’objectif est de mettre fin aux vidanges
sauvages effectuées dans la ville par
certaines entreprises qui n’ont pas
l’expertise requise. La société citoyenne Hysacam a sur ce point précis du pain sur la planche.
Car, les boues de vidange traitées
dans un cadre amélioré et encadré à
l’instar de sa Centrale de Captage et
de Traitement du biogaz, peuvent permettre leur transformation en biogaz.
Ce qui est une véritable innovation,
notamment du point de vue technologique. Une perspective qui ouvre
grandes les portes de l’industrialisation dans le traitement des déchets
par la valorisation matière, énergétique et organique.
Dossier
10,000 MODERN LATRINES SOON IN DOUALA
Liquid waste treatment plants will be set up in the Littoral Region of Cameroon.
Christopher JATOR
ne of the acute needs of the
industrial, commercial and
main port city of Cameroon,
Douala, is public latrines. Imagine a
city dweller that is hard pressed to
respond to nature’s call but finds
nowhere to do so. Consider that
Douala a fief of cholera, diarrhoea
and inherent food related diseases,
like most African cities, has not a
functional public toilet in most quarters unless for a few obsolete ones
with private ownership. As the situation grows towards a crisis proportion, government came up with a
programme dubbed National Liquid
Sanitation Strategy in August 2011
via its Ministry of Water and Energy.
The administration in the Littoral Region brainstormed with some public
stakeholders during a meeting in
Douala in view of building 10,000
modern latrines in the metropolis.
Beside this is the imminent
O
construction of two Liquid Waste
Treatment Plants to properly handle
faecal sludge.
Although a date to operationalize
their construction is still being reflected upon, the project gives a glimmer of hope to most inhabitants. If it
finally comes to realization, Douala
will receive a great facelift especially
with announcements by the Douala
City Council of the construction of
16,000 public toilets with the disbursal of funds to that effect by donors
in 2014.
The implementation of liquid sanitation remains one of the greatest
challenges of the 21st century. Cameroon, according to officials of the
Ministry of Water and Energy, has
planned to increase national rate of
coverage from 34% in 2010 to 57%
by 2020.
“This improvement will not only
contribute to the amelioration of pu-
blic health among the Cameroonian
population but will also represent an
important milestone towards the improvement of the living standards
and environment of the people,” the
Chief of Division for Economic, Social and Cultural Affairs at the Littoral Governor’s Office, Yara Samvam
Leopold, remarked in his opening
address during a workshop to
brainstorm on how to improve liquid
sanitation in the country at the
Douala Sawa Hotel on February 27.
The workshop was attended by regional delegates of water and
energy, government delegates, and
mayors from the Littoral and South
West Regions.
According to statistics from the Ministry of Water and Energy, stating
as source the World Health Organisation, an estimated one third of Cameroon’s projected 20 million
inhabitants had access to improved
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
13
Dossier
sanitation facilities while only half
had access to traditional rudimentary installations. The low access to
sanitation facilities and the disposal
of faecal sludge and effluents directly into nature constitute a health
hazard. Meanwhile, poor water supply, sanitation and hygiene are responsible for 13.4% of diseases in
the country. Although access to improved facilities is high in Yaounde
and Douala (75%), it is much lower
in smaller towns (40%) and rural
areas (11%). WHO/UNICEF joint
monitoring programme shows that
the rate of access in urban areas
dropped from 65% in 1990 to 56%
in 2008 while remaining stable in
rural areas.
It is in line with these deficiencies
that the National Liquid Sanitation
Strategy, placed under the Ministry Water and Energy, was set to
seek and offer more efficient approach to sanitation. According to
the Regional Delegates of Water
and Energy for the Littoral and
South West, two waste treatment
plants will be set up in Douala,
10,000 modern latrines will be
constructed across the Littoral,
while about 50 modern latrines
have already been constructed in
schools, private homes, markets
in the South West and well as
many more yet to come.
14
Encouraging Liquid Sanitation
Liquid waste treatment plants and
thousands of modern latrines will be
built in the Littoral and South West
Regions.
The implementation of liquid sanitation remains one of the greatest
challenges of the 21st century. Cameroon has the plan to increase national rate of coverage from 34% in
2010 to 57% by 2020.
“This improvement will not only
contribute to the amelioration of public health among the Cameroonian
population but will also represent an
important milestone towards the improvement of the living standards
and environment of the people,” the
Chief of Division for Economic, Social and Cultural Affairs at the Littoral Governor’s Office, Yara Samvam
Leopold, remarked in his opening
address during a workshop to
brainstorm on how to improve liquid
sanitation in the country at the
Douala Sawa Hotel on February 27.
The workshop was attended by regional delegates of water and
energy, government delegates, and
mayors from the Littoral and South
West Regions.
According to statistics from the Ministry of Water and Energy, stating
as source the World Health Organisation, an estimated one third of Cameroon’s projected 20 million
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
inhabitants had access to improved
sanitation facilities while only half
had access to traditional rudimentary installations. The low access to
sanitation facilities and the disposal
of faecal sludge and effluents directly into nature constitute a health
hazard. Meanwhile, poor water supply, sanitation and hygiene are responsible for 13.4% of diseases in
the country. Although access to improved facilities is high in Yaounde
and Douala (75%), it is much lower
in smaller towns (40%) and rural
areas (11%). WHO/UNICEF joint
monitoring programme shows that
the rate of access in urban areas
dropped from 65% in 1990 to 56%
in 2008 while remaining stable in
rural areas.
It is in line with these deficiencies
that the National Liquid Sanitation
Strategy, placed under the Ministry
Water and Energy, was set to seek
and offer more efficient approach to
sanitation. According to the Regional Delegates of Water and Energy
for the Littoral and South West, two
waste treatment plants will be set up
in Douala, 10,000 modern latrines
will be constructed across the Littoral, while about 50 modern latrines
have already been constructed in
schools, private homes, markets in
the South West and well as many
more yet to come.
Dossier
LA BANQUE MONDIALE ET SES PROJETS D’ASSAINISSEMENT :
QUEL BILAN ?
Janvier NGWANZA OWONO
orsqu’on examine les Objectifs du Millénaire pour le Développement, notamment
l’Objectif 7 qui demande entre autres, aux états de réduire de moitié le pourcentage de la population
qui n’a pas accès à des services
d’assainissement améliorés, le
Document de Stratégies pour la
Croissance et l’Emploi (DSCE)
souligne que la seule cible atteinte
de cet objectif était l’assainissement, qui est passé de 8,5% en
2001 à 31,7% en 2007 . Cette
moyenne nationale cache cependant de fortes disparités entre les
régions (58% et 40% pour le Littoral et le Centre ; 7 et 5% pour le
Nord et l’Extrême-Nord), et entre
les espaces urbains et les territoires ruraux. C’est dans la perspective
de
renforcer
sa
contribution à ce sous-secteur
que la Banque Mondiale a financé un Rapport diagnostic institutionnel, technique et financier
de la Stratégie Nationale d’Assainissement Liquide au Cameroun
; un rapport qui ouvre la porte à
un premier bilan sur l’impact de
l’institution intergouvernementale
dans ce domaine.
C’est dans le cadre des programmes et projets de développement sous-tutelle ministérielle que
l’accompagnement institutionnel
et financier de la Banque Mondiale est à rechercher. Citons principalement,
le
Projet
d’assainissement liquide au Cameroun qui est mis en œuvre
dans la Région de l’Extrême-Nord
et dans la ville de Douala et prévoit (i) des latrines dans les établissements publiques (écoles,
postes de santé marchés, etc.), (ii)
des latrines dans les ménages qui
ne disposent pas d’ouvrages d’assainissement acceptables, (iii) de
L
petits systèmes d’assainissement
à petit diamètre en milieu urbain
dans les zones marécageuses et
les zones où la nature des sols
n’autorise pas la réalisation de latrines et (iv) des stations de traitements de vidange.
On peut valablement s’interroger,
sur la faible présence des Collectivités locales et des Organisations de la Société Civile (OSC)
dans les instances de gouvernance de ce projet où elles sont
paradoxalement
identifiées
comme faisant partie des principaux bénéficiaires. L’assainissement étant un service de
proximité, il est sans doute plus judicieux de renforcer le positionne-
ment des acteurs locaux dans la
maîtrise d’ouvrage des projets
portant sur ce service social de
base, surtout dans le contexte actuel de la décentralisation.
La Banque Mondiale à travers
l’IDA intervient typiquement dans
les projets d’infrastructures d’assainissement en milieu urbain
(Bamenda, Douala, Mbalmayo et
Yaoundé) dans le cadre de la mise
en œuvre du Projet de Développement des Secteurs Urbains et de
l’Approvisionnement en Eau
(PDUE). On peut cependant s’interroger sur cet engagement urbain quand on sait que les
grandes villes, principalement
Douala et Yaoundé présentent les
1 Document de Stratégies pour la Croissance
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
15
Dossier
meilleurs taux nationaux d’accès
à l’assainissement. La raison peut
être recherchée dans les orientations nationales qui accordent une
attention toute particulière à la
maîtrise de l’urbanisation et au développement des villes. Par
contre, c’est traditionnellement
l’existence d’un risque sanitaire
(épidémie de choléra) qui a recentré la problématique de l’assainissement en milieu rural dans
l’agenda du gouvernement.
Il faut savoir que les pouvoirs publics sont davantage préoccupés
par les questions d’accès à l’eau
potable, à la santé ou à l’aménagement urbain et à l’environnement.
L’assainissement
est
davantage considéré comme
une thématique transversale,
une sous-composante dans
des projets sectoriels. Cette
considération est bien évidemment prise en compte dans le
cadre de la coopération du Cameroun avec la Banque et est
lourde de conséquences dans
l’implication de cette dernière
dans ce sous-secteur .
Il est de bon ton aujourd’hui que la
Banque intègre véritablement la
problématique de l’assainissement dans le cadre de sa stratégie-pays au niveau du Cameroun.
Cela devra sans doute passer par
un accompagnement davantage
décentralisé, caractérisé par l’ouverture des guichets de financements internationaux au profit des
acteurs locaux. C’est en effet, aux
Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) et Organisations
de la Société Civile (OSC) qu’il incombe de porter les plaidoyers en
matière d’assainissement en tant
que service public de proximité.
C’est également dans cette optique, qu’on pourra par exemple,
envisager le renforcement des
missions et des capacités des institutions comme le Programme
National de Développement Participatif (PNDP), qui ont une vocation à composer essentiellement
avec les acteurs locaux dans le
cadre de l’accès aux services sociaux de base. Le PNDP compte
déjà à son actif, plus de 2 205 projets réalisés à l’échelle des communes et communautés locales
dont plusieurs portent directement
sur l’assainissement.
Egalement, il semble plus approprié aujourd’hui d’accorder une
attention toute particulière à l’assainissement en milieu rural
avec une entrée par l’assainissement autonome et l’assainissement
semi-collectif,
en
complément des mesures d’assainissement collectifs qui ont
tendance à cristalliser les ressources et l’intervention des
pouvoirs publics et des bailleurs
de fonds.
Au-delà donc des importants financements mobilisables par la
Banque Mondiale, il importe aujourd’hui que cette institution
d’inscrive dans une dynamique
de collaboration de proximité.
Une présence plus soutenue à
l’échelle locale ne pourra donner
que plus de visibilité sur la
contribution de la Banque à l’atteinte des OMD.
1 C’est ce qu’il ressort en substance du Rapport diagnostic institutionnel, technique et financier de la Stratégie Nationale d’Assainissement Liquide au Cameroun ;
Rapport financé par ailleurs par la Banque Mondiale et le Programme de Partenariat pour l’Eau (WPP).
16
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
Dossier
Dakar
LE CASSE-TETE DE LA GESTION DES EAUX USEES
La problématique de la gestion des eaux usées s’inscrit au cœur de la politique
d’assainissement de la capitale politique du Sénégal. En 2012, les autorités municipales et administratives ont mobilisé des ressources conséquentes en termes
d’évacuation et de traitement de ces eaux usées. Mais en attendant que les projets
prennent corps, le problème d’évacuation et de traitement des eaux usées reste
entier, notamment à cause de l’obsolescence des infrastructures.
Innocent Ebodé
ans le cadre de la résolution
des problèmes d’assainissement de la ville de Dakar,
l’Etat du Sénégal, avec le soutien
de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), a débloqué en
2012 une enveloppe de près de 450
milliards de FCFA. Cette somme
était spécifiquement destinée à la
réactualisation du plan d’assainissement des eaux usées et eaux fluviales de Dakar. 14 milliards de
FCFA seront déduits de la somme
totale. Ils seront consacrés à la
construction des ouvrages d’eaux
fluviales. La part la plus importante
de cet investissement est réservée
la mise en place des infrastructures
liées au drainage et au traitement
des eaux usées.
Le problème des eaux usées dans
la ville de Dakar a plusieurs
causes. La forte urbanisation dans
les zones de terres basses ; l’imperméabilisation des espaces urbains
qui
augmente
le
ruissellement des eaux de pluie
l’habitation irrégulière qui constitue
une contrainte majeure à la mise
en place de voiries et de systèmes
adéquates de drainage des eaux
de pluie ; la pression foncière dans
certaines zones et l’absence de réseau de drainage des eaux pluviales dans certaines zones.
Au ministère de l’Hydraulique et de
l’Assainissement, le Plan d’assainissement des eaux usées à Dakar
est d’autant plus nécessaire, que,
les infrastructures en la matière,
souffrent d’une obsolescence
criarde : « Le problème des eaux
usées en milieu urbain est
confronté à la vétusté du réseau
dans les quartiers de Gueule
D
Tapée, Fass, Colobane, Gibraltar
et Médina qui ont entre 40 et 60
ans, et aussi à la saturation des
ouvrages et équipements. »
La gestion des eaux usées à Dakar
est également affectée par le plan
d’urbanisation de la capitale qui va
nécessairement provoquer une extension de la ville : « La modification du plan d’urbanisme de Dakar
qui impacte sur la gestion des eaux
pluviales et des eaux usées, qui
est l’un des facteurs. Il faut également ajouter l’accroissement démographique qui va favoriser une
extension non maîtrisée du territoire de Dakar. »
Mbaye Babacar Ndiaye, un expert
en eau et en assainissement,
confirme que la question des eaux
usées à Dakar, est liée à la vétusté
des équipements, à la pression démographique et aux conséquences
de la modernisation de la ville : « Le
phénomène d’urbanisation à Dakar
s’est accompagné d’une demande
exponentielle des populations en
eau pour leurs différents besoins
quotidiens. Ces besoins sont aujourd’hui beaucoup plus important si
on les compare à une même zone
et à un même groupe de personnes, dans un passé récent. Il y
a trente ans ou plus, l’eau n’était accessible dans beaucoup de quartiers qu’à travers la borne fontaine
du coin. La consommation en eau
était bien contrôlée par celles qui allaient chercher l’eau hors de la maison. Dakar abritant une population
pas aussi importante, son réseau
‘d’évacuation supportait tous les rejets. Aujourd’hui le Dakarois lambda
consomme beaucoup plus d’eau,
accessible juste avec un quart de
tour, parfois dans sa chambre. Si
l’on prend un quartier comme la
Gueule Tapée ou les SICAP, l’essentiel des demeures étaient des
rez-de-chaussée avec une dizaine
de personnes au maximum. Ces
mêmes demeures sont aujourd’hui
des R+ 3 ou 4 avec au moins une
quarantaine de personnes. Et entre
temps le réseau d’évacuation n’a
pas évolué réellement. Ce qui nous
amène à réfléchir sur la nécessité et
l’obligation de développer, de rénover et de densifier les réseaux existants. »
M. Mbaye, insiste sur les conséquences de la gestion incontrôlée
des eaux usées sur l’environnement. Ces eaux, du fait des substances
toxiques
qu’elles
transportent, polluent inévitablement le milieu urbain, et par conséquent, mettent en danger la santé
des populations. L’expert souligne
que « dans les normes, les eaux
usées sont épurées avant de rejoindre les cours d’eau ou plans d’eau
artificiels ». Ce qui n’est manifestement pas encore le cas à Dakar.
M. Mbaye soutient que la densification du réseau d’évacuation des
eaux a le même niveau d’importance que le réseau routier : « Dans
le cadre de la modernisation de
notre pays, si un accent est mis sur
le développement du réseau routier, un accent aussi important
devra être mis sur la densification
du réseau d’évacuation des eaux
usées. L’accès à l’eau potable et
le traitement adéquat des eaux
usées sont des indicateurs importants dans l’appréciation d’une
ville moderne.»
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
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Dossier
Traitement des boues de vidange
OUAGADOUGOU A L’EPREUVE DES DECHETS LIQUIDES
Les deux Stations de traitement des boues de vidange (STBV), inaugurées l’année
dernière dans la capitale Burkinabè, sont un début de solution à la problématique de
la gestion des boues de vidange.
vité des sociétés de vidange ; Contribuer à la suppression des sites non
contrôlés de dépôts de boues et leur
transfert des boues vers une décharge
contrôlée (CET). D’autres actions ont
été menées afin de mieux organiser la
vidange manuelle et protéger les vidangeurs contre les risques sanitaires
liés à la vidange manuelle. Des mesures d’accompagnement et l’aide pour
les vidangeurs manuels à s’organiser
pour une meilleure gestion de la vidange manuelle. Enfin, sensibiliser et
informer des vidangeurs mécaniques
sur les circuits de collecte pour une optimisation de leur activité de vidange.
Florine NSEUMI LEA
elon les informations publiées
dans le site de l’Office de Ouagadougou National de l’Eau et de
l’Assainissement
du
Burkina
Faso(ONEA), La ville avec plus d’1 million d’habitants produit environ 960 m3
de déchets solides par jour et 600 m3
de boues de vidange par jour.
En 2000, une seule station de traitement
des boues par lagunage d’une capacité
de 30 m3/jour reste
insuffisante.
Constat, le déversement sauvage restait
courant d’où la nécessité d’avoir d’autres sites de traitement en vue de satisfaire aux besoins. La ville s’étend et les
boues avancent. En 2002, une première
étude réalisée sur financement de la
Banque pour le compte de l’ONEA, a
porté sur la collecte et le transport des
boues de vidange dans la ville de Ouagadougou. Ladite étude a recommandé l’élaboration d’un avant-projet
détaillé devant aboutir à la réalisation
d’un projet pilote de traitement des
boues de vidange.
En 2003, 87 vidangeurs manuels ont été
recensés par l’ONEA ; Ils n’avaient pas
d’association mais travaillaient en
équipe dans l’informel ; Ils intervenaient
surtout dans les quartiers périphériques
S
18
de la ville de Ouagadougou sans aucun
équipement de protection et exposés
aux maladies et aux accidents ; Les
boues vidangées étaient déposées sur
des tas d’ordures, dans la rue, sur les
sites non contrôlés de dépôt de boues
ou enfouies dans une fosse dans la
cours du ménage.
En 2005, 24 sociétés de vidanges ont
été répertoriées dans la ville de Ouagadougou ; Ces sociétés pratiquaient
les tarifs de vidange variant entre 8.000
FCFA et 16.000FCFA.L’association des
vidangeurs mécaniques a été reconnue officiellement en 2005. Dès lors,
les boues vidangées étaient rejetées
sur au moins 7 sites non contrôlés ou
dans la nature.
Au fil des ans, nombre de propositions
ont été intégrées dans le schéma de
gestion des déchets solides de la ville de
Ouagadougou.
Redynamisation de l’association des vidangeurs mécaniques
L’on a procédé au découpage de la
ville en 4 zones de collecte des boues,
pour optimiser les circuits de collecte et
de décharge et rentabiliser ainsi l’acti-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
Le 12 septembre 2014,L’ONEA a organisé la cérémonie d'inauguration des
deux Stations de traitement des boues
de vidange (STBV), à Zagtouli, dans l'arrondissement n°7 de Ouagadougou, 7
et l'autre à Kossodo, dans l'arrondissement n°2 de Ouagadougou en présence
du Premier ministre, Beyon Luc Adolphe
Tiao. Ces deux stations sont l’aboutissement d’un long processus d’organisation
de la filière vidange des déchets liquides
et pâteux. Selon l'Office national de l'eau
et de l'assainissement (ONEA) ces stations disposent de camions de l'ONEA
qui permettent l'évacuation des eaux
usées en plus des camions privés. D’un
coût d’un milliard deux cent millions F
CFA, la réalisation des Stations de traitement des boues de vidange a été possible grâce au financement de l'Agence
française de développement (AFD).
Au cours de la cérémonie, les autorités
françaises et burkinabè ont marqué
leur satisfaction en ce sens que ces infrastructures sont d'une importance capitale. En effet, les déchets solides
recueillis seront transformés en engrais
pour l'agriculture et les déchets liquides
seront traités pour être réutilisés dans
le maraîchage. De plus, les objectifs
poursuivis par l'ONEA à travers ce projet, sont entre autres, l'amélioration
des conditions d'hygiène et environnementales des populations, la création d'un marché structuré de
l'assainissement et le développement
des métiers d'assainissement.
Dossier
Rabat
SUR LA ROUTE DES INONDATIONS
Les débordements observés pendant de fortes
précipitations sont liés à
la résorption des points
sensibles et à la nature
des sols.
Florine NSEUMI Léa et agences
l suffit d’une averse et les principales
villes du Maroc dont Rabat et Casablanca se retrouvent sous les eaux.
La ville de Rabat tout comme le reste du
Maroc, est très souvent victime des
inondations causées par l’incivisme des
populations et aussi des constructions
qui ne tiennent pas compte de la nature
du sol phréatique.
Très souvent, la Direction de la météorologie nationale (DMN) annonce des
pluies mais les autorités marocaines ne
s’y attendent visiblement pas, alors qu’il
suffit d’une averse pour paralyser certaines villes à cause des inondations.
En novembre dernier, Rabat s'est encore trouvé sous les eaux.
Le royaume chérifien est dans l’ensemble habitué aux inondations qui occasionnent des catastrophes. L’on se
souvient qu’en 2002, de graves inondations provoquées par le barrage de
l'Oued El Maleh. Les intempéries, qui
avaient touché plusieurs régions du
centre du Maroc, ont fait 63 morts et des
dégâts matériels importants non encore
chiffrés. Les inondations consécutives
aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays avaient également détruit des centaines d'hectares de
cultures, notamment dans la région de
Settat. La crue de l'Oued El Maleh traversant la ville de Mohammedia aura
inondé la plus grande raffinerie de pétrole du pays, provoquant un gigantesque incendie qui avait ravagé une
partie de ses installations dont la valeur
est estimée à 150 millions de dollars
I
américains. Suite aux fortes pluies qui
ont atteint 76 mm en trois heures par
endroit, 24 habitations se sont effondrées dans des villages, 1334 autres se
sont fissurées et 373 logements ont été
inondés. Des dizaines d'usines à Berrechid (au sud de Casablanca) et à Mohammedia, ont également subi
d'importants dégâts matériels.
En 2010, le pays du roi Mahommed VI
avait encore fait à une rude épreuve des
intempéries qui ont encore causé d’importants dégâts matériels.
Crises
Chaque fois que le Maroc fait face à des
catastrophes liées aux intempéries, des
réunions de crises sont tenues à Rabat
pour juguler le phénomène et mettre les
populations qui sont à la belle étoile
sous abris. Le pays a mis sur pied un
programme de protection des populations contre les effets des catastrophes
naturelles au Maroc pour un coût global
de 1,2 milliard de dirhams (près de 120
millions de dollars), suite aux graves
inondations survenues dans le
royaume. Ce programme d'urgence
prévoyait la construction dans l'immédiat de 300 logements pour les familles
sinistrées à Mohammedia (70 km au
sud de Rabat) et Settat (200 km au sud
de Rabat).
Dans la capitale, le programme prévoit
notamment la construction de barrières
de protection dans les zones industrielles, fortement endommagés par les
crues de fleuves en novembre dernier.
A moyen terme, des bassins hydrauliques seraient aménagés dans les régions les plus exposées aux risques
d'inondations dans le centre du pays,
avec la construction de huit petits et
moyens barrages.
Deux grands barrages seront construits
à l'amont et à l'aval de l'Oued El Maleh
qui traverse la ville de Mohammedia
pour près de 230 millions de dirhams.
Considéré comme une priorité, l’assainissement liquide occupe une place
prépondérante dans les investissements et les actions de L’ONG Lydec
sur le terrain pour venir à bout des intempéries. Parmi ces points, le souspont Moulay Ismail (dit Longométal) à
Ain Sebaâ est régulièrement touché.
Pour pallier ce problème, faciliter l’évacuation des eaux pluviales sous le
pont Moulay Ismail et lutter contre les
inondations sur la route de Rabat.
Lydec a réalisé les travaux tels, la
pose d’un collecteur de renforcement
unitaire d’un diamètre de 600 à 1.000
mm sur une longueur de plus de 1
.200 mètres ; la pose d’une conduite
de raccordement sur le collecteur
Afriquia ; l’aménagement d’un déversoir d’orage.
Un important programme triennal pour
le curage et des réseaux d'assainissement sur 3.400 km a était mis au point.
Le programme lancé en 2008 a bénéficié de 47 millions de DH en 2009, de
112 millions de DH en 2010 et de 76
millions en 2011…
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
19
Dossier
LA FRANCE DU TOUT A L’EGOUT ET LA
PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT
Une loi de 1894, oblige le raccordement des maisons aux égouts de Paris pour l'évacuation des eaux domestiques et la vidange des fosses d'aisance. C’est la loi du toutà-l’égout. Mais il a fallu attendre une directive de l’Union Européenne, en 1991, pour que
l’hexagone intègre complètement cette pratique.
Jean-Célestin EDJANGUE
ontre-moi tes égouts et
je te dirai qui tu es. La
maxime, autrefois objet
de moqueries est devenue un
signe de prise de conscience de
l’assainissement en milieu urbain. Car l’évacuation et le traitement
des
eaux
usées
participent de la protection de
l’environnement au même titre
que la lutte contre le réchauffement climatique. Exit donc des
égouts dégoutants, où l’on déversait tout ce qu’il ne fallait pas
voir et où se perdait Jean Valjean sous la plume de Victor
Hugo, dans les Misérables au
début des années 1830. Maintenir les égouts propres participe
M
20
autant à l’esthétique des villes
qu’à la lutte contre le dérèglement climatique.
A Paris, la capitale française, les 2
400 kilomètres d’égouts constituent l'ensemble des conduits
souterrains destinés à collecter et
à évacuer les eaux de ruissellement découlant principalement
des pluies. Mais ils recueillent
également les eaux usées produites par les différentes activités
humaines sur le territoire de la
cité capitale française. Les égouts
de Paris ont fort heureusement
évolué, sous l’impulsion des travaux entrepris par le préfet et
Baron Haussmann et l'ingénieur
Eugène Belgrand, tous deux à
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
l'origine du réseau contemporain.
Ils ont permis à toutes les rues de
la capitale d’être doublées d'une
galerie en sous-sol, faisant de
Paris l'une des villes les plus modernes au monde avec un réseau
d'égouts unitaire, gravitaire et visitable. Régulièrement entretenu,
le réseau d’égouts de Paris doit
néanmoins faire face aux difficultés posées par les eaux de pluie.
Mais le tout à l’égout concerne
la France entière. Les propriétaires de logements qui ont un
système individuel d'assainissement devaient subir un contrôle
de leur installation avant le 31
décembre 2012, et les vendeurs
de logements doivent, depuis le
Dossier
1er janvier 2011, fournir à leur
acquéreur un diagnostic "assainissement". Ce certificat attestant bien évidemment de la
conformité des installations, notamment par rapport à l’Union
Européenne.
Le casse-tête du zonage
Une directive européenne de
1991 oblige les communes de
plus de 2.000 habitants à se
doter d'un réseau d'assainissement collectif. Mais, beaucoup
de retard a été pris et la France a
été condamnée pour ce retard.
L'alternative qui a été mise en
place oblige les communes à
faire une carte délimitant le zonage des systèmes d'assainissement, collectif ou non collectif,
tout dépend de la situation et de
la configuration des lieux, de la
proximité d'un cours d'eau, de la
profondeur de la nappe phréatique... Certes le document de
zonage prévoit l'obligation pour
les particuliers de se raccorder
au tout -à -l'égout lorsqu'ils sont
desservis. Mais son application
est loin de faire l’unanimité. Résultat, beaucoup de zones rurales se trouvent encore
dépourvues de tout-à-l'égout, et
dans ce cas, il faut veiller à la
conformité des installations individuelles. Rien d’étonnant alors
que les spécialistes de la question estiment à plus de 5 millions,
le nombre de logements, en
France, qui ont un système individuel d'assainissement.
Le problème vient aussi de ce
que les communes, parce
qu’elles sont tenues d'assurer de
multiples tâches dont la collecte
et le transport des eaux usées
domestiques, le stockage, l'épuration et le rejet ou la réutilisation
des eaux collectées, ou encore
l'élimination des boues d'épuration et le contrôle des raccordements au réseau public de
collecte, doivent disposer d'un
système collectif et avoir une station d'épuration. Pire, les communes peuvent installer deux
types de réseau : le réseau séparatif qui assure une gestion distincte des eaux usées et des
eaux pluviales ou alors le réseau
unitaire d'assainissement destiné
à recueillir l'ensemble des eaux
usées et les eaux pluviales. Ce
dernier type de réseau exige que
le mélange des eaux n'entraîne
pas de problème d'épuration et
suppose un dispositif permettant
de réguler le flux envoyé vers le
système de traitement en cas de
pluies abondantes. Surtout, les
eaux pluviales, dans une ville
comme Paris, posent des problèmes spécifiques. D'une part,
elles sont polluées par les polluants atmosphériques, qui donnent des pluies acides chargées
de particules et par ruissellement
sur les toits et les chaussées emportant des éléments polluants
(métaux lourds, huiles…). Ces
polluants doivent par conséquent
être traités avant rejet. D'autre
part, il s'agit d'un volume d'eau
supplémentaire très important,
risquant de saturer les capacités
du réseau et des usines de traitement, et donc d'inonder les
points bas de l'agglomération.
Problème du coût
Le code de la santé publique
oblige l'ensemble des propriétaires à se raccorder, mais il prévoit également des exceptions,
notamment pour les immeubles
non desservis par le réseau, en
l'absence d'accès à la voie publique, ou encore si le raccordement se heurte à des difficultés
particulières, ou pour les immeubles dont l'état de dégradation
est tel que le raccordement devient superflu.
Reste le problème du coût du tout
à l’égout. En fonction de la confi-
guration des lieux le coût des installations peut varier de 2.000 à
15.000 euros. D'un point de vue
technique, le raccordement se
compose d'une partie privée, de
la clôture à la maison, toujours à
la charge du propriétaire et d'une
partie publique du réseau à la clôture, à priori supportée par la
commune. La municipalité peut
se faire rembourser ces frais par
les propriétaires, en tout ou en
partie, sous forme de participation
aux frais de raccordement, recouvrée comme des impôts locaux.
Ces frais se distinguent de la participation pour raccordement à
l'égout(PRE) qui peut être exigée
par certaines communes auprès
des propriétaires d'immeubles
édifiés après la mise en service
de l'égout et auquel ils doivent
être raccordés.
La question des eaux usées requièrent une gestion méthodique,
qui doit être conciliée avec la protection de l’environnement. Mais
elle a aussi un coût qui ne doit jamais constituer un obstacle insurmontable puisqu’il s’agit avant
tout d’assainir le milieu pour préserver notre planète.
Dans cette optique, la Mairie de
Paris s'occupe de la collecte et
du transport de ces eaux usées
et pluviales sur son territoire,
tout comme les différentes intercommunalités dans le reste de
l'agglomération.
L'assainissement des eaux usées
est assuré depuis 1970 par le
SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de
l’agglomération parisienne). Cet
organisme couvre la totalité des
départements des Hauts-deSeine, de la Seine-Saint-Denis,
du Val-de-Marne et de Paris, ainsi
que 180 communes des autres
départements de l’Île-de-France .
Un travail qui oblige le SIAAP à
employer 1 700 agents, dont près
d’un milliers de fonctionnaires.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
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Evènement
Déchets solides et pâteux
L’EXEMPLE QUI VIENT DE NEW YORK
Depuis près de cinq ans,
cette ville des Etats-Unis
expérimente un nouveau
programme de traitement
et de recyclage des déchets, qui force l’admiration.
Eric Vincent FOMO
2010. Le Conseil municipal de la ville
de New York vote un programme annoncé comme un engagement prioritaire du maire d’alors de la ville,
Michael Rubens Bloomberg. A travers
cette initiative, la mairie encourage la
réutilisation et la prévention des déchets, incluant également un programme de recyclage résidentiel qui
avait été négligé jusque-là. L’objectif
fixé par les autorités de la ville est de
diviser par deux la quantité de déchets liquides (eaux usées industrielles, domestiques, pluviales) et
pâteux (colles, boues, graisses, peintures…) qu’elles envoient dans ses
lieux d’enfouissement au cours des
cinq prochaines années, et de mieux
les recycler. « Si nous voulons être la
ville la plus innovante du monde, nous
devons être aussi la plus écologique.
Parce que c’est ainsi que vous attirez
les individus les plus talentueux et les
entreprises les plus tournées vers
l’avenir », expliquait Bloomberg.
De façon concrète, avec plus de 40
000 tonnes de déchets par jour, 7 100
employés, 2 500 camions poubelle, la
collecte et le traitement des ordures
est un défi vital à New York où les autorités se sont fixées un nouvel objectif : recycler 30% de ces montagnes
d’ordures d'ici à 2017, révèle l’AFP
dans un article publié le 23 janvier
2014. Les New-Yorkais, poursuit AFP,
sont de tous les Américains ceux qui
jettent le plus : 2,5 kilos par jour en
22
moyenne, contre 2 kilos dans le reste
du pays, selon la mairie. Sur les trottoirs, s'entassent le soir d'énormes
sacs de plastique noir ou transparent,
mais aussi parfois des meubles, des
canapés, des lampes en bon état... Si
les objectifs sont atteints, ce sont 550
000 tonnes d’ordures qui, chaque
année, ne viendront pas s’entasser
dans les décharges.
Après sa prise de fonction, son successeur Bill de Blasio a décidé de
consolider les acquis de ce projet. Le
mode opératoire est simple. L’accent
a été mis tout d’abord sur la collecte.
Cette politique de recyclage consiste
à faire un tri différencié pour le verre
et le plastique. « Nous avons lancé un
programme de recyclage concernant
tous les plastiques rigides, un autre
pour les déchets organiques et un
troisième pour l'électronique et le textile », indique Ron Gonen, responsable du recyclage pour la ville. Deux
nouveaux sites de gestion des déchets ont ensuite été créés : un premier pour les déchets compostables
et un second pour le recyclage des
détritus résidentiels et institutionnels.
Les plastiques rigides (gobelets des
yaourts, flacons de médicaments,
etc.) sont également concernés par le
recyclage depuis l’été 2013. Une extension rendue possible grâce à l’ou-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
verture le 16 décembre 2013, de son
premier centre de tri, aboutissement
de plus de dix ans de négociations.
Grâce à ce centre situé à Brooklyn,
sur les bords de l'East River, la ville
dispose désormais d'un outil de premier plan. Le site exploité par le
groupe australien Sims Metal Management, est capable de trier 1000
tonnes de verre, de métal ou de plastique par jour, ce qui en fait le plus
grand des Etats-Unis. Une partie des
déchets sera acheminée vers Brooklyn grâce à des barges, ce qui devrait éviter chaque année les 400 000
km parcourus jusqu'à présent par des
camions pour transporter les déchets
new-yorkais vers d'autres Etats tels
l'Ohio ou la Caroline du Nord. Une manipulation qui coûtait jusqu'à maintenant à la municipalité 330 millions de
dollars (241,5 millions d'euros) par an.
Ce programme innovant est par ailleurs économique. La ville dépense
généralement 300 millions de dollars
par an pour exporter les ordures par
camion et par rail en dehors de
l’Etat. Avec ce programme, elle devrait économiser 55 millions de dollars par an. Ces efforts permettront
de réduire les émissions de gaz à
effet de serre associées au transport
et à la manutention des déchets solides de 7% d’ici 2017.
Evènement
Kenya
LANCEMENT DE LA PREMIERE CENTRALE DE
CAPTAGE DU BIOGAZ CONNECTEE AU RESEAU
ELECTRIQUE EN AFRIQUE
Située Nairobi, la capitale du Kenya, cette usine de digestion anaérobie (qui valorise
la matière organique en énergie dans un milieu sans oxygène) explore un nouveau
créneau porteur dans le secteur des énergies propres en Afrique. Elle est entrée en activité le 1er mars 2015.
Innocent EBODE
’est une société locale, la
Tropical Power Kenya Limited (TPKL) qui va exploiter
la Gorge Farm Energy Park, nom
de baptême de l’unité de méthanisation. D’après les prévisions,
cette unité qui un potentiel de 2,5
Mégawatts, produira de l’électricité
propre en valorisant 50 000 tonnes
de déchets organiques. Les déchets proviendront d’une exploitation agricole voisine de 800
hectares.
C
Le projet, en plus de la valeur ajoutée écologique qu’il va générer,
aura l’avantage d’entrainer la
baisse des coûts de l’électricité.
Selon les responsables la TPKL, «
La moitié de l’électricité générée
sera revendue à Kenyan Power au
prix de 0,10 dollars le kilowattheure (contre 0,38$/kwh pour
l’électricité produite à partir du diesel), le seul fournisseur d’électricité
du Kenya». C’est donc une grande
première dans le continent : l’électricité générée par une centrale de
captage du biogaz distribuée par
un réseau électrique national. L’autre moitié de la production alimentera la centrale elle-même.
Les dirigeants de TPKL ne
comptent pas limiter leurs ambitions au Kenya. Ils envisagent d’étendre l’expérience à
l’ensemble du continent. Ils envisagent de produire plus de
130 MW d’électricité propre en
Afrique d’ici 2018. Un projet si-
24
milaire est d’ailleurs en étude
au Ghana.
L’expérience de cette centrale de
captage de biogaz qui génère de
l’électricité, marque une étape
nouvelle dans la généralisation
des énergies propres en Afrique.
Avant la centrale kényane, d’autres initiatives en la matière avaient
vu le jour.
Parmi les plus significatives, figurent les deux centrales de cap-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
tage et de traitement du biogaz
de Yaoundé-Nkolfoulou et de
Douala PK 10, développées par
Hysacam au Cameroun. La première a été inaugurée en 2011, et
la deuxième en 2014. Hysacam
s’inscrit aussi dans la perspective
de la production de l’énergie électrique. Pour l’instant, la législation
ne permet pas encore cette possibilité puisque le secteur la production de l’énergie électrique au
Cameroun s’opère dans un cadre
monopolistique.
Evènement
Chaque pays célèbre à sa façon cette journée africaine de la protection de l’environnement contrairement aux objectifs fixés lors de son instauration en 2012.
Eric Vincent FOMO
e 3 mars dernier, le président du
Kenya, Uhuru Kenyatta, a incinéré
15 tonnes d’ivoire au parc national
de Nairobi, afin de dénoncer le trafic illicite des espèces sauvages. Le stock
d’ivoire a été incinéré en présence de
représentants de l’Union Africaine (UA)
et des agences des Nations-Unies à
Nairobi, des organisations internationales en charge de l’environnement,
des représentants du corps diplomatique… « C’est une occasion pour nous
tous de réfléchir sur notre splendide patrimoine naturel et notre obligation de le
protéger pour l’éternité », a affirmé
Uhuru Kenyatta. Ce geste s’inscrivait
dans le cadre de la célébration de la
Journée africaine de l’Environnement,
rebaptisée « Journée Wangari Maathai
» qui est aussi la Journée mondiale de
la vie sauvage. L’UA a déclaré, le 3
mars, Journée Wangari Maathai, qui est
célébrée tous les ans à travers le continent conjointement avec la Journée
africaine de l’Environnement.
L
La journée Wangari Maathai a été instituée au cours du 18è Sommet de
l'Union africaine, tenu du 28 au 30 septembre 2012, en Ethiopie. Les 54 Etats
membres de l’UA ont tenu à rendre
hommage au Pr. Wangari Maathai, écologiste kenyane décédée le 25 septem-
bre 2011. Depuis 2002, cette journée
est une tribune de réflexion de la part
des Africains sur les nombreux défis environnementaux que connaît le continent. L'objectif étant de sensibiliser sur
le devenir du continent, face aux problèmes que sont : la désertification, la
déforestation, la dégradation des terres,
la sécheresse, l’érosion des sols, la
baisse de la fertilité des sols, les changements climatiques, etc. Ces phénomènes sont liés à la recrudescence des
activités anthropiques, des pratiques intensives de l’agriculture, à l’exode rural
et à l’extension anarchique des villes.
Toutes choses qui mettent en péril les
efforts de développement durable, la
sécurité alimentaire et l’avenir des populations africaines.
Le continent noir prend ainsi au sérieux
les menaces que font peser sur son développement et sur ses économies en
pleine croissance les changements climatiques qui seront au cœur des débats
lors de la conférence de Paris sur le climat, du 30 novembre au 15 décembre
2015. Il n’aurait pu être autrement, car
d’après la secrétaire d'État chargée du
Développement et de la Francophonie,
Mme Annick Girardin, « L'Afrique est le
continent qui a le moins contribué aux
émissions de gaz à effet de serre, mais
c'est aussi un de ceux qui en subissent
le plus les conséquences (…) ».
Toutefois, l’intérêt porté à l’égard de la
journée Wangari Maathai, est confronté
au problème de l’uniformisation des politiques et moyens de lutte pour mitiger
les effets dévastateurs des changements climatiques et assimilés. La
preuve : pour cette seule année 2015,
les thèmes de célébration varient en
fonction des pays. Pendant que le
Kenya met l’accent sur la lutte contre le
braconnage, le Mali quant à lui consacre la journée à la problématique de
l’assainissement urbain, en particulier
sur la gestion des déchets.
Le Cameroun, lui, a opté pour la sensibilisation. D’après le ministère de l’Environnement, de la Protection de la
nature et du Développement durable,
Pierre Hele, le respect de l’environnement commence par des gestes simples comme « se débarrasser des
détritus à des endroits indiqués ».Une
cacophonie qui est la preuve, s’il en est
encore besoin, que l’Afrique est jusqu’à
présent incapable de parler d’une seule
voix pour freiner le réchauffement climatique. Loin de s’arrimer au train du
développement durable, le continent
s’en éloigne davantage.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
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Evènement
Journée internationale de la femme
20 ANS APRES BEIJING, QUEL BILAN ?
La 38e Journée internationale de la femme s’est célébrée le 8 mars 2015 au Cameroun
sous le thème «mise en œuvre de la plateforme d’action de Beijing au Cameroun :
bilan et perspectives ».
Florine NSEUMI Léa
ette année, la Journée internationale de la femme, célébrée
chaque année le 8 mars, a mis
l’accent sur la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. Une feuille
de route historique signée par 189 gouvernements il y a 20 ans qui établit le
programme d’action pour la réalisation
des droits des femmes. À cette fin, le
thème de la Journée internationale de
la Femme cette année-ci aura été un
vibrant appel lancé par l’ONU Femmes
dans le cadre de sa campagne Beijing+20 : « Autonomisation des
femmes – Autonomisation de l’humanité : Imaginez ! ». A travers le monde
les gouvernements se sont joints aux
militantes et militants des droits des
femmes pour commémorer la conférence d’avant-garde de 1995, pour
célébrer les nombreux résultats qui
ont été obtenus depuis, ainsi que
pour renforcer l’action visant à combler les écarts qui subsistent afin que
l’égalité des sexes devienne une réalité. La vision étant celle d’un monde
où chaque femme et chaque fille peuvent exercer leurs choix. Par exemple, elles doivent pouvoir participer à
la vie politique, acquérir une éducation, bénéficier de revenus, et vivre
dans des sociétés exemptes de violence et de discrimination.
L’ensemble du continent noir et le Cameroun avec, se sont appesantis sur
le bilan de la plateforme de Beijing 20
ans après. Cette année, le thème de la
célébration s’inscrit dans la logique du
bilan de la 4e conférence mondiale sur
les femmes de 1995. Il est libellé
comme suit : « Mise en œuvre de la
plateforme d’action de Beijing au Cameroun : bilan et perspectives ». Ce
thème a visé non seulement à évaluer
les progrès enregistrés depuis 1995
dans la promotion des droits des
femmes, mais également à identifier de
nouvelles stratégies en vue d’accélérer
C
26
l’atteinte de l’égalité des sexes et de
développement. A travers des fora, les
femmes ont évoqué leurs acquis, et
suscité une prise de conscience des
défis qui restent à affronter afin de porter une plus grande attention aux droits
des femmes et à l’égalité entre les
sexes, afin que tous soient mobilisés et
apportent leur contribution.
Au Cameroun, bien de progrès considérables ont été accomplis depuis lors
comme on peut le constater avec la
participation des femmes à la vie politique avec des postes de responsabilité au plus haut niveau de l’Etat.
Soulignant la présence des femmes à
des postes stratégiques et politiques,
Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre
de la Promotion de la femme et de la
famille a indiqué que « Les réformes législatives se sont poursuivies avec l’introduction du genre dans la loi
électorale. La sensibilisation et la formation politique des femmes se sont
intensifiées de même que la lutte
contre les discriminations sexistes et
les résultats ne se sont pas faits attendre ».C’était à Mbalmayo, lors du coup
d’envoi des festivités.
Sur le continent africain l’on dénombre
des femmes chefs d’Etat et gouvernement notamment.
Le bilan esquissé tant au plan institutionnel que dans les domaines
de l’éducation, de la santé et de
prises de décision, par les administrations et les ONG, n’exclut pas
que beaucoup de graves lacunes
subsistent. L’on cite le sida dont le
taux de prévalence du VIH se situe
à 5,6% chez les femmes contre
2,9% chez les hommes. Il en est de
même de la mortalité maternelle, la
persistance des violences faites
aux femmes, le traitement avilissant des rites de veuvage dans
certaines régions, la discrimination
professionnelle…
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
Développement durable
L’égalité des sexes et le bien-être des
femmes au cœur de l’agenda mondial
du développement durable et du changement climatique a eu une part dans
les festivités marquant la célébration
de la 38é édition de la JIF. Le récent
rapport des Nations Unies concernant
les enquêtes sur le rôle des femmes
dans le développement recommande
de faire le lien entre l’égalité des sexes
et le développement durable, puisque
« les causes et les facteurs sous-jacents de la non-durabilité et de l’inégalité des sexes sont profondément liés.
L’enquête mondiale souligne l’importance de mettre l’égalité des sexes au
centre de la recherche pour un développement durable. Le but est de
gérer les paysages locaux ; de s’adapter au changement climatique ; de
produire et d’accéder à la nourriture ;
d’assurer de manière durable l’accès à
l’eau, l’assainissement et l’énergie »,
note aussi le rapport
L’enquête fait également appel à un regard critique sur les modèles standards
de développement et sur la manière
dont ils peuvent entraîner ou perpétuer,
même involontairement, les inégalités
sociales et les risques environnementaux. Interrogée par un confrère, Mme
Sijapati Basnett chercheure au Centre
de recherche forestière internationale
(CIFOR), indique que le rapport adopte
une approche basée sur les droits à
l’égalité des sexes et au développement durable, approche basée sur la
prémisse qu’assurer le bien-être de
toute l’humanité est un impératif moral
et éthique. «Un tel cadre diffère de l’argument instrumentaliste affirmant que
l’autonomisation des femmes (ou la
mise en valeur de quelque chose)
mène à de meilleurs résultats économiques, environnementaux ou sociaux.
Un argument fondé sur les droits
Evènement
n’ignore pas les contributions majeures
des femmes à la promotion du développement et à la préservation. Toutefois,
il ne leur accorde pas de droits en fonction de leur efficacité à y contribue».
L’enquête met également en exergue
certains points du rapport : sur « Les investissements pour un développement
durable sensible face au genre », le
rapport préconise d’investir à grande
échelle dans les technologies de cuisine à meilleur rendement énergétique,
de sorte que la technologie s’améliore
et soit largement utilisée. Dans la plupart des pays, les femmes sont responsables de la collecte de bois de feu et
du charbon de bois pour la consommation domestique. Le fardeau physique
de cette collecte affecte la santé des
femmes et réduit le temps qu’elles
pourraient consacrer à d’autres tâches
de leur choix.
Pourtant, de tels investissements ne
sont pas considérés prioritaires dans
les pays en voie de développement
parce que les bénéfices sociaux de
telles technologies (par rapport à leur
impact sur l’égalité des sexes au niveau de la société) l’emportent sur les
bénéfices privés (par rapport à ce que
les femmes ou leurs ménages sont
prêts à payer). Les investissements
axés sur le marché sont soit peu probables d’être mobilisés, soit ils ont une
portée limitée. Sur le travail non rémunéré des femmes, le rapport, d’après
Basnett Sijapati s’appuie sur des recherches féministes extensives démontrant que le travail domestique non
rémunéré est fait de manière disproportionnée par des femmes dans le
monde entier. Ce type de travail demeure non considéré et sous-estimé.
Ainsi, les femmes et filles sont limitées
dans la réalisation de toutes leurs capacités. Le rapport fait valoir que les
modèles de développement non durable intensifient et exploitent le travail
non rémunéré des femmes. Or, les
liens potentiels et les compromis entre
l’égalité des sexes et le développement
durable doivent être considérés par
rapport à une « perspective des travaux domestiques ». Le rapport souligne la nécessité d’évaluer le potentiel
et la performance des investissements
relatifs au développement durable visant à réduire le travail non rémunéré
des femmes et des filles.
Historique
C’est au cours de la Journée internationale de la femme de 1975 que les
Nations Unies ont commencé à commémorer la Journée internationale de
la femme tous les 8 mars. Deux ans
plus tard, en décembre 1977, l’Assemblée générale adoptait une résolution
proclamant qu’une Journée des Nations Unies pour les droits de la femme
et la paix internationale devait être célébrée par les États membres un jour
quelconque de l’année, selon leurs traditions historiques et nationales.
La Journée internationale de la femme
trouve son origine dans les mouvements ouvriers du tournant du XXème
siècle en Amérique du Nord et dans
toute l’Europe. Depuis lors, cette Journée a pris une nouvelle dimension
mondiale pour les femmes des pays
développés comme pour celles des
pays en développement. Le mouvement international croissant en faveur
des femmes, qui a été renforcé par les
quatre conférences mondiales des
Nations Unies sur les femmes, a
contribué à faire de cette commémoration un point de ralliement pour mobiliser le soutien en faveur des droits
des femmes et de la participation de
ces dernières à la vie politique et
économique. La Journée internationale de la femme fournit de plus en
plus l’occasion de dresser un bilan
des progrès réalisés, d’appeler à des
changements et de célébrer les actes
de courage et de détermination accomplis par les femmes ordinaires
qui ont joué un rôle extraordinaire
dans l’histoire de leurs pays et de
leurs communautés.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
27
Nouvelles d’ailleurs
Dandora
LE PLUS GROS DEPOTOIR D'AFRIQUE
La décharge de Dandora à
Nairobi la capitale kényane
est la seule en Afrique où vie
et mort se côtoient.
Florine NSEUMI Léa
a décharge de Dandora est située à 8
kilomètres du centre de Nairobi, la capitale du Kenya. Non loin des hôtels
de luxe et des buildings où de nombreux
touristes atterrissent chaque jour en partance pour des safaris dans des réserves
protégées, se trouve la plus grande décharge d’Afrique, le quartier le plus dangereux de la ville. En 2007, les Nations unies
ont dénoncé la décharge de Dandora pour
ses niveaux de métaux lourds dangereusement élevés. L’ONG américaine Blacksmith
Institute l’a classé, la même année, parmi
les sites les plus pollués d'Afrique.
Principale cause de pollution dans la ville
de Nairobi, la mauvaise gestion des déchets solides atteint ici des sommets. Ouverte dans les années 1970, la décharge
de Dandora, située à 8 kilomètres à l'est de
la capitale kenyane, accueille, sur plus de
15 hectares, la majeure partie des déchets
industriels, agricoles, domestiques et médicaux de la région. Chaque jour, 2 000
tonnes d'ordures y sont déposées, près
d'un fleuve dont l'eau est utilisée, en aval,
par la population. Une grande majorité de
cette population recrutée parmi les sansemploi et autres démunis et en particulier
des milliers d'habitants du bidonville jouxtant la décharge en ont fait un gagne-pain :
Vivre en récupérant des sacs plastique emplis d'ordures, qu'ils lavent puis recyclent.
Ils viennent chaque jour y chercher ce qui
peut être réutilisé ou revendu. Le lieu est
une menace pour le million d'habitants des
quartiers avoisinants. Et plus encore pour
les 120 000 de Korogocho, le bidonville qui
se trouve à ses portes. Au fil des ans, la
décharge n'a cessé de s'étendre, et la situation d'empirer. Et la population du quartier n’a cessé d’augmenter. Dans l'âcre
L
28
fumée des déchets, au bord du fleuve qui
sépare la décharge du bidonville, des
femmes, indique-t-on, lavent inlassablement les sacs plastiques récupérés. D'autres, avec l'eau polluée qui chemine,
arrosent des cultures maraîchères. Et baignant dans l’odeur insupportable de quarante-cinq années d’ordures empilées.
Selon les confrères, plus de 6.000 ramasseurs d'ordures y « travaillent » au quotidien : des enfants qui ne vont pas à l’école,
et les plus âgés. Le butin est composé des
salades, sandwiches, morceaux de pain,
pots de yaourt entamés, les vieux bonbons,
des morceaux de pain, les bouteilles en
plastiques, des boites de conserves et les
restes des vols arrivant à Nairobi et transportés jusqu’à la décharge municipale de
Dandora. Un secteur informel florissant
d’autant plus que, selon des informations,
dans des stations de pesage adjacentes,
des intermédiaires leur rachètent ce qu’ils
ont ramassé dans la journée, revendant ensuite l’ensemble de ces achats à des
conducteurs de camion qui seront quant
à eux payés par les entreprises de recyclage à la livraison. Au cœur de la décharge, bouteilles en plastique, batteries
de voiture, ordinateurs hors d'usage, seringues et rebuts hospitaliers, … s'étendent à perte de vue, dans une odeur
persistante de produits chimiques.
Dangers
La décharge de Dandora est un centre de
tri à ciel ouvert où se développe un important commerce de récupération. Mais aussi
où la majorité des attaquants s'empoisonnent au plomb.
Selon les conclusions de l'étude menée par
le Programme des Nations unies pour l'en-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
vironnement (PNUE), en collaboration avec
l'université de Nairobi, les échantillons de
sol et d'eau analysés ont montré des niveaux de métaux lourds dangereusement
élevés. En 2007, les taux de plomb et de
cadmium sur la décharge étaient respectivement de 13 500 ppm (parties par million)
et 1 060 ppm (contre 150 ppm et 5 ppm aux
Pays-Bas, par exemple). Le mercure atteignait une concentration de 47 ppm dans les
sols et de 19 ppm le long du fleuve, alors
que le niveau d'exposition acceptable,
selon l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), est de 2 ppm.
Par ailleurs, les analyses de sang et d'urine
effectuées sur plus de 300 enfants âgés de
2 à 18 ans vivant près de la décharge, la
moitié présentait des taux de plomb excédant les niveaux internationalement acceptés. Une proportion égale souffrait
d'infections respiratoires, gastro-intestinales ou dermatologiques, et un tiers avait
des niveaux d'hémoglobine et de fer insuffisants, symptômes de l'empoisonnement
au plomb. Entre 2003 et 2006, 9121 personnes ont été soigné pour des problèmes
respiratoires: D’après notre-planète.info,
l’asthme, l’anémie et les infections de la
peau sont endémiques. Ces anomalies
sont liées à l’environnement autour de la
décharge et sont aggravées par la pauvreté, l’analphabétisme et la malnutrition.
Puisque la décharge n’a pas de limites ni
de gestion, les gens risquent également de
contracter des maladies véhiculées par le
sang telles que l’hépatite et le SIDA. Aujourd’hui, les intérêts individuels et politiques semblent bloquer toute tentative de
mener fermer ou déloger cette décharge au
regard du nombre impressionnant des familles dont la vie en dépend.
Regards
Changements climatiques
IL FAUT CHANGER LES PARADIGMES
Par Janvier NGWANZA OWONO
es négociations sur le climat à
l’échelle mondial ont accordé
jusqu’ici peu de place à l’Afrique.
En 2015, les pays africains vont être plus
francs à saisir la chance de passer d’un
discours sur le climat qui met l’accent sur
la dépendance à un autre discours qui
met plus d’accent sur les opportunités.
De manière controversée, cela signifie
défendre la nécessité pour l’Afrique de
continuer d’utiliser les énergies fossiles
et montrer aux pays riches que la justice
climatique signifie s’investir davantage
dans l’énergie propre et la protection des
forêts, et des agriculteurs africains.
L
L'état actuel de l'architecture globale de
changement climatique implique que les
États parties aboutissent vers un régime
post-2012 afin de garantir un accord qui
sera équitable pour tous. La gestion du
changement climatique est une entreprise énorme qui va exiger des changements constants, des ajustements,
conformément à l'évolution des statuts
des partis signataires et l'émergence de
nouveaux développements scientifiques.
Or, on peut résigner à constater qu'en raison de la structure du régime international sur les changements climatiques, les
pays africains sont privés de leurs droits.
Pour déballer les éléments de cette marginalisation, une stratégie de négociation
continentale solide complétée par les ressources endogènes est une étape importante dans le renforcement de
l'architecture internationale sur le changement climatique. Toutefois, il a été soutenu par certains spécialistes que
l'Afrique était l'un des groupes les plus
unis à durant les dernières négociations
(COP 15 à 20) et articulé sa position très
bien à la suite de plus d'une décennie de
polissage de la position commune. Mais,
les perspectives de succès pour le
groupe Afrique ont butté sur la stratégie
mise en œuvre. En effet, la stratégie va
plus loin dans les négociations que les
ressources endogènes.
Conscients de la vulnérabilité du continent face aux changements climatiques,
l’Afrique a soutenue l’adoption d’une
convention internationale qui contraint
tous les Etats à réduire leurs émissions
de gaz à effet de serre selon leurs capacités respectives. Pourtant, la réduction
des émissions n’a jamais constitué la
priorité absolue du continent dont les
rares industries et réseaux de transport
et d’électricité ne produisent que de faibles quantités de gaz à effet de serre. En
vérité, comme les pays africains n’ont
pas profité des avantages financiers qui
ont causé au départ la production de gaz
à effet de serre dans l’atmosphère, elles
n’ont pas accumulé les richesses nécessaires pour lutter contre les bouleversements climatiques. Donc les questions
qui se posent aux pays africain, c’est de
savoir ce dont ils ont besoin pour bien
vivre et les conséquences qui en découlent s’ils acceptent le scénario proposé
par les pays développés. Parce que la réponse de toute l’histoire contemporaine
a été de dire, pour les pays développés,
que les pays en voie de développement
doivent s’extraire de la pauvreté par euxmêmes. « Nous n’allons pas vous donner
nos richesses, mais vous pouvez croître
», clament-ils. Aujourd’hui le discours est
devenu : « Vous pouvez croître mais
sans que vos économies ne prennent
physiquement de l’envergure. Vous pouvez les faire croître sur le plan économique mais en matière d’émissions
physiques la porte a été fermée. La population des pays en voie de développement attend une amélioration de son
niveau de vie, mais vous devez soustraire cette croissance de vos émissions
et vous devez trouver des moyens de réduire les émissions dans tous les secteurs où les gens travaillent ».
L’adoption future d’un traité successeur
au Protocole de Kyoto à Paris 2015, offre
donc une opportunité pour l’Afrique de réécrire son rapport à la lutte contre les
changements climatiques. Le continent
doit se préoccuper de sa part de gâteau
dans les négociations futures. Il y a certainement des conséquences du fardeau
de l’atténuation pour l’Afrique dans
chaque secteur où les gens travaillent et
gagnent leur vie, dans l’agriculture, dans
la production d’énergie, dans la gestion
des déchets et des forêts, etc. L’Afrique
émettant moins de deux tonnes per capita, de combien doit-elle réduire ses
émissions et quelles sont les implications
pour les transports et le secteur de l’énergie ? Si les pays africaines ne prennent
pas le chemin qui était bon marché, qui
était celui des pays riches, et sont
contraints de suivre un autre chemin
parce celui des pays développés leur est
interdit, combien cela va-t-il coûter et qui
va payer ? Ce sont là des questions qui
doivent être prises en compte dans les
‘‘
La population des pays
en voie de développement attend une amélioration de son niveau
de vie, mais vous devez
soustraire cette croissance de vos émissions
et vous devez trouver
des moyens de réduire
les émissions dans
tous les secteurs où les
gens travaillent.
’’
futures négociations.
La réponse par les pays africains impose
d’une série de solutions transformatives
qui prennent en compte l’origine du problème, les aspects structurels, ainsi que
le système d’appropriation et d’exploitation qui ont conduit le monde dans cette
situation. Les pays africains devraient formuler toute une série de stratégies spécifiques et d’alternatives qui mettent
l’humanité sur un chemin vers le monde
qu’ils veulent, loin du chemin actuel qui
est pavé d’appropriations massives des
ressources globales de la terre par les
pays riches, dont les conséquences sont
potentiellement catastrophiques pour les
communautés pauvres dans le monde
entier. Pour illustration, l’offre actuelle de
l'énergie de l'Afrique a été caractérisée
par des sources d'énergie imprévisibles
et précaires. Avec la forte corrélation
entre la croissance économique et la
consommation d'énergie, l'Afrique a besoin d’utiliser tout son énorme potentiel
en énergie de fossile. De plus, le secteur
agricole du continent était critique,
compte tenu de la croissance démographique de l'Afrique. Le secteur agricole
devait être capitalisé comme un moteur
pour propulser la croissance économique
et de la transformation. Le changement
climatique pourrait être l'éperon pour ce
faire. Certains pays ont déjà vers l'intégration des stratégies des changements
climatiques dans des projets visant à accroître la production alimentaire.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
29
Réflexions
Le financement du marché carbone
UNE QUESTION DE FONDS ?
Lors de la 18ème Conférence des parties (COP), organe de la Convention-cadre des Nations
unies sur les changements climatiques, à Doha fin novembre 2012, avait polarisé les enjeux
sur le financement du fonds vert. Trois ans, la question continue de diviser les pays riches,
pays émergents et ceux en développement.
Jean-Célestin EDJANGUE
e Fonds Vert est appelé à gérer
une partie des 100 milliards de
dollars que les Etats ont décidé
d’investir pour des mesures climatiques dans les pays émergents et en
développement, à partir de 2020. Les
pays développés souhaitent un fonds
financé majoritairement par des acteurs privés et indépendant de la COP.
De l’autre côté, les pays émergents visent un fonds sous contrôle de la
COP, au financement public. Ce financement devrait être basé sur la forme
de dons alloués aux pays moins avancés, exactement comme le fait
l’OCDE. L’enjeu majeur au Qatar était
de parvenir à un compromis. Mais le
pouvait-on vraiment au regard des disparités d’intérêts du nord au sud de la
planète sur la question du marché
carbone ?
L
« Pénurie de projets en
Afrique »
L’Afrique, par exemple, en dépit d’un
potentiel énorme concernant des secteurs comme la lutte contre la déforestation, la désertification ou encore
l’électrification rurale, peine à montrer
une volonté pugnace à exploiter ces
atouts. Un rapport rendu public le 3
septembre 2008 à Dakar, au Sénégal,
à l’occasion du 1er Forum sur le marché du carbone en Afrique, est édifiant. Le document, qui contient les
résultats d’une étude menée par des
experts de la Banque mondiale, sous
le titre « Projets énergétiques à faible
intensité de carbone pour le développement en Afrique subsaharienne »
souligne un déficit criard de projets en
la matière. « Face à l’Asie, par exemple, qui a initié 547 des 3700 projets à
financer dans le cadre du marché du
carbone, l’Afrique n’a pu présenter
que 27 projets », insiste-t-il. Or dans
ce domaine, comme dans bien d’autres, l’enjeu est de taille. Il s’agit, ni
30
plus ni moins que
de l’introduction du
continent dans le
marché du carbone.
Et, pour cela, il s’agit
d’assurer la libération de l’énorme potentiel
de
développement de
projets du continent
pour tirer profit du
marché du Mécanisme de développement
propre
(MDP). Une estimation prudente du
total des investissements nécessaires
pour libérer le potentiel de l’Afrique, à
l’époque
(20082010) était de l’ordre de 150 milliards
de dollars. Le chiffre pourrait même
dépasser les 200 milliards de dollars
aujourd’hui. Pendant ce temps, l’Europe cherche toujours à aller plus loin,
à faire mieux. Et elle semble s’en donner les moyens, n’hésitant pas à explorer de nouveaux mécanismes.
Car, même si l’Europe a réussi à réduire ses émissions d’environ 19%
entre 2005 et 2014, ce n’est certainement pas du fait du prix du carbone.
Une étude de la CDC Climat montre
que les principaux facteurs de cette réduction sont le déploiement des énergies renouvelables suivi de la crise
économique. Avec le ralentissement
de l'activité industrielle, il y a eu trop
de quotas en circulation et le prix du
carbone s'est effondré comme un château de cartes (5 à 7 euros la tonne
aujourd’hui contre 30 euros la tonne
en 2008).
« Un surplus de quotas de
2 milliards »
"On estime qu'il y aura un surplus de
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
quotas de 2 milliards d'ici à 2020", précise encore la spécialiste de la CDC
Climat. D’autant plus que les dirigeants européens veulent garder
l'ETS comme dispositif central pour atteindre, d’ici 2030, le nouvel objectif de
réduction de 40% des gaz à effet de
serre par rapport à 1990. C'est ce que
les chefs d'Etat et de gouvernement
des vingt-huit ont décidé au Conseil
d’octobre 2014. La Commission européenne a imaginé un mécanisme de
mise en réserve de quotas excédentaires afin de mieux réguler le marché.
Il s'agit de retirer des quotas du marché du carbone quand il y a surplus et
d'en réinjecter quand il y a pénurie. La
Commission a mis sur la table en janvier 2014 une proposition législative.
Le texte fixe des seuils et des pourcentages pour déclencher automatiquement ce mécanisme de "réserve
de stabilité", en s’appuyant sur le marché européen du carbone, the European Trading Scheme (ETS), un
système qui peut offrir des possibilités
de financement pour le Fonds Vert.
Depuis sa création en 2005, le sys-
Réflexions
tème s’est étendu pour couvrir les
émissions des 27 Etats membres de
l’Union européenne et la valeur des
transactions sur la période est estimée
à 30 milliards d’euros. Ces fonds privés attirés par les marchés du carbone
pourraient théoriquement financer la
lutte contre le changement climatique.
Une réforme qui divise
l’Europe
Le problème réside dans les prix des
quotas carbones européens, qui ont
atteint leur plus bas niveau depuis environ six ans, clôturant à 6,67€ par
tonne en avril 2008. Raison principale
de cette situation, Ceci à cause du ralentissement économique en Europe,
qui a fait baisser la production industrielle, réduisant les émissions de gaz
à effet de serre et donc la demande de
crédits carbones. Face à cette situation et compte tenu de l’urgence que
représente la lutte contre le réchauffement climatique, l’Union Européenne
a décidé d’accélérer son objectif via
une réforme qui se veut très ambitieuse. Il s’agit de tout mettre en
œuvre pour parvenir à une réduction
de 40% des émissions de gaz à effet
de serre d'ici 2030. Dans cette optique, l’UE envisage de créer une "réserve" de quotas d'émissions de CO2
pour réguler le prix du carbone. "C'est
un instrument majeur puisqu'il
concerne 50% des émissions de CO2
de l'UE. L'ETS doit conduire les principaux émetteurs de CO2 sur une trajectoire bas carbone. C'est le signal
prix du CO2 qui doit assurer la transition énergétique du secteur industriel",
explique la spécialiste du marché du
carbone à la Caisse des Dépôts - Climat (CDC Climat), Emilie Alberola.
L'UE espère ainsi faire remonter son
prix et s’attirer les bonnes grâces des
industriels. Mais les parlementaires
européens et les pays membres de
l’institution restent à couteaux tirés
entre la protection du climat et la défense de l'industrie.
L'objectif est de pouvoir réguler le prix
du carbone à la hausse ou à la baisse.
Mais dans la situation actuelle, cela signifie concrètement de le faire monter.
Et pour les industriels gourmands en
énergie, ce n'est pas une bonne nouvelle, surtout dans les pays consommateurs de charbon.
Autant dire que la réforme n'a pas que
des amis. La principale bataille au Parlement européen et au conseil des ministres porte sur la date de mise en
œuvre de la réserve.
"Si on attend l'après-2020 comme l'a
proposé la Commission européenne,
le prix du CO2 sera à zéro. Idéalement, le plus tôt est le mieux", martèle
Emilie Alberola. Pour sa part, le rapporteur conservateur belge au Parlement européen, Yvo Belet, a réussi à
réunir de peu une majorité avec les
socialistes et les libéraux, fin février
dernier, pour une mise en place anticipée au plus tard fin 2018.
Les Italiens et les Polonais sont sur la
même longueur d'onde. Du côté des
ministres européens, le bras de fer se
passe pour l'instant en coulisse. Mais
l'Allemagne, le Royaume-Uni et la
France poussent pour une mise en
œuvre rapide, dès 2017. La Pologne
et ses voisins freinent des quatre fers,
inquiets du coût supplémentaire qui
pèsera sur leurs économies alimentées au charbon.
Les négociations entre les Etats
membres et les eurodéputés vont
commencer. Objectif: un accord dès
la première lecture, soit d'ici l'été
2015.
Décidément, le financement du marché carbone, est loin d’être une simple question de fonds. C’est autant
une affaire politique que de convictions écologiques. Le déficit de projets concernant l’Afrique est d’autant
plus déplorable que le marché du
carbone, pourrait permettre au continent de bénéficier non seulement de
financements, mais aussi de transferts de technologies propres.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
31
Portrait
Robert MUGABE
UN HOMME DE POIGNE
Le président en exercice de l’Union africaine et du Zimbabwe veut
créer une Cour africaine de justice internationale qui traitera toutes
les affaires criminelles de l’Afrique. Au nez et à la barbe de la Cour
pénale internationale.
Eric Vincent FOMO
peine Robert Mugabe est désigné par ses pairs, à la tête
de la présidence tournante de
l’Union africaine, le 30 janvier dernier, que sa personnalité fait jaser.
Elu au cours du 24è sommet de
l’Union Africaine (UA), tenue à AddisAbeba (Ethiopie), du 30 au 31 janvier, le président Zimbabwéen, 91
ans, succède à son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pour une durée d’un an. Personnage
controversé, il est surtout connu pour
son discours anti-impérialiste. Le
dernier en date, il l’a délivré immédiatement après sa prise de fonction
à Addis-Abeba. Evoquant le retrait de
l’UA de la Cour pénale internationale
dès le prochain sommet de l’Union
Africaine en juin, en Afrique du Sud.
« Il est temps pour l'Afrique de former
sa propre cour, débarrassée de l'impérialiste Cour pénale internationale
(...) où les leaders africains seront
traités avec respect et immunité ! »,
a-t-il martelé.
Il propose la création d’une Cour Africaine de Justice Internationale, qui
aura pour mission de traiter toutes
les affaires criminelles de l’Afrique.
Plutôt que d’aborder les thèmes liés
à l’actualité comme la fièvre Ebola et
Boko Haram, Mugabe insiste sur la
nécessité pour le continent de sortir
de la dépendance financière vis-à-vis
de l’étranger, le droit à l’autodétermination du Sahara occidental et le besoin de réformer le conseil de
Sécurité des Nations Unies. Robert
Mugabe a toujours affiché son dédain pour l’homosexualité, traitant les
A
32
homosexuels de « porcs » ou de «
chiens ». Pour lui, l'homosexualité
est « un péché contre nature ». Il critique systématiquement l'avancée
des droits homosexuels dans les autres pays africains, ou européens.
Chantre d’une
agraire mitigée
réforme
En 2000, le président Mugabe a initié une
réforme agraire, avec pour ambition de réduire les inégalités et sortir le peuple zimbabwéen de la pauvreté. La réforme,
précisait-il en septembre 2002 au quotidien Le Monde, a pour but d’instaurer la
justice, à travers une répartition plus équitable des terres. Le président zimbabwéen
est parti du constat selon lequel les fermiers blancs ont transformé une grande
partie de leurs fermes en parcs naturels utilisés pour le tourisme, et dont les recettes
en devises étaient déposées dans des
comptes bancaires à l'étranger. Au total,
près de 4 000 fermiers blancs ont été expropriés de leurs terres. Le 26 février, «
Bob » comme l’appellent affectueusement
ses partisans, a tout de même reconnu
des erreurs dans l’application de la réforme. « Je pense que les fermes que
nous avons données étaient trop grandes.
Ils (les indigènes ; ndlr) ne peuvent pas les
gérer. Finalement, la plupart d’entre eux ne
cultivent qu’un tiers de leurs terres », a-t-il
avoué sur les antennes de la télévision nationale. Après les fermes, ce sont les réserves animalières tenues par les blancs,
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
qui sont dans sa ligne de mire depuis le
début de cette année.
Malgré les bonnes intentions de Robert Mugabe, son appétit mégalomaniaque, est tant critiqué par
l’opposition que par les acteurs de la
société civile zimbabwéenne. A l’occasion de la célébration de ses 91
ans, le 28 février, le président a invité
près de 20 000 personnes et fait tuer
une trentaine de pachydermes. Notamment: deux éléphants, deux buffles, cinq impalas et un lion, pour la
somme de 78 000 livres, soit 105 000
euros, selon le quotidien britannique
The Guardian. Pour un coût total de
120 000 dollars américains, soit 45
millions de dollars zimbabwéens. Né
le 21 février 1924 à Kutama (Rhodésie du Sud), Robert Mugabe a été
premier ministre de 1980 à 1987,
avant de devenir président de la République le 31 décembre 1987. Issu
de l’ethnie majoritaire des Shonas,
ce fils de charpentier suit une formation d’enseignant à l’école de la mission catholique. Il est initié aux idées
nationalistes au collège universitaire
de Fort Hare en Afrique du Sud, pour
y avoir côtoyé Julius Nyerere, Herbert Chitepo, Robert Sobukwe et
Kenneth Kaunda. Bien qu’il soit un
paria aux yeux de l’Occident, et objet
de sanctions depuis 2002 de la part
des européens et américains, avec
notamment une interdiction de voyager, les récentes sorties médiatiques
de Mugabe Robert Mugabe annoncent la couleur d’une Afrique qui veut
imprimer sa marque dans le concert
des nations.
Note de lecture
LA FINANCE CARBONE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Les marchés du carbone peuvent contribuer à lutter contre
le réchauffement climatique.
C’est la conviction profonde
soutenue dans un ouvrage
commis en décembre 2010
par deux chercheurs*
Jean-Célestin EDJANGUE
’une, Emilie Aberola, est économiste au sein de CDC Climat,
filiale de la Caisse des Dépôts
en charge des activités de finance
carbone, et membre de la Chaire
Energie-Finance d'HEC-Paris. L’autre, Julien Chevallier, est Maître de
Conférences à l'Université Paris
Dauphine,
et
membre
du
CGEMP/LEDa. Les deux chercheurs
ont commis à la fin de l’année 2010,
un ouvrage référence sur l’action des
marchés du carbone sur le réchauffement climatique.
Sous le titre « Finance carbone :
comment les marchés du carbone
peuvent-ils aider à lutter contre le
changement climatique ? », Emilie
Alberola et Julien Chevallier démontre sur 76 pages le rapport direct
entre la finance carbone et la lutte
contre le changement climatique.
Pour argumenter leurs propos, ils
partent des différentes études du
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui depuis sa création en 1988, ne cessent
d’alerter l’opinion sur les risques de
plus en plus importants du dérèglement climatique du fait de l’action
des hommes. Organisme intergouvernemental, indépendant, le GIEC
est ouvert à tous les pays membres
de l'ONU. Sa principale mission est
d’évaluer les informations d’ordre
scientifique, technique et socio-éco-
L
nomique qui sont nécessaires pour
mieux comprendre les risques humains liés au réchauffement de la
planète. Le GIEC entend également
identifier les conséquences possibles
de ce changement et envisager
d’éventuels mécanismes pour les atténuer.
Finance carbone, fiscalité carbone,
réglementation: aujourd'hui tous les
instruments économiques sont mobilisés pour financer la lutte contre le
changement climatique. D'après le
GIEC, la température moyenne mondiale a augmenté d'environ 1°C sur
un siècle, et s'est accélérée lors des
25 dernières années », constatent
les deux auteurs.
‘‘
...l'utilisation des marchés carbone dont l'ensemble des
transactions représente
103 milliards d'euros en
2009 d'après la Banque
Mondiale, constitue aujourd'hui un pilier central du financement de
la politique climatique
internationale
’’
« 103 milliards d’euros de de disposer des quotas d'émissions
transactions »
conséquents aux enchères, soit dès
Emilie Alberola et Julien Chevallier
font également une analyse de la finance carbone comme étant le moteur du financement de la lutte contre
le changement climatique via « l'utilisation des marchés carbone dont
l'ensemble des transactions représente 103 milliards d'euros en 2009
d'après la Banque Mondiale, constitue aujourd'hui un pilier central du financement de la politique climatique
internationale ». soulignent-ils.
Par ailleurs, ces marchés peuvent représenter une nouvelle source de financement pour les pays à condition
2013 en Europe.
Cet ouvrage cherche à fournir aux
lecteurs les éléments de compréhension du développement actuel de la
finance carbone depuis les fondements institutionnels de ces nouveaux marchés environnementaux,
leur fonctionnement jusqu’aux prix du
carbone et les perspectives de développement des marchés du carbone
dans le monde.
Un ouvrage à lire absolument pour
comprendre le rapport entre les marchés du carbone et la lutte contre le
réchauffement climatique.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
33
Forum lecteurs
e magazine Bosangi m’a
beaucoup marqué par sa
ligne éditoriale qui interpelle
les pouvoirs publics du monde entier. Il les invite à prendre
conscience de la lutte contre la
propreté, et à proposer des solutions agissantes pour ne pas mettre en péril l’équilibre de la planète.
J’apprécie également l’engage-
L
34
ment de ses rédacteurs, analyse
avec zèle, passion et même militantisme les grands enjeux environnementaux de ce 21e siècle :
changements climatiques, réduction des gaz à effet de serre, lutte
contre la déforestation, les problématiques lié à l’assainissement
des villes africaines, etc.
Quand on achève de parcourir ce
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Avril - Mai - Juin 2015 / N°42
magazine, on se rend vite compte
qu’il y a urgence à faire quelque
chose pour notre planète qui
risque de sombrer dans le chaos
à cause des politiques irresponsables qui mènent les dirigeants
de ce monde.
Par Valentin OMBIBI
Directeur Général Marque Plus